R15_Bougroum

download R15_Bougroum

of 21

Transcript of R15_Bougroum

  • 7/25/2019 R15_Bougroum

    1/21

    Revue Rgion et Dveloppement n 15-2002

    L'INSERTION DES DIPLMS AU MAROC :TRAJECTOIRES PROFESSIONNELLES

    ET DTERMINANTS INDIVIDUELS

    Mohammed BOUGROUM*, Aomar IBOURK*et Ahmed TRACHEN*

    Rsum -Dans un contexte de restructuration de l'conomie marocaine, ledsengagement progressif de l'tat de son rle de principal crateur directd'emplois pour les diplms s'accompagne de son engagement croissant enmatire de politique de l'emploi. Paradoxalement, les pouvoirs publicsdiversifient les mesures en faveur de l'insertion des diplms alors que les

    tudes empiriques sur cette phase font cruellement dfaut. Dans ce travail, nousmontrons, sur la base de donnes individuelles, que les parcours d'insertion desdiplms sont trs contrasts. La typologie de ces parcours remet en cause lapertinence du schma thorique sous-jacent la politique mise en uvre etsuggre une reprsentation segmente du march du travail. L'tude, l'aided'un modle logit multinomial, des dterminants individuels des trajectoirestypes permet d'clairer certains mcanismes de slectivit en uvre pour l'accsau march du travail primaire.

    Mots-cls- CHMAGE DE LONGUE DURE, RELATION FORMATION-EMPLOI, INSERTION PROFESSIONNELLE, SEGMENTATION.

    Classification JEL: J18, J40, J68.

    Les auteurs remercient le rapporteur anonyme de la revue pour ses remarques et suggestions. Ilsremercient galement les participants au colloque "Le rle du capital humain dans ledveloppement" (Ouagadougou, 14-15 janvier 1999). L'Agence francophone pour l'enseignementsuprieur et la recherche (Aupelf-Uref) a contribu au financement de ce travail.

    * Centre de Recherche en conomie Quantitative, Universit Cadi Ayyad, Facult de Droit etd'Economie, BP 2380, Marrakech, Maroc.

  • 7/25/2019 R15_Bougroum

    2/21

    58 Mohammed Bougroum, Aomar Ibourk et Ahmed Trachen

    Les restructurations des conomies, induites par leur intgration l'conomie mondiale, ont boulevers la donne sur le march du travail. Lechmage touche massivement certaines catgories de la population active causede la disparition ou du dclin de certaines activits ou secteurs qui constituaientleurs filires d'insertion traditionnelles (Marsden, 1992). Cependant, cet impactest diffrent selon le niveau de dveloppement du pays. Dans les pays dveloppset notamment ceux industrialisation ancienne, l'abandon de certaines activitsou leur dlocalisation vers les pays bas salaires met au premier plan le chmagedes travailleurs les moins qualifis. En revanche, dans les pays endveloppement, les programmes d'ajustement structurel (PAS), conus commeune tape pralable pour l'ouverture sur l'conomie mondiale, ont eu pourconsquence la diminution de la part du secteur public (Administration comprise)dans l'activit conomique. Dans le cas marocain, les effets du PAS, conjugus la forte augmentation du nombre des laurats, ont entran la croissance rapide duchmage des diplms1. Cette diffrence se retrouve aussi au niveau despolitiques de l'emploi. Pour certains pays comme la France, la plupart desmesures destines faciliter l'insertion des jeunes et/ou lutter contre le chmagede longue dure concerne en priorit les moins qualifis, alors qu'au Maroc,l'essentiel de la politique de l'emploi a pour objectif de lutter contre le chmagedes diplms2.

    L'ampleur prise par le chmage des diplms dans la nouvelle

    configuration du march du travail marocain3 conduit les pouvoirs publics intensifier et diversifier leur action en matire de politique de l'emploi. Lapriorit accorde l'insertion professionnelle des diplms se justifiedoublement. D'une part, ce phnomne est difficilement acceptable au niveausocial d'autant plus que l'analphabtisme touche encore plus de 50 % de lapopulation marocaine (Direction de la Statistique, 1994). D'autre part, lechmage des diplms induit des effets visibles tant sur le plan social que sur leplan conomique.

    Paradoxalement, malgr la monte en puissance du chmage des diplms,la phase d'insertion reste trs peu tudie. Ce travail se veut une contribution pourdgager quelques lments de rponse sur les modalits d'accs des jeunesdiplms au march du travail. L'objectif est double : (i) dcrire les modes

    d'insertion en termes de trajectoires (section 1) et (ii) tudier l'impact de certaines

    1Le taux de chmage en 1996 des titulaires d'un diplme de niveau suprieur s'lve 29,7 % contre11,6 % chez les non diplms. En 1999, ces taux sont respectivement de 32,9 % et de 8,1 %(Direction de la Statistique, 1996 et 1999).2 Notons que dans le discours officiel, on parle indiffremment du chmage des diplms ou duchmage des qualifis.3Caractrise par le dsengagement de l'tat en tant qu'employeur et le rle grandissant allou ausecteur priv.

  • 7/25/2019 R15_Bougroum

    3/21

    Rgion et Dveloppement 59

    variables individuelles sur la probabilit de suivre une trajectoire donne (section2).

    1. LA CONSTRUCTION DES PARCOURS TYPES : DES TRAJECTOIRES"MONO-TAT" AUX TRAJECTOIRES COMPOSITES

    Une des consquences les plus importantes du PAS est la remise en causede l'association, longtemps entretenue, entre l'insertion des diplms et l'emploidans le secteur public ou assimil. La trajectoire professionnelle forme d'unmme emploi permanent perd de sa pertinence comme modle standardd'insertion des diplms. L'apprciation de l'insertion professionnelle ne devraitpas tre base uniquement sur le taux d'emploi un moment donn. Elle devraittre mene dans une optique dynamique en termes de parcours4 (Vernires,1993).

    A dfaut de donnes longitudinales sur l'insertion des diplms au Maroc,nous avons ralis, en 1993, une enqute rtrospective auprs d'un chantillon dejeunes diplms recenss en 1991 dans le cadre du Programme Nationald'Insertion des Diplms en Chmage (PNIDC)5(encadr n 1).

    L'tude du chronogramme l'aide de l'indice de dissimilarit propos parEspinasse (1994) (encadr n 2) permet de scinder la population tudie en deuxgroupes. Le premier est constitu des jeunes ayant connu une trajectoire forme

    d'un seul tat (chmage/emploi/tude). Pour ce groupe, nous parleronsindiffremment de trajectoires "mono-tat" ou de trajectoires "simples". Lesjeunes dont la trajectoire est composite, en ce sens qu'elle contient au moins deuxtats diffrents, forment le deuxime groupe.

    Encadr n 1 : Les donnes

    Les donnes utilises proviennent de l'enqute Greqam-Ureqet dont les auteurs ontcoordonn la conception et la ralisation en octobre 19936.

    Contexte et objectifs

    Les difficults croissantes que rencontrent les laurats de l'enseignement public s'insrer dans le monde du travail ont conduit les pouvoirs publics mener une politique active

    de l'emploi. Cette politique a t initie par la mise en place du Programme National d'Insertiondes Jeunes diplms au Chmage (PNIDC). L'objectif de cette action de grande envergure est dersorber le stock de chmeurs diplms accumul tout au long des annes 1980. En 1991, les

    4Une telle dmarche reste tributaire de la disponibilit de donnes adquates.5L'absence de mcanismes incitant les chmeurs s'inscrire auprs des organismes d'intermdiationrendait difficile le suivi des trajectoires individuelles. La situation actuelle est diffrente. Avec lamise en place du programme national "Action-Emploi" de lutte contre le chmage de longue dure,l'inscription auprs des centres officiels d'intermdiation (CIOPE) devient obligatoire.6Cette enqute a t mene en collaboration avec le Greqam (Universit d'Aix-Marseille).

  • 7/25/2019 R15_Bougroum

    4/21

    60 Mohammed Bougroum, Aomar Ibourk et Ahmed Trachen

    pouvoirs publics ont recens7 plus de 100 000 diplms8 susceptibles de bnficier de cetteaction d'insertion dans le secteur structur (public ou priv) Les trois prfectures formant la villede Marrakech comprenait 6 016 diplms se dclarant au chmage.

    Sur la base de ce recensement, l'enqute Greqam-Ureqet a consist reconstituer latrajectoire individuelle d'un chantillon de 1 074 personnes tires de la population recensesdans la ville de Marrakech. Les trajectoires ont t dcrites sur une priode de 41 mois allant dejuillet 1990 octobre 1993. Le but de cette enqute est de produire des donnes individuellespermettant d'initier, dans le contexte marocain, l'tude du lien entre les trajectoiresprofessionnelles des diplms sur le march du travail et les caractristiques individuelles de cesderniers.

    Contenu

    Partant de cet objectif, le questionnaire a t structur en trois parties :

    le module "calendrier" ou le chronogramme : il retrace mois par mois la situation de l'individusur le march du travail au cours de la priode d'observation en tenant compte de la rcurrencedes tats. La codification a permis de se ramener quatre situations de rfrence : emploi,chmage, tude et stage. Elles sont symbolises respectivement par EMP, CHO, ETU et STA.le module "tat civil" : ce module regroupe les variables relatives aux caractristiquesindividuelles du jeune diplm ge, genre, diplme... et celles relatives sa situation socio-dmographique situation familiale, mode de logement... . Les deux groupes de variablesforment le signaltique qui servira caractriser les trajectoires professionnelles.les modules descriptifs : ces modules viennent en complment au chronogramme. Ilspermettent la description de ses tats constitutifs. En fait, il s'agit de la description individuellede tous les pisodes de chacune des quatre situations de rfrence EMP, CHO, ETU, STA .Dans le cas d'une trajectoire "EMP-CHO-EMP-CHO"9 par exemple, le questionnaire comptedeux modules descriptifs de type EMP et deux autres de type CHO. Cette informationcomplmentaire est trs pertinente pour diffrencier qualitativement les trajectoiresprofessionnelles en termes de comportement individuel.

    Ralisation

    Sur l'chantillon de 1 074 questionnaires, 706 ont t raliss de faon complte parinterview directe avec les jeunes concerns, 138 ont t remplis partiellement par un procheparent du jeune qui, ayant dmnag hors de Marrakech, n'a pas pu tre contact. Les 230questionnaires restants ont t rejets soit pour impossibilit de localiser les enquts erreursd'adresse soit pour invalidation du questionnaire ou refus de rpondre (seules 3 personnes ontrefus de rpondre).

    Les rsultats prsents dans ce travail sont relatifs aux 706 personnes interrogesdirectement.

    1.1. Les trajectoires simples

    Les individus n'ayant connu qu'un seul et mme tat durant la priode de

    7N'ont t recenss que les diplms qui ont fait acte d'inscription auprs des autorits locales et sesont dclars en situation de chmage.8La population cible est constitue des personnes titulaires d'au moins le Baccalaurat y comprisles diplms de l'enseignement professionnel (ITA) .9Cet exemple reprsente une trajectoire forme par deux emplois et deux priodes de chmage.

  • 7/25/2019 R15_Bougroum

    5/21

    Rgion et Dveloppement 61

    rfrence sont, par dfinition, identiques (encadr n 2). Dans notre cas, nousdistinguons trois groupes d'individus : ceux qui n'ont connu que le chmage, ceuxqui n'ont connu que l'emploi et enfin ceux qui n'ont connu que les tudes. Cesgroupes sont totalement diffrents. En effet, la dissimilarit entre deux individusappartenant deux groupes diffrents est maximale10.

    L'existence de ces trois groupes montre que le PNIDC a gnr un effetd'appel. La perspective d'obtenir un emploi stable dans le secteur structur11, parle biais de ce programme, a certainement conduit certains diplms en situationd'inactivit (y compris les tudes) ou d'emplois se dclarer en chmage12. Cefait dnote d'une perception particulire de la situation du chmage par les jeunesdiplms. Pour beaucoup d'entre eux, tre en chmage semble s'identifier unesituation de non-exercice d'une activit dans le secteur structur et non pas unesituation de non-exercice d'une activit dans le systme d'emploi pris dans saglobalit13.

    Premier parcours : Chmage d'exclusion

    Le chmage d'exclusion regroupe les individus qui n'ont connu que lechmage durant toute la priode d'observation. Son niveau lev (28 % del'ensemble des trajectoires) illustre la forte intensit des mcanismes d'exclusionqui caractrise le fonctionnement du march du travail marocain. Pour lesdiplms de ce groupe, le chmage s'apparente une exclusion du march du

    travail. En effet, bien que faisant partie des chmeurs diplms recenss par lespouvoirs publics dans le cadre du PNIDC (CNJA, 1991), ces personnes n'ont paspu intgrer ou rintgrer la sphre de l'emploi dans le secteur structur. Compte

    10L'indice de dissimilarit est de 41 (le nombre de mois de la priode de rfrence).11 Le concept "secteur structur" est utilis pour dsigner l'ensemble des emplois rpondant lanorme de l'emploi public (stabilit, existence de contrat de travail). Ces emplois sont localiss engrande partie dans le secteur public et dans les grandes entreprises prives. Cependant, dans lecontexte marocain, les caractristiques des emplois offerts par une entreprise sont rarementhomognes. Mme au sein des entreprises publiques, nous retrouvons des emplois "prcaires". Demme, une partie plus ou moins importante des emplois dans les PME-PMI sont des emplois"standards". De ce fait, la segmentation du systme d'emploi s'exprime plus en termes de posted'emplois que d'entreprise.12Il est vrai que cet effet d'appel se trouve amplifi par le fait que ce programme tait la premire

    action mise en place par les pouvoirs publics en faveur de l'insertion des diplms. De par sanouveaut et le contexte politique de l'poque, ce programme a certainement donn lieu des attentes"dmesures" de la part des diplms.13 Plus gnralement, la configuration segmente du march du travail dans les pays endveloppement rend invitable cet effet d'appel. L'accs au secteur primaire (secteur public)constitue, pour beaucoup de jeunes, l'aboutissement de leur projet professionnel. Rappelons que lerecensement gnral des diplms chmeurs, qui a servi de base notre enqute, consistait faireremplir par l'enqut un formulaire trs sommaire. De ce fait, et compte tenu des enjeux durecensement en termes d'insertion, il est tout fait normal de s'attendre ce que certains jeunes nedisent pas la vrit sur leur situation professionnelle. Grce au choix fait d'administrer directement unquestionnaire dtaill, notre enqute a mis en vidence ce type d'attitude.

  • 7/25/2019 R15_Bougroum

    6/21

    62 Mohammed Bougroum, Aomar Ibourk et Ahmed Trachen

    tenu de l'envergure de cette opration d'insertion14, leur maintien au chmageprouve que leur employabilit vis--vis de ce secteur est trs srieusementaltre.

    Deuxime parcours : Insertion incertaine

    Cette trajectoire regroupe les personnes qui taient en emploi durant toutela priode de rfrence. Elles reprsentent 8,8 % de l'chantillon. Pour cespersonnes, l'accs l'emploi a eu lieu bien avant la mis en place du PNIDC parles pouvoirs publics. Les emplois occups relvent du secteur priv et prsentent

    des caractristiques peu intressantes15comparativement la norme de l'emploipermanent du secteur public. Contrairement aux personnes du groupe "chmaged'exclusion", celles de ce groupe recourent aux contacts directs des entreprises etaux relations familiales pour accder l'emploi. De mme, elles sont en majorittitulaires d'un diplme professionnel. Cependant, le fait que ces personnes seprsentent en tant que demandeurs d'emploi pour bnficier de l'action d'insertionmene par les pouvoirs publics montre que l'emploi dans le secteur structur(secteur public ou assimil) constitue pour les diplms le secteur de prfrence.En d'autres termes, un diplm en situation de stabilisation dans l'emploi prcairedemeure un demandeur potentiel d'emploi dans le secteur structur. C'est dans cesens que ce parcours est qualifi d'insertion incertaine.

    Les rsultats de notre enqute montrent que la plupart de ces personnesn'ont pas intgr l'emploi public ou assimil. Ceci pose la question de ladiffrenciation des critres d'employabilit d'un secteur productif un autre. Dansle secteur priv, l'employabilit semble tre lie la possession d'un diplmeprofessionnel et une attitude volontariste de recherche de l'emploi (contactsdirects des entreprises) et/ou un rseau relationnel trs efficace. La prsence dece dernier peut mme compenser l'absence de diplme professionnel commel'illustre le cas des bacheliers de l'enseignement gnral qui accdent l'emploidans le secteur priv grce leur rseau familial.

    Troisime parcours : tudes permanentes

    Cette trajectoire regroupe les personnes qui n'ont connu que la situationd'tudes durant la priode de rfrence. Bien que ce parcours ne reprsente que2,6 % des personnes interroges, il est rvlateur d'un fait empirique qui ne cessede se renforcer. La poursuite des tudes est de moins en moins un choix dlibrde la part des jeunes. Beaucoup d'entre eux restent dans le systme

    14La ralisation de cette action a t confie au Conseil National de la Jeunesse et l'Avenir (CNJA)nouvellement mis en place. Compte tenu de son rle actif dans cette opration, le CNJA a t trs viteperu par les jeunes et l'opinion publique comme un organisme d'insertion. Par la suite, le CNJA a eubeaucoup de mal se dfaire de cette image bien que tous ses travaux ultrieurs ont t mens dansune optique de rflexion et d'observation.15Une grande partie de ces emplois n'est pas dclare (absence de contrat de travail) et prsente doncune grande instabilit. De ce fait, ces emplois n'ouvrent droit aucune couverture sociale.

  • 7/25/2019 R15_Bougroum

    7/21

    Rgion et Dveloppement 63

    d'enseignement faute d'une autre alternative. La situation dfavorable sur lemarch du travail, conjugue la gratuit de l'enseignement public, baisseconsidrablement le cot d'opportunit de la poursuite des tudes. Dans lesfilires universitaires gnralistes Lettres, Sciences, Droit, conomie ,l'absence de toute forme de slection l'entre amplifie considrablement cephnomne.

    Encadr n 2 : Mthodologie

    La trajectoire professionnelle d'un individu sur une priode donne est dcrite l'aide d'un

    calendrier retraant mois par mois sa situation sur le march du travail. Les typologies detrajectoires professionnelles permettent de dgager des parcours-types. Leur constructionsuppose la dfinition sur l'ensemble des individus d'une distance qui intgre simultanmentles quatre aspects caractristiques d'une trajectoire savoir : la nature des tats qui laconstituent, leur dure, leur frquence et leur enchanement squentiel.

    Indice de dissimilarit

    Espinasse (1994) propose de construire directement la matrice de dissimilarits partir desdonnes brutes du calendrier. La comparaison des trajectoires individuelles chronogrammes suppose que deux individus ayant connu les mmes tats au mmemoment soient considrs comme identiques. Rciproquement, deux individus n'ayantconnu simultanment aucun tat se trouvent par dfinition trs loigns l'un de l'autre. Laproximit entre deux individus est fonction du nombre de fois o ils se trouvent dans dessituations identiques. Pour traduire ce principe simple, Espinasse (1994) propose l'indice dedissimilarit suivant entre deux individus i et j :

    D = X avec X =1 si S S

    0 si S Sij ijtt=1

    T

    ijt

    it jt

    it jt

    =

    Sit respectivementSjt reprsente la situation de l'individu i au mois t respectivementl'individu j.

    En plus de la facilit d'interprtation que lui confre son caractre simple et intuitif, cetindice prsente deux avantages :

    Il dpend uniquement des donnes brutes des chronogrammes individuels, l'exclusion detoute variable caractre explicatif variables signaltiques par exemple... .

    Il reflte l'information intgrale dans la mesure o aucune codification n'est ncessairepour le calculer. L'information est traite dans sa diversit individuelle en prenant en

    compte les quatre lments caractristiques d'une trajectoire.Construction des trajectoires types

    Le principe de construction des trajectoires types sur la base de l'indice "Espinasse" se faiten deux tapes. La premire consiste appliquer la technique de classification hirarchiqueet la deuxime consiste reprsenter les trajectoires types correspondant une partitionparticulire.

    1. La classification hirarchique permet d'obtenir une chane embote de partitions de la

  • 7/25/2019 R15_Bougroum

    8/21

    64 Mohammed Bougroum, Aomar Ibourk et Ahmed Trachen

    population tudie. Chaque partition reprsente une typologie des trajectoires puisquechaque individu est affect une et une seule classe. Le choix de la partition "optimale" nepeut pas tre automatis. Il ne peut tre fait que "manuellement" par le praticien. Les classesde la partition choisie doivent tre homognes et d'effectifs suffisants pour qu'elles soientinterprtables. L'homognit des classes est mesure par les dures moyennes dans chaquetat. En revanche, la taille minimale des classes ne peut pas tre dtermine objectivement.La rgle consiste viter des classes effectifs trop rduits qui peuvent reflter des profils"anecdotiques".

    2. Une fois la partition choisie et ses classes caractrises par les indicateurs usuels duresmoyennes... , il reste au praticien de prciser pour chacune d'entre elles l'enchanement

    temporel des tats qui la composent. En effet, il ne suffit pas de savoir qu'une trajectoire estdomine par le chmage. Il est ncessaire, pour caractriser compltement cette trajectoire,de prciser la nature de ce chmage rcurrent et/ou de longue dure et son emplacementtemporel16. Budw et alii (1995) proposent de rsoudre ce problme grce auxreprsentations graphiques des trajectoires de chaque classe. Ces reprsentations peuventtre compltes par le calcul de certains indicateurs caractristiques de chaque classe.

    1.2. Les trajectoires composites : des parcours diffrencis

    Les individus ayant une trajectoire composite -forme d'au moins deuxtats- reprsentent prs de 60 % de l'chantillon interrog. Dans ce qui suit, nouscommentons une partition de ces trajectoires en deux classes17.

    Les deux classes ont un effectif presque gal. Le tableau n 1 permet de

    constater qu'en moyenne les trajectoires de la premire classe se caractrisent parune dure d'emploi leve (20,8 mois sur 41). Elles s'opposent en cela auxtrajectoires de la deuxime classe domines par le chmage (28,5 mois sur 41).Cependant, nous constatons que dans la premire classe, certains individus ontconnu des priodes longues de chmage (25 mois). De mme, la dure del'emploi a atteint 25 mois chez certains individus de la deuxime classe. Cetteparticularit est la consquence de l'indice de dissimilarit utilis. Les priodesd'emploi bien qu'elles puissent tre de longueurs comparables ne se situent pasdans la mme phase de la priode d'observation juin 1990 octobre 1993 . Demme, les priodes de chmage dans les deux classes sont situes des phasesdiffrentes. Il est donc ncessaire pour saisir tous les aspects de diffrenciationentre ces trajectoires types de faire ressortir leurs spcificits chronologiques. Lamthode graphique propose par Bduw et alii (1995) rpond cet objectif.

    Tableau n 1 : Les indicateurs de dures de la partition deux classes

    tats\Indicateurs Minimum Maximum MoyenneGroupe 1 (210 personnes)

    16Une dure moyenne de chmage de 24 mois peut correspondre plusieurs configurations (un seulpisode, plusieurs pisodes de dure diffrente...)17La partition de ce sous-ensemble d'individus est ralise l'aide de la procdure FASTCLUS deSAS.

  • 7/25/2019 R15_Bougroum

    9/21

    Rgion et Dveloppement 65

    - Emploi 0 39 20,8- Chmage 0 25 9,3- tude 0 38 7,4- Stage 0 35 3,2Groupe 2 (211 personnes)- Emploi 0 25 4,2- Chmage 9 40 28,5- tude 0 27 6,4- Stage 0 28 1,7

    Quatrime parcours : Transitions vers l'emploi structur

    L'examen du graphique n 1 permet de distinguer trois phases dans lachronologie de la premire trajectoire composite. La premire phase, qui s'talejusqu'au treizime mois, reprsente des transitions du chmage vers l'emploi. Ladeuxime phase, pratiquement de mme longueur que la premire, estcaractrise par les transitions des tudes et du chmage vers l'emploi et lesstages. Dans la troisime phase, les transitions se font plutt vers le chmage partir de toutes les autres situations (encadr n 3). C'est au niveau de cette classeque l'effet du PNIDC est perceptible. Les transitions vers l'emploi ont eu lieuaprs la date du lancement de ce programme. De plus, une grande partie des

    transitions vers l'emploi concerne des postes de fonctionnaires ou des emplois CDI.

    Graphique n 1

    G.1. Transitions vers l'emploi structur

    0%

    20%

    40%

    60%

    80%

    100%

    EMPloi

    CHmage

    ETUde

    STAge

    Encadr n 3 : Cl de lecture des graphiques 1 et 2

    L'indice de dissimilarit utilis nombre de mois o les individus ne sont pas dans lamme situation fait que les individus sont regroups selon l'enchanement temporel des

  • 7/25/2019 R15_Bougroum

    10/21

    66 Mohammed Bougroum, Aomar Ibourk et Ahmed Trachen

    trajectoires. Chaque graphique reprsente en abscisse les 41 mois de reconstitution (de juillet1990 octobre 1993) et en ordonne la rpartition cumule des individus de ce groupe parrapport aux tats considrs du march du travail. Ainsi, on peut lire sur le graphique n 1, qu'enjuillet 1990 (mois 1), un peu plus d'une personne sur dix de ce groupe tait en emploi et plus de40 % en chmage. Deux ans aprs, les proportions se sont inverses. La part des jeunes occupantun emploi dpasse 60 % alors que celle des personnes au chmage ne dpasse pas 10 %. Lareprsentation de la rpartition mensuelle des personnes de ce groupe montre l'existence d'unmouvement progressif que l'on assimile un mouvement d'accs l'emploi. Notons que lemme type de graphique construit pour l'ensemble des trajectoires composites ne peut pas seprter une telle interprtation. En effet, dans ce cas, les changements mensuels de la rpartitionde la population ne renseignent pas sur la nature et l 'ampleur des transitions entre tats.

    Cinquime parcours : Chmage dominant

    La chronologie de la deuxime trajectoire composite peut-tre dcomposeen deux sous-priodes (graphique n 2). Durant la premire phase, le chmagecrot sous l'effet des transitions partir des tudes et de l'emploi. Les transitionsdes tudes vers le chmage ont augment d'une faon substantielle partir duonzime mois. La deuxime priode est caractrise par des transitions de faibleintensit du chmage vers l'emploi (encadr n 3).

    Graphique n 2

    G.2. Chmage dominant

    0%

    10%

    20%

    30%

    40%

    50%

    60%

    70%

    80%

    90% 100%

    EMPloi

    CHmage

    ETUde

    STAge

    En tenant compte de la chronologie des enchanements des tats, nousconstatons que la partition en deux classes a permis de constater que les jeunes trajectoires composites ont eu deux parcours diffrents sur le march du travail.Le premier peut tre qualifi de parcours de "transitions vers l'emploi structur".Le chmage d'une dure relativement courte a t suivi d'une priode d'emploirelativement longue. Le deuxime parcours peut tre qualifi de parcours de"chmage dominant". La sortie de la situation du chmage semble tre plusdifficile. Ce n'est qu' la fin de la priode qu'un processus de passage du chmage

  • 7/25/2019 R15_Bougroum

    11/21

    Rgion et Dveloppement 67

    ou des tudes vers l'emploi a t amorc.

    Ces parcours types ont t dtermins exclusivement partir du calendrier.Leur interprtation suppose la prise en compte d'autres variables explicativestelles que les caractristiques individuelles. Si l'on compare les deux groupesrelativement aux variables signaltiques ge, diplme et genre , nousconstatons que les diffrences ne sont pas trs marques. Nanmoins, ledeuxime groupe se caractrise par une sur-reprsentation des personnes ges deplus de 30 ans, des bacheliers et des femmes. De plus, l'anciennet du diplme y

    est relativement plus leve (tableau n 2). D'autre part, il est pertinent decomparer les sous-populations au sein d'un mme groupe. Dans le cas du premiergroupe, nous constatons par exemple que les hommes sont presque deux fois plusnombreux (30,2 %) accder l'emploi en moins de six mois que les femmes(16,9 %).

    Tableau n 2 : Caractrisation des deuxtrajectoires de la partition deux classes

    Ensemble Traj. 4 Traj. 5 Traj. 4Homme

    Traj. 4Femme

    Traj. 5Homme

    Traj. 5Femme

    % Homme 49,4 51,4 47,4Diplme

    % Baccalaurat. 36;3 31,9 40,8 34,3 29,4 45 36,9

    % Licence. 22,6 25,2 19,9 26,9 23,5 18 21,6% Diplme. Prof. 18,3 21,4 16,1 21,3 21,6 18 14

    Anciennet. Diplmemoins d'un an 28,3 31,9 24,6 26,9 37,3 17 31,5de 1 3 ans 30,9 32,4 29,4 31,5 33,3 31 27,9de 3 5 ans 23 18,6 27,5 16,7 20,6 30 27,9

    % Clibataire 81,7 79,5 83,9 79,6 79,4 87 81,1Age

    moins de 25 ans 29,5 31 28,5 24,1 38,2 21 34,2entre 25 30 ans 55,3 56,2 54,5 57,4 54,9 56 53,2

    Non passage% non emploi 32,8 11,9 53,6 11,1 12,7 44 62,2% non chmage 9,7 19,5 0 16,7 22,5 0 0

    % non tude 55,6 60,5 50,7 65,7 54,9 57 45% non stage 70,8 66,2 75,4 70,4 61,8 82 69,4Accs 1eremploi

    moins de 6 mois 25,4 23,8 28,6 30,2 16,9 26,8 31,0

    La typologie des trajectoires individuelles que l'on vient de construiremontre combien les parcours professionnels d'une population considre audpart comme homogne peuvent tre diffrents. Cependant, la dtermination desparcours types aussi pertinents qu'ils soient doit tre enrichie par une analyse

  • 7/25/2019 R15_Bougroum

    12/21

    68 Mohammed Bougroum, Aomar Ibourk et Ahmed Trachen

    prenant en compte les caractristiques individuelles des jeunes. En d'autrestermes, il s'agit de rpondre la question de savoir si certaines variables ont unpouvoir discriminant dans la dtermination du parcours professionnel desindividus.

    La comparaison de la structure des trajectoires selon certaines variables ge, diplme constitue une premire manire d'aborder cette question.Cependant, cette dmarche purement descriptive appelle tre complte par uneanalyse conomtrique permettant de tester l'influence de diffrents facteurs surl'appartenance tel ou tel parcours (Bduw et alii, 1995).

    2. LES DTERMINANTS INDIVIDUELS DES TRAJECTOIRES TYPES

    2.1. Le modle

    Dans ce qui suit, nous estimons un modle logit multinomial cinqmodalits18(encadr n 4). La spcification retenue fournit une estimation de laprobabilit de suivre une trajectoire type donne en rfrence au quatrimeparcours "Transitions vers l'emploi structur"19.

    Les variables explicatives prises en compte sont : l'anciennet du diplme,le niveau du diplme, l'ge, le genre, le revenu du mnage, la situation du jeuneau sein du mnage (chef du mnage ou non) et la taille du mnage. L'individu derfrence considr est successivement titulaire d'un diplme dont l'anciennet nedpasse pas une anne, bachelier, g de plus de 30 ans, de sexe masculin,appartenant un mnage dont le revenu mensuel est suprieur 2 500 dihrams(Dhs), n'assumant pas la responsabilit du mnage et enfin appartenant unmnage dont la taille est comprise entre 5 et 8 membres. Les fonctions estimessont de la forme :

    ( )

    mnageTailleamnageChefaRevenua

    GenreageaDiplmeadiplmeAnciennetaCste

    8i7i6i

    5i4i3i2i

    __

    _/PPlog T4Ti+++

    ++++=

    18Notons que deux parcours sur cinq ("insertion incertaine" et "tudes permanentes") apparaissent

    comme faiblement discriminants. Nanmoins, nous avons choisi de les garder dans le modle estimdans la mesure o ils correspondent des faits styliss de la ralit marocaine. Les biais associs une partition moins fine seraient, notre avis, non ngligeables.19La dmarche adopte dans ce papier repose sur l'tude du chronogramme l'aide de l'indice dedissimilarit propos par Espinasse (1994). Cet indice permet de prendre en compte les quatrelments d'une trajectoire : nature, dure, nombre d'occurrence et enchanement temporel des tats.La population tudie est partitionne en cinq groupes. Notre variable dpendante est alors unevariable qualitative (classe d'appartenance) et non une variable continue censure. De ce fait, nouslaissons de ct l'approche alternative courante dans la littrature et qui consiste aborder la questiond'insertion par l'estimation des formes rduite ou structurelle de modle de dure (Lancaster, 1990).Cette dernire approche a t dj applique aux donnes de cette enqute (Ibourk, 1996).

  • 7/25/2019 R15_Bougroum

    13/21

    Rgion et Dveloppement 69

    Encadr n 4 : Trajectoires types et variables individuelles

    Bien qu'elle soit instructive, la construction d'une typologie de trajectoires n'est pas une finen soi. Pour qu'elle soit utilisable en matire de politiques de l'emploi et/ou de formation, unetypologie des trajectoires doit tre mise en perspective avec les caractristiques de la populationtudie. Il s'agit de mettre en vidence d'ventuelles liaisons qui existeraient entre une ouplusieurs de ces caractristiques et certaines trajectoires types.

    Dans le cas o la typologie est construite par application de la classification automatique la matrice des dissimilarits "Espinasse", la caractrisation des classes s'impose dans la mesureo les distances sont par dfinition calcules uniquement partir du donnes du calendrier. La

    prise en compte du signaltique peut se faire de faon complmentaire dans deux optiques :l'optique descriptive : il s'agit d'tudier la rpartition de la population de chaque classe selonchacune des variables du signaltique et de la comparer la rpartition de la population totale.

    l'optique infrentielle : elle consiste utiliser les trajectoires types comme des modalits d'unmodle logit multinomial. En reprenant une trajectoire type comme rfrence, ce modle permetd'estimer la probabilit de suivre une trajectoire en fonction des diffrentes variables dusignaltique variables individuelles et/ou sociales (Budw et alii, 1995). Le modleconomtrique estimer s'crit sous la forme suivante :

    ( ) VarJVar Jia+...+12ia+Cste=PCi/PClog i0

    avec ic = trajectoire correspondant la classe i 0i(c est prise comme rfrence)

    i0i /PcPc = probabilit de suivre la trajectoire i plutt que la trajectoire 0i

    En rsum, grce aux proprits remarquables de l'indice de dissimilarit utilis, lamthodologie propose par Espinasse (1994) et amliore par Bduw et alii (1995) semblerpondre l'objectif de construction et de caractrisation des typologies de trajectoiresprofessionnelles. Elle a l'avantage aussi de permettre le passage d'une optique descriptive uneoptique infrentielle. Cependant, son application n'est envisageable que si l'on dispose dedonnes brutes du calendrier. De plus, les rsultats obtenus doivent tre relativiss par rapport la taille de l'chantillon.

    2.2. Les rsultats

    Les variables explicatives introduites dans le modle sont globalementsignificatives. Les principaux rsultats sont les suivants (tableau n 3) :

    - L'anciennet du diplme renforce la probabilit de suivre les trajectoires"chmage d'exclusion" et "insertion incertaine" et diminue celle de suivre latrajectoire "tudes permanentes" : les titulaires d'un diplme dont l'anciennetdpasse une anne ont relativement moins de chance d'tre concerns par lestrajectoires "transitions vers l'emploi structur" et "tudes permanentes". Ils ontplus de chance d'tre soit en situation d'exclusion du march du travail soit ensituation d'actif occupant un emploi caractristiques peu intressantes dans lesecteur priv.

    Dans le contexte marocain, l'anciennet du diplme se traduit par l'abandon

  • 7/25/2019 R15_Bougroum

    14/21

    70 Mohammed Bougroum, Aomar Ibourk et Ahmed Trachen

    progressif par le jeune de son projet professionnel initial qui est l'accs unemploi dans le secteur structur. Sous l'effet de l'obsolescence de son capitalhumain et/ou du dcouragement, le diplm se rsigne soit accepter la situationde chmage permanent soit occuper des emplois prcaires. Cependant,l'abandon du projet professionnel initial n'est jamais dfinitif. Des oprationstelles que le PNIDC, o le niveau de diplme est la seule condition requise,constituent pour le diplm des opportunits pour concrtiser son projet initial.

    L'effet ngatif de l'anciennet sur les chances de suivre la trajectoire"tudes permanentes" pourrat s'expliquer par deux faits. D'une part, le systmed'enseignement vise en premier lieu rpondre aux besoins grandissants enformation intiale20. De ce fait, les autres formes d'enseignement (formationcontinue diplmante) restent peu dveloppes. D'autre part, cet effet ngatif del'anciennet peut traduire une attitude individuelle des jeunes vis--vis de toutinvestissement en capital humain sous forme de formation initiale. La nonrentabilisation des investissements antrieurs et/ou les difficults matrielles pourfinancer la poursuite des tudes peuvent dcourager le jeune rintgrer lesystme d'enseignement.

    - Etre titulaire de la Licence renforce la probabilit de suivre la trajectoire"transitions vers l'emploi structur" et diminue celle de suivre la trajectoire"tudes permanentes"21. L'effet du niveau du diplme sur la trajectoire"Transition vers l'emploi structur" s'explique par le fait que dans le cadre du

    PNIDC, la file d'attente l'accs l'emploi a t essentiellement ordonne parniveau du diplme. Dans ces conditions, on doit s'attendre ce que les Licencis(titulaire d'un diplme bac +4) soient avantags par rapport aux bacheliers. Au-del du PNIDC, cette position dfavorable des bacheliers relativement auxtitulaires des autres diplmes peut s'expliquer par deux facteurs non exclusifs. Lepremier concerne le dclassement gnral des diplmes induit par l'cartcroissant entre le nombre de diplms et le nombre d'emplois dans le secteurstructur. L'effet de cet cart quantitatif est renforc par l'lvation des niveauxde diplmes disponibles. La rarfaction des possibilits d'emploi dans le secteurstructur incite les jeunes adopter une stratgie d'allongement maximal de ladure de la formation initiale pour dcrocher le diplme le plus lev possibleavant la sortie dfinitive du systme d'enseignement. Cette stratgie estgnratrice d'une course au diplme qui se traduit par une translation vers le bas

    de l'chelle de classification des diplmes dont ptissent en premier lieu lesdiplmes situs en bas de l'chelle comme c'est le cas du Baccalaurat (Vimont,1995 ; Bougroum, 1999). Le deuxime facteur est relatif au fait que le contenu

    20Devant la pression des effectifs de plus en plus nombreux provenant de l'enseignement secondaire,l'inscription l'universit est interdite pour les titulaires d'un baccalaurat dont l'anciennet dpasseune anne.21 Dans cette enqute, seul le niveau du diplme a t considr. Cette variable a t codifie enquatre modalits : Baccalaurat, Licence, Diplme professionnel et Autres.

  • 7/25/2019 R15_Bougroum

    15/21

    Rgion et Dveloppement 71

    professionnel de ce diplme tend disparatre. En effet, le Baccalaurat a acquissa lgitimit de diplme qualifiant par rapport aux emplois administratifs dansl'administration ou dans l'enseignement. En revanche, dans la nouvelleconfiguration de l'conomie marocaine, o le secteur priv est appel tre leprincipal gisement des emplois qualifis, le caractre professionnel duBaccalaurat est loin d'tre automatique22. La position de ce diplme se trouveaussi fragilise par la dgradation de la qualit du systme d'enseignementinhrente la croissance continue des effectifs scolariss (Kirsh et Desgoute,1996).

    - L'ge a une influence sur la trajectoire professionnelle : les diplms demoins de 25 ans ont moins de chance de suivre les trajectoires "chmaged'exclusion" et "insertion incertaine". Ces deux effets pourraient traduire le faitque la situation des diplms appartenant cette tranche d'ge n'estdfinitivement pas stabilise sur le march du travail. Du fait de leur gerelativement jeune23, ces diplms de moins de 25 ans ont plus de chanced'effectuer des stages, de rintgrer les tudes ou de dcrocher un emploi dans lesecteur structur. Ces possibilits font que ces diplms ont plus de chanced'chapper au chmage d'exclusion. L'ge joue aussi dans le mme sens quant la dtermination de l'attitude des diplms vis--vis de l'emploi caractristiquespeu intressantes. Plus le diplm est jeune, moins il sera enclin d'accepter unemploi prcaire.

    - tre issu d'un mnage dont le revenu mensuel est infrieure 2500Dhs24 augmente significativement la probabilit de suivre l'une des troistrajectoires de non accs l'emploi ("chmage d'exclusion", "tudespermanentes" et "chmage dominant").Ce rsultat renvoie au rle central joupar le mnage parental et plus gnralement par la famille dans le fonctionnementdu march du travail. La famille est la premire ressource mobilise par le jeunetant au cours de ses tudes qu'au cours de la priode de prospection sur le marchdu travail. Mme dans l'enseignement suprieur public

    Tableau n 3 : Rsultats du modle logit multinomial

    Parcours 1 Parcours 2 Parcours 3 Parcours 525

    22A l'exception des filires professionnelles comme par exemple le baccalaurat "techniquescomptables et commerciales".23Le lien gnralement positif entre l'ge et l'anciennet du diplme laisse penser que l'obsolescencedu capital humain chez les diplms les plus jeunes devrait tre moins marque que chez les diplmsles plus gs.24La variable Revenu mensuel du mnage est codifie en quatre classes : moins de 1 000 Dhs, 1 000 2 500 Dhs, plus de 2 500 Dhs (tranche prise en rfrence). La quatrime modalit est relative auxnon-rponses.25 L'examen du tableau n 3 montre que les coefficients de certaines variables ne sont passignificatifs dans le cas du parcours 5 ("chmage dominant"). Notons que ces rsultats paraissent trecompatibles avec la ralit marocaine. En effet, le chmage des diplms tend se gnraliser. Il est

  • 7/25/2019 R15_Bougroum

    16/21

    72 Mohammed Bougroum, Aomar Ibourk et Ahmed Trachen

    Constante 0,14099ns -1,7946** -0,84346ns 0,43905nsAnciennet du diplme en moisMoins de 12 mois Rf Rf Rf RfEntre 12 et 36 mois 0,63395*** 1,3521*** -0,67741ns 0,041302nsEntre 36 et 60 mois 1,0068*** 1,7851*** -2,0523*** 0,35672nsPlus de 60 mois 0,79501** 1,5255*** -2,4081** 0,019938nsNiveau de diplmeBaccalaurat Rf Rf Rf RfDiplme professionnel -0,37973ns -0,25813ns -1,8127*** -0,28007nsLicence -0,81816*** 0,29870ns -2,5469*** -0,45154nsAutres diplmes -0,57186** -0,89090** -1,6498** -0,13171nsge

    Moins de 25 ans -1,3419*** -1,6674*** -0,0020502ns -0,64551*Entre 25 et 30 ans -0,54467** -0,79798*** -0,21065ns -0,39395nsPlus de 30 ans Rf Rf Rf RfGenreHomme -0,32981* 0,23081ns 0,18673ns -0,089427nsFemme Rf Rf Rf RfRevenu mensuel du mnage en DhsMoins de 1000 2,6117*** 0,51437ns 3,1963*** 1,8580***Entre 1000 et 2500 0,75041*** 0,061822ns 0,95427* 0,55516***Plus de 2500 Rf Rf Rf Rf

    Non dclar 1,0009*** 0,35593ns 0,13893ns 0,22783nsResponsabilit au sein du mnageEtre chef du mnage -1,5174*** 0,26746ns -1,9220** -1,1657***Taille du mnageLe nombre de personnes vivant sousle mme toit est infrieur 5 -0,34077ns 0,046980ns -0,30064ns -0,26788ns

    Le nombre de personnes vivant sousle mme toit est compris entre 5 et 8 Rf Rf Rf RfLe nombre de personnes vivant sousle mme toit est suprieur 8 0,11093ns -0,99967*** -0,29772ns 0,16264ns

    ns : non significatif ; significatif : * : 10 % ; ** : 5 % ; *** : 1 %.Parcours 1 : Chmage d'exclusion ; Parcours 2 : Insertion incertaine ; Parcours 3 : Etudespermanentes ; Parcours 4 : Transitions vers l'accs l'emploi structur (rf.) ; Parcours 5 :Chmage dominant.L'individu de rfrence est : Femme, titulaire d'un diplme professionnel, ge de plus de 30 ans,appartenant un mnage dont le revenu mensuel est de plus de 2 500 Dhs, n'ayant pas deresponsabilit du mnage et apparentant un mnage de taille moyenne.

    o la gratuit est totale et le systme de bourse est quasi gnralis, la familleapporte un complment indispensable pour financer les tudes26. De mme, enl'absence d'un systme d'assurance-chmage, la famille constitue, dans la plupart

    des cas, le seul moyen de prise en charge du jeune en phase de recherche de

    donc normal que l'anciennet du diplme, le niveau du diplme, l'ge et le genre ne soient pasdiscriminants. Dans un contexte de chmage gnralis et en l'absence de structure d'intermdiationefficace, le rle du rseau se renforce. En partant de l'hypothse que la qualit et la densit du rseausont corrles positivement avec le niveau du revenu du mnage, il est logique de constater que lesjeunes appartenant des mnages revenu limit (moins de 1 000 Dhs par mois) ont plus de chancede suivre la trajectoire "chmage dominant".26L'autofinancement des tudes par l'emploi est une pratique trs peu courante.

  • 7/25/2019 R15_Bougroum

    17/21

    Rgion et Dveloppement 73

    l'emploi. Les tudes empiriques (CNJA, 1995) montrent que le rseau familialconstitue l'un des dispositifs d'intermdiation la fois le plus utilis et le plusefficace27. Dans la pratique, l'ampleur, les modalits et l'efficacit du supportlogistique fourni par la famille dpendent, entre autres, des moyens financiers decette dernire. Dans le cas des mnages revenu modeste, ce support estgnralement passif. Il se limite la prise en charge des besoins de subsistancedu jeune logement, habillement, alimentation . Les jeunes issus de ce milieumobilisent essentiellement, que ce soit pour la formation ou pour la recherche del'emploi, des moyens publics gratuits accessibles tout le monde. De plus, dans

    la plupart des cas, compte tenu du faible niveau d'instruction des parents, le jeunene peut esprer un soutien en termes d'orientation et de conseil.

    - Etre chef de mnage diminue les chances de suivre les trajectoires"chmage d'exclusion", "tudes permanente" et "chmage dominant".Ces troiseffets vont dans le mme sens. Les attitudes du diplm sur le march du travailen termes d'intensit de recherche et d'exigences professionnelles salariales ouautres sont certainement diffrentes selon qu'il assume ou non la responsabilitde son mnage. Le diplm chef de mnage doit tout faire pour chapper auchmage28. L'accs l'emploi pourrait rsulter d'une intensification de larecherche et/ou d'une rvision la baisse des prtentions professionnelles (enacceptant par exemple des emplois "prcaires").

    - Faire partie d'un mnage de grande taille (plus de 8 personnes) diminue

    les chances de suivre la trajectoire "insertion incertaine". Cet effet peuts'interprter relativement au rle central jou par la famille. A travers la notion durevenu du mnage, la famille contribue amortir les effets de l'absence d'unsystme gnralis de redistribution des revenus. En partant de l'hypothse que lerevenu du mnage est fonction positive de la taille29, le jeune issu d'un mnage degrande taille peut se permettre de ne pas intgrer l'emploi prcaire.

    CONCLUSION

    L'cart croissant entre le nombre de diplms et le nombre d'emploisvacants renforce la tension sur le march du travail marocain. Il en rsulte unediversit des parcours types. Certains diplms se trouvent en situationd'exclusion de l'emploi. D'autres y accdent aprs de longues priodes de

    chmage. La population des diplms au chmage s'avre une catgoriestatistique peu homogne pour servir de support une action publique. L'tudedes trajectoires individuelles constitue un moyen efficace pour dterminer descatgories plus pertinentes. La population touche par le chmage d'exclusion

    27Ceci traduit l'organisation rticulaire de la socit marocaine (Bougroum, 1999).28 tant donn l'absence d'un systme d'indemnisation du chmage et compte tenu du fait que lediplm peut difficilement solliciter sa famille pour prendre en charge son propre mnage.29Ici il s'agit du nombre de personnes ges de plus de 15 ans.

  • 7/25/2019 R15_Bougroum

    18/21

    74 Mohammed Bougroum, Aomar Ibourk et Ahmed Trachen

    constitue, par exemple, une catgorie distincte qui ncessite des mesures trsspcifiques.

    Cependant, au-del de cet impratif de ciblage, la pertinence de l'actionpublique en faveur d'une catgorie donne de diplms suppose la prise encompte de la configuration segmente du march du travail et les effets d'appelqui en rsulte.

    RFRENCES

    Bduw C., Dauty F. et Espinasse J.M., 1995, "Trajectoires types d'insertionprofessionnelle : application au cas des bacheliers professionnels", dansDegenne A., Mansuy M. et Werquin P. (ds.), Trajectoires et insertionsprofessionnelles,Cereq, documents et sminaires, n 112.

    Bienvenue J.Y., Carter L., Favereau O., Teynier V.A. et Zighera J., 1993,Durede chmage : typologies et diagnostics, Rapport final, convention n 396 du13 juin 1990, Ladix, Universit Paris X-Nanterre.

    Bougroum M.,1999, Fonctionnement du march du travail et relation ducation-formation-emploi au Maroc, une tude analytique et empirique, thse deDoctorat d'tat, Universit Cadi Ayyad, Marrakech, Maroc.

    Bougroum M. et Trachen A.,1997, "Typologie des jeunes chmeurs diplms Marrakech",Annales Marocaines d'conomie, n 17.

    Bougroum M. et Werquin P. (ds.), 1997,ducation et emploi dans les pays dumaghreb : ajustement structurel, secteur informel et croissance, documentset sminaires, Creq, France, n 125.

    Bougroum M. et Ibourk A., 1998, "La pertinence du salaire de rserve commefacteur explicatif d'accs l'emploi : une application sur des donneslongitudinales marocaines",Annales Marocaines d'conomie,n 19.

    CNJA, 1991, L'insertion des jeunes : programmes d'urgence, Acte de lapremire session, Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir, CNJA,Rabat, Maroc, Mars.

    CNJA, 1993, Quelle ducation-formation, quel emploi pour le Maroc dedemain ?,programme d'action.

    CNJA, 1994, "Enseignement/formation : les nouveaux dfis",Revue Jeunesse etAvenir, n 1, Mai.

  • 7/25/2019 R15_Bougroum

    19/21

    Rgion et Dveloppement 75

    CNJA, 1994,L'insertion des jeunes : une nouvelle politique, Avril.

    CNJA, 1995, "L'entreprise prive au Maroc : encadrement et performance",Revue Jeunesse et Avenir, n 4, Juillet.

    CNJA, 1995,Les jeunes et l'entreprise : nouveaux enjeux, programme d'action,Janvier.

    CNJA, 1995, Quatre annes d'action en faveur des jeunes 1991-1994, 3sessions, Mars.

    CNJA, 1996, Enqute nationale sur l'encadrement de l'entreprise prive auMaroc,Vol. 2,'collection enqutes', Avril.

    Direction de la Statistique, 1996, Le recensement gnral de la population et del'habitat de 1994,Ministre de la Population, Rabat, Maroc.

    Espinasse J.M., 1994, "Enqutes de cheminement, chronogrammes etclassification automatique", dans Ourtau et Werquin P. (ds.), L'analyselongitudinale du march du travail, n 99, documents et sminaires, Cereq,France.

    Eymard-Duvernay F., 1997, "Les contrats du travail", dansBessy C. et Eymard-Duvernay F. (ds.),Les intermdiaires du march du travail, PUF.

    Fina L., 1992, "Les politiques de lutte contre le chmage de longue dure :

    approches thoriques et dfis", dans Le chmage de longue dure, ouvragecollectif, Syros.

    Florens J.P., Fougres D. et Werquin P., 1990, "Dure du chmage et transitionsur le march du travail", Sociologie du travail, n 4, p. 439-468.

    Freyssinet J., 1992, "Le chmage de longue dure : diagnostics, politiques,pratiques", dansLe chmage de longue dure,ouvrage collectif, Syros.

    Gallie D., 1992, "Attitudes individuelles et slectivit du march du travail : unetude sur le chmage en Grande Bretagne", dans Le chmage de longuedure, ouvrage collectif, Syros.

    Gauti J., 1993,Les politiques de l'emploi,Vuibert.

    Gautier J., 1994, "Le chmage des jeunes diplms en France, un problme deformation ?",Futuribles, Avril.

    Grard-Varet L.A., Joutard X., Ruggiro M., Teyssire G. et Werquin P., 1991,Facteurs de la dure du chmage et interprtations des trajectoiresindividuelles vis--vis du march du travail, Rapport CGP ETR/88/517,GREQE, Marseille.

  • 7/25/2019 R15_Bougroum

    20/21

    76 Mohammed Bougroum, Aomar Ibourk et Ahmed Trachen

    Godet M., 1993, "La maladie du diplme : propositions pour une nouvellepolitique",Futuribles, Fvrier.

    Grnert H. et Lutz B., 1995, "Unit allemande et march du travail : vers unchmage d'exclusion",Formation-Emploi, n 51, Juillet-septembre.

    Ibourk A, 1996,conomtrie des modles de dure et application aux transitionssur le march du travail marocain : cas des jeunes diplms de Marrakech,thse de 3mecycle, Universit Cadi Ayyad, Maroc.

    d'Iribane P., 1990,Le chmage paradoxal,PUF.

    Kirsch J.L. et Desgoutte J.P., 1996, "Diplme et dclassement", Bref, n 117,Cereq.

    de Larquier G., 1997, "Approches macro-conomiques du march du travail etqualits des appariements", dansBessy C. et Eymard-Duvernay F. (ds.), Lesintermdiaires du march du travail,PUF.

    Mardsen D., 1992, "Segmentation des marchs du travail et chmage de longuedure",dansLe chmage de longue dure,ouvrage collectif, Syros.

    Martinelli D., Paul J.J. et Bourdon J., 1998, "Emploi public, emploi priv : ladifficile conversion des titulaires de thse",Bref,n 146, Cereq.

    Revue Sociologie du travail, 1995, Contre le chmage, la formation ?,

    Vol. XXXVII, n 4, Dunod.Vernires M., 1993,La relation formation-emploi : enjeux conomique et social,

    Cujas.

    Vimont C., 1995, Le diplme et l'emploi : enjeu conomique, ambitionculturelle, dfi social,Economica, Paris.

    Werquin P., 1996, "Les mesures d'aide l'insertion des jeunes en France :nouveaux lments pour l'valuation", Cahiers lillois d'conomie et desociologie, n 27, 1ersemestre.

    THE INTRODUCTION OF DIPLOMAS IN MOROCCO:PROFESSIONAL DIRECTIONS AND INDIVIDUAL DETERMINANTS

    Abstract - Within the restructuring of Moroccan economic context, the statesprogressive disengagement of its role as the main creator of employment for

  • 7/25/2019 R15_Bougroum

    21/21

    Rgion et Dveloppement 77

    those with diplomas goes hand in hand with its increasing involvement in theemployment policy. Paradoxically, the public authorities diversify measures infavor of including diplomas, whereas, there is a significant shortage ofempirical studies on this phase. In this study, based on individual data, it will beshown that the insertion of diplomas takes great many tracks. The typology ofthese directions questions the relevance of the theoretical schema underlying thepolicy involved, and suggests a segmented representation of the labor market.Through the use of a multinomial logit model, the individual trajectories oftypical determinants help to throw light on certain mechanisms of selectivity at

    work in order to enter the primary labor market.

    LA INSERSIN DE LOS TITULADOS UNIVERSITARIOS ENMARUECOS : TRAYECTORIAS PROFESIONALES

    Y DETERMINANTES INDIVIDUALES

    Resumen- En un contexto de restructuracin de la economa maroqu, el estadodeja progresivamente su papel de generador directo de empleos para lostitulados incrementando a la vez su compromiso en poltica de empleo.Paradjicamente, los poderes pblicos diversifican las medidas a favor de lainsersin de los titulados mientras que carecemos totalmente de estudiosempricos sobre esta fase. En este trabajo, mostramos, basndonos en datos

    individuales, que las trayectoras de insersion de los titulados son muycontrastadas. La tipologa de estas trayectoras pone en tela de juicio lapertinencia de la esquema terica subyacente a la poltica aplicada y sugiereuna representacin fragmentada del mercado laboral. El estudio, ayudndosede un modelo lgit multinomial, los determinantes individuales de lastrayectoras tpicas, permite esclarecer ciertos mecanismos de selectividad queinciden en el acceso al mercado laboral primario.