Linvestissement immobilier en nue-propriété PERL : Pierre Epargne Retraite Logement .
UNE STRATEGIE DINVESTISSEMENT TECHNOLOGIQUE POUR LE...
Transcript of UNE STRATEGIE DINVESTISSEMENT TECHNOLOGIQUE POUR LE...
1
UNE STRATEGIE
D’INVESTISSEMENT TECHNOLOGIQUE POUR LE
RANCH DE NAZINGA, BURKINA FASO
Simon Hodgkinson, Smart Earth Network
Rapport de la mission conduite avec l’UICN-Papaco
Janvier 2018
2
Avant-propos
Les espèces avec qui nous partageons la planète, et les écosystèmes qui en dépendent, sont détruits à un rythme sans précédent et malgré des décennies d’efforts de conservation, ils sont encore en voie de disparition. Inverser ce déclin est l’un des plus grands défis de notre époque. Les zones protégées couvrent environ 15% de la surface des terres à l'échelle mondiale et représentent une proportion importante de la biodiversité de la planète. Bien gérer ces zones est un aspect essentiel pour la préservation des espèces et des habitats pour les générations futures. C’est le sujet de ce rapport commandé par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature, programme aires protégées d’Afrique (UICN-Papaco) qui montre comment une nouvelle révolution technologique, à savoir les objets connectés, a le potentiel de transformer l’efficacité de la gestion des aires protégées en Afrique et ailleurs. Il montre comment les technologies innovantes peuvent nous aider à mieux comprendre ce qui se passe, accroître notre capacité d'identifier et de faire face aux menaces, nous aider à renforcer la participation et la confiance des communautés locales grâce à une bonne communication, et améliorer la sécurité et l'expérience des visiteurs des parcs. Ce rapport est fondé sur une mission au Ranch de Nazinga, au Burkina Faso, réalisée en juin 2017 de façon collaborative par :
• IUCN-Papaco: programme AP d’Afrique & Conservation – Afrique du Sud, qui a commandé la mission
• OFINAP: Office National des Aires Protégées (responsable pour la gestion du Ranch de Nazinga)
• CUPD: Centre Universitaire Polytechnique de Dedougou – Université de Ouaga, dont les membres ont déjà effectué des études écologiques à Nazinga
• SEN: Smart Earth Network – Royaume Uni, une organisation à but non lucratif spécialisée dans les stratégies de technologie pour les aires protégées, qui a conduit la mission et préparé ce rapport
• EPFL: Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne – Suisse, qui souhaitent proposer des étudiants en technologie pour mener des projets en appui au programme à Nazinga
Il nous appartient désormais de tirer les enseignements de ce travail et de commencer, si possible, à les appliquer sur le terrain de manière collaborative, évolutive et reproductible, pour aider à combattre le déclin de la biodiversité, à Nazinga et plus largement en Afrique.
Geoffroy Mauvais
Coordinateur du Programme Aires Protégées d’Afrique & Conservation Union Internationale pour la Conservation de la Nature
(UICN-Papaco)
Contact des auteurs Geoffroy Mauvais - [email protected]
Simon Hodgkinson, Fondateur, Smart Earth Network - [email protected]
3
Table des matières
Avant-propos 2
Table des matières 3
1. 5
2. 6
Le contexte 6
Le projet 6
L’approche 7
Pourquoi cette mission ? 8
3. Les défis du Ranch de Nazinga 9
Introduction 9
Manque de Communications 9
Insuffisance de Collecte et d’Analyse des données écologiques 10
Nécessité d’une meilleure surveillance du Ranch 10
Des outils pour alléger les conflits homme-faune 10
Des outils pour améliorer l’expérience des visiteurs 10
Initiatives technologiques existantes dans Nazinga 10
4. Vers un Modèle de Maturité Digitale pour Nazinga 12
Introduction 12
Vision d’une amélioration d’efficacité de gestion basée sur la technologie 12
Architecture technologique pour la réalisation de la vision 13
Des principes clés pour le succès des investissements technologiques à Nazinga 14
Sommaire des technologies innovantes pour les aires protégées 14
Collecte automatisée des données écologiques 14
Surveillance automatique du Ranch 15
Sécurité du personnel et des touristes 15
Sécurité des communautés locales 15
Améliorer l’expérience des visiteurs 15
L’approche de déploiement progressif 15
5. 16
Introduction 16
1ere partie: Communications 17
Contexte et priorités 17
Les phases d’investissement en télécommunications 17
Phase 1 17
Phase 2 17
Phase 3 17
Les hypothèses clés liées à la mise en œuvre 19
4
2e partie: Nouveau centre névralgique des travaux de conservation à Nazinga (NC) 20
3e Partie: Outils et Applications 21
Introduction 21
Exemples d’outils de communication pour le personnel et les visiteurs 22
Sécurité: Alarme Homme-à-terre ou Personne Isolée pour éco-gardiens et visiteurs 22
Exemples d’applications pour smartphone pour le personnel et les visiteurs 23
Exemples d’outils anti-braconnage 24
Surveillance écologique: le rôle des caméras-piège 25
Drones 26
6. 28
Phases proposées 28
Estimations des coûts 28
5
1. Sommaire Exécutif Au début de l’année 2017, le Programme Aires Protégées d'Afrique et Conservation (UICN-Papaco) de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a commandé une étude concernant les possibilités d’utiliser les nouvelles technologies afin d’améliorer l’efficacité de la gestion du Ranch de Nazinga, au Burkina Faso.
Mis en place en 1979, le Ranch de Nazinga couvre aujourd'hui 94 000 ha de zones boisées, avec plus de
20 000 animaux (estimation). Le Ranch contient une zone de conservation centrale entourée d'une zone
de chasse. Il subit un déclin de ces populations animales résultant de la dégradation de l'habitat, du
braconnage et de la chasse. La gestion du Ranch manque des ressources humaines et matérielles
nécessaires pour inverser ce déclin.
Une mission a été menée en juin 2017 au Burkina Faso par l'UICN-Papaco et Smart Earth Network (SEN),
accompagnée par l'Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, afin de rencontrer et de discuter avec les
parties prenantes concernées, notamment OFINAP (l’administration en charge de gérer le Ranch) et le
Directeur du Ranch, l’Université de Ouagadougou, et pour visitez le Ranch. Un premier rapport, présenté
en novembre et contenant un projet de recommandations, a été envoyé aux personnes concernées et
adopté en termes généraux.
La mission a identifié un certain nombre de défis critiques rencontrés par la direction du Ranch, notamment
la difficulté de coordonner efficacement les ressources sur le terrain ; un manque de communication avec
les parcs et villages voisins ; une surveillance écologique inadéquate ; l’incapacité à détecter en temps
opportun les menaces provenant des braconniers et des conflits homme-faune ; la propagation d'une
espèce indigène envahissante qui détruit les pâturages...
Ce deuxième rapport propose un programme d'investissement échelonné sur quatre ans basé sur les recommandations du premier rapport. Les éléments clés du programme sont :
1. L’investissement dans les capacités de communication (voix et données) pour le Ranch, les parcs
avoisinants, et les villages proches, permettant une meilleure coordination et collaboration, ainsi que le déploiement de capteurs et d'outils sur le terrain.
2. Le pilotage et le déploiement sélectif de capteurs et d'outils sur le terrain pour la surveillance écologique, la détection et la réponse rapide aux menaces provenant des braconniers, des collecteurs et des conflits homme-faune.
3. Un nouveau centre de commandement recevant les données de tous les capteurs et outils de terrain, permettant le stockage et l'analyse rapide des données reçues, et la transmission d’alertes en cas de menace imminente vers ceux qui sont les mieux placés pour y répondre.
Dans le cadre du travail de ce rapport, les auteurs ont obtenu des estimations de coûts des fournisseurs de
solutions. Le coût global estimé de l'équipement et de l'installation du programme sur quatre ans est
d'environ 520 000 €, et de 42 000 € supplémentaires par an pour l'exploitation et la maintenance au cours
des années 5 à 10, soit un budget total de 746 000 € sur 10 ans.
Il est probable que le programme proposé, ainsi qu’un investissement soutenu dans la gestion « traditionnelle » de la conservation, sont en mesure de régler bon nombre des défis rencontrés et ont le potentiel, dans un court lapse de temps, d’inverser le déclin écologique du Ranch. De nombreuses initiatives technologiques dans les aires protégées échouent parce que l'on ne prête pas attention aux besoins réels du parc et aux conditions préalables à un investissement durable. Il faut veiller à ne pas introduire des technologies qui seront reléguées au fond d’un tiroir en raison d’une insuffisance de compétences ou d’un manque d’entretien. Les auteurs reconnaissent que des investissements technologiques seuls ne peuvent permettre du jour au lendemain le développement de la maturité numérique au Ranch de Nazinga. Ils ont pris soin de s'assurer que : les mesures proposées répondent vraiment aux défis du Ranch ; la direction et autres utilisateurs sont engagés et se prépareront grâce aux dispositions pour le renforcement organisationnel et la formation ; le phasage soigneux de l'investissement est en place pour s'assurer que les technologies sont correctement pilotées avant d'être déployées et introduites dans le bon ordre, et que chaque phase apporte des avantages.
6
2. Introduction
Le contexte
Au début de l’année 2017, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), via son Programme Aires Protégées d'Afrique et Conservation (UICN-Papaco), a commandé auprès de Smart Earth Network (SEN) une étude concernant les possibilités d’utiliser des technologies novatrices afin d’améliorer l’efficacité de la gestion du Ranch de Nazinga, au Burkina Faso. Mis en place en 1979, le Ranch de Nazinga couvre 94 000 ha de prairies et de zones boisées, avec plus
de 20 000 animaux. Le Ranch contient une zone de conservation entourée d'une zone de chasse. Il subit
un déclin de ces populations résultant de la dégradation de l'habitat, du braconnage et de la chasse. La
gestion du Ranch manque des ressources humaines et matérielles nécessaires pour inverser ce déclin.
Schéma 1 : Ranch de Nazinga
Le projet
SEN est une société à but non lucratif qui rassemble des défenseurs de l’environnement et des
technologistes afin de développer et de déployer des solutions technologiques pour faire face aux défis
de la conservation. SEN est représentée par ses fondateurs, Simon Hodgkinson et Sarah LaBrasca.
Plus d’informations sur cette société sont disponibles sur : www.smartearthnetwork.com. La mission a
été menée avec le soutien de l’UICN-Papaco, et a été facilitée grâce à la participation de l’OFINAP et
en particulier du Directeur du Ranch, Dieudonné Yameogo,
Zone d’Exploitation (chasse, pêche)
Zone de Conservation
Camp de base
Zone de villages locaux
7
SEN et ses partenaires ont entrepris la mission au Ranch de Nazinga du 10 au 18 juin 2017. Les
objectifs étaient d’effectuer :
● L'analyse du Plan de Gestion de la forêt classée et du Ranch de Nazinga, datant de 2014
● Des discussions avec des représentants de l'UICN-Papaco, la direction de l'OFINAP à
Ouagadougou et la direction du Ranch de Nazinga, le CUPD, l’EPFL. Les résultats de ces
discussions sont résumés dans le document attaché.
● Une visite complète du Ranch sur deux jours.
L’approche
Le schéma suivant illustre les étapes du projet. Ce rapport conclut la phase de diagnostic et fournit les informations nécessaires pour rechercher un financement et commencer à préparer la phase pilote et la phase de mise en œuvre.
Schéma 2 : Étapes du projet
Le premier objectif des consultants a été de comprendre les activités, les objectifs et les principaux défis rencontrés à Nazinga. L'accent est mis sur les défis susceptibles d'être résolus grâce aux investissements technologiques.
Un premier projet de rapport de la mission a été conçu comme un document de discussion entre
l’OFINAP, le CUPD, l’UICN-Papaco and l’EPFL. Il a énoncé :
● Notre compréhension des défis de gestion et des priorités du Ranch, et les défis que la technologie
peut aider à résoudre
● Un aperçu du potentiel de la technologie pour améliorer la gestion du Ranch
● La description des technologies clés proposées
● Le plan d'une feuille de route pour la mise en œuvre d'un programme d'investissement
Le premier rapport a été bien reçu par les parties consultées et a conduit à la préparation de ce deuxième
rapport qui établit un calendrier et des coûts préliminaires d'un programme d'investissement technologique
à Nazinga pour améliorer la gestion de la conservation.
8
Pourquoi cette mission ?
Moins d’un quart des AP dans le monde sont gérées de manière efficace1. Elles souffrent de ressources
inadéquates (financement, personnel, équipement, compétences). La plupart ne sont pas actuellement en mesure de préciser si leur programme de conservation est réellement efficace, et beaucoup n’ont
pas les moyens d’identifier et de réagir aux nombreuses menaces2.
La révolution technologique apportée par les objets connectés rend désormais possible une réelle transformation dans l’efficacité de la gestion des AP, grâce à des processeurs puissants placés dans de petits périphériques distants qui nécessitent de moins en moins d’énergie, activés par des systèmes robustes de communication et d’analyse, le tout à des coûts qui diminuent de plus en plus. Les objets connectés ont déjà un impact majeur sur la création de villes intelligentes et l’amélioration de l’efficacité des secteurs de la santé et de l’énergie. Toutefois, la prise de conscience de cette opportunité au sein des AP reste faible, les investissements sont fragmentaires et il existe des obstacles importants à surmonter pour atteindre des résultats extensibles, reproductibles et durables.
Il s’agit d’un défi crucial pour toutes les AP, mais surtout pour les AP africaines où ils manquent
généralement d’infrastructures de communication, où l’investissement en matière de technologie est le
plus souvent fragmentaire, peu durable et souvent en désuétude, et où les compétences nécessaires
pour assurer et maintenir une solution intégrée ne sont pas présentes.
L’UICN-Papaco a choisi le Ranch de Nazinga pour son étude de cas dans le but non seulement de
développer des solutions particulières à ce parc, mais également de constituer un modèle de maturité
digitale évolutif, avec des investissements échelonnés par étapes, chacune apportant des bénéfices
directs. Ceci permettra d’obtenir des retombées bénéfiques dès le départ, et d’atteindre une pleine
capacité au fur et à mesure des investissements avec, à terme, une plateforme commune qui pourra
être déployée rapidement et à moindre coût, et qui sera reproductible dans les autres parcs.
1 Global Analysis of AP Management Effectiveness; Fiona Leverington, Katia Lemos Costa, Helena Pavese, Allan Lisle, Marc Hockings, Springer Science+Business Media, LLC 2010
2 Making parks make a difference: poor alignment of policy, planning and management with protected-area impact, and ways forward; Robert L. Pressey, Piero Visconti, Paul J. Ferraro, 2014.
9
3. Les défis du Ranch de Nazinga
Introduction Dans le cadre de la Mission, l’équipe s’est entretenue avec les principaux intervenants : ● Prospert Compaore, au sein de l’OFINAP, l’agence responsable pour la gestion du Ranch de
Nazinga) – Burkina Faso et Dieudonné Yameogo, Directeur du Ranch
● Emmanuel Hema du Centre Universitaire Polytechnique de Dedougou – Université Ouga, dont les membres ont déjà effectué des études écologiques à Nazinga
La mission a passé deux jours à visiter le Ranch avec le personnel administratif et des éco-gardes, et aimerait profiter de cette opportunité pour les remercier à nouveau pour leur excellente coopération.
Schéma 3 : Les perspectives de lq gestion concernant les défis et les priorités à Nazinga
A partir de cette liste et des observations faites sur le terrain, nous avons pu identifier six défis majeurs de gestion où des technologies de pointe permettraient des gains d’efficacité significatifs.
Manque de Communications
Bien qu'il existe aujourd'hui un réseau téléphonique 2G, il n'y a pas d'internet; les éco-gardes ne possèdent que leurs propres téléphones et ne les utilisent pas pour le travail. Il n'y a donc pas de moyen de communication efficace ni dans le Ranch entre les gardes et la Direction, ni avec le siège, ni avec les parcs adjacents, ni avec les communautés locales ou les visiteurs. Sans communications efficaces, il est difficile de parvenir à une collaboration et une coordination efficaces des ressources. Cela présente également des risques de sécurité en cas d'incident dans le Ranch ou à ses frontières. Un système peu coûteux de communication est nécessaire tant pour la voix et les données que pour permettre le fonctionnement des objets connectés évolutifs et reproductibles. Une variété de technologies sont désormais disponibles, allant de télécommunications par satellite, la radio VHF, le 4G privé et aussi des systèmes comme Wi-Fi ou LoRa pour voix, texte ou données, qui, combinés avec le GPS, peuvent résoudre ces problèmes et permettre le déploiement efficace de périphériques connectés. Le souci est de sélectionner des technologies pratiques qui correspondent aux besoins du Ranch sur le long terme, compte tenu des problèmes de croissance, de bande passante, de sécurité, etc.
10
Insuffisance de Collecte et d’Analyse des données écologiques
Le travail de collecte dans Nazinga pour établir les tendances, les menaces et leur causalité, et prendre en charge la planification des programmes de conservation est aujourd’hui ardu et peu efficace. Une étude des transects linéaires, par exemple, implique des traversées du Ranch à pied par les éco-gardes. Les données obtenues sont souvent partielles et peuvent se révéler insuffisantes pour déceler les menaces pour la biodiversité, leur lien de causalité, et les impacts des programmes en place. Les caméras-pièges pour la surveillance écologique ne sont pas utilisées dans le Ranch. Il serait possible d’augmenter considérablement la vitesse de collecte des données ainsi que leur exhaustivité et leur exactitude grâce à des réseaux de capteurs, des caméras-pièges et éventuellement des véhicules aériens sans pilote. Tous ces éléments devront être connectés à une plate-forme centrale d'information et à un centre de contrôle assurant l'accès aux données pour les parties prenantes appropriées, et permettant un analyse pertinente et une prise de décision. Ceci permettra aux ressources limitées en personnel qualifié de se concentrer d’avantage sur les activités à forte valeur ajoutée, la conception des programmes efficaces et la gestion.
Nécessité d’une meilleure surveillance du Ranch
Les ressources mises à la disposition des éco-gardes ne leur permettent pas de patrouiller efficacement
dans le Ranch et d'appréhender les braconniers. Une grande partie du braconnage de la viande de
brousse, par exemple, a lieu la nuit. Les gardes n'ont pas d'équipement de vision nocturne infrarouge
et sont incapables de fonctionner efficacement la nuit. De même, s'ils identifient les braconniers, ils ne
peuvent demander d’aide pour aider à les appréhender.
Il existe désormais une variété d'outils allant des pièges photographiques aux capteurs d'empreintes
audio et électroniques et aux drones, capables d'identifier et de signaler les menaces en temps réel et,
s'ils sont reliés à un centre de commande, de communiquer avec les ressources appropriées sur le
terrain.
Des outils pour alléger les conflits homme-faune
Les communautés locales souffrent parfois de la destruction des cultures par de grands herbivores.
Actuellement, les villageois, pendant la saison pluvieuse, dorment dans les champs pour pouvoir
repousser les éléphants qui y pénètrent. Il existe désormais des solutions qui préviennent les
communautés des dangers imminents et dissuadent les animaux.
Des outils pour améliorer l’expérience des visiteurs
La direction de Nazinga souhaite augmenter le tourisme dans le Ranch à partir du niveau actuel bas.
De meilleurs outils numériques y contribueront, que ce soit des moyens permettant aux visiteurs
potentiels de mieux comprendre ce qui est disponible, de réserver et planifier leur voyage (site web,
Facebook, etc.), ou des outils de connectivité qui leur permettront de communiquer et de naviguer sur
Internet à l’intérieur du Ranch, et des applications basées sur smartphone qui facilitent la navigation
autour du Ranch et l'interprétation de sa faune. Tous ces éléments sont relativement simples à fournir
mais sont largement dépendants de la connectivité disponible.
Initiatives technologiques existantes dans Nazinga Lors de la mission, l’équipe n’a identifié que très peu d’initiatives technologiques ou de compétences appropriées dans le Ranch : ● Le personnel utilise leurs propres mobiles personnels (2G). ● Pas de capteurs, pas de caméras. ● Le personnel ne fait que du traitement de texte. Certains sont formés au système SMART. ● Les guides sont aussi des éco-gardes, pointeurs et pisteurs, rémunérés par l’OFINAP, et sont
souvent d’anciens braconniers. Il y a un besoin urgent de formation et de valorisation du personnel.
11
4. Vers un Modèle de Maturité Digitale pour Nazinga
Introduction
Ci-dessous nous présentons les éléments clés d’un modèle pratique de maturité digitale pour le Ranch
de Nazinga qui permettraient des investissements progressifs apportant des avantages dès le départ
et arrivant à sa pleine capacité au fil du temps, à travers une plateforme commune qui pourrait être
déployée rapidement. Il y a quatre éléments clés :
1. Une vision du résultat final pour une amélioration de l’efficacité de gestion du Ranch 2. L’architecture technologique haut niveau nécessaire pour pouvoir réaliser cette vision
3. Les principes clés pour le succès des investissements technologiques à Nazinga 4. L’approche de déploiement progressif basé sur le modèle de maturité qui permet de bâtir les
capacités au fur et à mesure, créant de la valeur à chaque étape, et d’utiliser les solutions avant
le déploiement final global.
Vision d’une amélioration de l’efficacité de gestion basée sur la technologie
Schéma 5 : Vision de la transformation des défis clés de gestion des AP à l’aide de la technologie
Actuel
Futur
Communi-cations Le manque de communications Un réseau voix-données au sein
voix et données
électroniques dans le parc entrave la
du parc permettra au personnel et aux
coordination du travail, entraînant
visiteurs de communiquer et d’accéder
des risques de sécurité pour le
aux objets connectés. Le GPS permettra
personnel et les visiteurs, empêchant
la géolocalisation, assurant ainsi la sécurité dans le parc
le déploiement de périphériques
Connectés
Surveillance,
Collecte manuelle et intensive de
Un réseau de capteurs à distance
Évaluation & données mais données peu couplé à une puissante analyse
Conception du probantes pour l’évaluation
pourra améliorer la base de données et
programme d’impacts, et rend difficile la facilitera la conception de programmes
conception de programmes efficaces
Gestion de la Des ressources limitées et des L’utilisation des technologies pour
conservation
processus de travail manuels limitent
automatiser les alertes et déclencher
l’efficacité des activités de les mesures correctives libèrera les
Conservation
ressources pour des activités vitales et
augmentera la capacité de
conservation du parc
Collaboration et Les multiples initiatives non
L’utilisation d’outils de gestion et de
12
gouvernance
coordonnées des parties prenantes à
communication entre parties prenantes
différents niveaux crée une charge simplifiera et facilitera le travail
administrative inefficace
Visiteurs Peu d’outils pour aider les futurs Des applications mobiles avec
visiteurs à planifier leur voyage et géolocalisation permettront aux
pour les guider dans le parc visiteurs de planifier leur visite à
l’avance, de naviguer dans le parc et
d’interpréter ce qu’ils voient
Commu-nautés Perte des cultures à
Les dispositifs connectés permettent
Locales cause du piétinement
une alerte rapide afin d’activer à temps
des mesures dissuasives
Le tableau figurant sur cette page est le résumé d’un programme technologique pour transformer
les défis clés de gestion du Ranch identifiés à la section 2 et les options technologiques identifiées
13
à la section 3.
Bien que ces investissements technologiques aident à renforcer la capacité de gestion du parc,
nous sommes d’avis qu’ils doivent être complétés par des améliorations traditionnelles de la gestion
de la conservation si l'on veut réussir. Par exemple, il a été noté lors de la visite qu'il n'y a
actuellement aucune démarcation entre les zones de conservation et les zones de chasse, et que
les chasseurs peuvent traverser la zone de conservation sans s'en rendre compte.
Architecture technologique pour la réalisation de la vision
L’architecture d’une solution de protection digitale, évolutive et reproductible, pour le Ranch de Nazinga devra comporter les quatre couches illustrées ci-dessous. Des périphériques physiques seront placés à distance dans le parc (capteurs, caméras, drones etc..). Ils utiliseront une couche de transmission pour collecter des données et les transmettre à une couche applicative qui gèrera les données, les stockera et les traitera. Les résultats seront présentés aux utilisateurs à travers une gamme d’appareils (téléphones, smartphones, ordinateurs, tablettes, etc.).
Schéma 6 : Les couches types (périphérique, transmission, application, présentation) d’une architecture numérique pour le Ranch
14
Des principes clés pour le succès des investissements technologiques à Nazinga
Le programme d’investissement doit être :
• conçu pour transformer la capacité du management à répondre aux grands défis que le Ranch de
Nazinga doit affronter
• certain d’assurer au Ranch la capacité opérationnelle et le niveau de gouvernance requis pour
pouvoir adopter et gérer avec succès les nouvelles technologies
• viable sur le plan financier (y compris les coûts permanents opérationnels, de formation et de
maintenance)
• fondé sur des technologies de base robustes (sachant que des technologies innovantes peuvent
être utilisées si le risque est faible ou si d’autres solutions ne s’avèrent pas viables)
• soutenu par d'autres ressources et par la prise de décisions
Sommaire des technologies innovantes pour les aires protégées
Nous indiquons ci-dessous un résumé des applications technologues susceptibles de relever les défis clés identifiés dans Nazinga.
Collecte automatisée des données écologiques
Caméras-pièges connectées et caméras de sécurité : réseau de caméras-pièges et de caméras de sécurité reliées sans fil qui remontent automatiquement leurs images au centre de traitement, et dans le cas de caméras de sécurité, alertent le personnel de patrouille de potentielles activités illégales.
Réseaux de capteurs acoustiques : un réseau de capteurs acoustiques dont les enregistrements audio sont traités en continu afin de distinguer les différentes sources audio.
De cette façon les emplacements des véhicules, des coups de feu et des tronçonneuses sont automatiquement identifiés et signalés.
Bio-suivi : suivi à distance des déplacements des animaux à l’aide de trackers GPS qui enregistrent leur emplacement et transmettent des données à l’aide d’un modem intégré cellulaire, radio ou satellite.
Logiciel de détection de changement d’habitat : une visibilité perfectionnée des changements de condition de l’habitat est possible en utilisant des systèmes avancés d’information géographique (SIG), afin de modifier les algorithmes de détection et de prédiction, améliorant ainsi la qualité et les systèmes de télédétection disponibles.
Drones pour la surveillance des populations d’animaux : des populations d’animaux sont suivies à l’aide de surveillance automatisée sur une base plus fréquente (mensuelle, trimestrielle) que les méthodes manuelles actuelles.
Drones pour suivre les changements d’habitat : des drones munis des caméras traditionnelles et multi-spectrales capturent des images à haute résolution qui peuvent ensuite être regroupées en cartes-images géo-référencées. Des logiciels de reconnaissance automatique de modèles et de changements mettent alors automatiquement en évidence les changements dans les habitats et dans l’utilisation des terres.
∙ Drones pour le suivi d’espèces envahissantes : des caméras multi-spectrales capturent
l'intensité lumineuse détectée en fonction des intervalles de longueurs d'onde, ce qui permet la
15
différenciation des espèces de plantes. Ces images automatisées révèlent les modifications de type et de distribution de la flore.
Logiciel d’identification d’espèces automatisé : des logiciels de reconnaissance d’image
appliqués aux images et aux vidéos de la faune peuvent automatiser l’identification des espèces.
Stations météorologiques automatiques : des stations météorologiques automatiques fonctionnent en temps quasi réel, soit par satellite ou par réseaux de téléphonie mobile, et envoient des données automatiquement sur un système d’information géographique (SIG) pour analyse et reporting, ou sur un site web destiné aux visiteurs.
Surveillance automatique du Ranch
Réseaux de capteurs anti-braconnage/déforestation illégale : plusieurs capteurs (acoustique, sismique, infrarouge) et des caméras reliées peuvent être déployés pour détecter les
éventuelles activités de braconnage et de déforestation illégale. Ceux-ci envoient des alertes par l’intermédiaire de réseaux sans fil et fournissent aux rangers des informations sur la localisation et la nature de la menace.
Cartographie et des outils de reporting : logiciel qui permet aux rangers d’enregistrer des incidents de braconnage et de prendre des décisions de gestion efficace. Les données sont stockées sur une base de données centrale qui peut être interrogée, et qui produit des cartes, permettant une répartition intelligente des ressources pour mieux lutter contre le braconnage.
Drones pour la surveillance : des drones de longue portée (jusqu'à 100km) peuvent être configurés pour couvrir des zones sensibles du parc et fournir des alertes aux rangers indiquant l’emplacement et la nature des menaces et leur permettant d’y répondre rapidement.
Sécurité du personnel et des touristes
● Alertes de détresse : les applications compatibles GPS pour les smartphones ou les radios DMR existent et peuvent fournir une notification de l'emplacement et de la nature d'un incident à ceux qui sont en mesure de répondre.
Sécurité des communautés locales
Répulsifs automatisés d’animaux : gamme d’appareils qui utilisent le son et les lumières (ou d’autres approches) pour prévenir les conflits entre animaux et hommes.
Améliorer l’expérience des visiteurs
Applications ‘science pour citoyens grand public’ : des applications mobiles et un site web qui permettent aux visiteurs d’identifier la flore et la faune qu’ils voient et de soumettre des photos pour analyse.
Applications axées sur le tourisme : des applications mobiles qui offrent des renseignements ciblés du parc pour améliorer la visite des touristes.
L’approche de déploiement progressif De nombreuses initiatives technologiques dans les aires protégées échouent parce que l'on ne prête pas attention aux besoins réels du parc et aux conditions préalables à un investissement durable. Il faut veiller à ne pas introduire des technologies qui seront reléguées au fond d’un tiroir en raison d’une insuffisance de compétences ou d’un manque d’entretien. Les auteurs reconnaissent que des investissements technologiques seuls ne peuvent permettre du jour au lendemain le développement de la maturité numérique au Ranch de Nazinga. Ils ont pris soin de s'assurer que : les mesures proposées répondent vraiment aux défis du Ranch ; la direction et des utilisateurs sont prêts et bien préparés grâce aux
16
dispositions pour le renforcement organisationnel et la formation ; le phasage soigneux de l'investissement est en place pour s'assurer que les technologies sont correctement pilotées avant d'être déployées et introduites dans le bon ordre, et que chaque phase apporte des avantages.
5. Plan d’investissement technologique pour transformer la gestion de Nazinga
Introduction
Sur la base des principes ci-dessus, un plan visant à relever les principaux défis du ranch de Nazinga
a été élaboré, comprenant quatre parties clés et devant être mis en œuvre en quatre phases (décrites
dans la section suivante). Le plan vise à apporter cinq avantages clés:
Une amélioration de la communication et de la sécurité au sein du Ranch pour le personnel et les visiteurs
Une collecte de données précises et à jour, et un meilleur mécanisme de transmission des informations aux autorités, renforçant ainsi leur confiance dans les valeurs des programmes de conservation
L’identification immédiate des menaces des braconniers et des bûcherons, permettant une réponse rapide
Un système pour alerter les communautés locales des risques de piétinement des cultures par les éléphants
Des outils de navigation et d'interprétation pour accompagner les visiteurs du Ranch
Ce chapitre illustre tour à tour chacune de ces parties.
Schéma 7 : Les quatre parties clés d’un plan d’investissement technologique pour Nazinga
17
1ere partie: Communications
Contexte et priorités
Les capacités actuelles de télécommunications dans le Ranch de Nazinga sont les suivantes :
• Mât au camp de base, classe 2G installée, qui dessert les villages
• Les membres du personnel ont leurs propres téléphones mobiles 2G (mais ne sont pas remboursés s’ils l’utilisent)
• Pas d’internet au camp de base ni ailleurs dans le Ranch (ni dans les deux autres parcs proches)
Les priorités d’amélioration par ordre d’importance sont les suivants :
1. Le raccordement IP à Ouagadougou pour assurer la connectivité du personnel et des visiteurs du Ranch, des parcs avoisinants et, en fin de compte, des communautés locales ;
2. Fournir les communications voix/texte pour la coordination du personnel du Ranch et pour la sécurité de tous ;
3. Connectivité des dispositifs IOT sur le terrain (caméras, capteurs, drones, etc.) ;
4. Fournir aux visiteurs le wifi, des radios pour assurer la sécurité et des applis pour leurs smartphones qui leur permettront de naviguer et d’interpréter ce qu’ils voient dans le Ranch ;
5. Fournir le wifi aux communautés locales.
Les phases d’investissement en télécommunications Les schémas ci-dessous illustrent les grandes lignes des propositions de télécommunications pour atteindre les objectifs stratégiques.
Phase 1 ● Installation de deux nouveaux mâts à KTNP et à Nazinga incluant panneaux solaire et batteries
● Liaison IP de Ouagadougou à Nazinga via le Parc National Kambore Tambi
● Installer le système Digital Mobile Radio à Nazinga ● Fournir des radios au personnel (15)
● Pilotage de Wifi au camp de Nazinga
Phase 2 ● Installation de trois nouveaux mâts, extension du WiFi et relier par micro-ondes les zones où les
équipements IOT doivent être installés à Nazinga.
Phase 3 ● Installation de deux nouveaux mâts, extension du WiFi, relier par micro-ondes les villages
18
Schéma 9 : Connexion internet depuis Ouagadougou et zones radio DMR
Schéma 10 : Réseaux micro-onde & wifi
Nazinga
DMR
30KM
Zone de villages locaux
19
Schéma 11 : des outils pour le personnel, les visiteurs et les villageois
Les hypothèses clés liées à la mise en œuvre Les éléments suivants sont absolument nécessaires pour l’avancement de ce projet de communication :
● L’accès Internet à Ouagadougou est disponible sur un port Ethernet standard ; la connexion est
directe sans besoin de login ;
● L’internet est fourni à un endroit d’où nous pouvons facilement passer un câble vers une radio sur un
pilone ayant une voie claire en direction de la station relais au sud-est de la ville; une alimentation
secteur fiable est disponible à cet emplacement ;
● Au moins une adresse IP statique publique Internet - et non une adresse routée, sans restriction
bloquante de port ni autres restriction ;
● Un débit de données minimum en réception de 20 Mbps et de 5 Mbps en émission, avec une forte
préférence pour 50Mbps en réception et 10Mbps en émission [tous frais payés] ;
● Un accès sans restriction à la crête au nord-est de la ville pour un site de relais, y compris
l’emplacement des panneaux solaires [qui devraient être sécurisés] ;
o Un accès illimité aux différents pilones sur tout le chemin de relais ;
o Permission d'utiliser [allocations pour] diverses bandes de micro-ondes et autres : o Bande micro-onde: 3.5 à 3.65GHz et, 5.5 à 5.8GHz [pour les connexions] [cette bande ne doit
pas être limitée en puissance à la sortie EIRP] o Bande vhf : 200KHz allant de 150 à 170MHz [pour le DMR] o Bandes WIFI ‘standard’ allant de 2.5 à 5GHz o LTE requiert une allocation dans la bande 700 to 800MHz o LoRa requiert une allocation dans la bande 420 to 440MHz
Il est nécessaire d’identifier une personne de contact ayant une position et les autorisations adéquates afin de valider ces éléments.
20
2e partie: nouveau centre névralgique des travaux de conservation à Nazinga (NC) Nous proposons d’installer un centre névralgique numérique pour la gestion de la conservation à Nazinga qui regroupera toutes les données à partir du terrain et pourra donner des alertes en temps réel. Un exemple de ceci est le Domain Awareness System développé par Vulcan, qui a été installé dans un certain nombre de parcs africains notamment à la Pendjari. Les principales caractéristiques sont : ● Système opérationnel unique pour une aire protégée avec une plateforme de données intégrée
● Prise de décision tactique en temps réel à l'aide d'une analyse algorithmique des données
● Des opérations sur le terrain plus efficaces en fournissant des informations en temps réel aux éco-
gardes
● La fourniture de données pour l'utilisation dans l'intelligence stratégique et l'analyse du trafic illégal
Ce système présente les avantages suivants :
● Simple et robuste
● Favorise la formation et permet aux gestionnaires de réussir les opérations et l’entretien même en cas
de technicité moyenne ou faible
● Système évolutif et extensible qui permet l'intégration des données provenant de nouveaux systèmes technologiques à mesure qu'ils émergent
● Programme à code source ouvert, non exclusif, qui vise à encourager une participation communautaire d’utilisateurs investis
Des offres non commerciales sont disponibles.
Schéma 12 : capture d'écran typique de l'affichage graphique du système sur le terrain
21
Schéma 13 : architecture typique pour un déploiement de DAS
3e Partie: outils et Applications
Introduction La gamme de solutions sélectionnée présente une efficacité potentielle réelle pour relever les défis de Nazinga. Des nouvelles solutions à ces défis apparaissent constamment et certaines des solutions présentées ici ne commencent qu'à être testées sur le terrain. Dans certains cas, des preuves de leur efficacité sont encore en train d'émerger, dans d'autres cas les preuves sont bien démontrées. Il n'est pas prévu d’utiliser tous ces éléments, mais plutôt qu'une sélection sera faite au moment approprié (une fois que le système de communication et le centre nerveux nécessaires seront en place). Cette sélection devrait être basée sur une réévaluation réactualisée des options disponibles et des preuves de leur efficacité.
Schéma 14 : la gamme d'applications et d'outils nécessaires pour répondre aux défis de Nazinga
Outils de communication
Personnel du Ranch et administratifs
Visiteurs
Villageois
Sécurité
Surveillance écologique
Applis pour smartphones
Camera piège
Capteurs audio Drones (triumfetta, comptage
d'animaux)
Anti-braconnage
Système SMART
WPS
Caméra infrarouge
Rayon électronique (halo)
Drones
Conflits homme-faune
Capteurs audio + SMS
Infrarouge
22
Exemples d’outils de communication pour le personnel et les visiteurs
Il faut noter que les smartphones sont également nécessaires mais non illustrées ici. Avant même que Nazinga soit équipé de 3G \/ 4G, ceux-ci seront en mesure d’utiliser les applications hors ligne avec GPS et WiFi dans les limites des zones WiFi.
Schéma 15 : exemples d’outils de communication pour le personnel et les visiteurs
Sécurité: alarme Homme-à-terre ou Personne Isolée pour éco-gardes et visiteurs
Schéma 16 : Exemple d’écran pour Alarme Homme-à-terre
Il s’agit d’une application DMR prête à l'emploi qui permet à un éco-garde ou à un visiteur d'appuyer sur un bouton ou d'envoyer un texte via le DMR. Une alarme est envoyée à l'ensemble du système radio et au système DAS par l'appareil qui a déclenché l'urgence. Il peut s’agir d'une alarme vocale, textuelle ou sonore. L'alarme peut être filtrée dans le système, soit directement dans les téléphones mobiles ou les e-mails, soit via une unité centrale.
23
Exemples d’applications pour smartphone pour le personnel et les visiteurs
1. Navigation Safari : par exemple All Trails Pro (pour Android ou Apple) permet de télécharger des
cartes et des pistes du Ranch sur smartphone et de les consulter hors ligne avec le GPS en temps réel pour la navigation. Doit être configuré pour Nazinga.
2. Identification de la faune et la flore : il existe de nombreuses applications (iNaturalist par exemple) qui permettent aux visiteurs de photographier la flore et la faune et de recevoir des suggestions pour l’identifer. Déjà utilisé dans la région.
3. Science citoyenne: il existe des applications qui permettent aux scientifiques de soumettre des photos d'espèces à leurs pairs pour aide à l'identification (PlantNet en français)
Schéma 17 : Exemples d’applications pour smartphone pour le personnel et les visiteurs
iNaturalist sightings in Benin
24
Exemples d’outils anti-braconnage Nous recommandons la prise en considération de plusieurs outils et systèmes :
Jumelles de vision nocturne (infrarouge) Le braconnage de gibier/viande de brousse se passe pendant la nuit. Actuellement, les éco-gardes n'ont pas d'équipement de vision nocturne pour les aider à trouver et appréhender les braconniers la nuit. Il existe de nombreuses jumelles infrarouges et de caméras pour résoudre ce problème.
Schéma 18 : Exemple de solution Aomekie AO3015 10X50 Jumelles de qualité supérieure avec télémètre interne et boussole, militaire, étanche. Vert armée. Pour la navigation, la chasse.
Schéma 19 : Système WPS anti-braconnage
WPS a créé un système de surveillance centralisé, wpsWatch, qui utilise des caméras pour transmettre des images de la faune et des menaces humaines potentielles. Ces caméras sont généralement déployées hors de la portée des réseaux de communication établis. Le système intègre plusieurs flux différents dans un seul affichage, permettant une vue holistique de l'activité dans une zone donnée. Cette technologie peut être déployée sur une variété de réseaux de communication, tels que les réseaux cellulaires, les répéteurs et les réseaux maillés. Le système de surveillance wpsWatch peut être visualisé à partir d'un système informatique centralisé ou sur un appareil mobile afin d'offrir une certaine flexibilité lors de la patrouille dans une zone. Des offres non commerciales sont disponibles.
The SMART System
25
L’outil de suivi spatial et de rapportage (SMART): La protection efficace des sites de conservation nécessite une collecte de données de grande qualité de la part des éco-gardes. Nazinga utilise déjà le système SMART qui rend possible la collecte, le stockage, la communication et l’évaluation des données, et fournit des matériels de formation et des normes de patrouille. Les gestionnaires peuvent ainsi mieux surveiller les animaux, identifier les menaces telles que le braconnage ou la maladie, et rendre les patrouilles plus efficaces. L'intégration de SMART avec DAS renforcera considérablement la détection des menaces dans le Ranch. SMART est un logiciel libre et gratuit, disponible en français. Un réseau de caméras et de capteurs pour la détection en temps réel. Par exemple Sensing-Clues qui utilise des capteurs connectés à un réseau local pour détecter les appareils électroniques, des sons, la lumière artificielle, et envoie des alertes au système DAS Des offres non commerciales sont disponibles.
Schéma 20: Surveillance de l’habitat et du triumfetta
La triumfetta, une espèce indigène, est devenue envahissante. Cette plante réduit les pâturages pour les mammifères (phacochère, antilope, buffle…) ce qui pourrait contribuer à la diminution du nombre de mammifères. Il faut déterminer l'ampleur du problème et puis décider des actions à prendre.
Nous avons demandé au Centre d'Ecologie et d'Hydrologie du Royaume Unis de nous fournir une proposition d’enquête avec drones dans le but d’établir la meilleure façon de cartographier l'habitat, l'étendue et le taux de propagation de la triumfetta. L’enquête serait composé de 5 éléments: (1) une campagne sur le terrain, (2) une étude documentaire des images afin de développer l'option de cartographie la plus appropriée à la triumfetta et les habitats, (3) une étude documentaire afin d’identifier la solution logicielle la plus rentable pour le traitement des images et le choix de l'imagerie EO, y compris la configuration des capteurs de drone, (4) la production d’un manuel d’utilisation décrivant en détail l’implémentation de la méthode la plus rentable pour la surveillance de la triumfetta et les habitats, (5) la formation. Nous avons reçu un devis d’environ €40,000. Nous ne l'avons pas inclus dans le programme car cela ne semblait pas un investissement judicieux. L’enquête n'est pas une solution en soi, simplement une façon d'établir ce qui existe et comment cela peut changer.
Surveillance écologique : le rôle des caméras-piège L'utilisation de caméras-piège améliore la surveillance des espèces, permet d'économiser sur les heures de travail, fonctionne jour et nuit et offre une solution plus sécuritaire que d'approcher les grands mammifères pour l'identification. Diverses installations en ligne existent maintenant pour l'archivage, la visualisation et l'identification automatique. La combinaison efficace de ces capacités peut grandement alléger le travail de surveillance écologique. Les caméras-piège sont camouflées ; de la taille d’une boîte à chaussures, ces appareils peuvent être positionnés près des trous d’eau, des chemins ou à des positions stratégiques où la surveillance en continu est nécessaire. Ils sont déclenchés par le mouvement, prenant des vidéos ou des photos en couleur
26
pendant la journée et en noir et blanc la nuit. Le flash infrarouge est invisible afin de ne pas effrayer les animaux. Ils fonctionnent sur batterie. L’alimentation par énergie solaire est possible. Les photos sont stockées sur une carte compacte Flash, téléchargeable sur ordinateur. Les SDcards vont jusqu'à 512Gb. Ces caméras-piège peuvent être utilisées avant même la mise en place du réseau de communications. eMammal est un outil de collecte, d'archivage et de partage d'images et de données de photos prises par les caméras-piège. API Cloud Vision permet de comprendre le contenu d'une image en intégrant de puissants modèles d’apprentissage. API Cloud Vision classe les images rapidement dans des milliers de catégories (par exemple, 'bateau', 'lion', 'tour Eiffel'). Les tests ont montré qu'il identifie 80% des animaux correctement.
Schéma 21 : capteurs audio et logiciel pour l’identification de la faune
Ces capteurs peuvent identifier en particulier les oiseaux, la vie aquatique et les petits mammifères. Par exemple le Song Meter SM4 de 4e génération est un enregistreur acoustique compact, résistant aux intempéries, à deux canaux, capable de capturer de grandes quantités de données provenant de la faune, tels que les oiseaux, les grenouilles et la vie aquatique. Le SM4 est doté de deux microphones intégrés, d'outils de planification innovants, d'un grand stockage de données et d'une faible consommation d'énergie - il permet de stocker jusqu'à 1 téraoctet de données et 400 heures de fonctionnement sur le terrain. L'enregistreur est rélié au logiciel Kaleidoscope Pro, une suite intégrée d'outils qui rendent l'analyse bio-acoustique plus facile, plus rapide et plus efficace.
Drones Les drones (UAV) sont une technologie puissante pour aider la gestion des aires protégées :
● Surveillance écologique : ils peuvent être utilisés pour effectuer des relevés aériens complets basés sur des trajectoires prédéfinies, de la flore ou de la faune, en utilisant une variété de types de caméras et de logiciels. Ils peuvent identifier différents types de flore ou comparer les cartes d'habitats d'une année à l'autre;
● Détection des menaces : ils peuvent détecter les incursions par les braconniers ou les bûcherons à la fois pendant la journée et la nuit (caméras infra-rouge).
Il existe différents types d'UAV. Pour Nazinga, le type le plus utile serait sans doute un drone robuste à voilure fixe capable de voler longtemps et de transporter différentes charges utiles de caméra pour des fonctions de surveillance et de détection des menaces. Une possibilité intéressante est le drone Sunbird, qui est alimenté par énergie solaire et qui peut voler toute une journée.
27
Schéma 22 : Exemple drone convenable pour Nazinga LE SUNBIRD SB4 PHOENIX SOLAR-POWERED UAV: le SB4 est un drone à voilure fixe fournissant des données géospatiales exploitables collectées sur de vastes zones. Il est conçu pour couvrir un large éventail de missions de cartographie de précision à grande échelle, la photogrammétrie, l'arpentage, la surveillance, l'inspection et la télédétection. En quelques clics, les images aériennes sont transformées en informations précieuses telles que des orthomosaïques géoréférencées et des modèles 3D. Cette connaissance perspicace permet aux gestionnaires de prendre des décisions rapides et précises axées sur les données.
Un investissement dans les drones doit cependant être pris avec précaution pour deux raisons :
1. Les drones et l'équipement associé sont chers, et il est important que les cas d'utilisation soient pilotés
de manière robuste et que la durabilité et la capacité soient bien examinées. La gestion d'un drone nécessite un pilote qualifié, un utilisateur de logiciel et une assistance technique. Ces capacités ne sont pas encore présentes à Nazinga, et l'investissement dans un drone à un stade précoce du programme pourrait très bien se révéler inefficace si l’équipement tombe en désuétude.
2. C'est un domaine en développement rapide. Tous les aspects de la technologie évoluent rapidement
et le logiciel de conservation n'a pas encore été entièrement testé. Un délai même d’une année apportera des avancées majeures.
Pour ces raisons, aussi attrayantes que soient ces idées, nous recommandons que les drones ne soient pas pris en compte dans les investissements de première phase. Dans ce programme, nous suggérons d’envisager des drones dans la troisième phase de l'investissement, au cours de laquelle la technologie aura évolué et les compétences en matière d'utilisation et de gestion de la technologie à Nazinga auront considérablement progressé.
28
6. Phases proposées et estimations des coûts pour le programme d’investissement de Nazinga
Phases proposées Il n'est ni souhaitable ni possible de mettre en œuvre tout le programme d’un coup. Les réseaux de communications doivent exister avant de mettre en œuvre les outils ; les solutions doivent être pilotées et déployées uniquement lorsqu'elles sont éprouvées et qu’il existe un super-utilisateur qui sait les faire fonctionner et pourra aider les autres ; l'adoption réussie d'un ensemble de technologies est nécessaire avant de passer à la suivante, et ainsi de suite. Dans le tableau ci-dessous, il est proposé que la mise en œuvre soit menée en un minimum de quatre phases pour tenir compte de ces facteurs. Chaque phase pourrait prendre un an, ou peut-être moins (par exemple 9 mois) ou plus (par exemple 15 mois). Il est important que la dynamique soit maintenue. Il est suggéré qu'un examen soit entrepris par le gestionnaire du programme, en consultation avec les utilisateurs, après chaque phase afin de déterminer si les conditions nécessaires pour passer à la phase suivante ont été remplies et faire des recommandations d’améliorations pour la suite.
Schéma 21 : le déploiement du programme à Nazinga en un minimum de quatre phases
Estimations des coûts
Nous avons consulté des fournisseurs afin d’obtenir des estimations de coûts des diverses composantes
du programme décrites ci-dessus, y compris les coûts d'exploitation et d'entretien courants au cours des
années 5 à 10. Ces coûts fournissent une base adéquate pour la budgétisation. Une nouvelle série d'appels
d'offres compétitifs devra être entreprise une fois le financement obtenu.
Ces estimations des coûts sont résumées dans le tableau ci-dessous par élément et par phase. Les coûts
comprennent la formation estimée et les coûts d'entretien et d'exploitation courants.
29
Le programme implique de:
● Commencer, en phases 1 et 2, à installer l'infrastructure des communications et le centre de
commandement nécessaires au déploiement de l'équipement;
● Tester le fonctionnement de tous les éléments du programme grâce à un pilote initial avant de procéder
au déploiement complet.
● Débuter par la mise en place d'outils et d'applications simples à déployer et à exploiter, laissant la mise
en œuvre de capacités telles que les drones qui, bien que très utiles, nécessitent des compétences
techniques et une préparation organisationnelle plus fortes pour assurer leur pérennité.
Certains coûts ne sont pas compris:
● Les salaires du personnel du Ranch qui utilise le matériel seront budgétés ailleurs
● La construction des pilones sera effectuée par des entrepreneurs locaux. Une somme provisionnelle
de € 2000 / pilone a été autorisée. Un coût précis doit être obtenu auprès des sources locales
appropriées.
Certaines hypothèses ont été formulées:
● Il est supposé que les étudiants de l'Ecole Polytechnique de Lausanne qui seront déployés dans le
ranch peuvent prendre le temps de contribuer à la mise en œuvre de certains aspects du programme.
Cela nécessitera une coordination.
● Une tolérance est faite pour les unités remplaçables sur site (les équipements complexes tels le
Répéteur DMR) qui ne peuvent pas être réparées localement
● Un partenaire local (à Ouagadougou par exemple) est identifié pour effectuer le service technique, qui
est formé et capable d’assurer la configuration, la mise en service et la maintenance de l'équipement.
Ceci est conçu pour éviter la nécessité pour un consultant de se rendre au BF pour résoudre les
problèmes
● La gestion et la configuration à distance sont autorisées lorsque cela est possible (par exemple pour
l'équipement de communication et le système DAS)
Le coût global de l'équipement et de l'installation sur quatre ans est d'environ €520 000 et de €42 000
supplémentaires par an pour l'exploitation et la maintenance au cours des années 5 à 10, soit un budget
total de €746 000 euros sur 10 ans.
30
Schéma 22 : les couts estimés par phase pour le programme à Nazinga