Reforme de la PSG
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RAPPORT
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SOMMAIRE INTRODUCTION………………………………………………………………………. 4
I. RAPPEL DES ENJEUX DE LA PROTECTION SOCIALE GENERALISEE
(PSG)……………………………………………………………………………………….
6
II. L’ « HEMORRAGIE » DES DEPENSES DE SANTE : LES FACTEURS GEOGRAPHIQUES ET SANITAIRES …………………………………………………
9
2-1 L’ « hémorragie » des dépenses de santé en Polynésie française………………….. 9
2-2 La dispersion géographique et la gestion de l’éloignement des îles………………… 12
2-3 Des dispositifs sanitaires inadéquats………………………………………………… 13
2-4 Le poids des longues maladies et le développement des maladies de « civilisation ». 14
2-5 Le coût des maladies radio-induites…………………………………………………. 16
III. LA PSG FACE AUX LACUNES DE LA POLITIQUE DE SANTE ………………… 17
3-1 Une politique de Santé peu rationnelle et dépourvue de véritables évaluations économiques et financières…………………………………………………………………..
17
3-2 Une offre de Santé fragmentée en déficit de pilotage………………………………… 23
3-3 L’augmentation des dépenses destinées aux organismes et professionnels de santé…… 29
IV. LE VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION ET LA NÉCESSAIRE MISE EN
PERSPECTIVE DE LA PSG …………………………………………………………….
31
4-1 La dynamique de vieillissement de la population et l’avenir de la PSG…………… 31
4-2 L’accueil et la prise en charge des personnes âgées………………………………… 33
V. LA CRISE ÉCONOMIQUE ET SES CONSÉQUENCES SUR LA PSG……………. 34
5-1 L’impact de la crise économique sur les ressources de la PSG……………………… 34
5-2 La crise économique et le coût de la solidarité……………………………………... 36
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VI. LES LIMITES DANS LE MODE D’ORGANISATION ET DE FINANCEMENT DE LA PSG …………………………………………………………………………………….
36
6-1 Le financement de la PSG s’appuie essentiellement sur les cotisations sociales….. 37
6-2 La participation de l’Etat non-reconduite et la diversification des financements qui s’émousse ……………………………………………………………………………
38
6-3 Les pertes de recettes générées par la réforme « Te Autaeraa »……………………. 39
6-4 Le poids de la solidarité……………………………………………………………... 40
VII. PROPOSITIONS ET PRECONISATIONS……………………………………………… 47
7-1 Juguler la dérive des dépenses de santé et maîtriser leur évolution…………….. 48
A- Renforcer les actions de prévention pour soulager l’offre de soins curatifs……... 48
B- Informer, éduquer et responsabiliser la population et les patients………………. 50
C- Améliorer la politique du médicament…………………………………………… 50
D- Préserver et promouvoir la pharmacopée locale et la médecine traditionnelle :… 53
E- Optimiser l’organisation globale de l’offre de santé…………………………….. 53
F- Améliorer le pilotage et la gouvernance du système de santé et de la protection sociale………………………………………………………………………………..
58
7-2 Anticiper et mieux intégrer la dynamique de vieillissement de la population … 61
A- Mieux prévoir la prise en charge et l’accompagnement des personnes âgées…………………………………………………………………………………
62
B- Modifier et adapter les paramètres du système de retraite……………………… 63
7-3 Rationaliser et diversifier les modes de financements…………………………… 65
A- Alléger la part relative des prélèvements sur les revenus du travail au profit d’une assiette plus large favorisant la fiscalité……………………………………
65
B- Mieux distinguer les logiques d’assurance et d’assistance………………………. 66
C- Diversifier et pérenniser les sources de financement……………………………. 67
D- Faire appel à la participation de l’Etat pour le remboursement des prises en charge des maladies radio-induites………………………………………………
69
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7-4 Modifier les conditions et paramètres de prise en charge des risques sanitaires et sociaux……………………………………………………………………………
69
A- Redéfinir les conditions et paramètres de prise en charge du risque « maladie » 69
B- Maîtriser et encadrer la dette de la branche « maladie »……………………….. 74
C- Mettre en place un régime d’indemnisation et de protection des personnes ayant perdu involontairement leur emploi………………………
75
7-5 Renforcer les systèmes d’évaluation et de contrôle de la PSG……………… 76
A- Renforcer les mesures et les moyens de contrôle………………………………… 76
B- Mettre en place un système d’évaluation performant…………………………… 78
7-6 La relance de l’économie : un impact sur l’emploi, les ressources et la viabilité de la PSG………………………………………………………………
79
CONCLUSION ………………………………………………………………………………… 80-82
SYNTHESE DES RECOMMANDATIONS SUR « LA REFORME DE LA PROTECTION SOCIALE GENERALISEE EN POLYNESIE FRANÇAISE. »…………………………….
83-100
ANNEXES……………………………………………………………………………………… 101-108
SCRUTIN……………………………………………………………………………………… 111-112
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INTRODUCTION
L’instauration de la Protection Sociale Généralisée (PSG) en 1994 se
situe à une époque charnière pour la Polynésie française. En effet, la
suspension des essais nucléaires français est décidée en 1992 pour respecter
le moratoire approuvé par l’ensemble des grandes puissances nucléaires
mondiales. L’objectif final était la signature puis la ratification à l’orée de
l’année 1996 d’un traité interdisant les essais nucléaires.
La proclamation de ce moratoire devait donner lieu à une réflexion
profonde sur les conditions et perspectives de développement de la Polynésie
française.
A l’occasion des travaux de la Charte de développement et du Pacte de
progrès de 1993, il est ainsi apparu que l’un des objectifs majeurs que devait
se fixer la Polynésie française en matière sociale était de rationaliser les
mécanismes de la protection sociale et de redéfinir son mode de financement.
Dans ce domaine et celui de la santé publique, le territoire et l'Etat
s’étaient notamment engagés à travers la Loi d’Orientation du 5 février 1994,
à la rénovation du système de santé et de protection sociale du territoire.
Jusqu’en 1994, le système de protection sociale polynésien résultait de
l’addition de plusieurs dispositifs distincts1 qui ne couvraient qu’une partie de
la population sur la base de critères professionnels2. Les contours et les
principes de la protection sociale méritaient d’être revus et redéfinis en
fonction des besoins de la population.
1 Le système polynésien de protection sociale 1996 ‐ Solange DROLLET : 1956 création de la Caisse de compensation des prestations familiales ; 1967 assurance vieillesse des salariés; 1974 assurance volontaire d SMR ; 1982 minimum vieillesse es personnes non salariées ; 1979 création du RP
2 Environ 140 000 sur 220 000 habitants en 1994
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L’instauration de la PSG par délibération de l’assemblée de la
Polynésie française du 3 février 1994 a constitué à plus d’un titre un progrès
social indéniable. Elle a conféré au système de protection sociale polynésien
sa vocation universelle, en instituant le droit à la sécurité sociale pour tous.
La population a pu bénéficier de garanties contre les principaux risques
médicaux et sociaux et d’un accès gratuit au régime de solidarité pour la
frange de la population la plus démunie. Le taux de couverture de la
population est ainsi passé de 70 % en 1994 à près de 99% en 2007, soit 255
550 personnes.
La PSG s’articule principalement autour de 3 régimes :
- le Régime Général des Salariés (RGS), le plus ancien, financé par
les cotisations des salariés et des employeurs,
- le Régime des Non-salariés (RNS), financé à la fois par les
cotisations des ressortissants et des dotations du Pays,
- le Régime de Solidarité de Polynésie française (RSPF), non-
contributif et financé à la fois par l’affectation de taxes, les
participations du Pays et de l’Etat. A partir de 2007, l’Etat n’a
plus participé au financement sous prétexte que la convention de
renouvellement n’a pas été signée.
Les deux premiers régimes sont administrés par deux conseils
d’administration distincts et le troisième par un comité de gestion.
La gestion des 3 régimes est assurée par un organisme unique: la
Caisse de Prévoyance Sociale (CPS).
Par ailleurs, des accords de coordination régissent les relations entre
la CPS et les institutions de la Sécurité sociale métropolitaine concernant
certains marins (ENIM1) et des ressortissants soumis aux régimes
métropolitains2.
1 ENIM : établissement national des invalides de la marine
2 Décret n° 94‐1146 du 26/12/1994 et délibération n°94‐138/AT du 2/12/1994
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Un accord de coordination encadre également les rapports avec
l’organisme de protection sociale de la Nouvelle-Calédonie (CAFAT)1.
Les prestations offertes sont variables d’un régime à l’autre et
couvrent principalement les risques liés à la maladie, à la vieillesse, au
domaine de la famille et de la solidarité.
Plus de 15 années après sa mise en place, à l’aune d’une crise
économique sans précédent en Polynésie française et d’une précarité
grandissante, l’édifice de la PSG nous révèle aujourd’hui ses limites, ses
dérives et ses lignes de fractures.
A l’image des écueils rencontrés dans les pays développés, la PSG en
Polynésie française se trouve à son tour confrontée au problème de la non-
maîtrise de l’évolution des dépenses sociales et de santé aggravée par une
instabilité politique depuis 2004, une conjoncture économique désastreuse et
certains facteurs structurels (évolution démographique, éclatement
géographique, etc.). Cette situation met en lumière l’ampleur des enjeux
sanitaires et sociaux auxquels la société polynésienne doit faire face.
I ‐ RAPPEL DES ENJEUX ACTUELS DE LA PSG:
Avec un montant total de dépenses s’élevant à 100,746 milliards de F
CFP en 2008, la PSG représente 18,3 % du Produit Intérieur Brut (PIB)2 de la
Polynésie française et constitue le deuxième budget du Pays3. Ces dépenses
devraient atteindre 107 milliards de F CFP selon les prévisions de 2010. A
titre indicatif, en France métropolitaine les prestations sociales représentent
29,3 % du PIB4.
1 CAFAT : Caisse de Compensation des Prestations Familiales, des Accidents du Travail et de Prévoyance des travailleurs de Nouvelle‐Calédoni
2 PIB en valeur 2008 : 548, 873 milliards de F CFP (Ministère économie et finances – RIF 2009) ; le dernier PIB rendu public par l’ISPF date de 2006 : 536, 344 milliards de F CFP
3 CFP (Budget primitif 2010) Le premier budget est celui du Pays : 167,38 milliards de F
4 Tableaux de l’économie française – INSEE – Edition 2010
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Les prestations servies, tous régimes confondus, ont plus que doublé
en l’espace de 13 années (+ 144 %), passant de 41 milliards de F CFP en 1995
à plus de 100 milliards en 2008, alors que la population couverte n’a progressé
que de 37 % sur cette période.
Les prestations servies ont également augmenté plus rapidement que
les richesses produites (PIB) par la Polynésie française. Les prestations
représentent 15,4% du PIB en 20051 contre 11,3 % à la mise en place de la
PSG en 1995.
Un ensemble de facteurs a contribué à l’augmentation des dépenses
couvertes par la PSG, parmi lesquelles on retrouve l’élargissement de la
couverture à presque toute la population, les évolutions des modes de vie, les
nouvelles exigences en qualité de soins, mais aussi les progrès de la
médecine et les avancées techniques.
L’augmentation continue des prestations offertes confrontée à un
ralentissement parallèle des recettes lié notamment à la récession économique
que connaît la Polynésie française, présente ce que l’on appelle un « effet
ciseaux ».
En effet, les financements sont devenus insuffisants pour répondre au
rythme de croissance des besoins de la population couverte en matière de
santé. Cette situation engendre un déficit cumulé de la branche « maladie »
évalué à 9 milliards de F CFP en 2009 et estimé à 16 milliards en 2010.
En outre, comme en témoigne la morphologie de la pyramide des âges,
les évolutions démographiques se répercuteront inéluctablement sur les coûts
médicaux et sociaux, et bien entendu sur les conditions d’équilibre des
comptes sociaux. Le rapport entre les personnes d’âge actif (de 20 à 59 ans)
et les personnes âgées de plus de 60 ans, indicateur de dépendance, est en
baisse continue : 6 pour 1 en 1988 contre 4,5 pour 1 en 2007.
1 PIB en valeur 2005 : 524, 208 milliards de F CFP
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La garantie offerte à la population contre les principaux risques
médicaux et sociaux est cruciale. La PSG joue un rôle indispensable
d’amortisseur de la précarité et de maintien de la cohésion sociale. Elle
participe d’un principe de solidarité entre les bien portants et les personnes
malades et assure également une fonction essentielle de transferts sociaux
des personnes actives vers les inactives.
A la lumière des évolutions qui ont cours, le défi réside dans la
sauvegarde de la PSG en conciliant les contraintes économiques et
budgétaires avec les besoins croissants et les exigences de la population.
L’enjeu consiste à trouver les moyens d’assurer sa pérennité en préservant et
consolidant les principes de solidarité et d’équité qui définissent notre société.
Les partenaires sociaux et l’ensemble des acteurs de la PSG devront
s’impliquer dans le processus de réforme de la PSG. Cette réforme doit être le
résultat d’un large consensus de la société civile et se traduire par un
engagement fort de tous les acteurs concernés.
L’approche du CESC consistera d’abord à se pencher sur les facteurs
déterminants et les problématiques au confluent desquels la PSG rencontre
des difficultés et dévoile ses limites, pour mettre en perspective un ensemble
de propositions et de solutions visant à assurer sa viabilité et garantir sa
pérennité.
II ‐ L’ « HEMORRAGIE » DES DEPENSES DE SANTÉ: LES FACTEURS GEOGRAPHIQUES ET SANITAIRES
2-1 L’ « HEMORRAGIE » DES DEPENSES DE SANTE EN POLYNESIE FRANÇAISE
Depuis sa mise en place en 1994, la PSG est devenue la « pierre
angulaire » du système de santé polynésien. Les dépenses de santé
représentent le premier poste de dépenses de la PSG avec un montant annuel
de 48,4 milliards de F CFP en 2008 (maladie + accidents du travail), soit près
de la moitié du budget total de la PSG.
Répartition des dépenses de la PSG par nature (2008) – Source CPS :
Famille7%
Handicap4%
Maladie47%
accidents travail1%
Vieillesse29%
Action sociale3%
Autres dépenses 9% Maladie
accidents travail
Vieillesse
Famille
Handicap
Action sociale
Autres dépenses
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La branche maladie excédentaire jusqu’en 2006 est devenue déficitaire
à partir de cette date. Le déficit cumulé en 2009 est de 9 milliards de F CFP, il
est estimé à 16 milliards pour la fin 2010 et à 22,4 milliards pour 2011 dans
les conditions actuelles de gestion.
La prise en charge par la PSG des dépenses de santé augmente en
moyenne de 6,96 % chaque année. En moins de 15 ans, les dépenses de la
branche maladie ont plus que doublé (+ 124 %), passant de 21,58 milliards de
F CFP en 1996 à plus de 48,4 milliards en 2008.
Evolution des dépenses de santé de la PSG 1996-2008 (en milliards de F CFP) :
21,5823,78 25,44
27,7 29,1132,07 33,83 35,14 36,96
39,8743,07
46,2948,4
0
10
20
30
40
50
60
1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008
Source: CPS
Cette évolution est excessive à la lumière du nombre de personnes
couvertes par la PSG (ouvrants-droit et ayants-droit) sur cette période. Le
nombre de ressortissants a augmenté en moyenne de 2,18% par an alors que
les dépenses augmentaient de 6,96 % par an, indiquant que la consommation
moyenne par ressortissant augmente.
Le rapport définitif des Etats généraux de l’outre-mer en Polynésie
française observe que les dépenses de santé par habitant en Polynésie
française sont passées de 117 500 F CFP à 146 500 F CFP entre 2000 et 2005,
soit une progression de + 24,6 %, alors que le PIB n’augmentait quant à lui
que de + 6 %.
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Le poids des dépenses de santé en Polynésie française résulte d’une
conjonction de déterminants issus du dispositif de santé et de l’environnement
économique et social.
On assiste par ailleurs à une véritable modification des pathologies
rencontrées avec le développement de maladies dites de « civilisation »,
caractéristiques des sociétés modernes nécessitant des traitements souvent
lourds et coûteux.
L’innovation et les progrès de la médecine impliquent également une
amélioration du système de soins qui se traduit par une augmentation des
coûts.
Par ailleurs, l’Etat français vient de reconnaître 18 maladies radio-
induites par décret n° 2010-653 du 11 juin 2010 de la loi relative à la
reconnaissance et l’indemnisation des victimes des essais nucléaires français.
Ces maladies ont occasionné des traitements lourds et coûteux, grevant très
fortement les dépenses de l’assurance maladie depuis le début des essais
nucléaires en 1966.
Il convient de signaler que les ressortissants du régime de Sécurité
sociale en Polynésie française représentent 26 630 personnes (fonctionnaires
d’Etat et leurs ayants-droit). Le montant des dépenses de santé de ces
ressortissants s’élève à environ 4,2 milliards de F CFP par an (chiffres 2009).
Sur la base d’un accord de coordination formalisé par décret n° 94-
1146 du 26/12/1994 et par délibération n°94-138/AT du 2/12/1994, les
dépenses de santé de ces ressortissants sont prises en charge par la PSG en
Polynésie française puis remboursées par la Sécurité sociale métropolitaine.
Au titre des frais engagés pour le service rendu par la CPS, la Sécurité sociale
reverse à la CPS environ 230 millions de F CFP (2009) par an (5,5% des
dépenses de santé).
Le poids des dépenses de santé est renforcé par des contraintes
structurelles liées à la géographie et à la répartition de la population sur une
multitude d’îles éloignées.
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2-2 LA DISPERSION GEOGRAPHIQUE ET LA GESTION DE L’ELOIGNEMENT DES ILES
La configuration géographique et démographique propre à la Polynésie
française influence largement l’organisation ainsi que les conditions de prise
en charge des soins et pèse sur la maîtrise des dépenses de santé.
Au cœur du triangle polynésien, la Polynésie française est éloignée de
tout continent1. Les 121 îles qui la composent sont dispersées sur un
territoire morcelé aussi vaste que l’Europe.
L’éloignement de la Polynésie française et la dispersion géographique
de la population sur environ 76 îles habitées pèsent sur l’organisation et la
gestion de l’offre de santé. Dans cette configuration, le système de santé
apparaît éclaté et des difficultés se présentent notamment pour assurer un
égal accès aux soins pour l’ensemble des populations.
La répartition de l’offre de soins et de la couverture médicale (moyens
humains et matériels) présente ainsi des disparités et les efforts de
rééquilibrage ont des répercussions économiques et financières.
Dans les Tuamotu-Gambier, aux Australes et aux Marquises la densité
médicale est particulièrement faible. Le nombre de médecins pour 100 000
habitants est seulement de 44 aux îles Australes, alors qu’il est de 210 sur l’île
de Tahiti.
Le renforcement de l’offre de proximité nécessite un maillage plus
important des structures et des personnels. Mais les tentatives de
désenclavement et la construction d’une multitude de structures de soins
éloignées sont coûteuses pour la collectivité.
1 4000 km de la Nouvelle‐Zélande, 6 100 km de Sydney, 6 600 km de Los Angeles, 18 000 km de Paris
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L’organisation de tournées médicales et de missions sont également des
opérations ponctuelles coûteuses. Le nombre des évacuations sanitaires
inter-insulaires est considérable, plus de 28 268 évacuations en 2008 pour un
montant de prise en charge évalué à 1,2 milliards de F CFP (voir évolution en
annexe 2). Les principaux motifs concernent les grossesses, les affections de
l’appareil cardio-circulatoire et les affections traumatiques.
Les évacuations sanitaires en dehors de la Polynésie française sont
également nombreuses. En dépit d’une offre de soins d’un plus haut niveau
technique à Papeete, l’accès à certains plateaux techniques plus spécialisés
reste encore inexistant (ex: radiothérapie, chirurgie cardiaque, cardiologie,
médecine nucléaire pour des traitements de cancers). On relève ainsi 707
évacuations à l’extérieur de la Polynésie en 2008 pour un montant de
dépenses évalué à 2,780 milliards de F CFP (voir évolution en annexe 3). 82%
des Evasans se font sur la métropole et 18% vers la Nouvelle-Zélande où les
coûts sont plus faibles.
Il faut signaler que les frais de transport supportés lors des évacuations
sanitaires doivent être exclus du coût des soins pris en charge par l’assurance
maladie. En effet, les dépenses relatives au transport devraient par nature
relever du dispositif et de la politique de continuité territoriale et nationale.
Ces dépenses de transport doivent être éligibles au dispositif de la continuité
territoriale et émarger sur les programmes budgétaires correspondants.
Au regard des contraintes géographiques, la gestion efficace des
ressources humaines et des compétences professionnelles est également
délicate. L’éloignement implique des adaptations dans l’organisation des
équipes médicales et plus de souplesse dans la gestion des ressources
humaines. Les conditions de rémunération doivent également être
suffisamment attractives.
2-3 DES DISPOSITIFS SANITAIRES INADEQUATS
Le traitement de certaines maladies en Polynésie française permettrait
de faire des économies substantielles. A titre d’exemple, la mise en place
prévue d’un dispositif de transplantation rénale devrait constituer un véritable
progrès pour les patients et favoriser une diminution de la prise en charge des
dialyses et hémodialyses.
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Le CESC préconise que le Pays établisse une réglementation pour
autoriser et organiser les transplantations de dons d’organes, comme cela se
pratique en France métropolitaine. Les conditions et les modalités de mise en
place d’un tel dispositif devront être définies (promotion du don d’organe,
réglementation sur la transplantation, plateaux techniques, etc.). La prise en
charge d’une greffe rénale devrait coûter 10 fois moins cher en moyenne pour
la collectivité qu’un malade bénéficiant d’hémodialyses.
Par ailleurs, des services de radiothérapie et de chimiothérapie seront
mis en activité avec l’ouverture du nouvel hôpital du Taaone. Un service de
médecine nucléaire pourrait également voir le jour. L’impact de ces services
sur la réduction du nombre d’évacuations sanitaires vers la France et la
Nouvelle-Zélande reste encore méconnu.
2-4 LE POIDS DES LONGUES MALADIES ET LE DEVELOPPEMENT DES MALADIES DE
« CIVILISATION »
L’installation du Centre d’expérimentation du Pacifique (CEP) en
Polynésie française au début des années 60 a généré des bouleversements
économiques et sociaux profonds pour la population.
Ces événements sont à l’origine de changements importants dans les
modes de vie et les habitudes de la population locale. Ils s’associent à
l’apparition de nouveaux facteurs à risques qui ont favorisé l’émergence et le
développement de pathologies dites de « civilisation » telles que l’obésité, le
diabète, l’hypertension artérielle, les maladies cardio-vasculaires et les
cancers.
Ces maladies constituent pour la plupart des affections de longue durée
(ALD) et se caractérisent par leurs traitements à la fois lourds et onéreux. Le
dépistage tardif et la prise en charge de ces maladies suscitent bien souvent
des complications médicales encore plus coûteuses.
Les dépenses consacrées aux ALD ou « longues maladies »
représentent à elles seules près de la moitié (50%) des dépenses de santé de
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la PSG, soit environ 24 milliards de F CFP en 2008, pour seulement 11,8 % de
la population couverte, soit 30 675 personnes. Les dépenses de santé sont
multipliées par 10 en moyenne pour un patient en longue maladie.
Par ailleurs, les maladies radio-induites occasionnent des dépenses sur
la branche « maladie » depuis le début des essais nucléaires à aujourd’hui.
Elles devront faire l’objet d’un remboursement de la part de l’Etat français.
La prévalence en longue maladie, c’est-à-dire la proportion du nombre
cumulé de patients en longue maladie sur la population prise en charge, a
tendance à augmenter chaque année. Il est intéressant de noter qu’en 10 ans
(1994-2004), le nombre de personnes en ALD couvertes par la PSG a
quadruplé (+ 400%).
Le CESC fait le constat affligeant que le détail de l’évolution du poids
relatif des dépenses en longue maladie dans le total des dépenses de santé
ces 10 dernières années n’est pas connu des services techniques de la CPS.
Les affections cardio-vasculaires représentent plus de la moitié des
motifs d’admission en longue maladie. Elles font partie des 5 premiers
groupes de pathologies prises en charge au Centre hospitalier de Polynésie
française (CHPF). C’est également la première cause de décès en Polynésie
française (26%).
L’obésité et le diabète sont des maladies liées à l’alimentation. L’obésité
concerne près de 40 % de la population âgée de plus de 16 ans et constitue un
des facteurs à risques important des maladies cardio-vasculaires. Le diabète
est notamment à l’origine de l’insuffisance rénale chronique terminale.
Les cancers constituent la deuxième cause de décès en Polynésie
française après les affections cardio-vasculaires. L’augmentation du nombre
de malades et des prises en charge est par ailleurs liée à un meilleur
dépistage des cancers.
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Les mauvaises habitudes alimentaires, l’alcoolisme, le tabagisme, la
toxicomanie, associés à d’autres déterminants sociaux tels que la pauvreté et
la précarité constituent autant de facteurs à risques.
2-5 LE COUT DES PRESTATIONS SERVIES POUR LES MALADIES RADIO-INDUITES
(voir annexes n°4 et 4 bis)
Plusieurs affections cardio-vasculaires, des cancers, des maladies liées
au dysfonctionnement hormonal, ont été reconnues d’origine radio-induite
suite aux recherches effectuées au Japon, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et
en Russie.
L’ONU reconnaît aujourd’hui plus de 20 maladies radio-induites et les
Etats-Unis 36. La France ne reconnaît, quant à elle, suite à la loi relative à la
reconnaissance et l’indemnisation des victimes des essais nucléaires français
(Loi MORIN), que 18 maladies radio-induites (voir annexe n°4).
Les coûts occasionnés à la CPS depuis 1992 au 1er juillet 2009 concernant les
20 pathologies pouvant être liées aux essais nucléaires sont évalués à 25,8
milliards de F CFP1 sur toute la Polynésie française (voir annexe n°4 Bis). En
effet, aucune distinction ne peut être faite selon la localisation géographique
des lieux de résidence des ressortissants concernés.
Les essais nucléaires ayant débuté en 1966, l’assurance maladie date de 1968,
il faudrait donc tenir compte des dépenses occasionnées et prises en charge
par la population de la Polynésie française de 1966 à ce jour pour toutes les
maladies radio-induites reconnues de par le monde qui ont fait l’objet de
quelconque dépense.
Sur la base des seules 18 pathologies reconnues par la loi relative à la
reconnaissance et à l’indemnisation des essais nucléaires français (Loi
MORIN) et son décret d’application, le coût occasionné s’élève alors à la
somme de 24,03 milliards de F CFP en 17 ans.
1 Les relevés de dépenses sont effectués à partir des informations disponibles dans le système d’information de la CPS. Cette étude porte sur les longues maladies dont le code OMS appartient au tableau UNSCEAR 2006 (United Nation Scientific Committee on the Effect of Atomic Radiation).
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III – LA PSG FACE AUX LACUNES DE LA POLITIQUE DE SANTE
L’évolution des dépenses de santé n’est pas maîtrisée en Polynésie
française en dépit des dispositifs existants (schéma d’organisation sanitaire,
plan pour la santé, conventions et objectifs prévisionnels des dépenses de
santé, etc.) et à l’heure actuelle le surcoût des dépenses de l’assurance
maladie s’élève à près de 600 millions de F CFP par mois. Le déficit de
l’assurance maladie continue de se creuser.
3-1 UNE POLITIQUE DE SANTE PEU RATIONNELLE ET DEPOURVUE DE
VERITABLES EVALUATIONS ECONOMIQUES ET FINANCIERES
Les pouvoirs publics consacrent des ressources substantielles et des
moyens croissants afin de pouvoir proposer une offre de soins développée à
la hauteur des besoins de la population et de ses attentes.
Or, les réalités économiques et les contraintes financières sont mal
appréhendées et ne paraissent pas suffisamment prises en compte dans la
définition des politiques de santé. Un exemple parlant est celui des
prestations impayées au CHPF, notamment par les touristes, sur la période
allant de 1991 à 2006 et dont le montant s’élève à 508,5 millions de F CFP.
Dans les services de la santé, surtout dans les îles, les soins apportés aux
touristes ne sont pas facturés faute de régie de recettes.
Le besoin d’évaluation économique et financière n’est pas
suffisamment intégré dans la définition des politiques publiques de soins et
dans leur mise en œuvre.
LE SCHEMA D’ORGANISATION SANITAIRE (SOS) N’EST PAS
POURVU D’EVALUATIONS ECONOMIQUES ET FINANCIERES :
Le schéma d’organisation sanitaire (SOS) a pour but d’adapter l’offre
de soins aux besoins et aux attentes des populations, notamment par la prise
en compte des progrès médicaux et par la répartition optimale des ressources
disponibles.
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L’article 1er de la délibération 2002-169 APF du 12 décembre 2002
relative à l’organisation sanitaire en Polynésie française dispose notamment
que :
« le schéma d’organisation sanitaire fixe les objectifs en vue d’améliorer
la qualité, l’accessibilité et l’efficience de l’organisation sanitaire dans le
respect de la maîtrise de l’évolution des dépenses de santé ».
Le CESC constate que ce schéma quinquennal, adopté en 2002 puis
prorogé jusqu’en 2012, a été défini sans attacher d’engagements financiers
précis aux orientations déterminées par les autorités publiques qui l’ont validé.
L’évaluation financière associée au SOS est restée « discrète », selon les
services techniques de santé concernés.
Par ailleurs, le premier bilan d’application du SOS 2003-2007, présenté
sans évaluation chiffrée a posteriori, fait apparaître que les acteurs de santé
et en particulier les financeurs, non informés et mal conseillés, ne se sont pas
suffisamment appropriés cet outil pour l’élaboration et le financement de
projets d’action dans le domaine de la santé.
Or c’est sur la base de ce bilan insatisfaisant à plus d’un titre que le
SOS a été prorogé jusqu’en 2012 sans modifications. Le volet intitulé
« optimisation des ressources disponibles » conclut également sur une note
d’insatisfaction.
Ce schéma aurait dû participer d’une meilleure appréhension et
appréciation des implications économiques des décisions prises en matière
d’organisation du système de santé et de développement de projets. C’est
d’ailleurs l’un des objectifs fixés dans son article premier.
S’il est un cadre adapté pour fixer les objectifs d’amélioration de la
qualité et de l’accessibilité aux soins, il ne paraît pas constituer l’outil adapté
pour assurer une meilleure adéquation entre les objectifs fixés et les moyens
disponibles.
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LE SURCOUT DE FONCTIONNEMENT PREVU DU NOUVEL
HOPITAL DU TAAONE :
L’ouverture du nouvel hôpital du Taaone prévue en 2010 constitue un
des axes majeurs de l’intervention publique en matière de santé. Il représente
un pilier de l’organisation sanitaire et témoigne des efforts de modernisation
et d’amélioration du dispositif de santé voulus par les pouvoirs publics.
Ce pôle d’excellence représente une opportunité certaine pour la
population qui bénéficiera à travers cet outil de pointe d’une offre de soins
plus performante, en particulier concernant les pathologies lourdes.
Mais cet outil au coût prohibitif répondra-t-il à toutes les
préoccupations de la population?
Le coût définitif de la construction de l’hôpital est estimé à près de
41 milliards de F CFP alors que le coût prévisionnel prévu initialement était de
19 milliards.
La plus grande capacité offerte par cette structure et l’ouverture de
nouvelles activités (médecine nucléaire, radiothérapie, etc.) implique une
augmentation des charges de fonctionnement. Aussi, le surcoût de cette
« super-structure » hospitalière suscite des inquiétudes. Il est estimé à 1,4
milliard de F CFP par an par rapport au budget de l’actuel Centre hospitalier
de Polynésie française (CHPF), soit un coût de fonctionnement de près de 19,5
milliards.
Ce surcoût a d’abord été évalué à 5 milliards de F CFP, puis des études
ont réévalué et ramené ce surcoût à 1,4 milliard par an. Toutefois, ces
données sont calculées sur des conditions de fonctionnement prévisionnelles
qui ne sont pas certaines et qui méritent d’être éprouvées.
A l’heure où la Santé peine à équilibrer ses comptes, le choix du mode
de financement de l’hôpital est un autre point de préoccupation majeur.
Page 20
LE MODE DE FINANCEMENT PARTICULIER DU CHPF :
Le financement du CHPF est assuré par la PSG. En 2009, les
réalisations de recettes du CHPF s’élèvent à 18,396 milliards de F CFP. Elles
se répartissent comme suit:
La dotation globale : 13,048 milliards de F CFP dont :
dotation globale de fonctionnement (DGF) : 10,138 milliards de F
CFP
tarification à l’activité (T2A) : 2,724 milliards
contrats d’objectifs : 186 millions
Les recettes hors dotation globale : 2,912 milliards
Variations de stocks, reprises sur amortissements et autres produits :
2,436 milliards
La dotation globale versée annuellement par la CPS n’oblige pas
l’hôpital à mettre en place des systèmes de traitement exhaustifs de
l’information sur les coûts permettant d’apprécier objectivement le niveau
d’activité et le service médical rendu (SMR). Sans une évaluation du SMR et
du temps médical utilisé pour chaque régime de protection sociale, il est
délicat de connaître objectivement le poids respectif de chaque régime dans
les dépenses hospitalières, afin d’identifier ce qui relève de l’assurance,
financé par les cotisations, et ce qui relève de la solidarité, financé par la
fiscalité.
Les recettes dites hors dotation globale constituent le deuxième poste
le plus important (2,912 milliards, soit 15,8 % des recettes en 2009). La Cour
des Comptes relève dans ses observations définitives relatives aux comptes
de la CPS (exercices 2005-2008) publié en 2010, que les activités de l’hôpital
financées hors dotation sont en forte augmentation, plus + 91,2% entre 2002
et 2007.
Il s’agit principalement des activités d’hospitalisation de jour, des
consultations externes, des forfaits « scanner » et « IRM » (Imagerie par
Résonnance Magnétique), des interruptions volontaires de grossesses et
médicaments onéreux. Ces dépenses sont financées à l’acte ou sur la base de
forfaits.
Page 21
La Chambre territoriale des comptes relève par ailleurs que : « les
versements effectués au CHPF par la CPS faisant l’objet d’un arrêté
ministériel d’approbation, ce dispositif n’a pas pu être ignoré de la tutelle.
Toutefois, les responsables de la CPS et du CHPF n’avaient pas compétence
pour définir et modifier eux-mêmes par convention le contenu de la DGF et le
partage effectué demeure sans base légale.»
Aussi, dans la perspective d’ouverture du nouvel hôpital, une attention
particulière doit être portée à ces financements hors dotation globale. Les
pratiques devront être mises en conformité avec la délibération n°98-163 du
15 octobre 1998. Les dépenses hors dotation devront être réintégrées dans le
périmètre de la dotation globale.
Ces éléments d’appréciation ne peuvent qu’inquiéter les membres du
CESC qui préconisent l’urgence des contrôles des dépenses inconsidérées.
Des décisions appropriées devront être prises immédiatement.
LE CONTRAT DE PROJET 2008-2012 ET LA PERENNITE DE
SON PROGRAMME D’ACTIONS :
Dans le cadre du Contrat de projet 2008-2012, l’Etat et le Pays se
sont engagés le 27 mai 2008 à définir des orientations et des actions pour le
développement de la Polynésie française, notamment dans le secteur de la
santé considéré comme un des prioritaires. L’Etat et Pays participent à même
hauteur aux dépenses d’investissement et fonctionnement dans le secteur de
la santé pour un montant de 4 milliards de F CFP chacun.
La politique générale de santé se définit globalement dans ce contrat
de projet et consiste à améliorer la couverture sanitaire territoriale
conformément aux recommandations du schéma d'organisation sanitaire, en
développant l'offre de soins de proximité et en renforçant les moyens dans les
domaines des urgences, de la santé mentale et de la sécurité sanitaire.
Toutefois les interventions programmées dans le contrat de projet
induisent inévitablement des dépenses de fonctionnement supplémentaires qui
Page 22
s’étaleront dans la durée et qui dépassent le seul cadre du contrat de projet
défini sur la période 2008-2012. Des incertitudes portent ainsi sur les
financements du fonctionnement et sur la pérennité des programmes d’action
qui seront mis en œuvre (constructions de centres de soins et santé, création
d’unités psychiatriques et centres médico-psychologiques, etc.).
Par ailleurs, le CESC qui s’était fortement impliqué dans l’élaboration
de ce Contrat de projet ne peut que déplorer la lenteur de la mise en œuvre
des actions de développement définies et prévues dans le domaine de la santé.
L’ABSENCE DE COMPTES DE SANTE PUBLIQUE
POLYNESIENS :
La politique de santé souffre d’un manque d’instruments d’évaluation
économique fiable et de contrôle pour appréhender l’offre de santé dans sa
globalité.
Le système de santé apparaît segmenté et il n’existe pas de comptes
synthétiques de la santé publique en Polynésie française permettant
d’apprécier et d’anticiper les évolutions des dépenses de santé dans un cadre
unique et général.
Les comptes de la santé publique peuvent être un outil puissant pour
apprécier la performance du système de santé pris dans son ensemble, en
particulier dans la perspective de restructurer un système de financement
cohérent entre tous les hôpitaux et redéfinir le rôle effectif de la Direction de
la Santé.
Ils peuvent intégrer une dimension de planification économique et
d’analyse d’efficience économique qui font malheureusement défaut dans
l’utilisation des outils existants.
Page 23
3-2 UN SYSTEME DE SANTE FRAGMENTE EN DEFICIT DE PILOTAGE
Le système de santé en Polynésie française est fragmenté dans son
administration, son organisation et sa gestion. Cette situation induit un
problème de rationalisation des dépenses de santé et un déficit de mise en
œuvre et de pilotage de toute stratégie.
LE PILOTAGE DU SYSTEME DE SANTE N’EST PAS UNIFIE :
Le CESC constate qu’il existe une dualité entre le ministère de la santé
et le ministère en charge de la réforme de la protection sociale généralisée.
Ce mode de gouvernance « bicaméral » ne permet pas un pilotage unifié du
système de protection sociale et une définition globale des orientations
stratégiques.
Cette dichotomie du pouvoir de décision est arbitraire, elle ne favorise
pas une vision d’ensemble du système, ce qui réduit considérablement
l’efficacité du processus de décision. Cela nuit à la qualité du dialogue entre
les multiples protagonistes et induit des divergences de points de vue. Le
ministère de la Santé et le ministère de la Solidarité doivent être unifiés.
Par ailleurs, on constate que les instances politiques sont compétentes
pour décider des orientations générales de la politique de santé et de la
famille alors que les régimes de la PSG, principaux financeurs de ces
politiques, sont plus volontiers relégués en simple instrument de financement.
L’ORGANISATION DU SYSTEME DE SANTE EST
FRAGMENTEE :
L’offre de santé en Polynésie française s’articule à la fois dans la
sphère publique et dans le domaine privé. Elle se décline autour d’une offre de
soins de santé primaire, de soins hospitaliers de proximité et de soins plus
spécialisés.
Page 24
véritable contrôle ni con
Le cloisonnement des institutions et des structures ainsi que le défaut
de complémentarité ne permettent pas de créer des synergies et un pilotage
efficace du système. Ce mode de fonctionnement disparate entraîne un
gaspillage disproportionné des ressources.
Le CESC relève que les systèmes informatiques de la Direction de la
Santé (DS), du CHPF et de la CPS ne sont pas compatibles et ne permettent
pas de développer les échanges d’informations et la coopération en réseau.
Les barrières techniques, administratives et réglementaires subsistent entre
les institutions, les services du Pays et les communes, ce qui aggrave
considérablement le manque de coordination entre les différents services et
nuit aux prises de décisions rapides et efficaces.
Les coûts d’acquisition du système informatique du CHPF et de celui
de la DS avoisinent les 700 millions de F CFP. Le système informatique de la
DS n’est toujours pas opérationnel et le projet de réseau informatique prévu
depuis 20011 n’a jamais vu le jour.
- LE POLE HOSPITALIER « PRIVE » N’EST NI REGULE NI MAITRISE
Le pôle d’hospitalisation privé est constitué principalement de 4
établissements: la clinique Cardella, la clinique Paofai, le centre Te Tiare et la
clinique ambulatoire de Mamao. Le montant des dotations versées par la CPS
à ces structures s’élevait à environ 4 milliards de F CFP en 2008.
Pourtant, on observe que l’administration et la gestion de ces
établissements restent autonomes et ne relèvent pas des pouvoirs publics et
des régimes sociaux. Le manque de contrôle et l’absence de visibilité dans le
fonctionnement du pôle privé a conduit à des décisions incohérentes et des
gaspillages de ressources.
En effet, des autorisations thérapeutiques spécifiques peuvent par
exemple être accordées à de multiples établissements hospitaliers sans
certation sur l’opportunité de cette autorisation. On
1 Plan pour la Santé 2001‐2005 adopté par l’assemblée de Polynésie française
Page 25
peut constater la création d’un deuxième centre de greffe de la cornée à
Tahiti alors que les besoins dans ce domaine sont encore relativement faibles.
De même les abus constatés et conflits générés entre les radiologues
de la clinique de Paofai et son propriétaire portent sur des sommes dépassant
les 500 millions de F CFP. Ces litiges font actuellement l’objet de poursuites
en justice et nuisent à la bonne gestion du système de santé.
Le manque de visibilité et de contrôle sur la gestion des
établissements hospitaliers privés ne permet pas de rationaliser les dépenses,
de mutualiser les moyens et de favoriser les complémentarités.
Une analyse de la conjoncture des hôpitaux publics et privés1 relève
qu’en l’absence d’un système d’information commun permettant une meilleure
connaissance de l’activité et des comparaisons entre établissements, des
tendances peuvent être dégagées et notamment des disparités remarquables
dans les plateaux techniques.
- LA DIRECTION DE LA SANTE REVELE UN DEFICIT DE PILOTAGE
La Direction de la santé (DS) est un service administratif qui assure
aujourd’hui la gestion des hôpitaux publics de proximité (Taravao, Moorea,
Uturoa, Taiohae) et des soins ambulatoires publics répartis sur toute la
Polynésie française (dispensaires, centres médicaux et infirmeries).
Le CESC relève que le panorama des moyens déployés par la DS et
son périmètre d’intervention ne sont pas faciles à cerner et appréhender. Les
dépenses de fonctionnement des structures publiques de santé (ambulatoires
et hospitalières) bénéficient à la fois de financements provenant du Pays
(budget général) et de la PSG.
1 Schéma d’organisation sanitaire 2003‐2007 (prorogé)
Page 26
Les tarifs des hôpitaux de proximité n’ont pas été revus et redéfinis
depuis de nombreuses années et les budgets de certains établissements sont
alimentés par des subventions du Pays qui restent très insuffisantes.
Globalement, la participation du Pays pour le fonctionnement des
structures citées précédemment représente une enveloppe d’environ 10
milliards de F CFP par an. Cette somme vient s’ajouter au 52 milliards de F
CFP (2010) consacrés à la branche maladie de la PSG (tous régimes
confondus).
Les dépenses d’investissement dans le domaine de la Santé ne sont
pas maîtrisées par la DS qui est dépourvue de personnalité juridique. De
nombreuses réalisations sont ainsi confiées au ministère de l’équipement pour
lesquelles la DS n’a qu’un rôle consultatif.
Par ailleurs, dans le cadre du Contrat de projet 2008-2012, l’Etat s’est
engagé à participer aux dépenses d’investissement et fonctionnement dans le
secteur de la santé à la même hauteur que le Pays, soit 4 milliards de F CFP.
Le CESC constate que la DS cumule à la fois les fonctions de
prestataire de soins, de pilotage du système de santé, de contrôle et
d’évaluation de la politique de santé. Ce cumul de compétences et le mélange
des genres sous l’égide d’une même entité entraîne une confusion: la DS est à
la fois juge et partie. La gestion des activités de prestation santé prend
facilement le pas sur les besoins de pilotage du système de santé.
- L’OUVERTURE DE L’HOPITAL DU TAAONE ET LA
REORGANISATION DES HOPITAUX PERIPHERIQUES
L’offre publique de soins hospitaliers se décline à ce jour autour du
Centre hospitalier de Polynésie française (CHPF) situé à Mamao et les
hôpitaux de proximité gérés par la Direction de la Santé (hôpitaux de Taravao,
Moorea, Uturoa, Taiohae et hôpital psychiatrique du Taaone).
Page 27
L’ouverture du nouveau centre hospitalier du Taaone en 2010 et le
transfert d’activités du CHPF vers cette nouvelle structure implique une
réorganisation profonde de l’offre de soins hospitaliers.
Un regroupement entre les structures hospitalières dites périphériques
et la structure de l’actuel CHPF pourrait se faire sous la tutelle d’une entité
nouvelle. L’objectif étant d’éviter les nombreuses rigidités administratives
auxquelles est confronté le service administratif de la Direction de la Santé.
Cette réorganisation met en perspective la redéfinition du mode de
financement et de gouvernance de la nouvelle entité. Aujourd’hui, le
financement du CHPF est assuré par la PSG. Le Pays subventionne par
ailleurs les hôpitaux périphériques à hauteur de 10 milliards de F CFP.
Le CESC considère que ce regroupement favorisera les économies d’échelle
et une gestion autonome du personnel beaucoup plus efficace, d’autant qu’à ce
jour aucune convention entre la CPS et le CHPF ne permet de préciser les
conditions de paiement des fonctionnaires (personnel de santé) par la Caisse.
Sur cette restructuration, le schéma d’organisation sanitaire qui a
notamment pour vocation d’assurer une meilleure appréhension de l’impact
financier des décisions de réorganisation ou de développement, qu’il s’agisse
de redéploiement de ressources ou d’extension de celles-ci, met en lumière
des domaines possibles de coopération. Il reste un outil peu utile.
- LA GESTION DES RESSOURCES HUMAINES EST RIGIDE ET
SEGMENTEE
La gestion des ressources humaines dans le secteur de la santé
représente un enjeu majeur (plus de 60 % des charges de fonctionnement du
CHPF). La gestion des ressources humaines est confrontée à des difficultés
considérables liées notamment à la pénurie de compétences, à la multiplicité
des statuts du personnel et aux rigidités administratives.
La multiplicité des statuts des personnels recrutés dans le secteur de
la santé (public et privé) ne favorise pas la mobilité et la substitution entre les
Page 28
différentes structures de soins. Les rigidités administratives pèsent sur les
recrutements et le remplacement du personnel en cas de besoin urgent. C’est
le cas entre le CHPF, établissement public, et les hôpitaux périphériques gérés
par le service administratif de la Direction de la Santé.
En effet, concernant le personnel relevant du statut de la fonction
publique et affecté au CHPF, le recrutement appartient au ministère de la
fonction publique sur l’initiative du ministère de la santé, alors que ces
professionnels restent sous l’autorité du directeur de l’établissement (CHPF).
De plus, leur rémunération émarge sur la dotation de fonctionnement
du CHPF financée par la CPS dans le cadre d’une relation conventionnelle.
Les revalorisations indiciaires ont un impact sur les charges de personnel et
donc sur les besoins de financement du CHPF.
Le CESC déplore que la gestion d’environ 1600 personnels du CHPF
puisse perdurer dans des conditions aussi inquiétantes. Il préconise une
attention particulière sur la répartition des compétences entre les ministères
concernés (ministère de la santé, ministère de la solidarité et celui de la
fonction publique) et le CHPF en particulier pour améliorer les modes de
recrutement et de remplacement du personnel.
La Chambre territoriale des comptes relève dans son rapport
d’observations définitives sur le CHPF relatif aux exercices 2001-2008 publié
le 10 mai 2010, que la gestion des ressources humaines a été négligée. Elle
précise qu’ « il est impératif de revoir les fondamentaux de la gestion des
emplois et des effectifs ».
Par ailleurs, le CESC constate avec stupéfaction que le turnover du
personnel du CHPF est supérieur à 50 %. Ce roulement important du
personnel induit une perte d’expérience, une baisse de motivation et a des
effets négatifs sur la productivité, l’efficacité et la qualité des soins.
Page 29
3-3 L’AUGMENTATION DES DEPENSES DESTINEES AUX ORGANISMES ET
PROFESSIONNELS DE SANTE:
L’analyse des dépenses de l’assurance maladie par « enveloppes de
destinataires » entre 1998 et 2008 dans le secteur public et le secteur privé
fait apparaître des évolutions marquantes :
• Les dépenses réalisées en faveur des « Associations et centres »
affichent la plus forte augmentation : + 475 % en 10 ans passant de 242
millions de F CFP à 1,39 milliard, soit une croissance moyenne de 19,1%
par an.
En 2009, le montant de l’enveloppe prévue pour cette rubrique s’élève à
1, 69 milliard de F CFP et sa répartition est la suivante :
- Associations pour l’utilisation du rein artificiel à domicile
(APURAD) : 1,118 milliard de F CFP
- Association Polynésienne d’aide aux insuffisants respiratoires
(APAIR) : 230 millions
- Centres et crèches : 344 millions
Le CESC relève que pour pallier l’absence de néphrologues à l’APURAD
en 2010, le CHPF met à la disposition de cette association 5
néphrologues en plus des moyens financiers déjà alloués. Le CESC émet
de sérieux doutes sur l’efficacité de la gestion de cette association dans
la mesure où le recrutement et la gestion des néphrologues
indispensables pour un tel centre n’a même pas été prévu suffisamment à
l’avance.
• L’enveloppe de dépenses destinée aux « autres professionnels » s’élève à
6,134 milliards de F CFP en 2008 affichant une progression significative
de + 139 % depuis 1998, soit une progression annuelle moyenne de
9,1 %.
Page 3
0
Cette rubrique regroupe les professions d’infirmiers, kinésithérapeutes,
biologistes, dentistes, orthophonistes, sages-femmes, médecins non-
conventionnés et podologues.
Ces dépenses représentent environ 12,8 % des dépenses totales de
l’assurance maladie en 2008 au lieu de 10,1 % en 1998.
La Chambre territoriale des comptes souligne que l’augmentation1 de
cette rubrique provient principalement de quatre catégories de
professions : infirmiers, kinésithérapeutes, dentistes et biologistes.
Le CESC relève par ailleurs que les dépenses réalisées pour la catégorie
professionnelle de sages-femmes ont été multipliées par 7 entre 1998 et
2008, pour atteindre 286 millions de F CFP. L’extension de la prise en
charge en tiers-payant pour les sages-femmes a été effectuée en 2007.
Les médecins non conventionnés affichent également une nette
progression des dépenses de + 454 % de 1998 à 2008, mais qu’elles ne
représentent qu’une faible part des dépenses de santé (1,6 %).
• Les dépenses consacrées à la Pharmacie enregistrent également une
nette progression de + 131 % en 10 ans pour atteindre 7,5 milliards de F
CFP en 2008 (voir annexe 5). Sa part relative dans les dépenses
d’assurance maladie a augmenté de 2,8 points pour atteindre 15,6 %.
A la date de la réalisation de son étude, le CESC constate que l’analyse
des dépenses par « enveloppes de destinataires » pour l’année 2009 n’est
pas disponible. Cette lacune ne permet pas de disposer d’un tableau de
bord pour assurer correctement le pilotage de l’assurance maladie.
1 La Cour des Comptes n’a retenu dans son rapport que les données du seul régime des salariés pour 2008.
Page 31
IV ‐ LE VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION ET LA NECESSAIRE MISE EN PERSPECTIVE DE LA PSG
Le vieillissement de la population se répercutera inéluctablement sur
les coûts médicaux et sociaux pris en charge par la PSG.
4-1 LA DYNAMIQUE DE VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION ET L’AVENIR DE
LA PSG
Les dépenses consacrées au risque vieillesse s’élèvent en 2008 à 28, 468
milliards de F CFP. Elles représentent 28,2 % des dépenses de la PSG et
constituent ainsi le deuxième poste de dépenses. Elles sont estimées à
environ 30 milliards pour l’année 2010. Le régime de retraites est devenu
déficitaire pour la première fois en 2009. Les cotisations du régime de
retraites devraient augmenter de près de 2% pour que ce régime puisse être
équilibré en 2011.
La Polynésie française connaît des évolutions démographiques
majeures. La baisse du taux de fécondité et l’allongement de la durée de vie
participent au vieillissement de la population. L’âge moyen est passé de 24
ans à 28 ans entre 1988 et 2007. L’espérance de vie est passée de 69,6 ans en
1995 à 74,9 ans en 2009. Ces évolutions traduisent notamment la fin de la
transition démographique en Polynésie française.
Le CESC remarque que l’espérance de vie en France pour les hommes
est de 77,8 ans dont 63,5 ans en bonne santé. Pour les femmes, l’espérance
de vie est de 84,5 ans dont 64,4 en bonne santé. Cette dernière notion est
d’une importance majeure dans la prise en compte des dépenses futures
relatives aux risques vieillesse et santé. En Polynésie française, les personnes
âgées de plus de 60 ans représentent 38% des dépenses en longue maladie.
L’évolution de la pyramide des âges témoigne parfaitement des
évolutions évoquées. De forme triangulaire dans les années 80, sa
morphologie s’est profondément transformée en 2007: son sommet (les
personnes âgées) s’est élargi et sa base (les plus jeunes) s’est rétrécie.
Evolution de la Pyramide des âges 1988 - 2007 - 2027:
Source: ISPF
Les données de la CPS indiquent que la population de pensionnés a
pratiquement doublé en 14 ans, passant de 13 600 en 1995 à près de 25 900
en 2009. Les dépenses consacrées aux retraites étaient d’environ 13 milliards
de F CFP en 1995, elles pourraient atteindre les 30 milliards de F CFP en
20091.
Les transformations socio-économiques qu’a subies la société
polynésienne, le développement du secteur tertiaire et la montée du salariat
au détriment des activités traditionnelles (pêche, agriculture, artisanat...) ont
également participé à ces évolutions.
1 Données de cadrage CPS
Page 32
Page 33
Les projections établies par l’ISPF à l’horizon 20271 révèlent que la
Polynésie française comptera près de 320 000 habitants et qu’1 habitant sur 6
aura plus de 60 ans contre 1 sur 10 actuellement.
Le rapport entre les personnes d’âge actif (de 20 à 59 ans) et les
personnes âgées de plus de 60 ans, indicateur de dépendance, est en baisse
continue. En effet, il y avait 6 actifs âgés de 20 à 59 ans pour une personne
âgée de 60 ans et plus en 1988, ce ratio est passé à 4,5 en 2007. Il devrait
passer à 2,2 actifs pour 1 retraité en 20272.
Dans un système de retraite par répartition, les actifs occupés
financent les pensions des personnes arrivées à l’âge de la retraite. Ces
évolutions induisent une charge plus importante supportée par les actifs qui
travaillent et cotisent. Sans réforme, les solidarités entre générations seront
mises à l’épreuve.
Par ailleurs, les évolutions démographiques auront un impact sur les
pathologies et les dépenses de santé. L’avenir de la branche maladie et celui
de la branche vieillesse sont liés et hypothéqués par le phénomène de
vieillissement de la population.
4-2 L’ACCUEIL ET LA PRISE EN CHARGE DES PERSONNES AGEES
Le vieillissement de la population aura des répercussions sur l’état de
santé de la population et notamment sur le développement des longues
maladies. En 2008, les personnes âgées de plus de 60 ans représentent la plus
grande part des dépenses en longue maladie (38%).
Les besoins en accompagnement et en prise en charge des personnes
âgées vont se poser avec une plus grande acuité, en particulier pour les
personnes en perte d’autonomie ou en situation de dépendance. On estime que
le coût moyen en maladie est 7 fois plus important pour une personne de plus
ersonne de moins de 20 ans. de 60 ans que pour une p
Projections de la population pour la Polynésie française à l’horizon 2027 – ISPF (Points forts n°3/2009) 1
Page 34
Les dispositifs actuels de maintien à domicile ou de placement dans
des familles d’accueil ne permettront pas de répondre aux situations
nécessitant des soins particuliers (Alzheimer, Parkinson, ...)
Par ailleurs, les solidarités familiales et traditionnelles en Polynésie
française sont mises à l’épreuve des nombreux bouleversements socio-
économiques et culturels que traverse la société polynésienne depuis l’ère du
Centre d’expérimentation du Pacifique (CEP).
Le statut des personnes âgées se verra fragilisé si aucun mode
d’intervention concerté ne répond aux besoins et aux aspirations de la société
polynésienne. Les politiques familiales, sociales et sanitaires doivent
impérativement tenir compte de ces évolutions.
Les dispositifs d’actions en faveur des personnes âgées vont devoir
être mieux organisés et coordonnés dans les secteurs public et privé. Des
choix devront être effectués concernant les politiques à mettre en œuvre et
les types de structures destinées à accueillir les retraités et personnes âgées.
V‐ LA CRISE ECONOMIQUE ET SES CONSEQUENCES SUR LA PSG :
5-1 L’IMPACT DE LA CRISE ECONOMIQUE SUR LES RESSOURCES DE LA PSG
Les prélèvements de la PSG assis sur les revenus du travail
constituent sa principale ressource (78 %) (voir point 6-1). Le maintien et la
création d’emplois sont essentiels pour assurer le financement de la PSG et
préserver les équilibres financiers.
Il faut rappeler que les dépenses de prestations sociales représentent 18,3%
du PIB du Pays contre 29,3% du PIB en France. Ces dépenses sont couvertes
à 78% par les revenus du travail contre seulement 66% en France
métropolitaine.
Page 35
Malheureusement, la situation économique du Pays se dégrade et les
indicateurs macroéconomiques sont dans le rouge. La crise économique qui
frappe la Polynésie française s’est accentuée ces dernières années et aucun
signe positif ne laisse présager sur le court terme une amélioration de la
conjoncture.
Le nombre de salariés du secteur marchand déclarés à la CPS a reculé
de 6,5 % par an de janvier 2008 à janvier 2010. Le solde entre les créations et
les pertes d’emplois affiche un déficit de 4 000 emplois sur cette période.
Dans un contexte de crise économique, il faut également tenir compte
d’environ 2 500 emplois par an qui n’ont pas été créés, soit un total d’environ
9 000 emplois en moins.
Avec une perte d’emplois nette de 2 000 emplois salariés prévue en
2010, on estime le manque à gagner annuel sur les cotisations de la PSG à
près de 1,2 milliard de F CFP (CPS)1.
Parallèlement, on note que le ratio du nombre de demandes pour une
offre d’emploi a doublé, ce qui traduit les fortes tensions sur le marché du
travail: 14 demandes par offre d’emploi au terme du premier semestre 2009.
Depuis 2009, pour la première fois en Polynésie française, l’emploi a
diminué dans tous les secteurs d’activité avec une perte de 10 milliards de F
CFP de masse salariale. Les secteurs phares de l’économie, tels que le
tourisme, la perliculture, la construction et le bâtiment sont particulièrement
touchés. La baisse de la fréquentation touristique atteint des chiffres records
et plusieurs hôtels ferment leurs portes. En 2009, le niveau de fréquentation
est le plus bas jamais atteint depuis 1996.
1 Chiffres annoncés par la CPS dans les Nouvelles du mercredi 26 mai 2010
Page 36
5-2 LA CRISE ECONOMIQUE ET LE COUT DE LA SOLIDARITE
La crise économique et les pertes d’emplois ont des conséquences
désastreuses sur l’insécurité alimentaire de certaines familles, le stress
financier, le développement de la précarité, la dégradation de la cohésion
sociale et la pauvreté.
Il n’existe pas de revenu minimum ou de solidarité en Polynésie
française pour jouer le rôle d’amortisseur social et le travail constitue
quasiment l’unique source de revenus pour de nombreux ménages. En 2009,
53 % des ouvrants-droit au RSPF déclarent n’avoir aucun revenu, soit près de
18 600 personnes.
Cette situation devrait nous interpeller car ce sont autant de facteurs
qui pèsent sur la détérioration des conditions de vie des ménages et
déterminent le coût de la solidarité et de la santé en Polynésie française.
Une récente enquête sur les conditions de vie en Polynésie française
(ECVPF-2009) menée par la TNS-SOFRES dans les Iles-du-Vent révèle que
19,7% des ménages, comprenant plus de 27% de la population (70 200
personnes), ont un revenu qui se trouve en dessous du seuil de pauvreté
monétaire (48 692 F CFP par mois). Ce taux n’était que de 18 % en 2001.
On note aussi que 20 % des ménages les plus riches captent 47 % du
revenu total des ménages. En l’absence d’un système compensatoire et de
redistribution efficace, les écarts de « revenus disponibles » sont marqués et
les ménages les plus pauvres plus fortement exposés à la crise économique.
VI ‐ LES LIMITES DANS LE MODE D’ORGANISATION ET DE FINANCEMENT DE LA PSG
Après 15 années de fonctionnement, certaines caractéristiques de la
PSG touchant à son organisation, son mode de financement, son pilotage et
son contrôle, sont mises à l’épreuve des faits et méritent des réformes.
6-1 LE FINANCEMENT DE LA PSG S’APPUIE ESSENTIELLEMENT SUR LES
COTISATIONS SOCIALES
La PSG en Polynésie se caractérise par un financement reposant
essentiellement sur les cotisations sociales.
La répartition des ressources de la PSG en 2008 (source CPS):
Cotisations71%
Part.Pays14%
CST et taxes11%
Autres3%
Versements inter-régimes
1%
Cotisations
Part.Pays
CST et taxes
Versementsinter-régimes
Autres
En 2008, les recettes de la PSG s’élèvent à 99,505 milliards de F CFP.
Les cotisations sociales provenant des régimes contributifs (RGS et RNS) sont
assises sur le revenu du travail et constituent la première source de
financement de la PSG. Elles représentent 71% des recettes totales en 2008,
soit une enveloppe de 69, 975 milliards de F CFP.
La participation du Pays représente une part moins significative avec
un montant de 14,08 milliards de F CFP en 2008.
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Page 38
A titre indicatif, en France métropolitaine, les cotisations sociales
représentent près des deux tiers de l’ensemble des ressources1 de la
protection sociale, alors qu’en Polynésie française la part des cotisations se
rapproche des trois quarts.
Par ailleurs, la part des cotisations sociales dans l’ensemble des
recettes a tendance à augmenter. En effet, entre 1995 et 2008, la proportion
des cotisations est passée de 61,7 % à 71% des recettes. Toutefois, cette
progression a été ralentie avec la baisse du taux de cotisation pour le risque
maladie prévue par la réforme Te Autaera’a en 2006.
L’accroissement des cotisations sociales pèse néanmoins lourdement
sur le coût du travail et peut avoir des effets négatifs sur la création d’emplois
et la croissance économique du Pays.
6-2 LA PARTICIPATION DE L’ETAT NON-RECONDUITE ET LA DIVERSIFICATION
DES FINANCEMENTS QUI S’EMOUSSE.
Dans la perspective d’instaurer une meilleure justice sociale,
l’instauration de la PSG en 1995 a permis d’instituer le régime de solidarité
(RSPF). L’aide de l’Etat a été prévue dans la loi d’orientation n° 94-99 du
5/02/1994 pour le développement économique, social et culturel de la
Polynésie française et précisée par une convention2 relative aux actions de
solidarité et de santé publique signée en novembre 1994 pour le financement
de ce régime.
Alors que le principe d’une contribution de l’Etat au titre de la
solidarité semblait acquis, sa participation au régime de solidarité (RSPF) n’est
plus assurée depuis 2008. En effet, la convention prévoyant l’attribution d’une
aide de l’Etat n’a pas été reconduite après 2007.
1 x de l’Outre‐mer en Polynésie française Conclusions du diagnostic des Etats générau
2 Convention n°82‐94 du 25 novembre 1994
Page 39
L’évolution de la participation financière de l’Etat au RSPF est la
suivante :
Année 1 995 1 996 1997 1 998 1 999 2 000 2 001
Part. Etat 2 455 MF 2 818 MF 3 182 MF 3 545 MF 3 546 MF 3 529MF 3 502 MF
2 002 2 003 2004 2 005 2 006 2 007 2 008 2 009
3 520 MF 3 538 MF 2 607 MF 2 361 MF 2 625 MF 1 909 MF 0 MF 0 MF
La diversification des recettes de la PSG s’est réduite avec la
suppression du soutien de l’Etat en 2008.
On constate également un retrait de l’Etat dans certains domaines
d’intervention tels que la Défense, comme en témoigne le retrait partiel des
forces armées, ou encore l’Education avec la suppression du dispositif de
l’indemnité temporaire de retraite (ITR). Ces mesures ont un impact sur
l’économie locale et sur les ressources de la PSG.
6-3 LES PERTES DE RECETTES GENEREES PAR LA REFORME « TE AUTAERAA ».
La réforme « Te Autaeraa » datant de 2006 s’est traduite par une perte
annuelle importante de cotisations au budget du RGS. L’engagement du Pays
pour compenser cette baisse de cotisations a été honoré seulement en 2006,
pour un montant de 1,2 milliard de F CFP.
En effet, la mise en œuvre de cette réforme consistant à baisser le
taux des cotisations de 3 points de l’assurance maladie (de 17,52 % à 14, 52%)
a généré une diminution correspondante des cotisations estimée à près de 6
milliards de F CFP par an.
Page 40
Cette baisse substantielle de recettes n’a pas été compensée par une
participation régulière du Pays de 1,2 milliard de F CFP par an comme cela
était prévu initialement et surtout par une prise en charge progressive du
« gros risque hospitalier » par la fiscalité du Pays.
Par ailleurs, la baisse des taux de cotisation devait permettre d’alléger
le coût du travail afin favoriser les créations d’emplois. Dans un contexte de
récession économique durable, les créations d’emplois espérées n’ont pas eu
lieu.
6-4 LE POIDS DE LA SOLIDARITE AUGMENTE (voir annexe 6)
Le régime de solidarité de Polynésie française (RSPF) se fonde sur un
principe d’assistance aux plus démunis et procède d’un intérêt social. Orienté
dans une logique d’assistance, l’admission au régime s’appuie essentiellement
sur des critères de ressources et de résidence, et non sur des critères
professionnels.
Ce régime offre ainsi des prestations sans contrepartie financière et
produit un effet attractif. Le système peut se révéler défaillant et les contrôles
insuffisants.
Depuis sa création en 1995, le nombre de personnes relevant de ce
régime n’a fait que progresser, passant de 46 978 en 1995 à 55 386 inscrits en
2008 (voir annexe 1).
La récession économique et les nombreuses pertes d’emplois
enregistrées depuis 2006 ont eu des répercussions négatives sur la précarité
et le nombre de demandeurs d’emploi. On relève que le nombre des
ressortissants du RSPF a progressé de 27,4 % entre 2006 et 2009, soit environ
13 380 ressortissants de plus en 3 ans.
Par ailleurs, il n’est pas interdit de penser que certains ressortissants
profitent d’un effet d’aubaine alors qu’ils ne devraient pas émarger sur ce
régime.
Page 41
Ainsi de 2006 à 2009, les dépenses du régime sont passées de 19,81
milliards de F CFP à 23,5 milliards, soit une augmentation de 18,6%. Au regard
des pertes d’emplois nettes relevées ces deux dernières années, on peut
s’attendre à un effet de résonance conséquent sur les dépenses à venir du
RSPF en 2010.
Par ailleurs, la situation financière délicate du RSPF réclame
régulièrement l’intervention du Pays pour équilibrer la trésorerie du régime et
assurer le paiement régulier des prestations légales à ses ressortissants.
Les responsables de la protection sociale devront veiller à maîtriser
l’accès au RSPF pour que soit préservé l’équilibre des autres régimes.
L’incitation à ne pas déclarer ses revenus tout en profitant des avantages
procurés par ce régime est forte.
LES DEPENSES DESTINEES AUX HANDICAPES MULTIPLIEES
PAR QUATRE
La couverture du risque lié aux handicaps médico-sociaux est assurée
par le RSPF pour les adultes et par le régime d’appartenance des ouvrants-
droit (parents) pour les enfants handicapés.
Les prestations comprennent les allocations versées aux personnes
handicapées et les subventions attribuées aux organismes médico-éducatifs et
socio-éducatifs.
On relève que les dépenses de prestations pour handicapés ont connu
une forte progression depuis 1995. En effet, de 1995 à 2009 ces dépenses ont
augmenté de 295 %, passant de 1 milliard de F CFP à près de 3,95 milliards en
2009 (voir annexe 6). Les subventions attribuées aux organismes
représentent un tiers de cette enveloppe, soit 1,328 milliard de F CFP.
Cette augmentation est principalement liée à deux facteurs conjugués :
les améliorations successives des prestations offertes aux handicapés et le
nombre important des victimes d’accidents de la route enregistré chaque
année.
Page 42
LE TRANSFERT DES RESSORTISSANTS DE L’ANCIEN RPSMR
Créé en 1979, le Régime de protection sociale du monde rural
(RPSMR) permettait aux personnes exerçant une activité artisanale ou rurale
de bénéficier d’une assurance sociale. Le RPSMR était censé à l’origine affilier
ses ressortissants selon un critère d’activité professionnelle.
L’instauration de la PSG et la création de deux nouveaux régimes en
1995, le régime de solidarité territorial (RST) et le régime des non-salariés
(RNS) a conduit à la disparition progressive du RPSMR.
Ce sont près de 36 260 bénéficiaires du RPSMR dont 14 300 ouvrants-
droit, qui ont été répartis entre les 3 régimes depuis 1995. La plus grande
partie des anciens ressortissants du RPSMR ont été admis d’office au RSPF
(environ 76%) et ont bénéficié des prestations de ce régime sans plus jamais
cotiser.
Aujourd’hui, les personnes issues du RPSMR sont au nombre d’environ
5 800 assurés. Les charges relatives à ses ressortissants sont dorénavant
supportées par le RSPF et se répartissent comme suit:
- 275 millions de F CFP par an pour ceux dont les revenus sont
supérieurs au SMIG de référence de 1996 (87 346 F CFP).
- 2,4 milliards de F CFP par an pour ceux dont les revenus sont
inférieurs au SMIG de référence
La situation de ces ressortissants depuis 1995 mérite d’être clarifiée
et régularisée en particulier concernant ceux qui ont une activité
professionnelle et qui s’exonèrent des obligations de cotisations.
Page 43
LA COUVERTURE SOCIALE DES AGRICULTEURS
Les agriculteurs appartiennent à une catégorie socioprofessionnelle
dont les conditions d’accès et de prise en charge par les régimes de
prévoyance sociale méritent d’être clarifiées.
L’octroi de cartes professionnelles d’agriculteurs permet à tout chef
d’exploitation de s’inscrire à un registre de l’agriculture et de la pêche
lagonaire tenu par la Chambre de l’agriculture et de la pêche lagonaire
(CAPL). Mais une large part du monde agricole et de son économie reste
encore informelle.
Le ministère en charge de l’agriculture estime en 2009 le nombre de
chefs d’exploitations à plus de 6 200 et le nombre d’actifs dans le secteur
agricole et de la pêche lagonaire à environ 12 000.
Le recensement de la population réalisé en 2007 par l’Institut de la
statistique (ISPF) enregistre quant à lui près de 6 750 agriculteurs exploitants,
selon sa répartition par catégories socioprofessionnelles1.
La CPS enregistre seulement 1 888 actifs du secteur agricole répartis
sur 3 régimes comme suit:
- 446 cotisants au RNS,
- 657 affiliés au RSPF,
- 785 au régime des salariés,
Le CESC relève que les données émanant des différents services et
institutions ne sont pas cohérentes et sont marquées par des écarts
substantiels. Le manque de cohérence et l’absence de coordination ne permet
pas d’assurer une gestion éclairée et rationalisée de la prise en charge des
risques sociaux de ces ressortissants par les différents régimes.
1 Recensement 2007 ‐ Population de 15 ans et plus – Répartition de la population selon la catégorie socio‐professionnelle
Page 44
LE STATUT DES MARINS PECHEURS EN GESTATION
Le monde de la pêche est considéré comme un secteur socio-
économique majeur en Polynésie française. Il constitue une ressource propre
importante pour le Pays avec le tourisme et la perliculture. Près de 4 780
personnes ont une activité professionnelle de pêche ou d’aquaculture1. La
plupart d’entre eux sont agriculteurs-pêcheurs. Les emplois indirects (pêche
de subsistance) ne sont pas évalués.
Les activités de pêche comprennent principalement la pêche
palangrière (thoniers), la pêche côtière (poti marara et bonitiers) et la pêche
lagonaire.
En 2008, la répartition des emplois sur ces activités était la suivante :
- 81% : pêche lagonaire
- 7 % : pêche palangrière
- 11% : pêche côtière
De nombreux pêcheurs sont obligés d’avoir une activité
professionnelle complémentaire pour assurer leur subsistance dans ce secteur
en difficulté où la rentabilité n’est pas toujours suffisante.
En effet, le secteur de la pêche est encore extrêmement fragile et
nécessite pour son développement une mise en œuvre progressive de
dispositions réglementaires (organisation de la filière, mesures de soutien
financier, statut du marin pêcheur, couverture sociale du personnel, etc.).
Ce secteur reste ainsi peu attractif d’autant qu’aucun statut ne garantit
la couverture sociale des marins pêcheurs en tenant compte de l’ensemble
des pratiques propres à ce métier.
1 Conclusions des Etats Généraux de l’Outre‐mer en Polynésie française
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Le Pays a proposé deux projets de « loi du pays » concernant les
marins pêcheurs. Le premier projet précise le statut applicable aux marins
pêcheurs et le second traite de la couverture sociale de ces marins pêcheurs.
Concernant ce projet, les pêcheurs affiliés aux régimes de la CPS se
répartissent ainsi1:
- 220 sont cotisants au RNS (armateurs pêcheurs)
- 184 sont affiliés au RSPF (pêcheurs)
Quant aux établissements employeurs recensés dans le secteur de la
pêche, ils sont une dizaine et emploient 31 salariés marins pêcheurs.
Le statut sera applicable aux marins pêcheurs embarqués sur des
navires armés en matériel professionnel, immatriculés en Polynésie française,
battant pavillon français et dont les armateurs sont titulaires d’une licence de
pêche professionnelle.
S’il est prévu que cette catégorie de travailleurs bénéficie des mêmes
droits que tous les salariés (couverture maladie, accident du travail et
retraite), le Pays souhaite fixer des niveaux de taux et de plafonds annuels de
rémunération différents de ceux applicables au RGS. Le Pays préconise ainsi
de créer un secteur spécifique « pêche hauturière » dans lequel les taux et
assiettes seront « abattus » à titre transitoire.
Il n’est rien précisé sur le financement du manque à gagner pour le
RGS. Il est nécessaire que les règles et les modalités du financement de la
couverture sociale des marins-pêcheurs au sein du RGS soient précisées.
Toutefois, il est prévu que le pêcheur perçoive un salaire-plancher pêche de
90 000 F CFP afin de pouvoir bénéficier d’une retraite et d’une assurance
maladie.
1 Pour information, 656 personnes sont affiliées à l’ENIM
Page 46
LA GESTION ET LE CONTROLE DU FAS (RSPF)
Le RSPF est doté d’un Fonds d’action sociale (FAS). Le FAS a pour
objet d’assurer le financement des charges techniques et frais de gestion
relatifs aux aides sociales (prestations en nature et espèces) et aux
programmes d’action sociale du RSPF.
A l’exception des lignes gérées par la CPS relatives aux participations
du RSPF au frais de cantines scolaires et à l’aide exceptionnelle aux enfants
scolarisés, les aides et programmes d’action sociale sont gérés par la
Direction des affaires sociales (DAS).
Le budget du FAS dans le cadre du régime de solidarité s’élève à 1,380
milliard de F CFP en 2009 et sa structure se décline comme suit:
Domaines d'intervention Budget voté 2009 %
Prestations en nature 445 300 000 32,27%
Prestations en espèces 378 500 000 27,43%
Protection des publics
vulnérables (placements) 352 000 000 25,51%
Programmes d'action sociale 157 000 000 11,38%
Aides exceptionnelles
actions collectives 47 200 000 3,42%
1 380 000 000 100,00%
Source DAS
Dans le cadre des programmes d’action sociale, des subventions sont
attribuées aux associations pour développer notamment l’insertion (jeunes,
handicapés, etc.) et des actions de formation. L’attribution des aides est régie
par un système de conventionnement et encadrée par une commission
technique d’attribution.
Page 47
Cependant, le CESC relève que les textes réglementaires n’imposent
pas tous les types de contrôle au dispositif d’attribution des subventions et
que des abus ont été constatés et condamnés par la justice.
VII– PROPOSITIONS ET PRECONISATIONS:
La démarche du CESC s’inscrit dans la perspective globale d’un projet
de réforme du système de protection sociale qui tient compte notamment de
facteurs conjoncturels et des caractéristiques structurelles de la Polynésie
française.
Le CESC affirme que la réforme de la PSG ne doit pas se cantonner à
sa seule dimension comptable ou financière. Elle doit tenir compte de tous les
aspects évoqués pour identifier les marges de manœuvre, définir les
conditions, les orientations et les mesures déterminantes pour assurer la
viabilité de la PSG et en garantir la pérennité.
Par ailleurs, la participation de tous les acteurs ou groupes d’acteurs
s’impose pour la réussite de ce projet. La réforme de la PSG doit
nécessairement être le résultat d’une concertation et d’une volonté partagée
entre les partenaires sociaux, les acteurs institutionnels et socio-
économiques, ainsi que la société civile.
En point d’orgue, la maîtrise des dépenses de santé est une priorité et
un enjeu capital (7-1). La prise en compte des évolutions démographiques et
du vieillissement de la population est une dimension indispensable à intégrer
dans le projet de réforme de la PSG (7-2). Les modes d’organisation, de
fonctionnement et de financement de la PSG méritent également des
adaptations et des améliorations (7-3). Les paramètres de prise en charge des
risques sociaux doivent tenir compte des évolutions des besoins de la
population et des contraintes financières (7-4). La mise en place d’un système
de contrôle et d’évaluation efficace est un autre élément crucial pour
apprécier l’impact de la réforme (7-5). Enfin, la relance de l’économie et de
l’emploi conditionne à plus d’un titre la pérennité du système de la PSG (7-6).
Page 48
7-1 JUGULER LA DERIVE DES DEPENSES DE SANTE ET MAITRISER LEUR
EVOLUTION
Le CESC souhaite définir les orientations et actions stratégiques
prioritaires, souligner le besoin de pilotage et de contrôle du système de santé
et rappeler que certaines actions indispensables n’ont jamais vu le jour en
dépit des recommandations déjà connues (plans pour la santé, schémas
d’organisation sanitaire, rapport n°122 (2002) du CESC, etc).
A - Renforcer les actions de prévention pour soulager l’offre de soins
curatifs
Rappelons que les dépenses consacrées aux « longues maladies »
représentent à elles-seules près de la moitié des dépenses de santé de la
PSG, soit environ 24 milliards de F CFP en 2008, alors qu’elles concernaient
seulement 11,8 % de la population couverte, soit 30 675 personnes.
La prévention et l’éducation sont des facteurs déterminants pour
obtenir une maîtrise durable de l’évolution des dépenses de santé et limiter
les soins curatifs onéreux.
Les efforts consentis et les actions développées en matière de
prévention doivent ainsi être renforcés pour constituer une des priorités de la
politique de santé. Plusieurs mesures doivent être mises en œuvre:
1. Développer les actions de prévention en concentrant les efforts et
les moyens sur les pathologies lourdes et onéreuses: l’obésité, le
diabète, les maladies cardio-vasculaires, les cancers, qui
nécessitent des traitements coûteux
2. Renforcer les actions de préventions routières pour diminuer les
accidents de la route. La présence des forces de l’ordre sur le
terrain est déterminante dans la baisse de l’alcoolémie et de la
toxicomanie au volant.
3. Développer la prévention primaire et les campagnes d’éducation
nutritionnelle dans les établissements scolaires et les lieux
publics (ex : sur la consommation abusive de sucre, l’alimentation
Page 49
trop calorique (roulottes), le manque d’exercice physique, la
sédentarisation, les risques de pathologies)
4. Prolonger les programmes d’hygiène dentaire. Les programmes
de préventions de l’hygiène dentaire n’existent pas entre 12 et 16
ans (fin de la scolarité obligatoire).
5. Contrôler, surveiller et interdire la vente de certains produits
alimentaires dans les établissements scolaires et leur périphérie :
suppression des distributeurs automatiques de limonades, limiter
les points de vente de casse-croûtes, …)
6. Améliorer les déjeuners et les goûters servis dans les
établissements afin de proposer et promouvoir une alimentation
plus saine et équilibrée.
7. Mobiliser les acteurs de la prévention dans des programmes à
long-terme afin de développer une véritable culture de la
prévention et le travail en coopération
8. Aménager davantage de lieux et de structures réservés aux
activités physiques et à la détente pour la population (parcours de
santé, parcours du cœur, aires de détentes, etc.)
9. Mettre en place un système d’incitation aux soins préventifs et
des bonus pour les assurés qui acceptent de se soumettre à
certains types de contrôles préventifs, dépistages et formations
10. Développer les campagnes de dépistages (diabète, cancers et
autres maladies)
11. Affecter la fiscalité sur les consommations de produits
alimentaires pouvant être nuisibles sur le budget de la PSG pour
financer notamment les programmes de prévention (ex :
augmenter les taxes sur l’alcool, le tabac, les boissons sucrées et
la mayonnaise)
12. Etoffer et améliorer la liste des Produits de Première Nécessité
(PPN) par des produits plus sains (fruits, légumes, poisson,…)
pour favoriser un meilleur équilibre alimentaire, puis agir sur les
prix des autres produits alimentaires afin que le plus grand
nombre accède à une meilleure alimentation
Page 50
B - Informer, éduquer et responsabiliser la population et les patients
La bonne information de la population sur les comportements à
risques, sur le rôle de l’alimentation, les règles d’hygiène, les habitudes de
vie, etc, participe d’une plus grande implication de la population dans le
maintien et la gestion de son capital santé.
Les professionnels de santé ont constaté que le patient aspire moins à
être un consommateur passif des prestations de soins. Il désire être mieux
informé et mieux conseillé par les professionnels de santé qui l’accompagnent
dans sa démarche de soins.
Cette tendance mérite d’être confortée par le développement du
conseil médical et l’utilisation des outils d’information et de communication
existants et à venir. L’automédication est déjà pratiquée pour le traitement de
maladies bénignes grâce aux échanges d’informations sur Internet (Forums de
discussion, sites spécialisés, etc)
Les usagers peuvent jouer un rôle-clé dans la maîtrise de l’évolution
des dépenses de santé. Pour cela, ils doivent notamment être sensibilisés au
coût que représente la santé pour la collectivité. Une éducation civique de la
population sur le coût collectif engendré par des comportements abusifs
permettrait de mieux faire connaître les enjeux de santé publique et de
responsabiliser la population.
C - Améliorer la politique du médicament
La politique du médicament doit également concourir à l’objectif de
maîtrise de l’évolution des dépenses de santé. Plusieurs préconisations
peuvent être formulées:
- Favoriser les modes d’approvisionnement groupés de médicaments
dans les secteurs public et privé pour générer des économies
d’échelles, mutualiser les moyens, développer des complémentarités
et des synergies (ex : regroupement du CHPF et des hôpitaux
périphériques)
Page 51
Dans la perspective d’un regroupement du CHPF et des hôpitaux
périphériques sous l’égide d’une entité unique, la politique
d’approvisionnement doit favoriser les achats groupés lorsque cela
est possible.
- Redéfinir et améliorer les principes et les conditions de prise en
charge des médicaments par la PSG.
Les professionnels de santé constatent que le système reposant sur
les notions de Service médical rendu (SMR) et d’Amélioration du
service médical rendu (ASMR) mérite d’être amélioré en Polynésie
française.
Certains médicaments n’ont pas un ASMR suffisant pour être
remboursés ou bien ne présentent pas un intérêt thérapeutique
nouveau. Cependant, ils peuvent être moins onéreux pour un service
médical équivalent. Aussi, ces médicaments doivent pouvoir être
remboursés.
Par ailleurs, les notions de SMR et de ASMR ne sont pas toujours
adaptés et applicables en Polynésie française où les pathologies sont
parfois différentes ou spécifiques. Le système doit être mieux adapté
aux pathologies locales et aux besoins de la population. Les
médicaments relatifs à certaines pathologies en Polynésie française
méritent d’être remboursés (ex : filariose, gastro-entérites,…)
- Délivrer les médicaments en adaptant les dosages à la durée des
traitements des maladies pour lutter contre le gaspillage et la
surconsommation de médicaments. Les fabricants et pharmaciens
doivent mieux adapter les conditionnements à la durée du traitement
des pathologies et aux prescriptions médicales
Page 52
- Renforcer le suivi médical et responsabiliser les patients dans le but
de faire respecter les règles d’usage des médicaments conformément
aux prescriptions des médecins afin de ne pas multiplier les
consultations
- Favoriser les prescriptions et l’utilisation des médicaments génériques
moins coûteux.
- Fixer des niveaux de prise en charge des médicaments différenciés
(taux de remboursement) en fonction du SMR. En ce qui concerne les
médicaments de confort (ex : rhumes), le principe est qu’ils ne doivent
plus être remboursés par la CPS. Quel que soit le médicament acheté,
il ne sera remboursé qu’à hauteur du prix du générique le moins cher.
La généralisation des prescriptions en génériques et l’obligation de
substitution par le pharmacien peut générer une économie de près de
800 millions de F CFP1 par an.
- Supprimer la fiscalité sur les médicaments remboursés, moduler et
contrôler les marges commerciales, réviser le cadre réglementaire de
formation du prix du médicament en Polynésie française.
- Arrêter l’avance faite par la CPS aux pharmacies. Cette mesure
permettra de réaliser une économie de 300 millions de F CFP1.
- Remettre à jour les études portant sur la politique du médicament et
sur le pilotage de l’évolution des remboursements. La dernière
analyse connue sur l’économie sociale du médicament date de 1999
(Rapport de monsieur Pierre BLANCHARD)
Estimation tirée d’un document Commission santé élargie (CPS) 1
Page 53
D – Reconnaître, préserver, promouvoir et encadrer la pharmacopée
locale et la médecine traditionnelle
Les usages de la médecine traditionnelle locale doivent être reconnus.
Le CESC considère qu’il est crucial de préserver les savoirs, coutumes
et usages ancestraux en matière de médecine et pharmacopée traditionnelles
polynésiennes et de favoriser également la préservation des espèces
végétales par la création de parcs dédiés à leur culture dans les différents
archipels (relancer l’arboretum de Ua Huka).
Cette préservation des savoirs doit être confiée à une structure
adéquate dont la mission pourrait être de recenser, identifier, mesurer,
codifier, les pratiques de la médecine traditionnelle.
Il est également fait remarquer l’apport d’une autre médecine
traditionnelle importée par la communauté chinoise et à laquelle une frange
importante de la population a recours.
E - Optimiser l’organisation globale de l’offre de santé
Le système de santé embrasse un large spectre de structures et
concerne une multitude d’acteurs se déclinant à la fois dans la sphère publique
et dans la sphère privée. L’offre de santé en Polynésie française apparaît
fragmentée et appelle des améliorations dans son mode d’organisation et de
gestion :
• Favoriser la reconnaissance du schéma d’organisation sanitaire
(SOS) et renforcer son utilisation:
Le schéma d’organisation sanitaire est un outil ambitieux ayant pour
but d’adapter l’offre de soins aux besoins et aux attentes des
populations, par la prise en compte des progrès médicaux et par une
répartition optimale des ressources disponibles.
Page 54
Outre son rôle de référence dans les décisions de régulation de l’offre
de soins, le SOS doit davantage participer à une meilleure
appréhension de l’impact financier des décisions de réorganisation.
Le SOS ne doit pas rester définitivement figé mais constituer un
document de référence ouvert à un large public. Il doit procéder d’une
vision volontariste de l’organisation (à moyen et long terme) de l’offre
de santé dans la perspective d’un meilleur emploi des ressources
disponibles.
Aussi, le bilan d’application de la politique de santé et du schéma
d’organisation sanitaire doit être mieux connu des décideurs et mieux
intégré dans les processus de décision.
Les autorisations de soins spécifiques pour certains investissements
par exemple, doivent être maîtrisées afin de ne pas multiplier les
investissements lourds et onéreux pour la collectivité.
• Améliorer l’organisation du système de santé en favorisant la
coopération, la coordination et la complémentarité
Une meilleure coordination et complémentarité entre les acteurs de
santé est nécessaire pour optimiser l’utilisation des ressources
existantes et consolider une organisation encore fragmentée.
Le CESC préconise les mesures suivantes :
- Développer des synergies et des complémentarités dans le domaine
de la médecine ambulatoire et dans celui de la médecine hospitalière
(ex: harmonisation des plateaux techniques, normes et protocoles de
soins en commun, échanges de données et d’informations sur les
activités médicales, gestion des ressources humaines plus souple)
Page 55
- Maîtriser la répartition de la couverture de soins entre les secteurs
privé et public: en contrôlant les autorisations thérapeutiques, en
développant les concertations entre professionnels, en précisant les
périmètres d’intervention de chacun, en organisant des groupes de
réflexion et de travail thématiques entre professionnels dans un souci
d’optimisation des moyens
-Mutualiser les ressources en mettant en commun certains outils
logistiques et de maintenance, en mutualisant certains outils de
travail et équipements, en favorisant les achats groupés
-Mettre en place un réseau de santé informatisé indispensable pour
limiter le cloisonnement et favoriser le fonctionnement coordonné et
concerté des institutions et structures médicales des secteurs public
et privé
Le réseau s’appuie sur le développement des échanges de données et
sur une meilleure communication entre les différents acteurs de la
santé, mais également avec la CPS et les autorités de la santé. La
préservation du secret médical doit néanmoins être garantie.
Ce projet de réseau santé Polynésie à fait l’objet de recommandations
dans le Plan Santé 2001-2005 adopté par l’assemblée de Polynésie en
2001 et le schéma d’organisation sanitaire prorogé jusqu’en 2012.
Elles méritent plus que jamais d’être mises en œuvre.
A cet effet, le CESC préconise de lever les barrières administratives,
réglementaires et techniques entre les institutions et les services,
notamment entre le Pays et les communes, afin de rendre
opérationnelle la compatibilité entre les différents systèmes
d’information.
La mise en place d’un réseau santé plaide aussi en faveur d’une
meilleure connaissance de l’état de santé de la population et une
meilleure appréciation de son évolution dans le temps.
Page 56
- Mettre en place le dossier médical partagé informatisé1, considéré
comme une des clés pour mieux encadrer le parcours de soins des
patients et adapter l’offre de soins. Ce dossier personnalisé
permettra de responsabiliser les patients et de réduire les
redondances des prestations et prescriptions médicales.
Ce dossier informatisé favorisera également une meilleure
coordination dans la prise en charge des patients entre les différents
professionnels de santé et notamment un décloisonnement entre le
secteur public et privé.
-Eviter les redondances d’examens de laboratoire et rationaliser les
demandes effectuées. Cette mesure doit permettre de réaliser une
économie de l’ordre de 100 millions de F CFP2.
- Mettre en place la feuille de soins électronique3 qui permettra de
faire des gains de productivité et des économies sur les frais de
gestion de la CPS à moyen terme et à long terme. Elle favorisera
également une meilleure connaissance des engagements financiers
de la CPS et une visibilité en temps réel sur les activités médicales
(statistiques d’activité).
- Associer le patient à son parcours de soins en améliorant son
information sur ses pathologies et ses traitements
- Instaurer le principe du « médecin référent » pour les patients
Les recommandations ci-dessus énumérées apparaissent déjà dans le
schéma d’organisation sanitaire de 2002, mais elles doivent être
rappelées constamment.
1 Le dossier médical informatisé comporte les renseignements et observations médicales relatives à un patient. Ces données sont hébergées sur un support informatique.
2 Estimation tirée d’un document Commission santé élargie (CPS)
3 Les feuilles de soins électroniques remplacent les feuilles de soins papier traditionnelles. Elles sont remplies sur ordinateur par les médecins.
Page 57
• Optimiser la gestion « fragmentée » des ressources humaines dans
le secteur de la santé
En raison de la densité médicale très inégale et des disparités
importantes dans l’accès aux soins entre les îles de la Polynésie
française, le déploiement des professionnels de santé et la gestion des
ressources humaines doivent être maîtrisés et optimisés.
Avant toute évaluation régulière des compétences et une analyse
prospective des besoins en personnels médical et paramédical qui
favoriseraient une meilleure organisation et gestion des ressources
humaines, le CESC est convaincu qu’il est impératif de revoir les
fondamentaux de la gestion des emplois et des effectifs. La gestion
optimisée des formations et des compétences est ensuite essentielle
pour gagner en efficacité et en qualité de soins.
Les statuts des personnels dépendant des différentes structures
administratives (Direction de la santé, CHPF, service du personnel) ne
permettent pas de coordonner les actions entre le personnel du CHPF
et celui des hôpitaux dépendant de la Direction de la santé.
Les rigidités administratives ne doivent plus peser sur le recrutement
et le remplacement des personnels de santé, ni constituer une entrave
aux exigences de mobilité et de flexibilité dans la gestion du personnel
de santé.
Le CESC relève que le pôle de médecins et personnels paramédicaux
itinérants, qui était très efficace il y a quelques années n’existe plus
faute de volontaires, en l’absence d’un véritable statut d’itinérant.
Le CESC recommande de remettre en place et en urgence ce pôle
itinérant et de créer le statut d’itinérant. Les structures d’accueil de
ces personnels doivent être réhabilitées et remises en état.
Page 58
F - Améliorer le pilotage et la gouvernance du système de santé et de
la protection sociale
• Simplifier et renforcer la gouvernance
Le pilotage unifié du système de protection sociale et du système de
santé est une condition essentielle pour définir et mettre en œuvre des
orientations stratégiques cohérentes et efficaces.
Le CESC constate que les nombreux professionnels de la santé dans le
domaine public et le domaine privé ne savent pas toujours vers quel
interlocuteur se tourner pour adresser leurs doléances et sont souvent
dans l’incompréhension.
Aussi, le CESC préconise que le ministère de la santé et le ministère de
la solidarité en charge de la protection sociale se constituent en un
ministère unique.
Dans l’immédiat, ces deux ministères doivent renforcer leur
collaboration et leurs efforts de concertation et coordination. La
dichotomie actuelle dans la gouvernance ne permet pas les prises de
décision efficaces et pèse sur leur mise en œuvre.
Le CESC recommande qu’un débat général annuel soit institué à
l’assemblée de Polynésie française concernant l’évolution de l’état
sanitaire et la maîtrise de l’évolution des dépenses de santé. Le sujet
de la réforme de la PSG n’a pas été suffisamment approfondi au
moment des Etats généraux.
Par ailleurs, le CESC observe que les instances politiques sont
compétentes pour décider des grandes orientations de la politique
générale de santé et que les régimes de la PSG, principaux financeurs
de cette politique, sont plus facilement relégués en simple instrument
de financement.
Page 59
Aussi, dans un souci de cohérence et dans un esprit d’ouverture, les
partenaires sociaux doivent être plus fortement associés aux décisions
et aux réformes prévues dans le domaine de la santé et de la vie
sociale.
De plus, le CESC recommande d’améliorer la gouvernance des régimes
de protection sociale. Il préconise que les conseils d’administration
(CA) des différents régimes de la PSG restent pleinement souverains
et délibèrent librement sur les affaires qui concernent leur régime
respectif conformément à la réglementation.
Les CA doivent disposer de leurs entières compétences pour prendre
les décisions relatives au fonctionnement de leur régime. Le
gouvernement de la Polynésie française ne doit pas interférer sur les
délibérations des Conseils d’administrations et notamment celles qui
concernent l’adoption des budgets.
Par ailleurs, le CESC préconise que soit menée une refonte des textes
qui régissent la gouvernance de la CPS pour parvenir à un meilleur
dialogue social et une meilleure stabilité de l’organisme. Il propose
notamment de supprimer la possibilité de cumuler les mandats de
président du conseil d’administration d’un régime de la PSG avec ceux
des organismes publics et para-publics.
Le Directeur et l’agent comptable de la CPS, actuellement nommés en
conseil des ministres, doivent être désignés par les conseils
d’administration de la CPS.
• Développer la mission de pilotage de la Direction de la santé
La Direction de la Santé (DS) doit jouer un rôle majeur et de référence
dans la conception et le suivi des orientations en matière de politique
de santé.
Elle doit pouvoir développer davantage sa capacité de pilotage du
système de santé en s’appuyant sur des outils de pilotage et un cadre
Page 60
réglementaire adapté (Observatoire de la santé, plan pour la santé,
schéma d’organisation sanitaire, Code de la santé publique). Pour ce
faire, elle doit se réorganiser et dégager des ressources humaines et
financières pour se consacrer davantage à la planification et à la
prospective.
L’allocation et l’utilisation optimale des ressources sont conditionnées
par un meilleur pilotage du système de santé dans son ensemble. La
mise en place d’un véritable observatoire de la santé afin d’obtenir des
indicateurs-clés et des comptes de la santé s’inscrit dans cette
démarche.
Le CESC préconise que la DS ne soit pas à la fois juge et partie, elle
ne doit pas cumuler à la fois activités de prestation de soins (gestion
des hôpitaux périphériques, dispensaires, etc.), de pilotage et
d’évaluation de la politique de santé.
A plus long terme, le CESC préconise de créer une instance
indépendante ou un comité d’experts chargés de donner son avis et
son expertise sur les orientations stratégiques en matière de santé et
de protection sociale. Cet organisme devra développer des relations
avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Haute autorité de
santé (HAS)1 nationale.
• Définir et mettre en place les comptes de la santé en Polynésie
française
Les comptes de la Santé peuvent devenir un outil d’évaluation précieux
de la politique de santé et de l’offre de santé en Polynésie française.
Ils peuvent également constituer un outil de décision utile pour
l’ensemble des acteurs concernés par la PSG.
1 Autorité publique indépendante d’expertise scientifique chargée notamment de promouvoir les bonnes pratiques et le bon usage des soins auprès des professionnels et des usagers de santé, et d’améliorer la qualité des soins.
Page 61
En effet, il est indispensable de disposer d’informations synthétiques
sur l’ensemble des ressources (secteurs privé et public) qu’il est
possible de dégager et mettre en œuvre dans la politique de santé.
Leur élaboration s’inscrit surtout dans la volonté de mettre en
perspective la restructuration du système de financement de la santé
pour une meilleure utilisation des ressources. Cet outil doit intégrer la
dimension de planification économique qui fait défaut dans les
instruments existants.
• Mettre en place un Code de la santé polynésien
Le CESC préconise que tous les textes qui encadrent et régulent
l’offre de santé en Polynésie française soient regroupés dans un code
de la santé unique consultable par tous les professionnels, les
décideurs et tous les intéressés.
Le Code de la santé doit favoriser une vision d’ensemble accessible du
cadre réglementaire qui régit l’offre de santé et son fonctionnement en
Polynésie française.
Ce code doit précisément déterminer les champs de compétences et
périmètres d’intervention de tous les organismes et acteurs du secteur
de la santé. Sa création et son contenu doivent s’articuler avec la
création d’un Code de l’action sociale et de la famille en Polynésie
française.
7-2 ANTICIPER ET MIEUX INTEGRER LA DYNAMIQUE DE VIEILLISSEMENT DE LA
POPULATION
La réforme de la PSG doit tenir compte des évolutions démographiques
qui ont cours. Le phénomène de vieillissement de la population implique des
adaptations dans la prise en charge des maladies et dans l’accueil des
personnes âgées.
Page 62
A – Mieux prévoir l’accueil et la prise en charge des personnes âgées
Le CESC préconise de lancer un véritable débat et une réflexion sur le
sujet de l’accompagnement et la prise en charge des personnes âgées, en
particulier en perte d’autonomie ou en situation de dépendance. Il
recommande aux pouvoirs publics de faire un état des lieux sur la situation
sociale et sanitaire des personnes âgées dans le cadre d’une large
consultation des acteurs concernés.
Cette consultation générale doit mettre en évidence les lacunes et
problématiques soulevées afin de favoriser la définition et la mise en œuvre
d’une stratégie et d’un programme d’actions.
L’éclatement géographique doit être pris en compte en raison des
migrations entre les archipels, de l’éloignement, de l’isolement et de la
répartition inégale des moyens et dispositifs de prise en charge.
Le CESC considère que le mode de vie communautaire en Polynésie
française favorisant les solidarités familiales et traditionnelles doit être
préservé autant que possible.
Par ailleurs, la Polynésie française doit se préparer à une modification
des pathologies liées au vieillissement de la population ainsi qu’un meilleur
encadrement médical des personnes âgées. Les dispositifs actuels de maintien
à domicile ou de placement dans des familles d’accueil ne permettront pas de
répondre aux situations nécessitant des soins particuliers.
Le CESC recommande de prévoir dès à présent la mise en place de
structures médicalisées spécialisées pour l’accueil des personnes âgées. Dans
le cadre de la reconversion des sites militaires en Polynésie française, il
recommande d’utiliser les logements militaires situés près de l’état major du
commandement supérieur des forces armées au Taaone pour la construction
de ces structures d’accueil. Ce site présente surtout l’avantage d’être à
proximité du nouvel hôpital du Taaone.
Page 63
Le CESC recommande également que les terrains appartenant à la CPS
situés à Puunui soient employés pour la construction et la mise en place de
maisons de retraite.
La construction de ces structures pour personnes âgées pourra
bénéficier des dispositifs et mesures d’incitation fiscales prévus par le code
des impôts en Polynésie française.
Une réglementation doit prévoir les conditions d’exploitation et de
mises aux normes de sécurité et d’hygiène de ces structures d’accueil pour
personnes âgées, médicalisées ou non avant toute construction de maisons de
retraites.
Le Centre d’accueil des personnes âgées (CAPA) n’est pas un exemple
à suivre en matière d’accueil et de prise en charge des personnes âgées. Cet
établissement doit améliorer ses conditions d’accueil pour répondre à un
minimum de règles en matière d’hygiène et de confort.
B – Modifier et adapter les paramètres du système de retraite :
L’âge légal normal de départ à la retraite en Polynésie française est de
60 ans. La durée de cotisation est de 35 annuités, soit 2 % par annuité, pour
percevoir une pension de retraite à taux plein de 70 %. Le salaire moyen de
référence se calcule sur la base des 5 meilleures années des 10 dernières
années d’activité.
Cependant, durant la dernière décennie, l'âge moyen des personnes qui
sont parties à la retraite était de 56 ans. En 2008-2009, près de 44% des
départs à la retraite sont anticipés avec l’application d’abattements (744 en
2008, 599 en 2009). La retraite anticipée s’entend pour un départ à partir de
50 ans et avec 15 ans de cotisations au minimum avec un abattement de 0,25%
par trimestre d’anticipation.
Page 64
Selon les projections de la CPS, à partir de 2009 les cotisations de
retraites de la tranche A ne couvrent plus ses dépenses, engendrant ainsi
un déficit structurel1 de 1,648 milliard de F CFP et une diminution des
réserves de retraite de cette tranche. Pour équilibrer dès 2011 le régime,
une augmentation de 2 à 2,76 % du taux de cotisation est nécessaire.
Lors de la mise en place de la PSG, il avait été prévu que le taux de
cotisation soit de 15% à compter du 1er janvier 2001 alors qu’il était à 9,78%.
Aujourd’hui, le taux est de 14,46 %, avec une augmentation annuelle de
principe de 0,39% par an. A titre indicatif, le taux de cotisation au régime
général en métropole est fixé à 23%.
Au regard de ces constats et des évolutions démographiques, le CESC
préconise d’élargir l’horizon de viabilité des régimes de retraites en révisant à
la fois les conditions et modalités de départ à la retraite et retraite anticipée.
Par ailleurs, le CESC considère que les allocations complémentaires de
retraite (ACR) du RGS relèvent d’une logique de solidarité qu’il faut préserver
à l’échelle du Pays. En effet, elles concernent la population dont la retraite
reste inférieure au minimum vieillesse2(74 000 F CFP).
Le CESC relève qu’une personne payée au SMIG ayant travaillé
pendant 26 ans se retrouve à un niveau de retraite équivalent à ce minimum
vieillesse. Le différentiel entre la pension de retraite et le minimum vieillesse
doit être pris en charge par le Pays dans le cadre de sa politique de solidarité.
Sur la base de ces principes, le CESC recommande que les pouvoirs
publics, les partenaires sociaux et les acteurs socio-économiques concernés
déterminent conjointement les modalités d’application de ces modifications
dans le cadre de concertations globales.
1 Le résultat structurel ne tient pas compte notamment des activités de placements et des opérations de provisionnement
2 74 000 F CFP à compter du 01/09/2008, arrêté 1202 CM du 27 août 2008
Page 65
7-3 RATIONALISER ET REFORMER LES MODES DE FINANCEMENTS DE LA PSG
Le rythme de croissance des besoins de la population en matière de
protection sociale et les aléas de la conjoncture économique imposent une
réforme des modes de financement qui s’essoufflent.
A - Alléger la part relative des prélèvements sur le travail au profit
d’une assiette plus large favorisant la fiscalité
Le mode de financement de la PSG repose essentiellement sur les
cotisations sociales versées par les ressortissants du RGS et du RNS. Elles
représentent plus de 71% des recettes totales en 2008. En ajoutant la
Contribution de solidarité territoriale (CST), les prélèvements sur les revenus
du travail représentent près de 78 % du financement de la PSG contre 65,4%
en France métropolitaine où cette part tend à diminuer depuis 1990 au profit
des ressources fiscales.
Le CESC considère que le financement ne doit pas reposer uniquement
sur le revenu du travail. Ces prélèvements alourdissent le coût du travail,
pèsent sur la création d’emplois et pénalisent la compétitivité des entreprises
polynésiennes.
Par ailleurs, le mode de financement actuel est particulièrement
vulnérable aux aléas de la conjoncture économique et aux perturbations que
rencontre le marché de l’emploi.
Le CESC préconise d’élargir l’assiette qui sert de base aux
prélèvements obligatoires pour le financement des dépenses sociales. Il
préconise de redonner à la fiscalité un rôle plus significatif.
Un arbitrage doit avoir lieu pour trouver le bon équilibre entre un
financement basé sur des cotisations et un financement s’appuyant sur une
assiette plus large.
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Pour être cohérente, la réforme du mode de financement de la PSG ne
doit pas rester isolée mais s’inscrire dans le cadre d’une réforme plus
générale de la fiscalité en Polynésie française. La réforme de la fiscalité est
très attendue par les acteurs économiques et sociaux dans la perspective de
relancer l’économie, de poursuivre la reconversion économique et de
conforter les principes de justice sociale.
B - Mieux distinguer les logiques d’assurance et d’assistance
La répartition des ressortissants entre les régimes se fonde sur deux
logiques distinctes: la logique d’assurance pour ceux qui travaillent et la
logique d’assistance pour les plus démunis qui ne peuvent pas cotiser.
Le CESC recommande de clarifier plus distinctement ces deux
principes dans la répartition du poids des dépenses entre les régimes de la
PSG. Cette distinction est essentielle si l’on veut pouvoir redéfinir les modes
de financement en connaissance de cause et adapter les modes de
gouvernance.
Dans le financement de la branche maladie, cette séparation doit
s’affiner car elle n’est pas toujours simple à effectuer dans la pratique. Le
système de dotation annuelle de fonctionnement aux établissements
hospitaliers (ex : CHPF) ne garantit pas une appréciation fiable du poids des
dépenses par régime au regard du service médical rendu (SMR) et du temps
médical utilisé pour les ressortissants.
Aussi, le CESC préconise qu’un arbitrage entre les partenaires sociaux
et les pouvoirs publics, permette de redéfinir les conditions et modalités de
prise en charge de la Solidarité (logique d’assistance) à la fois sur le budget
de la PSG et sur le budget du Pays dans le cadre plus général de sa politique
de santé et de solidarité.
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C- Diversifier et pérenniser les sources de financement
- Reconduire la participation de l’Etat au titre de la solidarité nationale:
Les pouvoirs publics ont annoncé une modernisation et une réforme
des relations financières entre l’Etat et la Polynésie française. L’actuelle
Dotation globale de développement économique (DGDE) sera répartie dans
son utilisation comme suit :
. 60 % pour la dotation globale d’autonomie (DGA),
. 34 % pour les investissements du Pays
. 6% pour les communes du Pays
La dotation globale d’autonomie (DGA) devrait autoriser une plus
grande liberté dans l’utilisation de ces crédits pour les dépenses de
fonctionnement.
L’Etat ne doit pas se dispenser de sa participation au titre de la
solidarité dans le cadre du RSPF. Le CESC souligne que le financement des
dépenses sanitaires et sociales doit être envisagé par d’autres sources que la
DGA à venir (dotation globale d’autonomie) qui doit être consacrée plus
particulièrement aux investissements.
Page 68
- Rationaliser et pérenniser les recettes affectées aux régimes de la
PSG:
Des impôts et taxes sont affectés au budget du RSPF pour assurer le
financement de ses dépenses dans le cadre de la solidarité. La répartition de
ces impôts et taxes est la suivante en 2009:
Financement RSPF sur fiscalité Réalisation 2009 Part relative %
Taxe affectée permanente
Contribution Sociale Territoriale
(CST) (affectée depuis 1994) 8 800 000 000 68,14%
Autres taxes affectées (affectation
variable)
Taxe sur la production de
boissons alcoolisées et certains
produits sucrés (affectée depuis
2009)
358 000 000 2,77%
Taxe sur les alcools et tabacs
(depuis 2006) 3 272 000 000 25,33%
Taxe de Solidarité (depuis 2004) 485 000 000 3,76%
12 915 000 000 100,00%
Le CESC préconise d’une part, qu’une « loi du pays » prévoie dans un
cadre unique et cohérent l’affectation de toutes les taxes aux branches
maladies des 3 régimes de la PSG, notamment pour la prévention (cf point 7-
1, A) et assure la pérennité de ces financements.
D’autre part, il demande que l’attribution de subventions par le Pays au
RSPF pour couvrir une partie de ses dépenses annuelles soit clairement
établie et organisée dans une « loi du pays » afin d’assurer l’équilibre de ce
régime, de garantir sa viabilité et de pérenniser la participation du Pays.
Page 69
D-Faire appel à la participation de l’Etat pour le remboursement de la
dette due à la prise en charge des maladies radio-induites
Le CESC demande que l’Etat assume sa responsabilité et assure le
remboursement de la dette due à la prise en charge des maladies radio-
induites reconnues par la CPS dont le montant de 1992 au 1er juillet 2009 est
de 24,03 milliards de F CFP et du suivi médical des anciens travailleurs civils
et militaires du centre d’expérimentation du pacifique (CEP) et des
populations victimes en Polynésie française.
Il recommande l’indemnisation de ces populations dans un cadre plus
élargi que celui de la loi relative à la reconnaissance et l’indemnisation des
victimes des essais nucléaires français (Loi MORIN) et son décret
d’application1.
Les conditions et modalités de remboursement de ces dépenses prises
en charge par la PSG durant plusieurs années doivent être déterminées
conjointement entre l’Etat, le Pays, les partenaires sociaux et la société civile.
7-4 MODIFIER LES CONDITIONS ET PARAMETRES DE PRISE EN CHARGE DES
RISQUES SANITAIRES ET SOCIAUX:
A - Redéfinir les conditions et paramètres de prise en charge du risque
« maladie »
La réforme doit porter sur le périmètre, les conditions de prise en
charge du risque maladie ainsi que le système de contribution, notamment
pour responsabiliser les consommateurs de soins et les prescripteurs :
- Les conditions et les taux de prise en charge des différentes
prestations de soins et des médicaments doivent être redéfinis en
s’appuyant sur une logique « petits risques / grands risques (longues
rands risques devant être pris en charge par le Pays maladies) », les g
1 Décret 2010‐653 du 11 juin 2010
Page 70
séjours. »
- Le financement des dépenses hospitalières est à remettre à plat
conformément aux recommandations de Chambre territoriale des
comptes dans son rapport sur la gestion de la CPS, et à la
réglementation.
Dans la perspective d’ouverture du nouvel hôpital, les périmètres de
financement des prestations rendues devront être définis en
conformité avec la réglementation qui ne prévoit que la dotation
globale excluant les recettes prévues en hors dotation globale, ou en
T2A (Dotation globale/hors dotation globale).
-La mise en place d’un système de « paniers de soins » pour les
dépenses en longues maladies doit permettre de limiter les
consommations inconsidérées de certaines prestations médicales et
médicaments. Le panier de soins fixe une quantité prédéfinie de
prestations et médicaments à ne pas dépasser en fonction des types
de pathologies. Les consommations supplémentaires sont à la charge
du patient (ticket modérateur).
-S’agissant des évacuations sanitaires inter-insulaires et
internationales, dont les dépenses avoisinent les 4 milliards CFP
annuellement, les frais de transport doivent être exclus du coût des
soins pris en charge par l’assurance maladie. Les dépenses relatives
au transport doivent être prises in fine en compte dans le cadre du
dispositif de la continuité territoriale et nationale. (sans que cela
nuise aux déplacements des étudiants)
Cette mesure doit permettre de réaliser une économie d’au moins 400
millions de F CFP1 par an.
- Les conditions et modalités de prises en charge des évacuations
sanitaires (Evasans) doivent être rationalisées et mieux encadrées.
Concernant les évacuations sanitaires internationales, la Chambre
territoriale des comptes recommande dans son rapport « que la CPS
établisse une liste d’établissements agréés pour l’accueil des patients
évacués opposable aux praticiens. Elle préconise un meilleur suivi
médical des patients afin d’éviter les prolongations abusives de
1 Estimations tirées d’un document Commission santé élargie (CPS)
Page 71
La liste des établissements agréés doit être limitée, des protocoles de
soins doivent être clairement définis et respectés, les durées de
séjours abusives doivent être diminuées. Ces mesures devraient
permettre de faire une économie de l’ordre de 70 millions de F CFP1.
La qualité des soins pour les patients ne doit pas être amoindrie par
ces mesures.
Par ailleurs, des services de radiothérapie et de chimiothérapie seront
mis en activité avec l’ouverture du nouvel hôpital du Taaone. Un
service de médecine nucléaire pourrait également voir le jour. L’impact
de ces nouveaux services sur la réduction du nombre d’évacuations
sanitaires vers la France et la Nouvelle-Zélande reste encore méconnu
et doit impérativement être évalué et apprécié afin de reconsidérer la
politique des évacuations sanitaires.
- Le dispositif d’attribution des indemnités forfaitaires aux malades
évasanés et aux accompagnateurs (IFA) doit être réformé selon un
système dégressif et revu à la baisse. Cette mesure doit permettre de
réaliser une économie de 60 millions de F CFP1. La qualité des soins
pour les patients ne doit pas être amoindrie par ces mesures.
- Une participation financière de 1000 F CFP par évacuation doit être
instaurée pour toutes les personnes évasanées. Cette mesure doit
permettre de réaliser une économie de 25 millions de F CFP1.
- S’agissant des Evasans inter-insulaires, la Chambre territoriale des
comptes recommande « qu’une connaissance du coût des soins des
personnes évasanés et une comparaison avec le coût des soins qui
peuvent être dispensés sur place est indispensable à une amélioration
du dispositif, notamment le renforcement éventuel de consultations
de spécialistes du CHPF » dans les îles.
1 Estimations tirées d’un document Commission santé élargie (CPS)
Page 72
Le dysfonctionnement des hôpitaux périphériques, le manque de
moyens et de coordination avec le CHPF multiplient considérablement
le nombre d’Evasans onéreuses et abusives.
- Les conditions de remboursement des dépenses d’appareillage (ex:
fauteuils roulants, ceintures, genouillères, lits médicalisés…) doivent
être mieux encadrées. Les conditions de fixation, de détermination et de
contrôle des prix de vente doivent être redéfinies et les prix revus à la
baisse. Le coefficient multiplicateur de 2,7 applicable en Polynésie
française sur le prix de l’appareillage doit être reconsidéré dans les
conventions signées par la CPS.
Il faut limiter le nombre de prescriptions médicales pour les achats
abusifs ou les remplacements inconsidérés de matériels et
appareillages.
Les économies réalisables sur les dépenses d’appareillage sont au
moins de 300 millions de F CFP1 par an.
- La prise en charge des pathologies dites légères et des médicaments
doit être échelonnée sur différents taux
- Actualiser le codage des actes médicaux de la Nomenclature générale
des actes professionnels (NGAP) et les tarifer sur la base d’un
coefficient géographique appliqué à la Classification commune des actes
médicaux (CCAM). Cette mesure doit permettre de réaliser une
économie de l’ordre de 300 millions de F CFP1.
- Redéfinir les modalités de remboursement des soins et des
médicaments: conserver le tiers-payants ou instaurer le
remboursement pour certaines prestations et médicaments
Estimations tirées d’un document Commission santé élargie (CPS) 1
Page 73
- Introduire une cotisation à titre symbolique et pédagogique pour la
population qui ne cotise pas et qui relève de la solidarité
- Différencier les arrêts maladies de courte, moyenne et longue durée,
en adaptant des conditions et modalités de remboursement
- Le coût des accidents du travail et maladies professionnelles1 (AT-
MP) ne doit pas être supporté par l’ « assurance maladie ». Le CESC
constate que des dépenses liées à des maladies professionnelles sont
imputées sur cette branche et viennent aggraver le déficit de
« l’assurance maladie ».
Le CESC préconise que le coût des maladies professionnelles soit
mieux apprécié et pris en charge de manière plus juste et sincère entre
la branche « AT-MP » et « assurance maladie ».
La détection des maladies professionnelles et le suivi médical doivent
être améliorée en ce sens. Les périmètres de prise en charge
respectifs par « l’assurance maladie » et la branche « AT-MP » doivent
être clairement définis et séparés. Les médecins jouent un rôle
essentiel dans la détection et la reconnaissance de ces maladies.
Les procédures et les modalités de reconnaissance des maladies
professionnelles auprès de la CPS doivent être facilitées pour les
médecins et les salariés. Les formalités administratives doivent être
simplifiées et vulgarisées.
- Le CESC préconise la remise en place de taux de cotisation
différenciés en fonction des secteurs d’activité au titre des accidents
du travail. En effet, certains secteurs d’activité professionnelle
présentent des risques d’accidents et de maladies plus importants. Les
taux ne doivent plus être identiques entre tous les secteurs pour la
couverture des risques et doivent être relevés dans certains secteurs
1 Voir maladies professionnelles sur le site internet de l’Inspection de travail et de la CPS
Page 74
en fonction du taux d’accidentologie, tout en maintenant le dispositif de
bonus/malus.
Ces mesures doivent permettre de réaliser une recette supplémentaire
de 300 millions de F CFP1.
- Mettre en place un dispositif de consultation médicale gratuit pour
les plus défavorisés, fondé sur le principe de volontariat des médecins
- S’agissant des maladies radio-induites prises en charge par la CPS
dont le montant de 1992 au 1er juillet 2009 est de 24,03 milliards de F
CFP, l’Etat doit assumer sa responsabilité et assurer le remboursement
de cette dette
- La participation de l’Etat devrait être sollicitée sur la base d’un
projet de solidarité dans le cadre du Plan national de lutte contre le
cancer. La participation attendue peut être de l’ordre de 400 millions
de F CFP1.
B - Maîtriser et encadrer l’endettement de la branche maladie
La branche « maladie » est en difficulté à partir de fin 2006 et son
déficit est couvert depuis 3 ans par les réserves de la branche retraite.
Le CESC préconise de rétablir l’équilibre budgétaire de la branche
maladie de l’exercice 2011 et d’assainir sa situation financière dans les plus
brefs délais pour qu’elle ne rentre pas dans une ère de déficit permanent.
Par ailleurs, la Cour des comptes relève dans son rapport du 1er mars
2010 que « L’utilisation des réserves à l’ensemble des prestations fragilise
l’avenir des retraites en dispensant le régime des salariés d’équilibrer les
comptes de la branche maladie. »
1 Estimations tirées d’un document Commission santé élargie (CPS)
Page 75
Le CESC rappelle que l’article 28 de la délibération du 29 janvier 1987
prévoit que « le fonds de réserve ne pourra, en aucun cas, être inférieur à cinq
fois la moyenne annuelle des dépenses constatées au cours des trois derniers
exercices ». Ces dispositions n’ont pas été respectées.
Le CESC préconise que le fonds de réserve des retraites destiné à
garantir le régime de retraites soit reconstitué pour atteindre le niveau de
réserve réglementaires, soit environ 120 milliards de F CFP.
Un transfert de la dette de l’assurance maladie dans une caisse
d’amortissement peut être envisagé si le déficit continue de se creuser. Dans
ce cas, l’amortissement ou le remboursement de la dette sociale nécessite une
participation totale ou partielle du Pays afin de ne pas accroître indéfiniment
la durée de remboursement.
Le CESC recommande que l’amortissement et le remboursement
bénéficient des meilleures conditions possibles pour ne pas peser sur les
générations à venir.
A ce titre, la Caisse d’amortissement de la dette sociale métropolitaine
(CADES) devrait offrir des conditions avantageuses grâce au positionnement
privilégié de la signature de l’Etat.
Toutefois, la situation économique de la Polynésie française ne permet
pas de disposer de ces conditions « privilégiées » de prêts. Les taux proposés
à hauteur de 5,5% sont prohibitifs.
C – Mettre en place un régime d’indemnisation et de protection des
personnes ayant perdu involontairement leur emploi
L’activité économique en Polynésie française continue de se dégrader
et touche désormais tous les secteurs. Le nombre de salariés du secteur
marchand déclarés à la CPS a reculé de 6,5 % par an de janvier 2008 à janvier
2010.
Page 76
Le solde entre les créations et les pertes d’emplois affiche un déficit
de 4 000 emplois sur cette période. Dans un contexte de crise économique, il
faut également tenir compte d’environ 2 500 emplois par an qui n’ont pas été
créés, soit un total d’environ 9 000 emplois en moins.
Le CESC rappelle qu’il n’existe pas de revenu minimum ou de
solidarité en Polynésie française pour jouer le rôle d’amortisseur social. Or,
les pertes d’emplois peuvent avoir des conséquences dramatiques sur les
situations de précarité ou de pauvreté de certaines familles. En France
métropolitaine, les prestations d’assurance chômage représentent 0,5 % du
PIB national, ce qui correspond en Polynésie française à une enveloppe de 2,7
milliards de F CFP.
Le CESC préconise, au titre de la loi 86-845 du 17 juillet 1986, la mise
en place d’un régime d’indemnisation et de protection des personnes ayant
perdu involontairement leur emploi.
7-5 RENFORCER LES SYSTEMES DE CONTROLE ET D’EVALUATION DE LA
PROTECTION SOCIALE GENERALISEE:
A - Renforcer les mesures de contrôle
De nouvelles orientations et des mesures sont nécessaires pour
renforcer l’ensemble des dispositifs de contrôle du système de protection
sociale et corriger les déficiences constatées.
Le CESC préconise que des contrôles soient renforcés dans les
domaines suivants :
- Les déclarations et les justifications de revenus des ressortissants,
en particulier pour l’accès au RSPF.
A ce titre, le CESC recommande de développer la coopération et la
coordination entre les services de santé et des affaires sociales, les
services fiscaux et administratifs du Pays (Contributions), de l’Etat
Page 77
(Trésor) et la CPS pour échanger réciproquement les informations et
fiabiliser les renseignements.
Les admissions provisoires au RSPF devraient être accordées
seulement après contrôle et justifications a priori de la Direction des
affaires sociales.
- Fiabiliser les informations sur l’activité et les secteurs de
l’agriculture et de la pêche au regard de la PSG. La situation de leurs
ressortissants doit être clarifiée afin de trouver le système de
couverture sociale le mieux adapté aux spécificités de leurs secteurs
d’activité
- Les conditions et modalités de prises en charge des évacuations
sanitaires (Evasans) doivent être rationalisées et encadrées (voir page
67-68).
- Renforcer les contrôles « a priori » des évacuations sanitaires inter-
îles sur la base d’un seuil d’alerte (nombre d’Evasans/ an/ nombre de
patients). Cette mesure doit permettre de réaliser une économie de 50
millions de F CFP. Elle ne doit pas déprécier la qualité des prestations.
- Concernant les services d’assistance internationaux (ex : Europe
Assistance Océanie), le CESC recommande que les conditions et règles
de passation de marchés avec la CPS soient transparentes, mieux
encadrées et contrôlées. Des mesures de pénalités doivent être
prévues lorsque les prestataires ne respectent pas le cahier des
charges défini. Des administrateurs des régimes et des professionnels
de santé doivent participer aux commissions d’établissement et de
dépouillement des appels d’offres.
- Le renforcement du suivi médical et l’encadrement du parcours de
soins des patients (dossier médical partagé) doit permettre de limiter
la multiplication injustifiée des actes médicaux (ex: radiologie), les
comportements consuméristes et abusifs telles que les multiplications
de visites médicales et consommations inconsidérées de médicaments,
ainsi que les fraudes en matière d’arrêts maladies du lundi et du
vendredi.
Page 78
- Le plan du contrôle médical des arrêts maladies doit être redéfini sur
la base d’un partenariat renforcé entre employeurs, CPS et médecins
afin de mieux cibler les fraudeurs (contrôle administratif et médical.)
Les adresses renseignées par les patients doivent être impérativement
respectées et mises à jour par les médecins référents.
Ces mesures doivent permettre de réaliser une économie de 400
millions de F CFP1.
- Les pratiques et conduites abusives et caractérisées de certains
professionnels du secteur de la santé méritent d’être sanctionnées.
Afin de ne pas laisser se développer indéfiniment le sentiment
d’impunité, les déviances, les abus et les négligences constatés doivent
être suivis de sanctions effectives telles que le remboursement des
prestations frauduleuses et le « déconventionnement ».
- La bonne utilisation des subventions accordées aux associations
œuvrant dans le domaine de la santé (Ex : APURAD) et de la solidarité
est mise en doute. Le CESC préconise la mise en place de règles de
gestion plus orthodoxes (bilans annuels obligatoires), de contrôle plus
stricts et d’audits réguliers sur l’utilisation des fonds importants
accordés.
L’exigence d’un contrôle renforcé implique un meilleur dialogue et une
plus grande transparence entre tous les acteurs concernés. La notion
du médecin référent et la mise en place de la feuille électronique
prennent ici toute leur signification.
B – Mettre en place un système d’évaluation performant
La définition et la mise en œuvre d’un système d’évaluation efficace
sont indispensables pour mesurer et apprécier l’impact des réformes sur la
PSG.
1 Estimations tirées d’un document Commission santé élargie (CPS)
Page 79
Une évaluation et un suivi régulier doivent en effet permettre
d’apprécier la capacité du système de protection sociale à atteindre les
objectifs assignés, en particulier en matière de maîtrise des dépenses de
santé.
La pertinence des décisions prises est appréciée à la lumière des
résultats évalués. Ce système doit permettre de responsabiliser les décideurs
et acteurs concernés.
A la lumière des conclusions tirées par le dispositif d’évaluation, des
adaptations et des mesures correctives sont apportées.
Le CESC préconise qu’une commission ou un organisme indépendant
soit chargé d’évaluer et d’apprécier la pertinence des orientations et des
mesures qui seront mises en œuvre dans le cadre de la réforme de la PSG et
de préconiser les mesures et actions correctives qui s’imposent.
7-6 LA RELANCE DE L’ECONOMIE : UN IMPACT SUR L’EMPLOI, LES RESSOURCES
ET LA VIABILITE DE LA PSG
La relance de l’activité économique constitue sans doute la clé qui
permettra de redonner du souffle à la PSG. Les revenus du travail constituent
la première ressource de la PSG.
Le CESC préconise de définir et mettre en œuvre rapidement un
programme de relance de l’investissement public et privé dont l’effet
multiplicateur favorisera le maintien et la création d’emplois. Le CESC
rappelle que le Pays est le principal pourvoyeur d’emplois à travers sa
politique de grands travaux et projets structurants.
La relance économique doit également se faire dans le cadre d’une
véritable réforme de la fiscalité et dans la poursuite de la reconversion
économique souhaitée par le Pays.
Page 80
CONCLUSION
La Protection sociale généralisée (PSG) en Polynésie française
participe d’un principe fondamental et précieux de solidarité entre les bien
portants, les personnes malades et les plus démunis. Elle vise à consolider les
liens entre les générations et favorise le maintien de la cohésion sociale dans
une société multiculturelle.
Plus de 15 années après son instauration, la PSG est confrontée au
problème de la non-maîtrise de l’évolution des dépenses sociales et de santé.
Ses difficultés liées aux contraintes insulaires et inhérentes aux évolutions
démographiques sont aggravées par l’acuité d’une crise économique durable
et 6 années d’instabilité politique délétère. Dans un contexte de forte
croissance démographique, la nécessité de créer des emplois se pose
inéluctablement et le développement du chômage menace la cohésion sociale
et diminue les chances d’un développement réussi.
Les dépenses consacrées à la protection sociale représentent 20 % du
PIB, soit plus de 100 milliards de F CFP, financées à 78% par le monde du
travail. Son système recouvre un nombre important d’acteurs et d’organismes
dans le domaine de la santé et de la solidarité. Il mérite plus que jamais d’être
amélioré dans sa gouvernance, son organisation et son fonctionnement. Le
secteur de la santé apparaît « sinistré » et l’ensemble des organismes
nécessite une profonde réforme pour limiter l’hémorragie.
Il est vain de demander aux acteurs économiques de remplir le
tonneau des Danaïdes de la PSG si la précaution élémentaire d’en colmater les
innombrables brèches n’est pas prise.
Le ministère de la solidarité et de la santé doivent être unifiés, les
politiques de santé, de solidarité et de la famille doivent nécessairement être
mises en cohérence et mieux coordonnées. Les dispositifs existants doivent
être mieux articulés afin de limiter les gabegies « excessives », de favoriser
les complémentarités et de faire des économies indispensables.
Page 81
La coordination et la « transversalité » des actions doivent être
développées avec les autres ministères, en particulier avec le ministère de
l’économie (relance économique et création d’emplois) et le ministère de
l’éducation (prévention et éducation civique).
La non-maîtrise des dépenses sociales et sanitaires évoquée dans ce
rapport exige également une meilleure adéquation entre la nature, l’étendue
des prestations offertes par la PSG et les modes de financement.
Il est important de mettre en place un système d’information digne de
ce nom avec des remontées régulières (mensuelles et trimestrielles) de
tableaux de bord indispensables aux suivis des objectifs définis pour que la
PSG atteigne le niveau de soins que la collectivité s’est donné avec un effort
de financement bien arrêté. La diffusion de ces informations doit toucher par
voie de presse l’ensemble de la collectivité. Ainsi, les responsables de la PSG
pourront réagir rapidement à toutes dérives ou insuffisances.
De plus, la réussite de la réforme de la PSG ne doit pas souffrir
d’interventions politiciennes irresponsables qui sont sources le plus souvent
de déviances et à terme de nouveaux déficits.
La relance de l’activité économique et l’amélioration de la situation de
l’emploi est une condition nécessaire pour assurer la pérennité de la PSG. Elle
doit s’intégrer dans le cadre d’une réforme structurelle de l’économie et de la
fiscalité en Polynésie française. Le modèle de développement économique a
montré ses limites, les objectifs visés en termes de ressources propres, de
productivité et d’autonomie sont loin d’être atteints.
L’Etat doit être un partenaire économique privilégié de la Polynésie
française pour impulser dans une volonté commune une relance économique
durable en Polynésie française. Il est important de rappeler que les maladies
radio-induites reconnues par l’Etat ont occasionné des dépenses
conséquentes sur la branche « maladie » estimées à plus de 24 milliards de F
CFP entre 1992 et juillet 2009. Elles devront faire l’objet d’un
remboursement de la part de l’Etat français au nom de la reconnaissance du
Page 82
fait nucléaire et de solidarité nationale pour qu’une page douloureuse de
l’histoire de notre pays puisse enfin être prise en considération.
Le défi consiste également à concilier les attraits d’une société
moderne avec la préservation de modes de vie traditionnels et la recherche
d’une société plus équitable. Pour ce faire la Polynésie doit choisir les voies
de développement les plus en harmonie avec ses valeurs propres.
Notre Polynésie possède des atouts considérables autant par la
jeunesse de sa population que par ses ressources naturelles, ses paysages
exceptionnels et son environnement. Sachons dans un élan de courage
dépasser nos divergences pour relancer une économie durable basée sur le
partage équitable de nos richesses et soutenir à long terme la viabilité de la
PSG.
Page 83
SYNTHESE DES RECOMMANDATIONS
SUR LA REFORME
DE LA PROTECTION SOCIALE GENERALISEE
EN POLYNESIE FRANÇAISE . »
I‐ JUGULER LA DERIVE DES DEPENSES DE SANTE ET MAITRISER LEUR EVOLUTION
RENFORCER LES ACTIONS DE PREVENTION POUR SOULAGER
L’OFFRE DE SOINS CURATIFS
Actions immédiates
1. Contrôler, surveiller et interdire la vente de certains produits
alimentaires dans les établissements scolaires et leur
périphérie : suppression des distributeurs automatiques de
limonades, limiter les points de vente de casse-croûte gras,
…)
2. Améliorer les déjeuners et les goûters servis dans les
établissements scolaires (cantines, snacks, cafétérias, etc.)
afin de proposer et promouvoir une alimentation plus saine et
équilibrée
3. Affecter la totalité de la fiscalité sur les consommations de
produits alimentaires pouvant être nuisibles, sur le budget de
la PSG pour financer notamment les programmes de
prévention (ex : augmenter les taxes sur l’alcool, le tabac, les
boissons sucrées, la mayonnaise …)
4. Développer la prévention primaire et les campagnes
d’éducation nutritionnelle dans les établissements scolaires et
les lieux publics (ex : sur la consommation abusive de sucre,
l’alimentation trop calorique (roulottes), le manque d’exercice
physique, le phénomène de sédentarisation, la valorisation du
sport, les risques de pathologies)
5. Améliorer et étoffer la liste des Produits de Première
Nécessité (PPN) par des produits plus sains (fruits, légumes,
poisson,…) pour favoriser un meilleur équilibre alimentaire,
puis agir sur les prix des autres produits alimentaires afin que
le plus grand nombre accède à une meilleure alimentation
Page 84
6. Renforcer les actions de prévention routière pour diminuer les
accidents de la route. La présence des forces de l’ordre sur le
terrain est déterminante dans la baisse de l’alcoolémie et de la
toxicomanie au volant
Actions urgentes
7. Développer les campagnes de dépistage (diabète, cancers et
autres maladies)
8. Mettre en place un système d’incitation aux soins préventifs et
des bonus pour les assurés qui acceptent de se soumettre à
certains types de contrôles préventifs, dépistages et
formations
Actions à moyen et long termes
9. Renforcer et développer les actions de prévention en
concentrant les efforts et les moyens sur les pathologies
lourdes et onéreuses: l’obésité, le diabète, les maladies
cardio-vasculaires, qui nécessitent les traitements curatifs
coûteux
10. Mobiliser les acteurs de la prévention dans des programmes à
long terme afin de développer une véritable culture de la
prévention et le travail en coopération (institutions,
établissements scolaires, université, professionnels de santé,
pharmacies,…)
11. Aménager davantage de lieux et de structures réservés aux
activités physiques et à la détente pour la population (parcours
de santé, parcours du cœur, aires de détentes, parcours
physiques et sportifs, ...)
12. Prolonger les programmes d’hygiène dentaire. Les
programmes de préventions de l’hygiène dentaire n’existent
pas actuellement entre 12 et 16 ans (fin de la scolarité
obligatoire)
INFORMER, EDUQUER ET RESPONSABILISER LA POPULATION
ET LES PATIENTS
Actions urgentes
13. Améliorer et renforcer l’information et l’éducation de la
population sur les comportements à risques, sur le rôle de
l’alimentation, les règles d’hygiène, les habitudes de vie, pour
Page 85
une plus grande implication de la population dans le maintien
et la gestion de son capital santé
14. Développer le conseil médical et l’utilisation des outils
d’information et de communication pour l’automédication et le
traitement de maladies bénignes (Forums de discussion sur
internet, sites spécialisés, etc)
Actions à moyen et long termes
15. Sensibiliser la population sur le coût que représente la santé
pour la collectivité (52 milliards en 2009). Une éducation
civique de la population sur le coût collectif engendré par des
comportements de consommation abusifs de soins et
médicaments (utilisations abusives des anxiogènes, anti-
stress, ordonnances de complaisance) permettrait une prise de
conscience des enjeux de santé publique et de responsabiliser
la population.
AMELIORER LA POLITIQUE DU MEDICAMENT
Actions immédiates
16. Supprimer la fiscalité sur les médicaments remboursés,
moduler et contrôler les marges commerciales, réviser le
cadre réglementaire de formation du prix du médicament en
Polynésie française.
Ex : supprimer la TVA de 5% sur les médicaments
remboursés
17. Arrêter l’avance faite par la CPS aux pharmacies. Cette
mesure permettra de réaliser une économie de 300 millions de
F CFP1 par an
18. Fixer des niveaux de prise en charge des médicaments
différenciés (taux de remboursement) en fonction du Service
médical rendu (SMR).
En ce qui concerne les médicaments de confort (ex : rhumes),
le principe est qu’ils ne doivent plus être remboursés par la
CPS.
Quel que soit le médicament acheté, il ne sera remboursé qu’à
prix du générique le moins cher. hauteur du
1 tiré d’un document Commission santé élargie, CPS
Page 86
La généralisation des prescriptions en génériques et l’obligation
de substitution par le pharmacien pourra générer une économie
de près de 800 millions de F CFP par an1
19. Favoriser les prescriptions et l’utilisation des médicaments
génériques moins coûteux.
Actions urgentes
20. Redéfinir et améliorer les principes et les conditions de prise
en charge des médicaments par la PSG en améliorant le
système de remboursement basé sur les notions de SMR et
ASMR pour le rendre plus efficace et moins onéreux (à égalité
d’ASMR il faut prendre le médicament le moins cher).
Ce système (SMR/ASMR) doit être mieux adapté aux
pathologies locales et aux besoins de la population.
Les médicaments relatifs à certaines pathologies en Polynésie
française méritent d’être remboursés (ex : filariose, gastro-
entérites,…)
21. Renforcer le suivi médical et responsabiliser les patients dans
le but de faire respecter les règles d’usage des médicaments
conformément aux prescriptions des médecins afin de ne pas
multiplier les consultations
22. Redéfinir la politique du médicament en remettant à jour les
études sur l’économie du médicament et sur le pilotage de
l’évolution des remboursements. La dernière analyse connue
sur l’économie sociale du médicament date de 1999 (Rapport
de monsieur Pierre BLANCHARD)
Actions a moyen et long termes
23. Favoriser la délivrance de médicaments adaptée à la durée des
traitements des maladies pour lutter contre le gaspillage et la
surconsommation. Les fabricants et pharmaciens doivent
adapter les conditionnements en fonction d’une utilisation
journalière, hebdomadaire, mensuelle, …
24. Favoriser les modes d’approvisionnements et d’achats groupés
de médicaments dans les secteurs public et privé pour générer
des économies d’échelles et des complémentarités (ex :
regroupement du CHPF et des hôpitaux périphériques,
pharmacies mutualistes initiées par la CPS)
Page 87
RECONNAITRE, PRESERVER, PROMOUVOIR ET ENCADRER LA
PHARMACOPEE LOCALE ET LA MEDECINE TRADITIONNELLE
Actions urgentes
25. Reconnaître les usages de la médecine traditionnelle et de la
pharmacopée locale
26. Favoriser la préservation des espèces végétales par la
création de parcs dans les différents archipels, dédiés à leur
culture (relancer l’arboretum de Ua Huka)
Actions a moyen et long termes
27. Une structure adéquate doit avoir pour mission de recenser,
identifier, mesurer et codifier les pratiques de la médecine
traditionnelle
OPTIMISER L’ORGANISATION GLOBALE DE L’OFFRE DE
SANTE
Actions immédiates
28. Eviter les redondances d’examens de laboratoire et
rationaliser les demandes effectuées. Cette mesure doit
permettre de réaliser une économie de l’ordre de 100 millions
de F CFP1 par an
29. Instaurer le principe du médecin référent pour mieux encadrer
le parcours de soins des patients et développer une plus
grande confiance dans les relations entre le médecin et son
patient
30. Remettre en place le pôle de médecins et personnels
paramédicaux itinérants et créer le statut d’itinérant. Les
structures d’accueil de ces personnels doivent être
réhabilitées et remises en état
31. S’agissant des professionnels et personnels de santé, revoir
impérativement les fondamentaux de la gestion des emplois et
des effectifs. Procéder ensuite à une évaluation régulière des
compétences et une analyse prospective des besoins en
sonnels médical et paramédical. La gestion optimisée des per
1 tiré d’un document Commission santé élargie, CPS
Page 88
formations et des compétences est essentielle pour gagner en
efficacité et en qualité de soins
Les statuts du personnel actuellement nombreux et hétérogènes
ne doivent plus constituer une entrave pour coordonner les
actions entre le CHPF et les hôpitaux périphériques
32. Améliorer l’organisation du système de santé en favorisant la
coopération, la coordination et la complémentarité
33. Coordonner et mettre en cohérence la politique de la solidarité
et de la famille du Pays. Développer les « transversalités »
entre les services de santé et les services sociaux
Actions urgentes
34. Maîtriser la répartition de la couverture de soins entre les
secteurs privé et public : en contrôlant les autorisations
thérapeutiques, en développant les concertations entre
professionnels, en précisant les périmètres d’intervention de
chacun, en organisant des groupes de réflexion, des colloques,
des séminaires et des réunions de travail thématiques et de
coordination entre professionnels dans un souci d’optimisation
des moyens
35. Favoriser la reconnaissance du schéma d’organisation
sanitaire (SOS) et renforcer son utilisation.
Le SOS doit davantage participer à une meilleure appréhension
de l’impact financier des décisions de réorganisation de l’offre
de santé.
36. Le bilan d’application de la politique de santé et du schéma
d’organisation sanitaire doit être mieux connu des décideurs et
mieux intégré dans les processus de décision de la PSG
37. Développer des synergies et des complémentarités dans le
domaine de la médecine ambulatoire et dans celui de la
médecine hospitalière (ex : harmonisation des plateaux
techniques, normes et protocoles de soins en commun,
échanges de données et d’informations sur les activités
médicales, gestion des ressources humaines plus souple,
compatibilité des systèmes informatiques,…)
38. Mutualiser les ressources en mettant en commun certains
équipements, outils logistiques et de maintenance (ex :
politique de déchets hospitaliers)
39. Mettre en place un réseau santé informatisé pour limiter le
cloisonnement des structures. Lever les barrières
administratives, réglementaires et techniques entre les
institutions et les services, notamment entre le Pays et les
Page 89
communes, afin de rendre opérationnelle la compatibilité entre
les différents systèmes d’information et de communication.
40. Mettre en place le dossier médical partagé informatisé, pour
mieux encadrer le parcours de soins des patients,
responsabiliser les patients, réduire les redondances des
prestations et prescriptions médicales, favoriser une meilleure
coordination dans la prise en charge des patients entre les
différents professionnels de santé (publics et privés)
41. Mettre en place la feuille de soins électronique qui permettra
de faire des gains de productivité et des économies sur les
frais de gestion de la CPS à moyen terme et à long terme. Elle
favorisera une meilleure connaissance des engagements
financiers de la CPS et une visibilité en temps réel sur les
activités médicales. Elle facilitera également les contrôles des
déviances et favorisera la responsabilisation des
professionnels de santé
AMELIORER LE PILOTAGE ET RENFORCER LA GOUVERNANCE
DU SYSTEME DE SANTE ET DE PROTECTION SOCIALE
Actions immédiates
42. Unifier le ministère de la santé et le ministère de la solidarité
en charge de la protection sociale en un ministère unique pour
permettre la définition et la mise en œuvre d’orientations
stratégiques cohérentes et efficaces
43. Laisser les conseils d’administration (CA) des régimes de la
PSG souverains pour délibérer librement sur les affaires qui
concernent leur régime respectif conformément à la
réglementation. Le gouvernement de la Polynésie française ne
doit pas interférer sur les délibérations des conseils
d’administrations des régimes et notamment celles qui
concernent l’adoption des budgets
44. Supprimer la possibilité de cumuler les mandats de président
du conseil d’administration d’un régime de la PSG avec ceux
des organismes publics ou para-publics
Page 90
Actions urgentes
45. Les politiques de santé, de solidarité et de la famille doivent
nécessairement être mises en cohérence et mieux
coordonnées (pour faciliter le pilotage)
46. Associer les partenaires sociaux, les professionnels de la
santé et du secteur social, les ressortissants aux décisions et
aux réformes prévues dans le domaine de la santé et de la vie
sociale dans un souci de cohérence, de plus grande
transparence et dans un esprit d’ouverture.
47. Définir et mettre en place les comptes de la santé en Polynésie
française. Leur élaboration doit s’inscrire dans une volonté de
mettre en perspective la restructuration du système de
financement de la santé pour une meilleure utilisation des
ressources. Cet outil doit intégrer la dimension de planification
économique qui fait défaut dans les instruments existants.
48. Développer davantage la capacité de pilotage du système de
santé. La DS ne doit pas être à la fois juge et partie, elle ne
doit pas cumuler à la fois activités de prestation de soins
(gestion des hôpitaux périphériques), de pilotage et
d’évaluation de la politique de santé
Actions à moyen et long termes
49. Instaurer un débat général annuel à l’assemblée de Polynésie
française concernant l’évolution de l’état sanitaire et la
maîtrise de l’évolution des dépenses de santé. Le sujet de la
réforme de la PSG n’a pas été suffisamment approfondi au
moment des Etats généraux
50. Refondre les textes obsolètes qui régissent la gouvernance
paritaire et alternée de la CPS pour parvenir à un meilleur
dialogue social et une meilleure stabilité de l’organisme.
51. Mettre en place un véritable observatoire de la santé en
Polynésie française afin d’obtenir les indicateurs clés
52. Créer une instance indépendante chargée de donner son avis
et son expertise sur les grandes questions stratégiques en
matière de santé et de protection sociale. Cet organisme
pourrait développer des relations avec l’Organisation mondiale
de la santé (OMS) et la Haute autorité de santé (HAS) nationale
53. Mettre en place un Code de la santé polynésien qui s’articule
de façon cohérente avec un code de l’action sociale et de la
famille
Page 91
II ANTICIPER ET MIEUX INTEGRER LA DYNAMIQUE DE VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION
PREVOIR L’ACCUEIL ET LA PRISE EN CHARGE DES
PERSONNES AGEES
Actions immédiates
54. Le Centre d’accueil des personnes âgées (CAPA) doit
améliorer ses conditions d’accueil pour répondre à un minimum
de règles en matière d’hygiène et de confort
55. Ouvrir un véritable débat et une réflexion sur le sujet de
l’accompagnement et la prise en charge des personnes âgées,
en particulier en perte d’autonomie ou en situation de
dépendance
Actions urgentes
56. Organiser et coordonner les dispositifs existants de maintien à
domicile ou de placement en familles d’accueil
57. Faire un état des lieux sur la situation sociale et sanitaire des
personnes âgées dans le cadre d’une large consultation des
acteurs concernés. L’état des lieux doit permettre de définir
et mettre en œuvre une stratégie et un programme d’actions à
venir
58. Prévoir dans une réglementation les conditions d’exploitation
et de mises aux normes de sécurité et d’hygiène des
structures d’accueil pour personnes âgées et maisons de
retraites médicalisées ou non, avant tout projet de construction
59. Prévoir la mise en place de structures médicalisées
spécialisées pour l’accueil des personnes âgées et utiliser les
logements militaires situés près de l’état major du
commandement supérieur des forces armées situés à Taaone
pour ces structures
Actions a moyen et long termes
60. Employer les terrains de la CPS situés à Puunui pour la
construction de maisons de retraite
61. Préserver autant que possible le mode de vie communautaire
en Polynésie française favorisant les solidarités familiales et
traditionnelles
Page 92
MODIFIER ET ADAPTER LES PARAMETRES DU SYSTEME DE
RETRAITE
Actions immédiates
62. Elargir l’horizon de viabilité des régimes de retraites. Réviser
les conditions et modalités de départ à la retraite et retraite
anticipée
63. Ramener les allocations complémentaires de retraite du RGS à
la charge du Pays. Ces dépenses relèvent de la solidarité et
doivent être prises en charge par le Pays dans le cadre de sa
politique de solidarité.
Le différentiel entre la pension de retraite d’un salarié et le
minimum vieillesse doit être pris en charge par le Pays
Sur la base de ces principes, le CESC recommande que les
pouvoirs publics, les partenaires sociaux et les acteurs socio-
économiques concernés déterminent conjointement les
modalités de ces modifications dans le cadre de concertations
globales.
III RATIONALISER ET REFORMER LES MODES DE FINANCEMENT DE LA PSG
Actions immédiates
64. Alléger la part relative des cotisations sur les revenus du
travail qui pèsent sur le coût du travail et sur la création
d’emplois. Elargir l’assiette des prélèvements obligatoires en
favorisant la fiscalité pour le financement des dépenses
sociales
65. Les dépenses hospitalières doivent êtres financées par le Pays
(risque hospitalier)
Actions urgentes
66. Remettre à plat le financement des dépenses hospitalières dont
les modalités doivent faire l’objet de textes réglementaires
conformément aux recommandations de la Cour des comptes.
Dans la perspective d’ouverture du nouvel hôpital, les
périmètres et modalités de financement des prestations
rendues devront être clarifiés et définis en conformité avec la
réglementation (Dotation globale / hors dotation globale)
Page 93
67. Intégrer la réforme du financement de la PSG dans le cadre
plus général d’une réforme en profondeur de la fiscalité en
Polynésie française
68. Mieux distinguer les logiques d’assurance et d’assistance dans
le financement des différents régimes de la PSG
Clarifier ces deux principes dans la répartition du poids des
dépenses entre les régimes. Cette distinction est essentielle si
l’on veut pouvoir redéfinir les modes de financement en
connaissance de cause et adapter les modes de gouvernance
DIVERSIFIER ET PERENNISER LES SOURCES DE
FINANCEMENT
Actions immédiates
69. Rationaliser et pérenniser les recettes actuellement affectées
aux régimes de la PSG. Une « loi du pays » doit établir
l’affectation définitive des recettes fiscales à la PSG dans un
cadre unique et cohérent
70. Fixer la participation du Pays au RSPF dans le cadre d’une
« loi du pays » afin de garantir la pérennité de la subvention du
Pays et l’équilibre de ce régime
71. Reconduire la participation de l’Etat au RSPF au titre de la
solidarité nationale. Le CESC souligne que le financement des
dépenses sanitaires et sociales doit être envisagé par d’autres
sources que la DGA (dotation globale d’autonomie) qui doit
être consacrée plus particulièrement aux investissements.
Actions urgentes
72. Pour assumer sa responsabilité, l’Etat doit assurer le
remboursement de la dette due à la prise en charge par la CPS
des 18 maladies radio-induites reconnues par la loi « Morin ».
Elle est évaluée à ce jour à 24,031 milliards de F CFP. Les
conditions et modalités de prises en charge doivent être
déterminées conjointement avec l’Etat, le Pays et les
partenaires sociaux
Page 94
IV MODIFIER LES CONDITIONS ET PARAMETRES DE PRISE EN CHARGE DES RISQUES SANITAIRES ET SOCIAUX
REDEFINIR LES CONDITIONS ET PARAMETRES DE PRISE EN
CHARGE ET DE REMBOURSEMENT DU RISQUE « MALADIE »
Actions immediates
73. Redéfinir les conditions et les taux de prise en charge des
différentes prestations de soins et des médicaments en
s’appuyant sur une logique « petits risques / grands risques »,
les grands risques (hospitalisations) devant être pris en charge
par le Pays
74. La prise en charge des pathologies légères et des
médicaments doit être échelonnée sur différents taux (voir
n°18 et 19)
75. Mettre en place un système de « paniers de soins » pour les
dépenses en longues maladies permettant de limiter les
consommations inconsidérées de certaines prestations
médicales et de médicaments. Le panier de soins fixe une
quantité prédéfinie de prestations et médicaments à ne pas
dépasser en fonction des types de pathologies. Les
consommations supplémentaires sont à la charge du patient
(ticket modérateur)
76. Instaurer une participation financière de 1000 F CFP par
évacuation pour toutes les personnes évasanées. Cette mesure
doit permettre de réaliser une économie de 25 millions de F
CFP1 par an
77. Introduire une cotisation à titre symbolique et pédagogique
pour la population qui ne cotise pas et qui relève de la
solidarité
78. Mettre en place un dispositif de consultations médicales
gratuites pour les plus défavorisés, fondé sur le principe de
volontariat des médecins
79. La participation de l’Etat doit être sollicitée sur la base d’un
projet de solidarité dans le cadre du Plan national contre le
cancer. Le soutien attendu est de l’ordre de 400 millions de F
CFP1
Page 95
Actions urgentes
80. L’impact de l’ouverture de nouveaux services de radiothérapie
et de chimiothérapie (hôpital du Taaone) sur la réduction du
nombre d’évacuations sanitaires vers la France et la Nouvelle-
Zélande reste encore méconnu et doit impérativement être
évalué et apprécié afin de reconsidérer la politique des
évacuations sanitaires
81. Réformer le dispositif d’attribution des indemnités forfaitaires
aux malades évasanés et aux accompagnateurs agréés (IFA)
selon un système dégressif. Cette mesure doit permettre de
réaliser une économie de 60 millions de F CFP1
82. Redéfinir les modalités de remboursement des soins et des
médicaments : conserver le tiers-payant ou instaurer le
remboursement pour certaines prestations et médicaments
83. Mieux encadrer les conditions de remboursement des
dépenses d’appareillage (ex : fauteuils roulants, ceintures,
genouillères, lits médicalisés…). Les conditions de fixation, de
détermination et de contrôle des prix de vente doivent être
redéfinies et les prix revus à la baisse. Le coefficient
multiplicateur de 2,7 applicable en Polynésie française sur le
prix de l’appareillage doit être reconsidéré dans les
conventions signées par la CPS.
Il faut limiter le nombre de prescriptions médicales pour les
achats abusifs ou les remplacements inconsidérés de
matériels et appareillages.
Les économies réalisables sont de l’ordre de 300 millions de F
CFP1 par an.
84. Actualiser le codage des actes médicaux de la Nomenclature
générale des actes professionnels (NGAP) et les tarifer sur la
base d’un coefficient géographique appliqué à la Classification
commune des actes médicaux (CCAM). Cette mesure doit
permettre de réaliser une économie de l’ordre de 300 millions
de F CFP1.
85. Apprécier de manière juste et sincère le coût réel des maladies
dues aux activités professionnelles. Imputer les dépenses
correspondantes sur la branche « accident du travail-maladies
fessionnelles » (AT-MP) et non sur la branche « assurance pro
1
tiré d’un document Commission santé élargie, CPS
Page 96
maladie ». Les périmètres de prise en charge respectifs de ces
deux branches doivent être séparés et clairement définis.
Remettre en place des taux de cotisation différenciés en
fonction des secteurs d’activité professionnels au titre des
accidents du travail. Les taux ne doivent plus être identiques
entre tous les secteurs et doivent être relevés dans certains
secteurs en fonction du taux d’accidentologie, tout en
maintenant le dispositif de bonus/malus.
Cette mesure doit permettre de réaliser une recette
supplémentaire de l’ordre de 300 millions de F CFP1
Actions à moyen et long termes
86. Exclure les frais de transport du coût des soins pris en charge
par l’assurance maladie au titre des évacuations sanitaires
internationales. Ces dépenses liées exclusivement au transport
doivent être prises en charge dans le cadre de dispositifs
autres que celui réservé aux malades. La notion de continuité
territoriale et nationale prend ici toute sa signification (sans
que cela nuise aux déplacements des étudiants)
Cette mesure doit permettre de réaliser une économie d’au
moins 400 millions de F CFP par an1.
87. S’agissant des évacuations sanitaires internationales, établir
une liste d’établissements agréés limitée pour l’accueil des
patients évacués opposable aux praticiens. Des protocoles de
soins doivent être respectés, les durées de séjours abusives
doivent être diminuées.
Ces mesures doivent permettre de réaliser une économie de
l’ordre de 70 millions de F CFP1 par an. La qualité des soins
pour les patients ne doit pas être amoindrie par ces mesures.
88. Différencier les arrêts maladies de courte, moyenne et longue
durée, en adaptant des conditions et modalités de
remboursement
89. Améliorer la détection de maladies professionnelles et le suivi
médical des travailleurs. Les médecins jouent un rôle essentiel
s la détection et la reconnaissance de ces maladies. dan
tiré d’un document Commission santé élargie, CPS 1
Page 97
Les procédures et les modalités de reconnaissance des maladies
professionnelles auprès de la CPS doivent être facilitées pour
les médecins et les salariés. Les formalités administratives
doivent être simplifiées et vulgarisées.
ENCADRER ET MAITRISER L’ENDETTEMENT DE LA
BRANCHE « MALADIE »
Actions immédiates
90. Rétablir l’équilibre budgétaire de la branche maladie de
l’exercice 2011 et assainir la situation financière dans les plus
brefs délais pour qu’elle ne rentre pas dans une ère de déficit
permanent
91. Prévoir le transfert de la dette dans une caisse
d’amortissement. Dans ce cas, l’amortissement ou le
remboursement de la dette sociale nécessite une participation
totale ou partielle du Pays afin de ne pas accroître
indéfiniment la durée de remboursement
Actions urgentes
92. Le fonds de réserves des retraites destiné à garantir le régime
de retraite doit être reconstitué pour atteindre le niveau de
réserves réglementaires (cinq fois la moyenne annuelle des
dépenses constatées au cours des trois derniers exercices)
METTRE EN PLACE UN REGIME D’INDEMNISATION ET DE
PROTECTION DES PERSONNES AYANT PERDU
INVOLONTAIREMENT LEUR EMPLOI
Action urgente
93. Au titre de la loi 86-845 du 17 juillet 1986, mettre en place un
régime d’indemnisation et de protection des personnes ayant
perdu involontairement leur emploi
Page 98
V RENFORCER LES SYSTEMES DE CONTROLE ET D’EVALUATION DE LA PSG :
RENFORCER LES MESURES DE CONTROLE
Actions immédiates
94. Encadrer et contrôler les conditions et règles de passation de
marchés entre la CPS et les services d’assistance
internationaux (ex : Europe Assistance Océanie). Des mesures
de pénalités doivent être prévues lorsque les prestataires ne
respectent pas le cahier des charges défini. Des
administrateurs des régimes et des professionnels de santé
doivent participer aux commissions d’établissement et de
dépouillement des appels d’offres.
95. Sanctionner les pratiques et conduites abusives et
caractérisées de certains professionnels du secteur de la
santé. Afin de ne pas laisser se développer indéfiniment le
sentiment d’impunité, les déviances, les abus et les
négligences constatés doivent être suivis de sanctions
effectives telles que le « déconventionnement »
96. Renforcer le suivi médical et l’encadrement du parcours de
soins des patients (dossier médical partagé) pour permettre de
limiter la multiplication injustifiée des actes médicaux (ex :
radiologie), les comportements consuméristes et abusifs tels
que les multiplications de visites médicales et consommations
inconsidérées de médicaments, ainsi que les fraudes en
matière d’arrêts maladies du lundi et du vendredi
Actions urgentes
97. Renforcer les contrôles de déclarations et les justifications de
revenus des ressortissants, en particulier pour l’accès au
RSPF.
A ce titre, le CESC recommande de développer la coopération
et la coordination entre les services de santé et des affaires
sociales, les services fiscaux et administratifs du Pays
(Contributions), de l’Etat (Trésor) et la CPS pour échanger
réciproquement les informations et fiabiliser les
renseignements.
Les admissions provisoires au RSPF devraient être accordées
seulement après contrôles et justifications a priori de la
Direction des affaires sociales
Page 99
98. Améliorer la connaissance du coût des soins des personnes
évasanées pour le comparer avec le coût des soins qui peuvent
être dispensés sur place afin de renforcer le dispositif et
notamment les consultations de spécialistes du CHPF dans les
îles
99. S’agissant des évacuations sanitaires internationales, les
conditions et modalités de prise en charge par la PSG doivent
être rationalisées et contrôlées (voir préconisations 78 à 81)
100. Renforcer le contrôle « a priori » des évacuations sanitaires
inter-îles sur la base d’un seuil d’alerte (nombre
d’Evasans/an/nombre de patients). Cette mesure doit
permettre de réaliser une économie de 50 millions de F CFP1.
101. Redéfinir le plan du contrôle médical des arrêts maladies sur la
base d’un partenariat renforcé entre employeurs, CPS et
médecins afin de mieux cibler les fraudeurs tant sur un plan
administratif que médical. Cette mesure doit permettre de
réaliser une économie de l’ordre de 400 millions de F CFP1. Les adresses renseignées par les patients doivent être
impérativement respectées et mises à jour par les médecins
référents
Actions à moyen et long termes
102. La bonne utilisation des subventions accordées aux
associations œuvrant dans le domaine de la santé (Ex :
APURAD) et de la solidarité est mise en doute. Le CESC
préconise la mise en place de règles de gestion plus
orthodoxes, de contrôles plus stricts et d’audits réguliers sur
l’utilisation des fonds accordés
103. Fiabiliser les informations sur l’activité et les secteurs des
agriculteurs et des pêcheurs au regard de la PSG. La situation
de ces ressortissants doit être clarifiée afin de trouver le
système de couverture sociale le mieux adapté aux spécificités
de leur secteur d’activité
tiré d’un document Commission santé élargie, CPS 1
Page 100
METTRE EN PLACE UN SYSTEME D’EVALUATION
PERFORMANT
Action urgente
104. Apprécier la capacité du système de protection sociale à
atteindre les objectifs assignés, juger de la pertinence des
décisions prises et responsabiliser les décideurs et acteurs
concernés
Actions à moyen et long termes
105. Définir et mettre en œuvre un système d’évaluation efficace
pour mesurer et apprécier l’impact des réformes sur la PSG
106. Mettre en place une commission ou un organisme indépendant
chargé d’évaluer et d’apprécier la pertinence des orientations
et des mesures qui seront mises en œuvre dans le cadre de la
réforme de la PSG
Préconiser les mesures et actions correctives qui s’imposent à
la lumière des évaluations et résultats
VI LA RELANCE DE L’ECONOMIE : UN IMPACT SUR L’EMPLOI, LES RESSOURCES ET LA VIABILITE DE LA PSG
Actions immédiates
107. Alléger et simplifier les procédures administratives pour
accélérer la relance économique
108. Définir et mettre en œuvre rapidement un programme de
relance de l’investissement public et privé dont l’effet
multiplicateur favorisera le maintien et la création d’emplois :
logements sociaux, constructions scolaires, rénovations
Action urgente
109. Refondre la fiscalité locale en favorisant la relance et la
reconversion économiques
ANNEXES :
102
ANNEXE N°1 : Nombre de ressortissants par régime 19952008 Source : CPS
Régimes 1 995 1 996 1 997 1 998 1 999 2 000 2 001 2 002 2 003 2 004 2 005 2 006 2 007 2 008
RNS 7 538 8 309 10 636 12 105 13 331 14 424 14 574 15 209 16 158 16 413 16 153 15 943 15 449 15 815
RSS 14 211 17 324 20 495 21 859 23 651 20 882 22 884 23 663 24 441 24 894 25 198 25 517 25 767 26 630
RSPF 46 978 54 566 49 894 47 798 46 241 47 380 45 950 44 989 46 792 45 803 48 309 48 758 51 949 55 386
RGS 120 985 120 566 126 022 132 450 137 564 136 384 142 848 149 265 150 459 152 785 156 326 162 363 162 388 162 183
TOTAL 189 712 200 765 207 047 214 212 220 787 219 070 226 256 233 126 237 850 239 895 245 986 252 581 255 553 260 014
103
ANNEXE N°2 : Evolution des évacuations interîles en Polynésie française Source : CPS
636
MF
489
MF
763
MF
813
MF
780
MF
506
MF
526
MF
532
MF
864
MF
892
MF
1 05
2 M
F
1 09
4 M
F
1 20
2 M
F
8 146
12 35413 899
17 09319 051 18 776
20 786
23 170
25 48926 824
9 635
11 019
28 268
0
200
400
600
800
1 000
1 200
1 400
1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 20080
5 000
10 000
15 000
20 000
25 000
30 000
Coût en millions de FcfpN b d'é
Nb de dossiers
Coût
en
MF
104
ANNEXE N°3 : Evolution des évacuations sanitaires nationales et internationales Source : CPS
1 49
4 M
F
2 17
3 M
F
2 11
3 M
F
1 91
9 M
F
2 27
4 M
F
2 51
4 M
F
2 46
4 M
F
2 27
7 M
F
2 47
4 M
F
2 69
1 M
F
3 18
4 M
F
2 86
7 M
F
2 79
0 M
F
751791
929981 1006
766703 705 721
676 707617
675
0
500
1000
1500
2000
2500
3000
3500
1996 1997 1998 1999 2000 200 2002 2003 2004 2005 2006 2007 20080
200
400
600
800
1 000
1 200
1
Coût en millions de Fcfp
Nb de dossiers
Coût
105
ANNEXE N° 4 : Liste des maladies radio‐induites mentionnées à l'ae la loi n°2011‐2 du 5 janvier 2010 relative à la reconnaissance et à 'indemnisation des victimes des essais nucléaires français
rticle 1er dl
DESIGNATION DES MALADIES
Leucémies (sauf leucémie lymphoïde chronique car considérée comme non radio induite) Cancer du sein (chez la femme) Cancer du corps thyroïde pour une exposition pendant la période de croissance Cancer cutané sauf mélanome malin Cancer du poumon Cancer du côlon Cancer des glandes salivaires Cancer de l'œsophage Cancer de l'estomac Cancer du foie Cancer de la vessie Cancer de l'ovaire Cancer du cerveau et du système nerveux central Cancer des os et du tissu conjonctif Cancer de l'utérus Cancer de l'intestin grêle Cancer du rectum Cancer du rein
106
ANNEXE N° 4 Bis : Relevé du coût des prestations servies par la CPS (1er janvier 1992 au 1erjuillet 2009) (source : tableau tiré d'un document CPS)
Pathologies (tableau UNSCEAR)
Prestations assurance maladie Frais médicaux + Indemnités journalières
Intitulé code OMS nombre de ressortissants
Total des mandats maladie
Groupe 1 Leucémies sauf leucémie lymphoïde chronique Cancer du sein Tumeur maligne de la thyroïde Cancer cutané sauf mélanome malin Cancer du poumon Cancer du côlon
135
1 361 678 96
760 194
1 876 291 131
7 775 203 370 2 862 982 975
322 432 087
2 409 674 466 1 025 072 063
Total groupe 1 3 224 16 271 656 092
Groupe 2 Cancer des glandes salivaires Cancer de l'œsophage Cancer de l'estomac Cancer du foie Cancer de la vessie Cancer de l'ovaire Cancer du cerveau et système nerveux central Cancer des os et du tissu conjonctif Cancer de l'utérus Cancer de l'intestin grêle Cancer du rectum Cancer du rein
17 84 159 149 127 115 58 55 457 17 97 107
100 517 938 453 671 628 733 881 488 378 365 348 628 916 292 599 032 480
247 102 187
630 375 903 2 709 403 899 74 860 348 695 720 000 507 712 763
Total groupe 2 1442 7 759 560 274
Groupe 3 Myélome multiple Lymphomes non hodgikiniens
93 121
830 235 519 943 745 767
Total groupe 3 214 1 773 981 286
Total général 4 880 25 805 197 652
107
ANNEXE N°5 : Evolution de l’enveloppe de la pharmacie Source : CPS
5,0 Mds 5,1 Mds
5,9 Mds6,5 Mds
7,0 Mds
8,1 Mds7,5 Mds
29
33
3536 37
37 37
0,0
1,0
2,0
3,0
4,0
5,0
6,0
7,0
8,0
9,0
2003 2004 2005 2006 2007 2008 200928
30
32
34
36
38
40
42
44
46
Dépenses de pharmacies Nombre de pharmacies
DN
ombres
épen
ses
en m
illia
rds
de F
cp
108
ANNEXE N°6 : Montants des prestations du RSPF 1995/2009* (* données prévisionnelles) Source : CPS
0 MF
436 MF
1 358 MF
366 MF
2 611 MF
5 781 MF
1 002 MF
263 MF
754 MF
1 961 MF
3 925 MF
11 249 MF
1 272 MF
3 956 MF
0 MF 2 000 MF 4 000 MF 6 000 MF 8 000 MF 10 000 MF 12 000 MF
Versement au RPSMR
Gestion du régime
Prestations Familiales
Aides du FASS
Vieillesse
Handicap
Assurance-maladie
1995 2009
(dont 136 MF de subventions aux diverses institutions)
(dont 1328 MF de subventions aux diverses institutions)
Les dépenses du RSPF
109
Autosaisine adoptée en assemblée plénière le jeudi 17 décembre 2009 sur proposition du collège des salariés
Projet de rapport préparé par la commission « Santé et Société »
Réunions tenues les:
04, 05, 06, 11,12, 13, 18, 19, 20, 25, 27 janvier, 1er, 03 08, 09, 10,15, 16 février, 10, 17, 23, 24,29, 31 mars, 06, 07 avril, 17, 18, 19, 25, 26, 31 mai, 1er, 02, 07, 08, 09, 15, 21, 22, 28, 30
juin, 05, 06, 07, 08, 13, 19, 21, 22, 27,28, 29 juillet, 02, 05, 06 et 09 août 2010
MEMBRE DE DROIT
Madame RAOULX Raymonde, Présidente du CESC
BUREAU COMMISSION DE LA
TAMA Jean Président
enPERE Richard Vice‐Présid t
TIFFENAT Lucie Secrétaire
RAPPORTEUR
Monsieur GALENON Patrick
MEMBRES
ATIU Lydie
CARILLO
SO
Joël
CHAUS Y Joseph
DOOM John
FONG
N
Félix
aHAMBLI
Heiman
HELME Calixte
JAMET
Patrice
eKAMIA Hentiett
ieLAINE
Virgin
LE GAYIC
LUCIANI
Cyril
Pascal
110
MANUTAHI Karl
s MATAOA
George
OLDHAM
Roland
PALACZ
A
Daniel
ude PUTO Jean‐Cla
REY
Ethode
r
TAEATUA Edga
TAPETA
TAMARINO
Luc
TEFAAFANA‐
TUA
Iaera
TERORO Ronald
TUOHE Stéphanie
rançois WIART
YIENG KOW
Jean‐F
Diana
MEMBRES AYANT EGALEMENT PARTICIPE AUX TRAVAUX
AULT FREB Angélo
enNUI Clém t
PRATX‐SC
II
HOEN Alice
nuiTEMAR
TIRAO
Mahi
Aldo
111
SCRUTIN
Nombre de votants ........................ ……………33 Ont voté pour ................................. ……………30 A voté contre ................................. ……………01 Se sont abstenus ............................ ……………02
ONT VOTE POUR
Représentants des salariés
01 FREBAULT Angélo 02 GALENON Patrick 03 HELME Calixte 04 LEGAYIC Cyril 05 PRATX-SCHOEN Alice 06 TAEATUA Edgar 07 TEHAAMATAI Hanny 08 TERIINOHORAI Atonia 09 TIFFENAT Lucie 10 YIENG KOW Diana
Représentants des entrepreneurs et des travailleurs indépendants 11 AUNOA Miri 12 HAMBLIN Heimana 13 HAMBLIN-ELLACOTT Terainui 14 LAINE Virginie 15 MATAOA Georges 16 PALACZ Daniel 17 PERE Richard 18 PLEE Christophe 19 REY Ethode 20 TAMA Jean 21 TAPETA Luc 22 WIART Jean-François
Représentants de la vie collective
23 ADAMS Tony 24 ATIU Lydie 25 CARILLO Joël 26 DOOM John 27 KAMIA Henriette 28 RAOULX Raymonde 29 TAPATOA Marguerite 30 TEFAAFANA Iaera
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A VOTE CONTRE
Représentant de la vie collective 01 TIRAO Aldo
SE SONT ABSTENUS
Représentants des salariés 01 FONG Félix 02 YAN Tu
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LE CONSEIL ECONOMIQUE, SOCIAL ET CULTUREL
DE LA POLYNESIE FRANÇAISE REMERCIE TOUS LES INTERVENANTS POUR
LEUR CONTRIBUTION AAUUXX TTRRAAVVAAUUXX DDEE LLAA CCOOMMMMIISSSSIIOONN
Les intervenants sont nommément cités comme suit :
I. Au titre du Haut-Commissariat de la République en Polynésie française :
Madame Agnès JAGUENEAU, Directrice des Actions de l'Etat du Haut-Commissariat de la République en Polynésie française
II. Au titre du Ministère de la solidarité et de la famille, en charge de la réforme de la protection sociale généralisée et des personnes vulnérables :
Madame Iriti TEURA, Ministre de la solidarité et de la famille, en charge de la protection sociale généralisée et des personnes vulnérables
III. Au titre de la Direction des Affaires sociales (DAS):
Monsieur Paul TETAHIOTUPA, Directeur des Affaires sociales
Monsieur Richard BERTEIL, Directeur adjoint de la Direction des Affaires sociales
Madame Titaua BRILLANT, Secrétaire de la Direction des Affaires sociales
IV. Au titre de la Caisse de prévoyance sociale (CPS):
Monsieur Régis CHANG, Directeur de la Caisse de prévoyance sociale
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Monsieur Philippe SAMYN, Agent comptable de la Caisse de prévoyance sociale
Monsieur Yves LAUGROST, Président de la commission Retraite du régime général des salariés
Docteur Vincent DUPONT, Sous-directeur des Prestations de santé de la Caisse de prévoyance sociale
Monsieur Edwin FAARUIA, Chef du service de la Retraite de la Caisse de prévoyance sociale
V. Au titre d’ancienne ministre de la Solidarité, de l’habitat et de la famille
Madame Armelle MERCERON, Représentante à l'Assemblée de la Polynésie française
VI. Au titre du Ministère de la santé et de l’écologie, en charge de l'environnement et de la prévention des risques sanitaires
Monsieur Charles MARTY, Directeur de Cabinet du ministre de la santé et de l’écologie, en charge de l'environnement et de la prévention des risques sanitaires
VII. Au titre d’ancien ministre de la santé
Docteur Jacques RAYNAL, Médecin libéral
VIII. Au titre de la Direction de la santé :
Mme Sandrine LOT, Responsable de la pharmacie d'approvisionnement de la Direction de la Santé
Docteur Xavier MALATRE, Responsable du Département Planification et Organisation des Soins (DPOS)
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Mme Carole GOMBERT, Pharmacienne au Bureau de la Gestion du Risque et du Médicament (BGRM) du DPOS
IX. Au titre du Centre hospitalier de la Polynésie française (CHPF):
Monsieur Louis ROLLAND, Directeur du Centre hospitalier de la Polynésie française
Monsieur Philippe-Emmanuel DUPIRE, Chef de service de la pharmacie du CHPF
X. Au titre du Conseil de l'ordre des médecins en Polynésie française
Docteur Richard WONG FAT, Président du Conseil de l'ordre des médecins en Polynésie française
XI. Au titre du syndicat des praticiens hospitaliers de la Polynésie française (SPHPF) :
Monsieur Gilles SOUBIRAN, Président du syndicat des praticiens hospitaliers de la Polynésie française (SPHPF)
XII. Au titre du syndicat des médecins libéraux de Polynésie française :
Docteur Pierre FOLLIN, Président du syndicat des médecins libéraux de Polynésie française
XIII. Au titre du syndicat des pharmaciens de Polynésie française :
Monsieur Jean-Michel LE GUEN, Vice-président du syndicat des pharmaciens de Polynésie française
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Mme Karine LAILLE-YONG, Secrétaire du syndicat des pharmaciens de Polynésie française
XIV. Au titre du syndicat des pharmaciens des îles et de Tahiti :
Monsieur Milhau GUILHEM, Vice-Président du syndicat des pharmaciens des îles et de Tahiti
XV. Au titre du syndicat des dentistes libéraux de la Polynésie française :
Monsieur Bruno KRESSMAN, Président du syndicat des dentistes libéraux de la Polynésie française
XVI. Au titre du syndicat des infirmiers libéraux de la Polynésie française :
Monsieur Jérôme FERNANDEZ, Président du syndicat des infirmiers libéraux de la Polynésie française
XVII. Au titre du syndicat des masseurs kinésithérapeutes libéraux de la Polynésie française :
Monsieur Julien CALAMEL, Président du syndicat des masseurs kinésithérapeutes libéraux de la Polynésie française
XVIII. Au titre du syndicat des orthophonistes libéraux de la Polynésie française :
Madame Moana BESA PINCEMIN, Présidente du syndicat des orthophonistes libéraux de la Polynésie française
XIX. Au titre de l'Institut de la Statistique de la Polynésie française :
Monsieur Xavier MONCHOIS, Conseiller technique au sein de l'institut de la statistique de la Polynésie française