7/25/2019 Lvi Strauss Nambikwara
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Journal de la Socit desAmricanistes
La vie familiale et sociale des Indiens Nambikwara.Claude Lvi-Strauss
Citer ce document Cite this document :
Lvi-Strauss Claude. La vie familiale et sociale des Indiens Nambikwara.. In: Journal de la Socit des Amricanistes.
Tome 37, 1948. pp. 1-132.
doi : 10.3406/jsa.1948.2366
http://www.persee.fr/doc/jsa_0037-9174_1948_num_37_1_2366
Document gnr le 16/10/2015
http://www.persee.fr/collection/jsahttp://www.persee.fr/collection/jsahttp://www.persee.fr/doc/jsa_0037-9174_1948_num_37_1_2366http://www.persee.fr/author/auteur_jsa_224http://dx.doi.org/10.3406/jsa.1948.2366http://www.persee.fr/doc/jsa_0037-9174_1948_num_37_1_2366http://www.persee.fr/doc/jsa_0037-9174_1948_num_37_1_2366http://dx.doi.org/10.3406/jsa.1948.2366http://www.persee.fr/author/auteur_jsa_224http://www.persee.fr/doc/jsa_0037-9174_1948_num_37_1_2366http://www.persee.fr/collection/jsahttp://www.persee.fr/collection/jsahttp://www.persee.fr/7/25/2019 Lvi Strauss Nambikwara
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LA VIE FAMILIALE
ET
SOCIALE
DES INDIENS NAMBIKWARA.
Par
C.
LVI-STRAUSS.
(Planche I -VU.)
INTRODUCTION.
Le nom des
Nambikwara
apparat dans la littrature
ethnologique
ds
le
viii6 sicle ;
mais
il nous parat
inutile
de compiler ici
des
rfrences
qui
se
rduisent une citation plus ou
moins
dforme du
nom tribal, et
l indication approximative
du
territoire occup par le groupe.
En
fait, et
si
l'on
excepte
leur nom
qui
semble tre un sobriquet d'origine
Tupi(1), les
Nambikwara sont rests
pratiquement
inconnus jusqu'
l'poque de
leur dcouverte
officielle, en
1907,
par le gnral (alors
colonel)
Candidio Mariano da
Silva
Rondon. A
partir de
cette
date,
on est directement ou indirectement
redevable
la
Commission
Rondon
de
toutes les
informations
disponibles
sur
leur compte.
On
sait
qu'en 1907,
le colonel Rondon
reut
du Gouvernement brsilien
la
mission d'explorer les territoires qui s'tendent, sur i.5oo kilomtres
environ, de
la
bourgade de Diamantino
jusqu'au
Rio Madeira. Cette campagne
devait
prcder
la construction d'une ligne
tlgraphique stratgique
reliant
la capitale fdrale aux postes-frontire
du Nord-Ouest.
Au cours d'une
premire expdition commence
en
1
907, Rondon
russit atteindre le Juruena,
formateur principal du Tapajoz rest jusqu'alors
inconnu. Cette dcouverte
eut lieu
le
20
octobre; une seconde expdition, commence en
1908,
permit
l'ouverture d'une
route
de terre vers le Madeira. C'tait le
premier
objectif
de
la
mission confie
au gnral Rondon
; sa ralisation se place le 2 5 dcembre
1909. C'est au cours de ces deux expditions
qu'un
contact
fut,
pour la
premire
fois,
tabli
avec les
Nambikwara.
La
pose
de
la
ligne tlgraphique se
poursuivit
travers
les
territoires
indignes de 1909
1916
environ.
Pendant cette priode et depuis lors,
il y
eut
des relations
rgulires,
bien
qu'intermittentes, entre
les
Indiens
et les
membres
de
la
Commission tlgraphique
:
officiers du
gnie,
soldats
(1)
Cf. plus loin, p.
129,
n. 1.
SOCIT DES AMRICANISTES,
I9/18. 1
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SOCIETE
DES
AMERICANISTES.
et
manuvres.
Ces contacts ont continu aprs l'achvement des travaux.
Ils se sont toutefois espacs, et se font
surtout avec
les stations
dont
le service
est assur
par les
Indiens Paressi, duqus
par
les soins de
la
Commission.
Si
on
laisse
de
ct
quelques
livres
et
articles,
de
caractre
anecdotique,
crits
par
tel ou tel collaborateur du gnral Rondon, on se trouve rduit,
comme seules sources d'information
sur
les
Indiens
Nambikwara, aux ouvrages
suivants. D'abord, le Rapport ethnologique d
au gnral Rondon lui-mme,
et imprim Rio de Janeiro comme une
des
nombreuses
publications
officielles
de la Commission, sous le n 2, 191 1. Il faut citer, ensuite,
les
confrences
du
mme auteur,
qui suivirent
l'expdition
Roosevelt-Rondon au Rio
da
Duvida
(dition
en langue
portugaise
:
Misso
Rondon,
Rio de Janeiro, 1916 ;
dition
en langue anglaise : Lectures
delivered by General
Candida
Mariano
da
Silva Rondon,
etc.,
Commisso
Rondon, publ., n
3).
On doit galement
avoir
recours un article d'un jeune officier de l'tat-major
du
gnral Rondon,
Antonio Pyreneus
de
Souza
{Notas
sobre
os
costume* dos
Indios
Nambikwaras,
Revista
do Museu
Paulista,
vol. 12,
1920) et aux informations parses
dans
les
divers
rapports
de
la
Commission,
publis
pendant,
et
depuis,
les
travaux
d'exploration, et dont
le
plus
utile est
sans
doute
celui de Carnier
{Rapport
gologique et ethnologique, n 2, annexe 5). On trouvera quelques indications
dans
le
livre de Thodore
Roosevelt {Through
the Rrazilian wilderness, Works,
vol. 6) et
un
court vocabulaire
chez
Max
Schmidt
{Ergebnisse meiner zwei-
jahrigen
Forschungsreise in Matto Grosso,
Zeitschrift fur Ethnologie,
vol.
,
i929).
En 1912, le
Directeur
du Muse national de Rio de Janeiro, le Dr
Edgar
Roquette
Pinto, reut mission de rejoindre
la
Commission
Rondon
sur le
terrain,
pour
recevoir,
examiner
et
rapporter
au
Muse,
les
collections
ethnographiques
recueillies depuis
le dbut
des
travaux.
Ce voyage
devait offrir
au Dr Roquette Pinto
l'occasion d'crire
et de
publier
plusieurs
articles
et un
livre.
Le plus important,
parmi
les premiers, est certainement sa
communication
au
Congrs International
des Amricanistes
tenu
Londres en
1912
{Os
Indios
Nambikwara do
Rrasil
Central) ; ensuite, sa communication au
Congrs
Pan-Amricain de
Washington (1917) sous le
titre Os
Indios da
Serra do Norte. Le
livre, Rondonia (dernire dition
: Cia Editora Nacionl,
Sao-Paulo,
1
95) est presqu' entirement consacr aux
Nambikwara,
et
reprsente
notre meilleure source d'information.
Toutefois,
l'ensemble
des
travaux cits
aux paragraphes
prcdents
se
ramnent
quelques
donnes
linguistiques
limites
gnralement de
mdiocres
vocabulaires
et une description de
la
culture matrielle,
soigneusement
entreprise
dans
Rondonia.
Nulle
part il
n'est question
de
la
vie
familiale
et
de l'organisation sociale. Dans
ces conditions, on peut
s'tonner
que,
depuis la
publication du travail de
Roquette
Pinto, les Nambikwara
semblent
tre
compltement tombs dans l'oubli; et il
tait
naturel que
notre
propre expdition, commence exactement vingt-six ans et deux
mois
aprs
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LA VIE
FAMILIALE
ET SOCIALE DES INDIENS
NAMBIKWARA.
3
le dbut du voyage de Roquette Pinto, se
consacrt
combler
fut-ce
partiellement
les
lacunes
des
enqutes prcdentes. Nous avons cherch
des
informations linguistiques plus tendues et plus prcises; prt plus d'attention
l'aspect
dynamique
55
de
la
culture matrielle,
en considrant moins
les
objets
achevs
que
le processus de leur fabrication; et surtout, nous nous
sommes largement
consacrs
l'tude
de l'organisation familiale
et
sociale,
dont la description fait l'objet
du
prsent
travail.
Il est
superflu
de souligner qu'on
ne trouvera pas
ici une tude exhaustive
de
la
vie
et
de
la
socit
Nambikwara.
Nous n'avons pu partager l'existence
des
indignes que
pendant la priode
nomade,
et
cela seul suffirait limiter
la porte
de
notre
enqute.
Un voyage
entrepris
pendant la priode
sdentaire
apporterait
sans
doute
des
informations capitales, et permettrait de rectifier
la perspective d'ensemble.
Nous esprons pouvoir l'entreprendre un jour.
Comme Roquette
Pinto
l'crit au
dbut de Rondonia
: Lentas
ho de ser
sempe
as
construces
cientificas
en
tal
terreno^1).
A
son
livre,
pourtant,
reviendra toujours le mrite d'avoir appel l'attention
sur
une
des
plus
attachantes
cultures
du Brsil indigne et d'en
avoir,
le premier,
bross
un vivant
et charmant tableau.
Le territoire occup par les Indiens Nambikwara s'tend
du
Rio Papagaio
l'Est jusqu' une zone se terminant
approximativement,
au
Nord-Ouest,
au confluent
des
rios Commemorao de Floriano et
Baro
de Melgao, tous
deux
formateurs
du
rio
Machado
ou
Gi-Parana.
Ce point
marque,
en mme
temps,
la
fin du
plateau qui occupe
presque toute la
partie centrale et
occidentale de l'Etat de Mato Grosso. La limite mridionale se place sur le cours
moyen du rio Guapor, et,
plus
l'Ouest, suit le cours
complet
du rio
Commemorao de
Floriano.
On ignore
o
se
situe la frontire
septentionale
; le
cours suprieur
du
Rio
Roosevelt (anciennement
: da Duvida) est sans doute
habit par des
groupes Nambikwara, mais ceux-ci
ne
sauraient s'tendre loin
vers l'Ouest, car
la
rgion
intermdiaire
entre le rio Roosevelt et le haut
Gi-Parana est occupe par
des
tribus
de
langue Tupi. Il nous
semble
probable
que
la
frontire septentrionale des territoires
Nambikwara,
entre le
rio
Roosevelt et le
rio
Juruena,
suive
approximativement le
1 1
e parallle.
Ainsi,
la
rgion
pourrait
tre
dlimite
de la
faon
suivante
:
l'Est,
entre
le
1 1
e
et
le 1 3e parallle, le
cours
du
Juruena et
du
Papagaio; au
Sud-Est,
une ligne
conventionnelle
allant
du 1 ie parallle et 58, ,
au
i5e parallle et
6o, ce
dernier
point
correspondant
peu prs
l'emplacement de
la
ville de
Villa-
Bella; au
Sud, le cours du Guapor
depuis Villa-Bella jusqu'aux
sources du
rio
Corumbiara et la rgion avoisinante,
et,
de l, le cours du
rio
Comme-
da
Segunda
Eio, p. i3.
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SOCIETE DES
AMERICANISTES.
morao de Floriano jusqu'au
dbut du
Rio Machado (environ
1
1,7 parallle
et 6o, 9); l'Ouest, une ligne conventionnelle
s'tendant du
dernier point
l'intersection
du rio
Roosevelt avec le
1 1 e
parallle ; enfin, au Nord, le
11e parallle, du
rio
Roosevelt
au
Juruena.
La
plus
grande
longueur de
cette
aire
est d'environ oo
5o
kilomtres
du
Nord au
Sud,
et sa largeur, d'Est
en
Ouest, atteint
00
kilomtres.
Considre
dans son ensemble, elle constitue
la
zone septentrionale et
occidentale du
vaste
plateau qui occupe
la
plus grande partie de l'Etat de Mato
Grosso, et
dont
le rebord mridional surplombe la campagne de Cuiaba, sous
l'aspect
imposant
d'une
ardente muraille rocheuse,
la
Chapada. Cette zone
septentrionale et
occidentale
est aussi la rgion la plus
inhospitalire du Mato
Grosso; peut-tre mme avec les steppes
du Nord-Est
du
Rrsil
tout
entier.
On
connat imparfaitement la
structure
gologique
de ces terres ;
elles
sont
formes
de grs
rouge
couches argileuses,
et
datent
de
priodes
diverses
:
Dvonien
l'Est
(c'est la
Chapada
proprement dite), Crtac dans la
zone
qui nous
intresse
spcialement (Planalto dos
Parecis et prtendue
Serra
do Nortec).
La couche grseuse s'lve abruptement
au-dessus des roches
cristallines
qui
occupent la
haute
valle
du rio Cuiaba
; la transition est plus
progressive vers le rebord oriental du
plateau des
Parecis
puisque,
quelques
kilomtres
l'ouest
de
Diamantino,
on passe, presque sans
l'apercevoir,
la
ligne de partage
des
eaux qui
spare
le
bassin
du
Paraguay,
affluent du rio
de la
Plata,
et les
sources du Rio Arifos,
lui-mme tributaire
de l'Amazone.
Dans son
aspect
gnral, la rgion
figure
une
sorte de
vaste plateau ondul
s'abaissant
lentement dans
la
direction du
bassin
de
l'Amazone, avec
les
plus hauts points au centre et au
Sud
(aux environs de
800 m.)
et les plus
bas (35o
m. environ) vers le Nord et vers l'Ouest. Et cependant, le voyageur
parti
du Sud trouve un impressionnant spectacle quand, aprs
avoir
parcouru
1.200 kilomtres
de
hautes terres
dsoles,
il atteint le
rebord
nord-ouest
du
plateau : par rapport aux basses
terres,
la
diffrence d'altitude
est trs
petite : 100 mtres au
plus;
mais elle est brusque. Derrire lui, il laisse une
brousse interminable et strile, tandis que, immdiatement ses pieds,
commence,
avec
la
valle du Gi-Parana,
la
non
moins
interminable fort
amazonienne.
Cette
remarquable
frontire gographique est aussi
la
limite
occidentale des
territoires
Nambikwara.
Plus au
centre
et
plus
au
Nord,
l'aspect
est
diffrent
:
les
eaux courantes
ont creus
travers le
plateau des tranches
qui
s'largissent en direction
du
bassin amazonien; ces dpressions dterminent
des
diffrences
d'altitude
pouvant aller jusqu' i5o mtres; on les
remarque
surtout dans la rgion
qui s'tend
du
Rio Roosevelt au Rio Doze de Otubro, et
elles
lui donnent un
faux
aspect montagnard o se trouve peut-tre l'origine de l'expression
fallacieuse Serra
do
N orte .
La constitution
gologique
conspire avec
les
conditions
climatiques
pour
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LA
VIE
FAMILIALE
ET
SOCIALE DES
INDIENS \AMB1KWAKA.
'
5
donner au plateau
sa
physionomie
dsole.
Les
sables, produits de
la
dcomposition
du grs,
offrent un sol
strile;
et la distribution irrgulire des
pluies achve d'expliquer
l'aspect
de savane, si] caractristique de la rgion
toute
entire.
Si l'on
excepte
quelques
pluies
d'ailleurs
rares
qui
tombent
parfois
en juillet et
aot, les
chu
vas de cajuw,
on peut dire
que
la priode
avril-septembre est compltement aride. Au contraire, les prcipitations sont
violentes
et presque quotidiennes
depuis
octobre jusqu' mars.
Ce
sont des
orages o la pluie dure
parfois
une, deux ou mme trois
journes
conscutives.
Pendant la saison pluvieuse, la temprature s'lve :
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6
SOCIT DES
AMRICAMSTES.
se
transforment
aussi,
avec des
lits plats
et
bourbeux,
et des
eaux rougetres.
On a
vu que
les frontires
du
territoire occup par les Nambikwara
correspondent
grossirement au
Sud
et au
Nord,
et presque exactement au
Nord-Ouest
aux
rebords du
plateau.
Vers
l'Est,
o
la
limite suit
peu
prs
le cours
du
Juruena, les
Nambikwara
touchent aux Indiens Paressi et Iranse,
qui occupent
les parties mridionale et orientale
du
plateau.
Il est impossible d'estimer,
mme
de faon approche, le
chiffre
de
la
population Nambikwara puisque son territoire reste,
en
majeure partie, inconnu.
Il
semble
toutefois raisonnable
de
considrer qu' la
fin de
la construction
de
la
ligne tlgraphique
(vers 1915-1920) ce
chiffre devait tre,
environ,
cinq
fois
suprieur son
montant actuel.
En
postulant
une
densit
de
population constante pour
tout
le territoire, on pourrait admettre un
chiffre
global de 10.000 habitants au moment de
la dcouverte,
correspondant
2.000 ou .000
aujourd'hui,
et sans
doute moins
encore. Notre itinraire
avait t
conu
dans le but principal
de
nous
mettre
en contact avec le plus
grand
nombre possible d'indignes. Aprs cinq mois
de
voyage
travers leur
territoire, nous n'en avions cependant rencontr que
deux
cents; c'tait
l'effectif moyen
d'une
seule
bande Nambikwara il y a vingt
ans.
Aujourd'hui,
la bande
nomade va de quatre ou
cinq,
trente
ou quarante
membres.
Cet
effondrement
dmographique s'explique
par
l'introduction de maladies
allognes, lors
de la premire
pntration du territoire
en 1907.
Les
quelques
donnes numriques
qu'il
nous
a
t
possible
de
recueillir
dispenseront de
tout commentaire : il
y
a quinze ans, la
fraction
connue
du
groupe
Saban
comprenait plus
de
1.000 individus;
quand
le groupe visita
la
station
tlgraphique de Campos Novos
en
1928, on recensa
127
hommes, plus les
femmes
et
les enfants. En
novembre
1929 cependant,
une pidmie de grippe
se
dclara,
alors que le
groupe
campait au lieu
connu par
les
agents
du
tlgraphe sous le nom 'Espirro. La maladie volua
rapidement
vers une
forme
d'dme
pulmonaire,
et 00 indignes moururent
en
quarante-huit heures.
Tout
le groupe se dbanda, fuyant
la
maladie et laissant
en
arrire les malades
et les mourants.
Des mille
Saban
jadis
connus,
1
9 hommes
subsisteraient
seuls,
avec
leurs
femmes
et
leurs
enfants.
A
l'pidmie,
il
faut
peut-tre
ajouter,
pour
expliquer
ces chiffres tonnants,
que les Saban se
mirent en
guerre, il
y
a quelques annes, contre
certains
voisins orientaux (groupe a2) M.
Mais un large groupe relevant
du
dialecte b2, et install non loin de
Trs
Buritis, fut compltement liquid
par la
grippe
en
1927, sauf 6 ou
7
personnes
dont
3
seulement ^ taient encore vivantes en 198. Le groupe
(1) Voir
la classification du
groupe Nambikwara,
plus loin, p. 10 sq.
(2; Voir plus
loin,
p.
i)l.
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LA VIE FAMILIALE ET
SOCIALE DES
I\DIE\S
VAMBIKWARA.
Tarund, jadis l'un
des plus importants,
comptait
encore
1 2 hommes
(plus
les
femmes
et les enfants)
en
1
996
;
de
ces 12 hommes,
subsistaient
seuls
en
199.
Un groupe
mridional
relevant
du dialecte
(Kabisi) parat
avoir
mieux
rsist; sans
doute, parce que
ses contacts
avec
les
gens
de
la
Ligne sont
rares. De
1929
193a, aucun Kabisi n'aurait t
vu
le long
du
tlgraphe;
les
indignes
circulaient
peut-tre
plus
au Sud, o
la
ville, aux trois quarts
abandonne, de Villa Bella de Mato Grosso, devait subir, pendant
la
mme
priode,
plusieurs attaques d'indiens
inconnus, mais que
les rares rsidents
dsignent
aussi
du
nom
de
Kabisi.
Au
dire
de nos
informateurs, ce
groupe,
lui seul,
runirait
encore sept ou huit
cents
individus,
dont
nous avons
rencontr une douzaine en septembre
1
98
L^. Les autres groupes s'amenuisent
rapidement
en
raison
des
ravages dus aux pidmies, et leur trs faible
natalit,
qui
constitue
un
phnomne
gnral, comme
on le
verra
au
chapitre
consacr
l'analyse de chaque groupe.
Seul, Roquette Pinto a tent une classification des
Nambikwara.
Il distingue
quatre groupes. Au sud-est, les
Kokozu, qui
vivent auprs des rivires Juruena,
Juina, Papagaio et Gamarar; au nord-est, les Ainmz,
qui occupent
le bassin
du rio
Doze de Otubro ; au sud-ouest, un groupe appel Uaintau ou Kabixi,
s'tendant de Gampos Novos
la valle
du
Guapor.
Enfin,
au nord-ouest,
depuis
la
rive
occidentale
du
rio
Doze
de Otubro
jusqu'
la
valle du
rio
Roosevelt, on trouverait un dernier groupe
rassemblant
les Tagnani, Tauit,
Saluma,
Tarut,
Taschuit.
Roquette Pinto n'indique pas clairement
sur
quelles
bases se fonde cette classification; on peut supposer qu'elle n'est
pas
purement linguistique, puisque
les
vocabulaires publis
dans
Rondonia font
tat de trois dialectes seulement. Il s'y
mle,
sans doute, une large part
d'empirisme. Par ailleurs, la
liste
des groupes qu'on trouve dans
les
publications
de
Rondon
et
de
ses
collaborateurs
ne
correspondent
qu'occasionnellement
la
classification
de Roquette Pinto. Nos
propres
listes de noms de groupes
ne
comprennent
pas
tous ceux
cits
par
nos devanciers ; mais
elles rvlent
plusieurs
noms
nouveaux;
en
mme
temps,
nous
avons relev
des
dialectes
qui
n'avaient
jamais t signals.
Il est donc trop tt pour procder une
classification
dfinitive,
et on trouvera plus
loin
la
raison de
ces incertitudes :
les
bandes nomades des Nambikwara sont des
formations
fragiles, et
elles
possdent toutes un nom, sobriquet driv
du systme de
parent, ou
d
la
malice d'un groupe voisin.
Ainsi
les
noms surgissent, disparaissent
ou se
transmettent
avec une surprenante facilit. Voici
un bon
exemple de
dsaccord
(n
Voir
plus loin, p.
.)>.
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8 SOCIT DES
AMRICAIN
ISTES.
entre des observateurs travaillant des priodes diffrentes
:
quelque
part,
entre 1926 et
1928,
Max Schmidt
recueillit
un court vocabulaire de vingt
mots, qu'il
a publi par la suited comme
ayant
t
obtenu d'un
groupe
dit
Tamaind,
alors install
Trs Buritis. Ce
vocabulaire
relve certainement du
groupe b2 de notre classification,
qui
se distingue par l'usage d'un suffixe
verbal
de forme -sore, et
que
nous avons aussi rencontr dans la rgion de
Trs
Buritis.
Pourtant,
en
1
9 38,
les
usagers de
ce
mme
dialecte
se dsignaient
du
nom
de Taiat, et le
nom
de Tamaind tait seulement
utilis par un
groupe parlant
un
dialecte
diffrent
() pour dsigner
un troisime
groupe
(c de notre
classification), dont
on
peut
douter
que
le
dialecte
appartienne
mme
la
famille linguistique Nambikwara.
Que faut-il
en
conclure? Tout essai de
classification fonde
sur les noms de
bandes,
qu'ils
soient
choisis
par
chacune
d'elle
ou
reus
de groupes
voisins,
est,
d'avance,
condamn l'chec.
La
seule
base
saine
d'une
classification
des
bandes et des
groupes
ne saurait
tre que
linguistique. Cette mthode
restera,
en tout
cas,
seule valable, tant qu'une tude
mene
pendant la
saison
des
pluies n'aura
pas permis
d'tablir l'existence d'units
plus
larges et
plus
stables que les
bandes nomades
de
la saison
sche. Comme il serait difficile et
arbitraire
de dsigner chaque dialecte du
nom
phmre
port par telle
ou
telle bande
qui le
parlait au
moment
o l'enqute
a t mene,
et qu'une
classification entreprise
sur
la
base
des connaissances actuelles ne saurait tre
que
provisoire,
nous procderons
l'aide
de
symboles,
de prfrence
aux noms
de
groupe
qui donneraient
une
image
infidle de la
ralit.
Cela pos,
on peut dire
que
la
famille
linguistique
Nambikwara comprend
trois
groupes principaux
dont
deux subdiviss
en
sous-groupes.
Soit,
au
total,
cinq units distinctes.
Les
deux
groupes que
nous dsignons respectivement
par a et b sont troitement apparents
du
point de vue smantique et
morphologique, et
ils
reprsentent
incontestablement
deux modalits d'une mme
langue. Dans
les
deux
cas,
on observe le mme usage de suffixes classificatoires,
avec un suffixe
verbal dont
le sens est
tre
,
devenir
, faire , fabriquer
n .
Dans le dialecte du groupe a,
ce
suffixe
verbal
parat sous
les
formes
-kediutu,
-kedutsu, -k'ttitu. On doit distinguer un
type
al,
prdominant
de la rivire
Papagaio
la
Juina,
avec
une dsinence -u pour les substantifs, et un
type 2
qui
tend substituer une dsinence -e
la
prcdente. Comme
ce
dernier
groupe se place
l'ouest
de l'autre, et qu'il occupe approximativement
la
rgion
des
sources
du
rio
Doze
de Otubro
et
du
rio
Camarar,
il
parat
vraisemblable
que
la
dsinence -e soit apparue sous
l'influence
du dialecte b.
A
part
la
dsinence
et quelques variations de
vocabulaire,
les dialectes al et
a2
sont pratiquement identiques.
Plus srieuses sont les divergences de vocabulaire entre les groupes a
et b.
Ce dernier
prsente aussi une dsinence -e pour
les
substantifs, et
des
^
L.
7/25/2019 Lvi Strauss Nambikwara
10/139
LA
VIE
FAMILIALE
ET
SOCIALE DES
INDIENS
NAMBIKWARA. )
formes
nouvelles pour le suffixe
verbal.
Sur cett^ dernire base, on doit
distinguer un sous-groupe suffixe
verbal
-dige ou -dage, et un sous-groupe
b2, en tous points
identique au
prcdent,
sauf
le
suffixe
verbal
forme
58'
15
de Matto
Grosso
SERVICE
DESSIN
OU MUSEE DE L'HOMME
Carte n i .
Ligne
tlgraphique :
SOCIT DES
AMERICAMSTES, I98.
7/25/2019 Lvi Strauss Nambikwara
11/139
1
SOCIETE DES AMERICANSTES.
-sore. L'aire
du dialecte
s'tend de
la rive droite
du Guapor
au
Sud
au
cours
infrieur
des rios
Tenente
Marques et
Ik
au nord, et
du
bassin
du rio
Doze
de
Otubro l'est, une rgion
se
terminant au del
de
la rive droite
du rio
Roosevelt
vers
l'ouest.
On
entend
le
dialecte
b2
depuis
le
bassin
suprieur
et
moyen
du rio Roosevelt
jusqu'au
confluent
des
rios
Baro
de Melgao
et
Commemorao de
Floriano.
Par ses caractres smantiques et morphologiques,
le dialecte
s'loigne
nettement des prcdents.
Nous
n'avons pas
pouss
suffisamment loin son
tude
linguistique
pour dcider s'il convient ou
non de le
rattacher la
famille
Nambikwara. On le parle dans une rgion situe au nord et au nord-est de
l'aire
dialectale
a2.
Nous tenterons maintenant d'tablir une corrlation entre notre
classification et les indications antrieures :
I. Groupe
a.
Sous-groupe ai.
Du
vocabulaire publi par Roquette Pinto
la
fin de
Rondonia, et
des
indications gographiques
qu'il fournit,
on peut conclure
que
ses Kokozu
(qui
forment son groupe
du
Sud-Est)
correspondent
certainement
notre sous-
groupe al.
Et
pourtant, nous
n'avons
pu
retrouver
le
terme
Kokozu
(P. de
Souza
: Cocozuj. La dsinence -u
indique
le dialecte al;
mais
le terme
koko
appartient
la
langue Paressi et aux dialectes
du
groupe c, avec
le
mme sens
oncle maternel
. Il est compltement inconnu dans le systme de parent
du groupe
a.
Selon nos
informations,
le groupe al
serait
appel :
1.
uaisere
par le groupe
;
2. ualiririte par le groupe c;
cfc il se divise
en
bandes nombreuses s'appelant elles-mmes, ou se
donnant
'js unos aux autres les noms :
3.
oakltosu
(rive
droite du
Juruena);
. haltesu
(rive
gauche du Juina) ;
5.
kiaaru
(sobriquet :
les menteurs; haut-Juruena) ;
6. kuritsu (rive gauche
du Juruena).
Le groupe al est
en contact
avec les
Indiens
Iranse, qu'ils appellent
:
7. irdsu (au confluent
du rio
Clavary et
du rio
do Sangue).
7/25/2019 Lvi Strauss Nambikwara
12/139
LA VIE FAMILIALE ET SOCIALE DES INDIENS NAMBIKWABA.
1 1
Sous-groupe
.
Ce
sont
les
Anunzu,
Anunz,
ou
groupe
sud-est
de
Roquette
Pinto
(P.
de
Souza : Anonz). Le bref vocabulaire publi
par Roquette Pinto
la
suite de
ses
propres
vocabulaires appartient aussi ce groupe.
Nous
n'avons jamais
rencontr le
terme Anunz pas plus
que
les autres
formes, mais
seulement les
noms :
8. sodesu (al/2);
9.
kaddteli
(bl);
10 . munvkoti
(c).
IL
Groupe
h.
Sous-groupe
b
i .
Notre
sous-groupe
comprend les
Uaintau,
Uaindz (Rondon : Uainedezi),
Kabixi, Tagnani (Rondon : Tagnani), Tauit (Rondon : Tauit),
Tarut,
Tas-
chuit
(Rondon : Tachivuit) de
Roquette
Pinto, soit ses deux groupes sud-
ouest et nord-ouest. Nous n'avons jamais
rencontr
le
terme
Tagnani, ni,
comme
nom
de
bande,
les termes tauitte, tarute, tasuitte, qui signifient
respectivement, dans le
systme de parent du groupe
b, mon enfant,
mon beau-
frre, mon parent au troisime degr. Les Paressi appliquent le nom
Kabisi
au
groupe
b.
Pour
le
terme
Uaintau,
nous
avons
trouv
un
quivalent :
11. odindesu (al),
qui dsigne le groupe b. Par contre, nous avons
recueilli
les
appellations
suivantes
:
12.
nikedtmu
(al; l'ouest du
rio
Camarar);
13. tarnde (bl
;
bassin du rio
Doze
de Otubro);
1. maimnde (bl ;
=
Kabisi [Paressi] Marna-Inde
[Rondon];
sources
du
rio
Doze et rive droite
du
Guapor) W ;
(1)
II
semble
que
la
frontire
mridionale du
groupe
maynande soit
plutt
sur
le cours
des
affluents de la rive droite
du
rio Guapor. Le
Guapor
proprement
dit
est
habit
par
des
tribus riveraines, distinctes
des
Nambikwara par la langue et par la culture.
Mais ces
tribus
connaissent et redoutent des Indiens
dit Kabisi,
et cela,
aussi
loin que le
rio So
Miguel
(,
Some
notes on
the
Pawumwa
Indians of South
America,
American
Anthropologist, 1919, p. 333).
Pour
ajouter
l'obscurit
qui couvre encore le
problme des
frontires
mridionales
des Nambikwara,
les
Paressi
du
Sud, qui vivent
l'orient des sources du
Juruena, taient aussi
connus sous le nom de Kabisi (Max Schmidt,
Reisen in Matlo Grosso,
Zeilschrift fur
Ethnologie,
1912,
vol.
U,
p.
1U6-176).
Ils
sont
aujourd'hui mtisss ou
disparus.
7/25/2019 Lvi Strauss Nambikwara
13/139
1 2
SOCIETE DES AMER1CAMSTES.
15 . mamdindeti
(c ; identique au prcdent,
et,
par extension,
tout
le
groupe b) ;
16 . itdmoo
(c; vers le
Sud).
Sous-groupe 1)2.
Ce
dialecte n'avait jamais
t signal,
sauf
par
le court vocabulaire
publi
par Max
Schmidt
et attribu
un
groupe Tamaind. Nous avons
recueilli les
appellations suivantes :
17. toande
(b
; rive gauche
du rio Baro
de Melgao) ;
18 . ilola
(c; mme rgion);
19 . naslate
(b ; entre
le rio Tenente
Marques et le
rio
Roosevelt);
20.
lakonde
{b
;
rive
droite
du
rio
Roosevelt);
2 1
.
sovdinte
(c; mme rgion) ;
22.
navdite
(b2 [Rondon
: Navaite] ;
rio
Roosevelt) ;
23. taiate (b2 ;
rio
Roosevelt).
III.
Groupe .
Ce
groupe semble n'avoir
jamais
t tudi.
Rondon
mentionne
seulement,
sans indication
gographique ou
dialectale,
un
groupe Saban
et un
groupe
Iaia.
Ce
dernier terme appartient au systme de parent
du
groupe avec le
sens
frre
(ou
sur) an
;
nous
ne
l'avons jamais
rencontr comme
nom
de
bande.
Par contre, le groupe
se dsigne lui-mme du
nom :
24.
sabdne(cj,
et est appel
par
les
autres
groupes
:
25. toantesu (a /2);
26.
tamdinde
(/2).
IV. Noms d'autres groupes Nambikwara.
Pour les
termes Malutundu, Ualutnudu,
Ua-lut-ndu
(Roquette Pinto), Malo-
tundu (Rondon), nous avons un
quivalent
:
27. rmlonde (bl),
qui nous a
cependant t
donn avec le sens
gnral
d' Indien (madlone,
b
c'est
un
Indien)
par
opposition
Brsilien
(keiagere, b = les
vtus).
Nous
n'avons
pu
recueillir
aucun quivalent
pour
les termes suivants, cits
7/25/2019 Lvi Strauss Nambikwara
14/139
LA
VIE FAMILIALE ET SOCIALE DES INDIENS NAMBIKWARA. 10
par Roquette Pinto et
Rondon
pour dsigner des groupes Nambikwara :
Taiopa (Roquette Pinto), Teiob (Rondon), Tayopa (P. de Souza)
^\
Xaodikokas
(Roquette Pinto), Xaodes (Rondon), Xaodys (P. de Souza), Nn (Rondon),
Minis
(Rondon),
Pavtes
(Relatorios
da
Commisso
Rondon, passim).
Les
auteurs cits
ne
fournissent aucune prcision sur le dialecte
et la
situation
gographique de
ces
groupes.
V.
Noms d'autres tribus.
Roquette Pinto
cite
le terme Saluma comme appartenant son groupe
nord-ouest.
Nous l'avons
recueilli
sous les formes
:
28.
solonde
(bl);
29.
solma ()
;
pour
dsigner
une
tribu
septentrionale
trangre aux
Nambikwara.
Comme
von den
Steinen
cite
le
nom
Suruma, donn, dit-il,
par les
Paressi
aux Mun-
duruku, cette interprtation semble plus vraisemblable. Le groupe appelle
les Paressi :
30. lamdte karaka
(c)
et
connat au moins
l'existence
de trois
autres tribus
septentrionales
:
3
1
. iktinaui () ;
32. kaudli () ;
33.
ierdkolonte
().
Le
sous-groupe
bl
mentionne
parfois une
tribu
vivant aux alentours
du
rio
Baro
de Melgao
:
.
ikansere (bl).
*
*
Nous
avons
voqu dans d'autres publications
^
la question
de
savoir
s
le genre
de
vie, apparemment trs primitif, des Nambikwara, constitue ou
non
le vestige authentique de
conditions
anciennes. Considr dans le prsent,
leur niveau
de
culture
est
certainement
trs
bas.
Ils
vivent
nus, surtout
les
femmes, qui
ne portent
qu'un
mince rang
de perles de buriti autour de
la
taille, des pendants
d'oreille,
des colliers
passs
autour
du
cou
ou
en
bandou-
(1 )
II
y a bien un
terme
de parent
tapa
qui
appartient au
dialecte
avec le sens de
beau-frre ,
mais
le
possessif t-
ou ta vient du
dialecte b.
(2 ) On
dual
organization
in South
America, America Indigena, Mexico, i()44. Sur
certaines
similarits
structurales
des langues Chibcha
et Nambikwara. Congrs
International
des
Amricnnisies, Paris,
^
7/25/2019 Lvi Strauss Nambikwara
15/139
ik SOCIETE DES AMERICANISTES.
lire,
des bracelets taills
dans la
queue du grand
tatou,
et, parfois, d'troites
bandelettes
de
coton
tiss
par leur
mari,
ou
de
paille
de
buriti, troitement
serres autour des biceps et des chevilles.
En
plus des mmes ornements,
les
hommes arborent
quelquefois une
sorte
de
pompon
de paille,
accroch
la
ceinture
au-dessus
des
parties sexuelles, et d'autres,
plus petits,
attachs
aux bracelets de
coton; par contre,
ils
ne portent pas
de bracelet
d'caill.
L'ignorance complte
du hamac
et l'usage
nambikwara de
dormir mme le
sol (ou, plus rarement, sur
de larges plaques de
l'corce
du
palmier paociuba)
intriguent
depuis longtemps les ethnologues;
ce sentiment
est partag par
les
tribus
voisines, et les
Paressi, voquant cette singularit,
appellent les
Nambikwara
Uaikoakor,
ceux
qui dorment sur
la terre.
On doit diviser l'anne Nambikwara
en
deux
priodes distinctes. Pendant
la
saison pluvieuse (d'octobre mars), chaque groupe se fixe sur une petite
eminence surplombant le cours de quelque ruisseau; les indignes
construisent
alors
des
huttes grossires dont
la
forme
et
les
matriaux
montrent
de curieuses variations. Ils ouvrent
des
brlis
dans la
fort-galerie qui occupe
le
fond
humide
de
la
valle,
et
ils
y
plantent
et cultivent des jardins o
figurent
surtout le
manioc
(doux et
amer)
et le tabac, parfois des haricots,
du coton,
des arachides et des calebasses (Lagenaria sp.). On rpe le manioc
sur
des
planches
incrustes d'pines de palmier, on le presse l'aide d'un lambeau
d'corce
tordu.
Le jardinage fournit des ressources alimentaires
suffisantes
pendant
une
partie
de
la vie
sdentaire,
et mme utilisables plus
tard
:
les
Nambikwara
conservent le
manioc
en enfouissant des
tourteaux de
pulpe
rpe dans le sol.
A
l'arrive de
la saison
sche,
on
abandonne
le
village, ou
plutt,
le
site
de rsidence temporaire, et chaque groupe
clate, si
l'on
peut
dire,
en
plusieurs bandes nomades. Pendant sept
mois environ,
ces bandes vont errer
travers
la
savane,
la recherche
de gibier, de petits animaux
tels
que larves,
araignes,
sauterelles,
rongeurs, serpents,
lzards,
etc., et
de
fruits,
graines,
racines
ou miel
sauvages, bref, de
tout ce
qui peut les empcher de mourir de
faim. Leurs campements, installs pour un ou plusieurs jours, pour quelques
semaines parfois, consistent
en
autant
d'abris sommaires
que
de familles,
faits de palmes ou de
branchages
piqus
en demi-cercle dans
le sable et lis
au sommet. C'est
l'poque
o la qute
alimentaire absorbe
toutes
les activits.
Les femmes s'arment du
bton
fouir,
et
les hommes
chassent avec l'arc
et
la
flche,
dont
il
faut
distinguer
plusieurs
types.
Les
groupes
orientaux
ont un arc
section
plate,
qui volue
vers une section
plan-convexe
ou
concave-
convexe
quand
on
se
dplace vers l'Ouest. Quant aux flches,
celles destines
la chasse
aux
oiseaux
offrent une tte mousse; les flches de pche ont
trois cinq pointes, chacune forme comme
un
minuscule harpon,
et la
hampe
est sans empenne. Les
flches empoisonnes (1), dont la pointe
est
protge
(1)
Cf.
plus
bas,
p.
90.
7/25/2019 Lvi Strauss Nambikwara
16/139
LA VIE FAMILIALE ET SOCIALE DES INDIENS iNAMBIKWARA. i 5
par un
tui
de bambou, sont rserves
la
chasse au singe et au
moyen
gibier.
Celles pour le gros gibier ont une large pointe lancole. L'empenne est
attache ou
cousue.
En plus de l'arc et
des
flches, les hommes emploient une
massue
qui
affecte
souvent
la
forme
d'un
pieu
et
dont
l'usage
est
rserv
aux oprations magiques et
guerrires
t1).
Les
matires
premires de l'industrie indigne consistent
en bois varis,
cire
d'abeilles sauvages,
rsine,
fibres
des palmiers buriti
(Mauritia
vinifera)
et
tucum [Astrocaryum tucuma) os de
singe,
dents
et ongles
de
mammifres,
fourrure (pour faire
des parures
seulement), plumes, piquants de
porc-
pic,
coquilles vgtales et coquillages fluviaux,
pierres,
coton et graines.
Gomme outils,
ils
ont des
couteaux
faits d'un clat coupant de bambou, de
pierres grossirement tailles, ou de fragments de
fer
ou d'acier obtenu par
change, et fixs,
l'aide de
cire et
de
cordelette, entre deux lattes
de
bois
formant
manche.
Les
drilles se
composent
d'un
peroir
de
pierre ou
de
fer
mont
l'extrmit d'une baguette qu'on fait tourner entre les paumes. La
Commission Rondon a rpandu l'usage des haches et
cognes
de mtal, et les
anciennes
haches de pierre
ne
servent
plus
gure que comme
petites
enclumes,
pour le
faonnage de
la coquille ou
de l'os.
Il faut
citer
aussi l'usage
de polis-
soirs
de
pierre,
et,
parmi les objets
d'usage courant, les
fuseaux,
peignes,
paniers
et
calebasses
transporter
l'eau.
Lafpoterie, inconnue des
groupes
orientaux,
reste grossire partout
ailleurs. Il
n'y
a
ni
canot
ni pirogue. Les
indignes
confectionnent
cinq
types
diffrents
d'instruments de
musique, tous
vent,
qu'on entend souvent dans les
ftes.
La diffrence d'apparence
physique entre
les Nambikwara
et
leurs voisins
orientaux,
occidentaux
et
mridionaux
Paressi,
Tupi-Kawahib
et
tribus
du
Guapor est
saisissante^.
Et
ils diffrent
aussi
de
la
plupart
des autres
tribus
du
Brsil, dont le
type
physique est gnralement plus massif
que
le
leur. Chez les Nambikwara,
la
taille n'est
pas
exceptionnellement petite; mais
ils
sont minces, et leur longue chevelure, parfois ondule et tmoignant d'une
pilosit
plus dveloppe
que
la
moyenne indigne, leurs mains et leurs
pieds
de dimensions
rduites,
leurs
attaches
fines, et
surtout
leur visage, aux traits
accuss
mais de
dessin
trs pur, contribuent former
un
type
physique
trs
loign de
celui qu'on rencontre le
plus souvent
en Amrique
du Sud, mais
qui
rappelle
avec persistance
certains
types du
Mexique mridional et
du
Guatemala, et
plus
encore celui
qu'attestent les
masques barbe pointue
de
la
rgion
de
Vera Cruz.
Les Nambikwara se
rveillent
avec le
jour,
raniment
1
feu, se chauffent
tant bien que mal du froid de
la
nuit,
puis
se nourrissent lgrement
des
(1)
Cf., plus bas, p. 99.
() L'tude
anthropologique des
Nambikwara a
fait
l'objet de recherches
du
docteur
J.-A. Vellard,
qui participait
notre expdition.
7/25/2019 Lvi Strauss Nambikwara
17/139
J. G SOCIETE DES
AMERICANISTES.
restes
de
galettes de manioc
de
la
veille.
Un
peu plus
tard,
les hommes
partent,
ensemble ou sparment, pour une expdition
de chasse.
Les femmes restent
au
campement
o
elles
vaquent
aux soins de
la
cuisine. Le
premier
bain est
pris
quand
le soleil
commence
monter.
Les
femmes
et
les
enfants
se
baignent
souvent
ensemble par jeu, et parfois un
feu est
allum, devant lequel on
s'accroupit pour
se rchauffer
au
sortir de l'eau,
en exagrant plaisamment
un
grelottement
naturel. D'autres
baignades
auront lieu pendant la journe.
Les occupations quotidiennes varient peu. La prparation de
la
nourriture
est celle
qui
prend le plus de temps et de soins : il faut rper et presser le
manioc, faire scher
la
pulpe et
la cuire;
ou bien, caler et bouillir les noix
de
cumaru
(Dipteryx odorata) qui ajoutent
leur
parfum
la
plupart
des mets.
Quand le
besoin s'en
fait sentir, les femmes
et
les
enfants partent en
expdition de cueillette ou de ramassage.
Si
les provisions sont suffisantes, les femmes
filent, accroupies au sol dans
la
position connue sous le nom
aztque
:
genoux,
les
jambes
et
les
pieds
posant
plat sur
leur
face
interne
et
les
fesses
reposant sur
les
talons. Ou
bien,
elles taillent,
polissent
et enfilent
des
perles
de coquilles de
noix ou
de
coquillage, des pendants d'oreille ou
d'autres
ornements. Et
si
le
travail les
ennuie,
elles
s'pouillent
mutuellement,
flnent ou dorment.
Aux
heures les
plus
chaudes, le campement est
muet
; les habitants,
silencieux
ou
endormis,
jouissent
de
l'ombre
prcaire
des
abris. Le reste du temps,
les
occupations
se droulent
au
milieu de
conversations animes.
Presque
toujours
gais
et
rieurs, les indignes changent
des
plaisanteries,
et parfois
aussi, avec
des
gestes non
quivoques,
des propos obscnes
ou
scatologiques
salus
par
de grands clats de rires. Le
travail
est souvent
interrompu par
des
visites
mutuelles
ou
des
questions
;
que
deux
chiens ou
oiseaux
familiers
copulent,
tout le
monde
s'arrte et contemple
l'opration avec
une attention
fascine ; puis le
travail
reprend,
aprs
un change
de commentaires
sur cet
important vnement.
Les
enfants flnent pendant
une grande partie du jour, les fillettes se
livrant,
par moment, aux mmes besognes que
leurs
anes,
les garonnets
oisifs, ou pchant au bord des cours
d'eau. Les hommes
rests au
campement
se
consacrent des travaux
de
vannerie,
fabriquent
des flches et des
instruments de
musique,
et rendent parfois de petits services
domestiques.
Un
grand accord rgne gnralement au sein des mnages. Vers trois ou quatre
heures, les
autres hommes reviennent
de
la
chasse, le
campement
s'anime,
les
propos
deviennent
plus vifs, des groupes
se forment,
diffrents des
agglomrations familiales. On
se
nourrit
de
galettes
de
manioc et
de
tout
ce
qui
a t trouv pendant
la
journe
: poissons,
racines,
miel sauvage, chauve-
souris, bestioles captures, et
petites
noix
sucres du
palmier
bacaiuva
(Acro-
comia sp.).
Parfois
un enfant se
met
pleurer,
vite consol par un an.
Quand
la nuit
tombe, quelques femmes,
journellement
dsignes,
vont
ramasser
ou abattre, dans la
brousse
voisine, la
provision de bois pour
la
7/25/2019 Lvi Strauss Nambikwara
18/139
LA VIE FAMILIALE ET. SOCIALE DES INDIENS NAMBIKWARA.
1
7
nuit. On devine leur
retour dans
le crpuscule,
trbuchant
sous le faix qui
tire
le
bandeau de portage. Pour se
dcharger,
elles s'accroupissent
et
se
penchent
un
peu en
arrire,
laissant poser leur hotte de bambou
sur
le sol
afin
de dgager
leur
front
du
bandeau.
Dans un coin de campement les branches sont amasses, et chacun s'y
fournit
au
fur et mesure
des besoins.
Les groupes
familiaux
se forment
autour
de
leurs
feux respectifs qui
commencent briller. La soire
se
passe
en
conversations, ou bien
en
chants et danses. Parfois ces distractions se
prolongent trs
en avant dans la
nuit,
mais en gnral,
aprs quelques parties
de caresses
et
de luttes amicales, les
couples s'unissent plus troitement,
les
mres serrent contre elles leur
enfant
endormi, tout devient silencieux, et
la froide
nuit n'est
plus anime
que
par
le craquement
d'une
bche, le
pas
lger
d'un
pourvoyeur, les
aboiements
des
chiens
ou
les
pleurs
d'un enfant.
LISTE DES
SYMBOLES PHONOLOGIQUES
(.
9
e muet.
a nasalis.
e
nasalis.
0 0
nasalis.
1
i asyllabique.
u asyllabique.
s
fricative
palatale chuintante sourde.
3
fricative
palatale chuintante
sonore.
s
aifrique
palatale chuintante
sourde.
y
fricative
vlaire
sonore.
? coup de glotte faible.
h coup de glotte fort,
syllabe accentue.
PREMIERE PARTIE
LA
VIE FAMILIALE.
SYSTEME DE PARENTE.
Que l'unit sociale considre soit le village temporaire ou
la
bande nomade,
le
systme de parent
des Nambikwara peut, en
gros, tre
dcrit
de
la faon
suivante.
Pour un
sujet
quelconque, masculin ou
fminin,
tous
les
membres
de
sa
gnration se
rpartissent en
quatre grands groupes,
soit
deux groupes mascu-
(1)
Cf. plus loin, p. 7, n. 1.
7/25/2019 Lvi Strauss Nambikwara
19/139
l8
SOCIT DES AMRICANISTES.
lins et deux
groupes
fminins.
Si
le
sujet
considr
est
un homme, tous
les
hommes de
sa
gnration se
diviseront en
frres
et en maris
de
surs
(ou
beaux-frres)
; tandis
que les
femmes seront distribues en surs et en pouses.
Symtriquement,
si
le
sujet
est
une
femme,
toutes
ses compagnes
seront
dsignes comme des surs ou des
pouses
defrres (ou belles-surs) ; et ses
compagnons
masculins se
partageront
les noms de frres
ou
' poux. Ainsi
un
homme
appelle-t-il
pouse un nombre
de
femmes considrablement suprieur celui
de ses
pouses vritables, mme s'il
est polygame.
Et la
femme, bien que
toujours monogame, traite-t-elle, du
nom ipoux,
sensiblement
la
moiti
des
hommes de sa gnration. De mme les frres et les surs sont beaucoup plus
nombreux
que les frres et les surs
rels,
ou consanguins.
Ceux-ci
sont
distribus en
deux sous-groupes, les frres ans et les frres cadets d'une part,
les
surs anes et
les
surs cadettes
de
l'autre. Le terme utilis pour
dsigner
les frres cadets (consanguins)
et
les surs
cadettes (consanguines)
sert
galement
dsigner
les
frres
53
et
les
surs
non
consanguins,
quel
que
soit leur ge
par rapport
au sujet considr.
Un sujet masculin ou fminin appelle pre son pre consanguin et tous les
frres de
celui-ci ;
il appelle mre
sa
mre
utrine et toutes
les surs de
celle-ci.
Rciproquement, tous
ses
pres et toutes ses
mres
le
dsignent du
nom
d'enfant,
ou
de
fils, ou
de fille.
Un seul
terme
est galement
utilis
pour dsigner le pre du pre
(ou
de
la
mre),
le pre
de
la femme, et le frre
de
la mre,
tandis qu'un
mme terme
sert
dsigner
la mre
du pre (ou de
la mre), la mre
de
la femme, et la
sur
du
pre.
Mais
l'inverse
du cas
prcdent, il
n'existe
pas
de
terme
rciproque,
Le
pre
(ou
la
mre)
de
mon pre
et
de
ma mre
m'appellent
par
un
terme connotant les parents
la
troisime gnration, tandis
que
le
pre
de
mon conjoint et le
frre
de ma mre, d'une part (rgulirement
identifis),
la
mre de mon conjoint et
la sur
de mon
pre,
d'autre part (rgulirement
identifies), me
dsignent d'un
nom
signifiant
la fois neveu
et gendre, nice
et
bru.
Ainsi
les
parents
de
mon
conjoint
et
les
parents
de
mes parents,
identifis
quand je les
nomme,
se distinguent
lorsqu'ils me rpondent,
puisqu'ils
utilisent
mon endroit des termes diffrents.
Quand on passe de
la
ligne directe
la
ligne collatrale, on perd une
gnration,
puisque le
mme terme
est
utilis
pour dsigner les
parents
du
conjoint,
et les parents des parents.
Un
petit-neveu
est donc
thoriquement spar
de
ses
grands-oncles par
quatre niveaux de
1 1
I parent, tandis
qu'il
est
trois degrs seule-
3 T 3 4 T 4
ment
de
parent
de ses grands-parents, qui
s
s'identifient
cependant avec ses
grands
-
2 I 2 3 3 oncles, puisque le
frre
de
la
mre ou
la
sur
du
pre sont identifis au pre et
la
mre du
conjoint,
comme l'indique le
schma
1 2
FlG. 1.
ci-contre.
7/25/2019 Lvi Strauss Nambikwara
20/139
LA VIE FAMILIALE ET SOCIALE DES INDIENS NAMBIKWARA. 1Q
Les grands-oncles (ou
tantes)
utilisent donc, pour dsigner leurs petits-
neveux
(ou nices) un terme nouveau, connotant les parents au quatrime
degr, tandis que leurs descendants emploient,
pour
les nommer, le terme,
dj
utilis
dans
la
ligne
directe,
mais non encore
dans
la
ligne
collatrale,
servant
dsigner les
parents au deuxime degr. Ce dernier terme sert donc,
en
ligne directe, dsigner
la
troisime
gnration
descendante, et
la
troisime
gnration
ascendante
en
ligne collatrale, quivalente,
en
ligne descendante,
au quatrime
degr.
Ces remarques
conduisent
la
conclusion que les
Nam-
bikwara
ne
font
pas
de
distinction
entre les gnrations et les degrs de
parent.
Une
diffrence d'une gnration est
gale,
pour eux,
un loignement
d'un
degr.
Cela pos, et au sein
de
la mme gnration, tous les
individus que
j'appelle
poux
(ou
pouses)
sont les fils (ou
les
filles) des
frres
(consanguins ou
non)
de
ma
mre,
et
des
surs
(consanguines
ou non)
de
mon pre,
c'est--dire
des
frres
de
ma mre
(qui
sont
en mme temps
les
beaux-frres
de mon
pre),
ou des
surs de
mon
pre (qui
sont en mme temps des
belles-surs
de ma
mre). Et tous
les individus que
j'appelle
frres
ou surs sont
les
enfants
des
frres de
mon
pre
ou des surs
de
ma mre,
c'est--dire
des pouses
de mon
pre (qui
sont
en
mme temps
mes
mres),
ou des poux
de
ma
mre
(qui
sont
en
mme temps
mes pres).
On voit donc
qu'un
individu
donn
appelle
frres et
surs tous ses
cousins parallles, et
pres
et
mres ses oncles et tantes
parallles,
tandis qu'il appelle poux ou pouses
ses
cousins croiss, et beau-pre et belle-mre
(identifis
grand-pre
et
grand'
mre,
donc, plus exactement : parents au
deuxime
degr)
ses
tantes
et
oncles croiss.
La
confusion
entre
les
gnrations
et
les
degrs
rend
galement
possible
le mariage
du
frre
de
la
mre ou
du
pre,
avec
la
fille de
la
sur
ou du frre, ou de
la
sur du
pre
avec le fils du frre, puisque, dans
ces
deux
cas, les
beaux-parents seront les grands-parents, dsigns, comme
eux,
du
terme
de
parents
au deuxime
degr. Ces
mariages, que nous
appellerons
obliques , puisqu'ils
unissent des
individus appartenant
deux
gnrations conscutives,
sont
effectivement
pratiqus.
On
trouvera
ci-dessous
la liste des
termes de
parent, tels
qu'ils viennent
d'tre analyss
dans
leurs relations respectives
(Dialecte
A )
1
.
ahulnosu (a 1); ahuine
(a
2) . . .
pre,
frre du
pre,
poux de
la
sur
de
la
mre.
2.
a?knosu(a 1);
alkiosu (a 2). . mre, sur de la mre, pouse
du
frre
du pre.
3. utlu,
u^u enfant.
.
alkiraru
fils.
\j. cikineru fille..
6.
akendnosu
frre
an.
7. {t)odnosu . . * sur ane.
7/25/2019 Lvi Strauss Nambikwara
21/139
2
0 SOCIETE DES
AMKR1CAJN1STES.
8.
alnsti
frre cadet, fils
du
frre
du
pre, lls
de la sur de la mre.
9. unndesu sur cadette, lille
du
frre
du pre,
fille
de
la
sur
de la
mre.
10.
askosu .
.
mari de
la
sur, cousin
crois
(h. p.).
1 1
.
asetasu femme du frre, cousine
croise (f.
p.).
VI. adntu fille de
la sur
(h.
p.),
fille du
frre
(f.
p.),
pouse
du fils.
13. asineru fils
de la sur
(h.
p.),
fils du
frre (f.
p.),
poux
de la fille,
l/i. asonosu pre
du pre
ou de la mre, frre de
la
mre, pre
du
conjoint.
15 .
aUinosu mre
du pre
ou de
la
mre,
sur
du
pre,
mre
du
conjoint.
16 .
asulttu
fils
(ou
fille)
du
fils
(ou
de
la
fille),
frre
(ou
sur)
du
pre (ou de la
mre)
du
pre (ou
de
la mre).
1
7. asulisu
fils
(ou
fille) du fils
(ou de la fille)
du
frre (f.
p.) ou de
la sur
(h. p.).
18 .
asisu
(al); (iajdosu
(a
2). ...
pouse,
fille du frre de
la
mre, fille
de
la sur
du pre.
19. ounsaesu(sL
1); {t)nosu (a 2)
. .
poux, fils
du
frre
de
la
mre, fils
de la sur
du
pre.
Le
schma
suivant montre
leur
utilisation
dans
ce
groupe thorique
plifi :
5
I
~2
1
4
-
7
"i
1
, ....
8
)_
-
14
-
13
1
\
.
17
li
A
or
10
11
i
12
16
15
Fig.
2.
Par
rapport
un
sujet masculin E 10
:
1 3. altnosu )
a ,
", >
rec.
:
asuittu
h. asounosu j
13-1.
asulttu rec.
: asulisu
5-17.
a?knosu rec.
: alkiraru
6-18.
ahuinosu
rec. : aikiraru
7/25/2019 Lvi Strauss Nambikwara
22/139
LA VIE FAMILIALE ET SOCIALE DES INDIENS NAMBJKWARA.
7 asonosu
8. dlinosu
9. arndesu
ou
(jodnosu
1 1 .
asisu
12. asdkosu
1
5
.
arndesu
16. alnsu
rec.
rec.
rec.
rec.
rec.
rec.
rec.
:
asineru
: asineru
:
akendnostt
ou
alnsu
:
ounsaesu
: askosu (si
est e 9
le sujet choisi
femme, E 12
sera ounsaesu
et
e 1 1
asetasu,
: alnsu
: arindesu
rec. : asetasu)
Cette
nomenclature
ne
comprend (si
l'on ne
tient
pas compte
de
l'utilisation
rciproque des
termes,
normalement univoques, alnsu et arndesu dans le
cas
des cousins parallles)
que
des
termes
univoques,
l'exception
de deux
:
askosu et asetasu, et chaque sexe n'a sa disposition qu'un seul de ces deux
termes rciproques ;
en
d'autres
termes,
un homme n'a
que
des
beaux-frres,
tandis qu'une femme n'a que
des
belles-surs. On verra
plus
loin qu'en
ce
qui concerne le
premier terme {askosu), il implique
entre les hommes qui
l'utilisent
des
relations particulires.
L'extrme
simplicit
du systme conduit
videmment
des difficults
d'appellation lorsqu'on dsire distinguer des
degrs
de parent confondus par
la nomenclature;
de
mme que son extrme
symtrie
risque d'amener des
contradictions lorsque
des mariages obliques
entranent
des
dcalages
entre
les
gnrations.
A
la
nomenclature
classificatoire
analyse
ci-dessus
se
superpose
donc
ou se
surajoute
une
nomenclature descriptive,
qui
permet, en
cas de
difficult,
de
situer avec plus
de prcision
l'individu dans
la gnration, ou selon le degr
de
parent
qu'il
occupe par
rapport
au
sujet.
Cette
nomenclature
descriptive n'est
pas
utilise
de faon
courante, et,
surtout, elle
n'intervient
jamais dans
les appellations.
Mais on
l'invoque
chaque
fois qu'il y a doute, et
pour
quelques
cas,
on peut
en
signaler un usage
plus
frquent.
La premire difficult
peut se
produire propos
de
la distinction
du vrai
poux,
ou
de
la vraie pouse, par
rapport
aux poux ou aux pouses thoriques,
ou
du
vrai
pre,
ou de
la vraie
mre,
par
rapport
aux pres
ou aux
mres
thoriques, ou
des
vrais
fils
ou filles par rapport auxafilsn et aux
filles
thoriques.
Dans
la
plupart
des
cas,
la
discrimination
parat
totalement
superflue
aux
indignes,
tant
elle est
souligne par
les diffrences de
comportement; parfois aussi
,
elle apparat inutile pour la
raison,
inverse
de
la
prcdente, que l'pouse
thorique
peut devenir
une pouse
relle
(par
exemple
en
cas de
polygamie, ou
de remariage), que
le pre ou la mre thoriques,
ou le fils ou
la
fille thoriques, peuvent jouer le
rle
de vrais pre ou mre,
ou
de vrais fils
ou fille, par
le mcanisme de l'adoption. Celui-ci
fonctionne
automatiquement,
en
cas de mort du
pre, l'enfant tant alors
recueilli
et
7/25/2019 Lvi Strauss Nambikwara
23/139
2 2 SOCIETE DES AFRICANISTES.
lev
par le frre
de son pre. En
ce cas, le frre
de son
pre,
qu'il
a toujours
appel
pre,
devient pour lui un
pre
vritable,
bien que de substitution,
et
la
femme du
frre
de
son
pre,
qui
est le plus
souvent
la sur
de
sa mre,
et
qu'il
a toujours,
en
consquence, appele
mre,
est
dsormais
traite
par
lui comme telle, surtout si sa propre mre est morte ou remarie.
Nanmoins,
les indignes
dsirent parfois prciser le caractre thorique
de l'appellation.
Ils
ajoutent alors au terme classificatoire un terme
descriptif,
dont la
signification
approximative
est celle
de parent,
au
sens
le plus gnral, savoir :
20. (akit) didnisu
employ sous
la
forme substantive ci-dessus, ou sous
la
forme participe :
didnere; ou sous
la
forme
exclamative, dans la
conversation : aidneram.
Ainsi
nous avons rencontr les
appellations
suivantes
:
=
Fig. 3.
I.
a^kineru
aidneram. II. (t)ouensaetu aidnim. 111.
avnisu (entre
enfants).
IV.
tauettu aikraru
aidneram.
V.
akineram ( ar/kiraru
aidneram).
Une deuxime difficult
est
souleve par la
dsignation
des cousins
parallles.
On a
vu
plus haut qu'on utilise, pour
les
nommer, le mme terme
qui
dsigne
la sur cadette ou le frre
cadet,
et cela
quelque
soit leur ge. Cet
7/25/2019 Lvi Strauss Nambikwara
24/139
LA VIE FAMILIALE ET
SOCIALE DES
INDIENS .NAMBIKWARA.
s3
usage
suggre que
la
traduction adquate des termes alansu, akendnosu,
arindesu, [t)o( nosu pourrait tre,
plutt que
an
et cadet : grand
frre, grande-sur, petit-frre, petite-sur, avec
la
mme ambigut qui
existe
dans
notre
largue
entre
le
sens propre
de l'adjectif
et
son
sens
figur.
Quoi qu'il
en
soit,
on
se trouve souvent devant une situation
contradictoire,
non
seulement
objectivement
(ce
qui
ne
choque
pas la logique
indigne, comme
on le verra
propos
des mres plus jeunes
que
leurs fils), mais aussi
littralement. C'est ce
qui se
passe
lorsqu'une
femme, par exemple, appelle
arindesu une cousine qui est trs
manifestement
son ane. On a alors recours
deux termes supplmentaires,
parfois
surajouts
aux
termes classificatoires,
mais qui
parfois aussi
les remplacent,
mme quand
il s'agit de dsigner
des
frres
ou des surs consanguins. Ce sont :
21.
tod-nosn
:
an
(pour
dsigner
un homme);
22.
toatadosu
:
ane
(pour
dsigner une
femme).
Ces
termes servent prciser la position
respective,
quant la gnration,
de ceux qui sont
:
23.
ariindem,
ou
2 . alonenedsu,
c'est--dire, l'un par
rapport
l'autre
des
arndesuv, ou des alnsuv, ce
qui
est
certains
gards inadmissible
;
tandis
que
deux femmes peuvent tre, sans
difficult
:
25. asetendesu
ou deux hommes
:
26.
asukoundesu
c'est--dire,
l'un pour
l'autre,
asetasu ou
asukosu.
Ainsi, nous
avons
rencontr
des femmes
qui
appellent leurs cousines parallles arindesu toatadosu,
c'est--dire ma
petite-sur
ane.
D'autres difficults apparaissent
en
cas de
mariages
obliques. Quand le
frre
de
la
mre
pouse
la
fille
de
la
sur,
les
grands-parents
de
la
femme
sont en mme temps
les parents du
mari.
Quand
le mari
pouse
une ou
plusieurs
filles de
la sur
de
sa femme,
ses propres parents
sont la fois,
les
beaux-parents
et
les
grands-oncles
de
ses femmes. D'o la ncessit frquente
de
discriminer, plus
prcisment que
ne
le
permettent
les
termes
classificatoires, les
frres
et
surs du pre
et
de
la
mre,
d'une part (c'est--dire
les
beaux-parents potentiels),
et les pres et mres
du pre
et
de
la mre (c'est-
-dire des beaux-parents ventuels de l'un des conjoints). On trouve alors les
7/25/2019 Lvi Strauss Nambikwara
25/139
2
a SOCIETE DES
AMEMCANISTES.
termes suivants
qui
compltent
les (ou se substituent aux) termes
classifica-
toires alinosu, asonosu,
ahnosu, alknosu
:
27.
arndagresu :
ce
mre
de
la mre ;
28.
ouensderosu
:
pre
de
la
mre
;
29.
asetagresu
: mre
du pre
n
;
30. aldnarum : ce
pre du
pre?? ;
3 1
. alindagresu :
sur
de
la mre
de
la mre
L'tymologie des termes
vrifie
le principe
du
mariage des cousins croiss.
En effet, si l'on a
:
I
on constate
que
:
arndagresu
(ou arindakerosu, ce petite
sur
vieille), est
la sur
du pre de
mon
pre;
ouensderosu
(de ounsaesu,
ce
mari
)
est le mari
de
la
mre
de
ma mre;
aseetdgresu
(ou aseetdkerosu, belle-sur vieille ) est
la
belle-sur de
la
mre
de ma mre ;
aldnarum
(de
alnsu,
ce
frre
)
est
le
frre
de
la
mre
de
ma mre.
En
ce
qui concerne les oncles et tantes,
leur appellation
est prcise
par
les termes descriptifs :
32.
akdintagresu atdkarusu
: ce sur de
la mre ;
3 3
akterosu :
ce
frre
de
la mre
;
34.
auddnosu
: sur
du pre.
Aucun terme descriptif n'a
pu
tre
recueilli
pour le frre
du
pre,
appel
normalement
pre
(ahuinosu) ; cette lacune
trouve,
peut-tre,
son
explication
dans la
vocation paternelle qui est
la
sienne
en
cas de mort du pre
consanguin.
D'autre
part,
les
termes
descriptifs
suivants
ont
t
recueillis
au
cours
de
tentatives
de
reconstructions gnalogiques, sans
qu'il
ait t possible
de
dterminer avec
prcision les niveaux ou degrs
de
parent
auxquels ils se
rfrent.
Il se peut
qu'il
fassent double emploi
avec
certains
des termes prcdents :
35. tartarosu
:
ce vieux beau-frre (tartg [/2] = askosu [al /);
36. turarosu :
vieux
mari (vre [/2]
ounsaesu [a/2]);
37. ianrosu :
?
38.
asokerosu
:
vieux grand-pre ou
te
beau-pre ;
7/25/2019 Lvi Strauss Nambikwara
26/139
LA
VIE
FAMILIALE ET SOCIALE DES INDIENS NAMBIKWARA.
20
39.
takdrikenosu cit
avec le commentaire : Quand
le takdrlkenosu meurt,
le alnsu se coupe les
cheveux,
mais
non
le akenanosu,))
Enfin,
deux termes
de
parent expriment des relations dcoulant des
mariages obliques et
du
ddoublement des
gnrations
en
ans et
cadets
:
. ainkedisu;
1.
(t)ddirikisu.
Un homme appelle ainkedisu le akenanosu de sa mre (tandis que le
terme
asonosu est
gnralement
rserv
mais non
toujours
Y
alnsu)',
l'un
et
l'autre
sont, bien entendu, des askosu de son
pre.
Le mme individu est
alors
appel
parla
sur
du sujet
considr
beau-
{asonosu)
ou
mari
(ounsaesu), ou, si elle est marie, ainkedisu
galement,
le
mari
l'appelant
alors
pre (ahunosu). On
voit
donc
que Y ainkedisu
est un
homme
dont
(sujet
masculin)
j'pouse
la
fille ou
la
femme, et dont ma sur pouse
le
fils,
moins
qu'elle
ne
l'pouse
lui-mme. Ainsi s'explique que
Y ainkedisu soit
pour
mon frre,
askosu
ou
asonosu; pour
mon pre,
askosu
ou asineru;
pour
ma
mre, akenanosu ou asineru; pour
ma sur, oiinsaesu
ou asonosu;
pour mon pouse, ahunosu.
D'autre
part,
un
homme appelle (t)ddirikisu
une
femme qui peut tre arin-
desu ou asintu de son
pre,
asetasu ou asintu de sa mre, asetasu ou alinosu de
sa sur, aeknosu de sa femme.
C'est
donc une femme
que j'pouse,
ou dont
j'pouse
la
fille.
Une
femme,
son
tour,
appelle
(t)ddirikisu
une
femme
qui
est
aiknosu ou arindesu
de
son
mari, c'est--dire
une
femme
dont elle pouse
le
frre ou le fils.
On voit que
ces
deux
appellations consacrent
deux
privilges, ou
ouvrent
un double droit : celui
du mariage du
frre
de
la
mre
(et,
thoriquement,
du
frre
du
pre) avec
sa
nice;
droit appartenant essentiellement
au frre
an ; et du mariage du fils de
la sur (fils
du
frre)
avec
sa
tante. Cette rgle,
ou
plutt
cette possibilit s'expliquent, d'une part, par
la
tendance des
Nam-
bikwara vers
la
polygamie, d'autre
part
par
la
raret (d'ailleurs
conscutive)
des
femmes. Nous
en
tudierons
des exemples
dans
un instant.
F
le.
5. A gauche
=
ainkedim; droite
=
tdinkisu.
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9
6 SOCIETE DES AMBRICAMSTES.
Dans
la
nomenclature
des termes utiliss pour
la
description
des relations
de
parent, nous citerons encore :
2.
asdikesu [al
j2)
uetttere
(/2)
:
veuf,
veuves
;
li'.
koaade (bl) : orphelin ;
kli.
kodare (bl) : orpheline
n
.
Comme on vient de le voir, les termes ainkedisu et (tjdirikisu apparaissent
comme des tentatives de solutions de situations
ambigus
provenant d'un
mariage oblique.
Ces
tentatives
restent
partielles, puisque
mes parents
conservent
la possibilit
d'interprter
toujours,
de deux manires diffrentes,
leur relation
de parent vis--vis de
mon
ainkedisu
ou
de ma (t)ddirikisu. Le
plus
souvent, ces
ambiguts
sont
laisses
sans
solution, ou plutt
l'on
assiste
l'un
des deux phnomnes suivants :
chaque
membre
de
la famille interprte
sa
relation par
rapport
au
parent douteux de
la
manire
la plus facile pour lui,
sans se soucier du fait que les diffrentes
appellations en
cours peuvent
apparatre
grossirement contradictoires ; ou
bien
le
parent
ou le
bloc de
parents
douteux
sont dcals d'une
gnration
ou d'un
degr
de
proximit,
de
faon
rationaliser
la structure. Ces
difficults
apparaissent surtout dans
le
cas
des unions polygames, celles-ci
se
ralisant gnralement sous
la
forme
d'un accaparement d'une ou de plusieurs femmes appartenant la gnration
infrieure
celle
o l'on devrait s'tre parfois, o l'on s'est dj
normalement mari. En voici une illustration
frappante,
o
la
complexit
des
relations
la
gnration cadette
fait
suite
un
mariage
oblique
la
gnration
ane
:
'68
'
67
"
-
3
4
Fig. 6.
La
ralit
est
la
suivante
:
Al a pous sa cousine
croise a2
dont
il a une
petite fille
a5.
Ultrieurement, il a pous deux jeunes femmes
:
l'une (a3)
dont
le pre est
mort;
l'autre, a,
dont
le pre tait le
frre
du pre de a3
et tait appel mari
par
a2 qui
appelait aussi
belle-sur
la
mre de a.
Ceci pos,
a
eta3 sont, pour Ai
eta2,
des
filles
ou des brus.
Comme A 1
les a pouses, elles
sont
devenues,
par promotion :
Poured, des
petites
surs (arindem);
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LA VIE FAMILIALE ET
SOCIALE DES
INDIENS NAMBIKWARA.
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S
8 SOCIETE
DES AMJSRICAMSTES.
parents
du
troisime
degr?) ; elles se sparent
donc, dans la
nomenclature,
de leurs anciens frres, surs,
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