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Université Bordeaux 1 Les Sciences et les Technologies au service de l’Homme et de l’environnement N° d’ordre : 4152 THÈSE PRÉSENTÉE A L’UNIVERSITÉ BORDEAUX 1 ÉCOLE DOCTORALE DES SCIENCES PHYSIQUES ET DE L’INGENIEUR Par Gaëtan ALBERT POUR OBTENIR LE GRADE DE DOCTEUR SPÉCIALITÉ : MÉCANIQUE ET INGÉNIERIE IDENTIFICATION ET MODÉLISATION DU TORSEUR DES ACTIONS DE COUPE EN FRAISAGE Directeur de recherche : Olivier CAHUC Soutenue le : 13/12/2010 Devant le jury composé de : M. B. FURET Professeur, IUT de Nantes Président M. W. RUBIO Professeur, Université Paul Sabatier, Toulouse III Rapporteur M. M. ZAPCIU Professeur, Université Politehnica Bucarest Rapporteur M. A. GERARD Professeur, Université Bordeaux 1 Examinateur M. O. CAHUC Professeur, Université Bordeaux 1 Examinateur M. P. DARNIS Maître de Conférences, Université Bordeaux 1 Examinateur M. J-Y. K'NEVEZ Maître de Conférences, Université Bordeaux 1 Invité M. R. LAHEURTE Maître de Conférences, Université Bordeaux 1 Invité

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Université Bordeaux 1 Les Sciences et les Technologies au service de l’Homme et de l’environnement

N° d’ordre : 4152

THÈSE

PRÉSENTÉE A

L’UNIVERSITÉ BORDEAUX 1

ÉCOLE DOCTORALE DES SCIENCES PHYSIQUES ET DE L’INGENIEUR

Par Gaëtan ALBERT

POUR OBTENIR LE GRADE DE

DOCTEUR

SPÉCIALITÉ : MÉCANIQUE ET INGÉNIERIE

IDENTIFICATION ET MODÉLISATION DU TORSEUR DES ACTIONS DE COUPE EN FRAISAGE

Directeur de recherche : Olivier CAHUC

Soutenue le : 13/12/2010 Devant le jury composé de : M. B. FURET Professeur, IUT de Nantes Président M. W. RUBIO Professeur, Université Paul Sabatier, Toulouse III Rapporteur M. M. ZAPCIU Professeur, Université Politehnica Bucarest Rapporteur M. A. GERARD Professeur, Université Bordeaux 1 Examinateur M. O. CAHUC Professeur, Université Bordeaux 1 Examinateur M. P. DARNIS Maître de Conférences, Université Bordeaux 1 Examinateur M. J-Y. K'NEVEZ Maître de Conférences, Université Bordeaux 1 Invité M. R. LAHEURTE Maître de Conférences, Université Bordeaux 1 Invité

Remerciements

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REMERCIEMENTS

ES TRAVAUX de recherche présentés dans ce mémoire ont été effectués au sein d'une équipe de recherche impliquant deux laboratoires de l'Université de Bordeaux 1 : le Laboratoire de Génie Mécanique et Matériaux de Bordeaux (LGM²B) et le Laboratoire de

Mécanique Physique (LMP). Je remercie les directeurs de ces laboratoires, Michel Danis et Marc Deschamps, pour m'avoir accueilli au sein de leurs laboratoires.

Je tiens à remercier M. Benoit Furet, Professeur à l’IUT de Nantes, de l’honneur qu’il me fait en présidant ce jury de thèse.

Je remercie vivement Monsieur Miron Zapciu, Professeur Université Politehnica Bucarest, ainsi que Monsieur Walter Rubio, Professeur à l’Université Paul Sabatier, d’avoir accepté d’examiner cette thèse et de l’intérêt porté à mes travaux. Je remercie tout autant Monsieur Alain Gérard, Professeur à l’Université Bordeaux 1 pour sa participation à ce jury de thèse.

Je remercie très vivement et chaleureusement l’ensemble des personnes qui ont encadré ce travail de thèse.

Tout d’abord Monsieur Olivier Cahuc, Professeur à l’Université Bordeaux 1, qui a dirigé et assuré le suivi de ce travail. J’espère avoir honoré cette première direction de thèse.

Je tiens également à exprimer mes sincères remerciements à Monsieur Philippe Darnis, Maître de Conférences à l’Université Bordeaux 1, à Monsieur Jean-Yves K’Nevez, Maître de Conférences à l’Université Bordeaux 1, et à Monsieur Raynald Laheurte, Maître de Conférences à l’Université Bordeaux 1.

Je les remercie très sincèrement de la confiance qu’ils m’ont accordée depuis le début de mes recherches. Par leur dynamisme intellectuel, leurs conseils, leurs disponibilités et leurs qualités autant scientifiques qu’humaines, ils m’ont appris énormément et m’ont permis de mener à bien cette thèse. J’espère continuer de travailler avec eux dans ce cadre de travail chaleureux. Merci « chefs ! ».

Un remerciement tout particulier à monsieur Yves Couétard, Professeur agrégé en génie mécanique, fondateur de la dynamomètrie à six composantes sur le site Bordelais sans qui tout ce travail ne serait pas possible.

L

Remerciements

4

Un très grand merci à Jean-Philippe Champreux, collègue de « galère » et futur docteur, ainsi que Frédéric Pinassou, technicien au département GMP, qui ont plus que participé au développement du dynamomètre à six composantes à l’origine de ces travaux.

Tant de personne ont également contribué au bon déroulement scientifique et humain de cette thèse que je ne me lancerais pas dans une énumération qui serait certainement incomplète... Je souhaite simplement et chaleureusement remercier toutes les personnes (doctorant, secrétaires, personnels, techniciens, enseignants, enseignants-chercheurs, chercheurs, …) des laboratoires, du département MAI de l'Université Bordeaux 1 et des départements GMP et SGM de l’IUT de Bordeaux 1, qui, de près ou de loin, m’ont aidé et soutenu au cours de cette thèse.

Enfin, loin dans la liste mais proche du cœur, je remercie mes amis et ma famille.

J'aimerais enfin remercier tout particulièrement et exprimer toute ma reconnaissance à Jessica pour avoir supporté mes sautes d’humeur et mes absences durant ces années.

Tables des matières

5

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION GENERALE ____________________________________ 9

CHAPITRE I __________________________________________________ 11 INTRODUCTION A LA MODELISATION DU FRAISAGE

NOMENCLATURE _______________________________________________________________ 15

I.1. INTRODUCTION A LA MISE EN FORME PAR FRAISAGE _______________________ 19I.1.1. Paramètres de coupe ____________________________________________ 20I.1.2. Mouvements générateurs de la coupe _______________________________ 21I.1.3. Angles de coupe ________________________________________________ 21I.1.4. Configurations d’usinage __________________________________________ 24I.1.5. Actions de coupe en 3D ___________________________________________ 26

I.2. MODELISATION DE LA COUPE ET DU FRAISAGE ____________________________ 27I.2.1. Echelles spatiales d'étude _________________________________________ 27I.2.2. Domaines temporels de modélisation ________________________________ 30I.2.3. Méthodes de modélisation des efforts ________________________________ 31I.2.4. Conclusion _____________________________________________________ 52

CHAPITRE II _________________________________________________ 55 MESURE DU TORSEUR DES ACTIONS DE COUPE EN FRAISAGE

NOMENCLATURE _______________________________________________________________ 59

II.1. INTRODUCTION __________________________________________________________ 61

II.2. MESURE D’ACTIONS MECANIQUES ________________________________________ 61II.2.1. Mesures indirectes _______________________________________________ 61II.2.2. Mesures directes ________________________________________________ 64II.2.3. Conclusion _____________________________________________________ 73

Tables des matières

6

II.3. CHOIX ET CARACTERISATION DU CORPS D’EPREUVE RETENU _______________ 74II.3.1. Mode opératoire _________________________________________________ 74II.3.2. Caractérisation du capteur _________________________________________ 76II.3.3. Conclusion _____________________________________________________ 85

II.4. CONCEPTION D’UN DYNAMOMETRE A SIX COMPOSANTES __________________ 85II.4.1. Agencement des capteurs _________________________________________ 85II.4.2. Architecture et matériau du dynamomètre _____________________________ 86II.4.3. Etude par éléments finis __________________________________________ 87II.4.4. Fonctions secondaires ____________________________________________ 88II.4.5. Conclusion _____________________________________________________ 88

II.5. ETALONNAGE D’UN DYNAMOMETRE A SIX COMPOSANTES _________________ 89II.5.1. Etalonnage _____________________________________________________ 89II.5.2. Analyse modale expérimentale _____________________________________ 96

II.6. CONCLUSION ____________________________________________________________ 98

CHAPITRE III _________________________________________________ 99 APPROCHE EXPERIMENTALE DU TORSEUR DES ACTIONS DE

COUPE EN FRAISAGE NOMENCLATURE ______________________________________________________________ 103

III.1. INTRODUCTION _________________________________________________________ 105

III.2. OBTENTION DES GRANDEURS INTERVENANT DANS LE BILAN ENERGETIQUE 105III.2.1. Puissance de coupe consommée __________________________________ 105III.2.2. Torseur cinématique de l’outil par rapport à la pièce ____________________ 107III.2.3. Torseur des actions mécaniques de l’outil sur la pièce __________________ 117

III.3. ETUDE PRELIMINAIRE ___________________________________________________ 117III.3.1. Choix des facteurs ______________________________________________ 117III.3.2. Choix des paramètres observés ___________________________________ 117III.3.3. Procédure expérimentale _________________________________________ 118III.3.4. Analyse et résultats _____________________________________________ 120III.3.5. Conclusion ____________________________________________________ 122

III.4. NOUVELLE DEMARCHE EXPERIMENTALE _________________________________ 123III.4.1. Introduction ___________________________________________________ 123III.4.2. Critères énergétiques ___________________________________________ 123III.4.3. Conclusion ____________________________________________________ 126

III.5. PROTOCOLE EXPERIMENTAL _____________________________________________ 126III.5.1. Procédure expérimentale _________________________________________ 126III.5.2. Présentation des résultats ________________________________________ 128

III.6. CONCLUSION ___________________________________________________________ 131

Tables des matières

7

CHAPITRE IV ________________________________________________ 133 MODELISATION EXPERIMENTALE DU TORSEUR DES

ACTIONS DE COUPE EN FRAISAGE NOMENCLATURE ______________________________________________________________ 137

IV.1. INTRODUCTION _________________________________________________________ 139

IV.2. CALCUL DE LA SECTION DE COPEAU NON DEFORMEE INSTANTANEE REELLE 139IV.2.1. Etude de l’évaluation de la section de copeau Acopeau (t) _______________ 139

IV.2.2. Calcul de la section de copeau Acopeau (t) __________________________ 145

IV.3. DENSITES D’ACTIONS DE COUPE _________________________________________ 146IV.3.1. Densités d’efforts de coupe _______________________________________ 146IV.3.2. Densités de moments de coupe à la pointe outil _______________________ 152

IV.4. MODELISATION DU MOMENT DE COUPE A LA POINTE DE L’OUTIL __________ 160IV.4.1. Modélisation de la section de copeau _______________________________ 160IV.4.2. Modélisation de la densité de moment à la pointe de l’outil, DMez/P(t) _______ 161

IV.4.3. Résultats de la modélisation du moment à la pointe de l’outil, Mez/P(t) ______ 170IV.4.4. Conclusion ____________________________________________________ 172

IV.5. BILAN ENERGETIQUE ____________________________________________________ 172IV.5.1. Résultats et analyses ____________________________________________ 173IV.5.2. Evaluation rapide de la puissance de coupe maximale __________________ 174IV.5.3. Conclusion sur le bilan énergétique _________________________________ 176

IV.6. CONCLUSION ___________________________________________________________ 176

CHAPITRE V _________________________________________________ 179 CONCLUSIONS GENERALES ET PERSPECTIVES

BIBLIOGRAPHIE _____________________________________________ 185

ANNEXES ___________________________________________________ 201

Introduction générale  

 

 9 

 

INTRODUCTION GENERALE

ANS la société de consommation actuelle, la demande pour des produits innovants, de qualité, bons marchés ne  cesse d’augmenter.  Le  contexte économique mondial est très  concurrentiel  et  tous  les  secteurs  d’activités  des  entreprises  se  doivent 

d’optimiser en permanence  la qualité,  les coûts et  les délais. En effet, récemment de nombreuses délocalisations pour la production de produits à faible valeur ajoutée ont accompagné l’émergence des  pays  «  low‐cost  ».  Par  ailleurs,  les  récents  progrès  techniques  de  certains  nouveaux  pays industrialisés font que le segment des pièces à forte valeur ajoutée est désormais en concurrence. 

Le  secteur  de  la  production  est  au  cœur  de  cette  bataille  économique  et  est  donc  très stratégique.  Parmi  les  différents  domaines  de  la  production  (conception,  fabrication,  contrôle, qualité, gestion des moyens et des ressources, maintenance, etc.), la fabrication par enlèvement de matière joue un rôle essentiel d’autant plus que ce procédé de fabrication est  le plus répandu à ce jour. 

En effet, afin de répondre aux exigences des clients, la géométrie des pièces devient complexe et  les  spécifications  dimensionnelles  se  resserrent. Malgré  les  progrès  réalisés  par  les  procédés primaires de mise en forme des matériaux (formage, fonderie, etc.), ils ne permettent que rarement l’obtention  directe des  surfaces  fonctionnelles  et  l'usinage  se  révèle nécessaire  à  l'obtention des produits finaux. 

Depuis  plusieurs  années,  l’évolution  des moyens  électroniques  et  informatiques  (automates programmables, ordinateurs embarqués, systèmes de contrôle et d'asservissement, etc.) ont permis le développement des Machines‐Outils à Commande Numérique (MOCN). Ces machines associées à la Conception et Fabrication Assistée par Ordinateur (CFAO) ont aidé à maintenir la compétitivité du procédé  d'usinage,  en  augmentant  la  productivité  et  en  améliorant  la  qualité.  Des  avancées technologiques doivent donc sans cesse être réalisées afin que  les systèmes de production restent compétitifs. 

Les  différentes  recherches  ont  ainsi  permis  l’évolution  des  techniques,  technologies  et stratégies d’usinage au travers de nouveaux systèmes FAO, outils de simulation, outils, broches, CN, machines. Avec l’essor de l’Usinage à Grandes Vitesses (UGV), l’usinage est encore plus rapide tout en assurant la qualité requise et en autorisant l’usinage de matériaux jusque là difficiles. 

Cette  nouvelle  approche  de  la  coupe  se  distingue  de  l'usinage  dit  conventionnel  par  une augmentation des vitesses de rotation, de coupe et d'avance. Cette avancée technologique ouvre de nouvelles perspectives en termes d'optimisation du procédé. 

Cependant,  lors de  la  formation du copeau,  la présence de phénomènes complexes, relatifs à des domaines aussi variés que  la mécanique du solide déformable,  la thermique,  la tribologie, etc. rend difficile la maîtrise des grandeurs énergétiques du procédé. Ces phénomènes prennent encore 

D

Introduction générale  

 

 10 

plus  d’importance  en  usinage  à  grandes  vitesses.  Les  principaux  axes  d’études  dans  les milieux industriel et académique résident dans la prédiction de ces différents phénomènes.  

A l'échelle macroscopique, les actions de coupe, et en particulier les efforts de coupe, sont des indicateurs  indéniables.  En  effet,  ils  permettent  l’optimisation  des  paramètres  d'usinage,  de  la puissance consommée ou de la qualité d’usinage, le choix ou le dimensionnement des outils et des machines, la prédiction des déformations et des vibrations, le choix des trajectoires d'outils, etc. 

La dynamomètrie à six composantes développée au sein du laboratoire (LMP) par Yves Couétard permet d’accéder à l’ensemble des actions mécaniques transmises par la liaison mécanique entre la matière usinée (copeau et pièce) et l’outil de coupe. Ce dispositif permet de mesurer les efforts de coupe mais révèle également la présence de moments, à la pointe de l’outil. 

Bien que de nombreux travaux aient été réalisés dans  le domaine de  la coupe des métaux,  les moments de coupe ne sont toujours pas évalués par les modèles de coupe classiques. 

A partir des mesures des  six  composantes de  coupe, une première modélisation de  la  coupe semi‐analytique  a  été  réalisée  en  intégrant  la  notion  de  moment  et  en  utilisant  la  théorie  de Cosserat et des couples de contraintes [Toulouse, 1998]. Toutefois, cette modélisation ne semblait pas  être  complètement  adaptée  aux  observations  des  déformations  dans  le  copeau [Laheurte, 2004]. De nouveaux  travaux ont alors été  réalisés en utilisant  la notion de gradient de contraintes  [Laheurte, 2004].  Cette  théorie  bien  qu’apparemment  adaptée  aux  différents phénomènes observés nécessite  le développement d’une nouvelle  loi de comportement  intégrant les  gradients  de  déformation.  Afin  de  définir  les  grandeurs  caractéristiques  de  cette  loi  de comportement,  les moyens d’essais disponibles ne permettent  pas de  se placer dans  les mêmes conditions que lors d’une opération d’usinage (grandes vitesses déformations, etc.). Par conséquent, le modèle semi‐analytique prenant en compte les moments n’a toujours pas pu aboutir. Par ailleurs, le développement d’une modélisation numérique  (prenant en compte  les moments de coupe) est exclue car elle nécessite également une loi de comportement adaptée. 

Malgré tout, afin d’optimiser au mieux une opération d’usinage, et en particulier une opération de  fraisage,  la prise en compte des moments de coupe est prépondérante. Par conséquent, notre étude s’oriente vers un modèle expérimental intégrant les moments de coupe. 

  Afin de présenter le travail réalisé permettant d’atteindre les objectifs fixés pour cette thèse, le 

mémoire s'articule de la façon suivante : Le chapitre I, après un rappel des notions élémentaires sur l’usinage, présente un historique de 

la modélisation  de  la  coupe.  Les  divers modèles  existants,  leurs  différences,  leurs  avantages  et inconvénients sont recensés dans cette partie. 

Le chapitre II présente les différents dispositifs pour la mesure d’actions mécaniques. En  effet,  un  dispositif  de  mesure  fiable  est  nécessaire  lors  des  essais  permettant  le 

développement et  la  validation de  ce modèle. Par  la  suite,  les exigences  requises ont  conduit au développement,  à  l’étalonnage  et  à  la  caractérisation  d’un  nouveau  dynamomètre  à  six composantes. 

Le  chapitre  III  décrit  la  démarche  employée  afin  de  développer  le modèle  expérimental  du torseur  d’actions mécaniques.  La  procédure,  le  protocole  expérimental  sont  ici  présentés  et  de nouveaux critères énergétiques sont introduits. 

Le chapitre IV expose les résultats et l’établissement du modèle du moment de coupe. Enfin,  la  dernière  partie  permet  de  conclure  sur  les  travaux  réalisés.  Des  perspectives  sur 

l’amélioration et l’évolution du modèle seront présentées.   

 

Chapitre I

INTRODUCTION A LA MODELISATION DU FRAISAGE

Ce chapitre présente les notions essentielles à la compréhension des travaux qui sont

développés. Le procédé de coupe étudié dans le cadre de cette thèse est présenté. Un rappel de la définition des conditions de coupe est réalisé ainsi que la description géométrique de l’outil de coupe.

Puis, un état de l’art sur la modélisation de la coupe est réalisé. Les différentes approches et modèles de coupe analytique, numérique ou expérimentaux sont abordés.

 

 

Chapitre I

INTRODUCTION A LA MODELISATION DU FRAISAGE

NOMENCLATURE _______________________________________________________________ 15

I.1. INTRODUCTION A LA MISE EN FORME PAR FRAISAGE _______________________ 19 I.1.1. Paramètres de coupe ____________________________________________ 20 I.1.2. Mouvements générateurs de la coupe _______________________________ 21 I.1.3. Angles de coupe ________________________________________________ 21 I.1.4. Configurations d’usinage __________________________________________ 24 I.1.5. Actions de coupe en 3D ___________________________________________ 26

I.2. MODELISATION DE LA COUPE ET DU FRAISAGE ____________________________ 27 I.2.1. Echelles spatiales d'étude _________________________________________ 27 I.2.2. Domaines temporels de modélisation ________________________________ 30 I.2.3. Méthodes de modélisation des efforts ________________________________ 31 I.2.4. Conclusion _____________________________________________________ 52   

Introduction à la modélisation du fraisage  

 

 15 

Nomenclature  

A   Section de copeau (mm²). 

ae  Engagement radial (mm). 

AD  Section de copeau (COM) (mm²). 

ap  Profondeur de passe (mm). 

Aα  Face de dépouille. 

Aγ  Face de coupe. 

b  Largeur de coupe (mm). 

COM Couple Outils Matière [AFNOR, 1997]. 

, ,x y zijdF   Forces de coupe élémentaires de l’élément i de la jème dent dans la direction x, y 

ou z (N). 

dS   Epaisseur instantanée de copeau (mm). 

D, E, F, G  Coefficients de la loi de Taylor généralisée. 

f, fz  Avance par dent (mm.dt‐1). 

Ff  Effort d’avance (N). 

Fic  Force de coupe dans la direction i (N). 

Fie  Force due à l’arête de coupe dans la direction i (N). 

(Fi, Fj, Fk) Composantes respectives de la résultante des actions mécaniques selon les directions i, j, k (N). 

, ,x y zjF   Forces de coupe de la jème dent dans la direction x, y ou z (N). 

fref  Avance de référence par dent (mm.dt‐1). 

h  Epaisseur coupée (mm). 

hm  Epaisseur moyenne du copeau (mm). 

href  Epaisseur de copeau de référence (mm). 

Kc, Kt Coefficient spécifique de coupe (N.mm‐2). 

Kc,ref  Coefficient spécifique de coupe de référence (N.mm‐2). 

Kic   Coefficient spécifique de coupe pour la composante selon la direction i (N.mm‐2).

Kie  Coefficient d'arête pour la composante selon la direction i (N.mm‐2). 

Chapitre I 

16 

toK   Constante du coefficient spécifique de coupe caractérisant le COM (N.mm‐2). 

  Epaisseur du copeau (mm). 

lc  Longueur de contact de l’arête de coupe (coupe oblique) (mm). 

(Mi/P, Mj/P, Mk/P) Composantes respectives du moment en P du torseur d’actions mécaniques selon les directions i, j, k (N.m). 

mc   Exposant du modèle du coefficient de coupe Kc. 

MOCN  Machine‐Outils à Commande Numérique. 

N  Fréquence de rotation de l’outil (tr.mn‐1). 

p  Constante du coefficient spécifique de coupe caractérisant le COM 

Pc  Puissance de coupe (W). 

Pf  Plan de travail conventionnel (en main). 

Pfe  Plan de travail. 

Pn  Plan normal de l’outil (en main). 

PO  Plan orthogonal de l’outil (en main). 

Pp  Plan vers l’arrière de l’outil (en main). 

Ppe  Plan vers l’arrière en travail. 

Pr Plan de référence de l’outil (en main). 

Pre  Plan de référence en travail. 

Ps  Plan d’arête de l’outil (en main). 

Pse  Plan d’arête en travail. 

Q  Débit copeau (cm3.min‐1). 

0 (O, X, Y, Z

)  Repère orthonormé, fixe, lié au dynamomètre dont les directions des axes sont identiques à celles de la machine‐outils. 

1 (P, r θ ze , e , e

)  Repère orthonormé, tournant, lié à la pointe de la dent. 

R  Rayon de l’outil (mm). 

ra  Rayon d'acuité d'arête (m). 

Ra  Rugosité moyenne arithmétique (µm). 

r  Rayon de bec de l’outil (mm). 

T  Durée de vie (mn). 

Introduction à la modélisation du fraisage  

 

 17 

tc, hi Epaisseur de copeau (mm). 

Vc  Vitesse de coupe (m.mn‐1). 

Vf  Vitesse d’avance (mm.mn‐1). 

Vs  Vitesse de cisaillement (m.s‐1). 

Wc  Energie spécifique de coupe (COM) (W.cm‐3.min‐1). 

Wc,ref  Energie spécifique de coupe de référence (COM) (W.cm‐3.min‐1). 

Y   Longueur de contact entre le copeau et la face de coupe (mm). 

Z Nombre (entier) de dents de l’outil.  

Symboles grecs 

αo  Angle de dépouille principal (°). 

βa  Angle moyen de frottement (°). 

βo  Angle de taillant (°). 

γ0  Angle de coupe (°). 

l  Epaisseur du cisaillement secondaire (mm). 

ΔФ  Ecart de position angulaire entre deux dents consécutives (°). 

, c  Direction d’écoulement du copeau. 

θ  Position angulaire de la dent considérée (°). 

θ (t)  Position angulaire du point représentant la pointe de la dent (°). 

r   Angle d’attaque de l’arête de coupe (°). 

  Angle moyen de frottement (°). 

f  Coefficient de frottement du modèle de Tresca. 

s  Angle de direction d’arête (°). 

τs  Contrainte de cisaillement (MPa). 

  Angle de cisaillement (°). 

Øc  Angle de cisaillement primaire (°). 

Øi  Angle de projection de l’angle de cisaillement (°). 

Øn  Angle de cisaillement dans le plan normal (°). 

ω ou ωz Fréquence de rotation de l’outil (rd.s‐1) Equation Chapter 1 Section 1  

Introduction à la modélisation du fraisage  

 

 19 

A  MISE  en  forme  par  enlèvement  de matière  est  l’un  des  procédés  d’élaboration  de pièces mécaniques. Un outil de coupe enlève de la matière à une pièce pour générer une nouvelle surface.  

Différents  types de configurations de coupe  (orthogonale, oblique,  tridimensionnelle) existent et sont appliqués aux procédés de mise en forme des matériaux par enlèvement de matière tels que le rabotage,  le tournage,  le fraisage,  le perçage, etc. Depuis  leur apparition,  les procédés d’usinage ont  constamment  évolué  afin  de  rester  en  phase  avec  les  exigences  industrielles,  techniques, économiques et/ou écologiques.  

L’état d’avancement des connaissances sur le plan fondamental ne permet pas dans tous les cas de répondre à tous ces besoins. Cependant, la technologie et les techniques d’usinage ont permis de faire évoluer et d’optimiser la production. L’évolution de l’informatique et de la maîtrise technique des  outils  et  des  organes  de  machine‐outils  (broches,  guidages,  transmissions  de  mouvement, commandes  numériques,…)  ont  permis  le  développement  de  centres  d’usinages  entièrement robotisés  et  récemment  de  machine  d’Usinage  à  Grandes  Vitesses  (UGV).  L’évolution  de  ces machines  outils  permet  sans  cesse  d’améliorer  leur  rendement,  leur  sécurité,  leur  rigidité,  leur dynamique  (vitesse, accélération),  leur puissance, et  leur productivité. Les performances atteintes aujourd’hui  font  ressortir  un  ensemble  de  phénomènes  ignorés  auparavant  [Darnis,  2000].  La fabrication  traditionnelle  n’est  pas  remise  en  cause.  Toutefois,  de  par  leur  importance,  ces phénomènes  doivent  être  pris  en  compte  lors  d’usinage  à  Grandes  Vitesses  où  les  vitesses  de rotation des outils de fraisage, par exemple, deviennent très importantes. 

Dans une première partie,  les bases  essentielles  (non  exhaustives)  en usinage  et  en  fraisage sont présentées. Les paragraphes suivants ont pour objectif d’aborder les différentes modélisations des  actions  de  coupe.  Pour  ceci,  l'échelle  d'étude  spatiale  et  temporelle  envisagée,  les  diverses méthodes  de  modélisation  ou  encore  l'identification  des  coefficients  de  lois  de  coupe  sont détaillées. 

I.1. Introduction à la mise en forme par fraisage

L’opération de  fraisage est un procédé d’enlèvement de matière  sous  forme de  copeaux par l’intermédiaire  d’un  outil  coupant.  L’opération  de  coupe  résulte  de  la  combinaison  de  deux mouvements.  Le  mouvement  de  coupe  est  le  mouvement  de  rotation  donné  à  la  fraise.  Le(s) mouvement(s) d’avance est (sont) le(s) déplacement(s) donné(s) à la pièce et/ou à la fraise. 

Trois  types  d’opération  de  fraisage  peuvent  être  définies  indépendamment  de  l’outil  choisi. Chacune des catégories se différencie en considérant différentes directions d’avance par rapport à l’axe de rotation de l’outil. 

 

Figure I.1-1 : Type de fraisage, [Sandvik, 2001].

Le  premier  type  d’opération  est  le  surfaçage  (Figure  I.1‐1‐a).  Dans  ce  cas,  la  fraise  tourne perpendiculairement à la direction de l’avance radiale. L’ensemble des arêtes de coupe (latérales et frontales) peut être utilisé. 

L

Génération d’une surface 

a) 

Génération de 2 surfaces

b)

Génération de 3 surfaces 

c) 

Chapitre I 

20 

Le fraisage 3 tailles (Figure I.1‐1‐c) est défini lorsqu’un outil tourne autours d’un axe parallèle à l’avance  tangentielle. L’opération de coupe est réalisée avec  les arêtes de coupe périphériques de l’outil. 

Enfin une dernière catégorie est définie par des usinages où  l’axe de rotation de  la fraise et  la direction d’avance sont parallèles (Figure I.1‐1‐b). L’usinage est axial et similaire à une opération de perçage. Cette catégorie comprend également les opérations de tréflage. Ce sont principalement les arêtes de coupe centrales de l’outil qui sont sollicitées. 

I.1.1. Paramètres de coupe Les  paramètres  de  coupe  sont  des  grandeurs  primordiales  lors  de  l’usinage.  Ces  paramètres 

conditionnent les phénomènes physiques rencontrés lors de la coupe. Leur choix est directement lié à  l’intégrité  de  l’outil  et  à  la  qualité  géométrique  de  la  surface  usinée  tout  en  assurant  une production optimale à moindre coût. 

I.1.1.1. Vitesse de coupe

La vitesse de coupe (Figure I.1‐2) notée Vc est directement liée au mouvement de coupe. Cette vitesse est un paramètre fondamental pour la formation du copeau. Elle dépend de la configuration d’usinage,  du  procédé  et  du  couple  outil/matière.  La  définition  de  la  vitesse  de  coupe  est  très importante car elle détermine la fréquence de rotation de la pièce ω (en rd.s‐1) (équation (I‐1‐1)). 

  .Vc R .  (I‐1‐1) 

La fréquence de rotation de l’outil N (en tr.mn‐1) peut alors être déduite avec l’équation (I‐1‐2). 

 1000.

.

VcN

D .  (I‐1‐2) 

où R et D (mm) sont respectivement le rayon et le diamètre final de la pièce ou de l’outil. 

I.1.1.2. Vitesse d’avance

L’avance  instantanée  radiale Δer  (Figure  I.1‐2) varie de 0 à  l’avance par dent,  f. Ce paramètre correspond à la différence de déplacement radial de l’outil entre le passage pour une même position angulaire de deux arêtes de coupe successives. 

 

Figure I.1-2 : Opération de fraisage.

N

Vf

D

Δer 

ap

ae

Vc

Introduction à la modélisation du fraisage  

 

 21 

La vitesse d’avance est  la vitesse de déplacement de  l’outil. Cette vitesse dépend de  l’avance par dent f, du nombre de dent Z et de la fréquence de rotation N (équation (I‐1‐3)). 

  . .Vf f Z N .  (I‐1‐3) 

I.1.1.3. Profondeur de passe et engagement latéral

La profondeur de passe ap est  la profondeur axiale engagée dans  la matière  (Figure  I.1‐2). La profondeur de passe associée à l’avance influence la formation du copeau car elle modifie la section du copeau et donc l’énergie nécessaire au cisaillement de la matière. 

L’engagement latéral (Figure I.1‐2) noté ae correspond à la profondeur de coupe latérale. 

I.1.2. Mouvements générateurs de la coupe

 

Figure I.1-3 : Configurations d’usinage en fraisage de profil.

La  fraise est animée d’un mouvement de  rotation  tandis que  la pièce  (ou  l’outil)  se déplace. Deux configurations peuvent être mises en évidence en fonction du sens de rotation de l’outil et de la direction d’avance. La configuration retenue joue un rôle fondamental et affecte le processus de fraisage sous divers aspects. 

En fraisage en opposition ou conventionnel (Figure I.1‐3‐a), la direction d’avance de la pièce est opposée au sens de rotation de la fraise dans la zone de coupe. L’épaisseur des copeaux est nulle au début de la coupe et augmente jusqu’à la fin de la passe jusqu’à l’avance par dent programmée f. 

Dans le cas du fraisage en avalant ou en concordance (Figure I.1‐3‐b), la direction d’avance et le sens de rotation de  la fraise sont en concordance dans  la zone de coupe. L’épaisseur du copeau va donc être égale à l’avance par dent programmée f au début de l’usinage et diminue jusqu’à zéro en fin de passe. Contrairement à la configuration précédente, les forces de coupe tendent à plaquer la pièce contre les appuis du montage d’usinage dans le cas du fraisage de profil. 

Le fraisage en avalant est donc à préférer chaque fois que la machine, le système de fixation de l’outil et  la pièce  le permettent. Le fraisage en avalant  impose cependant quelques contraintes. La machine  ne  doit  présenter  aucun  jeu  au  niveau  du  système  d’avance  de  la  table.  De  plus,  une augmentation non contrôlée de l’avance peut être constatée si l’outil est entrainé vers l’intérieur de la pièce. Cela peut conduire à une épaisseur du copeau excessive voire à une rupture d’arête. Dans ce cas et lorsque de fortes variations de la surépaisseur d’usinage existent, le fraisage conventionnel devra être choisi. La pièce devra être correctement bridée dans un montage adaptée à la pièce. 

I.1.3. Angles de coupe Les  différents  plans  et  angles  de  l’outil  sont  définis  par  rapport  au  plan  de  référence. Deux 

systèmes peuvent être définis :  l’outil en main et  l’outil en  travail. Ces deux systèmes permettent respectivement de définir  la position de  l’arête de  coupe  lorsque  l’outil est  au  repos ou  lorsqu’il usine. 

L’orientation, dans  la configuration outil en main, de  l’arête de  l’outil de coupe, de  la  face de coupe  (Aγ)  et  de  la  face  de  dépouille  (Aα)  (Figure  I.1‐4)  est  définie  par  l’expression  de  différents angles caractéristiques.  

b)

Pièce

Outil Plaquette d’usinage 

a)  Mouvement de coupe 

Pièce 

Matière enlevée

Mouvement d’avance 

Chapitre I 

22 

Pour définir  ces  angles, des plans de  références  (Pr, Ps, PO, Pf, Pp, Pn) doivent  être  introduits (Figure I.1‐4) [AFNOR, 1993]. Les angles positionnant l’arête de coupe sont donc définis grâce à ces différents plans.  L’angle de direction d’arête de  l’outil r est  l’angle projeté dans  le plan Pr entre l’arête de coupe et la direction d’avance, défini par la direction de la vitesse d’avance (Figure I.1‐4).  

L’angle d’inclinaison d’arête de l’outil λs est l’angle (Figure I.1‐4) dans le plan Ps entre l’arête de coupe et le plan de référence de l’outil Pr. 

 

Figure I.1-4 : Illustration des plans et angles en main d’une fraise, [AFNOR, 1993].

  

Vue dans le plan de référence de l’outil, Pr

Vue dans le plan orthogonal de l’outil, Po 

Vue dans le plan d’arête de l’outil, PsVue dans le plan de travail de l’outil, Pf 

Pr Po 

Ps

Pf 

Point considéré de l’arête 

Direction supposée 

de coupe 

Direction supposée d’avance 

Aα 

Aγ 

Direction supposée 

de coupe 

Direction supposée 

d’avance 

Direction supposée de coupe 

Introduction à la modélisation du fraisage  

 

 23 

Les caractéristiques géométriques de  la partie active de  l’outil de coupe  sont définies  (Figure I.1‐4) dans le plan orthogonal Po par trois angles :  

- L’angle de coupe o entre la face de coupe (Aγ) et le plan de référence Pr  - L’angle de taillant βo entre la face de coupe (Aγ) et la face de dépouille (Aα).  - L’angle  de  dépouille  principal  αo,  entre  la  face  de  dépouille  (Aα)  et  le  plan 

perpendiculaire au plan de référence Pr. La somme de ces trois angles est égale à 90°. Lorsque  l’on  considère  l’outil  en  travail,  le  plan  de  référence  est  défini  par  rapport  à  la 

cinématique de la coupe.  

 

Figure I.1-5 : Angles en travail de la partie active d’une fraise, [Passeron, 1998].

Le  plan  de  référence  en  travail,  Pre  est  défini  perpendiculaire  à  la  direction  de  la  vitesse 

résultante de  coupe  eV

 au point P  (Figure  I.1‐5).  La vitesse effective de  coupe  instantanée est  la composition à tout instant de la vitesse de coupe et de la vitesse d’avance (équation (I‐1‐4)). 

  e f cV V V

.  (I‐1‐4) 

La  vitesse  effective  présente  une  inclinaison  d’un  angle  δ  résultant  de  la  composition  des vitesses. 

Ainsi, la géométrie de l’arête de coupe peut être définie lorsque l’outil est en travail. Des plans et angles dont la définition et la position sont semblables peuvent alors être définis. 

Le plan d’arête en  travail Pse est  tangent à  l’arête et perpendiculaire au plan de  référence en 

travail Pre au point P. Ce plan contient la direction de la vitesse résultante de coupe,  eV

. Le plan de travail, Pfe, contient la direction de la vitesse d’avance et la direction de la vitesse de 

coupe au point considéré de l’arête. Ce plan est perpendiculaire au plan de référence en travail Pre. Le plan vers l’arrière en travail, Ppe, est perpendiculaire au plan de référence en travail Pre et au 

plan de travail Pfe, au point P. 

Pfe

Chapitre I 

24 

I.1.4. Configurations d’usinage En  fonction  du  procédé  de  coupe  étudié,  la  géométrie  des  outils  diffère.  Cependant,  afin 

d’étudier la formation du copeau ou d’établir des modélisations (et ce quelque soit le procédé), des hypothèses simplificatrices sur  la configuration d’usinage et  la géométrie des outils sont réalisées. Selon  la  géométrie de  l’arête de  coupe,  celle‐ci peut  être  considérée  globalement ou  discrétisée permettant ainsi de se ramener au cas plus simple de la coupe orthogonale ou oblique. 

I.1.4.1. Coupe orthogonale

La  coupe  orthogonale  est  la  configuration  la  plus  simple  pour  usiner  une  pièce.  Cette configuration est actuellement assez rarement employée dans le monde industriel. En effet, dans la pratique, seulement quelques procédés classiques permettent d'obtenir ces conditions comme par exemple le rabotage, le tournage de tube en bout et l'usinage de palier. 

 

Figure I.1-6 : Cas industriel de configuration de coupe orthogonale, [Le Calvez, 1995].

La  situation de coupe orthogonale  (Figure  I.1‐7)  se  rencontre  lorsque  l’outil  coupe  la matière avec une seule arête de coupe et lorsque cette dernière est perpendiculaire à la vitesse d’avance et à la vitesse de coupe Vc.  

 

Cette configuration est  scientifiquement  intéressante car elle permet d’isoler  la  formation du copeau sans introduire de phénomènes parasites tels qu’une variation de la vitesse de coupe, de la vitesse d’avance ou de la section du copeau, par exemple.  

 

Figure I.1-7 : Illustration de la coupe orthogonale.

I.1.4.2. Coupe oblique

Une deuxième représentation schématique de la formation du copeau plus réaliste, est celle de la coupe oblique (Figure I.1‐8). 

En coupe oblique, l’arête de coupe est inclinée de l’angle d'inclinaison d'arête s par rapport à la normale à la direction de coupe (dans le plan contenant Vc et l’arête, Figure I.1‐8). 

Vc ap 

f Vf

outil

pièce 

Usinage d’un palier (avec fréquence de rotation contrôlée et asservie) 

Usinage d’un tube en bout avec  épaisseur<<diamètre 

Introduction à la modélisation du fraisage  

 

 25 

Dans  le  cas  de  la  coupe  orthogonale,  le  copeau  s’écoule  sur  la  face  de  coupe  de  l'outil normalement à l’arête de coupe. En coupe oblique, la direction d'écoulement du copeau forme avec la normale à l’arête projetée sur la face de coupe un angle c appelé angle d'écoulement du copeau (Figure I.1‐8). 

 

Figure I.1-8 : Illustration de la coupe oblique.

Ajouter une inclinaison à l'outil permet dans une certaine mesure, une approche plus réaliste de la formation du copeau dans le cas général. Cependant, la coupe oblique n'est qu'une transposition du cas orthogonal par rotation du plan de cisaillement.  

Naturellement, il convient de penser que dans un régime de coupe permanent, en se plaçant dans un plan perpendiculaire à l'arête de coupe, une configuration de coupe orthogonale peut être considérée. En fait, la phénoménologie de la coupe oblique suit celle de la coupe orthogonale avec l'obligation d'une réorientation des actions de coupe dans  le repère global défini par  les directions de la vitesse de coupe Vc, de la vitesse d'avance Vf et de la profondeur de passe ap. 

I.1.4.3. Coupe 3D

Les  précédentes  configurations  d’usinage  s’attardent  essentiellement  sur  la  position  de l’arête de coupe par rapport aux paramètres cinématiques (Vc et Vf). Contrairement à la géométrie réelle des outils, les différentes arêtes sont considérées parfaitement vives (Figure I.1‐9‐a).  

 

Figure I.1-9 : Définition de la géométrie de l’arête de coupe, [Laheurte, 2004].

Dans le but de traduire aux mieux la géométrie des outils, les travaux plus récents intègrent la géométrie réelle de l’outil [Laheurte, 2004] (Figure I.1‐9‐b). 

Rayon de bec, rε 

Face de dépouille principale 

Face de coupe 

rε Face de coupe 

Face de dépouille secondaire 

a) b) 

Rayon d’acuité, ra 

Face de dépouille principale 

ra 

γn 

Vc

Point considéré de l’arête

Vf 

outil 

pièce

Chapitre I 

26 

Les rayons de bec et/ou d’acuité ne sont plus négligés et sont pris en compte dans les diverses modélisations [Budak, 2008], [Laheurte, 2004], [Moufki, 2005a]. 

Pour ceci, le rayon de la pointe de l’outil (ou de la plaquette) est discrétisé en arêtes rectilignes élémentaires  (Figure  I.1‐10)  auxquelles  la  modélisation  souhaitée  pourra  être  appliquée  [Budak, 2008], [Moufki, 2005a]. 

 

Figure I.1-10 : Discrétisation du rayon de bec.

I.1.5. Actions de coupe en 3D Le contact et l’interaction entre l’outil et la pièce engendrent des phénomènes complexes dans 

les  zones de  cisaillement primaire et  secondaire. Ces mécanismes de déformations de  la matière associés aux conditions tribologiques aux  interfaces outil/copeau et outil/pièce sont à  l’origine des actions de coupe. 

 

Figure I.1-11 : Actions mécaniques en tournage et fraisage.

Ces  actions mécaniques dues  à  la  coupe peuvent être  exprimées mathématiquement par un torseur des actions mécanique. Dans le cas d’un outil à arête de coupe unique (rabotage, tournage, certains cas particuliers de fraisage) (Figure  I.1‐11), bien qu’il puisse être exprimé en tout point de l’espace,  le  torseur mécanique  des  actions  de  coupe  est  exprimé  à  la  pointe  de  l’outil  pour  se rapprocher des phénomènes réels. Ce torseur des actions de coupe est constitué de deux vecteurs. La  résultante et  le  vecteur moment du  torseur des  actions mécaniques  se décomposent en  trois forces et en trois moments (au point d’expression) selon les directions du repère orthonormé choisi. 

FMD

Fr

FtFz

Mr

z’

t

r

D Vf

Vc

(-Vf)

y

M

x M z

M

M

y

F z

F

xF F

p (-a )

c (V )

D

x z

y

w/t

[Budak, 2008] [Moufki, 2005a] 

Pointe de l’outil

Introduction à la modélisation du fraisage  

 

 27 

Dans  le  cas  où  plusieurs  arrête  de  coupe  sont  actives  simultanément  (perçage,  fraisage),  le torseur de  chaque  arête de  coupe  est  identifié puis  l’ensemble des  torseurs de  chaque  arête de coupe sont réduits puis additionnés en un même point. 

La  notation  utilisée  pour  décrire  les  composantes  du  vecteur  moment  reprend  celle  de  la résultante et le torseur des actions de coupe est exprimé à la pointe de l'outil. 

 

/  

, /   / / / , ,0

 /

. . .

. . .

outil pièce x y z

P outil pièce P P PP x y zPx y z

outil pièce

R F x F y F z

M M x M y M z .  (I‐1‐5) 

Bien que rarement prises en compte, l’existence et l’importance des moments de coupe ont été mises en évidence par des études expérimentales [Cahuc, 2001], [Darnis, 2000], [Toulouse, 1998]. 

I.2. Modélisation de la coupe et du fraisage

Afin  de  produire  une  pièce mécanique  par  usinage,  les  paramètres  intervenant  au  cours  de l’usinage liés à la matière (caractéristiques mécaniques, procédés d’élaboration du brut, traitement thermique…), à  l’outil  (géométrie, nuance,…) ou même à  la machine‐outils doivent être optimisés. L’objectif  est  de  produire  une  pièce  avec  la  qualité  requise,  au  moindre  coût,  dans  un  temps minimum et désormais avec un impact écologique minimisé. Dans ce but, la maîtrise des actions de coupe  est  essentielle. Du point de  vue de  la machine‐outils,  les  actions de  coupe permettent de dimensionner la broche (puissance et couple maximum, etc.), les outils (déformation, usure, etc.) ou même  les montages d’usinage et  les actions de serrage. D’un autre coté,  les actions de coupe ont également une influence directe sur la qualité des surfaces obtenues.  

Pour  ces  raisons,  l'étude  des  actions  de  coupe  a  donc  été  abordée  largement  et  depuis longtemps avec différentes méthodes de modélisation, approches spatiale et/ou temporelle. 

L'utilisation d’un modèle de coupe pour prédire les actions de coupe a pour principal intérêt de limiter le nombre des essais, et donc le coût, d’un processus expérimental. Les modèles permettent d'étudier  l'influence de diverses conditions et géométries de coupe  sans avoir à  réaliser un grand nombre  d'essais.  A  partir  du  comportement  des  matériaux,  de  la  géométrie  des  outils  et  des conditions de coupe, l'intérêt d’une modélisation de  la coupe est de prédire les actions de coupe à partir d'un minimum d’informations.  

I.2.1. Echelles spatiales d'étude Le  processus  de  coupe  peut  être  abordé  à  différentes  échelle  spatiale  [Al‐Ahmad, 2008], 

[Assouline,  2005],  [Bissey,  2005],  [Chérif, 2003],  [Marty,  2003].  Cette  approche  multi‐échelles permet de distinguer trois points de vue. Les phénomènes pris en compte sont différents selon  le point  de  vue  considéré.  Par  conséquent,  à  chaque  échelle  est  associée  une  méthode  de modélisation mettant en œuvre des théories et des procédures expérimentales spécifiques (Figure I.2‐1). 

I.2.1.1. Approches liées à l'échelle microscopique

[Changeux, 2001], [Komanduri, 1981], [Poulachon, 2002].

L’échelle microscopique  intègre  lors de  la formation du copeau,  les aspects métallurgiques  liés aux phénomènes de coupe à l’échelle des grains des matériaux. A ce niveau, la modélisation se base sur l'analyse de l'état résiduel de la surface usinée (changements de phase, fissures), sur l'analyse de l'évolution de la matière (microstructures, dislocations, inclusions). Cette échelle intègre également la  formation  du  copeau  au  niveau  métallurgique  au  travers  d’analyses  microstructurales  et mécaniques  des  différentes  zones  du  copeau  (texture,  transformation  de  phase,  adoucissement thermique). Cette approche permet donc d’obtenir des  informations métallurgiques sur  le copeau (type  de  copeau:  ondulant,  segmenté,  discontinu)  ou  la  pièce  (état  de  la  couche  superficielle). 

Chapitre I 

28 

Cependant, des grandeurs macroscopiques telles que les efforts de coupe ne peuvent être obtenues directement. 

 

Figure I.2-1 : Différentes échelles de la modélisation des efforts de coupe, [Chérif, 2003].

I.2.1.2. Approches liées à l'échelle mésoscopique

[Altintas, 2000], [Chérif, 2003], [Dargnat, 2006], [Garnier, 2000a], [Laheurte, 2004], [Laporte, 2005], [Merchant, 1945], [Molinari, 1992], [Oxley, 1988], [Toulouse, 1998], [Tounsi, 2002].

L'échelle mésoscopique considère, sans prendre en compte l'aspect métallurgique de la coupe, la formation du copeau ainsi que l'interaction entre la pièce et l’arête de coupe. Au sein de la région où se forme le copeau, différentes zones de sollicitations existent et ont été mises en évidence par [Bourdet,  1977],  [Merchant,  1945],  [Oxley,  1976]  lors  du  processus  de  coupe.  Ces  zones  sont représentées  dans  le  cas  de  la  coupe  orthogonale  dans  le  plan  Po.  Quatre  zones  peuvent  être définies (Figure I.2‐2). 

Cette approche se base sur  les principaux phénomènes agissant sur  les propriétés mécaniques des matériaux  et  sur  le  processus de  coupe. Ainsi,  ce  point  de  vue  se  concentre  sur  l’étude des grandeurs  thermomécaniques  (température, déformations, vitesses de déformation, contrainte de cisaillement)  et  tribologiques  (coefficient  de  frottement,  pression  de  contact,  etc.).  En  effet,  ces grandeurs, bien que difficilement mesurables, permettent au  travers de modélisations analytiques ou  numériques  d’accéder  à  des  informations  macroscopiques  telles  que  les  efforts  de  coupe. Cependant, ces hypothèses sont difficilement vérifiables et  les  lois de comportement utilisées (par exemple la loi de Johnson Cook, [Johnson, 1993]) sont souvent inappropriées au cas de l’usinage du fait  notamment  des  hautes  températures,  des  grandes  déformations  et  des  grandes  vitesses  de déformations. 

Introduction à la modélisation du fraisage  

 

 29 

Figure I.2-2 : Identification des différentes zones de formation du copeau, [Cahuc, 2001].

I.2.1.3. Approches liées à l'échelle macroscopique

[Altintas, 2000], [Beauchesne, 1999], [Larue, 2003], [Lazoglu, 2000].

Cette approche ne s’intéresse plus aux phénomènes  localisés à  la pointe de  l'outil. Le système Pièce‐Outil‐Machine  est  considéré  dans  sa  globalité  soumis  aux  actions  de  coupe  et  à  son environnement. Les aspects thermomécaniques de la coupe et les paramètres internes ne sont donc pas étudiés.  

Cette  échelle  peut  se  décomposer  en  une  approche  locale  et  une  plus  globale.  L’échelle macroscopique locale permet l’analyse du comportement dynamique du triplet Pièce‐Outil‐Machine au  cours  d’une  opération  d’usinage.  Ainsi,  les  modélisations  dynamiques  (comportement  des machines  et  aspect  vibratoire)  du  processus  de  coupe  peuvent  se  révéler  très  utile  pour  la détermination de  conditions de  coupe  stables. Cette  approche  vibratoire  assure  la maîtrise de  la trajectoire de l’outil mais ne peut être réalisée par les deux autres niveaux d'échelle. L’échelle macroscopique globale concerne  la surveillance d’usinage afin d’adapter  la commande de la machine ou de prédire  les défaillances d’une partie ou  de  l’ensemble du  système  Pièce‐Outil‐Machine. Cette approche conduit au développement et à la mise au point de logiciels de simulation de la coupe prenant en compte le comportement réel de la machine (performances dynamiques des asservissements et du contrôleur CN). 

I.2.1.4. Echelles nanoscopique et mégascopique

Chacune de ces deux échelles est très particulière et s’adresse à des applications très précises. L’échelle nanoscopique ou l’échelle atomique est très souvent employée pour décrire les micro‐

usinages. A l’opposé, l’échelle mégascopique s’intéresse à l’étude d’une opération d’usinage au niveau de 

l’entreprise. Cette approche prend en considération les contraintes et les fonctions liées au produit (gestion  de  projet,  de  conception,  d’industrialisation)  ou  à  l’entreprise  (fabrication‐  production, exploitation‐maintenance,  l’hygiène,  la  sécurité,  l’ergonomie,  ainsi  que  les  contraintes économiques,…). 

I.2.1.5. Conclusion

Dans un premier  temps,  l’objectif est d’appréhender  l’influence des paramètres cinématiques (liés  à  l’opération  d’usinage)  et  des  paramètres  géométriques  de  l’outil  sur  l’ensemble  des  six composantes  des  actions  de  coupe.  Par  la  suite,  une modélisation  des  actions  de  coupe  et  en particulier des moments de  coupe  sera présentée. Avant d’aborder  la  compréhension et  l’origine des moments  de  coupe  au  travers  d’une  approche mésoscopique,  l’approche macroscopique  est essentielle  afin  d’identifier  les  grandeurs  influençant  les moments  de  coupe.  Par  conséquent,  le 

2

4

Outil

Pièce

copeau

1

3  :  Zone morte,  :   Zone de cisaillement primaire,   :  Zone  de  cisaillement  secondaire 

ou zone de frottement intense,   :  Zone de dépouille principale. 

Chapitre I 

30 

choix de  l'échelle s'est orienté vers cette approche afin de caractériser  le bilan énergétique d’une opération d’usinage. 

I.2.2. Domaines temporels de modélisation Selon  les  paramètres  étudiés,  différents  domaines  temporels  peuvent  être  utilisés.  En  effet, 

certains phénomènes peuvent évoluer selon  le paramètre  temporel. Trois principaux domaines de modélisation  peuvent  être  définis  [Al‐Ahmad,  2008],  [Assouline,  2005],  [Bissey,  2005], [Chérif, 2003], [Marty, 2003]. 

I.2.2.1. Domaine statique

Par définition, la modélisation dans ce domaine ne prend pas en compte le paramètre temporel et donc l’évolution des grandeurs dynamiques (accélérations). Or, dans le cadre du fraisage, certains phénomènes évoluent au cours de l’usinage. En effet, l’épaisseur du copeau et les efforts de coupe évoluent  cycliquement  en  fonction  de  la  position  angulaire  de  l’arête  de  coupe.  La modélisation dans  le domaine statique est donc adaptée pour des opérations où  les paramètres n’évoluent pas (ou peu) comme dans le cas du tournage où la section de copeau est constante. 

I.2.2.2. Domaine quasi-statique

[Altintas, 2000], [Ko, 2002], [Larue, 2003], [Shatla, 2000].

Ce domaine considère des états stationnaires à  intervalles de temps réguliers. Des hypothèses (non  régénération  du  copeau,  pièce  et  outils  considérés  comme  rigides)  sont  alors  faites  afin d’établir une modélisation. Pour  ce domaine et  avec  ces hypothèses,  la  section  réelle de  copeau peut être prise en  compte dans  ces modélisations. Cependant,  le  comportement  vibratoire de  la cellule complète d’usinage ne peut pas être décrit car l'environnement machine n’est pas intégré et le système Pièce‐Outil‐Machine est considéré rigide. 

Les modélisations développées dans ce domaine autorisent le calcul des efforts de coupe à des intervalles de temps régulier correspondant à des positions identifiées de la fraise. Afin de prendre en compte la géométrie 3D, les différentes arêtes de l’outil sont discrétisées. Associés à l’hypothèse de  coupe  orthogonale  ou  de  coupe  oblique,  les  efforts  de  coupe  infinitésimaux  sont  calculés  en fonction  de  la  géométrie  locale,  de  la  section  de  copeau  et  de  coefficients  expérimentaux  (les coefficients spécifiques de coupe). Les efforts de coupe par arête sont alors obtenus par sommation des efforts des différents éléments. Enfin, par projection dans  le  repère outil puis sommation,  les efforts de coupe globaux exercés sur l’outil sont déterminés. 

I.2.2.3. Domaine dynamique

[Altintas, 2000 & 2008], [Bisu, 2007], [Lapujoulade, 1997].

Cette  approche  nécessite  de  connaître  ou  de  caractériser  dans  le  domaine  fréquentiel l’ensemble du système Pièce‐Outil‐Machine utilisé. La définition du comportement vibratoire pour un système Pièce‐Outil‐Machine clairement  identifié permet d’établir des cartes de stabilité grâce notamment à l'utilisation de la théorie des lobes de stabilité. 

Les modélisations des efforts de coupe réalisées dans ce domaine considèrent des intervalles de temps  très  proches.  L’ensemble  des  paramètres  dynamiques  (masse,  amortissement,  raideur, accélération) du système Pièce‐Outil‐Machine est donc pris en compte. Le temps de calcul entre les différentes modélisations dynamiques dépend essentiellement du  calcul de  l'épaisseur du  copeau (dynamique, régénératif, etc.), du modèle d'effort considéré, de  la nature de  l'usinage ou du choix des paramètres de simulation (spatiaux et/ou temporel). 

Toutefois,  dans  le milieu  industriel,  ce  type  d’approche  est  employé  uniquement  pour  des applications  à  très  fortes  valeurs  ajoutées  (domaine  aéronautique  principalement).  En  effet,  des difficultés  importantes  et  spécifiques  (usinage  de  pièce  déformable,  tolérancement  et  états  de surface stricts) permettent de  justifier  les  investissements  indispensables en temps et en matériels 

Introduction à la modélisation du fraisage  

 

 31 

(accéléromètre, marteau de  choc,  chaîne d’acquisition,  traitement des données) pour  l'analyse et l'identification complète du système Pièce‐Outil‐Machine. 

I.2.2.4. Conclusion

L’objectif  de  ces  travaux  est  de  caractériser  un  couple  outil‐matière  indépendamment  de  la machine employée et de mettre en évidence  les principaux  facteurs  influençant  les moments de coupe  lors d’un usinage  stabilisé. L'analyse dynamique et  le comportement vibratoire du  système Pièce‐Outil‐Machine  ne  sont  donc  pas  envisagés.  De  plus,  afin  de  simplifier  les  procédures expérimentales ainsi que  les éventuels  temps de calcul associés,  le domaine dynamique n’est pas retenu.  Enfin,  le  domaine  statique  ne  peut  traduire  la  variation  des  grandeurs  au  cours  d’une opération de  fraisage  (section de  copeau, efforts de  coupe).  L’étude  sera donc effectuée dans  le domaine quasi‐statique. 

I.2.3. Méthodes de modélisation des efforts Différentes approches de modélisation de  la coupe des matériaux ont été présentées afin de 

traduire la complexité des phénomènes engendrés lors de la coupe. Les travaux de Zvorrykin [Astakhov] débutés vers 1896 ont conduit après différentes évolutions 

à  des  modèles  analytiques  purement  géométriques  [Merchant,  1945].  Conjointement,  des campagnes  expérimentales  ont  permis  de mieux  appréhender  les  phénomènes mis  en  jeu.  Les paramètres prépondérants ont donc été pris en compte au travers de modèles expérimentaux. En se basant  sur  ces  observations,  les  modèles  analytiques  ont  alors  pris  en  compte  l’aspect thermomécanique et la géométrie réelle de l’outil [Dargnat, 2006], [Laheurte, 2004] afin de traduire au  mieux  les  phénomènes  réels.  Parallèlement,  le  développement  et  la  banalisation  de l’informatique et des moyens de calculs a permis de développer des modèles numériques. 

Les paragraphes suivant présentent une étude bibliographique sur les différentes et principales évolutions de la modélisation de la coupe des matériaux. 

I.2.3.1. Modèles analytiques

I.2.3.1.1 Coupe orthogonale

Dans un premier temps, la complexité des phénomènes présents lors de la coupe ont conduit à l’établissement d’hypothèses.  

[Merchant, 1944] propose la première modélisation de la coupe orthogonale dans le cadre des déformations planes. La variation brutale de  la direction du vecteur vitesse provoque  la séparation de  la matière.  Le  copeau  se  forme au  travers d’un plan de  cisaillement  incliné d’un angle   par rapport à la direction de la vitesse de coupe.  

A partir de  la description géométrique,  la minimisation de  l'énergie de déformation permet de déterminer  l'angle de cisaillement primaire  . Ensuite,  les actions de coupe sont calculées à partir des  équations  d'équilibre  du  copeau  (Figure  I.2‐3).  L'épaisseur  du  copeau  est  alors  exprimée  en fonction de l’angle   et de l’angle de coupe γ. Ce modèle permet uniquement le calcul des efforts et de la contrainte d’écoulement dans le plan de cisaillement primaire.  

Différents travaux [Gilormini, 1982], [Hill, 1954a & b] ont démontré  les  limites de ce modèle. Les  aspects  d’élasticité,  d’écrouissage  ne  sont  pas  pris  en  compte  et  la  température  dépend uniquement de  la contrainte maximale de cisaillement admissible. Cette modélisation ne tient pas compte  de  la  géométrie  de  l’arête  de  l’outil  (pas  de  rayon  d’arête)  et  des  différentes  zones  de déformation du copeau à la pointe de l’outil. 

[Albrecht,  1960]  propose  une  théorie  basée  sur  ses  observations  en  considérant  une  acuité d’arête propre à  la géométrie  initiale de  l’outil ou due à  l’usure de  l’outil. Cette  théorie propose également une modélisation des efforts de coupe en considérant différentes zones de formation du copeau. Une  partie  du métal  est  refoulée  par  l’outil  dans  le  copeau  alors  que  l’autre  partie  est rejetée dans la pièce.  

Chapitre I 

32 

 

Figure I.2-3 : Modèle de Merchant, paramètres géométriques et système de forces.

En supposant un matériau avec un comportement plastique parfait, Lee et Shaffer [Lee, 1951] développent  un  modèle  de  coupe  en  introduisant  la  méthode  des  lignes  de  glissement.  Les sollicitations appliquées à ces lignes permettent de prendre en compte le frottement au travers du modèle de Tresca (coefficient f) sur la face de coupe. 

L’angle de  cisaillement   est déterminé  géométriquement.  Le diagramme des efforts donne 

l’effort de coupe et le diagramme des vitesses fournit l’épaisseur du copeau  . Enfin, la longueur de contact entre le copeau et l’outil est déduite de considérations géométriques.  

D’autres modèles plus complexes utilisant des lignes de glissement [Kudo, 1965] (copeau droit et copeau courbé), [Dewhurst, 1978] (copeau courbé), ont été développés. Une étude comparative [Gilormini, 1982] montre que le modèle de Merchant sous‐estime les efforts de coupe et l’épaisseur du  copeau  et  que  le  modèle  de  Kudo  sous‐estime  assez  nettement  l’épaisseur  du  copeau. Cependant, le modèle de Lee et Shaffer donne de meilleurs résultats et a l’avantage d’être simple à mettre  en  œuvre.  Cependant,  [Dudzinski,  1997],  [Soldani,  2008]  montrent  que  toutes  les hypothèses ne sont pas validées. En effet,  l’angle de frottement,  la  longueur de contact sur  la face de coupe, l’épaisseur du copeau ou encore l’angle de cisaillement primaire dépendent de la vitesse de coupe. Par ailleurs,  le comportement réel du matériau se rapproche plus du comportement de type thermo‐visco‐plastique écrouissable que de plastique parfait.  

La  prise  en  compte  des  effets  thermomécaniques  est  initiée  par  [Rapier,  1954]  puis  par [Boothroyd, 1963]. Les  sources de chaleur  lors de  la  formation du copeau pendant  la coupe  sont alors  identifiées  dans  les  cisaillements  primaire  et  secondaire.  La  puissance mécanique  générée pendant  le  cisaillement  du  matériau  est  supposée  être  dissipée  en  puissance  calorifique.  La répartition de la quantité de chaleur dans le copeau, dans la matière et dans l’outil est alors évaluée. 

[Oxley,  1976]  propose  une  modélisation  thermomécanique.  La  méthode  des  lignes  de glissement  est  utilisée  pour  décrire  les  phénomènes  mécaniques.  La  sensibilité  du  matériau  à l’écrouissage aux grandes vitesses de déformations et à  la température est également  incluse avec une loi de type Norton Hoff. Le comportement thermique est pris en compte à partir des travaux de Boothroyd et des résultats numériques des travaux de Tay et al., [Tay, 1974 & 1976]. La résolution de ce problème est réalisée au  travers de  l’équilibre du copeau et de  la minimisation de  l’énergie dissipée dans  la coupe. Les paramètres « internes » (angle  , épaisseur du cisaillement secondaire 

l, longueur de contact Y ) sont alors calculés. Enfin, les déformations, vitesses de déformations et températures sont obtenues en fonction des paramètres opératoires et de la loi de comportement. 

Afin d’améliorer ce modèle, Shatla et al. [Shatla, 2001] proposent l’utilisation d’une loi thermo‐visco‐plastique  issue  de  la  balistique  (modèle  de  Johnson‐Cook,  [Johnson,  1993]).  Cette  loi  de comportement  permet  de  prendre  en  compte  l’écrouissage,  l’adoucissement  thermique  et  les cinématiques élevées mises en jeu lors de la coupe. 

Introduction à la modélisation du fraisage  

 

 33 

[Gilormini, 1982] propose un modèle thermomécanique pour calculer le rayon de courbure du copeau. Pour ceci, un profil des vitesses original à  la pointe de  l’outil est proposé (Figure  I.2‐4). La puissance  dissipée  est  calculée  sur  le  segment  AOB  (Figure  I.2‐4).  Ainsi,  l'influence  de  la  zone commune  (OB) est négligeable (inférieure à 2%) si  l'épaisseur du cisaillement secondaire est faible devant celle du copeau. 

Figure I.2-4 : Modélisation de Gilormini des zones de cisaillement.

A partir de résultats théoriques sur la quantité de chaleur passant de chaque coté d’une source plane  en  déplacement  [Baque,  1973],  la  répartition  de  la  quantité  de  chaleur  et  le  champ  des températures sont déterminés en amont de  la zone de cisaillement primaire et dans  le copeau. Le champ de contraintes thermo‐élastiques est déterminé à partir de la distribution de la température. L’expression du rayon de courbure est obtenue en considérant le relâchement des contraintes après sollicitation. 

Molinari  et  al.  [Dudzinski,  1997],  [Molinari,  1992],  [Moufki,  1998]  proposent  un  modèle analytique  en  coupe  orthogonale  dans  le  cas  stationnaire.  La  zone  de  cisaillement  primaire  est assimilée  à  une  bande  d’épaisseur  uniforme  et  supposée  adiabatique.  Le  matériau  usiné  est considéré  isotrope et  la  loi de  comportement est de  type  rigide‐plastique. Une  loi de  frottement [Moufki, 1998] à l’interface outil/copeau dépendant de la température permet de modéliser en plus de  la sollicitation dans  le cisaillement secondaire,  les efforts,  l’usure sur  la face de coupe  (zone de frottement  intense avec  le copeau). La distribution de  la température à  l'interface outil‐copeau est aussi modélisée  [Moufki, 1998]. De plus, une évolution de  la  répartition de pression  le  long de  la face de  coupe est  également proposée. Toutefois,  l’écoulement de  la matière  au  voisinage de  la pointe de  l’outil  et dans  le  cisaillement  secondaire n’est pas  considéré.  Enfin,  cette modélisation nécessite  de  nombreux  essais  de  caractérisation  du  matériau  (essais  statiques,  dynamiques  et d’endommagement) ainsi que la détermination des grandeurs de la loi de frottement pour les faces de coupe et de dépouille. 

I.2.3.1.2 Coupe oblique

Afin de traduire des opérations d'usinage réelles, les modèles de coupe orthogonale ont évolué. Une première étape est la coupe oblique. Dans ce cas, la direction d’évacuation du copeau ainsi que celle des efforts de coupe sont différentes de  la coupe orthogonale. L'angle d'inclinaison d'arête s est non nul. 

[Oxley,  1976 &  1988] propose de  généraliser  son modèle  à  la  coupe oblique.  Les  efforts de coupe  et  d'avance  sont  supposés  indépendants  de  l'angle  d'inclinaison  d’arête.  La  variation  de l'angle d'écoulement du copeau c est généralement choisi égale à l'angle d'inclinaison d'arête suite aux observations expérimentales [Stabler, 1951]. Dans  le cas où deux arêtes de coupe sont actives simultanément,  la  direction  d'écoulement  du  copeau  est  la  direction  moyenne  des  directions d'écoulement de chacune des arêtes actives. Les efforts sont alors déterminés à partir du modèle thermomécanique de  la  coupe orthogonale et pour  les mêmes  conditions de  coupe.  La  troisième composante est calculée en supposant que  la  résultante des efforts de coupe sur  l'outil se  trouve dans  le plan normal à  la face de coupe contenant  l'effort de  frottement à  l'interface outil/copeau. 

Chapitre I 

34 

Dans  ce  plan,  l'écoulement  de  la  matière  correspond  à  un  état  de  déformation  plane.  Cette modélisation permet de calculer  les efforts de coupe en  tournage pour  le cas où  l'arête de coupe présente un rayon de bec nul.  

De nombreuses améliorations à cette théorie ont été apportées et permettent de l’adapter ou de  la  réécrire  pour  certains  procédés  comme  le  fraisage  [Chérif, 2003],  [Li,  1999,  2001,  2002 & 2004]  ou  le  perçage  [Dargnat,  2006].  Ainsi,  le  profil  des  lignes  de  glissement  proposé  par [Dargnat, 2006]  permet  une  continuité  de  l’expression  des  grandeurs  étudiées  (déformations, vitesse de déformation,  etc.) dans  les différentes  zones de  formation du  copeau.  Le domaine de validité du modèle est donc plus étendu que celui d’Oxley.  

En  se  basant  sur  leurs  précédents  travaux, Molinari  et Moufki  généralisent  leur modèle  de coupe  orthogonale  au  cas  de  la  coupe  oblique  [Moufki,  2000].  Dans  ce  modèle,  la  direction d'écoulement du copeau est considérée comme colinéaire à la force de frottement. La modélisation prend en compte les caractéristiques du matériau usiné, les effets des conditions de coupe (vitesse de  coupe,  épaisseur  du  copeau),  de  la  géométrie  de  l'outil  (angle  de  coupe,  angle  d’inclinaison d’arête) et du frottement à l'interface outil‐copeau.  

Reprenant  ces  travaux,  Fontaine  [Fontaine,  2006,  2007a  &  b]  propose  une  modélisation thermomécanique de la coupe oblique adaptée au fraisage en intégrant la loi de comportement de Johnson‐Cook.  

Par  la  suite,  [Moufki, 2005a & b] propose pour un outil de chariotage  la prise en  compte du rayon  de  bec.  Pour  ceci,  l’extrémité  de  l’outil  est  discrétisée  en  arêtes  droites  élémentaires indépendantes ayant ses propres caractéristiques géométriques auxquelles est appliqué  le modèle de coupe.  

Afin  d’affiner  leur  modèle,  Moufki  et  al.  présentent  un  modèle  modifié  pour  un  outil  de chariotage  [Soldani, 2008]. Les angles de cisaillement  locaux pour chaque arête élémentaire  sont calculés  à  partir  de  relations  empiriques  [Zvorykin,  1893],  calibrées  à  partir  d’essais  en  coupe orthogonale. Ces travaux font suite aux divergences entre  l’angle de cisaillement  calculé avec  le modèle  de  Merchant  et  des  mesures  expérimentales  [Hill,  1951]  ou  bien  des  simulations numériques  et  analytiques  [Baker,  2005],  [Miguelez,  2007],  [Molinari,  2008].  Par  ailleurs,  un modèle d’usure sur la face de coupe avec prise en compte du frottement à l’interface outils‐copeau est également présenté et comparé par rapport au modèle antérieur [Soldani, 2008].  

Afin de traduire aux mieux la géométrie réelle de l’outil, l’acuité de l’arête de coupe est prise en compte dans la modélisation de Toulouse et al. [Toulouse, 1998]. Ce modèle est basé sur les travaux de Tay et Oxley [Oxley, 1976 & 1988], [Tay, 1974 & 1976]. La prise en compte de l'acuité de l'arête permet de considérer l’écoulement de la matière en deux parties dans la zone morte. Une première partie rejoint  le copeau (segment IO). La seconde partie de  la matière est déformée élastiquement et passe sous l'outil (segment IJ) (: Modèle élastique pour l'acuité, [Toulouse, 1998].Figure I.2‐5).  

 

Figure I.2-5 : Modèle élastique pour l'acuité, [Toulouse, 1998].

Par  ailleurs,  la  pression  hydrostatique  dans  le  cisaillement  primaire  (Figure  I.2‐6)  et  les déformations dans  la zone de cisaillement secondaire  (en considérant un profil de vitesse  linéaire, Figure I.2‐7) sont également calculées. 

ra

ra

Introduction à la modélisation du fraisage  

 

 35 

   

 

Figure I.2-6 : Contrainte dans le cisaillement primaire, [Laheurte, 2004], [Toulouse, 1998].

Figure I.2-7 : Champs des vitesses dans le cisaillement secondaire, [Toulouse, 1998].

L'effort  dans  la  direction  de  l'avance  est  déduit  d'une  analyse  statique  par  éléments  finis  et prend en compte le retour élastique sur la face en dépouille (segment JK, Figure I.2‐5). L'effort dans la direction de coupe est issu du frottement de la matière déformée sous l'outil. 

Afin de prendre en compte la contribution des moments de coupe, cette modélisation utilise la théorie  des  couples  de  contraintes  développée  pour  les milieux micropolaires  [Cosserat,  1896]. Cependant,  cette  théorie  n’est  pas  totalement  adaptée  aux  déformations  observées  par [Laheurte, 2004], qui proposera l’utilisation de la théorie du second gradient. 

I.2.3.1.3 Modèle 3D

[Laheurte, 2004] propose une modélisation 3D d’un outil de tournage. Le modèle géométrique de l’outil intègre un rayon de bec et un rayon d'acuité d'arête non nul (ret ra, Figure I.2‐8). 

 

Figure I.2-8 : Modèle géométrique de l'outil de tournage, [Laheurte, 2004].

Le calcul des déformations, vitesses de déformations et contraintes est basé sur  le modèle de Toulouse  [Toulouse,  1998].  La  description  des  phénomènes  thermiques  reprend  les  travaux  de Puigsegur [Puigsegur, 2002]. La direction d'écoulement du copeau est donnée comme  la direction moyenne des directions d'écoulement  locales et rejoint  la modélisation précédente d'Oxley et Tay pour le cas de plusieurs arêtes actives. Enfin, pour modéliser l’ensemble des actions de coupe dont les moments  de  coupe,  les  équations  générales  d’une  loi  de  comportement  thermomécanique adaptée  à  l’usinage  sont  proposées  à  partir  de  la  théorie  du  second  gradient  [Fleck,  1997], [Gurtin, 2003, 2005a & b], [Lele, 2009]. 

Ligne d’arête 

Ligne de coupe Rayon d’acuité, ra

Rayon de bec, rε 

ra

Chapitre I 

36 

I.2.3.1.4 Conclusion

Un modèle analytique ou semi‐analytique opérationnel et fontionnel présente l’avantage d’être robuste et permet d’évaluer rapidement les actions de coupe. De plus, au‐delà des actions de coupe, ces modèles permettent d’accéder à des grandeurs internes tel que les champs de déformation, de contrainte, de température, etc. Grâce à ces  informations,  les phénomènes  intervenants  lors de  la formation du copeau sont mieux appréhendés. 

Cependant,  la mise  en  place  d’un  tel modèle  est  parfois  délicate  et  complexe.  Selon  les  cas d’étude,  certaines  hypothèses  (configuration  d’usinage,  loi  de  comportement,  etc.)  ne  sont  pas toujours validées et sont donc source d’erreurs. De plus,  la connaissance préalable de coefficients est  nécessaire  (loi  de  comportement,  identification  des  lignes  de  glissement,  etc.). Or  ceux‐ci  ne peuvent être obtenus qu’à partir de nombreuses, et parfois complexes, procédures expérimentales. 

Dans  le cadre d’une modélisation semi‐analytique des six composantes des actions de coupe, une  loi de comportement traduisant  les gradients de déformation est nécessaire [Laheurte, 2004]. Or, à ce jour, aucune loi de comportement traduisant ces observations n’existe. Notre modélisation devra donc  s’affranchir de  ce  type de données. Une modélisation  semi‐analytique ou  analytique, bien que riche en résultats, ne peut donc être développée. 

I.2.3.2. Modèles numériques

Les modèles  analytiques peuvent  également présenter des difficultés  lors de  leur  résolution. Aussi,  le  développement  des  moyens  informatiques  a  favorisé  l’essor  de  la  modélisation  du processus de  coupe par une approche numérique. Pour  réaliser  ce  type de  simulation, différents type de discrétisation peuvent être utilisés : différences finies, éléments finis, volumes finis. 

La  méthode  des  différences  finies  a  été  appliquée  à  la  coupe  orthogonale  pour  mieux appréhender  les  phénomènes  de  coupe  (écoulement  du  copeau,  répartitions  des  contraintes  et températures) [Gilormini, 1982]. Cependant, le temps de calcul, la définition de la géométrie initiale du  copeau  et  des  conditions  de  contact  à  l’interface  outil/copeau  constituent  des  inconvénients majeurs pour cette méthode. De plus, ce modèle n’est pas très réaliste car la condition de contrainte nulle aux surfaces libres n’est pas toujours respectée. 

Ainsi, la méthode la plus répandue est l’utilisation des éléments finis. Cette méthode est utilisée en  particulier  pour  analyser  les  différents  phénomènes  internes  intervenant  lors  de  la  coupe (champs de déformation, de contrainte, de température au travers des phénomènes de convection et de diffusion thermique, et de la répartition des flux thermiques) et l’étude de la zone de contact outil‐copeau. Une grande partie des modèles présentés dans  la  littérature se  limitent au problème de la coupe orthogonale en déformation plane. 

Dans ce domaine, Tay [Tay, 1974] a permis d'établir une cartographie thermique du copeau et de l’outil à partir de la mesure expérimentale des efforts de coupe, de l’angle de coupe et de l’angle de cisaillement. Par la suite, Oxley [Oxley, 1988] a présenté son modèle de coupe thermomécanique (cf modèle analytique). Shih [Shih, 1995], dans le cas de grandes déformations, a étudié l’influence de  l’angle  de  coupe  sur  les  contraintes,  les  déformations,  les  températures  et  les  contraintes résiduelles  générées  lors  du  passage  de  l’outil  sur  la  pièce. Néanmoins,  des  cas  plus  complexes peuvent  être  étudiés  comme  la  présence  d'un  brise  copeau  sur  la  face  de  l'outil [Komvopoulos, 1991] ou la formation d'un copeau festonné [Uhlmann, 2004]. 

Malgré  tout,  ces  approches  nécessitent  des  informations  particulières  et  précises  afin  de calculer les efforts de coupe:  

- La  loi  de  comportement  de  la matière  doit  rendre  compte  des  aspects  thermo‐élasto‐visco‐plastiques pour retranscrire au mieux  les phénomènes réels (contraintes résiduelles, formation du copeau, l’influence des grandeurs cinématiques, couplage thermomécanique, etc.), 

- la loi de frottement sur la face de coupe à l’interface outil‐copeau doit être valable sur l’étendue des conditions de coupe et dans le contexte de fortes pressions et températures, 

Introduction à la modélisation du fraisage  

 

 37 

- des  caractéristiques  et modèles mécaniques  (rigidité)  et  thermiques  du  système  outil/pièce (conductivité thermique, chaleur spécifique) doivent permettre de quantifier  les différents flux thermiques. Trois  types de  formulations  sont utilisées pour  la description du mouvement de  la matière  : 

Eulerienne, Lagrangienne et Arbitraire Lagrangienne Eulerienne (ALE).  La formulation Lagrangienne propose un maillage de l'outil et de la pièce lié au mouvement du 

point matériel auquel  il est affecté.  Le maillage peut  se déformer et  la  simulation du procédé de coupe est alors possible depuis la phase de pénétration jusqu’à obtention d’un copeau. Cependant, des problèmes de distorsion de maillage peuvent intervenir dans le cas de grandes déformations (et donc lors du processus de coupe). Pour palier à ce problème, des algorithmes de maillage adaptatif ou  de  remaillage  automatique  [Fourment,  1997],  peuvent  être  utilisés  et  permettent respectivement de repositionner les nœuds et de créer de nouveaux éléments du maillage.  

Figure I.2-9 : Méthodes de séparation copeau/pièce, [Barge, 2005].

Malgré  tout,  cette  formulation  gère  parfaitement  les  problèmes  liés  aux  surfaces  libres,  aux contacts et permet de simuler aussi bien les phénomènes transitoires que les régimes établis.  

De  plus,  partant  d’une  géométrie  arbitraire  (la  géométrie  du  copeau  n’est  pas  prédéfinie), l’évolution du maillage entre plusieurs  instants de calcul nécessite  la mise en place de critères de séparation. La séparation peut être obtenue de deux façons  (Figure  I.2‐9): par "déboutonnage" de nœuds ou par "élimination d’éléments". 

Le modèle  Eulérien  utilise  un maillage  sur  une  région  spatiale  fixe  au  travers  de  laquelle  la matière s’écoule. Cette formulation permet de s’affranchir des distorsions du maillage et permet de simuler  les  grandes  déformations  [Ghosh,  1991].  En  contre  partie,  seules  des  études  en  régime stationnaire  pourront  être  menées  et  la  géométrie  initiale  du  copeau  devra  être  connue [Lin, 1993a & b]. Les problèmes de contact sont également difficilement gérés. Ce type d’approche permet  d’étudier  l’influence  de  certains  paramètres  géométriques  ou  de  coupe  (profondeur  de passe,  vitesse  de  coupe,  rayon  d’arête)  sur  les  champs  de  déformations,  de  contraintes,  de températures, etc.  lors de  la formation du copeau [Kim, 1995 & 1999a]. Cette formulation est à  la base des premières simulations réalisées en coupe orthogonale, mais ne permet pas de simuler  la formation d’un copeau discontinu. 

La  formulation  Arbitraire  Lagrangienne  Eulérienne  (ALE)  permet  d’utiliser  au  mieux  les avantages  des  deux  approches  [Liu,  1991].  Ainsi,  les  problèmes  de  distorsions  du maillage  sont éliminés car l'évolution du maillage et l'évolution de la matière sont dissociées. Les études peuvent être menées en régime stationnaire ou transitoire de la coupe. Cette méthode a conduit à diverses études  comme  la  comparaison  des  niveaux  d’usure  en  cratère  subie  par  l’outil  au  cours  d’une opération de coupe orthogonale  [Pantale, 1996] en  régime stationnaire  [Joyot, 1994]. Cependant pour cette dernière modélisation, les efforts de coupe sont des fonctions croissantes de la vitesse de coupe, ce qui est contradictoire par rapport aux expérimentations [Toulouse, 1998]. 

Assez récemment, des logiciels propriétaires tels que THIRD WAVE SYSTEMS AdvantEdge basés sur  les  travaux  de  [Marusic,  1995]  ou  Deform2D®  développé  par  l'Ohio  State  University [Ceretti, 1999],  [Hua, 2004], ou encore ABAQUS Explicit  fournissent des possibilités de  simulation 

Déboutonnage des noeuds  Elimination des noeuds 

Chapitre I 

38 

des procédés d’usinage. Des modèles de formation du copeau discontinu à l'aide du logiciel Abaqus‐Explicit® ont également été présentés [Bacaria, 2001], [Mabrouki, 2003]. De même, une simulation de la coupe orthogonale assistée par laser [Lesourd, 1995] a été menée avec ce code de calcul. Les résultats mettent en évidence, suivant les paramètres de coupe, la présence d’un copeau continu ou fragmenté et montrent par exemple l’intérêt d’utiliser le laser pour adoucir le matériau en amont de la zone usinée. 

Ces  codes  de  simulation  incluent  [Marusich,  2001  &  2002]  des  possibilités  de  remaillage adaptatif pour  l’intégration de  l’influence du  rayon de bec de  l’outil,  la description de  la  zone de cisaillement secondaire, le chargement thermomécanique appliqué au copeau, la notion de contact déformable pour l'interface outil‐pièce, et l’analyse thermique transitoire. 

Ces  logiciels  comprennent  une  base  de  données matériaux  étendue  et  la  dynamique  de  la machine‐outil  peut  être  prise  en  compte.  Ces  logiciels  peuvent  être  utilisés  pour  valider  des conditions  de  coupe.  Les  résultats  obtenus  dépendent  du  domaine  de  validité  du  modèle  et nécessitent parfois d'être confrontés à une approche expérimentale.  

Les  travaux  engagés  dans  la  simulation  sont  souvent  restreints  à  un  domaine  très  précis  et cloisonnés. Ces modélisations n'autorisent aucune modification et ne permettent pas de réaliser des travaux novateurs. Dans ce cas, des modules de  simulation  spécifiques  sont nécessaires. Ainsi, de nombreux codes de calculs internes aux laboratoires (Nessy et son module dédié à la coupe au LMSP à l'ENSAM de Paris, DynELA au LGP de l'ENI de Tarbes, etc.), sont développés afin d’avoir une grande modularité. 

Chaque modélisation de  la coupe, dont  l’approche numérique, apporte sa propre contribution dans  la  compréhension  des  mécanismes  de  formation  du  copeau.  Toutefois,  ces  méthodes nécessitent  préalablement  une  identification  expérimentale  (parfois  difficile)  des  paramètres présents dans les différents modèles (loi de comportement adaptée à la coupe, loi de frottement à l’interface  outil‐copeau  valable  dans  des  conditions  de  fortes  pressions  et  températures, caractéristiques thermiques du système outil/pièce afin d'évaluer les différents flux thermiques,….). De  plus,  la  mise  au  point  informatique  (définition  du  remaillage,  mise  en  place  du  critère  de séparation, etc.) est parfois complexe. 

Ainsi, ces méthodes apparaissent encore limitées en regard des difficultés de caractérisation des paramètres.  De  plus,  les  temps  de  calcul,  l’ergonomie  d’utilisation,  la  faible  flexibilité  et  les difficultés d’extension au modèle 3D font que ces approches numériques sont encore rédhibitoires avec une approche industrielle réaliste. 

I.2.3.3. Modèles expérimentaux

Les  modèles  analytiques  et  numériques  permettent  de  décrire  correctement  la  coupe orthogonale ou au mieux  la coupe oblique. Bien que possible,  la modélisation 3D reste délicate et complexe. Ces deux modélisations sont donc  limitées et difficiles à mettre en place. Les méthodes expérimentales sont plus aisées à mettre en œuvre. Les paramètres caractéristiques du couple outil‐matière considéré peuvent être identifiés quelque soit la géométrie des outils. L’étude d’un couple outil‐matière quelconque est possible, et ce quelque soit  la géométrie de  l’outil  (grands rayons de bec, préparation d’arête, brises copeaux,….) et la configuration d’usinage. Cette méthode s’intéresse uniquement  aux  grandeurs macroscopiques  directement mesurables  ou  étudiées  au  travers  des efforts  de  coupe  (effort  de  coupe,  qualité  de  la  surface  usinée  [Laporte,  2005],  usure  de  l’outil [Shao, 2004]) et ne peut accéder aux grandeurs internes (températures, contraintes, déformations, etc.). Les approches décrites présentent un degré expérimental variable mais sont  toutes  fondées sur l'utilisation directe de résultats d'essais de coupe.  

Les modèles sont des fonctions linéaires de la section de copeau A et d’un coefficient appelé pression ou coefficient spécifique de coupe Kci (équation (I‐2‐1)). 

  .i i avec i la direction considéréeF Kc A .  (I‐2‐1) 

La pression spécifique de coupe est la force nécessaire pour détacher un millimètre carré de matière. L’unité est homogène à une pression (N/mm²). 

Introduction à la modélisation du fraisage  

 

 39 

Selon [Poulachon, 1999], le coefficient spécifique de coupe est principalement dépendant de l’angle de coupe γ, de la vitesse de coupe Vc, de la profondeur de passe ap et de l’avance f. 

Ce  coefficient diminue  lorsque  l’angle de  coupe  γ  augmente. Un  facteur  correctif  est parfois appliqué pour prendre en compte cette influence. 

La  pression  spécifique  de  coupe  évolue  en  fonction  de  la  vitesse  de  coupe.  Le  coefficient spécifique de coupe diminue fortement dans  la plage des faibles valeurs de  la vitesse de coupe Vc, puis devient quasi‐constant ou faiblement décroissant. Enfin, une faible augmentation peut survenir pour les très hautes vitesses de coupe. Un compromis doit donc être trouvé, généralement dans la zone stabilisée, entre une  faible pression de coupe et une vitesse d’usure acceptable. Cette plage quasi  constante  correspondrait  à  une  zone  de  vitesse  de  coupe  où  le  compromis  écrouissage  et adoucissement  thermique  serait  optimal.  Aux  faibles  vitesses  de  coupe,  l’écrouissage  semble prédominant. Aux hautes vitesses de coupe, l’usinage génère de hautes températures produisant un adoucissement  plastique  plus  important  du matériau  usiné.  Le  caractère  visqueux  prend  alors  le dessus face à l’adoucissement thermique. 

La pression spécifique de coupe diminue fortement lorsque la profondeur de passe ap diminue. La zone de très faibles profondeurs de passe est à exclure de par  les hautes valeurs du coefficient spécifique  de  coupe.  À  partir  de  la  profondeur  de  passe  minimale,  correspondant approximativement au rayon de bec rε (pour r=90°),  l’influence de  la profondeur de passe devient beaucoup  moins  importante.  Dans  cette  zone,  les  efforts  de  coupe  évoluent  linéairement  en fonction de  la profondeur de passe. Un compromis est donc également à réaliser entre  l’usure de l’outil due à un chargement plus important et le débit de copeau. 

Le  coefficient  spécifique  de  coupe  est  également  décroissant  lorsque  l’avance  par  tour augmente. Les niveaux de  la pression spécifique de coupe sont extrêmement élevés pour  les  très faibles avances. A partir d’une avance correspondant à  la valeur du  rayon d’arête R,  le coefficient spécifique de coupe décroit nettement moins rapidement et d’une manière quasi‐linéaire. 

 A partir de ces observations, de nombreux travaux se sont efforcés d’établir des modélisations 

des coefficients spécifiques de coupe. Par ailleurs, afin d’avoir une précision accrue des différents modèles  de  coupe,  la  section  de  copeau  a  également  fait  l’objet  de  nombreuses  études.  Les différentes  modélisations  expérimentales  de  la  coupe  s’appuient  donc  sur  un  modèle  des coefficients spécifiques de coupe et de la section de copeau. Ces points cruciaux sont détaillés dans les paragraphes suivants. 

I.2.3.3.1 Modélisation des coefficients spécifiques de coupe

Afin  de modéliser  ces  coefficients,  deux  approches  peuvent  être  envisagées.  Les  différentes approches sont toutes basées sur des grandeurs expérimentales.  

La  première  consiste,  à  partir  des  efforts  de  coupe mesurés,  à  déterminer  les  coefficients spécifiques de coupe et les principaux paramètres de coupe influents. 

La  seconde  approche  est  plus  théorique.  Cette  modélisation  utilise  une  description  des phénomènes de coupe similaire aux modèles analytiques de type Merchant et Oxley. Cependant, à partir d’essais, l’évaluation des principaux paramètres est obtenue différemment. 

I.2.3.3.1.1 Approche expérimentale Cette approche est entièrement basée sur des essais de coupe pour un outil et une matière 

fixés. Le but est d’établir une corrélation entre  les paramètres de coupe et  la géométrie de  l’outil avec  les  grandeurs modélisées  (efforts de  coupe, usure, qualité de  la  surface usinée,  etc.). Cette modélisation se base sur le concept des pressions spécifiques de coupe. Le modèle obtenu est donc uniquement valable pour  les conditions de coupe,  l’outil  (géométrie, matière/revêtement, etc.),  la matière usinée et l’opération d’usinage étudiés. 

Les premières études ont été menées par Sabberwal [Sabberwal, 1961]. Suite aux observations entre  le  rapport  des  efforts  de  coupe  et  de  la  section  de  copeau,  les  coefficients  spécifiques  de coupe ont été mis en place. Ces coefficients de proportionnalité sont définis comme des constantes 

Chapitre I 

40 

liées à chaque outil, matière et conditions opératoires. Suite à diverses observations,  le coefficient spécifique de coupe Kt est alors fonction de l’épaisseur du copeau non déformé tc (équation (I‐2‐2))  

  . pt to cK K t .  (I‐2‐2) 

toK  et p sont des constantes caractérisant  le couple outil‐matière et sont déterminées à partir de différentes conditions de coupe  (vitesses de coupe et d’avance).  tc est  l’épaisseur moyenne de copeau.  

Cette modélisation a d’abord été appliquée au fraisage en considérant une épaisseur moyenne de copeau non déformée [Lazoglu, 2000], [Li, 1999], [Sabberwal, 1961], [Shao, 2004], [Shin, 1997]. Pour une opération de surfaçage, [Shao, 2004] ajoute à cette modélisation l’influence de l’usure de l’outil, du frottement et de la dureté du matériau. 

Par la suite, les modélisations ont pris en compte la section de copeau non déformée théorique [Abrari, 1998], [Jarayam, 2001], [Paris, 2000]. 

Par  la  suite,  de  nombreuses  modifications  ont  été  proposées  afin  de  prendre  en  compte l’influence des conditions de coupe. Les coefficients spécifiques ne sont plus des constantes et sont alors des fonctions dépendantes de paramètres opératoires (engagements d'outils, de la vitesse de coupe, de la vitesse d'avance, etc.). 

Pour une opération de surfaçage,  [Cheng, 1997] propose une modélisation de  type puissance des  coefficients  spécifiques de  coupe  selon  chaque direction. Ces  coefficients  sont  fonction de  la vitesse  de  coupe,  de  l’épaisseur  du  copeau,  de  la  longueur  d’arête  en  contact  et  de  la  variation d’épaisseur du copeau (dérivée de l’épaisseur du copeau).  

Kline et al. [Kline, 1982] proposent une modélisation des coefficients sous forme de polynômes du 2nd degré où  interviennent  les engagements axial ap et radial ae,  l’avance f mais pas  la position angulaire de  l’outil. Les coefficients de  la  fonction Ki=g(ae,ap,f)  sont  identifiés en  faisant varier  les conditions opératoires et permettent la modélisation des efforts tangentiels Ft et radiaux Fr. 

Lin  et  al.  [Lin,  1995]  proposent  pour  chaque  direction  un  coefficient  spécifique  distinct  en fonction  de  l’épaisseur moyenne  de  copeau,  de  la  longueur moyenne  de  l’arête  de  coupe  et  de l’usure de l’outil mais qui reste cependant indépendant de la position de l’outil. 

Pour  une  fraise  cylindrique  deux  tailles,  [Devor,  1980],  [Kline,  1982]  proposent  une segmentation de  l'outil pour  la détermination des efforts de  coupe  (Figure  I.2‐10). Ce découpage permet de mieux prendre en compte la géométrie tridimensionnelle des outils de fraisage. La fraise est alors découpée en disques élémentaires d’épaisseur dz perpendiculairement à l’axe de l’outil.  

Figure I.2-10 : Segmentation de l’outil, [Kline, 1982].

Partant  de  cette  segmentation,  de  nombreux  travaux  appliquent  leur  propre modélisation  à chaque élément  infinitésimal. Les efforts  locaux  tangentiel dFt et  radial dFr  sont alors calculés en 

Selon [Bissey, 2005]. 

Pour chaque disque élémentaire 

Introduction à la modélisation du fraisage  

 

 41 

fonction de l’épaisseur du copeau instantanée théorique tc et de coefficients spécifiques de coupe Ki. Ces  coefficients  peuvent  être  indépendants  selon  les  différentes  directions  (équations (I‐2‐3) & (I‐2‐4)) ou liés par un coefficient de type « frottement » (équation (I‐2‐10)). Ils peuvent également être définis par des constantes ou des fonctions. 

  . ( )t t cdF K t t .  (I‐2‐3) 

  .r r tdF K dF .  (I‐2‐4)

Puis,  pour  une  position  angulaire  donnée,  les  efforts  de  coupe  locaux  sont  obtenus  par projection dans le repère fixe de la pièce (x, y, z). Les efforts par arête de coupe sont alors calculés par  intégration  le  long de  l'axe de  l'outil.  Enfin,  les efforts  résultants  sur  l'outil  sont obtenus par sommation.  Le  calcul  des  efforts  de  coupe  est  réalisé  à  différents  intervalles  temporels correspondant à des positions identifiées de la fraise. 

Les travaux se distinguent notamment par l’expression des coefficients spécifiques de coupe. Wam  et  al.  [Wan,  2010]  proposent  de  prendre,  pour  une  fraise  deux  tailles,  un  coefficient 

spécifique par direction défini par l’équation (I‐2‐2). Pour une fraise torique, [Bhattacharyya, 2010], [Fussel,  2003],  présentent  un  modèle  de  fraisage  similaire  mais  où  l’épaisseur  du  copeau instantanée théorique est considérée. [Lazoglu, 2003] intègre l’angle de coupe et la vitesse de coupe dans une expression similaire de type puissance. 

Les  coefficients  spécifiques  peuvent  également  être  définis  au  travers  de  polynômes. [Imani, 1998] utilise un polynôme de degré 2 de  la position  verticale  z de  l’élément  infinitésimal considéré.  [Azeem, 2004],  [Feng, 1994] utilisent un polynôme de degré 3 du  ratio de  la position verticale z et du rayon de l’outil. 

[Liu, 2005] propose une modélisation des efforts de coupe en fonction de plusieurs coefficients liés par une relation multilinéaire prenant en compte  l’effet d’échelle de  l’épaisseur du copeau (de référence et  instantanée),  l’angle de coupe  (moyen et effectif). Dans son modèle « multilinéaire – puissance »,  [Bissey,  2005 &  2006]  prend  en  considération  l’effet  de  l’épaisseur  du  copeau,  les angles  de  coupe  et  d’hélice,  et  la  largeur  de  coupe.  [Ko,  2002]  utilise  dans  son  modèle  des coefficients de coupe basés sur une loi à deux coefficients de type Weibull. Enfin [Paris, 2007] pour mieux  évaluer  les  efforts  de  coupe  pour  de  faibles  épaisseurs  de  copeau  propose  un  modèle polynomial fractionnaire. 

I.2.3.3.1.2 Couple Outil-Matière La  méthodologie  du  Couple  «  Outil/Matière  »  (COM)  [AFNOR,  1997]  est  une  démarche 

expérimentale qui permet de caractériser le processus de coupe et d’en uniformiser la formulation. Pour ceci,  la norme propose une méthodologie et une modélisation des coefficients spécifiques de coupe. La norme NF E 66‐520 définit  l’ensemble des démarches et des procédures expérimentales de  réalisation  du  COM  pour  un  outil  (géométrie  et  nuance  données)  et  une matière.  Le  COM détermine « l’ensemble des paramètres définissant le domaine de fonctionnement de l’outil dans la matière considérée ». La démarche du COM permet d’obtenir : 

- La  définition  du  domaine  de  fonctionnement  de  l'outil  coupant  en  précisant  les  valeurs extrêmes (minimale et maximale) de chaque paramètre de coupe (vitesse de coupe Vc, avance par tour f ou par dent fz, profondeur de passe axiale ap, engagement radial ae). 

- Une estimation de la durée de vie de l’outil sur le domaine envisagé au travers de l’évaluation des paramètres de la loi d’usure selon le modèle de Taylor généralisé. 

- Une  estimation  de  la  puissance  consommée  en  utilisant  la  notion  de  coefficient  d’énergie spécifique de coupe. 

La  norme  définit  deux  critères  énergétiques,  l'effort  spécifique  de  coupe  Kc  en tournage/perçage  (équation (I‐2‐5)),  ou  la  puissance  spécifique  de  coupe  Wc  (fraisage, (équation (I‐2‐6)). La détermination de ces deux grandeurs s’appuie essentiellement sur la puissance de coupe consommée uniquement par l’effort de coupe Fc sans prendre en compte les moments. 

Chapitre I 

42 

 60.

. .

D c p

Fc PcKc

A V f a en (N.mm‐2) avec  .D pA a f , la section de coupe et Fc, l’effort de coupe.  (I‐2‐5) 

 1000.

. . c

p e

Pc PcW

Q a a Vf (en W.cm‐3.min‐1).  (I‐2‐6) 

avec Pc, la puissance de coupe (W) et Q, le débit copeau (cm3.min‐1).  Afin d’extrapoler  les résultats obtenus par  le COM,  la norme définie un modèle pour ces deux 

grandeurs  à  partir  d’une  valeur  de  référence  (l’avance  fref  et  le  coefficient  Kc,ref  (tournage)  ou l’épaisseur du copeau href (fraisage) et Wc,ref). Par  la suite, pour une avance f donnée (tournage) ou pour une épaisseur du copeau donnée h (fraisage), le coefficient Kc (tournage) peut être calculé avec la relation (I‐2‐7) ou le coefficient Wc (fraisage) avec la relation (I‐2‐8). 

  , .

mc

ref

c ref

fKc K

f.  (I‐2‐7) 

  , .

mc

ref

c c ref

hW W

h.  (I‐2‐8) 

L’évolution  de  ces  deux  critères  prend  en  compte  uniquement  l’avance  (instantanée)  et  ne dépend pas d’autres paramètres de coupe (angle de coupe, vitesse de coupe Vc, etc.) 

 La procédure de mise en œuvre du COM dans le cadre du fraisage peut être résumée à l’aide du 

diagramme présenté Figure I.2‐11. 

Figure I.2-11 : Méthodologie du COM, [AFNOR, 1997].

Cette méthodologie permet donc de déterminer  les plages de  fonctionnement  (Figure  I.2‐12) pour  les différents paramètres de  coupe et auxiliaires  (Figure  I.2‐11). Ces plages  caractérisent un outil coupant et un matériau à usiner précis à partir d’essais d’usinage, de mesures de puissance spécifique de coupe, de contrôles d’usure et d’état de surface.  

Réaliser l’essai de 

qualification Déterminer 

VC min 

Déterminer la plage de l’épaisseur de copeau  

Réaliser les essais d’usure 

Déterminer les 

paramètres auxiliaires 

Outil 

Matière 

Vc f ap 

ae

Point de fonctionnement 

acceptable 

Variation de Vc

Vcmin ap,min‐ap,max ;

fmin‐fmax 

ADmax 

hmin‐hmax 

Variation de ap et/ou f 

Variation de h

Variation de apet/ou ae 

Modèle de Taylor généralisé 

ap,min‐ap,max ; ae,min‐ae,max 

Usure, copeau 

Pc, Kc, Wc,Ra, usure 

Copeau  T 

Wc,Kc   Ra  Usure 

Pc, Wc, Ra,usure 

Pc, Wc,Ra, usure 

Pc, Ra, usure (Vb)

Modèle de Kc ou Wc 

Wc

ou Kc 

Pc

Spécifique au fraisage 

Déterminer les plages de ap et f 

D, E, F, G ou  

E, F, G 

Déterminer les données 

limites  ADmax et Qmax 

NOMENCLATURE

Vc: vitesse de coupe fz: avance par dent ap: engagement axial ae: engagement radial h : épaisseur de copeau en fraisage mc: coefficient correcteur T: durée de vie ADmax: section de copeau maximale Qmax : débit de copeau maximum Kc: coefficient spécifique de coupe Wc: énergie spécifique de coupe Ra: rugosité Pc: puissance de coupe D, E, F, G : exposant de la loi de Taylor 

Selon [Chérif, 2003].

Introduction à la modélisation du fraisage  

 

 43 

 

Figure I.2-12 : Domaine de fonctionnement défini par le COM, [Thomas, 2002].

La mesure ou  le  calcul de  l’effort de  coupe ou de  la puissance de  coupe  sont  les principaux indicateurs utilisés pour la détermination des différents paramètres. Dans les deux cas, des erreurs ou  des  approximations  sont  commises.  Afin  de  s’en  convaincre,  un  essai  de  tournage  peut  être réalisé.  La  puissance  de  coupe  réelle  peut  être  obtenue  à  partir  de mesures  à  vide  et  lors  de l’usinage.  Par  ailleurs,  l’effort  de  coupe  peut  être  mesuré  avec  un  dynamomètre  (3  ou  6 composantes). Avec cet effort et selon le COM, la puissance de coupe peut être évaluée. L’écart de la puissance de coupe  réelle  (déduite de mesures avec un wattmètre) et de  la puissance calculée incitera certainement à  la réflexion…. En effet, si  la puissance de coupe est obtenue à partir de  la mesure  d’un  wattmètre,  celle‐ci  prend  en  compte  l’ensemble  des  actions  de  coupe  (efforts  et moments). Aussi, le protocole définit par le COM conduit à la surestimation du coefficient spécifique de coupe lié à l’effort de coupe (second membre de l’équation(I‐2‐5)). Par  ailleurs,  si  l’effort  de  coupe  est  mesuré  avec  un  dynamomètre  (premier  membre  de l’équation(I‐2‐5))  alors  l’estimation  du  coefficient  spécifique  de  coupe  est  correcte.  Cependant, l’évaluation de la puissance de coupe consommée définit par le COM sera sous‐estimée du fait de la non prise en compte des moments de coupe [Toulouse, 1997]. 

Le protocole du COM permet de  formaliser et de normaliser une partie des  travaux présents dans la littérature. Cependant, certaines sources d’erreurs ont été mises en évidence. Aussi, afin de compléter et de corriger cette démarche, l’ensemble des actions de coupe (efforts et moments) doit être pris en compte et intégré dans cette méthodologie. 

 

I.2.3.3.1.3 Approche mécanistique Tout comme  les modélisations précédentes,  l’approche mécanistique utilise des coefficients 

spécifiques de coupe Kic mais également des coefficients d’arêtes Kie. Une autre différence majeure est la détermination de ces coefficients.  

Cette  approche  dite mécanistique  est  qualifiable  de  semi‐expérimentale.  Cette modélisation repose et utilise les mêmes mécanismes de coupe que les modèles analytiques de type Merchant et Oxley. Cependant,  ce  type de modélisation  se différencie  lors de  l'estimation de  la  contrainte de cisaillement  et  des  paramètres  associés.  Cette  approche  a  d’abord  été  développée  pour  une configuration d’usinage en coupe orthogonale puis étendue à la coupe oblique. 

ap: engagement axial ae: engagement radial h :  épaisseur  de  coupe maximale 

AD: section de copeau Q : débit de copeau 

Chapitre I 

44 

I.2.3.3.1.3.1 Coupe Orthogonale Le modèle de Merchant [Merchant, 1944 & 1945] (cf. I.2.3.1.1) permet d’obtenir les efforts de 

coupe  Fv et d'avance  Ff en  fonction des paramètres géométriques d'outil  (angle de  coupe, α), de conditions de coupe  (épaisseur et  largeur coupées, h et b) et de grandeurs dépendants du couple outil/matière  (contrainte  de  cisaillement  τs,  angle moyen  de  frottement  ,  angle  de  cisaillement primaire Øc). Les coefficients ou pressions spécifiques de coupe sont alors définis par des fonctions de  la  contrainte  de  cisaillement  τs,  de  l’angle moyen  de  frottement ,  de  l’angle  de  cisaillement primaire  Øc  et  de  l’angle  de  coupe  γ.  Leur  unité  est  alors  homogène  à  une  pression  [N/mm²] (équation (I‐2‐9)). 

  ( , , , )i s cK f .  (I‐2‐9) 

Les différentes grandeurs  ( , , )s c sont alors déduites d’essais de coupe. Une alternative pour l’effort d’avance Ff est de le supposer proportionnel à l’effort de coupe Fv 

(équation (I‐2‐10)). 

  /f f vK F F .  (I‐2‐10) 

Dans ce cas, le coefficient Kf est adimensionnel et l’effort d’avance est directement lié à l’effort de coupe. 

Dans  l’équation  (I‐2‐9), seules  la géométrie et  les conditions de coupe  (γ, épaisseur et  largeur coupées)  sont  à  priori  connues.  Les  autres  paramètres  caractérisant  le  couple  outil/matière (contrainte de  cisaillement  τs,  l’angle moyen de  frottement βa, angle de  cisaillement primaire Øc) doivent être  estimés. Une nouvelle modélisation  [Altintas, 2000] propose de prendre en  compte comme précédemment les phénomènes de cisaillement mais également les phénomènes de contact et d’effets d’arêtes exprimés par le terme Fie de la relation (I‐2‐11). Les efforts sont alors dissociés en deux parties représentant ces phénomènes (équation (I‐2‐11)). 

  ,. . . i ic ie ic ie avec i v fF F F K h b K b .  (I‐2‐11) 

Les constantes de coupe Kvc et Kfc et les coefficients d'arête Kve et Kfe sont directement obtenus à partir d'essais de coupe pour un couple outil/matière donné (Figure I.2‐13).  

 

Figure I.2-13 : Exemple d’identification des constantes Fie , [Lee, 1996].

 

Avance (mm.mn‐1) 

Force (N) 

Ffe 

Fce 

Introduction à la modélisation du fraisage  

 

 45 

Les  coefficients  Kvc  et  Kfc  traduisent  les  phénomènes  de  coupe.  Les  coefficients  d'arête  ne contribuent  pas  au  cisaillement mais  permettent  de prendre  en  compte  l’influence de  l’arête de coupe (préparation d’arête, acuité, usure, copeau adhérent…) durant l’usinage. 

I.2.3.3.1.3.2 Coupe Oblique Des  travaux proposent d’étendre  les nombreux  résultats de  la  coupe orthogonale à  la  coupe 

oblique [Armarego, 1969], [Budak, 1996], [Kaymakci, 2009], [Lee, 1996] (Figure I.2‐14).  

 

Figure I.2-14 : Paramétrage de la coupe oblique, [Kaymakci, 2009].

Pour  ceci,  les modèles mécanistiques  supposent  les mécanismes  de  la  coupe  dans  le  plan normal (Figure I.1‐4 & Figure I.2‐14) équivalents à ceux de la coupe orthogonale. Les résultats pour la  coupe  oblique  sont  alors  obtenus  par  changement  de  repère  et  projections.  Les  grandeurs intervenants  dans  l’évaluation  des  efforts  sont  alors  l'angle  d'inclinaison  d'arête  S,  l’angle  de 

cisaillement normal Øn entre le plan de cisaillement et le plan  ,

x y , l’angle de projection Øi entre la 

vitesse de  cisaillement Vs et  le plan normal à  l’arête de  coupe,  l’angle de projection αn  (angle de 

coupe  normal)  entre  l’axe 

z   et  le  plan  de  face  de  coupe mesuré  dans  le  plan  normal,  l'angle d’écoulement du copeau . Ces différentes grandeurs sont donc tridimensionnelles et non planes. 

L’angle  de  cisaillement  normal  Øn,  et  sa  projection  Øi,  l'angle  d’écoulement  du  copeau   peuvent être obtenus  théoriquement ou expérimentalement.  La  résolution  théorique est  réalisée par  itérations  faisant  intervenir  la  loi  de  Stabler  [Stabler,  1951],  le  principe  de  la  contrainte  de cisaillement maximum  [Krystof, 1939],  le principe de minimisation de  l’énergie  [Merchant, 1945]. Expérimentalement,  « l’approche  unifiée »  d’Armarego  [Armarego,  1969  &  1985]  permet d’extrapoler les résultats d’essais de coupe orthogonale au cas de la coupe oblique pour obtenir Øn, Øi, et . 

Grâce au calcul de l’effort de cisaillement Fs puis par projection, les efforts et les constantes de 

coupe dans les directions  , ,

t f r  peuvent être calculés (équations (I‐2‐11) et (I‐2‐12), (Figure I.2‐15)). 

  ( , , , ) , , i s cK f avec i t f r .  (I‐2‐12) 

Afin d’appliquer ce modèle au cas du fraisage, les géométries du copeau et de l’outil doivent être définies. La modélisation de la section du copeau (cf. I.2.3.3.2) est primordiale dans l’évaluation des efforts de coupe et sera détaillée au paragraphe I.2.3.3.2.  

Chapitre I 

46 

 

Figure I.2-15 : Orientations des efforts en coupe oblique, [Kaymakci, 2009].

Engin et al. [Engin, 2001a & b], [Merdol, 2008] proposent une modélisation générique de la géométrie pour des outils monoblocs ou avec plaquettes (Figure I.2‐16).  

 

Figure I.2-16 : Définition géométrique et segmentation de l’outil, [Merdol, 2008].

La  fraise  est  alors  segmentée  en  fines  tranches  d’épaisseur  dz  selon  l’axe  de  l’outil [Lee, 1996],  [Merdol,  2008].  Les  arêtes  de  coupe  sont  donc  discrétisées  en  arêtes  de  coupe infinitésimales  (pour  chaque  tranche  dz)  positionnées  par  rapport  au  point  milieu  de  chaque élément.  Chaque  arête  élémentaire  est  considérée  comme  une  arête  de  coupe.  Chacun  de  ces éléments  infinitésimaux  auxquel  est  appliqué  le modèle  de  coupe  oblique  décrit  précédemment peut  avoir  ses  propres  propriétés  géométriques  (angle  de  coupe,  d’hélice,  rayon  de  bec,  rayon d’acuité d’arête, etc.) et conditions de coupe (vitesse de coupe, vitesse d’avance, etc.). 

Introduction à la modélisation du fraisage  

 

 47 

Pour  chaque  élément  infinitésimal  et  selon  sa  position  ( , )z   (Figure  I.2‐16),  les  forces élémentaires tangentielles (t), radiales (r) et axiales (a) pour chaque dent  j sont exprimées à partir de coefficients Kic et Kie avec  i =  t,  r, a, de  l’épaisseur  locale de copeau  ( , )jh z  et de  la  longueur 

locale de contact de l’élément avec la matière  ( )dS z  (équation (I‐2‐13)). 

  ( , ) . ( ) . ( , ). ( ) , , ij ie ic jdF z K dS z K h z dS z avec i t r a .  (I‐2‐13) 

Puis,  les  forces  élémentaires  , , ( , )x y zijdF z dans  le  repère  global  , ,

x y z   sont  calculées  par 

changement de  repère. Les efforts  , , ( )x y zjF  pour chaque dent  j  sont obtenus par  intégration des 

efforts infinitésimaux  , , ( , )x y zijdF z . Enfin, les efforts  , , ( )x y zF dans le repère global  , ,

x y z  appliqués 

à l’outil sont obtenus par sommation des forces de chaque dent j. 

I.2.3.3.1.4 Conclusion Les  coefficients  spécifiques  de  coupe  ont  fait  l’objet  de  nombreuses  études.  Différentes 

approches ont alors été adoptées. Les méthodes  expérimentales permettent d’obtenir directement une modélisation  à partir 

des  résultats  des  essais  de  coupe.  Contrairement  aux  autres modélisations,  ce  type  d’approche permet d’étudier, quelque soit la configuration d’usinage, un couple outil‐matière quelconque avec une géométrie d’outil complexe (grands rayons de bec, préparation d’arête, brises copeaux,….). Le(s) modèle(s) obtenu(s) permet(tent) de  lier  les paramètres opératoires étudiés  (conditions de coupe, géométrie et nuance de  l’outil, etc.) aux grandeurs macroscopiques directement mesurées  lors des essais ou déduites au travers des actions mécaniques (qualité de la surface usinée, usure de l’outil, etc.).  En  contrepartie,  cette  approche  ne  permet  pas  d’estimer  les  grandeurs  internes (températures,  contraintes,  déformations,  etc.).  La mise  en  place  d’un modèle  robuste  nécessite beaucoup d’essais. Enfin,  la  validité du modèle est  remise en  cause dès  lors qu’un paramètre du couple outil‐matière étudié change. 

L’approche « mécanistique » se situe entre un modèle expérimental et un modèle analytique. En  s’appuyant  sur  les nombreuses bases de données d’essais en coupe orthogonale, ces modèles permettent  d’accéder  aux  efforts  de  coupe  dans  une  configuration  de  coupe  oblique.  La discrétisation  des  arêtes  de  coupe  de  l’outil  permet  alors  d’étendre  les  résultats  de  la  coupe orthogonale  aux  outils  de  géométrie  3D.  Un  traitement  informatique  et  une  modélisation géométrique  de  l’outil  sont  alors  nécessaires.  Basée  sur  des  modèles  de  coupe  analytiques (Merchant, Oxley), cette approche ne permet donc pas la modélisation des moments de coupe. 

I.2.3.3.2 Modélisation de la section de copeau

De  nombreux modèles  de  coupe  expérimentaux  existent  et  une  partie  d’entre  eux  ont  été présentés dans  les paragraphes précédents. Ces modèles utilisent des  coefficients  spécifiques de coupe  qui  peuvent  être  constants  ou  fonction  de  paramètres  géométriques  de  l’outil  ou  des conditions de coupe. Cependant, tous s’accordent à utiliser la section de copeau. 

La  section  de  copeau  est  calculée  en  fonction  de  l’épaisseur du  copeau  et  de  la profondeur usinée.  L’épaisseur du  copeau peut être  considérée  selon deux points de  vue.  Le premier est de considérer  l’épaisseur  moyenne  et  la  seconde  vision  est  de  prendre  en  compte  l’épaisseur instantanée de copeau. 

I.2.3.3.2.1 Épaisseur moyenne du copeau, hm Le fraisage d’épaulements (Figure I.2‐17) et le surfaçage sont les deux principaux cas. Pour  le  fraisage  d’un  épaulement,  l'épaisseur  moyenne  du  copeau  est  donnée  par  la 

relation (I‐2‐14). 

  .2.

p

m

ah fz

R.  (I‐2‐14) 

Chapitre I 

48 

Pour une opération de surfaçage,  lorsque  la  fraise n'est pas dans  l'axe de  la pièce,  l'épaisseur moyenne du copeau est donnée par la relation (I‐2‐15). 

  1 2

.180sin . .   =    sin     1,2

. z i

m r i

f l lh avec et avec i

R R

.  (I‐2‐15) 

Dans  le cas où  la pièce et  la  fraise  sont centrées,  1 2 ,  l’épaisseur moyenne de  copeau est donnée par la relation (I‐2‐16). 

 sin .180. .

   . .arcsin

2.

r e zm e

e

a fh avec a l

aD

R

.  (I‐2‐16) 

Figure I.2-17 : Fraisage d’épaulement. Figure I.2-18 : Surfaçage.

I.2.3.3.2.2 Epaisseur instantanée de copeau De nombreux travaux on été réalisés sur ce sujet. L’intérêt est de prendre en compte, au cours 

de  l’usinage,  l’évolution de  l’épaisseur du copeau et donc de  la section de copeau. Cette approche permet, lorsqu’elle est intégrée au modèle de coupe, de décrire les efforts de coupe instantanés. 

Les travaux de Martelotti [Martelotti, 1941 & 1945] restent la référence dans ce domaine. Ces travaux proposent une étude comparative entre une  trajectoire  théorique de  la pointe de  la dent circulaire  et  trochoïdale.  La  trajectoire  circulaire  est  assimilée  à  deux  cercles  égaux  décalés  de l’avance par dent. La  trajectoire  trochoïdale est obtenue par  la  trace d’un point appartenant à un cercle qui roule sans glisser sur une droite (Figure I.2‐19). 

 

Figure I.2-19 : Trajectoire théorique trochoïdale.

 

C

M P 

Rotation i‐1 

Rotation i 

Rotation i+1A

Sens de rotation  

Direction d’avance

θ(t) 

ΔФ h

Pièce 

Outil 

Axe pièce 

Ø1 

Ø2 l

l1 

l2 

fz

hm 

Bout 

Pièce 

Outil 

hm ap 

R fz 

Profil 

Introduction à la modélisation du fraisage  

 

 49 

La section de copeau exacte pour la trajectoire circulaire est donc calculée (équation (I‐2‐17)). 

  .sin ² ². cos ² circulaire z zh t R f t R f t .  (I‐2‐17) 

où hcirculaire est  l’épaisseur du copeau (approximée) (mm), R  le rayon de  l’outil (mm), fz  l’avance par dent (mm.dt‐1) et θ(t) la position angulaire de l’outil (°). 

A la suite d’observations d’essais de fraisage menés pour des conditions pratiques de coupe, le 

terme ² ². cos ² zR f t est approximé à R et conduit à une relation simplifiée (équation (I‐2‐18)). 

    .sincirculaire approx zh t f t .  (I‐2‐18) 

Selon Martelotti [Martelotti, 1941], cette approximation est acceptable pour des épaisseurs de copeau comprises entre 0,025 mm et 0,25 mm. Cependant, l’épaisseur du copeau est en dehors de cette plage notamment  lors des phases d’entrée et de sortie de  la matière ou dans  le cas de  très faibles/fortes avances. 

Dans ces cas,  l’expression de  l’épaisseur du copeau doit être calculée à partir d’une trajectoire théorique parfaite de la pointe de l’outil (trochoïde), [Martelotti, 1941] (équation (I‐2‐19)). 

L’utilisation de l’expression (I‐2‐19) permet d’obtenir une meilleure précision, cependant la mise en œuvre et la facilité d’évaluation de l’épaisseur du copeau en sont affectées.  

 

‐1 ‐1

‐12

.2 ‐ ( ) . ‐ ( ). .cos ‐ .cos ‐

2 2. . .sin

. .2 2‐ . ‐ .

2 2( )

. ‐ ( ).cos

. . 2² 2. . .cos

2 2

z zz z

zz z

z z

t

z

z z

Z f R d t Z f R d tR f R f

R RR f

Z f Z fR f R f

h tZ f R d t

RZ f Z f R

R R

. 2‐ .

2

z

zz

f

Z fR f

.  (I‐2‐19) 

 avec  r=.

2zZ f

,  le  rayon  du  cercle  qui  roule  sans  glisser  sur  la  droite  et  d(t)  la  profondeur 

instantanée de coupe définie par l’équation (I‐2‐20). 

 

. 2( ). .

2( ) . 1 cos

.

2

zz z

z

Z ft R f f

d t RZ f

R

.  (I‐2‐20) 

D’autres travaux ont également été menés afin de calculer  la section de copeau à partir de  la trajectoire  trochoïdale  tout en ayant une  formulation  simple.  Les différentes études  s’intéressent alors à des positions ou à des  instants particuliers de  l’usinage. La section de copeau est calculée lorsque les points C, M et P sont alignés (Figure I.2‐19). 

[Spiewak, 1995] considère une trajectoire trochoïdale de chaque dent et l’exprime sous forme matricielle. L’épaisseur du copeau est déterminée à partir de l’estimation de l’instant où le point M est  aligné  avec  C  et  P.  Enfin,  l’approximation  de  l’épaisseur  du  copeau  de  Martelotti  (« basic model »), la relation présentée (« new model ») et la résolution dite exacte obtenue par résolution numérique sont comparées  (Figure  I.2‐20). L’épaisseur du copeau calculée par  le modèle présente un écart inférieur à 3% par rapport à l’épaisseur « exacte ». 

A partir de  l’équation paramétrique de  la  trochoïde et en prenant en compte un espacement angulaire des différentes dents de  l’outil, [Li, 2001] propose une relation de  l’épaisseur du copeau approchée pour chaque dent d’une  fraise. Pour ceci,  l’écart entre  la position angulaire ΔФ  (Figure I.2‐19) d’une dent aux tours i et i‐1 est considéré petit, puis approximé par un développement limité. 

Chapitre I 

50 

 

Figure I.2-20 : Comparaison de l’évaluation de la section de copeau, [Spiewak, 1995].

Par la suite, une étude comparative du calcul de l’épaisseur du copeau avec la relation proposée et  la  relation  « traditionnelle »  approchée  de  Martelotti  (équation  (I‐2‐18)  est  réalisée  (Figure I.2‐21). 

Dans des  travaux ultérieurs,  l’influence du  faux  rond est étudiée  sur  la  trajectoire de  chaque dent de l’outil et donc sur l’épaisseur du copeau de chaque dent [Li, 2005b]. Les angles d’entrée et de sortie de  l’outil ainsi que  la  rugosité de  la surface usinée sont également calculés. Le calcul de l’épaisseur et de  la section de copeau est ensuite utilisé dans  la modélisation des efforts de coupe pour une fraise deux tailles [Li, 2004]. 

Figure I.2-21 : Comparaison de l’évaluation de la section de copeau, [Li, 2001].

[Kumanchik,  2007]  réalise  une  étude  similaire  en  utilisant  une  approximation  par développement limité de ΔФ (Figure I.2‐19). Cependant, l’équation paramétrique de la trochoïde est adimensionnée par rapport au rayon de  l’outil. L’épaisseur du copeau et  les angles d’entrée et de sortie  sont  ensuite  calculés  à  partir  des  paramètres  adimensionnées,  du  faux  rond  et  de l’espacement entre chaque dent. 

[Saï, 2008] propose  le calcul de  la section de copeau pour différents mouvement d’avance en utilisant une approximation par développement  limité de  l’écart de position angulaire entre deux dents consécutives ΔФ. Le  faux rond n’est pas considéré. Pour un mouvement d’avance rectiligne, Garnier  [Garnier,  2000a]  compare  l’épaisseur  du  copeau  calculée  par  la  relation  approximée  de Martelotti  (équation  (I‐2‐18))  avec  la  section  de  copeau  théorique  obtenue  par  résolution numérique. Ainsi, pour une avance de 0,1 mm.dt‐1, l’erreur commise par sa méthode est inférieure à 5% pour des positions angulaires éloignées de l’entrée et de la sortie de la matière (Figure I.2‐22). 

Introduction à la modélisation du fraisage  

 

 51 

 

Figure I.2-22 : Erreur relative du calcul de l’épaisseur du copeau, [Garnier, 2000a].

 

I.2.3.3.2.3 Conclusion Cette partie présente les deux approches pour le calcul de la section de copeau. Le calcul de l’épaisseur moyenne du copeau, hm, est simple et rapide. Cependant, l’objectif est 

d’établir  une modélisation  permettant  d’évaluer  les  actions  de  coupe  à  tout  instant  et  donc  à différentes positions angulaire de l’arête de coupe. Cette approche est donc exclue. 

Afin d’établir un modèle de coupe simple d’utilisation,  le modèle de  la section de copeau doit être également simple de mise en œuvre. Aussi,  le calcul de  la  section de copeau  instantanée en utilisant l’approximation de l’épaisseur du copeau de Martelotti semble un bon compromis. En effet, lorsque la fraise est en usinage stabilisé (pour des positions angulaires de l’arête de coupe éloignées de  l’entrée et de  la  sortie de  la matière),  le gain de précision apporté par  l’expression exacte de l’épaisseur du copeau (et donc de la section de copeau) ne semble pas justifié vis‐à‐vis du traitement supplémentaire à réaliser. 

 

I.2.3.3.3 Bilan

Les modèles  expérimentaux  permettent  de  s’affranchir  de  la  connaissance  des  phénomènes physiques.  Cependant,  les  paramètres  prépondérants  dans  l’évolution  des  grandeurs  étudiées peuvent  toutefois  être mis  en  évidence.  Cette  approche  peut  ainsi  apporter  des  éléments  à  la compréhension de phénomènes peu maitrisés. Dans  ce but,  la prise  en  compte de  la  section de copeau  instantanée  permet  également  de  mieux  appréhender  les  évolutions  des  différents phénomènes tout au long de l’usinage. L’association d’une modélisation expérimentale (type COM) et de la prise en compte de la section de copeau instantanée semble être le meilleur compromis afin d’établir une modélisation des actions de  coupe  (et en particulier des moments).  Les paramètres influents pourront également être identifiés et permettront de mieux comprendre les phénomènes mis en jeu lors de la coupe. 

 

Erreur en % sur le calcul de la section de copeau 

Position angulaire de la fraise (°)

Chapitre I 

52 

I.2.4. Conclusion Dans ce premier chapitre, une présentation du procédé d’usinage étudié a été réalisée. Ensuite, un bilan a été effectué sur  les différentes approches et points de vue de  la modélisation de  la coupe analytiques, numériques ou expérimentales.  

Figure I.2-23 : Chronogramme sur la modélisation de la coupe.

Chaque méthode possède son domaine de validité, sa particularité, sa facilité de mise en œuvre et développe un point particulier pour une configuration donnée. 

L’état  de  l’art  a montré  que  seule  la  résultante  des  actions mécaniques  est  très  largement étudiée. Des  travaux  [Cahuc, 2001],  [Darnis, 2000], ont démontré  l’existence et  l’importance des moments  de  coupe.  Cependant,  malgré  les  travaux  de  [Toulouse,  1998],  aucune  modélisation vraiment  performante  des moments  de  coupe  n’a  été  réalisée.  [Laheurte, 2004]  a  présenté  les bases  pour  un  modèle  semi‐analytique  mais  n’a  pu  aboutir  car  les  lois  de  comportement  des matériaux actuelles ne suffisent pas. 

Le  but  de  ce  travail  est  donc  de  développer  une  modélisation  intégrant  simplement  les moments de  coupe. Pour  ces  raisons,  le  choix  s’est porté  sur une modélisation expérimentale en considérant une échelle spatiale macroscopique locale en régime quasi‐stationnaire.  

La Figure  I.2‐24 permet de visualiser  la démarche adoptée pour atteindre  les objectifs fixés et positionnent les différentes parties de ces travaux. 

Le chapitre suivant propose une étude approfondie de la mesure du torseur complet des actions mécaniques.  

   

Introduction à la modélisation du fraisage  

 

 53 

  

Figure I.2-24 : Démarche adoptée pour la mise en place d’un modèle de coupe et sa détermination pratique.

      

 

Chapitre II

MESURE DU TORSEUR DES ACTIONS DE COUPE EN FRAISAGE

Ce chapitre s’intéresse aux moyens de mesure d’actions mécaniques de coupe. Dans une première partie, les principaux dispositifs de mesure utilisés dans les

domaines de la robotique et de la coupe sont présentés. Par la suite, le développement et la réalisation d’un dynamomètre à six composantes

sont détaillés. Dans un premier temps, le capteur retenu est caractérisé afin de valider les données constructeurs. Par la suite, la conception, l’étalonnage et la caractérisation statique et dynamique du dynamomètre sont présentés.

 

Chapitre II

MESURE DU TORSEUR DES ACTIONS DE COUPE EN FRAISAGE

NOMENCLATURE _______________________________________________________________ 59 

II.1.  INTRODUCTION __________________________________________________________ 61 

II.2.  MESURE D’ACTIONS MECANIQUES ________________________________________ 61 II.2.1.  Mesures indirectes _______________________________________________ 61 II.2.2.  Mesures directes ________________________________________________ 64 II.2.3.  Conclusion _____________________________________________________ 73 

II.3.  CHOIX ET CARACTERISATION DU CORPS D’EPREUVE RETENU _______________ 74 II.3.1.  Mode opératoire _________________________________________________ 74 II.3.2.  Caractérisation du capteur _________________________________________ 76 II.3.3.  Conclusion _____________________________________________________ 85 

II.4.  CONCEPTION D’UN DYNAMOMETRE A SIX COMPOSANTES __________________ 85 II.4.1.  Agencement des capteurs _________________________________________ 85 II.4.2.  Architecture et matériau du dynamomètre _____________________________ 86 II.4.3.  Etude par éléments finis __________________________________________ 87 II.4.4.  Fonctions secondaires ____________________________________________ 88 II.4.5.  Conclusion _____________________________________________________ 88 

II.5.  ETALONNAGE D’UN DYNAMOMETRE A SIX COMPOSANTES _________________ 89 II.5.1.  Etalonnage _____________________________________________________ 89 II.5.2.  Analyse modale expérimentale _____________________________________ 96 

II.6.  CONCLUSION ____________________________________________________________ 98 

Mesure du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 59 

Nomenclature  

[Aij]  Matrice d’étalonnage. 

Couplage « IJ »  Couplage engendré dans la direction J par un effort appliqué dans la direction I (%). 

EF  Eléments Finis. 

Fa  Effort appliqué sur l’outil (N). 

fd  Fréquence propre du dynamomètre (Hz). 

fe  Fréquence d’excitation (Hz). 

(Fi, Fj, Fk) Composantes  respectives  de  la  résultante  des  actions mécaniques  selon  les directions i, j, k (N). 

Fm  Effort mesuré par le dispositif intallé dans une broche instrumentée (N). 

I  Intensité du courant moteur (A) 

I0  Intensité du courant moteur à vide (A). 

KFi  Coefficient de répartition pour l’effort Fi de la sollicitation extérieure au capteur piézoélectrique. 

KMi/O  Coefficient de répartition pour  le moment Mi/O de  la sollicitation extérieure au capteur piézoélectrique. 

(Mi/P, Mj/P, Mk/P) Composantes  respectives  du moment  en  P  du  torseur  d’actions mécaniques selon les directions i, j, k (N.m). 

N  Fréquence de rotation de l’outil (tr.mn‐1). 

(Oi, 

x , 

y , 

z )  Repère lié au capteur. 

(O, 

X , 

Y , 

Z ) Repère lié au dynamomètre. 

[Tj]  Torseur étalon exprimé au centre et dans le repère du dynamomètre  

[Ui]  Tension issue des capteurs piézoélectriques (V). 

UGV  Usinage Grande Vitesses. 

Z, z Nombre (entier) de dent de l’outil. 

Mesure du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 61 

II.1. Introduction

E CHAPITRE précédent a mis en évidence les différentes approches de la modélisation du fraisage.  Indépendamment  des  avantages  et  inconvénients  de  chaque méthode,  les résultats de ces modèles doivent être validés expérimentalement. Pour ceci, la mesure 

des  actions de  coupe  est  indispensable. De plus,  l’objectif de  ces  travaux  est de développer une modélisation expérimentale de la coupe et nécessite un moyen de mesure du torseur de coupe. 

Afin  de  choisir  un  dispositif  de  mesure  adapté,  un  état  de  l’art  de  la  mesure  des  actions mécaniques  est  réalisé. Cette  étude bibliographique est  restreinte  aux deux principaux domaines pour lesquels la mesure des actions mécaniques est la plus développée et employée. Ces domaines sont ceux de l’usinage et de la robotique. 

Afin  de  répondre  à  nos  besoins,  le  développement  d’un  nouveau  dynamomètre  à  six composantes  s’est  avéré  nécessaire.  Dans  un  premier  temps,  le  choix,  la  caractérisation  et  la validation des spécifications constructeur du corps d’épreuve retenu sont détaillés. Par  la suite,  la conception de ce dynamomètre est présentée. Dans la partie suivante, la procédure expérimentale d’étalonnage  est  détaillée.  Enfin,  les  caractéristiques  dynamiques  théoriques  du  dynamomètre, déterminées lors de la phase de conception, sont confrontées aux grandeurs réelles. 

II.2. Mesure d’actions mécaniques

Cette  partie  présente  les  différents  travaux  concernant  la mesure  d'actions mécaniques. Un aperçu  non  exhaustif  des  moyens  utilisables  pour  mesurer  les  actions  mécaniques,  et  plus particulièrement  le  torseur d’action mécanique dû  à  la  coupe,  est proposé. Ainsi,  les moyens de mesures  peuvent  être  classés  en  deux  catégories :  les  dispositifs  par mesures  indirectes  ou  par mesures directes. 

II.2.1. Mesures indirectes Ces méthodes de mesure permettent de corréler  les actions de coupe avec des  informations 

issues  de  la  machine  d’usinage  utilisée.  Ainsi,  selon  les  technologies  des  machines‐outils,  de nombreux  travaux  ont  utilisé  comme  données  de  base,  les  courants moteurs,  les  courants  des paliers électromagnétiques de broche, ou encore des systèmes avec des capteurs piézoélectriques ou capacitifs. Ces données permettent  l’évaluation des efforts de coupe au  travers de  l’étude des déformations  de  l’axe  de  la  broche.  Les  avantages  de  ces  solutions  sont  le  faible  nombre  de connectiques,  aucune  (ou  de  très  faible) masses  embarquées,  peu  de  problèmes  de  fixation  du dispositif de mesure et un volume de  travail ou de  la pièce non  réduits par  le moyen de mesure. Cependant, les moments de coupe ne peuvent être estimés par ces dispositifs. 

II.2.1.1. Courants moteurs

Afin de satisfaire la consigne d’avance programmée, les commandes numériques des machines outils modernes surveillent et adaptent constamment  les courants des moteurs d’avance des axes. Ainsi, partant du constat que  l’avance varie avec  les actions de coupe, de nombreuses recherches ont été menées dans ce domaine.  

Kim  et al.  [Kim, 1996] proposent une modélisation par  schéma blocs des  trois  axes  linéaires d’une  fraiseuse. Une  fonction de  transfert  liant  l’effort selon  l’axe étudié et  l’intensité du courant d’alimentation du moteur est obtenue pour chaque axe. Une régulation de type PID est par la suite proposée afin d’adapter les conditions d’usinage en fonction de l’avance. Cette méthode est limitée par son modèle où la fréquence de résonance est de 60 Hz. L’adéquation entre les efforts de coupe et l’intensité du courant d’alimentation du moteur n’est plus satisfaisante lors des changements de direction d’avance  (inversions des courants moteurs). Les  frottements et  l’inertie des systèmes de guidage  interviennent  également  lors  des  phases  d’accélération  et  de  déccélération.  Dans  un 

L

Chapitre II  

 

 62 

nouveau modèle,  Kim  et  al  [Kim,  1999b]  utilisent  un  filtre  Kalman.  C’est  un  algorithme  récursif linéaire minimisant l’erreur de variance de la grandeur de sortie. Ce filtre permet d’estimer dans un environnement bruité le couple moteur dû aux frottements dans les guidages. Les efforts de coupe selon les trois axes sont déduits à partir du couple moteur total. Bien que les efforts de coupe soient mieux  estimés, des  imprécisions  subsistent  lors des  changements de direction dus  aux  sauts des 

courants moteurs. Un réseau de neurone artificiel1 pour  l’axe 

X  et  l’axe 

Y  est alors mis en place. Les  paramètres  d’entrée  sont  l’intensité  des  courants  d’alimentation  des moteurs,  les  consignes 

d’avance selon  les axes 

X  et 

Y . Les efforts de coupe obtenus sont alors plus proches de  la réalité que ceux issus du modèle associé au filtre Kalman. Malgré tout, lors des changements de direction, les sauts de courants perturbent le réseau de neurones. Toutefois, l’emploi d’un réseau de neurone artificiel permet de s’affranchir de  la modélisation des axes. Cependant,  le modèle mathématique obtenu est uniquement valable pour des conditions et configurations d’usinage semblables : couple outil‐matière, machine‐outils, etc.. Cette nouvelle modélisation autorise une bande passante jusqu’à 70 Hz. 

Li  et  al.  [Li,  2000]  réalisent  des  travaux  similaires  concernant  un  tour.  Des  mesures expérimentales associées à une modélisation de l’axe d’avance permettent de lier le couple sur l’axe étudié, l’avance ainsi que l’intensité (I) et la fréquence du courant d’alimentation du moteur. Suite à l’observation  de  non  linéarités  entre  l’intensité  du  courant  d’alimentation  du moteur  et  l’effort d’avance, un réseau de neurone artificiel à quatre couches utilisant cinq  fonctions mathématiques « parents » est alors proposé. Des essais montrent une bonne  corrélation  (5% d’erreur) entre  les mesures de l’effort d’avance obtenues par une platine dynamométrique et la méthode proposée. 

II.2.1.2. Systèmes embarqués sur la broche

Des concepts et différentes méthodes plus spécifiques au centre d’usinage selon la technologie des broches se sont développés. Les broches utilisant des guidages par éléments roulants se voient adaptées  un  système  afin  d’évaluer  les  déformations  de  l’axe  de  la  broche  alors  que  pour  des broches électromagnétiques le courant des paliers est alors étudié. 

II.2.1.2.1 Broches guidées par éléments roulants

Pour  mesurer  les  efforts  de  coupe  dans  trois  directions  orthogonales,  Altintas  et  al. [Altintas, 2004] proposent de placer une paire de capteurs piézoélectriques dans  la broche (Figure 

II.2‐1) selon chaque axe de la machine‐outil (

X , 

Y , 

Z ). Les capteurs sont montés en opposition afin de compenser les déformations non souhaitées (thermiques, dynamiques,…) tout en augmentant la sensibilité. La réponse et les couplages des capteurs ont été quantifiés. Afin de synchroniser toutes les  informations,  un  codeur  de  position  est  également  placé  sur  le  corps  de  la  broche  afin  de détecter la rotation de l’arbre de la broche. La fonction de transfert liant l’effort appliqué sur l’outil (Fa) et  le  système de mesure d’effort par  les  capteurs  (Fm) est obtenue par des essais d’impacts 

selon  les  trois  directions 

X , 

Y , 

Z   de  la machine‐outils  (Figure  II.2‐1).  La modélisation  obtenue permet de mesurer  les efforts de coupe  jusqu’à 300 Hz sans altération du signal. L’utilisation d’un filtre  Kalman  et  d’une méthode  de  réglage  de  ce  filtre  permettent  d’étendre  la  bande  passante jusqu’à 1000 Hz. Des essais de  fraisage dans un alliage d’aluminium avec des outils possédant de trois  à  cinq  dents  ont  été  réalisés  pour  des  fréquences  d’excitations  de  50  à  1000  Hz.  La modélisation  corrigée  (ou  non)  avec  le  filtre  Kalman  est  alors  comparée  avec  une  platine dynamométrique. Les mesures d’efforts sont semblables malgré  les variations des caractéristiques dynamiques  avec  la  fréquence  de  rotation  de  la  broche.  Toutefois,  les  signaux,  sont  légèrement altérés pour des fréquences d’excitation proches de la fréquence propre de la broche (500 Hz) ou de ses harmoniques.  

                                                            1 Il s’agit d’un algorithme basé sur une bibliothèque de fonctions mathématiques « parents » qui estime des grandeurs de sorties à partir de paramètres d’entrées choisis. Ainsi, par apprentissage ou récursion, l’algorithme génère en plusieurs couches (ou génération) de nouvelles fonctions « enfants ». Ces relations mathématiques, utilisable ultérieurement, permettent de lier les grandeurs d’entrées et de sorties retenues. La phase d’apprentissage se réalise à partir d’essais préliminaires où les paramètres d’entrés sont connus.

Mesure du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 63 

 

Figure II.2-1 : Positionnement des capteurs sur la broche, [Altintas, 2004].

Albrecht et al.  [Albrecht, 2005] proposent une démarche  semblable. Un capteur capacitif est intégré dans le corps de la broche et détecte le déplacement radial d’un disque solidaire de l’arbre de broche (Figure II.2‐2). Un codeur de position est également placé sur le corps de la broche afin de détecter la rotation de l’arbre de la broche et de synchroniser toutes les informations. 

 

Figure II.2-2 : Positionnement des capteurs sur la broche, [Albrecht, 2004].

Un  test  d’impact  permet  de  définir  les  modes  propres  de  la  broche,  du  porte‐outil  et  de l’ensemble  ainsi  que  la  fonction  de  transfert  caractérisant  la  broche.  La  fréquence  de  mesure maximale est de 350 Hz.  L’utilisation d’un  filtre Kalman et d’une méthode de  réglage permettent d’étendre la grande bande passante jusqu’à 1000 Hz. Une série d’essais de fraisage dans un alliage d’aluminium à différentes fréquences de rotation est ensuite menée. Les forces de coupe obtenues avec les signaux du capteur de déplacement seul, puis associé au filtre Kalman, sont comparées aux mesures d’une platine dynamométrique. Le modèle associé au  filtre Kalman permet d’obtenir des signaux  de  mesure  moins  altérés  au‐delà  de  750  Hz  par  rapport  à  ceux  de  la  platine 

Disque « cible » de détection 

Capteur capacitif de déplacement 

(b)

Système de maintien des capteurs 

Roulements

Capteur capacitif de déplacement

Outil 

Disque « cible » de détection 

Porte outil 

(a) 

(a) Schéma.   (b) Vue de dessus du système de mesure.

Codeur de broche

Bâti 

Arbre de broche 

Corps de broche

Capteur d’effort

Outil 

Porte outil

(a) vue de dessus,  (b) schéma.

Chapitre II  

 

 64 

dynamométrique. Afin d’améliorer la précision de mesure, une étude sur les facteurs influençant la mesure du capteur de déplacements (jeu entre le disque cible et le capteur de déplacements, faux rond, dilatation thermique, etc.) est menée avant la proposition de recommandations (disposition et nombre des capteurs, précharge des roulements de broches, etc.).  

II.2.1.2.2 Broches guidées par paliers électromagnétiques

Sur  une  broche  à  paliers  électromagnétiques,  les  efforts  de  coupe  peuvent  être  évalués  en fonction de  la tension d’alimentation des paliers  (Figure  II.2‐3), [Auchet, 2004 & 2005]. La tension d’alimentation de ces paliers permet de contrôler la position de l’arbre de la broche avec une boucle d’asservissement. Ainsi, un effort proportionnel à  la  tension d’alimentation des paliers est généré sur l’arbre de la broche afin de maîtriser sa position.  

 

Figure II.2-3 : Schéma de la broche d’usinage, [Auchet, 2004].

Des essais d’impact en bout d’outil lorsque la broche n’est pas en rotation permettent d’obtenir les fonctions de transfert caractérisant  la relation entre  la tension de commande des paliers et  les efforts de coupe. Des essais de validation ont été menés avec une fraise cylindrique de Ø32 dans un alliage d’aluminium pour des fréquences de rotation de 10000 à 15000 tr.mn‐1 incluant des régimes stables  et  instables  (proches  des  fréquences  propres).  Les  forces  de  coupe  obtenues  ont  été comparées avec les mesures d’une platine dynamométrique. Ces essais montrent que la mesure des efforts  de  coupe  au  travers  des  tensions  des  paliers  n’est  valable  que  si  aucune  fréquence  de rotation de broche n’excite les modes (de flexion) du rotor. En effet, les fonctions de transfert sont uniquement valables lorsque la broche est à l’arrêt ou en rotation en dehors des fréquences proches des fréquences propres. Malgré tout, dans les plages de fréquence stables, la mesure des efforts de coupe peut être obtenue jusqu’à des fréquences de 4 kHz. 

II.2.2. Mesures directes Ces  moyens  de  mesures,  contrairement  aux  précédents,  n’utilisent  pas  une  partie  ou  un 

élément de la machine‐outils pour accéder aux actions de coupe (forces et moments). Un dispositif intermédiaire, couramment appelé dynamomètre, est placé dans la chaîne outil‐pièce‐machine afin de mesurer directement les actions de coupe. L’appareil de mesure peut donc être placé soit entre l’outil  et  la machine  ou  entre  la  pièce  et  la machine.  La majorité  des  systèmes  de mesure  sont positionnés  dans  ce  dernier  cas.  Les  dynamomètres  peuvent  être  classés  selon  la  nature  et  la disposition  des  corps  d’épreuve  et/ou  du  capteur  de mesure.  Le  corps  d’épreuve  est  la  partie sensible  du  dynamomètre.  Des  capteurs  mesurent  la  déformation  de  cet  (ces)  élément(s)  et permettent de déduire grâce à un étalonnage, les actions de coupe. Les principaux capteurs à signal de  sortie  électrique  utilisés  pour  les  dynamomètres  sont  détaillés  en  annexes  A.II.1.  Les dynamomètres  actuels  utilisent  principalement  deux  types  de  capteurs :  les  jauges  résistives  de déformation ou  les capteurs piézo‐électriques. Ce  choix  conduit à une architecture différente des dynamomètres. Par la suite, un inventaire est réalisé et classe les dynamomètres selon le capteur, le corps d’épreuve, le domaine d’application et l’architecture retenus. 

Palier magnétique axial Moteur

Porte‐outil 

Outil 

Palier magnétique radial 1 

Palier magnétique radial 2 

Mesure du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 65 

II.2.2.1. Moyens de mesures à base de "jauges résistives de déformation"

La  technologie  des  jauges  résistives  de  déformation  est  connue  et maîtrisée  depuis  très longtemps. Le chargement extérieur au système est déterminé à partir des déformations d’un (de) corps  d'épreuve(s),  mesurées  par  des  jauges  résistives  de  déformation  montées  en  pont  de Wheastone (cf annexes A.II.1). 

II.2.2.1.1 Moyens de mesure dédiés à la robotique

Durant ces dernières années, le développement dans le domaine de la robotique a été très important. Ainsi, afin de contrôler des manipulateurs ou le comportement d’humanoïde, la position exacte du centre de gravité de  l'objet manipulé ou du membre en mouvement doit être calculée. Pour  ceci,  le  torseur  complet  des  actions mécaniques  dues  aux  poids  de  l'objet manipulé  ou  du membre  doit  être  connu. De  nombreuses  recherches  ont  permis  de  développer  des moyens  de mesure  basés  sur  des  architectures  différentes.  Deux  types  de  structures  se  distinguent:  les structures de type hexapode et les structures avec des corps d'épreuves à géométrie spécifique. Ces structures  sont  construites  pour  de  faibles  chargements  (≈200  N)  comparées  à  des  conditions d'usinage. 

II.2.2.1.1.1 Structures type hexapode Ce type de structure est basé sur une architecture développée pour  les simulateurs de vol. 

Ces structures parallèle de type hexapode sont appelées plateforme de Stewart [Stewart, 1965]. Ce système à six degrés de  liberté est obtenu grâce à six barres  (ou bras)  indépendants reliés à deux plaques par des rotules (Figure II.2‐4). Des jauges résistives de déformation placées sur chaque bras permettent  de  mesurer  les  déformations  et  de  déterminer  les  contraintes  mécaniques.  Le chargement extérieur est évalué à partir des tensions d’alimentation des ponts de  jauges et d'une matrice de  transformation  (ou de  calibration). A partir de  cette matrice,  le nombre  condition, est calculé. Ce nombre évalue  la capacité de  la structure à mesurer  identiquement et avec une même sensibilité  dans  toutes  les  directions.  La  mesure  est  « isotropique »  dans  le  cas  où  le  nombre condition est égal à 1. Ce type de structure permet de mesurer plusieurs composantes  (efforts ou moments). 

Dwarakanath  et  al.  proposent  une  méthode  de  conception  pour  une  plate‐forme  à  six composantes  (Figure  II.2‐4)  [Dwarakanath,  2001].  Une  étude  statique  et  dynamique  sur  la géométrie des bras est menée afin d'optimiser  le dispositif. Pour  ceci,  la  raideur,  la  sensibilité,  la précision et la répétabilité de mesure, le positionnement des jauges de déformation et la fabrication sont alors pris en compte. Un prototype muni de bras avec des anneaux cylindriques est réalisé pour de très faible chargements (pleine échelle d’efforts de ±5 N). Le nombre condition est égal à 4.6 et désigne une orientation de mesure privilégiée. La calibration est  réalisée en effort et en moment. Par la suite, lors d‘essais statiques et dynamiques, l’écart maximal est de 8 % entre le chargement et la réponse de la plateforme.  

Zhenglin et al. proposent une démarche de conception d'une plate‐forme à six composantes (Figure  II.2‐4) disposant de  trois paires de bras perpendiculaires  [Zhenglin, 2003]. Une étude des raideurs  longitudinales et  torsionnelles démontre une sensibilité de mesure  identique dans  toutes les directions et un couplage faible.  

De nombreuses études similaires aux précédentes ont été menées. Cependant,  le principal inconvénient  de  ce  type  de  structure  est  la  liaison  rotule  (jeu,  frottement)  entre  les  bras  et  les plaques.  Des  études  ont  alors  été  réalisées  afin  de  pallier  aux  phénomènes  d'hystérésis  ou  de couplage provoqués par ces liaisons. 

Ranganath et al. proposent la conception d'une plate‐forme à six composantes (Figure II.2‐4) où  les bras sont proches d'une position singulière  [Ranganath, 2004]. Cette architecture privilégie des directions de mesure et permet d’obtenir une sensibilité élevée. Les positions singulières pour 

privilégier  les  efforts  compris  dans  un  plan  (

X ,

Y )  et  un  moment  autour  de  l'axe 

Z   sont déterminées.  Les  rotules  sont  remplacées par une poutre  flexible  (rotulage de 4°) afin d’éviter  le 

Chapitre II  

 

 66 

frottement,  les  jeux,  les non‐linéarités et  l'hystérésis.  Les dimensions des bras  cylindriques et  les liaisons flexibles sont déterminées au travers d’une étude par éléments finis. Un prototype en alliage de  titane  est  réalisé  pour  de  très  faibles  chargements  en  efforts  ±0,98 N  et  en moment  ±49,05 

N.mm. Les fréquences propres dans le plan (

X ,

Y ) sont de 22,5 Hz et de 40 Hz en torsion selon l'axe 

Z .  Le  nombre  condition  est  égal  à  1350.  L'erreur  de  mesure  est  de  3  %  dans  les  directions privilégiées. 

Hou  et  al. proposent une  conception  d'une plate‐forme hyperstatique  à  six  composantes (Figure  II.2‐4)  [Hou,  2009].  Une  vis  de  précontrainte  permet  d’éliminer  le  jeu  résiduel  dans  les rotules.  La matrice  de  transformation  liant  le  chargement  extérieur  et  les  tensions  des  ponts  de jauges  est  calculée.  Un  nouvel  indice  est  également  proposé  afin  de  vérifier  les  directions privilégiées de chargement. 

 

Figure II.2-4 : Plateformes type Stewart.

II.2.2.1.1.2 Structures avec corps d’épreuve intégré Ces moyens de mesure sont des structures assemblées dans  lesquelles  les corps d'épreuve 

sont  des  éléments  minces.  Les  jauges  de  déformations  sont  alors  placées  sur  ces  parties  et permettent d’évaluer les six composantes d'une action mécanique. 

Kim et al. proposent une structure utilisant des plaques minces [Kim, 1999c]. Ces éléments sensibles  relient  un  bloc  central  à  un  bâti  périphérique  de  forme  carrée.  Une  étude  théorique, utilisant  la  théorie  des  poutres  en  flexion,  et  une  étude  par  éléments  finis  permettent  pour  un chargement extérieur uni‐axial appliqué sur le bloc central, de calculer les déformations en fonction des paramètres géométriques et du matériau du capteur. Ces deux études permettent de définir les déformations de la structure, la position et la sensibilité des jauges en fonction des chargements. Les déformations engendrées par un effort admettent un plan de symétrie contenant  l’origine du bloc central alors que  les déformations  issues de moments sont symétriques par  rapport à  l'origine du bloc central. Un écart de 5 % est relevé sur  l’évaluation des déformations des  jauges et de 12,5 % pour  les couplages ou  interférences entre  les  jauges. Un prototype est également  réalisé pour de faibles chargements (Fx = Fy = Fz = ±100 N, Mx = My = ±1 Nm, Mz = ±2 Nm). La calibration statique est  réalisée  sur un banc de mesure  conçu  à  cet  effet  [Kim, 2000]. Pour  chaque  composante uni‐axiale,  l’écart de mesure entre  la  théorie et  les essais est  inférieur à 6 % pour  la déformation des jauges et de 3 % pour les couplages des composantes à la pleine échelle. 

Dans  la continuité de ces travaux, Park et al. [Park, 2005] proposent un nouveau capteur à six composantes  pour  un  robot manipulateur  (Figure  II.2‐5).  Le  dynamomètre  est  alors  composé  de plusieurs pièces boulonnées en forme de E. Les plaques fines sont les éléments sensibles sollicités en flexion.  Une  étude  théorique  détermine  les  dimensions  de  ces  éléments  sensibles  à  partir  des déformations  admissibles  par  les  jauges  de  déformation  choisies.  Un  prototype  en  alliage d’aluminium est ainsi  réalisé pour de  faibles chargements  (Fx = Fy = Fz = ±50 N, Mx = My = Mz = ±5 Nm). L'erreur maximale de mesure est de 6 % et le couplage maximal est de 2,8 %. 

[Dwarakanath, 2000] [Zhenglin, 2003]. [Ranganath, 2004] [Hou, 2008]

Mesure du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 67 

Dans une étude ultérieure [Kim, 2008], Kim et al. proposent un capteur à six composantes pour une  cheville de  robot  (Figure  II.2‐5).  Les déformations des plaques minces  sont  étudiées  à partir d’une  étude  par  éléments  finis  afin  de  définir  le  positionnement  des  jauges  et  de  diminuer  le couplage.  Le  prototype  proposé  est  construit  dans  un  alliage  d'aluminium.  Les  chargements 

admissibles selon  les axes 

X  et 

Y  sont de 500 N et 18 N.m, et de 1000 N et 8 N.m selon  l’axe 

Z . L’écart entre l’étude par éléments finis et des essais sur le prototype est inférieur à 11,2% pour les déformations,  à  10 %  pour  des  chargements  uni‐axiaux  à  la  pleine  échelle  et  à  2,5 %  pour  les couplages. 

Ce  capteur  est basé  sur des  travaux  antérieurs  [Kim, 2007] où  l’architecture  et  la démarche scientifique  restent  identiques.  Cependant,  les  éléments  sensibles  sont  des  poutres  de  section carrée sollicitées en  flexion. Ce capteur  (Figure  II.2‐5) permet de mesurer des efforts de ±200N et 

des moments selon les axes 

X  et 

Y  de 2,5 N.m et de 5 N.m selon l’axe 

Z  

Figure II.2-5 : Platines six composantes à jauges.

Liu et al. [Liu, 2002] proposent l'étude d'une structure avec des éléments sensibles à la flexion avec une géométrie en T  (Figure  II.2‐5). Une étude éléments  finis permet de connaître  le  lieu des contraintes maximales  afin  de  positionner  les  jauges  de  déformation.  Ce  système  a  une  bonne isotropie  de mesure,  une  bonne  sensibilité,  utilise moins  de  jauges  de  déformation  que  d'autres systèmes de mesure mais présente cependant des couplages importants. 

II.2.2.1.2 Moyens de mesure dédiés à l’usinage

Des  platines  dynamométriques  utilisant  les  jauges  de  déformation  existent  pour  la mesure d’actions mécaniques de coupe. Dans ce cas, le niveau de mesure est beaucoup plus élevée (≈x5) par rapport aux applications dans le domaine de la robotique. 

Deux types de structures se distinguent, en particulier par  la nature et  la sollicitation du corps d’épreuve. La première catégorie utilise des corps d’épreuve de géométrie simple. La déformation de barres en flexion est  le principe de base de ce type de dynamomètre. La seconde catégorie est basée sur des corps d’épreuve de géométrie plus complexe. L’architecture de tels dynamomètres est composée  d’une  plaque  inférieure  fixe  destinée  à  être  liée  à  la machine‐outils  et  d’une  plaque supérieure  sur  laquelle  la pièce est  fixée. Ces deux plaques  sont  reliées entre elles par des  corps d’épreuve sur lesquels sont disposées les jauges de déformation. 

II.2.2.1.2.1 Corps d’épreuve à géométrie simple Les dynamomètres utilisant ce type de corps d’épreuve peuvent prétendre à la mesure d’autant 

de composantes d’effort que de corps d’épreuve. La déformation des corps d’épreuve est mesurée par l’intermédiaire de jauges de déformation connectées en pont de Wheatstone.  

Ainsi, Seker et al. utilisent un dynamomètre à trois composantes (Figure II.2‐6) pour étudier  la coupe orthogonale [Gunay, 2006], [Seker, 2002]. L’effort maximal admissible est de 2000N.  

L’association  et  l’utilisation  plus  complexe  de  ces  corps  d’épreuve  permettent  également  de développer des dynamomètres à  six  composantes  (3 efforts et 3 moments),  [Couétard, 2000].  La solution constructive proposée  (Figure  II.2‐7)  fait  intervenir  trois  liaisons  linéaires annulaires pour 

[Liu, 2002] [Park, 2005] [Kim, 2008] [Kim, 2007]

Chapitre II  

 

 68 

lier  les  corps d’épreuve  au bâti du dynamomètre. Dans un premier  temps,  la mesure du  torseur appliqué est évaluée  théoriquement en  fonction des efforts dans  les  liaisons et de  la position des centres de ces liaisons. Puis, la détermination expérimentale de la matrice d’étalonnage permet de lier  l’image des déformations (par  la réponse des six ponts de  jauges) aux composantes du torseur d’actions mécanique. La procédure d’étalonnage  retenue permet d’obtenir un couplage minimum entre  les  voies.  Cette  matrice  permet  à  partir  des  tensions  de  sortie  des  ponts  de  jauges  de déterminer le torseur appliqué.  

 

 

 

Figure II.2-6 : Dynamomètre 3 composantes, [Gunay, 2006].

Figure II.2-7 : Dynamomètre à 6 composantes, [Couétard, 2000].

Suite à ces travaux, des dynamomètres destinés à la mesure d’actions de coupe en tournage et en fraisage ont été développés. La précision de mesure est donnée dans le Tableau II.2‐1. 

La société TSR propose alors des dynamomètres six composantes spécifiques au tournage et au perçage/fraisage [TSR, 2010]. Ces platines sont basés sur les travaux de [Couétard, 2000].  

   Efforts  Moments au centre du dynamomètre 

  Fx  Fy  Fz  Mx/O  My/O  Mz/O 

  (N)  (N)  (N)  (dN.m)  (dN.m)  (dN.m) 

Pleine échelle  3848  3774  4362  3467  3054  3078 

Erreur de mesure à la pleine échelle 

14.2%  6.3%  2.2%  2.2%  1.3%  4.1% 

Tableau II.2-1 : Précision de mesure du dynamomètre à jauges six composantes, [Couétard, 2000].

II.2.2.1.2.2 Corps d’épreuve à géométrie évoluée Korkut  propose  un  dynamomètre  à  trois  composantes  destiné  à  la mesure  d’efforts  de 

coupe en fraisage [Khorkut, 2003] (Figure II.2‐8). Les critères pris en compte dans l’ensemble de la conception sont  la sensibilité,  la  rigidité  (élasticité),  la précision et un étalonnage aisé. Les quatre corps  d’épreuve  sont  des  pièces  octogonales  alésées.  Les  critères  choisis  permettent  de dimensionner  les  corps  d’épreuve  pour  un  effort maximal  admissible  de  4500N.  Le matériau  est choisi  en  fonction  du  dimensionnement  théorique,  de  la  réponse  dynamique,  de  sa  conductivité thermique, de sa résistance à la corrosion et de sa compatibilité avec les jauges de déformation. Par la suite, la raideur du dynamomètre est déterminée en assimilant la structure à un système masse‐ressort.  La  fréquence  propre  du  dynamomètre  est  considérée  acceptable  si  elle  est  quatre  fois supérieure  à  la  fréquence  d’excitation.  Les  raideurs  et  les  déformations  axiales  et  radiales  sont vérifiées afin de s’assurer de la compatibilité avec les jauges de déformation. Enfin, l’étalonnage est proposé pour des efforts allant de 50 à 1000N dans les trois directions. Ces essais réalisés trois fois permettent d’évaluer  le couplage (0,05%) et de  le négliger. La sensibilité obtenue est de ±5N pour une charge maximale effective de 1500N (coefficient de sécurité de 3). 

Yaldiz  et  al.  proposent  un  dynamomètre  trois  composantes  avec  des  éléments  sensibles similaires  aux  travaux  précédents.  Cette  platine  est  dédiée  au  tournage  (Figure  II.2‐8)  et  peut mesurer  un  effort maximal  de  3500N  avec  une  précision  de  ±5N  et  un  couplage  inférieur  à  1% [Yaldiz, 2006a & b]. Par la suite, leurs travaux sont étendus au fraisage pour lequel un dynamomètre 

Mesure du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 69 

quatre  composantes  (Figure  II.2‐8)  est  développé  [Yaldiz,  2007].  L’architecture  est  composée  de quatre corps d’épreuve sur lesquels sont réparties vingt jauges de déformation (dont quatre pour le couple). L’effort maximal mesurable est de 5000 N ± 5 N. L’erreur de linéarité est inférieure à 1,5% pour un chargement de 80% de l’effort maximal. Le couplage maximal est de 1,7%. La réponse à un chargement de 1000 N dans chacune des directions a également été vérifiée et diffère au maximum de  0.15%.  Un  chargement  excentré  de  50  mm  a  permis  de  vérifier  la  réponse  hors  des  axes principaux  du  dynamomètre.  L’erreur  de mesure  obtenue  est  inférieure  à  0,2%.  Enfin,  des  tests 

d’impact permettent d’établir la fréquence d’excitation respectivement selon les axes 

X , 

Y  et 

Z  de 1200 Hz, 1050 Hz et 1500 Hz.  

Figure II.2-8 : Plateformes avec corps d’épreuve à géométrie évoluée.

Karabay  présente,  en  utilisant  trois  corps  d’épreuve  octogonaux  répartis  à  120°,  un dynamomètre  deux  composantes  (effort  de  poussée  et  couple)  dédié  au  perçage  (Figure  II.2‐9) [Karabay, 2007]. Les huit jauges sont réparties sur uniquement deux corps d’épreuve et connectées en  deux  ponts  de Wheatstone.  Le  dynamomètre  accepte  un  couple  de  195 N.m  et  un  effort  de poussée de 10500N. La précision de mesure est de ±5N et le couplage est de 0,05%. La réponse en fréquence  longitudinale  et  en  torsion  selon  l’axe  de  poussée  est  respectivement  de  526  Hz  et 398 Hz. 

   

Figure II.2-9 : Plateformes spécifiques avec corps d’épreuve à géométrie évoluée.

 

Afin de diminuer  les  couplages et  la  taille de  la matrice d’étalonnage, et de  faciliter  la phase d’étalonnage,  Li  et  al.  proposent  une  nouvelle  géométrie  de  corps  d’épreuve  [Li,  2005a].  Cette géométrie dispose de trois zones particulières de concentration de contraintes mise en évidence par calcul élément finis et où sont disposées  les  jauges. Un dynamomètre à trois composantes (Figure 

Platine de fraisage à 3 composantes, [Khorkut, 2003].

Dynamomètre 4 composantes de fraisage,

[Yaldiz, 2007].

Dynamomètre 3 composantes de tournage, [Yaldiz, 2006a & b].

Dynamomètre 3 composantes pour opérations de finition, [Li, 2005]. 

Dynamomètre 2 composantes, [Karabay, 2007]. 

Chapitre II  

 

 70 

II.2‐9)  est  développé  pour  la mesure  d’action  de  coupe  d’opérations  de  finition  (rectification  et polissage).  

L’étalonnage statique est réalisé à l’aide de masses provoquant des chargements en traction ou en compression. La disposition de quatre blocs de chargement permet d’éviter les interactions selon la  nature  et  l’orientation  des  chargements.  Les  couplages  ont  été  vérifiés  et  validés  comme négligeables.  

II.2.2.2. Moyens de mesures à base de capteurs piézo-électriques

L’essor de  l’usinage à grandes vitesses  implique en particulier de plus grandes  fréquences de rotation.  Par  conséquent  les  fréquences  d’excitation  sont  plus  élevées.  La  fréquence  propre  du moyen de mesure doit donc être plus élevée. Cependant,  les platines dynamométriques à base de jauges de déformation ne possèdent pas une raideur suffisante et atteignent leurs limites. En effet, les corps d’épreuve de ces dynamomètres possèdent des parties sensibles à la déformation où sont disposées  les  jauges de déformation. Ces éléments  (ou parties) à  faibles sections contribuent à  la diminution de la raideur du dispositif de mesure. Une réponse à cette contrainte est l’utilisation de capteurs  piézo‐électriques.  Cependant,  le  principal  inconvénient  de  ce  capteur  est  son  coût.  Le développement  de  dynamomètres  utilisant  ces  capteurs  s’adresse  donc  à  des  applications nécessitant  des  besoins  particuliers.  Les  travaux  concernant  ces  dynamomètres  sont  donc moins nombreux que pour les platines à jauges, mais se développent rapidement. 

II.2.2.2.1 Moyens de mesure dédiés à la robotique

Dans le domaine de la robotique, ce type de capteur est utilisé dans les manipulateurs de pièce de  masse  et/ou  de  dimension  très  imposantes  pour  des  applications  liées  au  nucléaire,  à  la construction navale, l’industrie chimique et pétrolière ou encore l’armement, etc. L’intérêt d’un tel capteur est de maîtriser  le mouvement de  l’objet embarqué grâce à  la détermination du centre de gravité au travers du torseur d’actions mesuré. 

Li  et  al.  [Li,  2009a &  b]  ont  proposé  un  dynamomètre  à  six  composantes  basé  sur  quatre capteurs triaxiaux (Figure II.2‐10).  

 

Figure II.2-10 : Dynamomètre 6 composantes avec capteurs piézoélectriques triaxiaux, [Li, 2009a & b].  

Dans un premier  temps, une étude  compare deux dispositions  spatiales des  capteurs  (Figure II.2‐11), dites « losange » et « carrée », par  rapport au  repère global du dynamomètre  [Li, 2009c]. Les  orientations  propres  de  chaque  capteur  sont  cependant  identiques  et  coïncidentes  avec  le repère global du dynamomètre.  

Mesure du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 71 

En se basant sur une étude analytique et par éléments finis (EF), la solution dite « carrée » est retenue.  Cette  disposition  prend  mieux  en  compte  les  couplages  tout  en  les  minimisant.  Un prototype avec une disposition « carrée » utilisant des capteurs pour de faibles chargement (vis‐à‐vis de l’application) est réalisé (10 KN et 250 N.m). Le couplage quelque soit la direction ou la nature de chargement  (force ou moment) est  inférieur à 5% de  la pleine échelle. Les  fréquences propres du dynamomètre  selon  les  différentes  directions  sont  obtenues  par  test  d’impact.  Les  fréquences 

minimales  sont  selon 

Z  de 2300 Hz en  torsion et de 2900 Hz  longitudinalement. Par  la  suite, un dynamomètre à échelle réelle de mesure (jusqu’à 30 KN et 1000 N.m) est réalisé. La linéarité de la réponse présente une erreur  inférieure à 1% et un  couplage  inférieur à 3%.  La  fréquence propre 

minimale obtenue par impact est de 4900 Hz selon l’axe 

Z ). 

 

Figure II.2-11 : Disposition des capteurs piézoélectriques triaxiaux, [Li, 2009c].

II.2.2.2.2 Moyens de mesure dédiés à l’usinage

Dans  le  domaine  de  l’usinage,  peu  de  travaux  existent.  Cependant,  avec  l’essor  du micro‐fraisage et de  l’UGV,  les  fréquences de  rotation élevées  requièrent une  structure  rigide avec une haute  fréquence propre. Les  limites des dynamomètres à  jauges actuels étant atteintes,  le besoin élevée a poussé le développement des dynamomètres à capteurs piézo‐électriques. 

Baù [Baù, 2007] propose un dynamomètre trois composantes pour le micro‐fraisage basé sur un unique  capteur piézoélectrique à  trois  composantes. Un étalonnage  statique puis une vérification dynamique  sont  réalisés.  L’étalonnage  statique pour  chaque  gamme de mesure  est  réalisé  sur  la machine‐outils en appliquant un  chargement à  l’aide de masses.  Le  chargement est  transmis par câble  en  utilisant  des  systèmes  de  renvoi  d’angle  par  poulies  positionnées  sur  des  montages spécifiques  et/ou  directement  sur  la  broche.  Une  validation  dynamique  est  ensuite  réalisée  en utilisant  un  outillage  tournant  spécifique  installé  sur  la  broche  de  la  machine‐outils.  Cet  outil possède  des  aimants  disposés  radialement  et  uniformément  répartis  permettant  de  générer  des efforts  à  la  fréquence  désirée  en  fonction  de  la  fréquence  de  rotation  de  la  broche.  Pour  une 

fréquence de rotation de 30000 tr/mn,  l’erreur de mesure selon  la direction 

Z  est  inférieure à 4% pour un  effort de 1,5N  et  inférieure  à 10% pour des  efforts  Fx ou  Fy de 5N. Cependant,  avec  la dissipation  thermique  lors de  la coupe,  la précharge du capteur piézoélectrique varie et altère  les résultats de mesure.  

Dans le domaine de l’usinage, deux sociétés proposent leurs solutions pour la mesure d’actions de coupe [Kistler, 2009], [TSR, 2010]. 

La société Kistler est connue de  la communauté universitaire et  industrielle. Un  large choix de produit est disponible pour différents domaines d’application. Pour les procédés de coupe, entre dix et vingt dynamomètres sont présents au catalogue. Les produits proposés permettent la mesure de 

Disposition carrée  

X

Disposition losange 

Chapitre II  

 

 72 

deux à six composantes. L’ensemble des produits permet de couvrir une gamme de mesure allant de 250 N à 30 KN. Deux  types de solutions constructives sont proposés. La première solution est un dynamomètre statique fixé sur la table de la machine mesurant les forces de réaction s'exerçant sur la pièce.  La  seconde  alternative  est  le dynamomètre  rotatif.  Les  efforts de  coupe  sur  l’outil  sont directement mesurés  indépendamment  de  la  position  de  l’outil  et  de  la  pièce  dans  l'espace.  Le principal avantage est que la mesure des efforts de coupe ne dépend pas de la position et de la taille de la pièce usinée. Parmi ces produits, seulement quelques un peuvent mesurer l’ensemble des six actions de coupe. Ces dynamomètres sont alors basés sur des capteurs piézoélectriques uni‐axiaux et/ou  triaxiaux. La  fréquence propre de ces dispositifs est  inférieure à 3000 Hz. Ces dispositifs ne mesurent pas directement les moments. Ils sont obtenus par calculs en fonction de la moyenne des efforts par direction de mesure des capteurs et des positions des capteurs. 

La société TSR propose des dynamomètres six composantes à base de capteurs piézoélectriques uni‐axiaux spécifiques au perçage/fraisage [TSR, 2010]. Ces platines sont basées sur  les travaux de [Couétard, 2000]. Les caractéristiques de mesure de  la platine à capteur « quartz »  sont données dans le Tableau II.2‐2. La première fréquence propre de ce dispositif est de 2500 Hz. L’étude de ce dynamomètre met en avant un inconvénient dans la conception de ce dispositif. Cette platine utilise trois paires de capteurs piézoélectriques uni‐axiaux dont les axes de mesures sont perpendiculaires. Afin d’assurer  la validité des mesures, ces capteurs doivent uniquement être sollicités en traction–compression. Cependant, trois capteurs parmi les six utilisés peuvent être sollicités en cisaillement. Ce dernier point ne permet pas de garantir la validité des mesures du dynamomètre pour tout type de chargement. En effet,  les disques constituants  le capteur ont été découpés selon une direction privilégiée  du  cristal  de  quartz  pour  une  utilisation  précise  (traction‐compression).  Toute  autre sollicitation entrainera une réponse erronée du capteur. Par ailleurs, la précontrainte (appliquée ou admissible) peut être  insuffisante par rapport aux chargements. Un glissement entre  le capteur et ses  faces d’appuis peut se produire. La matrice d’étalonnage ainsi que  les réponses ultérieures du capteur sont alors remises en cause. 

   Efforts Moments au centre du dynamomètre

Composantes  Fx  Fy  Fz  MO/X  MO/Y  MO/Z 

Pleine échelle  4850 N  5000 N  4800 N  170 N.m  170 N.m  180 N.m 

Erreur de mesure à la pleine échelle 

4.12%  5.80%  1.75%  3.41%  3.24%  6.72% 

Tableau II.2-2 : Précision de mesure du dynamomètre à quartz, [TSR, 2010].

 

II.2.2.2.3 Corrections dynamiques

Lors d’opérations de  fraisage, malgré  l’utilisation de capteurs piézoélectriques,  les  fréquences de  rotation  utilisées  sont  élevées  et  peuvent  atteindre  les  fréquences  de  résonnance  des dynamomètres. Aujourd’hui, aucun moyen de mesure ne peut directement et correctement évaluer les efforts de coupe à de très hautes fréquences d’excitation (>800 Hz). Aussi, différents travaux se basent  sur  les  platines  actuelles,  ayant  les  meilleures  réponses  dynamiques,  et  proposent  des corrections des réponses en fonction de la plage en fréquence d’utilisation. L’enjeu est de définir les constantes  dynamiques  (ou  matrice  de  transfert  dynamique)  du  dynamomètre  afin  de  pouvoir compenser sa réponse. 

Tounsi et al. réalisent une étude prenant en compte les effets d’inertie, d’amortissement et de raideur du dynamomètre  [Tounsi, 2000].  La  sollicitation dynamique est appliquée en usinant une pièce  à  l’aide d’une  fraise  à une  seule dent. Une  validation  expérimentale  démontre  l’intérêt  de considérer et d’étudier  le  centre de gravité  (et non un point quelconque) de  la partie mobile du dynamomètre. Les effets gyroscopiques dus à la vitesse d’avance sont alors pris en compte. Dans ce cas,  la validité des  résultats est assurée et permet d’obtenir une matrice de  transfert dynamique symétrique. Le système peut alors être considéré comme un système masse ressort. 

Mesure du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 73 

De  la même manière, Castro et al.  [Castro, 2006] présentent une méthode de détermination dynamique  inverse. La méthode consiste à évaluer  l’erreur de  la réponse afin de pouvoir  la retirer par la suite. Une excitation dynamique connue, appliquée à partir d’un pot vibrant, est comparée à la réponse du dynamomètre. A partir des valeurs d’entrées et de sorties,  la matrice expérimentale de  réponse  fréquentielle est établie. A  l’aide de  la matrice  inverse,  la  réponse est alors  corrigée. Pour une plage de  fréquence entre 0 et 4000 Hz,  l’erreur maximale sans correction est de 5000% pour  la fréquence propre du dynamomètre. Cette erreur est réduite à 15% après application de  la méthodologie. 

Ce type de méthodologie s’avère  intéressante et permet d’augmenter  les plages de fréquence d’utilisation des dynamomètres tout en assurant une précision des résultats de mesure. Cependant, l’application  du  protocole  d’identification  du  dynamomètre  nécessite  du  matériel  spécifique  et coûteux. 

II.2.3. Conclusion L’objectif de ce travail est de développer un modèle de coupe en fraisage intégrant les moments 

de coupe. Afin de valider  la modélisation, des essais de coupe et des mesures du torseur complet seront  nécessaires.  Un  moyen  de  mesure  doit  être  capable  de  quantifer  l’ensemble  des  six composantes d’un  torseur d’actions mécaniques. Les dispositifs utilisant  les courants des moteurs des axes des MOCN et les broches instrumentées permettent uniquement la mesure d’au maximum trois efforts et sont donc exclus. Les platines dynamométriques à jauges de type « Stewart » ne sont pas satisfaisantes. En effet, l’architecture induit une direction de mesure privilégiée mais également une  très  faible  raideur  dans  une  ou  plusieurs  directions  de mesure.  Les  dynamomètres  à  jauges présentent une bonne précision de mesure des six composantes d’actions de coupe. Cependant, la fréquence  propre  de  ces  dispositifs  est  insuffisante  pour  étudier  les  phénomènes  de  coupe  en fraisage.  Sans être optimums,  les dynamomètres utilisant des  capteurs piézoélectriques  sont une bonne  alternative.  Malgré  tout,  l’ensemble  de  ces  platines  présentent  parfois  des  fréquences propres  trop  basses.  De  plus,  certaines  solutions  commerciales  présentent  une  évaluation  non satisfaisante  des  composantes  de  coupe.  Parmi  cette  étude  bibliographique,  aucun  moyen  de mesure dédié à l’usinage n’est viable pour la mesure des six composantes des actions de coupe avec les  caractéristiques  souhaitées. Un moyen  de mesure  adapté  aux  besoins  spécifiques  de  l’étude devra donc être développé. 

Les spécifications fonctionnelles nécessaires à notre étude sont:  Etendue de mesure : 

o Force :  Fx,y  ± 2000 N,   Fz  ± 4500 N, 

o Moment :  Mx,y/O  ± 250 N.m,   Mz/O  ± 100 N.m, 

Fréquence propre  ≥ 2500 Hz,  Encombrement maximal  250 x 250 x 100 mm,  Système de mise en position et de bridage compatibles avec les MOCN disponibles,  Protection  des  connectiques  et  des  capteurs  piézoélectriques  du  milieu  ambiant 

(lubrifiant, copeau, etc.).    

Chapitre II  

 

 74 

L’étude  bibliographique  a  présenté  les  principaux  corps  d’épreuve  utilisés  par  les dynamomètres  (jauge  de  déformation  et  capteur  piézoélectrique).  Cependant,  en  fonction  des caractéristiques du corps d’épreuve retenu, toutes les applications ne sont pas envisageables. Dans l’objectif de concevoir un moyen de mesure adapté à une opération de fraisage,  la partie suivante présente le choix et détaille la caractérisation du corps d’épreuve retenu. 

Par la suite, la conception du dynamomètre est réalisée en fonction du corps d’épreuve choisi. Son  intégration est alors présentée. Puis,  les différentes pièces du dynamomètre  sont définies en fonctions des contraintes et des spécifications fonctionnelles. 

II.3. Choix et caractérisation du corps d’épreuve retenu

Suite à  l’étude bibliographique,  le  corps d’épreuve  retenu est un  capteur piézoélectrique. En effet, ce type de capteur présente une  large plage de réponse  linéaire et proportionnelle à  l’effort appliqué. Il possède également une bonne répétabilité, et de très faibles phénomènes d'hystérésis. De plus, ces capteurs ont une grande raideur et donc une fréquence propre élevée. Par conséquent, la mesure de phénomènes à haute fréquence est possible sans altération du signal et avec précision. 

Par ailleurs,  la compacité,  l’architecture et  la mesure dans trois directions orthogonales avec un  corps d’épreuve a permis de  retenir un  capteur piézoélectrique  triaxial. Ce  capteur  (référence 260A12) est produit par PCB piezotronics (Figure II.3‐1). 

 

Figure II.3-1 : Capteur piézoélectrique tri axe retenu, [PCB, 2009].

Les caractéristiques constructeur du capteur sont précisées dans le Tableau II.3‐1.  

Haute fréquence propre >10 kHz  Précharge 44,48 KN 

Couplage maximum entre 

X  et 

Y  : ±3 %  Couplage maximum entre 

Z  et 

X  ou 

Y  : ±5 % 

Force maximale selon 

X  et 

Y  : 4,45 kN  Force maximale selon 

Z  : 5,87 kN 

Moment maximal selon 

X  et 

Y  : 94,91 N.m  Moment maximal selon 

Z  : 54,23 N.m 

Tableau II.3-1 : Caractéristiques constructeur du capteur tri-axe PCB Piezotronics 260A12.

Avant  de  concevoir  un  nouveau  dynamomètre,  cette  partie  s’intéresse  à  la  vérification  des caractéristiques  techniques  réelles  du  capteur  choisi.  Le  but  est  de  contrôler  l’influence  de  la précharge sur  les mesures mais également  la  linéarité,  la symétrie et  le couplage des réponses du capteur. 

II.3.1. Mode opératoire Un montage spécifique a été réalisé. Le capteur est placé entre un socle et un dé de chargement 

(Figure II.3‐2). L’ensemble est préchargé à l’aide d’un écrou et d’un goujon en béryllium. 

La  précharge  sur  le  capteur  dans  la  direction 

z   est  appliquée  à  l’aide  d’une  clef dynamométrique et contrôlée en temps réel à l’aide de la réponse électrique du capteur au travers de la chaîne d’acquisition (cf. annexes A.II.3). 

Les  essais  ont  été  réalisés  à  différentes  valeurs  de  précharge  du  capteur  (10  kN,  20  kN  ou 28 kN).  Afin  que  les  surfaces  en  contact  avec  le  capteur  résistent  aux  fortes  pressions  locales 

Mesure du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 75 

(matage), le matériau choisi pour le dé de chargement et la pièce support est un acier allié (100Cr6) trempé et revenu afin d’atteindre une dureté en surface de 60 Hrc. Les surfaces fonctionnelles en contact avec le capteur ont par la suite été rectifiées afin d’assurer leurs parallélismes. 

 

Figure II.3-2 : Montage de caractérisation du capteur.

Le dé de chargement présente sur cinq faces des trous de centrage permettant de positionner une  bille.  Le  dessin  de  définition  du  cube  de  chargement  est  disponible  en  annexe  A.II.2.2.  Le chargement  est  appliqué  au  travers de  la bille et permet de  contrôler  le point et  la direction de l’effort.  Un  « capteur  d’effort »  de  référence  (Figure  II.3‐3)  permet  de  contrôler  l’effort  de chargement appliqué à l’aide d’une machine de traction/compression. L’effort de chargement selon 

la  direction 

z est  au maximum  de  5000 N.  Selon 

x   et 

y ,  le  décalage  lié  au  dispositif  limite  le chargement à 800 N (inférieure à 10% de  la précharge) (Figure  II.3‐3). L’ensemble du dispositif est présenté sur la Figure II.3‐4. 

   

Figure II.3-3 : Chargement du capteur. Figure II.3-4 : Installation pour la caractérisation du

capteur.  

z  

Capteur de référence 

Bille 

Décalage 

Système d’acquisition 

 

Montage 

Dé de chargement

Rondelle de Béryllium 

x

Pièce support 

Capteur tri‐axe 

y  

z

(

x , 

y , 

z ) : base du capteur. 

Chapitre II  

 

 76 

L’ensemble  capteur  et  cube  de  chargement  peut  être  positionné  verticalement  ou horizontalement.  Le  capteur  peut  ainsi  être  chargé  selon  trois  directions  orthogonales  et  en différents points pour chaque face du dé (Figure II.3‐5). 

 

Figure II.3-5 : Positionnement des points de chargement.

II.3.2. Caractérisation du capteur

Les essais ont été réalisés suivant les trois directions 

x , 

y  et 

z . Pour les directions 

x  et 

y , un 

chargement  positif  et négatif  a  été  appliqué.  Selon  l’axe 

z ,  le montage  autorise uniquement un chargement en compression du capteur (négatif), (Figure II.3‐5). 

II.3.2.1. Linéarité

Dans un premier temps, des essais ont été réalisés afin de vérifier la cohérence entre la réponse du capteur et la charge appliquée. L’indicateur retenu est la pente de la droite des moindres carrés et  le coefficient de détermination r² de  la courbe de  l’effort appliqué en fonction de  l’effort perçu par  le capteur (Figure  II.3‐6). Ce test permet de vérifier  la « linéarité » du capteur. La fidélité de  la réponse  du  capteur  est  meilleure  lorsque  la  pente  est  proche  ou  égale  à  1.  Les  phénomènes d’hystérésis,  sans  être  totalement  quantifiés,  peuvent  être  traduits  au  travers  du  coefficient  de détermination r². L’hystérésis sera d’autant plus faible que r² sera proche de 1. 

La  précharge  du  capteur  a  un  rôle  important  sur  les  grandeurs mesurées.  En  effet,  l’effort 

mesurable dans  le plan (

x , 

y ) peut être au maximum de 10% de  la valeur de  la précharge (en 

z ) appliquée au capteur. Pour trois précharges différentes (15, 20 et 28 KN), la pente et le coefficient 

de détermination r² ont été étudiés pour  la face de normale 

z + (cf annexes A.II.2.3). Les résultats sont  synthétisés  sur  la  Figure  II.3‐7  et  la  Figure  II.3‐8  pour  un  chargement  appliqué  dans  les 

directions principales du capteur  (selon 

x  : points A, C, E ; et  selon 

y  : points A, H, M, R, W). La Figure  II.3‐7  présente  l’évolution  de  la  pente  de  la  régression  affine  et  du  coefficient  de détermination r² indépendamment de la position des points. 

(

x , 

y , 

z ) : base du capteur.

y  

z

x

Mesure du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 77 

 

Figure II.3-6 : Exemple de détermination de la pente.

 

 

Figure II.3-7 : Pente et coefficient de détermination pour la face de normale

z + pour les points de chargement dans les axes principaux du capteur.

Ces courbes mettent en évidence des  résultats plus homogènes entre  les différents points de chargement lorsque la précharge augmente. En effet, la Figure II.3‐8 présente des pentes ayant des valeurs plus proches entre  les différents essais  lorsque  la précharge est plus élevée. La réponse du capteur  est  donc  plus  homogène  quelque  soit  le  point  d’application  de  l’effort.  Une  précharge importante  est  donc  à  privilégier  (quelque  soit  la  valeur  du  chargement  étudié).  La  Figure  II.3‐8 présente  les  résultats en  fonction de  la direction principale  sur  laquelle  sont  situés  les points de 

chargement. Les points proches de  l’axe

z  (A, H, R) sont  les plus homogènes (pente) et présentent les meilleurs résultats (coefficient r²). 

Cette étude ne peut pas être menée dans les directions 

x  et 

y . En effet, le montage d’essais ne 

permet  pas  de  charger  directement  dans  les  axes  principaux  du  capteur  (

x   et 

y )  mais  avec 

b) 

a) 

Face de normale 

z + 

y + 

x + 

Chapitre II  

 

 78 

uniquement un décalage (Figure II.3‐3). De ce fait, les résultats ne sont pas comparables aux essais 

réalisés selon l’axe 

z . De plus, ce décalage engendre des phénomènes de couplage supplémentaires qui parasitent les résultats. Ces données ne sont donc pas interprétables. 

 

Figure II.3-8 : Pente pour la face de normale

z + pour les directions principales du capteur

x et

y .

II.3.2.2. Symétrie

Le  second  test  est  la  vérification  de  la  symétrie  de  la  réponse  du  capteur  en  fonction  de  la direction de chargement. Le but est de vérifier  la  réponse du capteur en appliquant sur des  faces parallèles des chargements connus d’intensités similaires et de directions opposées (Figure II.3‐9). 

Figure II.3‐9 : Exemple de chargement pour vérifier la symétrie selon la direction 

x  au point G. 

 

Le  protocole  expérimental  retenu  a  permis  de  vérifier  la  symétrie  de  la  réponse  selon  les 

directions 

x   et 

y .  L’indicateur  pour  comparer  les  différents  essais  est  la  pente  de  la  régression affine de la courbe de réponse (Figure II.3‐10). 

b) 

a) 

Face de normale 

z + 

y + 

x + 

y  

x

z

Chargement selon 

x + au point G

y  

x

z

Chargement selon 

x ‐ au point G 

Mesure du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 79 

Figure II.3-10 : Exemple d’essais pour l’évaluation de la symétrie de mesure selon les directions

x et

y .

La  symétrie  est  ensuite  caractérisée  par  le  pourcentage  de  l’écart  de  symétrie  donné  par  la relation (II‐3‐1). 

      

%      

pente chargement x pente chargement xEcart symétrie

pente chargement x.  (II‐3‐1) 

L’écart de symétrie est  inférieur ou égal à 2% pour  la direction 

x  et à 3% pour  la direction 

y  (Figure II.3‐11). 

Figure II.3-11 : Evaluation de la symétrie de mesure selon les directions

x et

y .

Pour un chargement sur une face de normale 

x  et des points placés dans un même plan (

x ,

z ), l’écart de symétrie diminue lorsque le point de chargement est éloigné du capteur (points O, J, E ou 

M, H, C ou K, F, A). Pour des points placés dans un même plan (

x ,

y ), l’écart de symétrie change de 

signe selon le positionnement du point de chargement dans les 

y  positifs ou négatifs (points K, M, O ou F, H, J ou A, C, E). 

y  

z  

x  

Chapitre II  

 

 80 

Pour un chargement sur une face de normale 

y  et des points placés dans un même plan (

x ,

y ), l’écart de symétrie change également de signe selon que le point de chargement est positionné dans 

les 

x  positifs ou négatifs (points K, M, O ou F, H, J ou A, C, E). Pour des points placés dans un même 

plan (

y ,

z ) (points O, J, E ou M, H, C ou K, F, A), les points extrêmes admettent un écart de symétrie identique  alors que  le point  central  admet  environ  la moitié  de  cet  écart mais de  signe opposé. Malgré tout, cet écart de l’ordre de 1% reste faible. 

Ce  test permet de valider  la  réponse du capteur pour des sollicitations positives ou négatives 

selon les axes 

x  et 

y . L’écart maximum observé est de 3% pour des points éloignés de l’origine du capteur. Pour des points plus proches de l’origine, l’écart est inférieur ou égal à 1%. La réponse du capteur est donc acceptable. 

II.3.2.3. Couplage

Sur  un  capteur  piézoélectrique,  lorsqu’un  effort  est  appliqué  dans  une  direction  donnée,  un (très  faible) chargement est également engendré dans  les directions non sollicitées. Le couplage a donc été contrôlé avec un capteur  initialement préchargé à 28 KN. Le  repère choisi coïncide avec celui du capteur. Le couplage engendré dans la direction J par un effort appliqué dans la direction I est noté couplage « IJ ». La direction du chargement peut être affectée du signe « + » ou « – » quand cela est nécessaire. 

Pour  un  chargement  appliqué  sur  une  face  de  normale 

z +,  la  Figure  II.3‐14  présente respectivement les couplages ZX et ZY. La position des différents points de chargement est donnée par  la Figure  II.3‐5 et  la Figure  II.3‐12. Le couplage est dépendant du point de chargement  (Figure II.3‐14). Cependant, il est moins important lorsque le chargement n’est pas décalé de l’axe principal 

du  capteur  (Point A pour  la  face de normale 

z +).  Le  couplage  reste  inférieur  aux préconisations 

constructeur (±5 %) lorsque les points ne sont pas trop écartés de l’axe 

z , points A, B, D,H, R (Figure II.3‐13). 

 

 

 

Figure II.3-12 : Position des points de chargement

pour les faces de normale

z .

Figure II.3-13 : Point où les couplages ZX et ZY sont

inférieurs à ± 5 % selon la direction

x et

y pour un

chargement sur une face de normale

z +.

La  Figure  II.3‐16  et  la  Figure  II.3‐18  présentent  respectivement  les  couplages  pour  un 

chargement appliqué sur une face de normale 

x  et 

y . Les essais sur ces faces sont tous réalisés hors 

du  plan  (

x ,

y )  contenant  l’origine  du  capteur.  La  Figure  II.3‐15  et  la  Figure  II.3‐17  donnent  les positions des points de chargement. 

Face de normale 

z + 

y + 

x + 

Face de normale 

z + 

y + 

x + 

Mesure du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 81 

Pour les essais sur la face de normale 

x , les couplages XZ des points M, O, H, C (Figure II.3‐16‐e et g) pour un chargement négatif sont inférieurs à 5% (caractéristiques constructeur, Tableau II.3‐1). Cependant pour un effort positif l’ensemble des couplages XZ Est supérieur à 5% (Figure II.3‐16‐a et c).  Ce  dernier  point met  en  cause  la  procédure  expérimentale  pour  le  chargement  positif  et  en particulier l’orientation de l’effort appliqué. 

 

Figure II.3-14 : Couplage selon la direction

x et

y pour un chargement sur une face de normale

z +.

Pour  les  essais  sur  la  face  de  normale 

x ,  les  chargements  positifs  et  négatifs  donnent  des résultats semblables concernant  le couplage XY (Figure  II.3‐16‐b, d, f et h). Les points M, H, C et O présentent un couplage XY quasi constant à 1,5%.  

 

Pour  les essais sur  la  face de normale 

y ,  les couplages YX et YZ en  fonction de  la position du 

point de chargement selon l’axe 

x  (points K, M, O) ne présentent pas des évolutions similaires selon la  direction  de  chargement  (Figure  II.3‐18‐a  et  c,  ou  Figure  II.3‐18‐b  et  d).  La  procédure expérimentale  (condition,  point  et  direction  de  chargement ;  positionnement  capteur  et  du montage ; etc.) pour  l’un des chargements et en particulier  l’orientation de  l’effort appliqué peut être à l’origine de ces différences de couplage. Les couplages YZ pour les points K et M sont toutefois inférieurs à 5% contrairement aux autres points O, H, C (Figure II.3‐18‐a, c, e, g). 

Malgré  tout,  lorsque  le point de chargement évolue selon  l’axe 

z   (points M, H, C),  les allures des  réponses  du  capteur  sont  semblables  et  la  direction  de  chargement  n’a  pas  d’effet  (Figure II.3‐18‐b, d, f, h). Les niveaux de couplage YX sont plus importants lorsque le chargement est positif (Figure II.3‐18‐b, d) et seul le point M présente alors un couplage YX inférieur à 3%. 

Tout comme les couplages XY, les couplages YX sont quasi‐constants (≈1.5%) lorsque le point de 

chargement évolue selon l’axe 

z  (points M, H, C).  Une  « cartographie »  des  couplages  répondants  aux  caractéristiques  constructeurs  (Tableau 

II.3‐1) pour des chargements selon les trois directions est présentée sur la Figure II.3‐19 et la Figure II.3‐20 

 

d)

b) 

c) 

a) 

Chapitre II  

 

 82 

Figure II.3-15 : Position des points de chargement pour les faces de normale

x .

 

 

Figure II.3-16 : Couplages selon les directions

y et

z pour un chargement sur une face de normale

x + et

x -.

 

Face de normale 

x + 

y + 

z +

Origine du capteur 

d) 

b) 

c) 

a) 

f)

g) 

e) 

h)

Mesure du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 83 

Figure II.3-17 : Position des points de chargement pour les faces de normale

y +.

 

Figure II.3-18 : Couplages selon les directions

x et

z pour un chargement sur une face de normale

y + et

y -.

  

Face de normale 

y + 

z + 

x + Origine du capteur

d) 

b) 

c) 

a) 

h)

f) 

g) 

e) 

Chapitre II  

 

 84 

Figure II.3-19 : Points de chargement pour des faces de normale

x et

y où le couplage est inférieur à ± 3%.

 

 

Figure II.3-20 : Points où les couplages ZX et ZY sont inférieurs à ± 5 % pour un chargement sur une face de

normale

z +.

 

Face de normale 

z + 

y + 

x + 

y + 

z + 

Couplage X‐Y et X+Y 

z

x

Face de normale 

y + 

Couplages Y‐Z  

Couplages Y+Z  

z + 

x + 

Couplage Y‐X et Y+ X 

Face de normale 

x + 

Couplages X‐Z  Aucuns pour X+Z 

y

z + 

Mesure du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 85 

L’ensemble de ces résultats doit être pondéré. En effet, pour les essais sur les faces de normales 

x  et 

y , la direction de tous les chargements ne coïncide jamais avec l’origine du capteur et présente 

donc  un  décalage  positif  selon  l’axe 

z .  Pour  cette  raison,  pour  des  points  équidistants  et 

symétriques par rapport à l’axe de chargement (ou au point central H pour une face de normale 

x  

ou 

y ), les couplages peuvent être différents et non symétriques. De  plus,  bien  qu’une  attention  toute  particulière  ait  été  accordée  au  dispositif  et  protocole 

expérimentaux  (position  du  capteur,  du  cube  de  chargement,  direction  de  l’effort,  etc.),  des incertitudes sur ces grandeurs peuvent être à l’origine de quelques points incohérents en particulier 

pour les chargements appliqués sur une face de normale 

x  et 

y  (Figure II.3‐16‐a & c, Figure II.3‐16‐e & g, Figure II.3‐18‐a & c, Figure II.3‐18‐b & d).  

II.3.3. Conclusion Cette  étude  a  pour  objectif  de  caractériser  le  comportement  d’un  capteur  piézoélectrique 

triaxial en  fonction du point d’application et de  la direction d’un  chargement uni‐axial. Pour  ceci, trois  critères  caractéristiques  ont  été  retenus :  linéarité,  symétrie,  couplage.  Ces  trois  grandeurs caractéristiques  sont  alors  comparées  avec  les  caractéristiques  constructeurs  (Tableau  II.3‐1).  Les caractéristiques du capteur sont en conformité avec  les données constructeur  lorsque  le point de chargement  n’est  pas  trop  éloigné  de  l’origine  du  capteur  et  ce  quelque  soit  la  direction  de chargement. 

II.4. Conception d’un dynamomètre à six composantes

Cette partie présente les différents choix de conception pour l’élaboration d’un dynamomètre à six  composantes.  Selon  l’étude  bibliographique  précédente  et  afin  de  concevoir  un  moyen  de mesure fidèle, le système devra répondre au cahier des charges fixé au paragraphe II.2.3.  

La conception du dynamomètre a été réalisée en fonction du capteur retenu. La première étape a  été  de  choisir  le  nombre,  la  disposition  et  l’orientation  du  capteur  piézoélectrique  étudié précédemment. Par la suite, l’architecture du dynamomètre et le matériau de chaque pièce ont été choisis en fonction des contraintes techniques liées au corps d’épreuve choisi. Enfin, une étude par éléments finis a permis de définir la géométrie des principales pièces du système de mesure. 

II.4.1. Agencement des capteurs La mesure des six composantes des actions de coupe nécessite l’utilisation de plusieurs capteurs 

triaxiaux.  Les  dynamomètres  présents  dans  la  littérature  utilisent  quatre  capteurs  triaxiaux. Cependant,  la  disposition,  l’orientation  et  leur  nombre  ne  sont  généralement  pas  justifiés [Li, 2009a & b].  Afin  de  mesurer  un  torseur  complet  d’actions  mécaniques,  en  théorie,  deux capteurs triaxiaux sont au minimum nécessaires. Cependant, une architecture utilisant uniquement deux  capteurs  autoriserait  des  déplacements/rotations  de  la  plaque  supérieure  provoquant  des couplages  trop  importants  (cf.II.3.2). Par conséquent,  le choix s’est dirigé vers  l’utilisation de  trois capteurs piézoélectriques triaxiaux répartis à 120°. Cet agencement assure une bonne répartition du chargement extérieur appliqué au dynamomètre sur  l’ensemble des capteurs. L’utilisation de trois capteurs permet également d’avoir neuf signaux de mesures pour déterminer  les six composantes du  torseur  d’actions mécaniques.  Ce  système  surdéterminé  assure  alors  une  bonne  fidélité  de mesure quelque soit le chargement (force ou moment, point d’application et direction). Ce dernier point sera détaillé dans les paragraphes suivants. 

Enfin,  l’orientation des capteurs est choisie afin que  l’ensemble des axes 

y  des trois capteurs coïncident  avec  l’origine  du  dynamomètre  (Figure  II.4‐1).  Cette  configuration  est  basée  sur  les travaux de [Li, 2009c] et permet de mieux prendre en compte les couplages tout en les minimisant. 

Chapitre II  

 

 86 

 

Figure II.4-1 : Positionnement et orientation des capteurs.

II.4.2. Architecture et matériau du dynamomètre La précharge nécessaire au bon fonctionnement de chaque capteur est appliquée par un goujon 

reliant une plaque support et une plaque supérieure (Figure II.4‐2). 

 

Figure II.4-2 : Pièces composant le dynamomètre.

La plaque inférieure permet également la fixation du dynamomètre sur la table d’une machine‐outil. La plaque  supérieure autorise  la  fixation d’un montage d’usinage ou de  la pièce. Afin de  se placer selon les recommandations et respecter les caractéristiques constructeurs, ces deux plaques doivent  être  suffisamment  rigides  et  posséder  une  dureté  importante.  En  effet,  la  première condition  permet  à  la  plaque  supérieure  d’avoir  un  déplacement  de  corps  rigide  lorsqu’un chargement  est  appliqué.  Le  chargement perçu par  chaque  capteur  est  alors proche de  ses  axes principaux et limite ainsi les couplages. La seconde condition est nécessaire pour résister aux fortes pressions  de  contact  induites  par  la  précharge  de  chaque  capteur  (42  KN).  Ces  contraintes  ont permis de retenir pour les deux plaques un acier allié (100Cr6) traité et revenu, avec une dureté en surface de 60 HRC. 

Plaque supérieure

Plaque inférieure 

y  

x  

Y +

X +

y  

x

y  

x

Plaque supérieure

Goujon

Base capteur piézoélectrique

Base dynamomètre

Z

Capteur 2 

Capteur 3

Capteur 1

Mesure du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 87 

II.4.3. Etude par éléments finis Les  géométries  des  pièces  ont  été  déterminées  afin  de maximiser  la  fréquence  propre  du 

dynamomètre. Pour ceci, différentes études préliminaires par éléments finis ont été réalisées avec le logiciel IDEAS®. La plaque support inférieure est alors considérée fixe. Afin de diminuer les temps de calculs, les liaisons entre les différentes pièces ont été supposées infiniment rigides. Cette hypothèse semble  acceptable  de  part  la  forte  précharge  appliquée  au  capteur  (42  KN).  Les  caractéristiques mécaniques de chaque pièce ont été appliquées en fonction du matériau retenu pour celles‐ci. 

Afin d’optimiser la raideur du dispositif, les géométries des pièces sont de formes de révolution. Une  analyse  par  éléments  finis  a  permis  de  déterminer  les  premières  fréquences  propres.  Les premières déformations sous sollicitations dynamiques sont des modes de flexion symétriques de la plaque  supérieure  (2940 Hz et 2956 Hz,  Figure  II.4‐3‐a et b) et de  la plaque  support  (3858 Hz et 3922 Hz, Figure II.4‐3‐c et d). Les faibles écarts pour les deux modes de chaque plaque sont dus aux discontinuités de  ces pièces  (perçage, poche, etc.).  Les modes  supérieurs  sont des modes dits de « respiration » de ces deux plaques. 

 

Figure II.4-3 : Déformée du dynamomètre calculée par étude élément finis à ses fréquences propres.

 

 

a) 

2940 Hz 

b)

2956 Hz 

Y

X

Z  

Y

X

Z

(

X ,

Y ,

Z ) : base du dynamomètre.

c) 

3858 Hz 

Y  

X

Z  

d)

3922 Hz 

Y

X

Z  

Chapitre II  

 

 88 

II.4.4. Fonctions secondaires Afin d’assurer l’étanchéité du système, un soufflet a été placé entre les deux plaques. Un capot 

en alliage d’aluminium recouvre et assure  la protection de  l’ensemble (Figure  II.4‐5). La protection des fils est assurée par une gaine renforcée. 

 

Figure II.4-4 : Photos du dynamomètre sans le capot de protection.

II.4.5. Conclusion La  conception du dynamomètre a été  réalisée en  fonction du  corps d’épreuve  retenu et des 

spécifications  fonctionnelles  fixées  dans  le  cahier  des  charges  (cf.  II.2.3).  Le  positionnement  et l’orientation des capteurs piézoélectriques ont alors été déterminés en privilégiant  la  fidélité et  la précision de mesure pour les six composantes d’actions mécaniques. Le matériau retenu a été choisi afin d’avoir une grande rigidité et une haute dureté en surface. La géométrie des pièces a été choisie à  l’aide  d’une  étude  par  éléments  finis  en  optimisant  la  fréquence  propre  du  dynamomètre.  A terme, l’objectif est d’étudier des opérations de fraisage dans des conditions UGV.  

 

Figure II.4-5 : Photos du dynamomètre avec le capot de protection.

 

Mesure du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 89 

II.5. Etalonnage d’un dynamomètre à six composantes

Les  choix  lors  des  phases  de  conception  et  les  soins  accordés  lors  de  la  réalisation  du dynamomètre sont primordiaux. Cependant, malgré toute l’attention portée lors de ces différentes phases, un étalonnage correct est essentiel pour assurer la qualité et la fiabilité des mesures. 

II.5.1. Etalonnage L’étalonnage  consiste  à  établir  une matrice  d’étalonnage  (ou  de  calibration).  Cette matrice 

permet d’interpréter les tensions issues des capteurs en un torseur d’actions mécaniques exprimé à l’origine et dans le repère du dynamomètre. La matrice de calibration théorique est dans un premier temps déterminée à partir de la disposition spatiale des capteurs. Puis, le protocole et la démarche expérimentale sont exposés et permettent d’obtenir la matrice de calibration réelle. 

II.5.1.1. Matrice d’étalonnage théorique

Dans  le  cas  idéal,  les  pièces  ont  une  géométrie  parfaite  et  les  capteurs  sont  exactement positionnés.  Une  étude  géométrique  peut  alors  permettre  d’identifier  la  matrice  d’étalonnage théorique. 

Un  capteur  piézoélectrique  est  composé  de  3  couches  superposées,  une  par  direction  de mesure (Figure II.5‐1).  

 

Figure II.5-1 : Schématisation d’un capteur.

Toutes les couches ont une normale supposée commune et colinéaire avec l’axe  z

. De même, 

les distances ij (de l’ordre du 1/10e mm) entre chaque couche peuvent être négligées (Figure II.5‐1). 

Chaque couche permet de mesurer un effort dans une direction spécifique. Pour chaque capteur, un torseur équivalent aux trois couches peut être exprimé au centre du capteur Oi (équation (II‐5‐1)). 

  ( , , )

( , , )

0

0

0

i i i

i i i

i x y zOi

x y zOi

i

i

i

O

F x

F y

F z

.  (II‐5‐1) 

Le dynamomètre est composé de trois capteurs. La position du centre Oi de chaque capteur i est 

définie dans un système de coordonnées cylindrique  , ,i in t z

 (Figure II.5‐2). Le centre Oi de chaque 

capteur est positionné par un  rayon Ri  (distance  iOO

) et un angle  , , iX O n

 noté i. Chaque 

capteur  possède  un  repère  propre  orthonormé  direct  , , ,

i i iO x y z   et  a  une  normale 

iz z  

ix 

iy Oi 

Bi 

Ai 

z

 

x

y  

z

Chapitre II  

 

 90 

supposée  commune  et  colinéaire  avec  l’axe 

Z  du dynamomètre. Chaque  capteur  est positionné 

angulairement dans le plan  ,X Y

 par l’angle i= , ,i in O x

Le transport des torseurs élémentaires de chaque capteur à l’origine (Point O) et dans le repère du dynamomètre est donné par l’équation (II‐5‐2) et permet de définir le rôle de chaque couche de chaque capteur. 

  ( , , )

/( , , )

. . .

i i ii

i i i i i i i

x y zOi O i ix y zi i i

O

R F x x F y y F z z

M OO R .  (II‐5‐2) 

Figure II.5-2 : Paramétrage de la position et de l’orientation du dynamomètre.

Les différents changements de repères sont définis par les équations (II‐5‐3) à (II‐5‐6).  

 

cos sin 0sin cos 0

0 0 1

i ii i

i i i i

i i

x n

y t

z z

 avec  cos sin 0

1 sin cos 00 0 1

i i

i i iB

.  (II‐5‐3) 

 

cos sin 0sin cos 0

0 0 1

i i i

i i i

i

n X

t Y

z Z

 avec  cos sin 0

2 sin cos 00 0 1

i i

i i iB

.  (II‐5‐4) 

 

i

i

i

x X

y B Y

z Z

.  (II‐5‐5) 

 

1y

 

Z

X

 

Y

01

1x

 

β1

z

 

1n

 

z

 

1t

 

α1 R1

2n

 

z

 

2t

 

3n

 

z

 

3t

 

2y

 

022x

 

β2 

z

 

3y

 03 

3x

 β3 

z

 R3 

α2 

α3 

O,X,Y,Z

 : Repère du dynamomètre 

, , ,

i i iO x y z  : Repère lié au capteur i 

R2 

Mesure du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 91 

avec    cos( ) sin( ) 0sin( ) cos( ) 0

0 0 1

i i i i

i i i iB

.  (II‐5‐6) 

Après  simplification,  l’expression  des  torseurs  élémentaires  de  chaque  capteur  à  l’origine  et dans le repère du dynamomètre peut alors être obtenue (équations (II‐5‐7) à (II‐5‐9)). 

  ( , , )

( , , , )

1

1 1 1 1 1 1

/ 1 1 1 1 1 1

3 1 1 3. . . . . . .2 2 2 2

3 1. . . . . . . .2 2

X Y Z

O X Y Z

O

O

O

R F x F y X F x F y Y F z Z

M R F z X R F z Y R F x Z

.  (II‐5‐7) 

  ( , , )

( , , , )

2

2 2 2 2

/ 2 2 2 2

. . .

. . . .

+

X Y Z

O X Y Z

OO

O

R F y X F x Y F z Z

M R F z Y R F x Z .  (II‐5‐8) 

  ( , , )

( , , , )

3

3 3 3 3 3 3

/ 3 3 3 3 3 3

3 1 1 3. . . . . . .2 2 2 2

3 1. . . . . . . .2 2

X Y Z

O X Y Z

O

O

O

R F x F y X F x F y Y F z Z

M R F z X R F z Y R F x Z

.  (II‐5‐9) 

A partir de  ces équations,  la matrice de  calibration  théorique peut être déterminée pour un chargement  unitaire  selon  chaque  composante  (équation  (II‐5‐10)).  Cependant,  la  réponse  du capteur est dépendante de  la sensibilité du quartz dans  les directions de chargement. En effet,  la sensibilité des disques composants le capteur est différente selon les directions de sollicitation et est notée « Kchargement ». 

 

/

/ /

/

/

/

/ /

3 1. . 0 0 0 .

2 2

1 3. . 0 0 0 0

2 2

3 10 0 . . . . 0

2 20 0 0 0 .

0 0 0 0 0

0 0 0 . 0

3 1. . 0 0 0 .

2 2

1 3. . 0 0 0 0

2 2

3 10 0 . . . . 0

2 2

x y O

x y

z O O

y O

x

z O

x y O

x y

z O O

F F Mz

F F

F Mx My

F Mz

ij F

F My

F F Mz

F F

F Mx My

théorique

K K R K

K K

K R K R K

K R K

A K

K R K

K K R K

K K

K R K R K

.  (II‐5‐10) 

Cette matrice est constituée de coefficients de deux natures différentes.  Les coefficients issus des projections lors des changements de repère dépendent de la position 

et  de  l’orientation  propre  de  chaque  capteur  dans  le  dynamomètre.  Les  seconds  coefficients « Kchargement » (KFi et KMi/O) dépendent de la répartition du chargement sur les capteurs par rapport au chargement  extérieur  appliqué.  Ces  coefficients  sont  différents  selon  chaque  composante  des capteurs et sont directement liés à la nature du quartz et à la sensibilité de chaque disque (couche) 

Chapitre II  

 

 92 

du  capteur. Ce  coefficient est  le  rapport entre  la  sollicitation  (effort et/ou moment) perçu par  le capteur dans la direction considérée et la tension délivrée par le capteur. 

Par ailleurs, chaque capteur délivre une tension selon chacun de ses axes de signe opposé à  la direction réelle de sollicitation. Par conséquent chaque terme de la matrice est également de signe opposé par rapport aux équations (II‐5‐7) à (II‐5‐9). 

Les  colonnes  sont  donc  les  coefficients  respectifs  pour  chaque  composante  en  fonction  des neufs tensions délivrées par les capteurs (Figure II.5‐3). 

Pour un chargement de type « glisseur » selon  les axes 

X  et 

Y  du dynamomètre, de part  leur 

orientation,  les  capteurs  1  et  3  sont  principalement  sollicités  selon  leurs  axes  respectifs 

x   et 

y  

(Figure  II.2‐1). Pour un  chargement de  type « glisseur »  selon  l’axe 

Z  du dynamomètre,  les  trois 

capteurs sont principalement sollicités négativement selon leur axe 

z  respectif.   

 

Figure II.5-3 : Détails de la matrice d’étalonnage.

Avec  une  réflexion  similaire,  les  axes  des  capteurs  sollicités  par  un  chargement  de  type 

« couple » peuvent également être déduits. Par exemple, pour un couple appliqué selon l’axe 

Z  du 

dynamomètre,  seuls  les  axes 

x   des  capteurs  sont  sollicités  de  part  leur  position  radiale  (Figure II.4‐1). 

II.5.1.2. Matrice d’étalonnage réelle [Aij]

L’étalonnage réel consiste à corréler des chargements étalons aux signaux électriques délivrés par le dynamomètre. Cette phase est donc cruciale pour la validité des mesures ultérieures. 

L’ensemble de  la procédure d’étalonnage est basée  sur  celle proposée par  [Couétard, 2000]. Pour  ceci,  une  série  de  chargements  uni‐axiaux  connus  et  maitrisés  en  différents  points  et différentes  directions  est  appliquée  avec  un  capteur  de  référence  au  travers  d’un  plateau  de chargement.  Parallèlement  les  signaux  délivrés  par  les  trois  capteurs  piézoélectriques  sont enregistrés.  Par  la  suite,  l’ensemble  des  chargements  étalons  appliqués  en  différents  points  et directions permet de déterminer un torseur étalon [Tj] exprimé à l’origine et dans le repère fixe du dynamomètre.  Les  six  composantes de  ce  torseur étalon  sont alors  corrélées par  la méthode des moindres  carrées  avec  les neufs  tensions des  capteurs piézoélectriques  [Ui]  enregistrées  lors des essais. À  partir  de  l’ensemble  des  essais,  cette  régression multilinéaire  permet  de  déterminer  la matrice d’étalonnage [Aij] (équation (II‐5‐11)). L’ensemble de la procédure d’étalonnage est résumée par la Figure II.5‐4. 

Capteur 1 

Fx  Fy  Fz Mx/O My/O Mz/O

Capteur 2 

Capteur 3 

Voie 1 – axe 

x capteur 1 

Voie 2 – axe 

y capteur 1 

Voie 3 – axe 

z capteur 1 

Voie 4 – axe 

x capteur 2 

Voie 5 – axe 

y capteur 2 

Voie 6 – axe 

z capteur 2 

Voie 7 – axe 

x capteur 3 

Voie 8 – axe 

y capteur 3 

Voie 9 – axe 

z capteur 3 

/

/ /

/

/

/

/ /

3 1. . 0 0 0 .

2 2

1 3. . 0 0 0 0

2 2

3 10 0 . . . . 0

2 20 0 0 0 .

0 0 0 0 0

0 0 0 . 0

3 1. . 0 0 0 .

2 2

1 3. . 0 0 0 0

2 2

3 10 0 . . . . 0

2 2

x y O

x y

z O O

y O

x

z O

x y O

x y

z O O

F F Mz

F F

F Mx My

F Mz

F

F My

F F Mz

F F

F Mx My

K K R K

K K

K R K R K

K R K

K

K R K

K K R K

K K

K R K R K

Mesure du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 93 

 

1x91x6 9x 6Tension issue Torseur étalon exprimé Matrice des capteursau centre et dans le d'étalonnage

repère du dynamometre

. j i ijT U A.  (II‐5‐11) 

 

Figure II.5-4 : Organigramme Identification de la matrice d’étalonnage [Aij].

 

II.5.1.2.1 Procédure expérimentale

L’étalonnage en effort et en moment a été réalisé à  l’aide du dispositif présenté sur  la Figure II.5‐5. 

 

Figure II.5-5 : Dispositif d’étalonnage.  

Pc d’acquisition 

Dynamomètre  Alimentation des amplificateurs Fraiseuse conventionnelle

Equerre de positionnement 

Cf.Figure II.5‐6‐a 

Broche 

Boitier d’amplification 

Table 

Coulisseau

Coordonnées du point de chargement 

Acquisition des tensions délivrées par les 

capteurs [Ui] lors des essais 

n points de chargement du système d’étalonnage 

Faux 

Application d’un chargement uni‐

axial 

Identification de la matrice d’étalonnage [Aij] au centre du dynamomètre pour l’ensemble des essais 

Tous les chargements sont‐

ils réalisés ?

Expression du chargement en un torseur étalon [Aj] (à l’origine et dans le repère du dynamomètre) 

Vrai 

Chapitre II  

 

 94 

Un  plateau  de  chargement  spécialement  réalisé  est  monté  sur  la  plaque  supérieure  du dynamomètre  (Figure  II.5‐6).  Le  principe  d’application  d’un  chargement  uni‐axial  est  identique  à celui utilisé lors des essais du capteur triaxial (Figure II.3‐3). Des empreintes coniques réalisées dans le plateau de chargement reçoivent une bille sur laquelle est appliqué le chargement. La position du point de chargement est connue au travers de la position de ces empreintes coniques.  

Les  différentes  orientations  de  chargement  sont  réalisées  en  positionnant  le  dynamomètre directement  sur  la  table  (Figure  II.5‐6‐b)  de  la  fraiseuse  ou  sur  une  équerre  de  positionnement (Figure II.5‐6‐a). Le dispositif expérimental permet donc d’appliquer des chargements dans  les trois 

directions, positivement et négativement selon 

X  et 

Y  et négativement selon 

Z . 

Le volume d’étalonnage est de 200 x 200 x 20 avec un pas de 50 mm selon 

X  et 

Y  et 20 mm 

selon 

Z . Ce volume est positionné à 20 mm au dessus de la face supérieure du dynamomètre (selon 

l’axe 

Z )  et  centré  par  rapport  à  l’axe 

Z .  Ce  décalage  est  lié  à  la  géométrie  du  plateau  de chargement. 

 

Figure II.5-6 : Système de chargement et orientation du dynamomètre.

Le  chargement  et  le  déchargement  sont  appliqués  progressivement  de manière  à  avoir  une évolution linéaire (Figure II.5‐7).  

 

Figure II.5-7 : Exemple de chargement.  

Y + 

X + 

a)  b) Dynamomètre 

Plateau de chargement 

X + 

Z + 

Bille 

« Capteur d’effort » de référence 

(

X ,

Y ,

Z ) : base du dynamomètre. 

Chargement Déchargement

Seuil

Mesure du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 95 

Pour réaliser l’étalonnage du dynamomètre, 10 essais selon 

X  et selon 

Y  et 50 essais selon 

Z ont été réalisés (différentes positions et altitudes). Selon les recommandations constructeur des capteurs, afin de ne pas dépasser 10% de la précharge, le chargement doit être adapté à la position du point de  chargement.  La valeur maximale du chargement est comprise entre 1000N et 2000N 

pour les chargements selon 

X  et selon 

Y  et 1500N et 4500N selon 

Z . En effet, lorsque le point de chargement est éloigné par rapport à l’origine du dynamomètre les chargements doivent être moins importants du fait des bras de levier. L’étalonnage est donc réalisé en force et en moment. 

II.5.1.2.2 Résultats

Le résultat de la régression des moindres carrés est donné par l’équation (II‐5‐12).  

 

246.1 142.8 11.3 4.3 8.3 18.7

152.4 238.9 11 5.5 3.9 0.5

4.9 4 592.9 31.6 18.5 0.4

7.8 283.6 17.4 8.6 0.7 17.5

278.1 3.5 2.3 0.4 4.9 0.3

5.5 4.7 593.4 0.2 35.9 0.3

245.8 145.4 1.4 4.7 7.8 18.1

133.9 246.0 5.7 5.

ijA

3 3 1.1

7.9 7.1 596.6 31.9 18.8 0.3

.  (II‐5‐12) 

La géométrie des pièces,  le positionnement,  l’orientation et  le couplage des capteurs sont  les principaux facteurs qui font qu’aucun terme de cette matrice réelle n’est nul.  

II.5.1.2.3 Conclusion

L’approche  théorique  permet  de mettre  en  évidence  les  principales  directions  sollicitées  en fonction du chargement. Les termes principaux de la matrice de calibration sont alors identifiés. 

Cependant, en pratique,  la matrice réelle ne contient aucun élément nul. Ainsi, ces termes en théorie  nuls  correspondent  par  rapport  aux  valeurs  théoriques  à  une  déviation  de  3%  pour  les composantes d’efforts, 27% pour Mx/O, 23% pour Mx/O, et 6% pour pour Mz/O.  

Plusieurs causes sont à  l’origine de ces écarts. D’une part, ces termes prennent en compte  les défauts  de  fabrication  des  pièces  du  dynamomètre,  le  défaut  de  positionnement  et  le comportement  respectif  de  chaque  capteur.  D’autre  part,  les  « approximations »  dues  à  la procédure expérimentale (position, orientation du chargement étalon, etc.) sont également inclues. 

Malgré tout, les termes prépondérants de la matrice de calibration réelle sont identiques à ceux de la matrice théorique. 

II.5.1.3. Plage et incertitudes de mesure

La Figure  II.5‐8 présente  les  résidus de  la  régression exprimé à  l’origine et dans  le  repère du dynamomètre. Ce sont  les écarts de mesure en fonction de  l’évolution du chargement étalon pour chaque composante. Les incertitudes de mesure apparaissent ainsi constantes quelque soit le niveau du chargement appliqué.  

Le  Tableau  II.5‐1  donne  les  bornes  de  validité  de  l’étalonnage.  La  pleine  échelle  de mesure, directement liée aux essais d’étalonnage, est donnée pour chaque composante. Les incertitudes de mesure selon chaque composante sont également données. Ces  incertitudes sont  liées au nombre de point pris en compte dans les résidus.  

Afin  d’avoir  une  bonne  précision  de  mesure,  les  essais  devront  être  réalisés  pour  des chargements  proches  de  la  pleine  échelle  et  idéalement  au  2/3  de  la  pleine  échelle.  La  gamme d’amplification devra être choisie selon le niveau estimé des actions de coupe de l’usinage envisagé (en  fonction  des  conditions  de  coupe,  de  la  configuration  d’usinage,  du  matériau  et  de  l’outil choisis). 

Chapitre II  

 

 96 

Figure II.5-8 : Résidus de la régression.

   Efforts Moments au centre du dynamomètre

Composantes  Fx  Fy  Fz  Mx/O  My/O  Mz/O 

Pleine échelle de mesure  2035 N  2054 N  4548 N  284 N.m  330 N.m  108 N.m 

Erreur à la pleine échelle de mesure 71.3 N  114.4 N  98.4 N  8.59 N.m  7.87 N.m  6.28 N.m 

3.5%  5.6%  2.2%  3.02%  2.39%  5.83% 

Tableau II.5-1 : Plages et incertitudes de mesure du dynamomètre QZZ2_1.

II.5.2. Analyse modale expérimentale Bien  que  l’ensemble  des  paramètres  retenus  permette  de  s’assurer  d’être  dans  la  plage  de 

mesure admissible par le dynamomètre, certains usinages, et en particulier le fraisage, génèrent des sollicitations dynamiques. En effet, les passages successifs des arêtes de coupe lors de leur entrée et de leur sortie de la matière sont autant d’excitations dynamiques pour le dynamomètre. Afin de se placer dans des conditions qui ne perturberont pas  la mesure,  la  fréquence d’excitation  fe  (en Hz) doit être inférieure au quart de la fréquence propre du dynamomètre fd (en Hz) (équation (II‐5‐13)) [Khorkut, 2003]. 

 4

de

ff .  (II‐5‐13) 

L’équation (II‐5‐14) donne la fréquence de rotation limite N (en tr/min) de l’outil en fonction de son  nombre  de  dent  Z  et  de  la  fréquence  propre  du  dynamomètre  fd  (en Hz). Au  delà  de  cette fréquence de rotation, les mesures pourront être altérées par la réponse du dispositif de mesure aux sollicitations dynamiques. 

Mesure du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 97 

 15.

dfNZ

.  (II‐5‐14) 

Afin de caractériser  la réponse dynamique du dynamomètre, des essais d’analyse modale avec un marteau d’impact ont été réalisés. Pour ces essais,  la platine a été suspendue à  l’aide de câbles élastiques (flexibles, déformables et de faible raideur) afin de se placer en mode « libre‐libre ». Un accéléromètre  triaxial piézoélectrique a été utilisé. Afin de détecter au mieux  les modes propres, l’accéléromètre a été placé où  les déformations maximales ont été mise en évidence par  l’étude éléments  finis  (cf.  II.4.3).  L’orientation  de  l’accéléromètre  a  été  choisie  afin  que  son  repère  soit coïncident avec celui du dynamomètre. 

Un exemple de mesure de la réponse dynamique du dynamomètre seul lors d’un test d’impact est présenté sur la Figure II.5‐9.  

Figure II.5-9 : Exemple de réponse fréquentielle du dynamomètre.

Les  résultats  (Tableau  II.5‐2) présentent une bonne  adéquation  avec  l’étude préliminaire par éléments finis (cf. II.4.3). Le faible écart entre  les fréquences propre et une amplitude similaire des 

pics  de  résonnances  des  réponses  selon 

X   et 

Y  montrent  que  le  dynamomètre  a  une  rigidité 

identique selon ces axes. La réponse selon 

Z  montre une raideur beaucoup plus  importante dans cette direction (> 4000 Hz). 

 

Axe du dynamomètre 

Fréquence propre du dynamomètre (Hz) 

Résultats de l’étude par éléments finis (Hz) 

X   2850  2940 

Y   2910  2956 

Z   4200  N.C 

Tableau II.5-2 : Résultats et comparaison des tests d’impact sur le dynamomètre avec l’étude EF.

Des  tests  ont  également  été menés  avec  l’ensemble  usinant  constitué  du  dynamomètre,  du montage d’usinage et de la pièce (Figure II.5‐9). L’ensemble possède alors une fréquence propre de 2588 Hz (soit 263 Hz de moins que  le dynamomètre seul). L’ensemble de ces résultats montre une bonne  raideur du dynamomètre. En effet,  la  fréquence propre est au‐delà de celle des dispositifs rencontrés lors de l’étude bibliographique. 

Pour  ce  dynamomètre,  à  partir  de  l’équation  (II‐5‐14),  la  fréquence  de  rotation  maximale admissible est de 42750 tr/mn et 14250 tr/mn pour des outils ayant respectivement 1 et 3 dents.  

Dynamomètre seul 

Dynamomètre + montage + pièce 

REPONSE SELON 

X  

Réponse selon 

Y

Réponse selon 

Z  

Réponse selon 

X  

2851 Hz 

DYNAMOMETRE SEUL 

2910 Hz

2851 Hz 

2588 Hz

Chapitre II  

 

 98 

II.6. Conclusion

L’étude  bibliographique  a  permis  de  déterminer  les  caractéristiques  des moyens  de mesure existant.  Cependant,  ces  dispositifs  sont  inadaptés  pour  les  essais  envisagés  ou  pour  le développement  d’un  modèle  de  coupe  expérimental  des  actions  de  coupe  en  fraisage  et  en particulier  du  moment  de  coupe.  Un  nouveau  dynamomètre  à  six  composantes  utilisant  trois capteurs piézoélectriques triaxiaux a donc été développé et réalisé.  

Le choix du corps d’épreuve et sa caractérisation ont fait  l’objet d’une étude approfondie afin de définir son comportement. Par la suite, la phase de conception a été réalisée afin d’optimiser la raideur  et  la  précision  de mesure.  L’étalonnage  statique  a  également  fait  l’objet  d’une  attention particulière. Une  comparaison des matrices de  calibration  théorique et  réelle est  réalisée afin de valider  l’étalonnage.  Enfin,  les  caractéristiques  dynamiques  théoriques  et  réelles  sont  également confrontées. 

L’ensemble  des  caractéristiques  du  dynamomètre  est  présenté  dans  le  Tableau  II.5‐1  et  le Tableau II.5‐2. L’ensemble des exigences exprimées au paragraphe II.2.3 a ainsi été respecté. 

Ce  dynamomètre  permet  donc  de  répondre  aux  besoins  nécessaires  pour  l’élaboration  du modèle des six composantes des actions de coupe en fraisage. En effet, contrairement à la majorité des platines dynamométriques existantes, une partie des conditions de coupe dites UGV pourront être étudiées sans aucune correction dynamique. 

Dans le chapitre suivant, le protocole expérimental spécifique mis en œuvre pour l’élaboration du modèle  de  coupe  en  fraisage  est  décrit.  Les  moyens,  les  procédures,  les  démarches  et  les nouveaux critères énergétiques employés sont alors détaillés. 

      

 

Chapitre III

APPROCHE EXPERIMENTALE DU TORSEUR DES ACTIONS DE COUPE EN FRAISAGE

Ce chapitre présente le protocole et la démarche expérimentale mis en œuvre pour

l’obtention de nouveaux critères énergétiques caractérisant les moments de coupe. Basée sur une étude expérimentale préliminaire, la démarche théorique est présentée

puis l’ensemble des moyens et matériels nécessaires sont répertoriés. Une discussion sur les grandeurs cinématiques réelles et théoriques est également

proposée. Enfin, la mesure et le traitement des données étudiées sont détaillés.

 

Chapitre III

APPROCHE EXPERIMENTALE DU TORSEUR DES ACTIONS DE COUPE EN FRAISAGE

NOMENCLATURE ______________________________________________________________ 103 

III.1.  INTRODUCTION _________________________________________________________ 105 

III.2.  OBTENTION DES GRANDEURS INTERVENANT DANS LE BILAN ENERGETIQUE 105 III.2.1.  Puissance de coupe consommée __________________________________ 105 III.2.2.  Torseur cinématique de l’outil par rapport à la pièce ____________________ 107 III.2.3.  Torseur des actions mécaniques de l’outil sur la pièce __________________ 117 

III.3.  ETUDE PRELIMINAIRE ___________________________________________________ 117 III.3.1.  Choix des facteurs ______________________________________________ 117 III.3.2.  Choix des paramètres observés ___________________________________ 117 III.3.3.  Procédure expérimentale _________________________________________ 118 III.3.4.  Analyse et résultats _____________________________________________ 120 III.3.5.  Conclusion ____________________________________________________ 122 

III.4.  NOUVELLE DEMARCHE EXPERIMENTALE _________________________________ 123 III.4.1.  Introduction ___________________________________________________ 123 III.4.2.  Critères énergétiques ___________________________________________ 123 III.4.3.  Conclusion ____________________________________________________ 126 

III.5.  PROTOCOLE EXPERIMENTAL _____________________________________________ 126 III.5.1.  Procédure expérimentale _________________________________________ 126 III.5.2.  Présentation des résultats ________________________________________ 128 

III.6.  CONCLUSION ___________________________________________________________ 131 

Approche expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 103 

Nomenclature  

ction coupe (t)A   Composante  instantanée  du  torseur  d’actions  mécaniques  de coupe (N ou N.m). 

copeau (t)A   Section de copeau instantanée (mm²). 

ae  Engagement latéral de l’outil (mm). 

ap  Profondeur de passe (mm). 

action de coupe (t) D   Densité d’actions de coupe instantanée (N.mm‐2 ou N.m.mm‐2). 

effort  (t)i

D   Densité d’effort de coupe instantanée selon la direction i (N.m‐2). 

/Pmoment (t) iD   Densité de moment de coupe  instantané en P selon  la direction  i (N.m.m‐2). 

d  Paramètre caractérisant la dispersion de points de mesure. 

dPC  Distance projetée selon l’axe  Z

 entre le point C et la pointe P de la dent (mm). 

ffort coupe  (t)iE   Effort de coupe instantané selon la direction i (N). 

f  Avance par dent (mm.dt‐1). 

(Fi, Fj, Fk)

Composantes respectives de la résultante d’action mécanique selon les directions i, j, k (N). 

L  Paramètre caractérisant l’étendue de points de mesure. 

(Mi/P, Mj/P, Mk/P)

Composantes respectives du moment en P du torseur d’action mécanique selon les directions i, j, k (N.m). 

MOCN  Machine‐Outils à Commande Numérique. 

/Poment coupe (t) iM   Moment de coupe instantané en P selon la direction i (N.m). 

,S1/S2 P

M

Moment du torseur d’action mécanique du solide S1 sur le solide S2 exprimé au point P. 

1  2S SP   Puissance mécanique dissipée entre les solides S1 et S2 (W). 

R  Rayon de l’outil (mm). 

Chapitre III  

 

 104 

0 (O, , Y, ZX

)  Repère orthonormé,  fixe,  lié au dynamomètre dont  les directions des axes sont identiques à celles de la machine‐outils. 

1 (P, ze , e , er

)  Repère orthonormé, tournant, lié à la pointe de la dent. 

S1/S2 R

Résultante du torseur d’action mécanique du solide S1 sur le solide S2. 

Vc  Vitesse de coupe (m.mn‐1). 

Vf  Vitesse d’avance (m.mn‐1). 

(Vi /P, Vj /P, Vk /P)

 

Composantes respectives du moment cinématique en P selon les directions i, j, k (m.s‐1). 

,S1/S2 PV

  Moment du torseur cinématique / vecteur vitesse du solide S1 par rapport au solide S2 exprimé au point P. 

S1/S2 

,S1/S2 1 / 2

PP

S S VV   Torseur cinématique du solide S1 par rapport au solide S2 exprimé 

au point P dans le repère . 

 

 

Symboles grecs 

γ0  Angle de coupe (°). 

er(t) Avance radiale instantanée (mm). 

θ (t)  Position angulaire du point représentant la pointe de la dent (°). 

r   Angle d’attaque de l’arête de coupe (°). 

s  Angle de direction d’arête (°). 

S1/S2 

,S1/S2 1 2 

PP

SR

S M

Torseur d’action mécanique du  solide S1  sur  le  solide S2 exprimé au point P dans le repère . 

ω ou ωz  Fréquence de rotation de l’outil (rd.s‐1). 

(ωi, ωj, ωk)

Composantes  respectives  de  la  résultante  cinématique  selon  les directions i, j, k (rd. s‐1). 

S1/S2 

  Résultante du torseur cinématique / taux de rotation du solide S1 par rapport au solide S2. 

 

 

Approche expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 105 

III.1. Introduction

’OBJECTIF de ces travaux est de développer une modélisation expérimentale des moments de  coupe.  Pour  ceci,  ce  chapitre  présente  une  approche  expérimentale  permettant d’identifier et de quantifier l’influence des paramètres cinématiques et énergétiques sur 

l’ensemble des composantes du torseur d’actions de coupe. Dans une première partie, la procédure expérimentale de mesure des paramètres cinématiques 

et du torseur des actions mécaniques est décrite. Une analyse des grandeurs cinématiques réelles par rapport aux valeurs théoriques est alors menée. 

Puis, une étude expérimentale utilisant la méthodologie des plans d’expériences [Albert, 2007] met en évidence les paramètres influents sur les moments de coupe en fraisage. 

Dans une troisième partie, une nouvelle démarche expérimentale présente l’établissement d’un nouveau critère énergétique. Cette grandeur est basée sur la section de copeau instantanée réelle et l’ensemble des composantes du torseur d’actions mécaniques de coupe. 

Enfin, le protocole expérimental nécessaire à l’élaboration de ce critère (mesure, traitement des données, etc.) est développé.  

III.2. Obtention des grandeurs intervenant dans le bilan énergétique

Lors d’un bilan énergétique de la coupe, prenant en compte les six composantes des actions de coupe, les moments interviennent de façon non négligeable [Cahuc, 2001], [Darnis, 2000]. L’objectif est de  compléter  les modèles de  coupe  actuels en proposant une modélisation des moments de coupe afin de mieux estimer la puissance de coupe consommée. 

La  première  partie  présente  les  grandeurs  intervenant  dans  le  bilan  énergétique  d’une opération de  fraisage. Les différents points et  repères utilisés pour exprimer  les moments et plus généralement  les  torseurs  sont alors définis. Un dispositif  spécifique  installé  sur  la MOCN permet d’évaluer  la  position  réelle  instantanée  des  différents  points  utilisés  (en  particulier  le  point représentant  la  pointe  de  la  dent).  Grâce  à  ces  informations  et  pour  la  configuration  d’usinage retenue, une comparaison des grandeurs intervenant dans le torseur cinématique est menée. Enfin, l’évolution du torseur d’actions mécaniques de coupe est détaillée selon son point d’expression. 

III.2.1. Puissance de coupe consommée La puissance consommée  lors de  la coupe est évaluée à partir du comoment entre  le  torseur 

des  actions mécaniques  de  coupe  de  la  pièce  sur  l’outil  et  le  torseur  cinématique  de  l’outil  par rapport à la pièce (équation (III‐2‐1)).  

 /      outil piècepièce outiloutil pièce VP .  (III‐2‐1) 

Les deux torseurs doivent être exprimés en un même point et dans un même repère. Dans  le cas du  fraisage, plusieurs repères sont définis selon  les mouvements de  l’outil  (Figure  III.2‐1). Lors d’une opération de fraisage,  l’outil est animé d’un mouvement de rotation (mouvement de coupe) et suit une trajectoire afin d’obtenir le profil de la pièce finie (mouvement d’avance). Deux repères 

sont alors nécessaires. Un premier repère, fixe, est lié au dynamomètre, 0 (O, , Y, ZX

). Le point O est l’origine du dynamomètre et les directions des axes sont identiques à celles de la machine‐outils. 

Le second repère, tournant, est  lié au point P représentant  la pointe de  la dent : 1 (P,  ze , e , er

(Figure III.2‐1). Ce repère est lié à l’outil dans le mouvement de rotation d’axe (C,  Z

).D’un point de 

vue  pratique,  les  axes  du  repère  tournant 1  (P,  ze , e , er

)  sont  liés  à  la  pointe  de  la  dent  de 

manière  à  correspondre  avec  les  grandeurs  cinématiques.  L’axe  er

  est  coïncident  à  la  vitesse 

L

Chapitre III  

 

 106 

d’avance Vf et  l’axe   e

 est  colinéaire à  la vitesse de  coupe, Vc. Le  troisième axe 

ze  complète  le 

trièdre de manière directe et est opposé à l’axe  Z

Figure III.2-1 : Passage du repère global fixe lié au dynamomètre au repère local mobile lié à la dent.

Afin de comprendre les phénomènes de coupe lors de la formation du copeau, les deux torseurs intervenant  dans  le  bilan  énergétique  seront  exprimés  à  la  pointe  de  la  dent  en  P,  de  part  sa proximité de la zone de coupe. Pour donner un sens physique aux grandeurs étudiées et traduire au 

mieux les mouvements de l’outil, le repère tournant lié à la pointe de la dent, 1 (P, ze , e , er

) sera également utilisé. 

Le torseur complet des actions mécaniques de l’outil sur la pièce est mesuré à l’origine et dans 

le repère 0 (O, , Y, ZX

) du dynamomètre, (Figure III.2‐1). Le dispositif installé sur la MOCN permet de connaître la position instantanée de la pointe de la dent. Le torseur est alors transporté au point 

P et est exprimé dans le repère tournant 1 (P, ze , e , er

) (cf. paragraphe III.2.3 p.117). Le principe des actions mutuelles permet d’obtenir  le torseur des actions mécaniques extérieures agissant sur l’outil au point P (équation (III‐2‐2)). 

  pièce outil outil pièce .  (III‐2‐2) 

Le torseur cinématique de  l’outil sur  la pièce est obtenu à partir des positions réelles de l’outil (cf. III.2.2 p.107). Ces données permettent de calculer le torseur cinématique au point C sur l’axe de 

l’outil dans  le  repère 0  (O, , Y, ZX

) puis dans  le  repère 1  (P, ze , e , er

). Connaissant  la position angulaire de la pointe la dent P, le torseur cinématique est transporté et exprimé au point P dans le 

repère tournant, 1 (P, ze , e , er

), (équation (III‐2‐3)). 

 

/  

, /   ,  , 

 /

r z

outil pièce

P outil pièceP e e e

outil pièce V

V .  (III‐2‐3) 

Ainsi, dans le cas du fraisage, l’expression de la puissance calculée à la pointe de la dent (point 

P) dans le repère le tournant, 1 (P, ze , e , er

) est donnée par l’équation (III‐2‐4). 

    ,  / ,  / / ,  /er er eθ eθ ez ez    F .V  F .V   .ω pièce outil P outil pièce pièce outil P outil pièce P pièce outil outil pièceoutil pièce MP .  (III‐2‐4) 

A partir de cette expression, en fonction du type d’usinage  (conventionnel ou UGV), certaines composantes sont parfois négligées. En effet, en usinage conventionnel, les modélisations retenues ne prennent en compte que  l’effort de coupe Feθ et négligent  les autres composantes. Cependant, dans le cas d’usinage à grandes vitesses, le bilan énergétique lié à l’ensemble des actions de coupe 

est d’autant plus  influencé par  le moment Mez  /P que  la  fréquence de  rotation de  l’outil ωez  est 

Y

 

X

 P   

  e

 

re

 

Z

cos . sin .

sin . cos .

r

z

e X Y

e X Y

e Z

e

 

ze re

 

  Vf

Y

X

Z

PO Y

X

Z

Repère du dynamomètre 

Approche expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 107 

élevée [Cahuc, 2001], [Darnis, 2000]. De plus, dans le cas d’un usinage à "vitesses conventionnelles", la vitesse d’avance  /PerV

 est souvent très inférieure à la vitesse de coupe,  /PeV

. Ainsi, la part de la 

puissance de coupe où interviennent l’effort radial Fer et la vitesse d’avance  /PerV

 est rarement prise 

en  compte  car  sa  proportion  est  d’autant  plus  faible  que  la  vitesse  d’avance  /PerV

  est  faible. 

Toutefois, dans  le  cas de  l’usinage à grandes vitesses,  les vitesses de déplacement et de  rotation sont par définition plus importantes. L’ensemble des composantes d’efforts et de moments devront donc  être  prises  en  compte  afin  de  calculer  le  plus  finement  possible  la  puissance  de  coupe consommée. 

III.2.2. Torseur cinématique de l’outil par rapport à la pièce Un dispositif spécifique  installé sur  la machine‐outils à commande numérique (MOCN) permet 

de  récupérer  les  informations  des  différents  codeurs.  Les  positions  des  trois  axes  linéaires  de  la machine et  la position angulaire de  la broche  sont alors connues. La position de  l’arête de coupe peut alors être déterminée à tout instant. 

Grâce aux jauges outils et aux positions des trois axes linéaires, la position instantanée du point placé  sur  l’axe  de  rotation  de  l’outil  et  à  son  extrémité,  point  C(t)  (Figure  III.2‐1),  est  connue (équation (III‐2‐5)). 

 

( )

( ): ( )

( )

C

C

C

x t

C t y t

z t

.  (III‐2‐5) 

La position de l’arête de coupe par rapport au porte‐outil peut alors être déterminée à partir du point  C,  des  jauges  outils  (rayon  du  point  piloté  R(z)  et  longueur  de  l’outil  L)  et  de  la  position angulaire de la broche θ(t) (Figure III.2‐2). Le point P caractérise la zone où la coupe est considérée. Ce point appartient à  l’arête de coupe et est positionné par  rapport à  l’extrémité de  l’outil à une distance dPC (Figure III.2‐3). Ainsi, l’ensemble des données et des mesures permettent de calculer les 

coordonnées du point piloté, P dans le repère 0 (O, , Y, ZX

) (équation (III‐2‐6)) 

 

( ) ( ) .cos ( )

( ) ( ) .sin ( )

( ) ( )

P C

P C

P C PC

x t x t R t

y t y t R t

z t z t d

.  (III‐2‐6) 

Avec  une  application  développée  sous  le  logiciel  Labview®,  la  connaissance  des  positions « centre fraise » (point C) et « pointe dent » (point P) permet d’exprimer le torseur cinématique en ces points et dans le repère souhaité. Dans un premier temps, le torseur cinématique de l’outil par rapport au repère fixe (ici la pièce) est calculé au point C (point représentant l’extrémité de l’outil et 

positionné  sur  l’axe de  rotation de  l’outil) dans  le  repère de  la platine 0  (O, , Y, ZX

),  (équation (III‐2‐7)). 

 

outil/pièce 

,outil/pièce  , y , z

 /

CC x

outil pièce VV .  (III‐2‐7) 

Puis, grâce à  la connaissance  instantanée du point C et du point P,  le torseur cinématique est transporté du point C au point P. Le torseur cinématique de  l’outil par rapport à  la pièce est alors 

exprimé dans le repère local 1 ( ze , e , er

) (équation (III‐2‐8)). 

  r z

outil/pièce 

,outil/pièce  ,outil/pièce  outil/pièce  e , e , e

 /

P CP

outil pièce V V PC

V .  (III‐2‐8) 

Chapitre III  

 

 108 

 

Figure III.2-2 : Paramétrage de la position angulaire de la dent, θ(t).

 

 

Figure III.2-3 : Schéma de l’installation.

III.2.2.1. Validation de la méthode de mesure

Afin de valider  la démarche, une étude est d’abord menée à partir des grandeurs à vide (outil hors de la matière immédiatement avant l’usinage) puis avec les grandeurs lors de l’usinage. 

Dans  le  cadre  des  essais  réalisés,  la  configuration  d’usinage  retenue  est  une  opération  de fraisage en coupe orthogonale (rainurage latéral où seuls les flancs de la fraise sont en contacts avec la matière) (Figure III.2‐4). L’outil, de rayon R, est mis en rotation et se déplace en translation selon 

l’axe 

Y . Les seules grandeurs évoluant sont les paramètres de coupe. 

 

Figure III.2-4 : Configuration d’usinage.  

ω

Vf 

C(t)

P(t)dPC

Y

X

Z

 

Table MOCN 

Pièce

Z  

X  

Dynamomètre à 6 composantes 

O

P(t) 

C(t) 

 

Broche 

dPC 

Plaquette 

Schématisation porte‐outil ISO 40 

0 (O, , Y, ZX

1 (P, ze , e , er

θ(t) P(t)

Y

X

 C(t)

e

re

Schématisation plaquette 

Approche expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 109 

III.2.2.1.1 Grandeurs cinématiques à vide

Tout d’abord,  la  consigne  imposée à  la  commande numérique doit être vérifiée. Pour  ceci et pour  différentes  conditions  de  coupe,  une  comparaison  entre  les  grandeurs  théoriques  (ou consignes) et les grandeurs réelles à vide est proposée. 

Le  torseur  cinématique  théorique  associé  à  l’opération  d’usinage  retenue  peut  alors  être 

déterminé  pour  un  point  appartenant  à  l’axe  de  l’outil,  C,  dans  le  repère  fixe  0  (O, , Y, ZX

(équation (III‐2‐9)) et dans le repère local 1 (P, ze , e , er

) (équation (III‐2‐10)), (Figure III.2‐2). 

 

outil/pièce 

,outil/pièce  , y, z

 /

.

.

z

CC x

outil pièce

Z

V Vf y

V .  (III‐2‐9)) 

  r z

outil/pièce 

,outil/pièce  e , e , e

 /

.

.sin . .cos .

z Z

C rC

outil pièce

e

V Vf e Vf e

V .  (III‐2‐10) 

L’expression du torseur cinématique à la pointe de la dent, P, peut être établie dans le repère lié 

à la dent 0 ( , Y, ZX

) (équation (III‐2‐11)) et dans le repère local 1 ( ze , e , er

) (équation (III‐2‐12)). 

 

outil/pièce 

,outil/pièce  , y , z

 /

.

. .sin . . .cos .

z

PP z zP x

outil pièce

Z

V R X Vf R Y

V .  (III‐2‐11) 

  r z

outil/pièce 

,outil/pièce  e , e , e

 /

.

.sin . .cos . .

z Z

PP r zP

outil pièce

e

V Vf e Vf R e

V .  (III‐2‐12) 

Les  vitesses  tangentielles  et  radiales  dans  le  repère  local 1  ( ze , e , er

)  peuvent  alors  être déterminées (équations (III‐2‐13) et (III‐2‐14)). 

  / .sin .

rPer Vf eV   (III‐2‐13) 

  / .cos . .

P zeV Vf R e   (III‐2‐14) 

Les grandeurs à vide correspondent aux signaux avant l’entrée de l’outil dans la matière et ont été extraites des essais de coupe présentés dans les paragraphes suivants. 

III.2.2.1.1.1 Fréquence de rotation, ωz Durant  les  tests, un outil de diamètre 50 mm et deux vitesses de coupe  (Vc) ont été  retenus 

80 m.mn‐1  et  240 m.mn‐1.  Ainsi  deux  fréquences  de  rotation  (ωz)  en  découlent,  respectivement 53,3 rd.s‐1 et 159,9 rd.s‐1. Ces vitesses sont affectées d’un signe négatif du fait d’un sens de rotation anti‐trigonométrique. 

Lors  de  ces  « essais  à  vide »  (Figure  III.2‐5),  la  consigne  est  bien  respectée  avec  une  erreur relative maximale de 0,5%. Pour de faibles fréquences de rotation, la consigne est respectée avec un écart maximal de  l’ordre de 0,25  rd.s‐1  soit moins de 0,5%. Pour des  fréquences de  rotation plus importantes, le décalage entre la consigne initiale et la valeur moyenne de la réponse est de l’ordre de 0,4 rd.s‐1, ainsi qu’une variation maximale de la réponse de 0,4 rd.s‐1 soit moins de 0,5%. Pour ce dernier cas, le décalage est dû au choix de la gamme de vitesse sur la MOCN. En effet, la fréquence de rotation correspond à la plage haute de la gamme de vitesse retenue et génère cette différence. 

 

Chapitre III  

 

 110 

 

Figure III.2-5 : Comparaison des signaux à vide de la fréquence de rotation ωz pour un tour de l’outil.

 

III.2.2.1.1.2 Vitesse d’avance instantanée de la pointe de la dent /PerV

De  la même manière,  la  vitesse d’avance  instantanée de  la pointe de  la dent  /PerV

  respecte 

également la consigne et ce quelques soient les conditions de coupe. De plus, la variation et l’écart présent pour la fréquence de rotation ne semblent pas influencer cette vitesse. 

Paramètres opératoires indicatifs lors de la 

coupe. Ils n’influencent pas les grandeurs à vide.

Théorique (53.3 rd.s‐1) ( f = 0.24 mm.dt‐1 , ap = 4 mm, γO = ‐6° ) ( f = 0.08 mm.dt‐1 , ap = 2 mm, γO = 0° ) ( f = 0.08 mm.dt‐1 , ap = 2 mm, γO = 6° ) ( f = 0.24 mm.dt‐1 , ap = 4 mm, γO = 6° ) 

Théorique (159.9 rd.s‐1) ( f = 0.24 mm.dt‐1 , ap = 4 mm, γO = ‐6° ) ( f = 0.08 mm.dt‐1 , ap = 2 mm, γO = 0° ) ( f = 0.08 mm.dt‐1 , ap = 2 mm, γO = 6° ) ( f = 0.24 mm.dt‐1 , ap = 4 mm, γO = 6° ) 

Paramètres opératoires indicatifs lors de la 

coupe. Ils n’influencent pas les grandeurs à vide. 

Approche expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 111 

 

Figure III.2-6 : Comparaison des signaux à vide de la vitesse d’avance instantanée à la pointe de la dent /PerV

pour un tour de l’outil.

Les grandeurs entre parenthèses sont les paramètres opératoires indicatifs lors de la 

coupe. Ils n’influencent pas les grandeurs à vide. 

Ver/P théorique (m.s‐1) Vc = 80m.mn‐1 , f = 0.24 mm.dt‐1 , ( ap = 4 mm, γO = ‐6° ) Vc = 240m.mn‐1 , f = 0.08 mm.dt‐1 , ( ap = 2 mm, γO = 0° ) Vc = 240m.mn‐1 , f = 0.08 mm.dt‐1 , ( ap = 2 mm, γO = 6° ) Vc = 80m.mn‐1 , f = 0.24 mm.dt‐1 , ( ap = 4 mm, γO = 6° )

Les grandeurs entre parenthèses sont les paramètres opératoires indicatifs lors de la 

coupe. Ils n’influencent pas les grandeurs à vide. 

Ver/P théorique (m.s‐1) 

Vc = 240m.mn‐1 , f = 0.24 mm.dt‐1 , ( ap = 4 mm, γO = ‐6° ) 

Vc = 240m.mn‐1 , f = 0.24 mm.dt‐1 , ( ap = 4 mm, γO = 6° ) 

Ver/P théorique (m.s‐1) 

Vc = 80m.mn‐1 , f = 0.08 mm.dt‐1 , ( ap = 2 mm, γO = 0° ) 

Vc = 80m.mn‐1 , f = 0.08 mm.dt‐1 , ( ap = 2 mm, γO = 6° ) 

Les grandeurs entre parenthèses sont les paramètres opératoires indicatifs lors de la 

coupe. Ils n’influencent pas les grandeurs à vide. 

Chapitre III  

 

 112 

III.2.2.1.1.3 Vitesse de coupe (tangentielle) instantanée de la pointe de la dent /PeV

L’allure entre les grandeurs réelles et la consigne est bien respectée. La variation par rapport à une  valeur moyenne  est  de  0.5%  pour  une  vitesse  de  coupe  de  80 m.mn‐1  et  de  0,75%  pour Vc=240 m.mn‐1. Ainsi, un  offset  est présent quelque  soit  la  vitesse de  coupe  et  est  de  l’ordre de 0,0055 m.s‐1 pour une vitesse de coupe de 80 m.mn‐1 et de 0,027 m.s‐1 pour Vc=240 m.mn‐1. 

 

Figure III.2-7 : Comparaison de signaux à vide de la vitesse de coupe (tangentielle) instantanée à la pointe de la

dent /PeV

pour un tour de l’outil.

III.2.2.1.1.4 Bilan Pour  les  grandeurs  cinématiques  non  nulles  à  la  pointe  de  la  dent  dans  le  repère  local 

1 (P, ze , e , er

),  les mesures  confirment une bonne adéquation entre  la  consigne et  la  réponse. Cependant,  les  signaux mesurés montrent que  la  réponse oscille  toujours  autour de  la  consigne. Ainsi, cela confirme que  la réponse de  la commande numérique est sensible aux perturbations (au sens « asservissement ») et corrige sa réponse constamment. 

Veθ/P théorique (m.s‐1) f = 0.24 mm.dt‐1 , ( ap = 4 mm, γO = ‐6° ) f = 0.08 mm.dt‐1 , ( ap = 2 mm, γO = 0° ) f = 0.08 mm.dt‐1 , ( ap = 2 mm, γO = 6° ) f = 0.24 mm.dt‐1 , ( ap = 4 mm, γO = 6° ) 

Les grandeurs entre parenthèses sont les paramètres opératoires indicatifs lors de la coupe. Ils n’influencent pas 

les grandeurs à vide. 

Veθ/P théorique (m.s‐1)

f = 0.24 mm.dt‐1 , ( ap = 4 mm, γO = ‐6° ) 

f = 0.08 mm.dt‐1 , ( ap = 2 mm, γO = 0° ) f = 0.08 mm.dt‐1 , ( ap = 2 mm, γO = 6° ) 

f = 0.24 mm.dt‐1 , ( ap = 4 mm, γO = 6° ) 

Les grandeurs entre parenthèses sont les paramètres opératoires indicatifs lors de la coupe. Ils n’influencent pas 

les grandeurs à vide.

Approche expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 113 

III.2.2.1.2 Grandeurs cinématiques durant l’usinage

Les grandeurs réelles lors de l’usinage sont maintenant comparées avec les consignes lors d’une opération de rainurage dont  les caractéristiques ont été définies auparavant. Cette étude va donc évaluer  l’impact  de  la  coupe  et  plus  particulièrement  des  actions  de  coupe  sur  les  grandeurs cinématiques. 

III.2.2.1.2.1 Fréquence de rotation, ωz Pour les deux vitesses de coupe (Vc=80 m.mn‐1 et 240 m.mn‐1), les fréquences de rotation réelles 

diffèrent des vitesses  théoriques. En effet,  la  consigne n’est  jamais atteinte  car  la durée pendant laquelle la dent est hors de la matière (soit  180 ; 360 ) n’est pas suffisante pour revenir à un 

état stable. Chaque entrée dans la matière est une nouvelle perturbation.  Lors de l’entrée dans la matière ( 0 ), la fréquence de rotation diminue puis ré‐augmente et 

dépasse  la  consigne.  Puis,  lorsque  la  fraise  est  hors  de  la matière,  la  fréquence  de  rotation  se réajuste autour de la valeur cible (Figure III.2‐8). 

 

Figure III.2-8 : Comparaison de la fréquence de rotation ωz durant l’usinage pour un tour de l’outil.

 

Usinage

Hors matière

Usinage

Hors matière

Théorique (53.3 rd.s‐1)f = 0.24 mm.dt

‐1 , ap = 4 mm, γO = ‐6° f = 0.08 mm.dt

‐1 , ap = 2 mm, γO = 0° f = 0.08 mm.dt

‐1 , ap = 2 mm, γO = 6° f = 0.24 mm.dt

‐1 , ap = 4 mm, γO = 6° 

Théorique (159.9 rd.s‐1)f = 0.24 mm.dt

‐1 , ap = 4 mm, γO = ‐6° f = 0.08 mm.dt

‐1 , ap = 2 mm, γO = 0° f = 0.08 mm.dt

‐1 , ap = 2 mm, γO = 6° f = 0.24 mm.dt

‐1 , ap = 4 mm, γO = 6° 

Chapitre III  

 

 114 

Pour les cas où Vc=80 m.mn‐1 et Vc=240 m.mn‐1, l’erreur maximale observée est respectivement de 1,5% soit 0,8 rd.s‐1 et de 1% soit 1,5 rd.s‐1. Cet écart est donc plus important en phase d’usinage qu’à vide (cf. III.2.2.1.1.1 p.109). 

Pendant  la phase d’usinage,  la  fréquence de  rotation  varie « continuement »  en  allure  et  en amplitude. La position angulaire de la dent, θ(t), est intrinsèquement liée à la fréquence de rotation. Afin de s’affranchir des variations de la fréquence de rotation, les études et analyses des grandeurs réelles  seront désormais  réalisées en  fonction de  la position angulaire de  la dent,  θ(t), et non en fonction du temps. 

III.2.2.1.2.2 Vitesse d’avance instantanée de la pointe de la dent /PerV

La  vitesse  d’avance  dépend  de  l’avance  par  dent  f,  du  nombre  de  dent  Z  (ici  Z=1)  et  de  la fréquence  de  rotation.  Durant  les  essais,  l’avance  par  dent  f  et  la  vitesse  de  coupe  Vc  peuvent prendre  respectivement  deux  valeurs  (f=0,08  mm.dt‐1  ou  0,24  mm.dt‐1  et  Vc=80  m.mn‐1  ou 240 m.mn‐1). Les quatre combinaisons possibles avec ces conditions de coupe (avance par dent f et vitesse de coupe Vc) engendrent trois différentes allures de vitesses d’avance. 

Pour les faibles vitesses d’avance (f=0,08 mm.dt‐1) (Figure III.2‐9–c), l’écart entre la vitesse réelle et théorique est non négligeable (jusqu’à 18%). En effet, lors de l’entrée dans la matière ( 0 ) et au  cours  de  l’usinage  (soit  180 ; 360 ),  l’avance  de  la  fraise  est  ralentie.  Ainsi, 

l’augmentation (repère  Figure  III.2‐9‐d) et  la diminution (repère  Figure  III.2‐9–d) de  la vitesse d’avance  réelle est moins  rapide que  la vitesse d’avance  théorique. Cet écart a une  conséquence directe sur  la section  instantanée de copeau. En effet, si  la vitesse d’avance diminue,  la section de copeau sera donc moins importante. De plus, les valeurs maximales théoriques et réelles présentent un décalage angulaire (Figure III.2‐9–e). La valeur maximale de la section instantanée de copeau sera donc également décalée. 

Pour les combinaisons de paramètres de coupe autorisant des vitesses d’avance intermédiaires 

et élevées  ( /max( ) 0.005 m/sPerV

) (Figure  III.2‐9–a et b),  l’écart entre  les grandeurs mesurées et 

théoriques est moindre (inférieure à 6%). Cet écart est lié à la valeur de consigne non atteinte pour θ=‐90° et sera d’autant plus grand que cette vitesse sera élevée. Les valeurs maximales des courbes théoriques et réelles ne présentent pas de décalage angulaire. 

Pour  les  conditions  de  coupe  choisies,  et  plus  généralement  dans  des  configurations « conventionnelles », l’écart entre la vitesse théorique et la vitesse réelle peut être non négligeable. Aussi, dans des configurations d’usinage à (très) grandes vitesses, l’impact sur la section de copeau sera d’autant plus grand que la vitesse d’avance réelle sera élevée. 

III.2.2.1.2.3 Vitesse de coupe (tangentielle) instantanée de la pointe de la dent /PeV

Cette vitesse dépend principalement de  la  fréquence de  rotation ωz, mais aussi de  la vitesse d’avance Vf  (équation  (III‐2‐12)),  représentée par  la vitesse d’avance  instantanée /PerV

.  L’évolution 

réelle de ces deux dernières grandeurs présente un écart non négligeable par rapport aux valeurs théoriques. Par conséquent, l’évolution réelle de la vitesse de coupe est également affectée et son évolution est similaire à celle de  la fréquence de rotation ωz. La vitesse tangentielle (ou de coupe) réelle présente une différence par rapport à la consigne (Figure III.2‐10). Pour une vitesse de coupe de 80 m.mn‐1 et de 240 m.mn‐1, l’écart est respectivement de 1,8% soit 0,025 m.s‐1 et de 1,5% soit à 0,06 m.s‐1. 

 

Approche expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 115 

Figure III.2-9 : Comparaison des signaux de la vitesse d’avance instantanée à la pointe de la dent /PerV

durant

l’usinage.  

b) 

c) 

d) 

 

Vitesse théorique 

Vitesse réelle 

Décalage dumaximum

e) 

Vitesse 

théorique 

a) 

Ver/P théorique (m.s‐1)Vc = 80m.mn‐1 , f = 0.24 mm.dt‐1 , ap = 4 mm, γO = ‐6° Vc = 240m.mn‐1 , f = 0.08 mm.dt‐1 , ap = 2 mm, γO = 0° Vc = 240m.mn‐1 , f = 0.08 mm.dt‐1 , ap = 2 mm, γO = 6° Vc = 80m.mn‐1 , f = 0.24 mm.dt‐1 , ap = 4 mm, γO = 6°

Ver/P théorique (m.s‐1)

Vc = 240m.mn‐1 , f = 0.24 mm.dt‐1 , ap = 4 mm, γO = ‐6° Vc = 240m.mn‐1 , f = 0.24 mm.dt‐1 , ap = 4 mm, γO = 6° 

Ver/P théorique (m.s‐1) Vc = 80m.mn‐1 , f = 0.08 mm.dt‐1 , ap = 2 mm, γO = 0° Vc = 80m.mn‐1 , f = 0.08 mm.dt‐1 , ap = 2 mm, γO = 6° 

Ver/P théorique (m.s‐1) Vc = 80m.mn‐1 , f = 0.08 mm.dt‐1 , ap = 2 mm, γO = 0°Vc = 80m.mn‐1 , f = 0.08 mm.dt‐1 , ap = 2 mm, γO = 6°

Ver/P théorique (m.s‐1) Vc = 80m.mn‐1 , f = 0.08 mm.dt‐1 , ap = 2 mm, γO = 0° Vc = 80m.mn‐1 , f = 0.08 mm.dt‐1 , ap = 2 mm, γO = 6° 

Chapitre III  

 

 116 

 

Figure III.2-10 : Comparaison des signaux de la vitesse de coupe (tangentielle) instantanée à la pointe de la

dent /PeV

durant l’usinage.

III.2.2.1.2.4 Bilan Cette étude a mis en avant les points importants suivant :  Afin de s’affranchir des variations des paramètres cinématiques, en particulier celle de la 

vitesse de rotation de  l’outil et donc de  la position angulaire de  la dent θ,  les analyses des  différentes  grandeurs  étudiées  devront  être  réalisées  en  fonction  de  la  position angulaire de la dent et non en fonction du temps.  

Des écarts de la vitesse d’avance réelle  /PerV

 par rapport à la vitesse théorique ont été 

montrés.  Cette  différence  a  un  impact  direct  sur  l’avance  instantanée  réelle  Δer(t)  et donc sur l’évaluation de la section de copeau (cf. III.4.2.2.1 p.124). 

L’évolution  des  grandeurs  cinématiques  a  été  détaillée  pour  des  conditions  d’usinage dites « conventionnelles ». Ces tendances, bien que dépendantes des performances de la MOCN utilisée, seront accentuées avec l’augmentation des valeurs des paramètres de coupe (f, Vc), et notamment en conditions « UGV ». 

Usinage

Hors matière

Usinage

Hors matière 

Veθ/P théorique (m.s‐1)

f = 0.24 mm.dt‐1 , ap = 4 mm, γO = ‐6° f = 0.08 mm.dt‐1 , ap = 2 mm, γO = 0° f = 0.08 mm.dt‐1 , ap = 2 mm, γO = 6° f = 0.24 mm.dt‐1 , ap = 4 mm, γO = 6° 

Veθ/P théorique (m.s‐1) f = 0.24 mm.dt‐1 , ap = 4 mm, γO = ‐6° f = 0.08 mm.dt‐1 , ap = 2 mm, γO = 0° f = 0.08 mm.dt‐1 , ap = 2 mm, γO = 6° f = 0.24 mm.dt‐1 , ap = 4 mm, γO = 6° 

Approche expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 117 

III.2.3. Torseur des actions mécaniques de l’outil sur la pièce Un dynamomètre permet de mesurer  le  torseur  complet  (résultante et moment) des actions 

mécaniques  de  l’outil  sur  la  pièce  et  au  point  O  et  dans  son  repère, 0 (O, , Y, ZX

),  (équation (III‐2‐15)). 

 

outil  pièce

/O  outil   pièce  ,  , 

   outil pièceplatine = 

X Y ZO

R

M.  (III‐2‐15) 

Le transport de ce torseur permet de connaître les actions mécaniques en bout d’outil sur l’axe de rotation (point C), (équation (III‐2‐16)), puis à la pointe de la dent (point P), (équation (III‐2‐17)). 

Ce  torseur  peut  également  être  exprimé  dans  le  repère  souhaité,  0  (O, , Y, ZX

),  ou 

1 (P, ze , e , er

), (cf. III.2.1 p.105). 

  outil  pièce 

/C  outil   pièce /O  outil   pièce  outil  pièce

   outil pièceplatine =  C 

=+ O 

 

C

R

M M R.  (III‐2‐16) 

  outil  pièce / P

/P  outil   pièce /C  outil   pièce  outil  pièce

   outil pièceplatine =PC  =  + 

 

P

R

M M R.  (III‐2‐17) 

III.3. Etude préliminaire

L’objectif  de  cette  étude  est  de  mettre  en  évidence  les  paramètres  (conditions  de  coupe, configuration  d’usinage,….)  les  plus  influents  sur  les  grandeurs  énergétiques  (comme  le  torseur complet des actions de coupe et par conséquent  la puissance consommée par  la coupe). Le but est donc  de  mieux  appréhender  les  phénomènes  mis  en  jeu  dans  le  cas  du  fraisage,  (coupe  non continue,  section  de  copeau  non  constante)  pour  lequel  l’optimisation  du  procédé  devient  alors délicate. Ensuite, un modèle expérimental sera établi en s’appuyant sur les facteurs influents mis en évidence.  

Dans un premier temps, le choix des paramètres étudiés ainsi que la procédure expérimentale mise en place sont présentés. Puis les résultats obtenus, ainsi que leur analyse, sont exposés.  

III.3.1. Choix des facteurs A partir des travaux sur la modélisation du fraisage réalisés par Engin et al. [Engin, 2001a & b], 

Fontaine  et  al.  [Fontaine,  2006],  [Lee,  1996]  et  Li  et  al.  [Li,  2004],  les  paramètres  principaux intervenants  lors  de  l’usinage  ont  été  mis  en  évidence.  Ainsi,  les  paramètres  influençant  les grandeurs  énergétiques  de  la  coupe  sont  la  profondeur  de  passe  ap,  l’avance  par  dent  f  (Figure III.3‐1), la vitesse de coupe Vc, la stratégie d’usinage (avalant ou opposition) et le taux d’engagement latéral de la fraise ae. Les essais auront donc pour objectif d’évaluer l’influence et la sensibilité de ces paramètres sur les grandeurs étudiées afin de les prendre en compte dans la future modélisation et de mieux comprendre les phénomènes présents lors de la coupe en fraisage.  

III.3.2. Choix des paramètres observés Les  grandeurs  observées  sont  celles  intervenant  directement  dans  le  calcul  de  la  puissance 

consommée  par  l’usinage.  Les  paramètres  de  l’étude  seront  le  torseur  complet  des  actions mécaniques de  l’outil sur  la pièce  (les 3 efforts et  les 3 moments) et  le  torseur cinématique de  la pièce sur l’outil. Ces grandeurs ont été mesurées et analysées dans deux repères distincts, le repère 

de mesure 0 (O, , Y, ZX

) lié au dynamomètre (fixe) et le repère local tournant lié à la pointe de la 

dent 1 (P,  ze , e , er

) (Figure III.3‐1).  

Chapitre III  

 

 118 

 

Figure III.3-1: Paramétrage et configuration d’usinage de l’étude préliminaire.

III.3.3. Procédure expérimentale Les essais ont été effectués sur un centre d’usinage horizontal à commande numérique 4 axes. 

Cette MOCN,  d’une  puissance  maximale  de  15  kW,  peut  atteindre  une  vitesse  de  rotation  de 6000 tr.min‐1 et une avance de 4 m.mn‐1 en vitesse travail. 

L’outil choisi est une fraise à surfacer de diamètre 63 mm à coupe positive avec r = 45° et avec une géométrie de plaquette SEMN 120308T  (sans  revêtement, ni brise copeau,….). La plaquette a été choisie volontairement de géométrie simple afin de pouvoir se concentrer uniquement sur  les phénomènes primaires liés à la coupe (Figure III.3‐2).  

 

Figure III.3-2 : Outil utilisé lors de l’étude préliminaire.

Ces essais  sont  réalisés avec un porte outil ne possédant qu’une  seule arête de coupe. Cette démarche a été adoptée afin de permettre  l’analyse des différents phénomènes  issus d’une seule arête de coupe et non de l’interaction de plusieurs arêtes. 

Des essais de surfaçage ont été réalisés sur une éprouvette prismatique en acier X40 (42CrMo4) directement fixée sur  le dynamomètre. Les caractéristiques (Tableau  III.3‐1) thermomécaniques du matériau de la pièce sont correctement identifiées dans la littérature. 

Plaquette 

Axe de la fraise 

R

e

 

ez

 

er

 

plaquette 

copeau 

Z

X

O Y

Repère lié à la platine dynamométrique 

Vf

ap 

P(t)

Approche expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 119 

 

Propriétés physiques 

Masse volumique : 7800 kg.m‐3 Température de fusion 1500 °C 

Diffusivité thermique : K=4,6.10‐5 m2.s‐1 Chaleur spécifique : Cp=379 J.kg‐1.K‐1 

Contrainte à rupture : σr =900 MPa Module de Young : E=210 GPa 

Dureté : 260 Hv 

Tableau III.3-1 : Caractéristiques thermomécaniques de l’acier 42CrMo4.

Le  torseur  complet  des  actions mécaniques  de  la  fraise  sur  l’éprouvette  (Figure  III.3‐3)  est mesuré via un dynamomètre à six composantes  [Couétard, 2000] sur  lequel notre éprouvette est directement fixée.  

Figure III.3-3 : Exemples de signaux de mesure des 6 composantes des actions mécaniques dans les deux repères (ap=1 mm; f=0.1 mm.dt-1; Vc=50 m.mn-1; ae :25% - opposition).

L’acquisition simultanée des positions codeurs de  la machine (et donc de  la position de  l’arête de coupe) et du torseur des actions mécaniques dûes à la coupe permet ainsi d’exprimer ce dernier à  la  pointe  de  la  dent  dans  le  repère  voulu.  Ainsi,  pour  la  configuration  géométrique  de  l’outil retenue (κr =45°), l’ensemble des composantes (efforts et moments) évoluent au cours de l’usinage. 

Un plan d’expériences complet [Goupy, 1997 & 2000] à cinq facteurs a été réalisé (avec comme paramètres d’entrée : ap, ae, f, Vc, stratégie d’usinage). Chacun de ces paramètres évolue selon deux niveaux, soit une série de 32 essais. La plage de variation de ces paramètres a été choisie afin de se rapprocher des conditions d’usinage industrielles (Tableau III.3‐2). 

Deux  essais  supplémentaires  dits  « au  centre »  ont  également  été  réalisés  et  permettent  de vérifier  la  validité  du  plan  d’expériences.  Ces  essais  ont  également  été  triplés  afin  de  valider  la répétabilité de l’ensemble du dispositif expérimental. 

Usinage 

1 tour 

¼ tour

Mx/P (dNm) 

My/P (dNm) 

Mz/P (dNm) 

Mr/P (dNm) 

Mθ/P (dNm) 

Mz/P (dNm) 

Chapitre III  

 

 120 

Enfin, afin de compléter l’analyse du facteur « Taux d’engagement latéral », huit essais hors du plan d’expériences ont été  réalisés en configuration de surfaçage pleine matière  (type  rainurage). Pour ces essais, les paramètres qui ont été choisis sont la profondeur de passe ap, l’avance par dent f,  la vitesse de coupe Vc. Chacune de ces grandeurs a également évolué selon deux états (Tableau III.3‐2). 

 Facteurs 

Etats 

Engagement latéral, ae 

Configuration d’usinage 

Profondeur de passe, ap 

Avance par dent, f 

Vitesse de coupe, Vc 

(mm)    (mm)  (mm.dt‐1)  (m.mn‐1) 

Niveau bas  15  Opposition  1  0,1  50 

Niveau haut  30  Avalant  2  0,2  150 

Tableau III.3-2 : Plage de variation des facteurs.

III.3.4. Analyse et résultats

III.3.4.1. Validation

Dans  la  plage  étudiée  des  facteurs  d’entrée,  la  méthode  des  plans  d’expériences  permet d’élaborer  une  fonction multilinéaire  liant  les  valeurs  des  réponses  (ou  paramètres  observés)  à l’ensemble des paramètres d’entrée  et de  toutes  leurs  interactions. Cependant,  la  linéarité de  la réponse fournie par le plan d’expériences par rapport aux mesures doit être vérifiée afin de valider l’utilisation de cette approche. 

De ce fait,  l’évolution des réponses mesurées en fonction des réponses modélisées par  le plan 

d’expériences au point P dans le repère 1 (P, ze , e , er

) est tracée (Figure III.3‐4).  

 

Figure III.3-4 : Vérification de la linéarité du plan d’expériences.

Pour  chaque  grandeur,  cette  linéarité  caractérise  le  défaut  lié  à  la  modélisation  du  plan d’expériences et est évaluée mathématiquement par  le  ratio entre d et  L  (Figure  III.3‐4).  L’erreur maximale obtenue (%d/L) pour Fe est de 2,43%, pour Mz/P de 31,89% et pour la puissance totale Ptot 

Approche expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 121 

de 8,67%.  L’évolution de  l’effort de  coupe, Fe peut être  considérée  comme  linéaire,  la puissance totale  consommée  lors  de  la  coupe  Ptot  a  seulement  une  tendance  linéaire,  et  le moment Mez/P n’évolue pas de manière linéaire. 

III.3.4.2. Analyse

L’intérêt  du  plan  d’expériences  est  double.  Lorsque  sa  validité  est  vérifiée,  une  relation multilinéaire  analytique  liant  les  paramètres  cinématiques  de  coupe  choisis  aux  grandeurs énergétiques  peut  être  obtenue.  Le  plan  d’expériences  permet  également  d’obtenir  « le  degré » d’influence des facteurs d’entrée et de leur interactions sur les sorties du plan.  

D’une part, ce plan d’expériences confirme que l’effort de coupe Fe, évolue de manière linéaire en  fonction des paramètres d’entrée  retenus. Ceci est  cohérent avec  les modèles de  coupe de  la littérature [Bissey, 2005], [Engin, 2001a & b], [Garnier, 2000a & b], [Lee, 1996], [Paris, 2000], qui utilisent une relation linéaire de coefficients expérimentaux. 

D’autre part, ce plan d’expériences met en évidence les principaux facteurs influents sur l’effort de coupe, Fe Ainsi,  l’avance par dent  f est  le paramètre prépondérant; suivi de  la profondeur de passe, ap et dans une moindre mesure l’engagement radial, ae. Ces résultats sont une nouvelle fois cohérents avec les modèles de coupe expérimentaux où la profondeur de passe et l’avance par dent interviennent  également.  Les  interactions  principales  influençant  l’effort  de  coupe  Fe  sont  les interactions  profondeur  de  passe  –  vitesse  de  coupe  et  profondeur  de  passe  –  avance  par  dent. L’influence de ces  interactions s’explique du  fait de  l’importance de  la profondeur de passe et de l’avance.  Les  interactions  faisant  intervenir  ces  paramètres  prépondérants  sont  également primordiales. 

Concernant le moment Mez/P, le plan établi ne permet pas de réaliser une modélisation linéaire en  fonction  des  paramètres  d’entrée  retenus.  Deux  pistes  de  réflexion  s’ouvrent  alors.  Soit  le phénomène  n’est  pas  linéaire,  soit  d’autres  paramètres  non  pris  en  compte  dans  cette  étude permettraient de modéliser linéairement le moment Mez/P.  

De ce fait, la puissance totale consommée a une tendance non linéaire. Le moment Mez/P entre en compte pour une part non négligeable dans  le bilan énergétique complet. Etant non  linéaire,  le moment Mez/P  contribue  à  rendre  également  non  linéaire  la  puissance  totale  consommée.  Ainsi, cette tendance à devenir non  linéaire sera d’autant plus grande que  la fréquence de rotation sera élevée.  En  effet,  les  essais  présentés  ont  été  réalisés  à  fréquence  de  rotation  dite « conventionnelle ». Or,  l’importance de  la combinaison « moment ‐ fréquence de rotation » sur  le bilan énergétique en usinage grande vitesse sera d’autant plus élevée et primordiale que la vitesse de rotation sera importante. En effet, la part de la puissance de coupe issue du moment Mez/P peut atteindre 40% en tournage et jusqu’à 72% dans le cas du fraisage [Couétard, 2001]. 

Enfin, la puissance totale consommée par la coupe est quant à elle fortement influencée par la vitesse de coupe Vc,  l’avance par dent  f et  la profondeur de passe ap. Les  interactions avance par dent – vitesse de coupe, et profondeur de passe – stratégie d’usinage sont  les plus  influentes. Ces deux observations valident encore une fois les modèles empiriques largement utilisés de nos jours. 

Quand cela était possible, des relations linéaires ont été établies et la sensibilité des grandeurs énergétiques aux facteurs choisis, ont été la mise en évidence. 

Des essais hors plan ont également été réalisés. Ces huit essais en configuration de surfaçage pleine matière  (type  rainurage) ont pour but de  compléter  les essais du plan d’expériences où  le taux d’engagement latéral, ae, évolue selon deux états, 25% ou 50% du diamètre de l’outil.  

Ces essais ont permis lors d’une opération de surfaçage en pleine matière de valider deux zones distinctes de travail : opposition et avalant (Figure III.3‐5). 

Une  comparaison  des  efforts  de  coupe,  pour  des  conditions  de  coupe  identiques mais  avec différents  taux  d’engagement  latéral  ae  a  été  réalisée.  Les  résultats  mettent  en  évidence  une évolution  similaire  et  sont  présentés  sur  la  Figure  III.3‐6.  Un  seul  essai  de  surfaçage  en  pleine matière  permet  donc  d’étudier  les  deux  configurations  d’usinage  (avalant,  opposition)  et  les 

Chapitre III  

 

 122 

différents taux d’engagement  latéral tout en diminuant  le nombre d’essais et en préservant  l’outil (choc à l’entrée de la matière). 

 

Figure III.3-5 : Configuration d’usinage lors d’une opération de rainurage.

 

 

Figure III.3-6 : Comparaison de l’évolution des efforts de coupe en fonction de la configuration d’usinage.

III.3.5. Conclusion  Les expériences menées lors de cette étude ont confirmé en fraisage la présence des moments 

de  coupe  et  donc  la  nécessité  de  leur  prise  en  compte  dans  le  bilan  énergétique.  L’approche expérimentale par  les plans d’expériences a validé deux points. D’une part,  l’évolution  linéaire de l’effort de coupe est en accord avec les modèles de coupe expérimentaux [Bissey, 2005], Engin et al. [Engin, 2001a & b],  [Garnier, 2000a & b],  [Lee, 1996] ou encore  celui proposé par  [Paris, 2000]. D’autre  part,  le moment Mz/P,  consommateur  de  puissance,  évolue  de manière  non  linéaire  en fonction des paramètres d’usinage choisis. Ce comportement met en évidence qu’un ou plusieurs paramètres non pris en compte dans cette étude influencent fortement les moments de coupe. Ces paramètres  non  pris  en  compte  pouvant  influencer  le  moment  Mz/P  peuvent  être  liés  à  la déformation de la matière lors de la formation du copeau ou encore aux conditions de contact entre l’outil et le copeau [Laheurte, 2004]. Les phénomènes dans cette zone de contact outil/copeau sont complexes. En effet,  le glissement et  l’adhérence entre  la  face de coupe de  l’outil et  le copeau se succèdent  selon  les  conditions  d’usinage.  Une  nouvelle  étude  dans  le  cas  du  fraisage  est  donc nécessaire afin de mieux appréhender les phénomènes mis en jeu, notamment pour les moments. 

Pièce

z

 

Direction d’avance 

Opposition 

Avalant

 

Trajectoire de la pointe de l’outil 

y

 x

 

Approche expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 123 

III.4. Nouvelle démarche expérimentale

III.4.1. Introduction L’évaluation  du  moment  de  coupe  est  nécessaire  afin  d’estimer  avec  précision  le  bilan 

énergétique d’une opération d’usinage. L’approche expérimentale a été choisie afin de comprendre les phénomènes et de mettre en avant  les paramètres de coupe dont dépendent  les moments de coupe.  Cependant,  l’étude  précédente  a montré  qu’un  plan  d’expériences  de  premier  ordre  est inadapté pour modéliser  les moments de coupe en fonction des paramètres de coupe (profondeur de  passe  ap,  avance  par  dent  f,  vitesse  de  coupe  Vc,  taux  engagement  latéral  ae,  configuration d’usinage avalant/opposition). Par conséquent, l’objectif de cette nouvelle étude expérimentale est d’établir, grâce à un protocole spécifique, une modélisation expérimentale du torseur des actions de coupe  (incluant  les  moments),  comparable  à  celle  de  Bissey  et  al.  [Bissey,  2005],  Engin  et  al. [Engin, 2001a & b], Garnier et al. [Garnier, 2000a & b], [Lee, 1996] ou Paris et al. [Paris, 2000]. Ce modèle dépendra en particulier des conditions de coupe et des paramètres géométriques de l’outil.  

Le  premier  objectif  de  cette  nouvelle  campagne  est  d’établir  un modèle  expérimental,  non seulement  des  efforts,  mais  surtout  des  moments  de  coupe  à  partir  des  divers  paramètres cinématiques et géométriques retenus. La modélisation de  l’effort de coupe F et du moment Mz/P devra s’appuyer sur les résultats de l’étude précédente. 

L’étude  antérieure  a  également montré  que  des  essais  de  type  surfaçage  en  pleine matière représentent les différentes configurations d’usinage tout en diminuant le nombre d’essais. Ce type de configuration d’usinage sera donc retenu pour les études suivantes. 

Le  second  objectif  sera  de  développer  un  critère  énergétique  caractérisant  l’ensemble  des actions de coupe afin d’optimiser les conditions d’usinage. Une autre particularité de ce critère sera de définir le couple outil‐matière utilisé et de proposer une possibilité de transposition des résultats obtenus vers une autre opération.  

III.4.2. Critères énergétiques Dans cette partie, une nouvelle démarche expérimentale est présentée. De nouveaux critères 

caractérisant  l’opération  sont  développés.  Ainsi,  à  partir  de  ces  nouveaux  indicateurs,  une méthodologie est proposée afin d’établir un modèle expérimental du torseur complet des actions de coupe. 

Cette  partie  expose  la  procédure  expérimentale mise  en  place  alors  que  le  chapitre  suivant présentera les résultats. 

Ces  critères  sont  établis  en  prenant  en  compte  les  conclusions  de  l’étude  préliminaire, notamment pour  les moments de coupe. De plus, ces critères auront une expression similaire aux « coefficients spécifiques » intervenant dans les modélisations expérimentales des efforts de coupe actuels,  [Bissey,  2005],  [Engin,  2001a  &  b],  [Garnier,  2000a  &  b],  [Lee, 1996],  [Paris,  2000]. Cependant, basée sur  l’étude des paramètres cinématiques, ces critères seront établis à partir des grandeurs réelles. La densité d’action de coupe est définie comme le rapport instantané de chaque composante  du  torseur  complet  des  actions  de  coupe  et  de  la  section  du  copeau  instantanée (équation (III‐4‐1)). 

 ctions coupe (t)

action de coupe (t)copeau (t)

 =A

DA

.  (III‐4‐1)) 

Ainsi, six critères sont obtenus à partir de chaque composante de la résultante et du moment de coupe. Tout comme le torseur d’actions mécaniques, ces critères dépendent du repère d’expression. L’expression  des  trois  indicateurs  issus  des  moments  de  coupe  est  également  liée  au  point d’application  où  le  torseur  des  actions  de  coupe  est  exprimé.  Les  points  O,  C,  P  et  les  repères 

0 (O, , Y, ZX

) et 1 (P, ze , e , er

) pourront être utilisés (cf. paragraphes III.2.1 à p.105). Cependant, 

le  point  P,  représentant  le  point  où  la  coupe  est  considérée,  et  le  repère  1  (P, ze , e , er

), 

Chapitre III  

 

 124 

coïncident avec les grandeurs cinématiques de la coupe, seront privilégiés afin de traduire au mieux les phénomènes réels. 

III.4.2.1. Densités d’efforts

La densité d’effort est définie comme le rapport instantané d’un effort de coupe et de la section du 

copeau : ffort coupe  (t)

effort  (t)copeau (t)

 = i

iD

AE

avec  ze , e  ou eri

.  (III‐4‐2) 

Ces critères sont similaires aux pressions (ou coefficients) spécifiques de coupe. Cependant,  la particularité réside dans le calcul de la section de copeau présenté dans le paragraphe III.4.2.2.1. 

Ainsi,  un  critère  selon  chaque  composante  de  la  résultante  de  l’effort  de  coupe  peut  être obtenu. Afin de correspondre au mieux avec les phénomènes de coupe, ce critère est exprimé dans 

le repère tournant lié à la pointe de la dent, 1 ( ze , e , er

), (équations (III‐4‐3) à (III‐4‐5)) 

Selon la direction d’avance,  re

 : er (t)

er (t)copeau (t)

FF  =D

A.  (III‐4‐3) 

Selon la direction de la vitesse de coupe,  e

 : θ

θe  (t)

e  (t)copeau (t)

FF  =D

A.  (III‐4‐4) 

Selon la direction de l’axe de rotation de la fraise,  ze

 : z

ze  (t)

e  (t)copeau (t)

FF  =D

A.  (III‐4‐5) 

III.4.2.2. Densités de moments

De même que pour les densités d’effort, la densité de moment est le rapport instantané entre chaque composante du moment de coupe exprimé en un point (ici à la pointe de la dent en P) et la 

section de copeau :  

 

/P

/P

oment coupe (t)moment (t)

copeau (t) = i

i

MD

A avec  ze , e  ou eri

.  (III‐4‐6) 

Trois  critères dépendant des  trois  composantes du moment de  coupe pourront être obtenus (équations (III‐4‐7) à (III‐4‐9)). 

Selon la direction d’avance,  re

:   /P /P

er (t)er (t)

copeau (t) =

MDM

A.  (III‐4‐7) 

Selon la direction de la vitesse de coupe,  e

 : θ

θ /P

 /P

e (t)e (t)

copeau (t) =

MDM

A.  (III‐4‐8) 

Selon la direction de l’axe de rotation de la fraise,  ze

 :   /P /P

zz

e (t)e (t)

copeau (t) =

MDM

A.  (III‐4‐9) 

Le  torseur  complet  des  actions  de  coupe  ainsi  que  la  section  de  copeau  instantanée  sont nécessaires afin d’obtenir expérimentalement ces six critères. Les actions de coupe sont obtenues à partir  de mesures  réalisées  avec  un  dynamomètre  à  six  composantes.  La  section  de  copeau  est calculée à partir des positions successives de  la pointe de  la dent au cours de  l’usinage. Ce dernier point est détaillé dans le paragraphe suivant. 

III.4.2.2.1 Calcul de la section de copeau non déformée instantanée,

Acopeau (t)

À partir de la description géométrique de la trajectoire de la dent entre deux passes successives et  de  la  géométrie  de  la  plaquette,  la  section  de  copeau  théorique  instantanée  peut  être approximée.  Cependant,  le  paragraphe  III.2.2.1  a mis  en  évidence  une  variation  des  paramètres cinématiques  au  cours  de  l’usinage  par  rapport  à  la  consigne  imposée.  Ces  variations  influent 

Approche expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 125 

directement sur la section de copeau instantanée réelle. Les différentes modélisations de la section de  copeau  ne  prennent  pas  en  compte  ces  variations  [Li,  2001],  [Martelotti,  1941  &  1945], [Saï, 2008], [Spiewak, 1995]. Aussi, l’objectif est de diminuer les erreurs commises lors de la mesure et/ou des calculs des grandeurs nécessaires à l’établissement des densités d’actions de coupe. Ainsi, lors d’un usinage à grande vitesse ou pour avoir une plus grande précision, une solution consiste à déterminer  la section de copeau réelle à partir de la position réelle de la pointe de la dent et donc de sa trajectoire réelle. Grâce au dispositif expérimental installé sur la MOCN, le calcul de la section de copeau non déformée réelle instantanée est présenté dans les paragraphes suivants. 

III.4.2.2.1.1 Calcul de l’avance radiale instantanée réelle, er(t) Les  informations  issues  du  codeur  de  broche  et  des  codeurs  de  position  des  axes  linéaires 

permettent respectivement de connaître, à tout instant et dans le repère 0 ( , Y, ZX

), la position du point C(t) et la position angulaire instantanée (t) de l’arête de coupe (cf.III.2.2 p.107). A partir de la position  du  point  C(t)  et  de  la  position  angulaire  (t),  la  position  à  tout  instant  d’un  point  P(t) représentant l’arête de coupe au tour i dans le repère 0 ( , Y, ZX

) peut donc être déduite (cf. III.2.2 p.107).  Par  la  suite,  le  point Mi‐1  représentant  l’arête  de  coupe  au  tour  précédent  (tour  i‐1),  est recherché  afin que  les points C(t), M(t) et P(t)  soient  alignés, en minimisant  la  relation  (III‐4‐10), (Figure III.4‐1). 

 ‐1

‐1

   sin

 . 

i ii i

i ii i

C CM P

C CM P .  (III‐4‐10) 

 

Figure III.4-1 : Trajectoire d’un point périphérique de la fraise.

Ainsi,  après  avoir  déterminé  ce  point,  la  distance  1M P

i i   est  calculée  à  chaque  instant  et 

permet d’obtenir « l’avance radiale instantanée », appelée er(t). Le calcul est répété pour chaque point P compris entre les points A et B. Dans le cas où l’outil ne 

possède qu’une seule arête de coupe, ces deux points sont l’intersection de la trajectoire d’une dent 

entre  le  tour  étudié  (tour  i)  et  le  tour  précédent  (tour  i‐1).  Cette  portion  de  la  trajectoire  (AB ) correspond à la zone de coupe, (i.e. lorsque l’arête de coupe est dans la matière). 

Le calcul de l’avance radiale instantanée réelle augmente la précision du calcul car les variations des paramètres  cinématiques  sont prises  en  compte. Dans  ce  calcul,  les  éléments  intermédiaires entre  le codeur de broche et  l’outil  (broche – porte‐outil,….), mais aussi  l’outil, sont supposés non déformables afin de considérer la position du codeur de broche représentative de la position de tout point de l’outil. 

M(t)

O 0 

X  

Y  

C(t)

P(t)

Rotation i‐1 

Rotation i 

Rotation i+1 A 

B

Sens de rotation  

(t)

_ er 

er 

_ e 

Direction d’avance 

Chapitre III  

 

 126 

III.4.2.2.1.2 Calcul de la section de copeau non déformée instantanée réelle, Acopeau (t)

Le  calcul  de  la  section  de  copeau  instantanée  réelle Acopeau (t)  dépend,  de  la  configuration 

d’usinage, de  l’avance  radiale  instantanée  réelle, er(t), ainsi que de  la géométrie de  la plaquette (Figure III.4‐2). 

Figure III.4-2 : Calcul de la section copeau instantanée réelle.

Une opération de rainurage dans une tôle fine réalisée par une arête de coupe rectiligne ayant un angle d’attaque r à 90° permet de se placer dans une configuration de coupe orthogonale pour 

une  opération  de  fraisage.  Dans  ce  cas,  la  section  de  copeau  instantanée  réelle Acopeau (t)  est 

obtenue par la relation (III‐4‐11). 

    ( )     .  Acopeau er pt t a   avec ap l’épaisseur de la tôle.  (III‐4‐11) 

III.4.3. Conclusion Une nouvelle démarche a été développée en  se basant  sur une étude préliminaire et  sur  les 

nombreuses modélisations expérimentales des efforts de coupe [Bissey, 2005], [Engin, 2001a & b], [Garnier,  2000a &  b],  [Lee,  1996],  [Paris,  2000].  Cette  approche  permet  d’obtenir  de  nouveaux indicateurs  sur  la  coupe,  notamment  pour  les moments  de  coupe. Ainsi,  pour  une  opération  de fraisage  et  dans  une  configuration  de  coupe  orthogonale,  ces  critères  sont  directement  liés  aux différents paramètres cinématiques et géométriques intervenant lors de l’usinage. 

Ces  nouveaux  indicateurs  sont  calculés  à  partir  de  la  mesure  instantanée  des  paramètres prépondérants. En effet, à  chaque  instant,  le  torseur des actions mécaniques est mesuré à  l’aide d’un  dynamomètre  à  six  composantes,  et  parallèlement  les  informations  issues  des  codeurs  de position de la machine‐outils permettent de calculer la section de copeau instantanée réelle.  

III.5. Protocole expérimental

Dans  cette  partie,  un  protocole  expérimental  est  établi  afin  de  développer  les  critères énergétiques proposés dans la partie précédente.  

Les conditions d’essais, les moyens, les paramètres d’entrée, les grandeurs observées ainsi que leur  mesure  sont  tout  d’abord  détaillés.  Puis,  les  résultats  de  mesure  du  torseur  d’actions mécaniques en différents points et différents repères sont présentés et analysés. 

III.5.1. Procédure expérimentale Les essais ont été effectués  sur  le même  centre d’usinage que  l’étude préliminaire  (cf.  III.3.3 

p.118). Dans  cette  étude,  la  configuration  d’usinage  en  coupe  orthogonale  a  été  retenue.  Cette 

 er (t) 

Acopeau (t) 

re

ze

Tôle 

P(t) M(t) 

re

e

ze

C(t) P(t) 

Approche expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 127 

configuration  simplifie  la  compréhension des phénomènes principaux  liés  à  la  coupe.  L’utilisation d’une seule plaquette évite également l’interaction entre plusieurs arêtes de coupe. 

Par rapport à l’étude précédente (cf. III.3.3 p.118), l’analyse de l’angle de coupe 0 a également été intégrée. En effet, ce paramètre doit être pris en compte car c’est un élément important dans les modèles  expérimentaux  des  efforts  de  coupe  actuels,  [Bissey,  2005],  [Engin, 2001a  &  b], [Garnier, 2000a & b], [Lee, 1996]. 

Pour réaliser cette étude, un porte‐outil spécifique de 50 mm de diamètre avec plusieurs porte‐plaquettes  interchangeables  a  été  développé  (Figure  III.5‐1).  L’ensemble  accueille  une  seule plaquette de géométrie carrée (SEHHW 1204). Différentes configurations géométriques de l’arête de coupe peuvent être obtenues. Cette outillage permet de choisir l’angle de coupe 0 (une valeur par porte‐plaquette) et possède un angle de direction d’arête s nul et un angle d’attaque r de 90°.  

La plaquette usinera uniquement avec sa partie  latérale une  fine éprouvette dont d’épaisseur sera contrôlée (Figure III.5‐2). 

 Le matériau usiné est un acier X40 (42CrMo4). 

Figure III.5-1 : Outillage spécifique.

 

 

Figure III.5-2 : Outil et configuration d’usinage.

 

Corps de l’outil Porte plaquette 

Outil assembléExtrémité de l’outil 

ω

Vf 

C(t)

P(t)

C’(t)

dPC

Chapitre III  

 

 128 

III.5.1.1. Choix des paramètres d’entrée de l’étude

Les travaux précédents [Albert, 2007] confirment les paramètres cinématiques et géométriques influençant  les  grandeurs  énergétiques  de  la  coupe  utilisés  dans  de  nombreux  travaux  sur  la modélisation du fraisage, [Bissey, 2005], [Engin, 2001a & b], [Fontaine, 2006], [Garnier, 2000a & b], [Lee, 1996], [Paris, 2000]. Ainsi,  les nouveaux critères mis en place ont été étudiés au travers d’un plan d’expériences complet à quatre facteurs (Tableau III.5‐1). Les facteurs d’entrée retenus sont la profondeur de passe ap, l’avance par dent f, la vitesse de coupe Vc, ainsi que l’angle de coupe, 0. 

 Facteurs 

Etats 

Angle de coupe, γ0 

Profondeur de passe / épaisseur éprouvette, 

ap 

Avance par dent, f 

Vitesse de coupe, Vc 

(°)  (mm) (mm.dt‐1) (m.mn‐1) 

Niveau bas  ‐6  2  0,08  80 

Niveau haut  6  4  0,24  240 

Tableau III.5-1 : Plage de variation des facteurs.

Grâce  à  une  étude  de  sensibilité,  les  paramètres  les  plus  influents  sont  introduits  dans  une modélisation expérimentale des densités d’actions mécaniques de coupe (cf. III.4.2 p.123). 

III.5.1.2. Choix des paramètres étudiés

Les paramètres étudiés sont le torseur complet des actions mécaniques de coupe de l’outil sur la pièce (efforts et moments) et les densités d’actions de coupe correspondantes. 

La connaissance de  la position d’un point de  l’arête de coupe et de  ses mouvements permet d’exprimer et d’analyser le torseur des actions mécaniques au point et dans le repère souhaités. Les grandeurs étudiées ont donc été analysées à  la pointe de  la dent, point P, et dans  le  repère  local 

tournant  lié à  la pointe de  la dent, 1 (P, ze , e , er

), pour être plus représentatif des phénomènes (cinématiques) de formation du copeau. 

III.5.2. Présentation des résultats A  l’aide  de  l’application  développée,  une  partie  des  données  est  extraite  afin  d’exploiter 

certaines zones spécifiques. La zone d’étude est choisie lorsque l’usinage est en régime établi et que les signaux d’actions de coupe sont identiques entre deux tours successifs (i.e. l’outil est totalement engagé dans la matière). Cette partie présente les signaux de l’ensemble des actions de coupe. Ces données seront par la suite utilisées pour la mise place des critères énergétiques et la modélisation expérimentale des actions de coupe, et en particulier du moment. 

III.5.2.1. Efforts de coupe

La Figure III.5‐3 montre, pour un demi‐tour de l’arête de coupe, la mesure des forces de coupe 

dans le repère fixe 0 (O, , Y, ZX

) ainsi que dans le repère tournant lié à la dent 1 (P, ze , e , er

). Le point d’application n’est pas précisé car l’effort est invariant en fonction du point d’expression. 

L’effort  selon  la direction parallèle à  l’axe de  rotation de  l’outil,  ze

, est  la  seule  composante d’effort  nulle.  En  effet,  la  configuration  spécifique  d’usinage  choisie,  i.e.  la  coupe  orthogonale, 

génère uniquement des efforts dans  le plan ( , YX

) ou ( e , er

) perpendiculaire à  l’arête de coupe. 

Dans cette étude,  l’arête de coupe est parallèle à  l’axe  ze

. Ainsi, pour étudier cette composante, 

l’angle  d’inclinaison  d’arête  s  et/ou  l’angle  de  direction  d’arête  r  devront  être  respectivement différent de 0 et 90°.  

Approche expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 129 

Les composantes selon  e

r et  e

 présentent une évolution similaire aux résultats de nombreux travaux  dont  ceux  de  [Bissey,  2005],  [Fontaine,  2006]  et  [Garnier,  2000a  &  b].  Les  niveaux correspondent également aux résultats estimés par un modèle expérimental (COM). 

 

Figure III.5-3 : Exemple de forces mesurés en différents points et différents repères.

III.5.2.2. Moment de coupe

Pour un demi‐tour de  l’arête de coupe,  la Figure  III.5‐4‐a montre  la mesure des moments de 

coupe au centre du dynamomètre, point O, dans le repère fixe 0 (O, , Y, ZX

). Les courbes suivantes (b et c) représentent le transport de ces moments sur l’axe de la fraise et à la même altitude que le 

point de coupe, au point C’ (Figure III.5‐2) dans le repère 0 (O, , Y, ZX

) et dans le repère tournant 

lié à la dent 1 (P, ze , e , er

). Enfin, la Figure III.5‐4‐d présente le transport des moments au point P 

représentant l’arête de coupe dans le repère 1 (P, ze , e , er

). Dès  lors  que  les moments  sont  calculés  en  un  point  ayant  la même  altitude  que  le  point 

représentant  l’arête de coupe (point P)  la seule composante non nulle des moments se situe selon 

l’axe  ze

, direction parallèle à l’axe de rotation de l’outil. Ce cas particulier est du à la configuration spécifique d’usinage choisie : la coupe orthogonale. Ainsi, dans cette configuration de coupe, le seul moment qu’il sera possible d’observer sera Mez/P. Afin d’étudier les autres composantes, une étude 

en  configuration  de  coupe  oblique  sera  nécessaire.  Pour  étudier  le  moment  Mer/P,  l’angle 

d’inclinaison  d’arête  s  devra  être  différent  de  0°,  et  pour  le moment Meθ/P,  l’angle  de  direction d’arête r devra être différent de 90°. 

  

Fy

Fz

Fx

Vc =80 m.mn‐1, ap=2mm, f=0.08mm.dt‐1, γ0 = ‐6°

Fer

Feθ

Fez

Chapitre III  

 

 130 

 

Figure III.5-4 : Exemple de moments mesurés en différents points et différents repères.

Vc =80 m.mn‐1, ap=2mm, f=0.08mm.dt‐1, γ0 = ‐6°

a) 

Mx/O

My/O Mz/O

b) 

Mz/C

Mx/C

My/C

c) 

Mez/C

Mer/C

Meθ/C

d) 

Mez/P

Mer/P

Meθ/P

Mer centre fraise (Nm) 

Meθ centre fraise (Nm) 

Mez centre fraise (Nm) 

Approche expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 131 

Il  est  important  de  remarquer  que  lors  du  passage  du  repère  fixe  lié  au  dynamomètre 

0 (O, , Y, ZX

)  au  repère  tournant  lié  à  la dent 1  (P, ze , e , er

),  le moment  selon une direction 

parallèle  à  l’axe  de  rotation  de  la  fraise  ze

  change  de  signe  selon  le  repère  d’expression.  Ce changement de signe dépend de l’orientation des différents axes du référentiel d’expression. 

L’évolution  et  l’amplitude  du moment  selon ze

  sont  également  différentes  selon  le  point d’expression. Excepté à  la pointe de  la dent, ce moment  inclus aussi bien des moments provoqués par les efforts de coupe qu’un couple « pur ». L’amplitude est donc moindre lorsque ce moment est exprimé à la pointe de la dent où seuls le couple demeure. 

Enfin, l’exemple choisi (Figure III.5‐3 et Figure III.5‐4) admet des valeurs pour l’ensemble de ses composantes du  torseur d’actions de coupe parmi  les plus  faibles de  la campagne d’essais. Aussi, l’incertitude et la précision de mesure a d’autant plus d’importance lorsque le niveau de mesure est faible.  La  Figure  III.5‐3  présente  l’évolution  des  efforts  de  coupe  dans  le  repère  fixe  du 

dynamomètre, 0  (O, , Y, ZX

). L’étalonnage du dynamomètre a montré que  l’erreur de mesure  la plus importante est commise pour la composante Fy ; aussi, la valeur maximale de Fy (en norme) est de 600 N ±125 N soit 20% d’erreur. La Figure III.5‐4–a présente la mesure des moments au centre du 

dynamomètre (en O), dans le repère fixe du dynamomètre, 0 ( , Y, ZX

). L’étalonnage de la platine a 

montré que l’incertitude de mesure la plus importante est commise pour la composante Mz/O. Aussi, parmi  l’ensemble des essais  réalisés,  l’erreur maximale est commise pour un usinage où  la valeur maximale de Mz/O (en norme) est de 25 N.m ±6.3 N.m soit 25% d’erreur. Ces valeurs bien qu’élevées sont à relativiser car  l’erreur commise sera d’autant plus faible que  les grandeurs mesurées seront comprises entre  les deux tiers et  la totalité de  la pleine échelle. Par comparaison, pour un essai où les actions de coupe sont parmi les plus élevées de l’étude, les erreurs respectives selon Fy et Mz/O sont de 2250 N ±125 N.m et 80 N.m ±6.3 N.m,  soit 5.5% et 7.8% d’erreur. Ainsi,  la précision de mesure du dynamomètre utilisé sera considérée comme acceptable. 

 

III.6. Conclusion

Ce chapitre a permis de mettre en place  la démarche  théorique et  le protocole expérimental nécessaires à l’obtention de nouveaux critères énergétiques : les densités d’actions mécaniques. 

Dans un premier temps, l’étude analytique du bilan énergétique et des grandeurs le composant a permis de mettre en évidence  les paramètres à obtenir et à observer  lors des essais. L’étude des composantes du  torseur  cinématique a en particulier montré  l’intérêt de prendre en  compte des valeurs réelles par rapport aux valeurs théoriques. 

Par  la  suite,  grâce  aux  travaux  bibliographiques  et  à  une  étude  préliminaire,  les  principaux paramètres influents sur les grandeurs intervenant dans la puissance de coupe ont été sélectionnés. Cette  étude  a  mis  en  avant  le  besoin  d’une  démarche  spécifique  afin  d’obtenir  des  critères expérimentaux caractérisant les moments de coupe. Ces travaux ont également permis de choisir un mode d’usinage (rainurage) et ont aussi montré la nécessité de simplifier la configuration d’usinage afin de comprendre les phénomènes mis en jeu lors de la coupe (coupe orthogonale). 

A partir de  ces  remarques,  la démarche et  le protocole expérimental, prenant en  compte  les grandeurs instantanées, ont été détaillés et ont mis en avant les besoins techniques afin d’établir les densités d’actions de coupe et notamment les densités de moments. 

Enfin,  les premiers résultats de mesures du  torseur des actions mécaniques de coupe ont été présentés.  

Ce chapitre présente donc  l’approche expérimentale qui va être appliquée et analysée dans  le chapitre suivant. 

  

 

Chapitre IV

MODELISATION EXPERIMENTALE DU TORSEUR DES ACTIONS DE COUPE EN FRAISAGE

Ce chapitre présente la mise en place et la validation d’une démarche expérimentale

permettant d’établir une modélisation expérimentale du moment de coupe Mez/P intervenant

dans le bilan énergétique pour une opération de fraisage d’une seule arête de coupe dans

une configuration de coupe orthogonale. La modélisation du moment de coupe Mez/P est

basée sur un nouveau critère énergétique, la densité de moment, DMez/P, et la section de

copeau instantanée réelle, Acopeau(t).

Le bilan énergétique pour l’opération d’usinage retenue incluant le moment de coupe modélisé est ensuite étudié.

 

 

Chapitre IV

MODELISATION EXPERIMENTALE DU TORSEUR DES ACTIONS DE COUPE EN FRAISAGE

NOMENCLATURE ______________________________________________________________ 137 

IV.1.  INTRODUCTION _________________________________________________________ 139 

IV.2.  CALCUL DE LA SECTION DE COPEAU NON DEFORMEE INSTANTANEE REELLE139 IV.2.1.  Etude de l’évaluation de la section de copeau Acopeau (t) _______________ 139 

IV.2.2.  Calcul de la section de copeau Acopeau (t) __________________________ 145 

IV.3.  DENSITES D’ACTIONS DE COUPE _________________________________________ 146 IV.3.1.  Densités d’efforts de coupe _______________________________________ 146 IV.3.2.  Densités de moments de coupe à la pointe outil _______________________ 152 

IV.4.  MODELISATION DU MOMENT DE COUPE A LA POINTE DE L’OUTIL __________ 160 IV.4.1.  Modélisation de la section de copeau _______________________________ 160 IV.4.2.  Modélisation de la densité de moment à la pointe de l’outil, DMez/P(t) _______ 161 

IV.4.3.  Résultats de la modélisation du moment à la pointe de l’outil, Mez/P(t) ______ 170 IV.4.4.  Conclusion ____________________________________________________ 172 

IV.5.  BILAN ENERGETIQUE ____________________________________________________ 172 IV.5.1.  Résultats et analyses ____________________________________________ 173 IV.5.2.  Evaluation rapide de la puissance de coupe maximale __________________ 174 IV.5.3.  Conclusion sur le bilan énergétique _________________________________ 176 

IV.6.  CONCLUSION ___________________________________________________________ 176 

Modélisation expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 137 

Nomenclature  

a, b, c, d  Coefficient du modèle de la densité de moment DMez/P. 

ction coupe (t)A   Composante instantanée du torseur d’actions mécaniques de coupe.

copeau (t)A   Section de copeau instantanée (mm²). 

ap  Profondeur de passe (mm). 

COM Couple Outils matière [AFNOR, 1997]. 

d  Paramètre caractérisant la dispersion de points de mesure. 

D  Diamètre de l’outil. 

action de coupe (t) D   Densité d’action de coupe instantanée. 

effort  (t)i

D   Densité d’effort de coupe instantanée selon la direction i (N.m‐2). 

/Pmoment (t) iD   Densité de moment de coupe instantanée en P selon la direction i (N.m.m‐2). 

(DFi, DFj, DFk) Composantes respectives de la densité d’effort selon les directions i, j, k (N.mm‐2). 

(DMi/P, DMj/P, DMk/P) Composantes respectives de la densité de moment en P selon les directions i, j, k (N.m.mm‐2). 

iffort coupe  (t)E   Effort de coupe instantané selon la direction i (N). 

(Fi, Fj, Fk) Composantes respectives de la résultante d’action mécanique selon les directions i, j, k (N). 

f  Avance par dent (mm.dt‐1). 

fref  Avance par dent de référence (mm.dt‐1). 

ha ou ht Epaisseur de copeau (mm). 

KI  2nd terme de KMez (N.m.mm‐2). 

KM  1er terme de KMez (N.m.mm‐2). 

KMez  Coefficient spécifique du moment de coupe Mez/P (N.m.mm‐2) 

Kr, Kc  Coefficients spécifiques de coupe (N.mm‐2) 

L  Paramètre caractérisant l’étendue de points de mesure. 

mc exposant  Exposant du modèle du coefficient de coupe Kc. 

Chapitre IV  

 

 138 

(Mi/P, Mj/P, Mk/P) Composantes respectives du moment en P du torseur d’action mécanique selon les directions i, j, k (N.m). 

/Poment coupe (t) iM   Moment de coupe instantané en P selon la direction i (N.m). 

MOCN  Machine‐Outils à Commande Numérique. 

N  Fréquence de rotation de l’outil (tr.mn‐1). 

S1  S2P   Puissance mécanique dissipée entre les solides S1 et S2 (W). 

Pc  Puissance de coupe(W). 

Pe  Puissance électrique consommée durant la coupe (W). 

(PFi, PFj, PFk) Composantes respectives de la puissance de coupe issue de la composante d’effort de coupe selon les directions i, j, k (W). 

(PMi/P, PMj/P, PMk/P) Composantes respectives de la puissance de coupe issue de la composante du moment de coupe en P selon les directions i, j, k (W).

Pv  Puissance électrique consommée à vide (W). 

R  Rayon de l’outil. 

0 ( X, Y, Z

)  Repère orthonormé, fixe, lié au dynamomètre dont les directions des axes sont identiques à celles de la machine‐outils. 

1 ( r θ ze , e , e

)  Repère orthonormé, tournant, lié à la pointe de la dent. 

Vc  Vitesse de coupe (m.mn‐1). 

Vf  Vitesse d’avance (m.mn‐1). 

(Vi /P, Vj /P, Vk /P) Composantes respectives du moment cinématique en P selon les directions i, j, k (m.s‐1). 

 

 

Symboles grecs 

γ0  Angle de coupe (°). 

s  Angle de direction d’arête (°). 

ω ou ωz  Fréquence de rotation de l’outil (rd.s‐1). 

(ωi, ωj, ωk) Composantes respectives de la résultante cinématique selon les directions i, j, k (rd. s‐1). 

  

 

Modélisation expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 139 

IV.1. Introduction

’OBJECTIF de ce chapitre est de développer un modèle expérimental simple du moment de coupe. Cette modélisation sera réalisée pour une configuration de coupe orthogonale lors  d’une  opération  de  fraisage.  Le  protocole  et  la  démarche  expérimentale mis  en 

œuvre dans cette partie ont été présentés dans le chapitre précédent. La mise en place de ce modèle est en partie basée sur  l’évolution de  la section de copeau au 

cours de  l’usinage.  La modélisation de  la  section  de  copeau  est donc  primordiale pour  atteindre l’objectif fixé. Dans une première partie, une analyse du principal modèle de l’épaisseur du copeau [Martelotti,  1941  &  1945]  est  menée.  Ce  modèle  est  ensuite  confronté  à  la  détermination expérimentale de l’épaisseur et de la section de copeau. 

Par la suite, la nouvelle démarche expérimentale est appliquée aux efforts de coupe. Basées sur la section de copeau  instantanée réelle,  les densités d’efforts de coupe sont établies. Les résultats de cette approche sont comparés et analysés en  regard des modèles de coupe expérimentaux où interviennent les coefficients spécifiques de coupe. 

Ce  protocole  expérimental  est  ensuite  appliqué  au moment  de  coupe.  Un  nouveau  critère énergétique est alors développé :  la densité de moment.  La modélisation de  cette grandeur ainsi que l’étude des paramètres influents sont alors présentées. Un modèle expérimental du moment en configuration de fraisage en coupe orthogonale est alors établi à partir de ce critère. 

Enfin,  le bilan énergétique complet est ensuite étudié. La puissance de coupe estimée à partir de  la modélisation expérimentale  (efforts et moments de coupe) est confrontée à  la puissance de coupe consommée réelle.  

IV.2. Calcul de la section de copeau non déformée instantanée réelle

La section de copeau est une grandeur primordiale  lors de  la modélisation expérimentale des actions de coupe. En effet,  les efforts de coupe sont souvent directement exprimés en fonction de l’épaisseur moyenne du copeau ou de la section de copeau. L’enjeu pour la modélisation des actions de coupe est donc de déterminer ces grandeurs avec précision.  

Ainsi, une analyse des différentes approches de  l’évaluation de  l’épaisseur du copeau, et donc de la section de copeau, montre les avantages et les limites de chaque démarche. 

IV.2.1. Etude de l’évaluation de la section de copeau Acopeau (t)

Dans les cas de la coupe oblique ou 3D, la section de copeau dépend de l’épaisseur du copeau, de la profondeur de passe et des angles d’attaque r et d’inclinaison d’arête s. Cependant, dans le cadre de nos essais en configuration de coupe orthogonale,  la section de copeau est directement liée  à  l’épaisseur  du  copeau  par  la  profondeur  de  passe.  Afin  d’évaluer  la  section  de  copeau, l’épaisseur du copeau doit être estimée. 

IV.2.1.1. Calcul de l’épaisseur du copeau

Tout comme  la section de copeau,  l’épaisseur du copeau peut être abordée par une approche expérimentale ou théorique.  

IV.2.1.1.1 Modélisation de l’épaisseur du copeau

Les travaux de Martelotti [Martelotti, 1941 & 1945] proposent une approximation (trajectoire circulaire)  et  l’expression  théorique  (trajectoire  trochoïdale)  de  l’épaisseur  du  copeau,  notées respectivement  ha  et  ht  (cf.  paragraphe  I.2.3.3.2).  Afin  de  confirmer  la  plage  de  validité  de l’expression simplifiée de l’épaisseur du copeau ha, une étude a été réalisée. 

Pour ceci, les fonctions écart (équation(IV‐2‐1)) et écart relatif (équation (IV‐2‐2)) sont définies.  

L

Chapitre IV  

 

 140 

    ( ) ( ) ‐ ( )ep copeau a tEcart t h t h t .  (IV‐2‐1) 

   

( ) ( )% ( )

( )

a t

ep copeau

t

h t h tEcart t

h t.  (IV‐2‐2) 

Afin d’étudier l’évolution de ces écarts et avoir une plus grande plage de validité des résultats, le rapport (R/f) entre le rayon de l’outil et l’avance a été utilisé.  

La Figure IV.2‐1 présente l’évolution de l’écart du calcul de l’épaisseur du copeau non déformé pour des rapports R/f de 100 et 1000 en fonction de f (équation (IV‐2‐1)).  

 

Figure IV.2-1: Evolution de l’écart du calcul de l’épaisseur du copeau pour R/f=100 et R/f=1000 en fonction de l’avance f.

 

L’avance par dent  f est comprise entre 0,1 mm.dt‐1 et 1 mm.dt‐1. L’allure de  l’écart évolue de manière sinusoïdale en fonction de l’avance f. Cette évolution est directement liée à l’expression en sinus de l’épaisseur du copeau approximée ha. Pour une avance donnée, ces deux figures montrent également que les courbes sont toutes homothétiques. La Figure IV.2‐2 synthétise les évolutions de l’écart en  fonction du rapport R/f et de  l’avance. Les rapports R/f choisis varient entre 10 et 1000 pour une avance par dent f comprise entre 0,1 mm.dt‐1 et 1 mm.dt‐1. Cette plage permet d’étudier des conditions d’usinages courantes  (100<R/f<500). Des valeurs particulières  (R/f<100 et R/f>500) ont également été choisies afin d’identifier et d’amplifier les différentes tendances. Pour un rapport R/f=100,  l’erreur maximale  d’estimation  de  l’épaisseur  du  copeau  est  de  6,8.10‐4 mm  pour  une avance de 0,5 mm.dt‐1 (Figure IV.2‐1). 

f=1 mm.dt‐1

f=0,01 mm.dt‐1 

f=0,5 mm.dt‐1 

f=0,2 mm.dt‐1

f=0,1mm.dt‐1

f=1 mm.dt‐1

f=0,01 mm.dt‐1 

f=0,5 mm.dt‐1 

f=0,2 mm.dt‐1

 f=0,1 mm.dt‐1

Modélisation expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 141 

La  Figure  IV.2‐1 met  en  évidence  le  facteur  d’homothétie  lié  au  rapport  R/f.  Ainsi,  pour  un rapport R/f=1000 et une avance de 0,5 mm.dt‐1, l’erreur maximale commise est de 6,8.10‐5 mm soit dix fois moins que pour un rapport R/f=100. 

 

 

L’écart  relatif  (équation  (IV‐2‐2))  entre  l’épaisseur  du  copeau  approximée  ha  et  l’épaisseur calculée avec la trajectoire trochoïdale de la pointe de la dent ht permet de comparer l’ensemble des courbes. La Figure IV.2‐3 présente l’écart relatif pour des rapports R/f de 100 et 1000. Quelque soit l’avance retenue, l’écart relatif décroit depuis l’entrée de la matière jusqu’à la sortie de la matière. L’avance f n’a pas d’influence sur l’allure de l’écart relatif. Pour un même rapport R/f, l’ensemble des courbes sont superposées. L’écart relatif est nul pour une position angulaire proche de 90°. 

Les résultats sont uniquement valables pour une position angulaire éloignée de l’entrée et de la sortie de la matière. En effet, le calcul de l’écart relatif peut aboutir à une forme indéterminée pour les positions angulaires à 0° et 180° (division par 0). Les valeurs ne peuvent alors être garanties pour ces positions angulaires. Pour une position angulaire de  la dent éloignée de  l’entrée et de  la sortie de  la matière  (entre  5°  et  170°),  l’erreur  est  inférieure  à  0,3%  pour  R/f=100;  et  à  0,03%  pour R/f=1000. La Figure  IV.2‐4 présente  l’ensemble des courbes pour  tous  les  rapports R/f et  l’avance étudiés.  L’écart  relatif maximal  est  en  dessous  de  ±3%  et  dépend  du  rapport  R/f  dans  la  plage angulaire considérée (entre 5° et 170°) (Figure IV.2‐4). Tout comme les courbes d’écart, les courbes d’écarts relatifs sont homothétiques en fonction du rapport R/f. 

Dans  les  cas usuels d’usinage  conventionnel  et UGV  le  rapport R/f  est  compris  entre  100  et 1000. Pour une plage angulaire comprise entre 5° et 170° et en utilisant  la relation approximée de l’épaisseur du copeau ha,  l’erreur d’évaluation est  inférieure à 0,3%. Lors de  la modélisation de  la section  de  copeau,  cette  approximation  est  donc  tout  à  fait  acceptable.  Ainsi,  l’utilisation  de  la fonction d’approximation est d’autant plus appropriée  lorsque  le rapport R/f est élevé. Ceci est en accord avec l’hypothèse de départ où la trajectoire de la pointe de la dent est supposée circulaire et décalée de l’avance qui sera d’autant plus respectée que le rayon d’outil sera grand face à l’avance par dent (R>>f).  

Figure IV.2-2: Evolution de l’écart du calcul de l’épaisseur du copeau en fonction de R/f et f.

R/f=10 – f=1 mm.dt‐1

R/f=10 – f=0,5mm.dt‐1

Rapport R/f inférieurs à 10

R/f 

Chapitre IV  

 

 142 

  

 

Figure IV.2-3: Evolution de l’écart relatif du calcul de l’épaisseur du copeau pour R/f=1000 en fonction de f.

Figure IV.2-4: Evolution de l’écart relatif du calcul de l’épaisseur du copeau en fonction de R/f.

R/f=50 

R/f=10 

R/f  Rapport R/f inférieurs à 10

R/f=1000 

Toutes les courbes sont superposées 

Toutes les courbes sont superposées 

Modélisation expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 143 

IV.2.1.1.2 Evaluation expérimentale de l’épaisseur du copeau

Le calcul de la section de copeau est réalisé avec la méthode proposée dans  le chapitre III. Les données issues des codeurs linéaires et angulaires de la MOCN permettent de connaître la position de  l’outil.  La  position  réelle  de  l’arête  de  coupe  est  alors  utilisée  par  l’algorithme  de  calcul  de l’épaisseur du copeau. 

Une évaluation de l’erreur doit également être réalisée pour cette approche. Lors de la mesure d’un phénomène,  la fréquence d’acquisition,  la résolution des capteurs, etc ne donnent accès qu’à un nombre de mesures  finies. Les points constituants  la  trajectoire de  la pointe de  la dent, Mi au tour i‐1 et Pi au tour i, sont donc distants d’un pas angulaire Δθ (Figure IV.2‐5). 

Figure IV.2-5 : Approximation de l’erreur de calcul de l’épaisseur du copeau.

Afin  de  calculer  l’épaisseur  du  copeau  exacte  (équation  (IV‐2‐3)),  l’algorithme  doit  utiliser  le point idéal Mth(t) (Figure IV.2‐5). 

  ( )exacte i ither t M P

.  (IV‐2‐3) 

Cependant, le point Mth i(t) peut ne pas appartenir aux points mesurés. Lors de la minimisation 

de  l’angle  iM CP ,  le  point Mi  retenu  peut  alors  être  différent  du  point Mth i(t).  L’évaluation  de  la section de copeau sera donc altérée. La précision du calcul doit donc être estimée.  

L’erreur  réalisée  lors  du  calcul  de  la  section  de  copeau  peut  être  évaluée  en  fonction  de l’épaisseur du copeau instantanée réelle nominale Δerexacte(t), du pas angulaire Δθ entre deux points de la trajectoire de la pointe de la dent et du rayon de l’outil R. En première approximation, si le pas 

angulaire  Δθ  est  petit  devant  le  rayon  de  l’outil,  l’arc  1 2M M peut  être  assimilé  à  un  segment 

perpendiculaire par rapport à la direction instantanée d’avance  re

(Figure IV.2‐5). L’erreur maximale est commise  lorsque  le point théorique Mth i(t) nécessaire au calcul de  l’épaisseur du copeau est  le point milieu du segment  1 2M M . Dans ce cas, l’épaisseur du copeau calculée Δercalculé(t) est donnée 

par l’équation (IV‐2‐4). 

  2

2( ) ( ) ( ) .tan

2

calculé exacte exacteer er ert t R t

.  (IV‐2‐4) 

La  Figure  IV.2‐6 présente  l’évolution de  l’erreur de  calcul de  l’épaisseur  réelle de  copeau  en fonction du rapport de l’épaisseur du copeau exacte Δerexacte(t) et du pas angulaire entre deux points de mesure ( ). Pour une avance instantanée nominalement égale à 0,1 mm.dt‐1, un rayon d’outil de 50 mm, un pas angulaire   de 1° et 0,1°,  le calcul de  l’épaisseur du copeau avec  la méthode proposée  peut  être  respectivement  égal  à  0,44 mm  (soit  340%  d’erreur)  et  0,11 mm  (soit  10% d’erreur). La validité des résultats repose donc sur le pas angulaire  . Cependant, le pas doit être adapté à l’épaisseur du copeau exacte Δerexacte(t) et donc à l’avance programmée f. 

0 X

 

Y

C(t) 

M1(t) P(t) 

Rotation i‐1 

Rotation i 

Rotation i+1A 

Sens de rotation   Δθ 

_ er 

er (t) 

_ e 

Direction d’avance

M2(t)

C(t) 

M1(t)  P(t)Δθ

_ er 

_ e 

M2(t) 

er (t) 

Mth(t) θ(t) 

Chapitre IV  

 

 144 

 

Figure IV.2-6 : Evolution de l’erreur de calcul de l’épaisseur du copeau en fonction du rapport Δerexacte(t) / Δθ.

Une  seconde  vérification  consiste  à  tester  l’algorithme en utilisant des données  issues d’une trajectoire trochoïdale parfaite pour calculer l’épaisseur du copeau. Pour ceci les rapports R/f de 100 et  1000  et  un  pas  angulaire    de  0,1°  et  1°  ont  été  étudiés.  Pour  ces  tests,  une  avance programmée  théorique  de  0,1 mm.dt‐1  a  été  retenue.  La  Figure  IV.2‐7 montre  que  le  calcul  de l’épaisseur du copeau est erroné pour des positions angulaires de la dent proches de l’entrée et de la sortie de  la matière. Quelque soit  la position angulaire de  la dent, cette erreur est d’autant plus 

importante lorsque le rapport . θR

f est élevé.  

Pour une position angulaire de la dent située entre 20° et 165°, l’erreur relative sur l’épaisseur du copeau par rapport au calcul de Martelotti [Martelotti, 1941] avec une trajectoire trochoïdale est 

inférieure à 5 % et à 1% pour un rapport . θR

f respectif de 100 et 10. 

Ces  résultats  sont  en  accord  avec  les  travaux de Garnier  [Garnier,  2000a] présentés dans  le paragraphe I.2.3.3.2 du chapitre I.  

 

 

Figure IV.2-7 : Evolution de l’erreur de calcul de l’épaisseur du copeau en fonction de la position angulaire.

 

R/f ; Δθ

Modélisation expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 145 

IV.2.1.1.3 Bilan

Les deux méthodes présentées permettent d’évaluer  l’épaisseur du copeau et donc  la section de copeau. Cependant, chacune a ses limites. 

La relation approchée de  l’épaisseur du copeau ha de Martelotti [Martelotti, 1941 & 1945] est facile à mettre en œuvre.  La précision est  très bonne  (écart  inférieure à 0,5% par  rapport à une trajectoire trochoïdale) pour  les cas usuels (100 ≥ R/f ≥ 1000). Cependant, cette approximation ne prend  pas  en  compte  les  phénomènes  cinématiques  réels  (ralentissements/accélérations  de  la fréquence  de  rotation  et/ou  de  la  vitesse  d’avance).  Afin  de  s’affranchir  de  ces  phénomènes, l’évaluation de l’épaisseur du copeau peut être réalisée à partir de données permettant d’accéder à la position réelle de  la pointe de  la dent et donc à sa trajectoire réelle. Cependant, cette approche 

expérimentale est nettement moins précise selon le rapport . θR

f (Figure IV.2‐7). Toutefois, l’erreur 

peut  être  acceptable  (moins  de  5%)  pour  des  rapports . θR

f  inférieurs  à  100  et  en  excluant  les 

phases  d’entrée  et  de  sortie  de  la  matière  ( 20 ;170 ).  Afin  d’améliorer  ces  résultats,  une 

optimisation de l’algorithme permettrait d’avoir une précision accrue. Malgré  tout,  lors de  la mise en place d’une modélisation expérimentale et  selon  l’étude des 

paramètres cinématiques du chapitre précédent, la prise en compte des phénomènes cinématiques réels (ralentissements et/ou accélérations de la fréquence de rotation et/ou de la vitesse d’avance) est primordiale. Le choix de l’évaluation de l’épaisseur du copeau et donc de la section de copeau se porte donc sur la démarche expérimentale. 

IV.2.2. Calcul de la section de copeau Acopeau (t)

La démarche proposée au chapitre III est appliquée et permet de calculer la section de copeau 

non déformée instantanée réelle, Acopeau (t).  

La Figure IV.2‐8 présente les résultats de calculs pour l’épaisseur instantanée de copeau Δer(t) et 

la section de copeau instantanée réelle, Acopeau (t).  

 

Figure IV.2-8 : Exemple de calculs de l’avance radiale et de la section de copeau instantanée réelle.

Pour  ces  essais,  l’outil  tourne  dans  le  sens  anti‐trigonométrique.  La  courbe  de  er(t)  croit jusqu’à son maximum pour une position angulaire θ de la dent à ‐90° puis revient à une valeur nulle lorsque l’outil sort de  la matière (Figure IV.2‐8). La valeur de  l’avance instantanée calculée est bien égale à  l’avance par dent  f programmée quand  la pointe de  la dent est alignée avec  la direction d’avance globale de l’outil, c'est‐à‐dire quand =‐90°. De même, l’évolution de la section de copeau est identique à celle de l’avance instantanée. Dans une configuration de coupe orthogonale, celles‐ci 

Vc =80 m.mn‐1, ap=2mm, f=0.08mm.dt‐1, 0 = 0° 

Δer(t)(mm)

Acopeau(t) (mm²) 

Chapitre IV  

 

 146 

sont liées linéairement par la profondeur de passe, ap. La section de copeau Acopeau (t) atteint pour 

 =‐90° sa valeur maximale correspondant au produit de l’avance programmée et de  la profondeur de passe (f.ap). 

L’intérêt de cette démarche est que le calcul est basé sur une réflexion théorique mais s’appuie sur des données expérimentales (informations issues des codeurs) afin de s’approcher au mieux de la  réalité.  Ainsi,  les  phénomènes  non  pris  en  compte  par  les  modèles  théoriques  tels  que  les accélérations et décélérations de la fréquence de rotation de la broche et/ou de la vitesse d’avance sont désormais intégrés. 

IV.3. Densités d’actions de coupe

Associée  au  calcul  de  la  section  de  copeau,  la  mesure  du  torseur  complet  des  actions mécaniques de la fraise sur l’éprouvette permet de calculer les densités d’actions de coupe.  

L’intérêt de cette démarche est d’obtenir des grandeurs  réelles  (et non modélisées) et ceci à chaque instant. Dans un premier temps, la démarche est appliquée aux efforts de coupe et permet d’obtenir  les  densités  d’efforts.  L’étude  de  ces  critères  est  réalisée  au  travers  d’un  plan d’expériences  et  d’une  analyse  de  la  variance.  Une  comparaison  est  alors  menée  avec  les coefficients  spécifiques de  coupe utilisés dans  les modèles de  coupe expérimentaux. Par  la  suite, cette démarche est appliquée au moment de coupe. 

IV.3.1. Densités d’efforts de coupe Dans  cette partie,  les  trois  composantes de  l’effort de  coupe ont été étudiées.  Le but est de 

valider  une  démarche  expérimentale  avec  les  efforts  de  coupe  avant  d’appliquer  celle‐ci  aux moments de coupe. 

Ainsi,  le  calcul des densités d’efforts  est  réalisé pour  chaque  essai dont  les paramètres  sont détaillés dans le chapitre précédent. La Figure IV.3‐1 présente un exemple de signaux mesurés ainsi que le calcul des densités d’efforts. Ces signaux sont transportés au point correspondant à la pointe 

de la dent et exprimés dans le repère tournant 1 (P, ze , e , er

). 

IV.3.1.1. Etude expérimentale

Les  courbes  présentées  ci‐dessus  (Figure  IV.3‐1)  admettent  une  zone  stabilisée  autour  de  la position angulaire de la pointe de la dent (t) égale à ‐90° quand la section de copeau est maximale. Ainsi, une valeur moyenne de  la densité d’effort pour cette zone propre à chaque essai peut être définie. Cette valeur  correspond au  coefficient usuel appelé pression ou  coefficient  spécifique de coupe.  

Le but n’est pas de valider les nombreux travaux sur les coefficients spécifiques. L’objectif est de s’appuyer  sur  ceux‐ci afin de valider  la démarche proposée. Aussi,  le  choix d’étudier uniquement une valeur moyenne dans la zone stabilisée permet de s’affranchir des phénomènes transitoires tout en étant représentatif de l’ensemble de la zone de coupe.  

L’étude est menée au travers d’un plan d’expériences complet défini au chapitre précédent. Les paramètres de sortie du plan d’expériences, issus de moyennes des valeurs de la zone stabilisée sur plusieurs  tours  d’outils,  sont  les  efforts  de  coupe  Fer  et  Fe  et  les  deux  densités  d’efforts 

correspondantes DFer et DFeθ  . L’effort de coupe Fez selon  la direction de  l’axe de rotation  ze

 et  la 

densité d’effort DFez associée sont nuls de part  la configuration de coupe orthogonale retenue  (cf. chapitre III). 

Modélisation expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 147 

 

Figure IV.3-1 : Exemples de densités d’efforts calculées.

 

IV.3.1.1.1 Validation

La méthode des plans d’expériences [Goupy, 1997 & 2000] consiste à contrôler les paramètres influents  (ap,  f,  Vc,  0),  dans  leur  plage  de  variation  choisie,  de  façon  à  prédire  les  valeurs  des réponses (ou paramètres observés : efforts Fer , Fe et densités d’efforts DFer , DF e ) par une fonction multilinéaire de  l’ensemble des paramètres d’entrée (ap, f, Vc, 0) et de toutes  leurs  interactions. A partir d’un état quelconque des  facteurs d’entrée appartenant à  la plage étudiée,  la méthode des plans d’expériences permet de déterminer analytiquement les grandeurs de sortie (Fer , Fe , DFer , DF e).  Pour  la  zone  stabilisée,  une modélisation  des  densités  d’efforts  peut  être  obtenue  (équation (IV‐3‐1)). 

  0 0 0 0

                .    .   .   .  .  .  . C P C C P C P P

i iouT

F F M A V f a V f V a V f a f a D (IV‐3‐1) 

avec :  i =  ze , e , er

,  

  [M] matrice des valeurs moyennes des efforts Fi ou des densités d’efforts DFi,   [A] matrice des coefficients. Les  coefficients  de  ces  deux matrices  sont  liés  au matériau  et  à  l’outil  étudiés.  Leur  valeur 

évoluera en fonction de la nature du matériau usiné et de l’outil utilisé (géométrie, nuance, etc.). 

Vc =80 m.mn‐1, ap=2mm, f=0.08 mm.dt‐1, 0 = 0° 

 Entrée dans la matière  Sortie de la matière 

Usinage stabilisé 

Travail en avalant Travail en opposition 

DFez DFeθ 

DFer 

Fez 

Feθ

Fer 

Chapitre IV  

 

 148 

Par  ailleurs,  le  second  intérêt de  la méthodologie des plans d’expériences est  l’obtention du degré d’influence des facteurs et de leurs interactions sur les grandeurs étudiées. 

Par la suite, cette modélisation pourra être étendue à toute la phase de coupe comme dans les travaux de [AFNOR, 1997], [Bissey, 2005], [Garnier, 2000a & b], [Paris, 2000]. 

IV.3.1.1.1.1 Vérification de la linéarité Afin de valider cette méthode, une validation des postulats de base sur les plans d’expériences 

est nécessaire. La  linéarité de  la  réponse du modèle du plan d’expériences doit alors être vérifiée pour  chaque  réponse  calculée  (Fer  , Fe, DFer et DFe),  issue du  torseur des actions mécaniques de 

coupe  à  la  pointe  de  la  dent  (point  P)  dans  le  repère  de  coupe 1  (P, ze , e , er

).  Pour  chaque 

grandeur de sortie  (Fer  , Fe, DFer et DFe),  la  linéarité et  la  fidélité du modèle multilinéaire du plan peuvent  être  évaluées mathématiquement  par  le  ratio  entre  d  et  L  (Figure  IV.3‐2).  Le  défaut  de fidélité  lié  à  la modélisation  du  plan  d’expériences  par  rapport  aux  données  d’entrée  est  donc caractérisé par ce rapport (d/L) et le coefficient de détermination (r²) de la régression linéaire de la courbe de réponse. 

Les erreurs maximales (d/L) (Figure  IV.3‐2) pour Fer  , Fe, DFer et DFe sont répertoriées dans  le Tableau IV.3‐1.  

 

  Fer Fe D Fer D Fe

% d/L  1.41%  1.55%  0.34%  0.69% 

r² (régression linéaire)  0.99  0.99  0.99  0.99 

Tableau IV.3-1 : Vérification de la linéarité de la réponse plan pour les densités d’efforts.

Pour  l’ensemble de ces grandeurs,  l’erreur maximale commise est de 1,55%. Les  fidélités des réponses du modèle du plan d’expériences en fonction des paramètres d’entrée retenus (ap, f, Vc, 0) pour  les  efforts,  Fer  ,  Fe,  et  les densités d’efforts, DFer  et DFe, peuvent  être  considérées  comme acceptables. 

Figure IV.3-2 : Exemple de vérification de la linéarité du plan d’expériences pour les densités d’efforts.

  Une seconde vérification consiste à réaliser des « essais au centre » par rapport aux états des différents facteurs, soit l’état 0 correspondant à Vc =160 m.mn‐1, ap=3 mm, f=0,16 mm.dt‐1, 0=0°. Ces essais  sont  hors  du  plan mais  appartiennent  au  domaine  de  validité  du  plan  d’expériences.  Les résultats  de  ces  essais  sont  ensuite  confrontés  avec  la  modélisation  du  plan  d’expériences  et permettent de vérifier  la cohérence des résultats avec  les mesures. Pour ceci,  lorsque  l’avance est maximale (θ(t)=‐90°), une moyenne sur quatre tours de Fer , Fe, DFer et DFe est réalisée. Le Tableau IV.3‐2 présente l’écart entre la réponse du modèle et les résultats des essais « au centre ». 

 

Modélisation expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 149 

  Fer Fe D Fer D Fe

% Erreur modèle / essais au centre 

‐5.86%  1.29%  9.06%  7.78% 

Tableau IV.3-2 : Réponse du plan par rapport aux essais au centre pour les efforts et densités d’efforts.

Ainsi, concernant les efforts de coupe radial et tangentiel, Fer et Fe, l’erreur de la modélisation est acceptable. Dans ce cadre, les efforts de coupe Fer et Fe, peuvent être modélisés avec précision et  fidélité  par  une  relation multilinéaire  faisant  intervenir  les  paramètres  d’entrée  (ap,  f,  Vc,  0). Concernant  l’effort Fez et  la densité d’effort axial DFez , aucune conclusion ne peut être donnée. En 

effet, la configuration de l’usinage (arête de coupe alignée avec l’axe  ze

) implique que l’effort axial 

Fez  soit  théoriquement  nul  et  par  définition,  la  densité  d’effort  de  coupe  correspondante  DFez également. Les valeurs mesurées confirment cette remarque (Figure IV.3‐1). 

Pour  les  densités  d’efforts  DFer,  DFe,  le  test  de  linéarité  montre  que  la  modélisation multilinéaire  du  plan  en  fonction  des  paramètres  d’entrée  retenus  (ap,  f,  Vc,  0)  est  fidèle  aux données ayant permis  l’établissement du modèle. Cependant,  l’erreur par  rapport aux essais « au centre » indique que le modèle du plan d’expériences n’est pas complètement adapté pour toute la plage étudiée des paramètres d’entrée (ap, f, Vc, 0). 

Le contrôle de la linéarité et les essais au centre permettent de vérifier que la réponse du plan est  fidèle  aux  données  d’entrée.  Les modélisations  fournies  par  le  plan  d’expériences  sont  donc exploitables pour les efforts de coupe mais ne le sont pas complètement pour les densités d’efforts de coupe. 

IV.3.1.1.1.2 Répétabilité Afin de vérifier la répétabilité des moyens d’essais et des résultats, les essais aux centres ont été 

triplés. Les valeurs étudiées pour chaque essai « au centre »  sont des moyennes  sur quatre  tours d’outils lorsque l’avance est maximale. L’écart maximum entre la « moyenne » de chaque essai « au centre » et  la moyenne globale des  trois essais « au centre » est alors calculé à partir de données 

exprimées  à  la  pointe  de  la  dent  dans  repère  tournant  lié  à  la  dent 1  (P, ze , e , er

).  Ainsi,  le Tableau IV.3‐3 présente l’écart extrême de ces calculs. 

 

  Fer Fe D Fer D Fe

Ecart max  0.6 N  6.8 N  2.8 N.mm‐²  12.8 N.mm‐² 

% Ecart max  0.06%  0.72%  0.13%  0.64% 

Tableau IV.3-3 : Vérification de la répétabilité des essais pour les efforts et densités d’efforts.

Les résultats obtenus mettent en avant une bonne reproductibilité des mesures et des calculs. Le protocole expérimental  (mesures, acquisitions, etc.) mis en place permet d’assurer une bonne répétabilité des essais. 

IV.3.1.1.2 Analyse de la variance

L’analyse  de  la  variance  est  prépondérante  dans  l’interprétation  d’un  plan  d’expériences [Poirier, 1992 &  1993].  La  technique  du  plan  d’expériences  permet  non  seulement  d’établir  une modélisation multilinéaire mais aussi d’évaluer l’influence des paramètres choisis (ap, f, Vc, 0) sur les sorties étudiées (Fer  , Fe, DFer  , DFe). Cependant,  il est nécessaire de déterminer si  l’influence d’un facteur ou d’une  interaction détectée par  le plan d’expériences est due à sa variabilité même ou à une influence significative de la grandeur étudiée. L’analyse de la variance est une étude statistique qui permet de valider le plan d’expériences [Poirier, 1993] (cf. annexes A.IV.1). 

Chapitre IV  

 

 150 

Le Tableau IV.3‐4 présente les résultats de l’analyse de la variance pour les différents facteurs et leurs interactions.  

 

Analyse de la variance avec simple entrée 

 Facteurs 

Paramètres observés 

  Fer  Feθ  D Fer  D Feθ 

A

R

V

Vc  0.15  0.98  0.34  21.71 

f  7.44  16.65  36.15  5.54 

ap  11.00  6.04  0.01  0.07 

γ0  1.79  0.12  4.50  0.82  

Analyse de la variance avec double entrée 

 Facteurs 

Paramètres observés 

  Fer Fe D Fer D Fe

A

R

V

Vc‐f  0.026  0.26  0.02  3.66 

Vc‐ap  0.026  0.14  6,3.10‐4  6,8.10‐4 

Vc‐γ0  2.10‐4  0.02  2,3.10‐4  0.63 

f‐ap  2.96  7.01  0.03  4,4.10‐3 

f‐γ0  0.41  0.07  2.66  2,5.10‐6 

ap‐γ0  0.60  0.04  0.04  0.04 

Tableau IV.3-4 : Résultats de l’analyse des variances pour les efforts et les densités d’efforts.

Le Tableau IV.3‐5 donne les seuils de probabilité d’erreur admissibles couramment utilisés à 1% et  5%.  Les  seuils  de  probabilité  pour  l’analyse  des  facteurs  (simple  entrée)  et  l’analyse  des interactions  (double  entrée)  sont  différents  car  les  degrés  de  liberté,  dépendant  du  nombre  de mesures, du nombre d’états des facteurs ou de leurs interactions, sont différents [Poirier, 1993]. 

L’analyse des résultats du Tableau  IV.3‐4 et du Tableau  IV.3‐5 permettent de conclure que  les seuls facteurs pouvant être pris en compte pour les efforts de coupe Fer et Fe sont l’avance par dent f (seuils respectifs à 5% et 1%) et  la profondeur de passe ap (seuils respectifs à 1% et 5%). Pour  la densité d’effort  radial DFer,  le  facteur à pendre en  compte est  l’avance par dent avec une erreur 

probable au seuil de 1%. Pour la densité d’effort de coupe DFe, seules la vitesse de coupe Vc (seuil à 1%) et l’avance par dent f (seuil à 5%) peuvent être considérées. 

 

Seuils pour l’analyse de la variance 

simple entrée  double entrée 

Probabilité à 1%  8.86  9.33 

Probabilité à 5%  4.60  4.75 

Tableau IV.3-5 : Seuils obtenus avec la loi de Fisher-Snedecor pour l’analyse de la variance.

IV.3.1.1.3 Analyses

L’étude par la technique des plans d’expériences, lorsque sa validité est vérifiée, permet de lier par  un  modèle  multilinéaire  analytique  les  paramètres  d’entrée  (cinématiques,  ap,  f,  Vc,  et géométrique, 0) aux paramètres de sortie (Fer , Fe , DFer , DFe). Cette méthode permet également de donner  l’influence  de  chaque  paramètre  d’entrée  et  de  leurs  interactions  sur  les  paramètres  de sorties étudiés. Malgré tout, une analyse de la variance est nécessaire. En effet, cette étude permet de vérifier si  l’influence des facteurs d’entrée et de  leurs  interactions est  liée à  leurs changements 

Modélisation expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 151 

d’état ou à leurs variations intrinsèques. L’ensemble de ces résultats est répertorié dans le Tableau IV.3‐6. 

 Résultats du plan d’expériences      Résultats de l’analyse de la 

variance     Paramètres observés   

    Fer Fe D Fer  D Fe     

Facteurs  Vc  4.57%  ‐11.69%  9.02%  ­39.04%   

Valeurs barrées  Non significatives (variation intrinsèque) selon l’analyse de la 

variance. 

f  26.13%  33.66%  ­49.41%  ­26.67%   ap  29.43%  25.07%  ‐1.63%  ‐3.69%   0  ‐14.95%  ‐4.18%  ‐28.71%  ‐11.82%   

Interactions 

Vc ‐f  1.67%  ‐4.14%  ‐1.21%  7.97%   Vc ‐ ap  1.55%  ‐3.88%  ‐0.42%  ‐0.74%   Vc ‐ 0  ‐0.17%  1.93%  ‐0.22%  6.47%   

f ‐ ap  9.10%  10.93%  1.54%  0.81%   

f ‐ 0  ‐5.94%  ‐2.31%  4.69%  0.02%   

ap ‐ 0  ‐6.49%  ‐2.23%  ‐3.15%  ‐2.76%   

Tableau IV.3-6 : Degrés d’influence des différents facteurs sur les efforts et les densités d’efforts.

Ce  plan  d’expériences  associé  à  l’analyse  de  la  variance  permet  de  présenter  les  résultats suivants :  Pour l’effort radial, Fer , et l’effort de coupe, Fe, les principaux facteurs sont l’avance par dent, f 

et  la profondeur de passe, ap. Les effets de  la vitesse de coupe, Vc, et de  l’angle de coupe, γ0, ainsi que des  interactions ont été exclus par  l’analyse de  la variance. En effet,  leur prise en compte n’est pas exclue mais engendre un risque d’erreur supérieur à 5%. 

L’effort Fez et la densité d’effort axial DFez n’ont pas été étudiés car la configuration d’usinage 

retenue lors des essais (coupe orthogonale) n’engendre aucune sollicitation selon l’axe  ze

Pour les densités d’efforts radial DFer et de coupe DFe, l’étude montre que la réponse du plan d’expériences n’évolue pas complètement de manière  linéaire (erreur ≈ 10% par rapport aux essais au centre) en fonction des paramètres choisis (ap, f, Vc, 0) (Tableau IV.3‐2).  

  Les principaux facteurs sont l’avance par dent, f et la vitesse de coupe, Vc. Les effets des autres facteurs ont  été  exclus par  l’analyse de  la  variance. Bien qu’en  accord  avec  les  travaux de [Cheng, 1997], l’effet de la vitesse de coupe Vc sur les densités d’actions de coupe (DFer, DFe) n’est que très rarement pris en compte dans les modèles de coupe expérimentaux.  

Cet effet peut dépendre de  l’influence de  la vitesse de coupe Vc sur  les efforts de coupe (Fer, Fe) et sur la section de copeau (Acopeau). La méthodologie du Couple Outil‐Matière (COM) 

[AFNOR, 1997]  permet  de  désigner  une  zone  où  l’influence  de  la  vitesse  de  coupe  est négligeable sur les efforts de coupe. Malgré le choix d’une plage de vitesse de coupe dans la gamme proposée par le fabriquant de la plaquette, une partie peut être en dehors de la zone d’utilisation du COM. Cette dépendance entre efforts et vitesse de coupe peut être due à un adoucissement  thermique  de  la  matière  lorsque  la  vitesse  de  coupe  augmente [Kountanya, 2009]. 

L’épaisseur et  la section de copeau peuvent également dépendre de  la vitesse de coupe. En  fonction  de  la  vitesse  de  coupe,  la  morphologie,  la  segmentation  du  copeau  et  ses caractéristiques géométriques et mécaniques évoluent [Dolinsek, 2004].  

Ainsi,  les principaux paramètres  influents  (f, Vc, γ0) sur  la densité d’effort de coupe, DFe, ont bien été mis en évidence par la démarche proposée. Les singularités ont pu être expliquées à partir des conditions d’essais et/ou de recherches bibliographiques. 

Chapitre IV  

 

 152 

Dans  les modèles  de  coupe  empiriques  [AFNOR,  1997],  [Bissey, 2005],  [Garnier, 2000a & b], [Lee, 1996], [Paris, 2000], les efforts de coupe (Fer, Fe) sont exprimés linéairement en fonction d’un coefficient expérimental (pression ou coefficient spécifique de coupe) ainsi que de l’avance par dent, f,  et  de  la  profondeur  de  passe,  ap.  Cette  étude  est  donc  en  accord  avec  ces  travaux. Dans  ces modèles,  la pression spécifique de coupe  (correspondant dans ces  travaux à  la densité d’effort de coupe, DFe) est exprimée et corrigée en  fonction des valeurs de  l’avance par dent,  f, et dans une moindre mesure en fonction de l’angle de coupe, 0. Ainsi, l’influence de l’avance par dent, f, a bien été confirmée par ces travaux. Cependant, l’angle de coupe, 0, bien que mis en évidence par le plan d’expériences  a  été  exclu  par  l’analyse  de  la  variance  (risque  d’erreur  supérieur  à  5%).  Pour réellement prendre  en  compte ou  exclure définitivement  ce  facteur, des  essais  complémentaires seraient nécessaires. Le but étant de valider une démarche, ce dernier point ne sera pas approfondi. 

Enfin, malgré les résultats du plan d’expériences, les interactions entre les facteurs influençant les densités d’efforts ont été exclues à partir de l’analyse de la variance (risque d’erreur supérieur à 5%).  Cependant,  ces  interactions  s’expliquent  en  remarquant  que  ce  sont  des  combinaisons  de facteurs très  influents (avance par dent f et angle de coupe γ0) avec d’autres facteurs. Malgré tout, ces interactions n’auraient pu être retenues pour un modèle expérimental car leur degré d’influence est moindre par rapport à celui des facteurs (Tableau IV.3‐6). 

IV.3.1.2. Conclusion

Les  expériences menées  lors  de  cette  étude  s’inscrivent  dans  la  compréhension  et  dans  la modélisation des phénomènes de  coupe en  fraisage. Dans  ce but, une démarche  fiable doit être établie. 

Pour  ceci,  une méthode  originale  de  calcul  de  la  section  de  copeau  est  utilisée.  Ce  calcul s’appuie  sur  des  données  expérimentales  afin  de  s’approcher  au  mieux  de  la  réalité.  Ainsi,  la variation des paramètres  cinématiques  est prise  en  compte.  L’intérêt  est de  connaître  la  section réelle de copeau non déformé à tout instant lors de l’usinage. Les densités d’efforts (DFer, DFe) sont alors calculées à tout instant et non uniquement dans une position particulière de l’outil. 

Par ailleurs, ces essais ont mis en évidence une dépendance des efforts de coupe (Fer , Feθ) et des densités d’efforts (DFer, DFe) avec les paramètres principaux (f, Vc, γ0) intervenant dans les modèles de  coupe  expérimentaux  [AFNOR,  1997],  [Bissey,  2005],  [Garnier, 2000a & b],  [Lee,  1996], [Paris, 2000]. La modélisation de  l’effort radial Fer et de  l’effort de coupe Feθ devra donc s’appuyer 

sur ces résultats. Par conséquent,  la section  instantanée réelle de copeau non déformé, Acopeau

(t), 

les  densités  d’efforts  radial DFer  et  de  coupe DFe  seront  respectivement  les  paramètres  à  partir desquels seront exprimés linéairement les efforts de coupe (Fer et Fe ).

Ainsi, les travaux présentés confirment les modélisations de l’effort de coupe. La démarche et le protocole  expérimental  sont  alors  validés.  Cette  méthodologie  peut  donc  être  utilisée  pour développer une modélisation expérimentale des moments de coupe. 

IV.3.2. Densités de moments de coupe à la pointe outil Dans cette partie,  la démarche exposée précédemment est appliquée aux moments de coupe. 

L’étude se concentre sur le torseur des actions mécaniques de coupe de l’outil sur la pièce exprimé 

au point P, représentant la zone d’usinage, et dans le repère de coupe 1 (P, ze , e , er

). Les  remarques émises dans  le chapitre  III ont montré que  la seule composante non nulle des 

moments exprimés au point représentant l’arête de coupe, point P, est selon l’axe  ze

. Ce moment 

est noté Mez/P. Ce cas particulier est dû à la configuration spécifique d’usinage choisie. Afin d’étudier les  autres  composantes  du  moment  de  coupe  au  point  représentant  l’arête  de  coupe,  la configuration  d’usinage  devra  être  plus  complexe  (exemple :  la  coupe  oblique).  Ainsi,  un  angle d’inclinaison  d’arête  s  non  nul  permettrait  d’étudier  le moment Mr/P,  et  pour  le moment Mθ/P, l’angle  direction  d’arête  r  devrait  être  différent  de  90°.  Par  conséquent,  toutes  les  grandeurs 

Modélisation expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 153 

dépendant  des moments  de  coupe  nuls  le  seront  également. Ainsi,  la  seule  densité  de moment pouvant  être  étudiée  et  correspondant  au moment Mez/P  est  la  densité  de moment  DMez/P  (cf. chapitre III). 

IV.3.2.1. Moment de coupe à la pointe outil, Mez/P

Pour  établir  ce nouveau  critère  énergétique,  le moment de  coupe  est mesuré  en utilisant  la procédure décrite dans  le chapitre précédent. Pour  l’ensemble des essais  réalisés,  la Figure  IV.3‐3 présente les moments Mez/P au point représentant l’arête de coupe, point P, dans le repère tournant 

lié à la dent 1 (P, ze , e , er

) (cf. paragraphe III.2).  

 

Figure IV.3-3 : Evolution des moments Mez/P dans 1 (P, ze , e , er

).

A partir de l’allure globale des faisceaux de courbes, deux zones particulières se distinguent. La première  zone  correspond  au maximum  de  la  courbe  (point )  pour  une  position  angulaire  de l’arête de coupe comprise entre ‐45° et ‐60°. Dans cette plage le moment est maximum, ainsi la part énergétique des moments de coupe sera également la plus importante. 

En considérant la position angulaire θ où la section de copeau est maximale (i.e. θ=‐90°) comme référence,  la  seconde  zone  est  symétrique par  rapport  à  la première  zone. Dans  cette deuxième partie,  145 ; 165 ,  les  courbes  présentent  un  changement  brusque  d’allure  (point ).  La 

coupe se déroule différemment selon la zone dans laquelle se situe l’arête de coupe. Lorsque l’outil coupe la matière, les paramètres cinématiques changent à chaque instant de part les mouvements de  l’outil  ou  de  la  matière  usinée.  Cela  a  pour  conséquence  une  variation  des  paramètres cinématiques  à  l’interface  outil/copeau  et  donc  sur  la  formation  du  copeau  (déformation,  loi  de frottement, température,…), [Fontaine, 2006], [Johnson, 1993], [Laheurte, 2004]. 

Plus globalement,  les moments de coupe à  la pointe outil (en P) peuvent être classés en deux catégories en fonction de la vitesse de coupe (Figure IV.3‐4).  

Travail en avalant Travail en opposition

Zone 1  Zone 2

ap, f, γ0

Chapitre IV  

 

 154 

Figure IV.3-4 : Allure des familles des moments Mez/P dans 1 (P, ze , e , er

).  

Ces deux allures confirment l’influence des phénomènes présents à l’interface outils/copeau, et notamment  par  les  paramètres  cinématiques,  sur  la  formation  du  copeau.  En  effet,  la  vitesse d’écoulement du copeau, c’est à dire la vitesse de glissement du copeau par rapport à la plaquette, est directement liée à la vitesse de coupe. Or cette vitesse intervient directement dans l’expression des  coefficients  des  lois  de  frottement  [Nuninger,  2006],  des  déformations,  des  vitesses  de déformations  ce  qui  justifie  son  influence  sur  la  formation  du  copeau  [Johnson,  1993]. L’augmentation  de  la  vitesse  de  coupe  provoque  un  adoucissement  thermique  de  la  matière entrainant  la  diminution  des  efforts  de  coupe  [Kountanya, 2009].  Au  niveau macroscopique,  la dépendance entre les efforts et la vitesse de coupe a également été démontrée par la méthodologie du  Couple Outil‐Matière  (COM)  [AFNOR, 1997].  Par  analogie  avec  les  efforts  de  coupe  et  en  se basant sur la Figure IV.3‐3 et la Figure IV.3‐4, la vitesse de coupe semble être un facteur primordial sur l’évolution et le comportement du moment de coupe. 

IV.3.2.2. Densités de moments à la pointe outil

La  densité  de moment  est  le  rapport  instantané  entre  chaque  composante  du moment  de coupe exprimé à  la pointe de  la dent  (en P) et  la  section de  copeau  (cf.  chapitre  III). Cependant, comme ces grandeurs dépendent des moments de coupe, seule  l’étude de  la densité de moment DMez/P est menée. L’ensemble des courbes des densités de moments DMez/P au point représentant 

l’arête de coupe, point P, dans le repère tournant lié à la dent 1 (P, ze , e , er

) est présenté sur la Figure IV.3‐5. 

A partir des  remarques sur  les moments de coupe en P,  les densités de moments calculées à partir  de  ces  grandeurs  vont  donc  être  également  influencées  par  les  paramètres  cinématiques. 

Comme pour le moment Mez/P exprimé en P et dans le repère tournant lié à la dent 1 (P, ze , e , er

), 

les densités de moments DMez/P peuvent être classées en deux catégories (Figure IV.3‐6). Les  courbes  présentées  sur  la  Figure  IV.3‐6 peuvent  se décomposer  en  trois parties  selon  la 

position angulaire de l’arête de coupe durant l’usinage (soit un demi‐tour). La  première  partie  correspond  à  une  position  angulaire  de  l’arête  de  coupe  où  θ 0;‐45° . 

Dans cette zone, les deux catégories de densités de moments sont similaires entre elles. Leur allure est également similaire aux densités d’efforts pour une plage angulaire identique.  

Dans  la  deuxième  partie  correspondant  à  la  partie  principale  d’usinage,  θ ‐45°; ‐120° ,  les 

densités de moments décroissent « lentement » quelque soit la catégorie. Ce comportement diffère de  celui  des  densités  d’efforts. Dans  cette  plage  angulaire,  les  densités  d’efforts  admettent  une asymptote horizontale pour une valeur de la position angulaire de la dent, θ(t), proche de ‐90°. 

ap, f, γ0  ap, f, γ0  

Modélisation expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 155 

 

Figure IV.3-5 : Ensemble des résultats des densités de moments DMez/P dans 1 (P, ze , e , er

).

 

Figure IV.3-6 : Allure des familles des densités de moments DMez/P dans 1 (P, ze , e , er

).

 Enfin  pour  la  dernière  portion  angulaire  de  coupe,  θ ‐120°;‐180° ,  l’allure  des  deux 

catégories est  très différente. Pour une vitesse de  coupe élevée  (Vc=240 m.mn‐1),  les densités de moments augmentent fortement d’une manière similaire aux densités d’efforts ; alors que pour les vitesses de coupe plus faibles (Vc =80 m.mn‐1), les densités continuent leur décroissance. 

Dans  la  plage  angulaire  où  θ ‐160°;‐180° ,  tout  comme  θ 0°;‐20° ,  une  tendance  est 

difficile à donner. Dans ces plages angulaires,  les valeurs de  la section de copeau et  les moments deviennent proche de zéro ainsi le calcul de la densité de moment entraine des divergences (forme mathématique indéterminée). 

ap, f, γ0  ap, f, γ0  

ap, f, γ0

Chapitre IV  

 

 156 

Deux  remarques  peuvent  être  faites.  Tout  d’abord  les  plages  pour  lesquelles  les moments changent  de  comportement  correspondent  également  à  celles  où  l’évolution  des  densités  de moments change également. Enfin si l’on considère une plage de position angulaire  θ ‐20°;‐120° , 

les deux catégories de densités de moments ont une allure similaire. Cette plage angulaire est très intéressante car elle correspond à une zone où les valeurs des moments à la pointe de la dent sont les  plus  élevés  ( θ ‐45°;‐65° ).  Cette  plage  est  également  suffisamment  large  pour  couvrir  les 

positions  angulaires  pour  lesquelles  la  puissance  de  coupe  issue  des  moments  de  coupe  est maximale ( θ ‐45°;‐65° ) ainsi que celle issue des efforts de coupe (θ ‐90° ).Un bilan énergétique 

global peut être réalisé en incluant l’ensemble des actions de coupe (efforts et moments à la pointe de  la  dent).  La  contribution  de  chacune  des  composantes  peut  être  estimée  dans  la  plage  où  la puissance  de  coupe  consommée  est  maximale  ( θ ‐50°;‐100° ).  Cette  puissance  de  coupe 

consommée résulte de la puissance nécessaire à la déformation de la matière (zone de cisaillement primaire) et de la puissance dissipée aux interfaces outil/copeau liée aux conditions tribologiques. 

IV.3.2.3. Etude expérimentale

La  démarche  utilisée  pour  les  efforts  de  coupe  est  ici  appliquée  au moment  de  coupe Mez/P 

exprimé à la pointe de la dent (point P) dans le repère de coupe 1 (P, ze , e , er

), et à la densité de 

moment DMez/P. Une analyse des paramètres cinématiques et géométriques  (ap,  f, Vc, 0) est alors réalisée  pour Mez/P  et DMez/P  au  travers  d’un  plan  d’expériences  complet  et  d’une  analyse  de  la 

variance. Les valeurs de Mez/P et de DMez/P  introduites dans  le plan d’expériences sont  issues de  la moyenne sur plusieurs points de mesures autour d’une position angulaire de la pointe de la dent (t) égale  à  ‐90°  (identique  à  celle  utilisée  pour  les  efforts  et  les  densités  d’efforts).  Les  plages  des paramètres d’entrée (ap, f, Vc, 0) et les conditions d’essais restent identiques à celles utilisées pour les efforts et densités d’efforts. 

L’objectif  est  ici de mettre  en  évidence  les principaux paramètres  influençant  le moment de coupe Mez/P et la densité de moment DMez/P. 

IV.3.2.3.1 Vérification de la linéarité du plan d’expériences

Avant  d’exploiter  les  résultats  fournis  par  le  plan  d’expériences,  les  hypothèses  de  cette méthode  doivent  être  vérifiées.  Cette  vérification  consiste  à  évaluer  la  linéarité  de  la  réponse fournie par le plan d’expériences par rapport aux données d’entrée. 

La linéarité et la fidélité du modèle multilinéaire du plan sont évaluées par le rapport (d/L) et le coefficient de détermination (r²) de  la régression  linéaire (cf. paragraphe  IV.3.1.1.1.1) de  la courbe de réponse de chaque grandeur de sortie (Mez/P, DMez/P). 

De  la même manière que pour  les efforts et  les densités d’efforts (paragraphe  IV.3.1.1.1.1),  la Figure II.3‐7 présente la réponse modélisée du plan en fonction de la réponse mesurée.  

La fidélité de la réponse des modèles du plan d’expériences pour le moment Mez/P et la densité 

d’effort DMez/P en fonction des paramètres d’entrée retenus (ap, f, Vc, 0) peuvent être considérées comme  acceptables. En effet,  les erreurs maximales  (d/L) pour Mez/P et DMez/P  sont  faibles et  les coefficients de détermination sont proches de l’unité (Tableau IV.3‐7).  

 

  Mez /P D Mez /P

% d/L  3.62%  1.19% 

r² (régression linéaire)  0.996  0.999 

Tableau IV.3-7 : Vérification de la linéarité de la réponse plan pour Mez/P et DMez/P.  

Modélisation expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 157 

La seconde vérification consiste à réaliser une comparaison entre  la réponse du modèle et  les résultats des essais « au centre » (Vc=160 m.mn‐1, ap=3 mm, f=0,16 mm.dt‐1, 0=0°). Le Tableau IV.3‐8 présente  l’erreur maximale parmi  les trois essais « au centre » réalisés. Cette comparaison permet d’évaluer la précision du modèle multilinéaire obtenu par la méthode des plans d’expériences.  

 

  Mez /P DMez /P

% Erreur modèle / essais au centre  ‐15.50%  4.02% 

Tableau IV.3-8 : Vérification de la réponse du plan par rapport aux essais au centre pour Mez/P et DMez/P.

 

Figure IV.3-7 : Vérification de la linéarité du plan d’expériences pour Mez/P et DMez/P.

Ces résultats montrent que  la modélisation est acceptable pour  la densité de moment DMez/P . 

Cependant,  l’erreur  concernant  le  moment  Mez/P  est  non  négligeable  et  confirme  l’étude préliminaire du chapitre III.  

A partir de ces remarques, une modélisation multilinéaire du moment Mez/P n’est pas adaptée. 

Cependant,  une  modélisation  de  la  densité  de  moment  DMez/P  directement  issue  du  plan d’expériences pourrait être envisagée. Or,  le but est de proposer une modélisation expérimentale suffisamment  générale  pour  être  appliquée  et  étendue  à  d’autres  couples  outil‐matière  ou opérations  de  coupe.  L’objectif  est  également  de  comprendre  les  phénomènes mis  en  jeu.  Un modèle mathématique  de  type  « boite  noire »  obtenu  par  un  plan  d’expériences  n’est  donc  pas adapté à la modélisation envisagée. 

Chapitre IV  

 

 158 

IV.3.2.3.2 Répétabilité

Afin de vérifier la répétabilité des moyens d’essais et des résultats, les essais aux centres ont été triplés. Pour chaque essai « au centre » des moyennes sur quatre tours d’outils lorsque l’avance est maximale ont été calculées. Par  la suite, ces résultats ont été comparés à  la moyenne globale des essais « au  centre ».  Le Tableau  IV.3‐9 présente  l’écart maximum parmi  ces  calculs. Ces  résultats permettent de  conclure  sur une bonne  répétabilité du protocole pour  l’obtention du moment de coupe Mez/P et de la densité de moment DMez/P. 

 

  Mez /P DMez /P

Ecart max  0.002 N.m  0.01 N.m.mm‐² 

% Ecart max  0.05%  0.11% 

Tableau IV.3-9 : Vérification de la répétabilité des essais pour Mez/P et DMez/P.

IV.3.2.3.3 Analyse de la variance

Une analyse de  la  variance a été  réalisée en utilisant une démarche  identique aux efforts et densités  d’efforts  de  coupe.  Le  Tableau  IV.3‐10  présente  les  résultats  de  cette  étude  pour  les différents  facteurs et  leurs  interactions.  Les  seuils de probabilité d’erreur admissibles à 1% et 5% sont identiques à ceux du Tableau IV.3‐5. 

 

Analyse de la variance avec simple entrée 

 Facteurs 

Paramètres observés 

  Mez/P DMez/P

A

R

V

Vc  15.28  18.77 

f  0.89  5.35 

ap  3.37  7,34.10‐4 

γ0  1.26  1.18 

 

Analyse de la variance avec double entrée 

 Facteurs 

Paramètres observés 

  Mez/P DMez/P

A

R

V

Vc‐f  1.04  5.78 

Vc‐ap  2.45  0.02 

Vc‐γ0  0.55  0.52 

f‐ap  0.11  1,87.10‐4 

f‐γ0  0.09  0.09 

ap‐γ0  0.30  0.03 

Tableau IV.3-10 : Résultats de l’analyse des variances pour Mez/P et DMez/P.

L’analyse des résultats montre que le seul facteur pouvant être retenu pour le moment Mez/P est la vitesse de coupe Vc avec un degré de confiance à 99%. Ainsi, cela confirme les observations faites dans  le paragraphe IV.3.2.1. Pour  la densité de moment DMez/ P,  les facteurs vitesse de coupe Vc et avance  par  dent  f  ainsi  que  l’interaction  vitesse  de  coupe  Vc  ‐  avance  par  dent  f  sont  les  seuls paramètres qui peuvent être considérés au seuil à 1%.  

Modélisation expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 159 

IV.3.2.3.4 Analyses

Le plan d’expériences et l’analyse de la variance permettent de montrer que le seul paramètre caractérisant  réellement  le  moment  de  coupe  Mez/P  est  la  vitesse  de  coupe  Vc  Cette  dernière 

remarque  est  cohérente  avec  les  différentes  évolutions  observées  des moments  de  coupe Mez/P 

lorsque la vitesse de coupe Vc change d’état. Pour la densité de moment DMez/P, les facteurs les plus influents  (Tableau  IV.3‐11) pouvant être pris en compte avec une probabilité d’erreur  inférieure à 1%  sont  dans  un  ordre  décroissant  la  vitesse  de  coupe  Vc  et  l’avance  par  dent  f  mais  aussi l’interaction  vitesse  de  coupe Vc  ‐  avance  par  dent  f.  Ces  résultats  confirment  que  la  densité  de moment DMez/P est fortement  influencée par  les paramètres cinématiques. Malgré sa décroissance 

dans  la  zone  centrale  de  coupe,  l’évolution  de  la  densité  de  moment  DMez/P,  est  globalement similaire  à  celle  des  densités  d’efforts. Or,  l’évolution  et  l’expression  des  densités  d’efforts  sont dépendantes  de  l’avance  par  dent  f.  La  similitude  d’évolution  entre  les  densités  d’efforts  et  la densité de moment corroborent l’influence de l’avance par dent f sur la densité de moment DMez/P. 

Enfin, la combinaison des deux facteurs très influents (vitesse de coupe Vc et avance par dent f) justifie  que  leur  interaction  soit  prépondérante  sur  la  densité  de moment DMez/P.  Cependant,  le degré d’influence de cette  interaction est environ un tiers moindre que celui des facteurs (Tableau IV.3‐11). Aussi, dans un premier temps, cette interaction peut être négligée dans une modélisation expérimentale. 

 

Résultats du plan d’expériences  

  Résultats de l’analyse de la variance 

    Paramètres observés      

    Mez/P  DMez/P     

Facteurs  Vc  28.57%  36.68%     

f  9.67%  ­25.48%   

Valeurs barrées  Non significatives (variation intrinsèque) selon l’analyse de la variance. 

ap  17.42%  ‐0.35%   0  ‐11.39%  ‐13.52%   

Interactions 

Vc ‐f  7.24%  ­10.73%   Vc ‐ ap  8.68%  ‐1.35%   Vc ‐ 0  ‐5.19%  ‐5.83%   f ‐ ap  3.27%  0.16%   f ‐ 0  ‐3.30%  3.39%   ap ‐ 0  ‐5.27%  ‐2.49%   

Tableau IV.3-11 : Degrés d’influence des différents facteurs sur Mez/P et DMez/P.

IV.3.2.4. Conclusion

Cette  étude  s’inscrit  dans  la  compréhension  des  phénomènes  et  dans  la  modélisation  du moment de coupe en  fraisage pour une configuration de coupe orthogonale. Ainsi, ces essais ont mis en évidence une dépendance des moments de coupe Mez/P à  la vitesse de coupe Vc, et pour  la 

densité de moment DMez/P  à  la  vitesse de  coupe Vc  et  l’avance  par dent  f.  La modélisation de  la 

densité de moment DMez/P devra donc prendre en compte cette dépendance ou avoir un domaine de validité suffisamment large pour que ces variations soient acceptées par le modèle. Par la suite, le moment de coupe Mez/P pourra être exprimé en fonction de la densité de moment DMez/P et de la 

section de copeau Acopeau(t). Cette  étude  présente  donc  les  bases  pour  développer  une  modélisation  expérimentale  du 

moment de coupe Mez/P dans une configuration de coupe orthogonale. 

Chapitre IV  

 

 160 

IV.4. Modélisation du moment de coupe à la pointe de l’outil

Le choix d’étudier une configuration d’usinage en coupe orthogonale a permis de s’intéresser uniquement aux phénomènes de  coupe. En  contrepartie,  cette  configuration permet uniquement 

d’étudier  le moment  de  coupe  à  la  pointe  de  la  dent  selon  l’axe  de  rotation  de  l’outil  ze

  (cf. paragraphe  IV.3.2.1  et  Figure  IV.4‐1). A partir des  remarques  et  analyses précédentes,  l’équation (IV‐4‐1) présente la modélisation retenue pour le moment de coupe au point représentant l’arête de 

coupe, point P, dans  le  repère  tournant  lié à  la dent 1  (P, ze , e , er

) dans une  configuration de coupe orthogonale en fraisage. 

/P /Pez (t)  ez (t)  copeau (t)=  . M DM A .  (IV‐4‐1) 

Ce modèle doit être fidèle et représentatif du moment de coupe réel Mez/P pour une plage de positions angulaires de l’arête de coupe θ(t) suffisamment large. Ainsi la plage minimale requise doit 

contenir la valeur maximale du moment de coupe Mez /P (θ~‐45°), de l’effort de coupe (θ~‐90°) et de la puissance consommée (θ~‐80°). Par ailleurs, les problèmes de calculs pour la densité de moment mènent  à  émettre  des  réserves  pour  les  plages  angulaires  où  θ 0°;‐20°   et  θ ‐160°;‐180° . 

L’attention  s’est  alors  portée  sur  le  développement  d’un  modèle  pouvant  convenir  aux  deux catégories de moments et contenant  les zones primordiales de  la coupe (θ~‐45, θ~‐80° et θ~‐90°). Pour ceci, une attention particulière a été accordée aux positions angulaires de l’arête de coupe θ(t) comprises entre ‐20° et ‐120° où l’ensemble des densités de moments a une évolution similaire. 

 

Figure IV.4-1 : Configuration de la modélisation du moment Mez /P en coupe orthogonale.

Afin d’évaluer  le moment de coupe Mez /P(t),  la densité de moment correspondante DMez/P(t) 

et la section de copeau Acopeau (t) doivent être déterminées quelque soit la position angulaire dans 

la  plage  retenue.  La  détermination  de  ces  deux  grandeurs  est  détaillée  dans  les  paragraphes suivants.  

IV.4.1. Modélisation de la section de copeau Les  différentes  modélisations  expérimentales  des  efforts  de  coupe  s’accordent  sur  la 

dépendance des efforts de coupe à  la section de copeau. Par conséquent,  l’étude de  la section de copeau  a  fait  l’objet  de  nombreux  travaux,  son  évaluation  et  sa  modélisation  sont  donc  bien maitrisées. 

Dans  le cas du  fraisage en coupe orthogonale,  la modélisation de  la section de copeau Acopeau retenue est définie par l’équation (IV‐4‐2). 

Z

 

X

Y

P

Ze

ap 

ω  Plaquette 

Copeau

Axe outil

θe

 re

 

θ 

Vf 

Modélisation expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 161 

(t) =  (t) . pcopeau er aA .  (IV‐4‐2) 

La difficulté est  ici d’obtenir  l’avance  radiale  instantanée  (er). En première approximation,  la formulation simplifiée (équation (I‐2‐18)) de [Martelotti, 1941 & 1945] peut être utilisée. 

Pour obtenir plus de précision, l’avance radiale instantanée er(t) devra être évaluée à partir de la trajectoire réelle trochoïdale de la pointe de la dent (équation (I‐2‐19)) [Martelotti, 1941 & 1945]. Cependant, malgré  l’utilisation de  la trajectoire théorique, un écart pourra subsister entre  l’avance instantanée réelle et théorique. En effet, cette relation obtenue à partir de  la trajectoire théorique ne  prend  pas  en  compte  les  phénomènes  cinématiques  réels  (ralentissements/accélérations  de l’outil,  etc.,  cf.  chapitre  III  paragraphe  III.2.2).  Ces  phénomènes  sont  difficiles  à modéliser  et  à intégrer  afin  qu’ils  soient  adaptés  à  tout  type  de  machine‐outil.  Le  respect  des  consignes d’asservissement  de  position  et  de  vitesse  est  directement  lié  à  la  capacité  de  la  commande numérique de  la machine‐outil mais  également  à  sa puissance  lui permettant de  répondre  à  ces commandes.  Le  cas  échéant,  une modélisation  de  la  réponse  de  l’asservissement  pour  chaque machine‐outils utilisée et chacun de ses axes de mobilité sera nécessaire. 

Quelque soit  l’approximation,  le modèle ou  le moyen utilisé pour évaluer  l’avance  instantanée radiale (et donc la section de copeau), un compromis entre le degré d’approximation de celle‐ci par rapport à la précision souhaitée devra être trouvé. 

IV.4.2. Modélisation de la densité de moment à la pointe de l’outil, DMez/P(t)

Contrairement à l’étude de la section de copeau, la modélisation expérimentale de la densité de 

moment DMez/P(t) et des moments de  coupe est émergente. Cette partie est donc délicate mais 

cruciale. En effet, la qualité du modèle final du moment de coupe Mez /P(t) dépend principalement 

de la modélisation de la densité de moment DMez/P(t). 

IV.4.2.1. Modélisation

Dans les précédents paragraphes, l’influence de la vitesse de coupe et de l’avance par dent sur 

l’évolution  de  la  densité  de  moment  DMez/P(t)  a  été  démontrée  (cf.  paragraphe  IV.3.2.2).  Ces observations ont été réalisées à partir de valeurs moyennes  lorsque  la position de  l’outil θ(t) est à ‐90° et non sur toute la plage angulaire. L’intérêt se situe dans la simplification de l’identification des paramètres  influents.  Par  la  suite,  les  conclusions  émises  seront  utilisées  afin  de  proposer  une modélisation globale et non uniquement pour une seule position angulaire de  l’arête de coupe. La 

modélisation de  la densité de moment DMez/P(t) doit donc prendre en compte  l’effet de  l’avance 

par dent f et les deux types de comportement observés du moment de coupe Mez/P dus à la vitesse de coupe Vc. 

Une  première  difficulté  est  l’évaluation  de  la  densité  de moment DMez/P  pour  une  position angulaire θ(t) proche de l’entrée ou de la sortie de la matière. Dans ces plages angulaires, les valeurs 

de la section de copeau Acopeau (t) et des moments Mez/P sont proches de zéro. Par conséquent, le 

calcul  de  la  densité  de  moment  DMez/P(t)  est  délicat  et  peu  représentatif.  La  validité  de  la modélisation proposée par  la  suite exclue donc  ces  zones. Par ailleurs, une attention particulière 

sera accordée à ce que la fidélité et la précision de la modélisation de la densité de moment DMez/P soit suffisante pour une plage angulaire de  l’arête de coupe θ(t) comprise entre  ‐20° et  ‐120°. Les 

valeurs maximales du moment de coupe Mez /P (θ~‐45°) mais également de l’effort de coupe Fe (θ~‐90°) et de la puissance consommée (θ~‐80°) se situent dans cette zone. 

Au  début  de  l’usinage,  θ 0;‐45° ,  les  deux  familles  de  densité  de  moment  évoluent  de 

manière identique et décroissent très rapidement. Cette évolution est similaire à celle des densités 

Chapitre IV  

 

 162 

d’efforts. Ainsi, dans cette partie,  le comportement de  la densité de moment DMez/P  (t) peut être modélisé par une expression similaire à celle des densités d’efforts. 

Dans  la  zone  centrale  d’usinage,  θ 45°; 120 ,  les  deux  familles  de  densité  de moment 

DMez/P  (Figure  IV.3‐6)  décroissent  de manière  plus  linéaire.  Ce  comportement  est  différent  des densités  d’efforts.  La modélisation  devra  prendre  en  compte  cette  particularité  au  travers  d’un coefficient. Cette évolution traduit les mécanismes complexes qui se déroulent lors de la formation du copeau dans la zone de cisaillement primaire et secondaire (cf. chapitre I paragraphe I.2.1.2). En fraisage,  les  conditions  de  coupe  varient  tout  au  long  de  l’usinage.  Dans  une  configuration  de fraisage en coupe orthogonale, les deux principaux paramètres macroscopiques qui évoluent durant un demi‐tour de  l’outil  sont  l’avance  radiale  instantanée  (Δer(t)) et  le vecteur vitesse exprimé à  la pointe de  la dent. Ce vecteur vitesse est  la composition de  la vitesse de coupe Vc et de  la vitesse d’avance Vf  (Figure  IV.4‐2). Cette  composition des  vitesses évolue en norme et en orientation au cours de l’usinage (Figure IV.4‐3). 

 

Figure IV.4-2 : Vecteur vitesse à la pointe de la dent.

Figure IV.4-3 : Exemple de vecteur vitesse à la pointe de la dent, évolution de la norme et de l’orientation.

La vitesse entre  l’outil et  la pièce évolue  lors de  l’usinage et agit sur  la  formation du copeau. Cette vitesse est un paramètre primordial car elle a une influence très importante sur les moments de coupe (cf.IV.3.2.1). Lors de la formation du copeau, cette vitesse est directement liée à la vitesse de  cisaillement dans  la  zone de  cisaillement  primaire  [Johnson, 1993],  [Laheurte, 2004]. De plus, cette vitesse est également liée à la vitesse de glissement à l’interface outil/copeau. Par conséquent, les  conditions  de  frottement  entre  l’outil  et  la matière  [Nuninger, 2006]  évoluent  au  cours  de l’usinage. L’influence de la vitesse dans les zones de cisaillement et de frottement intense modifie la 

Vc=80 m.mn‐1, ap=4 mm, f=0.24 mm.dt‐1, γ0= ‐6°

fV

 

Z

 

X

 

Y

Ze

Plaquette 

Copeau 

Axe outil re

 

α

CV

 

P, Outil /PièceV

θ 

ω 

Modélisation expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 163 

déformation  de  matière  et  donc  la  formation  et  l’écoulement  du  copeau.  Les  phénomènes  et grandeurs  agissant  sur  la  formation  du  copeau,  telles  que  les  déformations,  les  vitesses  de déformation,  la  température,  la distribution de pression ou  encore  les  conditions  tribologiques  à l’interface outil/copeau sont autant de paramètres qui sont également affectés par la variation des paramètres macroscopiques (et en particulier par la vitesse) [Johnson, 1993], [Laheurte, 2004]. Ces grandeurs  étant  couplées  entre  elles,  il  est  difficile  de  les  lier  aux  paramètres macroscopiques (géométriques et  cinématiques). Ces phénomènes  complexes  varient en  fonction des paramètres macroscopiques  et  semblent  provoquer  la  décroissance  régulière  du moment  de  coupe  dans  la partie centrale de  l’usinage  θ ‐45°; 120 . Cette zone semble caractériser  les « moments purs » 

de  coupe.  Cependant,  des  études  approfondies  devront  être  menées  afin  de  valider  cette hypothèse. Cette partie de la modélisation est donc délicate à évaluer aussi bien d’un point de vue macroscopique que mésoscopique. En effet,  les modèles  thermomécaniques actuels,  reposant sur les  lois  de  comportement  comme  celle  de  Johnson‐Cook  [Johnson, 1993],  ne  traduisent  pas  ces phénomènes et les déformations observées dans le copeau [Laheurte, 2004]. Afin de mieux traduire le  cas  des  grandes  déformations  (prenant  en  compte  les  aspects  thermiques,  visqueux,  la déformation  élastique  et  plastique,  l’endommagement  du  matériau,  etc.),  la  théorie  du  second gradient [Gurtin, 2005a & b], [Laheurte, 2004] ou [Lele, 2009] (Figure IV.4‐4) est une alternative qui doit  être  développée.  Ces  études  montrent  ainsi  la  nécessité  de  prendre  en  compte  ces phénomènes  complexes non négligeables notamment dans  le  cas de grandes déformations et de grandes vitesses de déformation.  

 

 

Figure IV.4-4 : Illustration de la théorie du second gradient.

Enfin, dans la zone proche de la sortie de la matière,  θ 120 ; 180 , les deux familles ont un 

comportement différent. Dans  cette  zone,  il  est difficile de  s’adapter  aux deux  familles. Dans un premier  temps,  la modélisation  pourra  être moins  représentative  dans  cette  zone.  En  effet,  les moments y sont minimum et leur influence sur la puissance consommée est moindre. 

A partir de ces remarques et afin de traduire l’évolution de la densité de moment, deux termes seront  employés  pour  prendre  en  compte  respectivement  l’évolution  du  début  de  l’usinage, 

θ 0;‐45° , et de la partie centrale,  θ 45°; 120 . Dans une configuration de fraisage en coupe 

orthogonale,  la modélisation proposée pour  la densité de moment de  coupe DMez/P  (t)  au point 

représentant  l’arête de coupe, point P, dans  le  repère  tournant  lié à  la dent 1  (P, ze , e , er

) est fonction de deux grandeurs, KMez(t) et KI(t) (équation (IV‐4‐3)). 

Théorie classique  (1er gradient de déformation) 

Théorie du 2nd gradient de déformation 

Avant 

déform

ation 

Après 

déform

ation 

Théorie des couples de contraintes 

[Germain, 1973], [Lemaitre, 1998] 

[Laheurte, 2004] [Gurtin, 2005a & b] 

[Lele, 2009] 

[Cosserat, 1896]

Chapitre IV  

 

 164 

ez (t)/P

=  ( ) ( )Mez IK t K tDM .  (IV‐4‐3) 

KMez(t) représente  la première partie du comportement de  la densité de moment. Ainsi KMez(t) est directement lié à l’avance instantanée, Δer(t) (équation (IV‐4‐4)). 

( ) . ( ) d

Mez erK t c t .  (IV‐4‐4) 

Avec c et d des constantes caractérisant le couple outil/matière et dépendantes des conditions de  coupe.  Cette  partie  du  modèle  est  similaire  à  celle  des  densités  d’efforts  (ou  coefficients spécifiques  de  coupe)  [AFNOR,  1997],  [Bissey,  2005],  [Garnier, 2000a & b],  [Lee,  1996], [Paris, 2000]. 

La  seconde partie du modèle KI(t)  représente  la partie uniformément décroissante. Ce  terme représente  les phénomènes complexes présents  lors de  la formation du copeau (Figure  IV.4‐5). Ce coefficient sera exprimé par une fonction linéaire décroissante de pente a en fonction de la position angulaire de l’outil θ. 

IV.4.2.2. Détermination des variables du modèle de la densité de moment DMez/P

Cette partie présente la méthode d’identification des variables intervenant dans la modélisation 

de la densité de moment DMez/P.  La  démarche  se  déroule  en  deux  étapes.  La  première  consiste  à  identifier  les  variables  du 

coefficient KI(t) et la seconde celles du coefficient KMez(t). Dans la plage  θ ‐45°; 120  (Figure IV.3‐6), le coefficient KI(t) est linéairement lié à la position 

angulaire de la pointe de la dent θ(t) quelque soit la famille de densités de moments DMez/P. Ainsi, 

une régression linéaire est réalisée sur cette partie de la courbe de la densité de moment DMez/P(t) en  fonction  la  position  angulaire  de  la  pointe  de  la  dent,  θ(t).  Deux  grandeurs  sont  alors déterminées :  la pente, a, et  l’ordonnée à  l’origine, b. Afin d’être plus représentative,  la régression linéaire est réalisée pour cinq tours consécutifs lorsque l’outil est dans la matière. 

Par  la suite,  la densité de moment DMez/P(t) « initiale » est corrigée en  fonction de  la position 

angulaire de la dent, θ(t) (Figure IV.4‐5). L’évolution de la densité de moment DMez/P(t) « corrigée » est alors similaire à celle des densités d’efforts (Figure IV.4‐6). 

Figure IV.4-5 : Illustration de la correction de DMez/P en fonction de θ(t).

 

a.θ+b  ‐a.θ 

DMez/P initial  DMez/P corrigée 

θ  θ θ

Modélisation expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 165 

Figure IV.4-6 : Exemples d’identification des variables du modèle de la densité de moment DMez/P.

La  deuxième  phase  consiste  à  déterminer  les  paramètres  du  coefficient  KMez(t).  La détermination  de  ces  paramètres  est  similaire  à  celle  des  densités  d’efforts.  L’expression  du coefficient KMez(t) est une  fonction puissance  faisant  intervenir  l’avance  instantanée  radiale, Δer(t). 

Vc= 80 m.mn‐1, γ0=‐6°, f = 0.08 mm.dt‐1, ap= 2 mm  Vc= 240 m.mn‐1, γ0=‐6°, f= 0.08 mm.dt‐1, ap= 2 mm 

Sélection de la zone de régression 

Passage en bi logarithmique 

Correction de la densité de moment DMez/P Coefficients a, b  Coefficients a, b 

Coefficients c, d

b

dc 

Chapitre IV  

 

 166 

Pour cette  régression,  l’ensemble de  la phase d’usinage est considérée  ( θ 0 ; 180 )  (équation 

(IV‐4‐4)).  Les  variables  de  cette  partie  du  modèle  seront  établies  à  partir  de  la  courbe bi logarithmique de  la densité de moment DMez/P(t)  corrigée  en  fonction de  l’avance  instantanée radiale,  Δer(t).  Puis,  une  régression  linéaire  de  la  courbe  obtenue  est  réalisée  et  permet  de déterminer  la pente, d, et  l’ordonnée à  l’origine, c. De  la même manière que  la première phase,  la régression linéaire est réalisée pour cinq tours consécutifs de l’outil. 

Pour  les deux  familles de densités de moments,  la Figure  IV.4‐6 présente des exemples de  la démarche permettant d’établir les coefficients intervenants dans le modèle retenu. L’ensemble des paramètres de  la modélisation de  la densité de moment DMez/P est présenté en annexes  IV.4.2. Le Tableau IV.4‐1 présente une synthèse de ces résultats. 

 

Paramètres  Variables du paramètre KI(t)  Variables du paramètre KMez(t)  DMez/P 

Vc  f  ap  γ0 Coefficients de la régression 

linéaire de : DMez/P (t)=f(θ(t))* 

Coefficients de la régression linéaire de: 

Ln DMez/P corrigée (t)=f(Ln Δer(t))*  θ≈‐90° 

Maxim

um 

Θє]‐40° ;‐60°[ 

(m.m

n‐1) 

(mm.dt‐1) 

(mm) 

(°) 

Coefficient a (N.m.m‐2.° ‐1) 

Coefficient b(N.m.m‐2) 

r² Coefficient Ln c 

Coefficient d r²  (N.m.mm‐2)

Valeur minimale  73913  9976009  0.64 ‐0.490  15.617  0.40  1.9  5.0 

Valeur moyennes  124028  21935093  0.83 ‐0.355  16.066  0.75  10.5  14.0 

Valeur maximale  195981  42990303  0.98 ‐0.155  16.564  0.96  25.0  27.9 

* : Densités de moments en N.m.m‐2, θ(t) en degrés (°), Δer(t) en mm   

Tableau IV.4-1 : Résultats de l’identification des variables du modèle de la densité de moment DMez/P.

IV.4.2.3. Analyse des régressions

Les  différents  coefficients  du modèle  (a,  b,  c,  d)  de  la  densité  de moment  retenue  ont  été calculés à partir des essais réalisés. Cependant, ces paramètres peuvent également être  influencés par  les paramètres  géométriques  et  cinématiques  (ap,  f, Vc,  0). Ces  effets ont  été  étudiés par  la méthode des plans d’expériences.  Le but n’est pas d’établir une modélisation  expérimentale des coefficients du modèle de la densité de moment. L’objectif est d’identifier les facteurs influents sur les coefficients de la modélisation de DMez/P. 

IV.4.2.3.1 Validation

Dans un premier  temps,  les hypothèses de  la méthode des plans d’expériences doivent être contrôlées. La linéarité et la fidélité du modèle multilinéaire du plan sont vérifiées (rapport (d/L) et coefficient  de  détermination  (r²),  cf.  paragraphe  IV.3.1.1.1.1). De  la même manière  que  pour  les efforts et densités d’efforts, la Figure IV.4‐7 présente la réponse modélisée du plan en fonction de la réponse mesurée. Le ratio d/L caractérise la linéarité de la modélisation.  

Le Tableau IV.4‐2 présente les erreurs maximales (d/L) et les coefficients de détermination (r²). A partir de ces résultats, la fidélité de  la réponse du modèle du plan d’expériences en fonction des paramètres  d’entrée  retenus  (ap,  f, Vc,  0)  pour  les  coefficients  du modèle  de  la  densité  d’effort DMez/P peut être considérée comme acceptable. 

Le Tableau IV.4‐3 présente la seconde validation du plan d’expériences. La réponse du modèle et  les  résultats des  essais « au  centre »  sont  alors  comparés. Par  conséquent,  contrairement  aux autres paramètres du modèle  (b, c, d),  le coefficient a ne peut pas être modélisé par une relation multilinéaire  des  paramètres  géométriques  et  cinématiques  (ap,  f, Vc,  0).  En  effet,  l’erreur  de  la modélisation  est  acceptable  pour  les  coefficients  b,  c  et  d.  Cependant,  l’erreur  concernant  le 

Modélisation expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 167 

coefficient a est non négligeable. Par conséquent, une extrapolation des valeurs de ce coefficient en utilisant  la  relation multilinéaire  obtenue  par  le  plan  d’expériences  et  ceci même  dans  la  plage étudiée n’est donc pas réaliste.  

Figure IV.4-7 : Vérification de la linéarité du plan d’expériences pour les coefficients du modèle de DMez/P.

 

 Coefficients de la régression linéaire 

de :    DMez/P (t)=f(θ(t)) Coefficients de la régression linéaire de:

Ln DMez/P corrigée (t)=f(Ln Δer(t)) 

 Pente, a  Ordonnée à 

l’origine, b Pente, d Ordonnée à 

l’origine, c 

% d/L  5.37%  2.74%  5.52%  0.40% 

r² (régression linéaire)  0.996  0.998  0.997  0.999 

Tableau IV.4-2 : Vérification de la linéarité de la réponse plan pour les coefficients du modèle de DMez/P.

 

 Coefficients de la régression linéaire 

de :  DMez/P (t)=f(θ(t)) 

Coefficients de la régression linéaire de: 

Ln DMez/P corrigée (t)=f(Ln Δer(t)) 

 Pente, a  Ordonnée à 

l’origine, b Pente, d Ordonnée à 

l’origine, c 

% Erreur modèle / essais au centre 

22.67%  8.35%  ‐3.16%  ‐0.12% 

Tableau IV.4-3 : Réponse du plan par rapport aux essais au centre pour les coefficients du modèle de DMez/P.  

Chapitre IV  

 

 168 

IV.4.2.3.2 Analyse de la variance

Le Tableau IV.4‐4 présente les résultats de l’analyse de la variance pour les différents facteurs et leurs  interactions. Les seuils de probabilité d’erreur admissibles à 1% et 5% sont  identiques à ceux du Tableau IV.3‐5. 

Les seuls paramètres pouvant être pris en compte avec un risque d’erreur  inférieur à 1% sont l’avance par dent f et l’angle de coupe γ0 pour le coefficient a, la vitesse de coupe Vc et l’avance par dent f pour les coefficients b et d; enfin, l’angle de coupe γ0 pour le coefficient c. 

Cette analyse montre également qu’aucune interaction n’est à prendre en compte. Cette étude des coefficients permet de mettre en évidence les liens entre les coefficients (a, b, 

c, d) du modèle  retenu pour  la densité de moment DMez/P avec  les paramètres géométriques et cinématiques étudiés (ap, f, Vc, 0) (Tableau IV.4‐5). 

 Analyse de la variance avec simple entrée 

 

Facteurs 

Paramètres observés 

 Coefficients de la régression linéaire 

de : DMez/P (t)=f(θ(t)) Coefficients de la régression linéaire 

de : DMez/P (t)=f(θ(t)) 

  Pente, a Ordonnée à l’origine, b 

Pente, d Ordonnée à l’origine, c 

A

R

V

V  

Vc  0.20  7.74  15.42  2.90 

f  7.77  8.57  4.64  0.48 

ap  1.34  0.19  0.32  0.92 

γ0  9.16  3.05  1.71  26.16 

 Analyse de la variance avec double entrée 

 

Facteurs 

Paramètres observés 

 Coefficients de la régression linéaire 

de : DMez/P (t)=f(θ(t)) Coefficients de la régression linéaire de: Ln DMez/P corrigée (t)=f(Ln Δer(t)) 

  Pente, a Ordonnée à l’origine, b 

Pente, d Ordonnée à l’origine, c 

A

R

V

V  

Vc‐f  0.17  1.01  2.90  5.2.10‐4 

Vc‐ap  0.37  0.09  0.13  0.14 

Vc‐γ0  0.47  0.72  0.07  0.22 

f‐ap  0.20  0.05  2.7.10‐3  0.02 

f‐γ0  0.82  0.18  0.05  0.07 

ap‐γ0  0.01  0.01  0.03  0.61 

Tableau IV.4-4 : Résultats de l’analyse des variances pour les coefficients du modèle de DMez/P.

IV.4.2.3.3 Conclusion

Cette étude montre que les coefficients b, c et d intervenant dans la modélisation de la densité 

de moment DMez/P sont linéairement dépendant des facteurs retenus (ap, f, Vc, 0).  Le plan d’expériences associé à  l’analyse de  la variance permet également de mettre en avant 

les  paramètres  influents  pour  tous  les  paramètres  étudiés  (Tableau  IV.4‐5).  Les  facteurs prédominants pour le coefficient a sont l’angle de coupe γ0 et l’avance par dent f. La vitesse de coupe Vc et l’avance par dent f ont des effets comparables sur les coefficients b et d. Enfin, le coefficient c dépend fortement de l’angle de coupe γ0. 

La partie de la modélisation où interviennent les coefficients c et d est semblable aux modèles expérimentaux des densités d’efforts de coupe (ou coefficients spécifiques de coupe). Ainsi, pour une 

Modélisation expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 169 

modélisation  identique,  l’analyse  de  la  densité  d’effort  de  coupe DFe  par  un  plan  d’expériences associé à une analyse de la variance a été menée en parallèle. Le coefficient mc intervenant dans la modélisation de la densité d’effort de coupe [AFNOR, 1997] et le coefficient d présent dans le terme KMez(t) ont des facteurs influents identiques avec des effets comparables. Cette remarque confirme 

donc une évolution similaire de  la partie KMez(t) du modèle de  la densité de moment DMez/P avec 

DFe. Résultats du plan d’expériences    Résultats de l’analyse de la variance 

Param

ètres 

observés 

 Coefficients de la 

régression linéaire de : DMez/P (t)=f(θ(t)) 

Coefficients de la régression linéaire de:Ln DMez/P cor (t)=f(Ln Δer(t))

  

  

  Pente, a  Coef., b  Pente, d  Coef., c  

  

 

Facteu

rs  Vc  ‐5.21%  26.10%  ­33.82%  20.62%   

Valeurs barrées  Non significatives (variation 

intrinsèque) selon l’analyse de la variance. 

f  ‐26.10%  ­26.96%  23.32%  9.04%   

ap  ‐12.90%  ‐5.05%  ‐6.96%  ‐12.35%   

0  ­27.48%  ‐18.50%  ‐15.40%  ‐40.16%   

Interactions 

Vc ‐f  4.05%  ‐6.28%  ‐9.82%  0.29%   

Vc ‐ ap  ‐7.13%  ‐3.02%  ‐3.22%  ‐4.61%   

Vc ‐ 0  ‐6.52%  ‐7.11%  2.13%  ‐2.82%   

f ‐ ap  4.16%  2.21%  ‐0.60%  2.11%   

f ‐ 0  5.51%  3.55%  ‐2.48%  ‐2.12%   

ap ‐ 0  ‐0.94%  ‐1.22%  ‐2.26%  ‐5.88%   

Tableau IV.4-5 : Degrés d’influence des différents facteurs sur les coefficients du modèle de DMez/P.

IV.4.2.4. Conclusion sur la modélisation de la densité de moment

L’étude et  l’analyse de  la densité de moment DMez/P à  la pointe de  la dent dans  le repère de 

coupe 1 (P, ze , e , er

) ont été présentées dans cette partie. Une modélisation expérimentale de ce critère  énergétique  est  établie.  Ce modèle  est  composé  de  deux  parties,  KMez(t)  et  KI(t),  afin  de 

décrire le comportement des deux familles de densité de moment DMez/P et du moment de coupe 

Mez/P à la pointe de la dent dans le repère de coupe 1 (P, ze , e , er

). La première partie KMez(t) est  similaire à celle des densités d’efforts de coupe  (ou coefficients 

spécifiques  de  coupe).  Ce  terme  traduit  la  décroissance  rapide  de  la  densité  de moment  lors  de l’entrée  et de  la  sortie  de  la matière. Cette partie peut  être  interprétée  dans un  premier  temps comme la contribution des différentes composantes des efforts de coupe participant au moment de 

coupe. Le second membre KI(t) représente la décroissance de la densité de moment DMez/P dans la 

zone centrale d’usinage ( θ ‐45°; 120 ). Cette évolution diffère des densités d’efforts de coupe. 

Ce  terme semble être  représentatif et directement  liée aux « couple de coupe purs ». Cependant, une  étude  plus  approfondie  devra  être  menée  afin  de  valider  les  interprétations  de  ces  deux coefficients. 

Chaque  partie  du modèle  est  composée  de  deux  coefficients.  Une  étude  de  l’influence  des paramètres cinématiques et géométriques (ap, f, Vc, 0) sur ces quatre coefficients a été menée. Les  facteurs  influents  (vitesse de coupe Vc et avance par dent  f) sur  le coefficient d, composant  le premier  membre  de  KMez(t),  sont  identiques  à  ceux  des  densités  d’efforts  et  ont  des  degrés d’influence comparables. Le second coefficient c de cette partie est fortement influencé par l’angle de  coupe  γ0.  Cette  partie  du  modèle  de  la  densité  de  moment  possède  des  sensibilités  aux paramètres cinématiques et géométriques identiques aux densités d’efforts. 

Chapitre IV  

 

 170 

Les coefficients a et b  interviennent dans  la  seconde partie, KI(t), et  semblent  traduire  l’évolution des couples de coupe « purs ». Ces termes sont directement  liés à  l’avance par dent f et  l’angle de coupe γ0 pour le premier coefficient et à la vitesse de coupe Vc et l’avance par dent f pour le second 

coefficient.  Comme  cela  a  été  démontré  pour  le  moment  de  coupe  Mez/P,  le  coefficient  b, prépondérant dans le second membre, KI(t), est directement lié aux paramètres cinématiques. Enfin, l’étude met en avant, contrairement aux coefficients b, c et d, que le coefficient a évolue de manière non linéaire en fonction des facteurs retenus (ap, f, Vc, 0). Les valeurs de ce coefficient ne pourront donc pas être estimées par une relation multilinéaire obtenue par un plan d’expériences de premier ordre. 

IV.4.3. Résultats de la modélisation du moment à la pointe de l’outil, Mez/P(t)

A partir du modèle de  la densité de moment DMez/P, cette partie présente  les résultats de  la 

modélisation  du  moment  de  coupe  Mez/P  à  la  pointe  de  la  dent  dans  le  repère  de  coupe 

1 (P, ze , e , er

). 

La Figure IV.4‐8 montre deux exemples de régression de Mez/P avec le modèle retenu. Ces deux cas illustrent les régressions pour les deux familles des densités de moments.  

 Figure IV.4-8 : Exemple de régression sur un tour de l’outil.

Pour  des  positions  angulaires  proches  de  l’entrée  et  de  la  sortie  de  la matière,  le modèle s’éloigne  des  mesures.  La  modélisation  a  été  élaborée  pour  la  zone  centrale  d’usinage, 

θ 20 ; 120 , où  le moment Mez/P et  la puissance  consommée  sont maximum.  Le modèle est 

donc plus adapté pour cette plage. Une moyenne des données réelles pour chaque point répartis sur plusieurs  tours  ayant  la même  position  angulaire  a  également  été  réalisée  afin  de  comparer  la fidélité de la modélisation par rapport aux données initiales (Figure IV.4‐9). 

Figure IV.4-9 : Exemples de régression pour des signaux moyennés.  

Vc=80 m.mn‐1, ap=4mm, f=0.24 mm.dt‐1, γ0= +6° Vc=240 m.mn‐1, ap=4mm, f=0.08 mm.dt‐1, γ0= ‐6°

Régression Moyenne des 

mesures 

Valeur maximum 

Moyenne des mesures 

Régression

Valeur maximum 

Vc=80 m.mn‐1, ap=4mm, f=0.24 mm.dt‐1, γ0= ‐6° Vc=240 m.mn‐1, ap=4mm, f=0.24 mm.dt‐1, γ0= +6°

Mesure

Régression 

Mesure 

Régression

Modélisation expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 171 

L’écart du modèle peut être évalué à partir de ce signal moyen (équations (IV‐4‐5) & (IV‐4‐6)). 

   modèle  mesuremodèle / /( ) ( ) ( )ez P ez PEcart t t t M M .  (IV‐4‐5) 

  modèle  mesure

 mesure

/ /

modèle

/

( ) ( )% ( )

( )

ez P ez P

ez P

t tEcart t

t

M MM

.  (IV‐4‐6) 

La Figure IV.4‐10 présente les écarts extrêmes pour les deux familles de moments de coupe. 

Figure IV.4-10 : Ecarts entre le modèle et les mesures initiales.

L’ensemble  des  résultats  est  disponible  en  annexe  A.IV.2.  Le  Tableau  IV.4‐6  présente  une synthèse globale et par famille. Les résultats de chaque famille (Vc=80 m.mn‐1 et 240 m.mn‐1) sont détaillés  afin  de  mettre  en  évidence  l’influence  du  changement  de  signe  pour  la  famille  où Vc=80 m.mn‐1. 

 Comparaison entre modélisation et essais

  

Pour  θ 20 ; 120  Valeur maximale

θ 45 ; 70  

 Vc 

Ecart supérieur maximum 

Ecart moyen Ecart inférieur maximum 

Mez/P  Modèle  Ecart maximum 

  (m.mn‐1) (N.m)  (%)  (N.m)  (%)  (N.m)  (%)  (N.m)  (N.m)  (%) 

Valeur minimale 

80 

0.1  6.4% ‐0.1 ‐10.6% ‐0.7 ‐167.4% 1.7  1.8  ‐8.2%

Valeur moyenne  0.3  48.1% ‐0.1 ‐5.0% ‐0.5 ‐58.2% 3.2  3.4  ‐5.4%

Valeur maximale  0.5  185.7% 0.0 ‐0.9% ‐0.2 ‐24.3% 6.8  6.8  0.2%

Valeur minimale 

240 

0.2  6.8% ‐0.1 ‐1.6% ‐1.2 ‐16.8% 3.3  3.5  ‐8.1%

Valeur moyenne  0.7  11.9% 0.0 0.5% ‐0.7 ‐11.3% 7.6  7.9  ‐4.4%

Valeur maximale  1.4  17.1% 0.2 2.3% ‐0.3 ‐7.4% 15.3  16.0  2.5%

Valeur minimale 

Global 

0.1  6.4% ‐0.1 ‐10.6% ‐1.2 ‐167.4% 1.7  1.8  ‐8.2%

Valeur moyenne  0.5  30.0% 0.0 ‐2.3% ‐0.6 ‐34.8% 5.4  5.6  ‐4.9%

Valeur maximale  1.4  185.7% 0.2 2.3% ‐0.2 ‐7.4% 15.3  16.0  2.5%

Tableau IV.4-6 : Analyse de la fidélité de la modélisation du moment de coupe Mez/P.

L’analyse de ce tableau montre des écarts maximums entre les mesures et le modèle allant de ‐167.4% à 185.7%. Dans un premier  temps, ces écarts peuvent être  interprétés par des variations brusques du niveau des signaux de mesures de Mez/P(t). Cependant, ces écarts extrêmes (en valeur absolue) sont obtenus uniquement pour une même « famille » de moment de coupe (Vc=80 m.mn‐1) lorsque  les  moments  changent  de  signe.  De  faibles  variations  rapportées  à  de  faibles  valeurs 

Vc =80 m.mn‐1, ap=2mm, f=0.24 mm.dt‐1, γ0 = +6° Vc =240 m.mn‐1, ap=4mm, f=0.08 mm.dt‐1, γ0 = ‐6°

Zone de changement de signe des mesures 

a)  b) 

Chapitre IV  

 

 172 

engendrent  des  écarts  importants  (Figure  IV.4‐10–a).  Cependant,  la  Figure  IV.4‐10  montre  que l’erreur absolue  (hormis  l’entrée et  la  sortie de  la matière) est  toutefois du même ordre pour  les deux  familles.  Le  moment  de  la  seconde  famille  ne  changeant  pas  de  signe,  l’écart  relatif  est acceptable pour  la zone privilégiée  θ 20 ; 120   (Figure  IV.4‐10–b). En outre,  la moyenne des 

écarts met en évidence que le modèle ne présente pas de décalage par rapport aux mesures (‐2.3%). La  finalité  de  cette modélisation  est  d’évaluer  la  puissance maximale  de  coupe  en  intégrant 

toutes  les composantes du  torseur d’action. Au‐delà des écarts concernant  la densité de moment DMez/P, l’erreur d’évaluation de  la valeur maximale du moment de coupe Mez/P doit également être vérifiée. Cette valeur maximale, utilisée pour  l’estimation de  la puissance maximale de coupe, est située  dans  une  plage  angulaire  θ 45 ; 70 .  L’erreur maximale  d’évaluation  du moment  de 

coupe maximum est inférieure à 8.2% quelque soit le niveau du moment Mez/P et inférieure à 5% en moyenne. 

IV.4.4. Conclusion

Un modèle  du moment  de  coupe Mez/P(t)  à  la  pointe  de  la  dent  dans  le  repère  de  coupe 

1 (P, ze , e , er

) a été développé. Il repose sur la modélisation de la section de copeau instantanée 

Acopeau  (t)  et de  la densité de moment DMez/P(t)  à  la pointe de  la dent dans  le  repère de  coupe 

1 (P, ze , e , er

). 

La modélisation  de  la  section  de  copeau Acopeau  (t)  dans  le  cas  de  la  coupe  orthogonale  en fraisage  est  basée  sur  le  calcul  de  l’épaisseur  du  copeau  proposée  par  Martelotti [Martelotti, 1941 & 1945]. Dans un premier temps, le modèle de l’épaisseur du copeau basé sur une trajectoire approchée de la trajectoire peut être utilisé. L’écart par rapport à la trajectoire théorique trochoïdale ou même réelle reste acceptable tout en proposant une mise en œuvre simple et rapide. Malgré  tout, dans des  cas  extrêmes ou pour une précision  accrue,  l’évaluation de  l’épaisseur du copeau peut être réalisée à partir de la trajectoire théorique trochoïdale [Martelotti, 1941 & 1945]. 

Le modèle de la densité de moment DMez/P(t) est composé de deux parties, KMez(t) et KI(t). La  première  partie  KMez(t),  semblable  au modèle  des  densités  d’efforts  de  coupe  (ou  coefficients spécifiques de coupe), peut être interprétée comme la part des différentes composantes des efforts de coupe participant au moment de coupe. Le  second membre KI(t) apparait  lié aux « couples de coupe purs ». Cependant, une étude plus approfondie devra être menée afin de valider  ces deux hypothèses.  

Une  étude  de  sensibilité  sur  les  coefficients  intervenant  dans  le  modèle  de  la  densité  de 

moment DMez/P(t) a également permis de déterminer les paramètres cinématiques et géométriques (ap, f, Vc, 0) influents. 

IV.5. Bilan énergétique

La maîtrise de  la puissance de coupe consommée est primordiale  lors d’opérations d’usinage dans des conditions d’ébauche. Les caractéristiques des composants (broche, moteur des axes, etc.) de  la machine‐outils utilisée doivent être adaptés à  l’usinage envisagé. D’autre part,  les conditions de coupe doivent être optimisées, notamment pour un débit matière maximum, afin de minimiser l’ensemble des actions de coupe, et donc les actions de serrage ou encore les déformations de pièce et/ou d’outil. 

L’objectif final de la modélisation du moment de coupe est de pouvoir estimer plus précisément la puissance de  coupe  consommée.  La  contribution des moments dans  le bilan énergétique peut atteindre 40% en tournage et 70% en fraisage [Cahuc, 2001], [Darnis, 2000]. 

Modélisation expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 173 

Pour  les  conditions  d’essais,  la  puissance  de  coupe  consommée  a  été  évaluée  à  partir  de  la démarche  exposée  dans  le  chapitre  III.  Par  la  suite,  la  répartition  de  celle‐ci  en  fonction  des composantes consommatrices du torseur des actions de coupe est proposée. 

Enfin,  une  démarche  d’évaluation  pratique  du  bilan  énergétique  est  présentée  à  partir  des différentes modélisations proposées. 

IV.5.1. Résultats et analyses Pour  les  conditions  de  coupe  retenues,  la  répartition  de  la  puissance maximale  consommée 

exprimée à  la pointe de  la dent, point P, dans  le repère tournant, 1 (P, ze , e , er

) a été calculée. L’ensemble des résultats est disponible en annexe A.IV.3. Le Tableau IV.5‐1 synthétise les résultats. 

 

Répartition de la puissance de coupe 

 

Puissance consommée par      ,  /r rF .Vp o P o p   

Puissance consommée 

par  ,  /θ θF .Vp o P o p  

Puissance consommée 

par  /ez ezM .ωp o o p  

Puissance de coupe totale consommée 

o pP   

(W) 

  (W) 

% par rapport à 

o pP(W) 

% par rapport à 

o pP(W) 

% par rapport à 

o pP  

Valeur minimale  ‐11  0.00%  ‐6522.9  66.30%  ‐1962.4  3.90%  ‐8496.2 

Valeur moyenne  ‐2.8  0.06%  ‐2356.3  83.88%  ‐544.7  16.01%  ‐2903.8 

Valeur extrême  ‐0.3  0.10%  ‐546.7  96.00%  ‐49.1  33.60%  ‐596.0 

Tableau IV.5-1 : Valeur et répartition de la puissance de coupe consommée.

Les  résultats  obtenus  corroborent  de  nombreux  travaux  de  la  littérature  [Aggarwal,  2008], [Mukherjee,  2006],  [Zuperl,  2003].  En  effet,  la  profondeur  de  passe  ap  et  l’avance  par  dent  f provoquent  l’augmentation des efforts de  coupe  Fer et  Fe, et par  conséquent de  la puissance de coupe  consommée. Par ailleurs,  l’augmentation de  la vitesse de  coupe Vc, directement  impliquée dans  le  bilan  énergétique,  provoque  l’augmentation  de  la  puissance  de  coupe  consommée. L’augmentation de l’angle de coupe γ0 provoque également la diminution de l’effort de coupe Fe et donc de la puissance totale consommée. 

Les  conditions  de  coupe  retenues  étant  de  type  conventionnel,  la  puissance  liée  à  l’effort d’avance Fer  reste négligeable  (~0.1%) par  rapport à  la puissance  totale de coupe consommée. La plus grosse part de  la puissance consommée reste celle due à  la  force de coupe Fe  (entre 66% et 96%).  Par  contre, bien qu’en  condition d’usinage  conventionnel,  la part de  la puissance  issue du moment de coupe varie entre 4% et près de 34%, soit jusqu’à 1/3 de la puissance de coupe totale. Ces  résultats  montrent  l’intérêt  de  prendre  en  compte  les  moments  de  coupe  dans  le  bilan énergétique. Lors d’usinage avec des conditions de coupe dites « UGV »,  la  fréquence de  rotation sera plus élevée, ainsi la part de la puissance due au moment de coupe peut devenir supérieure à la puissance due à l’effort de coupe [Cahuc, 2001], [Darnis, 2000]. 

La Figure IV.5‐1 montre l’évolution de la puissance de coupe consommée pour deux essais. Ces deux cas présentent les essais où la part de la puissance issue des moments de coupe par rapport à la puissance totale est respectivement minimale et maximale. Plus  la part de  la puissance  issue du moment de coupe (Tableau IV.5‐1) augmente, plus le maximum de la puissance totale consommée intervient  tôt  lors  de  la  rotation  de  l’outil  (θ~‐85°  à  ~‐70°).  Ce  mécanisme  est  cohérent  avec 

l’évolution du moment de coupe Mez/P(t) où le maximum se situe pour une position angulaire θ de ‐45°. 

Chapitre IV  

 

 174 

 

Figure IV.5-1 : Exemple d’évolution de la répartition de la puissance de coupe consommée.

IV.5.2. Evaluation rapide de la puissance de coupe maximale Un objectif de cette modélisation est de pouvoir être utilisé  industriellement. Par conséquent, 

tout  comme  les modèles  utilisant  les  coefficients  spécifiques  de  coupe,  la mise  en œuvre  de  ce modèle doit être aisée et rapide. 

Le  paragraphe  précédent  montre  que  la  contribution  des  moments  de  coupe  est  non négligeable  sur  la  puissance  de  coupe  consommée.  Afin  d’optimiser  au mieux  les  conditions  de coupe pour des opérations d’ébauche, la puissance de coupe doit être évaluée correctement.  

Pour  accéder  directement  à  une  valeur  approchée  de  la  puissance  consommée,  la  première approche  consiste  à  évaluer  les  efforts  et  le moment de  coupe  lorsque  la  section de  copeau  est maximale  (i.e.  θ=‐90°).  Dans  ce  cas,  la  section  de  copeau  est  facilement  accessible  et  égale  au produit  de  l’avance  f  et  de  la  profondeur  de  passe  ap.  Pour  cette  position  angulaire  de  l’outil (θ=‐90°),  la  puissance  consommée  n’est  pas  exactement  maximale  mais  légèrement  inférieure (≈5%). Cependant,  l’estimation réalisée est tout de même  très  intéressante de part  la  facilité et  la rapidité  d’obtention.  Ainsi,  à  partir  des  modélisations  expérimentales  des  forces  de  coupe [AFNOR, 1997],  [Bissey,  2005],  [Garnier, 2000a & b],  [Lee, 1996],  [Paris, 2000]  et  du  modèle proposé pour  le moment de coupe,  la puissance de coupe maximale peut être évaluée dans  le cas du fraisage en coupe orthogonale (équation (IV‐5‐1)). 

      .   . . . r f c c M z copeauMAX outil pièce K V K V K AP .  (IV‐5‐1) 

 

Les  grandeurs  cinématiques  peuvent  être  remplacées  par  leurs  valeurs  particulières  pour  la position angulaire de l’outil retenue (θ=‐90°). L’expression de la puissance maximale pour une seule arête de coupe et dans la configuration d’usinage retenue est donnée par l’équation (IV‐5‐2). 

a)  b) 

c) 

Vc=80 m.mn‐1, ap=4mm, f=0.24 mm.dt‐1, γ0= +6°

Vc=240 m.mn‐1, ap=4mm, f=0.08 mm.dt‐1, γ0= ‐6°

PFeθ

Ptot 

PMez/P PFer 

PFeθ Ptot 

PMez/P  PFer 

PFeθ 

PMez/P 

PFer

PFeθ  PMez/P 

PFer

d) 

Modélisation expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 175 

       . .

.   .   . . .60 60 30

p

cr c Mexp MAX outil piècef N V N

K K K f a

P .  (IV‐5‐2) 

 avec N, la fréquence de rotation de l’outil (tr.mn‐1), f, l’avance par dent (mm.dt‐1), D le diamètre de  l’outil  (mm),  Vc,  la  vitesse  de  coupe  (m.mn‐1),  ap  la  profondeur  de  passe  (mm),  Kr  et  Kc  les 

coefficients  spécifiques  de  coupe  selon  les  directions  er

  et  e

  (N.mm‐²),      M ezM IK K K ,  le 

coefficient global du modèle du moment de coupe selon  ze

 (N.m.mm‐²). Cependant, pour des conditions d’usinage conventionnelles, la part de la puissance liée à l’effort 

d’avance Fer reste négligeable (~0.1%), l’expression peut alors être simplifiée (équation (IV‐5‐3)). 

     .

.   . . .60 30

p

cc Mapprox MAXV N

K K f a

P .  (IV‐5‐3) 

La puissance maximale consommée peut être exprimée simplement à partir des caractéristiques macroscopiques telles que le diamètre de l’outil D et les paramètres cinématiques. 

Pour  chaque  essai,  lorsque  l’avance  instantanée  Δer(t)  est  égale  à  l’avance  par  dent  f programmée  (θ(t) ~‐90°),  les  réponses moyennes sur quatre  tours de  la densité d’effort de coupe 

DFe, du moment de coupe Mez/P et de la part de la puissance consommée par chaque composante ainsi  que  la  puissance  totale  de  coupe  ont  été  calculées  (cf.  annexes  A.IV.3).  Le  Tableau  IV.5‐2 présente une synthèse des résultats. 

 

  Réponses 

    DFeθ  Mez/P  Puissance consommée par  Puissance totale 

consommée

   Feθ Mez/P 

(N)  (N.m)  (W)  (%)  (W)  (%)  (W) 

Valeur minimale  1551  0.9  547  66.3%  49  3.9%  596 

Valeur moyenne  2143  4.0  2356  83.9%  545  16.0%  2904 

Valeur extrême  2949  12.3  6523  95.9%  1962  33.6%  8496 

Tableau IV.5-2 : Valeur des grandeurs moyennes pour l’avance instantanée maximale.

La  réponse  du modèle  et  ses  écarts  par  rapport  aux mesures  ont  été  calculés  (cf.  annexes A.IV.3). Une synthèse des résultats est présentée dans le Tableau IV.5‐3. Les écarts absolu et relatif du modèle peuvent être évalués à partir des valeurs mesurées et modélisées (équations (IV‐5‐4) et (IV‐5‐5)). 

  modèle modèle mesure( ) ( ) ( )Ecart t Réponse t Réponse t .  (IV‐5‐4) 

  modèle mesure

modèle

modèle

( ) ( )% ( )

( )

Réponse t Réponse tEcart t

Réponse t

.  (IV‐5‐5) 

L’écart entre la mesure de la puissance de coupe consommée par l’effort de coupe et le modèle reste relativement faible et inférieur à 5%. 

L’écart entre la puissance consommée par le moment de coupe et l’estimation du modèle pour l’avance instantanée Δer(t) égale à l’avance par dent f (θ(t)≈‐90°) est au maximum de 22% et atteint au plus 0.6 N.m. Une partie de  cet écart est due à  l’hypothèse  initiale. En effet,  la puissance est maximale pour  θ 65 ; 85  et non pour θ=‐90°. Malgré tout, sur  l’ensemble des essais,  l’écart 

est acceptable (3%) Enfin, l’utilisation de la modélisation expérimentale de l’effort et du moment de coupe permet 

l’évaluation de la puissance de coupe consommée totale et maximale avec une erreur maximale de 4%. 

Chapitre IV  

 

 176 

 

Comparaisons 

  Mez/P  Puissance consommée par  DFeθ . f . ap . Vc 

Puissance consommée par 

KM . ω 

Puissance de coupe totale approximée 

 approx MAXP 

Modèle (N.m

Ecart (N.m

Ecart (%) 

Modèle (W

Ecart (W) 

Ecart (%) 

Modèle (W

Ecart (W) 

Ecart (%) 

Modèle (W

Ecart (W) 

Ecart (%) 

Valeur minimale  0.9  ‐0.5  ‐22%  567  5.8  0%  47  ‐27.9 ‐22%  619  ‐2  0% 

Valeur moyenne  4.0  0.0  ‐3%  2393  36.8  2%  553  8.25  ‐3%  2946  42  2% 

Valeur extrême  12.9  0.6  6%  6572  84.3  5%  2057  94.4  6%  8628  147  4% 

Tableau IV.5-3 : Réponses du modèle et écart par rapport aux réponses mesurées ou calculées pour l’avance instantanée maximale.

IV.5.3. Conclusion sur le bilan énergétique

Cette  partie  met  en  évidence  la  contribution  du  moment  de  coupe  Mez/P  dans  le  bilan énergétique. Cette étude confirme  la nécessité de prendre en compte  les moments de coupe dans l’évaluation de la puissance de coupe consommée. En effet, bien que les conditions de coupe soient 

de type « conventionnel »,  la puissance de coupe  issue du moment de coupe Mez/P peut atteindre 33% de la puissance totale consommée. Dans une optique industrielle, l’approximation rapide de la puissance de coupe consommée est proposée. Cette estimation  intègre  le modèle du moment de 

coupe Mez/P  proposé.  La  fidélité  de  cette  évaluation  a  également  été  quantifiée.  Le modèle  du 

moment de  coupe Mez/P et  l’estimation de  la puissance de  coupe consommée peuvent présenter dans  certains  cas  des  écarts.  Cette  erreur  est  parfois  non  négligeable  mais  est  quantifiée.  Par 

conséquent, le moment de coupe Mez/P doit être pris en compte dans le bilan énergétique. En effet, en  omettant  cette  grandeur,  70%  de  la  puissance  de  coupe  consommée  [Cahuc,  2001], [Darnis, 2000] pourrait ne pas être prise en compte dans certaines configurations d’usinage. 

Ces différentes  remarques permettent de  valider  complètement  l’intérêt et  l’utilisation de  la modélisation du moment de coupe dans l’évaluation du bilan énergétique. 

IV.6. Conclusion

Ce  chapitre présente une méthodologie permettant d’évaluer expérimentalement  le moment 

de coupe Mez/P intervenant dans le bilan énergétique dans une configuration de coupe orthogonale en fraisage avec une seule arête de coupe. 

Cette modélisation  semblable aux  coefficients  spécifique de  coupe  s’appuie  sur  la  section de copeau. Pour cela, une étude de l’évaluation et de la modélisation de la section de copeau par une démarche expérimentale  a été menée.  La détermination expérimentale de  l’épaisseur du  copeau présentée  permet  de  s’affranchir  des  phénomènes  cinématiques  réels.  Cette  approche  est  donc intéressante  lors  de  l’établissement  de  critères  expérimentaux.  Cependant,  dans  le  cadre  de  la modélisation, l’approche de Martelotti [Martelotti, 1941 & 1945] reste acceptable et facile à mettre en œuvre. 

Afin de valider la méthodologie proposée, celle‐ci est appliquée aux efforts de coupe. L’analyse des  résultats a été  réalisée à  l’aide d’un plan d’expériences associé à une analyse de  la variance. Cette étude  a permis de  confirmer  l’adéquation des  résultats  avec  les  coefficients  spécifiques de 

Modélisation expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 177 

coupe des modèles de coupe expérimentaux  [AFNOR, 1997],  [Bissey, 2005],  [Garnier, 2000a & b], [Lee, 1996], [Paris, 2000]. 

Cette approche expérimentale a ensuite été appliquée au moment de coupe intervenant dans le 

bilan énergétique. Un nouveau critère énergétique a été proposé :  la densité de moment DMez/P. Les paramètres influents ont été mis en évidence par un plan d’expériences associé à une l’analyse de  la variance. Ceux‐ci ont ensuite été  intégrés au travers du nouveau critère dans  la modélisation 

du  moment  de  coupe Mez/P.  La  validité  du  modèle  a  été  déterminée  et  couvre  les  parties fondamentales de la phase d’usinage (maximum des efforts de coupe, du moment de coupe et de la 

puissance consommée,  θ ‐45°; 130 ). 

Par  la  suite,  les  puissances  de  coupe  réellement  consommée  et  estimée  à  partir  de  la modélisation expérimentale (effort et moment) ont été confrontées. La fidélité de l’estimation de la puissance de coupe intégrant la modélisation du moment a donc été évaluée. 

  

 

Chapitre V

CONCLUSIONS GENERALES ET PERSPECTIVES

  

Conclusions générales et perspectives  

 

 181 

Ces travaux s’inscrivent dans la compréhension des phénomènes de coupe afin d’optimiser les grandeurs  énergétiques  présentes  lors  de  l’usinage.  Pour  atteindre  ces  objectifs,  des  moyens métrologiques  spécifiques  ont  été  développés  sur  le  site  bordelais  [Couétard,  2000].  Le dynamomètre à six composantes a montré que les actions mécaniques de coupe ne pouvaient être uniquement  représentées par des  efforts.  Les  travaux de  [Cahuc, 2001],  [Darnis, 2000] ont  alors montré  l’importance des moments de coupe dans  le bilan énergétique. Malgré tout,  l’état de  l’art sur la modélisation de la coupe dressé au chapitre I montre que les recherches se focalisent sur les efforts  de  coupe  et  leurs  impacts  sur  l’outil,  la  qualité  des  pièces,  la  productivité,  etc.  Seuls  les travaux  de  [Bisu,  2007],  [Laheurte,  2004],  [Toulouse,  1998]  en  tournage  et  [Laporte,  2005]  en perçage évoquent une modélisation des moments de coupe. Cependant, les phénomènes complexes présents  lors de  la  formation du  copeau n’ont à  ce  jour pu être  traduit par un modèle de  coupe analytique  ou  numérique.  En  effet,  les  lois  de  comportement  actuelles  ne  permettent  pas d’exprimer  les  gradients  de  déformations  lors  de  la  formation  du  copeau  [Laheurte,  2004].  Des travaux  expérimentaux  en  tournage  [Bisu,  2007]  et  perçage  [Laporte,  2005]  ont  alors  permis  de mieux  appréhender  ces  phénomènes.  Ces  approches  permettent  aujourd’hui  d’étendre  et d’approfondir ces recherches au cas du fraisage. 

Le  développement  d’un  modèle  de  coupe  expérimental  nécessite  la  mesure  de  grandeurs réelles. Le chapitre II fait un bilan des moyens métrologiques pour la mesure d’actions mécaniques et  plus  particulièrement  des  moments  de  coupe.  Cependant,  peu  de  dispositifs  permettent  la mesure de l’ensemble des six actions mécaniques. Par ailleurs, les quelques moyens disponibles ne sont  pas  adaptés  à  la mesure  d’actions  de  coupe  en  fraisage.  Un  nouveau  dynamomètre  à  six composantes a donc été conçu, réalisé et étalonné. L’étalonnage d’un appareil de mesure est une phase cruciale afin d’assurer  la fidélité des mesures du dispositif. Malgré tout, comme le soulignait déjà Yves Couétard [Couétard, 2000], aucun organisme certifié n’assure l’étalonnage de ce type de dispositif.  Aucune  procédure  normalisée  d’étalonnage  n’est  également  disponible.  La  procédure employée est alors celle préconisée par  [Couétard, 2000]. Afin d’améliorer  la précision de mesure du dynamomètre, un pré‐traitement des données des chargements étalons (suppression des points aberrants,  des  chargements  non  uniformes,  etc.)  devra  être  envisagée  avant  de  réaliser  la corrélation  des  moindres  carrés.  Les  résidus  et  donc  les  incertitudes  de  mesure  seront  donc diminués. Une machine d’étalonnage spécifique devra également être développée. L’objectif est de pouvoir appliquer  tous  types de  chargements  (force et  couple) en différents points et  selon  trois directions orthogonales. Par ailleurs, une modélisation de la réponse du dynamomètre (notamment des couplages) devra être développée. Ce modèle permettra de développer et d’établir une matrice de calibration « spatiale ». Cette matrice sera alors dépendante de  la position spatiale du point de chargement obtenu à partir des informations issues des codeurs de la MOCN. Le comportement du dynamomètre sera alors mieux pris en compte et la précision de mesure sera améliorée. 

A partir de  travaux préliminaires et de  l’étude analytique du bilan énergétique,  le chapitre  III présente la démarche expérimentale mise en place pour la modélisation du moment consommateur de puissance. L’étude est menée pour une configuration de coupe orthogonale en fraisage. Dans un premier  temps,  une  analyse  des  paramètres  cinématiques  réels  est menée  à  partir  de  données fournies  par  un  dispositif  spécifique  installé  sur  la MOCN.  Ce moyen  permet  de  déterminer  la position instantanée réelle de l’outil lors de l’usinage à partir de données cinématiques extraites des codeurs de position des axes et de  la broche de  la machine‐outils. Cette étude montre la nécessité de  prendre  en  compte  les  phénomènes  cinématiques  réels.  Afin  d’améliorer  l’estimation  de  la section  de  copeau,  une  évaluation  de  l’avance  instantanée  réelle  (en  configuration  de  coupe orthogonale en  fraisage)  est proposée  à partir des données  issues des  codeurs de position de  la MOCN. Cependant, pour augmenter  la précision de calcul, deux solutions pouront être envisagées dans  les  futures études.  La première  consiste  à optimiser et  à modifier  l’algorithme de  calcul de l’avance  instantanée. L’objectif serait d’approximer  la position des points  théoriques non présents dans  les mesures, mais nécessaires au  calcul, à partir des points  réellement mesurés.  La  seconde amélioration consiste à augmenter  la résolution des données relatives à  la position angulaire de  la broche.  Pour  ceci, un  changement  du  codeur  de  la broche  et/ou  l’ajout d’un  codeur  additionnel pourront être envisagés.  

Chapitre V  

 

 182 

Une approche pour le développement d’une modélisation expérimentale du moment de coupe est ensuite proposée. Basée sur  la section de copeau réelle  instantanée, cette démarche  introduit un nouveau critère énergétique :  la densité de moment. Afin de mettre en œuvre  la méthodologie proposée,  le protocole expérimental,  les paramètres et  les grandeurs étudiés ainsi que  l’outillage spécifique développé pour  l’étude  sont alors détaillés. Puis,  les premiers  résultats de mesures du torseur des  actions mécaniques de  coupe  sont présentés. Malgré  le  traitement des données,  les résultats présentent plusieurs points de mesure différents pour un même  instant. La précision des calculs est donc directement affectée  (dispersion du nuage des points de mesure). Ce problème a été  identifié  à  postériori  des  essais.  Afin  de  remédier  au  problème,  deux  solutions  sont envisageables.  La  première  consiste  à  baisser  la  fréquence  d’acquisition  de  toute  la  chaîne d’acquisition à celle du codeur de la broche. La seconde alternative est de remplacer ou d’ajouter un nouveau codeur ayant une résolution plus élevée. Par ailleurs, pour  les  futurs essais,  la  fréquence d’acquisition retenue devra être en accord avec l’ensemble des composants de la chaîne de mesure. 

L’application et  les  résultats de  la démarche proposée  sont détaillés dans  le chapitre  IV. Une étude  approfondie  de  la  section  de  copeau  est  d’abord menée.  Dans  de  nombreux  travaux,  la trajectoire  de  la  pointe  de  l’outil  est  considérée  circulaire  et  décalée  de  l’avance  par  dent  entre chaque tour d’une même dent. Afin d’évaluer l’erreur commise, une comparaison est réalisée entre l’avance  instantanée  obtenue  à  partir  d’une  trajectoire  théorique  trochoïdale  ou  circulaire. L’évaluation  de  l’écart  entre  les  deux  approches  est  adimensionnée  et  permet  d’étendre  les résultats. Cette étude confirme les travaux antérieurs de [Martelotti, 1941 & 1945]. L’approximation faite est alors acceptable pour des positions angulaires de l’arête de coupe éloignées de l’entrée et de  la  sortie  de  la  matière  et  lorsque  le  rapport  rayon  d’outil  sur  avance  par  dent  est  grand. Cependant,  cette  approche  théorique  ne  permet  pas  de  prendre  en  compte  les  phénomènes cinématiques  réels.  L’approche  adoptée permet de  calculer  l’avance  instantanée  et  la  section de copeau  réelles à partir de  la position  réelle de  l’outil.  La précision de  l’algorithme utilisé pour  ce calcul est également évaluée par rapport à une trajectoire théorique trochoïdale.  

Par la suite, la méthodologie décrite au chapitre III est appliquée aux efforts de coupe. Un plan d’expériences et une analyse de  la variance  sont alors mis en place. La  similitude entre  le critère obtenu, la densité d’effort, et les coefficients spécifiques de coupe permet de comparer et de valider la démarche proposée. L’approche est ensuite appliquée au moment. Dans un premier temps, l’effet de  la  vitesse  de  coupe  sur  l’évolution  du  moment  Mez/P  est  montré.  Par  la  suite,  une  étude 

approfondie de la densité de moment DMez/P est menée. Les paramètres influents sur cet indicateur sont  détectés  par  un  plan  d’expériences  et  une  analyse  de  la  variance. Une modélisation  de  ce critère similaire aux coefficients spécifiques de coupe est par la suite développée. Ce modèle utilise deux coefficients KMez et KI. L’expression et  la modélisation de  la première partie KMez est similaire aux  efforts.  Cette  partie  peut  être  interprétée  comme  la  part  des  différentes  composantes  des efforts de coupe participant au moment de coupe. Cependant, une étude plus approfondie devra être menée  afin de  valider  cette proposition.  Le  second  terme KI prend  en  compte  la  différence d’évolution de la densité de moment DMez/P par rapport celle des densités d’efforts. En effet, dans la zone  stabilisée d’usinage où  la densité d’effort  (coefficient  spécifique de  coupe) est  constante,  la densité de moment décroit. Cette  évolution  semble  caractériser  les « moments purs » de  coupe. Une étude ultérieure devra valider cette hypothèse. Pour ceci, le moment et la densité de moment peuvent être exprimés à l’axe central du torseur des actions de coupe. Les moments induits par les bras  de  leviers  seront  ainsi  supprimés.  Une  étude  approfondie  permettra  alors  de  valider  les paramètres  influents  sur  ces  grandeurs.  Bien  que  ce  modèle  soit  satisfaisant,  son  expression mathématique  n’est  pas  totalement  dépendante  des  paramètres  de  coupe.  Ce  dernier  point  est donc  critique  pour  un modèle  expérimental  à  finalité  industrielle.  Des  travaux  complémentaires permettront d’exprimer et de valider une modélisation du second membre et donc de la densité de moment  uniquement  en  fonction  de  l’avance  instantanée.  Ce  modèle  expérimental  sera  donc entièrement  fonction de paramètres de  coupe amenant ainsi « un  sens physique » aux différents termes.  Une  étude  approfondie  devra  alors  déterminer  les  facteurs  influents  des  coefficients constituants le modèle. 

Conclusions générales et perspectives  

 

 183 

Enfin, ces travaux s’intéressent également au bilan énergétique de la coupe. Dans une optique industrielle,  la puissance maximale  consommée est évaluée par une  approche pratique  et  rapide intégrant le modèle proposé. Une analyse de la répartition de la puissance de coupe consommée par chaque composante du torseur d’action est également présentée. Ainsi, plus les vitesses d’avance et de rotation sont élevées, plus la part de la puissance intégrant les moments augmente. Enfin, l’écart entre la puissance estimée et réelle est également étudié. 

La modélisation présentée a été réalisée pour une seule arête de coupe dans une configuration de  coupe  orthogonale  en  fraisage.  Bien  que  la  configuration  d’usinage  soit  peu  complexe,  ces travaux  sont  intéressants  pour  des  confrontations  et  des  validations  de  futurs  modèles  semi‐analytiques  ou  numériques.  Dans  cette  perspective,  le  matériau  retenu  a  été  choisi  car  les paramètres de  la  loi de comportement de  Johnson‐Cook sont bien connus  [Johnson, 1993]. Ainsi, pour la configuration d’usinage retenue, seul le moment consommateur de puissance Mez/P est non nul. Afin d’étudier  les autres composantes du moment de coupe au point  représentant  l’arête de coupe,  la  configuration  d’usinage  en  coupe  oblique  devra  être  envisagée.  Ainsi,  un  angle d’inclinaison d’arête s non nul permettra d’étudier le moment Mr/P, et pour le moment Mθ/P, l’angle de  direction  d’arête  r  devra  être  différent  de  90°.  L’étape  suivante  sera  alors  d’appliquer  cette modélisation de la coupe oblique à un outil possédant plusieurs arêtes de coupe. Selon la géométrie de  la partie active de  l’outil,  le principe de discrétisation  infinitésimale des arêtes de coupe pourra être retenu afin d’appliquer le modèle à chaque élément. 

Une phase  cruciale pour une modélisation  expérimentale  est  l’évaluation des  coefficients du modèle. Comme  toute modélisation expérimentale des actions de coupe,  la validité du modèle se limite au Couple Outils‐Matière (COM) employé. Ainsi, les coefficients doivent être déterminés pour chaque  nouveau  COM.  La  méthodologie  normalisée  actuelle  du  COM  [AFNOR,  1997]  décrit  la démarche  permettant  d’évaluer  le  coefficient  spécifique  de  coupe.  Cette  norme  pourra  être 

complétée  afin  d’intégrer  la  densité  de  moment  DMez/P.  Cette  nouvelle  partie  permettra  de déterminer  les différents paramètres du modèle. Un autre point  intéressant du COM actuel est de pouvoir transposer des résultats entre différentes opérations ou procédés de coupe. Afin de valider et  d’étendre  ce  point  pour  la  densité  de moment,  de  nouveaux  procédés,  outils,  configurations d’usinage, matière (COM) ou conditions de coupe devront être étudiés. 

    

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ANNEXES

     

 

 

ANNEXES

                

ANNEXES CHAPITRE II _________________________________________________________ 205 A.II.1.  Eléments de mesure ____________________________________________ 207 A.II.2.  Essais du capteur tri-axe PCB Piezotronics 260A12 ____________________ 214 A.II.3.  Chaîne d’acquisition du dynamomètre ______________________________ 217 

ANNEXES CHAPITRE III _________________________________________________________ 219 A.III.1.  Acquisition et traitement des données _______________________________ 221 

ANNEXES CHAPITRE IV _________________________________________________________ 231 A.IV.1.  Analyse de la variance ___________________________________________ 233 A.IV.2.  Modélisation de la densité de moment et du moment de coupe ___________ 235 A.IV.3.  Bilan énergétique _______________________________________________ 237 

 

ANNEXES CHAPITRE II

            

A.II.1.  ELEMENTS DE MESURE __________________________________________________ 207 A.II.1.1.  Capteurs piézo-résistifs ou "jauges résistives de déformation", [Couétard ,

2000] ________________________________________________________ 207 A.II.1.2.  Capteurs piezo-électriques, capteurs à quartz [Gautschi, 2002], [Kistler, 2009],

[PCB, 2009]. __________________________________________________ 209 

A.II.2.  ESSAIS DU CAPTEUR TRI-AXE PCB PIEZOTRONICS 260A12 __________________ 214 A.II.2.1.  Chaîne d’acquisition lors des tests du capteur ________________________ 214 A.II.2.2.  Dessin de définition du cube de chargement __________________________ 215 A.II.2.3.  Synthèse des résultats __________________________________________ 216 

A.II.3.  CHAINE D’ACQUISITION DU DYNAMOMETRE ______________________________ 217 

Mesure du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 207 

A.II.1. Eléments de mesure

Ce  paragraphe  présente  les  deux  principaux  éléments  de mesure  utilisés  dans  les  platines dynamométriques. 

A.II.1.1. Capteurs piézo-résistifs ou "jauges résistives de déformation", [Couétard , 2000]

Les  capteurs piézo‐résistifs ou  "jauges  résistives de déformation" nommés parfois  "jauges de déformation"  (Fig.  1)  par  abus  de  langage,  fonctionnent  sur  le  fait  que  la  valeur  ohmique  d'une résistance en  fil à section constante, est de  la  forme  : R = .L / S, à  température  fixée, R étant  la résistance en ohm, la résistivité du conducteur (en ohm x mètre), L la longueur du fil (en mètre) et S la section du fil (en mètre carré). 

 

Fig. 1 : Exemple de jauges de déformation, [Kistler, 2009].

Si on allonge (par étirement)  le fil de Δl, sa section diminue de Δs (effet de Poisson), d'où une augmentation de la résistance de ΔR. L'expérimentation conduit à retenir la relation (A.II‐1‐1). 

  ΔR / R = k. ΔL / L .  (A.II‐1‐1) 

On appelle "k"  le coefficient de proportionnalité k entre  la déformation et  la modification de résistance à mesurer. Il est constant dans la zone d’élasticité du matériau conducteur. 

Cette modification de la résistance peut ainsi être utilisée comme indicateur de la force exercée.  Cette relation est à la base de l'extensométrie qui se pratique en montant 4 jauges collées sur 

un  support,  en  pont  de  Wheatstone,  ce  qui  permet  d'obtenir  un  signal  électrique  dès  que  la déformation du support de jauge (ΔL / L) dépasse quelques 10‐6. Cette déformation est l'image de la déformation  de  la  pièce  mécanique  (corps  d'épreuve)  qui  est  soumise  à  des  sollicitations mécaniques extérieures. 

Par le passé, se sont posés des problèmes de colles, des problèmes de liaison grille/support, des problèmes de protection, auxquels s'ajoutaient des problèmes d'encombrement, on peut dire que tous ces désagréments appartiennent au passé et actuellement on trouve des jauges de 120 à 5000 , de toutes  les dimensions (de moins de 1 mm à plusieurs centimètres), des colles qui n'accusent pas de vieillissement en 30 ans. D'autre part  les chaînes de mesure,  les amplificateurs, existent  là encore, dans toutes les qualités, à tous les prix. 

  Théorie et exploitation des capteurs à pont de jauges : 

L'alimentation en A et C est réalisée par une tension stabilisée Ve. Entre B et D, on mesure  la différence de potentiel Vs. En écrivant  la  loi d'Ohm pour chaque branche du circuit  (Fig. 2), cette tension peut être calculée (équation (A.II‐1‐2)). 

 

1 3 2 4

1 2 3 4

. ‐ ..

.

R R R R

Vs VeR R R R

.  (A.II‐1‐2) 

Annexes chapitre II  

 

 208 

 

Fig. 2 : Ponts de jauges.

Si les 4 résistances sont égales, alors Vs est nulle. S'il y a une variation infiniment petite des résistances de ΔRi , on aboutit à la relation(A.II‐1‐3). 

 31 2 4

1 2 3 4

4. ‐ ‐

VeVs

RR R R

R R R R

.  (A.II‐1‐3) 

Les signes + et ‐ font apparaître l'intérêt : - de placer  les  jauges de  façon à  cumuler ou annuler  la  somme des  signaux  individuels des 

variations de résistance, - de moyenner  des  valeurs  suivant  le  signal  que  l'on  veut  obtenir,  associé  à  une  certaine 

sollicitation de la pièce. Les exemples de base en traction et flexion (Fig. 3), pris dans les applications de l'extensométrie 

aux capteurs sont présentés pour une composante de sollicitation. 

 

Fig. 3 : Exemples de base en traction compression et flexion.

Il faut retenir de toutes ces présentations qu'il faut, pour être efficace : - n'avoir que des ponts complets, - que  les  jauges  soient  à proximité  les unes des  autres  (il existe des ensembles de 4  grilles 

montées en pont complet sur un support), - que les câblages soient réduits au minimum, - que le tout soit bien protégé contre les agressions extérieures (chocs, eau, huile,etc.). La définition des corps d'épreuve est ensuite  libre. Cela signifie que chaque constructeur peut 

choisir des formes qui concentrent  les déformations dans certaines zones pour élever  le niveau de signal, en s'efforçant de ne pas provoquer d'intégration de déformation sur des grandes longueurs, ce qui aboutirait à des déplacements de structures. 

Mesure du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 209 

A.II.1.2. Capteurs piezo-électriques, capteurs à quartz [Gautschi, 2002], [Kistler, 2009], [PCB, 2009].

Dans  les  paragraphes  suivants,  les  phénomènes  et  caractéristiques  des  capteurs  piezo‐électriques sont présentés et décrits [Gautschi, 2002], [Kistler, 2009], [PCB, 2009]. 

A.II.1.2.1. Effet piézoélectrique

De  nombreux  cristaux  génèrent  une  charge  électrique  lorsqu’on  les  soumet  à  une  charge mécanique. Ce phénomène physique est connu sous le nom d’effet piézoélectrique. La technique de mesure piézoélectrique est prédestinée aux  tâches de mesure présentant des exigences extrêmes concernant la géométrie, les plages de température et la dynamique. 

On  appelle  effet  piézoélectrique  le  fait  que  lorsque  certains  cristaux  sont  soumis  à  une sollicitation mécanique  alors  leur  surface  se  charge  électriquement.  Cette  charge  électrique  est exactement proportionnelle à la force qui s’exerce sur le cristal et se mesure généralement en pico coulomb (pC). 

A.II.1.2.2. Matériaux

L’effet piézoélectrique ne  s’observe que dans des matériaux non  conducteurs.  Les matériaux piézoélectriques pour  les éléments de capteurs doivent avant tout présenter une haute résistance mécanique  et  une  rigidité  élevée.  La  seconde  exigence  concerne  la  stabilité  de  leurs  propriétés mécaniques et électriques sur une large plage de température et sur de longues durées d’utilisation. La haute sensibilité, la linéarité, l’absence d’hystérésis et une résistance d’isolation électrique élevée sont  également  des  facteurs  favorables.  Les  principaux  matériaux  utilisés  pour  les  moyens  de mesure  sont  le  quartz,  ou  des  cristaux  développés  par  chaque  constructeur  et  les  céramiques piézoélectriques.   Le Quartz Le quartz possède toutes les propriétés qui sont mentionnées précédemment et représente de 

ce fait le matériau idéal pour les capteurs. Il peut être fabriqué synthétiquement et possède d’autres caractéristiques particulièrement intéressantes pour la technique de mesure. Le quartz synthétique peut par exemple être employé jusqu’à une température de 400 °C. Il est possible de tailler dans le quartz  des  éléments  sensibles  selon  différentes  directions  afin  d’obtenir  l’effet  piézoélectriques désiré.  La  fréquence propre  élevée du quartz  se  révèle particulièrement  avantageuse  lorsque  les fréquences  d’excitations  sont  élevées.  Pour  la mesure  d’opérations  lentes  et  quasi  statiques,  la mesure pratiquement exempte de déplacement ne provoque que de minimes erreurs. 

  La céramique piézoélectrique  Outre  les  éléments  piézoélectriques monocristallins  tels  que  le  quartz,  les  céramiques  poly 

cristallines  peuvent  également  présenter  des  propriétés  piézoélectriques.  Dans  le  domaine  des capteurs,  le  composé  le  plus  utilisé  est  le  zircono‐titanate  de  plomb  (PZT).  Ces  éléments piézoélectriques peuvent être produits  synthétiquement à  faible coût et en grandes quantités.  Le procédé utilisé est le frittage. Les avantages de ces céramiques piézoélectriques résident avant tout dans  le  coût  de  production  et  leur  grande  sensibilité.  Elles  présentent  cependant  une  stabilité thermique relativement faible (et ne peuvent être utilisées que jusqu’à 250 °C). En effet, la structure de  l’élément piézoélectrique  se déforme  sous  l’action de  la  température,  ce qui entraîne aussi  la génération  d’une  charge.  Pour  les mesures  où  la  grandeur mesurée  n’est  pas  la  variation  de  la température, cette modification de température peut fausser les résultats de mesure. 

A.II.1.2.3. Production de la charge

Lorsqu’une  charge est exercée  sur un  cristal de quartz  (naturel ou  synthétique),  sa  structure interne est déformée. Ainsi,  les  ions positifs de silicium et  les  ions négatifs d’oxygène sont poussés les uns  contre  les  autres.  Les  centres de  gravité des  charges positives et négatives  s’en  trouvent déplacés, ce qui entraîne la formation d’une charge électrique (Fig. 4). 

Annexes chapitre II  

 

 210 

En  fonction de  la position des axes polaires ou orientation des cristaux par  rapport à  la  force exercée, on distingue plusieurs types d’effet piézoélectrique (Fig. 5). 

 

 

 

Fig. 4 : Production de la charge d’un cristal de quartz, [PCB, 2009].

Fig. 5 : Orientation des coupes dans le cristal, [Kistler, 2009].

  Effet longitudinal 

Dans l’effet longitudinal, la charge se produit sur les surfaces d’application de la force et peut y être  prélevée  (Fig.  6).  La  grandeur  de  la  charge  Q  dépend  seulement  de  l’effet  piézoélectrique longitudinal de  la  force Fx exercée,  les dimensions des disques de cristal ne  jouant aucun  rôle. La seule  possibilité  d’accroître  la  charge  obtenue  consiste  à  connecter  mécaniquement  plusieurs disques en série et électriquement en parallèle. La grandeur de la charge produite est alors donnée par la relation (A.II‐1‐4) pour un cristal de quartz ou dérivé. 

  Qx = d11 ∙ Fx ∙ n .  (A.II‐1‐4) 

Avec :  Q : charge résultante (pC) d11: coefficient piézoélectrique (dans le cas d’un cristal de quartz, d11 = ‐2,3 pC/N) 

  Fx: force normale selon la direction x (N)   n: nombre de disques du cristal 

 

Fig. 6 : Effet longitudinal, [Kistler, 2009]. Fig. 7 : Effet de cisaillement, [Kistler, 2009].

Le coefficient piézoélectrique d11  indique  la sensibilité dynamique du cristal dans  la direction de son axe correspondant. L’orientation de  la coupe du cristal détermine  les propriétés et donc ce 

Mesure du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 211 

que l’élément va mesurer. Les piézoéléments coupés de façon à présenter un effet longitudinal, sont sensibles aux  forces de pression et  conviennent de  ce  fait pour des  capteurs  simples et  robustes destinés à la mesure des forces. 

  Effet de poussée / Effet de cisaillement 

Tout comme dans l’effet longitudinal, la sensibilité piézoélectrique de l’effet de poussée ou de cisaillement  ne dépend pas de  la  forme  et de  la dimension du piézoélement.  Ici  aussi,  la  charge électrique  se manifeste  sur  les  surfaces du piézoélement  soumises à  la  sollicitation. Cette  charge peut  être  calculée  dans  le  cas  d’une  sollicitation  dans  le  sens  x  sur  n  éléments  connectés mécaniquement en série  (Fig. 7) et électriquement en parallèle pour un cristal de quartz  (relation (A.II‐1‐5)).  

  Qy = –2 ∙ d11 ∙ Fx ∙ n.  (A.II‐1‐5) 

Avec :  Q : charge résultante (pC) d11: coefficient piézoélectrique (dans le cas d’un cristal de quartz, d11 = ‐2,3 pC/N) Fx: force tangentielle selon la direction x (N) n: nombre de disques du cristal 

Les  piézoéléments  sensibles  au  cisaillement  sont  utilisés  pour  des  capteurs  de  force  de cisaillement,  de  couple,  accéléromètres  et  capteurs  de  force  tri‐axes.  Ils  conviennent  pour  la construction  de  capteurs  possédant  un  excellent  comportement  même  lors  de  fluctuation  de températures. 

Les capteurs utilisant ce  type de cristaux  sont généralement montés avec une pré‐charge car l’effort de cisaillement est transmis par frottement. 

  Effet transversal 

Dans  le cas de  l’effet transversal, une force Fy s’exerçant en direction de  l’un des axes neutres du cristal, produit une charge électrique sur  les surfaces de  l’axe polaire x. Contrairement à  l’effet piézoélectrique longitudinal, l’intensité de cette charge se produisant sur les surfaces non sollicitées est fonction de la dimension de l’élément piézoélectrique (Fig. 8).  

 

Fig. 8 : Effet transversal, [Kistler, 2009].

 Pour un élément de dimensions a et b, elle atteint pour un cristal de quartz (équation (A.II‐1‐6)). 

  Qx = –d11 ∙ Fy ∙ b/a.  (A.II‐1‐6) 

Annexes chapitre II  

 

 212 

Avec :  Q : charge résultante (pC) d11: coefficient piézoélectrique (dans le cas d’un cristal de quartz, d11 = ‐2,3 pC/N) Fy: force en direction y (N) b, a: dimensions de l’élément piézoélectrique 

Il est ainsi possible en utilisant l’effet transversal de parvenir à un gain de charge plus important en adoptant une forme appropriée et une disposition adéquate des piézoélements. Les éléments qui produisent l’effet transversal conviennent particulièrement pour les capteurs de pression et certains capteurs de force. 

A.II.1.2.4. Domaines d’utilisations

Grâce  aux  différentes  orientations  des  cristaux,  plusieurs  technologies  de  capteurs  ont  été développées : 

- les capteurs de pression basés sur l’effet piézoélectrique longitudinal ou transversal (Fig. 9),  

  

 

Fig. 9 : Principe du capteur piézoélectrique de pression,

[PCB, 2009].

Fig. 10 : Principe du capteur piézoélectrique de force,

[PCB, 2009].

Fig. 11 : Principe du capteur piézoélectrique d’accélération,

[PCB, 2009].  

- les capteurs de force basés sur l’effet piézoélectrique longitudinal ou transversal (Fig. 10), - les capteurs d’accélération basés sur l’effet piézoélectrique de cisaillement (Fig. 11).  

- les  capteurs  de  couple  basés  sur  l’effet  piézoélectrique  de  cisaillement.  Les  éléments  de quartz sont positionnés de manière à ce que leur axe sensible soit tangent à un cercle dont l’axe du couple à mesuré, M, passe par le centre de ce cercle et est perpendiculaire au plan contenant les éléments de quartz (Fig. 12).  

 

Fig. 12 : Principe du capteur de couple piézoélectrique, [Gautschi, 2002].

Concernant  les  capteurs  d’effort,  chaque  effet  piézoélectrique  peut  être  utilisé  seul  formant ainsi un capteur dit « mono‐axe ». Les constructeurs quand à eux, ont associés plusieurs effets afin de créer des capteurs « multiaxes » (Fig. 13) pouvant aller jusqu’à quatre grandeurs mesurées pour un même capteur (Fig. 14). 

F=P.

Mesure du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 213 

 

Fig. 13 : Exemple de capteur d’effort « trois axes », [Gautschi, 2002], [Kistler, 2009].

   

 

Fig. 14 : Exemple de capteur d’effort « quatre axes », [Kistler, 2009].  

Annexes chapitre II  

 

 214 

A.II.1.2.5. Amplificateurs de charge

Afin  d’exploiter  la  charge  produite  par  le  capteur  piézoélectrique,  il  est  nécessaire d’employer un amplificateur de charge (Fig. 15). Il convertit ainsi la charge délivrée par le capteur en une  tension  proportionnelle,  laquelle  sert  d’image  du  phénomène  étudié.  Un  amplificateur  de charge se compose essentiellement d’un amplificateur  inverseur à fort gain et une contre‐réaction capacitive.  

 

Fig. 15 : Exemple de schéma électronique d’un amplificateur de charge, [Kistler, 2009].

Afin de garantir un courant de fuite aussi faible que possible,  les amplificateurs de charge ont une haute résistance d’isolation. Lorsque  l’amplification  intérieure A atteint un niveau suffisant,  la capacité  du  câble  et  du  capteur  perdent  ainsi  leur  influence  et  la  tension  de  sortie  est  alors uniquement  fonction de  la  charge  à  l’entrée de  l’amplificateur de  charge  et du  condensateur de gamme (équation (A.II‐1‐7)) 

  U0 = –Q/Cr .  (A.II‐1‐7) 

L’amplificateur de charge convertit donc une charge électrique Q en entrée en une tension de sortie proportionnelle Uo qui peut être facilement traitée.  

 

A.II.2. Essais du capteur tri-axes PCB Piezotronics 260A12

A.II.2.1. Chaîne d’acquisition lors des tests du capteur

 

Fig. 16 : Schéma de la chaîne d’acquisition.

Capteur tri‐axe  Amplificateur 

Données du capteur piézoélectrique : 

u1, u2, u3, Carte 

d’acquisition 

Logiciel  d’acquisition :Dewesoft® 

Pc Devetron 

Alimentation 

Mesure du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 215 

A.II.2.2. Dessin de définition du cube de chargement

 

Annexes chapitre II  

 

 216 

A.II.2.3. Synthèse des résultats  

Précharge    A  C  E  F  H  J  K  M  O  P  R  T  U  W  Y 

15 KN Pente  0.9967  0.8867  0.8199  0.9022  0.9689  0.7924  0.8302  0.9008  0.6907  1.0013  0.9902  0.7832  0.9539  0.909  0.7122 

R²   0.9998  0.9976  0.9976  0.9965  0.9985  0.9976  0.9945  0.9969  0.9944  0.9952  0.9978  0.997  0.9903  0.997  0.9951 

20 KN Pente  0.9812  1.0222  0.832  0.9747  0.9518  0.8034  0.8533  0.8746  0.7798  1.1093  0.9619  0.8076  0.9815  0.9102  0.9102 

R²   0.9997  0.9981  0.9986  0.9978  0.9993  0.9984  0.9925  0.9981  0.9975  0.999  0.9994  0.9983  0.9977  0.9989  0.9989 

28 KN Pente   0.9593  0.9955  0.8654  0.8606  0.9513  0.8129  0.8993  0.9341  0.8569  0.9258  0.9561  0.8631  0.9934  0.9275  0.8109 

R²   0.9997  0.9977  0.9973  0.9958  0.9994  0.9986  0.997  0.9975  0.9971  0.9981  0.9994  0.9991  0.9977  0.9994  0.9992 

Tab. 1 : Pente et coefficient de determination pour la face de normale

Z +.

 

Précharge 28 KN  A  B  C  D  E  F  G  H  I  J  K  L  M  N  O 

Face 

X + 

Pente  ‐1.0125  ‐1.0059  ‐1.008  ‐1.0116  ‐1.0164  ‐1.024  ‐1.023  ‐1.0257  ‐1.0293  ‐1.0354  ‐1.043  ‐1.0433  ‐1.0487  ‐1.0491  ‐1.0545 

R²   0.9964  0.9989  0.9986  0.9972  0.9814  0.9986  0.9983  0.9983  0.9982  0.997  0.998  0.998  0.9984  0.9979  0.9977 

Face 

X ‐ 

Pente   1.028     1.0073     1.0103  1.0341  1.0249  1.0208  1.0205  1.0189  1.0644  1.0446  1.0401  1.0379  1.0331 

 R²   0.9925     0.9986     0.9944  0.9977  0.998  0.9981  0.9983  0.9989  0.9926  0.998  0.9979  0.998  0.9986 

Tab. 2 : Pente et coefficient de determination pour une face de normale

X + et

X -.

 

Précharge 28 KN  A  B  C  D  E  F  G  H  I  J  K  L  M  N  O 

Face 

Y + 

Pente   ‐1.0079     ‐0.9929     ‐0.9816        ‐1.0081        ‐1.0383  ‐1.0277  ‐1.0223  ‐1.0207  ‐1.018 

R²   0.9983     0.9988     0.9907        0.9984        0.9975  0.9974  0.9978  0.9977  0.9982 

Face 

Y ‐ 

Pente  1.0009  0.9873  0.9996  0.9975  1.0109  1.0126  1.0127  1.0141  1.019  1.0261  1.0275  1.0264  1.0308  1.0367  1.0502 

 R²   0.9973  0.9982  0.9985  0.9971  0.9982  0.9974  0.9982  0.998  0.9982  0.9983  0.9975  0.9974  0.9979  0.9973  0.9978 

Tab. 3 : Pente et coefficient de determination pour une face de normale

Y + et

Y -.

Mesure du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 217 

A.II.3. Chaîne d’acquisition du dynamomètre

La  partie  électronique  est  constituée  d’un  boitier  d’amplification  composé  de  trois amplificateurs  (modèle 421A13 de PCB piezotronics). Chaque amplificateur possède  trois voies et trois gammes d’amplification (x0.1, x1, x10). Ces différentes gammes permettent d’adapter le niveau du signal au phénomène étudié. 

Un amplificateur par capteur triaxial est donc nécessaire. Par la suite, les signaux amplifiés sont transmis sur un PC grâce à une carte d’acquisition. Le logiciel Dewesoft® (Fig. 17) permet de traiter les données. 

 

 

Fig. 17 : Schéma de la chaîne d’acquisition.

     

Logiciel  d’acquisition :Dewesoft® 

Pc Devetron   

Carte d’acquisition 

Capteur tri‐axe 1  Amplificateur 1 u1, u2, u3

u4, u5, u6 

u7, u8, u9

Capteur tri‐axe 2  Amplificateur 2 

Capteur tri‐axe 3  Amplificateur 3 

Données des capteurs piézoélectriques 

Alimentation 

   

ANNEXES CHAPITRE III

                       

A.III.1. ACQUISITION ET TRAITEMENT DES DONNEES _____________________________ 221 A.III.1.1. Chaîne d’acquisition ____________________________________________ 221 A.III.1.2. Traitement des données _________________________________________ 222 

  

Approche expérimentale du torseur complet des actions de coupe en fraisage  

 

 221 

 

A.III.1. Acquisition et traitement des données

Cette partie présente, dans un premier temps, le dispositif expérimental utilisé pour la mesure des grandeurs étudiées au chapitre III. Par la suite, le traitement des données (tarage, filtrage,etc.) est détaillé. 

A.III.1.1. Chaîne d’acquisition Le  dispositif  expérimental  utilisé  permet  l’acquisition  simultanée  des  positions  codeurs  de  la 

machine‐outil  et  du  torseur  des  actions  mécaniques  grâce  au  dynamomètre.  Les  signaux  sont récupérés par une même  carte d’acquisition  (nécessitant au minimum 13 voies : 4 voies pour  les codeurs  et  9  voies  pour  le  dynamomètre),  assurant  ainsi  leur  synchronisation.  La  chaîne d’acquisition des données est présentée ci‐dessous (Fig. 18). 

Fig. 18 : Schéma de la chaîne d’acquisition.

La fréquence d’acquisition des données est déterminée à partir de la plus basse fréquence des signaux issue des différents capteurs.  

Les différentes  grandeurs  sont  les  informations délivrées par  le dynamomètre et  les  codeurs linéaires  et  angulaire  de  la  machine  outils.  Les  signaux  issus  des  capteurs  piézoélectriques  du dynamomètre ne sont pas  limitant car  ils sont délivrés continuement. Par ailleurs,  les  informations fournies par  les codeurs de positions  linéaires et angulaire dépendent de  leur  résolution. Ainsi,  la fréquence d’acquisition minimale est déterminée à partir du codeur de position possédant  la plus basse résolution. Pour la machine‐outil utilisée, le codeur de position angulaire est celui qui possède la plus basse résolution. 

Une  fréquence  d’acquisition  plus  élevée  engendre  des  données  redondantes  et  parfois incohérentes  entre  elles. Dans  notre  cas,  pour  une même  position  angulaire,  plusieurs  états  des autres grandeurs (actions mécaniques, positions linéaires) sont fournis car leurs capteurs possèdent une meilleure résolution. La fréquence d’acquisition a été fixée à la valeur maximale disponible, soit 20 KHz et les points redondants ou aberrants ont été exclus au cas par cas. 

Z  

X  

Dynamomètre  Pièce 

Table MOCN 

Y

Broche 

Outil 

Amplificateurs 

Données des codeurs de positions linéaires : d1, d2, d3 

Données du codeur de positions angulaires : d4  

Données des capteurs piézoélectriques : 

u1, …., u9 

di : données n°i ui: tensions n°i

(

X , Y , Z ) base de la MOCN 

Fichiers de données exploitables : *.txt 

Pc Devetron® 

Logiciel  d’acquisition : Dewesoft® 

Carte d’acquisition 

Annexes chapitre III  

 

 222 

A.III.1.2. Traitement des données Après acquisition des données et extraction de celles‐ci au format texte avec le PC, les fichiers 

sont  traités  par  un  logiciel  développé  sous  Labview®.  Ce  logiciel  permet  à  partir  des  données d’acquisition brutes (données en mV) de réaliser les calculs usuels des torseurs mais également des calculs plus particuliers tel que les vitesses, la section de copeau ou les densités d’actions (Fig. 19‐b). 

 

A.III.1.2.1. Tarage des signaux

Après  importation  des  données  brutes,  le  logiciel  calcule  le  torseur  d’action  mécanique  à l’origine  puis  grâce  aux  positions  codeurs  transporte  celui‐ci  au  point  C  (Figure  III.5‐2)  situé  à l’extrémité de  l’outil et sur  l’axe de rotation. Lors de  leur utilisation, Les capteurs piézoélectriques dérivent  légèrement  [Gautschi,  2002],  [PCB, 2009],  (Fig.  20).  Ainsi,  les  signaux  d’efforts  et  de moments  peuvent  présenter  un  décalage  par  rapport  à  l’origine  même  si  aucune  action  n’est appliquée sur  le dynamomètre,  i.e. sur  les capteurs piézoélectriques (Fig. 21a). La suppression de cet offset par rapport à la valeur nulle s’appelle l’opération de « tarage » (Fig. 21b).  

 

Fig. 19 : Logiciel de traitement des données développées sous Labview.  

a) Importation des données

b) Module de fraisage 

Fenêtre moments 

Fenêtre efforts 

Matrices d’étalonnage 

Approche expérimentale du torseur complet des actions de coupe en fraisage  

 

 223 

 

Fig. 20 : Courbe de déchargement d’un capteur piézoélectrique, [PCB, 2009]. 

 

A.III.1.2.2. Filtrage des signaux

Bien qu’ayant réalisé  le tarage,  les signaux restent bruités. Ces perturbations sont  issues de  la réponse dynamique de  l’action de  l’outil durant  la coupe sur  l’ensemble « pièce » (pièce, montage d’usinage,  dynamomètre, machine‐outil).  Afin  d’obtenir  les  signaux  originaux  non  perturbés,  un filtrage  des  signaux  à  posteriori  est  nécessaire.  Pour  ceci,  une  transformée  de  Fourier  rapide, également  désignée  par  le  sigle  anglais  FFT  (Fast  Fourier  Transform),  des  signaux  des  actions  de coupe est réalisée (Fig. 23) afin de choisir un filtrage adéquat. 

 

Perte de 10% du signal 

Constante de temps 

Annexes chapitre III  

 

 224 

 

Fig. 21 : Exemple de tarage des signaux bruts.

Vc=80 m.mn‐1, ap=2mm, f=0.08 mm.dt‐1, γ0= ‐6°

a) Avant tarage 

offset 

b) Après tarage

 

Fx  Fy   

Fz 

Mz/C 

Mx/C 

My/C 

Approche expérimentale du torseur complet des actions de coupe en fraisage  

 

 225 

A.III.1.2.2.1. Fréquences parasites

A.III.1.2.2.1.1. Importance de la fenêtre dans le calcul de la FFT Pour réaliser une FFT, le nombre de périodes du signal contenues dans la fenêtre d’analyse doit 

être un nombre entier. En effet, lors de l'analyse d'une tranche de signal, la transformée de Fourier considère que cette  tranche  se duplique à  l'infini, donc  si cette plage ne contient pas un nombre entier de période, alors  la  transformée de  Fourier ne  correspond pas au  signal  réel. En pratique, cette condition est difficile à remplir et provoque l’ajout d’une discontinuité au signal. Dans ce cas, des pics artificiels dans les fréquences élevées de l’onde apparaissent bien que ces phénomènes ne soient pas présents dans le signal d’origine. Une solution consiste, avant d’appliquer la FFT, à ajouter une pondération diminuant progressivement l’influence des points situés sur les bords de la fenêtre d’analyse. Ainsi, les zones situées aux bords de  la fenêtre d’analyse ne seront pas ou peu prises en compte dans  le calcul. Par conséquent, des données  importantes ne doivent pas être proches des extrémités de la fenêtre sélectionnée. 

A.III.1.2.2.1.2. Choix du type de fenêtre dans le calcul de la FFT Un certain nombre de fenêtres ou de techniques de pondération existent. Chacune présente ses 

propres  particularités.  Les  plus  utilisées  sont  les  fenêtres  rectangulaire  (ou  porte),  Hamming, Hanning,  Blackmann,….  dont  certaines  portent  le  nom  de  leurs  inventeurs  (Fig.  22) [Bellanger, 2006], [Collet, 2009], [Gasquet, 2000], [NI, 2010]. 

 

Fig. 22 : Exemple de fenêtres pour le calcul des FFT.

La fenêtre dite rectangulaire ou porte ne modifie pas le signal.  La  fenêtre  de  Hamming  apporte  une  pondération  en  forme  de  cloche  et  n’annule  pas  les 

points aux extrémités de  la fenêtre. Ce filtre convient bien à  la détection de raies spectrales, mais ne réduit pas vraiment l’étalement du spectre. 

La  fenêtre de Hanning  est  similaire  à  celle  de Hamming  (forme de  cloche) mais  annule  les points  des  extrémités.  Cette  fenêtre  permet  de  détecter  les  pics  (comme  le  précédent)  et améliore considérablement la forme du spectre. 

La  fenêtre de Blackmann  ressemble à  la précédente, mais  les bords de  la cloche sont moins évasés. Ainsi, l’étalement de la puissance est très fortement diminué. 

Dans  le  cas de  fenêtres non  rectangulaires,  le  spectre  issu de  la  FFT  aura des  lobes  latéraux affaiblis  (atténuation  du  « bruit  »). Cependant,  toute  atténuation des  lobes  latéraux  entraîne un élargissement  du  pic  central  (correspondant  à  la  grandeur  mesurée)  et  donc  une  perte  de résolution/précision en fréquence de  la (des) grandeur(s) étudiée(s). Un compromis doit donc être fait entre des  raies  fines mais parfois difficiles à  séparer du  "bruit»  (fenêtre  rectangulaire) et des raies nettement séparables mais grossières (fenêtre de Blackman‐Harris). Les fenêtres de Hanning et 

Annexes chapitre III  

 

 226 

de Hamming constituent un cas  intermédiaire entre  les deux précédents et  sont préférables pour une meilleure précision en fréquence [Bellanger, 2006], [Collet, 2009], [Gasquet, 2000], [NI, 2010]. 

A.III.1.2.2.1.3. FFT des signaux Les résultats obtenus des FFT sont similaires selon les trois directions d’efforts et selon les trois 

composantes de moment. Bien que  très proches,  il y a cependant deux  réponses  fréquentielles à analyser (Fig. 23). 

 

Fig. 23 : FFT des actions de coupe.

 

Deux zones communes se distinguent quelque soit la composante du torseur d’action étudiée. La première en dessous de 30 Hz correspond à  la  fréquence de  rotation de  l’outil. La  seconde  se situe entre 1600 et 3000 Hz et correspond à  l’ensemble « dynamomètre‐montage usinage‐pièce ». Enfin, une plage de  fréquence, non présente pour  les moments  et  vérifiée par un  test d’impact, apparait entre 900 et 1200 Hz, et correspond aux  fréquences d’excitation des éléments  tournants liés à la broche de la MOCN (broche, boîte de vitesse, etc.). 

900 à 2700 Hz 

1600 à 2900 Hz

Fz 

Mz/C 

Approche expérimentale du torseur complet des actions de coupe en fraisage  

 

 227 

A.III.1.2.2.2. Filtrage numérique

Un  filtre  numérique  est  un  élément  qui  effectue  un  filtrage  à  l'aide  d'une  succession d'opérations mathématiques sur un signal discret. C'est‐à‐dire qu'il modifie  le contenu spectral du signal d'entrée en atténuant ou éliminant certaines composantes spectrales indésirables. 

Grâce  à  l’étude  précédente,  les  fréquences  parasites  ont  été  mises  en  évidence.  Ainsi,  en appliquant un filtre adéquat l’effet de celles‐ci pourra être supprimé. 

 

A.III.1.2.2.2.1. Catégories de filtre : classement selon l’action sur le spectre

L’opération de filtrage est une opération importante. En effet, un filtrage peut supprimer et/ou altérer tout ou partie du signal. Par  la suite,  le signal résultant peut conduire à des analyses et/ou interprétations erronées. Ainsi, quatre principales catégories de filtres selon les fréquences que l’on souhaite supprimer peuvent être évoquées : passe bas, passe haut, passe bande, coupe bande (Fig. 24). 

 

Fig. 24 : Réponse de filtres idéaux, [NI, 2010].

La difficulté de passer des  filtres  idéaux  (Fig. 24)  aux  filtres  réels  (Fig. 25)  réside dans  le  fait d’une coupure franche de fréquence (ou de plage de fréquence) et donc sans progressivité.  

En pratique,  l’utilisation de  filtres  idéaux provoquerait des discontinuités  et/ou  incohérences dans  le  signal  filtré.  Pour  cela  les  filtres  réels  utilisés  présentent  des  zones  de  transitions  aux environs de la (des) fréquence(s) de coupure(s) (Fig. 25). 

 

Fig. 25 : Réponse de filtres réels, [NI, 2010].

 

A.III.1.2.2.2.2. Familles de filtres Deux grandes familles de filtres numériques existent. La première famille regroupe  les filtres à 

réponse  impulsionnelle finie également appelés filtres FIR, de  l'anglais Finite  Impulse Response. Ce 

Passe bas  Passe haut

Passe bande  Coupe bande 

Zones de transitions 

Passant Passant

Passant  Passant Passant 

BloquéBloqué  Bloqué

Bloqué Bloqué

Passe bas  Passe haut  Passe bande Coupe bande 

Annexes chapitre III  

 

 228 

type de filtre est dit fini, car sa réponse impulsionnelle se stabilisera ultimement à zéro. Un filtre FIR est « non récursif », c'est‐à‐dire que  la sortie dépend uniquement de  l'entrée du signal. Il n'y a pas de contre‐réaction.  

En  opposition,  les  filtres  de  la  seconde  famille,  les  IIR,  de  l'anglais  Infinite  Impulse Response"(Filtre à réponse  impulsionnelle  infinie) possèdent une réponse  impulsionnelle qui ne se stabilisera jamais, et ce, même à l'infini. Ce type de filtre est « récursif » car il possède une boucle de contre‐réaction  (feedback).  La  sortie du  filtre dépend  à  la  fois du  signal d'entrée  et  du  signal de sortie. Les filtres IIR sont principalement la version numérique des filtres analogiques traditionnels : Butterworth,  Tchebychev,  Bessel,  Elliptique  (Fig.  26)  [Bellanger,  2006],  [Collet,  2009], [Gasquet, 2000], [NI, 2010]. 

 

Fig. 26 : Exemples de filtre passe bas avec les modules de filtrages intégrés à Labview, [NI, 2010].

Le choix s’est dirigé vers les filtres IIR de par le faible temps de calculs, la simplicité de mise en œuvre, la qualité des filtrages et la capacité d’adaptation à l’évolution du signal au cours du temps (Tab. 4). 

 Avantages  Inconvénients 

Filtre à réponse impulsionnelle infinie 

(IIR) 

Bien moins de calculs que pour un filtre FIR à performances équivalentes 

Inspirés des techniques de filtrage analogique et donc du savoir‐faire acquis 

s’adapte aux différentes variations du signal au cours du temps 

Stabilité des filtres Phase non linéaire, donc 

distorsion de phase 

Filtre à réponse impulsionnelle finie 

(FIR) 

Filtres toujours stablesPhase des signaux linéaire si symétrie des 

coefficients Pas de distorsion de phase 

Possibilité de réaliser toutes sortes de filtres (standards et exotiques) 

Beaucoup de calculs par rapport à un filtre IIR à 

performances équivalentes 

Tab. 4 : Synthèse des filtres FIR et IIR.

 

a) Réponse du filtre Butterworth 

b) Réponse du filtre Chebysev  c) Réponse du filtre Bessel 

Réponse en amplitude 

Réponse en phase 

Approche expérimentale du torseur complet des actions de coupe en fraisage  

 

 229 

A.III.1.2.2.2.3. Application aux signaux mesurés Un  filtre  « coupe  bande »  a  été  choisi  pour  extraire  les  fréquences  parasites  entre  800  et 

3000 Hz. Pour ceci, un filtre type Butterwort (Fig. 27) a été utilisé car il est proche d’un filtre parfait et  ne  présente  ni  dépassement  ni  ondulation.  Ainsi,  les  fréquences  retirées  seront  bien  celles désirées et les fréquences proches des fréquences de coupures ne seront pas altérées. 

 

Fig. 27 : Filtrage des signaux mesurés.

 L’ordre du filtre a été choisi de manière à assurer la stabilité de la réponse. La valeur a été fixée 

pour tous les essais. La  figure « Fig. 28 » présente  les  signaux ainsi  traités et  filtrés. L’analyse des phénomènes de 

coupe est menée par la suite sur ces signaux.  

Annexes chapitre III  

 

 230 

 

Fig. 28 : Exemple de filtrage.   

a) Avant filtrage

Vc=80 m.mn‐1, ap=2 mm, f=0.08 mm.dt‐1, γ0= ‐6°

b) Après filtrage

Fx 

Fy    

Fz 

Mz/C

Mx/C

My/C

 

ANNEXES CHAPITRE IV

                      

A.IV.1. ANALYSE DE LA VARIANCE ______________________________________________ 233 

A.IV.2. MODELISATION DE LA DENSITE DE MOMENT ET DU MOMENT DE COUPE ____ 235 

A.IV.3. BILAN ENERGETIQUE ____________________________________________________ 237 

Modélisation expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 233 

  

A.IV.1. Analyse de la variance

I. L’analyse de la variance permet de connaître si l’influence d’un facteur ou d’une interaction est due à sa variabilité même ou à une influence significative de la grandeur étudiée. L’analyse de la variance est une étude statistique [Poirier, 1993] qui, pour différentes valeurs de mesures, compare la variance résiduelle ou intra‐classe, notée VR, (équation (A.IV‐1‐1)) et la variance interclasse, notée VA (équation (A.IV‐1‐2)), (Fig. 29). 

  2ij i

i j

R

x x

VN k

.  (A.IV‐1‐1) 

  2.

1

i ii

A

n x x

Vk

.  (A.IV‐1‐2) 

Avec :  xij la valeur de jème réponse de l’échantillon i 

  xi• la moyenne des réponses lorsque le facteur est à l’état i   x•• la moyenne globale des réponses    N le nombre de mesure    k le nombre de niveaux du facteur étudié  Les  résultats  de  l’analyse  de  ces  variances  sont  à  comparer  et  à  interpréter  à  l’aide 

d’estimateurs  et de  tests d’hypothèses  [Poirier, 1992]  afin de  vérifier  la  validité des  résultats du moyen qui a permis de détecter les influences. Il s’agit de vérifier « l’homogénéité » des résultats au sens statistique.  

Un  test  d'hypothèse  est  une  démarche  consistant  à  rejeter  ou  à  accepter  une  hypothèse statistique,  appelée  hypothèse  nulle,  en  fonction  des  données  étudiées  [Poirier,  1992].  Ce  test permet  de  vérifier  que  les  variances  comparées  représentent  des  ensembles  de  points significativement différents (Fig. 29).  

Fig. 29 : Illustration de l’effet d’un facteur par l’analyse de la variance.

De nombreux tests d’hypothèses existent et sont détaillés par [Poirier, 1992]. Le test de Student permet  de  comparer  une  moyenne  observée  avec  une  valeur  « attendue ».  Le  test  de  Fisher‐Snedecor  ou  loi  F  sert  à  la  comparaison  de  deux  variances  observées.  Le  test  du  χ²,  également 

Variance   

Résiduelle ou intra‐classe, VR 

Courbe enveloppe des mesures 

lorsque le facteur A au niveau ‐1 

Effet du facteur A 

Courbe enveloppe des mesures lorsque le facteur A au niveau +1 

Mesures 

Effet du facteur SIGNIFICATIF

Courbe enveloppe des mesures 

lorsque le facteur A au niveau ‐1 

Effet du facteur A

Effet du facteur NON SIGNIFICATIF

Variance interclasse, VA 

Variance totale 

x••  xi•  xij

Courbe enveloppe des mesures 

lorsque le facteur A au niveau +1 

Annexes Chapitre IV  

 

 234 

appelé test du χ2 de Pearson, qui est utilisé pour la comparaison d'un couple d'effectifs observés, ou à  la  comparaison globale de plusieurs  couples d'effectifs observés. Par  la  suite,  le  test de  Fisher‐Snedecor sera adopté car il permet de comparer deux variances. Ce test est donc le plus adapté.  

Une notion fondamentale concernant ces tests est  la notion de risque. En effet, afin d’obtenir un  résultat  exploitable,  une  probabilité  d’erreur  pour  un  seuil  α  fixé  doit  être  acceptée. Ainsi,  si l’inéquation (l’hypothèse) (A.IV‐1‐3) est vraie alors une possibilité d’erreur au seuil α existe. Dans ce cas,  l’hypothèse  d’une  population  homogène  n’est  pas  respectée  et  le  facteur  étudié  (ou l’interaction) n’exerce pas d’influence significative sur les résultats de mesure. 

  ‐1; ‐1( )A

R

k NV

FV

.  (A.IV‐1‐3) 

     

Modélisation expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 235 

 

A.IV.2. Modélisation de la densité de moment et du moment de coupe

Paramètres  Variables du paramètre KI(t)  Variables du paramètre KMez(t)  DMez/P 

Vc  f ap  γ0  Coefficients de la régression linéaire de :

DMez/P (t)=f(θ(t))* 

Coefficients de la régression linéaire de:

Ln DMez/P corrigée (t)=f(Ln Δer(t))* θ≈‐90° 

Maximum Θє]‐40° ;‐60°[ 

(m.mn‐1) (mm.dt‐1) (mm)  (°)  Coefficient a(N.m.m‐2.° ‐1) 

Coefficient b(N.m.m‐2) 

r² Coefficient Ln c 

Coefficient d r² (N.m.mm‐2) 

80  0.08  2  ‐6  165368  23261778  0.91  ‐0.340  16.045  0.57  7.9  12.5 

240  0.08  2  ‐6  195981  42990303  0.80  ‐0.378  16.564  0.83  24.7  26.6 

80  0.24  2  ‐6  122075  14774961  0.93  ‐0.155  16.258  0.40  3.3  7.4 

240  0.24  2  ‐6  123570  24400435  0.76  ‐0.377  16.453  0.79  12.7  16.8 

80  0.08  4  ‐6  159621  22997464  0.94  ‐0.324  16.079  0.65  9.6  13.1 

240  0.08  4  ‐6  141261  37302969  0.74  ‐0.468  16.232  0.96  25.0  27.9 

80  0.24  4  ‐6  122608  15060907  0.98  ‐0.164  16.261  0.61  3.8  7.1 

240  0.24  4  ‐6  116246  23997118  0.70  ‐0.373  16.455  0.84  12.9  16.7 

80  0.08  2  6  143610  19756362  0.85  ‐0.358  15.858  0.67  6.0  11.4 

240  0.08  2  6  112498  28831541  0.68  ‐0.490  15.920  0.93  18.8  21.8 

80  0.24  2  6  95924  10885745  0.93  ‐0.248  15.812  0.61  2.2  5.5 

240  0.24  2  6  105757  18579305  0.82  ‐0.378  16.178  0.80  8.6  11.7 

80  0.08  4  6  126923  17425449  0.94  ‐0.394  15.617  0.77  5.3  9.8 

240  0.08  4  6  93713  25609726  0.64  ‐0.489  15.804  0.88  16.9  20.3 

80  0.24  4  6  85384  9976009  0.93  ‐0.283  15.665  0.69  1.9  5.0 

240  0.24  4  6  73913  15111421  0.74  ‐0.466  15.857  0.93  7.9  11.0 

Valeur minimale  73913  9976009  0.64  ‐0.490  15.617  0.40  1.9  5.0 

Valeur moyennes  124028  21935093  0.83  ‐0.355  16.066  0.75  10.5  14.0 

Valeur maximale  195981  42990303  0.98  ‐0.155  16.564  0.96  25.0  27.9 

* : Densités de moment en N.m.m‐2, θ(t) en degrés (°), Δer(t) en mm 

Tab. 5 : Résultats de l’identification des variables du modèle de la densité de moment DMez/P.

Annexes Chapitre IV  

 

 236 

 

Paramètres  Comparaison entre modélisation et essais 

Vc  f  ap  γ0  Pour  θ 20 ; 130  Valeur maximale pour 

θ 40 ; 60  

(m.mn‐1)  (mm.dt‐1) (mm)  (°) 

Ecart supérieur maximum 

Ecart moyen Ecart inférieur maximum 

Ecart supérieur maximum 

Ecart moyen Ecart inférieur maximum 

Mez/P  Modèle Ecart maximum 

(N.m)  (N.m)  (N.m)  (%)  (%)  (%)  (N.m)  (N.m)  (%) 

80  0.08  2  ‐6  0.1 ‐0.1 ‐0.3 24.3%  ‐5.1% ‐27.9% 2.0 2.0 ‐2.3% 

240  0.08  2  ‐6  0.5 0.1 ‐0.4 14.0%  1.3% ‐11.5% 4.4 4.3 2.5% 

80  0.24  2  ‐6  0.4 0.0 ‐0.7 30.4%  ‐3.5% ‐92.8% 3.3 3.6 ‐6.1% 

240  0.24  2  ‐6  1.1 0.1 ‐1.2 16.9%  1.7% ‐15.1% 7.5 8.1 ‐6.5% 

80  0.08  4  ‐6  0.2 ‐0.1 ‐0.6 6.4%  ‐4.7% ‐24.3% 3.9 4.2 ‐7.1% 

240  0.08  4  ‐6  0.5 0.0 ‐0.6 6.8%  ‐0.5% ‐7.4% 8.6 8.9 ‐4.0% 

80  0.24  4  ‐6  0.5 0.0 ‐0.7 185.7%  ‐0.9% ‐45.2% 6.8 6.8 0.2% 

240  0.24  4  ‐6  1.4 0.2 ‐1.1 12.1%  1.8% ‐9.6% 15.3 16.0 ‐4.3% 

80  0.08  2  6  0.1 ‐0.1 ‐0.2 38.5%  ‐5.2% ‐33.9% 1.7 1.8 ‐8.2% 

240  0.08  2  6  0.2 ‐0.1 ‐0.3 7.6%  ‐1.6% ‐7.9% 3.3 3.5 ‐5.7% 

80  0.24  2  6  0.2 ‐0.1 ‐0.4 30.6%  ‐10.6% ‐167.4% 2.5 2.6 ‐6.6% 

240  0.24  2  6  0.7 0.1 ‐0.6 17.1%  2.3% ‐16.8% 5.5 5.6 ‐1.9% 

80  0.08  4  6  0.4 ‐0.1 ‐0.4 38.1%  ‐4.7% ‐24.7% 2.9 3.1 ‐6.3% 

240  0.08  4  6  0.3 ‐0.1 ‐0.7 6.9%  ‐1.5% ‐13.9% 6.0 6.5 ‐8.1% 

80  0.24  4  6  0.2 ‐0.1 ‐0.4 30.6%  ‐5.3% ‐49.8% 2.5 2.6 ‐6.6% 

240  0.24  4  6  1.0 0.0 ‐0.9 14.1%  0.1% ‐8.3% 9.8 10.6 ‐7.3% 

Valeur minimale  0.1 ‐0.1 ‐1.2 6.4%  ‐10.6% ‐167.4% 1.7 1.8 ‐8.2% 

Valeur moyenne  0.5 0.0 ‐0.6 30.0%  ‐2.3% ‐34.8% 5.4 5.6 ‐4.9% 

Valeur extrême  1.4 0.2 ‐0.2 185.7%  2.3% ‐7.4% 15.3 16.0 2.5% 

Tab. 6 : Analyse de la fidélité de la modélisation du moment de coupe Mez/P.

Modélisation expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 237 

A.IV.3. Bilan énergétique  

Paramètres  Répartition de la puissance de coupe 

Vc  f  ap  γ0 Puissance consommée par 

  ,  /r rF .Vp o P o p   Puissance consommée par 

,  /θ θF .Vp o P o p

Puissance consommée par 

/ez ez.ωp o o pM  Puissance de coupe totale consommée 

o pP   

(W) (m.mn‐1) (mm.dt‐1)  (mm)  (°)  (W) 

% par rapport à 

o pP  (W) 

% par rapport à 

o pP  (W) 

% par rapport à 

o pP  

80 0.08 2 ‐6 ‐0.3 0.0% ‐601.7 90.2% ‐65.0 9.7% ‐667.0240 0.08 2  ‐6 ‐1.0 0.1% ‐1274.2 67.5% ‐611.1 32.4% ‐1886.3

80  0.24 2  ‐6 ‐1.8 0.1% ‐1486.9 94.5% ‐84.1 5.3% ‐1572.8

240 0.24 2  ‐6 ‐5.6 0.1% ‐3241.4 76.9% ‐967.5 23.0% ‐4214.5

80  0.08 4  ‐6 ‐0.6 0.0% ‐1196.1 88.5% ‐154.5 11.4% ‐1351.2

240 0.08 4  ‐6 ‐1.9 0.1% ‐2425.9 66.3% ‐1229.5 33.6% ‐3657.2

80  0.24 4  ‐6 ‐3.7 0.1% ‐2958.6 93.8% ‐190.7 6.0% ‐3153.0

240 0.24 4  ‐6 ‐11.0 0.1% ‐6522.9 76.8% ‐1962.4 23.1% ‐8496.2

80  0.08 2  6 ‐0.3 0.0% ‐546.7 91.7% ‐49.1 8.2% ‐596.0

240 0.08 2  6 ‐0.8 0.0% ‐1243.4 72.7% ‐465.2 27.2% ‐1709.4

80  0.24 2  6 ‐1.4 0.1% ‐1331.2 95.9% ‐55.1 4.0% ‐1387.7

240 0.24 2  6 ‐4.2 0.1% ‐3120.0 82.6% ‐651.0 17.2% ‐3775.2

80  0.08 4  6 ‐0.5 0.0% ‐1049.2 92.3% ‐87.0 7.7% ‐1136.6

240 0.08 4  6 ‐1.4 0.0% ‐2314.3 73.3% ‐839.8 26.6% ‐3155.5

80  0.24 4  6 ‐2.6 0.1% ‐2509.9 96.0% ‐103.1 3.9% ‐2615.5

240 0.24 4  6 ‐7.6 0.1% ‐5878.2 83.0% ‐1200.2 16.9% ‐7086.0

Valeur minimale  ‐11 0.00% ‐6522.9 66.30% ‐1962.4 3.90% ‐8496.2

Valeur moyenne  ‐2.8  0.06%  ‐2356.3  83.88%  ‐544.7  16.01%  ‐2903.8 

Valeur extrême  ‐0.3  0.10%  ‐546.7  96.00%  ‐49.1  33.60%  ‐596.0 

Tab. 7 : Valeur et répartition de la puissance de coupe consommée.

Annexes Chapitre IV  

 

 238 

Paramètres  Consignes  Réponses 

Vc  f ap  γ0  N ω Vf DFeθ Mez/P Puissance consommée par Puissance totale 

consommée (m.mn‐1)  (mm.dt‐1) (mm)  (°)  (tr.mm‐1) (rd.s‐1)  (mm.mn‐1)

Feθ Mez/P 

(N)  (N.m)  (W)  (%)  (W)  (%)  (W) 

80  0.08  2  ‐6  509  53  41  2928  1.2  602  90.3%  65  9.7%  667 

240  0.08  2  ‐6  1528  160  122  2050  3.8  1274  67.6%  611  32.4%  1886 

80  0.24  2  ‐6  509  53  122  2332  1.6  1487  94.5%  84  5.3%  1573 

240  0.24  2  ‐6  1528  160  367  1697  6.0  3241  76.9%  967  22.9%  4214 

80  0.08  4  ‐6  509  53  41  2949  2.9  1196  88.5%  155  11.5%  1351 

240  0.08  4  ‐6  1528  160  122  1961  7.7  2426  66.3%  1229  33.6%  3657 

80  0.24  4  ‐6  509  53  122  2322  3.6  2959  93.8%  191  6.1%  3153 

240  0.24  4  ‐6  1528  160  367  1711  12.3  6523  76.8%  1962  23.1%  8496 

80  0.08  2  6  509  53  41  2656  0.9  547  91.8%  49  8.2%  596 

240  0.08  2  6  1528  160  122  2003  2.9  1243  72.7%  465  27.2%  1709 

80  0.24  2  6  509  53  122  2091  1.0  1331  95.9%  55  4.0%  1388 

240  0.24  2  6  1528  160  367  1638  4.1  3120  82.6%  651  17.2%  3775 

80  0.08  4  6  509  53  41  2558  1.6  1049  92.3%  87  7.7%  1137 

240  0.08  4  6  1528  160  122  1862  5.2  2314  73.3%  840  26.6%  3156 

80  0.24  4  6  509  53  122  1976  1.9  2510  95.9%  103  3.9%  2616 

240  0.24  4  6  1528  160  367  1551  7.5  5878  83.0%  1200  16.9%  7086  

      

    

         

      Valeur minimale  1551  0.9  547  66.3%  49  3.9%  596 

      Valeur moyenne  2142.8  4.0  2356.3  83.9%  544.6  16.0%  2903.8 

      Valeur extrême  2949  12.3  6523  95.9%  1962  33.6%  8496 

Tab. 8 : Valeur des grandeurs moyennes pour l’avance instantanée maximale.

Modélisation expérimentale du torseur des actions de coupe en fraisage  

 

 239 

Paramètres  Comparaisons 

Vc  f ap γ0  Mez/P  Puissance consommée par  

DFeθ . f . ap . Vc 

Puissance consommée parKM . ω 

Puissance de coupe totale 

approximée   approx MAXP  

(m.mn‐1)  (mm.dt‐1) (mm)  (°) Modèle Ecart  Modèle  Ecart  Modèle  Ecart  Modèle  Ecart 

(N.m)  (N.m)  (%)  (W)   (W)  (%)  (W)  (W)  (%)  (W)  W)  (%) 

80  0.08  2  ‐6  1.1  ‐0.1  ‐8%  625  23.0  4%  60  ‐4.8  ‐8%  685  18  3% 

240  0.08  2  ‐6  3.7  ‐0.1  ‐4%  1312  37.7  3%  588  ‐23.5  ‐4%  1900  13  1% 

80  0.24  2  ‐6  1.6  0.0  2%  1493  5.8  0%  86  1.8  2%  1579  6  0% 

240  0.24  2  ‐6  6.1  0.1  2%  3258  16.4  1%  983  16.0  2%  4241  27  1% 

80  0.08  4  ‐6  2.4  ‐0.5  ‐22%  1258  62.2  5%  127  ‐27.9  ‐22%  1385  34  2% 

240  0.08  4  ‐6  7.6  0.0  0%  2510  84.3  3%  1222  ‐7.2  ‐1%  3732  75  2% 

80  0.24  4  ‐6  3.4  ‐0.2  ‐5%  2973  14.1  0%  182  ‐9.0  ‐5%  3154  1  0% 

240  0.24  4  ‐6  12.9  0.6  5%  6572  48.7  1%  2057  94.4  5%  8628  132  2% 

80  0.08  2  6  1.0  0.1  6%  567  19.9  4%  52  3.2  6%  619  23  4% 

240  0.08  2  6  2.9  0.0  0%  1282  38.7  3%  464  ‐1.1  0%  1746  37  2% 

80  0.24  2  6  0.9  ‐0.1  ‐17%  1338  6.8  1%  47  ‐7.7  ‐16%  1385  ‐2  0% 

240  0.24  2  6  4.2  0.1  2%  3145  24.6  1%  669  17.7  3%  3813  38  1% 

80  0.08  4  6  1.6  0.0  ‐3%  1091  42.1  4%  85  ‐2.5  ‐3%  1176  39  3% 

240  0.08  4  6  5.3  0.1  2%  2383  68.5  3%  854  13.8  2%  3236  81  2% 

80  0.24  4  6  1.8  ‐0.2  ‐10%  2530  19.9  1%  94  ‐9.2  ‐10%  2624  8  0% 

240  0.24  4  6  8.0  0.5  6%  5954  76.1  1%  1278  78.0  6%  7233  147  2%                    

Valeur minimale  0.9 ‐0.5 ‐22% 567 5.8 0%  47 ‐27.9 ‐22% 619 ‐2 0% 

Valeur moyenne  4.0 0.0 ‐3% 2393 36.8 2%  553 8.25 ‐3% 2946 42 2% 

Valeur extrême  12.9 0.6 6% 6572 84.3 5%  2057 94.4 6% 8628 147 4% 

Tab. 9 : Réponses du modèle et écart par rapport aux réponses mesurées ou calculées pour l’avance instantanée maximale.

 

      

IDENTIFICATION ET MODÉLISATION DU TORSEUR DES ACTIONS DE COUPE EN FRAISAGE 

 

Résumé : Les procédés de mise en forme par enlèvement de matière introduisent, lors de la formation du copeau, des 

phénomènes complexes et rendent difficile la maîtrise des grandeurs énergétiques. Des mesures réalisées à l’aide d’un dynamomètre  à  six  composantes permettent de mieux  appréhender  ces phénomènes. Ce dynamomètre permet  de mesurer  l’ensemble  des  actions mécaniques  transmises  par  la  liaison mécanique  entre  la matière usinée (copeau et pièce) et l’outil de coupe. Les mesures révèlent alors la présence de moments, à la pointe de l’outil,  non  évalués  par  les modèles  de  coupe  classiques.  Cependant,  les  lois  de  comportement  actuelles  ne permettent pas d’exprimer  complètement  ces phénomènes  complexes  (gradients de déformations)  lors de  la formation  du  copeau.  Actuellement,  une modélisation  analytique  ou  numérique  et  rendant  compte  de  ces phénomènes est donc exclue. Des approches expérimentales ont alors été menées en tournage et en perçage. Aujourd’hui ces recherches s’étendent au cas du fraisage.  

Pour ceci, un nouveau dynamomètre à six composantes adapté au fraisage a été conçu, réalisé et étalonné. Une démarche expérimentale a alors été mise en place afin de modéliser le moment de coupe consommateur de puissance. Ce moment est alors étudié dans une  configuration de  coupe orthogonale en  fraisage. Un modèle expérimental du moment de  coupe est alors proposé. Cette modélisation  fait  intervenir  la  section de  copeau réelle  instantanée  et  un  nouveau  critère  énergétique :  la  densité  de moment. Une  étude  sur  les  paramètres cinématiques réels de l’outil montre la nécessité de prendre en compte la section de copeau instantanée réelle. Celle–ci est alors calculée à partir de la position réelle de l’outil déduite des données cinématiques extraites des codeurs de position des axes et de  la broche de  la machine‐outils.  Les paramètres  influents  sur  la densité de moment ont été mis en évidence par un plan d’expériences et une analyse de la variance. Une modélisation de ce critère similaire aux coefficients spécifiques de coupe a par la suite été développée. 

Enfin,  le  bilan  énergétique  de  l’opération  de  coupe  étudiée  est  considéré.  Une  démarche  pratique d’évaluation rapide de  la puissance maximale de coupe est présentée en  intégrant  la modélisation du moment proposée. L’intérêt et l’importance de la prise en compte du moment de coupe sont alors confirmés pour prédire et définir les énergies mises en jeu par le processus de coupe. 

 

Mots clefs :  Fraisage, coupe orthogonale, dynamomètre à six composantes, section de copeau indéformée instantanée 

réelle, modèle expérimental, moment de coupe, densité de moment, bilan énergétique.    

IDENTIFICATION AND MODELISATION OF SIX CUTTING COMPONENTS IN MILLING 

 

Abstract : In the cutting process, during the chip formation, complex phenomena occur and the control of the energy 

parameters  is  difficult.  Information  about  these  phenomena  are  given  with  the  measurement  of  the  six components of the mechanical actions. This dynamometer allows to measure the six mechanical actions (3 forces and 3 moments) between the chip, the workpiece and the tool during the chip formation. The measurement of the moments at the tooth tip is not inclued in the classical cutting model. 

However,  actual  behaviour  laws  cannot  express  all  the  phenomena  occurred during  the  chip  formation. Thus,  analytical  or  numerical  cutting model  taking  into  account  these  phenomena  is  not  possible.  Previous studies have been performed in turning and drilling and allow to extend these works to milling. 

A  new  six  components  dynamometer  suitable  to  milling  have  been  designed  and  calibrated.  An experimental approach is proposed in order to model the cutting moment involved in the cutting energy balance. The  study  is  performed  in  orthogonal  cutting  configurations.  A model  of  cutting moment  is  proposed  and depends on the instantaneous undeformed chip section and a new criteria : the moment density. A study on real kinematic parameters  shows  that  the  instantaneous undeformed  chip  section have  to  take  into  account.  The instantaneous undeformed chip section is computed with real position of the tool obtained with the encoders of linear axes and spindle of  the CNC Machine. Design of experiments and variance analysis have shown  influent parameters on  the moment density. A model of  the moment,  close  to  specific pressure  coefficient, has been developed.  

Finally,  the cutting energy balance of  the milling operation used  is studied. A practical approach  included the moment model allow an accurately evaluation of the energy balance. In milling operation, the study confirms the cutting moment at the tool tip and shows the necessity to take into account moments in the energy balance. 

 

Keywords : Milling,  orthogonal  cutting,  six  components  dynamometer,  real  instantaneous  undeformed  chip  section, 

experimental model, cutting moment, moment density, energy balance.