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STRESS, ANXIÉTÉ, DÉPRESSION,
« LA BONNE VOIE »
Dr. Jean - Frédéric RABY
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QUELQUES CHIFFRES POUR COMMENCER
PREMIERE PARTIE
Qu’est ce qu’une dépression ?
Quels sont les symptômes du déprimé ?
Chez l’adolescent et l’adulte
1. Les troubles psychosomatiques
2. Les troubles des fonctions
3. Le ralentissement psychomoteur
4. Les troubles de l’humeur
5. A l’examen par le médecin
Chez l’enfant
Explications physiopathologiques
Etiologies des dépressions (causes)
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LES TRAITEMENTS
DEUXIEME PARTIE :
I. Les erreurs thérapeutiques
• Les tranquillisants
• Le calcium, magnésium, la vitamine D ou les placebos
• Les psychanalystes, les guérisseurs parfois…
II. Les thérapeutiques nécessaires, et parfois suffisantes
• Psychothérapie – photothérapies
• Les médicaments antidépresseurs
• Cas particuliers de la sismothérapie et de la photothérapie
• Cas particuliers de la dépression de l’enfant
CONCLUSION
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Quelques chiffres pour commencer :
Cet ouvrage s’adresse à ceux (20% des femmes et 9% des hommes) qui
souffrent dans notre pays d’une dépression, trop souvent sans le savoir (la
moitié des déprimés ignorent qu’ils le sont). Pourtant la consommation
d’antidépresseurs en France est 2 à 3 fois plus élevée que dans les autres
pays occidentaux ! Malgré ces statistiques (hôpital St Anne à Paris) les
pouvoirs publics, la sécurité sociale et les médias, critiquent les médecins
français qui prescriraient trop d’antidépresseurs ! En réalité, ils devraient en
prescrire encore beaucoup plus, s’ils faisaient leur travail correctement ! Que
dire alors de la situation dans les autres pays au sujet des thérapeutiques anti
dépressives !
Il faut savoir aussi que :
Le risque suicidaire est multiplié par 3 au-delà de 85 ans.
Chez l’adolescent le suicide est la deuxième cause de décès après les
accidents de la voie publique.
Chaque année il y a 2 à 3 décès par suicide pour 10 000 habitants ; 3 fois plus
d’homme que de femme décèdent par suicide.
Depuis 20 ans il y une augmentation de 50 % des décès par suicide.
Il y a 22 tentatives de suicides pour 10 000 habitants chaque année en
Europe.
Le risque suicidaire est plus grand lors de la première année de l’évolution de
la dépression.
15 % des sujets mélancoliques décèdent par suicide.
Les hommes déprimés, mourront par suicide 2 à 3 fois plus que les femmes
déprimées alors qu’elles font 2 fois plus de tentatives que ceux ci.
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Qu’est ce qu’une dépression ?
Dans le langage de la rue, le déprimé est quelqu'un qui est triste, voire
mélancolique.
Or, en vérité sous le terme de déprimé (terme encore péjoratif pour beaucoup
d’entre nous), les médecins désignent les malades qui souffrent de troubles
multiples, résultant grossièrement d’un mauvais fonctionnement du système
nerveux (et qui sont, il est vrai, le plus souvent, tristes) et non pas ceux qui
souffrent uniquement de tristesse. Tout se passe comme si le système nerveux
fonctionnait correctement sous une certaine « pression », comme un pneu bien
gonflé, et que ce pneu se mette progressivement à mal fonctionner si la
pression diminuait. Là, les premiers symptômes apparaîtraient et, si la pression
continuait de baisser, l’accident deviendrait inéluctable, à moins que la pression
ne soit corrigée. Pour ne pas employer ce terme de « dépression » qui classe
le malade dans une catégorie dévalorisante (beaucoup plus souvent chez
l’homme que chez la femme), le médecin emploie devant son client toute une
série de mots « paravents » comme : psychasthénie, neurasthénie,
spasmophilie, neurotonie, stress, névrotisme, anxiété, baby-blues, etc. Et, ce,
uniquement pour ne pas risquer de heurter son malade, tellement la phrase
« vous faite une dépression » risque chez beaucoup d’être refusée ! A ce
propos, c’est peut-être pour cette raison qu’il y aurait deux fois moins
d’hommes déprimés que de femmes. Les hommes refusent le diagnostic, ne se
soignent pas et, s’enfoncent parfois jusqu’à l’irréparable. Comme il a été dit
plus avant, il existe deux à trois fois plus de morts par suicide chez les hommes
que chez les femmes, alors que celles ci font deux fois plus de tentatives que
leurs homologues masculin. Le danger, le risque d’autolyse est donc bien plus
important dès que l’on a à faire à un sujet masculin.
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Quels sont les symptômes du déprimé :
Chez l’adolescent et chez l’adulte :
Il existe quatre grandes catégories de symptômes que nous exposerons, en
progressant des plus fréquents et des moins graves, vers les plus sévères. A
ce sujet, souvent, la difficulté du médecin, est d’éliminer de la tête de son
malade, le diagnostic de maladie organique grave qui l’a poussé à le consulter.
Effectivement beaucoup de malades consultent leurs médecins pour des
troubles qui portent en général sur un organe « noble » ; il ne s’agit que
rarement de problèmes de nez ou de pied mais presque toujours de
symptômes portant sur les fonctions cardiaques, digestives ou cérébrales…
C’est là que le rôle du médecin est important, et que l’erreur est gravissime.
Par bonheur, pour le malade et pour son médecin, l’interrogatoire retrouvera en
général des troubles annexes touchant d’autres systèmes, jugés moins dignes
d’intérêt par le malade, mais qui orienteront le médecin vers le diagnostic d’état
dépressif ; de toutes les façons, dans le doute, le médecin devra parfois
prescrire des examens complémentaires pour éliminer une maladie, dite
« organique » (par exemple un cancer du colon chez un malade qui se plaint de
troubles digestifs).
1. Les troubles psychosomatiques :
En énumérant à son malade toute une série de symptômes physiques extraits
d’une liste bien précise, le médecin notera, ceux des symptômes exposés, que
son consultant aurait ressenti dans les semaines (au moins deux semaines) ou
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dans les mois qui précèdent la consultation, voire dans les années antérieures
et ceci de façon continue.
Il s’agit de : céphalées et migraines, névralgies, « sensation de boule sur la
gorge », « impression de poids ou de nœud dans la poitrine », palpitations,
tachycardie, difficulté à déglutir, « nœud sur le ventre », gastralgies, nausées,
troubles dyspeptiques, vomissements, ballonnements, « aérophagie »,
diarrhée, constipation opiniâtre, coliques, polyurie, dysurie, « sensation de
fourmillements, picotements », impressions de chaud ou de froid, impatiences,
sueurs profuses, « impression de masque » ou de visage figé, crispation de
mâchoires, hypersialie, bourdonnements d’oreille, impossibilité de rester en
place, incapacité à se détendre, vertiges, sensations gustatives, visuelles ou
olfactives…
Parfois aussi nous aurons des troubles plus spectaculaires : malaises, pertes
de connaissance, crise de tétanie, crise d’hystérie…
Le plus souvent le malade décrit ses troubles en employant des formules
imagées : « j’ai l’impression de mourir, c’est comme si j’avais la poitrine dans
un étau, c’est comme si on me coupait en deux, c’est comme si on m’arrachait
le ventre, c’est comme si j’avais des bulles qui palpitent dans mon ventre,
comme si des insectes rampaient sous ma peau… »
2. Les troubles des fonctions : au nombre de 4
Diminution du tonus et des réserves d’énergie : La fatigue.
C’est le maître symptôme de la dépression, il s’agit d’une fatigue inexpliquée,
qui dure… (quelqu'un qui déménagerait l’appartement de sa grand-mère
ressentirait une grande fatigue, mais, celle-ci disparaîtrait après sommeil ou
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repos réparateur). Cette fatigue commence dès le matin et, assez souvent,
s’atténue le soir (les noctambules invétérés sont parfois des déprimés qui
s’ignorent). Cette fatigue est tellement forte que la moindre activité « coûte » :
lever ses bras pour se maquiller ou se peigner devant une glace peut paraître
un gros effort, parfois une « épreuve ». Cette asthénie pourrait durer des mois
si le malade n’était pas traité, elle serait parfois l’unique symptôme de l’état
dépressif et dans ce cas l’interrogatoire du malade ne révélerait que peu
d’autres signes. Comme on le voit chez ce malade, il n’existe aucune notion de
tristesse et pourtant, le diagnostic d’état dépressif pourra être porté ! Beaucoup
plus rarement, le malade au contraire, déborde d’énergie et se sent capable de
tout entreprendre (état désigné sous le terme de « manie » ou « d’hypomanie »
s’il est moins aigu).
Les troubles de l’appétit :
Le plus souvent le malade sera anorexique, il aura perdu du poids.
L’amaigrissement sera parfois spectaculaire et inquiétant. Mais on verra aussi,
au contraire des malades boulimiques qui pourront glisser progressivement
vers l’obésité.
Les troubles du sommeil :
Le plus souvent le déprimé est insomniaque, il a une insomnie de la deuxième
partie de la nuit ; il se réveille brutalement de très bonne heure (entre 3 et 4
heures) et, d’une seconde à l’autre son cerveau fonctionne à rythme rapide, les
idées se mêlent à grande vitesse.
Moins souvent le malade a beaucoup de peine à s’endormir, passe de longues
heures à se tourner et retourner dans son lit, s’énerve, se lève, se recouche et
trouve enfin le sommeil peu de temps avant l’heure du réveil.
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Presque toujours l’insomnie est un des motifs de la consultation chez le
médecin et, le malade explique sa grande fatigue par son manque de sommeil ;
son but est de dormir et, la solution de facilité sera malheureusement trop
souvent de prescrire un somnifère !
Parfois au contraire le malade est hypersomniaque, il dort toute la journée,
n’est bien qu’au lit (clinomanie) et se réfugie dans le sommeil.
Les troubles de la libido :
Tous les individus homme ou femme ont une libido dont l’intensité varie selon
chacun. Il n’y a dans ce domaine aucune norme. Chez le déprimé,
progressivement, la libido va changer. Le désir sexuel chez beaucoup va
diminuer, voire disparaître ; chez d’autres, et ceci plus rarement, il va
augmenter jusqu'à atteindre parfois la « frénésie sexuelle. »
3. Le ralentissement psychomoteur :
Là aussi le dépressif pourra ressentir des troubles pouvant être diamétralement
opposés. Il se plaindra le plus souvent d’être complètement anéanti, mou,
écrasé, amorphe (il s’agit là du fameux ralentissement psychomoteur), ou plus
rarement d’être sur excité, agité, énervé, irritable, colérique, agressif, plein de
projets, hyperactif, avec la certitude d’avoir une intelligence supérieure (il s’agit
là du fameux maniaque). Le premier sera trop ralenti, le deuxième sera trop
« speed. »
L’interrogatoire du malade retrouvera des troubles de la mémoire de l’attention,
de la concentration (il devra relire plusieurs fois les pages d’un livre et revenir
très souvent en arrière, il ne saura plus où il a garé sa voiture, cherchera ses
clefs, vérifiera à plusieurs reprises s’il a bien fermé la porte de la maison en
sortant).
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Le médecin notera chez lui une perte d’intérêt, un goût à rien, un manque
d’allant, d’entrain (il aura abandonné sa gymnastique quotidienne, il ne lira plus,
elle ne tricotera plus ou abandonnera le Bridge…)
Le sujet ressentira une perte de l’élan vital, paraîtra prostré, replié sur lui, les
sourcils seront obliques, le coin des lèvres dirigé vers le bas « en Oméga
mélancolique » tout mouvement devient un effort, (la mise en route matinale
exige des efforts parfois immenses). Le ton des réponses du malade est
monotone et monocorde, le délai des réponses est retardé, celles ci sont
brèves. Le déprimé se sent incapable de réfléchir. Il a conscience de la
diminution de ses facultés cognitives à la différence du psychotique (dément)
qui lui, ne s’en rend pas compte. Comme toujours il existe des exceptions et ici,
c’est le maniaco dépressif qui a la sensation opposée, il est persuadé d’avoir
des facultés intellectuelles supérieures.
4. Les troubles de l’humeur et du comportement :
Le consultant est morose voire triste, pessimiste, il craint pour son avenir et
celui des siens, craint la maladie pour ses proches et pour lui-même
Il présente assez souvent des phobies (il ne supporte pas l’obscurité, les
araignées, se sent mal dans les ascenseurs, dans la foule ou les transports
publics…) il a parfois des T.O.C (Troubles obsessionnels compulsifs) : il vérifie
à plusieurs reprises que le gaz est bien fermé, reviendra plusieurs fois sur ses
pas pour fermer le même robinet, ne supporte pas le désordre, nettoiera
pendant des heures et parfois plusieurs fois par jours les placards de la
cuisines. Certains s’arrachent les cils ou les cheveux, d’autres mangent leurs
lèvres ou la peau de leurs doigts Le malade sera souvent angoissé, il sera dans
un état de tension psychologique qui est la conséquence de la sensation d’un
danger imminent. Il sera dans l’incapacité de se détendre. Il ressentira par
moment ou en permanence une sensation très pesante qui pourra aller jusqu'à
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la panique et qui le paralysera ou l’inhibera. Avant d’agir, il passera par des
rituels obligatoires sans pouvoir s’en empêcher et deviendra excessivement
superstitieux.
Il pourra présenter un sentiment de culpabilité ou d’inutilité, il s’auto dévaluera
physiquement et psychiquement, il se « dégoûtera » lui-même (une fille va se
trouver trop grosse ou laide sans raison, un cadre supérieur se jugera
incapable et indigne de la confiance que l’on a en lui). Le sujet présentera une
hypersensibilité émotionnelle récente ; il aura les larmes aux yeux et retiendra
un sanglot en assistant à une scène à peine émouvante.
Progressivement aucune activité ne pourra lui apporter le plaisir qu’il ressentait
il y a encore peu de temps (anhedonisme). Il va sans cesse ruminer ses soucis.
Les journées deviennent interminables et monotones. Pour lui le présent est
insupportable, il a honte du passé, et le futur est impossible à envisager.
Bientôt il fera de l’auto dévaluation, se sentira inutile et coupable. Il ne
contrôlera plus ses pleurs ; parfois au contraire il ne pourra plus pleurer.
Le déprimé restera toujours conscient de sa souffrance à la différence du
psychotique.
Au total, le déprimé, lorsqu’il est au terme de l’évolution insidieuse de sa
maladie, est dans une situation de déficit total : plus aucun intérêt, aucun
plaisir, aucun sens à la vie, mais de plus en plus d’angoisses, de paniques
parfois, et, l’attirance, au départ inquiétante pour lui-même, vers la mort qui
devient au fil du temps la seule issue. Arrivé à ce grade dépressif le traitement
devient une urgence médicale ; le malade pense que l’unique solution (il en
parle parfois spontanément) est de disparaître ; il ne craint plus la mort, il la
désire ! D’autre fois le malade essaie de cacher au médecin son désir morbide,
il en a honte ! En interrogeant son malade, le médecin doit apprécier le risque
du passage à l’acte, si le suicide a déjà été mis au point, et avec précision ou
non. L’hospitalisation devra alors être immédiate.
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5. A l’examen par le médecin
Le malade est le plus souvent figé devant le médecin, ne parle pas
spontanément, il présente un « masque de tristesse.» Il aura d’ailleurs, la plus
part du temps s’il s’agit d’un homme, à contrario des femmes, été envoyé chez
le médecin par son épouse ou sa mère ; les hommes pensent en général que
le médecin ne pourra rien faire pour les soigner et ne consultent pas
spontanément. De l’attitude même du déprimé émane une souffrance physique
et morale.
Chez d’autres malades, à un stade plus précoce dans l’évolution de la maladie
dépressive, le médecin est submergé par de multiples plaintes somatiques ; le
malade exprime ses troubles qui sont encore essentiellement physiques
(troubles psychosomatiques). Son langage est imagé, métaphorique ; il a des
douleurs qui sont « comme si on le coupait en deux », il a « une trotteuse dans
le cœur, la tête serrée comme dans un étau, une sensation de bulles dans le
ventre, de nappe d’eau sur les membres, les paupières qui palpitent (dans ce
cas, en observant bien, on pourra voir une des paupières du malade qui
présentera des fines secousses très rapides, en salves), une sensation de
peau en carton, de masque, d’insectes qui rampent sur la peau.» L’examen
clinique par le médecin est maigre. Il note une hyper-réflexie ou au contraire
une aréflexie (augmentation ou absence de réflexes rotuliens). Il retrouve
presque toujours au début de la maladie, le signe « Schwosteck » (en donnant,
avec son marteau à réflexe, un petit coup sec, sur un point situé entre la
commissure labiale et le lobe de l’oreille, il note une contraction de la lèvre
supérieure). Ce signe disparaîtra le plus souvent après traitement. Le reste de
l’examen peut révéler une tachycardie ou des extrasystoles, un météorisme
abdominal, (ventre gonflé, ballonné), une hyperhydrose (transpiration profuse),
une hypotension orthostatique (baisse des chiffres tensionnels aux
changements de positions entraînant parfois le trou noir ou la chute). Le fait
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important est que, plus le malade s’enfonce dans sa dépression, et moins les
plaintes physiques existent. Le dépressif suicidaire n’a quasiment plus de
plaintes somatiques ! Au début de la maladie, si le médecin avait demandé des
examens complémentaires, il aurait découvert sur le plan biologique un déficit
en magnésium, et en calcium, sur le plan électromiographique des doublets ou
des multiplets (examen cher et assez désagréable). Ces examens n’ont pas
grand intérêt, et ne servent qu’à égarer certains médecins qui traitent leurs
malades avec du calcium, du magnésium, ou des tranquillisants sans effets sur
les causes de la maladie (le déficit en magnésium en est une conséquence, le
malade déprimé perd son magnésium et ne le perdra plus quand il aura guéri
sa dépression).
Chez l’enfant
Le jeune enfant déprimé présente rarement les mêmes symptômes que
l’adulte ; Tristesse et repli sur soi sont plus rares que l’ hyperactivité. Un enfant
hyperactif est un enfant qui ne tient pas en place, virevolte, saute, touche et
déplace tout ce qu’il a devant lui, n’obéit pas, n’écoute pas, ne s’arrête jamais,
épuise ses parents et ses enseignants. C’est aussi un enfant qui se plaint
souvent du ventre, fait des cauchemars, craint souvent pour ses proches, il a
peur de les perdre ou bien peur d’être abandonné ou encore peur d’être mis en
pension…
Le traitement chez l’enfant est très efficace d’autant qu’il est bien mieux toléré
en général que chez l’adulte.
Explications physiopathologiques
Il ressort de tout ce qui a été dit plus haut le schéma suivant :
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On pourrait schématiser la bonne santé psychologique d’un individu sur un axe
entre le point 0 et le point 5 ; là l’individu n’a pas ou peu de plaintes
particulières, il se sent bien n’éprouve aucun besoin de consulter un médecin il
s’agit là de 80% de la population.
A gauche du point zéro (en rouge) :
La partie de l’axe qui est à gauche du point 0 est le côté psychotique d’une
personnalité, heureusement beaucoup plus rare. C’est là que l’on placera la
personnalité délirante « tout délire étant parfaitement pathologique » (Il s’agit
là des gens qui sont qualifiés de déments ou de « fous » dans le langage de la
rue). Ces malades qui ne sont pas l’objet de cet ouvrage ne ressentiront pas le
besoin de consulter un médecin, ils ne sont pas en état de souffrance, c’est
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l’entourage de ce type de patients qui se rend compte de leurs désordres
psychologiques ou psychiques et qui les conduit directement chez le
psychiatre.
Il peut s’agir de malades qui croient être « fils de Dieu ou de Napoléon … » ou
bien Napoléon en personne… ils peuvent penser également être persécutés ou
poursuivis, ou bien, ensorcelés…
A droite du point zéro (de bleu à noir) :
Sur cet axe donc, plus on s’éloigne de 5 vers la droite et plus l’on s’enfonce
dans la maladie dépressive. (C’est la pression du pneu qui diminue
irrémédiablement). Il s’agit de l’axe névrotique de la personnalité. Avec le
temps qui passe, le sujet risque de souffrir de plus en plus et ses plaintes
croîtront. A ce moment de la maladie, s’il n’est pas traité, il peut devenir très
vite mélancolique et ses plaintes somatiques (ses troubles), passeront au
second plan, perdront de leur importance et, en conséquence, le malade ne
sera plus repérable par son entourage ou son médecin, s’enfermera dans sa
maladie et risquera d’en venir à l’irréparable.
Sur l’axe névrotique entre le point 5 et le point 15 le malade aura des plaintes
physiques (celles décrites plus haut).
Entre le point 15 et le point 30 il aura, en plus des troubles somatiques et de la
fatigue, des troubles de l’appétit, des troubles du sommeil, et des troubles de la
libido.
Enfin au-delà du point 30 il ressentira un ralentissement psychomoteur et des
troubles de l’humeur également décrits au-dessus.
Il s’agit là bien sûr d’un schéma et les troubles ne sont malheureusement pas
toujours aussi bien classés chez les malades. Cependant dans la dépression le
médecin notera une augmentation progressive de la symptomatologie, les
symptômes physiques laissant peu à peu place aux symptômes dits
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psychiques. Mais qui n’a pas ressenti au fil des années des épisodes
insomniaques (lors de voyages ou de séjours en hôtel) ou des troubles
fonctionnels (ballonnements, diarrhées, constipations) voire une tristesse
expliquée ou non ? Personne !
C’est pour cela que, pour porter le diagnostic de maladie dépressive, le
médecin devra établir lors de son interrogatoire un compte précis de la
symptomatologie en additionnant des points correspondant à chaque
symptôme : Les petits symptômes (ballonnements, tachycardie, maux de tête,
suées…) auront un petit score, 1 par exemple. Les grands symptômes
(fatigue, insomnie, anorexie, boulimie, ralentissement psychomoteur…) un
score plus grand, 2 à 4. Les idées suicidaires atteindront un score de 10.
Le total des différents scores étant fait, le médecin pourra confirmer le
diagnostic et traiter le malade si le chiffre dépasse 5 à 8, et ceci depuis plus de
15 jours. Dans ce cas, le médecin peut affirmer sans se tromper (toujours après
avoir éliminé une maladie organique), que son malade souffre d’une
dépression.
Les Américains parlent de dépression « majeure. » Ils entendent par-là
dépression effective, caractérisée, de diagnostic indubitable.
A ce propos, un mot sur certains laboratoires pharmaceutiques, qui utilisent ce
terme de « dépression majeure » pour abuser les médecins, en, leur faisant
croire, que leur médicament est un médicament « majeur » à l’inverse d’un
médicament « mineur », qui serait le lot des laboratoires concurrents.
Quelle est l’explication physiologique des différents symptômes que ressent le
malade dépressif ?
Prenons 2 exemples : celui d’un malade souffrant de ballonnements et celui
d’un malade qui se plaint d’avoir « une boule sur la gorge. »
Synapse : Connexion entre deux neurones contenant le liquide synaptique et
les médiateurs chimiques.
Si la synapse est bien pourvue en médiateurs chimiques (petits points rouges) :
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Le message nerveux est correct ; l’information ou l’ordre est bien transmis ; ils
sont les mêmes à l’entrée et à la sortie de la synapse.
Si la synapse est dépourvue de médiateurs chimiques :
Le message est incorrect ; l’information ou l’ordre, est mal transmis ; ils sont
différents à la sortie de ce qu ‘ils étaient à l’entrée de la synapse.
Chacun sait que le système nerveux est le grand ordinateur de la mécanique
humaine. Il dirige tout, et en particulier les organes nobles. La circulation
sanguine par exemple ou bien la digestion.
Le tube digestif en l’occurrence pourra fonctionner de façon anormale si les
ordres qu’il reçoit du système nerveux sont anarchiques : c’est justement ce qui
se passe chez le névrotique.
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Le système nerveux est sain, l’organe est sain,
(là c’est l’intestin), et pourtant il fonctionne mal (alternance diarrhées,
constipation, ballonnements).
Tous ces troubles moteurs viennent d’un mauvais fonctionnement au niveau de
la synapse (connections entre deux nerfs). Au sein de la synapse les ordres et
les informations circulent vers les organes ou vers le cerveau au moyen d’un
courrant électrique exactement comme dans un câble qui comporterait un
domino en son milieu ; La synapse c’est le domino.
Cette synapse est étanche et contient un liquide dans lequel la cellule
synaptique déverse les médiateurs chimiques qu’elle fabrique. Ces médiateurs
chimiques ont une durée de vie déterminée et, la cellule synaptique capte les
médiateurs ayant déjà servi, pour les recycler.
Quand le médiateur chimique manque dans la synapse le courant électrique
venant du neurone afférent (qui y arrive) ne passe plus, ou bien, passe mal
vers le neurone efférent (qui en sort) et l’ordre ou l’information sera erroné.
Un exemple sensitif maintenant : le plexus nerveux cervical d’un patient
enverra au cerveau une sensation désagréable, cette sensation de « boule »
tant décrite,
et qui pourtant n’existe pas.
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Le cerveau reçoit ici une information fausse et l’analyse comme si elle était vraie ; il ressent donc une « boule » qui n’existe pas
Le système nerveux n’est pas malade et pourtant le sujet à une diarrhée permanente ! l’intestin reçoit un ordre anarchique et bien sur obéit
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Le transit intestinal sera par exemple accéléré parce qu’il aura reçu un ordre
anarchique, et le malade aura des diarrhées en permanence et ceci sans que
l’intestin ne soit malade.
Comme on le voit, chaque organe pourra être sujet à dysfonctionnement et, le
patient en excès névrotique, pourra souffrir de multiples troubles et toujours
sans aucune cause organique.
Dans chacun de ces cas, le cerveau fonctionne normalement et l’ « organe
cible » également ; c’est le système intermédiaire qui fonctionne mal. Il manque
des médiateurs chimiques dans la synapse ou bien ces médiateurs chimiques
sont de mauvaise qualité et, au total, l’influx nerveux circule mal d’un neurone à
l’autre, tant et si bien que les ordres ou les informations sont anarchiques et
inattendus.
Tous les traitements antidépresseurs agissent justement en stimulant la
synthèse ou en inhibant la destruction de ces médiateurs chimiques.
Ainsi, si l’on admet que les symptômes d’un malade relèvent bien d’un déficit
en médiateurs chimiques, si l’on admet également que l’on peut intervenir sur
la fabrication ou empêcher la destruction de ces dits médiateurs, on devra
aussi admettre que le malade, correctement traité, devra guérir !
Le rôle du médecin après avoir posé le diagnostic de maladie dépressive, est
de découvrir le (ou les) médiateurs chimiques responsables, et de prescrire le
médicament qui agira sur la synthèse ou la métabolisation de ce même
médiateur chimique.
Etiologies des dépressions (causes)
La classification des états dépressifs est complexe selon les auteurs et les
pays. Cependant on peut, pour simplifier diviser les causes de la maladie
dépressive en deux parties.
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Les dépressions réactionnelles
Ce sont celles dont le malade connaît en général la cause : Il ne se remet pas
d’un licenciement…, sa femme le trompe…, il a un enfant malade…, le mari est
alcoolique… Il se sait porteur d’une maladie incurable, sida, cancer (parfois il
se croit sidéen ou cancéreux simplement parce qu’il est fatigué ou qu’il a
maigri )… Il se sait dépendant de l’alcool ou de la drogue et en a honte, etc. …
Dans ces cas, tout se passe comme si l’événement incriminé provoquait chez
le malade une diminution du stock de ses neuromédiateurs, cette diminution est
responsable comme on l’a vu plus haut des troubles ressentis par le malade.
Un traitement de quelque mois, (en général pas moins de 4 à 6 mois),
renouvellera le stock des neuromédiateurs, le malade guérira, fera le deuil de
son problème, ou lui trouvera une solution, et guérira définitivement.
Les dépressions endogènes
Il s’agit là de malades qui ne retrouvent pas eux-mêmes la cause de leur état
ou alors qui en retrouvent de multiples : stress de la vie moderne, difficulté au
travail, difficulté en ménage, souci de santé divers etc. Chez ces malades, plus
souvent des femmes (2 femmes pour 1 homme) on retrouve à l’interrogatoire,
chez leurs ascendants plus souvent féminin, des antécédents de neurasthénie,
de spasmophile voir des antécédents suicidaires.
Là le déficit en neuromédiateurs est souvent génétique ; comme on transmet à
ses enfants ses yeux bleus ou sa petite taille, peuvent se transmettrent
également les tares quelle quelles soient, diabète, ou déficit en
neuromédiateurs. Le déficit peut aussi être congénital et d’origine inconnue.
« L’insuline est au diabète ce que les neuromédiateurs sont à la
dépression. »
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Chacun connaît autour de lui des gens qui, malgré d’énormes soucis (famille
décimée dans un accident, maladie incurable et mortelle) sont tristes bien sûr,
mais continuent à vivre sans troubles, ils mangent normalement, dorment, ne
ressentent aucune angoisse, rient sur un mot d’esprit etc. Ces gens que l’on
qualifie de personnes au caractère d’acier ont simplement la bonne fortune
d’être naturellement bien pourvus en neuromédiateurs. Malgré leur grande
tristesse ces sujets ne sont en aucun cas des déprimés. Il est également
certain que dans les mêmes situations, d’autres personnes qui sont mal
chargées en médiateurs font une dépression profonde et grave. Certains la font
parfois aussi devant des événements qui paraissent mineurs.
« Dans les causes de l’état dépressif interviennent la génétique et l’acquis. »
Une même cause n’aura pas les mêmes effets chez un sujet ou chez un autre. Tout dépend des défenses naturelles des uns ou des autres ;
Défenses directement liées aux stocks de neuromédiateurs.
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DEUXIEME PARTIE
Les traitements
1. Les erreurs thérapeutiques
Nous passerons ici en revue plus ou moins sommairement les traitements que
nous jugeons inefficaces ou bien inappropriés.
• Les tranquillisants ou, anxiolytiques (Benzodiazépines)
« Le tranquillisant est à la dépression ce que la morphine est à l’appendicite ! »
Les tranquillisants n’ont aucune efficacité sur la maladie dépressive sinon qu’ils
masquent la symptomatologie anxieuse. Ils peuvent cependant servir d’appoint
dans le traitement d’une dépression dans laquelle l’angoisse est le symptôme
majeur qui risque de faire passer le malade à l’acte (suicide).
« Le tranquillisant est l’aspirine du système nerveux. »
• Le calcium, magnésium, la vitamine D ou les placebos
Ils n’ont aucun intérêt, les déficits relevés lors des examens biologiques chez
les sujets névrotiques sont les conséquences et non les causes de la maladie,
C’est comme si l’on se contentait de prescrire un somnifère à un déprimé
insomniaque ou un tranquillisant à un anxieux. Ces traitements ont cependant
un effet positif dans l’état dépressif mineur qu’est la spasmophilie au même titre
que l’homéopathie, l’acupuncture, la phytothérapie. Nous n’irons pour le
moment pas plus loin pour ne pas nous mettre trop de monde à dos. Nous
24
citerons tout de même les guérisseurs, magnétiseurs, voyants extra lucides et
autres charlatans, Lourdes et ceux des membres du clergé qui disent à nos
malades d’abandonner leurs traitements car ils devraient arriver seuls, par la
méditation, à sortir de leur dépression. (Cet effet positif est dit : effet placebo).
L’effet placebo a pourtant plus ou moins 30% de bons et moyens résultats dans
les états dépressifs à minima (troubles psychosomatiques seuls). L’hypothèse
est que, peut être, le fait de choisir comme thérapeute un ostéopathe ou un
magnétiseur, déclencherait chez le malade la sécrétion naturelle de ses
médiateurs chimiques ou bien l’inhibition de leur destruction et faciliterait ainsi
sa guérison… Là serait l’explication physiologique de cette réalité qu’est l’effet
placebo.
• La psychanalyse
Le malade idéal du psychanalyste est celui qui souffre d’une dépression
endogène. Le malade souffre et n’a pas la moindre idée de l’origine de sa
souffrance, ou, au contraire, en a des dizaines. Le psychanalyste fera son
enquête et retrouvera, chez son malade (ou sa malade), un conjoint autoritaire,
ou bien une mère ou un père ayant favorisé ou mieux aimé l’aîné ou le cadet
de la famille etc.…Nombreux sont les stress de la première enfance qui, en
cherchant bien, sont enfouis au fond de tout être. Le psychanalyste va servir à
son malade, « sur un plateau » une explication qui le rassurera, mais qui
malheureusement, a pour corollaire de culpabiliser un proche parent, ou un
conjoint. C’est la politique du bouc émissaire. Le traumatisme sur lequel le
psychanalyste va tout miser remonte parfois à la vie intra utérine du malade !
Le psychanalyste opère un transfert de culpabilité, du malade sur sa mère, son
père, ou son conjoint. Pour bâtir il détruit. Entre la « découverte » du
traumatisme inconscient responsable de la symptomatologie du malade, et la
fin des séances de psychanalyses, il va se passer des années pendant
25
lesquelles le déprimé va subir des séances répétées et onéreuses. En fin de
compte, l’effet placebo doit ici fonctionner également, puisqu’un certain nombre
de malades qui fréquentent les psychanalystes guérissent (aucune statistique
dans ce domaine) ou en tous cas sont satisfaits.
Cette guérison sera obtenue au prix de la destruction de combien de couples ?
De combien de familles ?
Le psychanalyste qui trop souvent, n’est ni médecin, ni même diplômé en
psychologie est coincé dans un système qu’il doit défendre pour survivre.
Comme il n’est pas médecin, il ne peut pas prescrire et, même s’il a eu
connaissance de thérapeutiques médicamenteuses efficaces, il ne pourra pas
en faire profiter son client !
Petit à petit, ceux des psychanalystes, qui sont parfois aussi diplômés des
facultés de médecine, et sont avant tout médecins, devront irrémédiablement
se remettre à prescrire des antidépresseurs ou seront condamnés à
disparaître.
Les autres, non-médecin, disparaîtront progressivement de la scène faute de
consultants ! Nous rappellerons ici que tout individu, quel qu’il soit, n’ayant suivi
aucune étude particulière, peut visser sur sa porte, une plaque portant son
nom, et la mention « psychanalyste. » Ses pairs (les autres psychanalystes)
n’exigent de lui, que d’avoir lui-même suivi une psychanalyse chez l’un d’eux
bien sûr, et ceci pendant une période de 4 ans.
L’état ne lui demande même pas d’avoir le certificat d’étude, ni même un
« C.A.P. de psychanalyse », pas plus, le « baccalauréat », et encore moins, un
diplôme d’étude supérieure. Convenons en, il s’agit là d’un système particulier
ouvrant la porte à tous les abus. C’est le système « MOON » ; Freud tenant le
rôle de fondateur d’une secte, et tous ses disciples soutenant le système qui
les fait vivre ; On admet un nouveau membre à condition qu’il paie
pendant quatre ans pour entrer dans la secte. Tout le monde soutient la secte
qui perpétue le mensonge et l’incompétence.
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« La psychanalyse est au déprimé, ce que sont de toutes petites doses
répétées d’aspirine, à quelqu’un qui souffrirait d’une douleur chronique »
L’état devrait y mettre un peu d’ordre… Imaginez que pour conduire un simple
véhicule automobile, il exige un « diplôme » qui n’est pas si facile à obtenir…
L’état juge que le futur conducteur, a de grosses responsabilités ; sans doute
juge-t-il que le psychanalyste n’en a aucune ! Un grand psychiatre français (Prf.
Debré Ritzen) décrivait la psychanalyse comme une « imposture. »
La psychanalyse doit avoir, je l’espère, ses indications dans d’autres troubles,
mais en tous cas pas, dans l’état dépressif !
2. Les thérapeutiques nécessaires et parfois suffisantes
• La psychothérapie. (Souvent nécessaire, jamais suffisante.)
C’est la façon de soigner son malade en suggérant une solution à son
problème. C’est d’abord l’exploration fine de l’intimité psychique d’un sujet qui
conduira le médecin à découvrir un complexe, un blocage ou un chagrin. Le
thérapeute fera apparaître dans les réponses de son malade, parfois une
simple réaction de blocage ou de gène, d’autres fois une réaction plus vive. Les
questions concernent son passé, ses fantasmes, son futur social, sa sexualité,
ses plaisirs, ses craintes, ses souffrances, sa vie en général, la mort de ses
proches ou la sienne. Il existera certains thèmes que le malade ne voudra pas
aborder spontanément, qu’il tentera de fuir parfois, par un arrêt net dans ses
réponses ou par une périphrase. Très vite, le thérapeute aura une bonne idée
des problèmes de son patient.
Là, il tentera de « suggérer » à son malade la solution à ses problèmes (quand
elle existe), ou bien de l’aider à en faire son deuil quand il s’agit d’une impasse.
Il ne faut pas oublier que le déprimé a des difficultés cognitives (mécanisme
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intime de la pensée, du raisonnement) et, ses difficultés cognitives l’empêchent
d’analyser et de résoudre ses problèmes, tout seul. La bonne démarche est
donc de traiter d’emblée de façon chimique afin de remettre en action les
fonctions cognitives du malade ; Là, souvent, le malade résoudra tout seul son
problème et tout rentrera dans l’ordre, mais, s’il en est incapable, alors il devra
se faire aider par le psychothérapeute qui n’a donc aucune raison d’intervenir
avant.
Comme on le voit ici, la psychothérapie est une étape essentielle dans le
traitement des dépressions réactionnelles.
Inversement dans les dépressions endogènes (sans causes apparentes ou à
causes multiples) (la goutte d’eau de plus qui fait déborder le vase…) la
psychothérapie n’a pas de grosse utilité ; là, il n’y a pas effectivement de cause
responsable de l’état dépressif, le médecin n’aura donc aucune solution à
proposer au problème de son malade puisqu’il n’y a pas de problème ! La
solution est chimique ; il faudra combler un déficit chimique congénital ou
acquis par la prescription de la bonne molécule qui sera salvatrice dans 90%
des cas.
• La photothérapie. (Parfois suffisante.)
On retrouve chez certains malades des épisodes dépressifs récurrents
(survenant chez 3% de la population, voir plus selon certains auteurs). C’est un
état dépressif, souvent léger, qui débute en automne, plus fréquent dans les
pays du Nord que dans les pays du Sud et, théoriquement absent des zones
équatoriales ou la durée des nuits et des jours ne varient pas avec les mois qui
défilent. Ces épisodes dépressifs récidivent tous les ans ou presque et le
nombre de malades atteints augmentent avec l’âge (après 25 ans). La plupart
de ces dépressions guérissent spontanément au printemps. Certains malades
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ne se sentiront bien que quelques semaines par an, en plein hiver ou en plein
été quand la durée des jours et de nuits ne varie que très peu ! La dépression
saisonnière génère en général des troubles des « fonctions » vers une
augmentation plutôt que vers une baisse c’est à dire : boulimie plutôt
qu’anorexie, hypersomnie plutôt qu’insomnie et grande fatigue plutôt que
hyperactivité. Dans cette variante dépressive on trouve une majorité de
femmes encore plus grande que dans les formes plus classiques ; Le
traitement repose ici sur la luminothérapie ou photothérapie ; Les malades sont
exposés à une lumière blanche intense (1000 lux) pendant 30 minutes tous les
matins cinq à six mois durant (Dr EVEN hôpital Saint Anne - Paris). La réponse
au traitement est immédiate, parfois seulement deux à trois jours. Le traitement
doit être instauré à l’hôpital et poursuivi au domicile.
Cette lumière, en frappant la rétine augmenterait la production de mélatonine
(la substance très à la mode aux Etats-Unis) qui elle-même stimulerait la
synthèse des fameux neuromédiateurs. (Sérotonine)
• Les médicaments antidépresseurs. (Presque toujours nécessaires et
souvent suffisants).
Le mot « antidépresseur » a une connotation négative, car, il signifie pour la
grande majorité des malades : médicament contre la tristesse, contre le
« laisser aller. » Comme on l’a dit plus haut, la dépression, dans ses premières
manifestations, ne comporte pas toujours la composante « tristesse » et, le
malade ne comprend pas toujours pourquoi le médecin lui prescrit un
antidépresseur, quand il est fatigué et qu’il a mal au ventre, ou bien, qu’il a des
extrasystoles ou d’autres troubles psychosomatiques, et, surtout quand il n’est
pas triste. C’est le système nerveux qui est « déprimé. » Ce terme est utilisé ici
dans le sens de mauvais fonctionnement : c’est le système nerveux qui
fonctionne mal. Dans la classification des médicaments, le mot « anti
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névrotique » conviendrait mieux que « antidépresseur. » Encore que, la
connotation psychiatrique du mot névrotique, pourrait paraître, là aussi,
négative pour le malade.
Envisageons le cas d’un couple par exemple, ou le mari est en permanence,
sur l’axe névrotique situé entre zéro et cinq, asymptomatique donc, et la femme
entre cinq et quinze. Le mari dit à sa femme, la voyant toujours fatiguée et, se
plaignant de nombreux troubles fonctionnels, (traitée souvent par le mépris ou
les tranquillisants) : « Fais un effort, prends sur toi, ne te laisse pas aller, fais
quelque chose, occupe-toi, secoue-toi… etc. » Il ne comprend pas que sa
femme présente les symptômes d’une maladie nécessitant un traitement
étiologique (traitement de la cause). Pourtant si l’épouse, tuberculeuse,
toussait, avait de la fièvre, maigrissait et crachait il ne lui dirait pas : «Fais un
effort, arrête de tousser, arrête d’avoir de la fièvre, arrête de maigrir et de
cracher. » Il la conduirait chez le médecin qui ne se contenterait pas de lui
donner des antitussifs, antithermiques, et, anti-expectorants. Il lui donnerait des
antibiotiques spécifiques après avoir effectué un diagnostic précis.
« L’antidépresseur est à la dépression ce que l’antibiotique est à
l’infection. »
Malheureusement, trop souvent, le médecin se contente de donner un
tranquillisant à l’anxieux, un somnifère à l’insomniaque ou du charbon à celui
qui a des ballonnements !
Evidemment il est difficile, le bilan névrotique effectué, de donner un
antidépresseur à quelqu’un qui ne souffre que de ballonnements, mais, à
contrario, on peut en prescrire à un grand insomniaque qui n’a que ce seul
symptôme. D’où, l’intérêt de donner des coefficients aux différents symptômes
névrotiques, afin de pouvoir prescrire ou non un antidépresseur en fonction du
nombre ou du poids des symptômes.
30
Il existe plusieurs familles d’antidépresseurs. Ils peuvent être classés en
fonction de leurs structures chimiques ou de leurs effets sur les différents pôles
de la dépression. Certains sont sédatifs ou excitants, d’autres ouvrent l’appétit
ou le diminuent etc.
Bien entendu, on ne donnera pas un antidépresseur sédatif à un malade dont
le bilan névrotique révèle une hypersomnie et un ralentissement psychomoteur
ni un stimulant de l’appétit à un boulimique !
Les grandes familles chimiques d’antidépresseurs :
Les premiers antidépresseurs datent de 1957 (Marsilid®, et Tofranil®)
Les I.M.A.O. (inhibiteurs de la monoamine oxydase) efficaces mais très peu
utilisés en France à cause de certains risques qu’ils occasionnent en cas de
prise simultanée d’autres médicaments (risque d’HTA majeure) ou en cas de
prise simultanée d’aliments contenants de la tyramine, comme le chocolat ou le
fromage. Seul le MARSILID® est parfois prescrit en France. Dans d’autres pays
comme l’Espagne ils sont encore prescrits un peu plus souvent.
Les Tricycliques, médicaments bien connus depuis longtemps (Tofranil®,
Anafranil®, Laroxyl®), d’une efficacité redoutable, mais ayant des effets
secondaires souvent gênants et durables, mais aussi très dangereux en cas
d’ingestion massive (mort par troubles cardiaques graves).
Les I.R.S (inhibiteurs de la re-capture de la sérotonine parfois moins efficace
que les tricycliques mais avec beaucoup moins d’effets secondaires et une
toxicité très faible même en cas de prise massive (Prozac®, Zoloft®, Seropram®,
Deroxat®).
31
Les NASSA, stimulent l’activité de la sérotonine et de la noradrénaline, auraient
peut-être une efficacité supérieure aux I.R.S, mais peut-être aussi des effets
secondaires supérieurs.
Le LITHIUM (Theralithe®) actif dans les dépressions avec accès d’agitation
hypomaniaque. En association avec les tricycliques, ils exercent une certaine
potentialisation (actifs dans les dépressions récurrentes)
Classification selon l’action chimique : En fonction de l’action sur les différents
neuromédiateurs (adrénaline, noradrénaline, dopamine, sérotonine,
monoamine-oxydase)
Classification selon l’activité antichonilergique (constipations, sécheresse, de
bouche, prostatisme).
Certaines affections intercurrentes contre-indiquent la prescription
d’antidépresseurs cholinergiques (dont les effets secondaires pourraient être
sérieux chez certains sujets souffrant d’un adénome de la prostate ou d’un
glaucome ; Risque de rétentions urinaire ou d’augmentation dangereuse de la
pression oculaire).
Classification selon les propriétés sédatives ou stimulantes
L’anorexie mentale sera améliorée par Anafranil®, Laroxyl® ou Athymil® ; qui
stimulent l’appétit. La boulimie le sera par le Tofranil®, le Pertofran®, et le
Prozac® qui diminuent plutôt l’appétit.
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Sédatifs Excitants Neutres
Laroxyl® Trofanil® Anafranil®
Deroxat® Prozac® Séropram®
Athymil® Zoloft® Effexor®
Cas particulier du Norset® (parfois excitant chez certains parfois sédatif chez
d’autres) !
Le choix du médicament effectué, le médecin devra expliquer à son malade
que, du fait du mode d’action de son médicament, il en ressentira d’abord les
effets secondaires plus ou moins gênants. Ceux-ci sont une preuve de l’action
du traitement et, plus tard, ils disparaîtront pour laisser place à l’amélioration
progressive de l’état dépressif, puis de sa guérison.
Avec les Tricycliques le malade ressentira immédiatement, une sécheresse de
bouche, une sédation (sensation assez souvent gênante ressentie par le
malade qui est plus ou moins endormi, ralenti, ou même parfois assommé), une
constipation, et, parfois des hypotensions artérielles aux changements de
positions. Plus tard le sujet ressentira une augmentation de l’appétit qui se
traduira par une prise de poids. Au bout de la 2 ou 3ème semaine de traitement,
plus rarement avant, apparaîtront les effets positifs, c’est à dire, la diminution
progressive des symptômes de sa maladie.
Avec les I.R.S les effets positifs apparaissent plus rapidement et, le malade
ressent moins d’effets secondaires : essentiellement des nausées, des suées,
33
des épisodes diarrhéiques et beaucoup moins souvent une augmentation de
poids.
Avec les NASSA le malade pourra ressentir soit une excitation avec des
troubles du sommeil ou bien un état sédatif.
Un cas à part celui de l’Athymil®, utile chez le malade anorexique de part sa
stimulation de l’appétit et, chez l’insomniaque de part ses effets sédatifs très
important au début du traitement.
Tous ces médicaments quand ils ont été bien prescrits ont le plus souvent les
mêmes effets sur le malade ; ils lui font faire le chemin inverse sur l’axe
névrotique. D’abord vont disparaîtrent les troubles de l’humeur et les idées
noires, rarement à 8 jours de traitement mais le plus souvent au 15ème jours,
puis les troubles des fonctions : le malade « redort » normalement et
« remange » normalement, enfin disparaissent les troubles psychosomatiques.
Le dernier symptôme à disparaître est en général la grande asthénie, environ
au 2ème mois de traitement.
Après la première consultation chez le médecin, le malade doit être revu au
10ème jours puis au 20ème jours et enfin chaque mois. Le malade ressent les
premiers signes d’amélioration plus vite avec les I.R.S qu’avec les Tricycliques
(10 à 15 jours avec les I.R..S et 3 à 4 semaines avec les Tricycliques).
Dès ces délais, le malade a conscience de son amélioration et, de son propre
chef, ne souhaite plus arrêter son traitement. Aux premiers jours, au contraire, il
téléphone à son médecin pour lui faire part de tel ou tel effet secondaire qu’il
juge parfois insupportable, et lui dit qu’il se sent encore plus mal depuis qu’il
prend son médicament et, qu’il veut l’interrompre. C’est la difficulté du médecin,
qui doit être très persuasif, parfois autoritaire et, dans tous les cas, expliquer,
insister sur la normalité des sensations décrites par son patient, et que tout
disparaîtra très vite. Le médecin doit au contraire positiver ces effets
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secondaires gênants en expliquant à son malade qu’ils sont la preuve de
l’action du médicament et que la guérison est proche ! A la première
consultation, le médecin, fait le bilan névrotique de son malade ; Afin de ne
pas en oublier un seul, il énumèrera à son patient tous les symptômes
possibles de chacune des quatre grandes familles :
- Les troubles psychosomatiques
- Les troubles des fonctions
- Les symptômes du ralentissement psychomoteur
- Les troubles d’humeur
L’ « interrogatoire » comporte trente cinq questions très précises aux quelles le
malade devra répondre par oui ou non. Ce moment capital ne prend environ
qu’une quinzaine de minutes et va permettre d’affirmer ou d’infirmer le
diagnostic. Ici le médecin devra décider de l’opportunité ou non d’un traitement
médicamenteux et c’est bien là le moment crucial.
Ensuite le médecin doit prendre la décision du choix du traitement. A Chaque
consultation le médecin passe en revue tous les symptômes notés lors de la
première évaluation et juge de leur amélioration ou non et petit à petit, de leur
disparition.
Le malade lui-même doit, dès la fin du premier mois de traitement, juger de son
état initial en s’auto-cotant d’une note de 0 à 20 qui apprécie son état général
avant traitement. Il ne pourra le faire qu ‘après un mois de traitement puisque
c’est au bout de un mois à peu prés que ses aptitudes de jugement se sont
améliorées.
Ensuite, à chaque consultation, il s’auto-cotera de nouveau, pour juger de son
état présent, et les notes seront comparées.
De cette façon le médecin à une idée assez précise de l’amélioration ou non,
de son malade, et sait faire « sa cuisine » thérapeutique : continuer le même
médicament, en augmenter la dose, ajouter un médicament complémentaire,
ou bien en changer. Ainsi est fait à chaque consultation et, progressivement, le
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plus souvent, l’état général du malade coté par exemple par lui-même au
départ 4 sur 20, le sera à 16 ou 18 sur 20, après le deuxième mois de
traitement si tout a bien fonctionné.
Dans les excès névrotiques légers, le malade est guéri comme il l’a été dit, au
deuxième mois, mais, doit continuer son traitement jusqu’au quatrième ou
sixième mois, là il l’arrête progressivement. Dans la dépression plus profonde
ou récidivante le traitement est plus long et parfois prolongé plusieurs années.
Un traitement antidépresseur n’entraîne aucune dépendance ni accoutumance
réelle, mais le malade, surtout le récurent (le multirécidiviste), craint l’arrêt de
son traitement. Quand le médecin le juge judicieux, les traitements ne sont
arrêtés que progressivement, sur plusieurs semaines.
Dans les dépressions réactionnelles, le traitement chimique est toujours
accompagné d’un soutien psychothérapique, dès l’amélioration des troubles
cognitifs. Le médecin aidera son malade à solutionner son problème, il lui
suggère la voie à suivre, et le guérit définitivement. Le malade pourra récidiver
s’il se trouve de nouveau dans une situation stressante, et, s’il ne peut, ou ne
veut pas prendre la décision salutaire. Son indécision provoquera un retour à la
maladie.
Ses neuromédiateurs, qui avaient retrouvé leur efficacité lors du premier
traitement, diminuent en volume ou en qualité, et la symptomatologie
dépressive recommence.
Dans la dépression endogène, le traitement doit également durer au moins six
mois, à pleine dose, puis doit être diminué très progressivement ; si les
symptômes réapparaissent il faut noter la dose minimum efficace, et, le malade
doit la prendre, sans doute pendant plusieurs années. Certains prennent un
comprimé par jour, d’autre un comprimé un jour sur deux ou un demi-comprimé
etc. pendant plusieurs années. Si les symptômes ne réapparaissent pas, il
arrête son traitement, mais, le reprend dès les premiers symptômes réapparus.
36
Le malade ici, n’a pas un « diabète sucré », il a un « diabète nerveux »,
imposant la prise régulière d’une thérapeutique adéquate.
C’est ici qu’interviennent les critiques des opposés aux traitements
antidépresseurs ! Mais qu’adviendrait-il sans ces traitements ? Les dépressions
endogènes sont récurrentes comme il a été dit plus haut et donc, dans tous les
cas, les symptômes réapparaîtraient progressivement des plus légers au début
vers les plus graves et le problème serait double :
Premier problème : le malade de nouveau va souffrir. Comme chacun le sait, il
existe, à juste titre, actuellement une campagne contre « ces mauvais
médecins » qui laissent souffrir leurs malades de douleurs physiques ! Est-il
logique de les laisser souffrir de douleur morale quand on a les moyens de les
soulager ?
« Un patient qui consulte son médecin parce qu’il souffre nécessite une
thérapeutique »
Deuxième problème : le malade, pour se soulager, va consommer quantité de
somnifères, antalgiques, tranquillisants, médicaments à visées cardiogénique,
digestive etc. … Arrêts de travail répétés ; Sans oublier les drames familiaux et
sociaux, les addictions à l’alcool et autres drogues, et malheureusement parfois
le suicide.
Comme on le voit ces critiques sont totalement infondées et stupides puisque
l’antidépresseur solutionne le problème dans 90 % des cas !
Comment peut-on donc encore critiquer leur prescription ? Il s’agit bien là d’une
incompréhension totale ou du déni de la réalité des choses.
« La prescription d’antidépresseur chez le déprimé est une nécessité.
Qu’on le veuille ou non » !
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Conseiller d’autres méthodes que celle ci nous met devant un problème
éthique, moral, sociologique et économique.
Ci dessous est résumé schématiquement le mode d’action des antidépresseurs
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Le traitement « tire » sur l’axe névrotique, le malade, de la droite vers la
gauche, et le plus souvent le ramène à la norme névrotique, c’est à dire dans la
zone située entre 0 et 5. Il existe malheureusement des échecs aux traitements
médicamenteux. On peut dire que 10 % des déprimés qui ont subi un
traitement adéquat, resteront déprimés malgré plusieurs tentatives de
traitements différents (Pr. LOO hôpital Sainte Anne.)
• La Sismothérapie (électrochoc) (Rarement nécessaire et rarement
suffisant).
Beaucoup moins employée ces dernières années, cette méthode semble
reprendre quelques forces. Cette méthode est actuellement employée après
échecs des autres. Elle s’adresse donc, à ceux, des 10 % d’échecs aux
traitements chimiques. Les résultats sont parfois ahurissants : on assiste à la
résurrection d’un vieillard replié sur lui, qui refusait toute relation avec le monde
extérieur et, qui tout d’un coup, après plusieurs séances d’électrochocs s’ouvre
à la vie comme une fleur au printemps.
• La photothérapie, méthode dont on a parlé plus haut. (Rarement
nécessaire mais suffisante quand l’indication est bien posée)
• Cas particulier chez l’enfant hyperactif.
Le jeune enfant déprimé, comme on l’a dit plus haut, n’est pas toujours triste et
replié sur lui-même, mais souvent hyperactif. Il existe chez ces enfants deux
familles de médicaments actuellement prescrits :
La Ritaline : d’une efficacité redoutable et immédiate, l’enfant se calme, ne
gigote plus, est attentif à l’école, et, a pour première fois, de bons résultats
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scolaires. C’est la méthode idéale pour le confort des enseignants et des
parents. Malheureusement le traitement ne peut être arrêté, au risque de voir la
symptomatologie réapparaître immédiatement (la Ritaline est de la famille des
amphétamines).
La Ritaline est à l’enfant hyperactif ce que sont les somnifères aux
insomniaques.
Les tricycliques et en particulier le Laroxyl® : là aussi les résultats sont
excellents mais plus lents. Le temps de réponse est environ le même que chez
l’adulte déprimé et, le plus souvent l’enfant retrouve calme, sommeil,
concentration, obéissance, bons résultats scolaires, dès la fin de la 8ème
semaine de traitement. Là aussi, comme chez l’adulte, le traitement doit être
poursuivi au moins six mois, puis arrêté très progressivement. L’enfant guérit
et, s’il récidive, comme chez l’adulte, le traitement doit être repris. Ici la
psychothérapie n’a son utilité que lorsque l’enfant a dépassé le cap de sa
symptomatologie invalidante et qu’il a la faculté d’écouter et de suivre les
suggestions de son médecin et ceci, seulement si son état dépressif est
réactionnel (et c’est loin d’être toujours le cas). S’il n’est noté aucune
amélioration aux doses usuelles de Laroxyl® ou Tofranil® au bout des 3 ou 4
premières semaines de traitement, il faut demander au laboratoire d’analyse les
taux sanguins de la concentration du médicament afin de vérifier si l’on est ou
pas, dans la fourchette thérapeutique.
Les doses usuelles étant de 1 à 2 mg par kg et par jour. En général, chez
l’enfant, les doses orales sont proportionnellement plus élevées que chez
l’adulte pour aboutir à la bonne fourchette thérapeutique. Il faut savoir que si la
concentration sanguine du médicament dépasse la zone d’efficacité
thérapeutique, il existe un risque de toxicité cardiovasculaire dangereux. Ce
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risque impose la surveillance biologique du traitement à haque augmentation
de la posologie.
Ainsi il ressort de ces lignes que malheureusement les malades déprimés sont
trop souvent pris en charge de façon inadéquate ou incomplète ; Ils sont
influencés par les effets de modes mis en avant par les médias, médecines
douces, psychanalystes etc. … Ces mêmes médias dénoncent, et personne
n’en connaît les arguments, la folie des médecins qui « droguent » ces pauvres
déprimés. Ainsi ces derniers sont dirigés malgré eux vers les mauvaises
thérapeutiques. Heureusement, 30% d’entre eux ne s’en tirent pas trop mal
grâce à l’effet placebo.
Cependant, s’ils étaient dirigés vers la bonne thérapeutique d’emblée, des mois
de souffrance, des arrêts de travail de durée invraisemblable, et, de trop
nombreux morts par suicide seraient évités.
Souhaitons que cette brève mise au point participe à ce progrès.