Sources littéraires et pratiques religieuses dans l’Europe ...
Transcript of Sources littéraires et pratiques religieuses dans l’Europe ...
Journée de rechercheFormation doctorale interdisciplinaire
Sources littéraires et pratiquesreligieuses dans l’Europe moderne
(XVIe-XVIIIe siècles):lettres, mémoires, chroniques,
fictions (projet EUDIREM)
| le savoir vivant |
Vendredi 25 novembre 2016UNIL, Amphimax, salle 414
RESUMES DES PRESENTATIONS
Absconditorumclavis:l’artdeladissimulationchezleskabbalisteschrétiens.Lakabbalechrétienne,courantmystiquequinaitauXVsiècleenItalie,chercheàsefaireuneplacesingulièreàlaRenaissanceautourdesdeuxgrandsaxesinstitutionnelsdelaReforme et de la Contreréforme. Quelles stratégies de construction discursive etconfiguration symbolique utilisent les kabbalistes chrétiens pour transmettre lesdonnéesfondamentalesdeladoctrine?Il sera question de rappeler, dans un premier temps, les notions fondamentales de lakabbale chrétienne nécessaires à la compréhension des enjeux doctrinaux de cettemystiquejudéo-chrétienne.Ladeuxièmepartiedel’interventionseradédiéeàl’analysedel’AbsconditorumClavisouvragetraduitenfrançaisetaugmentéparGuillaumePostel.Nous verrons ainsi, comment les symboles deviennent partie intégrante de latransmissiondesidéeskabbalisteschrétiennesetnousessayeronsd’enéclaircirlesens.DeniseArdesiDoctoranteenLittératurefrançaiseauCESR-Centred’EtudesSupérieuresdelaRenaissanceIngénieurd’étudepourleprojetEUDIREM-EspacesUrbains,DynamiquesetIdentitésReligieusesdansl’EuropeModerne
Le regard d’un exilé florentin sur la France des Guerres de Religion. Les lettres de Jacopo Corbinelli et la représentation du milieu religieux de son temps.
Dans la seconde moitié du XVIe siècle, le royaume de France a connu une période de violence extraordinaire tant au niveau politique que religieux. La diffusion du calvinisme, les troubles religieux entre reformés et catholiques et les luttes pour le pouvoir politique caractérisent la situation de la France dans les années 1562-‐1598. Les lettres envoyées en Italie par Jacopo Corbinelli entre 1566 et 1578 représentent une source primaire pour documenter les différentes pratiques religieuses et culturelles qui se déploient dans l’espace urbain. En observant la situation contemporaine avec un esprit passionné et, en même temps, critique, Corbinelli décrit la violence de la Saint-‐Barthélemy et les persécutions des libraires-‐imprimeurs lyonnais aussi bien que les pratiques dévotionnelles du roi ou la prédication du père Juan de Maldonado et de Francesco Panigarola. Face à la violence de son temps, Corbinelli essaye de comprendre et d’interpréter en sens politique tous les événements dont il a été témoin. Sous la plume de Corbinelli passent aussi plusieurs personnalités bien connues, qui ont été touchées par la question de l’appartenance/identité religieuse (comme l’amiral de Coligny, Michel de L’Hospital, Guillaume Postel etc.).
Bibliographie
BOLTANSKI Arianne, « “Dans cette bataille, tomba et fut écrasée la tête du serpent”. Les usages idéologiques de la mort du prince de Condé dans le camp catholique », in La Bataille. Du fait d’armes au combat idéologique. XIe-‐XIXe siècle, A. BOLTANSKI, Y. LAGADEC et F. MERCIER, Rennes (dir.), Presses universitaires de Rennes, 2015, pp. 123-‐142.
BOUCHER Jacqueline, Société et mentalité autour de Henri III, Paris, H. Champion, 2007. Chemins de l’exil, havres de paix. Migrations d’hommes et d’idées au XVIe siècle, Actes du colloque de Tours
(8-‐9 novembre 2007), BALSAMO Jean et LASTRAIOLI Chiara (dir.), Paris, Champion, 2010. CROUZET Denis, Les guerriers de Dieu. La violence au temps des troubles de religion (vers 1525-‐vers 1610),
Seyssel, Champ Vallon, 1990. PETRIS Loris, La plume et la tribune. Michel de L’Hospital et ses discours (1559-‐1562), Genève, Droz, 2002. La Réforme en France et en Italie. Contacts, comparaisons et contrastes, Études réunies par Ph. BENEDICT,
S. SEIDEL MENCHI, A. TALLON, Rome, École Française de Rome, 2007. SCHMITT Paul, La Réforme catholique. Le combat de Maldonat (1534-‐1583), Paris, Beauchesne, 1985. WEILL Georges, Vie et caractère de Guillaume Postel, Milano-‐Paris, Arché-‐Les belles lettres, 1987. Maria Grazia Bianchi Université de Lausanne Faculté des Lettres Doctorante E-‐mail : [email protected] [email protected]
« Perfectionnement » moral et littérature à Genève au 18e siècle : La Confidence philosophique du pasteur Jacob Vernes.
Le théologien de Genève Jacob Vernes (1728-1791), correspondant de Voltaire, et qui devient son ami dès que l’auteur de Candide s’installe aux portes de la ville de Calvin, appartenait à cette élite genevoise ‘éclairée’ qui au XVIIIe siècle non seulement s’intéressait aux lettres et à la culture européenne mais qui contribuait elle-même à l’élan scientifique et culturel grâce à de très nombreuses personnalités de distinction. Ami également de Jean-Jacques Rousseau, Jacob Vernes s’enthousiasma à la publication de ses différents ouvrages tels que l’article « Economie politique » (1757) dans l’Encyclopédie ou à la lecture de la lettre que Rousseau rédigea à Voltaire sur le tremblement de terre de Lisbonne survenu en 1755. Ainsi le théologien genevois, figure aujourd’hui passablement oubliée, était un homme complètement intégré dans la culture cosmopolite de la Genève de l’Ancien Régime ; citoyen de Genève, comme Rousseau, Jacob Vernes participait à la vie politique – et essayait de se faire élire aux charges – il écrivait de la poésie et dirigeait un périodique, mais surtout il menait de front une réflexion sur la continuité et le « perfectionnement » de la réforme chrétienne. Comme l’a mis en évidence l’historienne de la pensée religieuse genevoise du XVIIIe siècle, Maria-Cristina Pitassi, Jacob Vernes, en héritier de Jean-Alphonse Turrettini, est dans la Genève des Lumières l’un des théologiens les plus à l’avant-garde de la réflexion sur la rationalisation de la religion chrétienne. En effet, le théologien et ses collègues prônent une religion de plus en plus évidée de ses mystères pour ne laisser rejaillir sur le croyant que la « pureté » de la morale évangélique. Lorsque Rousseau revient à Genève et retrouve son droit de cité, Jacob Vernes a été un de ceux qui a cru possible un rapprochement entre les principes de l’auteur du Discours sur les sciences et les arts (1750) et ses propres tentatives de concilier ensemble la raison, la foi et la citoyenneté. Pourtant l’antagonisme éclate entre les deux hommes lors de la publication de Julie ou la Nouvelle Héloïse (1762). Jacob Vernes ne pardonnant pas à Rousseau d’avoir rendu l’athéisme séduisant en la figure de M. de Wolmar ni d’avoir fait de Julie une piétiste qui outrepasse la bienséance qu’exige la religion. En réponse à Julie, Vernes va mettre en scène son idéal de vie chrétienne dans un roman intitulé Confidence philosophique (1788) où il va dénoncer la perversité inhérente à la pensée du « parti philosophique ». La Confidence philosophique expose la corruption exercée sur l’esprit d’un jeune homme par un philosophe et les propres exploits du premier en matière de séduction et de pensée subversive, néanmoins le narrateur expose toujours sciemment, ne serait-ce qu’au détour d’une phrase, les principes de la bonne moralité chrétienne.
Ma présentation va donc exposer les principes de l’opposition religieuse entre Jacob Vernes et Jean-Jacques Rousseau comme elle va revenir en détail sur le roman Confidence philosophique afin d’exposer la vision réformée de la religion chrétienne que propose Jacob Vernes. L’antagonisme théologique, critique, voire politique entre ces deux personnalités genevoises éclaire d’un jour nouveau la pensée de Jean-Jacques Rousseau comme il dévoile les lignes de force intellectuelles qui ciselaient la société genevoise au lendemain de la publication des œuvres majeures de Rousseau et pour lesquelles il avait été décrété de prise de corps si trouvé sur le territoire de la République.
Bibliographie Sources ROUSSEAU Jean-Jacques, Œuvres Complètes. Tome II : La Nouvelle Héloïse. Théâtre – Poésies. Essais littéraires, éd. publiée sous la direction de Bernard Gagnebin et Marcel Raymond, Paris, Gallimard, 1961, 1999 p. VERNES Jacob, Sermons prononcés à Genève, par M. le pasteur Vernes, nouvelle édition, augmentée d’un volume, et de son éloge, par son fils, Genève, J. E. Didier ; Lausanne, J. Mourer, 1792, 2 vol. VERNES Jacob, Confidence philosophique, Londres [i.e. Lausanne], [F. Grasset], 1788 4e édition, (1771), 2 vol. VERNES Jacob, Examen de ce qui concerne le christianisme, la réformation évangélique et les ministres de Genève dans les deux premières lettres de Mr. J. J. Rousseau, écrites de la montagne, Genève, chez Claude Philibert, 1765, 174 p. VERNES Jacob, Lettres sur le christianisme de Mr. J. J. Rousseau, adressées à Mr. J[acques]. L[agisse] par Jacob Vernes, Genève, De l’Imprimerie d’Étienne Blanc, 1763, 128 p. Littérature secondaire BACZKO Bronislaw, Job, mon ami : promesses du bonheur et fatalité du mal, Paris, Gallimard, 1997, 444 p. GRANDEROUTE Robert, « Passion, pur amour et sagesse divine, ou comment l’auteur de La Nouvelle Héloïse dialogue avec Fénélon », in Annales de la société Jean-Jacques Rousseau. L’amour dans La Nouvelle Héloïse. Texte et intertexte, Genève, Droz, 2002, pp. 241-256. JAQUIER Claire, L’Erreur des désirs. Romans sensibles au XVIIIe siècle, Lausanne, Éditions Payot, 1998, 240 p. (coll. Études et documents littéraires). La religion, la liberté, la justice : un commentaire des Lettres écrites de la montagne de Jean-Jacques Rousseau, sous la dir. de Bruno Bernardi, Florent Guénard, Gabriella Silvestrini, Paris, J. Vrin, 2005, 320 p. KAPOSSY Béla, Iselin contra Rousseau. Sociable Patriotism and the History of Mankind, Verlag, Basel : Schwage, 2006, 348 p. (Schwabe Philosophica, n° 9). MAIRE Marguerite, « Le “Discours sur l’Histoire de Genève” de Jacob Vernes », Zeitschrift für schweizerische Geschichte, n° 11 (1931), pp. 1-43. MASSON Maurice, La religion de J. J. Rousseau. La « Profession de foi » de Jean-Jacques, Paris, Hachette, 1916, vol. 2, 304 p.
MELZER Arthur M. “The Origin of the Counter-Enlightenment: Rousseau and the New Religion of Sincerity”, The American Political Science Review, vol. 90, n° 2 (juin 1996), pp. 344-360. PITASSI Maria-Cristina, De l’orthodoxie aux lumières. Genève 1670-1737, Genève, Labor et Fides, 1992, 88 p. PITASSI Maria-Cristina, « Le catéchisme de Jacob Vernes ou comment enseigner aux fidèles un “christianisme sage et raisonnable” », Dix-huitième siècle, n° 34 (2002), pp. 213-223. PORRET Michel, « Genève républicaine au XVIIIe siècle : réalité des représentations et représentations de la réalité », in Charles Bonnet. Savant et philosophe (1720-1793), Genève, Éditions Passé Présent, 1994, pp. 3-17. Republikanische Tugend : Contribution à une nouvelle approche des Lumières helvétiques : actes du 16e colloque de l’Académie suisse des sciences humaines et sociales (Ascona, Monte Verità, Centro Stefano Franscini), 7-11 septembre 1998, éd. par Michael Böhler… [et al.], Genève, Slatkine ; Paris, Diff. H. Champion, 2000, 623 p. (coll. Travaux sur la Suisse des Lumières, n° 2). ROSENBLATT Helena, Rousseau and Geneva: from the “First Discourse” to the “Social Contract”, 1749-1762, Cambridge, Cambridge University Press, 1997, 298 p., (coll. Ideas in Context, n° 46). SILVESTRINI Gabriella, « Genève, Rousseau et le modèle politique anglais », Revue suisse d’histoire, vol. 55, n° 3 (2005), pp. 285-306. SPINK John Stephenson, Jean-Jacques Rousseau et Genève, Paris, Boivin, 1934, 324 p. ZANIN, Sergey, Société idéale et horizon d’utopie chez J.-J. Rousseau, Paris, Classique Garnier, 2012, 327 p. Dr. Helder Mendes Baiao Research Fellow à l’Université de Durham. Je collabore avec le Docteur Thomas Wynn à la publication des Œuvres complètes de Voltaire. J’ai obtenu mon doctorat à l’Université de Lausanne sous la direction du Professeur François Rosset. Titre de la thèse : Rêves de citoyens. Mythes et utopies dans les pays romands au temps des Lumières. E-mail : [email protected] ; [email protected]