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ACCOMPAGNEMENT DE LA COUPE DU MONDE RUGBY « PARLEZ-VOUS RUGBY ? » Le 5 octobre 2007, à Pontault-Combault, 68 jeunes collégiens Français, Britanniques et Irlandais, filles et garçons, organisaient de façon autonome une journée festive de rugby pour 200 enfants de CM2. La rencontre opposant 20 équipes mixtes, aux couleurs des pays représentés dans la Coupe du Monde 2007, venait clôturer avec succès une semaine de stage de formation au « leadership », incluse dans un projet d'échange sportif, linguistique et culturel plus large. L'accompagnement de la coupe du monde de rugby 2007 en France a donné lieu à diffé- rentes actions éducatives (1), avec des objec- tifs communs à l'USEP et l'UNSS. L'opération « Parlez-vous rugby ?» (enca- dré 1), impulsée par la British Council (2), propose un échange international à des élèves de collège faisant partie, pour la plupart, du réseau « ambition réussite » dans le cadre de l'éducation prioritaire. ENGAGER DES PARTENARIATS Les enfants, précise Irène Daumur du British Council, devaient avoir 14 ans cette année. Pour les différents collèges, ce projet permet de développer un contact international autour d'un pôle sportif, le rugby, mobilisant forte- ment le savoir-faire des enseignants d'EPS ainsi que celui des professeurs de langue. Les 16 établissements français retenus, contraire- ment aux britanniques, sont pour la plupart ancrés dans une culture rugbystique (classes sportives rugby). L'activité sportive devient le moyen de construire des compétences linguis- tiques « en mouvement ». L'EPS et l'ensei- gnement de l'anglais sont au coeur d'une action dont l'élan facilite la mise en place de partenariats scolaires durables, car fondés sur un contenu partagé. Les conditions de l'échange (durée du voyage, hébergement nombre de participants, etc.) sont fonction du budget alloué, variable selon les établisse- ments, ainsi que des contraintes locales. La dimension internationale du projet, son ampleur, l'idée de rencontrer des enseignants et des élèves étrangers, comprendre comment cela fonctionne ailleurs en échangeant autour du rugby, sont autant d'éléments qui nous ont particulièrement motivés, explique A. Blouin, enseignant d'EPS dans l'académie de Lille (3) ; avec le collège de Londres, nous avons échangé jeux, sport, cultures et langue ! Dans leur secteur, le football est surmédiatisé, ils ne connaissaient pas le rugby. Nous leur avons fait découvrir l'activité et eux nous ont initiés au cricket. PARLER UN LANGAGE COMMUN : LE RUGBY Des échanges linguistiques sous des formes variées ont précédé la semaine de formation : correspondances, productions d'écrits (règles, fiches techniques, livret bilingue, kit d'ap- prentissage de la langue à travers le rugby), L'opération « Parlez-vous rugby » Lancée en octobre 2006 par la direction générale de l'enseignement scolaire (DEGESCO) et le British Council (1). en par- tenariat avec l'USEP, l'UNSS et la fédération française de rugby, l'opération « Parlez-vous rugby » associe de jeunes collégiens Français, Britanniques et Irlandais, autour du rugby. 68 élèves de niveau 4 e (34 Britanniques et Irlandais, 34 Français), sélectionnés parmi 1500 élèves de 13 académies françaises et 4 régions du Royaume-Uni, sont initiés au « leadership » au cours d'un stage d'une semaine au château de la Grande Romaine à Lésigny (Seine et Marne), du 30 sep- tembre au 6 octobre 2007. Le but de cette formation est d'apporter aux jeunes collé- giens sélectionnés les compétences et la confiance nécessaires à l'organisation auto- nome d'une journée d'une manifestation sportive pour des élèves de primaire. En amont de ce temps fort, les établisse- ments mettent en place un partenariat sco- laire impliquant l'enseignant d'EPS et l'en- seignant d'anglais de la classe sur la base d'un projet d'échanges et culturels, sportifs et linguistiques. Chaque projet est doté d'un financement propre permettant d'organiser un voyage (aller-retour) courant 2007-2008. 50 POUR VOUS ABONNER AUX REVUES EP.S ET EPS 1 TEL 01 55 56 71 28 EMAIL abonnements.ep Revue EP.S n°328 Novembre-Décembre 2007 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

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ACCOMPAGNEMENT DE LA COUPE DU MONDE RUGBY

« P A R L E Z - V O U S R U G B Y ? » Le 5 octobre 2007, à Pontault-Combault, 68 jeunes collégiens Français, Britanniques et Irlandais, filles et garçons, organisaient de façon autonome une journée festive de rugby pour 200 enfants de CM2. La rencontre opposant 20 équipes mixtes, aux couleurs des pays représentés dans la Coupe du Monde 2007, venait clôturer avec succès une semaine de stage de formation au « leadership », incluse dans un projet d'échange sportif, linguistique et culturel plus large.

L'accompagnement de la coupe du monde de rugby 2007 en France a donné lieu à diffé­rentes actions éducatives (1), avec des objec­tifs communs à l'USEP et l'UNSS. L'opération « Parlez-vous rugby ?» (enca­dré 1), impulsée par la British Council (2), propose un échange international à des élèves de collège faisant partie, pour la plupart, du réseau « ambition réussite » dans le cadre de l'éducation prioritaire.

ENGAGER DES PARTENARIATS

Les enfants, précise Irène Daumur du British Council, devaient avoir 14 ans cette année. Pour les différents collèges, ce projet permet de développer un contact international autour d'un pôle sportif, le rugby, mobilisant forte­ment le savoir-faire des enseignants d'EPS ainsi que celui des professeurs de langue. Les 16 établissements français retenus, contraire­ment aux britanniques, sont pour la plupart ancrés dans une culture rugbystique (classes sportives rugby). L'activité sportive devient le moyen de construire des compétences linguis­tiques « en mouvement ». L'EPS et l'ensei­gnement de l'anglais sont au cœur d'une action dont l'élan facilite la mise en place de partenariats scolaires durables, car fondés sur un contenu partagé. Les conditions de l'échange (durée du voyage, hébergement nombre de participants, etc.) sont fonction du budget alloué, variable selon les établisse­ments, ainsi que des contraintes locales. La dimension internationale du projet, son ampleur, l'idée de rencontrer des enseignants et des élèves étrangers, comprendre comment cela fonctionne ailleurs en échangeant autour du rugby, sont autant d'éléments qui nous ont particulièrement motivés, explique A. Blouin, enseignant d'EPS dans l'académie de Lille (3) ; avec le collège de Londres, nous avons échangé jeux, sport, cultures et langue ! Dans leur secteur, le football est surmédiatisé, ils ne connaissaient pas le rugby. Nous leur avons fait découvrir l'activité et eux nous ont initiés au cricket.

PARLER UN LANGAGE COMMUN : LE RUGBY

Des échanges linguistiques sous des formes variées ont précédé la semaine de formation : correspondances, productions d'écrits (règles, fiches techniques, livret bilingue, kit d'ap­prentissage de la langue à travers le rugby),

L'opération « Parlez-vous rugby » Lancée en octobre 2006 par la direction générale de l'enseignement scolaire (DEGESCO) et le British Council (1). en par­tenariat avec l'USEP, l'UNSS et la fédération française de rugby, l'opération « Parlez-vous rugby » associe de jeunes collégiens Français, Britanniques et Irlandais, autour du rugby. 68 élèves de niveau 4e (34 Britanniques et Irlandais, 34 Français), sélectionnés parmi 1500 élèves de 13 académies françaises et 4 régions du Royaume-Uni, sont initiés au « leadership » au cours d'un stage d'une semaine au château de la Grande Romaine à Lésigny (Seine et Marne), du 30 sep­tembre au 6 octobre 2007. Le but de cette formation est d'apporter aux jeunes collé­giens sélectionnés les compétences et la confiance nécessaires à l'organisation auto­nome d'une journée d'une manifestation sportive pour des élèves de primaire. En amont de ce temps fort, les établisse­ments mettent en place un partenariat sco­laire impliquant l'enseignant d'EPS et l'en­seignant d'anglais de la classe sur la base d'un projet d'échanges et culturels, sportifs et linguistiques. Chaque projet est doté d'un financement propre permettant d'organiser un voyage (aller-retour) courant 2007-2008.

50 POUR VOUS ABONNER AUX REVUES EP.S ET EPS 1 TEL 01 55 56 71 28 EMAIL [email protected] Revue EP.S n°328 Novembre-Décembre 2007 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

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vidéo, photos, création de logos, montage d'expositions, etc. Dès l'accueil en stage de formation au « lea­dership », les collégiens étaient placés en binômes (Français/Anglophone). Ils interve­naient systématiquement dans les deux langues, jusque dans l'encadrement des jeunes élèves de CM2, le 5 octobre. Par la réa­lisation de tâches concrètes, ils ont progressé de façon constante, à leur grande surprise (lire les impressions de Sara et Olivier, ci-contre). De leur côté, les enseignants ont très vite réa­lisé que les barrières linguistiques n'étaient pas les seules en présence et que le caractère universel du rugby pouvait, lui aussi, être dis­cuté. Le groupe de travail constitué en amont pour organiser la formation fut l'occasion d'une réelle confrontation des cultures spor­tives et éducatives. A. Blouin (3) y a parti­cipé : Nous avons mesuré à quel point nos conceptions de l'activité, de l'enseignement, des règles pouvaient être éloignées, notam­ment autour de la notion de plaquage. Les Britanniques excluent le contact et jouent au flag jusqu'à 12-13 ans. Pour nous, cette approche dénature l'activité. Nous demandons aux élèves, quel que soit l'âge, d'entrer d'em­blée en contact avec les partenaires et les adversaires mais nous adaptons les conditions de pratique pour garantir un jeu en toute sécu­rité. L'espace réduit, par exemple, empêche la prise de vitesse, responsable de contacts vio­lents. Il a finalement été décidé, après discus­sions, que les élèves de CM2 joueraient avec les règles de « Scolarugby ». Seulement les jeunes leaders britanniques ne pouvaient pas arbitrer (contact interdit chez les jeunes). Il a donc fallu faire appel aux jeunes officiels de l'UNSS de l'académie de Créteil ! Les échanges ont pu mettre en évidence également des différences importantes dans l'approche pédagogique, la place laissée à l'autonomie et la responsabilité de l'élève en particulier, mais aussi à l'enseignement des pratiques sportives, davantage orienté vers des objectifs techniques plus sportifs au 'éducatifs.

SE FORMER AU « LEADERSHIP »

La formation au « leadership » est d'ores et déjà intégrée dans certains programmes d'éta­blissements britanniques (comme le Cumber-land Sports Collège à Londres).

Les points de vue de Sara et Olivier Olivier, élève du collège Gérard Philipe à Montpellier (2), fait partie du groupe « média ». Sara élève du collège des Sablons (Viry-Châ-tillon), a intégré le groupe « leaders des lea­ders » au cours de la formation. Tous deux, très occupés à veiller au bon déroulement de la journée, nous font part d'un premier retour sur leur vécu dans cette aventure peu commune. Comment êtes-vous entrés dans ce projet ? Sara : « La manière dont nous avons été choi­sis est différente pour chaque collège ». Un garçon et une fille, mais pas forcément de la même classe. Olivier : Tous les élèves sélectionnés font par­tie de l'échange avec un collège anglais. Pour nous, les critères de sélection étaient établis par rapport à notre comportement pendant l'année mais aussi notre investissement au cours du voyage et nos progrès en anglais. Sara : Pour nous, ça s'est passé différemment. L'année dernière, un voyage en Irlande était prévu et nous devions faire des lettres de moti­vation pour être acceptés. Dix personnes ont été retenues. En début d'année, deux sur les dix ont été choisies par les enseignants, ce qui n'a pas été forcément bien compris par les autres.

Comment s'est passée la formation ? Sara : Dès le début du stage, on nous a demandé de choisir notre groupe parmi trois : organisation, média, activité sportive (rugby). Les professeurs nous ont fait passer un petit test pour savoir ce qui nous conviendrait le mieux. Au début je faisais partie du groupe média, puis sept personnes ont été à nouveau choisies pour constituer le groupe de « lea­ders des leaders » chargé d'encadrer les autres. Aujourd'hui, nous devons naviguer dans tous les groupes pour nous assurer qu'ils sont bien organisés et qu'il n'y a pas de problème. Dans chaque groupe, on était divisés pour mieux travailler. Chaque sous-groupe qui inventait une activité (comme les échauffe-ments et les jeux de ce matin) devait la tester pour être sûr qu'elle fonctionne bien. Les enseignants restaient à l'écart. Quelquefois, ils intervenaient. On connaissait ce qu'on avait à faire et il fallait le terminer. Des listes de questions nous étaient données pour savoir si on était capables d'y répondre. Par exemple : « combien de VIP seront présents ? Qui va les accueillir ? etc. ». Il fallait que tout soit bien réglé. J'appréhendais un peu cette journée, mais en fait je trouve que pour le moment ça va ! Tout se déroule bien !

Olivier : Pour être dans le « groupe média », il faut être social, organisé et patient. Le travail dans ce groupe m'a plu. Je me suis rendu compte que j'arrivais très bien à parler avec les personnes plus âgées que moi. Le groupe média est divisé en cinq petits groupes : la presse, les photos, la vidéo, l'information et l'accueil des VIP. Pendant la formation, les profs essayaient de nous aider le moins pos­sible pour nous faire progresser ensemble, comme dans une entreprise. Un programme était distribué pour nous guider. Cette semaine a été très intense. Tout le monde travaillait main dans la main.

Quel bilan faites-vous de cette expérience ? Olivier : J'ai fait de bonnes rencontres. Per­sonnellement, la différence qui m'a le plus frappé avec les élèves britanniques, c'est qu'ils ne parlaient pas beaucoup français alors que nous nous ne faisions que parler anglais. Sinon, il y avait beaucoup de choses qui se ressemblaient dans nos cultures. Sara : Je trouve qu'il y avait beaucoup de dif­férences dans la façon de nous faire travailler. Pendant les ateliers, on nous laissait réfléchir, trouver les problèmes et essayer de découvrir des solutions tout seuls. Les profs restaient en dehors. Olivier : Aujourd'hui, je réalise que je peux organiser un grand événement tout seul, et avec d'autres élèves, c'est une grande satis­faction. Et j'ai été très surpris de voir que je pouvais parler anglais pour m'exprimer dans le groupe. Je ne pensais pas que j'en étais capable. Sara : C'est vrai, on ne se rendait pas compte qu'on parlait anglais, ça venait naturellement parce qu'on devait faire un travail ensemble. Nous avons aussi partagé des moments de loisir qui nous ont permis de communiquer tous ensemble. Olivier : Pendant la semaine, nous sommes allés au Musée du quai Branly. Là-bas, une personne originaire de Nouvelle Zélande nous a initiés au Haka. Il nous a bien expliqué les gestes, le chant guerrier, c'était un moment vraiment bien !

Et après ? Olivier : J'ai appris à être plus sûr de moi devant les enfants, les adultes, les VIP J'es­père appliquer ce que j'ai appris pour m'occu-per des choses importantes que je rencontre­rai plus tard. Je pense que je vais garder des contacts avec les personnes que j'ai connues ici et je vais essayer d'apprendre le Haka aux autres élèves de ma classe !

EP.S № 328 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007 51 Revue EP.S n°328 Novembre-Décembre 2007 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

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Elle vise à développer la prise de responsabi­lité et l'autonomie des élèves par la mise en œuvre de compétences pratiques dans la réali­sation d'un projet concret : par exemple, l'or­ganisation et la complète prise en charge d'un événement sportif. Pendant la semaine, chaque petit groupe de « young leaders » a participé à des activités d'encadrement, d'animation ou de logistique : gestion des équipes, du terrain, coordination globale, relations presse, premiers secours, etc. ! Nigel Amyes, enseignant au Cumber-land Sports Collège (3) voit pour ses élèves, un intérêt particulier dans le maniement des techniques de communication. Les élèves res­tés à Londres suivent l'expérience en « live » sur écran géant par l'intermédiaire du blog alimenté par les participants. Un espace réservé dans le journal du collège attend l'ar­ticle illustré de photos, que les deux élèves missionnés doivent rédiger. Ce dispositif de formation n'a pas d'équiva­lent en France et nous avons du mal à lui trou­ver une traduction satisfaisante, souligne B. André. IAIPR EPS de l'académie de Créteil. Qu'est-ce qu'un jeune « leader » ? Un chef, un manager, un organisateur, un aîné à qui l'on confie la responsabilité des plus jeunes ? Dans le cadre de cette opération, cela consis­tait à prendre en charge l'événement jusqu'au plus petit détail. Par exemple : qu'est-ce que les enfants de CM2 sont capables de faire le matin en ateliers sportifs ? Que vont-ils manger ? Comment s'organiser en cas de pluie ? Quels logos et quelles couleurs de T-shirt ? etc. La grande difficulté pour les enseignants, poursuit B. André, était d'accepter de faire le « pas en arrière » pour que les élèves prennent en charge toute l'organisation. C'est peut-être Ici que la différence d'approche s'est le plus fait sentir. Les enseignants français sont davantage habitués à poser au préalable un cadre clans lequel les enfants évoluent et s'épa­nouissent, dans lequel les professeurs demeu­rent des intervenants. Les anglo-saxons ont une approche beaucoup plus « libérale » tout en utilisant des outils très structurés. Les deux approches se sont confrontées, ce qui était aussi l'intérêt de la formation et du projet. Les outils de formation sont clairement inspi­rés des techniques de communication et de management du monde de l'entreprise, remarque A. Blouin (3). Si le contenu pédago­gique a été proposé conjointement, les fiches

méthodologiques utilisées étaient fournies « clé en main » par un organisme privé, valo­risant une approche plutôt élitiste. L'organisa­tion retenue avec le groupe des « leaders des leaders » (encadré, p. 51). sortes de « supervi­seurs » ou « super managers », illustre bien cette référence au monde de l'entreprise. Les cultures se sont affrontées, reconnaît B. André, mais au bout du compte, le 5 octobre, on a vu 200 élèves de primaire pris en charge totalement par des collégiens britanniques, irlandais et français... tout au long d'une journée festive. Le contrat était alors rempli. Le 6 octobre, à l'Ambassade d'Angleterre, nous avons remis les certificats de « young leaders » aux élèves : ils avaient réussi, ils ont développé des compétences, se sont affirmés comme leaders et se sont découvert des talents (B. André).

ET APRÈS ?

Les enseignants ont pu observer des enfants, pour certains en grande difficulté scolaire, capables de s'organiser et d'organiser pour les autres, tout en parlant et en écrivant en anglais. Ils se demandent néanmoins com­ment tirer profit de la formation donnée à seu­lement deux élèves par collège ? Quelle utili­sation en faire de retour dans l'établissement ? Comment envisager des échanges à venir sur les deux versants : linguistiques et concernant le « leadership » en EPS ? L'ensemble des partenaires souhaitent alimen­ter les liens de coopération éducative franco-britannique après l'opération, les échanges linguistiques prenant éventuellement le pas sur les échanges sportifs. Des projets de rencontre pour les élèves de l'école primaire encadrée par des collégiens voient le jour dans les collèges français ayant participé à l'échange. Plusieurs prolongements sont envisagés, comme la mise en place d'une formation «jeune organisateur ». En effet, si l'UNSS organise celle des jeunes officiels (arbitres), il n'existe pas de formation « spécifique » com­parable à celle que les collégiens viennent de vivre. Cela implique de repenser les collabo­rations USEP/UNSS en renforçant le lien entre le premier et le second degré. Une réflexion est à mener sur la place de ces actions dans le temps scolaire, périscolaire, extra-scolaire. Peuvent-elles être envisagées sur le temps d'AS, sur le temps de « l'accom­

pagnement éducatif» qui se met en place ? Comment valoriser les acquis des élèves dans le cursus scolaire ? D'autres pistes ont été évoquées : intégrer la validation de compétences développées par l'élève dans la formation à la note de vie sco­laire, former des « élèves-assistants », ou encore utiliser l'anglais en EPS (ce qu'envi­sage C. Toiron, enseignant d'EPS à Orly, avec sa classe). L'académie de Créteil veut servir de plate­forme d'expérimentation pour ce dispositif, dans le cadre du pôle académique socio-édu­catif. Tout reste à construire pour permettre à des élèves de prendre des responsabilités à divers niveaux. Un stage académique de for­mation d'enseignants est d'ores et déjà pro­grammé pour la rentrée 2008/2009. L'EPS et le sport scolaire, ont un rôle essentiel à jouer dans ce type de projet, souligne J.-M. Blan-quer. Recteur de l'académie. La notion de jeunes leaders, propre aux sport collectifs, doit pouvoir être réinvestie en EPS, mais aussi dans les autres disciplines. Il est important que cette expérience ait pu bénéficier ci des élèves de collèges ZEP et « réseau ambition réussite ». •

Pour en savoir plus Retrouvez un ensemble de contributions à ce projet et les liens avec les sites internet de référence sur vvww.revue-eps.com et www.ac- creteil.fr Notes (1) L'opération « Scolarugby » < 2005-2007 >. organisée par l'USEP. a mobilisé des enfants du primaire autour de pro­jets sportifs, culturels et artistiques. « Planète Ovale » est un projet éducatif organisé par l'UNSS (collège et lycée). « Jeune planète rugby ». concerne 80 jeunes lycéens scola­risés à l'étranger pour promouvoir la langue, la culture fran­çaise et les valeurs associées au sport. (2) Le British Council est une agence britannique interna­tionale non gouvernementale dédiée aux relations cultu­relles et éducatives, présente dans 109 pays. (3) A. Blouin est enseignant au collège du Moulin à Grande Synthe (59) en section sportive rugby, engagé dans un par­tenariat avec le Cumberland Sports Collège (Londres), spé­cialisé en football, netball et cricket. (4) Le collège Gérard Philipc (Montpellier), travaille avec le Mandeville Sports Collège (Buckinghampshire), sur le thème du sport comme vecteur d'insertion sociale (rugby, handball et volley-ball). (5) Le collège des Sablons (Viry-Châtillon), en partenariat avec le Ballee High School (République d'Irlande) et le Deele collège (Irlande du Nord), utilise les activités spor­tives (dont le rugby) et culturelles (musiques et danses tra­ditionnelles) pour développer la citoyenneté.

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