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    134 TUDES DE DROGUERIE GYPTIENNE

    v7 sans mme souponner l'criture ^27. Or, W se lit non seulement heb, mais aussiaon, ou aun, ou on. C'est ce que nous allons voir.

    Dans le groupe des textes religieux J|>^ l [ g7\

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    la partie dure et reprenaient l'inscription l o le grs redevenait pntrable leursinstruments. On a remarqu dj, sur bien des monuments de mme matire, un grandnombre d'exemples de ce l'ait. La recette d'Edfou peut donc tre considre commeabsolument complte.

    A part pour quelques mots, dont le sens tait encore indcis il y a une vingtained'annes ; part pour les noms d'aromates, qu'il n'a pas entrepris d'identifier, M.Dmi-chen a donn de ce texte une traduction suffisamment exacte. Et pourtant, je doutequ'un parfumeur qui l'on donnerait cette traduction comme recette puisse russir lamettre excution et en tirer quoi que ce soit. C'est qu'il y manque en effet un l-ment indfinissable, quelque chose qui n'est rien et qui est tout, deux ou trois renseigne-

    ments minimes que l'Egyptien sous-entendai t, parce qu'il n'avait pas les donner des

    gens du mtier, et que de courtes additions, glisses doucement entre les mots du texte,

    auraient pu remplacer avantageusement pour nous. Ainsi, la quantit de parfum obtenirest seulement d'un demi-litre. Mais on doit, pour arriver ce rsultat, employer un litreet demi de liquides divers et un kilo trois quarts cle substances sches. Que devient cette

    masse d'ingrdients en excs ? Le texte le dit peine ; AL Dumichen ne le dit pas.

    Pour ma part, j'ai excut mentalement la recette gyptienne tout en la traduisant,et je suis sr d'tre arriv, au moins, a la rendre excutable. C'est l le charme et l'uti-lit de ce genre de textes : on ne peut les mal traduire sans le reconnatre soi-mme ou

    sans le laisser voir immdiatement d'autres. L'excution d'une recette de parfumerie

    gyptienne est, la traduction de cette recette, ce que la preuve est une opration

    mathmatique. Si les manipulations sont irralisables, c'est que la traduction est fausse.Aussi ne saurait-on assez recommander aux dbutants, s'ils veulent acqurir une saine

    mthode de travail, de se livrer de prfrence l'tude de ces documents techniquesplutt qu' l'examen de questions religieuses dans lesquelles l'imagination, n'tantretenue en rien par la logique, n'a que trop de tendances s'envoler l'aventure :l'histoire des sciences et la lexicographie gyptienne ne pourront qu'y gagner.

    I

    Adoptant, pour la traduction de ce texte, la mme mthode que j'ai employeautrefois pour l'tude duKyphi , je le diviserai artificiellement en autant de parties quela prparation du parfum exige d'oprations spciales. Je procderai ensuite la dter-mination des ingrdients et je rsumerai le tout sous la forme d'une recette paraphraseavec rduction des poids et mesures pharaoniques en poids et mesures modernes.

    A oici d abord le titre de la recette : | 1 \ -X

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    le^ j^J1 doit tre liquide. Enfin, ce dernier mot lui-mme, qui, entre parenthses,

    n'a rien voir avec la plante ~| ^ 1J , s'applique toujours a des extraits liquides.C'est ainsi qu'il est dit, propos d'un onguent5 U=vi o l 1 ww, tV ^

    -__a o^-J ____~> /WW\A O

    O(Br. et D., Rec,, IV, 97/16-17), a plonges-y ' un bton; si lu le trouves mou, paissis-leau moyen d'encens sec surfin ; si tu le trouves dur, claircis-le au moyen d'extraitliquide de Caraube . Ce mot "j) est assez rare dans les textes. A cause de l'ortho-graphe 1 1^ (L., D., III, 175 a, 200 cl) et de la transcription dmotique (Pop.Rhind, 6, 4/5 in Br., Die t., p. 1602), il est certain qu'on doit le lire tshepsi.

    La recette proprement dite dbute par la liste complte des ingrdients qui doivententrer dans le parfum :

    1 oo-oH LVJ d 11 L 1 _ -2 tj o -~ ra 11 ^

    = I / I D 111 / DM i nO

    AA/vNAA AA/V\AA

    o * 10 0^

    O . /WWo o o I ' vvy Cl O (Sf^-^^-O D i

    1. Fruits de Caroubier, 7 Aan 2/3. En extraire les 3/5 sons forme de pulpe, ce quiproduit 4 han 3/5. Presser (cette pulpe) dans un sac et en exprimer le 1/4 sous

    forme de liquide, ce qui produit.................... 1 han 3/20.2. Encens sec de premire qualit....................... [10] \ ten, 1 qad.3. Styrax de premire qualit.......................... 6 ten.4. Calamus aromaticus............................... 2 qad [1/2j 6.

    5. Aspalathe ... :.................................... 1 qad.6. Lentisque......................................... 1 qad.7. Graines de Tekh.................................. 1 qad 1/2.8. Vin deux fois bon de l'Oasis......................... 1/2 han.

    9. Eau............................................. 1 han 1/20.

    J'ai dj dtermin par ailleurs7 les ingrdients nos 1, 4, 5 et 6; les noms gyptiens

    de l'encens, du vin et de l'eau taient connus depuis longtemps \ Il ne me restera donc

    tudier, la fin de ce travail, que le Styrax et la graine de Tekh.On a vu que les gyptiens valuent, d'une manire gnrale, la proportion de la

    .pulpe de Caroube 3/5 par rapport aux autres parties de la gousse. N'ayant pas madisposition de caroubes fraches, je ne puis pour le moment vrifier par exprimentation

    1. Le mot nouveau ^ D _ est l'quivalent du copte cen, cou. ccon, pir.zziv, fjLdcTccstv, immergere.2. Le signe (j est restitu d'aprs l'orthographe de la col. 4.

    3. Le texte porte . expression inusite en gyptien; le calcul prouve qu'il faut lire4. Le texte porte ; le paralllisme et le sens de la phrase rendent la correction certaine.

    5. Le texte porte la quantit d'encens employe au cours de la recette montre qu'il faut lire

    6. Le texte passe f ... ; on verra par la col. 6 que c'est l un oubli du graveur.

    7. Pour le Calamus aromaticus, l'Aspalathe et le Lentisque, cf. V. Loket, le Kg phi, parfum sacr desanciens gyptiens, p. 39, 42-44, 47-49; pour le Caroubier et son emploi en parfumerie, cf. V. Loret, Recher-ches sur plusieurs plantes connues des anciens Egyptiens, n"s YI-1X, p. 7-12 (= Rec, t. XV, p. 111-116).

    8. Une interprtation nouvelle, propose rcemment par M. J. Krall au sujet de YAnti, m'amnera pour-tant examiner plus loin la question de l'encens.

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    l'exactitude de ce chiffre. Mais il ne sera pas sans intrt de rappeler que Vauquelin,

    tudiant la gousse de la Casse^ plante gyptienne qui appartient la mme famille quele Caroubier, y a trouv, pour 1,000 grammes 1 :

    Valves.................................................... 351 55Cloisons................................................... 70 31Semences.................................................. 132 82

    Pulpe...................................................... 445 321.000 00

    La pulpe de Casse reprsente, comme on le voit, plus des 2/5 de l'ensemble de la

    gousse, ce qui rend trs acceptable, pour la pulpe de Caroube, la proportion de 3/5indique par notre texte, d'autant plus que Vauquelin parle des 2/5 du poids, tandis queles gyptiens parlent des 3 5 du volume.

    II

    Aprs avoir donn la liste dtaille des ingrdients qui entrent dans l'a composition de

    l'extrait, l'auteur de la recette passe cle suite la premire opration, qui consiste en uncertain traitement que l'on doit faire subir au 1 han 3/20 de suc exprim de cette pulpede Caroube : m |v m \ "f^ "'Mf ^ = 11 0 ^~~ = ^ R 1

    r\ _ -ri ^ cl\ larfL Ci 5

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    des graines, des herbes, des lgumes clans de Veau, et mmafatre cuire des adversaires,

    en style religieux. Le mot djar, au contraire, est un terme technique trs prcis et trsspcial. Partout o je l'ai vu employ1, il signifie chauffer un corps afin d'en enlevercertains lments susceptibles de se dgager sous forme de vapeur, vaporer, concentrer,

    rduire au feu . Ce mot doit donc se rapprocher du copte -xep, -xxop, dissipare, disper-dere, disso/.cere, dispargere, diffundere, d'widere, x.unV, se retrahere, retrahi, et non

    pas, comme l'a fait M. Brugsch clans son Dictionnaire, cle -xepe, osepo, x.epto, ardere,

    accendere, nzAi:., rere, mots avec lesquels le groupe gyptien n'a aucun rapport desens. En outre, ces derniers mots comportent une voyelle finale forte que n'a pas l'gyp-

    tien djar. Le rapprochement que je propose se trouve par consquent tre plus admis-sible la fois sous le rapport du sens et sous celui de la phontique.

    Sur 1 han 3/20 cle suc de Caroube, les gyptiens enlvent par vaporation han 3/20

    d'eau, c'est--dire plus de 13 %. Vauquelin, poursuivant son analyse de la Casse,trouve, pour 445 grammes 32 cle pulpe i :

    Sucre........................................................ 148 44

    Glatine (pectine)............................................. 31 25Gomme........................................................ 15 62

    Glutine..................................................... 7 92Matire extractive amre....................................... 5 10

    Eau.............................................."........... 236 99445 32

    D'aprs les recherches du mme auteur, la pulpe cle Tamarinier, plante gyptienne

    appartenant au mme groupe que le Cassier et le Caroubier, fournit par l'analysechimique 3 :

    Acide citrique............................................... 9 40Acide tartrique............................................... 1 55Acide malique................................................ 0 45

    Surtartrate cle potasse......................................... 3 25Sucre........................................................ 12 50

    Gomme...................................................... 4 70Glatine vgtale (pectine)...................................... 6 25Parenchyme.................................................. 34 35

    Eau......................................................... 27 55

    100 00

    La premire cle ces pulpes contient donc plus de 50 % en eau, et la seconde plus

    de 25%, ce qui donne une grande vraisemblance la possibilit d'extraire du suc deCaroube 13 % en eau, comme le faisaient les gyptiens.

    1. Br. et Dum., Rcc, IV 90/8, 91/4, 5; Mar., Dencl., I, 47 b.2. Loc. cit.3. Annales de chimie, t. V, p. 92, d'aprs N. Guibotjrt, Hist. nat. des drogues simples, 7" dit., t. III,

    p. 375-376.

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    Mais il reste une question de chimie pratique que l'on peut se poser ce sujet.Voulant, sur 1 han 3/20 de suc, enlever han 3/20 d'eau, pour quel motif les gyptiens,

    au lieu de faire simplement chauffer le suc jusqu' rduction ncessaire, y ajoutaient-ils pralablement han 1/20 d'eau, puis 1 han, soit en tout 1 han 1/20d'eau?

    J'ai pens d'abord de la navet ou de la maladresse. Je me suis demand ensuitesi le suc, relativement concentr, ne risquait pas de s'endommager par une attaque trop

    vive au feu et s'il n'tait pas prfrable, pour adoucir l'opration ou pour faciliter lescalculs de la rduction, d'additionner le suc d'une certaine quantit d'eau. Puis, j'aisong l'intrt religieux qu'il pouvait y avoir compliquer, sans la moindre raisond'utilit, mais pour en augmenter l'importance, une manipulation d'ordre liturgique. Enfin de compte, je me suis arrt l'explication suivante : certains liquides renfermentdes lments volatils qui ne peuvent s'liminer, par vaporation au feu, qu'au bout d'uncertain temps. Pour enlever 13 % d'eau un demi-litre de liquide, il faut quelquesminutes peine. Ce laps de temps n'tant pas suffisant pour permettre l'vaporationd'lments volatils autres que l'eau, les gyptiens avaient soin d'ajouter assez d'eau pour

    prolonger du triple ou du quadruple la dure de l'opration. De la sorte, l'addition d'eau,

    au lieu d'tre une chose purile ou religieuse, serait au contraire la preuve de certainesconnaissances chimiques de la part des gyptiens.

    Je dois faire remarquer, pour terminer l'examen de cette premire section, que1 han 1/20 d'eau a t employ pour la concentration du suc de Caroube. Or, la listedes ingrdients mentionne prcisment 1 han 1/20 d'eau. Toute l'eau indique se trouve

    donc utilise, et c'est l dj un lment dont nous n'avons plus tenir compte. Quantau 1 han 3/20 de suc de Caroube port en tte de la mme liste, il se trouve maintenantrduit 1 han, c'est--dire exactement au volume d'extrait que nous devons retrouver la fin des manipulations.

    III

    (mme) jour, prendre pour lui (c'est--dire pour l'extrait) :

    Calamus aromaticus....................................... 2 qad 1/2,Encens sec de premire qualit.............................. 1 qad.

    Imbiber de vin.......................................... 1 qad 2/3.Faire macrer avec lui (c'est--dire avec le suc). On remarque, dans les recettes de parfumerie gyptiennes, que ls gommes-rsines

    sont gnralement employes avec addition d'une certaine quantit de vin. La choses'explique aisment. On sait que, si l'eau dissout facilement la gomme, elle n'agit en riensur la rsine. Mais la rsine est soluble dans l'alcool, lequel constitue une partie du vin.

    L'eau simple ne dissoudrait que la gomme de la gomme-rsine ; le vin, qui, en plusde l'alcool, contient une trs grande proportion d'eau, peut dissoudre la fois lagomme et la rsine.

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    L'encens, d'aprs les recherches de M. Braconnot', renferme, outre divers lmentsqu'il importe peu d'numrer ici, 56 % de rsine et 30,8 % de gomme. Le vin, d'autrepart, possde en moyenne de 11 12% d'alcool. Certains vins, le vin de Marsala,par exemple, qui est le plus alcoolique que l'on connaisse, ont jusqu' 23 % d'alcool.

    Il faut croire que le vin de leur pays ne leur paraissait pas suffisamment riche en alcoolpour l'emploi qu'ils en voulaient faire en parfumerie; car les Egyptiens recommandaient

    toujours, dans leurs recettes, le vin deux fois bon de l'Oasis. En admettant que celui-ciait possd 15% d'alcool, ce qui est le cas des meilleurs crus d'Orient (Chypre, Chiraz,etc.), voici les quantits de rsine et d'alcool qui se trouvaient en prsence dans l'opra-

    tion qui nous occupe2 :

    Rsine (contenue dans 1 qad d'encens).......................... 5 gr. 6Alcool (contenu dans 1 qad 2/3 de vin).......................... 2 ce. 5

    On comprend que cette faible quantit d'alcool ne pouvait dissoudre qu'une trspetite partie de la rsine contenue dans l'encens. Quant aux 3 gr. 08 de gomme querenfermait la mme quantit d'encens, en valuant toujours le qad 10 grammes, elle tait facilement dissoute dans l'eau, qui constitue en gnral les 9/10 du vin, ce qui,clans le cas prsent, reprsentait exactement 14 gr. 1/6.

    Le rsultat de cette premire opration, dans laquelle entraient environ 3/4 dematires vgtales ligneuses et gommo-rsineuses pour 1/4 de vin, devait tre une sorte

    de pte assez consistante. Le texte nous indique qu'il faut m q cette pte dans le

    1 han de suc rduit de Caroube. J'ai traduit le mot gyptien par faire macrer ,Peut-tre signife-t-il faire bouillir . Je ne connais qu'un seul autre exemple du mot, si c'est bien le mme mot, dtermin par le signe | ] . Il s'agit d'un certain nombre

    de substances (pesant 9 ten en tout), mles 2 han de vin et 3 han d'eau (pesant entout 25 ten), que l'on doit Q % ! ^ r X ^ (1 | XJ ^ ^ ^ 0

    1 1 i Jr imUo>o>'l'i-+- in i in *nii i m *(Br. et Dm., Bec, IV, 90/9), diviser, pour les berber, en (trois) parties : la lre de[1/5], la 2e de 2/5. la 3e de 2/5 . Le dterminatif nous permet peut-tre, dans cetexte, de rapprocher berber du copte Ap&p, iepAep, ev, yZz~.->, etto, ejf'ervescere, ebul-

    lire, calidus. Mais il est toute une srie d'autres mots coptes auxquels on pourraitgalement songer a rattacher l'gyptien berber : &epfnop, AopAep, fSfxetY, roppmxetv, Ixpkr-

    eew, ouoO^iaOai, ejieere, abjicere, projicere; |xxiy

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    TUDES DE DROGUERIE GYPTIENNE 141

    quinquina), me parat le plus propre rendre la fois les deux nuances que donnent l'gyptien berber ses deux dterminatifs G et Q^.

    Pendant que la pte compose de Calamus, d'encens et de vin est en macration

    dans le suc concentr de Caroube, une nouvelle opration se prpare, encore le mme

    jour.

    IV

    o m ^/w , (( faire pour lui (c'est-AAA/WSO I Ht Ci X--^ -_0 g > 1 O f t\ Il AAAWi 5 fl ^ I O

    -dire pour l'extrait) trois corps secs (composs) chacun de :

    Encens sec................................................. 2 ten

    Eau........................................................ han 1/15

    J'ai, par curiosit, excut en la traduisant cette formule trs simple. Deux tend'encens reprsentent 200 grammes ; 1/15 de han d'eau rpond 33 grammes 1/3. Il

    est vident, a priori, qu'une aussi faible quantit d'eau ne peut gure agir sur la massed'encens.

    Le rsultat que j'ai obtenu est le suivant : l'eau disparat en entier sous l'encens,celui-ci se dissout peine, s'amollit trs lgrement l'extrieur, puis l'eau s'incorpore

    et s'vapore trs vite, mme dans un flacon bouch l'meri, et il ne reste bientt plusqu'une masse sche, presque homogne, de larmes gommo-rsineuses adhrant entreelles et couvertes d'une poussire fine rsultant d'un commencement de dsagrgation de

    la rsine amen par la dissolution d'une trs petite portion superficielle de la gomme.Le nom de corps sec que donne notre texte cette masse est donc des mieuxappropris.

    J'ai voulu ensuite me rendre compte de l'ide qu'avaient les gyptiens en seservant de corps secs d'encens dissous en partie, plutt que d'encens intact en larmes ou

    en poudre. J'ai constat que l'encens intact met, se dissoudre dans un liquide,beaucoup plus de temps que l'encens dissous dj en partie, puis dessch. En somme,

    le rsultat de ce commencement de dissolution dans l'eau est mdiocre, mais on voit que

    la prparation des corps secs pouvait nanmoins avoir certaine raison d'tre.

    Nous allons voir maintenant comment on mettait en uvre ces trois corps secs.

    V

    Prendre pour lui :

    Aspalathe.................................................. 1 qad

    Lentisque.................................................. 1 qadGraines de Tekh............................................ 1 qad 1/2

    Imbiber de vin............................................ 1 qad 2/3

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    142 TUDES DE DROGUE HI E EGYPTIENNE

    Cette prparation a encore lieu le premier jour; ce n'est que le lendemain, comme

    la suite va nous l'apprendre, qu'on la mettait en prsence du premier corps sec, aprsmacration pendant toute la nuit.

    L'emploi du vin s'explique ici comme il s'expliquait plus haut pour l'encens. Le

    Lentisque, en effet, produit une gomme-rsine, connue gnralement sous le nom deMastic, dont la partie rsineuse, qui est bien plus considrable que dans l'encens, nepouvait se dissoudre que dans L'alcool du vin.

    Avant d'arriver au second jour, rcapitulons l'tat des diffrentes prparations.Cinq rcipients dj sont en service. Le premier contient 1 han de suc concentr deCaroube, dans lequel est en infusion un mlange de Calamus et d'encens imbib de vin.

    Le second, le troisime et le quatrime renferment les trois corps secs. Dans le cinquime

    se trouvent les ingrdients dont on vient de lire la liste et qui sont destins au premier

    corps sec.

    VI

    = /www I o o_jiff\o II c*c=\ -_n / m H __a 0 my w=a u ^ aa | n , le matin du deuxime our : mettre les

    2 ten d'encens sec dans un mortier ; mettre ces aromates dessus ; mettre l'extrait dessus ;

    secouer fortement, mlanger au mieux1; mettre dans un vase bouch jusqu' ce quese lve le 20e jour.

    Cette manipulation est des plus simples comprendre. Les deux ten d'encens quel'on doit mettre dans un mortier sont les deux ten d'encens, dissous en partie, qui cons-

    tituent le premier corps sec ; si le texte ne parle pas de l'eau qui a servi dissoudre une

    partie de cet encens, c'est qu'elle s'est vapore pendant la nuit. Les aromates que l'on

    doit mettre dessus sont ceux que mentionne la section V, et qui ont pass la nuit macrer dans le vin. Enfin, l'extrait, c'est le suc de Caroube imprgn des ingrdientsindiqus la section III.

    Il n'y a qu'une chose que le texte ne dise pas, c'est que, avant de verser cet extrait

    dans le mortier, on doit d'abord le dbarrasser du Calamus et de l'encens qui lui ont

    communiqu leur odeur. Si, en effet, on laissait, dans le 1 han de suc concentr deCaroube obtenu au dbut, tous les ingrdients que L'on doity adjoindre successivement,le rsultat final serait, non pas de 1 han, comme nous savons qu'il doit l'tre, maisde 1 han (un demi-litre) additionn de toute la quantit d'ingrdients numrs Lasection I, nos 2-7, c'est--dire de 16 ten 7 qad (plus d'un kilo et demi). C'est l djune preuve que l'auteur de la recette sous-entend la dcantation, ou peut-tre le filtrage

    travers un sac, ^. Mais il est d'autres preuves de la chose. Le suc de Caroubearomatis que l'on doit verser dans le mortier est nomm extrait "| j^O- > n0Llsavons vu plus haut que ce mot tshepsidsigne un liquide, et non un mlange de liquide

    1. Le texte porte tort *=* au lieu de q=. L'expression $am r menkh est frquente dans les recettesde parfumerie (cf. Bk. et Du.vi., Rec, IV, 92/17, 93/24, 94/36, 93/42).

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    TUDES DE DROGUERIE GYPTIENNE '

    et de substances insolubles. Enfin, la recette nous indique plus loin, la section VIII,l'tat des oprations au su jet du poids obtenu. Nous constaterons qu'il n'y est tenu aucun

    mpte du poids des ingrdients 2-7, ce qui achve d montrer qu'on devait en dbar-rasser l'extrait au fur et mesure des diverses manipulations1.

    Quant au vase dans lequel on doit laisser macrer les substances pendant vingtjours, c'est, d'aprs les dtermint ifs que prend le mot khebb dans d'autres textes

    II. Brugsch, Dictionnaire, p. 1065), un vase bouch dont la forme rappelle en pluslarge celle du signe S-

    un seul terme reste a discuter dans cette section. Le mot w a t traduitrao w

    tropfenweise par Dmichen {/or. cit., p. 5) et nach und nach, allmahlig parBrugsch (Dict., SppL, p. 688). Il est certain, non seulement d'aprs la place qu'occupele mot dans la phrase, mais encore d'aprs son emploi dans d'autres recettes de par-

    fumerie, que ce groupe signifie secouer, remuer, agiter , et qu'il doit se rapprocher

    du copte K&.9, KO^, IUO, OTt>e, iie$>no, egimj?, tcv/ttsiv, bcttvffO'eiv, jxXs'jeiv, COnciltere,

    ecutere. L'exemple suivant, tir d'un texte d'autre nature, le prouve surabondamment :

    ^ ~ \\ (L. D.. II, 150 a), la terre entire est secoue decrainte .

    VII

    o o lll O i i W _ ' III I A/WW\ AA/WV\ Ji I U O D )*C I WAAAA D /'C AA/WVA en nn

    " agir de mme pour les deux autres corps secs, (mais) sans mettre d'aromates dessus,

    ce qui donne (en tout, pour les trois corps secs, le total de) :Encens sec de premire qualit................................ 6 ten

    Eau........................................................ han 1/5Jours....................................................... 60

    Le total donn a la lin de cette formule (2 ten X3 = 6 ten ; han 1/15 X 3 han 1/5;

    0 jours X 3 60 jours] nous prouve que la macration cle l'extrait dans chacun des trois

    corps secs devait durer vingt jours. Donc, aprs infusion de vingt jours dans le premiercorps sec, on dcantait ou l'on filtrait la liqueur obtenue, et on la versait clans un mortier

    o l'on avait mis pralablement le second corps sec. On agitait et l'on mlangeait aumieux, puis on laissait reposer ce mlange pendant vingt jours dans un vase bouch.Ce temps coul, on dcantait nouveau la liqueur, on la mlait au troisime corps sec,

    comme on avait fait pour le second, et on attendait encore vingt jours.

    Le texte nous prvient que l'on doit agir, pour le second et le troisime corps,exactement comme on a agi pour le premier, avec la diffrence que l'on ne doit pas ymlanger d'aromates. En effet, tous les aromates indiqus dans la liste initiale, sauf leStyrax, ont t utiliss pour aromatiser le suc de Caroube et pour parfumer le premier

    1. Tout au plus pourrait-on admettre qe c'est aprs le vingtime jour, et non avant, que l'on liminele Calcinais et l'enceus, en mme temps que les autres ingrdients. Mais l'emploi du mot ta/iepsi, extraitliquide , me fait prfrer ma premire manire de voir.

    Le texte porte par erreur.

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    144 , TUDES DE DROGUERIE GYPTIENNE

    corps, de sorte qu'il ne s'agit plus que de donner l'extrait une odeur d'encens en lafaisant infuser successivement dans le second et le troisime corps sec.

    VIII

    A/VVW\_....... _ MWd * comI'te: 1

    (attendu que) le gain rsultant des G ten d'encens sec de premire qualit est dehan 1/5.

    Comme je l'avais indiqu, c'est avec le 1 han de suc de Caroube, aromatis par samacration dans divers ingrdients, que le texte additionne le Han 1/5 obtenu parsolution d'une certaine quantit d'encens. Il est par consquent bien vident qu'au bout

    du soixante-unime jour nous nous trouvons en prsence du seul suc de Caroubeaugment de 100 ce. d'encens dissous dans le suc. Tous les aromates ont donc t, aprs

    macration, limins par dcantation ou filtrage.

    Le mot masculin ^ , pa ouh, crit Y dans d'autres recettes analogues(Br. et D. , Rec, IV, 94/40,-95/45), est l'oppos du mot fminin i n, qui signifie perte, diminution, dchet . Il se rapporte videmment au copte oir^, ow^, oto^,ipoorteivfti, addere, adjicere, ugere, et nous explique l'origine de la conjonction oto^, et, avec .

    Que, sur G ten d'encens (600 grammes), le suc de Caroube additionn de vin ait pu en

    dissoudre 100 crn.c, c'est l un fait dont la possibilit nous est dmontre par l'analyse

    chimique de l'encens que j'ai donne plus haut.

    IX

    - 111 rn o nnnn ^? q y r V il , , ,a I s*j\ ~ ^s>- Mo \ | _, faire pour lui (c est-. a^aaa o a /wwa -s nnnn Xw A m oo M si I ^7 1 va-dire pour l'extrait) trois corps de Styrax, ce qui fait 180 jours, comme il a tfait pour l'encens sec de premire qualit, en toute similitude .

    Il est vident que ce nombre de 180 jours, qui reprsente exactement six mois,

    est le total gnral des jours employs partir du matin du second jour. Commel'infusion dans les trois corps secs d'encens a dj demand soixante jours, il reste120 jours pour l'infusion dans les trois corps secs de Styrax, soit 40 jours pourchacun d'eux. .

    Le texte ne nous indique pas quelle quantitde Styraxon doit employer pour chacun

    de ces trois corps, et il ne dit pas s'il faut y ajouter de l'eau. La dernire partie de laphrase, en toute similitude , donnerait croire que chaque corps se compose, comme

    les corps d'encens, de 2 ten de Styrax et de han 1/15 d'eau. Cela ferait les G ten de Styrax

    mentionns dans la liste des ingrdients par laquelle dbute la recette. Mais nous allons

    voir, dans la prochaine section, que l'auteur de la recette fait intervenir 4 nouveauxten de Styrax. Nous devons en conclure, ou bien que les trois corps de Styrax nedemandent en tout que 2 ten de cette substance, soit ten 2/3 pour chacun; ou bien que

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    ETUDES DE DROGUERIE EGYPTIENNE 145

    la liste initiale est fautive et qu'il faut remplacer 6 ten par 10 ten. Je prfre m'arrter-la premire supposition et considrer chaque corps de Styrax comme compos de ten

    2/3 de Styrax + han 1/15 d'eau. Dans ce cas, les mots en toute similitude s'appli-queraient seulement la dcantation, au mlange dans un mortier et au sjour prolong

    dans un vase bouch.Lorsque, pendant cette dure de 120 jours, autrement dit de quatre mois, on a

    dcant trois fois et mlang trois fois le liquide avec le styrax, on dcante une dernire

    fois pour la manipulation finale.

    X

    ^^pZ^ 'U^MZf^ ku ajouter (c'est--dire _o o. A tu o i 1111 w /wwvn ^nM o 1111 w 11 I Jl'extrait) :

    Encens sec de premire qualit....................... 4 ten.Poudre de styrax................................... 4 ten.Vin............................................... 2 ten, 1 qad 2/3.

    Comme la dure de cette opration n'est pas spcifie, il est vident que le parfum

    est considr comme termin aussitt aprs le mlange de l'extrait avec le vin et lesingrdients qu'on vient d'indiquer. Il ne reste plus qu' le dcanter ou le filtrer quand

    vient le moment, soit d'en faire usage, soit de l'introduire dans un rcipient dfinitif.

    Tous les ingrdiens de la liste ont t utiliss. En effet :Encens, 1 qad (sect. m) + 6 ten (sect. vu) + 4 ten (sect. x) = 10 ten, 1 qad ;Styrax, 2 ten (sect. ix) + 4 ten (sect. x) = 6 ten ;Vin, 1 qad 2/3 (sect. m) + 1 qad 2/3 (sect. v) + 2 ten, 1 qad 2/3 (sect. x) == 2 ten, 5 qad.

    En ralit, la liste indique pour le vin, non pas 2 ten, 5 qad, mais 1/2 han; lapremire de ces indications reprsente un poids, la seconde reprsente un volume.Le poids est de 250 grammes, le volume est de 25 centilitres, ce qui revient au mme(en considrant le vin comme ayant le mme poids que l'eau) et ce qui nous fournit en

    plus, au sujet de la relation qui existe entre le ten et le han, un prcieux renseignementque nous aurons utiliser plus loin.

    Nous avons vu (sect. vin) que, par suite de l'augmentation de volume rsultant de

    l'emploi des trois corps secs d'encens, l'extrait atteint 1 han 1/5 au moment de ladernire manipulation. Nous allons voir, clans les dernires phrases du texte, comment,grce une sorte de contre-balancement entre le styrax et l'encens, le volume de l'extrait

    finit par s'arrter exactement 1 han, rsultat que le titre mme de la recette nousfaisait prvoir.

    XI

    , le gain (rsultant de l'emploi)/wvw\ y Oi a_flooonninio n nnnRECUEIL, XVI.

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    146 TUDES DE DROGUERIE GYPTIENNE

    des 4 ten d'encens (tant de) han 2/15, cela fait (pour l'extrait) 1 han 1/3 (= 1 han 1/5-Y han 2/15).

    Cette proportion du gain amen par l'encens, correspond exactement cellequ'indique la section vin. Si, en effet, 6 ten d'encens augmentent l'extrait de han 1/5,

    4 ten t'augmenteront de han ;? x 1 = han 2/15. Mais l'auteur de la recette va nous faireremarquer, pour terminer, que ce han 1/3 de gain est annul par han 1/3 de perte

    produite par le styrax.

    XII

    ^ 1.2 O ^

    \^ ^ aa/w\a

    O 111 o ^ d] ^q2- -\aOs5) i ooo Do ^-1\\ wwm MM o I I I I D i i i CD O

    ffl S sMi&^t*to1!k&,,,aperte

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    TUDES DE DROGUERIE GYPTIENNE 147

    4 L'arbre nti s'est acclimat en Egypte partir de la XVIIIe dynastie, de mmeque se sont acclimats au Caire et Alexandrie un certain nombre 'Acacia exotiques

    produisant de la gomme.O

    5 Le nom gyptien de l'Encens est ^ o sountir.Je vais essayer, en les reprenant dans le mme ordre, de montrer que ces arguments

    ne sont pas absolument inattaquables :

    1 Le mot zi 2 (( > gcimi, d'o viennent le grec x(i^t et le copte rojuli, kojulh, sert dsigner les gommes-rsines aussi bien que les gommes proprement dites, commexop.fju en grec, d'ailleurs, et gummi en latin. Si, en eiet, on rencontre des expressionscomme l^P Q( o $ A (Pap. Ebtrs, 54/16), gomme d'Acacia (c'est--dire

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    148 TUDES DE DROGUERIE GYPTIENNE

    0

    0et c

    auquel il n'a pas song et qui rend son interprtation absolument impossible : c'est queY'nti se brlait dans des encensoirs1. Or, c'est l un des caractres distinctifs desgommes-rsines; les gommes pures, comme la gomme arabique, sont ininflammables.

    Il me semble donc bien certain que l'on doit conserver au mot ZZ^o le sens d'en-

    cens qu'on lui a toujours attribu. Mais je me hte d'ajouter que ce fait ne modifie enrien la valeur des conclusions de M. J. Krall au sujet de la position qu'occupait le paysde Pount, attendu que le Boswellia thurifera croit la fois dans l'Arabie mridionale,au pays des Somali et en Abyssinie2.

    XIV

    J'ai dj eu l'occasion de montrer que le signe se compose des deux lmentsa /WWVv __ IN n iuEil

    phontiques %= + ^3 ~ l \> et clue ^e nom d'ingrdient dans lequel il entreJj /www 1 -=J www h r\ n oest par consquent l'quivalent du mot le plus souvent crit en toutes lettres (H o,

    n i\ r\ n =j a o aa/ww 1 1 "1 Ol Jk )o, etc.3. M. H. Brugsch 4 a rapproch ces derniers mots de l'hbreu nibe l'arabe ^.J, qui dsignent le Styrax, et je ne puis que me ranger son opinion,

    malgr certaine difficult qu'il ne semble pas avoir prvue et que nous aurons sur-monter.

    Tantt, le mot est rang, dans des listes gnrales d'aromates, ct des gommes-rsines ^fj o ou /^ww o, , o J^s- fs ooo il faut joindre les

    formes (( j$ Q^, JQ, \ > cites par M. Brugsch, mais non accompagnesd'exemples9, ainsi qu'un groupe dmotique dont la transcription donnerait WW J

    D t] o 1 0 N ^ aaaaaaII O

    Toutes ces formes sont d'poque ptolmaque, mais le mot se rencontre dans des

    textes dats du temps des Ramessides, et mme au Papyrus Ebers, ce qui permetd'affirmer que les gyptiens connaissaient la plante Nnb ds le dbut de la

    XVIIIe dynastie.Ce dernier document, qui est le plus ancien, ma connaissance, o la plante soitnomme, en orthographie le nom AAAAAA {( J ^vT (98/13) et la mentionne dans

    \\ 11 _Zl /www ZF

    1. Auprs d'Amnophis III tenant, devant Amon, un encensoir allum : aaaaaa oiLouqsor, salle K', paroi e, 2e registre, tableau 5, d'aprs mes copies).

    2. N. Guibourt, op. cit., t. III, pp. 516-521.3. V. Loret, Recherches sur plusieurs plantes connues des anciens gyptiens, nos VI-IX, p. 11, n. 2

    Rec., t. XV, p. 115, n. 2.4. Dictionnaire hiroglyphique, Supplment, p. 661.5. Br. et D.m., Recueil de monuments gyptiens, t. IV, 80/3, 6; 91/2; 93/26,29; 94/34; 97/18.

    6. Ibid , 87/17; 91/1; 94/40; 95/45.7. A. Mariette, Dendrah, t. I, pl. 48 a.8. Br. etDijM., Rec. de mon., t. IV, 80/7; 93/26,27; 94/34, 39.9. DM. hirog'l., p. 781= Mar., Dcnd.; Dm., Temp. Inschr., I, 64/2, 52/5.10. H. Brugsch. DM. hirogl., Suppl., p. 661.

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    TUDES DE DROGUERIE GYPTIENNE 149

    une recette de parfum brler, f) . Le Nnb est nomm trois fois, au Grand Papyrus

    Harris (poque de Ramss III) , sous l'orthographe "^Hl J ^\ -=fjf- ou Aft^AA ( (_ Jj v\ ^(15 6/14, 53 a/3, 71 a/12), aprs des noms de bois d'bnisterie et au milieu de vgtaux

    aromatiques tels que le Cinnainome, la Cannelle, le Calamus aromaticus, etc.

    On peut tirer, de ces diverses orthographes, deux formes bien distinctes. L'une,sans, wwa final, est Nnib, NniiboU; l'autre, avec finale smitique, est Nniioubn (oumieux Nniiboun), Nnebni. J'ai fait remarquer par ailleurs1 combien cette finale en ATest frquente dans les noms des plantes, surtout dans ceux qui appartiennent des racines

    smitiques. On sait, d'autre part, que le ^ est apparent au R ou au L. L'identifca-

    tion phontique entre Nniiboun, Nnebni et njnb (libnh)/j^J {loubna) est donc admis-sible. On pourrait mme voir, dans la forme sans N final, Nniibou, le prototype dumot m-aJiio, qui est traduit thus par T. Edward, d'aprs une Scala d'Oxford2, maisdont la signification exacte ne peut tre assure qu'aprs examen du terme arabeemploy dans le manuscrit copte.

    Le mot hizb, que l'on doit se garder de confondre avec le mot isiS"?, ^b (ar. J[J ),

    lequel dsigne l'Encens, ne se rencontre que dans deux passages de la Bible. Il y estemploy pour dsigner, non pas une gomme-rsine, mais un arbre de Palestine dontles caractres ne sont indiqus en rien par le contexte. Dans le plus ancien de ces pas-sages {Gen. ,-xxx, 37-38), les Septante traduisent nnb par axupa?; dans le second exemple

    (Hos., iv, 13), la version grecque donne oxt), a peuplier blanc . Il est vident que c'est

    la premire de ces deux traductions qui est la bonne, d'abord parce qu'elle est la plus

    ancienne, ensuite parce que le mot rua? s'est conserv dans l'arabe ^J, qui s'appliquebien certainement au Styrax. C'est l, d'ailleurs, l'avis de K. Rosenmller \ bien queCelsius ait cru devoir prfrer, sans en dire la raison, le sens Xeux) au sens crupaj *.

    Il rsulte bien de ces rapprochements philologiques que le naot gyptien Nniibou

    on Nniiboun dsigne le Styrax. Mais une difficult se prsente : le Styrax est unegomme-rsine, tandis que le mot gyptien s'applique un bois odorant. Avant d'exa-miner si cette difficult est de nature empcher la dtermination que je propose aprsM. Brugsch, il convient de dmontrer que le Nniibou est effectivement un bois, ou un

    , , . , _ O a n >*ywvA i\ - Qarbre, et non pas une gomme-resme comme le aawa o, par exemple, ou le V ^ ^ -

    Voici les diverses raisons qui conduisent cette conclusion :1 Le mot est frquemment suivi, mme dans les recettes de parfumerie, o il

    ne peut tre question que de la partie odorante de l'arbre, des signes \^[, s*-**- ou n,qui dterminent les noms des plantes et cle leurs parties extrieures, mais jamais lesnoms des scrtions vgtales.

    2 Les trois passages du Grand Papyrus Harris o il est question du Nniibousont ainsi conus :

    1. V. Loret, Rech. sur plus, plant., n VT-IX, p 6, a. 1 = Rec, t. XV, p. 110, u. 1.2. H. Tattam, Lexic.. t.egypt.-latin ., p. 841.3. Biblische Ncciurgeschichte, (Leipzig, 1830), t. I, p. 261-263.4. Hierobotanicon, (Anistel., 1748), t. I, p. 292-296.

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    150 TUDES DE DROGUERIE GYPTIENNE

    \\ TlJJf s I/wvwv fi fi n fy A -o>- o

    XV b, 14 : AW (.1 \> nj" AAWA nn n Nniibou, 3 bches = ten 610,mrm (?_(3 (3

    Ci (3 (3(3(315 : \ s^T3> /wvws .............Cannelle, 1 bche = fe/i 800.< \\ o I a a a a a a mm) PPPPmm] (2 ...............Cannelle, 894.\ \\ i mn ennnni i1

    LXXI a, 12 : -f^~ \ ^ j ^ ^ J ^ J Nniibou et Cannelle, fe 3129.

    D'une part, le rapprochement avec la Cannelle, qui est une corce odorante,

    d'autre part, l'expression ( , trois poutres, trois tiges, trois bches , nous prou-vent bien qu'il s'agit d'un bois, ce qu'achve de dmontrer le dterminatif sCt^>. Troisbches de Nniibou pesant 610 ten, chaque bche pse en moyenne 20 kilos.

    3 L'exemple suivant semble encore montrer que le Nniibou tait import en

    Egypte sous forme de bois: j 1H Ih ^ n (Dm., Temp. Inschr., 66/1), l'habitant de Benb apporte du bois (cf. &o, &oo, lignum)

    de Nniibou, et procure (= ^) c^es &rmes cle gomme-rsine Aoutska .4 Enfin, tandis que l'encens, dans les recettes de parfumerie gyptiennes, amne

    toujours un gain, If, clans les liquides o on le fait macrer, c'est--dire augmente

    ces liquides de tout ce qu'il leur cde par solution, la poudre de Nniibou, au contraire,

    produit une diminution du liquide, c'est--dire en absorbe une partie par imbi-bition. Ce fait ne peut s'expliquer qu'en voyant dans la poudre de Nniibou de la sciure

    de bois. Si le Nniibou, en effet, tait une gomme-rsine, il n'agirait pas autrement quel'encens.

    La nature ligneuse du Nniibou tant ainsi tablie, il reste rechercher si l'identi-

    fication de cet ingrdient avec le Styrax peut tre maintenue. Je crois pouvoir rpondrepar l'affirmative. D'abord, nous avons vu que le mot rib dsigne un arbre et non unegomme-rsine. Je ne sais si les savants qui se sont occups tudier la flore bibliqueont raison, mais leur opinion est que, si nipb dsigne l'arbre Styrax, il est, dans la Bible,

    deux mots qui servent dnommer spcialement la gomme-rsine produite par cet

    arbre : *]ta3 et nitai1. En arabe, dsigne l'arbre, la plupart du temps, tandis que la

    gomme-rsine porte le nom spcial de Et mme, en franais, il existe une dis-tinction analogue. Les botanistes, qui donnent en latin le nom de Styrax l'arbre,le nomment Aliboujier en franais, tandis que le mot Styrax n'est employ par euxque pour en dsigner la gomme-rsine : l'Aliboufier produit le Styrax, comme leLentisque produit le Mastic. L'gyptien Nniibou peut donc rpondre, comme nom

    d'arbre, aux termes smitiques njb et ^.J, qui dsignent seulement des arbres.D'o vient, pour terminer, que les gyptiens employaient le bois de l'Aliboufier et

    non le Styrax mme? La chose, en somme, peut s'expliquer aisment. Le Styrax,

    1. S. Bochart, Hierozoicon, (Francof.. 1675). t. II, p. 532-533. O. Celsius, Hierobotanicon, t. Ip. 529-530, 548. K. Rosenmller, Blbl. Naturgesch., t. I, p. 163-165.

    2. Ibn-Bathar, Matire mdicale (d. L. Leclerc), nos 2011, 2196.

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    TUDES DE DROGUERIE GYPTIENNE 151

    abstraction faite du Styrax d'Amrique1, s'extrait aujourd'hui de deux arbres biendiffrents d'aspect : le Liquiclambar orientale Mill. , qui ne crot que dans la partieoccidentale de PAsie-Mineure \; le Styrax officinale L., qui se rencontre sur les ctes

    septentrionales et orientales de la Mditerrane, et qui est surtout abondant en Syrie3.

    Or, d'aprs les indications que nous ont fournies les anciens sur leur axupaj, il estcertain qu'il provenait du Styrax et non du Liquiclambar. D'abord, l'arbre au utupa serencontrait principalement en Syrie, en Phnicie et en Arabie *, ce qui n'est pas le cas

    du Liquiclambar. Ensuite, l'arbre tait comparable au Cognassier8, ce qui est vrai duStyrax, mais ne l'est nullement du Liquiclambar, lequel a des feuilles palmatilobes,rappelant un peu celles du Groseillier6. Le Styrax biblique tant un arbre de Palestine,

    ne peut, de mme, se rapporter qu'au Styrax. Enfin, le des Arabes est galementun Styrax; son fruit, nous apprend Lshak Ibn-Amrn7, est de la grosseur d'une noix etde la forme d'une prune blanche. Cette description rpond bien au fruit du Styrax,tandis qu'elle ne peut s'appliquer en rien celui du Liquiclambar, qui se compose d'ungrand nombre de capsules runies et enchsses sur un rceptacle commun. Il est doncbien certain que le Nniibou des gyptiens tait le Styrax officinale "L. et qu'il leurarrivait de Syrie ou d'Arabie.

    Or, cet arbre fournit deux sortes de produits : le Styrax sec, qui n'est autre quel'corce mme de l'arbre, gorge de rsine ; le Styrax liquide, que l'on obtient en faisant

    bouillir le Styrax sec dans de l'eau et en recueillant le produit rsineux qui vient sur-nager la surface. Ces deux espces de Styrax sont soigneusement distingues et

    dcrites dans la pharmacope arabe et jouissent de proprits mdicales diffrentes8.Dans les Sccdce coptes, on trouve mentionnes ces deux espces de Styrax :

    ju.md,KOT, ddu.m0.K0v = ^JsjrLJ, ^J^L-J, ^s^L^I, i] , styrax ;

    crrpa^, repi=; = mme s en s ;

    ***, styrax liquide ;

    ct.kth, ct^kth, cT^KTHit = , styrax , j j , (( styrax brler , 1*.** corce styrax9 .

    On s'explique aisment, dans ces conditions, que les gyptiens aient pu employer,

    1. C'est une espce amricaine, le Liquiclambar styraciflua L., qui fournit le Styrax liquide quevendent nos droguistes.

    2. E. Boissier, Flora orientais, t. II, p. 818.3. Ibid., t. IV, p. 35. Pour distinguer ces deux produits, les droguistes donnent au premier le nom

    de Styrax et au second celui de Siorsc.4. Hrod., III, 107. Diosc, De mat. med., I, 79. Pline, Hist. nat., XII, 40, 55. Athn., Deip-

    nos., IX, 67. Strab., Geogr., XII, 7/3, XVI, 4/13, 26.5. Diosc. et Pline, loc. cit., Cette comparaison devait tre trs juste, car le Styrax porte, en grec mo-

    derne, le nom de ayv.a voowv. (C. Fraas, Synups. plant. Jlor. class., p. 194; E. Boissier, op. cit., t. IV, p. 35).6. Cf.. pour le Liquiclambar, H. Billon, Hist. des plantes, t. III, p. 398, fig. 471-474 et, pour le

    Styrax, t. XI, p. 414, fig. 488-493.7. D'aprs bn-Bathar, loc. cit., n'J 2196.8. Ibid.9. Seal, copt., nos 141-142, 161-162, 498, 548 (ces rfrences se rapportent une dition, que je prpare

    en ce moment, de la partie des Sccdce qui traite des vgtaux).

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    152 TUDES DE DROGUERIE GYPTIENNE

    dans leur parfumerie, l'corce d'Aliboufier ou Styrax sec des Arabes ; il est mme vrai-

    semblable que c'est sous cette forme, plus commode pour le transport, qu'ils le rece-AAAW\ n f /WW\A j\

    vaient de l'extrieur. Si le mot n fi JJ ^ n'est pas une variante de J [ , roseau ,mais bien de ^(J{ J on constate que le roi Touthms III reut du pays syrien de

    , en Tan XXIV de son rgne, en mme temps qu'un grand nombre de poutres/WAM PX-^y~) AAAAAA rj r ^__^ /WWV\ ^1 / - |de Caroubier. d.'Acacia, de Saule, etc., E] !j _J > ^ (^^ ^^{Rec, II, 150), 206 bches de bois de Styrax'' .

    Les gyptiens employaient-ils le Styrax liquide, ? Oui, et le nom qu'ilslui donnaient vient achever de prouver que le Nniibou est bien le bois de l'Aliboufier.Le Papyrus Ebers, en effet, indique, parmi les ingrdients qui doivent entrer dansla composition d'un parfum brler, le AAWA (( %\ J "=rV (93/18), c'est--dire

    le produit mou, liquide de l'corce de l'Aliboufier, autrement dit la desArabes, le Kd,Aid,nTiTort, kojulotikoii des Coptes.

    C'est donc par bois ou corce du Styrax officinale qu'il convient de traduiredsormais le mot gyptien Nniibou, et non pas par gomme-rsine de Styrax .

    J'ajouterai qu'il se peut que les gyptiens aient essay d'acclimater le Styrax

    Thbes, l'poque des derniers Ramessicles. Dans une des lettres que renferme lePapyrus de Bologne n 1094, un personnage numre quelques-unes des curiosits de

    Thbes. Il parle de l'Acacia favori plant sur le chemin qui mne la demeure d'Amen-

    hotep, de la terrasse d'Amen-hotcp, de ^ 0 I n :z o ^u ^>ersea d'Amon Karnak, etc. Bien que la copie cursive du papyrus, publie par Chabas, porte o pourles deux premiers signes, le mot a t transcrit par lui 2^ Jj\ M. A. Lincke transcrit

    O $1 raPPr0Cnan^ ^e mt du cpte ^Me., le traduit par prtre 3 . Ilfaudrait, pour dcider la question, avoir le manuscrit sous les yeux. Nanmoins, comme

    plusieurs arbres clbres de Thbes sont nomms dans ce texte et que les signes hira-

    tiques pour et pour Q peuvent se confondre aisment, je crois que ma transcriptionest possible et qu'il pourrait s'agir de l'Aliboufier (Nnb) d'Hthor.

    XV

    Je dois avouer que je n'ai pu russir encore dterminer la plante bien que,depuis plusieurs annes, j'aie relev soigneusement tous les passages dans lesquels ce

    nom se rencontre. M. Brugsch (Dict. hirogl., p. 1566) a considr d'abord cetteplante comme tant le Rosier, sans indiquer en rien le motif de son opinion. Plus tard,(Ibid., Suppl. , p. 1338), il y a vu la Vigne, mais en s'appuyant sur un texte dans lequel

    il a confondu avec un nom de plante le mot (( ivresse , mis en paralllisme avecJT. joie . Il se peut, d'ailleurs, que le nom de la plante Tekh drive de la

    1. Le mot rare kanka se trouve employ, dans le mme texte, propos du bois de Caroubier,

    ^3^5 fv -s^ -sT~7 r^s) s==sv\ (Leps., Ausw., 12/34), ce qui semble bien montrer queI l I AWAAA ZI I I I O I WWW I AAAAAANia est une variante de Nniibou et non le nom du Roseau.

    2. Ml. gyptol., 3e srie, t. II. pl. 12 et p. 165.3. Beitrge zur Kenntniss der altgyptischcn Brieflittcratur, p. 25-26.

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    TUDES DE DROGUERIE GYPTIENNE 153

    racine o , enivrer, tre enivr, tre en gaiet , mais il n'y a pas que la Vigne dontle fruit agisse sur le cerveau; et puis, l'odeur seule des fleurs ou des feuilles de certaines

    espces, la Coriandre, par exemple, peut produire le mme effet.ci

    Quoique les exemples que je possde du mot ^ \^ ne m'aient encore fourni aucun

    rsultat, je tiens nanmoins les runir ici, dans l'espoir que quelque autre, plusheureux ou plus riche en notes, pourra russir en tirer la dtermination de la plante.

    D'abord, il convient de faire remarquer que le mot ^ \(j n'est employ dans lestextes qu' l'poque grco-romaine. Si, en effet, le Papyrus mdical de Berlin, quiappartient la basse poque, mentionne deux fois la plante Tekh, comme nous le verrons

    plus loin, le Papyrus Ebers n'en fait pas une seule fois mention.La plante, sans qu'on puisse savoir si elle y tait spontane ou non, tait

    du moins cultive en gypte : [ Cj[) _.....S^^^^ ^n ._

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    154 TUDES DE DROGUERIE GYPTIENNE

    d'Arabie, semble montrer que la recette du parfum Sti-heb a t remanie aprsl'Ancien-Empire.

    De cette plante Tekh, on confectionnait une eau dans laquelle on dlayait lescouleurs pour certaines crmonies liturgiques - (^r^JlTT^^'i^ ^^j] f\ fin O =, Y -_ O AWAA ) < -f\ t lJcUOriljJOliy. w i I JiHv* \\Um T\ Tm^, . ^ \> (Msp., Pop. rf Louvre, p. 37), Isis et Nephthys^ \\ lll/wwvs O I JT IIIsont dessines sur elle (l'toffe), en couleur verte (dlaye dans) de l'encens et de l'eaude Tekhou .

    Q AWMA g i-~j | \\ |Enfin, le Tekh tait emplov en mdecine : ^=^. ^\

    -tel _ _ }gQ I r I (Pap. mdic, XI, 2), Autre recette pour gurirU \11 ^ =U= 111 o III U =0= - es * 11 n les tumeurs aux jambes : Graines de Tekhou, miel, vin; les en frotter ; r-vrn ^r-ioP fio>p o an _____ o JiJi\\\O a Q fi

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    TUDES DE DROGUERIE GYPTIENNE 155

    Scal coptes, ce qui prouve qu'elle tait connue des gyptiens ds les premiers tempsde la domination arabe. Peut-tre les Grecs ou les Romains l'introduisirent-ils enEgypte, comme ils y avaient introduit d'autres fleurs d'origine europenne. Pline, entout cas, semble la ranger au nombre des fleurs cultives de son temps sur les bords du

    Nil (H. N., XXI, 40). Enfin, la Violette, d'aprs les mdecins grco-latins et arabes \avait la vertu de rsoudre les tumeurs ou abcs, tout comme la plante Tek h.

    Ces rapprochements sont sduisants, mais, encore une fois, l'identit est loin d'tre

    certaine entre les mots nex'** et ^ et il est peut-tre plus prudent d'attendre denouveaux documents avant de tenter la dtermination de la plante gyptienne.

    XVI

    Nous pouvons maintenant, en guise de conclusion et de rsum., donner la traduction

    entire, paraphrase, de la recette que nous venons d'tudier dans tous ses dtails. Nous

    avons vu (sect. X) quel est le rapport qui existe entre le ten et le han : 1 han d'eau pse

    5 ten, autrement dit 1 han est 1 ten ce qu'est 1 litre 200 grammes. Au lieu de donner

    au han sa capacit relle, qui est de 0148234375, et au ten son poids exact, qui est de96gr46875, nous attribuerons au premier la valeur 0!5 et au second celle de 100 grammes.

    Les proportions, on le conoit, n'en seront pas changes, et les calculs en seront grande-

    ment simplifis.

    RECETTE POUR FABRIQUER UN DEMI-LITRE D'EXTRAIT SURFIN DE STYRAX

    Se procurer les ingrdients suivants :

    1. Suc de Caroube2......................................... 0*5752. Encens sec de premire qualit............................. 1.010 gr.3. corce de Styrax de premire qualit [S. officinale L.)........ 600 gr.4. Calame aromatique (Racine d'Acorus Calamus L.)........... 25 gr.5. Aspalathe (Bois de Convolvulus scoparius L.)................ 10 gr.6. Mastic (Rsine de Pistacia Lentiscus L.)................... 10 gr.7. Graines de Violette (?).................................... 15 gr.

    8. Vin trs alcoolique....................................... 0*59. Eau.................................................... Q. S.

    Premier jour.

    Le premier jour, faire les quatre oprations suivantes :1 Prendre les 0'575 de suc de Caroube, y verser 0'025 d'eau, ce qui fait O'OOO,

    rduire le mlange au feu jusqu' ce qu'il reste 0'550. Ajouter ensuite, ces 0'550,0'5 d'eau, ce qui donne L050, et faire encore vaporer au.feu, jusqu' ce qu'il reste0]5 de suc de Caroube concentr ;

    1. Pline. Hist. nat., XXI, 76. Ibn-Bathar, Mat. md., n 353.2. Pour prparer le suc de Caroube, prendre 3 1. 835 de gousses fraches de Caroube. En extraire 21. 3

    de pulpe. Presser cette pulpe dans un sac de crin et en retirer 01. 575 de suc.

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    156 TUDES DE DROGUERIE GYPTIENNE

    2 Prendre ce 0'5 de sac de Caroube concentr et y mettre en infusion les 25 gr.

    de Calame aromatique, plus 10 grammes d'encens que l'on aura additionns de 16gr65de vin. Laisser infuser jusqu'au lendemain;

    3 Prparer trois corps secs d'encens, composs chacun de :

    Encens...................................................... 200 gr.Eau......................................................... 01035

    Enfermer dans trois rcipients bouchs ;

    4 Prparer le mlange suivant :

    Aspalathe.................................................... 10 gr.Mastic....................................................... 10 gr.

    Graines de Violette (?).......................................... 15 gr.

    Faire infuser dans 16gr65 de vin, jusqu'au lendemain.Deuxime jour.

    Le matin, prendre un des trois corps secs d'encens et le placer dans un mortier,y ajouter le mlange d'Aspalathe, Mastic, Violette (?) et vin. Y ajouter encore le suc deCaroube concentr que l'on aura dbarrass des ingrdients qui y taient en infusion.

    Triturer le tout, agiter et mlanger au mieux. Enfermer ensuite dans un large vasebouch, jusqu'au vingtime jour,

    Vingtime jour.

    Ouvrir le vase et en dcanter soigneusement toute la partie liquide. Verser dansun mortier. Y ajouter le second corps sec d'encens. Triturer, agiter et mlanger aumieux. Enfermer dans un large vase bouch, jusqu'au quarantime jour.

    Quarantime jour.

    Ouvrir le vase et en dcanter soigneusement toute la partie liquide. Verser dans un

    mortier. Y ajouter le troisime corps sec d'encens. Triturer, agiter et mlanger aumieux. Enfermer dans un large vase bouch, jusqu'au soixantime jour.

    Soixantime jour\

    Faire les deux oprations suivantes :

    1 Ouvrir le vase et en dcanter soigneusement toute la partie liquide2 ;

    2 Prparer trois corps secs de Styrax, en mlangeant, pour les trois :

    corce de Styrax.............................................. 200 gr.Eau......................................................... Qil 00

    Diviser en trois corps secs. En mettre deux dans des vases que l'on bouche herm-

    1. L'opration a donc dur dj 60 jours. La prparation des trois corps secs a demand 600 gr. d'encenset 0 1. 100 d'eau.

    2. La quantit de liquide doit tre de 0 1.600, l'augmentation rsultant de la solution de l'encens tantde 0 1. 100 (suc de Caroube concentr, 0 1. 500 + encens dissous, 0 1. 100 = 01. 600).

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    TUDES DE DROGUERIE GYPTIENNE 157

    tiquement. Mettre le troisime dans un mortier. Y ajouter le liquide dcant prcdem-ment. Triturer, agiter et mlanger nu mieux. Enfermer clans un large vase bouch,

    jusqu'au centime jour.

    Ouvrir le vase et en dcanter soigneusement le liquide. Verser dans un mortier. Yajouter le second corps sec de Styrax. Triturer, agiter et mlanger au mieux. Enfermer

    dans un large vase bouch, jusqu'au cent quarantime jour.

    Cent quarantime jour.

    Ouvrir le vase et en dcanter soigneusement le liquide. Verser clans un mortier. Yajouter le dernier corps sec de Styrax. Triturer, agiter et mlanger au mieux. Enfermerdans un large vase bouche, jusqu'au cent quatre-vingtime jour.

    Ouvrir le vase et en dcanter soigneusement le liquide. Y verser le mlangesuivant :

    Aprs macration suffisante, dcanter nouveau le liquide, qui constitue un demi-

    litre1 cI'Extrait surfin de Styrax dont on oint Hthor la grande, clame de Tentyris,

    ainsi que toutes les desses de la Basse et de la Haute-Egypte.

    Telle est la recette du parfum gyptien. J'espre tre arriv la rendre claire etexcutable. Je l'aurais excute moi-mme et j'aurais dit ici l'effet produit par le parfum,

    si je n'avais t arrt momentanment par plusieurs difficults, qui n'ont clu reste riend'insurmontable. D'abord, nous ne sommes plus l'poque o l'on trouve encore desCaroubes fraches, et j'aurais d remplacer le suc de Caroube exprim froid par unedcoction clu fruit sec clans l'eau bouillante, ce qui et probablement modifi le caractre

    et les proprits clu liquide qui constitue la base clu parfum. Ensuite, je n'ai pu me

    procurer que tout rcemment, et par le plus grand des hasards, de la sciure d'corce deStyrax. Enfin, l'identit de la plante Tekli reste encore tablir d'une faon certaine.J'ajouterai que la prparation clu parfum demande six mois. La chose en vaut-elle lapeine? Je la tenterai pourtant l'occasion; d'autres la tenteront peut-tre avant moi.

    II. L'ASPHALTE OU BITUME DE JUDE

    S'il est une drogue que les tombeaux gyptiens nous livrent journellement enquantits considrables, c'est bien certainement l'Asphalte ou Bitume de Jude. La

    1. L'augmentation rsultant, pour le liquide, de la solution de ces 400 gr. nouveaux d'Encens tant de0 1 065, la quantit de liquide se trouve porte 0 1. 665. Mais, d'autre part, la sciure de Styrax absorbant0 1, 165 de liquide, celui-ci se trouve rduit 0 1. 500, soit au demi-litre d'extrait annonc au dbut de la recette.

    Centime jour.

    Cent quatre-vingtime jour.

    Encens 400 gr.

    400 gr.

    216 gr. 65

    Sciure d'corce de Styrax

    Vin....................

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    158 TUDES DE DROGUERIE GYPTIENNE

    plupart des momies, corps d'hommes ou corps d'animaux, sont emplies de cette subs-tance, au point que le mot momie a servi longtemps, et sert mme encore aujourd'hui,chez les peintres, dsigner le bitume provenant des cadavres gyptiens embaums.C'est donc avec un certain tonnement que l'on constate, clans les dictionnaires hiro-

    glyphiques, l'absence complte de toute dsignation s'appliquant au bitume. La causeen est, je crois, dans ce fait que le seul mot copte biblique qui serve dnommerl'Asphalte ou Bitume de Jude est d.juipHge, ejmpegj (variantes : jiipegi, fpegi, fiepegi,

    ftd.pd.ge), aacpaXto, j-ap, asphaltus, bitumeii, adeps, mot que l'on a fait, avec grande

    raison, driver de jj^- Mais ce groupe gyptien ne semble pas, d'une maniregnrale, dsigner le bitume, et on le traduit toujours par huile . Pourtant ce sens,dans la plupart des cas, est fort discutable. Il serait difficile, pour n'en citer qu'unexemple, de voir une huile dans le parfum Sti-heb, dont la recette a t cite dansl'tude prcdente, propos cle la plante Tekh. On y trouve cle la poix, des gommes-rsines, des matires ligneuses, du sable quartzeux', mais absolument rien de ce quipeut constituer une huile. Or, le Sti-heb fait partie des neuf ^""j^^j sacrs, et L'onpeut facilement remarquer, si on lit la recette des huit autres merhi, qu'aucun d'eux,non plus, ne peut tre une huile. C'est l, par consquent, un terme qui demande tre

    tudi nouveau et dont la signification doit tre telle, qu'elle serve expliquer facile-ment les sens acpaXTo, cr^ap qu'a le copte d.jnpHge. En attendant d'avoir l'occasiond'examiner de prs le mot 8 '~\ je serais assez dispos le faire driver du verbe

    ^1^ et lui attribuer, au moins dans certains cas, le sens gnral cle enduit .

    Cette drivation, qui amnerait une transcription mourhi, servirait expliquer la formecopte Hipegi, dans laquelle ai rpondrait au /-de *^x., et & au Q cle ^=$. Quoi qu'ilen soit, le mot merhi n'a certainement pas le sens absolu de bitume et c'est ailleursqu'il nous faut rechercher le nom gyptien cle cette substance.

    J'ai souvent pens, depuis un certain temps, qu'il pouvait y avoir quelque avantage

    s'imposer la tche de dcouvrir dans les textes le nom gyptien d'une plante ou d'une

    drogue choisie d'avance, au lieu de prendre au hasard un nom hiroglyphique cle subs-tance vgtale ou minrale et de s'appliquer le dterminer. L'identification de plantesou de drogues de rare occurrence ne pouvant gure se faire que par limination, il y a

    intrt attaquer la question cle tous les cts et changer parfois de mthode, afind'aller plus vite en besogne. Plus les noms dtermins seront nombreux, et plus lesautres seront faciles dterminer.

    Il m'a sembl que c'tait dans le Rituel de l'embaumement, qu'a publi et traduitM. G. Maspero2, que j'avais le plus de chance cle rencontrer le nom gyptien du bitume.

    Que ce nom se trouve dans d'autres textes, c'est possible; mais il est presque certain qu'il

    doit tre employ surtout dans le trait funraire. Or, la plupart des noms d'ingrdientsqui reviennent frquemment dans le Rituel de l'embaumement sont connus, ou peu

    AWWV

    prs. Seul, le mot , que l'on a sans raison aucune traduit par rsine , m'aOUI ;paru prsenter un sens assez peu sr pour pouvoir tre tudi spcialement.

    1. H.Brugsch et J.Du.michen, Rec. de mon. gypt., t. IV, pl. 85 B.2. Mmoire sur quelques papyrus du Louore, pp. 14-57.

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    TUDES DE DROGUERIE GYPTIENNE 159

    ,.........A/WWV

    Avant d'exposer les deux principales raisons qui me font croire que le mot /www/www O III

    est le nom du bitume, je crois bon de montrer que, non seulement rien clans les textes ne

    s'oppose cette identification, mais qu'au contraire tout nous y amne naturellement.On sait que le bitume, chez les anciens, venait principalement de la Jude1 et de la

    Babylonie2. Le bitume de la Jude, que l'on recueillait sur les bords du Lac asphaltite,tait l'objet d'un commerce important par deux routes bien diffrentes. Les Syriens leconvoyaient jusqu'aux divers ports de La Phnicie, d'o il se rpandait sur les bords de l

    Mditerrane3; les Iclumens le centralisaient Ptra, d'o les caravanes nabatennes le

    transportaient moiti en Egypte, l'usage de la momification*, moiti chez les Sabens,

    qui l'utilisaient dans leurs fumigations3. Peut-tre ces derniers recevaient-ils galementdu bitume de Babylonie, par l'intermdiaire de marchands chaldens et arabes. Or, les

    iUi, /WWW

    textes gyptiens font frquemment mention du ^vww de Syrie et de Phnicie, et/WWV\ O l!l l'inunitj A/WW\

    moins souvent, - comme d'une espce suprieure ou plus rare, du /www excel-

    !.....vww\ /www O IIIlent du Pays de Pount, appel aussi /www de Coptos, du nom de la ville oo m

    venaient le livrer les caravanes gvpto-arabes. Nous verrons plus loin, en effet, qu'on

    trouve dans les inscriptions : d'une part, du Mennen de 1 \\ I ou de Syrie, deI -fi Ah \

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    160 tudes de droguerie gyptienne

    /wwsa

    mesure do liquides han qui sert en indiquer la quantit employer. Le ww\a taito iii

    donc bien une matire solide, comme Test l'asphalte.

    Dans le Rituel de Vembaumement, le Mennen est parfois mis en paralllisme avec

    _ I ,v ^ ^> Wj ()|awm ^ m , ~ (A. mar.,la poix :

    Pan. de Bouiaq, t. I, pl. 7, 1. 7 Masp., Mm., p. 21), elle vient toi, la poix issuedes Genvriers; [il vient toi,] le Mennen provenant de Thabor ; lu

    ctzd a i ti y \ on ^ t a (f=^ \ -fu o m t\ Aravx U 1 1 V\ r-, Mar., I, 7/1-2 Masp., p. 21), il vient toi, le Mennen provenant de Phnicie; [elle vient toi,]la poix excellente provenant de Byblos .

    Le plus souvent, dans les diffrentes phases de l'emmaillotement, la substance] ^ et de la plante Q -\\- f\ ^ : -9- - - fb\

    oui L lu _b^iii L 1 J U3\\ (Mar., I, 11/78 = Masp., p. 33),

    Mennen est range ct du natron,

    iii((

    O i

    O

    8 10\

    n ,wwv\o

    nkh-m, 1; Mennen de Coptos, 1; natron, i; [mettre] en son intrieur (de la main

    ISS i {) (Mar., 1, 11/10 -U J^ni x oui oui X-_ Js % ni w U v nMasp., p. 33), de 1'nkh-m, du natron, du Mennen, avec du foin nouveau ;-^r

    n ra

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    TUDES DE DROGUERIE GYPTIENNE. 161

    concassable et probablement liqufiable au feu, qu'on l'employait dans l'embaumement,

    qu'il prsentait quelque rapport avec la rsine, la poix, l'encens et la gomme, et qu'onse le procurait soit directement de Syrie, soit indirectement, par l'intermdiaire descaravanes arabes qui commeraient avec l'Egypte, par la Mer Rouge et le portcleCoptos.

    Tout cela s'applique fort bien au bitume. Mais je dois avouer que cela s'applique aussibien la rsine, que l'on tirait des grands conifres des montagnes syriennes et que les

    marchands arabes devaient importer galement en Egypte. Un fait, pourtant, semblemontrer que le/www n'est pas la rsine : c'est que le nom de la rsine est ]/ ^ 1 ' ,

    /www o ii! ^> 1 A 111sountir, cort^, et que le mot Mennen se rencontre dans les mmes textes que le motSountir.

    On objectera peut-tre qu'il existe bien des espces de rsines et que plusieurs d'entre

    elles pouvaient porter en gyptien des noms particuliers ; si Sountir, dira-t-on, est lenom de la rsine du Pin d'Alep, coivf rpondant dans la Bible au grec o-r-J.^ et dans

    les Scal l'arabe xy*> Pinus halepensis, il se peut que Mennen soit le nom de larsine d'un autre arbre.

    Je reconnais que cette objection est srieuse et qu'elle est do nature faire hsiter

    devant une dtermination trop htive. Voici les deux raisons qui m'ont fait penser queMennen est le nom du bitume et non pas celui d'une rsine autre que le Sountir :

    1 Il existe dans les Scal coptes un mot juuoTUoh, juuoAcm1 qui , malgr sa dsinence,

    n'est certainement pas d'origine grecque. On peut, par exemple, le comparer a'ricm,humor, humiditas, mot qui, en dpit de sa finale on, drive nanmoins cle l'gyptien

    /vww\ AA. Ce mot juLioAcon, Aiio^oit rpond exactement l'gyptien /wwa , au mme/WWV\ e~_X A/WW\ o iiititre que axots-^, cera, rpond 9 . Or, jdLioott est traduit par L^, momie ,

    flMWl a i i i .non pas momie )) dans le sens de cadavre embaum , mais momie dans le sens

    que le mot a eu longtemps dans nos langues europennes et qu'il a encore en arabe 2,

    c'est-a-dire bitume ayant servi la momification . Ce sens est d'autant plus certainque xxioAot, dans les Scal, est rang au milieu des noms de drogues, parfums, aro-

    mates, ingrdients pharmaceutiques, et qu'il se trouve plac entre les noms du Jonc

    (jVp-) et de l'Orobe (jujT), e^ ceux du Castorum (jLol-u-) et du Struthium {yJcS").jiniuuu^ /VW\AA AWM

    2 Dans le Papyrus RhincV, le mot Mennen, sous l'orthographe , est/WWVA \\ \\ Crendu en dmotique par une expression dont la transcription hiroglyphique seraitai I d' S0^

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    162 SCNE D'INITIATION AUX MYSTRES BTSIS

    L'objection que l'on pouvait opposer mon identification du /ww^ avec le bi-/WVW\ O III

    tume, objection que j'ai formule par avance, tait importante : il ne rsulte pas,en effet, de ce que Sou/it' est le nom de la rsine (de Pin d'Alep), que Mennen nepuisse tre le nom d'une antre rsine. Mais je crois que les deux derniers arguments

    que je viens d'apporter l'appui de ma thse peuvent au moins contrebalancer cetteobjection, sinon la rduire nant. Je laisse au temps, qui certainement nous apportera

    de nouveaux exemples du mot mwa , le soin de confirmer ou d'infirmer mon opinionO III

    actuelle.Lyon, 20 juin 1894.

    SCNE D'INITIATION AUX MYSTRES D'ISIS SUR UN RELIEE CRETOIS

    ',. ; fi/ j . :'. ... l'Ali ' . : - . ., h .

    Andr Joubin(Avec une planche)

    Le fragment de relief que nous reproduisons ici est entr l'anne dernire au Muse

    de Constantinople. Il a t trouv Hirapytna, ville de la cte mridionale de Crte.Il est malheureusement trs mutil : la partie droite et la partie gauche en sont brises.

    Un certain nombre de fragments qui le compltent, une tte d'Isis et des morceaux de ladcoration architecturale, n'ont pas encore t rajusts ; il est douteux d'ailleurs qu'ilspuissent l'tre. Le monument est haut de fm 50, large de 0m 92, pais de 0m 24. Par derrire

    il est grossirement taill. Mais, comme on peut le voir en regardant avec attention lemonument sur la planche, en bas, gauche, la base hauteur de la plinthe qui limite le

    relief, est vide en arrire angle droit comme l'intrieur d'une cuve de sarcophage.Au milieu, un arc-boutant en pierre, haut de 0m 40, de forme triangulaire. Cettemanire de socle cesse d'ailleurs brusquement et il ne parat pas qu'il ait continu au

    del. Sa largeur est de 0m 42. Le monument serait donc complet en arrire.

    Cette disposition de la face postrieure du monument est intressante signaler,car on pourrait croire, en raison de la disposition du relief et des personnages qui y sont

    figurs, que ce fragment appartenait un sarcophage. Le fait et t d'ailleurs assezsurprenant, car sur aucun des nombreux sarcophages qui nous sont rests, ne sontreprsents des personnages ou des scnes relatives aux divinits ou la religionalexandrine1. Mais cette exception, qui et pu k la rigueur se justifier, est rendueimpossible par la disposition de la face postrieure du monument. Je croirais donc que

    ce relief faisait partie d'une balustrade, ou mieux encore tait appliqu sur la faceantrieure d'un autel.

    La face extrieure du monument est dcore d'un relief haut de lm 07, qui reposesur un socle haut de 10 36, bord en haut d'une moulure. Ce socle est dcor lui-mme

    d'une zone de petits personnages (h. 0m 16), en relief trs plat. Au centre, on distingue

    1. Lafaye, Dicinits cTA leandrie, p. 236, s'tonne avec raison que ces divinits ne soient reprsentessur aucun sarcophage.