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Le bénévolat sportif : une richesse à valoriser 2 èmes Assises du sport de Rennes 26 janvier 2013

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Le bénévolat sportif : une richesse à valoriser

2èmes Assises du sport de Rennes26 janvier 2013

Sommaire

Le mot du directeur de l’INSALe bénévolat, une réelle expérience de responsabilité 4M’Hamed Drissi, directeur de l’INSA de Rennes

Le mot du maire de Rennes« Le sport pour tous a tout son sens » 5Daniel Delaveau, maire de Rennes

Le mot du président de l’Office des sportsLe bénévolat sportif : une pratique à questionner ? 8Yvon Léziart, président de l’Office des sports de Rennes

Conférence introductiveDu bénévole... au militant... au « missionaire » 10Dominique Charrier, maître de conférence, Université Paris Sud Orsay

Restitution d’atelierLa reconnaissance des bénévoles 13

Restitution d’atelierBénévoles et salariés : quelles complémentarités ? 16

Restitution d’atelierLes raisons de l’engagement bénévole 18

Restitution d’atelierComment améliorer la formation des bénévoles 20

ConclusionLa société évolue, le bénévolat aussi 22Yvon Léziart, président de l’Office des sports de Rennes

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Atelier 1

Bénévoles et salariés : quelles complémentarités ?

René Louesdonanimateur

Bénévole dirigeant au sein de Rennes Triathlon depuis 25 ans, d’abord en tant que vice-pré-sident en charge du

domaine sportif et arbitre national, il assure la fonction de président depuis 10 ans.Il est également administrateur de l’Office des Sports depuis 2005 et fait partie de la commission Communication.

Nathalie FreLautrapporteur

Nathalie Frelaut est directrice de l’Office des sports de Rennes.

Emmanuel HaLetpersonne ressourceEmmanuel Halet est responsable du secteur sportif au Cercle Paul Bert.

Dominique CHarrier Françoise Cognetconférencier

Docteur en Sciences économiques Université de Paris 9 DauphineMaître de conférence en STAPS habilité à diriger des recherches Université de Paris 11 OrsayDirecteur du Master 2 « Politiques publiques et stratégies des organisations sportives »

Co-directeur du laboratoire « Sports, politique et transformations sociales »

Il travaille sur l’analyse socio-économique et prospective des politiques publiques sportives. Ses sujets de recherche concernent notamment l’utilisa-tion des pratiques sportives à des fins d’animation, de prévention et d’insertion, les impacts économiques et sociaux des événements sportifs et les politiques publiques et stratégies des organisations sportives.

animatrice de la journéeCommunicante, Françoise Cognet est diplômée en ingénierie culturelle.Elle a récemment animé la rencontre « Le sport et le sponsoring » à l’espace Ouest-France et a participé à l’organisation des Olympiades du sport au Liban.

Atelier 2

La reconnaissance des bénévoles

Patrick MiCHeLanimateur

Patrick Michel est bénévole au sein de La Tour d’Auvergne. Il est administrateur de l’Office des sports.

Sabrina sarazinrapporteur

Sabrina est éducatrice sportive au Cercle Paul Bert. Elle est également administratrice de l’Office des sports et fait

notamment partie de la commission Communication.

Michel HareLpersonne ressourceMichel Harel est chargé de mission au Centre de ressources de la vie associative (CRVA).

Atelier 3

Les raisons de l’engagement bénévole

Robert stepHananimateur

Robert Stephan est vice-président, trésorier et créateur de l’Asso-ciation de Taekwondo de Rennes Métropole.

Il est administrateur de l’Office des sports et fait partie de la commission Communication.

Bernard Morinrapporteur

Bernard Morin est bénévole au sein de l’association Retraite en forme. Il est également secrétaire général de

l’Office des sports et fait partie de la délégation Équipements.

Philippe Henrypersonne ressource

Philippe Henry est ergothérapeute et vice-président de l’association rennaise de chuong quan khi

dao Les Dragons verts. Il est égale-ment secrétaire de l’association Galène et vice-président de Tout Rennes au dojo.

Atelier 4

Comment améliorer la formation des bénévoles

Michel Ferasseanimateur

Michel Ferasse est bénévole au sein de l’association Gazélec Sports Rennes. Il est également membre du

bureau de l’Office des sports et responsable de la commission Communication.

Jean-Luc Fontainerapporteur

Jean-Luc Fontaine est membre du bureau de l’Office des sports en tant que personne qualifiée. Il est res-

ponsable de la délégation Relations internationales.

Nicolas parquiCpersonne ressource

Nicolas Parquic est chargé de la vie asso-ciative à la Direction départementale de la cohésion sociale et de

la protection des populations. Il est également membre du REC Aviron.

Les intervenants

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« Le sport pour tous a tout son sens »

le mot du Maire

Les premières Assises du sport qui se sont déroulées en 2011 dernière ont été une belle réussite et elles ont été essentielles à plus d’un titre. Elles ont confirmé la convic-tion et la nécessité d’un rendez-vous régulier, pour pour-suivre des réflexions de qualité et qui méritent d’être approfondies.

Si j’ai tenu personnellement à être présent ce matin, accompagné de Sébastien Sémeril et de Pierre Christen, c’est pour marquer l’attachement que notre municipalité porte à l’ensemble des acteurs du mouvement sportif. C’est aussi pour vous remercier de vive voix pour votre implication dans le mouvement associatif et pour le temps et souvent la passion que vous apportez à votre club, à votre sport, à votre ville, que vous soyez dirigeant, entraîneur, éducateur, bénévole. Ensemble, vous formez une communauté humaine autour d’un même projet : promouvoir et valoriser le sport. Soyez-en chaleureuse-ment félicités.Ces Assises me permettent aussi de remercier l’Office des sports, plus particulièrement Yvon Léziart, pour le travail accompli. Je pense notamment à toute la réflexion sur la réforme des fonds globaux, à laquelle nous sommes très attentifs. Les comportements et les modes de consommation sportifs évoluent et je salue l’initiative de l’Office des

sports d’organiser ce type de débat que sont les Assises, pour avancer.

Cette année, le thème des échanges porte sur « le béné-volat sportif : une richesse à valoriser ». Le bénévolat est le socle du mouvement sportif. Histori-quement, la gestion et l’organisation du sport ont reposé essentiellement sur le modèle associatif et le bénévolat.En Bretagne, ce phénomène est d’autant plus important que le tissu associatif y est historiquement plus dense que dans le reste de la France.Aujourd’hui, le modèle associatif de la pratique sportive est interrogé. Pris en tenaille entre les exigences d’une société fondée sur le profit et l’efficacité, et l’idéal de l’engagement fondé sur l’altruisme et la gratuité, le béné-vole est soumis à des contraintes qui peuvent apparaître comme autant de freins.Mais plus que de crise du bénévolat, je parlerais d’une évolution vers un engagement pluriel, qui doit nous amener à réfléchir et à construire un nouveau type de bénévolat, de nouvelles formes d’engagement et de synergies. Car nous avons tous besoin du bénévolat : les institutions, pour qui le développement de la cohésion sociale et de la citoyenneté est indispensable ; le mou-vement sportif qui ne saurait exister sans toutes ces « petites mains » qui s’activent au quotidien ; chacun de vous enfin, pour qui le bénévolat est créateur de capital humain et social et peut représenter une voie vers l’inser-tion et l’emploi.Car l’investissement des bénévoles au sein des associa-tions sportives participe à la création d’une richesse qui profite à l’intérêt général et perpétue une tradition sociale mêlant disponibilité, compétence, investissement et attention à l’autre. À l’instar de l’économie sociale et solidaire, il place l’humain au cœur des projets et permet de promouvoir le sport auprès du plus grand nombre.

Daniel DelaveauMaire de Rennes

Tout d’abord, il m’est agréable de vous souhaiter la bien-venue à l’INSA de Rennes, une des belles et grandes écoles d’ingénieurs de votre ville et de l’Ouest  : 1700 étudiants, 160 doctorants, 420 enseignants chercheurs et personnels techniques et administratifs d’appui à la recherche et la à formation, un budget consolidé de 39

millions d’euros. Il faut être un peu sportif pour bien tenir la barre de ce magnifique bateau !À propos de bateau, je souhaite saluer les performances des deux premiers skippeurs « insaliens » de la course du Vendée Globe qui vont arriver aux Sables d’Olonne tard dans la nuit : François Gabart et Armel Le Cléac’h.

Nos principales missions consistent, d’une part, à former des ingénieurs et des docteurs qui seront les cadres des entreprises et des centres de R&D et, d’autre part, à produire de la connaissance et de l’innovation dans les domaines des sciences et techniques de l’infor-mation et de la communication (STIC), des matériaux et des systèmes, des secteurs importants notre ville et pour notre territoire.

Au-delà des compétences scientifiques et techniques, ces cadres ont également besoins de compétences managériales et de savoir-être. Comme vous le savez, ces dernières compétences sont également nourries par le sport. En effet, le sport occupe une place très importante à l’INSA de Rennes. Il représente deux heures par semaine sur quatre années de formations, encadrées par des pro-fesseurs d’EPS, comme Pierre Le Lagadec qui co-organise cet événement. Le sport est également une section « Ex-cellence sportive » aménagée pour accueillir des sportifs de haut niveau : aujourd’hui 50 sportifs de haut niveau.

Je ne saurais oublier toutes les activités sportives déve-loppées par nos étudiants au sein de l’Association spor-tive de l’INSA. Pour ce qui est de l’AS, les huit étudiants qui gèrent l’association (650 licenciés, quelques titres chaque année et une pratique de loisir très variée et nombreuse tous les soirs dans notre halle) sont bien sûr bénévoles, et cela leur prend du temps sur leurs études. Le bénévolat sportif est une richesse extraordinaire qu’il faut valoriser. La valorisation de cette implication se tra-duit par des crédits ECTS ; mais surtout, du point de vue de la formation d’un ingénieur, on peut considérer une telle implication comme une réelle expérience de res-ponsabilité du terrain avant l’entrée dans le monde de l’entreprise.

Le sport porte également un ensemble de valeurs que nous cherchons à développer et à mobiliser, tels que le courage, la courtoisie, le respect de l’autre et des règles…

Ce sont ces valeurs qui font résolument avancer notre cité vers l’avant et qui vont accompagner, j’en suis sûr, vos actions de l’année 2013.

le mot du directeur de l’INSA

Le bénévolat est une réelle expérience de responsabilitéM’Hamed DrissiDirecteur de l’INSA de Rennes

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Car nous sommes convaincus de la nécessité de passe-relles entre le sport et l’école. C’est d’ailleurs tout l’intérêt de la réforme Peillon qui pose de nouvelles interroga-tions sur le champ périscolaire (avec interventions muni-cipales, mais aussi associatives). Des rencontres entre la Ville et les associations sont d’ailleurs en cours. Le chan-tier qui est en train de s’ouvrir est à la fois compliqué mais très intéressant pour notre ville, car il y a un vrai travail à faire sur ce sujet et nous comptons sur vous pour inven-ter de nouveaux liens entre sport et école.

Je terminerai donc en vous assurant de mon soutien et de celui de Sébastien Sémeril pour faire avancer les choses, car nous avons besoin des compétences de chacun, au nom du maintien de la qualité de vie dans cette ville et au nom du sport pour tous !Merci de votre attention et excellente journée. Je ne doute pas que les conclusions de cette journée abouti-ront à quelques pistes de réflexion pour une meilleure reconnaissance et une plus grande valorisation de l’acti-vité bénévole, qui est un véritable engagement citoyen.

Les 52 000 licenciés dans près de 300 associations affiliées à l’Office des sports témoignent que le sport pour tous, à Rennes, est une réalité et a tout son sens. C’est un sujet amplement d’actualité puisqu’il vient de faire l’objet d’un rapport public de la Cour des comptes publié ce mois-ci. Consacré à la réorientation de l’action de l’État en matière sportive, il a le mérite de souligner l’importance de réo-rienter les politiques nationales vers le sport pour tous. Et nous avons bien tous conscience que le développement du sport sans les bénévoles est irréalisable…

Rennes figure depuis longtemps dans le classement des villes où il fait bon vivre. Cette qualité de vie repose notamment sur l’engagement associatif et bénévole, notamment au sein du milieu sportif. Il repose également sur une politique d’investissements volontariste qui répond à notre souhait de valoriser l’engagement sportif. Pour mémoire, en 2013, le budget d’investissement du secteur sportif s’élève à 6 240 000 €, avec le démarrage au printemps de deux beaux projets :- la rénovation-restructuration du gymnase des Hautes-

Ourmes en gymnase handisport. Projet avant-gardiste, puisque nous sommes une des seules villes en France à livrer un gymnase uniquement dédié aux personnes en situation de handicap au nom du sport pour tous.

- la création de l’équipement sportif intégré à la Cité internationale, esplanade Charles-de-Gaulle, abritant un gymnase, une salle de sports de combat et une salle d’activités physiques et sportives, qui là encore fait de Rennes une exception, car combien de villes aujourd’hui proposent de construire un équipement 3 en 1 en cœur de ville, pour permettre aux habitants du centre de pratiquer une activité sportive ?

Ces deux projets viennent compléter ce qui est mené chaque année en matière d’investissements de proxi-mité  : la rénovation des gymnases des Gantelles et des Chalais va ainsi pouvoir être réalisée en 2013.

Nous avons la particularité d’avoir à Rennes un maillage d’équipements sportifs complété par un maillage asso-ciatif important qui forment d’ailleurs le paradoxe de la poule et de l’œuf, à tel point qu’on ne sait plus historique-ment qui de l’un ou de l’autre est né en premier. Cette particularité est à la fois un atout et un handicap.Un atout, parce que malgré les modes, le cap est fixé depuis des années : valoriser, entretenir et renforcer les équipements de proximité, en construisant des équipe-ments nouveaux dans les nouveaux quartiers (Beauregard, Baud-Chardonnet, la Courrouze). Autant de signaux posi-tifs envoyés aux clubs, aux bénévoles et aux pratiquants.Un handicap parce qu’il nous faut entretenir environ 150 équipements. À raison de deux ou trois gymnases par an, cela ne nous facilite pas la tâche et représente un vrai travail de fourmi.

J’entends bien d’ailleurs la comparaison faite avec d’autres équipements des communes environnantes. Mais cela doit être plutôt vu comme une chance pour notre agglomération !

Aujourd’hui, il nous faut répondre aux nouveaux besoins des associations sportives orientées vers le socio-sportif, avec l’aménagement de salles de vie, pour organiser de l’aide aux devoirs, par exemple. Ce sont des demandes que nous prenons en considération : c’est dans cette optique que seront agrandis les gymnases de Trégain et de Bréquigny qui seront livrés en 2015.

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détermination de certaines valeurs et à l’affirmation de pratiques sociales innovantes.Le mouvement sportif s’inscrit dans les modifications sociales et évolue également. Les trente dernières années mettent en évidence :Une diversification des pratiques sportives. Le modèle entraînement/compétition demeure premier mais il n’est plus seul. Une multiplication rapide de pratiques sportives nou-velles. Certaines naissent de la composition de deux pratiques traditionnelles, la planche à voile par exemple. D’autres se créent de toutes pièces. Certaines demeurent confidentielles, d’autres rencontrent un engouement remarquable. Des effets de mode existent également. Le modèle sportif unique a subi des assauts. Il n’est sans doute plus possible aujourd’hui de parler de sport comme phénomène unique. Il est plus juste de parler de pratiques sportives en précisant ce qu’elles sont.

Ces modifications de pratiques sportives affectent-elles le bénévolat ?Les constats récents montrent que des formes différentes de bénévolat sportif apparaissent. Certains bénévoles ne s’investissent dans les clubs sportifs que pour la durée de la pratique sportive de leurs enfants. Ces nouveaux bénévoles détiennent parfois des compétences profes-sionnelles (gestion, administration, comptabilité) qu’ils mettent volontiers au service des clubs. Cette évolution peut poser des problèmes aux clubs quant à la stabilité de leur organisation.Le niveau d’exigence croit dans notre société. Il faut tou-jours être plus performant. Cette idée traverse également

le mouvement sportif. La compétence est attendue, voire exigée, par les pratiquants sportifs et leurs parents. Le mouvement sportif est confronté aujourd’hui à la mon-tée des exigences de compétence et de performance. Les pratiquants, quel que soit leur domaine d’investis-sement, les formes de leurs pratiques, demandent à être encadrés par des animateurs formés. La simple mise en mouvement des individus est maintenant insuffisante, une transformation visible des pratiques est attendue.Ce changement majeur place le bénévolat face à l’acqui-sition de nouvelles compétences : mieux se former pour mieux aider.Cette évolution trouve du sens également dans la gestion des clubs. Certaines associations se développent ou atteignent un certain niveau de pratique compétitive. L’association sportive est proche alors, dans sa gestion, d’une petite entreprise. À ce niveau de développement, des compétences d’administration et de gestion s’im-posent. Cette évolution s’est en partie soldée par l’apparition de techniciens sportifs salariés des clubs. Leurs apports sont indispensables, mais ils sont encore peu nombreux car il faut que les clubs assurent leur rémunération. Leur présence au sein du club ne doit pas mettre à mal l’orga-nisation bénévole qui est au cœur du mouvement spor-tif. La responsabilité politique des clubs doit toujours être tenue par des dirigeants bénévoles. Ainsi peut-on voir dans les clubs se côtoyer des profes-sionnels, des bénévoles formés, et des bénévoles « tradi-tionnels » dont la présence est vitale. L’organisation future des associations confirmera-t-elle ce modèle?C’est autour de ces questions que les secondes Assises du sport de Rennes prennent corps.

Les deuxièmes Assises du sport s’inscrivent dans la conti-nuité et l’approfondissement des premières qui avaient pour thème l’évolution du sport en France. Dans le pro-longement de ces travaux, nous proposons à la réflexion, le bénévolat sportif.

Le bénévolat sportif et associatif de manière plus géné-rale, fait partie de la vie des clubs et des associations. Pratique ancrée dans le mouvement sportif, elle semble ne pas poser de problèmes particuliers. Le bénévolat va de soi.Le bénévolat sportif se porte bien. Pour autant, il mérite d’être interrogé à la lumière des évolutions que le sport connaît depuis une trentaine d’années.

Le bénévolat sportif : valeur forte du mouvement sportifLe sport s’est développé en France sur le modèle associa-tif en respect des lois de 1901. Les premiers clubs naissent dans les années 1880 et s’adaptent aisément à ces lois. L’adhésion à l’idée d’associations à but non lucratif donne au bénévolat une importance considérable dans le déve-loppement et la pérennisation des clubs sportifs. Le sport vit de la générosité, de la bonne volonté, de l’engage-ment gratuit des individus.Des chiffres récents, publiés par l’Insep (institut national

du Sport, de l’Expertise et de la Performance), confirme le poids de l’engagement bénévole. Un français sur dix se déclare bénévole sportif. La France est placée dans le premier tiers des nations européennes à ce sujet.Pour 60 % des bénévoles sportifs, l’engagement dépasse une heure par semaine.Il faut également signaler que le rapport récent de la Cour des comptes sur le sport en France évalue à 17 millions le nombre de sportifs licenciés et à 2,5 millions le nombre de bénévoles.Ces chiffres sont donc réconfortants et mettent à mal les fréquentes assertions sur la fin du bénévolat. Le bénévo-lat est bien vivant. Ces chiffres nous font réfléchir sur la forte implantation du bénévolat et sur les valeurs qu’il porte.Nous pouvons estimer que lors des trente dernières années, volontiers qualifiées comme celles de la montée de l’individualisme, les valeurs d’échange, de partage, d’engagement pour le bien de tous n’ont pas disparu. Le bénévolat sportif est un lieu de rencontres intergénéra-tionnelles, où la transmission de valeurs sportives mais aussi humaines est toujours présente. C’est également un lieu où l’on donne sans attendre de compensation finan-cière. C’est aussi un lieu, et cette dimension est moins souvent présentée, où le bénévole se forme. La rencontre avec un public différent offre un regard nouveau sur la société et lutte contre l’enfermement de la pensée.Nous pourrions égrainer encore les valeurs et bienfaits de la pratique du bénévolat. Précisons que le bénévolat sportif est une valeur ancrée dans la tradition sportive de notre société et qu’il conduit à un engagement fort.

Les interrogations actuelles sur le bénévolat sportifLa société subit régulièrement des mutations dues pour partie à l’acquisition de nouvelles connaissances, à la

le mot du président de l’Office des sports

Le bénévolat sportif : une pratique à questionner ?Yvon LéziartPrésident de l’Office des sports de Rennes

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sionnel et le régulier (tout au long de l’année) et de rap-peler que de nombreuses associations se créent (environ 70 0005 tous secteurs confondus) chaque année.L’une des formes les plus marquées de l’engagement mi-litant renvoie à la figure du « missionnaire », qui s’engage sans limite et souvent dans l’ombre du quotidien, au ser-vice du bien commun. Si la culture sportive a été histo-riquement construite sur le bénévolat, elle n’induit pas pour autant un sur-engagement des sportifs. Il convient de souligner que des enseignants, des médecins, des gardiens d’immeuble ou de gymnase, des travailleurs sociaux, des artistes, des élus, des dirigeants associatifs et certainement bien d‘autres acteurs encore rejoignent les « missionnaires » sportifs dans ce militantisme «  ex-trême ».Les différentes études que nous avons menées, en par-ticulier dans les zones urbaines sensibles, montrent que l’on ne devient pas « missionnaire » par hasard. Les par-cours de vie attestent de la diversité des profils même si un certain nombre de facteurs explicatifs sont largement partagés.La première catégorie de facteurs explicatifs souligne l’importance des histoires familiales et des milieux d’ori-gine. Elle regroupe notamment : • l’originepopulairequitransmetdesvaleurscommele

sens de l’effort, du travail bien fait ou encore de la soli-darité ;

• des rencontres marquantes avec un entraîneur, unéducateur, un enseignant, etc. bref avec un « point de repère » durablement structurant ;

• des difficultés personnelles et/ou familiales qui ontprofondément marqué les histoires de vie ;

• l’attachementàunterritoire,souventceluidel’enfanceou de l’adolescence.

La deuxième catégorie concerne le rôle de l’école avec des parcours scolaires souvent difficiles, marqués dans certains cas par de véritables ruptures… mais qui dans la majorité des cas observés se prolongent, quelques années plus tard, par des démarches personnelles de for-mation.Enfin, la dernière catégorie de facteurs explicatifs est liée à l’engagement humaniste, religieux et politique puisque les missionnaires étudiés ont eu des éducations religieuses différentes mais toujours marquantes, des expériences dans l’humanitaire, le social. Il convient aussi de souligner ici que les missionnaires observés entre-tiennent un rapport contradictoire à la politique, entre rejet et attractivité.Si par leur action, les missionnaires tiennent le quartier, le

conférence introductive

Dominique CharrierMaître de conférences, Université de Paris Sud (Orsay)

Du bénévole... au militant... au « missionnaire »

Pendant plus de cinquante ans, Paul a tout fait dans son club de basket-ball. L’inscription des adhérents, occasion de rappeler les règles de vie ; la collecte des cotisations, occasion d’aider quelques jeunes en difficultés ; la tenue des feuilles de matches, chaque samedi après-midi et

le dimanche toute la journée ; l’accompagnement de l’équipe fanion, le samedi soir, occasion de souffler un peu... et de «tenir le chrono»... Présence permanente au gymnase tous les soirs de la semaine (sauf le vendredi, soirée réservée aux réunions de bureau !), pour organiser les déplacements, pour composer les équipes, et acces-soirement pour discuter avec les jeunes, les parents, les entraîneurs...

Cet exemple de parcours de bénévole est à la fois singu-lier, car inscrit dans un contexte local particulier, et exem-plaire de la réalité que connaissent, pendant et depuis des décennies, de nombreux dirigeants sportifs engagés dans l’animation de leur club sportif.La contribution, fondée sur un ensemble d’études scien-tifiques réalisées depuis le début des années 20001 et sur un ensemble d’expériences personnelles2, a pour objec-tifs :• d’éclairer la complexité du sujet au-delà dudiscours

convenu et largement partagé sur « la crise du béné-

volat »,• de montrer la diversité et le renouvellement des

formes d’engagement,• etdeposerlaquestiondes«missionnairesdémission-

naires3 ? » c’est-à-dire des dirigeants surinvestis qui fi-nissent par s’user à la tâche et par abandonner, parfois brutalement, toute activité bénévole.

Le bénévolat est un sujet complexe qui peut être abordé sous différents angles. L’un d’eux concerne la mesure de l’impact économique et social de cette activité bien originale car par nature gratuite : elle produit pourtant une vraie richesse, en contribuant à l’offre sportive, en proposant des services et en créant de l’emploi dans les structures engagées dans la voie de la professionnalisa-tion. D’ailleurs, à ce niveau, se posent aussi les questions du choix du modèle de développement économique qui doit garantir durablement la possibilité financière de l’emploi, ou encore de l’analyse des effets sur la structure de cette professionnalisation.Le bénévolat pose aussi des questions en termes de démocratie interne : les procédures associatives, histo-riquement installées depuis la loi de 1901, garantissent-elles un fonctionnement véritablement démocratique ou favorisent-elles principalement la conquête du pouvoir par ce que nous pourrions appeler des « notables spor-tifs » ? Comment, dans le prolongement de la précédente interrogation, mieux associer les adhérents à la définition du projet associatif, ou encore maîtriser de manière opti-male le rapport aux politiques publiques ?Au-delà de ces éléments, l’analyse du bénévolat doit aus-si envisager la diversité et le renouvellement des formes d’engagement. De nombreuses études confirment l’inté-rêt des Français pour l’investissement associatif4 même si les degrés et les modalités d’engagement ont tendance à se réduire et à se complexifier. Il conviendrait ici de quan-tifier les différents degrés d’engagement, entre l’occa-

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L’atelier « la reconnaissance du bénévole » est constitué d’une vingtaine de bénévoles issue de structures associa-tives culturelles et sportives. Ce groupe est chargé de faire un état des lieux de la situation du bénévolat, au travers d’un partage d’expériences. Il lui est également demandé

de réfléchir sur des mesures concrètes mises en place afin de reconnaître et valoriser au mieux le statut du bénévole.Force est de constater la difficulté d’avoir un langage com-mun quant aux définitions des termes « reconnaissance » et « bénévole ». Chacun se fait une représentation du bénévo-lat, propre à son expérience. C’est pourquoi, certains propos émis lors de la discussion ne font pas écho dans le groupe.

Plusieurs types de bénévolesAprès un rappel de la définition du bénévolat, le groupe engage les échanges autour de la situation actuelle du bénévolat. Le groupe a tenu à distinguer différents types de béné-voles : le bénévole administratif (dirigeant), le bénévole technique (animateur, encadrement technique), le béné-vole événementiel (bénévole ponctuel lors d’une mani-festation). En découlent directement les différents profils de bénévoles : le bénévole engagé (il adhère et participe au projet commun, au développement de l’association),

le bénévole distancié (il donne du temps pour une action ponctuelle, il se fixe des objectifs à durée déterminée).Les membres du groupe évoquent la difficulté à faire adhérer de nouveaux bénévoles, notamment des béné-voles engagés. À noter par exemple, la difficulté à renou-veler les dirigeants bénévoles. Les « nouveaux béné-voles » (bénévoles distanciés) s’engagent pour une action donnée, un projet limité dans le temps. Ils ont du mal à se projeter dans un engagement à long terme. La difficulté du bénévolat est peut être liée aux changements cultu-rels et sociétaux. Le constat actuel met en avant un béné-vole qui se limite au rôle de consommateur d’activité. La « culture du don », représentation du bénévolat dans le passé, est de plus en plus abandonnée, pour laisser place à la « culture de consommation ». Viennent s’ajouter les modifications structurelles que connaît le monde asso-ciatif, comme par exemple la professionnalisation. Les bénévoles assument de nouvelles responsabilités et le manque de connaissance de la réglementation devient un frein à l’engagement2.

Quelle reconnaissance ?Malgré ces difficultés, quelles solutions pour donner envie à de nouveaux bénévoles de s’engager dans la vie associative, et surtout de faire preuve de plus d’assiduité dans l’engagement ?Le groupe a notamment soulevé le manque de reconnais-sance du statut du bénévole qui participe aux difficultés évoquées ci-dessus et qui serait l’une des explications du désengagement. Il y a différents niveaux de reconnaissance de l’activité du bénévole : • la reconnaissance interne : ce que l’association met

en place afin de valoriser ses bénévoles ;• lareconnaissance externe : ce que les collectivités

Groupe animé par Patrick Michel, Michel Harel et Sabrina Sarazin

La reconnaissance des bénévoles

club, s’ils régulent certaines situations difficiles (tensions dans le quartier, situations de violence dans l’équipe-ment sportif, etc.), ils activent aussi les institutions spor-tives et politiques en leur rappelant, parfois de manière virulente, leurs missions sociales. Dans certains cas, cette action exigeante, dont il convient de saluer le caractère irremplaçable, en particulier dans les territoires exposés et donc fragilisés, finit par mettre en péril l’équilibre per-sonnel et familial des bénévoles « missionnaires ». Cela peut conduire, compte tenu de la dégradation de la si-tuation sociale, de la fragilité des résultats obtenus sur le terrain et des capacités personnelles de résistance, à un sentiment d’usure voire à la rupture brutale.Se pose alors la question de l’entretien de la force mili-tante dans ce contexte « turbulent », certainement anxio-gène voire décourageant pour bon nombre de bénévoles potentiels, marqué notamment par : • laprofessionnalisationdesorganisationssportivesqui

réinterroge par exemples les relations entre président-

bénévole-employeur et salarié ;• latechnocratisationdesprocédures,aunomd’unehy-

pothétique rationalisation, en particulier dans le cadre de la recherche de subventions ;

• l’instrumentalisationcroissantepar lespolitiquespu-bliques ;

• ou encore la réductiondesmoyensfinanciersmobi-lisables qui semble inéluctable, (le sera-t-elle vrai-ment ?) dans cette conjoncture de réduction forcenée des investissements (faut-il dire dépenses ?) publics.

En tout état de cause, au-delà de ces éléments qui ren-voient d’une part à l’évolution générale du système spor-tif et, d’autre part, aux choix politiques, les institutions sportives et politiques, entendues au sens large, doivent engager une vraie réflexion pour mieux identifier et mieux soutenir les forces militantes, c’est en particulier dans ce relais institutionnel que se joue l’avenir de l’enga-gement bénévole.

1 Le club sportif, lieu de pratique intégrative et éducative dans les zones urbaines sensibles en France ? Agence pour l’éducation par le

sport et à l’Université de Franche-Comté pour le compte de la Délégation Interministérielle à la Ville (2011).

Profession Sport 78 : situation socio-professionnelle des salariés et conditions de la mutualisation. Profession Sport 78 (2010).

Coupe du monde de rugby 2007 : retombées économiques, rentabilité sociale et dynamiques locales. DRJS Ile de France et DRT

(2008).

Les pratiques gymniques en Basse-Normandie : état des lieux, potentiel de développement et fidélisation des licenciés. Ligue régio-

nale de gymnastique de Basse-Normandie (2007).

Les conditions de pérennisation des emplois-jeunes dans le mouvement sportif. DRDJS de Bourgogne (2001).

L’infidélité sportive des licenciés du football. District de football du Calvados (2001). 2 Mon point de vue est fondé sur le croisement d’implications :

• citoyenne : amicale de locataires (2 ans), association de citoyens (8 ans), comité de quartier (2 ans),

• sportive : dirigeant sportif et vice-président de l’Office municipal des sports (10 ans),

• dans le secteur du travail social : président fondateur, puis vice-président puis administrateur d’une association de prévention spécia-

lisée (20 ans)

• dans le milieu culturel : président d’une association de matchs d’improvisation théâtrale (depuis plus de 10 ans)

3 Les militants sportifs, des missionnaires au bord de la rupture ? D. Charrier, J. Jourdan (2013). In « Événements sportifs innovants et

développement territorial », ouvrage collectif sous la direction de Gilles Vieille-Marchiset. Editeur à préciser. À paraître. 4 Les associations sportives et d’éducation populaire dans le paysage associatif français. Tchernonog V., Truchot G., Poupaux S., STAT

Info n°05-04, Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative (2005).5 La France bénévole. Malet, J. Centre d’étude et de recherche sur la philantrophie (2006).

restitution d’atelier

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bénévoles associatifs, de l’information avec les MAIA (missions d’accueil et d’information des associations) et les CRIB (centres de ressources et d’information des bénévoles) et de dispositions financières (valorisation du bénévolat dans les documents comptables, rémuné-ration des dirigeants, remboursements de frais, chèques repas du bénévole...)

Le groupe de travail a ajouté d’autres propositions telles que : • lacréationd’unévénement:«journéeousemainedu

bénévolat » ;• lamédiatisationdesactionsenfaveurdubénévolat;•

la création d’un dispositif d’information aux bénévoles via internet (forum interactif ) ;

• lavalorisationdesdistinctionshonorifiquesetrécom-penses ;

• l’ouverturedespointsretraite:accorderauxbénévolesd’association le bénéfice d’un trimestre de retraite en récompense de leurs actions au sein d’association ;

• lamiseenplaced’unparrainagedesnouveauxbéné-voles fait par les anciens.

Malgré les dispositifs mis en place pour la valorisation du bénévole, les difficultés à fidéliser les bénévoles persistent. De plus, le monde associatif et les pouvoirs publics continuent la réflexion sur la reconnaissance du bénévole. Y aurait-il un champ que nous aurions oublié dans cette réflexion lié à « la crise du bénévolat » ? Il ne faut pas nier les changements sociétaux. Et cela a un impact sur cette situation. Cette question de l’évolution sociétale a été soulevée par le groupe de travail davan-tage du point de vue du bénévole vieillissant.

L’association est une instance qui concourt au dévelop-pement de la citoyenneté, notamment chez les jeunes bénévoles (juniors, jeunes parents, …). Reste à mettre en place les modalités qui permettent à ces jeunes béné-voles de valoriser ces nouvelles compétences.

1 France bénévolat (D. Balmary) Février 2005.2 Rapport du groupe de travail n°3 « Mieux accompagner et recon-

naitre l’activité bénévole », Conférence nationale de la vie associa-

tive.3 Le guide du bénévolat à l’usage des dirigeants associatifs, avril

2011.

restitution La reconnaissance des bénévoles

territoriales, l’État mettent en place. Dans la plupart des associations, les bénévoles jouissent d’une reconnaissance à l’interne, notamment au travers d’une reconnaissance dite « usuelle » autrement dit la valorisation au quotidien les petits ou grands actes du bénévole au sein de l’association (par exemple, remercier un bénévole pour sa présence sur un déplacement de jeunes), mais aussi de moments conviviaux, comme l’or-ganisation du repas de fin d’année, des sorties, la galette des rois, temps fort et incontournable. On peut ainsi parler d’une valorisation par des contrepar-ties symboliques. Il est également mis en avant la nécessité d’une orga-nisation structurée : une communication ouverte, un management des bénévoles, un accompagnement des bénévoles dans les tâches qui lui sont attribuées. Cette condition participe au bien être et à l’épanouissement du bénévole au sein de l’association. Être bénévole de-mande un engagement important, exigeant du temps et de l’énergie.Au-delà d’une reconnaissance interne, c’est une recon-naissance du statut des bénévoles par des mesures concrètes qui est revendiquée. Des travaux ont été menés par l’Etat en collaboration avec des responsables du monde associatif. Certains sont réservés quant à une charte du bénévole ou sur certaines propositions car celles-ci seraient une remise en question de la notion même de bénévolat qui est un acte volontaire et gratuit.France Bénévolat dans son document « Reconnaître et valoriser le bénévolat et le volontariat » met en évidence les notions de « valorisation » et de « validation ».La valorisation est une notion interne aux associations : • lareconnaissancedesoidansl’échange«ledonetle

contre don » ;• lareconnaissanceparlespairsdansleprojetcollectif ;• laplacedansleprojetassociatifetdansl’équipe;• le Passeport bénévole : Il retrace lesmissions béné-

voles exercées tout au long du parcours bénévole ;• le«merci»;• lareconnaissancehonorifiquefaiteparlasociété.La validation est une notion externe aux associations : • lavalidationdesacquisdel’expérience(VAE),loi2002

de diplômes (Education nationale), de titres (ministère du Travail ou autres) et de points ECTS dans le cursus universitaire.

Cependant d’autres mesures peu connues ont été prises. Il s’agit de la possibilité de bénéficier de congés spéci-fiques, de la formation avec des dispositifs réservés aux

1918

exercés parfois dans un environnement complexe. La complémentarité est essentielle, car plus il y a de bénévoles, plus il y a de salariés, et inversement.

Les outils• Lesassociationsontbesoindesestructurer:legroupe

émet l’idée de constituer un référentiel de métiers.• Afindepositionnerlestatutdechacun,ilimportantde

rédiger un écrit (contrat, fiche de poste avec évaluation annuelle, organigramme…)

• L’accompagnement du bénévole vers une nouvelleprise de fonction est important mais il faut savoir ce qu’il est prêt à faire au sein de la structure (idée de formation, d’intégration, d’accompagnement).

• Auniveaudessalariés,certainsprofessionnelsarriventdans un club sans connaître le fonctionnement asso-ciatif. Un module sur le fonctionnement associatif inté-gré dans le cursus de formation initiale serait peut-être une piste. Est évoquée aussi l’idée d’une formation interne faite par le club à l’arrivée du salarié afin qu’il comprenne bien le fonctionnement de l’association et qu’il intègre la politique du club.

• Les commissions spécialisées composées de béné-voles et de professionnels (commission juridique par exemple) sont un outil de travail intéressant. Ces groupes de travail pourraient même être «  interasso-ciatifs » car les structures connaissent toutes les mêmes questionnements.

• Des outils de communication interne pourraientégalement être mis en place dans les clubs car très souvent les informations ont beaucoup de mal à circuler (réunions, supports de communication…).

Une question d’équilibreLa relation entre le bénévole et le salarié est une ques-tion d’équilibre (tolérance, respect de la compétence…). La mise en œuvre du projet associatif s’appuie forcément sur la complémentarité entre bénévoles et salariés, pour le bien être des adhérents du club. En aucun cas la profes-sionnalisation ne doit écarter la structure de son projet associatif.

Groupe animé par René Louesdon, Emmanuel Halet et Nathalie Frelaut

Bénévoles et salariés :quelles complémentarités ?

restitution d’atelier

Le groupe est composé de 12 personnes issues d’associa-tions diverses accueillant des publics très différents (mul-tisports, unisport, handisport, sport adapté, extérieures à Rennes)

Trois fois plus d’emplois sportifs qu’il y a vingt ansLe débat est introduit par Emmanuel Halet, salarié au sein du Cercle Paul Bert en tant que responsable des sports. Passant de 30  000 emplois sportifs (équivalent temps plein) en 1982 à 105  000 en 2002, le monde associatif sportif a vu ses emplois multipliés par 3,5 en trente ans, ce qui a amené un bouleversement considérable dans le fonctionnement des bénévoles. Dans certains domaines sportifs, l’arrivée de professionnels est liée à un manque de bénévoles.La phase du recrutement est importante : un mauvais choix peut occasionner des conflits entre bénévoles et salariés. Il est indispensable que la réflexion sur le projet associatif du club soit partagée.Le bénévole dirigeant n’est pas un « patron » comme les autres car il a un rôle primordial, notamment au niveau juridique, et son engagement associatif lui demande

davantage d’exigences, de connaissances qu’il y a vingt ans.L’approche du bénévole (indépendant) et celle du sala-rié (soumis à un contrat de travail, à l’application de la politique du club…) bien que différentes, doivent être en phase si l’on veut avoir un duo performant.

Place et statut du bénévole et du salarié• L’arrivée d’un salarié dans une structure est un

moment clé car ce dernier va obligatoirement avoir des tâches jusqu’à présent dévolues aux bénévoles. Il est important de veiller à ce que chacun puisse trou-ver sa place.

• Le recrutement est important et nécessite de tenircompte de l’origine du salarié. Par exemple, s’il était bénévole avant dans la même association, il est im-portant de clarifier le statut et la situation d’entrée de jeu.

• L’écritestimportantpourquechacunaitunpôledecompétences bien déterminé. Les statuts des béné-voles et des salariés étant différents, il est important de clarifier le positionnement de chacun dans un écrit connu de tous, afin que chacun n’empiète pas sur les missions de l’autre.

• Le binôme direction/président est important car ildonne le tempo de l’activité dans l’association. La symbiose est nécessaire car elle rejaillit sur tous les bénévoles et salariés.

• Lesalarié(technicien)doitrespecterlesprérogativesdu président et des bénévoles (politiques) dans le projet sportif du club. Les relations humaines, de ce fait, sont particulièrement importantes, synonymes de tolérance. Les associations ne fonctionnent bien que s’il y a des rapports humains et du respect.

• La question dumanagement est fondamentale carles différents rôles des professionnels salariés sont

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Quelques recommandations sont avancées pour agran-dir l’équipe de bénévoles :- développer le positif du club ;- renvoyer son rayonnement ;- ne pas canaliser sur le seul plan sportif, d’autres compé-

tences sont utiles : secrétariat, comptabilité, communi-cation, convivialité, déplacements, etc… ;

- savoir oublier une hiérarchie rigide.Quelqu’un estime que dans le domaine sportif, on a de la chance de rassembler beaucoup de compétences.

La structure de nos associations peut-elle être revisitée ?De nouvelles organisations sont possibles. À titre d’exemple, le mouvement Football progrès qui s’exprima dans les années 60 est évoqué. Il s’appuyait sur quelques principes, de mémoire : un fairplay total, l’absence de hié-rarchie, une rotation des responsabilités, la recherche du beau jeu, de l’offensif.

Quelques suggestions de travaux- Bénévolat sportif, bénévolat culturel : comparaison.- L’engagement humanitaire chez les jeunes : peut-on

provoquer un transfert vers le social, le culturel, le sportif ?

- Faut-il enseigner la notion d’engagement ? - Valoriser le bénévolat à sa juste hauteur.

Il s’agit uniquement du recueil des propos des participants à cet atelier. Bien évidemment, il n’est pas exhaustif.

10 bonnes raisons de s’engager1. On a ça dans les gènes… ou pas. Éclat de rire de l’as-

semblée. En quelque sorte, la question est traitée. Il reste vrai que pour certains, on est doué ou non et l’inné prime sur l’apprentissage, l’éducatif, l’acquis.

2. Le bénévolat se veut un engagement citoyen, désir d’être utile à la société ; plus largement, il concrétise la volonté d’appartenir à une « communauté d’am-bassadeurs du sport ». Le bénévole est le mission-naire de la cause. Notion de contrat moral.

3. On s’inscrit dans l’action bénévole pour transmettre des connaissances, un savoir. C’est la position « maître d’apprentissage ».

4. Le bénévolat peut être vu sous l’angle de l’enrichisse-ment personnel, du perfectionnisme.

5. C’est parfois l’engagement de personnes qui ont envie « de se mêler de tout », socialement, politique-ment.

6. Après avoir profité de l’ascenseur social, de l’apport de l’autre, il y a la volonté de rendre la monnaie, de redonner un peu de soi.

7. Ça peut être aussi une transmission de patrimoine, héritage commun de la collectivité.

8. Le bénévole peut vouloir suivre un modèle, une per-sonne idéalisée.

9. Le bénévole se veut dans une approche vivante de la société elle-même animal vivant.

10. Enfin, une raison largement partagée : dans l’enga-gement bénévole au sens large, il y a essentiellement recherche de convivialité, de chaleur humaine, de copains et copines. La place aussi là de la fameuse troisième mi-temps.

Nombre de raisons n’ont pas été évoquées au cours de ce large tour de table : le hasard de la vie, l’amour du sport, d’un sport, la volonté de s’intégrer socialement, la lutte contre le stress, la défense d’une identité ethnique, une marche vers l’emploi, une fonction, la cooptation, la cana-lisation des pulsions.

Comment donner envie à d’autres l’envie d’y venir ?Le bénévolat est-il en crise ? Une réponse positive ne fait pas l’unanimité. Certains pensent que la crise existe plus au niveau qualitatif que quantitatif. Faut-il chasser les compétences ? Les avis sont très partagés.

Groupe animé par Robert Stéphan, Philippe Henry et Bernard Morin

Les raisons de l’engagement bénévole

restitution d’atelier

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Les moyens de la formation• Sil’e-learning,donclaconnaissanceparlenet,semble

intéressante par sa souplesse (quand je peux, quand je veux, pour la durée que je souhaite ou dont je dispose), c’est un moyen qui montre vite ses limites.

• L’attenteestsouvent«ultraconcrète»etseprêtemalàun stockage de données générales en mémoire.

• Le DIF (droit individuel à la formation) auquel peut prétendre tout salarié semble une réponse intéres-sante, même si l’entreprise privilégiera les acquisitions liées au poste occupé par le salarié.

• Lamutualisationdescompétencesparl’échangeinte-rassociatif est aussi pratiqué avec succès par certains participants.

• Bienentendu, la formationtechniquedes fédérationssportives est indispensable pour les bénévoles enca-drant des activités. La prise en charge financière, totale ou partielle, la disponibilité pour les salariés (DIF, RTT, congés…) y contribuent.

• À noter les interrogations, voire les reproches de plusieurs participants lorsque l’absence de formation occasionne des sanctions pour le club n’ayant pas ou pas assez de cadres diplômés.

Les plus de la formations• Être plus attentif vis-à-vis des employeurs grâce aux

compétences acquises et validées.• L’appétencedesécolessupérieures(IGR, INSA,ESC…)

pour les CV des candidats ayant un ou des engage-ments citoyens dans les domaines sociaux, culturels ou sportifs…

Les difficultés de la formation• Unpaysageinstitutionnelsouvent(trop?)complexe

pour « naviguer » efficacement dans le contexte local (recherche de financements par exemple)

Traditionnellement, une association sportive dispose des compétences techniques des bénévoles, voire des pro-fessionnels, qui interviennent en son sein. Les diplômes

d’État les diplômes fédéraux sanctionnent en général ce cursus de formation selon la discipline pratiquée.Pour autant, les tâches administratives le plus souvent exercées par les administrateurs du club (présidence, tré-sorerie, secrétariat) nécessitent également des compé-tences importantes pour le bon fonctionnement associa-tif, compétences rendues plus complexes si le club salarie du personnel puisque s’appliquent alors les lois et règle-ments qui régissent habituellement les relations em-ployeurs-employés (droit du travail, versements de coti-sations sociales, voire litiges devant les Prud’hommes…)

Problèmes rencontrésDes difficultés à trouver de nouveaux bénévoles• La lisibilité des tâches au sein de l’association est

parfois insuffisante (problèmes d’organisation et de transmissions des informations en interne).

• Lessalariésontundroit,voireuneobligationdefor-mation, les bénévoles non. Or les questions posées aux uns et aux autres sont les mêmes.

• L’enrichissementdesconnaissancesàacquérirparlesbénévoles, surtout pour les tâches administratives, sont souvent mal connues. Qui forme ? Où ? Quand ? Combien cela coûte-t-il ? Tout club n’a pas naturelle-ment un président formé à l’animation de réunions, à la délégation, à la représentation et à la connaissance des instances, ni un responsable de la comptabilité et de la trésorerie formé aux arcanes du plan comptable et de la lecture d’un bilan.

Trouver le bon équilibreLe risque est un enkystement des mêmes dans les mêmes fonctions sans apport de nouveaux membres. Ou à l’in-verse, un turn over non anticipé et la perte d’informations essentielles souvent acquises au fil du temps.

Des solutions cependant• Undoublagequasisystématiquedesprincipalesfonc-

tions administratives dont se félicitent les clubs qui le pratiquent.

• La recherche des compétences préexistantes en interne, mais avec le risque de reproduire le fonction-nement des entreprises.

• Des règles internes claires et précises, définies encommun (durée de l’engagement des membres ou de « l’équipe » de gestion, définition des contours des postes et dimensionnement aux possibilités du béné-vole, adhésion au projet sportif et à la philosophie du club).

• L’apprentissage de la délégation afin de répartir lescharges mais aussi l’intérêt des fonctions sur un plus grand nombre d’administrateurs.

• Si possible, mobiliser les adhérents, ou leurs parentss’ils sont mineurs, pour les faire participer, à leur façon, à la vie du club (déplacements, tournois, entre-tien des maillots…).

Groupe animé par Michel Ferasse, Nicolas Parquic et Jean-Luc Fonataine

Comment améliorer la formation des bénévoles

restitution d’atelier

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exige des compétences en finances, gestion humaine, organisation des déplacements, planification des entraî-nements… Ces compétences s’acquièrent. Les bénévoles multifonctions sont trop sollicités pour être totalement efficaces. Des spécialisations dans les fonctions d’accom-pagnement s’imposent. Des professionnels intègrent progressivement les clubs. Ils sont cependant largement insuffisants pour couvrir tous les besoins. Les bénévoles, pour ceux qui le désirent, peuvent acquérir ces compé-tences. Des structures publiques offrent des formations ciblées sur un temps relativement court qu’il est loisible de suivre pour toute personne intéressée. Les bénévoles ainsi formés rendent des services inestimables au club. Ils assurent une transition entre les professionnels et les bénévoles traditionnels.

Ces perspectives sont à réfléchir pour aujourd’hui. Les évolutions sportives vont vite. Les acteurs du mouve-ment sportif plongés dans l’action ne sont pas toujours à même de percevoir ces évolutions.Il faut donc s’attendre dans un temps bref à voir se côtoyer dans l’encadrement des associations sportives des individus aux parcours et compétences différentes. L’équilibre entre ces individus est un garant de la péren-nité d’un club et de son développement.

conclusion

Yvon LéziartPrésident de l’Office des sports de Rennes

La société évolue, le bénévolat aussi

Les secondes Assises du sport organisées par l’Office des sports de Rennes se sont centrées sur le bénévolat sportif. Au terme de cette journée d’informations, d’échanges et de réflexions nous pouvons mettre en évidence certains points saillants.

Le bénévolat, ciment des associations sportivesLe bénévolat sportif est la base et le ciment des associa-tions sportives. Les clubs vivent de l’activité des béné-voles. Dominique Charrier a insisté dans sa conférence sur les diverses facettes de l’engagement des bénévoles, militants voire missionnaires du sport. Ces militants assurent tout type de tâches au sein du club avec une compétence telle que leur rôle semble facile. Ils font très vite partie des incontournables, du paysage du club.Ils sont aussi le ciment du club car ils portent l’histoire de l’association, histoire orale faite de décisions prises par le club, mais aussi d’anecdotes, de parcours sportifs et humains. Ils sont les garants de la mémoire et de l’esprit du club.

Haute valeur humaine ajoutéeLes bénévoles sont également attachés à leurs respon-

sabilités au sein d’un club car elles leur permettent de vivre une relation riche avec les différents acteurs du club. Dans ce type de relations multiples, les aspects transgénérationnels sont effectifs et fonctionnels. Chacun est utile au fonctionnement de la structure. L’iso-lement des personnes dans une association sportive n’est pas de mise. L’engagement bénévole permet également de côtoyer toutes les générations. Un large éventail de représentants de diverses générations vit dans un club. Ainsi chacun se nourrit des autres. Il faut enfin souligner que le fait de donner entraîne un retour de la part de ceux qui reçoivent. Des sociologues parlent à ce niveau de don et de contre-don. Le club sportif représente donc un creuset humain riche de diversités. Chacun apprend et s’approprie, par l’autre, de nouvelles connaissances.

Les bénévoles enfin trouvent leur reconnaissance dans les actions menées et dans la présence au sein du club. L’atelier intitulé «  la reconnaissance des bénévoles  » fait état d’un certain nombre de propositions : points retraite, journée ou semaine du bénévolat, valorisation honorifique… Ces mesures paraissent légitimes. Elles sont cependant mineures par rapport à la considération que les dirigeants et les différents acteurs du club leur prodiguent. La véritable reconnaissance du bénévole est au sein de son club.

Savoir évoluer avec la sociétéLes raisons évoquées précédemment confirment la bonne santé du bénévolat et témoignent du poids qu’il représente dans les associations sportives. Cependant le sport évolue. Il se diversifie. Sous la pous-sée de ses licenciés les clubs comprennent la nécessité de gagner en efficacité et en exigences techniques. Le public demande un encadrement de qualité, de plus en plus qualifié. L’administration d’une association sportive

Publication éditée par l’Office des sports de Rennes Textes : M’Hamed Drissi, Daniel Delaveau, Yvon Léziart, Dominique Charrier, Sabrina Sarazin, Nathalie Frelaut, Bernard Morin, Jean-Luc Fontaine Secrétariat de rédaction et mise en page : Juliette Desmots Crédits photos : Office des sports de Rennes Tirage : 900 exemplaires. Achevé d’imprimer sur Cyclus print par l’Imprimerie du Rimon en avril 2013