LE BÉNÉVOLAT SOUS LE REGARD DES ÉCONOMISTES · 2013. 2. 7. · Le bénévolat sous le regard des...

19
LE BÉNÉVOLAT SOUS LE REGARD DES ÉCONOMISTES Lionel Prouteau La Doc. française | Revue Française des Affaires sociales 2002/4 - n° 4 pages 117 à 134 ISSN 0035-2985 Article disponible en ligne à l'adresse: -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- http://www.cairn.info/revue-francaise-des-affaires-sociales-2002-4-page-117.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Prouteau Lionel , « Le bénévolat sous le regard des économistes » , Revue Française des Affaires sociales, 2002/4 n° 4, p. 117-134. -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour La Doc. française. © La Doc. française. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. 1 / 1 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 66.54.166.178 - 07/09/2011 22h55. © La Doc. française Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 66.54.166.178 - 07/09/2011 22h55. © La Doc. française

Transcript of LE BÉNÉVOLAT SOUS LE REGARD DES ÉCONOMISTES · 2013. 2. 7. · Le bénévolat sous le regard des...

Page 1: LE BÉNÉVOLAT SOUS LE REGARD DES ÉCONOMISTES · 2013. 2. 7. · Le bénévolat sous le regard des économlstes collectifs (lesquels sont le plus souvent des services), en réponse

LE BÉNÉVOLAT SOUS LE REGARD DES ÉCONOMISTES Lionel Prouteau La Doc. française | Revue Française des Affaires sociales 2002/4 - n° 4pages 117 à 134

ISSN 0035-2985

Article disponible en ligne à l'adresse:

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------http://www.cairn.info/revue-francaise-des-affaires-sociales-2002-4-page-117.htm

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Pour citer cet article :

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Prouteau Lionel , « Le bénévolat sous le regard des économistes » ,

Revue Française des Affaires sociales, 2002/4 n° 4, p. 117-134.

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Distribution électronique Cairn.info pour La Doc. française.

© La Doc. française. Tous droits réservés pour tous pays.

La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites desconditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votreétablissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière quece soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur enFrance. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.

1 / 1

Doc

umen

t tél

écha

rgé

depu

is w

ww

.cai

rn.in

fo -

-

- 66

.54.

166.

178

- 07

/09/

2011

22h

55. ©

La

Doc

. fra

nçai

se

Docum

ent téléchargé depuis ww

w.cairn.info - - - 66.54.166.178 - 07/09/2011 22h55. ©

La Doc. française

Page 2: LE BÉNÉVOLAT SOUS LE REGARD DES ÉCONOMISTES · 2013. 2. 7. · Le bénévolat sous le regard des économlstes collectifs (lesquels sont le plus souvent des services), en réponse

Le bénévolat sous le regard des économistes

Lionel Prouteau*

L'intérêt porté au bénévolat est récent en économie comparativement àI'attrait qu'a suscité l'étude de ce comportement dans d'autres domainesdes sciences sociales l. Il commence à sè manifester aux États-Unis à la findes années soixante-dix et au début des années quatre-vingt puis s'affinneensuite en même temps que s'élargit son horizon géographique.

L'analyse économique du bénévolat a été incontestablement stimulée par ledéveloppement des recherches sur le fonctionnement et le rôle du secteursans but lucratif pour qui le don de temps est une ressource essentielle. Lestentatives de valorisation qui en ont été faites, aussi malaisées et approxi-matives soient-elles, laissent en effet penser que dans nombre de pays cetteressource dépasse, etparfois de beaucoup, en importance les dons monétai-res versés au tiers secteur, lesquels ont pourtant à cejow recueilli une atten-tion bien plus grande de la part des économistes.

L'application des outils de la microéconomie à l'étude du bénévolat permetd'envisager plusieurs modèles de comportement qui se distinguent entreeux par les motivations qui sont prêtées aux agents. Le contenu prédictif deces modèles est variable quant à I'effet sur I'engagement bénévole de fac-teurs comme le revenu, le taux de salaire ou certaines caractéristiquessociodémographiques. La nature des arbitrages individuels opérés entredons de temps et dons d'argent ainsi que I'influence attendue des politiquespubliques sur le bénévolat sont également sensibles aux motifs qui condui-sent à s'adonner à cette activité. Une fois ce cadre analytique présenté, ilsera possible de considérer le degré de validité que les travaux empiriqueslui ont conféré. Il apparaîtra que demeurent de vastes zones d'ombre quiincitent l'économiste à enrichir sa modélisation du comportement bénévoleet à mieux articuler théorie et investigation empirique.

JLa modélisationbénévole

économique du comportement

Soumettre l'activité bénévole à I'analyse économique c'est la placer sous lesigne de la rationalité : les agents sont supposés tirer le meilleur parti des

ffi"frt" de conférences en économie de I'université de Nântes; membre du taboratoired'économie de Nautes - Centre d'économie des besoins sociaux (LEN-CEBS).I Le, suney & Smith (194), tien que pomû sur la seule litératne amâicaine pon la pÉiode1975-l992"dsnneune idée des recberches réalisées sur le bénévolaten sociologie etenpsychologie.

Doc

umen

t tél

écha

rgé

depu

is w

ww

.cai

rn.in

fo -

-

- 66

.54.

166.

178

- 07

/09/

2011

22h

55. ©

La

Doc

. fra

nçai

se

Docum

ent téléchargé depuis ww

w.cairn.info - - - 66.54.166.178 - 07/09/2011 22h55. ©

La Doc. française

Page 3: LE BÉNÉVOLAT SOUS LE REGARD DES ÉCONOMISTES · 2013. 2. 7. · Le bénévolat sous le regard des économlstes collectifs (lesquels sont le plus souvent des services), en réponse

E,^"r*

moyens à leur disposition pour atteindre des fins intentionnelles et cohéren-tes entre elles. Dans ce cadre, la décision de s'adonner (ou non) au bénévo-lat et la durée à lui consacrer procèdent de la résolution d'un problèmed'affectation du temps à des usages qui entrent en concurrence les uns avecles autres (activité professionnelle, don de temps, tâches domestiques, loi-sirs). Le choix retenu par I'agent sera celui qui, sous la contrainte de ses res-sources limitées, lui assurera une satisfaction maximum au regard despréférences qui sont les siennes.

Ies mottaatims du bénwolat

Généralement, les économistes tiennent ces préférences pour données etn'accordent guère d'attention à leur formation, préférant renvoyer cettequestion à la compétence des psychologues ou des sociologues. Les travauxéconomiques sur les dons monétaires, s'ils ont conservé I'empreinte decette attitude, ont toutefois donné lieu à certains efforts théoriques pourappréhender les raisons au fondement de ces conEibutions qui, par leurcaractère de transferts unilatéraux volontaires, peuvent paraître peu compa-tibles apriori avec I'hypothèse de maximisation de I'utilité propre àl'homoæconomicus (Clotfelter, 1997). S'agissant du bénévolat, I'incitation àconsidérer la natwe des préférences des agents est plus forte encore. Car ilfaut également, dans ce cas, tenter de comprendre pourquoi I'agent préGredonner du temps plutôt que de I'argent. Rares sont donc les recherches quifont complètement I'impasse sur les motivations des bénévoles, ce qui faitdire, probablement un peu rapidement, à Steinberg (1990) que la littératureéconomique est désormais bien informée sur cette question. Les différentsmodèles qui ont été envisagés seront ici résumés au travers de la typologiesuivante :

- le modèle de production de biens collectifs, dont le modèle altruiste estI'une des expressions ;

- le modèle de consommation de biens privatifs ;

- le modèle d'investissement.

Un bien collectif (parfois aussi appelé bien public) est un bien qui, contrai-rement au bien privatif (ou bien privé), n'est soumis ni au principe de riva-lité ni à celui d'exclusion. Dire qu'il n'y a pas de rivalité, c'est dire que laconsommation du bien par un agent ne fait pas obstacle à sa consommationpar des tiers. L'impossibilité d'exclusion traduit le fait que nul ne peut êtreempêché d'accéder au bien. Un bien mixte ne présente que certains traitsd'un bien collectif pur. Il peut ainsi être soumis à l'exclusion (il faut payerpour bénéficier du bien) mais ne pas être rival pour ceux qui ont acquitté leprix d'accès r. Weisbrod (1975,1988) a été I'un des premiers économistesà mettre I'accent sur le rôle du tiers secteur comme producteur de biens

i-L'e.hi-g" public peut être cité comme exemple d'un bien collectif. Un concert musical estun exemple de bien mixæ.

Doc

umen

t tél

écha

rgé

depu

is w

ww

.cai

rn.in

fo -

-

- 66

.54.

166.

178

- 07

/09/

2011

22h

55. ©

La

Doc

. fra

nçai

se

Docum

ent téléchargé depuis ww

w.cairn.info - - - 66.54.166.178 - 07/09/2011 22h55. ©

La Doc. française

Page 4: LE BÉNÉVOLAT SOUS LE REGARD DES ÉCONOMISTES · 2013. 2. 7. · Le bénévolat sous le regard des économlstes collectifs (lesquels sont le plus souvent des services), en réponse

Le bénévolat sous le regard des économlstes

collectifs (lesquels sont le plus souvent des services), en réponse à une offrepublique ou marchande insuffisante.

Dans le modèle de biens collectifs (ou mixtes), I'agent n'est animé que parla seule volonté de permettre la réalisation d'un service. Le temps qu'ildonne n'a d'autre utilité pour lui que d'être un facteur de production. Lecaractère collectif du service désiré n'empêche nullement que le bénévoleet (ou) sa famille puissent compter parmi les bénéficiaires. Cette éventua-lité a suggéré à certains auteurs d'intégrer le comportement bénévole dansune version étendue du modèle de production domestique de Becker ouGronau (Mueller, L975 ; Long, 1977 ; Unger, 1985 ; Clotefleter, 1985 ;Vaillancourt et Payette, 1986). Les activités bénévoles sont alors orientéesplus particulièrement vers les enfants. Les services concernés ne pouvantêre réalisés au sein d'un seul foyer, ils nécessitent la coopération volontairede plusieurs ménages dans un cadre associatif (associations de parentsd'élèves, crèches parentales...).

I-e Mnévolat altruiste ressortit à ce modèle de biens collectifs, le servicefourni étant destiné à des tiers l. En économie, I'altruisme est pris encompte par le biais de I'interdépendance des préférences. Le bien-être d'unégoïste ne procède que de ses seules consommations individuelles alors quele bien€tre d'un agent bienveillant est fonction de la situation d'autrui ets'améliore avec elle. Ce traitement analytique de l'altruisme a soulevé desobjections qui ne seront pas évoquées ici (Prouteau,1999). Dans un telcadre d'analyse, dès lors que plusieurs bénévoles s'engagent pour aider lesmêmes personnes, il y a effectivement une situation de < bien collectif >puisque le sort des bénéficiaires est d'un intérêt commun.

Dans le modèle de consommation de biens privatifs, ce n'est plus le serviceréalisé qui motive le bénévole mais certaines satisfactions qu'il entend tirerde sa participation volontaire per se. Les objectifs qu'il poursuit sontd'ordre potentiellement frès divers. Il s'agira aussi bien d'une recherche denotoriété ou de prestige que de la volonté de cultiver des contacts interper-sonnels Mueller, 1975 ; Schiff, 1990). Ce pourra être également la puresatisfaction psychologique que p(rcure le fait même de donner, ce que lesauteurs de langue anglaise désignenl à la suite d'Andreoni (1990), duterme de << wartn-glow >.

I-e modèle d'investissement, quant à lui, fait du bénévolat une activitémotivée par I'anticipation de << retours > futurs qui prennent essentielle-ment lafonne d'opportunités nouvelles pouraccéderà l'emploi ou de gainssalariaux futurs accrus (Mueller, 1975; Menchik et Weisbrod, L987;Schiff, 1990 ; DayetDevlin, 1998 ; Devlin,2001). L'investissementestdit<< en capital humain > si le don de temps a pour but d'acquérir ou d'enrichir

-1 Bien que t'altruisme soit présenté parfois, de manière discutable, comme une déclinaison du

modèle de bien privatif évoqué ci-après (Van Dijk et Boin, 1993 ; Roy et Zemek, 2000).

Doc

umen

t tél

écha

rgé

depu

is w

ww

.cai

rn.in

fo -

-

- 66

.54.

166.

178

- 07

/09/

2011

22h

55. ©

La

Doc

. fra

nçai

se

Docum

ent téléchargé depuis ww

w.cairn.info - - - 66.54.166.178 - 07/09/2011 22h55. ©

La Doc. française

Page 5: LE BÉNÉVOLAT SOUS LE REGARD DES ÉCONOMISTES · 2013. 2. 7. · Le bénévolat sous le regard des économlstes collectifs (lesquels sont le plus souvent des services), en réponse

I *,**o,*,

un savoir ou une expérience transférables sur le marché du travail. Il est uninvestissement en capital social s'il vise à étendre son réseau relationnel.

Bien que conceptuellement différent, le motif de << signalement > peut êtreadjoint à celui d'investissement. Dans ce cas, au travers de son engagement,la personne entend attirer I'attention d'employeurs potentiels en leur suggé-rant qu'elle détient des dispositions particulières de nature à la rendre plusefficace au travail. L'hypothèse est loin d'être aberrante si I'on se réfère auxconseils régulièrement dispensés aux demandeurs d'emploi de faire figurersur leur curriculum vitae letlr:s activités associatives et aux recommanda-tions faites aux étudiants de certaines écoles de commerce de s'adonner aubénévolat en sus des stages effectués en entreprise.

Les différents modèles résumés ici ne sont nullement exclusifs les uns desautres, les motivations des bénévoles n'ayant aucune raison a prtort d'êtreuniques. La volonté de contribuer à produire un service d'intérêt communpeut très bien s'accompagner d'une recherche de gratifications plus intrin-s{ues tirées de l'activité ainsi que du souhait d'enrichir une expériencetransférable dans le domaine professionnel. Schiff(1990) fait, pour sa part,I'hypothèse que la volonté de contribuer à un bien collectif peut se doublerdu désir du bénévole de recueillir de I'information sur ce bien ou d'eninfl uencer les caractéristiques.

Ies ctûts du bênéaolat

La, rareté des ressources dont dispose I'agent rend coûteuse la pratique dubénévolat. Un bénévole rationnel veillera à ce que les coûts qu'il supportene I'emportent pas sur les satisfactions engendrées par son engagement l.

Ces coûts sont monétaires (dépenses afférentes à I'activité bénévole tels lesfrais de transport) mais comprennent bien évidemment aussi la valeur quela personne attribue au temps dont elle dispose, laquelle va être appré-hendée par les économistes selon la méthode du << coût d'opportunité >. Demanière générale,le coût d'opportunité représente ce à quoi un individurenonce lorsqu'il fait un choix. Ainsi le bénévole, en donnant son temps, sedétourne d'autres activités qui lui awaient également procuré des satisfac-tions. Il se prive notamment de gains monétaires additionnels qu'il auraitperçus s'il avait affecté ce temps à I'allongement de son activité profession-nelle. De ce fait, le taux de salaire est souvent reûenu comme mesure du coûtd'opportunité du temps et représente le << prix >> du Mnévolat (Menchik etWeisbrod, 1987). En conséquence, les personnes à taux de salaire élevésseront supposées être moins enclines à s'adonner au bénévolat puisque leur<< rnanque à gagner > est plus conséquent.

1 ta maximisation de I'utilité requiert que ce calcul se fasse < à la marge > : c'est I'égalité ducott marginal (soit le cott d'une heure additionnelle de bénévolat) et de I'utilité marginale(Knapp, 1990).

Doc

umen

t tél

écha

rgé

depu

is w

ww

.cai

rn.in

fo -

-

- 66

.54.

166.

178

- 07

/09/

2011

22h

55. ©

La

Doc

. fra

nçai

se

Docum

ent téléchargé depuis ww

w.cairn.info - - - 66.54.166.178 - 07/09/2011 22h55. ©

La Doc. française

Page 6: LE BÉNÉVOLAT SOUS LE REGARD DES ÉCONOMISTES · 2013. 2. 7. · Le bénévolat sous le regard des économlstes collectifs (lesquels sont le plus souvent des services), en réponse

Le bén6volat sous le regrd des économlstes

Cette mesure de la valeur du temps, et donc du < prix > du bénévolat, esttoutefois soumise à des conditions extrêmement fortes dont la crédibilitépeut être mise en doute. Sa pertinence suppose que les individus aient unecapacité discrétionnaire à choisir leur durée d'activité professionnelle etpuissent arbitrer en toute liberté entre les diverses utilisations pssibles deleur temps. Si cette hypothèse est rejetée (au motif que la durée consacrée àI'emploi est souvent une contrainte qui n'est négociable que partiellement),le salaire ne sera plus forcément un indicateur valide du coût d'opportunitédu temps et son influence sur I'engagement Mnévole deviendra indéter-minée. C'est la durée consacrée à I'emploi ou, inversement, le temps dispo-nible (hors activité professionnelle) qui, en indiquant la tension sur lesemplois du temps individuels, servira alors pour appréhender ce coût (Clo-tefleter, 1985 ; Brown et Lankford,1992).

Il y a d'autres raisons de douter que le don de temps soit nécessairement unefonction décroissante du taux de salaire. Ainsi, dans le modèle d'investisse-ment, sous I'hypothèse que les agents à forte rémunération sont égalementplus aptes à tirer profit de leur expérience bénévole, la relation salaire-donde temps peut, si certaines conditions sont réunies, se révéler croissanteMenchik et Weisbrod, 1987). Dans un modèle de biens collectifs, s'ilss'avèrent être plus productifs que les autres dans leur participation associa-tive, ces mêmes agents peuvent voir I'effet négatif du salaire sur leur acti-vité bénévole neutralisé par I'incitation à participer qui découle de leurefficacité particulière (Freeman, I99T r.

Au-delà des effets théoriques finalement assez ambigus du taux de salairesur le don de temps, le gain tiré de I'activité professionnelle ne saurait enaucune manière servir d'indicateur du coût du temps chez les personnes quine sont pas, ou plus, en situation d'exercer un emploi. Cela concerne toutparticulièrement les retraités à propos desquels I'analyse économique dubénévolat reste d'une grande discrétion.

Les rela,tlons dons de temps-dons d'argent et l'effetd,es poll,tiqaes puhltques sur le henéaola,t

Les enquêtes sur les comportements de don font apparaître chez les person-nes interrogées une propension à donner conjointement du temps et deI'argent (Archambault et Boumendil, 1997). Ce constat incite à conclure àla complémentarité de ces deux types de contributions. L'économiste esttoutefois plus prudent car il considère que la question requiert un examenplus approfondi. Pour lui, un bien A est un complément (respectivement unsubstitut) du bien B si la demande de A augmente (respectivement décroît)

iTincan (1999) souligpe que dans un modèle pur de biens collectifs, le taux de salaire est Iecott d'opporrunité du temps mais ne peut être considéré comme le prix du bénévolat.

Doc

umen

t tél

écha

rgé

depu

is w

ww

.cai

rn.in

fo -

-

- 66

.54.

166.

178

- 07

/09/

2011

22h

55. ©

La

Doc

. fra

nçai

se

Docum

ent téléchargé depuis ww

w.cairn.info - - - 66.54.166.178 - 07/09/2011 22h55. ©

La Doc. française

Page 7: LE BÉNÉVOLAT SOUS LE REGARD DES ÉCONOMISTES · 2013. 2. 7. · Le bénévolat sous le regard des économlstes collectifs (lesquels sont le plus souvent des services), en réponse

ffi-*".*

quand le prix de B diminue t. Appliqué au Hnévolat, ce raisonnement sup-pose que I'on puisse mesurer sa sensibilité à une modification du << prix >>

du don en argent. Ce prix représente ce qu'il en coûte réellement de verserune unité monétaire. Quand existent des dispositions fiscales incitatives, lesacrifice effectif d'un donateur soumis à I'impôt est inférieur à la valeurnominale de sa contribution. Par exemple, la possibilité peut être donnée aucontribuable dedéduire ses dons monétaires de son revenu imposable. Dèslors, s'il se situe dans la tranche d'imposition marginale de 30 7o, donner uneuro ne lui coûtera que 70 centimes 2.

La relation entre dons de temps et dons d'argent a occupé ces vingt derniè-res années une place importante dans la littérature économique américainesur le bénévolat alors qu'elle n'a reçu qu'une attention très secondaire,voire nulle, ailleurs. L'accent mis sur cette question ne peut être comprisque resitué dans le contexte qui a été celui des Etats-Unis au cours de cettepériode. A partir du début des années quatre-vingt, certaines propositionsde modification du régime fiscal des dons et surtout I'orientation politiquedélibérée en faveur de la réduction des impôs, qui se traduisait par unediminution des taux d'imposition marginaux, faisaient craindre une baissedes dons monétaires du fait de I'augmentation de leur coût. Si, dans cesconditions, bénévolat et contributions en argent devaient s'avérer complé-mentaires, c'était le don de temps qui lui aussi était menacé et le tiers sec-teur risquait alors d'être confronté à une réduction substantielle de sesressources. L'on comprend, dans ces conditions, que les économistesd'outre-Atlantique aient voulu considérer de plus près l'interaction don detemps-don d'argent.

La nature de cette interaction est sensible aux motivations des bénévoles.Dans un modèle de biens collectifs, les deux types de conribution volontairesont considérés comme substituables @uncan, 1999). En effet, si le seulmobile de I'agent est d'aider I'association à réaliser le service désiré, il choi-sira de lui apporter la ressource qu'iljuge la plus efficace sans aucune préfé-rerrce a priort pour la forme qu'elle revêt. Sous I'hypothèse d'informationparfaite et si sa productivité est suffrieure dans son emploi professionnel à cequ'elle est dans son activité bénévole, ce raisonnement dewait le conduire àne donner que de I'argent (Schitr, 1990). En effet, il gagne à consacrer sontemps à l'activité professionnelle et verser ses gains additionnels à son asso-ciation qui pourra en faire un usage efficient (notamment en embauchant dessalariés plus performants qu'il ne I'aurait été comme bénévole). En revanche,

i-ils'agit ici de complémentarité ou de substitution <<brutes>> déduiæs de fonctions dedemande ordinaires diæ < marsballienne > en référence à l'économiste bri nnique néoclas-sique Alfred Manhall. En touæ rigueur, la question dewait êre analysée à partir de fonctionsde demande << compensées > dite < Hicksienne > en réfâence à l'économiste John Hicks.L'idée est alon d'examiner l'évolution de la denande du bien A quand le prix de B varie, leniveau d'utilité initial de I'agent étant mainteas s6asrant par une compensation fictive de sonrevenu.2 Lærégimefiscalappliquépeutconsisûer,altemativemenLenuneréductiond'impôtsatprorata des dons, sous limite d'un certain plafond. C'est le régime français actuel.

Doc

umen

t tél

écha

rgé

depu

is w

ww

.cai

rn.in

fo -

-

- 66

.54.

166.

178

- 07

/09/

2011

22h

55. ©

La

Doc

. fra

nçai

se

Docum

ent téléchargé depuis ww

w.cairn.info - - - 66.54.166.178 - 07/09/2011 22h55. ©

La Doc. française

Page 8: LE BÉNÉVOLAT SOUS LE REGARD DES ÉCONOMISTES · 2013. 2. 7. · Le bénévolat sous le regard des économlstes collectifs (lesquels sont le plus souvent des services), en réponse

Le bénévolat sous le r€grd des économlstes

cette relation de substitution n'est plus évidente dans les modèles de biensprivatifs ou d'investissement" puisque rien n'autorise alors à considérer quetemps et argent permettent de poursuivre les mêmes objectifs.

Parallèlement à I'examen des relations dons monétaires-bénévolat et deI'effet attendu des dispositions fiscales sur ces contributions, les économis-tes nord-américains ont également prêté attention à la manière dont la parti-cipation volontaire pouvait être influencée par l'évolution des dépensespubliques. Soumis à des contraintes budgétaires de plus en plus fortes, lespouvoirs publics peuvent en effet être tentés de voir dans le dynamisme deI'initiative privée à but non lucratif un moyen de pallier leur éventueldésengagement de certains domaines traditionnels d'intervention. De tellesattentes sont-elles fondées s'agissant du bénévolat ?

Là encore, les modèles de comportement bénévole ne convergent pas d.ans

leurs conclusions. Dans le modèle de biens collectifs, les concours de I'Etatet I'engagement bénévole des individus sont considérés, pour un domained'activité donné, cornme des ressources entièrement substituables. Puisqueseule la production des services souhaités importe aux agents, la nature desmoyens mobilisés à cet effet leur est indifférente. Si les pouvoirs publicsaugmentent leurs contributions financières, les bénévoles pourront dimi-nuer leur effort sans que le volume de services produits n'ait à en souffrir.Inversement, pour maintenir ce volume, I'engagement volontaire s'intensi-fiera si la contribution des pouvoirs publics décline. Il s'agit ni plus nimoins d'une variante de I'effet d'éviction (crowding out).Mais cette pré-diction n'est nullement généralisable aux autres modèles, un certain degréde complémentarité entre financement public et participation Mnévole(crowding in) pouvant même se manifester (Schiff, 1990 ; houteau, L999).

I L'économie du bénévolat à l'épreuve des faits

L'intérêt que peut susciter I'analyse économique du bénévolat n'est évi-demment pas indépendant de la manière dont elle aide à comprendre le réel.En soumettant leurs analyses à l'épreuve des faits, les économistes enten-dent donc, d'une part, apprécier dans quelle mesure le don de temps pro-cède du paradigme de la rationalité tel qu'il a été rappelé au début de cetarticle et, d'autre part, tester le degré de crédibilité des modèles de compor-tement bénévole. Les tests utilisent I'outil économétrique afin de mesurer laréactivité de I'engagement bénévole à une série de variables qui incluent lerevenu, des indicateurs du coût du temps (salaire ou degré de tension sur lesemplois du temps), mais aussi plusieurs caractéristiques sociodémographi-ques des personnes dont les effets conjecturés sur le don de temps dépen-dent des motivations prêtées aux bénévoles.

Évaluer la portée des investigations menées à ce jour n'est pas chose aisée.La difficulté tient notamment à la diversité des données utilisées. La

Doc

umen

t tél

écha

rgé

depu

is w

ww

.cai

rn.in

fo -

-

- 66

.54.

166.

178

- 07

/09/

2011

22h

55. ©

La

Doc

. fra

nçai

se

Docum

ent téléchargé depuis ww

w.cairn.info - - - 66.54.166.178 - 07/09/2011 22h55. ©

La Doc. française

Page 9: LE BÉNÉVOLAT SOUS LE REGARD DES ÉCONOMISTES · 2013. 2. 7. · Le bénévolat sous le regard des économlstes collectifs (lesquels sont le plus souvent des services), en réponse

richesse de I'information qu'elles contiennent est fort variable. Dans certai-nes enquêtes, seule la participation au bénévolat est communiquée, alorsque dans d'autres cas le chercheur dispose également des durées qui y sontconsacrées.

La comparaison des travaux empiriques est également rendue malaisée dufait de la divergence des hypothèses concernant la manière dont les agentsaffectent leur temps à leurs différentes activités. Certains auteurs considè-rent que ces choix, plus particulièrement ceux qui sont relatifs à l'activitéprofessionnelle et à la pratique du bénévolat, sont simultanés (Menchik etlVeisbrod, 1987 ; Schiff, 1990). D'autres, au contraire, retiennent un pro-cessus décisionnel sQuentiel, l'affectation du temps à I'emploi rémunéréétant alors supposée précéder la décision de s'engager bénévolement (Clot-felter, 1985 ; Brown et LanKord,1992) l. Enfin la diversité des techniqueséconométriques mises en æuvre ne facilite pas non plus le rapprochementde ces invesligations. À h lumière de ces iemarquês, I'hétérogénéité desrésultats obtenus ne devrait pas trop étonner.

Ies enselgnernents des traaaux ernphlques

Cette hétérogénéité s'illustre notamment lorsqu'il s'agit d'estimer I'effetdu taux de salaire sur la pratique du bénévolat. Menchik et Weisbrod(1987), Wofff et alii (1993) ainsi que Andreoni et alii (1996) trouvent que,toutes choses égales par ailleurs, les individus à taux de salaire plus élevésont tendance à donner moins de temps, ce qui corrobore les prévisions deleurs modèles faisant des gains salariaux la mesure du coût d'opportunitédu temps. Mais Schiff (1990) ne confirme pas une telle influence. Quant àSegal (1993), il trouve au contraire que I'offre de temps non rémunéré deshommes célibataires est positivement reliée au taux de salaire. C'est égale-ment le cas de Carlin (2ml) sur un échantillon de femmes américaines et deBanks et Tanner (1998) sur un échantillon britannique.

La difficulté à mettre en évidence un impact clairement négatif du salairesur le bénévolat peut traduire le fait que les agents à forte rémunération sontégalement plus efficaces dans leurs activités Mnévoles. Dans un modèle deproduction de biens collectifs une telle situation est de nature à les inciter àparticiper davantage même si les gains auxquels ils renoncent sont élevés.Freeman (1997\, pour les Etats-Unis, comme Banks et Tanner (1998) pourla Grande-Bretagne, trouvent effectivement une corrélation positive enftele taux de salaire des personnes et la valeur estimée de leur contributionbénévole. Le même Freeman suggère aussi de voir dans cette (relative)insensibilité du bénévolat au coût d'opportunité du temps I'empreinte defacteurs non pris en compte par I'analyse économique << standard > mais qui

f C.m (ZOOI) met en ceuwe, sur une même population, ces deux modèles décisionnels et encompare les résultats.

Doc

umen

t tél

écha

rgé

depu

is w

ww

.cai

rn.in

fo -

-

- 66

.54.

166.

178

- 07

/09/

2011

22h

55. ©

La

Doc

. fra

nçai

se

Docum

ent téléchargé depuis ww

w.cairn.info - - - 66.54.166.178 - 07/09/2011 22h55. ©

La Doc. française

Page 10: LE BÉNÉVOLAT SOUS LE REGARD DES ÉCONOMISTES · 2013. 2. 7. · Le bénévolat sous le regard des économlstes collectifs (lesquels sont le plus souvent des services), en réponse

jouent pourtant un grand rôle dans I'engagement. Il évoque plus particuliè-rement I'intensité des sollicitations dont les bénévoles sont I'objet et lapression sociale qui en découle.

Parce que le salaire n'est pas nécessairement la variable la mieux à mêmede traduire le coût du temps, certains auteurs préfèrent lui substituer unindice de tension sur les emplois du temps. Les effets mis en lumière sontalors plutôt conformes à I'intuition de sens commun. L'augmentation dutemps consacré à I'emploi est défavorable à I'engagement bénévole (Clot-felter, 1985), lequel est au contraire encouragé par I'accroissement dutemps disponible @rown et Lankford,1992).

Ces résultats n'autorisent pas pour autant à conclure à un impact systémati-quement négatif de I'occupation d'un emploi sur la pratique du bénévolat.Les relations qu'entretiennent ces deux activités sont en effet nettementplus complexes et méritent à ce titre un examen attentif. Ainsi, Segal (1993)constate que si I'allongement de la durée affectée à l'emploi décourage laparticipation des femmes au bénévolat, il n'en demeure pas moins que cel-les qui exercent une activité professionnelle ont une probabilité plus fortede s'engager que les inactives.

Les enquêtes réalisées sur le bénévolat laissent penser que la propension àdonner son temps croît avec le revenu global du ménage. Mais I'effet ainsiperçu peut s'avérer illusoire car il n'est pas corrigé de I'effet indirect éven-tuel d'autres variables. Iæs études économétriques, qui s'attachent à metneen évidence des effets nets, c'est-àdire conigés de ces impacts indirects,sont nettement plus nuancées dans leurs conclusions. Elles sont peu nom-breuses à rouver une influence positive statistiquement significative durevenu sur le bénévolat (Menchik et Weisbrod, t987 ; Vaillancourt, 1994 ;Andreoni et alii,1996; Prouteau, 1999, pour certains types de bénévolatseulement). carlin (2001) met même en évidence un effet de sens contraire.c'est-à-dire négatif, sur le bénévolat féminin.

En revanche, la sensibilité du comportement bénévole à la formation ini-tiale fait davantage consensus et paraît constituer un résultat ftès robuste.L'élévation du niveau de formation s'accompagne, en effet, quasi systéma-tiquement d'une augmentation de la probabilité d'être bénévole mais aussi,avec toutefois quelques exceptions (Segal, 1992;Banks et Tanner, 1996),d'un allongement des durées consacrées à cette activité. L'interprétation decette influence reste néanmoins à éclaircir. Faut-il y voir I'empreinte de lascolarité sur le développement des préférences individuelles (l'allonge-ment du parcours scolaire contribuant à façonner une inclination pour desactivités collectives) ou plutôt un effet de la compétence (objective ou sub-jectivement ressentie) attachée à la possession d'un capital scolaire élevé etqui favoriserait la participation bénévole ? Il n'apparaît guère possible dedépartager ces deux explications (qui ne sont d'ailleurs pas nécessairementalternatives) en I'absence d' informations complémentaires.

Doc

umen

t tél

écha

rgé

depu

is w

ww

.cai

rn.in

fo -

-

- 66

.54.

166.

178

- 07

/09/

2011

22h

55. ©

La

Doc

. fra

nçai

se

Docum

ent téléchargé depuis ww

w.cairn.info - - - 66.54.166.178 - 07/09/2011 22h55. ©

La Doc. française

Page 11: LE BÉNÉVOLAT SOUS LE REGARD DES ÉCONOMISTES · 2013. 2. 7. · Le bénévolat sous le regard des économlstes collectifs (lesquels sont le plus souvent des services), en réponse

Bn ce qui concerne I'interaction dons de tempsdons d'argent, les travauxempiriques ont le plus souvent confirmé l'investigation pionnière de Dye(1980) qui concluait à la complémentarité de ces deux contributions. Seulsles résultats obtenus par Carlin (2001) et Andreoni et alii (1996) ont sug-géré I'existence possible d'une substitution r. Dans leur majorité, ces étu-des accréditent donc l'idée qu'une modification du traitement fiscal desdons monétaires conduisant à une augmentation de leur coût contribuerait,en sus d'une réduction de leur montant, à un découragement de I'effortbénévole. Il reste que I'on peut douter, avec Steinberg (1990), de I'impor-tance que jolent réellement ces considérations liscales dans I'engagement,même aux Etats-Unis où les dispositions incitatives sont plus fortes.

L'impact des dépenses publiques sur le comportement bénévole a été moinsfréquemment exploré empiriquement. Menchik et Weisbrd (1987), toutcomme Schiff ( 1990), font apparaître une variabilité des situations selon lessecteurs d'activité, bénévolat et dépenses publiques pouvant y être tantôtcomplémentaires tantôt substituables. Day et Devlin (1996) parviennent àdes conclusions assez similaires dans le cas du Canada. De tels résultatsinclinent à douter que l'initiative bénévole soit disposée à compnser systé-matiquement un désengagement éventuel de l'Etat de certains de ses

domaines d'intervention (action sociale, santé...).

Finalement, à la lumière de ces études empiriques, qu'apprend-on sur lesmotivations de celles et ceux qui donnent leur temps ? Plusieurs résultatssont à mettre au crédit du modèle de production de biens collectifs. Ainsi, laprésence d'enfants au foyer, dès lors qu'ils ne sont pas tropjeunes, paraîtbien encourager la pratique du bénévolat chez les adultes (Clotefleter,1985 ; Schiff, I99O ; Vaillancourt, 1994; Day et Devlin, 1996; Prouteau,L99D2. Cette influence laisse supposer que I'engagement bénévole desparents est animé de la volonté de réaliser des services pour leur progéni-ture, services qui ont bien un caractère de bien collectifpuisque, réalisésdans un cadre associatif, ils bénéficient également à d'autres familles. Demanière similaire, la disposition plus forte à donner son temps lorsqu'onréside dans une zone rurale ou dans des villes de petite taille (Mueller,1975 : Vaillancourt, 1994; Day et Devlin, L996 ; Banks et Tanner, 1998 ;Prouteau, 1999) suggère que le bénévolat réalisé dans le cadre d'organis-mes non lucratifs contribue à pallier, dans ces zones à faible densité démo-graphique, I'offre insuffisante de certains services (culturels, sportifs,éducatifs...) en provenance des pouvoirs publics et du marché.

Toutefois, le pouvoir explicatif de ce modèle n'est pas total. Certaines de ses

prédictions (substitution entre dons de temps et dons d'argent substitution

iTans le cas d'Atdreoni et alii,la relation de substitution est mise àjour à partir d'une fonc-tion hicksienne (compensée). l,es autres éurdes uavaillent sur des fonctions marshalliennes.

2 la présence d'enfants en bas âge, au contraire, décourage le bénévolat notamment celui desfemmes, puisque I'attention et les soins qu'ils réclament accroissent le cott d'opportunité dutemps.

Doc

umen

t tél

écha

rgé

depu

is w

ww

.cai

rn.in

fo -

-

- 66

.54.

166.

178

- 07

/09/

2011

22h

55. ©

La

Doc

. fra

nçai

se

Docum

ent téléchargé depuis ww

w.cairn.info - - - 66.54.166.178 - 07/09/2011 22h55. ©

La Doc. française

Page 12: LE BÉNÉVOLAT SOUS LE REGARD DES ÉCONOMISTES · 2013. 2. 7. · Le bénévolat sous le regard des économlstes collectifs (lesquels sont le plus souvent des services), en réponse

Le bénévoÛu sous le regard dcs éronomlstes

entre dépenses publiques et bénévolat) ne sont pas ou ne sont seulement quetrès partiellement validées. Par conséquent, d'auftes motivations, d'ordreplus privatif, sont également à l'æuvre chez les bénévoles (Duncan, l99g).Mais au-delà d'une invocation de la joie de donner (warm-glow), la naturedes satisfactions recherchées n'est guère explorée, laissant ainsi un champconséquent pour des recherches complémentaires. L'étude de Frey et Gætte(1999) suggère tout l'intérêt qu'il y a à approfondir la connaissance des moti-vations inninsèques à donner son temps. celles-ci peuvent en effet substan-tiellement pâtir d'un accent indûment mis par les associations sur les<< récompenses > extrins{ues, notamment lorsqu'elles prennent une formemonétaire. Verser un salaire, même symbolique, aux bénévoles pourrait bienconfribuer à atraiblir leurs incitations à participer.

Le motif d'investissement a fait I'objet d'une attention plus soutenue dansles travaux empiriques. Mueller (1975) trouve que les femmes qui ontI'intention de reprendre une activité professionnelle s'adonnent davantageau bénévolat. Elle considère que ce constat accrédite I'hypothèse d'une par-ticipation bénévole utilisée comme moyen d'entretenir et d'enrichirsescompétences. Toutefois, Schram et Dunsig (1981) ne confirment pas cetteinfluence de la recherche d'emploi sur la pratique du bénévolat féminin.

van Dijk et Boin ( 1993) accordent eux aussi une certaine validité à ce motifd'investissement. Leur investigation monffe que, aux Pays-Bas, les hom-mes bénévoles qui sont chômeurs ont tendance à se consacrer plus longue-ment que les auhes au don de temps. Ils attribuent ce résultat à une plusgrande disponibilité du fait de I'absence d'activité professionnelle, mais ilsy voient aussi le signe que le bénévolat est un moyen utilisé pour augmenterses chances de (re) trouver un emploi.

Menchik etWeisbrod (1987), de leur côté, interprètent le déclin de I'enga-gement bénévole chez les individus dépassant la quarantaine comme unindice de la pertinence de ce modèle. celui-ci prédit en effet un affaiblisse-ment des incitations à investir (donc à donner son temps) avec le vieillisse-ment puisque diminue alors la durée sur laquelle I'agent peut espérer tirerbénéfice de son investissement.

Day et Devlin (1998), quant à elles, observent que les rémunérations dessalariés canadiens pratiquant une activité bénévole sont supérieures auxgains de leurs collègues qui ne s'y adonnent pas. Le bénévolat aurait un ren-dement monétaire dont le taux annuel serait de l'ordre de 6 à 7 Vo, ce quiconforterait I'hypothèse du motif d'investissement en capital humain. Lesauteurs n'excluent pas que cette << prime > puisse être également attribuée àun effet de réseau I ou à un effet de < signalement >, tôus les deux liés audon de temps. Dans une autre contribution, elles soulignent toutefois que lerendement salarial attaché à la pratique du Mnévolat n'est manifeste que

iEff"t a" téreau se rappor'æici à l'incidence favorable que peuvent avoir les contacts per-sonnels en termes d'opporhnités pour favoriser sa carrière professionnelle.

Doc

umen

t tél

écha

rgé

depu

is w

ww

.cai

rn.in

fo -

-

- 66

.54.

166.

178

- 07

/09/

2011

22h

55. ©

La

Doc

. fra

nçai

se

Docum

ent téléchargé depuis ww

w.cairn.info - - - 66.54.166.178 - 07/09/2011 22h55. ©

La Doc. française

Page 13: LE BÉNÉVOLAT SOUS LE REGARD DES ÉCONOMISTES · 2013. 2. 7. · Le bénévolat sous le regard des économlstes collectifs (lesquels sont le plus souvent des services), en réponse

Rras N 4-2002

pour les hommes et demeure négligeable pour les femmes (Day et Devlin,1997). L'étude a été rééditee sur un échantillon plus récent sans que lesrésultats antérieurs n'aient été substantiellement modifiés, mais le différen-tiel de gain y est davantage attribué à I'effet de réseau (Devlin, 2001).

Pour clore ce rapide tour d'horizon, il convient de noter la quasi-absenced'étude empirique sur I'altruisme en tant que motif de la participation béné-vole. A notre connaissance, Unger (1991) est la seule à faire exception. Lerésultat auquel elle parvient est plutôt favorable à cette hypothèse compor-tementale puisque le bénévole paraît être encouragé par la perception qu'ila des besoins d'assistance au sein de sa communauté d'appartenance.

Un domalne de recherche en d,eaenî,r

Sans être négligeable, la compréhension du comportement bénévoleapportée par I'analyse économique reste donc parcellaire, ce qui ne sauraitsurprendre s'agissant d'un terrain de recherche encore trèsjeune pour cettediscipline. Le rôle joué par certaines variables économiques et sociodémo-graphiques demande à être approfondi. Plusieurs aspects du Mnévolatjusque-là peu, voile pas, considérés par les économistes mériteraient êgale-ment d'être explorés. Guvrer dans ces directions suppose un effort à undouble niveau, théorique et empirique.

Le bénévolat est une activité qui s'inscrit dans I'univers du don. S'il est uneleçon à tirer des recherches anthropologiques et sociologiques sur le don,c'est bien qu'il ne soit pas tant un moyen de transférer des richesses que lesupport de relations entre individus ou entre groupes humains. Il a unevaleur relationnelle qui supplante, jusqu'à neutraliser complètement par-fois, la valeur des biens qui changent de mains à cette occasion (Godbout,1992). Or I'analyse microéconomique traditionnelle, même enrichie par lathéorie des jeux, ne permet guère de prendre en compte cette valeur de lien.L'interaction n'y est considérée que pour autant qu'elle conditionne lerésultat des transactions entre agents, à savoir les allocations de biens dontils disposeront, lesquelles sont supposées être les seuls objets de leurs pré-férences. Dans un tel cadre, les relations n'ont qu'une valeur instrumentale.Elles n'ont pas de valeur intrinsèque (Ash, 2000).

Certes, la modélisation est toujours une schématisation. Mais le principe deparcimonie auquel elle répond peut finir par tronquer à I'excès le réellorsqu'il le prive de dimensions importantes. Or la recherche de la relationpour elle-même rnarque profondément de son empreinte cet échange spéci-fique qu'est le don de temps (Prouteau, 1999).Il est, par conséquent, parti-culièrement dommageable de I'occulter.

Il paraît donc indispensable d'appréhender I'engagement bénévole commeun moyen d'acquérir des << biens relationnels >> (Jhlaner, 1989 ; Gui, 2000)qui ne sont guère à même d'être intégrés aux actuels modèles économiquesde bénévolat. Seul le modèle de biens privatifs est susceptible d'accueillir

Doc

umen

t tél

écha

rgé

depu

is w

ww

.cai

rn.in

fo -

-

- 66

.54.

166.

178

- 07

/09/

2011

22h

55. ©

La

Doc

. fra

nçai

se

Docum

ent téléchargé depuis ww

w.cairn.info - - - 66.54.166.178 - 07/09/2011 22h55. ©

La Doc. française

Page 14: LE BÉNÉVOLAT SOUS LE REGARD DES ÉCONOMISTES · 2013. 2. 7. · Le bénévolat sous le regard des économlstes collectifs (lesquels sont le plus souvent des services), en réponse

Le bén6volat sous le regard des économlstes

cette motivation. Mais il le fait au prix d'une réduction de ces biens relation-nels à de purs objets de consommation qui, en quelque sorte, préexisteraient àI'interaction ou, tout au plus, seraient produits par le seul bénévole. Or lesbiens relationnels donnent lieu à une production et à une consommation col-lectives. Ils résultent d'une coopération volontaire de nature non contrac-tuelle entre plusieurs agents. Ils se présentent en quelque sorte comme des

biens collectifs locaux (Sacco et Vanin, 2000), avec la particularité de nepouvoir être consommés sans la participation des intéressé (e) s à leur pro-duction. La modélisation de cette dimension relationnelle reste à réaliser.Elle permettrait certainement d'enrichir la compréhension du bénévolat,notamment lorsqu'il s'agit d'en étudier la dynamique collective l.

La seconde voie dans laquelle l'économie du bénévolat gagnerait à progres-ser est celle d'une meilleure articulation entre les niveaux théorique etempirique de la recherche. Dans l'état actuel des choses, le contenu empi-rique des modèles apparaît peu discriminant. Il pourrait probablement êtreamélioré en ajoutant aux variables économiques et sociodémographiquestraditionnellement retenues les informations (lorsqu'elles existent) com-muniquées par les agents sur leurs motivations. Certes, les économistes (etnombre de sociologues) sont, non sans fondement, réticents à considérer lesraisons invoquées par les acteurs eux-mêmes. Mais, dans l'étude qu'ilsconduisent sur un échantillon de la population flamande de Belgique,Schokkaert et Van Ootegem (2000) montrent I'intérêt que peut présenterune telle démarche pour cerner de plus près les facteurs du don monétaire.De même, les modèles de comportement gagneraient à être testés plus fré-quemment que cela n'a été le cas jusqu'à présent sur un bénévolat suffisam-ment désagrégé par domaine d'activité, voire par type de tâches réalisées, sitant est que les motivations peuvent différer selon que I'on participe à uneassociation d'action sociale ou à une association sportive, que I'on assumeune fonction de responsable ou d'exécutant.

Enrichir les modèles de comportement et affiner leur contenu empiriquedevraient permettre d'élargir les recherches à des questions sur lesquellesles économistes sont peu, voire pas, informés. Il en est ainsi du rapport entrebénévolat et activité professionnelle dont I'intérêt ne se limite pas à la con-trainte qu'exerce I'occupation d'un emploi sur le temps disponible. L'acti-vité bénévole est-elle un substitut à I'activité professionnelle ous'inscrit-elle dans son prolongement ? Une clarification de la questionpounait contribuer à éclairer le bénévolat des retraités dont I'examen estpour l'instant laissé à la seule compétence des sociologues (Chambré,1987).

Il serait également judicieux d'étudier plus systématiquement dans quellemesure la propension à participer, d'une part, et les durées consacrées au

ilio.r qu'un modèle pur de biens coltectifs prédit un reflux de I'engagement individuelquand celui des autres s'accentue, I'intégration des biens relationnels permet d'envisager aucontraire que le don individuel puisse êhe encouragé par les dons des autres (Prouteau, 1999).

Doc

umen

t tél

écha

rgé

depu

is w

ww

.cai

rn.in

fo -

-

- 66

.54.

166.

178

- 07

/09/

2011

22h

55. ©

La

Doc

. fra

nçai

se

Docum

ent téléchargé depuis ww

w.cairn.info - - - 66.54.166.178 - 07/09/2011 22h55. ©

La Doc. française

Page 15: LE BÉNÉVOLAT SOUS LE REGARD DES ÉCONOMISTES · 2013. 2. 7. · Le bénévolat sous le regard des économlstes collectifs (lesquels sont le plus souvent des services), en réponse

nFAS N 4-2002

bénévolat par ceux qui s'y adonnent, de l'autre, sont soumises à I'influencedes mêmes facteurs. Les quelques études qui envisagent, sur une populationidentique, I'engagement sous ces deux angles laissent penser que les varia-bles discriminantes ne sont pas les mêmes dans les deux cas. Dans un ordred'idée assez proche, il importerait également de mieux distinguer les motifsqui poussent à devenir Mnévole et ceux qui incitent à le rester, puisque cer-tains travaux de psychologie témoignent d'une évolution des motivationschez les bénévoles (Pearce, 1983).

Une autre question qui sollicite I'attention des chercheurs est celle de lademande de travail bénévole par les associations et les organismes à butnon lucratif. Dans toutes les investigations empiriques citées dans cetarticle, I'hypothèse est faite que l'élasticité de cette demande est infinie,autrement dit que toutes les personnes souhaitant s'engager trouvent uneorganisation qui les accueille. Cette hypothèse a.d hoc est destinée àrésoudre le problème économétrique dit d'identification. Elle permet, eneffet, de considérer que les paramètres des fuuations estimées par les inves-tigations empiriques reflètent les seuls comportements d'offre des bénévo-les et non pas I'interaction des comportements des bénévoles et de ceux desassociations. Dans quelle mesure cette hypothèse est-elle réaliste, sachantque certaines associations pratiquent une véritable sélection de leurs candi-dats Hnévoles ? La demande associative de bénévolat reste méconnue deséconomistes, n'ayant suscité leur attention qu'à titre exceptionnel @ma-nuele, 1996).

Bien évidemment, l'avancée dans ces différentes voies de recherche néces-site de disposer de données suffisamment riches. La faible place attribuéeici à cette question ne saurait être interprétée comme un témoignage de sasous-estimation. Il s'agit d'un aspect qui conditionne largement les progrèsde la connaissance relative à l'activité bénévole.

I Conclusion

Le bénévolat est bien un fait économique, même s'il ne se résume pas à celaet même s'il n'est pas vécu d'abord comme tel par les acteurs impliqués. IlI'est en raison de sa contribution à la production de richesses, en dépit dufait que cette contribution n'est pas mesurée par la comptabilité nationale. IlI'est également en tant que fruit de choix individuels qui n'ont aucune rai-son d'échapper entièrement aux hypothèses d'intentionnalité et de rationa-lité chères aux économistes.

Mais il est vrai que I'analyse du comportement bénévole requiert de l'éco-nomiste un enrichissement de sa conception ftaditionnelle de la rationalité.Celle-ci ne saurait se réduire à I'expression d'un intérêt exclusif pour lesbiens mais doit pouvoir s'étendre à I'attention portée arD( personnes et aux

Doc

umen

t tél

écha

rgé

depu

is w

ww

.cai

rn.in

fo -

-

- 66

.54.

166.

178

- 07

/09/

2011

22h

55. ©

La

Doc

. fra

nçai

se

Docum

ent téléchargé depuis ww

w.cairn.info - - - 66.54.166.178 - 07/09/2011 22h55. ©

La Doc. française

Page 16: LE BÉNÉVOLAT SOUS LE REGARD DES ÉCONOMISTES · 2013. 2. 7. · Le bénévolat sous le regard des économlstes collectifs (lesquels sont le plus souvent des services), en réponse

Le b€n6mlat souc le rwrd des économlstes

relations. Les obstacles à surmonter dans cette direction tiennent pourpartie, mais pas seulement, à I'inertie des habitudes.

L'économie ne saurait, bien évidemment, avoir une prétention hégémo-nique dans l'étude du bénévolat. Pour autant son apport n'a aucune raisonde voir sa légitimité contestée a prtori. Le don de temps est un sujet suffi-samment complexe pour mériter d'être éclairê par différentes approchesdisciplinaires, et aucune d'entre elles ne gagne à mener sa réflexion ensituation d'isolement à l'égard des autres. Car, comme le souligne juste-ment Kolm(2m0), dans le monde du don et de laréciprocité qui estcelui dubénévolat, une division autiste du travail entre spécialités atteint vite lazone des rendements décroissants.

Doc

umen

t tél

écha

rgé

depu

is w

ww

.cai

rn.in

fo -

-

- 66

.54.

166.

178

- 07

/09/

2011

22h

55. ©

La

Doc

. fra

nçai

se

Docum

ent téléchargé depuis ww

w.cairn.info - - - 66.54.166.178 - 07/09/2011 22h55. ©

La Doc. française

Page 17: LE BÉNÉVOLAT SOUS LE REGARD DES ÉCONOMISTES · 2013. 2. 7. · Le bénévolat sous le regard des économlstes collectifs (lesquels sont le plus souvent des services), en réponse

Bibliographie

Andreoni J., (1990), << Impure altruism and donations to public goods : A theory ofWarm-Glow Giving >, The Economic Joumal, l@, p. 4&-477 .

Andreoni J., Gale W.G. and Scholz J.K., (1996), Claritable contributions of time andmoney, mimeo.

Archambault E. et Boumendil J., (1997), lzs dons et le bénévolat en France, Fondationde France.

Ash C., (2000), " Social-Self-Intercst>, Awals of Public and Cooperative Econamics,Tl(2),p.26r-284.

Banks J. et Tanner S., (1998), Modelling voluntary labour supply, Working paper, TheInstitute for Fiscal Studies.

Brown E. and Lankford H ., (1992), << Gifts of money and gifu of time >>, Journal ofPublic Econornics, 47 , p. 321-341.

Carlin P.S., (2001), << Evidence on the volunteer labor supply of married women >>,

Southem Econamic Journal,&, p. 801-824.

Chambré S.M., (1987), Good deeds in old age. Volunteering by the New lzisure Class,Lexington, Iæxington Books.

Clotfelter C.T., (1985), Federal tax policy and charitable giving, Chicago, ChicagoUniversity hess.

Clotfelter C.T., (1997), << The economics of giving >, in J. Barry and B.V. Manno (eds.),Giving better, giving smaner, Washington, D.C. : National Commission on Philanthropyand Civic Renewal, p. 3l-55.

Day K.M. and Devlin R.A., (1996), < Volunteerism and crowding out : Canadianeconometric evidence >, Canadian Joumal of Economics,29 (l), p.37-53.

Day K.M. and Devlin R.A., (1997), << Can volunteer work help explain the male-femaleeamings gap ? >>, Applied Economics,29,p.707-721.

Day K.M. and Devlin R.4., (1998), < The payoff to work without pay : Volunteer work asan investment in human capital >, Cana.dian .lournal of Economics, 3 I, p. I 179- I l9l .

Devlin R.A., (2001), << [æs bénévoles et le marché du travail rémunéré >, ISUMA 2 (2),p.7O-76.

Duncan 8., (1999), < Modeling charitable contributions of time and money >>, Journal ofP ublic Economic s, 7 2, p. 213-242.

Dye R.F., (1980), << Contributions of volunteer time. Some evidence of income taxeffects >>, National Tax Joumal,33, p. 89-93.

Emanuele R., (1996), .< Is there a (downward sloping) demand curve for volunteerlabour ? >,Annals ofPublic andCooperative Economics,67 (2),p. 193-208.

Freeman R.8., (1997), < Working for nothing : The supply of volunteer labot >, Journalof Labor Economics, 15, p. SI4GS166.

Frey B.S. et G@tte L., (1999), Dæs pay rnotivate volunteers ?, Working Paper, Institutefor Empirical Research in Economics, Université de Zurich.

Godbout J.-T., (1992), L'esprit du don,Puis, La Découverte.

Gui 8., (2000), << Beyond ffansactions : On the interpersonal dimension of economicreality >, Anrwls of Public and Cooperative Economics,Tl (2),p. 139-169.

Doc

umen

t tél

écha

rgé

depu

is w

ww

.cai

rn.in

fo -

-

- 66

.54.

166.

178

- 07

/09/

2011

22h

55. ©

La

Doc

. fra

nçai

se

Docum

ent téléchargé depuis ww

w.cairn.info - - - 66.54.166.178 - 07/09/2011 22h55. ©

La Doc. française

Page 18: LE BÉNÉVOLAT SOUS LE REGARD DES ÉCONOMISTES · 2013. 2. 7. · Le bénévolat sous le regard des économlstes collectifs (lesquels sont le plus souvent des services), en réponse

Le bénéyûlat sous le regrd des &onomlsûes

Knapp M., (1990), Time is nwney : The costs of volunteeing in Brtnin today,paper n" 3,The Volunteer Centre UK.

Kolm s.c.' (2000), << Introduction : The economics of reciprocity, grving and altruism >,ra Gérard-varet L.-4., Kolm S.c. et Mercier-Ythier J.,Thc economics of reciprocity,giving and altruism,Lnndon, MacMillan Press, p. l-44.

Menchik P. et Weisbrod 8.A., (1981), << Voluntary labor supply in the provision ofcgllective goods >, inM. J. White (ed.), Nonprofitfirms in a three secùr economy,Washington D.C., The Urban Instituûe, p. 163-181.

Menchik P. et Weisbrod 8.4., (1987), << Voluntary labor supply >, Journal of publicEconornics, 32, p. 159-183.

Mueller M., (1975), << Economic determinants of volunteer work by women >, ,iigns, l,p. 325-338.

Pearce J.L., (1983), << Participation in voluntary association : How membership in aformal organizaton changes the rewards of participation >, ia Smith D.H. et van Til J.

leds.), h_tternational perspectives on voluntary action research, New york, universityhess of America p. 148-156.

houteau L., (1999), É,conomie du conportemcnt bénévole. Théorie et éudc empirique,Paris. Economica.

loy f. et Ziemek S., (2000), On thz economics of volunteering, Discussion papeX n" 31,Bonn, Center for Development Research.

Sacco P.L. et vannin P., (2000), << Network interaction with material and relationalgoods : An exploratory simulation >, Annals of Public and cooperative Economics, 7 |(2),p.229-259.

schiff J., (1990), ch4ritable giving and government policy. An economic analysis, NewYork, Greenwood hess.

schram v.R. and Dunsing M.M., (1981), << Influences on married women's volunte€rwork participæion >>, Journal of Cowumer Research, 7, p. 372-379.

segal M.L.' (1993), Four essoys on thz supply of volunteer labor and economerrics, ph.D., Northwestem University.

Schokkaert E. et van ootegem L., (2000), << Preference variation and private donations >>,

in Gérard-varet L.-4., Kolm S.c. et Mercier-Ythier J.,Thc economici of reciprocity,giving and altruisn, [.ondon, MacMillan hess, p. 78-95.

Smith D.H., (1994), < Determinants of voluntary association participation andvolunteering : A literature review >>, Nonprofit and voluntary sectoi euanerty,23 (3),p.243-263.

steinberg R., (1990), << I-abor economics and the nonprofit sector : A literature review >>,

Nonprofit and Voluntary Sector Quarterly, 19 (2), p. 15l-169.

uhlaner c.J., (1989), < 'Relational goods" and participation : lncorporating sociabilityinto a theory of rational action >, Public Choice,62,p.253-285.

Unger L.S., (1985), << The role ofvoluntarism in providing collective goods for householdproduction >, rn : Hirshmann E.C. and Holbrook M.B. (ds.), Advances in corutanmcrresearch, hovo, UT : Association for Consumer Research, Xtr, p. 195-199.

Unger L.S., (1991), << Altruism as a motivation to volunteer >>, Joumal of EconomicPsychology, 12, p. 7l-100.

Vaillancourt F., (1987), << Volunteer or not : Canad4 1987 >, Canadian Journat ofEc onornic s, n @), p. 8l +826.

Doc

umen

t tél

écha

rgé

depu

is w

ww

.cai

rn.in

fo -

-

- 66

.54.

166.

178

- 07

/09/

2011

22h

55. ©

La

Doc

. fra

nçai

se

Docum

ent téléchargé depuis ww

w.cairn.info - - - 66.54.166.178 - 07/09/2011 22h55. ©

La Doc. française

Page 19: LE BÉNÉVOLAT SOUS LE REGARD DES ÉCONOMISTES · 2013. 2. 7. · Le bénévolat sous le regard des économlstes collectifs (lesquels sont le plus souvent des services), en réponse

Vaillancourt F. et Payette M., (1986), < The supply of volunteer work : the case ofCanada >, Journal ofVoluntary Action Research, 15, p. 45-56.

Van Dijk J. et Boin R., (1993), < Volunteer labor supply in the Netherlands >, DeEconomist, l4l (3), p. 4V2-418.

Weisbrod 8., (1975), << Toward a theory of the voluntary non-profit sector in ath,ree-sector economy )t, iz Phelps E. (ed.),Altruism, morality and econotnic thcory,Russel Sage Foundation, p. l7l-195, repris dans Rose-Ackerman S. (ed.), Tlæ economicof nonprofit institution Studics in structure and policy, Oxlord University Press, p. 2l-44.

Weisbrod 8., (1988), The nonprofit econony, Cambridge (Mass.), Harvard UniversityPress.

Doc

umen

t tél

écha

rgé

depu

is w

ww

.cai

rn.in

fo -

-

- 66

.54.

166.

178

- 07

/09/

2011

22h

55. ©

La

Doc

. fra

nçai

se

Docum

ent téléchargé depuis ww

w.cairn.info - - - 66.54.166.178 - 07/09/2011 22h55. ©

La Doc. française