De nouveaux outils pour la néologie

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Terminologies nouvelles Afrique centrale et de l’Est Afrique de l’Ouest Canada Communauté française de Belgique France Haïti Madagascar Maroc Québec République centrafricaine Suisse Tunisie Union latine Rint Réseau international de néologie et de terminologie 20 Revue semestrielle coéditée par l’Agence de la francophonie et la Communauté française de Belgique N° 20 décembre 1999 Nouveaux outils pour la néologie

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Terminologiesnouvelles

Afrique centrale et de l’Est

Afrique de l’Ouest

Canada

Communautéfrançaise de

Belgique

France

Haïti

Madagascar

Maroc

Québec

Républiquecentrafricaine

Suisse

Tunisie

Union latine

RintRéseauinternationalde néologieet de terminologie

20Revue semestriellecoéditée par l’Agencede la francophonieet la Communautéfrançaise de Belgique

N° 20 décembre 1999

Nouveaux outils pour la néologie

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Sommaire 1

IntroductionNouveaux outils pour la néologiepar Louis-Jean Rousseau et Loïc DepeckerPage 2

ContributionsRecherches néologiques sur Internetpar Céline Tucat et Loïc DepeckerPage 4

Cenit : Système de détection semi-automatique des néologismespar Sorcha Roche et Lynne BowkerPage 12

Utilisation d’une banque de textes enterminographiepar Anouk JaccariniPage 17

Recherche terminographique semi-automatisée en veille terminologique:expérimentation dans le domainemédicalpar Marie-Claude L’Homme, Claudine Bodson et Renata Stela ValentePage 25

Néologie traductivepar Adrien Hermans et Andrée VansteelandtPage 37

Néologie et terminologie :activités et réflexionspar Danielle CandelPage 44

La conversion et l’interfaceinfinitif/impératif/nom dans laterminologie du micro-ordinateurpar Emmanuel AitoPage 54

Néologismes, internationalismes etmondialisation par Alessio PetralliPage 60

En brefNouvelles du RintPage 72

PublicationsPage 75

Sommaire

Page 3: De nouveaux outils pour la néologie

L

Présentation

Présentation

2

Présentation

a société del’information offre unmonde en expansionconstante caractérisépar la généralisationde l’usage des

NTIC( 1 ). Cette révolution del’information bouleverse les contenuslinguistiques en mettant à ladisposition des utilisateurs un volumede données textuelles qui semble sanslimite, ouvrant ainsi un immensechamp lexicographique etterminographique, grâce aux réseauxde type Internet. Le volume del’information rendue disponiblesimultanément fait peur à plus d’un,la question majeure étant : commentse retrouver dans ces fluxd’informations ?

Compte tenu du potentielextraordinaire qu’offrent ces trésorsd’information et de connaissancesdans tous les domaines du savoir, leRéseau international de néologie et determinologie (Rint) a décidé de fairele point sur leur exploitation dans lestravaux sur la néologie, en regard desnouveaux outils à la disposition desutilisateurs, qu’ils soient spécialistes àla recherche de l’innovation,terminologues qui assurent la collecteet le traitement des néologismes ousimples utilisateurs de terminologie.Le Rint veut ainsi tenter de répondreà de nouvelles questions théoriques et

pratiques sur la néologie et aider lesterminologues à se retrouver dans lefoisonnement des possibilités et desoutils ainsi offerts. Il a pour celamobilisé les chercheurs et spécialistessusceptibles d’intervenir dans ledomaine de la veille néologique afinde dégager des orientationsméthodologiques sur ces questionsdont les plus fréquentes sont :comment retrouver un néologisme,dans quelle( s ) langue(s), par quelmoyen, grâce à quel instrument, etc.Ce sont là des problèmes rencontréspar toute personne qui recherche lesens d’un néologisme, une attestationfiable, un contexte pertinent, unéquivalent possible, ou encore desdonnées conceptuelles susceptibles decontribuer à la définition, etc. Demultiples points de vue sont évoquésici, de la recherche proprement dited’une désignation néologique ou d’unnouveau concept, à la gestion desressources linguistiques de naturenéologique.

Le Rint a, comme son noml’indique, vocation à cela. Créé en1986 par le premier sommet des chefsd’états et de gouvernementsfrancophones, le Réseau internationalde néologie et de terminologiefrancophone se compose despécialistes de la néologie et de laterminologie appartenant à desorganismes à vocation linguistique.Depuis sa création, cette organisationn’a cessé de se pencher sur ces

Nouveaux outils pour la néologie

(1) Nouvelles technologies del’information et de la

communication.

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questions. Le Rint a contribué à créerune réflexion en néologie sur lefrançais, sur les langues partenaires dela francophonie et sur leurs rapportsmutuels. Il s’est efforcé de développerdes méthodologies dans ce sens, demobiliser au fil de nombreusesrencontres scientifiques, et de susciterl’élaboration de plusieurs outils pourla veille néologique. Parmi les outilsles plus représentatifs, il est possiblede citer Adepte-Nomino( 2 ), qui estun logiciel d’extractionterminologique. Plus directement liéeà la néologie est la banque de donnéesd’attestations de néologismes, Balnéo,créée par le Rint pour favoriserl’échange et la mise en commun dematériaux néologiques et dont lesystème est implanté à l’Université deRennes. Balnéo est une base deconcentration alimentée par desrelevés de néologismes effectués auxquatre coins de la planète. Lesnéologismes sont intégrés à distancepar Internet. Cette base de donnéesest mise gratuitement ( 3 ) à ladisposition de tous ceux quisouhaitent l’alimenter ou en utiliser lecontenu, notamment pour la mise àjour des dictionnaires et des banquesde terminologie.

L’une des priorités qui sedessinent, et que l’on découvrira dansce numéro de Terminologies nouvelles,est de pouvoir accéder aux nombreuxtextes et contextes diffusés surInternet. Comme l’a mis en évidencele numéro 19 de Terminologiesnouvelles, consacré au thème«terminologie et intelligenceartificielle», une néologie de corpus sedéveloppe actuellement, fondée surles immenses masses de textescirculant sur les réseaux. Ce retour àune démarche terminologique fondéesur l’analyse des textes, lieu decréation, de description et dedénomination des nouveaux concepts,rend nécessaires l’utilisation denouveaux outils et l’implantation depratiques renouvelées pour la néologieet la terminologie, car néologie et

terminologie sont très liées sitôt quele travail s’applique à des domaines depointe. En dépit de ces fluxabsolument inédits, les moteurs derecherche, dont certains sont décritsici, autorisent de plus en plus unerecherche néologique fiable et rapide.Ils permettent, pour certains, delocaliser en quelques secondes unnéologisme, d’en cerner le sens grâceau contexte, en fournissantéventuellement, lorsque le documentest riche, l’équivalent dans une autrelangue. Ce foisonnement textuel sansprécédent n’est cependant pas sansrisques ou sans écueils pour leterminologue. Comment choisir lestextes? Quels sont les textes fiables,tant sur le plan scientifique ettechnique que sur le planlinguistique? Comment assurer lagestion de ces données textuelles?Voilà quelques-unes de questions qu’ilfaut résoudre par de nouvellesréflexions méthodologiques.

De plus, la réelle interactivitéque procure Internet sous la formenotamment de forums et de listes dediffusion permet d’interroger despersonnes de tous les continents enlaissant espérer une réponse ou undébut de réponse.

Ce sont plusieurs de cespossibilités qui sont explorées dans cenuméro de Terminologies nouvelles.Que les contributeurs en soientremerciés, qui ont travaillé pour cenuméro sans l’urgence et ladynamique qu’aurait pu représenterun colloque scientifique. Qu’ils aientrépondu à cet appel montrecependant que le Rint a su susciterréflexions et énergies de par lemonde.

Mais c’est certainement unediffusion accrue de la langue françaisesur des réseaux de type Internet quipermettra d’accéder à la néologie dufrançais d’aujourd’hui, qu’il soitd’Europe, d’Amérique, d’Afrique oud’Asie. Un grand effort dans ce sensreste à faire pour les languespartenaires de la francophonie. Le

millénaire qui commence les verraprendre pied aussi dans la société del’information pour peu que s’affirmedans ce sens une réelle volontépolitique.

Louis-Jean Rousseau,Secrétaire général du Réseauinternational de néologie et de terminologie,Office de la langue française,Québec.

Loïc Depecker,Président de la Société française de terminologie,Université de la Sorbonne nouvelle,Paris III-Crettal.

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Présentation

(2) Anciennement: Termino

(3) On peut accéder à Balnéo àpartir du site Internet du Rint,dont l’adresse est la suivante :http://www.rint.org.

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Contributions

4Contributions

Le but de cet article est demontrer, après cinq années

d’utilisation active d’Internet, le profitqu’il est possible de tirer de son

utilisation dans le cadre de rechercheen traduction, en terminologie /

néologie et en rédaction technique.Durant ces années de mise en place

sur Internet de ressourcesinformationnelles et linguistiques depar le monde, il est devenu difficile

de trouver facilement et rapidementce que l’on cherche dans l’étonnant

foisonnement de l’information qu’estdevenu Internet. Cet article a pour

but d’aider les utilisateurs à s’orienterplus aisément dans ces dédales en leurindiquant et conseillant les pistes quinous semblent les plus efficaces à ce

jour.

Termes-clés :néologie, Internet,

moteur de recherche, corpus, banque de terminologie.

1 Introduction

a question de lanéologie acquiert unedimension nouvelledans le cadre de lasociété del’information, en

raison de la masse des néologismes etconcepts qui circulent et de ladifficulté à y accéder. Dans cetteperspective, la néologie revêt unnouvel aspect, notamment d’un pointde vue informationnel. C’est pourcette raison qu’il est nécessaired’exploiter les outils existants pouraccéder à l’information néologique etéventuellement d’en créer denouveaux. Cet article s’attacheraessentiellement à quelques-unes despossibilités qu’offre Internetaujourd’hui dans le but d’être utileaux personnes qui commencent ànaviguer sur Internet.

Nous traiterons de la néologie,particulièrement scientifique ettechnique, en faisant cettedistinction: un néologisme estconstitué d’une forme linguistique(désignation) et d’un concept (unitéde pensée). La question de larecherche de néologismes peut ainsise poser au moins de deux façons:– Pour un concept nouveau, chercherdans une langue son ou seséquivalents linguistiques sans avoir sadésignation;

– Pour un concept nouveau et à partird’au moins une désignation dans unelangue, chercher dans d’autres languesdes équivalents linguistiques.

Dans le premier cas, il s’agit d’untravail de terminologie proprementdit puisque l’on part du concept etque l’on va vers le signe linguistiquedans une langue. Dans le second, ils’agit surtout d’un travail de néologieorienté vers la traduction.

2 Les outils de recherchesur Internet

Traditionnellement, le téléphoneet l’annuaire qui l’accompagneconstituaient le meilleur desdictionnaires : rien de mieux qued’avoir au bout du fil un spécialistedu domaine. Et sans doute, letéléphone, tout rudimentaire qu’ilapparaisse, reste le meilleur desdictionnaires de néologie. Mais onpeut tout de même aller plus loin: eneffet, Internet et plus particulièrementles listes de diffusion ou les forums dediscussion spécialisés représententaujourd’hui le prolongement duquestionnement par simple appeltéléphonique. Le tout est de savoir ceque l’on cherche et qui est à l’autrebout.

Recherches néologiques sur Internet

L

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2.1 Comment faire unerecherche efficace ?

Il existe aujourd’hui plusieursdizaines de moteurs de recherche surInternet. Une même recherche lancéesur ces outils ne donnera pas lesmêmes résultats et, d’un jour àl’autre, ceux-ci pourront êtredifférents.

On peut distinguer commeprincipaux types de moteurs derecherche:– les robots d’exploration quiparcourent les sites serveurs Internetet cumulent des massesd’informations dans des banques dedonnées interrogeables grâce à desmoteurs de recherche tels que Lycos,Alta Vista, etc.– les catégoriseurs tels que Live Topicssur Alta Vista qui limitent larecherche à l’aide de critères précis ;– les catalogues sujets qui sont desrépertoires élaborés par desprofessionnels qui visitent, évaluent etclassent les ressources disponibles surInternet ;– les méta-index ou méta-moteurs quipermettent, à partir d’un seulformulaire, d’effectuer une recherchedans plusieurs index à la fois.

Cependant, même si cesdistinctions sont utilisées, lesdifférences entre ces divers outils sontrelativement fluides.

La question de la recherche surInternet se résume le plus souvent àun problème documentaire. Et unerecherche est efficace lorsqu’elleprocure uniquement les documentssouhaités. Les outils de recherchegénéraux peuvent s’avérer frustrants.En effet, on se fait difficilement uneidée claire sur la couverture de labanque dans laquelle la recherche estlancée, ou sur son indexation. Deplus, le mode de fonctionnement dela recherche n’est pas toujoursclairement présenté. Il convientcependant de se familiariserprogressivement avec différents outilsafin de mieux juger des chances de

trouver ce que l’on cherche. Demême, les possibilités d’interrogationdiffèrent d’un outil à l’autre, d’où lebesoin, là encore, de se familiariseravec les procédures de recherche.

En ce qui concerne les langues àsélectionner, il faut savoir si le moteurde recherche est francophone ouinternational : en effet, pour lepremier, le mot clé sera en françaisalors que pour le second, il faudrapartir d’une autre langue,généralement l’anglais. En tout étatde cause, il est difficile de rechercherun néologisme à partir du mot clé«néologie». Ainsi, une interrogationlancée le 18 mars 1999 sur le moteurde recherche Voilà de France Télécomne proposait pas moins de 698réponses. Il faut donc interroger àpartir de ce que l’on cherche. Maisc’est là aussi le plus difficile puisque laméthode de la recherche varie selon laconnaissance que l’on a du concept.

Certains critères sont essentielspour faire une recherche efficace. Ilvaut mieux partir d’un ou plusieursmots clés relativement précis et nond’un terme trop générique. Il estpossible de les mettre entreguillemets, lesquels indiquent aumoteur de recherche que les résultatsdevront comporter ces termes dansl’ordre où ils ont été entrés. On peutaussi utiliser les opérateurs booléensou logiques, c’est-à-dire AND, OR etAND NOT. AND indique au moteurde recherche que le mot situé derrièredevra obligatoirement figurer dans laréponse, OR qu’il pourra y figurer etAND NOT qu’il ne devra en aucuncas y figurer. Ces opérateurs sontgénéralement traduits en français parET, OU et SAUF sur les moteurs derecherche francophones tels queNomade, Yahoo France, etc.

Par exemple, si la recherche portesur la manière d’orthographier«Euroland», il faudra entrer dans laboîte de dialogue «euroland*» . Ainsi,une recherche lancée sur Alta Vista le10 avril 1999 ne donnait plus que200 réponses, sachant que la majorité

des sites était dédiée à la parité desmonnaies des pays de la zone Euro.Cependant, plusieurs sites permettentde retrouver «Euroland» dans soncontexte journalistique et un site étaitconsacré au problème «Euroland ouEurolande ?»

De la même manière, si l’onrecherche des informations ou unéquivalent français d’un anglicismenéologique encore peu répandu, onpeut tenter d’interroger à partir de saforme même. Par exemple, pourl’anglicisme job rotation, recherché surInternet le 18 avril 1999, 13 réponsesapparaissent sur Voilà, 8 sur Alta Vistaet 10 sur Excite. L’équivalent françaisproposé dans plusieurs articles est«rotation des postes». La fréquencede l’unité néologique proposée,récurrente dans divers contextes deréférence, donne ainsi un bon critèred’appréciation. Ce genre de critèrecommence à être utilisé de manièresystématique, notamment en France,par les commissions de normalisationterminologique.

Il est en revanche beaucoup plusdifficile de chercher une désignation àpartir de sa définition supposée. Sil’on connaît la définition mais quel’on ne sait pas à quelle désignationelle correspond, la stratégie de larecherche est différente : en effet, ilfaudra formuler une recherche à l’aided’opérateurs booléens et partir descaractères du concept présents dans ladéfinition. Le plus facile,apparemment, est de chercher unnéologisme dans un domaine trèsspécialisé. En gastro-entérologie parexemple, la pancolite est une atteinteinflammatoire de la totalité du colon.Les mots clés, c’est-à-dire lescaractères essentiels du concepténumérés, seront « inflammation» et«colon». L’algorithme booléen sera lesuivant : (colon AND inflammat*)AND colon. Ainsi, une recherchelancée sur Alta Vista le 2 juillet 1999a donné 19 sites spécialisés en gastro-entérologie et plus particulièrementsur les maladies inflammatoires de

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Contributions

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l’intestin. Certains de ces sites sontspécialisés dans le domaine de ce typed’inflammation, et dans deux d’entreeux on trouve une définitionconstituée de la pancolite.

2.2 Description des diversmoteurs de recherche

Il y a ici au moins deux étapes àrespecter :– L’étape du formulaire : les moteursde recherche proposent à l’utilisateurentrant sur un site un ou plusieursformulaires. Un formulaire est uncadre de discussion (boîte dedialogue) intégré à une page de latoile. Il permet d’indiquer les critèresde recherche: dans quelle languelancer la recherche, sur combien detemps recueillir les résultats,qu’exclure à priori dans la collecte,etc. Des explications souvent trèsprécieuses sont fournies quant àl’utilisation de ces formulaires :conseils pour restreindre la recherche,pour l’emploi des opérateursbooléens, des parenthèses, etc., ce quipermet de structurer et d’affiner laformulation de la question. Cetteétape est cruciale pour lancer unerecherche. En effet, tous les moteursinsistent sur les degrés de précision dela recherche envisagée et sur la bonneformulation de la question. – L’étape de la consultation desréponses aux questions les plusfréquemment posées sur le site par lesutilisateurs. Ce sont les FAQ (FoireAux Questions ou Frequently AskedQuestions ), qui sont souvent d’un trèsgrand intérêt.

Ces deux étapes essentiellesmontrent l’intérêt qu’il y a àexpérimenter plusieurs moteurs derecherche et à apprendre à connaîtreleurs qualités et leurs limites. Nousnous en tiendrons ici aux outils quiparaissent les plus performants pourla recherche néologique. Si l’on veutclasser les outils en grandes catégories,

on pourrait retenir la répartitionsuivante :

2.2.1 Les moteurs d’exploration

On peut trouver la liste desmoteurs d’exploration en posant laquestion «outils de recherche» à unmoteur de recherche francophone ou«Search engine» à un moteuranglophone. Il est également possibled’aller directement sur le site appelé«Toile du Québec» où les moteurs lesplus performants sont répertoriés. Cesoutils explorent des banquesconstituées automatiquement par desrobots informatiques visitant les sitesserveurs W3. Les fréquences de miseà jour varient selon les outils, c’estpourquoi un grand nombre d’adressesURL s’avèrent périmées dans lesrésultats des recherches. De plus,même si le bruit y est relativementélevé, le volume des données signaléesest très important. Parmi les moteursde recherche les plus immédiatementutiles pour des recherches d’ordregénéral, on peut citer :

• Alta Vista (http://www.altavista.com)Ce site est l’un des plus

performants, tant pour son vastecontenu que pour sa procédure derecherche. Il offre la possibilité derechercher dans deux banquesdistinctes : «The Web» pour les pagesdes sites W3 et «Usenet» pour lesforums de discussion. Il offre deuxniveaux de recherche: «simple query»et «advanced query», toutes deuxdocumentées par des pages d’aide. Cedeuxième type de recherche estdestiné à des recherches spécifiquesqui nécessitent l’utilisation desopérateurs booléens : ainsi, dans laboîte de dialogue « Search», onentrera le concept à rechercher, etdans la boîte «Boolean Expression», onindiquera les termes auxquels larecherche doit se limiter. On cerneainsi la désignation à rechercher et ladéfinition correspondante.

Alta Vista indexe le contenuentier des documents mais le bruit y

reste élevé. C’est pourquoi lecatégoriseur Live Topics, disponibleuniquement sur le site américaind’Alta Vista, peut être très utile : ileffectue en effet une analysestatistique des mots contenus dans lesdocuments sélectionnés par la requêteet dresse la liste des vingt termes lesplus représentés. Afin de restreindreles résultats, il suffit d’indiquer«require» ou «exclude» en face dechaque terme.

• HotBot (http://www.HotBot.com)Avec 10 millions de pages W3

indexées par jour, ce moteur derecherche américain se présentecomme « le robot le plus rapide dumonde». L’interface d’utilisation estparticulièrement bien développée etdotée d’une fonction d’aideexceptionnelle. Il propose plusieursmodes de recherche et permetl’utilisation d’opérateurs booléens etde parenthèses. Il est égalementpossible de limiter la recherche enajoutant des critères secondaires,procédure similaire à Alta Vista(Advanced Query ).

• Infoseek (http://www2.infoseek.com)Il a désormais deux modes :

«ultrasmart» et «ultraseek». Lepremier est un formulaired’interrogation couplé à unrépertoire. Le second n’inclut que leformulaire. Les traditionnelsopérateurs booléens AND et ANDNOT sont ici remplacés par les signes«+» et « - » : en précédant le mot d’un«+», on obtient le ET, le « -» donne leSAUF. Par exemple, si on entre leterme «culture», le document peutcontenir le mot «culture» ; avec«+culture», le document doitcontenir ce mot; avec «-culture», ledocument ne doit pas contenir ceterme.

• Lycos (http://www.fr.lycos.de)Comme la plupart des moteurs,

Lycos affiche un formulaire simpledans lequel indiquer l’élément àrechercher. Pour une rechercheavancée, il suffit de cliquer sur

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Contributions

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«Search Options» mais la recherchebooléenne est minimale et peudocumentée. La réponse peut selimiter à un maximum de40 documents.

Enfin, se crée de plus en plus dessites thématiques : on peut, pour lemonde des affaires, citer :

• Open Text’s Livelink Pinstripe(http://pinstripe.opentext.com )

Cet outil est mis trèsrégulièrement à jour et met l’accentsur l’indexation du texte intégral despages W3. La recherche booléenne estefficace, avec deux niveaux derecherche: «Simple Search» et «PowerSearch» pour des recherchesbooléennes plus complexes avecpossibilité de spécifier pour chaqueterme dans quel champ effectuer larecherche. Chaque mode de rechercheest explicité dans des pages d’aide.

2.2.2 Les catalogues sujets pourvusd’un moteur de recherche

Ce sont des catalogues danslesquels les ressources Internet sontclassées par sujets dont certainsd’entre eux sont interrogeables à l’aided’un formulaire. Il s’agit derépertoires produits par desprofessionnels qui visitent, évaluent etclassent les ressources de leursdomaines de compétence. Le contenude leurs bases est moins considérableque celui amassé par un robot, maisleurs bases sont plus cohérentes etposent moins de problèmes de bruitau moment de la recherche. En effet,les informations sont organiséeshiérarchiquement, de la pluspertinente à la moins pertinente.

• Yahoo !Yahoo est un excellent catalogue-

sujet doté d’une interface derecherche performante. Il faut savoirque ce moteur est surtout efficace sil’on recherche une informationgénérale sur un sujet.

Yahoo est subdivisé selon leslangues :

– le français : http://www.yahoo.fr– l’anglais : http://www.yahoo.com– l’allemand: http://www.yahoo.de– l’espagnol : http://www.yahoo.es– l’italien: http://www.yahoo.it– ainsi que plusieurs autres Yahoospécialisés par langue ou région,proposés en bas de la page d’accueil.La recherche s’effectuant par sujets,les sites trouvés sont généralement liésà la demande formulée. Si les résultatsne conviennent pas, il est possibled’étendre la recherche sur Alta Vistaen cliquant sur le lien Alta Vista aubas de la page.

• La Toile du Québec(http://www.toile.qc.ca/ )

Axé sur les sites québécois oufrancophones, ce site propose desmoteurs de recherche spécialisés. Il estefficace pour la néologie du françaisdans des domaines bien précis. Cesmoteurs sont en réalité des cataloguesmultimoteurs, c’est-à-dire desmoteurs de recherche qui lancent surdifférents moteurs la question posée :il s’agit de All-in-One Search, BotsSpot,CUSI at Internet Direct et NetSearch.Par exemple, NetSearch proposed’utiliser Excite, Yahoo, Lycos, Infoseek,etc. pour effectuer la même recherche.

• Excite (http://www.excite.com )Ce moteur de recherche

francophone et international effectuedes recherches non seulement parmots clés mais aussi par concepts.Dans ce cas, Excite recherche nonseulement des sites qui correspondentexactement à la question posée maisaussi des sites qui s’y rattachent. Parexemple, si l’on recherche desinformations sur les fonds de pensiondes retraités, Excite indiqueraégalement, dans ses résultats, les sitestraitant de la condition économiquedes personnes âgées. Dans le casd’une recherche par mot clé, Excitepropose d’ajouter des termes serattachant au mot indiqué dans leformulaire : si l’on tape«terminologie», Excite propose, pouraffiner la recherche, d’ajouter des

termes comme «traduction, termes»,etc.

2.2.3 Les méta-index

Quelques outils permettentd’effectuer une recherche dansplusieurs index à la fois à partir d’unseul formulaire. Ainsi, une mêmerequête peut être envoyéesimultanément à plusieurs banques dedonnées et le méta-index fera lacollection des résultats. De par leurnature, ces systèmes peuvent s’avérerplutôt lents et ne tirent guère profitdes possibilités particulières decertains outils de recherche. Ilspermettent cependant d’avoir desrésultats plus variés que si larecherche était lancée sur un seulmoteur.

• SavvySearch (http://www.savvysearch.com )

Site franco-anglais qui peutaccéder à près d’une trentaine debanques de données, il rassemble lesrésultats des différents moteurs derecherche en indiquant ceux qu’il jugeles plus pertinents. De plus, ilsynthétise l’information ensupprimant toutes les donnéesredondantes. Grâce à ce méta-index,en tapant «néologie», on peutfacilement et rapidement avoir accès,par exemple, aux nouveaux termespubliés au Journal Officiel de laRépublique Française en allant sur lesite de la Commission générale determinologie (accessible par ailleurssur http://www.culture.fr ).

• MétaCrawler (http://www.go2net.com/search.html )

Aussi intéressant que leprécédant, ce site de rechercheanglophone se limite aux neuf outilsde recherche suivants : Excite,WebCrawler, Lycos, Alta Vista,Infoseek, Thunderstone, Yahoo,LookSmart et The Mining Co. Lesystème possède une option Javapermettant de contrôler l’exécution

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Contributions

Page 9: De nouveaux outils pour la néologie

de la recherche, ainsi qu’un mode derecherche rapide.

• Starting Point (http://www.stpt.com )C’est un «semi-méta-index»

combinant un répertoire et unformulaire d’interrogation. Il permetl’utilisation d’opérateurs logiques.Une fois les mots clés fournis ausystème, le système affiche une listede catégories et d’outils de recherche.Il suffit de sélectionner l’un d’eux, lesmots clés étant automatiquementtransférés.

3 Les sites utiles à la néologie

3.1 Les sites de ressources enterminologie / néologie

En entrant les mots clés«glossaire, lexique, terminologie,néologie», etc. il est possibled’accéder à de nombreux documentsspécialisés sur un thème,dictionnaires, glossaires, lexiques,aussi bien en français que dansd’autres langues. Les sites sont classésici en fonction de la masse actuelledes données de chacun d’entre eux.

• Termisti (http://www.refer.org/termisti)Ce site, créé par l’Institut

supérieur des traducteurs etinterprètes de Bruxelles, estactuellement l’un des plus intéressantssur les questions de terminologie etde néologie. Il propose la consultationde glossaires multilingues réalisés parles étudiants en quatrième année àl’Institut. Pour consulter la fiche duterme recherché, il suffit de cliquersur celui-ci dans le lexique de lalangue voulue. Ce site offre égalementune liste très intéressante deressources terminologiquesinteractives tels que les bases dedonnées consultables, les réseaux,centres et organismes determinologie, les listes de diffusion etforums de discussions , ainsi que des

cours sur la terminologie et larédaction spécialisée.

• Etis (http://www.unilat.org/dtil/etis/index1.htm )

Ce serveur européen determinologie est alimenté par lesinstitutions internationales les plusactives en matière de terminologie.Ce site permet, grâce à de nombreuxliens, la consultation d’un grandnombre de ressources aussi bien enterminologie qu’en traduction. Eneffet, il propose des bases de donnéesclassés par pays, des dictionnaires enligne et des sites de terminologie quiprésentent des dictionnaires, lexiqueset glossaires, etc.

• Le site de l’OMS (http://who.int/pll/cat/tao_ressources.html)

Ce site, et plus particulièrementson unité de traduction assistée parordinateur, propose la consultation dedeux glossaires sur les maladies et lepaludisme. De plus, il offre un servicede traduction des termes de la santéet propose des dictionnairesmultilingues sur l’anatomie, le cancer,le sida, etc. Enfin, le service determinologie technique de l’OMSpropose une liste de ressourcesterminologiques de la santédisponibles sur Internet en français,anglais et espagnol. Plusieurs lienspermettent d’accéder à des glossairesélectroniques, des bases de donnéesterminologiques et auxdocumentations en ligne de l’ONU etde l’Union européenne.

• Le CRTT (Centre de Recherches enTerminologie et Traduction del’Université de Lyon II )(http://www.univ-lyon2.fr/langues/LEA/LEA_RCH2.htm)

Le CRTT propose des liensprécieux vers des sites traitant delexicologie, de terminologie et detraduction. Il informe également surles nouveautés en terminologie, lescolloques organisé par le CRTT etpropose une liste des diversorganismes de normalisationfrancophones et internationaux.

• Le Crettal (http://www.tele3.net/terminologie/memoires.htm)

Y est particulièrementintéressante la consultation demémoires de terminologie réalisés pardes étudiants de maîtrise LEA, option«traduction spécialisée», dans le cadrede l’enseignement de terminologie deParis III. Ces glossaires se présententsous la forme de fiches accessibles encliquant sur le terme du lexique. Cesite offre aussi la possibilité deconsulter les cours sur laterminologie, des dictionnairesmultilingues comme celui del’informatique, ainsi que les cours detraduction diffusés sur la chaînetélévisée française La Cinquième.

• Le Lilla (Laboratoire d’ingénierielinguistique et de linguistiqueappliquée de l’Université de NiceSophia Antipolis (http://www.lilla2.unice.fr )

C’est un site très original quipropose la création en ligne, de façonautomatique, de néologismescorrespondant à la morphologie deslangues latines. Le néologue de l’an2000 peut ainsi créer des néologismesen partant d’un préfixe, d’un suffixeou d’une base morphologique. Le sitedonne aussi la définition desnéologismes qu’il a recensés.

2.2 Les banques de terminologieen ligne

• Créé par le Rint (Réseauinternational de néologie etterminologie francophone:http://www.rint.org), Balnéo a été lapremière base de donnéesd’attestations néologiques surInternet. Elle a pour but de collecter,échanger et diffuser les néologismes àpartir de relevés effectués par deséquipes de recherche francophones outravaillant sur le français.

Balnéo offre deux types deconsultation: la consultation simpleou la consultation experte. Avec lapremière, on peut, ou consulter la

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Contributions

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liste de tous les néologismesrépertoriés dans la base de donnéesd’attestations néologiques, ou faireune recherche à partir d’un termepréexistant. Ainsi, pour le terme«acide», acide* indique que l’onrecherche tous les néologismes quicommencent par «acide» ; *acide*,que l’on recherche ceux quicontiennent ce terme; enfin, *acide,que l’on désire consulter ceux qui seterminent par ce mot.

• Termium (http://termium.pwgsc.ca/)La banque de données bilingue

français-anglais du Gouvernement duCanada a beaucoup évolué cesderniers temps. Elle s’étend sur denouveaux domaines et depuis peuvers d’autres langues, particulièrementl’espagnol, en raison de l’importanceque prend cette langue dans laconstruction du grand marchéaméricain.

• La Base de données terminologiquesdu Cilf (Centre international de lalangue française :http://www.cilf.org/bt.fr.html)

Le Cilf propose une banque determinologie en ligne. À partir duterme recherché, de la langue et dudictionnaire spécialisé dans lesquelson souhaite effectuer la recherche, onaccède à une liste de mots ; encliquant sur l’un d’entre eux, onaccède à sa fiche qui donne seséquivalents en français, anglais,allemand et espagnol, son domained’application et sa définition.

• Euterpe (ParlementEuropéen)(http://germany.trados.com:4712/MTW_LOGON ) et Eurodicautom(Commission Européenne)(http://www2.echo.lu/eurod/ )

Constitué au sein des institutionsde l’Union européenne, ces basesproposent des dictionnaires interactifsmultilingues qui donnent ladéfinition du terme et sa traductiondans la langue cible choisie au débutde la requête. Ce sont des bases trèsriches pour toute terminologie

entrant dans les textes réglementairesde l’Union européeene.

• Iloterm (http://ilis.ilo.org/ilis/ilisterm/ilintrte.html )

Site de l’Organisationinternationale du travail, Iloterm estune base de données terminologiquesquadrilingue gérée par l’unité determinologie et de références duservice des documents officiels. Elletraite des domaines du travail et desquestions sociales ; les termes yfigurent en anglais avec leurséquivalents français, espagnol et /ouallemand. De plus, moyennant unabonnement, on peut avoir accès authesaurus traitant de la terminologiedu travail, de l’emploi et de laformation.

• Termite (http://www.itu.int/ITU_Databases/Termite/index.html)

Cette base de données del’Union internationale destélécommunications recense lestermes figurant dans les glossairespubliés par cet organisme depuis1980 et les termes plus récents ayanttrait aux diverses activités de l’Unioninternationale destélécommunications.

• Le Grand dictionnaire terminologique(http://www.lgdt.cedrom_sni.qc.ca/ )

Réalisé par le Gouvernement duQuébec, le Grand dictionnaireterminologique est disponible surcédérom et depuis peu sur Internetmoyennant un abonnement. Il estcomposé d’une banque determinologie de plus de trois millionsde termes techniques et d’une banquedocumentaire sur les travaux récentseffectués en terminologie et néologie.

Parmi les nouveaux à prévoir,figure le site Internet de l’Institutnational de la langue française(Inalf ), qui devrait être opérationnelen l’an 2000. On pourra y consulterdes bases de textes, des dictionnaireset la base d’attestations néologiquesBornéo.

2.3 Les organismes determinologie

• Le Rint, créé en 1986 lors dupremier sommet de la Francophonie,regroupe des organismes francophonesà vocation terminologique et a pourvocation, entre autres, d’encourager lacréation terminologique en languefrançaise, de diffuser les travaux denéologie, et de répertorier lesterminologies nouvelles.

Le site du Rint propose laconsultation de sa revue Terminologiesnouvelles, de Balnéo, une liste depublications et un inventaire deressources terminologiques.

• Le site de la DGLF (Délégationgénérale de la langue française :http://www.culture.fr/culture/dglf )est intéressant car il propose unecompilation des messages reçus surdifférentes listes de diffusion. Il s’agitdes propositions faites par desprofessionnels abonnés à ces listespour traduire des termes étrangers oudésigner en français des notionsd’apparition récente. Ces documentsont une valeur d’information et nonde recommandation officielle.

• Realiter (Réseau panlatin determinologie ) (http://www.iula.upf.es/cpt/cptfr.htm), rassemble despersonnes, institutions et organismesde pays de langue latine impliquésdans des travaux de terminologie etde néologie. Outre des informationspermanentes et les travaux en cours,ce site propose des outils de travail ennéologie et terminologie dans ceslangues. L’un des buts est de créer surdes formants identiques desnéologismes communs dans leslangues latines.

• Riterm (http://www.iula.upf.es/riterm/ritermes.htm), réseau ibéro-américain de terminologie, proposeun site en espagnol et portugais. Sesobjectifs consistent à développer lesactivités de terminologie au niveauibéro-américain, établir un réseau de

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Contributions

Page 11: De nouveaux outils pour la néologie

coopération entre les différents agentsterminologiques pour échanger lesinformations nécessaires afin derenforcer les terminologies espagnoleset portugaises.

4 Les sites d’aide à la traduction

4.1 Les dictionnaires

Nous ne détaillerons pas ici lecontenu de tous les dictionnairesauxquels il est possible d’accéder maisnous proposerons plusieurs adressesintéressantes pour le traducteur.

Citons tout d’abordhttp://www.facstaff.bucknell.edu/rbeard/diction.html qui proposel’accès à un nombre impressionnantde dictionnaires en ligne endifférentes langues. On peut ainsitrouver, en français, des dictionnairesgénéraux mais aussi des dictionnairesplus ou moins spécialisés tels qu’unglossaire informatique des termes dela commission ministérielle determinologie informatique, desmicroglossaires multilingues, undictionnaire du cheval, etc. Il estégalement possible d’avoirdirectement accès aux dictionnairesfrançais grâce à l’adresse suivante :http://www.facstall.bucknell.edu/rbeard/diction3.html#french

Très utiles également sont les«signets des traducteurs»(http://www.wo.int/pll/cat/TranslatorBookmark.html), qui proposentl’accès à des banques de donnéesanglophones et francophones, à desressources terminologiques, à desdictionnaires généraux et spécialisés,unilingues ou multilingues, à deslexiques, des glossaires et quipermettent la consultation deplusieurs bibliothèques européennes.

L’adresse suivante :http://fp3.com/ljm («Le juste mot;glossaires et lexiques») présente uneliste de glossaires et lexiques français

abordant tous les domaines classés parthèmes principaux puis en sous-domaines et triés alphabétiquement.Il est possible d’effectuer unerecherche à partir d’un mot clé oud’un domaine. Il existe aussi des liensqui renvoient vers des dictionnairespour traducteurs.

Il faut également signaler queTermisti, évoqué plus haut, proposeune liste de dictionnaires utiles à latraduction. Il est aussi possible derechercher soi-même le dictionnairegrâce aux divers moteurs de recherchetels que Yahoo ou Alta Vista, mais enprenant soin d’indiquer les mots clés.La recherche booléenne s’avère alorsla plus apte à produire les résultatsdésirés.

4.2 Les listes de diffusion et lesforums de discussion

Les listes de diffusion permettentà un groupe de personnes decommuniquer sur un thème donnépar l’intermédiaire du courrierélectronique. Les messages sontdistribués à tous les participants parun automate. Elles sont donc utiles àla terminologie, à la néologie et à latraduction, étant donné qu’il estpossible d’avoir non seulement uneréponse à la question posée, maisaussi l’avis d’un spécialiste voire d’unecommunauté de spécialistes.

Prenons l’exemple de Termilat( [email protected] ), listeélectronique de diffusion sur laterminologie et les industries deslangues en langues néolatines. Ycirculent des demandes de traductionen langues étrangères, desinformations, des offres decollaboration dans les travauxterminologiques. Cette liste estsoigneusement contrôlée afin queseuls les messages pertinents soientenvoyés aux usagers de la liste. Elle esten expansion constante et crée unedynamique extraordinaire entre sesdifférents acteurs.

Citons aussi la liste de diffusionTLS (http://www.uhb.fr/Langues/Craie/tls/tls.html) destinée à diffuserdes informations se rapportant à laterminologie et qui met en œuvre unsystème de questions-réponses sur desproblèmes terminologiques etnéologiques. Orientée vers latraduction vive et spécialisée, cetteliste permet de répondre dansl’urgence à des questions portant surun terme ou sur son équivalent dansune langue.

Les forums de discussion ont lesmêmes objectifs que les listes dediffusion: des spécialistes répondent àune question donnée. Cependant, cesystème peut s’avérer plus rapide étantdonné que la discussion peut se faireen ligne plutôt que par envoi decourriel (e-mail ). Parmi les forums determinologie, citons Logos(http://www.logos.it/forumgen.html)et sci.lang (http://news:sci.lang). Cesforums de discussion sont précieuxcar ils permettent aux spécialistesd’un domaine de débattre d’un point.Ils offrent également l’occasion rêvéepar un traducteur de s’établir unimpressionnant réseau d’informateurs.Il est donc évident qu’ils peuventaider, comme les listes de diffusion, àla néologie parce qu’ils permettentd’obtenir une réponse à la questionposée et non à une autre, et derecueillir l’avis de spécialistes, voired’une communauté large despécialistes selon un débatcontradictoire.

5 Conclusion

Le néologue chercheur ou lenéologue en herbe dispose ainsi deplusieurs grands types d’outilsperformants pour la néologie :– Des répertoires de néologismes enligne inclus le plus souvent dans desdictionnaires, lexiques et banques dedonnées ;

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Contributions

Page 12: De nouveaux outils pour la néologie

– Des moteurs de recherches quiorientent vers et dans des donnéestextuelles ;– Des extracteurs de termeséventuellement néologiques, du typeTermino ;– Des moteurs de création denéologismes du type de celui présentépar le Lilla.

Il faudra encore attendre quelquetemps pour que les systèmes détectentautomatiquement les néologismesrécents. Mais l’idée n’est pas si vaine :il suffirait de considérer que tous lestextes existants sur les réseauxforment un immense corpusd’exclusion.

Petite internographie commentée :

Les trois moteurs de rechercheles plus performants pour la rechercheen terminologie/néologie sont à notreavis :– AltaVista;– Excite;– Hot Bot.

Les trois sites de ressources enterminologie/néologie les plusimportants semblent être :– Etis;– OMS;– Termisti.

Les trois banques de données lesplus intéressantes sont :– Balnéo;– Le Grand dictionnaireterminologique du Québec;– Termium.

Une adresse à retenir :http://ahost4u.com/zak/bases/htm:– Toutes les principales banques dedonnées auxquelles il est possibled’accéder par des liens ;– Liste de sites Internet spécialisésdans la traduction, outils de recherchepour la traduction, dictionnaires etsites spécialisés dans le recrutementdes traducteurs.

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Contributions

Liste récapitulative des adresses des moteurs de recherche Internet :Voilà http://www.voilà.frAlta Vista http://www.altavista.comExcite http://www.excite.com Hot Bot http://www.HotBot.com Infoseek http://www2.infoseek.com Lycos http://www.fr.lycos.de Open text’s Livelink Pinstripe http://pinstripe.opentext.com Yahoo France http://www.yahoo.fr Yahoo Angleterre http://www.yahoo.com Yahoo Allemagne http://www.yahoo.de Yahoo Espagne http://www.yahoo.es Yahoo Italie http://www.yahoo.it La toile du Québec http://www.toile.qc.ca/SavvySearch http://www.savvysearch.com MétaCrawler http://www.go2net.com/search.html Starting Point http://www.stpt.com

Liste récapitulative des sites utiles à la néologie :Termisti http://www.refer.org/termisti Etis http://www.unilat.org/dtil/etis/index1.htm OMS http://who.int/pll/cat/tao_ressources.html CRTT http://www.univ-lyon2.fr/langues/LEA/

LEA_RCH2.htm Crettal http://www.tele3.net/terminologie/memoires.htm LillaRint http://www.rint.org Termium http://termium1.pwgsc.ca/ Cilf http://www.cilf.org/bt.fr.html Euterpe http://germany.trados.com:4712/MTW_LOGON Iloterm http://ilis.ilo.org/ilis/ilisterm/ilintrte.html Termite http://www.itu.int/ITU_Databases/Termite/index.html

Le Grand Dictionnaire terminologique http://www.lgdt.cedrom_sni.qc.ca/ Site de la DGLF http://www.culture.fr/culture/dglf Realiter http://www.iula.upf.es/cpt/cptfr.htm Riterm http://www.iula.upf.es/riterm/ritermes.htm

Liste des sites d’aide à la traduction:Site de dictionnaires http://www.facstaff.bucknell.edu/rbeard/diction.html Signets des traducteurs http://www.wo.int/pll/cat/TranslatorBookmark.html Le juste mot http://fp3.com/ljm

Listes de diffusion et forums de discussion:Termilat http:// [email protected] TLS http://www.uhb.fr/Langues/Craie/tls/tls.html Logos http://www.logos.it/gorumgen.html sci.lang http://news:sci.lang

Céline Tucat et Loïc Depecker,Union latine-Université de la Sorbonne nouvelle,Paris III-CRETTAL ( 1 ).

(1) Les auteurs remercient M. Gilles Bacouël, traducteur à lasociété Motus (Paris ), pour sacontribution à cet article.

Page 13: De nouveaux outils pour la néologie

Contributions

12

Les langues évoluent à unrythme accéléré, donc la détectionmanuelle des néologismes devientencore moins pratique. Cet articledécrit Cenit, un système de veille

néologique qui vise à identifier desnéologismes dans les domaines

spécialisés. Le système utilise unestratégie fondée sur l’exploitation de

corpus. Nous exposons lescomposants et les divers stades de

traitement.

Termes clés : néologismes ; système

de détection des néologismes ;corpus ; filtres.

1 Introduction

après LeMeur etDepecker(1995: 48) :«Les languesévoluent à la

fin du XXe siècle de façonprodigieuse, sous la pousséenotamment des nouvelles techniqueset de la révolution informationnelleen cours». Pour le terminologue autravail, il n’est plus raisonnable detravailler sans outils, doncl’application des ordinateurs auxdivers aspects du travailterminologique continue à gagner enpopularité. Depuis longtemps, lesordinateurs sont employés pour lestockage et l’organisation desdonnées. Plus récemment, lestechniques d’intelligence artificielleont été adoptées en terminologie pourcréer une nouvelle génération deressources terminologiques qu’onappelle base de connaissancesterminologiques (BCT) (Miller et al.1991; Condamines 1995). Les BCTpermettent non seulement le stockagedes données linguistiques, mais deplus ils fournissent au terminologue lapossibilité de saisir et de modéliser lesdonnées notionnelles et lesarborescences de domaine.

En ce qui concerne lesapplications plus automatisées, deschercheurs ont examiné la possibilitéde l’extraction automatique determes, et des approches et des projetsdifférents sont récapitulés dansKageura et Umino (1996) ainsi quedans Bourigault et al. (1998). Demême, plusieurs chercheurs

Cenit : Système de détection semi-automatique des néologismes

commencent à étudier la possibilitéd’informatiser la détection desnéologismes, travail qui prend dutemps et qui nécessite une main-d’œuvre importante si on le faitmanuellement. Il existe déjà quelquessystèmes créés dans le but de détecterdes néologismes. Le système Aviator(Blackwell 1993; Collier 1993;Renouf 1993) identifie lesnéologismes dans la presse anglaisepour fournir aux enseignants desressources lexicales. De même, leprojet Obneb (Cabré et de Yzaguirre1995) a pour but la détection desnéologismes dans la presse, mais cettefois en espagnol et en catalan. L’outilNeoloSearch ( Janicijevic et Walker1997) identifie les néologismesfrançais qui se trouvent sur l’Internet,tandis que le système Cordon (W3Cordon ) utilise des techniquesstatistiques et donc n’est pas lié à uneseule langue. Dans cet article, nousdécrivons Cenit (Corpus-based EnglishNeologism Identifier Tool ), unprototype mis au point à Dublin CityUniversity. Cenit diffère des systèmessusmentionnés car il s’adressespécifiquement aux terminologues etdonc, contrairement à l’Obneb parexemple, Cenit détecte desnéologismes dans les domainesspécialisés. L’Obneb, par contre, nesert pas les besoins des terminologuescar, selon Cabré et de Yzaguirre(1995: 90), l’Obneb «exclutpréalablement toute nouveautéterminologique qui appartient à undomaine spécifique de la technologie,de la science ou de l’industrie».

D’

Page 14: De nouveaux outils pour la néologie

2 Néologismes

Avant de décrire en détail leprototype, il faut s’arrêter un brefinstant sur la question: «Qu’est-cequ’un néologisme ?» Nous sommesd’accord avec Rey (1995: 63) quinote que l’établissement d’unedéfinition précise de «néologisme» estune tâche assez difficile. Néanmoins,la plupart des terminologuess’accordent sur les points suivants : unnéologisme est une unité lexicale qui al’air innovateur dans la langue àl’étude (Dubuc 1985: 111; Rey1995: 64; Rondeau 1984: 122; Sager1990: 79). Mais ils ne s’accordent pastoujours sur la nature spécifique del’unité lexicale ou le genre particulierde la nouveauté. Par exemple,Rondeau (1984: 127) identifie troisgrandes catégories de néologismes(néologisme de forme, néologisme desens, et emprunt), tandis que Rey(1995: 68-70) précise trois catégoriesdifférentes (néologisme formel (ycompris les emprunts), néologismesémantique et néologismepragmatique). Dubuc (1985: 113-4),pour sa part, précise deux catégoriesprincipales : les néologismes deformation dite indirecte (où l’ondonne à un mot existant un sensnouveau) et ceux de formationdirecte (où l’on crée une nouvelleentité lexicale, soit de toutes pièces,soit par regroupement d’élémentsexistants). Finalement, Sager (1990:71) n’identifie que les deux catégoriessuivantes de néologismes : lescréations complètement nouvelles etles emprunts.

Quel que soit le mode deformation, un néologisme décrit unenotion ou une réalité nouvelle. Laterminologie vise à rassembler lesdonnées sur le lexique d’une languede spécialité ainsi qu’à normaliser lestermes (Sager 1990: 2). Lesressources terminologiques (glossaires,banques de termes) devraient fournir,dans la mesure du possible, unereprésentation de l’état actuel du

domaine à l’étude, sur le plan aussibien linguistique que notionnel. Maissouvent, tout au début del’introduction d’une notion, laterminologie qui la décrit n’est pasfixe. Plutôt, d’après Sager (1990: 82),plusieurs formes coexistent. Donc, enpremier lieu, il est important que leterminologue reconnaisse, recueille etenregistre toutes les formes. Au fil dutemps, il peut suivre les tendancesd’usage et il peut faire desrecommandations en ce qui concernela création ou la sélection de termespréférés. Du fait qu’elle représente untravail important, la procédure dedétection des néologismes est longue,trop longue pour le terminologueoccupé, qui a besoin d’un outil pourlui venir en aide.

3 Cenit : vue d’ensemble

Nous avons créé un outil quis’appelle Cenit (Corpus-based EnglishNeologism Identifier Tool ). Cenit vise àidentifier des néologismes dans lalangue de spécialité. Dans lesparagraphes suivants, nous décrivonsles caractéristiques et lefonctionnement de ce système.Néanmoins, il faut dire tout d’abordque Cenit n’est encore qu’unprototype; donc il présente à l’heureactuelle quelques limites.Premièrement, nous avons choisi lalangue anglaise comme point dedépart, mais en principe, lestechniques pourraient être adaptéesau français. Deuxièmement, Cenitn’identifie que les néologismes deforme. Il ne peut pas détecter lesnéologismes de sens, créés, parexemple, par extension sémantique oupar changement de catégoriegrammaticale. Le fait que Cenit netraite que des unités lexicales quiconsistent en un seul mot, qu’ellessoient des créations complètementnouvelles ou des dérivations (crééespar préfixation, suffixation, etc. )constitue une dernière limite du

prototype. C’est-à-direqu’actuellement, Cenit ne peut pasdétecter les néologismes de formesyntagmatique, mais nous avonsl’intention d’accroître la capacité dusystème à cet égard dans la phasesuivante du projet.

Pour réaliser Cenit, nous avonschoisi le langage de programmationPerl car celui-ci manipule très bien leschaînes de caractères. Le systèmefonctionne sous Unix avec l’accès parle World Wide Web. Cenit comprenddeux programmes principaux: leprogramme pour créer lesdictionnaires spécialisés, et leprogramme de recherche. Le systèmecomprend un dictionnaire de baseprovenant du lexique Unix et leprogramme pour créer lesdictionnaires spécialisés donne auterminologue la possibilité d’ajouterd’autres dictionnaires afin d’adapterCenit pour traiter un domainespécifique.

Cenit vise à traiter un fichierd’entrée ( fournit par l’utilisateur) afind’identifier les néologismes qu’ilcomporte. Le programme derecherche est le programme principalqui exécute les tâches suivantes. Iltransforme le fichier d’entrée en listede types (c.-à-d. une liste quicomprend chaque forme différentefigurant dans le texte) qu’il fait passerpar une série de filtres. Ces filtresexaminent chaque forme et essayentde l’éliminer en la comparant avec lesdictionnaires. Après avoir été filtrée,la liste est considérablement réduite.Les mots qui restent peuvent être desnéologismes et chacun d’entre eux estexposé sur l’écran, souligné dans lecontexte d’apparition, à charge pourle terminologue d’effectuer un tri.

3.1 Programme pour créer lesdictionnaires spécialisés

Le dictionnaire de base est assezgénéral et de plus, il ne contient quedes formes canoniques (c.-à-d. les

13

Contributions

Page 15: De nouveaux outils pour la néologie

formes non-dérivées et non-fléchies).Donc, nous anticipons que lesterminologues aimeront construiredes dictionnaires spécialisés enutilisant des corpus de textes présentsà l’état naturel. À ce stade, Cenitprend comme données d’entrée uncorpus de textes spécialisés fournit parl’utilisateur. Il transforme ce corpusen liste d’occurrences ( tokens ) etfinalement en liste de types.Évidemment, plus le corpus estgrand, plus le dictionnaire spécialisésera complet et plus les résultatsseront fiables. Notons que leprogramme n’ajoute pas audictionnaire spécialisé les formes quise trouvent déjà dans le dictionnairede base. Chacun des dictionnairescomprend 52 fichiers triés : deux parlettre (aA-zZ) pour qu’on puisseaccéder soit aux minuscules, soit auxmajuscules.

3.2 Programme de recherche

Dans les paragraphes suivants,nous décrivons les filtres et les stadesde traitement plus en détail. L’ordredans lequel ce programme traite lesdonnées est extrêmement important.La figure 1 illustre l’ordre del’application des filtres. Les crochetsindiquent qu’un stade est facultatif.

3.2.1 Traitement du fichier d’entrée

La première étape dans leprocessus d’identification desnéologismes est le traitement dufichier d’entrée. Cenit crée trois copiesdifférentes du fichier d’entrée. Dansla première copie, tous les signes deponctuation sont supprimés. Lesystème emploiera cette copie pourcréer une liste d’occurrences ( tokens )et finalement une liste de types. Ladeuxième copie ressemble à lapremière à la différence que les points( . ) ne sont pas supprimés. Cenitemploiera la deuxième copie pouridentifier les noms propres endéterminant si un nom avec une

majuscule se trouve au début ou aumilieu d’une phrase. La troisièmecopie est une copie exacte du fichierd’entrée d’origine où tout reste intact.Cette copie sera utilisée au dernierstade quand Cenit exposera lesnéologismes candidats dans leurscontextes d’apparition.

3.2.2 Exclusion des correspondancesexactes

Le premier filtre prend commedonnées d’entrée la liste des typesprovenant de la première copie dufichier d’entrée. Chaque mot estcomparé avec le dictionnaire de baseet avec les dictionnaires spécialisés.Seuls les mots qui ne figurent pasdans les dictionnaires avancent à laprochaine étape.

3.2.3 Exclusion par l’analysemorphologique

Car le dictionnaire de base necontient que les formes canoniques(par exemple, manger ), l’utilisateurpeut souhaiter exclure aussi les formesdérivées ou fléchies (par exemple,mange, mangeons, mangé, etc. ).Cependant, la dérivation est l’un desmodes les plus communs deformation des néologismes, c’est laraison pour laquelle, si l’on utilise cefiltre, on risque exclure lesnéologismes intéressants (parexemple, les néologismeshypothétiques mangement oumangeation ). Donc, cette étape n’estpas obligatoire. Nous supposons quela plupart des formes dérivées etfléchies «connues» se trouvent dans ledictionnaire spécialisé créés par leterminologue car la source de cedictionnaire est un corpus de textesprésents à l’état naturel. Parconséquent, nous imaginons que cetteoption ne sera employée que par lesutilisateurs qui n’ont pas dedictionnaire spécialisé.

À ce stade, les mots sont déjàtraités par le filtre des

correspondances exactes, ils ne setrouvent donc pas ni dans ledictionnaire de base, ni dans ledictionnaire spécialisé. Si on lance lefiltre d’analyse morphologique,chaque mot est traité pour endéterminer la racine et si la racine setrouve dans l’un des dictionnaires,Cenit supprime la forme dérivée oufléchie.

3.2.4 Séparation entre les mots quicommencent par une majuscule et lesmots en minuscules

Ce stade prend comme donnéesd’entrée la liste du stade précédent.Les mots sont divisés en deuxgroupes : le premier groupe comprendles mots qui commencent par uncaractère majuscule, et le deuxièmecomprend les mots qui necommencent pas par une majuscule.Les trois stades suivants ne traitentque les mots du premier groupe.

3.2.5 Exclusion des correspondancesexactes sans faire attention au type decaractère

Toutes les majuscules sonttransformées temporairement enminuscules. Ensuite, chacun des motsest comparé à nouvelle reprise avec lesdictionnaires. Cette secondecomparaison vise à supprimer lesmots qui n’avaient de majuscule queparce qu’ils étaient placés en tête dephrase.

3.2.6 Exclusion des initialismes

La création d’un néologisme parl’acronymie est valable, surtout si lesigle se prononce comme un mot(par exemple, laser ). Lorsqu’ils sontreconnus comme mots, ces acronymess’écrivent souvent en minuscules.Néanmoins, plusieurs terminologuesne s’intéressent pas aux sigles qui necomprennent que des initiales tout enmajuscules et qui ne se prononcentpas comme un mot (par exemple,CPTIAQ). Ce type de sigle

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Contributions

Page 16: De nouveaux outils pour la néologie

correspond souvent au nom d’unproduit, d’une société, etc. Cenitpropose alors un stade facultatif quivise à supprimer les initialismes touten majuscules. Pour chacun des motssur la liste, le système calcule lenombre total de caractères ainsi que lenombre de majuscules, et si les deuxsont égaux, Cenit supprime le mot.

3.2.7 Exclusion des noms propres

Ce filtre se divise en deuxparties. D’abord, Cenit compare lemot qui précède le néologismecandidat avec une « liste d’arrêts»( stoplist ) qui comprend les motscomme Monsieur, Mme, Professeur,Dr, etc. Si le mot précédent se trouvesur la « liste d’arrêts», le néologismecandidat est supprimé. Pour ceux quirestent, ils procèdent à l’étapesuivante, qui emploie la deuxièmecopie du fichier d’entrée (c.-à-d. laversion qui ne contient aucuneponctuation sauf les points).D’abord, le système repèreprécisément l’emplacement dans letexte de chaque néologisme candidat.Si le candidat n’est pas précédé par unpoint (c.-à-d. s’il se trouve au milieud’une phrase), il est probable que lecandidat est un nom propre et, parconséquent, Cenit le supprime.

3.2.8 Regroupement des mots enmajuscules et des mots en minuscules

Les néologismes candidats quiont des caractères majuscules sontmaintenant réunis avec les candidatsen minuscules. Cette liste représentela somme de néologismes candidatsqui se trouvent dans le fichierd’entrée.

3.2.9 Exposition des néologismescandidats et de leurs contextesd’apparition

Le dernier stade consiste àexposer chacun des néologismescandidats en contexte d’apparition.Cenit repère l’emplacement de chaque

candidat dans la troisième copie dufichier d’entrée (c.-à-d. la copie exactedu fichier d’origine). Ensuite, lesystème identifie les limites de laphrase en cherchant les points et lescaractères majuscules. Pour finir,Cenit fournit une liste de néologismescandidats en contexte d’apparition, àcharge pour le terminologued’effectuer un tri. (Noter que leterminologue peut regarder lesrésultats à la fin de chaque stade, s’ille désire). Ensuite, le terminologuepeut ajouter au dictionnaire tout motqui fait partie de la liste mais qui n’estpas néologisme.

3.3 Extension du prototypeactuel

Le prototype actuel est troplimité pour répondre à tous lesbesoins des terminologues. À courtterme, nous prévoyons de procéder àdes extensions, comprenant lapossibilité d’identifier des néologismessyntagmatiques et, peut-être, lapossibilité de détecter les néologismesqui sont créés par changement decatégorie grammaticale. Pouridentifier les syntagmes, nous avonsl’intention d’étudier les bigrammes etles trigrammes dans les corpus. Pourdétecter les changements de catégoriegrammaticale, nous proposonsd’examiner les collocations de termes.

4 Conclusion

Nous avons affirmé, au début decet article, que les langues évoluent aurythme accéléré. Détectermanuellement les néologismes n’estplus pratique pour les terminologues,qui doivent souvent travailler dansdes délais très serrés. Les ordinateursse sont révélés utiles pour aider lesterminologues à réaliser un travailimportant dont la détection desnéologismes fait partie. C’est une

époque bien excitante pour laterminologie et nous espérons que letravail décrit ici pourra servir de pointde départ à des recherches plusapprofondies dans ce domaine.

Sorcha Roche et Lynne Bowker,School of Applied Language andIntercultural Studies,Dublin City University,Irlande.

Remerciements

Nous remercions Danièle Tort(DCU.LS) pour la correction desépreuves.

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Miller (D.), Meyer ( I. ) et Michaud (D.),1991: «Terminologie et analysenotionnelle assistée par ordinateur», dansActes du Colloque international sur lesindustries de la langue, Tome II, Québec,Office de la langue française et STQ,p. 781-800.

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Cenit, Dublin City University, Irlande:http://www.compapp.dcu.ie/Projects/1998/CL/sroche.cl4/ [03/09/98]

Cordon, Institut für deutsche Sprache,Allemagne: http://www.ids-mannheim.de/telri/seminar/jv-cordon.html [03/09/98]

Neolosearch, Queen’s University, Canada:http://www.quics.queensu.ca/achallc97/papers/a009.html [03/09/98]

Obneb, Universitat Pompeu Fabra,Espagne: http://www.iula.upf.es/pjobneca.htm [03/09/98]

16

Contributions

Figure 1 : Les stades du programme de recherche Cenit

Figure 1 : Les stades du programme de recherche CENIT

Traitement du fichier d’entrée

Exclusion des correspondancesexactes

[Exclusion par l’analysemorphologique] ( étape facultative)

Séparation entre les mots quicommencent par une majuscule

et les mots en minuscules

Regroupement des mots en majuscules et des mots

en minuscules

Exposition des néologismescandidats et de leurs contextes

d’apparition

Les mots qui commencent par une majuscule

Exclusion des correspondancesexactes sans faire attention au type

de caractèreLes mots en minuscules

[Exclusion des initialismes]( étape facultative)

Exclusion des noms propres

Page 18: De nouveaux outils pour la néologie

17

Utilisation d’une banque de textes en terminographieContributions

L’article présente les résultatsd’un projet d’expérimentation mené à

l’Office de la langue française etvisant à vérifier les possibilités et lesmodalités d’intégration d’un corpus

informatisé à la chaîne de travailterminographique. Le projet se situe

dans la continuité d’un projet deconstitution de banques de textes déjàmené par l’Office dans le contexte desa participation aux travaux de veille

néologique du Rint. Après avoirdécrit les logiciels et les méthodes de

dépouillement utilisés, on formuledes recommandations quant à la

constitution et à l’exploitation debanques de textes en terminographie.

Termes-clés :corpus informatisé ;

gestion documentaire ; terminotique;banque de textes ; logiciel.

1 Introduction

e volume de textesdisponibles surInternet, donc enformat numérique, estde plus en plusimportant. Cette

situation présente un avantageindéniable du point de vue duterminographe; en effet, le texte écritconstitue la matière première de sontravail et l’apparition de nombreuxlogiciels permettant le traitementinformatisé de la langue lui offre lapossibilité, pour peu qu’il intègre ceslogiciels à ses méthodes, de traiter unequantité imposante de textes.

En 1998, dans le contexte de saparticipation aux travaux de veillenéologique du Rint, l’Office de lalangue française a fait constituer parla Société de mathématiquesappliquées (SMA) de Québec deuxbanques de textes, en imageriemédicale et en robotique industrielle,à partir de documents puisés à mêmele réseau Internet. L’objectif del’opération était de procéder àl’analyse de ces banques de textes afind’alimenter les systèmes de veilleterminologique de la Banque determinologie du Québec et de Balnéo ( 1 ). Les résultats de cetteanalyse ont amené l’Office àpoursuivre l’expérimentation dans ledomaine de la robotique industrielle.

Ce sont les résultats de cettenouvelle expérimentation que nousprésentons ici : l’expérience visait àtirer d’un nouveau corpus, formécomme le premier de textes spécialisésrecueillis sur Internet et constitués enbanque textuelle, le plus grand

nombre possible de fichescontextuelles ( 2 ), tout en analysant lesméthodes utilisées pour le faire. Ondésirait ainsi évaluer plus en détail lespossibilités et les modalitésd’intégration d’un corpus informatiséà la chaîne de travailterminographique.

L’article précise d’abord lesobjectifs du projet et les logicielsutilisés, avant de s’attarder à laconstitution du corpus et à ladescription des méthodes dedépouillement appliquées. Il présenteensuite les résultats sous forme decomparaison entre les différentesméthodes de dépouillement pourenfin formuler certaines propositionset recommandations.

2 Expérimentation

2.1 Objectifs

Notre objectif général était devérifier comment l’utilisation d’unebanque de textes informatisée pouvaits’intégrer dans la chaîne de travaild’un terminologue participant àl’alimentation d’un dictionnaireterminologique. Il s’agissait d’abordd’évaluer la pertinence de l’utilisationd’une banque textuelle comme corpusde dépouillement, par opposition, parexemple, à l’exploitation ponctuellede chacun des textes au fur et àmesure de sa découverte. Il fallaitaussi déterminer la meilleure façond’analyser le corpus ainsi constitué,en tentant de voir comment lesméthodes traditionnelles dedépouillement pouvaient êtreaméliorées ou assistées par des outils

L

(1) Le système Balnéo, créé par leRint, a pour objectifs la collecte,l’échange et la diffusion rapides denéologismes sur Internet :(http://www.rint.org/cadreIndex7.htm).

(2) Nous entendons par fichecontextuelle une fiche portant lesdonnées suivantes : terme français,contexte(s ), source(s ).Mentionnons également que lesfiches rédigées devaient traiter denotions absentes de la Banque determinologie du Québec (BTQ ).

Page 19: De nouveaux outils pour la néologie

logiciels. On désirait aussi vérifier lacompatibilité et la convivialité deslogiciels utilisés.

2.2 Logiciels utilisés

L’expérimentation a mené àl’utilisation d’une série de logicielscorrespondant chacun à une étape dutravail terminologique. Pour larecherche documentaire sur Internet,nous avons utilisé Copernic ( 3 ), unmoteur de recherche qui permet deconserver les archives des recherchesdéjà faites et qui conjugue lespossibilités de plusieurs logiciels derecherche en les lançantsimultanément pour ensuite faire lasynthèse des résultats. Pour la gestionde la banque, nous avons utilisél’Atelier BDT, logiciel mis au pointpar la société SMA de Québec, quipermet la constitution et la gestion debanques de textes et qui est doté d’unmoteur de recherche (dans le corpus)assez performant. Pour effectuer latransition entre le format utilisé surInternet et l’Atelier BDT, il estnécessaire de se servir d’un logiciel detraitement de texte ; nous avons utiliséWord. En ce qui a trait à l’analysetextuelle, nous nous sommes serviedu logiciel de dépouillement Adepte-Nomino. Enfin, pour la rédaction desfiches, nous avons effectué le transfertdes fiches rédigées avec Adepte-Nomino vers Sami ( 4 ), le logicield’alimentation et de mise à jour de laBanque de terminologie du Québec(BTQ ). Dans les cas où nous avonsdépouillé les textes manuellement, lesfiches ont été rédigées directementdans Sami.

2.3 Constitution du corpus

Nous avons constitué, à l’aide dumoteur de recherche Copernic, unebanque d’environ 73 000 mots, dansle domaine de la robotique. Nousavons privilégié les textes rédigés enfrançais émanant de centres derecherche universitaires ougouvernementaux (rapportsd’activités, thèses, projets derecherches, articles, etc. ). En effet, cetype de texte nous paraissait offrir leplus de potentiel pour la recherche determes nouveaux, par la crédibilité deleurs auteurs – des chercheurs de hautniveau – parce qu’ils ont été rédigésen français (et non traduits ) et parcequ’ils traitent de domaines de pointe.

Nous reviendrons plus loin surl’importance à accorder à l’étape deconstitution du corpus dedépouillement. Signalons simplementque nous n’avions pas pour ambitionde former un corpus se suffisant à lui-même, c’est-à-dire qui contiendraitsuffisamment d’informationsprovenant de sources assez diversifiéespour servir à lui seul dedocumentation pour la rédaction desfiches terminologiques. Notre butétait plutôt de constituer une banquede textes servant à trouver des termesabsents de la BTQ, et dont la naturepermettrait de recueillir des contextestrès «parlants», pouvant guider leterminologue abordant ces notionspour compléter les fiches (c’est-à-direcollecter les données conceptuellesnécessaires à la rédaction d’unedéfinition et éventuellement de notes)et lui permettre de s’engager avecconfiance dans la bonne directionpour la recherche d’informationssupplémentaires.

Une fois les textes trouvés,encore fallait-il les constituer encorpus, ce que nous avons fait grâce àl’Atelier BDT. Nous reviendrons plusloin sur les manipulations liées à cetteopération.

2.4 Dépouillement

Traditionnellement, lorsqu’ils’agit d’établir une nomenclature pourun domaine spécialisé, leterminologue s’arme de son crayon etde sa patience et entreprend la lecturede textes récents publiés dans ledomaine qui l’intéresse. Au fil decette lecture, il se familiarise avec ledomaine en question et relève cequ’on appelle des candidats-termes,c’est-à-dire des unités simples ousyntagmatiques qui semblent sedistinguer par leur caractèred’univocité et de spécificité. Leterminologue relève donc ces unitésavec leur contexte et, éventuellement,les informations terminologiques qu’ildéniche dans le texte et qui luipermettront plus tard de rédigerdéfinition et notes. Cette étape, ledépouillement, gourmande de temps,devra être suivie d’une rechercheexhaustive permettant de vérifier lesemplois du terme, sa fréquence, seséquivalents (dans le cas d’une banquemultilingue), etc. Un premierproblème soulevé à l’étape dudépouillement est donc un problèmede temps.

Une autre difficulté relative audépouillement est liée à l’absence denomenclature de départ : en effet, enveille, l’objectif est d’abord d’établirune telle nomenclature, puisqu’on estalors à la recherche de termes que l’onn’a pas encore traités, c’est-à-direrelevés, attestés, consignés, définis,etc. On ne sait donc pas exactementce qu’on cherche, et la démarche faitappel à une bonne dose d’instinct etd’expérience ; les résultats obtenusdépendent donc beaucoup del’expérience du terminologue et de saconnaissance du domaine traité.

On a tenté, lors del’expérimentation décrite ici, devérifier s’il était possible de lever cesdifficultés en automatisant l’étape dudépouillement des textes. Pour cela,nous avons choisi de comparer trois

18

Contributions

(3) On peut télécharger uneversion gratuite de Copernic àl’adresse suivante :http://www.copernic.com/fr/

(4) Pour plus d’informations surSami, voir Pelletier (1996).

Page 20: De nouveaux outils pour la néologie

approches ; la comparaison s’est faitesur le plan du temps nécessaire pourproduire un certain nombre de fiches.Un tableau résume cette comparaisondans la section Analyse.

La première approche, que nousavons appelée dépouillement classique,consistait à imprimer les textes et àsouligner à la main les candidats-termes pour relancer ensuite cestermes dans la banque de textes afinde trouver les meilleurs contextes.Remarquons que, malgré son nom,cette démarche se distingue déjàd’une méthode plus traditionnellepuisqu’elle utilise, même si ce n’estque partiellement, les possibilités d’unlogiciel comme l’Atelier BDT pour larecherche des contextes ; pour suivrevraiment ce que nous avons décritplus haut comme la méthode detravail habituelle du terminologue, ilaurait fallu imprimer tous les textes etrecueillir, en les recherchantvisuellement, les meilleurs contextespour chaque terme retenu.Cependant, notre façon de procéder aquand même donné des résultatsassez probants lors de la comparaisonavec les deux autres méthodes.

La deuxième approche estintermédiaire : dans ce que nousavons appelé dépouillement semi-automatique, il s’agissait d’établir unenomenclature d’éléments de basesusceptibles de donner des termescomplexes (par exemple capteur quidonnera entre autres capteur àultrason ) ou de racines susceptibles defournir des termes simples etcomplexes (comme l’élément tronquéholon* qui ramènera holonomie,holonome, robot holonome, non-holonome, etc. ) et de lancer chacundes termes de cette nomenclaturedans la banque de textes pourrecueillir occurrences, cooccurrenceset contextes. Il s’agit de la méthodequi correspond le mieux à l’optiquedans laquelle l’Atelier BDT a étéconstitué : ce logiciel est en effetéquipé d’un moteur de recherche

intéressant et performant qui permetde trouver aisément tous les contexteset cooccurrences d’un terme donné. Ilsuffit de lancer un terme pour trouverses composés, des exemples de sonutilisation, des contextes. Cependant,le logiciel ne fournissant pas à ce jourd’index, la principale contrainte liée àson utilisation vient du fait qu’il fautsavoir quoi demander au moteur derecherche pour obtenir des résultats.Il est donc nécessaire de disposerd’une nomenclature de départ ; or,comme nous l’avons déjà souligné, enveille, l’objectif est justement d’établirune telle nomenclature. Une desfaçons de contourner le problème estde lancer dans la banque de textes destermes de base (par exemple, pour ledomaine de la robotique, des termescomme robot, commande,manipulateur, etc. ) qu’on aurarecueillis lors de lecturespréliminaires. Cependant une telleméthode ne permet pas de trouverdes termes composés à partir de basesauxquelles on n’aura pas songé, sinonpar hasard. Si on veut agir de façonplus méthodique, il faudra donc allerplutôt vers la troisième méthode, ledépouillement automatique quiconsiste simplement à faire analyserles textes de la banque par un logicielde dépouillement textuel, ici Adepte-Nomino.

2.5 Résultats

Les résultats sont groupés selonla méthode utilisée, ce qui permettraplus loin la comparaison entre cesméthodes.

2.5.1 Dépouillement classique

Nous n’avons effectué que trèspeu de dépouillement selon cetteméthode: elle a été utilisée surtoutdans le but d’obtenir une référence,un point de comparaison avec lesautres méthodes, étant donné quec’est celle qui «colle» le mieux à ce

que font traditionnellement lesterminologues en situation de veilleterminologique.

À partir de deux textes choisis auhasard dans la banque de textes, puisimprimés, nous avons souligné lescandidats-termes, avant de constituerune fiche contextuelle pour chacund’entre eux en les relançant dans labanque de textes pour trouver le oules meilleurs contextes, après avoirvérifié leur absence de la BTQ. Enune heure, 11 fiches contextuelles ontainsi été rédigées.

2.5.2 Dépouillement semi-automatique

Rappelons que pour utiliser cetteméthode il faut disposer d’unenomenclature de départ ; nous avonsdonc choisi de lancer les 15composantes des 11 termes trouvésavec la première méthode ( 5 ), ce qui apermis d’isoler 62 nouvelles notionset de rédiger les fiches contextuellescorrespondantes en environ 8 heures.Rappelons qu’il s’agissait ici de lancerchacun des éléments de base dans labanque de textes, de relever chacundes candidats-termes formés à partirde ces éléments, puis de relever le oules meilleurs contextes pour chacunde ces termes avant de rédiger la fichecontextuelle correspondante dansSami.

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Contributions

(5) Nous entendons parcomposante chacun des élémentsde base d’un terme: si on a trouvépar exemple capteur à ultrason, onrelancera capteur et ultrason.

Page 21: De nouveaux outils pour la néologie

2.5.3 Dépouillement automatique ( 6 )

Nous avons lancé Adepte-Nomino, à partir encore une fois del’ensemble des textes placés dans labanque ( 7 ). Après une analyse (quidure entre 20 et 25 minutes pour unebanque de textes telle que la nôtre),Adepte-Nomino produit cinq listes ( 8 ) :les unités complexes nominales(ucn), les unités complexesnominales additionnelles (ucna), uneliste des verbes, une liste des adjectifset une liste des noms. C’est surtout àpartir de la liste des ucn et de la listedes noms que nous avons identifié descandidats-termes.

Lorsqu’on interroge n’importelequel des éléments des listes fourniespar Adepte-Nomino, le logiciel lereplace dans son contexte (autant defois qu’il y a d’occurrences). Il estdonc possible de choisirimmédiatement les contextes quiparaissent les meilleurs et de lestransférer directement dans le champapproprié. En environ trois heures etdemie, 89 candidats-termes ont étérecueillis et leurs fiches contextuellesrédigées (après vérification dans laBTQ). Le résultat se trouvait sous laforme de fiches au format Adepte-Nomino, que nous avons versées dansSami par la suite ( 9 ).

Analyse des résultats

Le tableau 1 résume les donnéesrelatives au nombre de fiches et autemps nécessaire à leur productionpour chaque méthode:

Notons d’abord que malgré sonapparente incongruité ( il est moinsélevé que le résultat du dépouillementclassique), le résultat correspondantau dépouillement semi-automatiqueest tout à fait normal ; en effet,comme nous l’avons mentionné dansla section Résultats, il s’agit d’uneméthode en quatre étapes :1. Établir une nomenclature de base ;2. Lancer les éléments de cettenomenclature dans la banque detextes à l’aide du moteur de recherchede l’Atelier BDT ;3. Recueillir les candidats-termescomplexes produits par cetterecherche;4. Pour chacun d’entre eux,rechercher le ou les meilleurscontextes.

On pourrait bien sûr recueillirles contextes (étape 4) en mêmetemps qu’on identifie les termescomplexes (étape 3), mais il sembleque cette façon de faire soit pluscompliquée et produise plus de«bruit» ; on risque en effet de seretrouver avec des contextes inutilesqu’on devra éliminer par la suite.C’est pourquoi nous avons choisid’établir d’abord la liste des termescomplexes pour ensuite faire unerecherche de contextes (cetterecherche est d’ailleurs plus restreinteque la précédente, puisqu’on ne lancedans la banque de textes que lecomposé qui nous intéresse).

La méthode la plus performantesemble être de loin, au vu desrésultats reproduits dans le tableau,celle qui fait intervenir un logiciel de

20

Contributions

(6) Nous avons en premier lieu tentél’analyse de l’ensemble des textes

placés dans la banque de textes avecTact, logiciel mis au point à

l’Université de Toronto (et dont on peut télécharger uneversion Web à l’adresse suivante :

http://tactweb.humanities.mcmaster.ca/). Tact fournit une liste des mots

trouvés dans le texte, accompagnés deleur fréquence d’utilisation; il faut, à

partir de cette liste, sélectionner lestermes dont on pense qu’ils

pourraient donner des résultatsintéressants ( soit qu’il s’agisse de

termes simples, ou d’éléments de basede termes complexes) et les marquerun par un avant de demander à Tact

de produire une liste de cooccurrencesou de contextes. Pour notre banque

de textes, Tact a produit une listed’environ 10 000 mots, qu’il aurait

fallu lire et sélectionner, sans l’aide, àcette étape du traitement, d’un

contexte pour décider de la pertinencede chacun d’eux. Devant l’ampleur de

la tâche, nous avons décidé de tenterimmédiatement un essai avec Adepte-Nomino. Il faut également souligner

que les manipulations préliminaires àl’analyse du texte sont peu conviviales

avec Tact, qui fonctionne enenvironnement Dos, avec lequel la

plupart des utilisateurs sont peufamiliers.

(7) Il faut noter que la mise en formedes textes faite automatiquement par

l’Atelier BDT nuit à l’utilisationd’Adepte-Nomino, à cause des

différents marqueurs qui y sontintroduits ; pour obtenir les meilleuresperformances d’Adepte-Nomino, nousavons donc dû partir des textes dans

leur format «original», c’est-à-diresauvegardés en format texte seulement

par Word.

(8) Ne sont décrites ici que les«sorties» d’Adepte-Nomino : pour une

description plus détaillée de sonfonctionnement, voir Perron

(1996: 32).

(9) Le temps nécessaire à ce transfertn’a pas été comptabilisé. Dans le cadre

de ce projet, il a été effectué par lesservices informatiques de l’Office ;

c’est une opération très rapide (à titred’exemple, il faut moins d’une minute

pour verser 170 fiches).

Tableau 1

Méthode Nombre Temps Nombre de de fiches nécessaire fiches à l’heure

Classique 11 1 heure 11

Semi-automatique 62 8 heures 7,75

Automatique 89 3 heures et demie 24,4

Page 22: De nouveaux outils pour la néologie

dépouillement comme Adepte-Nomino. Nous pensons qu’une telleperformance s’explique par la rapiditéet l’efficacité permises parl’ordinateur, combinées à la libertélaissée au terminologue; en effet, avecune telle méthode, c’est le logiciel quipropose les candidats-termes, et c’estle terminologue qui dispose de cespropositions comme il l’entend. Onpourrait objecter que le terminologue,avec une telle méthode, ne lit plus lestextes, et donc n’est plus aussi familieravec son domaine. À ceci nousrépondrons que la performance d’unoutil de dépouillement automatiquede textes donne au contraire plus detemps au terminologue pour lire, etqui plus est pour lire des textesimprimés qui, de toute façon,n’auraient pas pu être analysés defaçon automatique (à moins d’êtred’abord numérisés, ce qui pose desproblèmes différents). Nous dirionsque le logiciel s’occupe des textesdisponibles sous format numérique,et l’être humain des textes imprimés.De plus, c’est le terminologue qui achoisi les textes à faire analyser (etdonc qui les a au moins parcourus) etc’est lui qui analyse chaque contexteproposé par Adepte-Nomino pourjuger de sa pertinence, ce quicontribue de façon appréciable à safamiliarisation avec le domaine.

3 Propositions etrecommandations

3.1 Constitution d’un corpus

La qualité et la diversité destextes choisis constituent l’assise d’untravail terminologique basé sur lecorpus ; elles déterminent en effet engrande partie l’utilité et la pertinencedu résultat final. L’établissement decritères régissant le choix de textesdestinés à faire partie d’un corpus dedépouillement nous paraît doncessentiel ; la poursuite d’essais portant

sur la constitution de banquestextuelles permettrait d’établir desorientations méthodologiques aptes àguider le terminologue lors de cetteétape primordiale qu’est la mise surpied de son corpus de dépouillement.

3.2 Utilité d’une banque de textes

Dans l’optique où l’on considèrequ’une banque de textes doit être«rentable», c’est-à-dire que le tempsqu’on a investi dans sa constitutiondoit avoir été utilement dépensé, il estpermis de se poser des questions surl’utilité d’une telle banque. Noussoulignerons simplement ici deuxfaits en réponse à ces doutes : ensituation de veille terminologique, oùon ne dispose pas de nomenclature dedépart, l’expérimentation décrite icifait ressortir le rapport entre le tempsinvesti et les résultats. Pour une demi-journée passée à récolter des textes surInternet, on peut tirer, en deux joursenviron, plus de 400 fichescontextuelles ( 10 ) de la banque ainsiconstituée. L’expérimentation, bienqu’elle n’ait pas directement porté surune situation de mise à jour du fondsterminologique, a également faitressortir, de façon sous-jacente, le faitsuivant : on a dû éliminer unecertaine quantité de termes quiétaient déjà dans la BTQ; étantdonné la qualité des textes stockés(consistant, rappelons-le, en grandepartie en rapports de rechercheuniversitaires ), il paraît donc probableque pour ces termes la banque detextes aurait pu servir de ressourcedocumentaire fort utile ( jointe auxressources habituelles ) en situation demise à jour. Il faudrait mener d’autresexpérimentations, avec des corpusplus importants, pour vérifier cettehypothèse.

3.3 Manipulationsinformatiques

Il faut mentionner ici que lesopérations de stockage des textes dansl’Atelier BDT comprennent desmanipulations informatiques(création et initialisation de labanque, création d’un nouveaurépertoire, puis marquage,segmentation et importation destextes, mise à jour de la paged’accueil ) susceptibles de rebuter denombreux terminologues peufamiliers avec les dessous de lamanipulation de fichiers, ce qui aamené certains terminologues às’interroger sur les étapes de laconstitution d’une banque de textes(Michel, 1998:10) : «Qui doit faireles recherches menant à saconstitution ? Les bibliothécairessont-ils les mieux qualifiés pour cegenre de démarche ? Comment enarriver à jumeler l’expertise duterminologue familiarisé avec les sitesles plus intéressants et celle desdocumentalistes ?»

En réponse à ces questions, nousproposons ici ( 11 ) un mode deformation d’une banque de textes –avec l’Atelier BDT – qui décharge leterminologue des tâches qui sont partrop étrangères à son travail habituelet qui, lui paraissant lourdes etmalaisées, pourraient le décourager de

21

Contributions

(10) On considère le travailaccompli par un terminologuehabitué à la procédure et utilisantun outil de dépouillementautomatique; comme pour toutenouvelle technique, les premièresexpériences seront peut-être moins«rentables»...

(11) On trouvera en annexe uneproposition détaillée de partagedes tâches qui ne demande plus auterminologue que de sauvegardersous le bon format le texte qu’il atrouvé en ajoutant la date deconsultation et l’adresse du site.

Page 23: De nouveaux outils pour la néologie

mettre sur pied cette banque, tout entenant pour acquis qu’il est le mieuxplacé pour repérer les meilleurs textesdans son domaine de recherche.

3.4 Exploitation des textes

Une autre préoccupation desterminologues portait sur lapertinence de consacrer du temps àintégrer un texte intéressant à unebanque textuelle au lieu d’en extraireau moment même toutes lesinformations utiles. Cette questionnous amène à rappeler ici le conceptde banque évolutive : un terminologue,tant qu’il travaillerait dans le mêmedomaine, continuerait d’enrichir sabanque et la mettrait éventuellementen commun avec ceux de sescollègues qui travaillent dans undomaine voisin du sien. Cette façonde voir est inspirée par l’observationsuivante : l’expérience démontrequ’une notion ayant fait l’objet d’unerecherche sur Internet «ramène»souvent plusieurs autres notions avecelle ; le texte ainsi trouvé risque doncde s’avérer utile ultérieurement et ilest parfois difficile de retrouver unsite Internet (même s’il est marquéd’un signet – on court toujours lerisque qu’il soit devenu inaccessibleou qu’il ait été déplacé) alors qu’il estpossible de le conserver sur sonpropre disque dur, et qui plus est,avec les possibilités qu’offre le moteurde recherche d’un logiciel de gestiondocumentaire. De plus, leterminologue, au fur et à mesure qu’ilfait connaissance avec son domaine,sait de mieux en mieux quoi chercheret où le chercher ; sa banque de textesgagne donc en qualité au fil dutemps, et peut devenir une sourceinestimable d’informations dans undomaine donné. Elle peut servirultérieurement à des opérations demise à jour, à familiariser un nouveauterminologue avec un domainedonné, à faire des études d’évolutionde la terminologie dans une sphère

d’activité, etc. On pourrait objecter,en se référant au phénomène desaturation déjà souligné par plusieursauteurs (voir par exemple Otman1991b: 61), qu’on observe qu’à partird’une certaine taille (au demeurantdifficile à déterminer), un corpus detextes ne fournit plus beaucoup determinologie nouvelle. Cephénomène nous semble s’appliquerde façon plus marquée dans certainessituations : dans les cas de corpus enlangue générale par exemple, ou dansun domaine qui connaît uneévolution plutôt lente. Dans lesdomaines spécialisés identifiés commedes priorités par l’Office, cephénomène ne paraît cependant pasreprésenter un obstacle à laconstitution d’une banque évolutive,pouvant au contraire servir à indiquerque le domaine est à peu près couvertlorsque l’ajout de nouveaux textesn’apporte plus ou presque plus determinologie nouvelle. Dans tous lescas, de nouvelles expérimentationspourraient fournir des indicateurs surla taille optimale d’un corpus enlangue spécialisée.

3.5 Convivialité et compatibilitédes logiciels

Comme nous l’avons brièvementmentionné plus haut, en ce momentl’Atelier BDT et Adepte-Nomino nesont pas pleinement compatibles ; lestextes une fois marqués par l’Atelierdeviennent inutilisables (ou posentdu moins plusieurs difficultésd’utilisation) par Adepte-Nomino.C’est ce problème relatif à lacompatibilité entre les logiciels quinous amène à formuler, aprèsdiscussion avec les concepteurs del’Atelier BDT, deux recommandationsdont voici la première (qui constitueune étape vers la mise en œuvre de ladeuxième, qui, elle, représenterait lasituation idéale) : munir l’Atelier BDTd’un index interactif qui permettraitd’interroger n’importe quel mot du

texte pour le replacer dans soncontexte et éventuellement découvrirses composés. Ceci éliminerait (ou dumoins réduirait ) le besoin d’unenomenclature de départ. Mais lasolution qui nous semble la meilleureest celle-ci : mettre au point uneinterface de communication entrel’Atelier BDT et Adepte-Nomino, quipermettrait d’analyser directement entout ou en partie la banque de textesconstituée grâce à l’Atelier BDT. Deplus, comme nous y avons faitallusion plus tôt, l’interface entreAdepte-Nomino et Sami existe déjà ;une nouvelle interface entre l’AtelierBDT et Adepte-Nomino résulteraitdonc en un outil intégré constituéd’un logiciel de gestion documentaire,d’un logiciel de dépouillement etd’un logiciel d’alimentation d’unebanque de terminologie, outil quis’inscrirait aisément dans la chaîne detravail terminographique.

3.6 Proposition de chaîne detravail informatisée en situationde veille

Même s’il évolue assezrapidement, le travail duterminologue-terminographecomporte toujours les mêmes grandesétapes (Auger, 1994: 50) : «1)préparation du travail terminologique[…] (exploration du domaine,recherche de documentation,sélection et enregistrement dessources) ; […] 2) travailterminographique proprement dit[…] (mise en forme et traitementd’un corpus de textes, dépouillement,établissement de la nomenclature,extraction de donnéesterminologiques etparaterminologiques, […] etc. ) ; 3)stockage et traitement des donnéesrecueillies […]; 4) édition etdiffusion du produit final (dictionnaire terminologique) […].»

Ce que nous proposons ici, c’estde mieux appuyer certaines de ces

22

Contributions

Page 24: De nouveaux outils pour la néologie

étapes à l’aide de logiciels permettantd’automatiser en partie la tâche duterminologue.

Le projet d’expérimentationmené à l’Office de la langue françaiseconcernait surtout les premièresétapes du travail terminologique, soitla préparation du travail par larecherche documentaire et la sélectionde sources, de même que le travaild’extraction des donnéesterminologiques. Le tableau 2présente sous forme schématique lachaîne de travail proposée, avec pourchaque étape un exemple de logicieldisponible ( 12 ).

4 Conclusion

Il est apparu lors de cetteexpérimentation que l’utilisation desoutils informatiques étudiés pouvaitrendre plus agréable et plus efficace letravail du terminologue. À partir delogiciels existants, comme l’AtelierBDT et Adepte-Nomino, il est possiblede mettre au point des outils surmesure parfaitement adaptés autravail à accomplir, surtout ensituation de veille, mais aussi pour lamise à jour, où ils s’ajouteraient auxressources déjà disponibles. Il y a biensûr tout un travail d’adaptation àaccomplir, autant des outils auxpersonnes que l’inverse. Cetteadaptation demande du temps etrisque même de ralentir la productionpendant une période donnée, où

chacun doit apprivoiser les nouveauxoutils mis à sa disposition. Mais dansun monde où l’information est deplus en plus considérée comme unerichesse, il est essentiel de sepréoccuper de trouver des moyens dela conserver sous la meilleure forme etde la traiter le plus efficacementpossible. Les terminologues sont desspécialistes du traitement del’information sous bien des aspects ; illeur revient donc de se tenir aucourant des possibilités offertes parInternet et par l’informatique engénéral afin d’exploiter au mieux cespossibilités ; ils demeureront ensuiteles meilleurs juges des outils les mieuxadaptés à leur travail.

Anouk Jaccarini,Office de la langue française,Québec.

Bibliographie

Auger (Pierre), 1994: «Les outils de laterminotique: typologie des logicielsd’aide à la terminologie et/oud’automatisation de la chaîne de travailen terminographie» dans Terminologiesnouvelles, nº 11, p. 46-52.

Côte (Normand) : «Formation auxbanques virtuelles de textes –commentaires de l’équipe du tronccommun industriel», document interne,Office de la langue française, mars 1999.

Michel (France), 1998: «Banquesvirtuelles de textes scientifiques, une aidepossible à la veille terminologique ?» dansTerminologies nouvelles, nº18, p. 5-10.

Otman (Gabriel ) 1991a: «Aspects del’informatisation des activitésterminologiques et traductionnelles» dansClas (A.) et Hayssam Safar, dir.,L’environnement traductionnel : la stationde travail du traducteur de l’an 2001 –Actes du colloque de Mons, 1991, Sillery,Presses de l’Université du Québec, p. 213à 221.

Otman (Gabriel ) 1991b: «Des ambitionset des performances d’un système dedépouillement terminologique assisté parordinateur» dans La banque des mots,numéro spécial 4/1991, p. 59-96.

Pelletier (Sylvie) 1996: «Le systèmeSami-BTQ: un système intégré deproduction et de mise à jour des donnéesde la Banque de terminologie duQuébec» dans Terminologies nouvelles,nº15, p. 66-76.

Perron (Jean), 1996: «Adepte-Nomino, unoutil de veille terminologique» dansTerminologies nouvelles, nº15, p. 32-47.

23

Contributions

(12) Il faut souligner qu’il existede nombreux autres logiciels ayantles mêmes fonctions ou desfonctions semblables ; on s’en tientici à ceux qui ont servi au projet.

Étape LogicielRecherche de textes pertinents Copernic

sur InternetConstitution d’une banque Microsoft Word et Atelier BDT

de textesExtraction des termes Adepte-Nomino

Extraction des contextes, notes, Adepte-Nominodéfinitions, etc.

Rédaction des fiches Sami

Tableau 2

Page 25: De nouveaux outils pour la néologie

Annexe

Proposition de partage du travailpour la constitution d’une banque detextes avec l’Atelier BDT ( 13 ).

24

Contributions

FRÉQUENCE TEMPS RESPONSABLE DE LA TERMINOLOGUEDOCUMENTATION

lors de la création 5 minutes – sous l’Atelier BDT, crée uned’une nouvelle nouvelle banquebanque de textes

– informe le terminologue du répertoire où il doit placer ses textes

variable une demi-journée – copie les textes qu’il trouve (hebdomadaire, pour environ pertinents sous format WP5.0mensuelle) 35 000 mots (en ajoutant l’adresse du site et

la date de consultation) dans le répertoire indiqué par le responsable de la documentation

sur notice du environ 2 minutes – sous l’Atelier BDT, marque terminologue, afin par texte (adresse Internet, titre et que les textes titre abrégé) et segmente deviennent les textesdisponibles le plus rapidement possible – importe les textes dans

la banque

– met à jour le fichier bdt.htm(page d’accueil de l’Atelier BDT )

– vérifie la banque ( sous consultation )

– la banque devient disponible et prête à être utilisée par leterminologue

(13) Note : dans ce texte, nousnommons responsable de ladocumentation la personne(technicien ou documentaliste)qui serait chargée, entre autres,d’assister le terminologue dans laconstitution d’une banque detextes.

Page 26: De nouveaux outils pour la néologie

25

Recherche terminographique semi-automatisée en veille terminologique:

expérimentation dans le domaine médical

Contributions

Le présent article fait état d’unerecherche terminographique intégrant

des outils informatiques (outil dedépouillement, concordancier,système de gestion de bases de

données et module de création defiches terminologiques). La recherche,

qui portait principalement sur unsous-domaine de la médecine, à savoir

la pharmacologie cardiovasculaire, selimitait à des concepts qui n’avaient

pas fait l’objet d’un traitementpréalable dans la Banque de

terminologie du Québec (BTQ ). Nous relatons les étapes les plus

importantes de la recherche etdécrivons les principales difficultés

rencontrées. Nous proposonségalement des solutions fondées sur

les lacunes observées.

Termes-clés :terminographie, terminotique,

veille terminologique, dépouillement assisté par ordinateur.

1 Introduction

e terminologue peuttirer profit d’unnombre croissantd’outils informatiquesqu’il utilise pouraccélérer ou

systématiser des tâches répétitives oufastidieuses. Nous faisons référence iciaux logiciels de dépouillement assistépar ordinateur, aux concordanciers,aux systèmes de gestion de bases dedonnées et aux logiciels d’édition defiches terminologiques. Ces outilssont également utilisés par d’autresprofessionnels, comme les traducteursou les lexicographes, mais leterminologue en adapte certainesfonctions à ses besoins particuliers.En effet, celui-ci applique uneméthode de recherche qui rendcompte d’un certain nombre deconcepts rattachés à un domaine despécialité qui a été circonscrit aupréalable.

Le présent article porte surl’utilisation de certains de ces outilsdans un contexte particulier, à savoirla veille terminologique. La veilleterminologique est une activité quiconsiste à repérer des termes«nouveaux» et à colliger desrenseignements sur ces termes(contextes, notes et définitions) dansle but de les décrire. Nous adoptonsune définition fonctionnelle de la«nouveauté d’un terme» inspirée dePerron (1997) qui s’appuie surl’utilisation d’un corpus d’exclusion:un terme nouveau, ou néonyme, estun terme qui n’a pas fait l’objet d’unedescription terminologique dans unrépertoire donné ( le corpus

d’exclusion utilisé ici est la Banque determinologie du Québec (BTQ ) ).

La recherche a été réalisée dans lecadre d’une entente avec l’Office de lalangue française, organismegouvernemental québécois. Nousdevions nous pencher sur environ400 concepts liés au domaine de lamédecine, plus précisément à laradiologie et à la pharmacologiecardiovasculaire ( 1 ). Les fichesterminologiques produites étaientbilingues (anglais-français ), maisnous nous concentrerons sur lesaspects touchant les termes françaisliés au domaine de la pharmacologiecardiovasculaire. Notre équipe ( 2 )

devait procéder en outre àl’expérimentation de différents outilsinformatiques et déterminer s’ilsprésentaient un intérêt dans uncontexte professionnel. Les outilstestés sont Adepte-Nomino (Perron1996) et Sami-BTQ (Pelletier1996) ( 3 ).

Nous présentons d’abord unpanorama des principales étapes de larecherche, pour ensuite nous penchersur les difficultés liées à chacune des

L

(1) Ces sous-domaines de lamédecine ont été choisis enfonction de l’accessibilité de textesen format électronique. Toutefois,il aurait été préférable de travaillersur un seul sous-domaine etd’enrichir le corpus de textes. Unerecherche portant sur deux sous-domaines simultanément présentedes difficultés notables puisque leterminologue doit se familiariseravec des notions parfois éloignées.Nous n’aborderons pas cesdifficultés dans le cadre du présentarticle, mais elles ont été présentesdurant toutes les étapes de larecherche.

(2) Nous tenons à remercier lespersonnes qui, outre les troisauteurs, ont participé au projet derecherche: Anne Chudobiak,Claire-Hélène Lavigne, SophieMilliard, Jean Ntakirutimana etMargreet de Rooij.

(3) Signalons par ailleurs quenous avons intégré d’autreslogiciels plus largement répandusafin de prendre en chargecertaines tâches périphériques ( leslogiciels en question sont cités autableau 2).

Page 27: De nouveaux outils pour la néologie

étapes franchies. En conclusion, noussuggérons quelques avenues afind’améliorer la recherche telle quenous l’avons réalisée.

2 Principales étapes de recherche

Les méthodes de rechercheterminographiques font l’objet d’unconsensus depuis déjà quelquesdécennies. Toutefois, l’intégration decertains outils informatiques vientbouleverser en partie ces méthodes.Nous présentons au tableau 1 lesdifférences observées entre unerecherche terminologiquesystématique «traditionnelle» et unerecherche qui a recours à des outilsinformatiques (cette description estlargement inspirée de Auger et al.(1991)).

Nous nous sommes alignées surla démarche présentée dans latroisième colonne du tableau 1, touten tenant compte des particularitésliées à la veille terminologique ( il ensera question un peu plus loin). Àchaque étape de la recherche, nousavons intégré un logiciel donné oufait appel à une fonction présentedans un logiciel : le tableau 2 dresse laliste des différents outilsinformatiques utilisés.

La recherche, comme on peut leconstater, s’appuie, en dépit del’intégration d’outils informatiques,sur des méthodes de recherchesystématique (Auger et Rousseau1978). L’aspect prédominant de cetype de recherche est la prise encompte de l’ensemble des termes d’undomaine: le terminologue définit,ultimement, les termes les uns parrapport aux autres. Cette stratégiepermet de dégager les liens existantentre les concepts du domaine(hyperonymie et hyponymie, co-hyponymie, méronymie, etc. ) et ce pour parvenir à dégager les

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Contributions

Méthode traditionnelle Méthode intégrant des outils informatiques

Recherche Collecte de textes de nature 1. Recherche et collecte de documentaire : variée portant sur un textes en format électronique Mise en forme domaine de spécialité. portant sur un domainedu corpus de spécialité.

2. Conversion de textes papier en format électronique(numérisation).

Repérage des unités Repérage de termes au 1. Identification automatique terminologiques moment de la lecture de de termes ( logiciel

textes et transcription des d’identification automatique contextes. des unités potentiellement

terminologiques).2. Première sélection humainedes unités produites parl’identification automatiquequi feront l’objet de recherches ultérieures.

Relevé de contextes Relevé de contextes lors de 1. Repérage automatique de la lecture des textes. contextes pour les termes Raffinement de la liste de retenus et sélection humaine termes devant faire l’objet des meilleurs contextes.de descriptions. 2. Raffinement de la liste de

termes devant faire l’objet de descriptions.

Analyse des contextes Étude des contextes relevés 1. Étude des contextes relevés pour la production de fiches pour la production de fiches terminologiques. terminologiques.Information complémentaire 2. Information puisée dans des ouvrages de complémentaire puisée dans référence. des ressources électroniques

(par exemple, Internet) et, si nécessaire, dans des ouvrages de référence papier.

Rédaction de fiches Reproduction, dans une 1. Copie, dans une fiche terminologiques fiche terminologique, d’une terminologique, d’une partie

partie des informations des informations recueillies recueillies lors du lors du dépouillement.dépouillement. 2. Ajout d’information Ajout d’information complémentaire.complémentaire. 3. Importation de la fiche Reproduction de la fiche dans une banque de dans une banque de données données terminologiques.terminologiques.

Tableau 1:Comparatif des méthodes de travail traditionnelles et des méthodes

de travail intégrant des outils informatiques.

Page 28: De nouveaux outils pour la néologie

Tâche Procédé ou outil informatique pour la réaliser

Mise en forme du corpus Numérisation (numériseur pleine-page),reconnaissance optique de caractères (Omnipage Direct ) et vérificationorthographique pour la correction des textesnumérisés (vérificateur de Word ).Sélection de textes à partir de sites Internet

Identification automatique Analyse linguistique (Nomino ( 4 ) )de termes Listes de termes gérées dans un fichier Excel

Relevé et analyse Sélection de contextes proposés par le des contextes concordancier (Adepte )

Copie des contextes sélectionnés dans Adepte( système de gestion de bases de données intégré dans l’environnement Adepte )Lecture et analyse des contextes relevés dansAdepte pour chacun des termes (établissementde renvois pour les termes apparentés)

Recherche d’information Consultation d’ouvrages de référence sur complémentaire support électronique (banques de terminologie,

dictionnaires sur CD-Rom)Consultation de sites InternetEn dernier recours, consultation d’ouvrages deréférence sur support papier

Rédaction de fiches Copie et collage dans Sami-BTQ

Pour illustrer le sens de ladernière observation, nous avonsreproduit au tableau 3 une partie dela liste de termes construits à partir dela tête abcès (ce sont les termestrouvés dans les textes du corpusutilisé dans le cadre de la recherche).

Tableau 3:Liste de termes dont la tête est abcès

Termes trouvés Présence dans dans le corpus la BTQ

abcès appendiculaireabcès bilatéral abcès cérébral BTQabcès de Brodie BTQabcès du cerveau BTQabcès du foie BTQabcès du poumon BTQabcès du psoas BTQabcès encapsulé abcès épiduralabcès intra-osseux BTQabcès médullaire abcès nécrotique abcès paravertébral abcès para-vertébral abcès pelvien abcès péripétreux

On remarque que, sur un totalde 17 termes, sept sont déjà traitésdans la Banque de terminologie duQuébec. Donc, en principe, ces unitésne doivent pas faire l’objet d’untraitement dans un contexte de veilleterminologique. Cependant, les« trous» signalés dans les listespeuvent soulever des problèmes aumoment de l’analyse desrenseignements recueillis.

Par exemple, les trous posent desproblèmes du point de vue del’appréhension d’un domaine despécialité. Nous allons commenter cesdifficultés au moyen d’un certainnombre de concepts liés au conceptd’«action» (effet recherché parl’administration de médicaments) quisont reproduits à la figure 1.

27

Contributions

Tableau 2: Outils utilisés lors de la recherche

caractéristiques qui définiront lestermes dénotant ces concepts.

Nous avons dû cependant tenircompte de certaines difficultés liées àla recherche terminologique menée encontexte de veille telle qu’elle a étédéfinie à la section 1 (rappelons quenous avons écarté des termes déjàdécrits dans le corpus d’exclusion, àsavoir la BTQ ).

Dans ce contexte, il est parfoisdifficile d’obtenir une vue d’ensemble

du système conceptuel d’un domainecomparable à celle donnée par larecherche systématique véritable.Cette lacune est causée par le faitqu’une partie des termes du domainepeut déjà faire l’objet d’unedescription terminologique, alorsqu’une seconde partie reste à décrire.D’autres lacunes sont entraînées parle fait que les traitementsautomatiques restent imparfaits etreposent exclusivement sur un corpusqui peut lui-même présenter desimperfections (par exemple, nousavons parfois exclu des termes pourlesquels le corpus ne livrait passuffisamment de renseignements).Pour ces raisons, il arrive que leterminologue doive composer avecdes listes de termes partielles.

(4) Adepte et Nomino sont fondusdans le même environnement detravail. Toutefois, Nomino fait ledépouillement et les autres tâchessont réalisées au moyen defonctions présentes dans Adepte.Cette distinction ne sera pastoujours faite dans ce qui suit.

Page 29: De nouveaux outils pour la néologie

Tous les concepts présentés à lafigure 1 n’ont pas fait l’objet d’untraitement pour différentes raisons( les concepts mis de côté sont signaléspar l’astérisque). Nous présentons, ci-dessous, quelques causes pourlesquelles ils n’ont pas été retenusdans le cadre du projet.

Conduction : terme non relevélors du dépouillement initial destextes français (qui accordait lapriorité aux termes complexes). Enrevanche, certains hyponymes ont étéretenus : conduction cardiaque,conduction tawarienne. De plus,certains termes faisant référence à lapropriété de conduire les impulsionsont été traités : conductibilitéauriculaire, conductibilité atrio-ventriculaire, conductibilité cardiaque,conductibilité de ré-entrée etconductibilité ventriculaire. Onconstate ( tableau 4) le manque deparallélisme entre ces deux derniersgroupes de concepts (qu’une véritablerecherche systématique auraitcorrigé).

Contraction : terme traité dans laBTQ. Ici encore, certains hyponymesont été retenus : contraction cardiaque,contraction myocardique, contractionspontanée, contraction tonique,contraction vasculaire, contractionventriculaire. De plus, certains termesétroitement liés à ces premières unitésont été traités dans le cadre du projet :contractilité cardiaque, contractilitémyocardique, contractilité ventriculaire.De nouveaux parallélismes n’ont pasété saisis de façon appropriée ( tableau 5).

Automatisme: terme non relevélors du dépouillement des textesfrançais. Certains hyponymesd’automatisme ont pourtant ététraités : automatisme auriculaire,automatisme cardiaque, automatismeectopique, automatisme sinusal. Uncertain nombre de termes dénotant lapropriété de générer desautomatismes ont également étéretenus : automaticité ectopique,automaticité myocardique, automaticité

28

Contributions

Figure 1 : Concepts liés à «action»

Action

*conduction

*contraction

*automatisme

*potentiel d'actionphase ascendante dupotentiel d'action

Types Propriétés

vitesse d'ascension du*dépolarisation *repolarisation potentiel d'action

phases types

*repolarisation initiale repolarisation ventriculaire

plateau de repolarisation repolarisation cellulaire

*repolarisation finale repolarisation prolongée

propriétés

pente de repolarisation phase de repolarisation

*vitesse de repolarisation

Tableau 4: Termes construits à partir de conduction et de conductibilité

Termes construits à partir Termes construits à partir de conduction de conductibilité

conductibilité auriculaireconduction tawarienne conductibilité atrio-ventriculaireconduction cardiaque conductibilité cardiaque

conductibilité ventriculaireconductibilité de ré-entrée

Page 30: De nouveaux outils pour la néologie

sinusale, automaticité ventriculaire. Ici encore, des parallélismes n’ont pasété saisis de façon appropriée ( tableau 6) :Potentiel d’action : terme traité dans laBTQ ;Dépolarisation : terme traité dans laBTQ. Nous avons toutefois traité deshyponymes de ce terme:dépolarisation diastolique,dépolarisation diastolique lente,dépolarisation spontanée, dépolarisationventriculaire.Repolarisation: terme traité dans laBTQ. Des hyponymes de ce termeont été décrits : repolarisationcellulaire, repolarisation en phases,repolarisation prolongée, repolarisationventriculaire.Repolarisation initiale, repolarisationfinale, vitesse de repolarisation: termesnon relevés dans le corpus de départ.

Comme le montrent lesexemples ci-dessus, seule une partie

des concepts fait l’objet d’untraitement terminographique.Cependant, tous les concepts d’undomaine doivent être appréhendéspour décrire les termes adéquatement.En contexte de veille, le terminologuedoit lui-même combler les trous pourles concepts qui ne sont passpécifiquement pris en charge dans lecadre d’un projet.

Ainsi, on peut penser, lors de laplanification d’un projet de veilleterminologique, qu’une descriptionterminographique exigera moins detemps puisqu’elle ne porte que sur unnombre réduit de concepts. Toutefois,il n’en va pas tout à fait ainsi puisqueles liens entre tous les conceptsdoivent être saisis. De plus, lasystématicité, qui fait ordinairementla qualité d’une rechercheterminographique, est perduepartiellement dans ce type dedémarche.

3 Détail de la recherche

Nous allons maintenant nouspencher sur les étapes proprementdites de la recherche et sur certainesdifficultés ponctuelles. Les sectionsqui suivent présentent les étapesdécrites dans la troisième colonne dutableau 1. Précisons d’entrée de jeuque les différentes tâches sont décritessuccessivement dans le but de faciliterleur présentation. Dans les faits,cependant, les chevauchements et lesaller et retour sont fréquents.

3.1 Mise en forme du corpus

Les termes à traiter devaient êtreextraits de textes en formatélectronique (qui étaient soumis, parla suite, à un logiciel dedépouillemement, voir 3.2). Nousavons mis en forme un corpus detextes de pharmacologiecardiovasculaire qui comptait environ300 000 mots ( 5 ). Les textessélectionnés avaient été numérisés lorsd’un précédent projet de recherche,c’est-à-dire que les textes papier ontété convertis en format électronique.

Les textes du corpus devaientêtre rédigés en français, c’est-à-direnon traduits. Nous avons égalementpris soin de choisir des textes écritspar des auteurs différents pourconstituer un corpus représentatif. Àcette étape, nous n’avons pas misl’accent sur la variété des niveaux despécialisation des textes en tenantpour acquis qu’un échantillonsuffisamment élaboré permettrait deconstituer un corpus bien équilibré.Nous avons regroupé les textesaccessibles en format électronique.

29

Contributions

Tableau 5: Termes construits à partir de contraction et de contractilité

Termes construits à partir de Termes construits à partir decontraction contractilité

contraction auriculaire contraction cardiaque contractilité cardiaquecontraction myocardique contractilité myocardiquecontraction toniquecontraction vasculairecontraction ventriculaire contractilité ventriculaire

Tableau 6: Termes construits à partir de automatisme et de automaticité

Termes construits à partir de Termes construits à partir de automatisme automaticité

automatisme auriculaireautomatisme cardiaqueautomatisme ectopique automaticité ectopiqueautomatisme sinusal automaticité sinusale

automaticité ventriculaire

(5) Rappelons que nous avonstravaillé sur un autre sous-domaine de la médecine, à savoirla radiologie ; ces textes ont ététéléchargés à partir de sitesInternet.

Page 31: De nouveaux outils pour la néologie

Cependant, lors du traitement destermes, nous avons rencontré desdifficultés importantes qui découlentdes choix faits au départ. Il aurait étéprimordial, dès la première étape, desélectionner des textes qui respectentdes critères très précis.

En veille terminologique, lesdocuments qui forment le corpus dedépouillement devraient contenir laplupart des renseignements essentielsà la rédaction d’une fiche puisque, enprincipe, ces renseignements ne setrouvent nulle part ailleurs (dans lesouvrages de référence, par exemple).De plus, le succès des traitementsautomatiques repose en très grandepartie sur la qualité des textes formantle corpus de départ. Voici lesprincipaux critères auxquels lesdocuments devraient normalementrépondre :1. Une certaine uniformité desthèmes abordés dans un groupe dedocuments ;2. Une documentation «équilibrée» :c’est-à-dire suffisamment pointuepour contenir des renseignementssusceptibles d’éclairer les conceptsterminologiques appartenant à undomaine relativement restreint etsuffisamment accessible pourpermettre au terminologue d’en tirerdes définitions qui s’adressent à unvaste public ;3. Des documents comportant unnombre d’occurrences suffisammentélevé des termes faisant l’objet d’untraitement ;4. Un nombre élevé de textes deprovenances diverses, afin d’accéder àdes attestations des variantesterminologiques ( synonymes,abréviations, etc. ).

Ainsi, les documents intégrésdans un corpus de départ doiventfaire l’objet d’une sélectionrigoureuse. Cette observation restevalable peu importe le type derecherche terminologique entreprise –traditionnelle ou informatisée –, maisle problème est amplifié par le faitqu’en recherche informatisée on tente

de réunir des sources en formatélectronique qui ne répondent pasnécessairement à tous ces critères ( 6 ).De plus, de nombreux textesprésentant ces caractéristiques« idéales» (des manuels didactiques,des encyclopédies spécialisées) sontrarement en format électronique. Leterminologue peut numériser lestextes idéaux, mais la numérisationdevient rentable dans la mesure où leprojet en est un de grande envergure.

À notre avis, la constitution d’uncorpus électronique (dans uneoptique de recherche en contexte deveille ) devrait se dérouler de lamanière suivante :1. L’identification des objectifs de larecherche (domaine, langue, nombrede concepts à décrire, mode dedescription des concepts) ;2. Le repérage de documents de typesvariés portant sur le domaine choisi ;3. La vérification de l’accessibilité destextes repérés en format électronique(copie de textes accessibles,conversion, si nécessaire, de textesintéressants en format électronique).

3.2 Identification automatiquede termes

L’ensemble des textessélectionnés ont été soumis au logicielNomino pour en extraire le contenuterminologique ( 7 ). Nomino proposedes listes de mots simples et desyntagmes nominaux à partirdesquelles le terminologue sélectionneles unités qui feront l’objet d’untraitement terminographique.

Nous aborderons, dans lessections qui suivent, quelquesdifficultés soulevées par l’utilisationd’un logiciel de dépouillement. Nousdécrirons d’abord les imperfectionsdes listes proposées par le logiciel etleurs répercussions sur le travailterminographique (3.2.1). Nous nouspencherons par la suite sur deuxméthodes d’utilisation des listes(3.2.2).

Dans le cadre du projet, le tempsconsacré à l’interprétation des listesproposées par Nomino a été prolongéen raison du fait qu’il fallait nousassurer que les termes retenusn’avaient pas fait l’objet d’unedescription préalable dans la BTQ. Laconsultation de la banque a dû êtrefaite ponctuellement pour chacunedes unités potentiellementintéressante puisqu’aucune procédureautomatique n’allégeait cette tâche.

3.2.1 Listes proposées par le logiciel dedépouillement Nomino

Comme plusieurs autres logicielsde dépouillement, Nomino génère deslistes de mots et de syntagmesnominaux qui sont imparfaites dupoint de vue de l’utilisateur : dans lecas qui nous préoccupe, les listescomportaient un grand nombred’entrées qui n’ont pas fait l’objetd’un traitement terminographique. Letableau 7 présente les principauxproblèmes relevés dans les listes determes complexes ( 8 ).

30

Contributions

(6) On a par ailleurs souventtendance à exagérer l’intérêt quepeuvent présenter les ressourcestrouvées sur Internet. Il est vraique le Web offre une massedocumentaire colossale maisl’expérience à montré qu’il peut serévéler difficile d’isoler, d’une part,puis de réunir, d’autre part, unnombre suffisamment élevé dedocuments de qualité et rédigésdans une autre langue quel’anglais (ce fait s’observe dans uncertain nombre de domaines).

(7) Pour une présentationdétaillée du fonctionnement dulogiciel, voir Perron (1996).

(8) Nomino propose égalementdes listes de mots simples. Bienque ces listes proposent égalementdes unités terminologiques, laproportion de bruit est nettementplus élevée.

Page 32: De nouveaux outils pour la néologie

De plus, même si les listesproposées par le logiciel dedépouillement étaient parfaites, c’est-à-dire qu’elles ne comportaient quedes unités terminologiques valablescompte tenu d’un projet donné (cequi est loin d’être le cas), ellessoulèvent des difficultés du point devue de la démarche normalementadoptée par le terminologue. Cedernier doit désormais procéder àpartir d’une liste de formeslinguistiques et en extraire le contenuconceptuel pertinent pour rédiger unedéfinition et établir des liens entreconcepts apparentés. Ce contenuconceptuel est moins immédiatementperceptible à partir d’une liste de

syntagmes nominaux proposés par unlogiciel de dépouillement. (Nousverrons plus loin qu’une méthodepermet toutefois de simuler ladémarche conceptuelle. )

3.2.2 Utilisation des listes proposéespar le logiciel de dépouillementNomino

Le terminologue peut aborder leslistes de syntagmes nominaux de deuxmanières. La première méthodeconsiste à procéder à un balayagesystématique des entrées afin d’écartertoutes les unités ne devant pas fairel’objet d’une recherche plus pousséeet de conserver les entrées qui

semblent intéressantes. Leterminologue doit d’abord s’assurerque l’unité proposée est effectivementun terme (certaines entrées sontéliminées rapidement; d’autres, aucontraire, sont plus difficiles à traiter,car seule la lecture du contextepermet de prendre une décisionéclairée). De plus, si la recherche estréalisée dans un contexte de veilleterminologique, il doit s’assurer que leterme n’apparaît pas dans la BTQ.Nous avons testé cette technique surune partie d’une liste de syntagmesnominaux générée par Nomino : nousavons éliminé environ 90 % desentrées de cette manière. Ce travailest très mécanique et peu satisfaisant,puisqu’on doit consacrer beaucoup detemps à isoler environ 10% de termesdont l’intérêt n’est pas nécessairementassuré à cette étape.

La seconde méthode consiste àrepérer, dans les listes proposées par lelogiciel, des blocs de termespotentiellement intéressants sans tenircompte de l’ensemble des entréesdans les listes. Cette dernièreméthode est nettement plusintéressante pour des motifs quiressortiront clairement dans ce quisuit. Le terminologue travaille sur unesérie de termes apparentés sur le plande la forme ou du sens, ou setrouvant dans un mêmeenvironnement conceptuel ( 10 ). Il utilise, comme point de départ, unesérie de termes construits à partir dela même tête.

31

Contributions

Problèmes graphiques • sur la conduction, eeffet indésirable( fautes de typographie contenues dans le texte traités)

Syntagme nominal non conduction au niveau des synapses terminologique (syntagme des ganglions sympathiques, effetconstruit à partir d’un nom mais additionnel, effet bien connu ;qui n’est pas une unité hypotension avec des variations ;terminologique) insuffisance préexistante

Terme n’appartenant pas conduite automobile, année de l’enfantau domaine

Mot mal catégorisé (un mot dans contraction cardiaque cesse, le syntagme relevé est mal analysé : hypertension artérielle comporte ;verbe traité comme un nom, insuffisance doit ; résistance par exemple) vasculaire pulmonaire montre

Collocation plutôt qu’unité effet de la drogue, effet des terminologique (groupe de mots médicaments, traitement de la ayant des affinités et qui migraine, traitement de l’angine apparaissent fréquemment dans les de poitrinetextes, mais qui ne sont pas des termes complexes)

Mauvais découpage ( le terme hypertension à activité :apparaissant dans le texte est soit hypertension à activité rénine basse ;plus long, soit plus court que le médicament à action:terme proposé dans la liste) médicament à action alphabloquante

Tableau 7: Principales causes de bruit et exemples tirés des textes dépouillés ( 9 )

(9) Les éléments entraînant dubruit varient en fonction de lastratégie d’identification adoptéepar le logiciel et, parfois, de lalangue traitée. De plus, laproportion de bruit dépend del’application visée (pour de plusamples renseignements, voirLauriston (1994); L’Homme et al.(1996) et Otman (1991)).

(10) Cette méthode a étésuggérée dans Perron (1996).

Page 33: De nouveaux outils pour la néologie

Voici un exemple de la méthodeutilisée dans les textes que nous avonsdépouillés. Nous savons que lesmédicaments exercent un certainnombre d’«actions». Nous utilisonsles termes construits à partir d’actioncomme point de départ d’undépouillement. Nous avons reproduitdans le tableau 8 une partie de la listedes unités complexes proposées parAdepte-Nomino dont la tête est action :

Tableau 8: Liste partielle des termesdont la tête est action

Termes complexes

action adrénergique action adrénolytique action agoniste action alpha action alpha-adrénergique action alpha-adrénolytique action alpha-agoniste action alpha-agoniste adrénergique action alphabloquanteaction alphabloquante accessoire action alphabloquante non spécifiqueaction analgésique action analogue action anesthésique action anesthésique localeaction anorexigène action antagoniste

Un premier repérage permetd’effacer les unités complexes relevéespar Adepte-Nomino, mais qui ne sontpas des termes. Par exemple, actionanalogue a été écarté de la liste à lasuite d’une première lecture. Demême, action alpha a été exclu, carl’examen des contextes a permis deconstater qu’alpha était toujours placédevant un adjectif (alpha-adrénergique, alpha-adrénolytique,etc. ).

Ensuite, un recoupement avec lestermes de la BTQ permet d’éliminerles unités ayant déjà fait l’objet d’unedescription terminologique. Aucundes termes ci-dessus n’apparaissaitdans la BTQ, mais action coagulante

( listé un peu plus loin) a été repéréet, par conséquent, écarté de la liste.

Les éléments qui restent peuventen principe faire l’objet d’unerecherche. Le terminologue peut, parla suite, utiliser les contextes danslesquels ces termes apparaissent pourrepérer d’autres termes liés sur le planconceptuel. Les contextes affichéscontiendront en effet d’autres termesqui seront utilisés comme point dedépart pour une autre recherche. Parexemple, une recherche sur actionadrénergique donne accès au contextesuivant :

La plupart des bêta bloquants sontantagonistes des actions adrénergiques etau niveau des récepteurs bêta 1 et auniveau des bêta 2.

Ce contexte révèle la présenced’autres termes, à savoir bêtabloquant, récepteur bêta 1 et récepteurbêta 2. Le terminologue peuteffectuer des recherches sur ces termesqui serviront eux-mêmes de pistespour d’autres unités et ainsi de suitejusqu’à ce qu’il épuise le filon. Cetteméthode a permis de repérer, dans lestextes de pharmacologie, des termesassociés aux familles conceptuellessuivantes :– Noms de médicaments ou desubstances biochimiques (ex.:alcaloïde de l’ergot ; barorécepteuraortique ; céliprolol );– Propriétés ou mécanismes d’actiondes médicaments (ex.: absorptiondigestive ; action adrénolytique )– Maladies et symptômes (ex.: angorprimaire ; bradycardie réflexe ; déficitenzymatique ) ;– Propriétés ou mécanismes d’actiondes parties du corps (ex. automaticitéectopique, conductibilité atrio-ventriculaire, débit coronarien ) ;– Termes anatomiques (ex.: ganglionvégétatif ; innervationparasympathique ).

Ainsi, la démarche qui consiste àprocéder à partir de termes apparentésest moins contraignante et plussatisfaisante pour le terminologue.C’est également celle qui se rapproche

le plus des méthodes de travailtraditionnelles.

3.3 Extraction et analyse des contextes

Adepte comporte unconcordancier qui affiche, pour toutesles unités présentes dans les listes, lesphrases dans lesquelles ces unitésapparaissent. Les contextes peuventêtre sélectionnés ou simplementconsultés. Les contextes sélectionnéssont copiés, à la demande del’utilisateur, dans une fiche recevantl’ensemble des contextes choisis pourun terme.

À l’étape de l’analyse descontextes, nous nous sommes aperçuque les contextes extraits des corpusne comportaient pas l’ensemble deséléments essentiels à la rédaction dedéfinitions. Étant donné que lescorpus étaient constitués de textes trèsspécialisés, c’est-à-dire destinés à desspécialistes du domaine, il a fallupuiser des renseignementscomplémentaires dans d’autressources plus accessibles : par exemple,des manuels pédagogiques de formatpapier destinés à des étudiants enmédecine ou encore des sites Internetqui s’adressent à la population engénéral pour vulgariser certainesconnaissances scientifiques. Il auraitfallu choisir, et ce dès le début, destextes de type pédagogique ouinformatif grand public pour éviterun surplus de travail à cette étape.

Même si on ne peut pas toujoursen tirer des définitions proprementdites, les contextes contiennent denombreux éléments qui permettentde cerner les concepts décrits. Nousavons reproduit quelques exemples ci-dessous :

– Éléments définitoiresAbsorption intestinale : les graisses,

insolubles dans l’eau, sont transforméesen micelles composées d’acides gras, demonoglycérides et de sels biliaires.

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Contributions

Page 34: De nouveaux outils pour la néologie

(Notion de transformation liée àl’absorption intestinale)

Les bêtabloquants n’ont, aux dosesthérapeutiques, qu’une actionadrénolytique, qui déplace le tonusneurovégétatif en faveur duparasympatique, ralentissant le nœudsinusal et freinant la conductionauriculoventriculaire. (Effet de l’actionadrénolytique exercée par certainessubstances)

– Relations explicites avec desconcepts connexes

Certains neuroleptiques tels quel’halopéridol ou la chlorpromazine ontune action alphabloquante nonspécifique. D’autres neuroleptiques telsque le sulpiride, la thioropérazine, ou lepimozide possèdent une actionalphabloquante assez marquée àprédominance alpha 2 présynaptiquequi pourrait expliquer leur profil«désinhibiteur», probablement lié à lalibération accrue de catécholamines*(fig. 34 ). (Médicaments qui exercentune action alphabloquante).

Dissocier l’action de ces produits enune action antiarythmique et uneaction antifibrillante est plus ou moinslégitime, car les deux ne sont pas sansrelation. (Relation entre deux typesd’actions voisines).

Le mécanisme de l’actionhypotensive des hydrazinophtalazines estencore très mal connu. Certains auteursont supposé qu’elles inhibentdirectement les centres vasomoteurs.(Effets de l’action hypotensive).

Les contextes sont égalementutiles pour dénicher d’autres formesde renseignements :– Attester certaines relationssynonymiques établies dans les autressources consultées (par exemple, lasérie synonymique suivante : nœudatrioventriculaire, nœud auriculo-ventriculaire, nœud d’Aschoff-Tawara,nœud atrioventriculaire de Tawara,nœud d’Aschoff et Tawara peut êtreétablie à la suite d’une consultationcombinée du corpus et de ladocumentation complémentaire) ;

– Vérifier l’exactitude desrenseignements trouvés dans les autressources consultées (par exemple, detels renseignements pouvaient serévéler plus ou moins pertinents, êtretrop généraux ou porter sur unenotion médicale différente) ;– Fournir de l’information plustechnique qui pouvait faire l’objet denote (ex.: durée d’une action exercéepar un médicament, effetsindésirables provoqués par unesubstance, affections traitées par unmédicament, etc. ) ;– Donner le genre d’un terme,notamment d’un terme dénotant unmédicament ;– Fournir l’explicitation d’un sigle(ex.: MIBG est expliqué dans uncontexte entre parenthèses) :

Une scintigraphie à la MIBG(méthyl iodo benzo guanidine ) estréalisée en cas de suspicion deneuroblastome.

3.4 Recherche d’informationscomplémentaires

Comme les contextes extraits lorsdes premières étapes de la recherchese sont révélés insuffisants, il a fallunous tourner vers d’autres ressourcesdocumentaires. Les renseignementsrecueillis étaient versés au fur àmesure dans une fiche terminologique(gérée par Adepte ).

À cette étape, nous avons utilisédeux types de catégories de ressourcesdocumentaires, à savoir les ouvragesde référence, monographies, revues etencyclopédies ( sur supportinformatique ou papier) et les sitesInternet.

Les documents du premiergroupe (dictionnaires et ouvragesspécialisés ) ont aidé à produire uncertain nombre de définitions.Toutefois, la recherche dans certainsouvrages requiert beaucoup de temps.Mentionnons également que lesouvrages de référence (dictionnaires,banques de terminologie) ontrarement permis de retrouver les

termes recherchés tels quels (ce quenous pouvions anticiper, puisqu’ils’agissait de néonymes). Toutefois, ilsprésentaient le plus souvent desrenseignements d’ordre conceptuelsur des termes apparentés(hyperonymes, hyponymes ou co-hyponymes).

L’Internet s’est révéléparticulièrement utile parce qu’ilpermet d’atteindre l’informationspécialisée rapidement. Il héberge ungrand nombre de sites qu’on pourraitqualifier de «généralistes» comme descompilations de revues médicales, deslistes de résumés scientifiques, etc.(voir Michel 1998 pour uneprésentation d’un certain nombre desites médicaux).

Lorsque les recherches dans lespremiers sites se révélaientinfructueuses, nous tentions delocaliser d’autres sites moinslargement connus au moyen desmoteurs de recherche (ex.: Altavista,Copernic, Yahoo, etc. ). Lesmécanismes de recherche, bien queparfois rudimentaires ( la recherche sefait par simple correspondance entrechaînes de caractères), permettentd’isoler des documents web à partird’un terme simple ou complexe.Signalons que les requêtes sur lestermes complexes ont livré lesrésultats les plus intéressants. Parailleurs, nos efforts ont été facilitéspar le fait que la recherche portait surdes termes médicaux construits àpartir de racines grecques et latines.L’ambiguïté souvent générée par lesrecherches simples sur des chaînes decaractères a été réduiteconsidérablement pour cette raison.

Lorsque les recherches de termescomplexes se révélaient vaines, nousreprenions une nouvelle recherche àpartir d’une composante d’un terme,notamment à partir de sa tête. Nousrepérions fréquemment au moyen decette méthode des contextes ou desinformations sur l’hyperonyme.Fréquemment, ces contextesprésentaient des informations sur lemodificateur – même s’il n’était pas

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Contributions

Page 35: De nouveaux outils pour la néologie

mentionné explicitement – qui nousaidaient ainsi à saisir le concept danssa totalité. Toute informationpouvant aider potentiellement ladescription d’un concept était retenueet stockée.

Comme dans bien d’autresdomaines, les sites Internet anglaissont nettement plus nombreux etriches en renseignements. Nous avonsrepéré ces sites de langue anglaise àpartir de l’équivalent anglais d’unterme donné lorsque nous l’avionsdéniché dans un répertoire (pour leséquivalents non relevés tels quels,nous procédions à partir descomposantes d’un terme complexe).D’autres termes se sont révélés plusdifficiles à traiter de cette manière,soit parce que nous n’avions pasrelevé d’indices sur leur traduction,soit parce que l’équivalent anglaisrepéré avait d’autres acceptions nonmédicales. Dans les faits, ce sont lessites anglais qui nous ont permis derédiger la plupart des définitions.

La recherche d’informationcomplémentaire a été beaucoup plusardue qu’on ne l’aurait pensé audépart. Cette étape a souffert desimperfections liées à la constitutiondu corpus.

3.5 Rédaction des fiches

Les fiches ont été saisies dans unlogiciel d’édition de fichesterminologiques, Sami-BTQ ( 11 ), àpartir des renseignements extraits desautres sources documentairesreproduites dans Adepte-Nomino.Sami-BTQ permet de conserver desversions provisoires et de les modifiertant que les versions définitives nesont pas prêtes. De plus, sesmécanismes de recherche permettentd’atteindre des termes apparentés et laBTQ peut être consultée parl’utilisateur à tout moment.

Nous avons, dans certains cas,copié les informations utiles à partird’Adepte et nous les avons collées dansSami ( les entrées françaises etanglaises). Quant aux définitions etaux notes, elles étaient rédigéesdirectement dans Sami.

Sami peut importer directementdes fiches produites dans Adepte, cequi évite d’avoir à reproduire lesrubriques ou à les coller dans leschamps prévus à cette fin. Nousn’avons pas eu recours à cette stratégiepuisque nos entrées Adeptecomportaient de nombreuxrenseignements dont la saisie s’est

faite sans véritable gestion del’information dans les champs. Enoutre, nous trouvions plus utile deconserver tous les renseignementsretenus que d’éditer les fiches dedépouillement afin de les rendrecompatibles avec la structure desfiches Sami-BTQ. Certainsrenseignements apparaissant dans lafiche de dépouillement qui décrivaitun premier terme ont servi à traiterd’autres termes liés sur le planconceptuel. La figure 3 présentequelques fiches rédigées au terme dela recherche.

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Contributions

(11) Pour une présentationdétaillée des fonctions du logiciel,voir Pelletier 1996.

Figure 5 : Fiches de terminologie

1. Conduction cardiaqueFICHIER TRAVAIL005 q010274025 V7818030 PUMS035 UM040 9812060 médecine| 105 cardiac conduction110 E; a205 conduction cardiaque210 P5; n f ; F ; b215 Propagation d’une impulsion nerveuse qui prend naissance dans le nœudauriculo-ventriculaire et qui se propage dans les artères entraînant la contraction de ces dernières. |c| 295 SOURCE ANNÉE VOLUME NUMÉRO MOIS PAGE MENTIONa 605268 1998 12 b 603134 1998 12 c 603135 1998 12

2. Dépolarisation diastoliqueFICHIER TRAVAIL005 q011024025 V7818030 PUMS035 UM040 9809060 médecine| 105 diastolic depolarization110 E; a130 1- phase-four depolarization |E; a|205 dépolarisation diastolique210 P5; n f ; F ; a215 Diminution de la polarisation de la diastole, c’est-à-dire du mouvement dedilatation du cœur et des artères, qui alterne avec le mouvement de contraction(systole). |b| 295 SOURCE ANNÉE VOLUME NUMÉRO MOIS PAGE MENTIONa 603134 1998 10b 603135 1998 10

Page 36: De nouveaux outils pour la néologie

4 Suggestionsd’améliorations à laméthode de travail

En guise de conclusion, nousrappellerons les principales étapesabordées dans le présent article enmettant l’accent sur les lacunes quenous avons observées. Nous suggéronségalement des éléments quipermettraient d’améliorer la méthodede travail.

Premièrement, au cours desdifférentes étapes de la recherche,nous nous sommes rendu compte queles textes sélectionnés n’étaient pasparfaitement adaptés à la descriptionde 400 termes complexes du domainemédical. Nous avons donc passébeaucoup de temps à rechercher del’information complémentaire pourmobiliser les renseignementsnécessaires à la préparation des fichesterminologiques.

La recherche aurait gagné enefficacité si les objectifs avaient étébien définis au préalable et si lecorpus avait été constitué de façon àles atteindre. Un corpus équilibrépeut se révéler difficile à constituerdès le départ, mais ces effortspermettraient d’accroître laproductivité, notamment en réduisantle temps consacré à la recherchecomplémentaire.

Deuxièmement, ledépouillement des textes a reposé surun traitement automatique (par lelogiciel Nomino ) et nous avonsaccordé la priorité aux termescomplexes. Toutefois, comme nousl’avons vu, l’acquisition deconnaissances nécessaires à ladescription d’un terme complexepasse d’abord et fréquemment, parl’acquisition de connaissances sur unautre terme. Or, comme tous lestermes du domaine ne faisaient pasnécessairement l’objet d’untraitement, notre recherche perdait ensystématicité. Le travail véritablementterminologique est par excellence

systématique: un domaine de laconnaissance humaine ne peut êtreappréhendé adéquatement que defaçon systématique.

Nous croyons dès lors que ladécision de réaliser ou non unedescription systématique doit êtreprise lors de la planification du travailet cela est directement lié au profil del’usager qui aura accès à cetteterminologie. Ce dernier doitdéterminer l’orientation que doitadopter une rechercheterminographique. Le terminologuecanalise et décrit les concepts d’undomaine et, de ce fait, procède à sadélimitation.

Enfin, le projet a permis derelativiser la croyance pourtant bienrépandue voulant que l’utilisationd’outils informatiques accroisseconsidérablement la productivité. Ilest vrai que certains traitementsautomatiques allègent nettement destâches fastidieuses. Toutefois, ilsmodulent de façon sensible desméthodes de travail implantées depuislongtemps. La chaîne de travailterminographique, par exemple,devient plus séquentielle et leterminologue doit s’adapter à cesnouvelles stratégies. Le gain deproductivité se fait sentir pour desprojets de grande envergure et nonpour de petits projets.

Marie-Claude L’Homme,Claudine Bodson,Renata Stela Valente,Département de linguistique et de traduction,Université de Montréal.

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35

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Page 37: De nouveaux outils pour la néologie

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Contributions

Page 38: De nouveaux outils pour la néologie

37

Néologie traductiveContributions

Pour accélérer la mise àdisposition des néologismes aux

traducteurs et rédacteurs, le Réseauinternational de néologie et de

terminologie a mis sur pied uneaction de veille néologique visant à

consigner, puis à diffuser plusrapidement les termes nouveaux par

le biais d’un réseau francophoned’échange de néologismes sur

Internet, Balnéo (Boîte Aux Lettres –NÉOlogie).

Menée en Communautéfrançaise de Belgique, une recherche

sur la néologie traductive s’intègredans ce projet du Rint. Le présent

article en fait la description.

Termes-clés : néologie, traduction,

veille terminologique.

1 Introduction

e décalage entrel’apparition destermes et leurconsignation dans lesdictionnairesconstitue un

problème pour les traducteurs,rédacteurs et spécialistes des domainestechniques, scientifiques et sociaux.Cette partie du vocabulaire spécialiséet de la langue commune faitrégulièrement défaut dans lesdictionnaires sur papier, maiségalement dans les dictionnaires etbanques de données terminologiquessur support électronique (disquettes,disque optique compact et en ligne),même si ces derniers peuvent être misà jour plus facilement et plusrapidement.

Pour accélérer la mise àdisposition des néologismes auxtraducteurs et rédacteurs, le Réseauinternational de néologie et determinologie a mis sur pied uneaction de veille néologique visant àconsigner, puis à diffuser plusrapidement les termes nouveaux parle biais d’un réseau francophoned’échange de néologismes surInternet, Balnéo (boîte aux lettres –néologie).

Menée en Communautéfrançaise de Belgique, une recherchesur la néologie traductive s’intègredans ce projet du Rint. Elle vise lacréation d’un réseau de traducteursfrancophones belges qui s’engagent àsignaler les néologismes qu’ils créenteux-mêmes ou qu’ils ont rencontrésau cours de leur travail. Ces

néologismes sont soumis à l’étudepuis diffusés.

2 La néologie traductive

Dans les différents domaines dela vie sociale, les usagers créent destermes au fur et à mesure de leursbesoins. Le lexique s’enrichit ainsicontinuellement, notamment pourdénommer ou désigner de nouvellesréalités.

2.1 Néologie primaire et néologie traductive

On peut distinguer deux typesde néologie: celle où la formationd’un nouveau terme, dans une langueprécise, accompagne la formationd’un nouveau concept et celle où leterme existe déjà dans une langue etoù un nouveau terme est créé dansune autre langue. La situation typiquedans laquelle se déroule le premierprocessus est la situation de travail ( le laboratoire de recherche, lafabrication de nouveaux produits,etc. ). Le contexte classique de ladeuxième forme de néologie est latraduction. Appelons «néologieprimaire» la première forme et laseconde, «néologie traductive». Eneffet, la néologie traductive peut êtrele fait, sporadique ou plus ou moinssystématique, d’instances chargées determinologie. Ces instances proposentsouvent des équivalents pour destermes qui circulent déjà dans lalangue d’arrivée sous formed’emprunts, de calques ou de termesjugés mal formés.

L

Page 39: De nouveaux outils pour la néologie

Cependant, l’environnement leplus ancien et le plus naturel denéologie traductive, c’est-à-dire laformation et l’introduction denouveaux termes qui ont déjà unprécédent linguistique, est latraduction. C’est que les traducteurssont les premiers à être confrontés auxnouveaux termes en LS ( langue-source) et aux nouveaux concepts,pour lesquels leur métier les contraintà proposer un équivalent dans la LC(langue-cible).

Nous appelons donc néologie lacréation d’un nouveau terme par untraducteur et, pour la facilité de notrepropos, néologisme un nouveau terme,proposé dans une traduction, tout ensachant que le débat autour duconcept de néologie/néonymie est,aujourd’hui encore, plus ouvert quejamais. Il y a un contraste importantentre la constatation de J. Rey-Debove en 1971 («un néologisme estun mot récemment utilisé dans leséchanges et absent des corpusmétalinguistiques») et l’analyse trèsfine de F. Cusin-Berche en 1998 ( laperception du néologisme est aussiliée au sentiment linguistique dulocuteur, à qui un mot «semble»nouveau, au degré de diffusion duterme dans la communautélinguistique et au fait que lenéologisme peut se fonder sur latraduction d’idées non originales,mais exprimées de façon inédite, pourexprimer une certaine vison dumonde).

2.2 Les traducteurs-néographes

Quoiqu’un traducteur isolé necrée pas quotidiennement desnéologismes et ne s’occupe que d’unepartie de la néologie, à savoir lanéologie terminologique oudénominative, l’ensemble du mondede la traduction déploie une activiténéographique variée et multiple,surtout dans les domaines où lanéologie primaire est elle-même

foisonnante. Les traducteurs ont, eneffet à produire dans la langued’arrivée, un texte ayant les mêmesfonctionnalités que le texte dans lalangue de départ. La valeur liée aunéologisme, souvent signalée dans lemicrocontexte de la langue de départ,c’est-à-dire dans l’ensemble desinformations véhiculées par la phraseou le paragraphe, nécessite souventun néologisme parallèle dans lalangue d’arrivée. Une périphrase feraitdisparaître la fonctionnalité dunéologisme (Wijnands 1989: 2), onl’évitera donc dans la mesure dupossible.

2.3 La traduction, lieustratégique pour la néologie

Les néologismes créés par lestraducteurs apparaissentimmédiatement dans un contexte réelde communication, à savoirl’environnement qui favorise unepropagation naturelle des nouveauxtermes. L’audience du traducteur estcelle du commanditaire de latraduction, qui peut être importante.Les néologismes proposés par lestraducteurs circulent immédiatementdans des écrits, support qui semble,pour les termes techniques etscientifiques, la voie de pénétrationprincipale des néologismes, une voiequi a le plus grand potentield’acceptabilité dans une communautélinguistique et qui assure doncd’emblée une légitimation, unevalorisation et une consécration dunouveau terme.

Souvent pressé par le temps, letraducteur ne peut pas consacrerbeaucoup d’énergie à la recherche dunéologisme correct. Aussi, plussouvent qu’il ne le souhaiterait, ilrecourt à des emprunts ou à despériphrases (Hermans 1991: 3). Les traducteurs ont néanmoinsconscience de leur rôle de néographes.Selon une enquête menée enBelgique, au Canada, en Suisse et au

Luxembourg (Benhamida 1993),76% des traducteurs estiment qu’ilsont un rôle à jouer dans les processusde diffusion des néologismes bienformés.

2.4 Les principes de la néologietraductive

a) Un premier principe detraduction applicable à laterminologie peut être formulé ainsi:on ne traduit pas d’une langue dansune autre. Le traducteur ne cherchepas systématiquement des équivalentspour tous les termes du texte àtraduire ( il ne traduit jamais mot àmot). Il crée des termes s’ils sontutiles pour la transmission correcte dumessage. La néologie traductive obéiten premier lieu aux principesrégissant la traduction elle-même. Lapremière obligation du traducteurn’est pas l’équivalence des termes,mais celle du message.

Le néologisme passe donc par leprisme du système notionnel avant depasser par le prisme du système de lalangue. Dans le cas de la traductionpar équivalence des termes, qui joueun rôle plus important dans latraduction spécialisée que dans latraduction de textes littéraires, letraducteur ne cherche pas d’emblée àtraduire le terme. Il identifie la notionexprimée par le terme du texte dedépart et réexprime ensuite la notiondans le texte traduit. La question qu’ilse posera est donc celle-ci: quel est leterme dans la langue-cible dont lesens correspond exactement à lanotion exprimée par le terme dans lalangue-source? L’adéquation, c’est-à-dire la qualité qu’a un terme de bienconvenir à la notion qu’il exprime,dans le contexte précis du texte àtraduire, est donc l’exigenceprincipale.

Le traducteur sait en effet qu’uneréalité peut souvent être considérée etdénommée selon plusieurs facettes oupoints de vue (Bedard 1986). Cette

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Contributions

Page 40: De nouveaux outils pour la néologie

connaissance lui permettra de créer debons équivalents, des termes quidonnent une image aussi nette quepossible du référent. La connaissancede l’univers notionnel du domaine,grâce à laquelle le traducteurappartient à la même communauté depensée que l’auteur et le lecteur, luipermettra de reconnaître plusfacilement la fonction du néologismedans la LS.

b) Un deuxième principe,d’ordre terminologique cette fois, estle respect des traditions présidant à lacréation des termes dans la spécialitéconsidérée. Chaque discipline nepossède pas seulement son systèmenotionnel, mais également sesmatrices terminogéniques, qui luifont choisir de préférence certaineslois de construction des termes. Unnouveau terme n’est pas un objet isolémais un élément d’un système, plusou moins structuré. Le traducteurprofessionnel expérimenté sait qu’enterminologie, il y a peu d’équivalentsétablis. Les équivalents présentés dansles dictionnaires ne sont souvent quedes possibilités, auxquelles letraducteur est libre ou non de donner«vie». L’innovation est en effetcontenue potentiellement dans lalangue, ce sont des déterminationssociales qui provoquent sonémergence à un moment donné.Cependant, le traducteur est parfoisobligé de donner vie à un équivalentprécis, notamment dans des contextesjuridiques et officiels (normes,législations nationales ouinternationales). Les traductionslexicales d’une discipline ou d’unetechnique incluent ce que Kocourek(1992) appelle un «entrain

onomasiologique» variable, c’est-à-dire une propension plus ou moinsmarquée des spécialistes à dénommertoutes les réalités abordées.

c) Le troisième principe, enfin,relève du respect de la cohérence de lalangue-cible. Dans ses créations determes, le traducteur seraconservateur et suivra les voies tracéespar la langue. Les termes sont souventmotivés. Les néologismes doiventégalement offrir la possibilitéd’engendrer des dérivés dans leurcatégorie lexicale ou dans d’autrescatégories lexicales.

3 Caractéristiques desnéologismes de traduction

Quels caractères distinguent lesnéologismes primaires desnéologismes créés par les traducteurs?Les hypothèses avancées ci-dessoussont basées sur le corpus des quelque60 néologismes récoltés en 1995 parle Centre de Terminologie deBruxelles dans les milieux de latraduction francophone belge.

3.1 Prédominance de laformation syntagmatique

Une première observation est laprédominance des syntagmes, dansnotre corpus de néologismes detraduction et ce, quelle que soit lalangue du terme-source. Nousémettons l’hypothèse que ce grandnombre est lié au processus même dela néologie traductive. En effet, si l’oncompare les néologismes non

traductifs avec le reste du corpus, onconstate que le pourcentage desyntagmes est plus élevé dans laseconde catégorie. Comparez lestermes coûtenance, déclaré, fleurage,gammiste avec les néologismestraductifs gestion intégrée des déchets,industrie de la récupération, recyclageénergétique. Les premiers sontpourtant esthétiques ( sonorité,connotations) «clairs», même siparadoxalement ils sont parfoiscryptiques, sans être motivés àl’extrême.

a) D’une part, l’importance de laformation syntagmatique se manifestepar la comparaison du terme de lalangue-source et de son équivalentfrançais. Contrairement au français,l’anglais n’éprouve pas le besoin depréciser, dans les séquencesdéterminant+déterminé, les rapportslogiques qui unissent ces deuxéléments. Pour être plus explicite, lefrançais utilisera par contre desprépositions, conjonctions ousubordonnées relatives. Exemples : holding pipette k pipette de maintien

pipette de contentionpipette d’aspiration

(N+N)public-key k encryptage à clé encryption publique(Adj. + N + N) (N+prép.+N+Adj.)

Les syntagmes françaisraccourcissent néanmoins, grâce à lasuppression d’éléments de liaison.Exemples : bulles trois trous, bulle deux trous.

Cette ellipse est attribuable àl’influence de l’anglais. L’ellipse durégissant, également utilisée dans leslangues germaniques, se retrouve aussien français, mais elle est plus rare.Exemples : (bulle à ) deux trous(objets ) encombrants ménagers(déchets ) inertes

b) D’autre part, laprépondérance de la formationsyntagmatique dans la néologietraductive s’observe également par la

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Contributions

L1TermeNotion

NotionL2

TermeNotion

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comparaison avec les néologismes nontraductifs, par exemple ceux dubâtiment.

Certains de ces néologismes nontraductifs sont, il est vrai, desdénominations de spécialisations,dues à la profusion des méthodes, desmatériaux, des techniques ainsi qu’àl’approfondissement desconnaissances. Cette néologie reflèteune évolution du métier, qui s’illustreparallèlement de deux façons. D’unepart, on assiste à une redéfinition destâches: une nouvelle spécialité estcréée, qui, tout en regroupant desspécialités plus classiques, seconcentre sur un objet spécifique(exemple: la salle de bain pour lebainiste, qui s’occupera autant de laplomberie que des revêtements, desboiseries éventuelles, de l’électricité,de la décoration, etc. ). D’autre part,les spécialisations portent soit sur lematériau ( le métallier ), soit du lieu( le vérandaliste ), soit de l’objet ( ledallagiste ). Les dérivés foisonnentpour ces dénominations despécialisations, avec une préférenceévidente pour le suffixe de spécialité -iste. Il va de soi qu’une néologie quireflète une telle évolution ne peut pasêtre rendue adéquatement par dessyntagmes. C’est, au contraire, lanouvelle dénomination qui créé ourenforce la création des nouveauxmétiers.

Il n’en reste pas moins quebeaucoup de néologismes secondairesplurilexicaux qui créent et exprimentà la fois de nouvelles réalitéss’expliquent sans doute par le blocageau niveau même de la notion qu’ilsdénotent: un syntagme tient souventplus de la définition et de lapériphrase que de la dénomination.

En outre, la formationsyntagmatique, quand elle se base surun mot-clé auquel on ajoute uneépithète, contribue de facto à laformation d’un schéma notionnel(générique k spécifique). L’exemplele plus frappant en est les « familles»de termes créés à partir des termes

suivants : bulle : distinction selon l’apparence etl’utilisation (deux trous, trois trous )collecte : distinction selon l’objet(mono- ou multimatières ), le mode( fatale, mobile ) et la forme (parbulles, par parc à conteneurs )déchets: distinction notamment parl’origine (verts, animaux,bureautiques )recyclage : distinction au niveau dutemps (pre- ou postconsumer ) de lamatière et/ou du résultat (recyclageénergétique ).

3.2 L’attrait du signifiant

Une deuxième caractéristique dela néologie traductive est l’attraitqu’exerce le signifiant de la langue-source. Elle revêt plusieurs formes etse rapproche du phénomène ducalque.

a) Lorsque le signifiant recouvreune des caractéristiques de la notionou du référent, par exemple sa forme( skinpack ), le traducteur a souventtendance à considérer le même traitpour créer un néologisme dans lalangue-cible (par exemple,pelliculage ). Ce faisant, il ne respectepas le premier principe de la néologietraductive. Rappelons que ce principeconsiste à considérer la notion aupoint d’oublier le signifiant enlangue-source et à profiter du faitqu’une notion ou un référent peutêtre considéré et donc dénomméselon plusieurs facettes ou points devue ( forme, fonction, utilité,utilisation, etc. ) (Bedard 1986). Voici un néologisme émanant d’unecommission ministérielle determinologie respectant ce principe detraduction. Il ne s’est pas lexicalisé : Anglais Notion Françaisnotebook k ordinateur k ordinateur computer portatif plumier

b) Voici un autre signe del’attraction exercée par la langued’emprunt. L’ordre des mots au seindes syntagmes nominaux complexes

français respecte généralement lesrègles d’agencement des mots enfrançais et non celles de la langueanglaise d’origine. Exemples : high-band width cable connectionk connexion par câble à large bandeintegrated-services digital networkk Réseau numérique à intégration

de servicesobject-oriented programme/databasek Programmation/banque orientée

objetCe n’est cependant pas toujours

le cas, notamment pour les syntagmescourts : compact disk k compact disque

Deux modes d’attraction del’anglais peuvent expliquer cephénomène d’inversion déterminant-déterminé: dans les domaines commel’informatique, l’attraction du modèlesyntaxique, dont les linguistespensaient pourtant qu’elle n’existaitpas, ou alors les fausses motivations(en l’occurrence, le public traduitlittéralement l’abréviation CD, qu’ilconnaît bien parce qu’elle figure surtous les disques compacts qu’ilachète).

c) Voici une troisièmeillustration de l’attrait de la langueoriginelle. En se transportant del’anglais en français, un signifiantpeut acquérir le statut de terme parceque le traducteur a cru le constater enanglais. Exemples de ces hapax, qui sesont lexicalisés en français, pas enanglais: general-purpose computerk ordinateur non dédiéorganizational structurek structure organisationnelle

Pour une part, ce phénomènes’explique peut-être par cette pratiquede l’antéposition en chaîne dedéterminants de l’anglais. Cettepratique donne une allure desubstantifs plurilexématiques, donc determes, à des expressions qui setraduiraient en fait plus élégammentpar une subordonnée ou autrepériphrase, en français. En ce sens, on

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Contributions

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peut émettre l’hypothèse selonlaquelle l’attrait du signifiant entraînedans certains cas uneterminologisation presque forcée dufrançais...

3.3 De nouveaux formantsinternationaux

Un grand nombre de termes sontcomposés sur base d’écologique, quidevient par abrégement éco( - ). Cetteforme abrégée est devenue un élémentde composition à part entière dans ledomaine de l’environnement. Cepréfixe joue un rôle comparable àcelui qui provient du grec et du latin.De fait, cette particule a effectivementune origine grecque (oikos ), mais elles’est sémantiquement transformée,plus particulièrement ces 25 dernièresannées. Elle se rattache désormais auconcept de l’environnement engénéral, et non plus de la maison,comme l’aurait exigé un point de vuestrictement étymologique. Au sujetd’éco( - ) encore, on note unflottement quant à sa graphie et à soninsertion dans les composés. On l’ytrouve avec et sans trait d’union.

Dans la protection del’environnement, un autre élémentfertile pour la création lexicale estl’adjectif vert (écosac vert, verdir ). Ilest relativement peu fréquent dans lestermes qu’il nous a été donné derécolter, mais bien présent dans levocabulaire de l’environnement, et ce,dans une série de langues, notammentl’allemand et l’anglais. Eco- et vertsont par ailleurs devenus synonymes,désignant tous deux la notion«respectueux de l’environnement»:police verte, PC vert, comptabilitéverte...

3.4 Toujours des emprunts, descalques et peu de néonymes

Nous avons rencontrérelativement peu d’emprunts ou decalques parmi les termes qui nous ontété soumis. De toute évidence, lesdomaines qui restent les plus soumisà cette pratique sont ceux del’informatique et de la médecine.Exemples : workflow, drawer k tiroir

Nous n’avons rencontré aucunexemple de création ex nihilo. Ceprocédé de création lexicale n’est pasfréquent dans la pratique dutraducteur, et ne lui est d’ailleurs pasrecommandé. Ce type de procédé estpresque exclusivement réservé à lapublicité (pour les dénominationscommerciales, notamment). Il ressortd’ailleurs de plusieurs recherchesmenées dans le domaine que ce typede terme s’enracine très difficilementdans l’usage, car le locuteur le perçoitcomme un «corps étranger» dans salangue.

3.5 Des confixes hybrides

Dans les confixes, on remarqueun nombre important de formationshybrides ( latin-grec, classique-moderne) parmi les termes qui nousont été soumis. L’usage ne sembledonc pas éprouver de réticences vis-à-vis de ce procédé, pourtant critiqué etdéconseillé par l’ensemble deslinguistes et philologues. Exemples: écophile formant moderne

éco( logie ) + formantgrec philo

polynormé formant grec poly +formant moderne normé

domologie formant latin domus(maison ) + formant greclogos (discours )

La recherche d’équivalents pourdes acronymes anglais mène letraducteur à créer des termes dont onne connaît ni le statut ni lespossibilités de diffusion.

On propose par exemplemégadivertissement pourmegatainment, et alicaments commeéquivalents de medifood. Quant àUFO-ologist, il est traduit parovniologue.

3.6 Création lexicale liée à Internet

Les activités et termes variésproposés sur Internet ont suscité uneexplosion de termes ou motsnouveaux, même s’ils ne sont pas tousspécialisés. En voici quelquesexemples, qui constituent un défi à lacréativité du traducteur, mais qu’ildoit impérativement transposer d’unemanière ou d’une autre. Les termescréés sont peu stables, tant pour lefond que la forme (graphiesmultiples) et ils semblent hésiter entrela forme syntagmatique N+Adj (ex.banque virtuelle pour web banking) etle composé ou confixe «cyber- + N»:Angl. Cyberspace

k Fr. cyberespaceCyberocracy

k ybérocratieAll. Cyber-Zeugin

k cybertémoinCyber-Anwalt

k cyberavocatCyberpolizei

k cyberpoliceVs. Cyber-Küken

k poussin cybernétiqueCyber-Haustier

k animal domestique virtuelAngl. cyber-car

k voiture virtuelleNl. Cyberparadijs

k paradis virtuelOn le voit, il importe de

mobiliser les facultés créatrices de lalangue française et de ses locuteurs etde permettre aux francophones lecomportement ludique dont fontpreuve les anglophones dans leurusage quotidien de la langue. Cesmots ou termes se stabiliseront oudisparaîtront, c’est l’usage qui

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Contributions

Page 43: De nouveaux outils pour la néologie

tranchera. De nombreux néologismesliés à Internet semblent ressortirexclusivement au domaine de l’écrit(média ou publications pourinternautes).

Il ne suffit donc pas autraducteur, pour créer de bonsnéologismes, de respecter les principesde la néologie traductive rappelés plushaut, ni de connaître et d’appliquerles procédés classiques de formationlexicale en français. D’autresressources, que mentionne Cl. Bédard(1986), sont d’excellents moteurs decréation: 1. L’emprunt à des domainestechniques analogues ;2. L’extension de sens ;3. L’omission de constituants lorsquele syntagme d’origine est déjà trèslong.

Le traducteur dispose d’une assezgrande liberté de choix, pour lesmoyens linguistiques réexprimant enLC, avec les mêmes fonctionnalités(Delisle 1993), le sens d’un texte enLS.

4 Conclusions

L’étude des néologismes recensésnous a permis de dégager deuxcaractéristiques majeures, et à notreavis mal connues, du processus mêmede la néologie traductive : à savoir laprédominance de la formationsyntagmatique et l’attrait du signifiantde la langue-source. Pour créer debons néologismes, le traducteur doitdès lors, plus systématiquement etplus consciemment, se dégager de lamanière dont la notion est exprimée(ou le référent est dénommé) dans lalangue-source. Il lui faut considérertous les aspects et toutes lesdimensions de la notion ou duréférent. Il pourra ainsi utiliserl’aspect ou la dimension qui convientle mieux au discours, aux habitudeslangagières et terminologiques de lalangue-cible.

Cette méthode lui permettrad’avoir moins recours aux calques,mais souvent également de trouver demeilleures solutions qu’un syntagmedéfinitoire. Il contribuerait ainsimieux à l’enrichissement de la langueen créant des termes plus courts, plusesthétiques et réellement nouveaux.

La néologie traductive est undomaine inexploré. Les résultatsd’études à son propos intéresseraientaussi bien la traductologie que lanéologie en langue française. C’estque la langue française et sans doutetoutes les langues du monde sont ensituation de traduction, presquesystématique, par rapport à l’anglais.Outre un cours de terminologie, nefaudrait-il pas dès lors ajouter auprogramme des spécialistes eux-mêmes, ou au moins à celui de leursformateurs, un cours detraductologie?

Adrien Hermanset Andrée Vansteelandt,Centre de terminologie de Bruxelles,Institut Marie Haps,Bruxelles.

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Remerciements

La recherche a été encouragéepar une subvention accordée par leService de la langue française duMinistère de la culture et des affairessociales de la Communauté françaisede Belgique.

La recherche dont le présentarticle donne quelques résultats a étéréalisée par Adrien Hermans,Élisabeth Lequeue et AndréeVansteelandt, avec la collaboration deHélène Bertrand, de Thierry Lepageet de Pablo Sanz Moreno.

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Contributions

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Contributions

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Pour présenter le nouveauService de néologie et terminologie de

l’Inalf, on résume les principalesmissions de ce service dont une tâche

importante est l’assistance auxcommissions spécialisées de

terminologie et de néologie dans lecadre du dispositif d’enrichissementde la langue française. On proposeune typologie de ses activités et on

discute certains élémentsméthodologiques mis en œuvre ou

observés en terminologie ponctuelle.

Termes-clés :terminologie ponctuelle ;

veille néologique; description del’usage ; étiquetage par domaines ;

variation; recommandationsofficielles.

l nous a longtemps sembléprématuré d’intervenir dansun numéro de revueconsacré aux «nouveauxoutils pour la néologie». Eneffet, le SNT (Service de

néologie et terminologie) créé il y aquelques mois seulement ( 1 ), est tropjeune pour prétendre donneraujourd’hui des renseignementsgénéraux sur ou pour la néologie.C’est pourtant bien dans ce secteurqu’il œuvre, ayant repris, pourcertaines de ses missions, une partiedes activités du CTN. L’équipe, trèsrestreinte, de permanents participantpartiellement à ces travaux, a déjà,outre une longue expérience de lalexicographie, celle de la lexicographiede spécialité ( 2 ). Elle a participé à laconstitution et à l’expérimentation deplusieurs bases de données lexicales,dictionnairiques ou textuelles, dansles domaines de spécialité ( 3 ), ettraque de longue date les néologismesdans les textes ( 4 ).

Après avoir décrit (en 1) lesmissions qui reviennent au SNT5dans le cadre des travaux pour lescommissions spécialisées determinologie, il est nécessaire d’établirun relevé des requêtes qu’ellesentraînent (en 2), qui sera suivi (en3) de l’exposé des moyens et de laméthodologie adoptés puis del’évocation de quelques constats etperspectives (en 4).

Néologie et terminologie : activités et réflexions

I (1) À l’issue de deux réunionsdéterminantes à la Délégationgénérale à la langue française(DGLF) en septembre 1998,ayant eu pour but de re-dirigerune partie des missions du CTN(sous la responsabilité de JohnHumbley) vers le SNT (sousnotre responsabilité). Cela a pu sefaire grâce à une convention avecla DGLF (voir le Rapport annuelde la Commission générale determinologie et de néologie, DGLF,1998, p. 24).

(2) Il s’agit de PierretteMarchaudon, de VioletteTolédano et de nous-même, toutestrois ayant participé à la rédactiondu Trésor de la langue française(TLF ) puis, dans le cadre destravaux de l’Équipe Sciences ettechniques, au Supplément au TLFpour les termes de spécialité et lesemprunts à l’angloaméricain, etenfin, dans le cadre du projetDFST, à la création de bases dedonnées lexicales dans lesdomaines de spécialité. Ontrouvera des précisions sur ceprojet dans Candel 1994.

(3) Participation au choix destextes pour la base textuelleScitech, exploitation de la base dedictionnaires ITC1 et 2, créationde la base lexicale Lexitech,rédaction de vocabulaires( jusqu’en 1997).

(4) Nous élaborons notammentune étude sur la définition dansles textes de spécialité.

(5) Dans le cadre de laconvention avec la DGLF citée ci-dessus en note 1.

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1 Les actions du SNT dansle cadre des travaux pour lescommissions determinologie.

Trois types d’activités sedégagent : l’assistance auxcommissions spécialisées determinologie et de néologie,l’assistance à la commission généralede terminologie, caractérisées l’une etl’autre par la rédaction et la diffusionde documents en amont des séances ;et enfin, la participation aux travauxet réflexions des commissions encours de séance, sous la forme d’avis,de propositions, de commentaires ( 6 ).Ces trois activités se traduisent par lacollecte d’informations préexistantesaussi bien que par des suggestions,voire des recommandations.

D’une façon générale, il s’agit determinologie ponctuelle. Tout au plusaborde-t-on la terminologiesystématique ou ses méthodes enquelques occasions, de manièreponctuelle : on peut être amené àtraiter d’éléments ou de sous-ensembles d’une terminologie (cf. lechamp de la toxicodépendance dansle domaine de la santé, avecnotamment les termes assuétude,addiction, leurs synonymes et leurséquivalents). Mais il ne s’agit pas derédiger des terminologies en tant quetelles.

2 Une typologie desmissions proposées au SNTdans le cadre des travauxdes commissions spécialiséesde terminologie.

On trouve, résumés dans letableau 1, deux types de demandes :l’assistance à la veille néologique etterminologique (ci-dessous en 2.1) etla recherche d’un terme français

équivalent à un terme anglo-américain (en 2.2). Deux autres typesde travaux pour les commissionsspécialisées de terminologie et denéologie sont présentés au tableau 2:l’élaboration ou la reformulationd’une définition (en 2.3) et l’examenou le réexamen d’un terme ou d’uneforme (en 2.4). Quelquesobservations générales sont présentéesen 2.5.

2.1 L’assistance à la veillenéologique et terminologique

La veille néologique etterminologique se fait par le repérageet la collecte de néologismesterminologiques, et concerne lestermes eux-mêmes aussi bien queleurs définitions.

2.2 La recherche d’un termefrançais équivalent à un termeanglo-américain

Ce type d’étude regroupe troiscas de figure. Soit le terme discuté estdéjà en usage en français, on enrecherche un autre, qui peut être unnéologisme de forme et on aménageune définition de ce terme enfrançais. Soit le terme étudié est entrain de s’implanter en français, toutcomme le concept auquel il renvoie alui-même franchi les frontières : larecherche porte alors sur unnéologisme de forme et de sens ets’accompagne aussi d’une recherchede définition en français de ce terme.Soit, enfin, le terme françaisrecherché peut lui-même êtrel’équivalent d’un autre équivalentfrançais déjà en usage mais nedonnant pas satisfaction, car il est,par exemple, trop proche du termesource anglo-américain et ne s’intègrepas vraiment au moulemorphosémantique du systèmelinguistique français ; l’activité portesur un néologisme de forme. Un

débat porte actuellement surleadership, qui, d’après le Petit Robert1996, est un emprunt enregistré dès1875, avec le sens général de«fonction, position de leader» ; leaderest enregistré dès 1929, avec le sensde «chef, porte-parole ( ... )»,«personne qui prend la tête d’unmouvement, d’un groupe» et unrenvoi à meneur et à chef de file ; souschef de file, au sens «figuré» de «celuiqui vient le premier dans unehiérarchie, qui est à la tête d’ungroupe, d’une entreprise», on renvoieà leader. Or les spécialistes de labanque ont pour coutume d’utiliser,avec un sens particulier à leurdomaine, le dérivé chef de filat. Deuxpositions sont possibles : refuser unnéologisme français choquant (7 ) pourle non-initié en raison de son modede dérivation ou bien appuyer l’effortde francisation enregistré dans lejargon bancaire.

2.3 L’élaboration ou lareformulation d’une définition

Dans les deux premiers casprésentés au Tableau 2, l’activité estrelative à un néologisme (partiel ) desens, qu’il s’agisse de la modificationd’une définition pour un terme dontle sens a évolué ou de la modificationd’une définition pour un terme dontle domaine d’emploi a changé. Dansle troisième cas, on cherche àformuler une définition en termes despécialité, mais qui soitcompréhensible par le plus grand

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Contributions

(6) Nous souhaitons mentionnerl’efficacité de nos trois premièrescollaboratrices temporaires dans cesecteur : Gaëlle Berjonneau,Emmanuelle Bruley et OdileRaymond.

(7) Il le serait moins s’il segraphiait *chefdefilat.

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nombre. Cette préoccupation a été lanôtre dans l’ensemble de nos travauxde lexicographie traitant de mots despécialité ( 8 ). Elle s’impose aussi enterminologie, aussi fine et pointuecette terminologie soit-elle. Il fautrappeler ici le rôle du public : pourqui ces travaux de terminologie sont-ils réalisés ? Quel est le public visé ?Ce n’est pas seulement le publicspécialisé du domaine – qui n’en aguère besoin. Ce n’est pas seulementle scientifique de haut niveaucherchant à se cultiver dans undomaine voisin du sien. C’est aussiun public plus large, journalistique,médiatique, pour qui une bonnevulgarisation s’impose : il faut«déformuler» les définitions tropspécialisées pour les «reformuler»,afin que le plus grand nombre delecteurs les comprenne. Ce public estégalement constitué de personnesconcernées directement par ces termesdans leur travail quotidien, et quipourtant n’ont pas toujoursconnaissance des notions auxquellesils se rapportent : nous pensons auvaste ensemble professionnelconstitué par le personnel desecrétariat, telles les secrétairesmédicales, qui transcrivent etcontribuent à rédiger lescommentaires, rapports, diagnostics,ordonnances, prescriptions dictés parles médecins.

2.4 L’examen ou le réexamend’un terme ou d’une forme

Un terme ou une formeentraînent un réexamen notammentsi leur domaine d’emploi a changé. Lecercle de leur(s ) domaine(s)d’appartenance s’élargit ou se rétrécit,selon que le terme spécialisé sebanalise, se généralise, ou selon que,au contraire, il se spécialise davantage.Il se peut aussi simplement que leterme connaisse une «re-spécialisation», un simple transfert dedomaine. Il y a lieu d’interpréter

l’activité en cause comme relative àun néologisme de forme et de sens.

L’examen de formes dont lagraphie a changé permet d’enregistrerdes variantes graphiques en fonctiondes domaines d’emploi. S’il s’agitd’un aménagement possible desgraphies selon les domaines dontrelèvent leurs emplois, il paraîtéconomique de proposer unehomogénéisation, allant, depréférence, dans le sens d’unesimplification. Nous pensons à unexemple comme la série des termes enscan(n )-( 9 ), les différents termesterminés en -plex(e ) (duplex etmultiplex mais multiplexe ) ou encoreles variantes en hém(o ) – / hém(a ) –,héma – / hémato – (hémovigilance,hémacrite, hématocrite ) ou densi- /densito – (dans densimètre etdensitomètre ).

Ces études permettent d’isolerdes formes ou des élémentsdisponibles émergents, que l’onpourra proposer pour de nouvellesséries de formations : citons -vigilance(hémovigilance, matériovigilance,pharmacovigilance, réactovigilance,stimulovigilance ) ; citons aussil’élément –el en sciences et techniquesspatiales, de élément, dans pixel (del’anglais picture element ), et, à partirde ce modèle, dans volumel et dansvoxel (anglo-américain: volumeelement, voxel ), mais qui apparaîtconcurrent d’une finale -èle danstachèle (pour tâche élémentaire ), quicorrespond à l’anglo-américaingroundel ( 10 ).

2.5 Analyse des principauxfacteurs de variation:synonymie, niveaux despécialisation, facteur temps

Nous venons de relever quelquescaractéristiques d’activités determinologie aussi bien que delexicographie terminologique. Dansles cas décrits en 2.2, on est enprésence de séries néologiques

coexistantes et concurrentes, qui nesont autres que des synonymesterminologiques, l’un des termesreflétant l’usage naturel, spontané,l’autre étant un terme élaboré – ou dumoins recommandé – en vue desupplanter le premier. C’est laquestion classique des termesnéologiques concurrents qui se pose,avec, comme choix d’analyse, et selonle point de vue adopté, celui determes homonymiques, ou celui demots polysémiques. Nous mettons enavant ici la probabilité d’une nuanceapportée au sens d’un terme par lanouvelle forme servant à le désigner :plus exactement, ces nouvellesdésignations véhiculent sans doutedes connotations ( frimousse estproposé comme équivalent de smiley(Vocabulaire de l’Internet, 1999)(v. Spillner 1994) ( 11 ).

Dans le cas d’une définitionvulgarisatrice (2.3) il s’agit vraimentde la cohabitation de définitions,même si nous ne sommes pas là enlexicographie générale, où l’on appellela «double définition» ce qui consisteà proposer, pour un terme despécialité, une définition en termesspécialisés d’une part et unedéfinition pour le grand publicd’autre part. Nous devons tenircompte de niveaux de spécialisationdifférents dans l’art de définir :reformuler en termes simples unedéfinition de spécialistes.

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Contributions

(8) Cf. la note 3 ci-dessus.

(9) Voir Candel (à paraître) :§ VB.

(10) Ces termes et leursdéfinitions ont fait l’objet depublications au Journal Officiel etsont actuellement en cours derévision.

(11) Les «flottements» demeurenttoujours possibles (De Schaetzen1990: 57).

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Un certain nombre de caspermettent la mise au jour de sous-ensembles terminologiques devenusdésuets : ils ne devraient pas trouverleur place dans un relevé néologique.Il s’agit de termes dont l’usage estrévolu, le concept désigné necorrespondant plus à une réalité enusage. Ce sont des «archaïsmesnéologiques», ou «néologismesarchaïques», termes devenusobsolètes, en raison de l’évolutionsubie par leur forme ou par leur sens,d’un usage révolu, dépassé, vieilli.Toute analyse d’un terme enformation devient un élémentd’analyse diachronique. L’action sur lalangue consistant à recommander destermes, qui porte en principe sur desnéologismes terminologiques, risquede s’appliquer à des termes connus,en usage depuis un certain tempsdéjà, et qui ne sont donc plus desnéologismes. Les commissionsspécialisées de néologie et determinologie sont tout naturellementamenées à dépasser le strict cadre dela néologie, en cherchant à orienterou à redresser des usagesterminologiques – mais l’on peut sedemander si rester dans le strict cadrede la néologie terminologique estpossible.

3 Moyens spontanémentmis en œuvre etméthodologie adoptée

3.1 Travail au sein du SNT

3.1.1 Recherches dans des dictionnaireset autres répertoires de mots

Des termes, ou, le plus souvent,des traductions de termes, ainsi queleurs définitions, sont recherchés,ainsi que leurs définitions, dans laquête d’équivalents français à destermes anglo-américains. On consulteà cette fin:

a) des bases de données ( le GrandDictionnaire Terminologique, del’Office de la langue française, auQuébec, Termium, du Bureau de latraduction, à Ottawa, Eurodicautom,des Communautés européennes, àLuxembourg), sur Internet et / ou surCD-Rom;b) des dictionnaires spécialisés : surCD-Rom (choix de dictionnaires deLexpro – la Maison du dictionnaire,Cilf ), sur Internet, avec ou sansdéfinitions, domaine par domaine, enversion papier ( 12 ) ;c ) des dictionnaires généraux: surCD-Rom (Le Petit Robert 1996), surInternet (plusieurs tomes du TLF, letome 14 étant accessible librement),en version papier ( le TLF, leDictionnaire de l’Académie,9e édition) ;d) des dictionnaires encyclopédiques,en version papier ( le Grand Larousse universel ).

3.1.2 Recherches dans des textes

La terminologie spécifique à undomaine, objet des cas examinés ci-dessus, ne couvre pas toujours unensemble d’usages suffisammentreprésentatifs du domaine étudié. Lestextes ont la mémoire des mots, desusages, et de l’évolution de ces usages.Une collecte de données plus vastes’impose alors, avec une vérificationdans les textes, à une plus largeéchelle à travers l’interrogation detextes, sur des CD-Rom(Encyclopædia Universalis ), des basestextuelles informatisées (Scitech ( 13 ) del’Inalf ), ou dans divers contextesbalayés grâce au moteur de rechercheAltavista. Il s’agit d’une exploitationde l’usage, que l’usage soit établi ounaissant. Une recherche de lafréquence autant que de la répartitiondes attestations peut être rapidementrévélatrice des usages à suivre ou àrecommander.

3.1.3 Une démarche efficace : larecherche par synonymes

Qu’il s’agisse de la recherche oude la vérification de termes enfrançais, d’équivalents étrangers, oude domaines dans lesquels un termeest utilisé, on constate que cesrecherches se font le plus souvent aumoyen de l’interrogation de termesqui, par le sens ou par la forme, sontproches des termes à l’étude. C’estdonc une étude à partir dessynonymes qui s’impose (voir Lerat1994: 28). En sciences et techniquesspatiales, une recherche surstabilisation ( sur ) trois axes permetd’évaluer, outre ces deux formulationselles-mêmes, des attestations destabilisation à trois axes, triaxiale, surles trois axes, 3 axes, pour deuxsynonymes en anglais.

3.2 Travail en collaboration

Le travail se fait d’abord etsurtout avec les membres descommissions spécialisées determinologie. Ce sont despersonnalités marquantes desdomaines concernés, de la sphèrescientifique, industrielle, économique( le CEA, le CNES, la Banque, leshôpitaux, la pharmacie, la pressemédicale, les syndicats représentatifsdes professions... ). On travaille enséance sur les termes, leursdéfinitions, leurs usages. Despropositions sont recueillies,discutées, annotées en commun et leséchanges entre spécialistes desdomaines concernés sont de toutpremier intérêt pour les linguistes. Lerôle des personnalités du domaine estinestimable. Leur disponibilité etl’intérêt qu’elles manifestent pour lalangue représentent pour leslinguistes, les lexicographes,

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Contributions

(13) Voir le Rapport d’étape Inalfde juin 1997, UPR 9017, p. 21-27.

Page 49: De nouveaux outils pour la néologie

terminologues et traducteurs, unatout exceptionnel, inégalable etmarquent une étape indispensabledans la réflexion sur les termes ( 14 ).

3.3 Comparaison d’expériencesdifférentes : lexicographiegénérale, lexicographie despécialité et terminologie

Trois types de démarches sontcomparées au tableau 3: lalexicographie générale (par exempletelle que nous l’avons pratiquée dansle cadre du TLF ), la lexicographie despécialité (par exemple telle que nousl’avons pratiquée pour le Supplémentau TLF et pour les travaux del’équipe sciences et technique) et laterminologie ( telle que nous lapratiquons au sein du SNT dans lecadre du travail pour les commissionsspécialisées de terminologie). Nousles avons caractérisées selon leursobjets d’étude, la méthode qu’ellesentraînent, le mode de classement desunités étudiées et le recours àl’usage ( 15 ). On relève de nombreuxpoints communs entre ces troisdémarches, mais surtout le mêmebesoin d’analyse et de synthèse, ainsique l’effort de proposition et de

conseil, mais répartis de manièredifférente entre ces trois expériences.Les unités à l’étude sont issues delistes spécialisées ou, plus rarement,de corpus textuels. Il faudraitsystématiser le recours aux marquesde domaines, aux arbres de domainesconventionnellement arrêtés maisautorisant des spécifications nouvelles.On atteste et valide les emplois et onprivilégie l’usage grâce aux corpustextuels et aux recherchescomplémentaires dans de grandesbases de données textuelles et surInternet. Mais, dans le traitement determes, la question de l’usage restelargement ouverte : nous yreviendrons.

4 Constats et perspectives

4.1 Un consensus difficile

Il arrive que des spécialistesréunis au sein d’une commission nes’accordent pas sur un terme, undomaine d’emploi ou une définition:après avoir statué, il suffit qu’ilsconvient un collègue extérieur augroupe, qui, entendant les résultatsdes débats, s’élève contre un terme, sadéfinition ou son domaine ou sous-domaine d’emploi, et tout est remisen cause. Le résultat de séances detravail en commission spécialisée peutaussi faire finalement l’objet d’unrenvoi à une nouvelle série d’études etde débats, pour n’avoir pas reçu, oupas totalement, l’agrément du Servicedu dictionnaire de l’Académie ( 16 ) etde la commission générale determinologie. En tout état de cause, ily a de fortes chances pour que lesinterventions ne concernent plus,alors, un véritable néologisme, maisun terme déjà ancré dans l’usage. Si leconsensus est absent du début à la findes débats, l’étude du terme estrenvoyée à une date ultérieure, etpeut-être abandonnée.

4.2 Une objectivité difficile

Il est plausible que l’on cherche àéviter des anglo-américanismesévitables. Mais les réactions quant àces termes divergent d’un expertdécideur à l’autre. La dénominationd’un concept familier est accueilliefavorablement, fût-elle anglo-américaine. Un terme anglo-américain désignant un conceptétranger à la connaissance d’unindividu est naturellement moins bienaccueilli. L’objectivité n’est paspartagée de la même manière selonque l’on est, ou non, familier d’undomaine de spécialité, de ses conceptset de ses désignations.

4.3 Choix conventionnels :étiquetage par domaines

Il arrive que des termes à l’étude,dans le domaine de compétence de lacommission spécialisée, relèventégalement d’autres domaines ou sous-domaines. Les spécialistes de lacommission réunie renvoient alors ceterme à leurs collègues des autresspécialités, pour s’assurer del’opportunité d’ajouter une autremarque de domaine à celle( s )proposée(s ) par leur commission. Iln’est pas rare que la deuxièmecommission saisie propose alors dereformuler la définition, parallèlementà l’introduction de la nouvellemarque de domaine.

4.3.1 La terminologie des marques dedomaines : une terminologie en soi

Nous sommes par ailleurs, avecles noms de domaines, dans un autretype de terminologie : c’est laterminologie des marques ouindicateurs de domaines. Or bonnombre de ces termes-marqueurs ontaussi leur place dans les dictionnairesde langue – on peut aisémentconsulter les longues listes de marquesde domaines, en général abrégées, qui

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Contributions

(14) Outre les synthèses établies,ces circuits comprennent aussi deséchanges avec les terminologuesdes autres pays francophones(Canada, Belgique, Suisse) et avecdes organismes de normalisation.

(15) On se reportera avec profit àLerat (1994).

(16) Le rôle de l’Académie estsouligné dans Humbley (à paraître). Il est décrit dans leRapport annuel de la Commissiongénérale de terminologie et denéologie, 1998.

Page 50: De nouveaux outils pour la néologie

ouvrent tout dictionnaire de langue.Le Dictionnaire de l’Académie compte,pour le premier tome de sa neuvièmeédition (1994, A – Enz-), 137marques de domaines. Le recours auxdomaines est habituel enlexicographie générale, tout commeen lexicographie de spécialité et va desoi en terminologie.

Mais l’usage des marques dedomaines implique toujoursl’adoption de cadresconventionnels ( 17 ). Ces marques ontla valeur de simples étiquettes etrépondent à un codage. C’est,davantage encore, le cas des langagesdocumentaires comme les thesaurus.Certains de leurs descripteursaccompagnent avec succès lesdescriptions linguistiques des mots dedictionnaires. Des confusions existentlorsque deux types de systèmesdifférents sont utilisés conjointementet que le répertoire, lexicographiqueou terminologique, ne les distinguepas suffisamment. Langageadministratif, institutionnel et langageusuel des initiés du domaine despécialité peuvent ainsi êtreconfondus. C’est ainsi que lacommission générale de terminologiesouhaite distinguer «ce qui relève del’enrichissement de la langue françaiseet ce qui relève de la terminologieadministratrice et juridique» (Rapportannuel, 1998: 11). Il faut définir lesétiquettes, ou, plus exactement,déterminer les ensembles auxquelselles renvoient et les sous-ensemblesqu’elles incluent éventuellement.Dans les différents types deconstructions ou de recueilsadministratifs, on cherchera à éviterles dénominations ambigües, ourépondant à des modes dedistribution inhomogènes. Leslangages documentaires n’ont pas

pour fonction première decorrespondre aux termes utilisés dansle discours scientifique ou technique,mais il peut y avoir ressemblance etadéquation trompeuse. Si la néologien’est pas, sans doute, prédominantedans les terminologies en usage ici,elle y est présente. D’où l’utilité decollaborations comme celle engagéeentre la commission spécialisée determinologie compétente pour ledomaine de la santé et des groupesœuvrant à des classificationsmédicales, comme la Classificationcommune des actes des professions desanté (CCAPS), due au Pôled’expertise et de référence nationaldes nomenclatures de santé(PERNNS), et réalisée à partir de laNomenclature générale des actes deprofessionnels (NGAP) et duCatalogue des actes médicaux(CdAM), ou la Classificationalphanumérique de la documentationmédicale et pharmaceutique(CANDO).

4.3.2 Points de vue terminologique ou lexicographique

Dans les démarchesterminologique et lexicographique, lechangement de domaine pourrait êtretraité comme le changement de sens.Dans le cas d’un changement de sens,s’il s’agit de modifier la définitiond’un terme, que le sens de ce termeait évolué ou qu’il y ait eu transfertou glissement de son domained’emploi, on estime, en terminologie,qu’on a affaire à deux unitésdifférentes. En lexicographie, on a làdeux sens différents, ou deux emploisdifférents d’un même mot. Pour unchangement de domained’appartenance, cette répartition estplus difficile à faire. D’un strict pointde vue de terminologue, on admetqu’on a affaire à deux termes, relevantde deux domaines d’emploi différents,alors qu’un traitementlexicographique ferait placer sous unemême entrée deux alinéas successifs,

introduits chacun par son étiquette dedomaine, voire proposerait une seuledéfinition, avec une indication dedomaine supplémentaire pour unepartie de la définition seulement. Cecatalogage des termes par étiquettesde domaines est lui-mêmemodulable : ainsi, on peut aussi bienproposer en parallèle deux étiquettesde domaines, c’est-à-dire rattachersimultanément un même terme à cedeux étiquettes (par exemple :« ingénierie nucléaire» ou «santé»pour le terme radioprotection ), ouencore proposer une hiérarchie dansle classement de ces étiquettes etrecourir à une étiquette de domaineet à une étiquette de sous-domaine(par exemple « transports» parrapport à «aéronautique»). Uneconfusion risque de se faire jour entreles sens, les emplois particuliers demots et les termes ayant un sensspécifique dans le cadre d’un domaineparticulier d’emploi, que ce domainerelève des sciences ou des applicationstechnologiques ou industrielles.

4.4 La veille néologique en terminologie

La «veille néologique etterminologique» a souvent pour rôled’appuyer ou de réorienter despropositions. Mais là encore, laprudence s’impose. Ce n’est pastoujours un article de journal, ouquelques extraits de la presse du moisqui permettent de prendre unedécision. On connaît les effets demode, les usages qui se répandentaujourd’hui extrêmement vite : en 15 jours il arrive que l’on ait recueillipour un terme autant d’attestationsd’emploi qu’en 20 ans auparavant; lesattestations sont donc nombreuses,mais la couverture des emplois n’estpas significative.

Cette activité est à développer,avec les spécialistes des domaines.Toutes les propositions sont àenvisager : la mise en forme de

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Contributions

(17) Notre expérience duDictionnaire de sigles a étééclairante à ce sujet.

Page 51: De nouveaux outils pour la néologie

documents déjà collectés, aussi bienque le lancement de nouvellescollectes. Bien entendu, elle existedéjà largement, et de façon inégale,conformément aux besoins descommissions spécialisées determinologie et néologie.

On devrait tenir compte deplusieurs paramètres : (a) du nombred’occurrences relevées par domainesde spécialité recensés, (b) du nombred’occurrences relevées dans desrépertoires de spécialité et dans desterminologies, (c) des avis desreprésentants des groupementsprofessionnels, des groupesd’utilisateurs, d’usagers de la languedu domaine – souvent bien présentsou représentés dans les commissionsde terminologie, (d) des types desupports textuels analysés :encyclopédies (EncyclopædiaUniversalis ), Internet (Altavista :toutes sortes de textes), journaux,manuels, articles de vulgarisation, etc.et (e) pour un terme du vocabulairescientifique général, du nombre dedomaines ou de sous-domainesrecensés.

La veille passe par une expertiseque l’on appellera de première main:données rassemblées et fournies parles spécialistes eux-mêmes, documentslistés, extraits de journaux fournis parles membres des commissions, ou pard’autres contributeurs. Elle profiteraaussi d’une expertise «de secondemain», données provenant parexemple des mémoires determinologie rédigés par desétudiants ; à cet ensemble pourraientêtre agrégées les données que nousavions collectées d’ores et déjà dans lecadre de l’équipe Sciences ettechniques de l’Inalf.

La veille peut par ailleurscontribuer aux travaux d’ingénierielinguistique relatifs au repérageautomatique de terme.

Le SNT ne saurait êtresystématiquement un producteur denéologie : c’est le domaine desspécialistes. Il peut l’être

occasionnellement. Plus exactement,cette fonction serait donc d’êtrerécepteur et organisateur, archiveur denéologie, ou du moins de collaborer àun tel ensemble d’activités.

4.5 Description de l’usage ou prescription ?

«L’usage décidera », conclue-t-oncouramment à défaut de consensus.Cela revient, le plus souvent, à laisserle terme anglo-américain s’implanter.L’«usage», qui serait à corriger en «usages», serait à redéfinir, moyennantun ensemble d’enquêtes permettantde tenir compte du double critère defréquence et de répartition desemplois.

L’usage s’impose toujours,parallèlement ou concurremment auxactions de «prescripteurs», mais,paradoxalement, c’est quand ildevient gênant qu’une solutioncommode pour les «prescripteurs»consiste à dire « l’usage tranchera», ou« laissons faire l’usage». C’est ce qu’atendance à faire l’Académie,«gardienne de la langue» et défenseurde l’usage, précisément. C’est ce quefait le TLF, qui atteste, décrit les sens,emplois et usages rencontrés. Mais nile Dictionnaire de l’Académie ni leTLF ne prétendent être desdictionnaires de français scientifiqueou technique, même si le Supplémentau TLF (où notre équipe a choisid’éviter les usages postérieurs à 1970afin d’être mieux à même de juger des«usages» établis ) s’en rapprochedavantage, pour ce qui est de la partiespécialisée du vocabulaire pris encompte. Mais dans le cadre del’action pour laquelle œuvrent lescommissions spécialisées determinologie et de néologie, « laisserfaire l’usage» équivaut aussi bien àlaisser l’anglo-américanismes’implanter aux dépens d’un usagenaissant, alternative commode, quipourrait facilement être adoptée parles spécialistes, pour peu qu’on les y

encourage. L’exemple cité plus hautde leadership vs chef de filat faitentrevoir deux réalités : ne pasaccepter de recommanderofficiellement le néologisme de chef defilat dans les textes relatifs à la Banqueincite à l’angloaméricanisme, ce quiva à l’encontre de l’effortd’«obligation pour les services del’État d’employer les équivalentsfrançais publiés à la place des termesétrangers correspondants » (Rapportannuel de la commission générale determinologie et de néologie, 1998: 9).Mais il est vrai aussi que si l’usaged’ores et déjà implanté chez lesprofessionnels du domaine est chef defilat, ce terme continuera sur salancée, même si le dispositif officield’enrichissement de la languefrançaise préférait s’abstenir de lerecommander ( 18 ).

Il y a des interférences aussi bienque de grandes dissensions entre deuxtypes d’usages : on peut s’exprimer enlangue générale courante, commune àun grand nombre de locuteurs de « larue», ou bien user d’une langue despécialité, pouvant atteindre un degréde spécialisation extrême, où se posealors le problème du faible nombre despécialistes, mais dont le langage aune portée extraordinaire du fait deses implications en recherche, ou dansles applications industrielles, puiscommerciales, etc. Avec cettediffusion possible des concepts et destermes d’abord spécialisés, le termespécialisé rejoindra le grand public, ense banalisant.

De même que certainsrépertoires «généralistes» n’hésitentpas à jouer un rôle «prescriptif»,comme le Petit Robert (1996) quinote volontiers «abus.» pour«abusif», et «abusivt» pour

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Contributions

(18) Voir aussi le numéro deTerminologies nouvelles consacré àl’«Implantation des termesofficiels» (1994).

Page 52: De nouveaux outils pour la néologie

«abusivement», une forme deprescription se dégage des conseilsprodigués aux spécialistes, avec desdirectives d’usage. C’est ce que fait leDictionnaire des termes officiels enmettant en garde contre des « termesétrangers ou termes impropres à éviterou à remplacer». C’est aussi ce quefont la DGLF et la commissiongénérale de terminologie à l’issue destravaux des commissions, s’il y a euconsensus, par les publications auJournal Officiel puis sous la forme defascicules thématiques (Vocabulaires ).On trouve ainsi, dans les fascicules deVocabulaires, en notes, les précisionset recommandations suivantes : «Onrencontre parfois aussi, moins bien,“organiseur”» (Informatique, 1998,J.O., : sous agenda électronique ) ;« l’expression “ligne numérique à paireasymétrique” ne doit pas être utilisée»(Internet, 1999, J.O., sousraccordement numérique asymétrique ),« l’expression “pré-marketing” estimpropre», “marketing direct” estimpropre» (Économie et des finances,1998, J.O., respectivement souspréplacement et sous vente directe ) ; «Ilest déconseillé d’utiliser le terme“catalogue outdoor”» (Économie et desfinances, 1998, J.O., sous catalogue duplein air ) ; « le terme “connectivité”est déconseillé» (Informatique, 1998,J.O., sous connexité ) ; « le terme“inforoute”, qui n’est pasrecommandé» (Internet, 1999, J.O.,sous autoroutes de l’information ) ; « leterme “stewarding” ne doit pas êtreutilisé» (Sport, J.O., sous stadiaire ).

C’est ce que peuvent faire aussicertaines commissions, par un avisdans la presse spécialisée sur ladénomination de concepts émergeantdans leur domaine. Une telle actionest prometteuse dans le domainemédical mais il ne semble pas que lesphysiciens, ou les mécanicienss’exprimant dans notre idiomebénéficient d’un média journalistiques’adressant à un public suffisammentlarge : il n’y a pas de revue généralistede physiciens. La Recherche s’adresse

aux spécialistes de tous les domainesconfondus.

Les nombreux spécialistesauxquels nous avons eu l’occasion denous adresser ces dernières années, àl’occasion de la rédaction dedéfinitions ou du choix de termes àfaire entrer dans les dictionnaires,sont particulièrement intéressés par leprocessus d’entrée des mots de leursdomaines dans le dictionnaire,d’attestation de sens et d’emploisspécialisés. Aujourd’hui, lorsque nousposons des questions aux spécialistesau sujet de termes nouveaux àproposer comme alternatives« linguistiquement efficaces» auxanglo-américanismes déjà en usage,afin de corriger ou de faire agréer unusage naturel spontané, nousobtenons deux types de réponses trèsdistinctes. Les uns sont sceptiques, carl’idée est répandue, dans lacommunauté scientifique, que touteaction sur la langue «venue d’enhaut» demeure inconnue, inutile etsans effet. Les autres sont prêts àcollaborer et s’emparent même, àl’occasion, des termes que noussoumettons à leur jugement et nousdisent les réutiliser aussitôt car ils leurmanquaient. Il est donc bienvenu decréer ou d’aider la création et ledéveloppement de nouveaux outilsméthodologiques pour la néologie, sacollecte, sa création, sa description,l’incitation à son abandon ou à sonusage et finalement sa diffusion. On yarrivera en encourageant lacollaboration entre les scientifiques etles linguistes, dans un communrespect.

Danielle Candel,Service de néologie et terminologie,Inalf, CNRS,Paris,France.

Bibliographie

Candel (D.), 1994: «Vers undictionnaire de français scientifique ettechnique», dans Français scientifique ettechnique, Candel (D.) éd., DidierÉrudition, p. 185-201.

Candel (D.), à paraître : «Françaisscientifique et technique», dans Histoirede la langue française 1945 – 2000.

Candel (D.), Carton (J. ), Marchaudon(P.) et Tolédano (V.), 1992: Dictionnairede sigles, domaines économiques et sociaux,Conseil économique et social, CNRS,INaLF, La Maison du Dictionnaire,XXIV- 744 p.

De Schaetzen (C.), 1990: «Besoins etressources belges en terminologie», dansTerminologies nouvelles, 3, p. 55-57.

Humbley (J. ), à paraître :«Terminologie», dans Histoire de la languefrançaise 1945 – 2000.

Lerat (P. ), 1994: «Terminologie vslexicographie», dans Candel (D.) éd.,Français scientifique et technique, DidierÉrudition, p. 27-36.

Rapport annuel de la commission généralede terminologie et de néologie, 1998:Premier Ministre, DGLF, 47 p.

Rapport d’étape, 1997: CNRS – INaLF,UPR 9017, 52 p.

Spillner (B.), 1994: «Terminologie etconnotations», dans Candel (D.) éd.,Français scientifique et technique, DidierÉrudition, p. 53-62.

Terminologies nouvelles, 1994:Implantation des termes officiels, actes duséminaire (Rouen, décembre 1993),165 p.

51

Contributions

Page 53: De nouveaux outils pour la néologie

Principales actions Recherche d’un terme français équivalent à un terme engagées angloaméricain

Assistance synonymeà la veille en train de d’un autre

Principaux terminologique déjà en usage s’implanter terme français objets d’étude et néologique en français en français déjà en usage

néologisme de forme oui oui oui oui

néologismede sens oui oui (partiel ) oui (partiel )

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Contributions

Tableau 1. Principaux objets d’étude et recherches engagées.

Principalesactionsengagées Élaboration ou reformulation d’une définition Examen ou réexamen

Autres pour une unité pour une unité qui s’adresse d’un terme d’une formephénomènes linguistique ou linguistique ou aussi au dont le dont la observés, terminologique terminologique grand public domaine graphie liés à la néologie dont le sens dont le domaine d’emploi a changé

a évolué d’emploi a changé a changé

Variabilitédéfinitionnelle oui

Incidence diachroniquedans les usages oui oui ouiobservés

Incidence du domaine ou du degré oui oui oui ouide spécialisation

Variabilitéformelle oui

Tableau 2. Quelques phénomènes observés dans les principales actions de terminologie ponctuelle.

Page 54: De nouveaux outils pour la néologie

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Contributions

Trois expériences Lexicographie Lexicographie Terminologie caractéristiques à l’INaLF générale de spécialité ponctuelle

objet d’étude

Présentation listes de termes proposées par domaines non souvent oui

termes extraits de corpus oui souvent rarement

termes français oui oui souventIdiome d’origine emprunts des termes angloaméricains rarement souvent souvent

termes étrangers non rarement oui

Méthode d’étude

dans des répertoires oui oui ouide mots

recherches dans des textes oui oui souvent

complémentaires rarement oui oui

Mode de classement

répartition des termes par domaines souvent oui oui

Respect de l’usage

constat et mise en avant de l’usage oui oui ?

Tableau 3. Trois expériences : lexicographie générale, lexicographie de spécialité, terminologie.

Page 55: De nouveaux outils pour la néologie

Contributions

54

La formation terminologiqueemploie, entre autres, la conversion

(dérivation impropre, hypostase)pour répondre aux besoins de

dénomination et d’enrichissementlexical.

En principe, ce transferttranscatégoriel aboutit, dans de

nombreux cas, à l’adjectivation ou àla nominalisation.

Cette formation lexicale etterminologique révèle donc un

mouvement entre les classes lexicales.Dans la terminologie moderne du

micro-ordinateur telle celle du texteintégral (continu, suivi )

accompagnant le coffret dutraitement de texte Microsoft Word 6.0

(1994), ce mouvement provoque unaffaiblissement de l’opposition

infinitif/impératif/nom.Cet affaiblissement permet, et en

anglais et en français, la coalescenceentre ces trois fonctions et ce type de

formation est investi d’une capacitéproductrice bénéfique parce

qu’économique.

Termes-clés :terminologie, conversion,

dérivation, création lexicale,catégories grammaticales.

a morphologie desunités linguistiquestelles qu’elles sontemployées dans lalanguetechnoscientifique

nous offre l’occasion d’observer denombreux phénomènes à la lumièredes principes permettant de créer unevariété d’éléments lexicaux. Lesprocédés que l’on observe mettentparfois à l’épreuve certains principesde création lexicale, une activité quiest souvent impétueuse sinoninattendue, d’où l’étiquette decréativité qu’on lui confère. Maiscomme on le verra dans cette étude, ily a correspondance et concordanceentre la langue usuelle et laterminologie selon les procédésemployés ; en fait, celle-ci s’enracinedans celle-là et lui sert de point dedépart. Pour ce qui est de laconversion face aux catégoriesgrammaticales que nous soulevons, ily a lieu d’examiner les effets réels etpotentiels qui s’imposent.

La conversion décrit deux termesde forme semblable (et d’une origineétymologique commune) quifinissent par appartenir à deux classeslexicales différentes. Ce type dedérivation a pour synonymesl’hypostase et la dérivation impropreet même la dérivation zéro (en anglaiszero derivation ). Cette formationmarquée par l’absence d’affixes et parle changement de catégoriegrammaticale rend possibles desconstructions complexes avec degrandes implications syntaxiquescomme nous le constaterons dans dessyntagmes lexicalisés. On peutcritiquer ce mode, mais il fournit unegrande souplesse et exploite le

concept d’économie qui fait qu’unnombre restreint d’élémentsformateurs permettent la création demultiples constructionsterminologisées.

En principe, ce transferttranscatégoriel aboutit, dans denombreux cas, à l’adjectivation ou àla nominalisation, la signification selimitant à un seul champ sémantique.Mais ce faisant, le processusdérivationnel implique unedynamique associative,paradigmatique.

Cette formation lexicale etterminologique révèle donc unmouvement entre les classes lexicales.Il faut faire mention du fait que cetteformation, loin d’être exclusive à laterminologie, est un des procédésmorphologiques en grammaire, à lafois en français et en anglais. Maisdans la terminologie moderne dumicro-ordinateur, ce processusprovoque un affaiblissement del’opposition infinitif/impératif/nom,observation qui découle de laprépondérance des noms et d’autresformes nominalisées en terminologieet en terminographie. Cetaffaiblissement permet en français eten anglais la coalescence entre cestrois fonctions, et ce type deformation est investi d’une capacitéproductrice bénéfique parcequ’économique. En revanche, certainsestiment que cette formation risquede perturber la grammairedérivationnelle.

En français technoscientifique, lacréation lexicale occupe une placeimportante et les procédés quipermettent la créativité restent encoreà expliciter, compte tenu de leurrapport avec certains phénomènes

La conversion et l’interface infinitif/impératif/nom dans la terminologie du micro-ordinateur

L

Page 56: De nouveaux outils pour la néologie

linguistiques et extra-linguistiques.Mais sans conteste, ces mécanismess’effectuent conformément à unedouble équationdénomination/définition,dénomination/conceptualisation.

Nous nous proposons doncd’aborder l’interface de ces catégoriesgrammaticales au sein de laterminologie française du micro-ordinateur (donc de la micro-informatique). Pour ce faire, onrenvoie aux catégories ci-dessous.

1 Participe présent (Ppr) > Nom (N)

Ce qui suit constituel’illustration du participe présent quiaboutit au nom: courant (ppr>n)alternatif, courant flottant, cas dedouble dérivation impropre où lesdeux éléments du syntagme lexicalisérévèlent la dérivation impropre parexcellence ppr>n; ppr>adj. dans lefonctionnement syntaxique dudeuxième élément ; courant porteur(premier élément : ppr>n; deuxièmeélément : n>adj. postposé) ; unsyntagme peut même se créer à partirde cette combinaison nominale pourdonner : courant porteur communproduisant alors une formule de typen+adj.+adj. On peut citer aussi cetélément composé : intrants-extrants(ppr>n: formes substantivalesformées à l’occasion de l’avènementdes concepts qu’elles décrivent, àsavoir les données qui entrent et quisortent ( information, donnéespp>nfpl) du système informatique.Les intrants, par un processusmétonymique, ont également traitaux aspects du matériel : clavier, souris,lecteur optique, unité d’entrée(2e élément : n<pp) tandis que lesextrants désignent aussi écran,imprimante (nf<vb [ppr]+e), sortie(pp+e>nf) sonore, etc.

On voit donc que ces désinencesdes participes nous fournissent les

suffixes formateurs : -ant(e) et -é(e).Les formes dérivées impropres qui enrésultent sont utiles pour former lessyntagmes lexicalisés : imprimante(nf<ppr [adj ] ) dans imprimante sansimpact, imprimante à impact,imprimante à jeu électrostatiques,imprimante laser (ou le secondélément est d’abord emprunt et siglelié, intégré et non épelé anglais jouantici le rôle du déterminant dans unsyntagme lexicalisé). Dans le Guide del’utilisateur Microsoft Word (1994),dorénavant le Guide, notre sourceprimaire, nous avons pu relever unequantité modeste d’exemplesautonomes tels Assistants, exposant.Par ailleurs, nous avons trouvé ceprocédé assez productif dans lescréations syntagmatiques lexicaliséescomme dans les cas suivants.

2 Ppr > Adjectif (Adj)( surtout dans les syntagmeslexicalisés )

Dans marge flottante (nf) onremarque que flottante (élémentrégisseur à l’intérieur d’un termecomplexe) est d’abord participeprésent transformé en adjectif, avec lamarque du féminin par l’ajout de equi assure la définition et la cohésionsyntaxique du syntagme. Il en va demême des syntagmes menu déroulantet barre d’outils flottante. D’autresexemples sont : statistiques parlantes, cequi est très expressif ou qui se passe decommentaire, cette qualité recherchéedes données ou des entrées en généralest un des tests de facilité ; optioncroissant/décroissant, commande quiremplace parfois les formes infinitivesimpératives sous certains menus etdans certaines boîtes de dialogue. Onretrouve également des syntagmes dutype N+Prép+N+Ppr: point d’insertionclignotant. Pour ce qui est du manqued’accord ou de la rupture syntaxiqueet de l’emploi des majuscules initialesdans certains des exemples, nous

réservons nos commentaires jusqu’aupassage sur les syntagmes lexicalisés.

3 Participe passé (Pp) > Nom (N)

Illustrons ce procédé par accusé(pp>n, comme dans accusé deréception ), données qui figurent dansbase de données, et porteuse commedans porteuse de données, modulationd’amplitude sans porteuse, modulationà porteuse inhibée.

Il convient de signaler laprésence de ce type de dérivationimpropre dans notre source primaire,à savoir le Guide : le souligné, le doublesouligné (employé parfois commedescriptif de bouton), le barré, lespointillés, le résumé (qui peut engloberles statistiques d’un documentdonné), les coordonnées (nfpl ) et lelibellé. Pour ce dernier exemple, lePetit Robert (1993:1277) indique quec’est un substantif dérivé de libeller,c’est-à-dire rédiger dans les formes. Ils’agit des termes dans lesquels un acteofficiel est rédigé, comme parexemple dans l’emploi spécialisé lelibellé d’un jugement. Ce n’est quepar extension sémantique que nousarrivons à libellé d’une demande,d’une lettre. C’est dans cette optiqueque libellé est employé dans notresource primaire. On y trouveégalement : saisie comme dans, parexemple, saisie de texte, de donnée, dedimensions, de glossaire, etc., ce dernierétant synonyme de entrée (s ) employésouvent en petites majuscules(ENTRÉE ) pour indiquer le descriptifde la touche. Il y a des cas où cemode permet des syntagmes du typetouche de raccourci où le deuxièmeélément est un participe passé ( il peutêtre considéré comme régressif ), etmise à jour, mise en forme.

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Contributions

Page 57: De nouveaux outils pour la néologie

4 Pp > Adj (composition etsyntagmes lexicalisés)

4.1 N+Adj où l’adjectifdéterminant est un participepassé

Ce procédé est productif etrépond comme dans la langue usuelleau besoin de modification des nomsqui constituent les élémentsprincipaux du syntagme: imageincorporée ; espaces réservés ; listeshiérarchisées (ascendantes/descendantes ) ; répertoire partagé ;dossier partagé ; paramètres définis ouprédéfinis ; entrée prédéfinie ; séparateurprédéfini ; taille prédéfinie ; ombrageprédéfini ; bordures prédéfinies ; plagedéfinie ; texte masqué ; titre intégré ;cellules référencées (plutôt dérivé dunom référence ) ; cas désactivé ; ancreverrouillée ; zone ombrée ; etexpressions renversées telles Wordinstallation ; fenêtre séparée ; bordurehachurée ; élément dessiné ; ombreportée ; document récupéré( sauvegardé) ; recherche poussée ; policesintégrées ; style intégré ; texte justifié,texte non justifié (alignement de texte ) ;marque déposée ; doubles touchesintégrées. On relève ce procédé dansl’élément d’emprunt composé dans cesyntagme: PostScript encapsulé,marque déposée écrite avec desmajuscules à l’initiale des motsconstituants.

4.2 N+Adj où l’adjectif provientde la conversion du participeprésent

Le cas des modificateurs à sourceparticipiale est très fréquent etcomprend les participes présents : listedéroulante que l’on remarque danschamp Liste déroulante ; texteenvironnant ; date courante ; heurecourante ; titre courant ; disquetournant ; parenthèse fermante, d’où

on peut s’attendre à parenthèseouvrante ; lettres résultantes. Onrencontre moins fréquemment leformat Adj+N: gros titre ; doubleinterligne.

L’adjectivation s’effectue bien sûrpar le truchement du suffixe -able :tirets insécables, espaces insécable ;caractère non imprimable, zone nonimprimable, polices dimensionnables ;ordinateur portable devant ordinateurportatif.

5 N1+N2

Cette constructionsyntagmatique entraînel’imprévisibilité parce qu’il est parfoisdifficile d’établir les rapportshiérarchiques et sémantiques entreN1 et N2 comme on le remarquedans les termes composés tandem.On essaie de déterminer les régissantset les régisseurs mais le rapport desubordination peut aller dans les deuxsens. Citons par exemple carte son quine devient clair qu’après l’insertion dujoncteur «de» dont la chute est à labase de l’ambiguïté ressentie ;raccourci clavier ; dossier système ;fichier texte et fichiers texte dont lemodificateur reste invariable,soulignant ainsi sa nature nominale etsa conversion incomplète ;alimentation papier par le truchementdu bac ; documents maîtres ;configuration système ; pilotes écran(deuxièmes éléments invariables) ;paramètres clavier sans accord dupluriel pour N2; service clientèle ;logiciel système ; espace disque ; lecteurréseau ; trait connecteur (N2 passeraitfacilement pour adjectif comme dansdispositif convertisseur ) ; version écran ;fichier source ; longueur page ; champsTexte parfois sans T majuscule ;Insertion Champ ; type quadrillage( formulaire) ; formule politesse ;Initiales auteur ; style journal ; mots clés(parfois composé mots-clés ) ;conventions clavier ; Assistant Lettre

( lettres initiales majuscules) ; toucheRETOUR ; touche ENTREE ; serviceclients ; lettre type.

Cette variante de dérivationimpropre figure dans des syntagmeslexicalisés parfois complexes. Nousciterons ici des exemples peucomplexes, réservant les pluscomplexes pour la rubrique descréations syntagmatiques : vice caché ;système indéterminé ; paramètres définisou prédéfinis ; barres d’outils intégrées(ancrées, empilées ) ; dossier partagé ;répertoire partagé ; système d’aideétendue ; listes hiérarchisées ; espacesréservés. Dans ces exemples, le termeen gros, c’est-à-dire l’ensemble de ladésignation, est un nom et on yremarque une prépondérance dugenre masculin. Le genre dudéterminant dépend de l’élémentrégissant du syntagme. D’autrestermes syntagmatisés semblables sont :papier carboné (nm), commandeimbriquée (nf), tube ombré, réseaudécentralisé, ordinateur jumelés. Onvoit facilement pourquoi Darmesteter(1877: 41) qualifiait d’une manièreassez simple ces formations commecelles « […] qui ne recour[ent] pas àdes suffixes». Cette nominalisationsemble très commode et productiveen informatique sans grandsretentissements sur la nominalisationdes syntagmes lexicalisés quicontiennent ces adjectifs. Leséléments en deuxième position jouantle rôle de déterminant suivent lenombre et le genre des élémentssurtout nominaux qui précèdent. Legenre des syntagmes prépositionnelss’établit à partir du caractère dupremier élément.

6 Adj > N

Un exemple ici est utilitaire(adj )>utilitaire (n) ce dernier étantun dispositif qui, selon le cas, permetde réaliser une opération. Ainsi, onpeut avoir un utilitaire qui permet

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d’imprimer des étiquettes facilementet rapidement. Le passage de la formeadjectivale à la forme nominale révèlel’homographie comme dans le cas desnoms suivants par rapport à lacatégorie grammaticale dont ils sontissus : le périphérique ; le graphique ; legras ; l’italique.

7 N > Adj ( syntagmes lexicalisés)

Nous avons vu précédemmentles noms postposés jouant le rôled’adjectifs dans la partie sur laformation par composition lorsqu’onanalysait les termes formés de deuxou plusieurs noms à la fois. On yremarquera la valeur adjectivale dunom postposé modificateur dans sonrôle de complément de nom àl’intérieur des syntagmesterminologisés. Leur conversion de lacatégorie nominale à la classeadjectivale dans leur fonctionnementsyntaxique facilite la création de bonnombre de termes importants enterminologie de l’informatique. Dansce cas, on pourrait parler de lacomposition ou de lasyntagmatisation (s’il s’agit d’unsyntagme) par dérivation impropre.La liste d’exemples que nousfournirons permettra de vérifier cetteobservation: tabulation arrière(n1+n2 où n2 = déterminant (adj,adv), système anticopie (on notera lecaractère invariable de ce n2 dans sonrôle d’adjectif malgré sa terminaison),ingénieur programmeur, ingénieurlogiciel, langage auteur, logiciel auteur.Le Guide nous fournit parmi d’autresexemples : fichiers texte ; conventionsclavier où n2 ne s’accorde pas avec n1du point de vue syntaxique; AssistantLettre où n1 et n2 ont une lettremajuscule à l’initiale ; mode Refrappeoù n2 a une lettre initiale majuscule ;style journal ; écran Word où n2 =emprunt à l’anglais commençant parune lettre majuscule (marque

déposée) ; Mots clés où il y a accordentre les deux éléments ; fenêtre Word :2e élément = emprunt, le 1er élémentreprésente un emploi métaphoriquefaisant appel à son équivalent anglais ;Police TrueType : syntagme où le 1er

élément français se combine avec n2,élément d’emprunt composé postposémodificateur ; document Word ;programme d’installation Word ;documents maîtres ; émulation determinal ANSI, Windows NT dont lessigles empruntés et n’ayant pasd’équivalents français dans le textefonctionnent en tant quemodificateur ( rôle adjectival ). Cetteformation rentrerait plutôt dans lacatégorie de la syntagmatisation desformants ; c’est un des procédés quipermettent de contourner le besoinde créer de nouveaux élémentsd’emprunt, sigles ou termes isolés,malgré l’apparence d’hybridationsouvent critiquée dans les casd’emprunt de souche anglaise. Dansla terminologie du traitement de textequi nous préoccupe, cet emploi estprivilégié à cause du souci de garderles noms déposés de plusieursprogrammes appartenant au coffret, ycompris les programmessupplémentaires indispensables.

8 Infinitif

• Infinitif ( Inf) > Impératif ( Imp)Un autre cas frappant de

dérivation impropre s’apparente(peut-être par analogie) à l’usage ensémiotique contemporaine quirecherche le sémantisme pur par sonexploitation des dérivations nonsuffixées en suivant la formule Inf>N.C’est le cas de l’infinitif nominalisé (àsource verbale infinitive) du typel’avoir, le faire, le paraître, le valoir, levouloir, le devenir, le pouvoir-faire, lesavoir-faire, le savoir-connaître, le faire-connaître, etc. Pour ce qui est de notredépouillement, nous avons relevé lesexemples qui suivent dans un texte

suivi (Armand et Bonneau: 1994)conçu d’un point de vue pédagogiqueet destiné à démystifier et à rendreplus accessible l’apprentissage desprincipaux systèmes d’exploitation etd’application ainsi que certainslogiciels de traitement de texte lesplus employés. Les exemples ci-dessous révèlent la transformation del’infinitif en impératif, dérivation quel’on remarque d’ailleurs dans lalangue usuelle : Personnaliser,Rechercher, Remplacer, Sélectionner,Enregistrer sous, Insérer, Définir,Verrouiller, Déverrouiller, Fermer,Centrer Page, Désactiver, Annuler,Créer.

On note dans ces infinitifsdevenus impératifs que les lettresinitiales sont toutes en majuscule. Cesmots de commande se trouvent dansdifférents menus et sont faciles àcomprendre ; la sémantisation del’infinitif n’entraîne aucunecomplexité dans le maniement de laterminologie telle que l’emploientArmand et Bonneau. L’utilisateur nonspécialiste qui cherche à apprendrecette terminologie et qui s’initie aufonctionnement de l’ordinateur neressent pas de grands ennuis à cetégard. Cet emploi confirme encoreune fois que toute terminologie,surtout celle qui nous intéresse enl’occurrence, puise dans la langueusuelle.

À la différence de l’impératif quel’on trouve à l’intérieur du texte suivide notre source de corpus primaire,l’impératif qui signale les commandesaccessibles par le truchement desboutons ou par les options decommandes marquées sur les boutonsdans les boîtes de dialogue et sur lesboutons des barres d’outils,fonctionnant comme l’équivalentgraphique d’un menu (qui regroupeen principe ces commandes ouoptions), se manifeste par le biais del’infinitif. Cette forme infinitive estfavorisée grâce à la neutralité parrapport au sujet visé. Autrement dit,

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Contributions

Page 59: De nouveaux outils pour la néologie

l’infinitif ne renvoie à aucun pronompersonnel.

À partir du Guide (1994) nousciterons les exemples en fonction descatégories suivantes. • Tout d’abord, des formes infinitivessimples pour signaler essentiellementdes commandes : Fermer ; Enregistrer ;Imprimer ; Quitter sous le menuFichier. Sous outils de vérification nousrelevons par exemple Ignorer ;Suggérer ; Annuler ; Ajouter ;Supprimer ; Modifier ; Restaurer,Expliquer, etc. Pour le lancement duprogramme, Lancer, Exécuter. Pourl’édition du document, Rechercher ;Remplacer ; Atteindre ; Couper ; Coller ;Copier ; Couper-Coller.• La formule Inf+Prép nous donne lesformes suivantes : Enregistrer Sous sousFichier ; Remplacer par. • Pour la combinaison Inf+Pronom:Accepter tout ; Rejeter tout ; Remplacertout ; Enregistrer tout ; Sélectionner tout.• Pour la séquence Inf+Adv, on trouveIgnorer toujours ; Remplacer partoutlors de la vérification de document.• Pour l’ordre Inf+N: Ajouter les mots ;Marquer les corrections ; Fusionnerréunions ; Comparer version ; Collerlignes ; Supprimer lignes ; Fermer unmenu ; Reproduire la mise en forme.• Avec un peu d’expansion, on a leformat Inf+Inf+N: Faire apparaître lescorrections à l’écran (ou à l’impression )une forme de constructionpériphrastique suivie d’un nom etrendu en anglais par Format Painter.• Pour la catégorie Inf+LocPrép, nousavons Remplacer en cours de frappe.• En dernier lieu, pour Adv+Inf, il y aToujours Substituer.

Les catégories ci-dessusindiquent la souplesse et l’économiede cette forme de dérivation neutre.Puisque l’infinitif ici remplacefacilement l’impératif, comme c’estd’ailleurs le cas dans la languecommune, nous craignons que lacritique de cette formation lexicale nesoit plus nécessaire. Ce mode dedérivation impropre nous rappelle lesmots anglais des mêmes commandes

comme print, copy, save, replace, etc.,où la morphologie des mots, dumoins la graphie, ne montre aucunedifférence entre l’infinitif etl’impératif. On voit donc que lesverbes peuvent être directementnominalisés ou adjectivés puisnominalisés ; ils figurent dans lessyntagmes complexes lexicalisés où leséléments qui changent ainsi decatégorie grammaticale remplissent lafonction déterminative dansl’agencement syntaxique. Cefonctionnement syntaxique estimportant car on voit à la place desdéterminants les verbes et noms quifonctionnent en position postposéecomme le feraient les éléments detype proprement adjectifs.

9 Conclusion

Devant ces constatations, onrelèvera que Arrivé et al. (1986: 334)voient l’infinitif comme «une formedu verbe ayant la particularité de neconnaître de marques ni depersonnes, ni de nombre, ni detemps». Certains traitsmorphologiques confèrent à l’infinitifsa forme verbale. Il est égalementsusceptible, du point de vuesyntaxique, d’assumer toutes lesfonctions du nom. Il est capable defonctionner comme l’équivalent d’unimpératif dans l’expression de l’ordre,de transmettre une consigne ou uneinterdiction. Pour Riegel et al. (1994:407), le caractère injonctif ouimpératif est associé à la gamme desactes directifs où le locuteur veutobtenir un certain comportement deson interlocuteur. Nous signalerons àce stade que dans la terminologiefrançaise de l’informatique et selonl’optique qui sous-tend la conceptionde cette interrogation, la présence dulocuteur est presque toujours latente.Le locuteur maintient une distanceentre lui-même et l’usager dusystème. S’il y a proximité, c’est

essentiellement entre le systèmeinformatique et celui qui s’en sert,élément qui est mis en relief à traversla serviabilité et la convivialitérecherchées par les utilisateurs desdispositifs informatiques. Poursuivantleur réflexion, Riegel et al. (408)ajoutent que l’impératif est «doublement lacunaire» car il estlimité à des personnes, et il estrestreint au groupe verbal sans groupenominal sujet exprimé. Par ailleurs,l’infinitif (251; 334) est considérécomme la forme nominale du verbe.C’est là où réside son attrait enterminologie de l’informatiquesurtout dans la mesure où on a besoind’établir une communication ou undialogue virtuel entre l’utilisateur et lesystème informatique.

Comment cet emploi del’infinitif entrerait-il dans lesdictionnaires techniques spécialiséstraitant de l’informatique, parexemple? Son absence, ou sonexclusion, si on lui a refusé uneconsidération terminographique (onpeut noter que les formes verbalesexistent dans les dictionnairesgénéraux de langue), est-elleattribuable à sa marque d’ambiguïté?Quoi qu’il en soit, on ne peut pasnier que l’infinitif peut être employé àla place de l’impératif pour exprimerun ordre, un conseil avec laparticularité graphique de lettresinitiales capitales.

Au point de vue de lacommunication, la conversion nousrappelle les six fonctions de Jakobson(1963: 213-218; cf. Kocourek 1991:58) en particulier la fonction conative( injonctive, appellative). L’utilisateur( ici le récepteur, le lecteur ou ledestinataire) se servant du micro-ordinateur est appelé, même enl’absence apparente de l’émetteur, àexécuter des opérations pertinentes.Ce qui frappe est que l’interaction quis’effectue entre le systèmeinformatique s’établit non à l’aide del’impératif, mais grâce à l’infinitif.

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Contributions

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Malgré les insuffisancesapparentes, après la création de ceséléments, il incombe aulinguiste/terminologue d’élaborer,d’élucider le processus de créationlexicale et d’établir l’interface entre lescatégorisations grammaticales face auxservitudes de la grammaire de lalangue concernée et de démontrerl’étendue de l’emploi en question.Jusqu’ici, les aspects portant sur leséléments verbaux ont reçu peud’attention, au profit desnominalisations.

Il nous semble qu’il s’agit d’unemprunt sémantique intralinguistiqueutile pour la terminologie del’informatique usitée ces jours-ci parun effectif considérable de personnes,d’où le concept de la sociabilisationde l’informatique. Si nous croyons àla notion que le français préfèredénommer les concepts plutôt que deles décrire, nous comprendronspourquoi la terminologie française engénéral tend à s’emparer de touteressource disponible y compris desanglicismes, malgré les mesuresextralinguistiques mises en place pourendiguer les éléments inhabituels etétrangers. Il est également évidentqu’il faut manier et travailler toute lagamme sémiotique d’une langue pouratteindre sa capacité dénominatrice etformatrice potentielle. Sinon, on finitpar croire à son insuffisance et à sonincapacité face aux nouveauxconcepts, surtout des conceptstechnoscientifiques qui exigent uneconnaissance de pointe abstraite etexacte.

Emmanuel Aito,Département de français,Université de Regina,Regina, Saskatchewan, Canada.

Bibliographie

St-Pierre (A.), Bonneau (A.), 1994: Lamaîtrise du micro-ordinateur,Boucherville, Éditions Vermette Inc.

Arrivé (M.) et al. 1986: La grammaired’aujourd’hui. Guide alphabétique delinguistique française, Paris, Flammarion.

Darmesteter (A.), 1877: De la créationactuelle de mots nouveaux dans la languefrançaise et des lois qui la règlent, Paris,Vieweg (Genève, Slatkine Reprints,1972).

Kocourek (R.), 1991, La langue françaisede la technique et de la science, 2e éd., Wiesbaden, Brandstetter.

Microsoft Corporation, 1994, QuickResults : Microsoft Word 6.0, USA,Microsoft.

Microsoft Corporation, 1994, User’sGuide : Microsoft Word 6.0, USA,Microsoft.

Microsoft Corporation, 1994, Aperçu:Microsoft Word 6.0, Ireland, Microsoft.

Microsoft Corporation, 1994, Guide del’utilisateur Microsoft Word 6.0, USA,Microsoft.

Petit Robert, 1993, Rey-Debove J. et ReyAlain, dir., Paris, Le Robert.

Rieget (M.) et al., 1994, Grammaireméthodique du français, Paris, PUF.

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Contributions

Page 61: De nouveaux outils pour la néologie

Contributions

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La mondialisation laisse sestraces sur toutes les langues du

monde. Les nouvelles technologiespermettent désormais de suivre cetteévolution linguistique de façon bien

plus précise que dans le passé. AlessioPetralli propose un système de veille

néologique concernant cinqcommunautés linguistiques, et livre

les premiers résultats de l’enquête surle phénomène de la mondialisation.Cet article est une mise à jour de la

communication orale présentée àBarcelone en 1997 à l’Université

Pompeu Fabra.

Termes-clés :veille néologique; corpus ;néologie ; multilinguisme;

néologisme formel ; néologisme sémantique; néologisme d’emprunt.

1 Introduction

es langues et leurslocuteurs sont dansun état de perpétuelleconfrontation: onpeut dire que leurdiversité est une

confirmation de leur identité. Cetteconfrontation, qui ne manque pas desusciter beaucoup d’intérêt, peut fairel’objet d’études systématiques :traductologie, lexicographie,enseignement des langues, parexemple. La mondialisation de cesdernières années a ravivé l’intérêtpour ces confrontationsinterlinguistiques, et pour les étudescontrastives en général, en réponse àl’internationalisation croissante de lasociété qui crée le besoin decompétences linguistiques accrues.

La linguistique de corpus ouvrede nouvelles perspectives dans lecadre des études contrastives. Il estdésormais possible d’accéder à descorpus significatifs numérisés de typesvariés, disponibles en particulier surInternet et sur des supportsnumériques (cédéroms) ; le coûtd’accès est variable, mais actuellementtrès faible, voire nul. Il existe deslogiciels puissants d’interrogationtextuelle, des interfaces conviviales ettout cela à des prix abordables.Cependant la constitution de corpusélectroniques d’une certaine taille,choisis avec des critères cohérents etconvertis dans des formats spécifiques(permettant l’interrogation par deslogiciels appropriés, par exemple), estune affaire autrement complexe et quia son prix. Cette première phase

longue et onéreuse est le tribut que lelinguiste doit payer afin d’obtenir despossibilités de recherches commodeset variées encore difficilementimaginables il y a peu de temps, ainsi,par exemple, la collaboration àdistance avec d’autres chercheurs.

2 Parcours de recherche

La néologie internationale estdésormais en mesure de bénéficier desoutils de traitement automatique etde procéder à l’exploitation de grandscorpus. On mesure aujourd’hui lechemin parcouru lorsqu’on consulteles nombreux projets présentés dans lerecueil de Braun-Schaeder-Volmert(1990), référence privilégiée pour lesinternationalismes. De plus, lescorpus informatisés et les résultats deleurs analyses peuvent être transmis etrendus accessibles assez facilement età peu de frais dans le monde entier,d’autant plus que des liaisons efficaces(Internet), des ordinateurs puissantset des mémoires de massevolumineuses sont aujourd’hui à laportée du chercheur. Ces moyens decommunication modernes ont uneautre caractéristique: la rapidité,qualité non négligeable lorsqu’il s’agitde pister les changements quotidiensdans des langues variées, témoignagesde la néologie internationale.

Nous partons de l’hypothèse quela néologie internationale, baséeessentiellement sur l’anglais, peut êtrediffusée quasi instantanément surtoute la planète ; la télévision atteintun public de masse, les nouveauxmédias une élite émergente. Les mots,

Néologismes, internationalismes et mondialisation

L

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comme les images, sont doncaujourd’hui virtuellementomniprésents, et à la disposition desmasses, contrairement à ce qui sepassait autrefois lorsque les contactsinternationaux constituaient le précarré des personnes instruites. Il estintéressant à ce propos d’examinercomment on passe du mondial aulocal et vice versa. Ce qui nous apoussé vers les internationalismes étaitnotre travail sur l’italien régional duTessin, qui comporte de nombreuxtessinismes qu’on peut appeler«d’anticipation» (Petralli 1990:126-129). En effet, au Tessin, onrelève des néologismes italiens telsque: legge quadro – de loi cadre, pianodirectore – de plan directeur, educatore,de éducateur, riservazione – deréservation, compostaggio – decompostage, polluzione – de pollution,suggestione – de suggestion, boicotto –de boycott, palette – de palette,ordinatore – de ordinateur, résultat ducontact quotidien que l’italienrégional du canton suisse entretientdepuis longtemps avec deux grandeslangues de culture européenne, lefrançais et l’allemand( 1 ). Ce qui sepasse au Tessin n’est pas atypique dephénomènes analogues en Europe.On constate effectivement denombreux parallèles dans le lexiqueintellectuel, la langue de la médecineou des sciences des langueseuropéennes. Ce qui est plusétonnant, en revanche, est le fait quela plupart des études sur les

internationalismes proviennentpresque exclusivement de lalinguistique allemande. La raison estsans doute l’aspiration à l’ouverturesupranationale, qui a animé le mondeuniversitaire allemand depuis la fin dela Seconde guerre mondiale.

Le projet d’un observatoire denéologie internationale s’est pourtantrévélé bien plus difficile à réaliser queprévu. Il nous a fallu privilégier lanéologie qualitative ( les signifiantsdans différentes langues d’un petitnombre de néologismes choisis et enparticulier de globalisationmondialisation, mais aussimultimedialità et interattività, etc. )plutôt que les aspects quantitatifs, oudes listes plurilinguesd’internationalismes néologiquesrésultant d’un dépouillementautomatisé.

3 Des corpus parallèles aux corpus comparables

L’exploitation de corpusinformatisés commence en 1961 avecla Brown University Corpus ofAmerican English, suivie vers la fin desannées 60 du LOB Corpus, équivalentbritannique de la première. Au débutles corpus numérisés sontmonolingues, mais rapidement onpasse aux bilingues, visant uneapplication lexicographique,traductionnelle ou pédagogique. Undes corpus bilingues le plus célèbre estla transcription des débatsparlementaires canadiens, sourceinépuisable de textes politiques enfrançais et en anglais. Il s’agit decorpus parallèles, ou d’une collectionde textes dont les uns sont lestraductions des autres. Beaucoup decorpus parallèles plurilingues sontproduits de nos jours par l’Unioneuropéenne et plus récemment par laSuisse. Au début de nos recherches

nous avons utilisé certains corpusparallèles afin de tester leurpertinence pour les recherches denéologismes internationaux. Dans larecherche d’équivalents, l’avantage descorpus parallèles est indéniable sur leplan quantitatif, mais on se heurterapidement à un inconvénient detaille. Les corpus bilingues etmultilingues consistent généralementen une langue source et en une ouplusieurs langues cibles, celle(s )-ciétant le fruit d’une traduction. Il enrésulte des effets de distorsion du faitde la traduction, fortement influencéepar la langue source. Le lexique d’unetraduction n’est donc pas représentatifde celui de la langue cible. Dans lecas des corpus comparatifs,cependant, nous obtenons des textesqui traitent du même sujet dansplusieurs langues et qui mettent enlumière des analogies de différentstypes, pas seulement lexicales,témoignages authentiques des grandsmouvements d’hybridation culturelleet linguistique qui nous intéressent.Plus généralement, l’exploitation decorpus comparables a séduit denombreux chercheurs et pourbeaucoup d’utilisations ilsreprésentent le nec plus ultra dans lecadre des corpus plurilingues.

4 Choix de secteurs et dedomaines d’emplois

Après avoir testé différentscorpus parallèles plurilingues, surtoutdans les domaine de l’écologie, del’économie et du droit (pour cedernier, le recueil plurilingue de textesjuridiques de l’Union européenneCelex, cf. http://europa.eu.int/celex esttrès utile ), nés dans le contexte del’Union européenne, nous avonsdécidé de nous concentrer sur descorpus comparables. Celui que nousavons constitué est tiré de sources

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Contributions

(1) On rappelle que le canton duTessin, où on parle un italienrégional tessinois, est l’un desvingt-six cantons suisses, quiréunit 300 000 habitants sur2 811 kilomètres carrés. L’italienest considéré comme langueofficielle, à côté du français et del’allemand, sans oublier leromanche (voir Terminologiesnouvelles 12: 59).

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journalistiques et comporte cinqlangues (cf. tableau 1). Le choix detextes écrits pris dans des journauxcompromet quelque peu lareprésentativité de notre corpus, dansla mesure où le langage journalistiquereprésente un registre soumis à sespropres règles. Ainsi, tout ens’occupant potentiellement de tout, lelangage des journaux serait plus apteà exprimer certains sujets plutôt qued’autres et à en parler d’une certainefaçon ( le style journalistique, qui peutd’ailleurs varier d’un journal à unautre). Pour ces raisons il fautreconnaître que certains types d’écritssont presque totalement absents( littéraire ou poétique par exemple),alors que d’autres sont surreprésentés(politique et économique).

En tout cas, après avoir rassembléun premier corpus, nous avonsprivilégié les articles qui traitent d’unefaçon ou d’une autre de lamondialisation. Mettantmondialisation en relation avecd’autres mots-clés (voir tableau 2),par exemple avec style de vie, mode devie et leurs équivalents dans lesdifférentes langues, avec le préfixecyber- (dans les formes équivalentes enitalien, allemand, anglais et espagnol),nous avons pu rassembler un nombreconséquent d’articles capables dedonner la mesure de certainestendances générales et actuelles. Detelles tendances seraient, dans notrepremière hypothèse, à l’origine detoute une série de néologismes, quireprésentent en quelque sorte certainesfrontières de la nouvelle société de lacommunication, au moins dansl’imaginaire véhiculé par lesquotidiens prestigieux cités dans letableau 1.

5 Corpus en cinq langues

Le corpus en cinq langues( italien, français, allemand, anglais,

espagnol) comporte des articles sur cequ’on peut appeler de façon large,«style de vie de la mondialisation etdes nouveaux médias». Nous avonsaussi créé un corpus plus restreint,consacré uniquement aux articles qui,toujours dans la même période(1992-1995) et dans les mêmesjournaux, comportent le mot italienglobalizzazione ou l’équivalent dansles autres langues.

Le support privilégié pour cetraitement n’est pas le papier maisbien sûr le cédérom. En plus descédéroms, de nombreux textesjournalistiques, surtout récents,peuvent être téléchargés à partird’Internet. Cette option n’est pas unesolution de facilité : le langage HTMLdes pages de la toile engendre desdifficultés supplémentaires quand ils’agit d’obtenir un texte propre qu’onpuisse interroger avec profit. Il seraitégalement possible de s’adresser aufournisseur de bases de données quipermettent de rechercher desjournaux en texte intégral, mais lescoûts peuvent être relativementélevés, surtout pour des journaux àcaractère économique. Après un longtravail de recherche et detéléchargement de données, noussommes parvenus à un corpuscomportant aujourd’hui 1 433 000formes ( 2 ) pour cinq millionsd’occurrences (cf. tableau 1).

Ce corpus choisi et équilibréselon les critères simples déjà esquissésest interrogeable à souhait avec lelogiciel d’analyse textuelle trèspuissant DBT( 3 ).

6 Quelques enquêteseffectuées sur le corpus

Notre hypothèse a été confirméepar les résultats des premierssondages, résumés ici. Après avoirconstitué le corpus, nous avons dans

un premier temps voulu procéder àtoute une série d’expériences qui ontdonné quelques résultats plus oumoins prometteurs. En outre, il fautnoter que les secteurs qui nousintéressent le plus ( lesinternationalismes néologiques)représentent seulement une desdifférentes possibilitésd’approfondissement qu’un corpuscomme le nôtre offre au chercheur.Pour cette raison, aux recherchesponctuelles sur la diffusion d’unenéologie plus ou moinsinternationale, il est opportund’ajouter des réflexions à caractèresociolinguistique. Il serait doncsouhaitable qu’une observationpermanente à plusieurs niveaux soitconjuguée à une mise à jour continuedu corpus, et à ce propos, il estnécessaire de bien définir archive etcollection.

Un corpus de données textuellespeut être défini comme une«collection» (ou «archive») organiséeet articulée de textes portant sur undomaine donné, dans lesquels sontreprésentées une ou plusieurs

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Contributions

(2) Un repère quantitatif peutêtre déduit de Volz (1996: 162)lorsqu’il dit « in order to browsethe texts accumulated within amonth from an average dailynewspaper, a lexicographer wouldhave to examine about 40 000word forms, of which only 2%prove to be genuine neologisms»(cf. Maier-Meyer 1995: 196). Entout cas, le nombre de 800 néolo-gismes peut paraître excessif.

(3) Pour d’autres informations,voir http://www.ilc.pi.cnr.it/dbt/pisystem.html. Il s’agit d’un cor-pus original dont l’exploitationpeut, à notre avis, constituer unecontribution significative aux tra-vaux sur les corpus comparablesplurilingues.

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langues ( 4 ). Comme nous l’avons déjàvu, préparer un corpus significatif estune opération onéreuse en termesd’énergie et de temps. En effet, à tousles problèmes de répérabilité desdonnées textuelles, il faut ajouter lanécessité de transférer ces donnéesdans un format utile qui permette desinterrogations complexes, grâce auxlogiciels d’analyse textuelle dédiéscomme DBT. Naturellement, une foisconstitué, un corpus de qualitépermet toute une série articulée etrapide de recherches naguèredifficilement imaginables. La néologieen bénéficie grandement, commel’annonce déjà Volz (1996).

7 A la recherche denéologismes etd’internationalismes

En se référant par exemple àPetralli (1996b: 18), nous pouvonsdistinguer trois catégories denéologismes : le néologisme formel(nouveau signifiant pour un nouveausignifié), le néologisme sémantique(acquisition d’un nouveau signifiépour un signifiant déjà existant avecd’autre(s ) signifié(s ) ) et lenéologisme d’emprunt ( importationplus ou moins directe d’un vocableétranger avec des adaptations plus oumoins marquées). Dans la premièrecatégorie (néologismes formels) nouscomprenons le néologisme deformation: mot nouveau créé enexploitant les matériaux déjàdisponibles dans le systèmelinguistique et les recombinants.

7.1 Néologismes formels

Le néologisme formel est le typequi peut être le plus facilement repérépar des moyens automatisés (cf. Volz1996, « le néologisme nouveau-né»).En effet le nouveau signifiant peutêtre facilement identifié enconfrontant deux corpus ou deuxlistes de mots. Puisque le néologismeest un mot nouveau, on présupposeque la confrontation est faite entredes corpus comparables qui seréfèrent à des laps de temps divers(diverses années d’un journal, parexemple). Voir l’annexe 1, quiprésente tous les mots quicommencent par a, b, c, contenusdans c92 (Corriere della Sera 1992) etqui ne sont pas répertoriés dans DMI(Dizionnario macchina dell’italiano ).

Il nous a été possible d’utiliser cedictionnaire électronique (DMI ) del’Institut de linguistiquecomputationnelle du CNR à Pise,«reflet» lexical du vocabulaire italiende la seconde moitié des années 80.

La liste des mots résultant de cettecomparaison comporte 373 unités,dont une vingtaine au plus sontsusceptibles de susciter l’intérêt duchasseur de néologismes italiens ( 5 ).Tous les autres sont par exemple dessubstantifs ou des adjectifs nonlemmatisés (ou des erreurs delemmatisation), des noms propres oudes éléments de syntagmes fixes (chiefpour chief executive ). On se rappellequ’il s’agit ici de 1992, et lesnéologismes potentiels peuventrecouvrir des phénomènes sociaux telsque le sida, des adjectifs tels quealternatif, acquariano (dell’eradell’acquarie ), des anglicismesdésormais plus ou moins intégrésdans le lexique italien commeantitrust et appeal, chat et anchorman,des représentants de suffixesinternationalement productifs,comme -izzazione dansattualizzazione etcompartmentalizzazione, desconstructions «médiatiques» commecybersexe, des termes techniquescomme coagrulatrice.

Partant des réalisationsnéologiques de l’italien, on peutchercher dans les corpus des autreslangues les équivalents potentiels, parexemple en recherchant tous les motsqui se terminent par -izzazione, -izaction, -isierung – isation/ization, -izacion, (globalizzazione, mais aussipar exemple en italiendelocalizzazione, en françaisdélocalisation, en allemandEntterritorialisierung, en anglaisdelocalisation, en espagnoldeslocalizacion ), ou bien les

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Contributions

(4) Pour une définition plus«officielle», mais de langueanglaise, voir le Glossary of CorpusLinguistics, <http://clg1.bham.ac.uk/glossary.html> «un corpus estun recueil de textes représentant lalangue naturelle, choisi dans lebut de caractériser un état ou unevariété de langues. En linguistiqueinformatique moderne, un corpuscomporte généralement plusieursmillions de mots. La raison en estqu’il est reconnu que la créativitéde la langue débouche sur unevariété d’expressions tellementvaste qu’il est difficile d’isoler lesrécurrences qui sont les indices dela structure lexicale de la langue».Nous décrivons ici deux types decorpus. Le premier est le corpus«témoin», qui est un recueil finide textes, choisi en général avecbeaucoup de précaution et étudiéen détail. Une fois qu’un corpustémoin est établi, il ne subitaucune modification ni aucunajout. L’autre type de corpus quiprend forme actuellement, est lecorpus «moniteur», qui réexploitedes textes préparés sous formenumérisée dans d’autres buts :pour des imprimeurs dans le casde journaux, de magazines, delivres, et de plus en plus, detraitements de textes ; pour lalangue parlée, il s’agit detranscriptions faites dans un butjuridique ou bureaucratique.»

(5) Pour une comparaisonpurement indicative, on peutsignaler les remarques de Volz(1996: 162), qui déclare que:«pour parcourir les textesaccumulés d’un mois depublication d’un quotidienmoyen, un lexicographe devraitexaminer 40 000 mots-formes,dont seuls 2% seraient de vraisnéologismes.»

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anglicismes non adaptés (appeal ) ( 6 ),ou encore les préfixes productifscomme ciber-/cyber-. Dans lesexemples de l’annexe 1, nous noussommes limité aux trois premièreslettres de l’alphabet, mais il estévident que de telles recherchespeuvent être effectuées aisément, àcondition de disposer de corpussignificatifs comparables, et de corpusd’exclusion comme le DMI. De cettefaçon, les corpus des différentesannées peuvent être paramétrés encomparant les listes de mots, vérifiantainsi quels sont les mots effectivementprésents pendant une période donnéeet absents à d’autres.

7.2 Néologismes de formation

Très souvent, en particulier dansles discours spécialisés, lesnéologismes sont composés en faisantappel aux matériaux linguistiques déjàdisponibles en latin, en grec et de nosjours en anglais (cf. biomouse ). Ils’agit surtout de néologismesinternationaux, puisque denombreuses langues de spécialité onttendance à uniformiser une bonnepartie de leur terminologie. Parmi lesnéologismes internationaux qu’onpourrait rechercher avec profit, onpeut privilégier les termes faisantappel à des préfixes actuels etpotentiellement très productifs. Dansle sous-corpus ITA (pour lacomposition de ce corpus transversalde journaux italiens, voir tableau2) ( 7 ), on présente ici (cf. annexes 2 et3) toutes les occurrences des motscommençant par post- et bio-, mais

on aurait pu aussi bien choisir non-,euro- , etc.

Il est évident que tous lesrésultats ne sont pas pertinents dansla perspective de la néologiepotentielle. Certaines occurrences nesont pas a priori néologiques ( lesnoms propres, par exemple), tandisque d’autres nécessitent unevérification ponctuelle dans lescontextes. Pour cette raison, à des finsd’illustration, nous présentons dansl’appendice 2 tous les contextes debio-, par exemple bioclimico ( 8 ),Bioparc. Il convient de souligner quele logiciel DBT permet de récupérerfacilement tous les types de contextessouhaités, à partir de quelques motsdans un kwic (Keyword in Context ).En pratique, le logiciel DBT offre lapossibilité de consulter une grandequantité d’articles de journaux defaçon modulaire et cela trèsrapidement, ce qui ne serait paspossible en feuilletant les journauxsous forme papier.

7.3 Néologismes d’emprunt

Rechercher automatiquement desemprunts récents, passés d’autreslangues en italien, est souvent facilitépar la forme particulière du signifiantnon adaptée ou peu adaptée. Parexemple il peut être utile derechercher tous les mots dans lecorpus ITA (cf. tableau 2) quicomportent au moins une des cinqlettres j ou k ou w ou x ou y, saufceux qui commencent par unemajuscule, afin d’éliminer les nomspropres comme New York. Une autrepossibilité propre à l’italien est larecherche de tous les mots qui seterminent en -s, qui, dans le corpusdes journaux rédigés dans cettelangue, sont au nombre de 124.Parmi ceux-ci, dans le corpus destextes de 1992 à 1995, moins d’unedizaine nous ont semblé intéressants.On a ensuite effectué une recherchepeu ciblée en partant d’une liste demots tirés de Barnhart 1995, dontnous avons retenu chat, down,ranking, recall, wired, splatter, karaoke.

Le fait qu’on relève ces mots dans bonnombre de journaux du corpusplurilingue q94 (cf. tableau 2) est unbon indice de leur « internationalité».

7.4 Néologismes sémantiquesRepérer automatiquement un

mot déjà existant qui acquiert unnouveau sens est évidemment unetâche difficile. Il suffit à ce sujet derappeler le témoignage de Volz(1996: 161) quand il souligne ladifficulté d’identifier « les élémentslexicaux déjà existants, soit des motssimples ou composés, dont l’usage oule sens a été déplacé, modifié, ouétendu». Il est évident qu’il est bienplus difficile d’identifier ces mots queceux du premier type». ( 9 ) Grâce au

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Contributions

(7) Rappelons que le corpus deréférence et les différents sous-corpus, en particulier le sous-corpus ITA comprenant quatreannées (de 1992 à 1995) de troisquotidiens italiens et le sous-corpus q94 qui regroupe l’année1994 de dix journaux dans cinqlangues sont encore à un staderelativement grossier/brut qui seraaffiné dans les analyses à venir. Ilsubsiste par exemple desproblèmes de caractères accentuéset de chiffres, et dans denombreux cas il faudra examinerde plus près l’apport descontextes. Pour cette raison lesmatériaux présentés en annexe ontun caractère encore provisoire.(8) posizione geografica, oltre cheper motivi orografici e *bioclimici*,ha conservato risorse naturali dieccezionale pregio. SV19-09-94Dalle Alpi al mare un tuffo 461.

(9) Pour Volz (1996: 161) lesmots du «premier type» sont des«new-born neologisms», des «motsisolés qui ont été créés dans unelangue particulière ou bien sansmodèle préexistant, comme dansle cas de la plupart des sigles, soitdans celui des créations ex nihilo,comme par exemple quark enanglais, ou par des mots ou desparties de mots empruntés, ycompris les radicaux, affixes etc, àd’autres langues telles que le grec,le latin ou de nos jours l’anglais.»

(6) Dans notre corpus transversalq94 appeal paraît six fois dans c94(dont trois fois sex appeal ), troisfois dans S94 (aucun exemple desex appeal ) et six fois dans t94(dont trois fois sex appeal ). Outreles nombreuses attestations dansi94 et n94, appeal paraît une foisdans la NZZ (en parlant deproduct appeal entre guillemetsdans le texte – de la nouvelleautomobile Smart) et une foisdans TAZ 94 (mais sex appeal ).

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logiciel DBT, il est possibled’interroger notre corpus par rapportaux mots qui l’entourent, il y a toutesles chances qu’on le relève associé àun contexte plus ou moins déterminé.Dans le cas de globalizzazione, lesrelevés dans différentes languesconcernent des nuances de sens qu’ilserait prématuré d’interpréter ici defaçon sociolinguistique. Dans le casd’une recherche plus ciblée denéologismes sémantiques, il estévident qu’un changement évidentrépété des mots du contexte signaleraun possible changement de signifiés.Pour en donner une idée, on peutsupposer que si l’on relève raton enespagnol (pour rendre mouse ), onpourrait envisager la «naissance» detopo en italien ( 10 ).

8 Les guillemets

Les guillemets constituent pourplusieurs raisons un signe deponctuation important en matière denéologie ( 11 ). Nous laissons de côtépour le moment toute réflexion detype quantitatif, qui serait à mettre enrelation avec le volume des différentssous-corpus, pour dire que l’emploides guillemets pour mettre en reliefun mot (et ainsi une chargenéologique éventuelle) estparticulièrement courant dans lesjournaux italiens. En particulier,l’analyse faite sur q94 met en lumièrele grand nombre d’occurrencesrelevées dans le Corriere della Sera de1994 (c94). En général, il sembleraitque l’emploi de guillemets poursignaler les emprunts à l’anglais nonadaptés est relativement limité(exemples tirés de c94: future, hacker,fiction, correct, lecture, kidware ). DansLe Monde 94 (194) de nombreuxemprunts non adaptés se trouventaccompagnés de glosesmétalinguistiques, d’explications oude propositions de traduction (parexemple feed-back rendu par effet deretour, et re-engineering accompagnédu commentaire «pour les adeptes du

jargon anglo-saxon»). Il est bien sûrpossible de relever le mêmephénomène pour l’espagnol (V94 =La Vanguardia 1994). Citons commeexemple monitoring accompagné de laglose entre parenthèses « (en espagnol,controlar )». En ce qui concernel’attitude de la presse espagnole àl’égard des anglicismes, il est instructifde consulter le Libro de estile de ElPais. ( «Ne dites pas mass media maismedios de masas ou mediosinformativos» ). Entre autresanglicismes non adaptés présentésentre guillemets dans V94, citonsapartheid, bit, boom et lobby, termesdéjà assimilés dans plusieurs langues.Dans le TAZ de Berlin on relève peud’anglicismes non assimilés signaléspar des guillemets ; citons à ce proposles internationalismes cool etimpeachment. Parmi les préfixesvéhiculés par l’anglais, citons ciber-/cyber- (allemand Kyber- ). A proposde signes particuliers, il convient designaler aussi l’emploi des parenthèsesaccompagnant tel ou telcommentaire, qui peut être significatifdans la recherche de néologismes.

Comme on le comprend bien,partant des quelques mots proposés àdes fins d’exemplification (empruntsà l’anglais non assimilés entreguillemets), il n’est pas possibled’extrapoler une tendance, d’autantplus que l’emploi de ce signe deponctuation est tributaire destraditions des différents journaux,ainsi que de celles des langues enquestion, mais ils sont plus qu’unequestion de style. Des contextessignificatifs de ce point de vue, tirésdu sous-corpus italien de l’appendice6, qui comporte des syntagmes dedeux mots mis entre guillemets dansle Sole 24 Ore 1994, comportent descalques bien prévisibles : autostradeelecttroniche, qualità totale, realtàvirtuale, casa cablata, etc., ainsi quedes anglicismes non adaptés etspécialisés (on line, client server,information technology, publiccompany, convenient store [ sic ],function point, etc. ).

9 Conclusions

Cet article se propose d’illustrerun phénomène jusqu’ici peu étudiépar les sciences linguistiques, maispromis à un développement croissant.La néologie internationale et lesnouveaux médias qui la promeuventsont en réalité un nouveau chapitredans les études portant sur deuxaspects de notre vie accélérée : l’élande l’innovation linguistique (etextralinguistique) et l’intensificationdes contacts entre les peuples et lesdifférentes langues. Cette tendance,favorisée par les nouveaux médias,mais aussi par la diffusion des moyensde communications ( télévision, radio,fax, etc. ) et de moyens de transportsrapides de plus en plus à la portée desmasses, donne lieu à des changementsconséquents. Il s’agit de changementsdifficilement mesurables à moyenterme, tant leur rapidité et leurcomplexité rendent difficiles toutestentatives de prévision ( 12 ) allant au-

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Contributions

(10) En forçant un peu le trait,on peut s’attendre à descooccurrences comme gatto (chat)et formaggio ( fromage) pour l’un(*topo pour «mouse») et computer(ordinateur ) et tastiera (clavier )pour l’autre ( it. Mouse ). «Un motqui a plusieurs sens différents aurades colloquats différents. On peutainsi dépister automatiquementles changement de sens.» Volz(1996: 163).

(11) Pour l’italien voir Petralli1990 ainsi que Accame (1981).

(12) On rencontre des prévisionsinconsidérées, comme le faitremarquer le directeur deMedialab à Lugano, NicholasNegroponte, qui voitpériodiquement des scénariosrévolutionnaires. Nous pouvonsciter celui d’une révolutionnumérique qui aurait faitdisparaître rapidement le papierde nos bureaux.

Page 67: De nouveaux outils pour la néologie

delà de simples propos de Café duCommerce. Les journaux représententde toute façon un miroir significatifde l’évolution de la société, en tantque vecteurs indispensables entre lesconnaissances toujours plusparcellisées et le désir de la part degroupes de citoyens de plus en plusnombreux d’accéder auxinformations.

Tout en observant la réserve derigueur dans ces cas, on peutprétendre que les thèmes choisis parles grands journaux, leur «agendasetting», la langue et les motsemployés constitueront une référencequ’il conviendra d’observer si l’onsouhaite pister les tendancesémergentes de la sociétécontemporaine, surtout celles quiconstituent le grand marché mondial(États-Unis, Asie, Europe). Mais ilest vrai aussi qu’il est plus probableque dans les journaux on relève destendances «déjà émergées» et que lesjeux de la néologie soient déjàexprimés dans les revues spécialisées.Où et quand est née la«globalisation»? Quelle est l’influencedu «village global» ( 13 ) ? Rappelonstoutefois que les journaux sont desvecteurs privilégiés pour transmettreau grand public le vocabulaire denombreuses sciences (et d’autres sous-codes en général ).

C’est le cas de l’économie, quidans certains cas fait son propremarketing, mais c’est aussi le cas dessciences plus dures qui ne dédaignentpas la scène médiatique. Lamondialisation est un phénomèneinédit et complexe. Elle est égalementambigüe, un fourre-tout où l’on rangedes événements significatifs ettriviaux. Il arrive que pour telnouveau concept on ne trouve pastoujours les «mots pour le dire». Lesréflexions de Fanfani (1991: 12) sontsignificatives de ce point de vue,quand il écrit que pour l’italien «à lafin des années 80 [ ... ] la phase del’influence de l’anglais tire à sa fin,influence qui a commencé à l’époque

de l’expansion économique(«boom») et qui était caractérisée parune pression croissante ettumultueuse d’ordre lexical surtout»,tandis que de l’autre il relève «qu’onaborde une période de rapports plusmûrs et plus circonspects avecl’anglais, qui laisse entrevoir unecertaine stabilisation dans le domainelexical mais une influence plusprofonde au niveau des structures dela langue». Cette (apparente)contradiction devient subitement pluscompliquée quand l’auteur relève « ledéclin du soi-disant «mytheaméricain», il s’agit probablement deson européanisation.»

Dans la pratique, le niveausuperficiel des langues serait moinsinfluencé de nos jours tandis que lastructure profonde serait déjàmodifiée. En somme, dans la pire deshypothèses, les Européens seraientdéjà devenus bien Américains etl’exception culturelle revendiquée parles Français pour l’audiovisuel seraitun paravent pour les belles âmes( 14 ).

Nous croyons qu’une néologiequalitative, suivant de près l’évolutionde concepts cardinaux comme celuide la mondialisation/globalisationpeut être utile pour mieuxcomprendre la portée et les possiblesconséquences de l’hégémonieculturelle américaine et pourrait être àl’origine d’une nouvelle pragmatiquede la communication, et nonseulement en réseau. On pense à laconcentration entre peu de mains desgrands marchés de la communication.

Pour ces raisons nous nousproposons de suivre de près lesparcours narratifs de et sur laglobalisation, que de nombreuxjournaux européens et américainsproposent avec insistancequotidiennement à leurs lecteurs.Nous avons commencé à le faire pourla première moitié des années 90, etnous avons l’intention de poursuivrepour la seconde moitié. Un modèled’analyse sémantique efficace,appliqué à un néologisme aussi

répandu (globalisation/mondialisation)et à ses dérivés, serait bien révélateur.Ces perspectives méritent amplement,à notre avis, une collaborationinternationale.

Alessio Petralli,Istituto di Scienze Sociali dellacomunicazione,Facoltà di Scienze della comunicazione,Università della Svizzera italiana,Lugano.

Traduit par J. Humbley,Centre de terminologie et de néologie,Université Paris XIII.

Bibliographie

Accame (F. ), 1981: «Virgolette, chepassione. Interpretazioni indisciplinate delcomunicare implicito», Il Caffè, XX, juin,p. 47-59.

Barnhart (D.),1995: The Barnhart NewWords Concordance. Supplement, ColdSpring, New York, Lexik HousePublishers.

Braun, (P. ), Schaeder (B.) et Volmert(J. ) (éd. ), 1990: Internationalismen.Studien zur interlingualen Lexikologie undLexikographie, Tübingen, Niemeyer.

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Contributions

(13) War and Peace in the GlobalVillage, avec Quentin Fiore, datede 1969, tandis qu’en 1960, dansExplorations in Communication:An Anthology, d’Edmund S.Carpenter, on relève déjà globalvillage.

(14) En tout cas nous pensonsque la culture (et la langue)française est aujourd’hui la seulecapable de résister au « leadershipUSA»). Comme exemple de cetterésistance et de cette tension, nouspouvons citer Le Mondediplomatique, d’une part, et despublications comme Wired, del’autre.

Page 68: De nouveaux outils pour la néologie

Fanfani (M.), 1991-1995: «Suglianglicismi nell’italiano contemporaneo»,Lingua Nostra, 52 (1991), p. 11-24,p. 73-89, p. 113-18; 53 (1992), p. 18-25, p. 79-86, p. 120-21; 54(1993), p. 13-20, p. 63-71, p. 122-24;55 (1994), p. 19-25, p. 76-77, p. 117-120; 56 (1995), p. 14-17.

Maier-Meyer, 1995: Lexikon undautomatische Lemmatisierung, Munich:Centrum für Informations- undSprachverarbeitung der UniversitätMünchen (CIS-Bericht 95-84).

Petralli (A.), 1990: L’italiano in uncantone. Le parole dell’italiano regionaleticinese in prospettiva sociolinguistica,Angeli, Milan.

Petralli (A.), 1996a: Sul nuovo articololinguistico della Costituzione svizzera.Straordinario storia di ordinariademocrazia elvetica, Nuova Critica,Lugano, Canobbio.(http://www.tinet.ch/nuovacritica/communications)

Petralli (A.), 1996b: Neologismi e nuovimedia. Verso la «globalizzazionemultimediale» della comunicazione ?,CLUEB, Bologna.

Volz (N.) 1996: «CORDON – A JointVenture Case Study», dans: Rettig (H.)(éd. ): Proceedings of the First EuropeanSeminar : Language Resources for LanguageTechnology, Tihany, Hongrie, 1995.Budapest : Hungarian Academy ofSciences, p. 159-167.

AceAcquarellateAcquarianaAcquarianiAcquarianoAdeAdemonAdmnistrationAdvancedAdzubejAereodinamicheAficionadosAfraidAfterAgabenghianAgadezAgeAgerAgersAgisAharonAharonotAidsAiresAirlinesAkiraAlcunAlekanAlferjAlgernonAllanAllenAllenbyAllilujevaAltavillaAlternativoAltroieriAmdAmericàsAmesAmiriAnchormanAndAndersAndréAngelesAnimalAnimalettoAnimatroniAAnnus

AnteoAntiAnticapitalisticiAnticonsumisteAnticonsumisticiAntidopingAntieducativaAntioccidentaliAntipsicanalisiAntiregionalistaAntiriciclaggioAntisocialismoAntitrustAntoniAntroposofiAppealArameshArcaisArchitetArcivestivanoArcutiArdenArdenziArensArpArsArtArtimmArtsAssenAssetsAssociamoAssociatedAstonAstraAtAthuinAtmaAttualizzazioneAuriolAutoalimentarsiAutocandidatureAutocastrarsiAutoflagellarciAvalonAvenueAvivBad*BaeckBaffetti

BankerBankitaliaBarakaBarbourBarcelloniBarekBarfogenicaBaringBassBatchBatesBattleBattletecBayerBbsBeatnikBeautifulBeckettianiBehnkeBelgeriBenBencheikhBenediniBenissmoBennisBeppeBerdiniBergmanianaBergognoneBeriaBerlandaBerlinoBerlusconianiBestBiancorossoverdeBiascoBigliettiniBilitàBillBinswangerBiomeccanicoBiomedicheBiomedicoBiomiBiondinoBirobidzanBisognavaBisognerebbeBiturboBlackBlade

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Contributions

Annexes 1

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BladyBlasiBlobBlumBoardBobbieseBobbioBocaBocchianoBocconianiBohémienBondismoBookBoomersBoozBorderBosniacaBosniacheBosniacoBotBottiglietteBoulangerBourgetBoweBracBraccesiBradburyBragantiBraggioBrainstormBraitenbergBreakfastBreedenBrettBridgestoneBrookBrooksBrosnanBrothersBrownBrownsvilleBrunettaBtpBubbleBudBudyonnyBuenosBuildingBulletinBuonBusbyBuscemiBush

ButeraByCaCacceràCadillacCafCaféCaggiano*CagnoniCairellaCalciofilaCaliforniaCaliseCaluscaCampCanalCantanapoliCantonCapCapitalCapitanCappielloCapriolianoCapsCaramelCarassaCarboCardCardinalCareyCarobbiCarroarmatoCarrollCarràCasamadreCascellaCasettiCasiniCassiopeaCastleCasuismoCavaradossiCavaturaccioloCbsCctCdCeccinelliCedCedexCeeCementirCenghialta

CentenaroCenterCentocinquantamilaCentosessant’CentoventottoCepollaroCercarseleCercopitecantropoCespeCgilChancesChandlerChangeChaoCharbonnelCharlesChastelChatChatwinChiefChironomidiChordChronosCianfanelliCibalgineCiberCibersessoCibonaCicciolinaCidimCileaCinaCinefilaCinefiliCinemagiqueCinemagraficoCinesessoCinesineCinesiniCinevideoCinoCinquantasettesimoCinquecentotrentaCinquepercentoCinturoniCioCiproCiàcoleClisuraCoagulatriceCoast*Coelli

CoffeehouseCofinanziamentoCohenCoinvolgimentoCollarsCollegabiliColleganoCollegareCollegarsiCollegheràColobertiColpaccioComCombyComicsCommitteeCommunicationsCompactCompanyCompartimentalizza-zioneCompletmenteComputeristiComputersComunelliComunicatoreComunicatoriConcettualmenteConchettaConclusosiConfigurabileConfindustriaConfuzioneConneryConsisgliereConsolesContropianoCoprodottoCorporationCorriganCosanostraCossCourseCowboyCranshawCrashCredazziCrediblitàCremCrsCsmCtoCucurrucucù

CumparsitaCuociuovaCupCupioCussioneCutugnoCyberCyberedenCybermasterCyberpunkCyberspaceCyberspazioCyborg

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Contributions

Page 70: De nouveaux outils pour la néologie

Mots comportant l’élément POST-relevés dans le corpus ITA

1) post 8 (12)2) postal (2)3) postatomico (1)4) postazione 1 (7)5) postazioni 1 (8)6) postbank (1)7) postbellico (1)8) postcomunismo (3)9) postcomunista (4)

10) postcomunisti (1)11) postdemocristiani (1)12) postecologica 1 (1)13) postecologico 1 (1)14) postel (3)15) postelettorale (2)16) posterius (1)17) postfascisti (1)18) postfazione (3)19) postfuturistiche (1)20) postindustriale (3)21) postindustriali (1)22) postinformatica (1)23) postlethwaite 3 (1)24) postludio (1)25) postman (2)26) postmoderna (7)27) postmoderni (1)28) postmodernism (1)29) postmodernismo (1)30) postmoderno 1 (7)31) postnichilista (1)32) postnucleare (1)33) postolimpico (1)34) postpasquale (1)35) postprandiale (1)36) postproduzione (1)37) postquarantenni (1)38) postrel (1)39) postribolo (2)40) postrisorgimentale (1)41) postscript (1)42) poststalinista (1)43) postunitaria (1)44) posturografo (1)45) postvendita (1)

- DBT E. Picchi

Mots comportant l’élément BIO-relevés dans le corpus ITA

1) bio (4)2) biochimica (3)3) biochimiche (1)4) biochimici (1)5) biochimico (1)6) bioclimici (1)7) biocompatibile (1)8) biocompatibili (1)9) biocompatibilità (1)

10) biocontrol (1)11) biodegradabile (1)12) biodegradabilità (1)13) biodiesel (1)14) biodiversità (1)15) bioelettronica (1)16) bioetica (4)17) bioetiche (1)18) bioetici (1)19) biofisica (1)20) biofisici (1)21) biofisico (1)22) biogenetica (2)23) biognava (1)24) biografa (1)25) biografi (2)26) biografia 2 (7)27) biografica (1)28) biograficamente (1)29) biografiche (4)30) biografici (1)31) biografico (1)32) biografie (3)33) biografo (3)34) biohazard (1)35) bioimpianti (1)36) bioinformatica (1)37) bioinformatico (1)38) bioingegneri (1)39) bioingegneria (5)40) biolghini (1)41) biologi (3)42) biologia 5 (9)43) biologica 1 (10)44) biologiche 6 (5)45) biologici 2 (8)46) biologico (7)47) biologismo (1)48) biologo 2 (8)49) biomasse (1)

50) biomeccaniche (1)51) biomeccanici (1)52) biomeccanico 1 (1)53) biomedica (3)54) biomedicale (1)55) biomediche 1 (3)56) biomedicina (2)57) biomedico 1 (2)58) biomi 1 (1)59) biomolecolare (1)60) biomouse (1)61) bionica (2)62) bionici (2)63) bionico 1 (2)64) bioparco (1)65) biopark (1)66) bioprò (1)67) bioritmi (1)68) bioritmo (1)69) biosegnali (1)70) biosfera (2)71) biosistemi 1 (3)72) biotecn (1)73) biotecno (1)74) biotecnologia (6)75) biotecnologica (2)76) biotecnologico (1)77) biotecnologie (8)78) biotiche (1)79) biotridimensionale (1)80) biottico (1)81) biove (1)

- DBT E.Picchi

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Contributions

Annexes 2

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Tableau 1

Code Source Année Nombre d’occurrences Nombre de formes

C92 «Il Corriere della Sera» 1992 98322 17209C93 «Il Corriere della Sera» 1993 191778 26102C94 «Il Corriere della Sera» 1994 284642 33056C95 «Il Corriere della Sera» 1995 220055 27391RC2 «Il Corriere della Sera» 1992 189592 25917RC3 «Il Corriere della Sera» 1993 309938 34980RC4 «Il Corriere della Sera» 1994 398717 39550RC5 «Il Corriere della Sera» 1995 526884 45465RS2 «Il Sole - 24 ore» 1992 347792 29843RS3 «Il Sole - 24 ore» 1993 365757 30781RS4 «Il Sole - 24 ore» 1994 513201 37617RS5 «Il Sole - 24 ore» 1995 720270 41365S92 «Il Sole - 24 ore» 1992 319465 27986S93 «Il Sole - 24 ore» 1993 197467 18778S94 «Il Sole - 24 ore» 1994 398252 29220S95 «Il Sole - 24 ore» 1995 916863 41578RT2 «La Stampa» 1992 143122 23335RT3 «La Stampa» 1993 201010 29249RT4 «La Stampa» 1994 286538 36400RT5 «La Stampa» 1995 351209 41790T92 «La Stampa» 1992 157905 24815T93 «La Stampa» 1993 136518 22774T94 «La Stampa» 1994 193824 28197T95 «La Stampa» 1995 343754 41323V94 «La Vanguardia» 1994 163974 20596V95 «La Vanguardia» 1995 184401 22813L93 «Le Monde» 1993 243681 21947L94 «Le Monde» 1994 189015 20219L95 «Le Monde» (01.01.95 - 30.06.96) 1995 227470 24218R94 «Le Soir» 1994 265407 27089R95 «Le Soir» 1995 277696 27791M95 «MCCarthy» 1995 275966 18809Z93 «Neue Zürcher Zeitung» 1993 110171 22803Z94 «Neue Zürcher Zeitung» 1994 158724 30761Z95 «Neue Zürcher Zeitung» 1995 101667 21207B92 «TAZ» 1992 111845 23293B93 «TAZ» 1993 84858 18942B94 «TAZ» 1994 78590 18420B95 «TAZ» (01.01 - 30.06 ) 1995 54104 13906I92 «The Independent» 1992 461179 32372I93 «The Independent» 1993 577624 36339I94 «The Independent» 1994 612223 38052I95 «The Independent» 1995 935727 46392RI2 «The Independent» 1992 462253 32400RI3 «The Independent» 1993 578380 36387RI4 «The Independent» 1994 612754 38069RI5 «The Independent» 1995 937797 46453N93 «The N.Y. Times» 1993 66853 11049N94 «The N.Y. Times» 1994 133958 16334N95 «The N.Y. Times» 1995 87225 11996

Total occurrences Total Formes 15806417 1433378

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Contributions

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Tableau 2

Corpus Code Source Année

ITA C92 Il Corriere della Sera 1992ITA C93 Il Corriere della Sera 1993ITA C94 Il Corriere della Sera 1994ITA C95 Il Corriere della Sera 1995ITA S92 Il Sole 24 Ore 1992ITA S93 Il Sole 24 Ore 1993ITA S94 Il Sole 24 Ore 1994ITA S95 Il Sole 24 Ore 1995ITA T92 La Stampa 1992ITA T93 La Stampa 1993ITA T94 La Stampa 1994ITA T95 La Stampa 1995Q94 C94 Il Corriere della Sera 1994Q94 S94 Il Sole 24 Ore 1994Q94 T94 La Stampa 1994Q94 I94 The Independent 1994Q94 N94 The N.Y. Times 1994Q94 L94 Le Monde 1994Q94 R94 Le Soir 1994Q94 Z94 Neue Zürcher Zeitung 1994Q94 B94 TAZ 1994Q94 V94 La Vanguardia 1994

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Contributions

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En bref

72 En bref

Le Comité d’orientation du Réseauinternational de néologie et de

terminologie a tenu sa vingtièmeréunion à l’Institut d’études et derecherches pour l’arabisation, à Rabat,en juillet 1999. Au cours de cetteréunion, le Rint, en accord avecl’Agence intergouvernementale de laFrancophonie, a choisi de privilégieren 1999 les actions d’information etde diffusion.

Cette orientation estsignificative, car non seulement est-ilimportant de faire connaître lesréalisations du réseau, mais c’est l’unedes missions fondamentales du Rintde rendre accessible toutel’information sur la néologie et laterminologie. Voici donc quelles sontles principales actions du Rint en cesens.

Terminologies nouvelles

La revue Terminologies nouvelles, dontle lectorat augmente régulièrement,est maintenant diffusée en texteintégral, en format PDF, dans le siteInternet du Rint (www.rint.org), àcompter du numéro 14. Cettenouvelle forme de diffusion permettraau Rint de rejoindre un public pluslarge, en fonction des différentsthèmes traités dans la revue.

Les thématiques traitées dansTerminologies nouvelles sont de plus enplus étendues et diversifiées. Le Rint

souhaite occuper tout le champ del’aménagement linguistique et celuide l’informatisation des langues etpour ce faire, il privilégie l’ouvertureet le partenariat. Ainsi, le numéro 18 portait sur «Terminotique etdocumentation», le numéro 19 sur lethème «Terminologie et intelligenceartificielle». Le présent numéro porteen bonne partie sur l’informatisationdes travaux de veille néologique etterminologique. Les autres aspects del’aménagement linguistique ne sontpas pour autant négligés puisque leprochain numéro de Terminologiesnouvelles abordera la question de laterminologie dans ses rapports avec ladiversité culturelle.

Afin de rendre plus accessible lecontenu de Terminologies nouvelles, leRint diffuse sur son site Internet unebase bibliographique dans laquellesont répertoriés tous les articles parusdans la revue depuis le premiernuméro. On peut interroger cettebase par auteur, par titre et par termeclé.

La revue Terminologies nouvellesest réalisée sous la responsabilité dumodule de la Communauté françaisede Belgique – Service de la languefrançaise.

Inventaire des ressourcesterminologiques

Dictionnaires terminologiques et banques de terminologie

La connaissance de ce qui existe enterminologie est précieuse pour tousles terminologues et pour les usagersde la terminologie. Le Rint entretientet diffuse depuis de nombreusesannées un Inventaire des ressourcesterminologiques constitué de plusieurséléments. Tout d’abord, il y al’inventaire des travauxterminologiques publiés ( imprimés etsur support électronique). Dans cettepartie de l’inventaire, on retrouveessentiellement des dictionnairesterminologiques de tous domainesdont l’une des langues est le français.Il en va de même pour les banques determinologie qui ont fait l’objet d’uneenquête spécifique de la part du Rint.Ces inventaires sont accompagnés deformulaires électroniques quipermettent aux auteurs, éditeurs,diffuseurs, documentalistes ou usagersd’inscrire directement de nouveauxtitres.

Ressources terminologiques sur Internet

En 1999, en réponse à une demandemaintes fois formulée par les usagersde son site Internet, le Rint a décidéd’ajouter un nouveau volet à sonInventaire des ressourcesterminologiques. Il s’agit des

Nouvelles du Rint

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terminologies diffusées en ligne dansl’Internet. Afin de répertorier cesressources terminologiques parfoiséphémères, Une nouvelle page webvient d’être créée à l’adresse suivante :http://www.olf.gouv.qc.ca/ressources/termino/ressling.html#inventaire.

À partir de cette page, on pourraconsulter la base de données, quidonne accès par hyperliens aux sitesterminologiques répertoriés, oul’enrichir en ajoutant de nouvellesdonnées à l’aide d’un formulaireélectronique sur lequel on peutindiquer les données suivantes : titre,auteur, lieu d’édition,éditeur/diffuseur, public cible,tarification, type de répertoireterminologique, catégories dedonnées, langues, domaines, motsclés, adresse URL.

L’Inventaire des ressourcesterminologiques est réalisé sous laresponsabilité du module québécois –Office de la langue française.

Inventaire terminotique

Conscient de l’importancegrandissante que prendl’informatisation des travauxterminologiques, le Rint a créé il y aquelques années un Inventaireterminotique, de façon à répertorier età faire connaître les différents types delogiciels utilisés en terminologie. En1998-1999, le Rint a décidéd’élaborer un nouvel inventaireterminotique de façon à refléter lagrande diversité des types de logiciels.Ce nouvel inventaire est décrit dansce numéro.

L’Inventaire terminotique estréalisé sous la responsabilité dumodule canadien — Bureau de laTraduction.

Balnéo, outil de néologie interactivedans l’Internet

Le système Balnéo a pour objectifs lacollecte, l’échange et la diffusionrapides de matériaux terminologiquestouchant plus particulièrement les

néologismes, afin d’accélérer ladiffusion des termes nouveaux et afinde rendre plus facile et plus efficace lamise à jour des dictionnairesterminologiques et les banques determinologie. Conçu de manière àsimplifier la saisie, la consultation,l’importation ou l’exportation desdonnées, en environnement Windows,le système Balnéo est ouvertgratuitement à tout organisme ou àtoute personne qui souhaite participeractivement aux échangesterminologiques sur Internet.

Bibliographies

Aux bases de données déjà citéess’ajoutent deux bibliographies quisont mises à jour de façonpermanente : la Bibliographie de lanéologie et la Bibliographie de laterminotique. Ces deux bases dedonnées sont également diffuséesdans le site Internet du Rint.

Le système Balnéo et lesbibliographies sont placées sous laresponsabilité du module français —Délégation générale à la languefrançaise.

L’ensemble de ces répertoires etbases de données font du site Internetdu Rint un véritable infoportterminologique indispensable à tousceux qui s’intéressent àl’enseignement et à la pratique de laterminologie, de même qu’aux usagersde la terminologie, notamment lesmembres des professions langagièreset les écrivants.

Voici l’adresse du site Internet duRint : http://www.rint.org

Louis-Jean Rousseau,Secrétaire général du Rint.

Projets de terminotique du Rint

Le module canadien du Rint dirigele groupe de travail en

terminotique du Réseau. À ce titre, ilgère divers projets de terminotiqueréalisés dans le cadre des biennums de

l’Agence intergouvernementale de laFrancophonie. Au nombre de cesprojets figurent les Grilles descriptivesde logiciels de terminotique àapplications spécifiques et le Laboratoireterminotique virtuel.

Grilles descriptives de logiciels determinotique à applications spécifiques

Au cours du biennum 1998-1999,Mme Nelida Chan, professeur determinologie au Collège Glendon del’Université York, à Toronto etmembre du Module canadien duRint, a rédigé un rapport portant surdes grilles descriptives de logiciels determinotique à applicationsspécifiques. Ces grilles servent àévaluer les logiciels de terminotiquesuivants :– logiciels de gestion de donnéesterminologiques ;– logiciels de saisie de donnéesterminologiques ;– concordanciers ;– logiciels de dépouillement de laterminologie ;– logiciels de production dedictionnaires ;– gestionnaires de réseaux notionnels ;– générateurs de néologismes.

Mme Chan a d’ailleurs présentésuccinctement ces grilles dans unarticle paru dans la chronique «Enbref» du numéro 18 de Terminologiesnouvelles ( juin 1998).

Élaborées à partir de l’analysed’une cinquantaine de logiciels determinotique provenant d’Amérique,d’Asie et d’Europe, les grillesrépertorient, outre une dizained’éléments de tronc commun, unlarge éventail de caractéristiquesgénérales (une soixantaine) etspécifiques (environ 900) quecomportent les logiciels determinotique à applicationsspécifiques. En voici quelquesexemples :– critères de gestion des donnéesterminologiques ;

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Contributions

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– type de concordances en languessource et cible ;– mode de production dedictionnaires ;– type de réseaux et de liensnotionnels ;– types et modalités de génération.

Les grilles descriptivesconstitueront un outil d’évaluationprécieux une fois que les concepteursde logiciels les auront remplies dans lecadre du projet d’enrichissement del’inventaire des produits enterminotique mené par le modulecanadien. En effet, les langagiers,perpétuellement en quête denouvelles avenues technologiquespour accroître leur efficacité,disposeront désormais d’une ressourceunique, accessible par Internet, danslaquelle seront rassemblées l’ensembledes caractéristiques des outilsterminotiques. Ces renseignements leséclaireront dans le choix d’un outilqui réponde adéquatement à leursbesoins. Les grilles sont accessibles àl’adresse URL suivante :www.uhb.fr/langues/balneo/GRILLE_ter/accueil.htm

Laboratoire terminotique virtuel

On a vu émerger, ces dernièresannées, une pléthore d’outilsinformatiques destinés à automatiserle travail du langagier. Dans cecontexte, le comité d’orientation duRint a confié au groupe de travail enterminotique du Réseau le mandat defournir une expertise en terminotiqueaux différents modules et dedéterminer dans quelle mesure lesoutils existants peuvent optimiser letravail du terminologue.

Aussi, dans le cadre du biennum2000-2001, le Module canadien duRint a-t-il présenté à la réunion ducomité d’orientation du Réseau, quis’est tenue les 28 et 29 juillet 1999 àRabat, au Maroc, le projet intituléLaboratoire terminotique virtuel.

Il s’agirait de recenser lestechnologies prometteuses et d’en

évaluer l’utilité pour les langagiers.Les travaux consisteraient également àpoursuivre les essais de logiciels determinotique amorcés au cours dubiennum 1998-1999, à raison d’unedizaine par année, dans un cadre plusstructuré, celui d’un laboratoireterminotique virtuel.

Les résultats des travaux seraientmis à la disposition de laFrancophonie par le truchement dusite Internet du Rint. Ils pourraientégalement être présentés lors dediverses manifestations enFrancophonie (Journée internationalede la Francophonie, Sommetfrancophone, etc. ).

C’est avec grand enthousiasmeque le module canadien entreprendrace projet retenu dans laprogrammation du Rint pour lebiennum 2000-2001.

Michèle Valiquette,Terminologie et normalisation,Bureau de la traduction,Travaux publics et Servicesgouvernementaux Canada.

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Contributions

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PublicationsContributions

Discours professionnels en français

Il peut paraître pervers derassembler en Scandinavie et de

publier en Allemagne un recueild’études sur les langues de spécialitédu français. Certes, le rédacteur del’ouvrage et initiateur du projet, YvesGambier, est professeur de françaisdans un institut de traduction enFinlande et l’éditeur, Peter Lang, estplus ouvert aux études de linguistiqueappliquée que la plupart des maisonsd’édition françaises, mais la vraieraison de cette anomaliegéographique se trouve ailleurs.D’une part, le regard que portel’étranger sur la situation en Franceest garant d’objectivité et, d’autrepart, ce sont les étrangers qui sont enpasse de prendre le relais des Français,qui délaissent, à quelques brillantesexceptions près, ce domaine derecherche.

Cette crise des études des languesde spécialité fait l’objet d’une analyseperspicace signée du rédacteur lui-même, ici l’auteur du plus long articledu recueil. Il commence par esquisserla situation des LSP à l’échelleinternationale, où l’anglais domine,comme le sigle en usage même dansles écrits francophones le laisseentendre. Historiquement, c’est lanécessité d’enseigner rapidement lalangue des études universitaires (doncl’anglais, le français, naguère le russe)aux étudiants allophones, qui amotivé les premières études deslangues de spécialité. C’est aussil’aspect des langues de spécialité quiaccuse le plus grand retard en Franceaujourd’hui. Traditionnellement,c’était le français, langue étrangère(Fle), qui suscitait le plus grand

nombre d’études sur les langues despécialité du français, tradition quis’essouffle, sauf dans le nord del’Europe. Gambier examine ensuite lalangue de spécialité par rapport à desdomaines connexes, qui représententen général une applicationapparentée : la terminologie, larédaction technique, la traduction. Laméthode fait appel à des critèressouvent flous : le domaine, lasituation de communication,l’interaction, la vulgarisation, lasociolinguistique ( langue de spécialitécomme instrument de légitimationprofessionnelle), ces dernières étantpourtant susceptibles d’évolution,donc porteuses de renouveau. Ce tourd’horizon est une raison suffisantepour justifier l’utilité de ce recueil.Mais les autres articles, ladémonstration pour ainsi dire,illustrent l’enrichissement possible deslangues de spécialité, lorsque l’analysese fonde sur une approchelinguistique plus complète.

Savoir ce que constituentexactement les langues de spécialitétracasse les linguistes depuislongtemps. C’est « la question desquestions», comme le dit LotharHoffmann, cité en exergue par FinnFrandsen, qui pour sa part, tente unedéfinition qui se libère du carcan del’opposition simpliste entre languegénérale et langue de spécialité. Pource chercheur, il vaut mieux examinerles entités selon des perspectivesdifférentes et complémentaires : cellede l’épistémologie d’une part et del’ontologie de l’autre. L’une définit lesformes d’usage d’une langue, l’autreles données elles-mêmes. La nouvelledéfinition des langues de spécialitéqu’il propose est donc asymétrique et

si elle résout en le déplaçant leproblème de la langue générale, ellecomporte l’inconvénient de devoirconstituer un nouveau métalangage,que l’auteur n’essaie pas d’improviser.

Après tant de critiques dirigéescontre l’approche qui privilégie leniveau lexical, il n’est pas étonnant deconstater que la majorité des articlesaccuse une orientation résolumenttextuelle. Privilégier le textuel, etparfois l’intertextuel, n’exclut pas unemultiplicité de regards, qui se révèlenttout à fait complémentaires.

Une des lectures possibles destextes de spécialité est la sémantiqueinterprétative de François Rastier.W. Johanssen analyse une brochureprésentant une entreprise à la lumièredes isotopies sémantiques, dégagéesdans le texte, effet de la récurrencesyntagmatique d’un même sème.Cette analyse fait ressortir nonseulement la cohésion du texte, dontle point de départ est différent decelui de Hassan et Halliday, parexemple, mais aussi un aperçu de laculture d’entreprise.

André Avias pour sa part faitappel à une approche prototypiqueinspirée de J. M. Adam pour analyserun article du Figaro sur le budget. Ildétermine d’abord, non sansdifficulté, le découpage structurel deson article en séquences textuelles,puis il choisit des prototypes. Bienentendu, cette démarche ne se limitepas aux textes spécialisés, mais elleapporte une contribution au traçagede l’argumentation dans le discours.

Le caractère argumentatif, voirepolémique d’un autre genre de texte,le «Mot du PDG», sorte de préfacedu rapport d’activité annuel d’uneentreprise, fournit le thème de

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l’article de K. Flottum. L’analyse de cegenre textuel est d’ailleurs unespécialité scandinave, et l’auteur al’avantage de pouvoir puiser dans unfonds de recherche établi. Elle fondeson analyse sur les études qu’aréalisées Ducrot sur la négationsyntaxique, sur la qualité depolyphonie, surtout sur la lecturequ’en fait H. Nölke. Une analyse desdifférents types de négation faitressortir l’usage dominant de l’und’entre eux, la négation polémique,déni des « idées fausses qu’on peutavoir sur l’entreprise». Cette analyse,surtout syntaxique rappelons-le,permet non seulement de résoudredes questions posées dans les étudesantérieures, mais aussi de déterminerqu’il s’agit d’un type de texteargumentatif et contre-argumentatif.L’auteur apporte la preuve par ailleursque ce discours n’est pas impersonnel,comme une lecture superficiellepourrait le laisser entendre, car lesdestinataires sont bien présents, maisimplicites.

Ce sont les sciences cognitivesqui viennent enrichir l’analyse d’untexte juridique français par L.Lundquist, dans le cas présent unjugement de la Cour de cassation. Lesoutils que l’auteur emploie sontempruntés à l’intelligence artificielledans le cas du cadre ( frame ), et auxétudes psychologiques, dans celui del’espace mental. Celui-là sert à situerl’analyse de l’ensemble, celui-cistructure les relations inférieures.L’auteur expose ensuite le cadre dujugement, permettant au néophytenon francophone de situer lesrelations structurelles, tâche malaiséesurtout en comparaison de latransparence structurelle du discoursjuridique danois déjà familier. L’idéed’espace mental permet à son tour debien repérer les éléments et lesrelations au fil du discours. Cet articleest un bon exemple de perspicacitéobtenue par un regard extérieur portésur le discours juridique français,regard qui est loin d’être naïf.

A. Askelund s’inspire de la grammairedes cas pour son analyse des textesjuridiques, mais c’est la traductionqui l’intéresse. Elle explique commentl’emprise du texte de départ estdifférente selon qu’il s’agisse de lalangue maternelle ou de la langueétrangère, et on apprécie son cadred’analyse originale et explicite de la«métamorphose» du texte traduit.

Les deux derniers articles durecueil sont à orientation lexicale.Celui de G. Dyrberg et J. Tournayrenoue avec la très riche traditiondanoise des dictionnaires de spécialitédont le contenu et la présentationsont constamment modifiés enfonction des besoins perçus desusagers. Le dictionnaire envisagé danscet article est juridique d’après soncontenu et asymétrique selon saprésentation. Destiné aux usagersdanois, il envisage un savant mélanged’exemples et d’explications, tantôt endanois, tantôt en français. Ce sont lesinformations encyclopédiques qu’ilconvient d’inclure qui constituent lesujet de l’article, mais on passe enrevue la formation de la définition, lesstratégies d’exemplification del’équivalence partielle,particulièrement bien illustréesd’ailleurs, la typologie des exemples,et la place dans le dictionnaire de cequ’elles appellent d’après A. Kjaer, les« formules de routine». Ces dernièresauraient mérité un article de plus –en quoi consistent-elles en fait ? Faut-il les présenter sous un élément de lasuite, ou de façon conceptuelle, queltraitement informatique proposerpour résoudre les problèmes sans issuesur le papier.

Le dernier article du recueil,signé de P. Lederlin, traite desconstructions de type N de N dansles textes économiques. L’auteurcherche des règles de productionsimples et maniables à proposer à sesétudiants norvégiens. Pour son cadrethéorique, d’une part, il se limite auxétudes relativement anciennes(M. Wilmet 1986) ; d’autre part il

sous-estime l’explication de la lexiecomplexe, pourtant évoquée. Seloncette approche, l’étudiant apprendappel d’offres, assiette de l’impôtcomme des unités lexicales (outerminologiques) et non comme deslocutions.

Le recueil comporte unebibliographie de 71 études portantsur les langues de spécialité françaisespubliées récemment en Scandinavie.

Après avoir pris connaissance deplusieurs nouvelles approchesprésentées ici, on ne peut partager lepessimisme de Gambier. Certes, laplupart des auteurs peinent à définirles langues de spécialité, mais en lesdécrivant ils contribuent à fournirune définition par extension, plutôtque par compréhension, commediraient les lexicographes, mais qui esten même temps plus intuitive, pluspratique, et plus consensuelle.

Une lecture de John Humbley, Centre de terminologie et de néologie,Laboratoire de linguistique informatique, Université Paris 13.

Gambier (Yves), éd., 1998: Discoursprofessionnels en français. Francfort,Peter Lang, 233 p.

Terminologie maritime

Le parler des gens de mer est lié àl’histoire de notre civilisation et

porte la trace des échanges culturels,techniques et commerciaux entre lespeuples. À ce titre, il a de longue dateintéressé les lexicographes, ce quiexplique la riche histoire desdictionnaires de marine. Outilsessentiels pour enseigner, traduire etcommuniquer, ces dictionnaires demarine connaissent aujourd’hui uneimportante métamorphose dans lecadre des industries de la langue.

La première conférenceinternationale Terminologie maritime:traduire et communiquer avait pourprincipal objet de réunir lesspécialistes du langage des gens de

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Contributions

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mer ou du domaine nautiqueconcernés par l’usage, l’étude oul’enseignement du vocabulairemaritime. Elle s’est tenue à l’Institutsupérieur de traducteurs et interprètes(Isti, Bruxelles) les 15 et 16 mai1998. Le succès fut tel qu’il a étédécidé d’organiser la conférence tousles deux ans. La prochaine rencontrese déroulera à l’Université de Turku,en Finlande, en mai 2000.

Les actes du colloques, parus auxÉditions du Hazard, rassemblent lescommunications des différentsorateurs, regroupées en sixthématiques différentes :• Histoire de la terminologiemaritime;• Questions de normalisation;• Informatique et terminologiemaritime;• Enseignement et langue despécialité ;• Contacts interculturels etcommunication;• Traduction spécialisée etlexicographie.

Toujours accessibles, ces textes – rédigés en français et en anglais –offrent une diversité de points de vuesur le vocabulaire de la marine encette fin de millénaire.

Renseignements :Centre de recherche Termisti, 34 rue Joseph Hazard, B-1180 Bruxelles, Belgique, [email protected], tél. : +32.2.346.26.41, téléc. : +32.2.346.21.34.

Newman (D.L.) et VanCampenhoudt (M.), éd., 1999:Terminologie maritime: traduire etcommuniquer. Actes du 1er colloqueinternational de terminologie maritime(Bruxelles, 15 et 16 mai 1998),Bruxelles, Éditions du Hazard.

Le sens en terminologie

Ce volume collectif rassemble onzearticles consacrés aux problèmes

du sens en terminologie. On ytrouvera des contributions de MariaTeresa Cabré, Juan C. Sager, MoniqueSlodzian, Loïc Depecker, Marc VanCampenhoudt, François Gaudin,Bruno de Bessé, Ingrid Meyer etKristen Mackintosh, YvesGentilhomme, Claude Boisson, et deHenri Béjoint et Philippe Thoiron.Sont abordées les questions desrapports entre le terme et le mot, de lamanière de définir le sens des termes(relations entre concept, signifié etréférent, importance du domaine), desfrontières entre langues spécialisées etlangue générale. L’ensemble descontributions fait apparaîtrel’émergence d’un nouveau type derecherche terminologique fondée surl’exploitation des corpus,éventuellement multilingues. Cettenouvelle terminologie se démarque dela tradition par ses méthodes et sesobjectifs. Elle tend à devenirdescriptive plutôt que normative ets’inscrit désormais dans le cadre d’uneapproche ouvertement linguistique.

Presses universitaires de Lyon80, boulevard de la Croix-RousseBP 4371F-69242 Lyon Cedex 04France

Thoiron (Philippe) et Béjoint(Henri), dir., 1999 : Le sens enterminologie, Lyon, Pressesuniversitaires de Lyon.

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Contributions

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Descriptif bibliographique:Depecker (Loïc)

et Rousseau (Louis-Jean), dir. : Nouveaux outils pour la néologie,

dans Terminologies nouvelles, n° 20, décembre 1999, Bruxelles,

Agence de la francophonie et Communauté française de Belgique,

ISSN : 1015-5716.

Ce bulletin d’abonnement est àadresser au module dont vous relevez

(adresse au dos de la revue)

Je soussigné souhaite recevoir gratuitement la revue Terminologies nouvelles.

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1, mai 1989:Le Rint : objectifs et perspectives2, décembre 1989:La formation en terminologie3, juin 1990:Harmonisation des méthodes en terminologie (actes des séminaires de Talence et de Hull )

4, décembre 1990:Numéro général5, juin 1991:Terminologie et informatique6, décembre 1991:Terminologie et développement I (actes du séminaire de Rabat)

7, juin 1992:Numéro général8, décembre 1992:Terminologie et environnement9, juin 1993:Terminologie et développement II (actes du séminaire de Cotonou)

10, décembre 1993:Phraséologie (actes du séminaire de Hull )

11, juin 1994:Numéro général12, décembre 1994:Implantation des termes officiels (actes du séminaire de Rouen)

13, juin 1995:Terminologie et entreprise14, décembre 1995:Numéro général15, décembre 1996:Banques de terminologie (actes de la table ronde de Québec)

16, juin 1997:Enquêtes terminologiques17, décembre 1997:Terminologie et formation18, juin 1998:Terminotique et documentation19, décembre 1998 - juin 1999:Terminologie et intelligence artificielle (actes du colloque de Nantes)

20, décembre 1999:De nouveaux outils pour la néologie

Numéros déjà parusConsultables à partir du n° 14 à l’adresse www.rint.org

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Page 82: De nouveaux outils pour la néologie

Adresses desorganismes

membres du Rint

Afrique centrale et de l’EstCoordination: Centre de linguistiquethéorique et appliquéeBP 4956Kinshasa/GombeZaïre.

Afrique de l’OuestCoordination: Centre de linguistique appliquéeUniversité Cheikh Anta DiopDakar — FannSénégal.

CanadaTerminologie et NormalisationBureau de la traductionTravaux publics etServices gouvernementauxPortage II, 3e étage165, rue Hôtel-de-VilleHull (Québec)K1A 0S5tél. : 1 (819) 994-5934

Communauté françaisede BelgiqueMinistère de la Communauté françaiseService de la langue française44, Bd Léopold IIB-1080 Bruxellestél. : 32 (2) 413 32 74

FranceDélégation générale à la languefrançaise1, rue de la ManutentionF-75116 Paristél. : 33 (1) 40 69 12 00

HaïtiFaculté de linguistiqueUniversité d’État d’Haïti38, Rue Dufort(Quartier Bois-Verna)Port-au-Princetél. : (509) 45 12 33

MadagascarCentre des langues de l’AcadémiemalgacheBP 6217Antananarivo 101.

MarocInstitut d’études et de recherchespour l’arabisationBP 6216Rabat — Institutstél. : 212 (7) 77 30 12

QuébecOffice de la langue française200, chemin Sainte-Foy,Québec (Québec)G1R 5S4tél. : 1 (418) 643-4144

République centrafricaineConseil national d’aménagementlinguistiqueBP 888Bangui.

SuisseChancellerie fédérale suisseServices linguistiques centrauxSection de terminologieGurtengasse 2-4, 4e étageCH 3003 Bernetél. : 41 (31) 324 11 49

TunisieInnorpi10bis, rue Ibn el Jazzar1012 Tunis — Belvédèretél. : 216 (1) 785 922

Modules associésUnion latineBureau de Paris131, rue du BacF-75007 Paristél. : 33 (1) 45 49 60 60

Coédité par :L’Agence de la francophonie

et la Communauté française de Belgique(Service de la langue française

du ministère de la Communauté françaiseet Commissariat général

aux relations internationales)

Secrétariat du Rint :Office de la langue française

200, chemin Sainte-Foy,Québec (Québec)G1R 5S4 Canada

Le Rint sur Internet :http://www.rint.org