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Dossier de presse 6 juin 2014 De Louis XIV à Louis XVI Un art de vivre à la française Ouverture des nouvelles salles du département des Objets d’art Direction des Relations extérieures Contact presse Anne-Laure Béatrix Céline Dauvergne Adel Ziane celine.dauvergne@louvre.fr Tél. 01 40 20 84 66

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Dossier de presse 6 juin 2014

De Louis XIV à Louis XVI Un art de vivre à la française

Ouverture des nouvelles salles du département des Objets d’art

Direction des Relations extérieures Contact presse Anne-Laure Béatrix Céline Dauvergne Adel Ziane [email protected] Tél. 01 40 20 84 66

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Sommaire

Communiqué de presse Page 4

Préface par Jannic Durand, Page 8 directeur du département des Objets d’art La collection des Objets d’art, de Louis XIV à Louis XVI Page 9

Histoire de la collection et des salles Page 10 par Jannic Durand Regard sur quelques œuvres Page 14 Regard sur quelques salles Page 20 Les campagnes de restauration Page 28 La muséographie Page 31

Panneaux didactiques des salles d’exposition Page 32 Un important dispositif de médiation culturelle Page 34 Autour des collections Page 35

Programmation culturelle à l’auditorium du Louvre Page 36 Publication et film documentaire Page 37 Informations pratiques Page 38 Lettres des mécènes page 39 Liste des visuels de la collection du département disponibles pour la presse Page 52 Les visuels des nouvelles salles sont disponibles sur demande auprès du service de presse.

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Cabinet de l’hôtel de Villemaré-Dangé, vers 1750. Musée du Louvre, département des Objets d'art © 2014 Musée du Louvre, dist. RMN-GP / Olivier Ouadah

Musée du Louvre Contacts presse Direction des relations extérieures Céline Dauvergne Elise Guillou Anne-Laure Béatrix [email protected] [email protected] Adel Ziane + 33 1 40 20 84 66 + 33 1 40 20 53 22

Communiqué de presse Nouvelles salles Département des Objets d’art

Aile Sully, 1er étage

Nouvelles salles des objets d’art

De Louis XIV à Louis XVI Un art de vivre à la française

Des collections uniques au monde et un « moment de perfection » de l’art français

Au premier étage de l’aile nord et dans une partie de l’aile ouest de la cour Carrée, un chantier d’exception s’achève : celui de la rénovation complète des salles consacrées aux objets d’art du règne de Louis XIV et du XVIIIe siècle. Il constitue la dernière étape des travaux du département des Objets d’art entrepris dans le cadre du projet du Grand Louvre. Le musée du Louvre abrite l’un des ensembles les plus riches et les plus complets jamais réunis dans une collection publique, témoignage éclatant du savoir-faire français du XVIIIe siècle, admiré dans le monde entier. Afin de donner aux visiteurs du musée une lecture plus compréhensible de cette collection, les salles ont connu un changement spectaculaire. L’ouverture au public est prévue le 6 juin 2014. Une collec on unique

Les collections de l’art du XVIIIe au département des Objets d’art offrent un large panorama de la décoration intérieure, de la production des grandes manufactures, de l'artisanat et du commerce d'art, principalement français, du règne de Louis XIV à la Révolution. Elles sont constituées de boiseries et de décors peints, de tapisseries et de tapis, de meubles d'ébénisterie et de menuiserie, de bronzes d'ameublement, de marbres et pierres dures, d’orfèvrerie et de bijouterie, d’instruments scientifiques, de faïences et porcelaines européennes, de laques et porcelaines d'importation. L'origine principalement royale et princière de ces collections leur confère un caractère particulièrement remarquable, en comparaison de celles des autres musées d’arts décoratifs, en Europe et aux Etats-Unis.

Les arts somptuaires des règnes de Louis XIV, Louis XV et Louis XVI n’ont pourtant acquis droit de cité au musée du Louvre que tardivement, à l’occasion de deux moments-clés. En 1870, lors du sauvetage in extremis de meubles et d’objets historiques retirés du palais des Tuileries et du château de Saint-Cloud avant qu’ils ne soient la proie des flammes. Puis, en 1901, lors d’un versement par le Mobilier national d’un grand nombre de chefs-d’œuvre de l’ébénisterie et de la tapisserie parisienne provenant des demeures royales et impériales. La générosité de très grands amateurs, tels qu’Isaac de Camondo ou Basile de Schlichting, à l’origine de legs fastueux, respectivement en 1911 et 1914, contribua à enrichir la collection au début du XXe siècle. Les enrichissements se sont poursuivis depuis de manière spectaculaire, permettant au Louvre de rassembler une des premières collections au monde.

La rénovation des salles dédiées aux Objets d’Art du XVIIIe siècle est rendue possible grâce au soutien des mécènes engagés en faveur de ce projet : Montres Breguet ; le partenariat exceptionnel Louvre Atlanta ; le Cercle Cressent du Louvre ; les American Friends of the Louvre ; la Société des Amis du Louvre ; Yan Pei-Ming ; MGM China et Pansy Ho ; les Fine Arts Museums of San Francisco soutenus par Cynthia Fry Gunn et John A. Gunn ; Eni ; Kinoshita Group ; la Fondation Gilbert et Rose Marie Chagoury ; la Fondation Stavros Niarchos ; les Fondations Edmond de Rothschild.

La muséographie des salles a été rendue possible grâce au mécénat de Jacques Garcia.

Le catalogue bénéficie du soutien de GT Finance et du concours de Patrick A. Gerschel, Dalva Brothers, Inc., Mark Pigott K.B.E, Thierry Millerand et un donateur anonyme, avec la collaboration des American Friends of the Louvre. Le DVD a été réalisé grâce au mécénat de GT Finance.

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Un nouveau parcours muséographique

Les salles du premier étage de l’aile nord de la cour Carrée, dont l’installation remontait pour l’essentiel au début des années 1960, ont été fermées dès 2005 pour une nécessaire mise aux normes. Celle-ci impliquait, entre autres, l’établissement d’escaliers de part et d’autre du pavillon Marengo. Par ailleurs, la muséographie en place jusqu’en 2004 était encore, avec quelques aménagements plus récents, celle voulue par Pierre Verlet en 1962-1966.

À l’automne 2011 ont débuté les travaux de rénovation. La maîtrise d’œuvre du chantier a été confiée à l’architecte Michel Goutal, suivant un projet muséographique élaboré de concert par Jacques Garcia et les conservateurs du département des Objets d’art, sous la direction de Marc Bascou, et avec l’assistance technique de la direction de la Maîtrise d’Ouvrage du musée du Louvre.

Les visiteurs découvriront ainsi un nouveau parcours muséographique de 2 183 m2, comportant 33 salles et présentant plus de 2 000 objets. Le circuit est divisé en trois grandes séquences chronologiques et stylistiques :

- 1660-1725 : règne personnel de Louis XIV et la Régence - 1725-1755 : épanouissement du style rocaille - 1755-1790 : retour au classicisme et règne de Louis XVI. Les créations du Grand Siècle seront présentées dans les salles historiques du Conseil d’Etat, tandis que l’aile nord de la cour Carrée accueillera une suite de period rooms, doublées de galeries de vitrines thématiques. Les premières permettront de remettre les œuvres en contexte, les secondes de présenter les collections de céramique et d’orfèvrerie et de mettre en valeur des grands chefs-d’œuvre de la période.

La présentation essentiellement chronologique des collections a vocation à éclairer aussi bien l'histoire des techniques que celle des styles, à présenter les grandes résidences et les principales personnalités du temps : artisans, artistes ou commanditaires. A travers l'évocation des palais royaux ou princiers disparus (Saint-Cloud, Bellevue, les Tuileries, Montreuil, ...), des hôtels particuliers parisiens (hôtels Le Bas de Montargis, Dangé, de Chevreuse) et des résidences de campagne des élites (châteaux de Voré et d'Abondant), c'est toute la variété des lieux et des milieux à l'origine de la floraison des arts décoratifs des XVIIe et XVIIIe siècles, qui fonde l'arrière-plan historique de la présentation. On y croise la famille royale (le Roi, le prince de Condé, le comte d'Artois, Mesdames de France, Marie-Antoinette), mais aussi les favorites (Madame de Pompadour, Madame du Barry), des grands seigneurs de la cour (le duc de Chevreuse, le marquis de Sourches) et des financiers parisiens (Claude Le Bas de Montargis, François-Balthazar Dangé).

La collection rend bien sûr hommages aux grands créateurs des arts décoratifs de cette période, dont on mesure mal, aujourd’hui, pour certains, l’immense prestige dans toute l’Europe du temps : les ébénistes André-Charles Boulle, Charles Cressent, Bernard II Van Risenburgh, Jean-François Oeben, Martin Carlin, Jean-Henri Riesener, les orfèvres Thomas et François-Thomas Germain, les Roëttiers, Robert-Joseph Auguste, les peintres et décorateurs Charles Le Brun, Jean-Baptiste Oudry, Charles-Antoine Coypel. Les plus fameux sont logés à la Galerie du Louvre et forment,

Secrétaire à cylindre de Marie-Antoinette par Jean-Henri Riesener, Paris, 1784. Musée du Louvre, département des Objets d'art, OA 5226 © 2010 RMN / Martine Beck-Coppola

Chocolatière de la reine Marie Leczinska. Paris, 1729-1730. Henri-Nicolas Cousinet. Appartenant au nécessaire offert par Louis XV à la reine à l’occasion de la naissance du Dauphin. Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi

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à l’instar d’André-Charles Boulle ou de Thomas Germain, des dynasties aussi renommées que durables. Véritables laboratoires d’invention, leurs ateliers travaillent autant pour le roi et la cour que pour les souverains étrangers, contribuant à cette diffusion de la culture française qui donne le ton à toutes les cours européennes.

Un programme de médiation permettra, en outre, l’intégration par des panneaux de contextualisation et des équipements multimédia, de références historiques ou sociologiques éclairant aussi bien l’histoire du goût que le monde de la production, celui des intermédiaires et marchands ou l’évolution de la commande et des usages. La découverte d’un art de vivre à la française : le choix des period rooms  

Au sein de chaque séquence, une attention particulière est portée à l’aménagement de period rooms, s’efforçant de rétablir des décors dans leur configuration originale. D’autres salles regrouperont dans des « évocations d’intérieur » des ensembles stylistiquement cohérents de mobilier et d’objets d’art au sein de décors recréés.

Ce principe muséographique des period rooms, adopté dès le XIXe siècle par certains musées historiques ou d’arts décoratifs, permet de répondre aux attentes d’un large public, en rendant perceptible et compréhensible cet art de vivre luxueux, au raffinement inégalé, et en resituant les plus belles inventions des décorateurs et maîtres-artisans dans leur environnement naturel. Les period rooms ainsi réalisées permettront de restituer des décors documentés, accompagnés de meubles d’époque, comme les salons et bibliothèque de l’hôtel de Villemaré, le grand salon du château d’Abondant et la chambre de parade de l’hôtel de Chevreuse.

En concertation avec les autres départements, seront présentés des peintures, des sculptures antiques ou modernes, des pastels et des estampes dans des installations pérennes ou des accrochages renouvelables. Le célèbre portrait de Louis XIV par Hyacinthe Rigaud sera ainsi exposé dans l’une des salles du Conseil d’Etat, où sera réunie l’une des plus belles collections de meubles Boulle au monde.

La nouvelle muséographie permettra notamment d’installer d’importants décors peints, comme les panneaux d’Oudry du château de Voré ou un plafond provenant du palais Pisani à Venise, attribué à Giovanni Scajario (1726-1792). Le pavillon Marengo accueillera une extraordinaire coupole peinte par Antoine-François Callet (1741-1823) pour l’hôtel de Bourbon Condé. Un chan er en èrement financé par les ressources propres du musée

Cette rénovation, d’un budget de 26 millions d’euros, est le premier grand projet muséographique entièrement financé grâce au mécénat. Elle a bénéficié du soutien de nombreux partenaires au premier rang desquels l’entreprise Montres Breguet, mécène principal du projet et le Cercle Cressent du Louvre, présidé par Maryvonne Pinault, qui réunit amateurs et collectionneurs d’Objets d’art du XVIIIe siècle. En France et aux Etats-Unis, la Société des Amis du Louvre et les American Friends of the Louvre ont mobilisé de nombreux donateurs autour de ce projet. D’autres grands partenaires français et étrangers se sont engagés aux côtés du Louvre, en particulier MGM China, Eni, Kinoshita Group, la Fondation Stavros Niarchos, la Fondation Gilbert et Rosemary Chagoury et les Fondations Edmond de Rothschild. Enfin, deux collaborations d’envergure menées avec des musées américains, le High Museum d’Atlanta et les Fine Arts Museums de San Francisco, ont contribué au financement du réaménagement.

Pot-pourri « vaisseau » de Madame de Pompadour par Charles-Nicolas Dodin. Sèvres, 1760. Porcelaine tendre. Musée du Louvre, département des Objets d'art, OA 10965 © 1990 RMN / Daniel Arnaudet

Plafond d’un palais vénitien, attribué à Giovanni Scajario (1726-1792). Détail du médaillon central après restauration. Venise, vers 1775. Musée du Louvre, département des Peintures © 2012 Musée du Louvre / Stéphane Loire

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Plan des nouvelles salles du mobilier XVIIIe (Grande Galerie n°18, déc./jan./fév. 2011-12, pages 42-43)

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Il y a près de dix ans, un soir d’avril 2005, se fermaient les portes des anciennes salles du département des Objets d’art consacrées aux meubles et objets d’art du XVIIIe siècle au premier étage de la cour Carrée. La mise aux normes d’installations techniques obsolètes rendait la fermeture au public inévitable, mais cette fermeture offrait aussi la possibilité d’une restructuration complète des salles pour répondre aux exigences d’une muséographie renouvelée, destinée à un nombre sans cesse croissant de visiteurs venus des horizons les plus divers. Ce projet s’inscrivait dans le prolongement naturel de la métamorphose générale du palais, entreprise avec l’attribution au musée des anciens espaces du ministère des Finances et l’inauguration de la Pyramide en 1989, puis celle des salles de l’aile Richelieu en 1993 et 1999. Il aura donc fallu près de dix ans pour conduire à bien cette opération, et même bien davantage si l’on se souvient que les premiers contours d’une rénovation avaient été esquissés dès les années 1995 par Daniel Alcouffe, alors directeur du département des Objets d’art. Toutefois, c’est à Marc Bascou, qui lui a succédé de 2004 à 2013, que revient le mérite d’avoir entièrement conçu, avec l’aide du département, les grandes lignes d’un programme puis, à partir de 2008, grâce au concours généreux de Jacques Garcia, le projet muséographique des nouvelles salles mis en œuvre par le musée avec l’assistance de Michel Goutal, architecte en chef des Monuments historiques responsable du palais. Le présent ouvrage, publié à l’occasion de l’ouverture de ces nouvelles salles, est destiné à accompagner ce moment privilégié de l’histoire du département et aussi du musée où, déployées sur plus de deux mille mètres carrés, plus de deux mille œuvres, qui forment l’une des plus belles collections au monde de meubles et d’objets d’art du règne de Louis XIV et du XVIIIe siècle, sont enfin de nouveau présentées au public. Ce livre veut également saluer le travail accompli par tous ceux qui, au sein du musée et hors de ses murs, ont permis la réalisation de ce projet. Réunissant plus de deux cents chefs-d’œuvre de l’une des périodes les plus glorieuses des arts décoratifs, il veut aussi rendre un vibrant hommage aux très nombreux donateurs sans lesquels les collections du département ne seraient pas ce qu’elles sont. Il est enfin dédié aux très nombreux mécènes qui se sont mobilisés pour rendre possible la réfection complète des nouvelles salles et auxquels le musée tient aujourd’hui à exprimer sa plus profonde gratitude.

Préface par Jannic Durand,

directeur du département des Objets d’art

Sauf mention contraire, tous les textes sont extraits de l’ouvrage Décors, mobilier et objets d’art du musée du Louvre. De Louis XIV à Marie-Antoinette. Sous la direction de Jannic Durand, Michèle Bimbenet-Privat, Frédéric Dassas, avec la collaboration de Catherine Voiriot. Coédition Somogy/musée du Louvre éditions.

Cartel d’applique : L’Amour triomphant du Temps. Paris, vers 1740-1745. Caisse de Charles Cressent. Mouvement de Nicolas Gourdain. Bronze doré, marqueterie d’ébène, de laiton et d’écaille, émail. H. 132,5 cm ; L. 47 cm ; P. 38 cm. Dépôt du Mobilier national, 1953. Musée du Louvre, département des Objets d’art, © 2004 Musée du Louvre / Erich Lessing

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La collection des Objets d’art De Louis XIV à Louis XVI

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Histoire de la collection et des salles par Jannic Durand

Dès son ouverture au public, sous la Révolution, le Muséum des arts installé au Louvre abritait de grands vases d’ornement modernes en marbre et des vases de pierres dures à montures de bronze doré, mais aussi des pendules et des bronzes d’ornement. Un certain nombre de ces objets avaient en réalité été achetés par Louis XVI pour le futur musée que le souverain avait souhaité établir au Louvre. C’est le cas, notamment, du vase monumental de porcelaine de Sèvres du sculpteur Louis-Simon Boizot monté en bronze doré par Thomire, acquis dès sa création en 1783. D’autres objets saisis chez les émigrés étaient venus rejoindre ce premier ensemble dans la Grande Galerie. Plusieurs dessins et peintures de l’époque, entre rêverie et réalité, les montrent volontiers disséminés le long des murs.

Dès 1796, la majeure partie des vases en pierre dure et des bronzes des collections de la Couronne, abrités au Garde-Meuble, étaient attribués au musée. Les premiers, aujourd’hui présentés dans la galerie d’Apollon, avaient pour l’essentiel été réunis sous Louis XIV. Quant aux seconds, qui forment le noyau initial des collections de bronzes Renaissance du musée, ils abritaient en leur sein quelques œuvres des XVIIe et XVIIIe siècles. Plusieurs bronzes furent malheureusement aliénés par la suite, tandis que d’autres furent choisis sous Napoléon Ier pour l’ornement des palais et des bâtiments officiels. Ce fut le cas, par exemple, du célèbre Jupiter foudroyant les Titans, dit « chenet de l’Algarde », une fonte française du XVIIe siècle d’après un modèle d’Alessandro Algardi, qui couronne aujourd’hui, dans la première des nouvelles salles, comme déjà dans la galerie d’Apollon au XIXe siècle, le guéridon dit « de Fouquet ». Versé au Louvre en 1795, envoyé dès 1802 au château de Saint-Cloud, il figura plus tard au palais des Tuileries, avant de revenir au Louvre.

A cette époque, en revanche, les collections du musée n’abritaient quasiment pas de « meubles » proprement dits. Ceux qui, de provenance royale ou saisis chez les émigrés, avaient été destinés au Muséum entre 1793 et 1796 étaient rapidement repartis meubler les palais de l’État sous le Consulat et l’Empire. Le cabinet des stathouders de Hollande, une œuvre des ateliers d’Augsbourg du milieu du XVIIe siècle acquise lors de la conquête des Pays-Bas en 1795, ou le guéridon dit « de Fouquet » déjà cité, comptent au nombre des notables exceptions. La première moitié du XIXe siècle et le Second Empire se signalent par l’entrée au Louvre de collections entières d’objets d’art du Moyen Âge et de la Renaissance (Durand, 1825 ; Révoil, 1828 ; Sauvageot, 1856 ; Campana, 1862) et par celle du trésor de l’ordre du Saint-Esprit dès 1830. Toutefois, aucun intérêt réel ne se manifeste alors pour les meubles, bronzes d’ameublement, tapisseries et tapis des XVIIe et XVIIIe siècles, ni pour l’orfèvrerie de cette période, et pas davantage pour la céramique ou la porcelaine, sauf pour quelques faïences incidemment associées aux collections déjà considérables de majoliques.

Les choses changèrent radicalement en 1870, avec un premier versement du Garde-Meuble. Quelques jours seulement après la chute du Second Empire, étaient en effet attribués au Louvre des meubles et des objets des palais des Tuileries et de Saint-Cloud, lesquels devaient peu après être ruinés par les flammes. Cette heureuse décision permit de sauver un ensemble unique de meubles de Boulle, qui trouvèrent en partie asile dans la galerie d’Apollon, mais aussi des bronzes d’ameublement et des vases montés, ou encore la célèbre table à écrire de Marie-Antoinette par Weisweiler et plusieurs objets des collections de la reine. Cette initiative témoignait d’une prise de conscience nouvelle, à laquelle la nostalgie des frères Goncourt, entre autres, pour le XVIIIe siècle, n’était sans doute pas étrangère.

Ce premier versement fut suivi, trente ans plus tard, par un autre, encore plus important, effectué à l’issue de l’Exposition universelle de 1900, à laquelle Émile Molinier, conservateur chargé du département des Objets d’art, avait étroitement pris part. Il obtint en effet par décret, en février 1901, l’attribution au Louvre des meubles provenant du musée du Garde-Meuble qu’il avait lui-même réunis à l’Exposition rétrospective de l’art français. Au sein de cet ensemble éblouissant figuraient, en particulier, des tapisseries, des tapis, des meubles d’ébénisterie et de menuiserie, des bronzes d’ameublement, qui retraçaient pour la première fois dans chacun de ces domaines l’évolution des styles depuis le règne de Louis XIV jusqu’à la veille de la Révolution.

Le versement de 1901 imposa aussitôt la création des premières salles du musée réservées aux collections de meubles et d’objets d’art de cette période, entre-temps enrichies de faïences, entrées par don ou plus exceptionnellement par achat, comme les quatre monumentales Saisons de Rouen acquises en 1882. Ces nouvelles salles, inaugurées dès mai 1901, investirent la partie nord des anciennes salles du Conseil d’État au premier étage de l’aile ouest de la cour Carrée. Leur ouverture encouragea les libéralités. Le legs du comte Isaac de Camondo en 1911, au sein duquel se côtoyaient peintures impressionnistes, arts d’Extrême-Orient, meubles et objets d’art du XVIIIe siècle, fut installé dans huit salles de l’aile Mollien, au cœur d’un décor de boiseries provenant en partie de l’ancien hôtel de Villemaré-Dangé, place Vendôme, versées par les Domaines en 1898.

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Le legs du baron Basile de Schlichting, en 1914, outre les meubles et bronzes d’ameublement, enrichit les collections d’un ensemble de boîtes en or et de tabatières, dont le noyau primitif remontait au legs Lenoir de 1874. Celui-ci s’accrut encore en 1922 et 1929 grâce au legs de la baronne Salomon de Rothschild et à la donation Georges Heine. De même, la collection de montres se constitua principalement autour des legs Paul Garnier en 1916 et Marie-Julie Olivier en 1935. Enfin, des dépôts du Mobilier national et quelques achats, tels les chenets de François-Thomas Germain en 1935, l’une des toutes premières acquisitions à titre onéreux du département pour le XVIIIe siècle, entraient à leur tour au musée.

Ces enrichissements considérables rendirent nécessaire, dès les années 1930, une nouvelle présentation des meubles et objets d’art des XVIIe et XVIIIe siècles. Le grand plan de réaménagement du musée, conçu à partir de 1927 par Henri Verne, directeur des Musées nationaux, prévoyait de les installer dans l’aile nord de la cour Carrée, à la suite des salles dévolues au Moyen Âge et à la Renaissance au premier étage de l’aile est, inaugurées en 1938. La guerre interrompit durablement ce projet, entièrement revu et mené à bien de 1962 à 1966 par Pierre Verlet, qui dirigeait alors le département. Ce sont ces salles, que beaucoup d’entre nous ont bien connues, qui furent fermées en 2005.

Tirant habilement parti des cloisonnements existants, Pierre Verlet était parvenu à établir, avec l’aide d’Olivier Lahalle, architecte en chef des Bâtiments civils et des Palais nationaux, un parcours chronologique jalonné de séquences monographiques dédiées aux plus grands ébénistes de leur temps, Boulle, Oeben, Carlin, Riesener, complété de vitrines distribuées par techniques : faïence, porcelaine, argenterie, horlogerie et bijouterie. Un certain nombre de meubles et de bronzes d’ameublement étaient également placés dans des décors anciens : le cabinet-bibliothèque de l’hôtel Dangé, ou « cabinet des porcelaines », les boiseries néoclassiques de la chambre de parade de l’hôtel de Chevreuse, entrées grâce au legs de Mme Pierre Lebaudy, consenti en 1962, ou encore le « Cabinet chinois », sur les murs duquel alternaient glaces et fragiles papiers peints à décor de chinoiseries.

En même temps, les collections continuaient à s’accroître à un rythme soutenu. En 1973, René Grog et son épouse Mme Carven donnaient au musée, sous réserve d’usufruit, un ensemble inégalé de tapisseries, de meubles et de bronzes d’ameublement qui, d’un coup, enrichirent singulièrement les ensembles déjà existants et comblèrent plusieurs lacunes, en particulier dans le domaine du mobilier néoclassique. D’autres dons insignes vinrent également rehausser l’éclat des collections, comme les boiseries complètes et le mobilier assorti du grand salon du château d’Abondant offerts par le laboratoire Lafon en 1989, ou encore la tenture à fil d’or des Attributs de la Marine tissée pour Jean-Baptiste Colbert, marquis de Seignelay, offerte par M. et Mme Gilbert et Rose Marie Chagoury en 2000. La générosité renouvelée des donateurs a aussi permis une ouverture sur des domaines jusqu’alors peu explorés. En 1946, la donation David-Weill avait ainsi apporté au Louvre les bases d’une collection d’orfèvrerie du XVIIIe siècle, alors quasiment absente. Elle fut complétée en 1955 par la donation concédée par Stavros Niarchos, sous réserve d’usufruit, de plusieurs pièces de l’ancienne collection Louis-Victor Puiforcat. En 1979, Mme Nicolas Landau dotait à son tour le musée d’une collection d’instruments scientifiques, jusqu’alors presque inexistants au Louvre.

Dans le domaine de l’orfèvrerie du XVIIIe siècle, il faut souligner la contribution essentielle de la Société des Amis du Louvre, toujours généreuse à l’endroit du département, et ce, dès sa création et pour toutes les périodes. Ses efforts, depuis plus de cinquante ans, se sont notamment concentrés sur l’orfèvrerie royale et princière française. On lui doit le bassin de toilette de la duchesse d’Orléans, mais aussi le nécessaire donné par Louis XV à Marie Leczinska à l’occasion de la naissance du Dauphin, les extraordinaires sucriers à poudre en forme d’esclaves du duc de Bourbon, l’écuelle du cardinal Da Motta et son présentoir offerts dès 1907, ou encore la paire de pots à oille de Pierre Balzac issue du célèbre service Penthièvre-Orléans. La Société des Amis du Louvre vient une nouvelle fois de combler le département en lui offrant, en cette année 2014, l’un des deux pots à oille du service Walpole, témoins exceptionnels de l’orfèvrerie parisienne des années 1726-1727 et de l’art magistral de l’orfèvre Nicolas Besnier.

Quant aux porcelaines, les donations Thiers en 1880, celles de la baronne Salomon de Rothschild en 1922, puis de Georges Heine ou encore du comte Anne-Jules de Noailles avaient ouvert la porte aux créations de Meissen, de Sinceny, de Vincennes, de Sèvres ou de Chantilly. Il fallut cependant attendre 1965 pour qu’une politique d’enrichissement systématique puisse hausser le Louvre à un niveau international dans ce domaine, notamment pour les grands vases d’ornement en porcelaine de Sèvres. Cette politique s’est elle-même inscrite durant les cinquante dernières années au cœur d’une série d’achats particulièrement brillants, dont beaucoup grâce à la détermination de Daniel Alcouffe, pour l’ensemble des collections du XVIIIe siècle : armoires de Cressent en 1974, sièges en bois doré de Heurtaut en 1975, cassolette en agate et or de Marie-Antoinette en 1982, couvre-plat et paire de flambeaux du roi Joseph Ier de Portugal en 1982 et 1984, commode en laque de la reine Marie Leczinska en 1988, tabatière de La Ferté-Vidame en 1999, nécessaire à thé du duc d’Orléans en 2007, pour ne retenir que quelques exemples parmi les plus éclatants.

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Enfin, dès 1972, les collections du département se sont aussi singulièrement enrichies grâce à des dations portant sur des œuvres insignes : la première fut celle du bureau en laque de Madame Victoire exécuté par Carlin. Elle fut heureusement suivie par d’autres, touchant tous les domaines de la création en matière de meubles et d’arts décoratifs du XVIIIe siècle. La commode de Madame de Mailly en vernis Martin a, par exemple, retrouvé l’encoignure assortie, offerte en 1951 par Richard Peñard y Fernández, et plusieurs meubles à plaques de porcelaine, dont la célèbre commode de Madame du Barry, sont venus rejoindre la table-chiffonnière du legs Guérault en 1930, jusqu’alors bien isolée, pour illustrer un moment de l’histoire du goût aussi singulier que fascinant. Ainsi les collections de meubles et de bronzes d’ameublement s’étaient-elles considérablement accrues depuis les années 1960, et des domaines entiers, comme l’orfèvrerie ou la porcelaine, constituaient-ils désormais des ensembles exceptionnels. En conséquence, les œuvres s’étaient peu à peu accumulées dans les anciennes salles, qui n’avaient pas été conçues en fonction d’un semblable accroissement ni d’une semblable diversification. En outre, les deux galeries parallèles des « Tabatières » et de l’orfèvrerie qui couraient sur la rue de Rivoli, et la succession des salles ouvrant sur la cour Carrée, ne répondaient plus aux exigences des collections ni aux attentes légitimes du public.

[Le nouvel aménagement des salles]

Les trente-trois salles réaménagées sous la conduite de Marc Bascou et de Jacques Garcia, avec l’aide du département des Objets d’art, et, en particulier, de Frédéric Dassas et Michèle Bimbenet-Privat, ainsi que de Fabrice Ouziel, correspondent à celles qui occupaient jusqu’en 2005 le premier étage de l’aile nord de la cour Carrée, amputées cependant par deux grands escaliers créés depuis, de part et d’autre du pavillon Marengo, pour satisfaire aux normes actuelles de sécurité des bâtiments publics, et par un troisième, placé à l’extrémité orientale, construit pour la même raison. Elles incluent, en revanche, les anciennes salles du Conseil d’État et du pavillon de Beauvais, restaurées grâce au mécénat de Montres Breguet, fermées à leur tour dès 2009 et où s’était réfugiée en 2005 une petite partie des collections. Enfin, la salle attribuée en 1993 à la tenture de Déborah et au coffre d’or de Louis XIV, qui assure la jonction entre les salles du premier étage de l’ancien ministère des Finances et celles du premier étage de la cour Carrée, a été incluse dans le projet avec ses boiseries, ses meubles Boulle et la tenture des Attributs de la Marine, pour offrir au visiteur venant des salles de l’aile Richelieu une introduction majestueuse aux salles Louis XIV et Régence.

Les grandes salles du Conseil d’État, avec leurs plafonds peints du XIXe siècle et leurs amples volumes, abritent désormais un ensemble homogène consacré aux chefs-d’œuvre des grandes manufactures royales et des ateliers de la Couronne sous le règne de Louis XIV, placés sous l’autorité de Le Brun dès 1667, aux meubles d’André-Charles Boulle puis à ceux de Charles Cressent sous la Régence. De son côté, la grande salle du pavillon de Beauvais, sous l’imposant plafond peint du Triomphe de Marie de Médicis, est consacrée à une présentation d’œuvres en vitrines : elles regroupent faïences et pièces d’orfèvrerie de la seconde moitié du XVIIe siècle et de la Régence, jusqu’à l’épanouissement de l’art « rocaille » vers 1750, les plus significatives d’entre elles étant présentées sous forme de grands buffets dressés. Quant à l’aile nord de la cour Carrée, elle s’ouvre maintenant sur une salle qui rassemble les élégantes peintures d’Oudry provenant du château de Voré. Ensuite, les deux corps qui se déploient de part et d’autre du pavillon Marengo abritent chacun deux enfilades communiquant par des galeries transversales qui permettent au public de se déplacer de l’une à l’autre. La première, au sud, qui ouvre sur la cour Carrée, est réservée à une succession de period rooms. La seconde, au nord, ouvrant sur la rue de Rivoli, abrite une série de vitrines thématiques.

Le programme retenu dès 2005 a aussi cherché à diversifier les approches proposées au public à partir de lignes de force aisément repérables. Pour l’ensemble des salles, le parti chronologique a été privilégié, afin de replacer les œuvres dans un cadre historique en suivant l’enchaînement naturel des courants stylistiques : du classicisme à la Régence, de l’art « rocaille » au goût à l’antique et au néoclassicisme. Le parcours a également été construit autour de plusieurs ensembles de boiseries dont une partie seulement était présentée jusqu’alors. Un heureux hasard permet en effet au musée de disposer d’ensembles cohérents depuis les environs de 1700 jusque vers 1780. La série s’ouvre avec les lambris très novateurs de l’hôtel Le Bas de Montargis, exécutés par des artistes qui ont travaillé pour le roi à Versailles ; elle s’achève avec ceux pleins de grâce que la tradition associe à la célèbre Guimard, actrice, danseuse et mécène, récemment offerts en mémoire d’Aline Guerrand-Hermès par ses enfants, et avec les élégants panneaux peints du second cabinet turc du comte d’Artois au château de Versailles déposé par le musée des châteaux de Versailles et de Trianon. Entre ces deux termes, le bel ensemble des pièces provenant de l’ancien hôtel de Villemaré-Dangé, vers 1750, dont la bibliothèque sert maintenant d’écrin à la collection d’instruments scientifiques, les exceptionnelles boiseries du château d’Abondant encore accompagnées de leur mobilier assorti, ainsi que la grande chambre de parade de l’hôtel de Chevreuse, datant de 1766-1767, scandent les articulations stylistiques des salles, comme elles scandent ici les sections de l’ouvrage. Aucun de ces décors n’est bien sûr parvenu jusqu’à nous parfaitement complet.

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Le parti retenu a donc consisté à retrouver la logique fonctionnelle et spatiale des œuvres, en créant des volumes adaptés, avec leurs circulations et leurs ouvertures, et en restituant partout un cadre décoratif cohérent, qu’il s’agisse des sols, des lambris bas, des ouvertures, des plafonds ou des corniches.

Parallèlement, un certain nombre de vitrines regroupent meubles et objets d’art dans la galerie nord-ouest, en complément des salles rocaille, ainsi qu’une galerie « Louis XV », dévolue à l’orfèvrerie royale et princière, aux boîtes, montres et tabatières des années 1720-1760. Pour la période néoclassique, d’autres vitrines permettent d’offrir une vue rapprochée sur des oeuvres particulièrement fragiles, de disposer sur les meubles de menus objets, d’ouvrir les petits meubles mécaniques pour révéler leur structure et expliquer leur usage. Une vitrine évoque le commerce de luxe parisien et le rôle essentiel joué par les marchands merciers, à la fois créateurs, éditeurs, décorateurs et marchands de curiosités, fournisseurs du roi et des grands amateurs. Deux vitrines, liées aux arts de la table, prennent la forme de tables dressées et reflètent la pratique du service à la française, avec, en particulier, l’impressionnant service du roi George III d’Angleterre. Une vitrine isolée abrite deux maquettes originales en cire qui illustrent l’une des étapes de l’élaboration des meubles les plus somptueux. Deux derniers ensembles de vitrines, enfin, permettent de mettre en valeur les meubles et les objets les plus précieux des collections de la reine Marie-Antoinette.

Afin de replacer les œuvres dans leur contexte historique et de souligner les liens étroits qui unissent les collections d’origine souvent royale au mécénat de la Couronne et aux grandes commandes des souverains et des princes de la famille royale, le parcours accueille en outre plusieurs œuvres généreusement prêtées par le département des Peintures, celui des Sculptures et celui des Arts graphiques : portraits peints, comme le célèbre portrait de Louis XIV par Hyacinthe Rigaud, ou sculptés, comme celui de Louis XVI par Augustin Pajou, et gravures et dessins qui, à côté des meubles et des objets, contribuent à rendre compte de l’évolution générale des formes et des ornements. Le département des Antiquités grecques, étrusques et romaines a lui aussi apporté son concours : des sculptures antiques issues des collections du comte d’Orsay, de l’architecte Léon Dufourny et d’autres amateurs du XVIIIe siècle sont rassemblées dans la « salle Piranèse ». Elles permettent, à côté des vases montés en bronze et des meubles du duc d’Aumont notamment, de mieux apprécier le triomphe du « goût à l’antique » et les sources du courant néoclassique.

Des dessus-de-porte peints par François Boucher ont maintenant retrouvé leur fonction initiale dans les salles des Objets d’art. Le plafond à décor de chinoiseries peint par Scajario pour un palais vénitien, sorti de l’oubli des réserves, répond aux meubles et porcelaines à décor de chinoiseries de la période rocaille. De même, la spectaculaire coupole peinte d’Antoine-François Callet provenant d’un pavillon détruit du palais Bourbon, remontée pour la première fois et placée au centre du pavillon Marengo, met en œuvre un néoclassicisme à la française qui va de pair avec celui diversement exprimé dans les meubles et les objets d’art, tels ceux du prince de Condé, de la marquise de Pompadour ou de la comtesse du Barry. Un même souci de rapprochement a incité à solliciter l’aide du musée des châteaux de Versailles et de Trianon avec lequel le département a depuis plusieurs années entretenu une politique de dépôts croisés : elle a permis la venue au Louvre de l’étonnante pendule astronomique de Germain dite de la « Création du monde », image impressionnante de l’essor des sciences au XVIIIe siècle, et de quelques autres œuvres majeures. Il faut aussi remercier pour leur concours plusieurs autres institutions patrimoniales françaises : le Conservatoire national des arts et métiers, le musée national du château de Fontainebleau, la Cité de la céramique de Sèvres, le musée national de la Renaissance, le Mobilier national, la Société archéologique de Touraine et le Conseil général d’Indre-et-Loire, l’Union des Arts décoratifs, le domaine départemental de Sceaux. Et enfin souligner la générosité du Metropolitan Museum à New-York, qui a bien voulu accepter le prêt à long terme de deux panneaux peints provenant des boiseries du cabinet turc du comte d’Artois.

Il reste à souhaiter que ces confrontations contribuent à stimuler l’intérêt des chercheurs, des étudiants et plus généralement de tous les visiteurs du musée, depuis si longtemps privés de l’une des plus belles collections au monde.

Ce texte est l’introduction de l’ouvrage Décors, mobilier et objets d’art du musée du Louvre. De Louis XIV à Marie-Antoinette. Op. cit.

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Regard sur quelques œuvres

Une des six pièces de la tenture des Attributs de la Marine tissée pour Jean-Baptiste Colbert, marquis de Seignelay. Paris, 1689-1692. D’après Jean I Berain et Jean Lemoine. Manufacture de Jean-Baptiste Hinard. Tapisserie, laine, soie, fils d’or et d’argent. H. 296 cm ; L. 215,5 cm. Don de M. et Mme Gilbert et Rose Marie Chagoury, 2000. Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi

Du règne personnel de Louis XIV à la Régence, 1661-1723 Une des six pièces de  la tenture des A ributs de  la Marine  ssée pour Jean‐Bap ste Colbert, marquis de Seignelay Cette somptueuse tenture […] fut commandée par Jean-Baptiste Colbert de Seignelay, fils aîné du grand Colbert, qui succéda à son père dans la charge de secrétaire d’État de la Marine à la mort de celui-ci en 1683. Grand amateur de luxe, il s’était adressé à Jean-Baptiste Hinard, qui exerçait dans un atelier indépendant à Paris et venait de tisser une tenture à or pour le roi de Suède. Les modèles avaient été demandés à Jean I Berain, dessinateur de la Chambre et du Cabinet du roi. Celui-ci, très apprécié de Colbert de Seignelay, avait déjà travaillé pour ce dernier en organisant la fête qu’il avait donnée pour le roi en 1685 dans son château de Sceaux. […]Emmanuel Coquery a proposé d’attribuer les cartons réalisés pour cette tenture au peintre Jean Lemoine dit « de Paris », qui collaborait alors avec Berain depuis plusieurs années. Les motifs ornementaux très colorés se détachaient initialement sur un fond d’or, formé de fils d’argent doré. Ces derniers se sont malheureusement oxydés avec le temps, ce qui a dénaturé l’effet d’origine. […] Colbert de Seignelay ne profita pas de sa tenture. Il mourut en 1690, avant qu’elle fût achevée en 1692. Elle revint à sa veuve, Catherine-Thérèse de Matignon-Thorigny, qui se remaria six ans plus tard avec Charles-Léopold de Lorraine, comte de Marsan. Ce dernier fit remplacer les armoiries d’origine par les siennes et celles de sa femme […] Les tapisseries, parfait témoin du « grand goût » de ce règne, furent acquises en 1737 par Gaspard-François de Lalive. Au XIXe siècle, six pièces entrèrent dans les collections du baron Gustave de Rothschild. avant d’être offertes au Louvre par M. et Mme Chagoury. Armoire provenant du Garde‐Meuble de la Couronne Une des particularités de la production d’André-Charles Boulle est de s’ordonner presque entièrement autour de quelques grands types de meubles déclinés en un nombre limité de versions, toutes conçues à partir de l’emploi récurrent de motifs qui lui appartiennent en propre. Ce jeu permanent de reprises et d’adaptations donne au corpus des meubles qui lui sont attribués un caractère à la fois très homogène et d’une richesse exceptionnelle. Cette armoire peut être interprétée comme une variation sur le thème des armoires qui précèdent. Le dessin général en est identique : mêmes proportions, même absence de division horizontale, même montant central surmonté d’une épaisse volute, même corniche formant fronton, même motif à becs-de-corbin servant de base à la composition des vantaux, répétés de la même façon avec les mêmes figures d’angelots dans la partie supérieure. Mais les figures en bas relief ont disparu, laissant la place à une splendide composition de marqueterie, qui associe première et seconde partie, dont le dessin évoque une fleur de lys et dont on ne connaît pas d’autre exemple. Rarement Boulle a poussé plus loin la profusion et la richesse. On comprend, devant une telle œuvre, comment l’association de la virtuosité technique, de l’originalité de conception et de l’exubérance ornementale gagnèrent à Boulle dès son vivant une réputation immense, qu’aucun ébéniste ne devait jamais par la suite réussir à lui contester. […]

Armoire provenant du Garde-Meuble de la Couronne. Paris, vers 1700-1720. André-Charles Boulle. Bâti de chêne et de bois résineux, placage d’ébène, marqueterie en première et seconde partie d’écaille, de laiton, d’étain et de corne teintée, garniture de bronze doré. H. 226 cm ; L. 136 cm ; P. 54,8 cm. Versement du Mobilier national, 1870. Paris, musée du Louvre © Musée du Louvre, dist. RMN-GP / Martine Beck-Coppola

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Les années rocaille, 1720-1760 Commode de  la chambre bleue de Madame de Mailly au château de Choisy Cette commode, estampillée par l’ébéniste Mathieu Criaerd, fut livrée le 30 octobre 1742, par le marchand mercier Thomas-Joachim Hébert, lorsqu’elle entra sous le numéro 1290 au Garde-Meuble de la Couronne. […] Conçue comme une commode à cartel sans traverse, dont la composition tripartite de la façade est inspirée par celle, en laque du Japon, qui fut réalisée par Bernard II van Risen Burgh et livrée par le même Hébert en 1737 pour la reine Marie Leczinska, elle se remarque surtout par son prodigieux décor en camaïeu bleu sur fond blanc peint à l’huile, verni et poli, parfaite illustration de la virtuosité technique que les peintres parisiens avaient atteinte dans l’imitation des vernis extrême-orientaux. Rappelant en réalité plutôt les tissus dits « indiennes » qu’un décor chinois, les panneaux à grands motifs végétaux animés de paons et d’oiseaux en vol évoquent l’ambiance exotique d’un Extrême-Orient de fantaisie mis au goût du jour par les peintres Alexis Peyrotte, Christophe Huet, ou bien François Boucher, qui donna vers 1742 les dix esquisses de la Tenture chinoise pour la manufacture de Beauvais. Ils furent réalisés par un peintre qui demeure inconnu et vernis probablement par Guillaume Martin, qui avait livré sporadiquement le Garde-Meuble et qui travailla également pour le marchand Hébert. Par ailleurs, c’est à ce dernier qu’on doit attribuer la conception générale de la commode et surtout celle de son extraordinaire garniture de bronzes argentés, en parfaite consonance avec les couleurs du meuble. La commode avait été conçue pour s’intégrer harmonieusement dans l’ensemble d’une « chambre bleue », faisant partie de l’appartement que Louis XV fit aménager en 1742 pour sa favorite d’alors, Louise-Julie de Mailly-Nesle, au château de Choisy, acquis en 1739. [….]

Coffre d’or exécuté pour Louis XIV. Paris, 1676. Jacob Blanck, orfèvre ; Jean Pitan, marchand. Âme de bois recouverte de satin de soie bleu, or fondu, ciselé et filigrané, bronze doré. H. 25,2 cm ; L. 47,5 cm ; P. 36,2 cm. Ancienne collection royale. Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Stéphane Maréchalle

Coffre d’or exécuté pour Louis XIV Entièrement revêtu d’une dentelle d’or dessinant de grands rinceaux d’acanthe et de délicats bouquets de roses, de tulipes, d’œillets, de lis et de zinnias dont les tiges s’enroulent en d’infinis lacis, cet objet unique émerveille par la richesse de sa matière, la complexité de sa composition et la virtuosité de son exécution. L’or a été fondu et ciselé, puis amati ou poli afin de rendre perceptibles la rugosité des feuilles d’acanthe ou la douceur des pétales de fleurs, tandis que d’infimes filigranes traduisent parfaitement la légèreté et la sinuosité des rameaux et des vrilles. Posé sur un satin de soie bleu sombre, cet habillage somptueux signale une œuvre d’exception. Sa provenance est bien connue grâce aux inventaires du musée des Souverains et au numéro « 298 » gravé sous l’un des pieds, preuve de sa présence dans le Garde-Meuble de la Couronne au moment de la réorganisation opérée par l’intendant Moïse-Augustin de Fontanieu, en 1716. Là s’arrêtent les traces administratives. […] […] Comme vient de le révéler une récente découverte dans les archives diplomatiques, le coffre fut commandé par Louis XIV à l’orfèvre Jean Pitan au printemps 1676 « pour enfermer toutes les parures », c’est-à-dire les pierreries montées en colliers, bracelets, bagues et boutons à coudre dont les costumes de cour étaient constellés. C’était donc là que Louis XIV entreposait ses propres parures et celles qu’il prêtait souvent aux femmes de la famille royale. Judicieusement placé dans le parcours réservé aux visiteurs de marque, le coffre constituait une étape propice à l’émerveillement des hôtes, à la munificence royale et à la gratitude de l’obligé.

Commode de la chambre bleue de Madame de Mailly au château de Choisy. Paris, 1742. Mathieu Criaerd. Bâti de chêne, placage de bois fruitier, laque occidentale dite « vernis Martin », garniture de bronze argenté, dessus de marbre bleu turquin. H. 85 cm ; L. 132 cm ; P. 63,5 cm. Dation en paiement de droits de mutation, 1990. Paris, musée du Louvre © Musée du Louvre, dist. RMN-GP / Thierry Ollivier

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Terrine conchoïdale à décor floral sur fond jaune. Marseille, fabrique de la Veuve Perrin ou fabrique de Gaspard Robert, vers 1765-1770. Faïence à décor de petit feu polychrome. H. 30 cm ; L. 40 cm. Achat lors de la vente de la collection Léopold Dor sur les arrérages du legs Dol-Lair, 1963. Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Stéphane Maréchalle

Aiguière en porcelaine de Chine montée en bronze doré. Vases : porcelaine à fond céladon craquelé Chine, époque Kangxi (1662-1722). Montures : bronze doré, Paris, vers 1750-1755. H. 51 cm ; L. 35 cm ; P. 27 cm. Versement du Mobilier national, 1870. Paris, musée du Louvre © Musée du Louvre, dist. RMN-GP / Martine Beck-Coppola

Aiguière en porcelaine de Chine montée en bronze doré [Cet] objet exceptionnel [est un] parfait exemple du degré de richesse et de virtuosité auquel pouvait atteindre le traitement des porcelaines chinoises de la part des marchands et artisans parisiens au milieu du XVIIIe siècle.[…] Les montures de la paire d’aiguières se distinguent par leur plasticité remarquable. La même impulsion les anime d’un rythme ininterrompu de la base de la terrasse à l’extrémité du bec, témoignant d’un sens de la ligne et d’une sûreté de trait sans défaut qui en font l’une des plus belles réussites de ce type de montage.[…] Ce traitement généreux du modelé conduit à dater ces dernières des années 1750, ce que tend à confirmer l’absence de marque au C couronné, dont l’apposition cessa en 1749. Les porcelaines elles-mêmes relèvent d’un type à panse globuleuse assez répandu, à fond céladon gris craquelé (« truité », selon le vocabulaire du temps), orné de deux attaches à anneaux en masques de chimères et de bandes ornementales en biscuit traité en relief brun, soulignant le sommet du pied, de la panse et du goulot. Terrine conchoïdale à décor floral sur fond jaune Véritable manifeste du style rocaille, cette terrine n’a d’égal que les deux modèles d’orfèvrerie connus par la gravure dont elle s’inspire. Le premier d’entre eux est la commande d’Evelyn Pierrepont, duc de Kingston, à l’orfèvre et architecte Juste-Aurèle Meissonnier, qui comportait notamment deux terrines en forme de conques marines. Une seconde pièce d’orfèvrerie reprenant la même forme, une salière de l’orfèvre Pierre Germain, dut aussi nourrir l’inspiration du faïencier. Il a cependant laissé libre cours à sa verve créatrice en faisant supporter le corps de la terrine par quatre petits pieds recourbés qui lui donnent l’aspect étrange d’un animal. Grâce aux multiples possibilités techniques qu’elle offrait, la céramique fut l’un des domaines les plus ouverts à la rocaille, puisant son inspiration dans le monde de l’eau, du végétal et du minéral. Elle s’affirma au point de transformer la structure même des objets, et non plus seulement leur vocabulaire ornemental. Dans le cas de cette terrine, un mouvement en forme de vague semble libérer son énergie et traverser la faïence, pareille à une matière en transformation. C’est sans doute à Marseille que ces recherches libérées de toutes règles formelles furent les plus abouties. La plupart de ces formes conchoïdales étaient autrefois considérées comme provenant de la fabrique de la Veuve Perrin, mais une pièce signée par Gaspard Robert, par ailleurs connue, permet incontestablement de lui en concéder la majeure partie. Il paraîtrait alors logique de lui attribuer cette terrine dont la prise, un putto chevauchant son carquois et enlaçant un canard, est tout à fait dans l’esprit de ses réalisations. Pour autant, il est difficile d’être aussi catégorique en ce qui concerne cette attribution. [...]

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Chocola ère de la reine Marie Leczinska Somptueux témoin de l’orfèvrerie rocaille, le nécessaire de Marie Leczinska est l’un des rares vestiges subsistant des commandes royales françaises du XVIIIe siècle. L’ensemble des pièces est présenté dans un coffre marqueté d’un frisage en palissandre. On y trouve tout ce qui est nécessaire, d’où l’appellation de l’ensemble, à une collation, permettant de déguster du thé ou du chocolat, ces boissons exotiques si prisées en Occident depuis la fin du XVIIe siècle. […] Le motif des dauphins, le poinçon de maison commune, 1729-1730, les armes effacées mais partiellement lisibles de la reine étayent l’hypothèse qu’il s’agit bien d’un cadeau du roi Louis XV à son épouse pour la naissance tant désirée du Dauphin, son quatrième enfant et premier fils, le 4 septembre 1729. […] Les ornements rocaille, d’une extrême virtuosité, coquillages, coraux, fleurs, palmes et coquilles, sont caractéristiques de l’orfèvrerie française des années 1730. Les guirlandes de fleurs qui ornent le pourtour du réchaud ne sont pas sans rappeler ces mêmes motifs floraux, empreints de naturalisme, visibles sur les projets de Thomas Germain pour le miroir de la toilette de Marie Leczinska, disparu, qui datait de 1726. L’auteur, Henri-Nicolas Cousinet, appartient à une illustre dynastie d’orfèvres parisiens connue depuis le XVIIe siècle. […] Outre la place de choix que le nécessaire occupe dans la production de l’orfèvrerie royale française, il est également un parfait exemple des créations exécutées sous l’égide des marchands merciers parisiens. « Marchands de tout et faiseurs de rien », lanceurs de mode, ils aimaient associer des matériaux divers, souvent exotiques, et furent dans de nombreux cas à l’origine des créations les plus raffinées du XVIIIe siècle.

Chocolatière de la reine Marie Leczinska. Paris, 1729-1730. Henri-Nicolas Cousinet. Appartenant au nécessaire offert par Louis XV à la reine à l’occasion de la naissance du Dauphin. Argent doré, ébène, bois noirci. Don de la Société des Amis du Louvre avec le concours de Stavros Niarchos, 1955. Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi

Guéridon à thé du salon ovale du pavillon de musique de Madame du Barry au château de Louveciennes. Paris, 1774. Martin Carlin. Acajou massif, chêne, placage d’amarante, garniture de bronze doré, porcelaine. H. 81,7 cm ; D. 80 cm. Plaques de porcelaine : porcelaine tendre, manufacture royale de porcelaine de Sèvres, 1774, Charles-Nicolas Dodin, peintre. Achat, 1978. Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Daniel Arnaudet

Le courant néoclassique, 1774-1792 Guéridon  à  thé  du  salon  ovale  du  pavillon  de  musique  de Madame du Barry au château de Louveciennes Parmi les achats somptueux de Madame du Barry destinés à meubler le pavillon de musique que Claude-Nicolas Ledoux avait édifié en 1771 dans le parc du château de Louveciennes figure cet extraordinaire guéridon, qui lui fut livré en 1774 par un des plus fameux marchands merciers de la seconde moitié du XVIIIe siècle : Simon-Philippe Poirier, à qui revient l’idée d’orner des meubles d’ébénisterie de plaques de porcelaine.[…] Le plateau, plaqué d’amarante au revers, repose sur un piétement tripode en acajou massif orné de palmettes, d’enroulements et de chutes de fleurs en bronze doré. Grâce à un mécanisme en acier, le plateau peut basculer en avant, présentant ainsi les sept plaques de porcelaine comme un véritable tableau de chevalet. La plaque centrale, dans l’esprit des turqueries si appréciées au XVIIIe siècle, reproduit Le Concert du grand sultan peint par Carle van Loo en 1737, d’après la gravure de Claude-Antoine Littret (1766) qui inverse la composition. Le goût turc était très en vogue à la suite de la visite de l’ambassadeur de la Sublime Porte au roi Louis XV en 1721, mais dans les années 1770 on assiste à un attrait renouvelé pour ces représentations, que ce soit dans le domaine de la tapisserie ou bien dans les nombreuses créations de cabinets turcs, ceux du comte d’Artois et de Marie-Antoinette étant les plus célèbres […] Les six plaques cintrées à fond bleu céleste sont ornées de figures sur des fonds de paysage, entourées de guirlandes de fleurs. Ces scènes inscrites dans des réserves ont été peintes d’après Antoine Watteau. L’auteur de ces plaques, Charles-Nicolas Dodin, fut un des peintres de figures les plus talentueux de la manufacture de Sèvres. […]

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Secrétaire à cylindre du cabinet intérieur de l’appartement de nuit de la reine Marie‐Antoine e au château des Tuileries En 1784, Marie-Antoinette se fit aménager au palais des Tuileries un petit appartement, à la dernière mode. On ne sait pas aujourd’hui où il était précisément situé dans le château, mais il était distinct du grand appartement, et permettait à la reine de passer la nuit à Paris lorsqu’elle s’y rendait pour assister à un spectacle. […] On appelle « secrétaire » tout meuble sur lequel on peut écrire et dans lequel on peut ranger des papiers. Le secrétaire à cylindre en constitue une variété. Celui-ci, d’une extrême élégance, fut exécuté avec une délicatesse digne de la reine. Il se compose d’un corps de bureau, à trois tiroirs, orné de quatre bas-reliefs en bronze doré représentant des allégories (la Musique à deux reprises, la Peinture puis la Sculpture), et d’un corps supérieur à cylindre, à dessus plein bordé d’une frise de rinceaux. Tous les panneaux du bureau sont marquetés d’un quadrillage à losanges polychromes. Au milieu du cylindre, une guirlande de fleurs, de branches de laurier et de rubans encadre un trophée en marqueterie représentant les attributs de la Poésie : plume, lyre, livres, encrier. Ce meuble fut créé pour être un meuble de milieu, comme l’atteste la présence du second bas-relief de la Musique au revers. Par ailleurs, la présence de trous situés aux extrémités basses des pieds permettait autrefois la fixation de roulettes. [...] Fauteuil du grand cabinet de la reine Marie‐Antoine e au château de Saint‐Cloud Pour le grand cabinet de Marie-Antoinette à Saint-Cloud, ordre fut passé en octobre 1787 à Jean-Baptiste-Claude Séné de livrer un grand canapé, deux bergères, deux fauteuils « à la reine », quatre fauteuils en demi-cabriolet, quatre chaises en léger cabriolet, deux tabourets de pieds, un paravent à quatre feuilles et un écran. Situé en angle à l’extrémité orientale de l’aile, le grand cabinet, éclairé par quatre fenêtres, était décoré de boiseries « blanc et or » de style arabesque, de hautes glaces et d’une cheminée en marbre blanc enrichie de guirlandes et médaillons en bronze doré. […] Les sièges furent recouverts par Claude-François Capin d’un damas bleu ciel à fleurs et corbeilles de la fabrique Cartier de Lyon, brodé en chaînette de soie blanche. Par souci de confort, les deux fauteuils « à la reine », les quatre fauteuils et les quatre chaises en léger cabriolet furent garnis « à carreaux » (c’est-à-dire avec coussins). Les rideaux furent confectionnés dans la même étoffe. Les sièges ne portent pas d’estampille. D’un néoclassicisme à la pointe de la mode, la conception en était inédite. Les montants du dossier sont formés d’une colonne détachée portant un chapiteau ionique surmonté d’une pomme de pin. Un balustre fait fonction de console d’accotoir. L’assise repose sur des pieds à cannelures torses ornées de graines et enrichis d’une volute de fleurs dans leur partie supérieure. Les traverses sont sculptées d’une frise d’entrelacs qualifiée dans les mémoires d’« antique ». L’abondance du décor ne compromet en rien la légèreté des bois, qui est la marque de Séné. La forme en léger cabriolet (à dossier incurvé) eut un succès immédiat et l’ornemaniste Henri-Joseph-Aubert Parent proposait dès 1788 un fauteuil « à la duchesse » directement inspiré du prototype de Séné. Mentionnés dans l’inventaire révolutionnaire de 1789, les sièges furent utilisés une dernière fois à l’occasion du séjour de la famille royale à Saint-Cloud durant l’été 1790. […]

Secrétaire à cylindre du cabinet intérieur de l’appartement de nuit de la reine Marie-Antoinette au château des Tuileries. Paris, 1784. Jean-Henri Riesener. Bâti de chêne et de sapin, placage de sycomore, d’amarante, de bois de rose et autres bois polychromes, garniture de bronze doré. H. 103,6 cm ; L. 113,4 cm ; P. 64,2 cm. Versement du Mobilier national, 1901. Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Martine Beck-Coppola

Fauteuil du grand cabinet de la reine Marie-Antoinette au château de Saint-Cloud. Paris, 1787. Jean-Baptiste-Claude Séné, menuisier, Alexandre Régnier, Mathieu Guérin, Nicolas-François Valois, sculpteurs et Louis-François Chatard, doreur. Noyer sculpté et doré. Garniture moderne. Fauteuil : H. 91 cm ; L. 61 cm ; P. 56 cm . Versement du Mobilier national, 1948. Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Mathieu Rabeau

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Vase « Bachelier à serpens »  La forme à l’antique de ce vase, mise en valeur par son petit pied, la vigoureuse frise de postes de la panse et la pomme de pin qui le couronne, est étroitement associée au nom de son créateur : Jean-Jacques Bachelier. Ce dernier avait été engagé en 1751 comme peintre à la manufacture de Vincennes, avant de s’imposer, après le déménagement en 1756 à Sèvres, comme l’un de ses plus talentueux directeurs artistiques. Le caractère exceptionnel du décor et des dimensions de ce vase lui valut d’être exposé en décembre 1766 avec un second vase lors des ventes de fin d’année organisées depuis 1758 dans l’appartement intérieur du roi au château de Versailles. La presse de l’époque – à l’image de L’Avant-Coureur – s’émerveilla et révéla à ses lecteurs que « parmi les vafes d’ornement, on en remarquoit deux, de près de deux pieds de hauteur, à fond bleu, parfemé d’or, dont chaque anfe étoit formée par deux ferpents entrelacés, peints dans leur couleurs naturelles » ; le succès fut immédiat puisque, aussitôt présentés et malgré leur prix très élevé de 2 880 livres, ces deux « grands vazes a serpens » conquirent, en la personne du duc de Choiseul, un amateur des plus raffinés de son temps. […] Au lendemain de sa disgrâce royale en décembre 1770, Choiseul se retira au château de Chanteloup et se sépara d’une partie de ses collections. Les vases ne réapparurent que bien plus tard lors de la vente en 1783 du cabinet du sieur Le Boeuf où ils furent adjugés 1 200 livres à un certain Hamont, qui pourrait être celui qui offrit de nouveau la paire aux enchères dès 1784. C’est ensuite que la paire fut irrémédiablement séparée. Terrine du service de George III d’Angleterre et de Hanovre Le XVIIIe siècle fut par excellence celui de l’orfèvrerie parisienne. Jamais les orfèvres de la capitale française ne furent aussi sollicités, au point que leurs créations, expédiées à grands frais aux quatre coins de l’Europe, étincelaient sur toutes les tables princières. En France, la Révolution et ses terribles conséquences économiques et politiques ont fait table rase de tout ce luxe et ce sont bien les collections étrangères qui permettent aujourd’hui d’en apprécier la portée, comme au Portugal, au Danemark, en Suède ou en Russie. Entré dans les collections du Louvre par une dation providentielle complétée par un généreux don et un récent achat, le service commandé à Robert-Joseph Auguste par George III d’Angleterre et de Hanovre traduit magnifiquement cette acculturation. Son histoire remonte au début des années 1770, lorsque George III, après avoir fait fondre l’orfèvrerie obsolète de Hanovre, exprima le souhait de doter son palais de Herrenhausen d’une vaisselle abondante, conforme au cérémonial du service à la française. […] C’est en 1776 que le grand orfèvre Robert-Joseph Auguste emporta la commande, quand les dessins de ses « principales pièces » obtinrent l’assentiment du souverain à la suite d’un long processus de négociations financières. […] Comme l’orfèvre poursuivait en même temps d’importantes livraisons à la tsarine Catherine II, le service de Hanovre porte les poinçons de plusieurs autres sous-traitants : Jean Rameau, Louis-Joseph Lenhendrick et Claude-Auguste Aubry. […] D’après un inventaire rédigé en 1789, le nouveau service de George III pouvait être utilisé pour soixante-douze convives et pesait plus de 400 kilos d’argent massif. Innovant, il l’était sans conteste, car ses majestueux ornements de canaux et de rosaces tournoyantes, ses élégants rinceaux et ses rangs de grosses perles témoignent d’un répertoire néoclassique interprété avec puissance, mais bien tempéré par la présence distrayante de quelques figures d’enfants. Auguste, qui avait appris son métier en pleine époque rocaille, atteint donc un remarquable point d’équilibre entre l’animation des figures et la rigueur des ornements. Dominées par la monumentale théâtralité de ses vaisselles d’entrée, les trente-sept pièces conservées au Louvre sont pour la première fois présentées sur une table dressée.

Vase « Bachelier à serpens ». Sèvres, manufacture royale de porcelaine, vers 1766. D’après un modèle de Jean-Jacques Bachelier, peintre. Porcelaine tendre, bronze doré. H. 67 cm ; L. 35 cm. Achat, 1999. Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Martine-Beck-Coppola

Terrine du service de George III d’Angleterre et de Hanovre. Paris, 1778-1785. Robert-Joseph Auguste. Argent fondu et ciselé. H. 35 cm ; L. 43 cm ; P. 24 cm. Achat, 2011. Paris, musée du Louvre © 2011 Musée du Louvre, dist. RMN-GP / Harry Bréjat

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Regard sur quelques salles

Lambris de l’hôtel Le Bas de Montargis  

Paris, 1705, 1707, compléments modernes. Artisans de la Société pour les bâtiments du roi (Jules Degoullons et associés). Bois sculpté, peint et doré, glace. Versement des Domaines, 1898. Musée du Louvre, département des Objets d’art. OA 12300 (niches), OA 12301-12302 (trumeaux) et OA 12307.6 (parcloses) Après avoir donné en 1699 les dessins des élévations de la future place Louis-le-Grand, actuelle place Vendôme, Jules Hardouin-Mansart se rendit acquéreur de plusieurs parcelles à bâtir. C’est l’une de ces parcelles, située dans l’angle sud-ouest de la place, qu’il revend en 1704 à son gendre, Claude Le Bas de Montargis. Ce dernier est alors l’un des plus importants financiers du royaume : trésorier de l’Extraordinaire des guerres depuis 1701, il sera nommé en 1708 garde du Trésor royal. La construction de l’hôtel Le Bas de Montargis est achevée en 1707, ce qui en fait l’un des premiers à être édifiés sur la nouvelle place. Le Louvre conserve plusieurs fragments de ses décors intérieurs sans que leur origine précise soit toujours connue. Un trumeau de cheminée provient de la troisième pièce de l’enfilade sur la place, décrite comme grand cabinet en 1748, au moment de la mort de Madame Le Bas de Montargis. La partie supérieure d’un encadrement de niches était installée dans un cabinet ouvrant sur la cour.

La provenance exacte d’un second trumeau de miroir et de deux parcloses n’est pas connue. L’étroitesse des liens familiaux qui unissent le commanditaire de ces décors à l’architecte des grands chantiers de la Couronne explique leur intérêt. Exécutés par les artisans travaillant habituellement pour le roi, ils constituent l’un des premiers exemples de la reprise sur des chantiers privés des formules novatrices élaborées au tournant du siècle à l’intention de la cour. On y retrouve en particulier le traitement magistral du haut miroir placé en dessus de cheminée, composant ce qui était alors connu sous le nom de « cheminée à la royale ». Largement diffusé par la gravure, ce dispositif remporta un succès immense. Il en va de même pour les fonds à croisillons, les fines parcloses à rosaces ou les mascarons à coquilles d’où s’échappent des guirlandes de fleurs qui, tous, témoignent de l’émergence d’un répertoire ornemental nouveau, celui qui va donner le ton pour la décennie à venir. Il faut cependant noter que les miroirs étaient encore composés de six à huit glaces de dimensions relativement modestes et non des deux ou trois larges glaces de grand luxe que la manufacture des glaces de Saint-Gobain commençait alors à produire.

Le Bas de Montargis fut un client d’André-Charles Boulle : son nom apparaît dans les papiers de l’ébéniste à propos de gaines dont on ne connaît rien par ailleurs. En 1748, l’appartement ouvrant sur la place contenait encore une commode à quatre tiroirs, un lustre et une grande pendule, attribués à Boulle.

Sauf mention contraire, pour les photographies de cette section : © 2014 Musée du Louvre, dist. RMN-GP / Olivier Ouadah

Vue en grand angle de la salle Gilbert et Rose Marie Chagoury, présentant plusieurs éléments de lambris de l’hôtel Le Bas de Montargis © 2014 Musée du Louvre, dist. RMN-GP / Olivier Ouadah

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La commode n’est pas identifiée, mais le Louvre possède un lustre d’un modèle identique à celui de Le Bas de Montargis. Grâce à un prêt exceptionnel du musée des Arts et Métiers-Conservatoire national des arts et métiers, la somptueuse pendule, dont l’identification est ancienne, a rejoint temporairement les décors qu’elle côtoyait au XVIIIe siècle. Ces lambris entrèrent au Louvre par versement de l’administration des Domaines lorsque le gouvernement militaire de la Ville de Paris quitta l’hôtel en 1898. Une partie de ce versement, provenant vraisemblablement des appartements de l’entresol, a été entre-temps déposée au musée des Arts décoratifs. Les niches et le trumeau furent installés dans les salles du département des Objets d’art en 1964. Les autres éléments ne quittèrent pas les réserves. Le remontage actuel ne prétend pas restituer l’état historique de l’intérieur de l’une des pièces de l’hôtel. Le trumeau de cheminée, les niches et les parcloses sont désormais réunis dans une même pièce. Le trumeau est présenté séparément. L’étude des panneaux conservés en réserve, qui n’avaient pas été décapés, a renseigné sur les décors de faux marbre qui les ornaient au début du XVIIIe

siècle. Les collections de Waddesdon Manor et du J. Paul Getty Museum à Los Angeles abritent également des décors provenant de l’hôtel. Décor d’arabesques du grand salon du château de Voré : Les Diver ssements champêtres  

Vers 1720-1723. Jean-Baptiste Oudry. Toile. Trésor national acquis en 2002 par l’État pour le musée du Louvre grâce au mécénat de PGA Holding en application des dispositions fiscales de la loi du 4 janvier 2002 relative aux musées de France, et à un don de Nicole et Pierre Guénant. Musée du Louvre, département des Peintures. RF 2002-19 à 27. La Promenade : H. 364 cm ; L. 78 cm (RF 2002-26) ; Le Repos : H. 364 cm ; L. 78 cm (RF 2002-27) ; La Pêche : H. 364 cm ; L. 144 cm (RF 2002-21) ; La Chasse : H. 363 cm ; L. 144 cm (RF 2002-20) ; La Musique : H. 365 cm ; L. 144 cm (RF 2002-19) ; La Comédie burlesque : H. 364 ; L. 122 cm (RF 2002-23) ; La Danse : H. 364 cm ; L. 122 cm (RF 2002-22) ; La Collation : H. 364 cm ; L. 90 cm (RF 2002-24) ; Le Jeu : H. 364 cm ; L. 90 cm (RF 2002-25).

Il reste peu d’exemples en France des peintures d’arabesques qui furent à la mode dans la décoration intérieure du début du XVIIIe siècle. Formant une série complète, les neuf toiles de Jean-Baptiste Oudry proviennent du château de Voré, dans le Perche. Cet ancien château était devenu en 1719 la propriété de Louis Fagon, fils du premier médecin de Louis XIV et intendant des Finances lui-même. « Homme d’esprit et de capacité » selon Saint-Simon, il entra en 1715 au Conseil des finances de la Régence, sorte de ministère ayant en charge les affaires domaniales et fiscales.

C’est sans doute peu d’années après l’acquisition du château que Fagon confia à Oudry, jeune peintre animalier déjà fort prisé, le soin de mettre au goût du jour l’intérieur de sa demeure. Les neuf toiles ornaient, au premier étage, un grand salon à l’italienne éclairé par six croisées donnant sur l’extérieur. L’effet d’ensemble devait être éblouissant. Peintes sur un fond blanc uni, bordées de rose et d’or, parsemées d’éléments naturels – guirlandes de fleurs, oiseaux et ustensiles divers aussi légers d’exécution que savoureux dans leur choix –, les compositions se développent selon un principe décoratif mis au point par Claude III Audran au début du XVIIIe siècle. La partie haute, plus stylisée, fait place graduellement à un jardin boisé qui finit par occuper tout le bas de la toile. Des figures sont disposées dans les bosquets. On est alors en présence de scènes de genre, façon Antoine Watteau, dont le charme est

indéniable. Chacun des tableaux évoque un divertissement champêtre, sous l’égide d’une figure à l’antique esquissée au centre d’un médaillon. À part La Musique, plus large et qui devait occuper la place centrale de la pièce, les huit toiles fonctionnent par paires, chaque paire ayant une couleur de médaillon spécifique. On ignore la disposition exacte des toiles dans le salon. Animées de personnages de la commedia dell’arte, cinq d’entre elles représentent des saynètes dont on a perdu la signification. Ici, Arlequin tente de détourner à son profit un poisson pêché à la ligne par une jeune femme (La Pêche). Là, Pierrot et Arlequin accompagnent en musique un jeune couple dansant (La Danse).

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Ailleurs, Mezzetin verse à boire, tandis qu’un comparse porte un toast, la tête ceinte d’une coiffe de dentelles (La Collation). Polichinelle joue au trictrac (Le Jeu). La scène la plus curieuse, à laquelle on a donné le titre moderne de Comédie burlesque, porte les armoiries des Fagon, « d’azur à un mouton d’argent, regardant un lion d’or, surmonté d’un soleil de même ». Un singe allume les chandelles, les préparatifs du spectacle s’achèvent (le tapis est à moitié déroulé). Un ours furieux, debout sur ses pattes comme le lion des Fagon, se précipite sur son dresseur, tandis qu’une bergère de comédie trait une vache.

Après la mort de Fagon, le château de Voré devint, en 1749, la résidence d’été du philosophe Helvétius et de sa femme, ancêtres des propriétaires actuels. En 1779 au plus tard, leur fille cadette fit aménager de nouveaux appartements au premier étage, le salon disparut et les toiles d’Oudry furent remisées jusqu’en 1895, date à laquelle l’ensemble prit place au rez-de-chaussée du château, dans un salon à nouveau remanié en 1948. Quelques pièces du mobilier de Voré accompagnent au Louvre cet ensemble de toiles exceptionnel, classé trésor national et acquis en 2002 grâce au mécénat de PGA Holding et à un don de Nicole et Pierre Guénant.

Lambris du cabinet de l’appartement sur cour de l’hôtel de Villemaré‐Dangé  

Paris, vers 1750, compléments modernes. Bois sculpté, peint et doré, huiles sur panneau de bois, huiles sur toile, glace. H. sous corniche 470 cm. Versement des Domaines, 1898. Musée du Louvre, département des Objets d’art. OA 12449 L’enfilade de l’aile sur la cour de l’hôtel Dangé se terminait par ce cabinet, précieux écrin à l’harmonie bleu, blanc et or, baigné de lumière par les deux croisées ouvrant sur la cour et par une porte-croisée donnant accès à l’ouest à une terrasse, installée en prolongement de l’aile. La pièce était manifestement la plus richement décorée de l’hôtel, avec ses lambris à fond bleu, rehaussés d’un décor sculpté et doré d’ors de plusieurs couleurs, agrémentés de scènes peintes de jeux d’enfants dans des cadres chantournés. À la mort de François-Balthazar Dangé, le cabinet était meublé en parfait accord avec les tonalités des lambris : une console de bois doré à dessus de marbre blanc était placée en pendant de la cheminée. Les sièges, également de bois doré, étaient couverts de « damas bleu et blanc par bandes ». La même étoffe se retrouvait sur les rideaux qui garnissaient les deux croisées et la porte-fenêtre. Des porcelaines de Chine et de Sèvres, également en bleu et blanc, accompagnaient l’ensemble.

Les lambris du cabinet, déjà repeints et redorés au XIXe siècle, furent dispersés après leur arrivée au Louvre en 1898. La plupart des panneaux, augmentés de compléments exécutés pour l’occasion, servirent de cadre, après la Première Guerre mondiale, à la présentation de la collection Isaac de Camondo, dans l’aile Mollien du Louvre. Ils y demeurèrent jusqu’à leur démontage en 1995. Un trumeau de miroir, légèrement diminué en hauteur, et deux embrasures de porte, avec leurs dessus-de-porte sculptés, furent installés dans les salles du département en 1964. Les vantaux de la porte garnie de miroirs, qui séparait le cabinet de la chambre, demeurèrent en réserve, ainsi que les volets intérieurs et les soffites des fenêtres. Une fois regroupés, ces éléments formaient un ensemble très complet. Seules faisaient défaut la cheminée de marbre blanc, les croisées et leurs allèges ainsi que la porte-fenêtre qui ouvrait sur la terrasse. Les photographies prises avant démontage et les descriptions anciennes ont permis de proposer un remontage très fiable du cabinet. Quelques vestiges préservés sous les repeints avaient conservé des traces du bleu intense qui rehaussait les fonds des panneaux. Les ors de différentes couleurs mentionnés dans les descriptions anciennes avaient survécu sous les épaisses redorures du XIXe siècle. Les scènes figurées, lourdement repeintes, ont également pu être dégagées et ont révélé une facture de belle qualité. Ce cabinet est l’un des rares témoignages des décors de lambris à fonds colorés, qui connurent un certain succès au milieu du XVIIIe siècle, avant que la mode n’en passe, au profit des décors à fond blanc, qui le plus souvent les ont fait disparaître.

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Lambris, décor et mobilier du grand salon du château d’Abondant  

Paris, vers 1750, compléments modernes. Don du L. Lafon, 1989. Musée du Louvre, département des Objets d’art. OA 11234-11248. Boiseries : François-Simon Houlié, menuisier, et Jean-François Chevalier, peintre. Chêne sculpté et peint. H. sous corniche 423 cm (OA 11234). Dessus-de-porte : Jacques de Sève. Huile sur toile. H. 70 cm ; L. 154 cm (OA 11235-11237). Cheminée : Louis Trouard. Marbre de Sarrancolin. H. 119 cm ; L. 212 cm ; P. 33 cm (OA 11238). Plaque de cheminée (en trois parties). Fonte. H. 96 cm ; L. 177 cm (OA 11239). Consoles : François-Simon Houlié. Chêne sculpté et peint, plateau de marbre de Sarrancolin. H. 85 cm ; L. 92 cm ; P. 55 cm (petites consoles, OA 11242-11243). H. 85 cm ; L. 171 cm ; P. 55 cm (grandes consoles, OA 11240-11241). Sièges : Michel Cresson. Hêtre sculpté et peint. Tapisserie au petit point refaite d’après l’original. H. 107 cm ; L. 184 cm ; P. 71 cm (bergères, OA 11246-11247). H. 97 cm ; L. 81 cm ; P. 57 cm (canapés, OA 11244-11245). Lustre Métal argenté, cristal de Bohême. H. 140 cm ; D. 85 cm (OA 11248) En 1747, Louis II du Bouchet, marquis de Sourches, qui exerçait à la cour la charge de grand prévôt, fit entreprendre la modernisation de son château d’Abondant (Eure-et-Loir). Élevé avec Louis XV, celui que sa laideur avait fait surnommer l’« Amour » faisait partie des familiers de Madame de Pompadour. Il se produisait pour elle sur le théâtre des petits appartements à Versailles.

Les travaux, confiés à l’architecte Jean Mansart de Jouy, furent achevés en 1750. Petit-fils de Jules Hardouin-Mansart, Mansart de Jouy est connu pour avoir édifié le portail encore visible et le presbytère (détruit) de l’église Saint-Eustache à Paris, où un poêle rotatif, célèbre en son temps, pouvait chauffer alternativement la chambre à coucher et le cabinet du père Secousse, le curé de la paroisse… Les lambris du salon du château de Brunoy, qu’il aménagea pour le financier Jean Pâris de Montmartel, furent parmi les plus admirés de la période.

Mansart de Jouy ajouta deux pavillons au corps de logis du château d’Abondant. Dans celui de droite, du côté de la cour, un escalier séparait une chambre à la turque de la chapelle ; deux salons furent aménagés du côté du jardin. Le premier, dit « de pékin », était tendu d’une soie à motifs de branches fleuries. Il était meublé d’une console (musée de Dreux), de neuf fauteuils « à la reine », d’un clavecin, de tables à jeux et de métiers à tapisser. Du salon « de pékin », on passait dans le grand salon d’angle dont proviennent les boiseries aujourd’hui au Louvre ainsi que quatre consoles, deux canapés, deux bergères et un lustre.

La pièce, presque un carré de 8,80 mètres de long sur 8,10 mètres de large, aux angles arrondis, ouvrait, par deux fenêtres encadrant une porte-fenêtre, sur le jardin et, par deux fenêtres encadrant une porte-fenêtre, sur les parterres. Face aux ouvertures donnant sur le jardin, la cheminée et son trumeau de glace étaient entourés de deux larges panneaux et de deux portes. Face à celles qui donnaient sur les parterres, la porte d’accès au salon était encadrée de deux panneaux plus étroits et de deux grandes glaces : les quatre murs étaient ainsi divisés en cinq travées d’inégales largeurs, réparties symétriquement autour d’un axe central.

Le marbrier du roi Louis Trouard fournit le marbre de Sarrancolin de la cheminée et des plateaux des quatre consoles d’entrefenêtre. Pour ce grand salon, Jacques de Sève peignit trois dessus-de-porte en camaïeu de vert et de bleu sur le thème de jeux d’enfants chinois : La Musique et la Danse, La Pêche chinoise et le jeu d’échets (sic) et La Balançoire et la répétition de la comédie. La dorure était absente du décor. L’éclairage était assuré par des appliques à trois branches à décor de fleurs émaillées et par un lustre en bronze argenté et en cristal de Bohême. Les panneaux de chêne furent exécutés à Paris par le menuisier François-Simon Houlié. Le sculpteur, resté inconnu, a représenté différents fruits chinois dans les cartouches au-dessus des panneaux les plus larges et sur les cadres des dessus-de-porte. Le peintre d’impression Jean-François Chevalier recouvrit les lambris d’un gris-vert très clair rechampi d’un vert d’eau plus soutenu.

Disposés le long du bas lambris, les canapés et les bergères constituent un exemple de mobilier meublant remarquable. Suivant le principe établi par l’architecte théoricien Jacques-François Blondel dans son traité De la distribution des maisons de plaisance et de la décoration des édifices en général (Paris, 1737-1738), la ligne chantournée de la traverse supérieure du dossier des canapés suit exactement celle de la traverse inférieure des glaces. Les sièges furent livrés par le menuisier Michel Cresson. Reçu maître en 1740, établi rue de Cléry à Paris, « Au Gros Chapelet », Michel Cresson était le fils de Jean Cresson et le frère cadet de René Cresson, tous deux également menuisiers. Fauteuils et bergères furent peints dans les mêmes deux tons de vert que le reste du décor. Leur garniture d’origine en tapisserie au point, vraisemblablement confectionnée par la famille, était assortie aux rideaux des fenêtres et aux portières en pékin et gros de Tours blanc qui, une fois fermées, dissimulaient les dessus-de-porte. En 1751, le marquis de Sourches fit donation du château d’Abondant à son fils de neuf ans, Louis-Emmanuel, marquis de Tourzel. Un état de l’ameublement dressé à cette occasion mentionne, en plus de ce mobilier meublant, des sièges volants, soit six fauteuils en cabriolet et huit chaises, recouverts de toile d’Angleterre verte. En 1783, l’inventaire après décès de la marquise signale cette fois la présence d’un nombre encore plus important de sièges de confort, en majorité des fauteuils de paille garnis de coussins, et même d’une niche pour le chien…

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À la mort de Madame de Sourches en 1783, le nouveau marquis de Tourzel, frère cadet du précédent, hérita d’Abondant. Il périt à la chasse à Fontainebleau, sous les yeux de la cour, en 1786. Durant tout le XIXe siècle, le château et ses décors furent pieusement préservés en mémoire de sa veuve. Gouvernante des Enfants de France, Louise-Élisabeth de Croÿ d’Havré, marquise de Tourzel, avait forcé l’admiration de tous par son courage et son dévouement indéfectible envers la famille de Louis XVI. Louis XVIII l’éleva au rang de duchesse héréditaire en 1816.

Au moment de la vente d’Abondant en 1902, les boiseries, auxquelles restait attachée la mémoire familiale, furent démontées pour être réinstallées rue de Villejust, dans l’hôtel parisien d’une de ses descendantes directes, la comtesse Lafond. En 1955, elles furent déplacées dans un autre immeuble de la capitale, square Jasmin. Offert au Louvre en 1989 par le laboratoire Lafon, il fut remonté une première fois dans les salles de l’aile nord de la cour Carrée en 1994, dans sa disposition originelle. Il demeure à ce jour l’un des très rares exemples de salon ayant conservé son mobilier d’architecture. Un des fauteuils du salon « de pékin » a été acquis par dation par le musée du Louvre en 1998. Le Louvre abrite également un fragment de l’étoffe d’origine des rideaux.

La Toile e de Vénus, coupole du salon de compagnie du pe t hôtel (dit « Pe ts‐Appartements ») du palais Bourbon à Paris 

Paris, 1774. Antoine-François Callet (1741-1823) et Pierre-Hyacinthe Deleuze (1726-1811). Huile sur toile marouflée sur plâtre. D. env. 620 cm. Exécutée en 1774 pour Louis-Joseph de Bourbon, prince de Condé. Collection Frantz van den Broek d’Obrenan ; vendue en 1941 par l’intermédiaire du décorateur Decour au galeriste Walter Bornheim ; collection Goering ; retrouvée à Berlin par Rose Valland en 1947 ; confiée à la garde des musée nationaux en 1950. Restaurée en 2009-2014 pour être exposée au public. Musée du Louvre, département des Peintures. M.N.R. 572 Afin d’étendre le domaine qu’il avait constitué sur la rive gauche de la Seine, Louis-Joseph de Bourbon, prince de Condé, acquit en bordure de l’esplanade des Invalides un terrain sur lequel il fit construire en 1771-1772, sur les plans de Claude Billard de Bellisard, son architecte ordinaire, un hôtel au goût du jour. Désigné sous l’appellation de « Petits Appartements » pour le distinguer des « Grands Appartements » du palais Bourbon, l’édifice, destiné à l’origine à sa fille Louise-Adélaïde, servit de résidence au prince. Il fut détruit en 1846 pour faire place aux bâtiments du ministère des Affaires étrangères, mais le décor de la coupole du salon, peint sur une toile marouflée, put être sauvé. C’est l’un des rares vestiges conservés de ce qui fut l’une des plus célèbres « folies » construites à Paris dans le dernier tiers du XVIIIe siècle.

On entrait dans l’hôtel par l’esplanade des Invalides. Une galerie à colonnes en forme de fer à cheval reliait les deux ailes du bâtiment. Couvert d’un dôme, le salon en rotonde donnait sur la Seine. À l’intérieur, douze colonnes ioniques soutenaient les arcades sur lesquelles reposait la coupole circulaire, percée au centre d’une large ouverture. Peinte en trompe l’œil par le décorateur Pierre-Hyacinthe Deleuze, la voussure imite la galerie haute et semi-ouverte d’un pavillon à l’antique. Derrière la fausse balustrade de la galerie, Antoine-François Callet, également auteur des fausses cariatides et des pendentifs, a disposé une vingtaine de figures empruntées à la mythologique galante. Trônant au centre, Vénus est à sa toilette tandis que, de l’autre côté de la galerie, Adonis, son amant, part à la chasse avec ses chiens et son cortège de nymphes. Gracieuse et sensuelle, vivement colorée, la peinture de Callet est parfaitement adaptée à sa fonction décorative. L’artiste n’était alors âgé que de trente-trois ans, mais il avait déjà exécuté un plafond peint sous la direction de l’architecte Charles De Wailly à Gênes, au palais Spinola. Le dispositif architectural redoublait d’astuces pour faire du salon le cadre d’un spectacle total. Trois fenêtres donnaient sur le jardin, auxquelles faisaient face trois miroirs du côté opposé. Les jours de concert, un mécanisme à glissière permettait de masquer les fenêtres par des miroirs, multipliant ainsi à l’infini, par des reflets croisés, l’espace du salon. Par un même mouvement, si l’on en croit Luc-Vincent Thiéry, le ciel de toile peinte qui occultait l’ouverture de la coupole se soulevait, dégageant ainsi le dôme et ses six fenêtres d’où tombait un « jour doux & agréable ». Au-dessus de la coupole prenaient place des musiciens, « musiciens que l’on ne voit point, mais dont la douce harmonie vient frapper agréablement l’organe de l’ouïe ».

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Après 1846, si l’on en juge par les traces de découpe de la toile, la peinture dut être réutilisée plusieurs fois. À nouveau en vente au début du XXe siècle, elle fut finalement achetée en 1941 par Goering pour son pavillon de chasse de Carinhall. Elle était à cette époque considérée comme provenant du pavillon de Bagatelle et portait une attribution flatteuse à Jean-Honoré Fragonard. Âprement recherchée par Rose Valland, héroïne de la Résistance, elle fut retrouvée en 1947 dans un dépôt à Berlin, puis rapatriée à Paris dans treize caisses monumentales encore en usage jusqu’à une date récente. Plusieurs projets de réimplantation ont été étudiés au cours des années 1980, au Louvre et ailleurs. Ce n’est toutefois qu’avec la perspective d’une rénovation complète du département des Objets d’art du XVIIIe siècle, dans l’aile nord de la cour Carrée, que l’avenir de la coupole a été scellé : elle orne désormais une salle située dans l’axe sud du pavillon Marengo, au centre du parcours muséographique, dans une section consacrée à la réaction néoclassique qui caractérise la fin du règne de Louis XV.

Précisions sur l’historique de l’œuvre après 1846 *

Le destin de cette peinture, qui a eu la chance de survivre, contrairement à la plupart des plafonds de cette époque, ne fut pas banal. Après la démolition en 1846 du pavillon du prince de Condé à Paris, la trace de la coupole se perdit durant des décennies. Elle ne réapparut en effet que dans les années Trente, et sous une toute autre identité.

En février 1934, un industriel et collectionneur d’origine néerlandaise, Frantz van den Broek d’Obrenan, proposait en effet de céder au Louvre les peintures qui ornaient le plafond du salon de Bagatelle. Il disait avoir acheté ces toiles chez un marchand qui n’en connaissait pas l’origine. Frappé par leur qualité, et constatant des analogies avec les descriptions de Bagatelle, il se convainquit bientôt qu’elles provenaient de ce pavillon construit pour le comte d’Artois et voulut même y voir la main de Fragonard. Le pavillon Bourbon était devenu Bagatelle et Callet se transformait en Fragonard.

Pour en permettre une meilleure présentation, d’Obrenan avait pris le parti de faire remonter la coupole chez un décorateur au savoir-faire reconnu, Auguste Decour, qui était installé rue François-Ier, dans l’immeuble attenant à l’hôtel particulier des d’Obrenan.

La vente au Louvre ne se fit pas et la déclaration de guerre en septembre 1939 comme les mois qui suivirent n’étaient guère propices aux transactions commerciales. Tout changea à l’été 1940. On sait aujourd’hui combien le marché de l’art parisien fut actif durant les années d’Occupation. Alors que l’état de guerre fermait l’accès à certaines places internationales, les objets d’art devenaient des investissements plus intéressants, et qui présentaient de surcroît l’avantage de pouvoir être facilement transformés en liquidités si le besoin s’en faisait sentir. D’autre part, le taux de change imposé par les autorités d’Occupation (1RM pour 20 FF) permettait aux acheteurs allemands de voir leur pouvoir d’achat démultiplié. Des musées d’Outre-Rhin purent ainsi effectuer des acquisitions qu’ils n’auraient pu espérer auparavant. Cette conjoncture était également favorable aux antiquaires et galeristes allemands. Une œuvre de Fragonard présentée comme la coupole de Bagatelle avait tout pour attirer leur attention.

Détails de la coupole du salon de compagnie du petit hôtel (dit « Petits-Appartements ») du palais Bourbon. Musée du Louvre © 2014 Musée du Louvre, dist. RMN-GP / Thierry Ollivier

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Au printemps 1941, Walter Bornheim, de la galerie Alte Kunst de Munich, se porta acquéreur de la coupole par l’intermédiaire de Decour, et chargea en outre le décorateur d’effectuer les travaux de restauration préalables à une réinstallation. Bornheim séjournait alors à Paris où il effectuait d’importantes acquisitions pour le compte du Reichsmarschall Hermann Goering, qui, depuis plusieurs années, réunissait une abondante collection d’œuvres d’art et procédait à des réaménagements d’importance, notamment à Carinhall, un relais de chasse progressivement transformé en résidence d’apparat. La coupole était destinée à Goering, qui l’acheta pour la somme de 1,2 MF ; transportée en Allemagne, elle fut entreposée à Carinhall mais elle ne semble pas y avoir été remontée durant la guerre.

Le 8 mai 1945, le Reich capitulait, les Alliés étaient vainqueurs. Les accords passés entre ces derniers prévoyaient que tous les biens transférés durant la guerre des pays occupés vers l’Allemagne devaient faire retour à leur pays d’origine ; ces dispositions, valables pour l’or, les valeurs mobilières, les voitures, les camions, les outils de production agricoles, les diamants et les bijoux, s’appliquaient également aux œuvres d’art. L’enjeu économique était d’importance et plus de trois cents « Monuments Men » de diverses nationalités permirent de faire revenir en France plus de 60 000 objets. Les biens spoliés devaient être restitués à leurs propriétaires d’origine. Ces opérations étaient dirigées en France par la Commission de récupération artistique, présidée par Albert Henraux ; l’une de ses collaboratrices, Rose Valland attachait une grande importance au retour en France d’une œuvre de provenance princière – Bagatelle comme on le pensait alors, née du pinceau d’un grand maître de la peinture française – Fragonard suivant l’identification de l’époque. Charles van den Broek d’Obrenan, le fils du propriétaire de l’entre-deux-guerres, qui suivait lui aussi les opérations de récupération pour les services de renseignements français, avait pu lui fournir un jeu de photos permettant de favoriser les recherches. Rose Valland se livra à des enquêtes très approfondies, pour lesquelles elle obtint même l’autorisation de se rendre en zone d’occupation soviétique, où se trouvait Carinhall, et retrouva finalement la coupole à Berlin en mai 1947. Celle-ci fut transférée en France où il restait à statuer sur son devenir. Ni la famille van den Broek d’Obrenan ni Decour ne remirent en cause la réalité de cette vente faite à Bornheim et la coupole fut remise en garde aux musées nationaux, qui l’inscrivirent sur les inventaires dits « Musées nationaux récupération », lui attribuant alors le numéro qu’elle porte toujours aujourd’hui : MNR 572.

Vue de la coupole du salon de compagnie du petit hôtel (dit « Petits-Appartements ») du palais Bourbon, remontée dans le pavillon Marengo. Musée du Louvre © 2014 Musée du Louvre, dist. RMN-GP / Thierry Ollivier

*Synthèse établie par Isabelle le Masne de Chermont, directeur du département des Manuscrits, Bibliothèque nationale de France.

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Lambris de la grande chambre de l’hôtel de Chevreuse  

Paris, 1766-1767, compléments modernes. Jean-Simon Frégé, menuisier ; Marchand, sculpteur, sous la direction de Pierre-Louis Moreau-Desproux, architecte. Bois sculpté peint et doré, plâtre peint et doré, glace. H. sous corniche 507,5 cm. Legs de Mme Pierre Lebaudy, née Marie-Marguerite Luzarche d’Azay, 1962. Musée du Louvre, département des Objets d’art. OA 10198  En 1758, Marie-Charles d’Albert, duc de Chevreuse, colonel général des dragons et gouverneur de Paris, hérita de son père, le duc de Luynes, l’hôtel familial situé rue Saint-Dominique. Il lança alors une ambitieuse campagne d’embellissement qui s’acheva en 1768 et donna naissance à une série de décors qui furent l’une des principales manifestations du goût à l’antique, qui triomphait à Paris au lendemain de la guerre de Sept Ans (1756-1763). Les dessins de la chambre furent donnés par l’architecte Pierre-Louis Moreau-Desproux. Les appartements de l’hôtel de Chevreuse furent particulièrement réputés pour leur splendeur. En 1787, vingt ans après leur création, Luc-Vincent Thiéry les mentionne encore avec éloge dans son Guide des amateurs et des étrangers voyageurs à Paris, soulignant la magnificence de la dorure de la grande chambre, d’où proviennent les lambris conservés au Louvre. La pièce était située au premier étage de l’hôtel. Elle constituait le point d’aboutissement d’une série de salles d’apparat : antichambre, salle du dais, puis salon d’assemblée, qui se succédaient en enfilade depuis le grand escalier et avaient vue sur le jardin. L’ameublement de la pièce au moment de la mort du duc, en 1771, nous est connu. Une balustrade fermait l’alcôve. Les deux fenêtres, les parois de l’alcôve, le lit et quatre fauteuils de bois doré étaient garnis d’un riche satin des Indes à fond blanc « à figures chinoises, arbrisseaux, fruits et fleurs », brodé d’or et d’argent. Les bronzes d’ameublement composaient un ensemble en harmonie avec la solennité du décor mural : un lustre à lyre attribué à André-Charles Boulle, des chenets ornés de pyramides et des bras de lumière « à l’antique ». Une grande commode en marqueterie de bois de rose, une pendule sur gaine et divers sièges complétaient le tout.

Lors du percement du boulevard Saint-Germain, au XIXe siècle, l’hôtel fut amputé de sa partie antérieure, avant d’être entièrement abattu, en 1900. Le décor peint du grand escalier, exécuté par Paolo Antonio Brunetti, fut cependant préservé ; il est actuellement conservé au musée Carnavalet. Les boiseries de la chambre de parade furent démontées et installées par l’architecte Paul-Ernest Sanson dans l’hôtel de l’industriel Pierre Lebaudy, alors en construction rue François-Ier. Les éléments anciens, destinés s’intégrer dans le décor d’un vaste salon, furent transformés, augmentés de parties modernes, de telle sorte que leur aspect général fut complètement métamorphosé. En 1962, lors de l’installation des lambris au Louvre, à la suite du legs de Mme Lebaudy, une partie des ajouts modernes fut conservée et une composition entièrement nouvelle fut élaborée, destinée à s’adapter aux espaces du palais et à donner une compréhension partielle de l’ordonnance originale, puisque la paroi du fond de ce qui devint alors la salle Lebaudy reprenait, dans ses grandes lignes, le dessin d’une des parois latérales de l’ancienne chambre de parade. La présentation actuelle, qui intègre des éléments anciens qui n’avaient pas été inclus dans le précédent remontage et des compléments modernes, a permis d’aboutir à une restitution fidèle de la disposition des lambris de la chambre au XVIIIe siècle, à la seule exception de l’alcôve, qui n’a pas été rétablie dans toute sa profondeur.

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Une approche pluridisciplinaire pour une restauration de pointe d’un ensemble patrimonial datant du XVIIIe siècle.

Le réaménagement des salles consacrées au XVIIIe siècle au musée du Louvre a ouvert un vaste champ d’expertise au Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) sur le mobilier et les objets d’art. Ce type de programmation constitue toujours un cadre propice à la recherche : mené sur un corpus d’œuvres conséquent, il permet de produire des synthèses concernant la connaissance des matériaux, leur évolution et les moyens de mieux les conserver et les restaurer.

Vingt et un agents du C2RMF issus du département Restauration et appuyés par les départements Recherche et Conservation préventive - restaurateurs, conservateurs, chimistes, physiciens, radiologues, photographes, documentalistes - ont ainsi été mobilisés afin de déterminer et mettre en œuvre des protocoles de restauration.

Les procédés de restauration novateurs mis au point spécifiquement pour le mobilier Boulle ainsi que pour les boiseries de l’hôtel Le Bas de Montargis ont fait l’objet de publications dans la revue semestrielle du C2RMF, TECHNE, afin de diffuser l’information auprès des professionnels et contribuer ainsi à une meilleure préservation à long terme d’objets patrimoniaux. 1- La restauration fondamentale du mobilier « Boulle »

Depuis 2008, en vue de la publication d’un catalogue raisonné de la collection du Louvre, un vaste programme de recherches interdisciplinaires a été mis en œuvre. En plus de la connaissance de ce corpus et de la possibilité d’affiner les attributions des différents meubles, il s’agissait de mettre au point de nouveaux protocoles de restauration. Sept meubles «Boulle» ont été restaurés de manière fondamentale par l’équipe de restaurateurs de la filière Arts décoratifs du département Restauration. Ils seront exposés dans les nouvelles salles. Ces meubles de grande valeur ont été largement restaurés, réparés, voire remaniés au cours des décennies. Les compétences de restaurateurs de différentes spécialités sont indispensables pour intervenir sur ces œuvres constituées de matériaux divers (bois de différentes essences, laiton, étain, bronze doré, écaille de tortue et corne). Si l’enchaînement des phases du travail est classique en restauration, elles ont été réalisées de la manière la plus détaillée possible. En premier lieu, un constat d’état a permis d’identifier, pour chaque meuble, altérations, soulèvements, manques, lacunes et anciennes restaurations. Le démontage a donné le moyen d’en comprendre la construction et la structure. La tracéologie nous a donné des indications sur les outils utilisés par les artisans et, par conséquent, sur la datation des différentes planches. La dendrochronologie, réalisée par un intervenant

extérieur, a donné les dates exactes de l’abattage des arbres, mais a aussi permis de suivre la démarche des menuisiers qui ont construit les structures sur lesquelles le décor en métal et écaille a été posé. Le groupe imagerie du département Recherche du C2RMF a permis d’approfondir les premières constatations faites par les restaurateurs. Des campagnes de radiographie, des séances de photographie, sous lumière ultraviolette, et l’utilisation d’une caméra multispectrale ont été organisées. Les image obtenues ont été intégrées à la documentation de chaque meuble. D’autres analyses chimiques ont visé les pigments colorés utilisés sous la corne et l’écaille de tortue, les couches de finition et les colles employées sous les placages. Des centaines d’éprouvettes traitées dans une enceinte de vieillissement accéléré ont permis de choisir la colle pour refixer la marqueterie soulevée (sans la déposer et sous vide) et les finitions de surfaces les mieux adaptées à ce type de meubles.

Armoire boulle en cours de restauration © C2RMF

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Le travail de recherche sur la gravure des éléments métalliques, qui joue un rôle décoratif très important, a permis de quantifier la perte de matière à chaque intervention de désoxydation par abrasion. À l’origine la gravure présente une « profondeur » de 20 à 120 microns selon l’outil employé et le résultat souhaité. La méthode traditionnelle par abrasion mécanique entraîne, en moyenne, l’effacement de 8 microns de surface du métal, ce qui explique la disparition des décors les plus fins sur un grand nombre de meubles. Dans le cadre du projet interdisciplinaire de recherche appliquée à la restauration, le C2RMF a mis au point une nouvelle méthode de nettoyage par gels de solvants qui réduisent à 2 microns la matière enlevée, c’est-à-dire que seule la couche d’oxydation est éliminée. Cette nouvelle méthode a été présentée dans un article de Technè, la revue semestrielle du C2RMF1.

La composition chimique de 190 éléments en bronze provenant de 17 meubles des collections du Louvre a fait l’objet d’une étude engagée grâce à la collaboration entre le musée du Louvre, le Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF) et le laboratoire Valectra d'EDF. Un régulateur de parquet de la Bibliothèque de l’Arsenal (BnF) a été inclus dans ce corpus. Le but de cette recherche était d’essayer de différencier les meubles crées par l’atelier d’André-Charles Boulle de ceux des ateliers des ébénistes qui ont utilisé la même technique et des productions postérieures du XVIIIe siècle. Rappelons que, si André Charles Boulle a vécu de 1642 à 1732, l’estampille sur le mobilier n’est devenue obligatoire qu’en 1743. Trois techniques d’analyse élémentaire complémentaires ont été mises en œuvre pour quantifier les différents éléments présents dans les échantillons. Le type d’alliage rencontré dans les « bronzes » et la marqueterie de laiton varie peu : la proportion de zinc ajouté au cuivre est d’environ 20 % en masse pour les « bronzes » et 30% pour la marqueterie en laiton ; les soudures dans les bronzes comportent autour de 30% de zinc. Cependant, les teneurs en éléments d'alliage et en certaines impuretés semblent évoluer non seulement après la mort d’André-Charles Boulle, mais sur des œuvres contemporaines, dessinant ainsi trois groupes de compositions. Une autre étude importante a été menée sur la marqueterie en étain qui a déterminé la coexistence de deux types d’alliages sur les trois meubles analysés : un étain non allié (pur à environ 98%) et un alliage d’étain riche en plomb (autour de 9%) et en mercure (autour de 6%). Cette coexistence reste pour l’heure inexpliquée. 2 - Une œuvre exceptionnelle : la table à écrire de Marie Antoinette

Livrée à Marie Antoinette en 1784 pour le cabinet intérieur à Saint-Cloud, estampillée Adam Weisweiller, cette pièce unique est à nouveau visible dans les salles, protégée et valorisée par une vitrine à l’éclairage subtil. Bronzes dorés, bois d’ébène, laque du Japon et laque européenne, ainsi qu’une étonnante marqueterie en damier pour les tiroirs et des plaques en acier composent ce petit meuble. Le bon état de conservation de l’œuvre n’imposait pas une restauration fondamentale, mais un travail de nettoyage et d’harmonisation entre l’éclat des bronzes dorés et les poudres d’or des laques. Toutefois, le démontage a permis d’effectuer une série d’analyses dont les résultats seront prochainement publiés en collaboration avec le conservateur responsable de l’œuvre. Les alliages des bronzes dorés ainsi que leur mise en œuvre ont été étudiés. Des coupes stratigraphiques des laques ont permis d’en identifier les composants. Des analyses sont en cours pour identifier les colorants utilisés sur le bois pour la marqueterie en damier. Enfin, les plaques qui forment le fond de la ceinture du meuble ont été identifiées par fluorescence X comme étant en acier pur. 3 – Les objets en bois dorés

Les interventions sur des fauteuils, des écrans de cheminée, deux grands miroirs et des consoles nous ont donné l’occasion d’étudier les techniques de la dorure sur bois. Pour le cas exceptionnel d’une console, la restauration a bénéficié d’une étude très poussée grâce aux développements récents en imagerie scientifique. En effet, le mode d’acquisition 3D des données et leur restitution par le département Archives et nouvelles technologies de l’information du C2RMF à l’aide d’une version perfectionnée du logiciel libre Meshlab (dans le cadre du projet européen 3D COFORM), ont permis de découvrir que cette console avait été mal assemblée lors d’une restauration récente. Les restaurateurs ont ainsi pu mieux comprendre la structure de l’œuvre et l’aspect final avant d’intervenir physiquement. L’état de conservation de ce type d’œuvres était très inégal. Les analyses stratigraphiques de la dorure nous ont souvent permis d’identifier les différentes interventions et 1- M.-A. Paulin et Fr. Leblanc, « Notice sur la restauration du mobilier Boulle du musée du Louvre ; Le nettoyage des marqueteries métalliques », Techne 38, p. 101 à 104, 2013.

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d’arriver parfois à la couche de dorure d’origine. Les choix ont été souvent difficiles, mais un consensus a toujours été trouvé entre les propositions des restaurateurs et les attentes de conservateurs. Le traitement des soulèvements, des manques et lacunes, et l’élimination ou la conservation des anciennes restaurations ont été décidés pièce par pièce, toujours en essayant d’intégrer au mieux les œuvres dans leur salle de destination au côté d’autres meubles. 4 – Les luminaires

La restauration de plusieurs luminaires, en particulier de trois imposants lustres en bronze doré, a été l’occasion d’une étude des techniques de fusion, d’assemblage, et de dorure. Un lustre étant composé en général de plus de 80 pièces assemblées, leur démontage a mis à jour les réparations, plus ou moins anciennes, ainsi que les marques utilisées par les artisans pour identifier les pièces à juxtaposer. 5 - Les boiseries de l’hôtel Le Bas de Montargis

Une partie de ces boiseries avait été déjà restaurée à l’occasion de la présentation de 1962 dans les anciennes salles du musée du Louvre. Un trumeau conservé en réserves était en revanche couvert d’une épaisse peinture marron datant du XIXe siècle. L’ensemble était donc dans un état très hétérogène. Les coupes stratigraphiques ont révélé que, sous la couche de peinture marron, et sous d’autres couches de peinture plus anciennes, la dorure du XVIIIe siècle était encore présente sur le trumeau. A ainsi commencé un très long travail de dégagement par voie mécanique et par voie chimique. La dorure d’origine était d’une très belle qualité et pour la plus grande partie du trumeau de simples retouches à l’aquarelle ont permis d’harmoniser la pièce.

En revanche, le masque au centre de l’arcature du trumeau était dans un mauvais état de conservation, une retouche classique ne pouvait pas suffire. La pose d’une nouvelle feuille d’or s’avérait nécessaire.

Poser une nouvelle feuille d’or sur une dorure ancienne est un problème déontologique important pour les restaurateurs car il devient par la suite très difficile de faire la différence entre la dorure d’origine, une re-dorure ancienne et une re-dorure récente. L’atelier a donc proposé un nouveau protocole d’intervention : entre la dorure d’origine et la dorure de restauration a été posée une couche de cire micro-cristalline. Ce système de superposition permettra au futur restaurateur de différencier sans ambiguïté dorure d’origine et dorure de restauration et, éventuellement, de l’éliminer. Notons enfin que parmi les techniques d'examen utilisées, la photographie sous infrarouge a permis de voir une inscription auparavant illisible : "fait pour le cabinet de Monsieur Mansart". L’équipe de l’atelier dorure est intervenue sur ces boiseries dans les salles du musée, après leur mise en place, pour affiner l’harmonisation des différents éléments. En raison de sa complexité et des choix faits, cette intervention a fait l’objet d’un article dans Techné2. La collaboration entre le C2RMF et le département des Objets d’art du musée du Louvre se poursuivra dans les prochaines années avec la restauration d’autres meubles « Boulle », d’autres pièces en bois doré et d’autres luminaires. Les protocoles mis au point à l’occasion de la réouverture de ces nouvelles salles pourront donc être appliqués à nouveau et, peut-être, encore améliorés.

2- C. Thomas, R.Février, M-A. Paulin, N. Balcar et A-S. Le Hô, « La restauration des boiseries dorées de l’hôtel Le Bas de Montargis », Techné 38, 2013, p. 112 -117

Boiserie de l'hôtel Le Bas de Montargis en cours de restauration © C2RMF

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La muséographie

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La muséographie Panneaux didactiques des salles d’exposition

De Louis XIV à Louis XVI. 1661– 1792

Le très long règne personnel de Louis XIV (1661-1715), jette les bases d’une hégémonie française en Europe mais s’achève sur des défaites militaires et de fortes incertitudes dynastiques. Malgré d’incessantes difficultés financières, Louis XV (1715-1774) et Louis XVI (1774-1792) maintiennent l’immense prestige de la France.

La vitalité démographique du royaume le plus peuplé d’Europe se traduit dès le règne de Louis XIV par de fortes concentrations urbaines, le développement des manufactures, l’enrichissement des élites et l’embellissement des villes. À la splendeur de Versailles répond la prospérité de Paris, capitale économique et centre incontesté de création artistique. Bien que la société soit encore dominée par la noblesse, définie par sa naissance et ses privilèges, une bourgeoisie instruite et enrichie commence à revendiquer des responsabilités politiques. Ces élites intellectuelles fréquentent au XVIIIe siècle les mêmes salons où naît l’esprit des Lumières, se croisent aux mêmes spectacles et aspirent au même mode de vie : « J’aime le luxe et même la mollesse », écrit Voltaire en 1736. Louis XIV et la Régence. De Versailles à Paris

Formé par Mazarin, Louis XIV, le « Roi-Soleil », protège les arts, y imprime son image et fait de Versailles le cœur de son pouvoir absolu et le théâtre de son règne glorieux. Servi par l’infatigable Colbert (1619-1683), il place Charles Le Brun (1619-1690) à la tête des Gobelins, développe les manufactures royales et encourage les innovations technologiques et artistiques.

À la mort du vieux monarque en 1715, le règne du jeune Louis XV s’ouvre avec la Régence, exercée par le duc d’Orléans jusqu’en 1723. Cette période, marquée par la crise financière de la banqueroute de Law, connaît une véritable libération artistique, portée par la nouvelle génération des princes et les riches financiers parisiens. Les monumentales compositions à la gloire de l’Absolutisme laissent place à un univers plus frivole, bien représenté par le peintre Claude III Audran (1657-1734). De frêles architectures et d’opulentes dentelles scandées de lambrequins rythment un espace compartimenté dominé par l’ornement. La période Rocaille. Pittoresque et sublime

Louis XV « le bien aimé », marié à la pieuse Marie Leszczynska, concentre les espoirs de stabilisation économique et politique de la France, mais son règne est marqué par trois guerres successives et la lente dégradation de l’image royale. La vie privée agitée du roi et l’influence de la marquise de Pompadour puis de la comtesse Du Barry exaspèrent le parti dévot et divisent la noblesse.

La disparition de la vieille cour de Louis XIV et l’avènement de nouveaux commanditaires marquent le passage au style Rocaille, dit Rococo à l’étranger, initié en France par l’architecte Gilles-Marie Oppenord (1672-1742) et l’orfèvre Juste-Aurèle Meissonnier (1695-1750). Ce style tire son nom des petites pierres irrégulières et des coquillages utilisés dans le décor des grottes et des fontaines. Leurs contours asymétriques dessinent des cartouches ornementaux dont les surprenantes distorsions gagnent l’ensemble des représentations artistiques. Cet univers résolument imaginaire, ouvert à la « chinoiserie » et à la « singerie », n’obéit plus aux conventions traditionnelles et suscite l’admiration : on le dit

« pittoresque », « bizarre » ou « sublime ».

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La période néoclassique : Du goût à la grecque au genre arabesque

Affaibli par la défaite de la guerre de Sept Ans (1763), Louis XV se heurte à l’opposition parlementaire. Sa mort, en 1774, place sur le trône son petit-fils Louis XVI, jeune homme inexpérimenté marié à Marie-Antoinette, fille de l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche. Malgré les réformes de Turgot puis de Necker, le régime sombre dans un mécontentement général sanctionné par la Révolution.

Un nouveau courant stylistique imprégné d’art antique se développe en France, initié en Italie par la découverte d’Herculanum et de Pompéi. Ses adeptes prônent la pureté des lignes et l’abandon des extravagances de la Rocaille. Jacques-François Blondel (1705-1774), professeur à l’Académie d’architecture, est le premier à remarquer que ce renouveau de la grandeur « classique » traduit aussi une certaine nostalgie du style Louis XIV. L’intérêt pour l’architecture antique et ses ornements, encouragé par les philosophes du courant encyclopédique mené par Diderot et d’Alembert, se traduit par un style monumental et savant, le « goût à la grecque ». Celui-ci est relayé dans les arts décoratifs par un répertoire de délicats ornements, de figures en cariatides, de guirlandes et rubans plissés qualifié vers 1780 de « genre arabesque ».

Une des quatre pièces des Tentures de François Boucher, tissées pour la chambre de la duchesse de Bourbon à l’hôtel de Lassay. Paris, vers 1775. D’après François Boucher et Maurice Jacques. Manufacture royale des Gobelins, atelier de Jacques Neilson. Tapisserie de basse lisse, laine, soie. H. 440 cm ; L. 300 cm. Versement du Mobilier national, 1901. Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Daniel Arnaudet

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Au fil du nouveau parcours muséographique, une série de sept dispositifs numériques permettent d’offrir aux visiteurs des éléments de contexte sur les collections présentées : USAGES ET OBJETS DU QUOTIDIEN Grâce à ce dispositif, le visiteur peut découvrir la vie quotidienne de la société aisée du XVIIIe siècle. Un feuilletoir interactif composé d’illustrations d’époque permet de comprendre l’usage de certains objets et de les replacer dans leur contexte d’origine. Quatre thèmes du quotidien sont abordés : la toilette, la collation, l'étude et les loisirs de salon. Au fil du parcours, quatre panneaux numériques permettent de découvrir des lieux hors du commun : des châteaux et hôtels particuliers, dont certaines œuvres présentées sont issues.

HÔTELS PARTICULIERS : Le Bas de Montargis / Villemaré Grâce à des animations visuelles, basées sur des documents d’archives et des images d’œuvres, le visiteur peut s’immerger dans l’ambiance de deux hôtels particuliers de la place Vendôme à Paris : Le Bas de Montargis et Villemaré-Dangé. L'histoire de chaque lieu ainsi que la vie de ses occupants au XVIIIe siècle est racontée grâce à une mise en scène visuelle.

ROCAILLE OU NEOCLASSIQUE Ce dispositif numérique propose au visiteur de s’initier à distinguer le style rocaille du style néoclassique. Outre des animations didactiques mettant en valeur leurs particularités, ce dispositif propose une série de jeux interactifs : découvrir le style d’un objet, aménager un salon ou encore trouver l’intrus parmi une série d’objets. SERVICE À LA FRANÇAISE 21 avril 1757 : Louis XV offre à ses hôtes un souper en son château de Choisy. Les mets sont présentés « à la française », c’est-à-dire servis par séries successives à la disposition des convives. Le visiteur s’invite ici, à la table du roi et peut partager l’engouement de la cour pour la porcelaine de Sèvres. Réalisé grâce aux technologies de Dai Nippon Printing Co., Ltd. (DNP) et conçu dans le cadre de "Louvre - DNP Museum Lab", un projet conjoint du Louvre et de DNP, ce dispositif multimédia, visant à explorer de nouveaux modes d'approche des œuvres d'art, a été présenté à Tokyo avant d'être installé à Paris. CHÂTEAUX : Bellevue / Saint-Cloud Deux panneaux numériques permettent de visualiser l’importance de ces châteaux disparus ainsi que la vie des souverains au XVIIIe siècle. Par d’importants procédés d’animations, les documents d’archives et illustrations d’époque permettent de faire revivre ces lieux exceptionnels dont il ne reste aujourd’hui que quelques traces.

La muséographie Un important dispositif de médiation culturelle

Rocaille ou néoclassique © Paris, musée du Louvre

Le Bas de Montargis © Opixido

Les usages et objets du quotidien © Opixido

Le service à la française © DNP

La Tour de Marlborough dans le jardin de Mesdames à Bellevue © Collection musée de l'Île-de-France, Sceaux / Pascal Lemaître

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Autour des collections

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Autour des collections Programmation culturelle à l’auditorium du Louvre

Conférence Mercredi 11 juin à 12 h 30 Présentation des nouvelles salles du département des Objets d’art par Jannic Durand, Marc Bascou, musée du Louvre et Jacques Garcia, architecte, scénographe et décorateur. Journée d’étude « Musée-musées » Samedi 15 novembre de 10 h à 18 h « Period Rooms », de la restitution à l’évocation des intérieurs du XVIIIe siècle Inventée au XIXe siècle, très en vogue dans la première moitié du XXe siècle, notamment dans les musées anglo-saxons, puis délaissée au profit de présentations plus analytiques, la forme muséographique des period rooms est aujourd’hui un objet de recherches historiographiques. L’usage de ces recompositions de décors à partir d’éléments authentiques connaît aussi un renouveau au sein de parcours muséaux, notamment pour tout ce qui concerne les arts décoratifs, comme en témoignent les présentations récentes des collections, au Louvre, dans les nouvelles salles du département des Objets d’art, mais également au Metropolitan Museum de New York, au Victoria & Albert de Londres, ou encore au Fine Arts Museums of San Francisco. A l’heure où les musées s’ouvrent à un public de plus en plus divers, les period rooms s’avèrent être particulièrement propices à l’immersion des visiteurs dans l’atmosphère d’un temps et d’une culture révolus, en proposant une évocation plus ou moins fidèle du contexte d’origine des pièces de mobilier et d’art décoratif qui y sont présentées. L’Œuvre en scène Mercredi 26 novembre à 12 h 30 Coffre dit « d’Anne d'Autriche » par Michèle Bimbenet-Privat, musée du Louvre et Emmanuel Plé, C2RMF. Cycle « De Rameau à Daho » Le cycle de Musique française est réalisé avec le soutien du Palazzeto Bru Zane, centre de musique romantique française de Venise. Concert Vendredi 17 octobre à 20 h Blandine Rannou, clavecin. Rameau, Œuvres pour clavecin ; Pesson, Le Tombeau de Rameau, création mondiale, commande du musée du Louvre et du Centre de musique baroque de Versailles. Ce concert est organisé en coréalisation avec le Centre de musique baroque de Versailles, dans le cadre de l’année Rameau. Musique filmée Dimanche 14 septembre à 15 h Le style français : Rameau, une étape ? par Hervé Niquet, chef d’orchestre. Vendredi 26 septembre à 20 h Jean-Philippe Rameau, Platée Dir : Marc Minkowski. Mise en scène : Laurent Pelly. Samedi 27 septembre à 15 h Les métamorphoses de Rameau par Ivan Alexandre, auteur et metteur en scène. Florilège d'archives filmées sur les grands interprètes de Rameau. puis à 17 h 30 Jean-Philippe Rameau, Les Paladins Dir : William Christie. Mise en scène : José Montalvo. Chorégraphie : Dominique Hervieu. Dimanche 28 septembre à 14h30 Rameau retrouvé, documentaire de Reiner E. Moritz puis à 16 h Jean-Philippe Rameau, Hippolyte et Aricie Dir : Emmanuelle Haïm. Mise en scène : Ivan Alexandre.

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Autour des collections Publication et film documentaire

Publica on  Décors, mobilier et objets d’art du musée du Louvre. De Louis XIV à Marie-Antoinette Plus de deux cent cinquante chefs-d'œuvre de l’une des périodes les plus glorieuses des arts décoratifs sont réunis dans cet ouvrage, depuis les splendeurs de l’art de cour de Louis XIV jusqu’aux éblouissantes créations suscitées sous Louis XV par Madame de Pompadour puis sous Louis XVI par la reine Marie-Antoinette. Les arts de la table, les somptueux meubles d’André-Charles Boulle et ceux de Charles Cressent sous la Régence, les magnifiques porcelaines et tapisseries issues des manufactures royales, offrent un large panorama des décors intérieurs, de l’artisanat du luxe et du commerce d’art qui incarnent un « moment de perfection de l’art français » jusqu’à la veille de la Révolution. Les nouvelles salles consacrées au mobilier des XVIIe et XVIIIe siècles au musée du Louvre ont été inaugurées en mai 2014. Les quelque deux mille œuvres qui y sont présentées sur près de deux mille mètres carrés forment l’une des plus belles collections au monde de meubles et d’objets d’art allant du règne de Louis XIV à celui de Louis XVI. Les salles sont organisées selon un parcours chronologique rythmé par de spectaculaires period rooms dans lesquelles ont été remontés de somptueux décors de boiseries provenant d’hôtels particuliers et de palais princiers parisiens du XVIIIe siècle. Reconstitution d’une époque révolue, évocation d’une ambiance disparue, elles mettent en scène les œuvres les plus remarquables du département des Objets d’art du musée, que leur restitution à la fois matérielle et intellectuelle dans leur contexte passé révèle dans toute leur beauté. Ouvrage collectif sous la direction de Jannic Durand, Michèle Bimbenet-Privat, Frédéric Dassas, avec la collaboration de Catherine Voiriot. Marc Bascou, Michèle Bimbenet-Privat, David Brouzet, Marie-Elsa Dantan, Frédéric Dassas, Calin Demetrescu, Cyril Duclos, Nicolas Fournery, Catherine Gougeon, Sophie Laroche, Stéphane Loire, Jean-Luc Martinez, Marie Hélène de Riboud Marie-Catherine Sahut, Guillaume Séret, Catherine Voiriot Film documentaire  En juin 2014, le chantier de rénovation des nouvelles galeries du Musée du Louvre, dédiées à la plus belle collection au monde d'objets d'Art et de mobilier du XVIIIe siècle français, prendra fin après deux années. Ce film propose de découvrir la restauration des œuvres et la création des salles reconstituant les salons du XVIIIe

siècle. Le récit nous entraîne à la rencontre des artistes de génie qui ont façonné les arts décoratifs sous les règnes de Louis XIV, Louis XV et Louis XVI. Réal. : Guillaume de Lestrange, Laurent Menec, 52 min, 2014. Coproduction : musée du Louvre / SEP / France 5. DVD en vente en septembre 2014.

Coéd. musée du Louvre éditions / Somogy 552 pages, 500 illustrations Format : 32 x 24 cm, relié Parution : mai 2014 Prix : 45 euros Édition française ISBN Somogy 978-2-7572-0602-7 Édition anglaise ISBN Somogy 978-2-7572-0603-4 Album Coéd. musée du Louvre éditions / Somogy 64 pages, 50 illustrations Format : 23 x 29 cm, broché Parution : juin 2014 Prix : 9,50 euros

Le catalogue bénéficie du soutien de GT Finance et du concours de Patrick A. Gerschel, Dalva Brothers, Inc., Mark Pigott K.B.E, Thierry Millerand et un donateur anonyme, avec la collaboration des American Friends of the Louvre.

Avec le soutien d’Arjowiggins Graphic

Le DVD a été réalisé grâce au mécénat de GT Finance.

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Informations pratiques

 Tarifs d’entrée au musée du Louvre Billet collections permanentes : 12 euros Gratuit pour les moins de 18 ans, les moins de 26 ans résidents de l’U.E., les enseignants titulaires du pass éducation, les demandeurs d’emploi, les titulaires de cartes adhérents; d’octobre à mars le premier dimanche de chaque mois. Billet valable le jour même pour le musée du Louvre (excepté les expositions du hall Napoléon) et le musée Eugène-Delacroix.

Horaires du musée du Louvre Ouvert tous les jours de 9h à 17h45, sauf le mardi et le 1er janvier, le 1er mai et le 25 décembre, (fermeture des salles à partir de 17h30). Nocturnes jusqu'à 21h45 les mercredi et vendredi (fermeture des salles à partir de 21h30). Accès Pyramide et galerie du Carrousel : ouvert tous les jours sauf le mardi, de 9h à 19h30 et jusqu'à 22h le mercredi et le vendredi. Passage Richelieu : ouvert tous les jours, sauf le mardi, de 9h à 17h30 et jusqu’à 18h30 le mercredi et le vendredi.

Les adhérents du musée du Louvre bénéficient d’un accès prioritaire et illimité aux collections permanentes. Les visiteurs handicapés ou à mobilité réduite bénéficient d'un accès prioritaire à l'entrée de la Pyramide. Visiteurs munis de billets et de Paris Museum Pass : accès par une file réservée à l'entrée de la Pyramide. Comment venir ? En métro : lignes 1 et 7, station Palais-Royal/musée du Louvre (sur la ligne 7, la station est fermée jusqu’au 26 juillet 2014) En bus : bus n° 21, 24, 27, 39, 48, 68, 69, 72, 81, 95 Stations Velib’ à proximité du musée : n°1023 (165 rue Saint-Honoré), n°1014 (5 rue de l’Echelle), n°1013 (186 rue Saint-Honoré). En voiture : un parc de stationnement souterrain est accessible par l'avenue du général Lemonnier, tous les jours de 7h00 à 23h00. Renseignements Tél. 01 40 20 53 17 - www.louvre.fr

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Lettres de mécènes

BREGUET, GRAND MÉCÈNE DU LOUVRE

Symbole de patrimoine historique et culturel ainsi que d’avant-garde technologique, la Maison Breguet a de tout temps exercé une véritable fascination par sa capacité à innover. Ses inventions révolutionnaires, dont celles du tourbillon et de la première montre-bracelet, lui ont conféré le statut de référence absolue en matière de haute horlogerie.

De nos jours, la Maison n’a de cesse de perpétuer l’héritage exceptionnel légué par son fondateur. Cette action se concrétise non seulement par la création de garde-temps toujours plus fascinants, alliant complications techniques et esthétique épurée, mais également par un engagement constant dans la protection du riche patrimoine historique et culturel de l’Europe.

C’est dans cette optique que Breguet décide, en 2009, de soutenir la restauration des salles Louis XIV à Louis XVI du Louvre. Mécène majeur de ce projet d’envergure exceptionnelle, la Maison Breguet est aujourd’hui fière de célébrer la réouverture de ces espaces restaurés main dans la main avec le plus grand musée du monde.

A travers ce mécénat, Breguet poursuit son soutien à la culture européenne tout en renforçant ses liens avec le musée du Louvre. Dès 1802 déjà, Abraham-Louis Breguet a l’honneur de présenter ses chefs-d’œuvre au Louvre dans le cadre de sa deuxième Exposition des produits de l’industrie. Quelques années après, Vivant Denon, le premier « patron » du Louvre et lointain prédécesseur de Jean-Luc Martinez, fait l’acquisition d’une montre Breguet à répétition ainsi qu’une pendule en biscuit, achetées respectivement en 1810 et 1811. Parmi la collection d’objets d’art du 18ème siècle du Louvre se trouve par ailleurs un vaste ensemble horloger incluant de très belles créations Breguet léguées en partie par la veuve de l’industriel lyonnais Claudius Côte en 1961. Mais c’est plus particulièrement à l’exposition de 2009, organisée à l’initiative d’Henri Loyrette – alors Président-directeur du Louvre – sous le titre « Breguet au Louvre. Un apogée de l’horlogerie européenne », que l’on doit le fort rapprochement entre les deux Maisons.

Breguet et son Président & CEO, Marc A. Hayek, sont heureux de se retrouver une nouvelle fois aux côtés du Louvre, à l’occasion de la réouverture des salles des objets d’art du 18ème siècle, et de contribuer ainsi au rayonnement mondial de ses fabuleuses collections.

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Montre de souscription n° 1391, d’Abraham-Louis Breguet. Or, laiton. Musée du Louvre, OA 10093 © Musée du Louvre, dist. RMN / Pierre Philibert

Montre à répétition, d’Abraham-Louis Breguet. Or, argent, laiton. Musée du Louvre, OA 10095 © Musée du Louvre, dist. RMN / Pierre Philibert

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Le Cercle Cressent du Louvre

Le Cercle Cressent du Louvre réunit amateurs et collectionneurs d’Objets d’art du XVIIIe siècle qui ont souhaité soutenir la rénovation des nouvelles salles, et mettre en valeur l’exceptionnelle collection du Louvre. Créé en 2007, ce cercle de mécènes, qui doit son nom au grand ébéniste français Charles Cressent, est présidé par Maryvonne Pinault. Il a bénéficié de la générosité de nombreux mécènes au premier rang desquels Monsieur Michel David-Weill et Monsieur et Madame François Pinault.

« Musée universel par excellence, le Louvre possède, entre autres trésors,

l’une des plus belles collections d’objets d’arts décoratifs du XVIIIe siècle.

Des meubles royaux aux instruments scientifiques, de l’orfèvrerie aux bijoux, des porcelaines aux peintures et aux tapisseries, cette collection unique représente toutes les facettes du savoir-faire et du goût français. Issues du génie d’artistes et de créateurs souvent multidisciplinaires, ces pièces racontent à leur manière le foisonnement extraordinaire d’initiatives, d’idées et d’inventivité du siècle des Lumières. Ce patrimoine incomparable se devait d’être doté d’un écrin à sa mesure. C’est désormais chose faite. Grâce au talent de Jacques Garcia, à l’expertise des restaurateurs, véritables artisans de l’excellence, et à l’engagement sans faille de toutes les équipes du musée, les nouvelles salles d’exposition des objets d’art du XVIIIe siècle, repensées et agrandies, offrent un cadre exceptionnel aux chefs-d’œuvre de ces artistes et artisans qui ont marqué durablement l’histoire de l’art et de l’artisanat. À la faveur d’une scénographie qui embrasse dans un même élan la diversité d’expression, l’évolution du goût, la cohérence esthétique et la rigueur d’exécution, les objets sont magnifiés, sublimés, en un mot ranimés. Les nouvelles salles accueillent aussi pour la première fois de nombreuses pièces inestimables jusque-là conservées dans les réserves du musée, à l’instar des panneaux de lambris d’époque restaurés pour l’occasion. Elles offrent enfin au public un panorama unique et brillant du raffinement et de l’art de vivre français. C’est un véritable hommage rendu à notre histoire. Grâce doit en être rendue à Henri Loyrette, qui a été à l’initiative de cette entreprise ambitieuse, et à Jean-Luc Martinez, qui n’a pas ménagé ses efforts pour faire aboutir ce projet. Les nouvelles salles XVIIIe du département des Objets d’art n’auraient pu voir le jour sans la mobilisation de tous les passionnés d’art, des généreux donateurs et en particulier des membres du Cercle Cressent, que j’ai l’honneur de présider. Je souhaite les remercier pour leur implication, leur contribution, et surtout leur fidélité à cet esprit français qui conduit les collectionneurs et les mécènes à enrichir en permanence le patrimoine national. »

Maryvonne Pinault Présidente du Cercle Cressent

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Les American Friends of the Louvre American Friends of the Louvre (AFL) est une organisation caritative à but non lucratif qui vise à renforcer les liens entre le musée du Louvre et son public international et contribue à solliciter des mécènes américains qui de longue date, soutiennent le musée du Louvre. Créée en 2002, l’organisation a ouvert ses portes en 2004 à New York et, avec la collaboration du Louvre, a lancé le International Council en 2008. Par leurs actions, les AFL contribuent au rayonnement du musée, et informe le public américain et international sur les collections, l’expertise et la programmation culturelle du Louvre. Les AFL soutiennent les principaux projets du musée par un important programme de subventions. A ce jour, plus de 23 million de dollars ont été reversés au musée du Louvre pour soutenir ses huit départements, ainsi que l’auditorium et les programmes éducatifs. Ils ont soutenu divers projets tels que la recherche scientifique, la rénovation de salles et le financement d’installations d’art contemporain ainsi que des projets de restauration et d’acquisitions. Les activités des American Friends of the Louvre sont soutenues par le Chairman’s Circle et le International Council, cercles de mécènes dont les membres sont originaires des Etats-Unis ou d’autres pays. Les AFL organisent également des soirées de gala aux Etats-Unis et en France; les fonds récoltés sont dirigés vers des projets spécifiques du Louvre. Les entreprises Visa U.S.A, The Bank of America Charitable Fund, American Express, Air France, Cartier, Sotheby’s, The Ritz et Veuve Clicquot ont contribué financièrement aux galas et à des projets menés par le Louvre. Ils ont aussi obtenu d’importants mécénats pour le Louvre de plusieurs fondations américaines dont la Annenberg Foundation, la Broad Art Foundation, la Henry Luce Foundation, et la Samuel H. Kress Foundation. Parmi les activités récentes des AFL, on peut noter le don d’un million de dollars destiné au futur réaménagement des salles d’art étrusque et romain, la collecte de 4 millions de dollars dédiée à la restauration des salles d’objets d’art français du XVIIIe siècle. Les AFL collaborent également avec le musée afin de développer le mécénat en faveur de son fonds de dotation, qui compte déjà plusieurs mécènes américains soutenant notamment l’art et la culture perses ainsi que des projets de restaurations d’œuvres. Ils soutiennent aussi l’intérêt des Français pour l’art américain en aidant le Louvre à financer expositions et programmations en lien avec les artistes américains. Les AFL participent aussi à l’enrichissement des collections du Louvre par des dons d’œuvres d’art. Ils ont ainsi offert au musée un tableau de l’artiste américain Emmanuel Leutze. La famille Forbes a offert une importante collection de peintures anglaises aux AFL en l’honneur de Christopher Forbes, président de l’organisation, que les AFL ont par la suite offert au Louvre.

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LA SOCIÉTÉ DES AMIS DU LOUVRE, MÉCÈNE DES ARTS DES LUMIÈRES

« Au sein de la longue tradition d’hégémonie parisienne dans le domaine des Arts décoratifs (elle remonte au moins au ministériat de Richelieu), le règne de Louis XV a été la période la plus inoubliable, malgré l’autorité que Napoléon a pu donner au goût à l’antique dans les arts du décor sous son règne. Dès la Monarchie de Juillet, la fascination rétrospective pour le décor français du XVIIIe siècle n’a plus été simplement européen, elle est devenue mondiale s’étendant aux Etats-Unis, à l’Amérique latine et même à l’Extrême-Orient.

C’est donc un grand événement que la restauration à grande échelle commencée depuis presque dix ans

des salles d’Arts décoratifs XVIIIe du Musée du Louvre. C’est une des fiertés de la Société des Amis du Louvre, bien plus que centenaire, de n’avoir cessé d’enrichir les collections d’arts décoratifs XVIIIe du Louvre qui vont enfin trouver un écrin digne d’elles. Dès 1907, nous offrions au Musée une écuelle couverte et son plateau en argent doré sortis de l’orfèvre du roi Thomas Germain.

Je ne peux pas me livrer ici à une énumération exhaustive. Je me bornerai à quelques exemples de notre fidélité envers les collections XVIIIe du département des Objets d’art, comme l’achat en 1933 avec le concours du grand-père de Michel David-Weill du pot à oille avec son plateau venant du service commandé à Paris par Catherine II et offert en 1772 à son amant et ministre Grégoire Orloff. Il nous est arrivé depuis d’offrir au même département deux autres pots à oille, l’un de Charles-Nicolas Odiot provenant des collections du Duc de Penthièvre en 1994 et tout récemment, un autre pot à oille de la collection Walpole daté de 1726 par l’orfèvre Nicolas Besnier. J’ajouterai encore le nécessaire d’Henri-Nicolas Cousinet provenant du Mobilier de la Reine Marie Leczinska offert en 1955 et le sucrier à poudre en argent doré, ciselé par un maître parisien provenant du Mobilier du duc de Bourbon offert en 1994.

Notre politique avait été jusqu’alors d’offrir au Louvre des objets d’art d’exception. La restauration des

salles des arts décoratifs aura été l’occasion d’élargir notre action de mécénat auprès du Musée et nous nous sommes engagés à financer entièrement la restauration de la chambre de parade du duc de Chevreuse. Deux donateurs hors de pair attachés à notre Société, M. Michel David-Weill et M. Yan Pei-Ming ont contribué de leur côté à rendre possible la réalisation de ce magnifique chantier. Nous sommes très heureux d’avoir trouvé dans le Cercle Cressent, dans les American Friends et dans de nombreux donateurs privés une générosité fraternelle à la nôtre. Nous nous sommes réjouis de la voir se déployer sous la direction de conservateurs aussi remarquables que M. Daniel Alcouffe, M. Marc Bascou, et M. Jannic Durand, en étroite association avec M. Jacques Garcia, grand connaisseur du goût XVIIIe et avec l’architecte des Monuments de France, M. Michel Goutal. Notre Conseil d’administration, en compagnie de M. Michel David-Weill, a suivi de près l’évolution de ce grand chantier et nous n’avons jamais douté que le résultat serait à la hauteur des enjeux et retentirait dans le monde entier. »

Marc FUMAROLI De l’Académie française

Président de la Société des Amis du Louvre

LA SOCIÉTÉ DES AMIS DU LOUVRE, UN DES TOUS PREMIERS MÉCÈNES DU LOUVRE

Fondée en 1897, reconnue d’utilité publique en 1898, la Société des Amis du Louvre est l’un des premiers mécènes du musée. Avec plus de 70 000 membres, elle rassemble tout le public fidèle du musée du Louvre en offrant au plus grand nombre la possibilité de participer à l’enrichissement des collections nationales. Depuis 1996, la Société des Amis du Louvre est présidée par Marc Fumaroli de l’Académie française. Plus d’informations sur www.amisdulouvre.fr

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Message de Mme Pansy Ho, Présidente de la campagne de levée de fonds à Hong Kong et première ambassadrice du Louvre en Chine Je suis ravie d’avoir pu prendre part au projet de restauration et de réaménagement du Cabinet chinois du musée du Louvre. En tant que Présidente de la campagne de levée de fonds à Hong Kong pour cette initiative, convaincre des partenaires fut une tâche pour le moins ardue.

Dans un monde où tout va très vite et dans lequel de nouvelles technologies ne cessent de faire leur apparition, les objets anciens peuvent être perçus comme obsolètes et sans grande valeur. Mais nous devons prendre garde à ce que le passé ne devienne pas un parent pauvre ou sombre dans l’oubli. Les salles des Objets d’art du 18ème siècle du Louvre, qui mettent en valeur des œuvres chinoises vibrantes et joyeuses, sont un véritable trésor pour démontrer les influences interculturelles entre l’Europe et la Chine.

Il y a 400 ans déjà, des artistes et des artisans de l’Ouest appréciaient la beauté des œuvres d’art chinoises. En empruntant formes, décors et motifs aux peintures, à l’architecture et à l’artisanat, elles devinrent une formidable source d’inspiration pour les artisans qui associèrent leurs découvertes à un savoir-faire exceptionnel. Il en résulta une palette exaltante d’expérimentations créatives soulignant la richesse de ces échanges artistiques et culturels. Aujourd’hui, ces artéfacts fascinent toujours autant le public grâce à leurs représentations fantaisistes et idylliques de scènes et de paysages, et à y regarder de plus près, ce point de vue occidental nous a permis de mieux comprendre la façon imagée dont était perçue la Chine tout en révélant à quel point les cultures orientales eurent un impact sur les goûts et les styles. Grâce à ce style chinoiserie transformé, l’Europe vit apparaître une sensibilité purement chinoise non seulement dans son architecture, mais aussi dans ses jardins, ses porcelaines, ses objets décoratifs, ainsi que sa mode, ses textiles et sa littérature.

Au 21ème siècle, le style chinoiserie n’est pas perçu comme une mode dépassée, mais bel et bien comme un courant tendance, joyeux et débordant d’individualisme et de particularités. En tant que première ambassadrice du Louvre en Chine, j’espère qu’en participant à la rénovation de ces salles, de nouvelles générations de visiteurs, y compris le public chinois, auront la chance d’admirer et d’apprécier l’héritage de nos cultures dans l’histoire mondiale.

Ce fut un grand honneur pour moi d’être invitée à prendre part à la réalisation de ce formidable projet de conservation d’objets artisanaux et d’œuvres d’art, et de les mettre en valeur d’une façon novatrice à la fois stimulante et éducative. Je vais poursuivre mes efforts pour rapprocher toujours davantage la culture française et chinoise, et j’ai vraiment hâte de participer à d’autres projets qui permettront d’approfondir ce merveilleux partage culturel. Nous avons toutes et tous tant de choses à apprendre du passé, et quelle plus belle façon de le faire qu’à travers la magie insouciante et imagée de l’Orient ?

MGM China Holdings Limited est fier d’avoir pu participer au fabuleux projet muséographique de rénovation et de réaménagement des salles dédiées aux Objets d’art du 18ème siècle du musée du Louvre. Parmi les salles restaurées, le Cabinet chinois sera entièrement dédié aux œuvres vibrantes qui reflètent les influences interculturelles entre l’Europe et la Chine. Nous espérons qu’avec la remise à neuf de ces salles, de nouvelles générations de visiteurs pourront admirer et apprécier l’héritage de nos cultures au fil de l’histoire mondiale.

Ceci est en accord avec notre mission de diversification de nos propriétés de Macao pour y intégrer le monde des arts, de la culture et des loisirs. Avec l’inauguration de son nouvel espace créatif, MGM Art Space, le MGM MACAU participe activement à la sensibilisation du public aux joies de l’art et de la culture. Le but du MGM MACAU est d’attirer l’attention, d’inspirer, d’instruire et de divertir ses invités tout en aidant à combler l’écart entre les gens et les arts.

Le MGM MACAU renforce ainsi sa vision de « Créer demain dès aujourd’hui » qui se base sur sa philosophie d’intégrer des concepts durables à ses pratiques d’affaires.

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Eni est mécène de la restauration de la bibliothèque de l’hôtel de Villemaré-Dangé aménagée en Cabinet Scientifique

Le musée du Louvre inaugure les nouvelles salles d'objets d'art du XVIIIe siècle Eni est mécène de la restauration des salles du Louvre consacrées aux objets d'art du XVIIIe siècle, et en particulier de la bibliothèque de l’hôtel de Villemaré-Dangé, aménagée en Cabinet Scientifique, dédié à la présentation d'instruments scientifiques utilisés de Louis XIV à Louis XVI. Cette collection de 120 objets de grande valeur technique et scientifique, en particulier dans le domaine des mathématiques, de la physique, de la mesure du temps et de l'astronomie retrace tout un siècle d'histoire, de 1660 à 1760. Ce projet s'inscrit dans le cadre du deuxième partenariat signé en 2012 par Eni et le musée du Louvre. En sa qualité de mécène exceptionnel du musée, l’entreprise soutient d’importantes initiatives artistiques, en Italie et en France, un pays revêtant une importance stratégique pour la société. Eni a ainsi renouvelé son engagement en tant que mécène principal des grandes expositions du musée du Louvre après le succès, de Mantegna (1431-1506) en 2008, de Titien, Tintoret, Véronèse… Rivalités à Venise en 2009, de L’Antiquité rêvée. Innovations et résistances au XVIIIe siècle en 2010 de Raphaël, les dernières années en 2012 et, pour finir, Le Printemps de la Renaissance – La sculpture et les arts à Florence 1400-1460 en 2013. Grâce à cet accord portant sur plusieurs années, Eni expose tous les ans à Milan un chef-d’œuvre provenant du musée du Louvre. Le soutien à la culture ainsi qu’au maintien des communautés et traditions locales définit depuis toujours Eni. Le slogan « Culture de l’énergie, énergie de la culture » décrit l’engagement de l’entreprise pour la promotion d’événements artistiques et culturels dans les pays où elle est implantée. Cette tradition de soutien à la culture, reflète l’attachement de l’entreprise aux valeurs d’innovation. Innover et regarder vers le futur a toujours été au cœur de l’identité et du patrimoine d’Eni. Cette valeur fait partie intégrante de la politique d’investissement de la société. Eni, présent en France depuis 2004, est l'un des principaux fournisseurs de gaz du pays, grâce notamment à la refonte de la marque dans l’ensemble du secteur de la distribution. Eni est aujourd’hui très présent dans le paysage commercial français et cela confère une force plus grande à sa relation avec l’institution culturelle principale de ce pays.

Contacts : Bureau de Presse : Tél. +39.0252031875 – +39.0659822030 Site internet : www.eni.com http://cultura.eni.com

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Le  6  juin  2014  ouvriront  à  nouveau  les  salles  du  musée  du  Louvre  consacrées  aux  Objets  d’art  du              XVIIIe siècle. Pour la première fois depuis 2005, le public pourra y accéder et admirer la collec on du musée. La  Fonda on  Stavros Niarchos  est  fière  d’avoir  par cipé  à  ce  réaménagement  important  qui  améliorera l’accès du public à ce e remarquable collec on d’Objets d’art du XVIIIe siècle. Composée de mobilier royal, de  bronzes  décora fs,  de  tapis  et  tapisseries,  d’orfèvrerie,  de  porcelaines,  de  bijoux  et  d’instruments scien fiques, la collec on du Louvre est l’une des plus riches et complètes en son genre.  Le récent mécénat de  la Fonda on est  le dernier d’une série de dons soutenant divers projets du Louvre. Tous  s’inscrivent  dans  l’héritage  philanthropique  ini é  par  le  fondateur  de  la  SNF,  le  regre é  Stavros  S. Niarchos, qui avait montré un profond intérêt et un grand respect pour le travail effectué par le Louvre.   La  Fonda on  Stavros  Niarchos  (www.SNF.org)  est  une  organisa on  philanthropique  interna onale  de premier  plan  qui  effectue  des  dons  dans  les  domaines  de  l’art  et  la  culture,  l’éduca on,  la  santé  et  la médecine,  ainsi  que  l’aide  sociale.  La  Fonda on  finance  des  ins tu ons  et  des  projets  portés  par  une ambi on volontaire et une ges on saine, et dont l’ac on a une dimension large et durable.   De 1996 à aujourd’hui, la Fonda on Stavros Niarchos a accordé des dons à des organismes à but non lucra f s’élevant à 1,08 milliards d’euros et représentant 2 676 dons dans 110 pays à travers le monde.  Le plus grand don de la Fonda on (566 millions d’euros) est le « Stavros Niarchos Fonda on Centre Culturel (SNFCC) » à Athènes, qui devrait être achevé en 2016. Le projet, conçu par le célèbre architecte Renzo Piano, comprend les nouvelles installa ons de la Bibliothèque Na onale de Grèce et de l’Opéra Na onal Grec, ainsi que  le Parc  Stavros Niarchos.  Le  SNFCC est un  témoignage de  l’engagement pour  l’avenir du pays.  Il  est également un moteur de relance économique à court et à moyen terme.    En 2012 et 2013,  la Fonda on a annoncé deux nouvelles  ini a ves de 100 millions d’euros chacune, afin d’appuyer  les efforts déployés pour  remédier à  la  crise en Grèce.    L’ini a ve de 2012 visait à  fournir un secours  immédiat aux effets néfastes de  l’aggrava on de  la crise. Celle de 2013 vise, quant à elle, à  lu er contre le taux de chômage élevé des jeunes en cherchant à améliorer leurs perspec ves d’emploi et à créer de nouvelles opportunités.        

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Joyau du patrimoine artistique français et universel, le département des Objets d’art du musée du Louvre constitue l’une des collections publiques les plus complètes au monde : meubles et bronzes royaux, brocards et tapisseries, orfèvrerie et porcelaines rares, bijoux et instruments ont été réunis au travers des péripéties de l’histoire, grâce notamment à la générosité de mécènes qui appartiennent à la grande famille du Louvre. Collectionneurs et philanthropes, les Rothschild ont compté parmi ces donateurs dès la création de la branche française au dix-neuvième siècle. Les générations qui se sont succédées ont continué de manifester ainsi leur attachement à la préservation de trésors exceptionnels, dont font partie l’illustre collection de dessins du Baron Edmond James de Rothschild ainsi que l’extraordinaire ensemble de meubles à plaque de Sèvres provenant de son petit-fils Edmond-Adolphe. Au terme d’un chantier titanesque confié à Marc Bascou puis Jannic Durand, directeurs successifs du département, et à l’architecte Jacques Garcia, ces objets incomparables retrouvent leur éclat grâce à une muséographie entièrement renouvelée. Fidèles à notre tradition familiale, les Fondations Edmond de Rothschild ont rejoint le prestigieux Cercle Cressent et ses mécènes privés qui ont accompagné cette rénovation historique et la création au cœur du musée d’un écrin éblouissant. Nous sommes honorés d’être ainsi associés à l’écriture d’une nouvelle page dans l’histoire du Grand Louvre. Ariane et Benjamin de Rothschild

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Jacques Garcia, mécène Un mécénat de compétence pour la muséographie des salles « Ma vision du Louvre restera toujours ce regard de l’enfant émerveillé que j’étais, au bras de mon père, visitant tous ces chefs-d’œuvre et décidant qu’ils occuperaient ma vie.

Déjà en charge depuis des années du château de Versailles, avec Madame Béatrix Saule, l’appel d’Henri Loyrette fut pour moi comme une consécration, une reconnaissance qui n’avait pas toujours été partagée. Il fallait trouver, avec Marc Bascou, directeur du département des Objets d’art, une philosophie, pour évoquer ce phénomène surnaturel que furent les XVIIe et XVIIIe siècles dans la créativité française, occupant la première place dans le monde, se renouvelant sans cesse – ce qui tient peut- être de notre caractère profondément contestataire, voire révolutionnaire. D’emblée, nous nous sommes tournés vers l’idée de suivre le cours du temps, à travers des period rooms qui alterneraient avec des vitrines remplies de chefs-d’œuvre correspondantes aux époques successives.

Notre choix a été de donner une fluidité, une qualité de lumière naturelle à toutes ces pièces. Pour ce qui est des period rooms, nous étions déterminés à ne pas faire ce que beaucoup ont fait, surtout aux Etats Unis : c’est-à-dire adapter des boiseries d’époque à la taille des pièces. Bien au contraire, nous avons conservé tous les éléments d’époque et les avons resitués dans un espace correspondant à celui de leur origine. Le travail fut dur, long ; nous avons mis plus de deux années à mettre au point le plan définitif.

La chance de notre pays est d’avoir une force d’artisanat de compétence exceptionnelle et nous en avons usé et abusé. La qualité des restaurateurs, la qualité des créateurs pour rétablir l’authenticité d’une corniche en staff, la qualité des dessinateurs, nous ont aidés à travers leurs différentes compétences à être le plus justes possible. Je tiens à souligner la générosité, pas seulement matérielle, des entreprises, des ouvriers, des spécialistes à faire le mieux pour cet endroit. Etant personnellement intervenu pour ce grand œuvre au titre du mécénat de compétence, tous ont joué le jeu avec moi et ont ainsi contribué, par leur travail et leur engagement, à bien des aspects indispensables à notre entreprise : passementerie, retissage de tissus très particulier, dorures à l’or fin, reconstitution d’éléments de stucs manquants, etc., etc.

Le résultat est une promenade d’émotion à travers le temps, j’espère que vous le ressentirez, avec cette évidence d’un goût nouveau permanent, qui a fait la force de notre créativité. Les couleurs extrêmement variées correspondent aux différentes époques : on commence avec des tons très forts sous Louis XIV, puis suivent des tons très colorés, très variés sous Louis XV puis une blancheur qui s’installe sous Louis XVI avec des tons très frais. Au centre du parcours, deux pièces l’installation (une première !) de la coupole de Callet, chef-d’œuvre provenant du palais Bourbon, pour le prince de Condé, et en vis-à-vis, sur la rue de Rivoli, la salle Piranèse, dédiée à l’évocation de ce goût nouveau, « à l’antique », apporté d’Italie par ces commanditaires du milieu du XVIIIe siècle tel que Lalive de Jully, le marquis de Marigny, frère de la Marquise de Pompadour, qui eux aussi ont fait le Grand Tour, comme les Anglais. Cette salle est remplie de marbres antiques accrochés sur un fond de peinture gris rosé très en vogue à cette époque.

Deux pièces très impressionnantes encadrent la salle Piranèse : d’un côté, le salon du château d’Abondant, pour lequel la maison Frey nous a retissé, généreusement, en partant du document d’origine l’intégralité des rideaux, des fenêtres et des portières. Nous avons également refait la corniche, à l’identique, pour y placer ces boiseries fantastiques assorties au mobilier, fait pour la pièce et ayant gardé leur garniture d’origine.

Et de l’autre côté, en pendant, une des pièces les plus spectaculaires : la chambre de parade de l’hôtel de Chevreuse. Nous avons rétabli cette salle, déjà présentée au Louvre depuis les années 1960 mais dans une configuration différente, telle qu’elle était à son emplacement d’origine. La chambre de parade incarne parfaitement le goût de cette époque, ce grand genre tant apprécié alors dans l’Europe entière et qui fera dire à Talleyrand : « qui n’a pas connu la fin du 18° siècle n’a pas connu la douceur de vivre ». C’est sur ces mots que je souhaite finir, avec l’évocation des salles dédiées à Marie-Antoinette, dont une pièce réservée aux trésors de la reine, sorte de sanctuaire où sont présentés les plus beaux objets dont on puisse rêver de la fin du XVIIIe siècle et qui nous montre l’extrême raffinement de notre artisanat à ce moment. C’est cela que nous avons voulu faire perdurer, notre connaissance, notre goût…

Alors que ces salles sont rendues au public, c’est de nouveau l’enfant qui vous parle, n’oublions pas d’où nous venons, qui nous sommes et c’est cela notre modernité. Ce fut pour moi un parcours sans concession à la mode, simplement à la connaissance et à la modernité. »

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Mathieu Lustrerie Spécialisée dans la restauration des lustres des Monuments Historiques, la Lustrerie Mathieu a participé à ce chantier prestigieux tant au titre de l’éclairage, grâce à la bougie Mathieu et à l’ampoule LED Evolution One qui illuminent aujourd’hui les salons, qu’à la fourniture de lanternes de style XVIIIe pour meubler et éclairer les circulations. Par ailleurs les ateliers et le Mathieu Museum, à Gargas dans le Luberon, vous feront découvrir une collection de lustres du XVe siècle à nos jours, vous plongeant ainsi dans le merveilleux univers de la plus grande Lustrerie du XXIe siècle. Pierre Frey La maison Pierre Frey a toujours mis au cœur de son action la création : proposer du beau, du bien fait où la main de l'Homme est primordiale. S'impliquer pour aider le musée du Louvre qui est l'écrin des plus belles œuvres de notre civilisation était donc une évidence. A notre échelle, nous avons souhaité mettre notre savoir-faire, notre passion au service de cette belle institution par la reproduction à l'identique d'une soie peinte et brodée datant du XVIIIe siècle ornant les murs du château d'Abondant et la fourniture des étoffes nécessaires à la restauration de ce lieu unique Paris Passementerie « Parmi les facteurs qui ont une influence sur la réussite d’un projet, l’engagement joue un rôle important. Parmi les facteurs déterminants, réside la capacité à susciter l’engagement et à en assumer la responsabilité. Sans Jacques Garcia nous n’aurions pas eu la volonté de nous engager. L’engagement supposant une responsabilité partagée, il est certain que la dynamique Jacques Garcia/Musée du Louvre nous a encouragés à assumer des valeurs choisies et nous a permis de donner un sens à notre travail. » Alaa EL SAYED, Dirigeant de Paris Passementerie SEMA ébénisterie C'est avec une grande fierté qu'en tant qu'ébénistes nous avons apporté notre modeste contribution au projet des nouvelles salles du Louvre dédiées aux Objet d'Art du XVIIIe siècle. Memorias d’Épocas Doreur d’Art Depuis 1991, Memorias d’Epocas est spécialisé dans la restauration d’objets d’art des XVIIe et XVIIIe siècles, reproduisant les techniques de dorure d’art de l’époque. C’est pourquoi nous sommes heureux de nous engager auprès du Louvre dans ce grand chantier mettant en valeur le patrimoine et les savoir-faire exceptionnels du XVIIIe siècle. Parquets W « Je tiens à remercier ici tout spécialement Monsieur Jacques Garcia de nous donner l’occasion de participer à la mise en valeur du Patrimoine Français, à l’infinie richesse, et incarnée aux yeux du monde entier dans les salles du Louvre. Ceci permet de sauvegarder et développer les Métiers d’Excellence auxquels il porte une attention toute particulière. » Dominique De Witte, président de Parquets W Veraseta VERASETA, en sa qualité d’Entreprise du Patrimoine Vivant, est heureuse d’avoir été associée au projet muséographique de Monsieur Jacques GARCIA et de retrouver ses étoffes dans un tel lieu de culture et d’histoire.  Parquets Gal Soucieuse de défendre le savoir-faire et la pérennité des métiers d'Arts, l'implication de notre entreprise "Parquets Gal" dans ce lieu hautement symbolique, nous a apporté plaisir et satisfaction au contact de ce mobilier d'exception du siècle des lumières

Maline Concept Bronzier d’Art Miroiteries Detton

Mécénat en nature

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La  Fonda on  EDF mène une poli que  ac ve de mécénat dans  le domaine de  la  solidarité. Avec  elle,  EDF 

entreprise  de  service  public,  considère  que  la  générosité  en  direc on  du monde  qui  l’entoure  est  de  sa 

responsabilité. La Fonda on a ainsi  l’ambi on de soutenir des  ini a ves posi ves  issues de  la société civile 

elle‐même, de faire effet‐levier sur des disposi fs nouveaux, d'accompagner les porteurs de projets. Elle est 

une passerelle entre l'entreprise et la société civile, un ou l de dialogue. 

A  côtés des  associa ons qu'elle  sou ent,  la  Fonda on  EDF  ini e des programmes,  tel que  le mécénat de 

compétences  scien fiques  et  technologiques  créé  dans  les  années  1980.  Ce mécénat  permet  la mise  à 

disposi on  des  compétences  et  savoir‐faire  des  chercheurs  de  la  direc on  Recherche  et  Développement 

d'EDF.  Il  s'appuie  sur  les  technologies  de  pointe  développées  par    l'entreprise  pour  la  concep on,  la 

construc on et l'exploita on des ouvrages de produc on et de transport de l'électricité. 

Aux côtés du centre de recherche et de restaura on des musées de France, les chercheurs d'EDF ont par cipé 

à  l'étude  technique  et  scien fique  des  bronzes  et  de  la marqueterie  en  laiton  des meubles  de  l'ébéniste 

André‐Charles Boulle. 

Ce e étude a permis une meilleure compréhension des œuvres et de leur a ribu on ainsi qu'une valida on 

des techniques de conserva on et restaura on à me re en œuvre. 

 

Contact presse Fonda on EDF :  

Ariane MERCATELLO / 01 40 42 57 44 / [email protected] 

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Nouvelles salles du département des Objets d’art.

De Louis XIV à Louis XVI

Visuels disponibles pour la presse Les visuels peuvent être utilisés gracieusement uniquement dans le cadre de la promotion de l’événement. Merci de mentionner le crédit photographique et de nous envoyer l’article une fois publié : Musée du Louvre, Pavillon Mollien, Sous-direction de la communication, 75058 Paris cedex 01 ou [email protected]

Les collections de mobilier, orfèvrerie, tapisserie, faïence et porcelaine, ...

juin 2014

1660-1725 : Règne personnel de Louis XIV et Régence

2. Complément à la tenture des Mois grotesques : Apollon. Paris, 1696-1697. D’après Noël Coypel Manufacture royale des Gobelins, atelier de Dominique et Jean de La Croix. Tapisserie de basse lisse, laine et soie. H. 280 cm ; L. 221 cm. Versement du Mobilier national, 1901. Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Droits Réservés

1. Louis XIV. 1701. Hyacinthe Rigaud. Toile. H. 277 cm ; L. 194 cm. Paris, département des Peintures, musée du Louvre © Musée du Louvre, dist. RMN-GP / Angèle Dequier

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3. Une des six pièces de la tenture des Attributs de la Marine tissée pour Jean-Baptiste Colbert, marquis de Seignelay. Paris, 1689-1692. D’après Jean I Berain et Jean Lemoine. Manufacture de Jean-Baptiste Hinard. Tapisserie, laine, soie, fils d’or et d’argent. H. 296 cm ; L. 215,5 cm. Don de M. et Mme Gilbert et Rose Marie Chagoury, 2000. Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi

4. Armoire provenant du Garde-Meuble de la Couronne. Paris, vers 1700-1720. André-Charles Boulle. Bâti de chêne et de bois résineux, placage d’ébène, marqueterie en première et seconde partie d’écaille, de laiton, d’étain et de corne teintée, garniture de bronze doré. H. 226 cm ; L. 136 cm ; P. 54,8 cm. Versement du Mobilier national, 1870. Paris, musée du Louvre © Musée du Louvre, dist. RMN-GP / Martine Beck-Coppola

5. Fauteuil « à la reine » provenant de la galerie de l’hôtel Crozat, rue de Richelieu. Paris, vers 1710-1720. Noyer sculpté et doré, maroquin à deux tons, rouge et fauve, galons de soie rouge et blanc. Fauteuils : H. 111 cm ; L. 69 cm ; P. 56 cm. Don de M. le comte Robert-Henry de Caumont La Force, 1989. Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Daniel Arnaudet

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6. Le Printemps et l’Automne, de la série des Bustes des Quatre Saisons. Rouen, fabrique de Nicolas Fouquay, vers 1730. Faïence à décor de grand feu polychrome. Bustes : H. de 80 à 83 cm ; L. 60 cm. Piédouches : H. 138 cm. Achat, 1882. Paris, musée du Louvre © 2012 Musée du Louvre, dist. RMN-GP / Thierry Ollivier

7. Coffre d’or exécuté pour Louis XIV. Paris, 1676. Jacob Blanck, orfèvre ; Jean Pitan, marchand. Âme de bois recouverte de satin de soie bleu, or fondu, ciselé et filigrané, bronze doré. H. 25,2 cm ; L. 47,5 cm ; P. 36,2 cm. Ancienne collection royale. Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Stéphane Maréchalle

8. Nécessaire à thé du duc d’Orléans. Paris, 1717-1722. Porcelaine de Chine, cristal de roche, or ciselé, coffret de bois de violette garni de velours bleu. H. 20 cm ; L. 32 cm ; P. 23,5 cm. Achat, 2007. Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi

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1725-1755 : Epanouissement du style rocaille

9. Décor d’arabesques du grand salon du château de Voré : Les Divertissements champêtres. Ici : La Danse. Vers 1720-1723. Jean-Baptiste Oudry. Toile. H. 364 cm ; L. 122 cm. Trésor national acquis en 2002 par l’État pour le musée du Louvre grâce au mécénat de PGA Holding en application des dispositions fiscales de la loi du 4 janvier 2002 relative aux musées de France, et à un don de Nicole et Pierre Guénant. Paris, département des Peintures, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / René-Gabriel Ojéda

10. Fauteuil « à la reine ». Paris, vers 1750-1755. Nicolas Heurtaut. Hêtre sculpté et doré. Garniture moderne. H. 95 ; L. 62 ; P. 60 cm. Achat, 1975. Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / René-Gabriel Ojéda

11. Commode de la chambre bleue de Madame de Mailly au château de Choisy. Paris, 1742. Mathieu Criaerd. Bâti de chêne, placage de bois fruitier, laque occidentale dite « vernis Martin », garniture de bronze argenté, dessus de marbre bleu turquin. H. 85 cm ; L. 132 cm ; P. 63,5 cm. Dation en paiement de droits de mutation, 1990. Paris, musée du Louvre © Musée du Louvre, dist. RMN-GP / Thierry Ollivier

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12. Commode « aux palmes et fleurs ». Paris, vers 1740. Charles Cressent. Bâti de bois résineux et de noyer, placage d’amarante et de satiné, garniture de bronze doré. H. 90,5 cm ; L. 149 cm ; P. 67 cm. Don de George Ortiz et Ricardo (dit Jaime) Ortiz-Patiño, 1982. Paris, musée du Louvre © 2012 Musée du Louvre, dist. RMN-GP / Thierry Ollivier

13. Naïade de porcelaine montée en bronze doré. Vincennes ou Sèvres, manufacture royale de porcelaine, 1756. Charles-Nicolas Dodin. Porcelaine tendre et bronze doré. H. 41,5 cm ; L. 52 cm ; P. 31 cm. Legs de Mme Adolphe Thiers, 1884. Paris, musée du Louvre © Musée du Louvre, dist. RMN-GP / Martine Beck-Coppola

14. Aiguière en porcelaine de Chine montés en bronze doré. Vases : porcelaine à fond céladon craquelé Chine, époque Kangxi (1662-1722). Montures : bronze doré, Paris, vers 1750-1755. H. 51 cm ; L. 35 cm ; P. 27 cm. Versement du Mobilier national, 1870. Paris, musée du Louvre © Musée du Louvre, dist. RMN-GP / Martine Beck-Coppola

15. Pendule à musique « au rhinocéros ». Paris, vers 1745-1749. Caisse de Jean-Joseph de Saint-Germain. Mouvement de François Viger. Bronze doré et patiné, écaille et cuivre sur le socle, cadran émaillé. H. 58 cm ; L. 40 cm ; P. 18 cm. Don de M. René Grog et Mme Grog-Carven, 1973. Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi

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18. Paire de vases « à oreilles » de la princesse de Condé. Sèvres, manufacture royale de porcelaine, vers 1758. D’après un modèle attribué à Jean-Claude Duplessis. Porcelaine tendre, ébène, bronze doré. H. totale 42 cm ; L. 16 cm. Achat, grâce au don de M. et Mme Gilbert et Rose Marie Chagoury, 2002. Paris, musée du Louvre © Musée du Louvre, dist. RMN-GP / Thierry Ollivier

17. Chien « de Bologne »

Allemagne, Meissen, vers 1733. Attribué à

Johann Gottlieb Kirchner. Porcelaine

dure. H. 43 cm ; L. 37 cm ; P. 34 cm. Legs du

comte Isaac de Camondo, 1911. Paris,

musée du Louvre © RMN-GP /

Thierry Ollivier

19. Pendule de la garniture à fond « petit verd » de Madame de Pompadour au château de Menars. Sèvres, manufacture royale de porcelaine, vers 1762. Charles-Nicolas Dodin, peintre. Mouvement de Jean Romilly. Porcelaine tendre, émail, cuivre, bronze doré. H. 30 cm ; L. 22 cm. Achat, 1982. Paris, musée du Louvre © Musée du Louvre, dist. RMN-GP / Martine Beck Coppola

16. Terrine conchoïdale à décor floral sur fond jaune. Marseille, fabrique de la Veuve Perrin ou fabrique de Gaspard Robert, vers 1765-1770. Faïence à décor de petit feu polychrome. H. 30 cm ; L. 40 cm. Achat lors de la vente de la collection Léopold Dor sur les arrérages du legs Dol-Lair, 1963. Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Stéphane Maréchalle

20. Pot-pourri de Madame de Pompadour à l’hôtel d’Évreux. Sèvres, manufacture royale de porcelaine, 1760-1761. D’après des modèles de Jean-Claude Duplessis, Charles-Nicolas Dodin, peintre. Porcelaine tendre, bronze doré. H. 39 cm ; L. 36 cm. Achat, 1984. Paris, musée du Louvre © Musée du Louvre, dist. RMN-GP / Thierry Ollivier

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22. Moulin à café de Madame de Pompadour. Paris, 1756-1757. Jean Ducrollay. Or de trois couleurs ciselé et gravé, acier, ivoire. H. 9,5 cm ; D. 5,2 cm. Dation en paiement de droits de mutation, 2000. Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Daniel Arnaudet

23. Tabatière au portrait de Louis XV. Paris, 1726-1727. Daniel Govers, orfèvre, et Jean-Baptiste du Canel, peintre. Or ciselé, 56 dia-mants, 26 émeraudes. H. 2,8 cm ; L. 8,2 cm ; P. 6,2 cm. Don de M. J. Paul Getty, 1962. Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi

24. Salière du « service Penthièvre-Orléans ». Paris, 1758-1759. Antoine-Sébastien Durant. Argent fondu, ciselé, partiellement doré. H. 15,5 cm ; L. 21,7 cm ; P. 11,8 cm. Don de Pierre David-Weill, 1971. Paris, musée du Louvre © Musée du Louvre, dist. RMN-GP / Martine Beck-Coppola

25. Deux sucriers à poudre en forme d’esclaves porteurs de cannes à sucre. Paris, vers 1725-1735. Argent fondu et ciselé. H. 28,5 cm ; L. de la base 11 cm. Don de la Société des amis du Louvre, 1995. Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Martine Beck-Coppola

26. Aiguière et son bassin de cristal de roche de la duchesse de Mazarin, puis de la reine Marie-Antoinette. Aiguière : Paris, 1738-1744. Bassin : Paris, 1731-1732, Jean Écosse. Cristal de roche, or fondu et ciselé. Aiguière : H. 21 cm ; L. 14 cm ; D. 10,5 cm. Bassin : H. 6 cm ; L. 24,3 cm ; P. 19,5 cm. Anciennes collections de la Couronne. Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Martine Beck-Coppola

21. Chocolatière de la reine Marie Leczinska. Paris, 1729-1730. Henri-Nicolas Cousinet. Appartenant au nécessaire offert par Louis XV à la reine à l’occasion de la naissance du Dauphin. Argent doré, ébène, bois noirci. Don de la Société des amis du Louvre avec le concours de Stavros Niarchos, 1955. Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi

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1755-1792 : Néoclacissisme et règne de Louis XVI

29. Secrétaire à cylindre du cabinet intérieur de l’appartement de nuit de la reine Marie-Antoinette au château des Tuileries. Paris, 1784. Jean-Henri Riesener. Bâti de chêne et de sapin, placage de sycomore, d’amarante, de bois de rose et autres bois polychromes, garniture de bronze doré. H. 103,6 cm ; L. 113,4 cm ; P. 64,2 cm. Versement du Mobilier national, 1901. Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Martine Beck-Coppola

28. Guéridon à thé du salon ovale du pavillon de musique de Madame du Barry au château de Louveciennes. Paris, 1774. Martin Carlin. Acajou massif, chêne, placage d’amarante, garniture de bronze doré, porcelaine. H. 81,7 cm ; D. 80 cm. Plaques de porcelaine : porcelaine tendre, manufacture royale de porcelaine de Sèvres, 1774, Charles-Nicolas Dodin, peintre. Achat, 1978. Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Daniel Arnaudet

27. Une des quatre pièces des Tentures de François Boucher, tissées pour la chambre de la duchesse de Bourbon à l’hôtel de Lassay. Paris, vers 1775. D’après François Boucher et Maurice Jacques. Manufacture royale des Gobelins, atelier de Jacques Neilson. Tapisserie de basse lisse, laine, soie. H. 440 cm ; L. 300 cm. Versement du Mobilier national, 1901. Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Daniel Arnaudet

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30. Commode du grand cabinet de Madame Victoire au château de Bellevue à Meudon. Paris, vers 1785. Martin Carlin. Bâti de chêne, pieds de poirier noirci, placage d’ébène et de satiné, panneaux de laque du Japon, aventurine, garniture en bronze doré, dessus de marbre de Carrare. H. 97 cm ; L. 152,5 cm ; P. 54,2 cm. Versement du Mobilier national, 1870. Paris, musée du Louvre © 2012 Musée du Louvre, dist. RMN-GP / Thierry Ollivier

31. Table à écrire à pupitre de la reine Marie-Antoinette au château de Saint-Cloud. Paris, 1784. Adam Weisweiler, ébéniste. Bâti de chêne, placage d’ébène et tiroir à décor de marqueterie de sycomore, panneaux de laque du Japon, aventurine, avec incrustations de nacre, plaques d’acier poli en ceinture, garniture en bronze doré. H. 74,5 cm ; L. 81,8 cm ; P. 45 cm. Versement du Mobilier national, 1870. Paris, musée du Louvre © 2014 Musée du Louvre, dist. RMN-GP / Thierry Ollivier

32. Bureau plat de la bibliothèque de Louis XVI au château de Fontainebleau. Paris, 1787. Guillaume Benneman, ébéniste, Pierre-Philippe Thomire, Denis Bardin et Claude Galle, bronziers, sous la direction de Jean Hauré, sculpteur. Bâti de chêne, placage d’acajou, garniture de bronze doré. H. 78 cm ; L. 179 cm ; P. 87 cm. Versement du Mobilier national, 1901. Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi

33. Table-console du second cabinet turc du comte d’Artois au château de Versailles. Paris, 1781. Georges Jacob. Chêne sculpté, doré et peint, dessus de marbre bleu turquin. H. 90 cm ; L. 142 cm ; P. 61 cm. Versement du Mobilier national, 1901. Paris, musée du Louvre © Musée du Louvre, dist. RMN-GP / Thierry Ollivier

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34. Fauteuil du grand cabinet de Marie-Antoinette au château de Saint-Cloud. Paris, 1787. Jean-Baptiste-Claude Séné, menuisier, Alexandre Régnier, Mathieu Guérin, Nicolas-François Valois, sculpteurs et Louis-François Chatard, doreur. Noyer sculpté et doré. Garniture moderne. Fauteuil : H. 91 cm ; L. 61 cm ; P. 56 cm . Versement du Mobilier national, 1948. Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Mathieu Rabeau

35. Feu « aux dromadaires » du boudoir turc de la reine Marie-Antoinette au château de Fontainebleau. Paris, 1777. Pierre Gouthière. Bronze doré. H. 32,5 cm ; L. 25,5 cm ; P. 11 cm. Versement du Mobilier national, 1901. Paris, musée du Louvre © 2013 Musée du Louvre, dist. RMN-GP / Thierry Ollivier

36. Pendule à cadran tournant « aux amours ». Paris, vers 1770-1775. Caisse attribuée à Robert Osmond. Bronze doré, plaques de porcelaine de Sèvres, cadran émaillé. H. 53,5 cm ; L. 24,3 cm ; P. 21 cm. Dation en paiement de droits de mutation, 1990. Paris, musée du Louvre © Musée du Louvre, dist. RMN-GP / Thierry Ollivier

37. Maquette en cire du lit de Madame du Barry au château de Fontainebleau. Paris, vers 1772. Garde-Meuble de la Couronne. Cire teintée sur une structure en bois et carton et une armature métallique. H. 34 cm ; L. 27 cm ; P. 12 cm. Dation en paiement de droits de succession, 2007. Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Franck Raux

38. Cassolette d’agate et d’or de la reine Marie-Antoinette. Paris, 1784. Charles Ouizille, orfèvre, et Jacques-Joseph de Gault, miniaturiste. Agate, jaspe sanguin, or ciselé ; miniatures sous verre. H. 27,5 cm ; L. 12 cm ; P. 9,2 cm. Achat, 1982. Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Martine Beck-Coppola

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42. Étui à tablettes à décor de scènes à l’antique. Paris, 1770-1771. Or ciselé, gouache sur carton, cristal. H. 8,6 cm ; L. 5,6 cm ; P. 0,7 cm. Legs de Philippe Lenoir, 1874. Paris, musée du Louvre © Musée du Louvre, dist. RMN-GP / Martine Beck-Coppola

41. Terrine du service de George III d’Angleterre et de Hanovre. Paris, 1778-1785. Robert-Joseph Auguste. Argent fondu et ciselé. H. 35 cm ; L. 43 cm ; P. 24 cm. Achat, 2011. Paris, musée du Louvre © 2011 Musée du Louvre, dist. RMN-GP / Harry Bréjat

39. Vase œuf en porcelaine du Japon monté en pot-pourri de Paul Randon de Boisset puis du duc d’Aumont. Vase : porcelaine à décor de style kakiemon, Japon, vers 1670-1690. Monture : bronze doré, Paris, vers 1770. H. 60 cm ; L. 32 cm ; P. 32 cm. Versement du Mobilier national, 1870. Paris, musée du Louvre © 2011 Musée du Louvre, dist. RMN-GP / Thierry Ollivier

40. Vase « Bachelier à serpens ». Sèvres, manufacture royale de porcelaine, vers 1766. D’après un modèle de Jean-Jacques Bachelier, peintre. Porcelaine tendre, bronze doré. H. 67 cm ; L. 35 cm. Achat, 1999. Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Martine-Beck-Coppola