Cháihú 柴胡 / Zǐhú 茈胡 / Cíhú · 2018. 7. 18. · du trigramme de la Terre (Kun 坤) et...

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Shénnóng Běncǎo Jīng 130 Cháihú 柴胡 / Zǐhú 茈胡 / Cíhú 茈胡 (radix Bupleurum chinense / Bupleurum scorzonerifolium) 柴胡,味苦,平,无毒。主心腹,去肠胃中结气,饮食积聚,寒热邪气,推陈致新。久服轻 身,明目,益精。一名地薰。生川谷。 Cháihú wèi kǔ, píng, wú dú. Zhǔ xīn fù, qù cháng wèi zhōng jié qì, yǐn shí jī jù, hán rè xié qì, tuī chén zhì xīn. Jiǔ fú qīng shēn, míng mù, yì jīng. Yī míng dìxūn. Shēng chuān gǔ. « Chaihu 281 est de saveur amère, [sa nature] est équilibrée et elle n’a pas de toxicité. Elle traite [la région du] cœur 282 et de l’abdomen, les nouures de qi (jie qi) 283 dans les intestins et l’estomac, les masses accumulées (ji ju) 284 [dues] à l’alimentation, le qi pervers du froid et de la chaleur (han re) 285 , et elle repousse l’ancien pour faire parvenir le neuf. Administrée longtemps, elle allège le corps, elle éclaircit la vision et elle augmente l’essence (jing). Un autre nom est dixun. [La Buplèvre chinoise] pousse près des rivières et dans les vallées. » Tao Hong-jing dit : « Chaihu est légèrement froide et sans toxicité. Elle élimine la blessure due au froid, elle [traite] la dysphorie et la chaleur sous le cœur, toutes les nouures et les plénitudes de mucosi- tés chaudes (tan re 痰热), le pervers à contre-courant au centre de la poitrine, le qi vagabond (you qi ) entre les cinq organes, les arrêts et les accumulations d’eau avec distension dans le gros intestin et les obstructions par l’humidité (shi bi 湿痹) avec contractures. On peut également en faire une décoc- tion pour des bains. » Zhen Quan dit : « Chaihu traite la consomption par chaleur (re lao 热劳) 286 avec douleurs intenses des articulations, le qi de la chaleur et les douleurs des épaules et du dos. Elle diffuse et libère le sang et le qi, elle fait descendre le qi et dissipe les aliments [accumulés]. Elle traite les maladies saisonnières avec chaleur interne et externe qui n’est pas dissipée, on l’administre cuite en décoction, seule. » Le Rihua Zi Bencao dit : « Chaihu tonifie les cinq consomptions (wu lao) et les sept blessures (qi shang) 287 , elle élimine la dysphorie (fan ) et arrête la frayeur (jing ), elle augmente le qi et la force [physique], elle dissipe les mucosités (tan ) et arrête la toux (sou ), elle humidifie le cœur et le poumon, elle augmente l’essence (jing ) et tonifie les moelles. [Elle traite] les maladies épidémiques par tiédeur (wen yi 温疫) 288 avec chaleur, la psychose maniaque, le manque de force et l’épuisement, la plénitude de qi dans la poitrine et les hypochondres et les pertes de mémoires. » 281. Dans la version Song du Da Guan (大观), dans la version Jin du Zheng He (政和), dans le Xinxiu Bencao et dans le Qianjin YiFang il est noté chaihu (柴胡). Dans le Bencao Heming (本草和名), dans le Yixin Fang (医心方), dans le Qianjin Yaofang (千金要方), dans le Yulan (御览) et dans le Bencao Gangmu il est noté zihu (茈胡). 282. Le terme « cœur (xin ) » semble signifier « poitrine (xiong ) » ou « épigastre (wan ) » dans un sens général. Dans le Danxi Xinfa, Zhu Dan-xi écrit : « les douleurs du cœur, ce sont des douleurs de la cavité gastrique (xin tong, ji wei wan tong 心痛, 即胃脘痛) ». 283. Voir la note 32 de l’appendice. 284. Voir la note 9 de l’appendice. 285. Voir la note 95 de l’appendice. 286. Voir la note 25 de l’appendice. 287. Voir la note 25 de l’appendice. 288. Voir la note 76 de l’appendice.

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Shénnóng Běncǎo Jīng130

Cháihú 柴胡 / Zǐhú 茈胡 / Cíhú 茈胡(radix Bupleurum chinense / Bupleurum scorzonerifolium)

柴胡,味苦,平,无毒。主心腹,去肠胃中结气,饮食积聚,寒热邪气,推陈致新。久服轻身,明目,益精。一名地薰。生川谷。

Cháihú wèi kǔ, píng, wú dú. Zhǔ xīn fù, qù cháng wèi zhōng jié qì, yǐn shí jī jù, hán rè xié qì, tuī chén zhì xīn. Jiǔ fú qīng shēn, míng mù, yì jīng. Yī míng dìxūn. Shēng chuān gǔ.

« Chaihu281 est de saveur amère, [sa nature] est équilibrée et elle n’a pas de toxicité. Elle traite [la région du] cœur282 et de l’abdomen, les nouures de qi (jie qi)283 dans les intestins et l’estomac, les masses accumulées (ji ju)284 [dues] à l’alimentation, le qi pervers du froid et de la chaleur (han re)285, et elle repousse l’ancien pour faire parvenir le neuf. Administrée longtemps, elle allège le corps, elle éclaircit la vision et elle augmente l’essence (jing). Un autre nom est dixun. [La Buplèvre chinoise] pousse près des rivières et dans les vallées. »

Tao Hong-jing dit : « Chaihu est légèrement froide et sans toxicité. Elle élimine la blessure due au froid, elle [traite] la dysphorie et la chaleur sous le cœur, toutes les nouures et les plénitudes de mucosi-tés chaudes (tan re 痰热), le pervers à contre-courant au centre de la poitrine, le qi vagabond (you qi 游气) entre les cinq organes, les arrêts et les accumulations d’eau avec distension dans le gros intestin et les obstructions par l’humidité (shi bi 湿痹) avec contractures. On peut également en faire une décoc-tion pour des bains. »

Zhen Quan dit : « Chaihu traite la consomption par chaleur (re lao 热劳)286 avec douleurs intenses des articulations, le qi de la chaleur et les douleurs des épaules et du dos. Elle diffuse et libère le sang et le qi, elle fait descendre le qi et dissipe les aliments [accumulés]. Elle traite les maladies saisonnières avec chaleur interne et externe qui n’est pas dissipée, on l’administre cuite en décoction, seule. »

Le Rihua Zi Bencao dit :  « Chaihu  tonifie  les cinq consomptions (wu lao)  et  les  sept blessures (qi shang)287, elle élimine la dysphorie (fan 烦) et arrête la frayeur (jing 惊), elle augmente le qi et la force [physique], elle dissipe les mucosités (tan 痰) et arrête  la toux (sou 嗽), elle humidifie le cœur et  le poumon, elle augmente l’essence (jing 精) et tonifie les moelles. [Elle traite] les maladies épidémiques par tiédeur (wen yi 温疫)288 avec chaleur, la psychose maniaque, le manque de force et l’épuisement, la plénitude de qi dans la poitrine et les hypochondres et les pertes de mémoires. »

281. Dans la version Song du Da Guan (大观), dans la version Jin du Zheng He (政和), dans le Xinxiu Bencao et dans le Qianjin YiFang ilest noté chaihu (柴胡). Dans le Bencao Heming (本草和名), dans le Yixin Fang (医心方), dans le Qianjin Yaofang (千金要方), dans le Yulan (御览) et dans le Bencao Gangmu il est noté zihu (茈胡).282. Le terme « cœur (xin 心) » semble signifier « poitrine (xiong 胸) » ou « épigastre (wan 脘) » dans un sens général. Dans le Danxi Xinfa, Zhu Dan-xi écrit : « les douleurs du cœur, ce sont des douleurs de la cavité gastrique (xin tong, ji wei wan tong 心痛, 即胃脘痛) ».283. voir la note 32 de l’appendice.284. voir la note 9 de l’appendice.285. voir la note 95 de l’appendice.286. voir la note 25 de l’appendice.287. voir la note 25 de l’appendice.288. voir la note 76 de l’appendice.

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Deuxième Rouleau - Produits de la première catégorie 131

Zhang Yuan-su dit : « Sans les extrémités [des tiges] de chaihu, on ne peut pas éliminer l’alternance de froid [frissons] et de chaleur [fièvre] et l’obstruction (bi 痹) de la vésicule biliaire. » (Zhenzhu Nang 珍珠囊)

« Chaihu élimine la dysphorie avec chaleur (fan re 烦热) due à la consomption par déficience (xu lao 虚劳)289, elle dissipe et disperse la chaleur de la couche musculaire (ji 肌) et supprime la chaleur cycli-que matinale. » (Yixue Qiyuan 医学启源)

Lan Mao dit : « Chaihu est une herbe importante pour dissiper la surface en induisant la sudorifica-tion lors de la blessure due au froid. Elle fait reculer la fièvre perverse intermittente des six méridiens (liu jing 六经), [elle traite] l’atrophie par obstruction (bi wei 痹痿)290, elle élimine la chaleur perverse de la famille du foie (gan jia 肝家)291 et la chaleur par consomption (lao re 痨热). Elle met en mouvement le qi à contre-courant et [le qi] noué dans le méridien du foie, elle arrête les douleurs dues au qi du foie dans l’hypochondre gauche. Chez les femmes, elle traite la chaleur du sang qui brûle les règles et elle peut régulariser les menstruations. »

Li Shi-zhen dit : « Chaihu traite l’affaissement vers le bas du yang qi, elle équilibre le feu ministre (xiang huo 相火) du foie, de la vésicule biliaire, du triple foyer et des liaisons de l’enveloppe [du cœur] (bao luo 包络). [Elle traite] les céphalées, les vertiges, la vision trouble, [les yeux] rouges et douloureux, les taies oculaires, les pertes d’audition, les acouphènes, tous les paludismes (nüe 疟), le froid et la cha-leur par qi gras (fei qi 肥气)292, la chaleur qui pénètre dans la chambre du sang (xue shi 血室)293 chez la femme, les dysménorrhées, les éruptions cutanées de type varicelle (dou 痘) ou rubéole (zhen 疹) chez l’enfant avec chaleur résiduelle et les cinq malnutritions infantiles (gan 疳)294 avec amaigrissement et chaleur. »

Zhang Zhi-cong dit : « Chaihu, au printemps produit des jeunes pousses blanches, elles ont un par-fum délicat et on peut les manger. Son parfum émane de la terre et monte directement jusqu’aux nuages. Sa racine est amère et équilibrée. C’est une herbe qui reçoit le qi de la terre du trigramme de la Terre (Kun 坤) de taiyin, et qui parvient jusqu’au taiyang. Elle traite la nouure de qi dans le cœur, l’abdomen, les intestins et l’estomac. Le cœur est le grand yang (tai yang 太阳) au centre du yang et il réside en haut. L’abdomen est le grand yin (tai yin 太阴) au centre du yin extrême (zhi yin 至阴) et il réside en bas295.

289. voir la note 25 de l’appendice.290. voir la note 74 de l’appendice.291. L’expression « la famille du foie » est inspirée de l’expression de Zhang Zhong-jing dans le Shanghan Lun à l’article 180 qui dit « la famille de l’estomac (wei jia 胃家) » désignant l’estomac, l’intestin grêle et le gros intestin. Ici, l’expression « la famille du foie » désigne le foie, la vésicule biliaire et les tissus associés au foie dans le corps.292. Le qi gras (fei qi 肥气) est une des cinq masses accumulées (wu ji 五积), elle correspond à la masse accumulée du foie. La difficulté 56 du Nan Jing dit : « La masse accumulée (ji 积) du foie s’appelle le qi gras (fei qi 肥气), elle se trouve sous l’hypochondre gauche, elle est comme un verre renversé, [à la palpation on sent comme s’il y] avait une tête et des pieds. Si après longtemps il n’y a pas guérison, cela provoque chez le patient de la toux et du contre-courant, le paludisme et après des années ce n’est pas [facile] à traiter ».293. La chambre du sang (xue shi 血室) désigne  ici  l’utérus (zi gong 子宫). Mais ce terme peut aussi, selon certains commentateurs, vouloir désigner le méridien chongmai (冲脉) ou le foie (car il est l’organe qui stocke le sang). Cette expression apparaît initialement dans les articles 143, 144, 145 et 216 du Shanghan Lun.294. voir la note 93 de l’appendice.295. Ces deux phrases sont inspirées du chapitre 4 du Su Wen où il est dit : « Ainsi, le dos est yang, le yang au centre du yang, c’est le cœur ; le yin au centre du yang, c’est le poumon ; l’abdomen est yin, le yin au centre du yin, ce sont les reins ; le yang au centre du yin, c’est le foie ; l’abdomen est yin, le yin extrême au centre du yin, c’est la rate (故背为阳,阳中之阳,心也;背为阳,阳中之阴,肺也;腹为阴,阴中之阴,肾也,阴中之阳,肝也;腹为阴,阴中之至阴,脾也) ». Plus loin, dans le chapitre 9 du Su Wen, il est dit : « Le cœur est la racine de la vie, il est une modification de l’esprit (shen 神), son éclat se trouve au visage, sa prospérité se manifeste aux vaisseaux 

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Shénnóng Běncǎo Jīng132

L’estomac et les intestins résident au milieu [entre] le cœur et l’abdomen. Chaihu se conforme à la terre du trigramme de la Terre (Kun 坤) et traite les nouures du qi de l’estomac et des intestins, alors le qi cor-rect du cœur et de l’abdomen s’harmonise naturellement. Elle traite les masses accumulées (ji ju) dues à l’alimentation car le qi de la terre est harmonisé. Elle traite le qi pervers du froid et de la chaleur car à partir du yin elle sort au yang. À partir du yin, elle sort au yang, c’est pourquoi elle repousse l’ancien foin coupé afin de faire venir les nouvelles céréales296. La terre Terrestre (di tu 地土) est harmonisée, c’est pourquoi, administrée longtemps, elle allège le corps. Le yin qi sort en haut [du corps] au niveau du yang, c’est pourquoi [chaihu] éclaircit la vision. Le yang qi communique en bas avec le yin, c’est pourquoi [chaihu] augmente l’essence (jing 精). »

« Chaihu est une herbe qui parvient à taiyang à partir de la terre Terrestre (di tu 地土) de taiyin et de la terre du centre (zhong tu 中土) de yangming. C’est pourquoi, Zhang Zhong-jing, dans le [Shanghan] Cubing Lun [Ji]297, dit que, lors de la blessure due au froid avec atteinte par le vent (shang han zhong feng 伤寒中风), si on ne se conforme pas à la surface (biao) pour dissiper [la maladie], le qi de taiyang va à contre-courant vers la terre centrale qui ne peut plus faire tourner le pivot pour faire sortir [le pervers] vers l’extérieur, alors il utilise Xiao Chai Hu Tang pour déployer le qi de taiyang jusqu’à la surface mus-culaire (ji biao 肌表). Chaihu n’est absolument pas une herbe majeure de shaoyang. Parmi les [médecins des] générations postérieures, il y eut le discours disant que si l’on utilisait chaihu lorsqu’il y avait une maladie à taiyang, alors cela faisait pénétrer le pervers à shaoyang. Ce sont des paroles médiocres et stupides qui n’ont pas été vérifiées. Les [médecins des] générations postérieures ont vénéré cela, c’est extrêmement vil et médiocre. »

Ye Tian-shi dit : « La nature de chaihu est équilibrée, elle reçoit du Ciel le qi de l’intégrité et de la résolution (zhong zheng). Sa saveur est amère et elle n’a pas de toxicité, elle acquiert de la Terre la saveur du feu qui flambe vers le haut. La vésicule biliaire est l’officiel de l’intégrité et de la résolution (zhong zheng zhi guan 中正之官)298, elle est l’entraille du feu ministre (xiang huo相火). Ainsi, [chaihu] pénètre seulement dans  le méridien de  la  vésicule biliaire du shaoyang de pied. Sa nature et sa saveur sont légères et ascendantes, [c’est une herbe] yang au centre du yin, c’est-à-dire de shaoyang. »

« Elle traite les nouures de qi dans le cœur, l’abdomen, les intestins et l’estomac car le cœur, l’ab-domen,  les  intestins  et  l’estomac  [désignent]  les  cinq organes et  les  six entrailles,  les organes et  les entrailles ensemble [forment] les douze méridiens, et “les onze organes dépendent tous de la vésicule biliaire”299. Chaihu  est  légère et  claire,  elle  élève et déploie  le qi de  la vésicule biliaire. Si  le qi de la

sanguins. Il est le grand yang (taiyang 太阳) au centre du yang. Il communique avec le qi de l’été (心者,生之本,神之变也;其华在面, 其充在血脉,为阳中之太阳,通于夏气) ».296. Cette expression est une image indiquant l’action de chaihu qui cible l’estomac et les intestins de yangming et qui permet d’évacuer les substances anciennes accumulées dans les entrailles de yangming et de faciliter l’arrivée et la réception du nouveau bol alimentaire.297. Le Shanghan Cubing Lun Ji (伤寒卒病论集) est le nom du Shanghan Zabing Lun (伤寒杂病论) tel qu’il apparaît dans le titre de la préface de Zhang Zhong-jing du Shanghan Lun. Il semblerait que le caractère « soudain (cu 卒) » ait été inscrit à la place du caractère « divers (za 杂) », par une erreur de copiste. Cette préface est celle de la version Song du Shanghan Lun, certains considèrent qu’elle n’est pas d’origine, et qu’elle n’a pas été écrite par Zhang Zhong-jing lui même.298. Cette notion est issue du chapitre 8 du Su Wen qui dit : « La vésicule biliaire est l’officiel de l’intégrité et de la résolution, la prise de décision en émane (dan zhe, zhong zheng zhi guan, jue duan chu yan 胆者, 中正之官, 决断出焉)». Ici, cela indique que chaihu reçoit du Ciel le qi de la vésicule biliaire du shaoyang de pied.299. Cette phrase est issue du chapitre 9 du Su Wen où il est dit : « Les onze organes dépendent tous de la vésicule biliaire (fan shi yi zang, qu jue yu dan 凡十一脏,取决于胆也) ». Zhang Jie-bin, dans le deuxième paragraphe du troisième rouleau du Lei Jing, commente ainsi cette phrase : « Les cinq organes thésaurisent le qi et l’essence (jing精) et ne drainent pas, c’est pourquoi les cinq organes sont pleins à l’intérieur ; les six entrailles gouvernent les transformations des aliments et ne thésaurisent pas, c’est pourquoi les six entrailles sont vides à l’intérieur. Seule la vésicule biliaire est vide à l’intérieur, ainsi elle appartient aux entrailles. Cependant, elle thésaurise et ne draine pas, ainsi elle est aussi de la catégorie des organes. C’est pourquoi elle loge à shaoyang qui est un méridien à moitié à l’externe et à moitié à

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Deuxième Rouleau - Produits de la première catégorie 133

vésicule biliaire est ordonné et se déploie, alors les onze [autres] organes se conforment [à la vésicule biliaire] pour diffuser et transformer, c’est pourquoi [cette herbe] peut disperser toutes les nouures de qi dans le cœur, l’abdomen, les intestins et l’estomac. »

« [Chaihu]  traite  les masses accumulées (ji ju积聚)  [dues] à  l’alimentation car “les aliments et  les boissons pénètrent dans l’estomac, qui disperse son essence (jing 精) au foie”300. L’évacuation et la dis-persion (shu san 疏散) du foie empruntent aussi [les fonctions] d’engendrement (sheng 生) et d’émis-sion (fa 发) qui sont gouvernées par la vésicule biliaire de shaoyang. Chaihu élève et déploie le qi de la vésicule biliaire, alors le foie peut disperser l’essence (jing)301, ainsi les masses accumulées (ji ju) dues à l’alimentation sont purgées naturellement. »

« Le méridien de  shaoyang circule à moitié en surface (biao表) et à moitié dans l’interne (li 里). Lorsque shaoyang reçoit un pervers (xie邪), si le pervers s’unit au yin [c’est-à-dire à l’interne], alors il y a froid [frissons] ; s’il s’unit au yang [c’est-à-dire à l’externe], alors il y a chaleur [fièvre]. Chaihu har-monise et libère shaoyang, c’est pourquoi elle traite le qi pervers [qui se loge à shaoyang provoquant] le froid [frissons] et la chaleur [fièvre]. »

« Dès l’arrivée du qi du printemps, les dix-milles êtres se renouvellent tous. Chaihu acquiert du Ciel et de la Terre les caractéristiques élévatrices du printemps, elle pénètre à shaoyang pour engendrer le qi et le sang302, c’est pourquoi elle repousse l’ancien pour faire parvenir le neuf. »

« Administrée longtemps, le qi clair (qing qi 清气) circule en haut, alors le yang qi est renforcé de jour en jour, ainsi [cette herbe] allège le corps303. La quintessence (jing hua 精华) des cinq organes et des six entrailles est offerte en haut, ainsi elle clarifie la vue304. Le qi clair est en mouvement vers le haut, alors le yin qi descend vers le bas, ainsi [chaihu] avantage l’essence. L’essence (jing 精), c’est la quintessence du yin qi. »

« Prescriptions de formules : Chaihu avec renshen, banxia, huangqin, gancao, dazao et shengjiang [com-posent la formule] appelée Xiao Chai Hu Tang305 qui traite [les alternances] de froid et de chaleur [lors de la maladie] de shaoyang. [Chaihu] avec baishao, gancao et zhishi [composent la formule] appelée Si

l’interne (ban biao ban li 半表半里). Elle est aussi appelée l’officiel de l’intégrité et de la résolution (zhong zheng zhi guan 中正之官) et est également appelée entraille extraordinaire (qi heng zhi fu 奇恒之府), ainsi elle peut communiquer et se déployer au yin et au yang, et les onze autres organes [et entrailles] en dépendent ». De plus, la vésicule biliaire shaoyang de pied gouverne le feu ministre (xiang huo 相火) qui lui est confié par le feu de mingmen (命门) stocké au niveau des reins, ce feu au niveau de mingmen provient lui du feu originel (yuan huo 元火) logé dans le cœur et correspondant aussi à l’esprit originel (yuan shen 元神). Ainsi, le feu de l’esprit originel (yuan shen) est distribué à tous les organes et entrailles par le biais du feu ministre (xiang huo) de shaoyang. Le feu de mingmen correspond à une partie de ce feu empereur (jun huo 君火) de shaoyin [en lien avec l’esprit originel (yuan shen 元神)] qui est stocké en bas, au centre de l’eau, au centre du trigramme de l’Eau (Kan 坎). Le shaoyang, par le biais de la vésicule biliaire et du triple foyer, distribue et propage le feu ministre (xiang huo) [qui est une portion du feu empereur (jun huo) détaché du palais du cœur] dans tout l’empire, dans toutes les infimes parties du corps, dans tous les organes et les entrailles et dans tous les tissus, c’est pourquoi ils en sont tous dépendants.300. Cette phrase est issue du chapitre 21 du Su Wen qui dit : « Le qi des aliments (shi qi食气) pénètre dans  l’estomac, qui disperse l’essence (jing精) au foie et son qi imbibe les tendons (jin 筋). Le qi des aliments pénètre dans l’estomac, le qi  trouble (zhuo qi 浊气) converge au cœur et son essence (jing 精) imbibe les vaisseaux (mai 脉) (食气入胃,散精于肝,淫气于筋。食气入胃,浊气归心,淫精于脉) ».301. Ici, le terme essence (jing精) peut être considéré comme désignant la bile sécrété par la vésicule biliaire. Cette bile, appelée suc de la vésicule biliaire (dan zhi胆汁) est un liquide pur qui est aussi appelé « essence du centre (zhong jing 中精). La libération de la bile par la vésicule biliaire constitue un des rôles majeurs du foie, qui, en permettant la libre circulation du qi, induit la sécrétion de la bile.302. Chaihu a des fleurs jaunes qui s’ouvrent. Elle est parfumée, équilibrée, elle possède alors le qi du trigramme de la Terre (Kun坤). C’est pourquoi elle peut élever le yang pur de la rate et traiter l’effondrement du centre et engendrer le qi et le sang.303. Le yang a pour nature de s’élever vers le Ciel. Il met en mouvement le yin, qui est dense et immobile. Evitant ainsi toute accumulation, il allège le corps.304. Dans le Su Wen au chapitre 4, il est précisé : « la couleur de l’Est est le vert, il pénètre et communique au foie et ouvre son orifice aux yeux (东方青色,入通于肝,开窍于目) ». Ainsi, on peut comprendre que l’œil est l’ouverture qui permet au qi essentiel (jing qi 精气) du foie de se déployer au loin pour voir loin, et que cette ouverture est étroitement liée à shaoyang.305. La formule Xiao Chai Hu Tang est présentée notamment dans les articles 37, 96 et 229 du Shanghan Lun.

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Shénnóng Běncǎo Jīng134

Ni San306 qui traite  les douleurs de la poitrine et des hypochondres avec froid inversé (jue leng厥冷) des quatre membres307. [Chaihu] avec renshen, shengma, huangqi, gancao, dangguishen, baizhu, guangpi308, shengjiang et dazao [composent la formule] appelée Bu Zhong Yi Qi Tang309 qui traite la fatigue et la las-situde dues à la blessure par la consomption (lao shang劳伤)310. [Chaihu] avec renshen, huangqi, baizhu, gancao, shengma, baifuling, zexie, gegen et shenqu traitent la canicule qui blesse le qi originel (yuan qi元气). [Chaihu] avec shengma et gegen peuvent élever le yang et disperser le feu. [Chaihu] avec baishao, mudanpi, zhizi, gancao, baifuling, baizhu, chenpi et dangguishen [composent la formule] appelée Xiao Yao San311 qui traite la nouure du feu dans le foie et la vésicule biliaire.»

Xu Da-Chun dit : « [Chaihu] est de saveur amère et [de nature] équilibrée. Elle traite [les maladies] du cœur et de l’abdomen et elle élimine les nouures de qi dans l’estomac et les intestins car elle a un corps léger et élevant, ainsi elle peut disperser les stagnations de qi de l’estomac et des intestins. [Elle traite] les masses accumulées (ji ju) dues au qi des boissons car elle disperse les substances stagnantes de l’estomac et des intestins. [Elle traite] le qi pervers du froid ou de la chaleur car elle expulse le per-vers externe des méridiens et des collatéraux (jing luo). Elle repousse ce qui est ancien afin d’engendrer le nouveau. Concernant les trois [situations que cette herbe peut traiter] dont il est discuté ci-dessus, il s’agit du pervers (xie 邪) qui est éliminé, alors le correct (zheng 正) se rétablit. »

« Chaihu est une herbe de l’estomac et des intestins. Si l’on observe dans les classiques ce qui est dit à propos de ses actions thérapeutiques, toutes traitent l’estomac et les intestins. Ainsi, comme sa saveur et sa nature sont légères et clarifiantes, elle peut disperser et régulariser les stagnations de qi dans la terre dure (wan tu顽土)312, c’est pourquoi elle a cette fonction là. Dans le monde entier, seul le bois peut disperser la terre. Les médecins d’avant ont tous indiqué qu’il s’agissait d’une herbe de shaoyang, c’est connaître la branche (mo 末) et ne pas connaître la racine (ben 本). [La formule] Xiao Chai Hu Tang de Zhang Zhong-jing traite spécialement shaoyang. Pourquoi [dans cette formule] utilise-t-il [chaihu] comme herbe principale ? Si l’on se base sur l’ordre de transmission à travers les méridiens (chuan jing 传经) dans le Shanhan [Lun], d’abord il y a taiyang, ensuite il y a yangming, puis il y a shaoyang. Ainsi, bien que shaoyang se trouve entre taiyang et yangming, lors de la transmission à travers les méridiens, [shaoyang] réside après yangming. Après avoir passé yangming, il y a pénétration à shaoyang, alors, au

306. La formule Si Ni San est présentée dans l’article 318 du Shanghan Lun.307. voir la note 53 de l’appendice.308. Il s’agit de jupi (pericarpium Citri reticulatae) provenant de la province du Guangdong.309. La formule Bu Zhong Yi Qi Tang (补中益气汤) provient du Pi Wei Lun (脾胃论) de Li Dong-yuan (1180-1252).310. voir la note 25 de l’appendice.311. La formule Xiao Yao San (逍遥散) est tirée du chapitre 9 du Taiping Huimin Heji Ju Fang (太平惠民和剂局方) (1102) traitant des maladies gynécologiques : « Xiao Yao San traite la consomption et l’épuisement par déficience du sang, la chaleur et la dysphorie aux cinq cœurs, les douleurs des membres, la lourdeur de la tête et des yeux, les palpitations avec pommettes rouges, la bouche et la gorge sèches, la fièvre, les sueurs nocturnes, les somnolences, le sang et la chaleur qui luttent mutuellement avec des règles irrégulières, douleurs et distensions de l’abdomen dans la zone ombilicale et la fièvre et les frissons semblables à la malaria. Elle traite encore, chez la femme, l’affaiblissement du sang et la déficience de yin, la dysharmonie entre l’énergie nutritive (rong 荣) et l’énergie défensive (wei 卫), la fièvre en marée, l’amaigrissement des muscles et du corps, qui évolue progressivement en vaporisation des os (gu zheng骨蒸). [La formule est composée de] : gancao (légèrement sautée jusqu’à devenir rouge, ½ liang [15g]), danggui (enlever les jeunes pousses, sauter légèrement), fuling (enlever la peau, garder le blanc), baishaoyao, baizhu, chaihu (chacun à 1 liang [30g]). Réduire en poudre grossière les herbes ci-dessus. Administrer à chaque fois 2 qian [6g], cuits dans un grand verre d’eau, avec un morceau de shengjiang [gingembre] sauté et réduit en morceau et une poignée de bohe, jusqu’à récupérer 70% [du liquide]. Enlever les résidus des herbes et administrer chaud, peu importe le moment. » Ici, avec la composition d’herbes qu’il présente, Ye Tian-shi fait en réalité référence à la formule Dan Zhi Xiao Yao San, aussi appelée Ba Wei Xiao Yao San, c’est-à-dire Xiao Yao San augmentée de mudanpi et zhizi, à laquelle il a ajouté chenpi.312. Selon xu Da-chun, chaihu est une herbe de l’estomac et des intestins (chang wei 肠胃). Selon lui, shaoyang est plus proche de yangming que de taiyang, c’est donc une herbe du yangming. Yangming appartient au métal sec, c’est pour cette raison qu’il utilise ce mot « wan (顽) », pour signifier la dureté, la fermeté de l’estomac et des intestins de yangming.

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Deuxième Rouleau - Produits de la première catégorie 135

contraire, shaoyang se trouve à l’interne par rapport à yangming. Généralement, lorsque l’on parle des positions auxquelles ils résident, alors shaoyang se trouve entre le taiyang et le yangming ; mais si on parle des voies de pénétrations, alors shaoyang se trouve à l’interne par rapport à taiyang et à yangming. C’est pourquoi le traitement de shaoyang n’a absolument aucun rapport avec taiyang, mais [le traitement de shaoyang] est proche de yangming. Par exemple, banxia et gancao, [dans la formule] Xiao Chai Hu Tang, sont  toutes des herbes de yangming. Juste à cause de cela, c’est pourquoi  la nature et  la saveur [de chaihu] est nécessairement  légère et clarifiante pour disperser et déployer, afin qu’ensuite  le pervers puisse traverser la terre [de yangming] et sortir. En sachant cela, la signification de l’utilisation de chaihu par Zhang Zhong-jing devient claire et le fait que chaihu soit une herbe pour l’estomac et les intestins devient également clair. »

Chen Xiu-yuan dit : « Dans les textes classiques, il n’est pas dit que [chaihu] induit la transpiration. Le sage Zhang Zhong-jing l’utilise jusqu’à 8 liang [120g] de nombreuses fois313, [ainsi] il est possible de savoir la pureté de sa nature, il n’y a pas d’inconvénient à l’administrer beaucoup, son effet est modéré et l’on doit l’utiliser avec un fort dosage. »

313. Dans les articles 379 et 394 du Shanghan Lun, Zhang Zhong-jing utilise 8 liang [120g] de chaihu dans la formule Xiao Chai Hu Tang. Dans les articles 37, 96 et 229 il utilise pour la même formule ½ jin [125g] de chaihu. Les autres herbes de cette formule sont à 3 liang [45g].

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Shénnóng Běncǎo Jīng442

Gànjiāng 干姜(rhizoma Zingiber officinale exsiccatum)

干姜,味辛、温,无毒。主胸满,咳逆上气,温中,止血,出汗,逐风湿痹,肠澼下痢。生者尤良。久服去臭气,通神明。生山谷。

Gānjiāng wèi xīn, wēn, wú dú. Zhǔ xiōng mǎn, ké nì shàng qì, wēn zhōng zhǐ xiě, chū hàn, zhú fēng shī bì, cháng pì xià lì. Shēng zhě yóu liáng. Jiǔ fú qù chòu qì, tōng shén míng. Shēng shān gǔ.

« Ganjiang est de saveur piquante, [sa nature] est tiède1329 et elle n’a pas de toxicité. Elle traite la plénitude de la poitrine, la toux, le contre-courant et la montée du qi1330. Elle tiédit le centre, elle arrête les saignements, elle fait transpirer, elle expulse les obstructions par le vent et l’humi-dité (feng shi bi)1331, elle [traite] les diarrhées aqueuses et les dysenteries. [L’herbe] fraîche est particulièrement excellente1332. Administrée longtemps, elle élimine les qi fétides (chou qi) et fait communiquer avec la lumière des esprits (shen ming). [Le Gingembre] pousse dans les montagnes et les vallées. »

Tao Hong-jing dit : « Ganjiang est très chaude et elle n’a pas de toxicité. Elle traite les douleurs abdo-minales par froid, l’atteinte malsaine (zhong e 中恶)1333, le choléra (huo luan 霍乱)1334, les distensions et les plénitudes, le vent pervers, toutes les toxines (du 毒), le qi noué dans la peau et elle arrête l’hémop-tysie (tuo xue 唾血). »

Zhen Quan dit : « Ganjiang est de saveur amère et piquante (...). Elle traite les douleurs et le froid dans les lombes et dans les reins, et le qi froid. Elle casse le sang, elle chasse le vent, elle débloque les articulations des quatre membres, elle ouvre les cinq organes et les six entrailles, elle élimine les toxines du vent et les obstructions par le froid (leng bi 冷痹) et [elle traite] les urines nocturnes abondantes. Elle traite la toux (sou 嗽), elle tiédit le centre, [elle traite] le choléra incessant et les douleurs abdominales, elle dissipe les distensions, les plénitudes et les dysenteries par froid, et elle traite le blocage du sang (xue bi 血闭)1335. Si le patient a de la déficience et du froid, il est approprié de l’ajouter. »

Zhang Yuan-su dit : « Ganjiang est piquante, c’est une [herbe] purement yang. Le Classique dit : “s’il y a un pervers froid qui est excessif, on utilise le piquant pour le disperser”. Si [cette herbe] voit le feu, [c’est-à-dire si ganjiang est préparée sautée au feu (pao 炮)], elle devient légèrement amère, c’est pourquoi elle arrête [le sang] et ne met pas en mouvement [le sang]. »

Li Shi-zhen dit : « Ganjiang peut guider les herbes du sang afin qu’elles pénètrent dans la couche du sang (xue fen 血分) et [elle peut guider] les herbes du qi afin qu’elles pénètrent dans la couche du qi (qi fen 气分). Elle peut également éliminer ce qui est malsain (e 恶) et nourrir le renouveau (yang xin 养

1329. Le Qianjin Yaofang dit que ganjiang est « chaude (re 热) », le Mingyi Bielu inscrit qu’elle est «  très chaude (da re 大热) ».1330. voir la note 11 de l’appendice.1331. voir la note 62 de l’appendice.1332. Ganjiang (干姜) correspond au gingembre séché, cette herbe fraîche correspond à l’herbe appelée shengjiang (生姜), dont les caractéristiques et fonctions sont développées ci-après.1333. voir la note 13 de l’appendice.1334. voir la note 14 de l’appendice.1335. Le  terme « sang bloqué (xue bi 血闭) »  fait  référence au blocage du  sang menstruel (bi jing 闭经), c’est-à-dire à une situation d’aménorrhée.

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443Troisième Rouleau - Produits de la deuxième catégorie

新). Elle a la signification de l’engendrement du yang (yang sheng 阳生) et de la croissance du yin (yin zhang 阴长), c’est pourquoi, en cas de déficience du sang, on l’utilise. Par ailleurs, lorsque le patient a des vomissements de sang, des épistaxis ou des selles hémorragiques car il y a du yin sans yang, il est aussi approprié de l’utiliser. Ainsi, “si la cause est la chaleur, on utilise [des herbes] chaudes (re yin re yong 热因热用)”, il s’agit de la méthode de traitement similaire (cong zhi 从治)1336. »

Miao Xi-yong dit : « Paojiang1337 est piquante et peut disperser le pervers et régulariser les nouures (jie 结). Elle est chaude et peut éliminer le froid et débloquer le qi. C’est pourquoi elle traite la plénitude de la poitrine, la toux, le contre-courant et la montée du qi, elle tiédit le centre, fait transpirer, expulse l’obstruction par le vent et l’humidité (feng shi bi), [traite] les dysenteries ayant pour cause le froid et arrête les douleurs abdominales. Il est dit qu’elle arrête les saignements car si le sang est déficient, alors il y a émission de chaleur et, s’il y a chaleur, alors le sang circule de manière absurde. Ganjiang, sautée jusqu’à devenir noire, peut guider toutes les herbes toniques du sang pour qu’elles pénètrent dans la couche yin. Le sang est tonifié, alors le yin est engendré, la chaleur se retire et le sang ne circule plus de manière absurde. Elle traite les diarrhées aqueuses (chang pi 肠澼) selon la même signification. »

Jia Suo-xue dit :  « Ganjiang  est  séchée pendant  longtemps,  son  apparence  est  recroquevillée,  sa nature  est  alors  de  drainer  et  sa  saveur  renferme  [une  sorte]  d’accumulation.  [Ganjiang]  est  plus piquante et plus chaude que shengjiang, ainsi elle s’arrête [à l’interne] et ne circule pas [à l’externe], elle disperse spécialement le froid interne. Par exemple, pour les douleurs abdominales avec corps froid, diarrhées et aliments non-digérés dans les selles, on l’associe avec gancao pour obtenir la signification du piquant et du doux qui se combinent pour transformer le yang. Dans [la formule] Wu Ji San (五积散)1338, [ganjiang] aide à disperser le froid de la cime (biao 标), afin de traiter le froid et la douleur du bas-ventre. Dans Li Zhong Tang, elle apaise le froid et le choléra (huo luan 霍乱)1339, et elle arrête les selles molles. Elle aide fuzi afin de débloquer le froid des méridiens et a une grande force pour faire revenir le yang (hui yang 回阳). En tant qu’empereur avec renshen et baizhu, afin de tiédir le qi du centre, elle a pour fonction de rétablir la racine. Shengjiang gouverne la dispersion (san 散), ganjiang gouverne la conservation (shou 守). Une même substance [fraîche (sheng) ou séchée (gan)] peut être très diffé-rente (...). Paojiang repousse la chaleur-déficience. »

Zhang Zhi-cong dit : « Taiyin est le yin extrême au centre du yin1340. Le taiyin de pied gouverne la terre humide (shi tu 湿土), le taiyin de main gouverne  le métal clair (qing jin 清金). Ganjiang est de saveur piquante et de nature tiède, sa couleur est jaune-blanche, ainsi c’est un produit tiède pour le taiyin de main et de pied. Concernant  la plénitude de la poitrine,  le poumon loge en haut de la poi-

1336. voir la note 56 de l’appendice.1337. Paojiang (炮姜) correspond à l’herbe ganjiang à laquelle on fait subir une préparation en le faisant sauter à haute température.1338. La formule Wu Ji San (五积散) est issue du Taiping Huimin Heji Jufang (太平惠民和剂局方). Elle est composée de baizhi 3 liang, chuanxiong 3 liang, zhi gancao 3 liang, fuling 3 liang, danggui 3 liang, rougui 3 liang, shaoyao 3 liang, banxia 3 liang, chenpi 6 liang, zhike 6 liang, mahuang 6 liang, cangzhu 24 liang, ganjiang 4 liang, jiegeng 12 liang et houpo 4 liang. Cette formule a pour fonction de disperser le vent-froid et chasser l’humidité, régulariser le qi et activer le sang, transformer les mucosités et dissiper les masses accumulées. Elle traite l’atteinte externe par vent-froid, la blessure interne qui produit du froid, les amas (pi 痞) et les oppressions de la poitrine et de l’abdomen, les vomissements, les céphalées et les douleurs du corps, ainsi que les déséquilibres du qi et du sang chez la femme, les douleurs de l’épigastre et de l’abdomen, etc.1339. voir la note 14 de l’appendice.1340. Le Su Wen au chapitre 4 dit : « L’abdomen est yin, le yin extrême (zhi yin 至阴) au centre du yin, c’est la rate (腹为阴,阴中之至阴,脾也) ». La rate correspond au taiyin de pied.

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trine, s’il y a froid au poumon, alors il y a plénitude. Pour la toux, le contre-courant et la montée du qi, il s’agit du qi du taiyin de pied et de main qui ne communiquent plus, ce qui provoque une montée à contre-courant du qi du poumon. [Cette herbe] tiédit le centre, c’est-à-dire qu’elle traite la plénitude de la poitrine, la toux, le contre-courant et la montée du qi car elle peut tiédir le centre. Si les collatéraux de la rate (pi luo 脾络) sont déficients et froids, alors le sang s’extravase. Ganjiang est de nature tiède, c’est pourquoi elle arrête les hémorragies. Elle fait transpirer car le piquant humidifie, ouvre les pores et les interstices cutanées (cou li 腠理), faisant communiquer les liquides organiques (jin ye 津液) avec le qi. Elle expulse l’obstruction par le vent et l’humidité car le piquant peut disperser. Les diarrhées aqueuses et les dysenteries (chang pi xia li 肠澼下痢) sont [dues à] un froid et une déficience de l’organe de la rate. Dans le Shanghan Lun, il est dit : “Le qi de la rate est seul affaibli, les cinq liquides s’écoulent vers le bas, le foyer inférieur ne se ferme pas, sa forme est comme le foie d’un porcelet (豚肝)”1341. Ganjiang peut tiédir la terre de la rate, c’est pourquoi elle traite les dysenteries. [L’expression l’herbe] “fraîche est particulièrement excellente”, signifie que shengjiang (生姜) peut diffuser et déployer le qi de l’estomac, son utilisation est particulièrement excellente. »

« Pour [les syndromes de] Gui Zhi Tang, Ge Gen Tang ou Xiao Chai Hu Tang,  il y a simultanément des vomissements et un contre-courant de l’estomac [en plus des autres signes propres à chaque syn-drome] ; pour tous les syndromes de froid à la surface, on utilise souvent shengjiang. Shengjiang corres-pond au zijiang (子姜) du laojiang (老姜)1342, il diffuse et déploie le qi de la terre de l’estomac de yang-ming. Yangming est l’entraille de taiyin, c’est pourquoi ganjiang traite la rate et shengjiang traite l’estomac. L’organe et l’entraille signifient la mère et le fils1343. »

« Dans le Shennong Bencao Jing, il y a seulement ganjiang et shengjiang mais il n’y a pas paojiang. Les générations postérieures [à Zhang Zhong-jing] ont utilisé ganjiang, qu’elles ont fait sauter jusqu’à la rendre noire et l’ont appelée paojiang. Dans le Jingui Yaolüe, pour traiter l’atrophie pulmonaire (fei wei 肺痿) on utilise Gan Cao Gan Jiang Tang où ganjiang doit être sautée à haute température (pao 炮)1344. Il s’agit de  l’utilisation de paojiang, dont  l’ancêtre Zhang Zhong-jing fut  le précurseur. La saveur de ganjiang, à la base, est piquante. Après avoir été sautée à haute température, alors sa saveur piquante est légèrement diminuée et elle traite les syndromes de déficience de sang avec chaleur du corps lors du post-partum, les vomissements de sang, les épistaxis et les selles hémorragiques par froid à l’interne. Si la préparation sautée est trop excessive, sa nature originelle n’existe plus, on l’appelle jianghui (姜

1341. Ce passage est  issu du chapitre 1 du Shanghan Lun (Bian Mai Fa 辨脉法)  où  il  est dit :  « Si  le yin qi  est débloqué à  l’avant,  il y a  inversion (jue) et affaiblissement du yang qi, le yin n’a plus rien pour le commander, le qi intrus (ke qi) pénètre à  l’interne,  il y a éternuement et il sort, il y a bruit et obstruction de la gorge, le froid et l’inversion se chassent mutuellement et sont enserrés par la chaleur. Le sang stagne et il y a diarrhée, sa forme est comme le foie d’un porcelet, le yin et le yang sont tous inversés (jue), le qi de la rate est seul affaibli, les cinq liquides coulent vers le bas, le foyer inférieur ne se ferme pas, il y a d’importantes selles liquides, faisant que les urines sont nombreuses et difficiles, s’il y a agitation au niveau de l’ombilic avec douleurs fixes, la destinée sera difficile à achever. (阴气前通者,阳气厥微,阴无所使,客气内入,嚏而出之,声嗢咽塞,寒厥相逐,为热所拥,血凝自下,状如豚肝,阴阳俱厥,脾气孤弱,五液注下,下焦不阖,清便下重,令便数难,脐筑湫痛,命将难全) ».1342. Le zijiang (子姜)  correspond  aux  jeunes  rhizomes  du  gingembre,  ils  sont  très  tendres  et moins  piquants.  Le  laojiang (老姜) correspond aux vieux rhizomes du gingembre, ils sont plus fermes et un peu plus piquants.1343. Pour ganjiang on choisit généralement les rhizomes « mère (mu母) » (c’est-à-dire principaux) de la plante. Pour shengjiang il faut choisir les rhizome « fils (zi 子) » (c’est-à-dire secondaires) de la plante. L’un est appelé le gingembre mère (mujiang 母姜) et l’autre est appelé  le gingembre fils (zijiang 子姜). Le premier traite principalement la rate taiyin de pied, l’autre traite principalement l’estomac yangming de pied.1344. Cette formule est utilisée par Zhang Zhong-jing dans le Jingui Yaolüe au chapitre 7 où il est dit : « S’il y a atrophie pulmonaire, crachats de salive mousseuse et de la toux, que le patient n’a pas de soif, il y aura de l’incontinence urinaire (yi niao 遗尿) et les urines nombreuses. La cause de cela est la déficience en haut qui ne peut plus contrôler le bas. Il s’agit d’un froid dans le poumon, il y aura vertige (xuan 眩) et d’importants crachats de salive (xian tuo 涎唾). On donne Gan Cao Gan Jiang Tang afin de réchauffer ». La formule Gan Cao Gan Jiang Tang (甘草干姜汤) du Jingui Yaolüe est composé de 4 liang de zhi gancao et de 2 liang de pao ganjiang. Dans le Shanghan Lun, pour cette même formule, Zhang Zhong-jing n’a pas ajouté de préparer ganjiang sauter (pao 炮).

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445Troisième Rouleau - Produits de la deuxième catégorie

灰)1345, sa saveur est légèrement amère et n’est plus piquante, sa qualité est légère et flottante (qing fu 轻浮) et n’est plus massive (shi 实), elle est inférieure à l’action de paojiang. Si l’on utilise paojiang, il faut également que ce soit un rhizome mère de gingembre (mujiang 母姜), qui développe trois autres rhi-zomes, dans ce cas il aura la force [suffisante]. De nos jours, dans les pharmacies, ils utilisent souvent du shengjiang qui est malade car il a été trop arrosé et dont la saveur a changé. Ils le font sécher au soleil et l’utilisent sauté à haute température, il est probable qu’il n’ait que le nom [de paojiang]. »

Ye Tian-shi dit : « Ganjiang est de nature tiède, elle reçoit du Ciel le qi du bois de l’élévation du prin-temps et pénètre dans le méridien du foie du jueyin de pied. Sa saveur est piquante et sans toxicité, elle acquiert de la Terre la saveur du métal de l’Ouest et pénètre dans le méridien du poumon du taiyin de main. Lorsqu’elle est sautée à haute température (pao 炮) ou sautée jusqu’à être réduite en cendres (hui 灰), [cette herbe] pénètre dans le méridien des reins du shaoyin de pied. Sa nature et sa saveur sont toutes ascendantes (sheng 升), [c’est une herbe] yang. »

« Le centre de la poitrine est assigné au poumon, si le poumon est froid, alors le métal perd sa carac-téristique descendante, le qi obstrue la poitrine et il y a plénitude. S’il y a plénitude, alors le qi monte, ainsi il se produit des symptômes de toux, de contre-courant et de montée du qi. Elle traite cela car le piquant disperse et le tiède met en mouvement. »

« Le centre, c’est la rate et l’estomac, la rate et l’estomac correspondent à la terre, la terre dépend du feu pour être produite. Paojiang (炮姜) pénètre dans les reins et aide le feu. Lorsque le feu se trouve en bas on l’appelle le petit feu (shao huo 少火), le petit feu produit le qi1346, si le qi est abondant, alors le centre est naturellement tiédit. Le sang circule en suivant le qi, si le qi va à contre-courant et que le feu s’agite, alors le sang déborde en haut. Paojiang pénètre dans les reins, si les reins sont tiédis, alors le feu et le qi qui flottent à contre-courant, vont tous descendre, le feu s’apaise et le qi descend, l’hémorragie s’arrête naturellement. »

« Elle fait  transpirer car  le piquant et  le tiède peuvent disperser. Elle expulse  l’obstruction par  le vent et l’humidité car le piquant et le tiède peuvent disperser le vent et l’humidité et débloquer le sang obstrué. Les dysenteries sont une maladie du gros intestin, si le gros intestin est froid, alors il y a des dysenteries fétides et sales. Le poumon et le gros intestin sont en relation surface-intérieur (biao li 表里), le piquant et le tiède [de ganjiang] tiédissent le poumon, c’est pourquoi le gros intestin est aussi tiédi et que les dysenteries cessent. [Le gingembre] frais a une nature particulièrement intense, ainsi il est particulièrement excellent. »

« Prescriptions de formules : Paojiang avec wuweizi resserrent le feu pour le mettre en mouvement vers le bas. [Ganjiang] avec renshen réchauffent le centre et augmentent le qi. [Ganjiang] avec shengdi-huang, baishao, niuxi et dangguishen traitent la fièvre du post-partum. [Ganjiang] avec renshen et chenpi traitent  les vomissements par déficience de  l’estomac.  [Ganjiang] avec  chenpi, baizhu, beimu et baiful-ing traitent le paludisme par mucosités (tan nüe 痰疟). [Ganjiang] avec renshen, baizhu, guizhi et chenpi traitent le paludisme par froid (han nüe 寒疟). [Ganjiang] avec renshen, baizhu et gancao [composent la formule] appelée Li Zhong Wan1347 qui traite les diarrhées par froid et déficience. »

1345. Jianghui (姜灰) est le gingembre sauté jusqu’à le réduire en cendre.1346. voir la note 49 de l’appendice.1347. La formule Li Zhong Wan (理中丸) est issue des articles 386 et 396 du Shanghan Lun.

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Chen Xiu-yuan dit : « Ganjiang est de nature tiède, elle reçoit le qi du bois vent de jueyin. Comme elle est tiède mais n’est pas intense, alors [cette herbe] acquiert le qi originel (chong he 冲和)1348 et, ainsi, appartient à la terre. Sa saveur est piquante, elle acquiert la saveur du métal sec de yangming. Comme elle est piquante mais n’est pas extrême, alors le métal peut engendrer l’eau et devenir humidifiant, c’est pourquoi ganjiang est une herbe importante pour le froid aux organes. »

« Le centre, c’est la terre. Si la terre est déficiente, alors il y a froid et [cette herbe] peut réchauffer. Elle arrête les saignements car, si le yang est déficient, alors le yin sera laissé échappé. Le sang est tiédi, alors il retourne spontanément dans les méridiens. Elle fait transpirer car le piquant et le tiède peuvent émettre et disperser. Elle expulse l’obstruction par le vent et l’humidité (feng shi bi) car elle traite le per-vers froid qui est retenu dans les tendons et les os. Elle traite les dysenteries car elle élimine le pervers froid qui s’est enfoncé dans l’estomac et les intestins. »

« Pour toutes [les maladies] qui sont traitées ci-dessus on choisit les fonctions puissantes et intenses [de cette herbe]. Ceci est similaire à ce qu’entend Meng Zi1349 par “le qi ferme, grand et vaste, remplit l’espace entre Ciel et Terre”1350. Fraîche, la saveur piquante [de cette herbe] est complète, c’est pour-quoi il est exprimé que “[l’herbe] fraîche est particulièrement excellente”. Ainsi, dans le Jingui Yaolüe [au chapitre 7], pour traiter l’atrophie pulmonaire (fei wei 肺痿), on utilise Gan Cao Gan Jiang Tang et il est annoté [que ganjiang] doit être utilisée sauter à haute température (pao 炮) car le poumon déficient ne peut pas recevoir subitement une saveur trop piquante, [la préparation qui consiste à] sauter à haute température (pao) permet de réduire  légèrement  la saveur piquante, c’est une  indication appropriée pour la situation. Mais ce n’est pas comme [les préparations de ganjiang] sautée jusqu’à la noircir (pao hei 炮黑) ou sautée jusqu’à la réduire en cendre (pao hui 炮灰) des [médecins des] générations posté-rieures qui font complètement perdre les caractéristiques de base de ganjiang. Ye Tian-shi dit également que [ganjiang] sautée jusqu’à noircir (pao hei 炮黑) pénètre dans les reins, comme ceci est médiocre ! »

1348. Les termes « chong he 冲和 » sont issus de la contraction des termes “chong qi yi wei he冲气以为和” (le qi se précipite [hors du vide du Dao] et forme lʼharmonie [entre le yin et le yang]) du paragraphe 42 du Daode Jing. Ils désignent le qi véritable (zhen qi真气) ou le qi originel (yuan qi元气).1349. Meng Zi (372 à 289 A.V. J.-C.) fut un penseur et éducateur chinois célèbre pendant la période des Royaumes Combattants. Il a poursuivit le développement des idées de Confucius (Kong Zi) et ainsi participé à l’expansion du Confucianisme.1350. L’expression « Le qi ferme, grand et vaste remplit l’espace entre Ciel et Terre (刚大浩然之气,塞于天地之间也) » est issue du Gong Sun Chou écrit par Meng Zi. L’expression utilisée par Chen Xiu-yuan est légèrement différente du texte original qui dit : « J’oserai demander ce que signifie ce qi vaste (gao ran zhi qi 浩然之气) ? [Le maître] répondit : Ceci est difficile à dire. Ce qi est extrêmement grand et extrêmement ferme (zhi da zhi gang 至大至刚), il faut l’entretenir honnêtement et ne pas lui nuire, alors il remplit l’espace entre Ciel et Terre (ze sai yu tian di zhi jian 则塞于天地之间). Ce qi doit être combiné avec la droiture (yi 义) et la vertu (de 德), sans cela [ce qi] sera faible. Il est produit par l’accumulation de la droiture et il ne peut pas être obtenu par un comportement droit occasionnel. Dès que le comportement n’est pas accompagné d’une allégresse dans le cœur, alors [ce qi] s’affaiblit. (…) Il faut s’affairer [pour entretenir ce qi] sans cesse. En son cœur il ne faut jamais l’oublier, mais il ne faut pas non plus l’aider [à s’accroitre] avec un désir unilatéral. Il ne faut pas faire comme [l’histoire de] la personne [du royaume] de Song : Dans le pays [du royaume] de Song, un homme s’inquiétait que ses plants [de riz] ne grandissaient pas assez, alors il tira ses plants [pour les faire grandir]. Fatigué, il rentra chez lui et dit à sa famille : “Aujourd’hui je me suis épuisé, j’ai aidé les plants à pousser”. Son fils se précipita [au champ] et regarda attentivement, tous les plants étaient morts. Très peu de gens sous le Ciel n’aident pas les plants à pousser en les tirant par la tige. On pense que ceux qui ne sont pas utiles et qui abandonnent sont ceux qui ne désherbent pas leurs plantations. Et on pense que ceux qui les aident à grandir, sont ceux qui tirent sur les plants. Mais cela n’est pas seulement inapproprié, c’est également néfaste ».

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447Troisième Rouleau - Produits de la deuxième catégorie

Supplément : Shēngjiāng 生姜(rhizoma Zingiberis officinalis recens)

生[姜]者,优良,味辛,微温。久服去臭气,通神明。生山谷。Shēng[jiāng ] zhě, yōu liáng, wèi xīn, wēi wēn. Jiǔ fú qù chòu qì, tōng shén míng. Shēng shān gǔ.

« Sheng[jiang] est particulièrement excellente, elle est de saveur piquante, [sa nature] est légè-rement tiède1351. Administrée longtemps, elle élimine les qi fétides (chou qi)1352 1353 et fait commu-niquer avec la lumière des esprits (shen ming). Elle pousse dans les montagnes et les vallées. »1354.

Tao Hong-jing dit : « Shengjiang traite les blessures dues au froid avec céphalées et les obstructions nasales, la toux, le contre-courant et la montée du qi. »

« Elle retourne aux cinq organes, elle élimine les mucosités (tan 痰), fait descendre le qi, arrête les vomissements1355, elle chasse le vent, l’humidité, le froid et la chaleur. »

Cheng Wu-ji dit : « Shengjiang et dazao sont de saveurs piquante et douce, elles vont spécialement mettre en mouvement les  liquides organiques et harmoniser  le nutritif et  le défensif (ying wei 营卫). Utilisée avec d’autres herbes, [shengjiang] ne va pas seulement émettre (fa 发) et disperser (san 散). »

Miao Xi-yong dit : « Les caractéristiques et la nature que shengjiang reçoit ne sont pas différentes de ganjiang. Mais ses fonctions de dissiper les mucosités (tan 痰), d’arrêter les vomissements, de faire transpirer, de disperser le vent, de supprimer le froid, d’arrêter les diarrhées, de débloquer le foie et de guider les stagnations [d’aliments] sont supérieures à celles de ganjiang. »

Ye Tian-shi dit : « Shengjiang est de nature légèrement tiède, elle reçoit du Ciel le qi du bois du début du printemps et pénètre dans le méridien de la vésicule biliaire du shaoyang de pied et dans le méridien du foie du jueyin de pied. Sa saveur est piquante et sans toxicité, elle acquiert de la Terre la saveur du métal de l’Ouest et pénètre dans le méridien du poumon du taiyin de main. Sa nature et sa saveur sont toutes ascendantes (sheng 升), [c’est une herbe] yang. »

« Le qi fétide (chou qi 臭气) est le qi  trouble du yin (yin zhuo 阴浊). Si  l’on administre  longtemps [shengjiang], alors son piquant et son tiède augmentent le yang, le yang peut éliminer le yin, ainsi cela élimine le qi fétide. L’esprit (shen 神) est l’âme du yang (yang zhi ling 阳之灵), la lumière (ming 明) est la brillance du yang (yang zhi guang 阳之光). Le piquant et le tiède sont yang. Administrés longtemps, le yang vainc et, ainsi, il y a communication avec la lumière de l’esprit (shen ming 神明). »

1351. La nature « légèrement tiède (wei wen 微温) » de shengjiang est complété par rapport au Bencao Zhenglei (本草证类) et au Shennnong Huangdi Shijin (神农黄帝食禁).1352. L’expression « les qi fétides (chou qi 臭气) » peut aussi être traduite par « les mauvaises odeurs ».1353. À la place de l’expression « Administrée longtemps, elle enlève les qi fétides (久服去臭气) », le Qianjin Yaofang de Sun Si-miao et le Shennong Huangdi Shijin (神农黄帝食禁) inscrivent tous les deux « élimine le qi fétide de la poitrine et d’au-dessus du diaphragme (去胸膈上臭气) ».1354. Dans le Shennong Bencao Jing il n’y a pas de passage spécifique qui décrit shengjiang (le Gingembre frais). Le passage « Administrée longtemps, elle enlève les mauvaises odeurs et fait communiquer la lumière spirituelle (shen ming 神明) » se situe en réalité juste après « [L’herbe] fraîche est particulièrement excellente » du passage concernant ganjiang (le Gingembre sec). La plupart des commentateurs utilisent ce passage à la fin du paragraphe de ganjiang pour discourir à propos de shengjiang qui correspond effectivement au rhizome frais du gingembre. Et ils rajoutent en en-tête la même nature et la même saveur que pour ganjiang.1355. voir la note 17 de l’appendice.

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Shénnóng Běncǎo Jīng448

« Prescriptions de formules : Shengjiang, dont on prend le jus naturellement et que l’on fait sécher jusqu’à obtenir une poudre, avec gancao, banxia, chenpi et baifuling réduits en poudre, traitent les muco-sités (tan 痰) par nouure de l’humidité au foyer moyen. »

Chen Xiu-yuan dit : « Toutes les herbes dont la nature est tiède appartiennent au bois vent de jueyin ; [la nature] très tiède est chaude et appartient au feu empereur de shaoyin ; [la nature] légèrement tiède reçoit le qi du bois du début du printemps, alors elle pénètre spécialement dans le méridien de la vési-cule biliaire du shaoyang de pied. La saveur piquante appartient au métal sec de yangming ; [la saveur] très piquante  appartient  au poumon du  taiyin  de pied  et  au gros  intestin du yangming  de main ;  [la saveur] légèrement piquante correspond au métal au centre de la terre, ainsi elle pénètre spécialement dans le méridien de l’estomac du yangming de pied. »

« [Dans la formule] Gui Zhi Tang1356, Zhang Zhong-jing utilise ensemble shengjiang et dazao. Il prend le piquant [de shengjiang] pour harmoniser le [qi] défensif (wei 卫) du poumon et le doux de dazao pour nourrir  le  [qi] nutritif (ying 营) du cœur. Associées,  [ces deux herbes] peuvent  simultanément har-moniser le nutritif et le défensif. On utilise [shengjiang] dans Zhen Wu Tang1357 et dans Fu Ling Gui Zhi Tang1358 car son piquant peut favoriser le qi du poumon, le qi est en mouvement alors l’eau s’écoule et la transpiration cesse. Le poumon est la source supérieure de l’eau. On l’utilise dans Da Chai Hu Tang1359 et Xiao [Chai Hu Tang]1360 car c’est une herbe qui correspond au méridien propre de shaoyang. On l’utilise dans Wu Zhu Yu Tang1361 afin de calmer le qi de yangming. Le qi du yangming doit être en mouvement vers le bas pour que ce soit convenable, ainsi les vomissements cessent naturellement. Le qi de shaoyin s’unit en haut avec la terre centrale à yangming, ainsi les diarrhées cessent également1362. Pour toutes [les formules] de ce genre, bien que le Shennong Bencao Jing ne l’ait pas dit explicitement, Zhang Zhong-jing, avec la nature et la saveur [de shengjiang], a pris conscience de ses subtiles et merveilleuses [actions]. »

« Administrée longtemps, [cette herbe] enlève les qi fétides (chou qi 臭气) et fait communiquer avec la lumière des esprits (shen ming 神明). Les qi fétides correspondent à un qi du yin trouble (zhuo yin 浊阴), la lumière de l’esprit est l’âme (ling 灵) du yang qi. Cela exprime que [shengjiang] a l’effet de sou-tenir le yang et de réprimer le yin. Les gens d’aujourd’hui savent seulement qu’elle disperse le pervers et induit la transpiration mais ils ne savent pas qu’elle a pour fonction d’assister le [qi] correct (zheng) et d’arrêter la transpiration. À chaque fois, pour Zhen Wu Tang ou pour Bai Zhu [Fu Zi] Tang du Jinxiao Fang1363,  ils vont  toujours se méfier de shengjiang  et  le  supprimer [de ces  formules] de manière  irré-

1356. Gui Zhi Tang est composée de 3 liang de guizhi, 3 liang de shaoyao, 3 liang de shengjiang, 12 pièces de dazao et de 2 liang de zhi gancao. voir les articles 12, 162, 208, 372, 387, etc. du Shanghan Lun.1357. Zhen Wu Tang est composée de 3 liang de fuling, 3 liang de shaoyao, 2 liang de baizhu, 3 liang de shengjiang, et 1 pièce de pao fuzi. voir les articles 82 et 316 du Shanghan Lun.1358. La formule Fu Ling Gui Zhi Tang (茯苓桂枝汤) correspond à la formule du Shanghan Lun appelée Gui Zhi Qu Gui Jia Fu Ling Bai Zhu Tang (桂枝去桂加茯苓白术汤) qui est composée de 3 liang de shaoyao, 2 liang de zhi gancao, 3 liang de shengjiang, 3 liang de baizhu, 3 liang de fuling et 12 pièces de dazao. voir l’article 28 du Shanghan Lun.1359. Da Chai Hu Tang est composée de ½ jin de chaihu, 3 liang de huangqin, 3 liang de shaoyao, ½ sheng de banxia, 5 liang de shengjiang, 4 pièces de zhishi, 12 pièces de dazao, et 2 liang de dahuang. voir l’article 103 du Shanghan Lun.1360. Xiao Chai Hu Tang est composée de ½ jin de chaihu, 3 liang de huangqin, 3 liang de renshen, ½ sheng de banxia, 3 liang de zhi gancao, 3 liang de shengjiang, et 12 pièces de dazao. voir les articles 96, 37, 229 et 394 du Shanghan Lun.1361. Wu Zhu Yu Tang est composée de 1 sheng de wuzhuyu, de 3 liang de renshen, de 6 liang de shengjiang, et de 12 pièces de dazao. Se référer aux articles 243, 309 et 378 du Shanghan Lun.1362. Pour ces symptômes de vomissements et de diarrhées apparaissant simultanément lors de la maladie de shaoyin, et qui sont traités par Wu Zhu Yu Tang, il faudra se référer à l’article 309 du Shanghan Lun.1363. Le Jinxiao Fang (近效方) est un ouvrage aujourd’hui disparu. Mais il est cité plusieurs fois dans le Waitai Miyao (外台秘要) de Wang Tao, d’où est issue cette formule. Cependant, la formule Bai Zhu Fu Zi Tang du Jinxiao Fang, citée dans le rouleau 15 du Waitai Miyao, est composée de 3 liang de baizhu, 2 pièces de pao fuzi, 2 liang de zhi gancao et 4 liang de rougui. Ainsi on se rend compte qu’elle ne

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449Troisième Rouleau - Produits de la deuxième catégorie

fléchie. Ils lisent tous les livres en se bornant à quelques phrases [de commentaires] excessifs en-des-sous. De plus, à chaque fois qu’un patient a l’occasion d’avoir shengjiang dans sa formule, alors il dit qu’il est sujet aux maladies du sang ou il dit, qu’autrefois, il a souffert de symptômes comme rougeur des yeux et obstruction de la gorge et il n’ose pas l’absorber, même [à dose] légère. Il met en place lui-même les circonstances de sa mort, comment se plaindrait-il encore ? »

contient pas shengjiang et qu’en réalité elle correspond à la formule Gan Cao Fu Zi Tang inscrite par Zhang Zhong-jing dans le chapitre 2 du Jingui Yaolüe (dans laquelle guizhi remplace rougui). Dans le Jingui Yaolüe, la formule qui précède Gan Cao Fu Zi Tang est la formule Bai Zhu Fu Zi Tang, qui est composée de 2 liang de baizhu, 1 pièces de pao fuzi, 1 liang de zhi gancao, 1,5 liang de shengjiang, et 6 pièces de dazao. Il semblerait que Chen Xiu-yuan veuille plutôt parler de la formule Bai Zhu Fu Zi Tang du Jingui Yaolüe, qui elle contient shengjiang, et pas de celle du Jinxiao Fang, citée par Wang Tao, qui ne contient pas shengjiang.

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749Quatrième Rouleau - Produits de la troisième catégorie

Tínglì 葶苈 / Tínglìzi 葶苈子(semen Lepidium apetalum / L. virginicum / semen Descurainia sophia)

葶苈,味辛,寒, 无毒。主癥瘕,积聚,结气,饮食,寒热,破坚逐邪,通利水道。一名大室,一名大适。生平泽及田野。

Tínglì wèi xīn, hán, wú dú. Zhǔ zhēng jiǎ, jī jù, jié qì, yǐn shí, hán rè, pò jiān zhú xié, tōng lì shuǐ dào. Yī míng dàshì, yī míng dàshì. Shēng píng zé jí tián yě.

« Tingli est de saveur piquante, [sa nature] est froide et elle n’a pas de toxicité. Elle traite les masses abdominales (zheng jia)2492, les masses accumulées (ji ju)2493, les nouures de qi (jie qi)2494, les [accumulations] d’aliments, le froid et la chaleur (han re)2495 2496. Elle casse les indurations (jian), elle expulse le pervers et elle débloque et fait s’écouler la voie des eaux. Un autre nom est dashi. [La Passerage et l’herbe de sainte Sophie] poussent dans les plaines marécageuses et les champs sauvages. »

Tao Hong-jing dit : « Tingli est très froide et sans toxicité. Elle fait descendre l’eau de la vessie, [elle traite] le qi de la chaleur stagnante cachée, l’eau perverse dans la peau qui sort en haut, les œdèmes du visage et des yeux, l’atteinte soudaine et directe par le vent (zhong feng 中风)2497 sur le corps [c’est-à-dire l’AVC] avec séquelles paralytiques (fei 痱) et démangeaisons. Elle fait s’écouler le bas-ventre et, administrée longtemps, elle provoque une déficience chez le patient. »

Miao Xi-yong dit : « Tingli est une herbe principale du taiyin de main, c’est pourquoi Zhang Zhong-jing l’utilise dans [la formule] [Ting Li Da Zao] Xie Fei Tang2498. Elle pénètre aussi dans les méridiens du yangming de main et du taiyang de pied. Le poumon correspond au métal, il gouverne la peau et les poils. La vessie appartient à l’eau, elle thésaurise les liquides organiques. Si le qi du poumon est obstrué, alors la vessie aussi. Par exemple, si les orifices supérieurs sont obstrués, alors les orifices inférieurs sont bloqués. Si les orifices inférieurs sont bloqués, alors l’eau et l’humidité débordent et il se forme des maladies de dyspnée et de plénitude, d’œdèmes ou de masses accumulées (ji ju 积聚). Le piquant peut disperser, l’amer peut drainer, [les caractéristiques] très froide, sombrante et yin peuvent mettre en mouvement vers le bas et expulser l’eau, c’est pourquoi elle traite les maladies indiquées par le Bencao Jing. »

Zhang Zhi-cong  dit :  « Les  fleurs  et  les  graines  de  tingli sont  de  couleur  jaune,  les  racines  sont blanches  et  leur  saveur  est  piquante.  Elle  reçoit  les  transformations  du  qi de la terre et du métal. [Tinglizi] reçoit le qi du métal, c’est pourquoi elle traite les masses abdominales (zheng jia) et les masses accumulées (ji ju) par nouure du qi. Elle reçoit le qi de la terre, c’est pourquoi elle traite le froid et la chaleur par irrégularités alimentaires. [Cette herbe] casse les indurations (jian) et expulse le pervers

2492. voir la note 21 de l’appendice.2493. voir la note 9 de l’appendice.2494. voir la note 32 de l’appendice.2495. voir la note 95 de l’appendice.2496. Selon certains commentaires, les caractères  yin shi (饮食) pourraient être traduits par « dissiper (xiao chu 消除) », et ainsi la phrase serait « elle dissipe le froid et la chaleur (yin shi han re 饮食寒热) » à la place de « les [accumulations] d’aliments, le froid et la chaleur (yin shi han re 饮食寒热) ». Voir le passage de shegan.2497. voir la note 87 de l’appendice.2498. La formule Ting Li Da Zao Xie Fei Tang (葶苈大枣泻肺 汤) est une formule issue de l’article 11 du chapitre 7 du Jingui Yaolüe.

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Shénnóng Běncǎo Jīng750

car il s’agit du qi de métal qui est excessif. Elle débloque et fait s’écouler la voie des eaux car il s’agit du qi de la terre qui est excessif. »

« [Le chapitre] des dix catégories d’herbes (shi ji 十剂)2499 [dans  le rouleau 1 du Bencao Gangmu] dit : “[Les herbes qui] drainent (xie 泄) peuvent éliminer les obstructions (bi 痹), ce sont des herbes comme tinglizi et dahuang. Li Gao dit : ces deux herbes sont toutes fortement amères et froides. L’une [dahuang] draine l’obstruction de sang (xue bi 血痹), l’autre [tinglizi] draine l’obstruction de qi (qi bi 气痹). L’amer et le froid de tinglizi sont une nature et une saveur épaisses, [cette herbe] n’est pas plus faible que dahuang, de plus sa nature dépasse toutes les herbes. Elle est utilisée pour drainer l’obstruc-tion au centre du poumon à la couche yang (yang fen 阳分), elle peut aussi drainer les selles car elle a un corps léger semblable au yang”. Le Mingyi Bielu dit : “Administrer pendant longtemps elle provoque une déficience chez le patient”. Zhu Dan-xi dit : “Tinglizi appartient au feu et a la caractéristique d’être rapide, elle est apte à expulser l’eau. Si le patient a de légères hémorragies ou qu’il est déficient, alors il est approprié de se tenir à l’écart de cette herbe, sinon on va tuer le patient (…)”. Li Shi-zhen dit : “Il y a deux sortes de tinglizi : une douce et une amère. Exactement comme pour qianniuzi qui est de couleur noire ou de couleur blanche, il y a une différence entre [l’une qui] est rapide et [l’autre qui] est lente. Ou encore comme hulu qui est de deux saveurs : douce ou amère, l’une est excellent, l’autre est toxique. Généralement, celle qui est douce a une caractéristique de purgation modérée, bien qu’elle draine le poumon, elle ne blesse pas l’estomac. Celle qui est amère a une caractéristique de purgation rapide, ainsi elle draine le poumon et, en même temps, elle blesse l’estomac. C’est pourquoi, dans les formules antiques, on utilise souvent dazao pour l’assister. Si au centre du poumon, il y a le qi de l’eau avec plénitude et oppression, sans cette herbe on ne peut pas le chasser. Cependant, dès que l’eau est éliminée, alors on arrête [la prise de cette herbe]. Il ne faut pas dépasser les dosages, ni l’administrer pendant longtemps car cela mènerait à la mort du patient”. »

Ye Tian-shi dit : « Tinglizi est de nature froide, elle reçoit du Ciel le qi de l’eau du froid de l’hiver et pénètre dans le méridien de la vessie de l’eau froide du taiyang de pied et dans le méridien de l’intestin grêle de l’eau froide du taiyang de main. Sa saveur est piquante et elle n’a pas de toxicité, elle acquiert de la Terre la saveur du métal de l’Ouest et pénètre dans le méridien du poumon du taiyin de main. Sa nature et sa saveur sont plus descendantes (jiang 降) qu’ascendantes (sheng 升), [c’est une herbe] yin. »

« Elle traite les masses abdominales (zheng jia), les masses accumulées (ji ju) et les nouures de qi car, si le qi est noué et accumulé, cela forme des accumulations. Si l’on peut percevoir une forme, il s’agit des masses abdominales zheng (癥). S’il y a une chose fictive qui produit la forme, il s’agit des masses abdo-minales jia (瘕). Tinglizi pénètre dans le poumon, le poumon gouverne le qi. Sa saveur piquante peut disperser les nodus. L’intestin grêle est l’officier de la réception et de la contention (shou cheng 受盛). Les aliments et les boissons pénètrent dans les intestins et les substances froides et chaudes sont toutes transportées par lui. Si la régularisation n’est pas appropriée, alors les substances froides et chaudes s’accumulent. La nature froide de tinglizi peut éliminer la chaleur, la saveur piquante peut disperser le froid, le drainage vers le bas [c’est-à-dire la purgation] peut éliminer les accumulations. [Cette herbe] casse les indurations car c’est une fonction du piquant qui disperse. Elle expulse le pervers car c’est la force de la purgation (…). Le poumon débloque et régularise la voie des eaux, il y a descente et trans-

2499. Les  dix  catégories  de  substances médicinales  (shi ji 十剂)  sont  les  substances  qui  diffusent  (xuan 宣),  les  substances  qui débloquent (tong 通), les substances qui tonifient (bu 补), les substances qui drainent (xie 泄), les substances légères (qing 轻), les substances lourdes (zhong 重), celles qui font l’astringence (se 涩), celles qui font glisser (hua 滑), celles qui assèchent (zao 燥) et celles qui humidifient (shi 湿).

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751Quatrième Rouleau - Produits de la troisième catégorie

port à la vessie. Tinglizi pénètre dans le poumon et pénètre dans la vessie, le piquant et le froid drainent vers le bas, ainsi elle débloque et fait s’écouler [la voie des eaux]. »

« Prescriptions de formules : Tinglizi sautée, réduite en poudre et [mélangée] à du miel pour former des pilules, cuite avec dazao, traite l’abcès pulmonaire (fei yong 肺痈) avec respiration asthmatiforme rapide et les rétentions de liquides pathogènes dans la poitrine (zhi yin 支饮) avec impossibilité de res-pirer [normalement]2500. [Tinglizi] combinée à de la chair de dazao avec laquelle on forme des pilules, traitent l’œdème de tout le corps. [Tinglizi] seule macérée dans l’alcool, traite les masses accumulées (ji ju 积聚) avec distensions abdominales. »

Xu Da-chun dit : « Tinglizi est glissante, humectante et parfumée, elle draine spécialement le qi du poumon. Le poumon est  la  source de  l’eau, c’est pourquoi  [cette herbe] peut drainer  le poumon et peut aussi drainer l’eau. Pour toutes les masses accumulées (ji ju) froides et chaudes qui viennent du qi de l’eau, cette herbe traite cela. [L’action] drainante de dahuang commence à partir du foyer moyen. [L’action] drainante de tinglizi commence à partir du foyer supérieur. C’est pourquoi, dans le Shanghan Lun, pour Cheng Qi Tang2501, on utilise dahuang et, pour Xian Xiong Tang2502, on utilise tinglizi. »

2500. Ce passage fait référence à l’article 11 du chapitre 7 et à l’article 27 du chapitre 12 du Jingui Yaolüe. Ces deux herbes composent la formule Ting Li Da Zao Xie Fei Tang (葶苈大枣泻肺汤).2501. Cheng Qi Tang (承气汤) désigne les trois formules Da Cheng Qi Tang (大承气汤), Xiao Cheng Qi Tang (小承气汤) et Tiao Wei Cheng Qi Tang (调胃承气汤), issues du Shanghan Lun.2502. Il s’agit, en réalité, de la formule Da Xian Xiong Wan (大陷胸丸) de l’article 131 du Shanghan Lun, qui contient tinglizi.

Page 18: Cháihú 柴胡 / Zǐhú 茈胡 / Cíhú · 2018. 7. 18. · du trigramme de la Terre (Kun 坤) et traite les nouures du qi de l’estomac et des intestins, alors le qi cor - rect