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Didier JEANJEAN 1/8
Chapitre 8
Viticulture durable
Des vins honnêtes, justes et authentiques où le terroir s’exprime pleinement. Qu'est-‐ce que la viticulture durable ? Il s'agit d'une approche globale à l'échelle des systèmes de production de raisins, associant à la fois perennité économique des structures et des territoires, l'obtention de produits de qualité, la prise en compte des exigences d'une viticulture de précision, des risques liés à l'environnement, à la sécurité des produits et à la santé des consommateurs et la valorisation des aspects patrimoniaux, historiques, culturels, écologiques et paysagers. 1. La viticulture biologique 1.1 Qu’est-‐ce que la viticulture biologique ? 1.2 Comment entretenir les sols ? 1.3 Comment entretenir la fertilité ? 1.4 Comment lutter contre les maladies ? 1.5 Comment lutter contre les ravageurs ? 1.6 Cahier des charges pour la vinification ? 1.7 Le marché du bio 2. La viticulture en bio-‐dynamie 2.1 Qu’est-‐ce que la viticulture en biodynamie ? 2.2 La biodynamie appliquée à la vigne et au vin 2.3 A quoi ressemble une vigne cultivée en biodynamie ? 3. La viticulture raisonnée 3.1 Qu’est-‐ce que la viticulture raisonnée ? 3.2 Qu’est-‐ce que la lutte raisonnée ? 3.3 Qu’est-‐ce que la lutte intégrée ? 3.4 Qu’est-‐ce que la lutte biologique ?
insecticide préféré des vins bio
Sites de référence : www.agencebio.org www.vigneronsbio-‐aquitaine.org
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1. La viticulture biologique 1.1. qu’est-‐ce que la viticulture biologique ? Les viticulteurs en agriculture biologique s’astreignent à ne pas utiliser de produits chimiques de synthèse et d’OGM (Organismes Génétiquement Modifiés). Le recours aux produits phytopharmaceutiques -‐ les pesticides -‐ même naturels ne doit être qu'exceptionnel. Pour la culture de la vigne, ils emploient des matières premières d’origine naturelle et cherchent à promouvoir la lutte naturelle entre les espèces et à respecter l’environnement : - la vie des sols, - la pérennité des espèces animales et végétales (la biodiversité), - la qualité de l’eau et de l’air.
La culture biologique de la vigne est régie par le règlement européen. Le respect de ce cahier des charges est assuré par des contrôles effectués par des organismes certificateurs agréés par l’état (Ecocert, Qualité France, Ulase...). Le taux de contrôle bio est le plus élevé de tous les modes de production agricole, et se cumule aux contrôles « classiques » (INAO, services vétérinaires …). Depuis 1991, des vins sont élaborés à partir de raisins biologiques et portent la mention « vin issu de raisins de l’agriculture biologique ». Depuis le 1er août 2012, l’ensemble du processus d'élaboration, du raisin jusqu'au vin, est encadré par la règlementation européenne, le vin peut alors porter la mention « vin biologique ». La bouteille doit donc porter 2 indications : - la mention - la référence à l’organisme certificateur
Tout vigneron qui souhaite produire du vin bio doit d’abord convertir son exploitation au mode de production biologique. Ce n’est qu’après cette période de 3 ans que le raisin sera effectivement bio. Cette période est appelée le temps de conversion. Le syndicat des Vignerons Bio d’Aquitaine existe depuis 1995.
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1.2. Comment entretenir les sols ? Les herbicides étant interdits en viticulture biologique, l'entretien du sol peut reposer :
- sur un travail du sol 100% mécanique pour maîtriser le
développement des adventices (plante qui pousse dans un endroit où on ne souhaite pas la voir se développer). Il peut également être thermique (feu) même si cette technique contribue à la production de gaz à effet de serre. - sur un enherbement qui consiste à maintenir et à entretenir un
couvert végétal, naturel ou semé, entre les rangs et autour de la parcelle. Il permet de lutter contre l'érosion, d'améliorer la structure et la portance du sol et de favoriser le développement de l'activité des organismes du sol.
1.3. Comment entretenir la fertilité du sol ? Seuls les engrais d'origine organique et quelques uns d'origine minérale naturelle sont autorisés en agriculture biologique : - composts d'origine animale et/ou végétale - fumiers et déjections animales (sauf issus d'élevage hors-‐sol) - guano (excréments des oiseaux marins et des chauves-‐souris) - sous-‐produits d'origine animale (poudre de corne) - algues et produits d'algues - sous produits de scierie (bois sans traitement chimique après abbatage) - carbonates de calcium et de magnésium d'origine naturelles - sulfates de potassium, calcium et magnésium d'origines naturelles - vinasse et extraits de vinasse
1.4. Comment lutter contre les maladies ? Les moyens de lutte curative étant très réduits en viticulture biologique, le maintien de la vigne dans un état satisfaisant et durable n'est possible que par l'utilisation systématique de toutes les méthodes préventives. Il est également important d'appréhender le vignoble dans sa globalité et d'envisager le développement d'une maladie comme l'expression d'un déséquilibre et/ou le maintien de conditions défavorables (climat). - le mildiou : la seule substance active autorisée est le cuivre. Les
apports de cuivre sont limités à 6 kg/ha/an. Les quantités de cuivre peuvent être raisonnées sur 5 ans (maximum 30kg/ha).
- l'oïdium : le soufre permet de le maîtriser de façon satisfaisante. Compte tenu de sa toxicité sur la faune auxilliaire, il convient d'en limiter les apports.
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- le botrytis : il n'existe pas de lutte directe autorisée en viticulture biologique. Des poudrages de lithothamme (poudre de roche calcaire), lorsque les conditions climatiques sont favorables au développement du champignon, ont un effet asséchant et cicatrisant et créent des conditions peu propices au Botrytis.
- le black rot : il est contenu par les traitements cupriques (qui contient du
cuivre) contre le mildiou.
En conclusion, les principaux fongicides autorisés sont le cuivre et le soufre.
1.5. Comment lutter contre les ravageurs ? La mise en place de mesures favorables au développement des auxilliaires prédateurs (pucerons, insectes qui mangent les autres) permet de maîtriser l'ensemble des ravageurs.
Il existe cependant quelques insecticides autorisés notamment dans le cas de la lutte obligatoire contre la cicadelle (insecte) de la flavescence dorée (maladie) ou les vers de grappe.
1.6. Cahier des charges pour la vinification Les ingrédients utilisés doivent être d’origine biologique : - raisin : 100% - sucre : certifié biologique
Les additifs autorisés sonts listés dans le cahier des charges fixé par l’union européenne. Certaines pratiques sont interdites : - flash détente (temp max de 70°C)
Teneurs en SO2 : - 100 mg/l pour les VR - 150 mg/l pour les VB et Vr
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Le marché du bio
, Des surfaces bio multipliées par 3 en quatre ans
2007 2012 2012
france france monde
22 000 ha 60 000 ha 270 000 ha
La filière viticole bio est l’une des filières végétales bio les plus dynamiques en France : - fin 2011 les surfaces en conversion et certifiées bio représentaient 7,4% du vignoble
national
- les raisins de cuve prédominent avec 99% des surfaces viticoles bio. Les 3 premiers pays producteurs de raisin bio sont l’Espagne, l’Italie et la France (les ¾ de la production bio mondiale).
, Plus des 2/3 des surfaces bio sont regroupées dans 3 régions
régions surfaces
Languedoc-‐Roussillon 20 000 ha
PACA 15 000 ha
Aquitaine 10 000 ha
, La part du vignoble bio est supérieure à 10% dans 3 régions
régions surfaces
PACA 15%
Alsace 13%
Franche-‐Comté 12%
, Un marché en pleine croissance : les ventes ont progressé de 70% en 4 ans.
, L’agriculture bio crée de l’emploi : par rapport à l’agriculture conventionnelle, elle emploie 20 à 30% de main d’œuvre supplémentaire.
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2. La viticulture en biodynamie 2.1. qu’est-‐ce que la viticulture en biodynamie ? Cultiver en biodynamie, c'est reprendre les exigences de la culture bio et se baser sur un respect du calendrier lunaire. Plus qu'un courant, la biodynamie est une prise de conscience que le travail de la terre avec le seul objectif de rentabilité n'est qu'une vision à court terme. Les produits chimiques de synthèse détruisent l'équilibre du sol et la chaîne alimentaire, les sols se tassent et les racines des plantes sont à fleur de sol au lieu de chercher les minéraux en profondeur. 2.2. La biodynamie appliquée à la vigne et au vin Elle préconise l'utilisation de préparations homéopathiques naturelles à base de matières végétales, animales et minérales pour revitaliser la plante et son environnement. Les principes ont été énoncés en 1924 par Rudolf Steiner : valorisation du sol, utilisation de préparations spécifiques, labour et griffage du sol. Une variété plus importante de bactéries dans le sol, des racines plus profondes et un développement plus important des feuilles et des fleurs sublime le goût des raisins. La vigne devient un organisme médian qui crée et nourrit son terroir à la fois. Si le traitement à base de sulfites persiste car il permet d'augmenter la durée de conservation du vin, la vinification bio préconise de diviser par deux les doses maximales communément admises. Enfin, les rythmes imposés par les astres (jour/nuit, cycle lunaire) déterminent la gestion de la plante et de son milieu. Après 10 ans d'observation, Maria Thun a mis au point un calendrier qui indique les périodes de traitement et de binage les plus opportunes. Une fois l'équilibre atteint, la plante n'appellera plus le parasite. La vie et les levures se développent sur la peau du raisin et lui assurent son indentité et son goût. 2.3. à quoi ressemble une vigne cultivée en biodynamie ? La vigne cultivée en biodynamie a un sol garni de verdure. De nombreux animaux sont présents dans son écosystème. Les matiéres organiques produites sont recyclées par le biotope. Les sols y sont tendres et les feuilles des arbres tournées vers la lumière.
La marque Demeter est une marque de certification de produits issus de l'agriculture biodynamique, selon les enseignements de Rudolf Steiner. http://www.demeter.fr
http://www.biodyvin.com/fr/le-‐syndicat/la-‐biodynamie-‐dans-‐le-‐vin.html http://fr.wikipedia.org/wiki/Vin_biodynamique
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3. La viticulture raisonnée
3.1. Qu’est-‐ce que la viticulture raisonnée ? Les modes de production raisonnée en agriculture consistent en la mise en oeuvre de moyens techniques dans une approche globale de l'exploitation. Au-‐delà des impératifs de la sécurité alimentaire des produits agricoles, qui s'imposent à toutes les productions, les modes de production raisonnée peuvent faciliter la maîtrise des risques sanitaires et contribuer à l'amélioration du bien-‐être animal. Ils permettent également de contribuer à l'amélioration des conditions de travail. Les impératifs fixés sont donc moindres que dans le cas de la viticulture bio. Les exploitations qualifiées bénificient du label Terra Vitis. C’est une charte créée en 1998 par quelques vignerons du Beaujolais. 3.2. Qu’est-‐ce que la lutte raisonnée ?
Ø estimer les risques réels à l’échelle de la parcelle : o mettre en oeuvre de méthodes de surveillance appropriées, o définir des seuils de tolérance ou d’intervention
Ces observations sont regroupées dans des documents qui aident à la décision, on parle de « modèles de décision ».
Ø faire appel à des pesticides choisis selon des critères de moindre incidence écologique : o la matière active, o la quantité, o la période d’application, o le respect des ennemis naturels
3.3. Qu’est-‐ce que la lutte intégrée ? C’est l'emploi des produits phytopharmaceutiques limité au strict nécessaire pour maintenir la présence des organismes nuisibles en dessous du seuil à partir duquel apparaissent des dommages ou une perte économiquement inacceptable. 3.4. Qu’est-‐ce que la lutte biologique ? C’est l'utilisation d'organismes vivants pour prévenir ou réduire les dégâts causés par des ravageurs.
abris à insectes
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Exemple : la confusion sexuelle Cette méthode de lutte raisonnée dans la vigne est disponible et efficace depuis plusieurs années contre notamment les tordeuses de la grappe : Cochylis (Eupoecilia ambiguella), Eudemis (lobesia botrana), et Eulia (Argyrotaenia ljungiana). Elle permet de limiter les dégâts de ces chenilles sur les vignes en réduisant la reproduction des papillons concernés. On dispose, dans le vignoble, un certain nombre de diffuseurs qui libèrent, à forte dose, des phéromones sexuelles femelles. Ces substances désorientent les papillons mâles et les empêchent de trouver leurs femelles. Ainsi il n’y pas accouplement, les oeufs ne sont pas fécondés, et n’éclosent pas.
GLOSSAIRE
Nom Définition
Adventice Plante qui pousse dans un endroit où on ne souhaite pas la voir se développer. Black Rot Maladie causée par un champignon (cryptogamique ou fongique). Cicadelle Insecte vecteur de la flavescence dorée, il est originaire des Grands Lacs aux USA.
Cette maladie est l’une des plus importantes sur la vigne et se trouve sur la liste des maladies de quarantaine.
Ecosystème Ensemble des êtres vivants et d’un milieu. Fongicide Voir produit phytosanitaire. Mildiou Francisation phonétique de l'anglais mildew signifiant « substance collante
sécrétée par les pucerons » c’est-‐à-‐dire du miellat. Par extension c’est le nom générique d'une série de maladies cryptogamiques affectant de nombreuses espèces de plantes, mais prenant des proportions épidémiques dans certaines cultures de grande importance économique, telles la vigne, la tomate et la pomme de terre.
Oïdium Maladie causée par un champignon. Elle est aussi appelée maladie du blanc. Pesticide Voir produit phytopharmaceutique. Produit phytopharmaceutique
Produit contenant des substances actives (micro-‐organismes) exerçant une action sur les organismes nuisibles ou les végétaux.
Produit phytosanitaire
Produit contenant des substances actives (micro-‐organismes) conçu uniquement pour éliminer ou lutter contre les organismes parasites des végétaux.