Carnetderoute2005

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INVENTAIRE DANS LES CANTONS DEVALBONNAISCORPSLAMURE N°1 072005 CARNET DE ROUTE ILS SONT CHEZ VOUS ! APRÈS L’OISANS EN 1999-2000, ET LE CANTON DE ROUSSILLON EN 2001-2002, CE SONT LES PAYS DE CORPS, DE LA MATHEYSINE ET DU VALBONNAIS (CANTONS DE CORPS, LA MURE ET VALBONNAIS) QUI FONT L’OBJET DE L’OPÉRATION “PATRIMOINE EN ISÈRE”. UN VASTE INVENTAIRE COMMENCÉ À L’AUTOMNE 2004, ET DONT LES RÉSULTATS SERONT PRÉSENTÉS AU PUBLIC EN SEPTEMBRE 2006. 22/07/05 14:55:43 22/07/05 14:55:43

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Carnet de route - Service Patrimoine Culturel - Direction de la culture et du patrimoine de l'Isère - Conseil général de l'Isère

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INVENTAIRE DANS LES CANTONSDEVALBONNAISCORPSLAMURE

N°1

072005

CARNET DEROUTE

ILS SONT CHEZ VOUS ! APRÈS L’OISANS EN 1999-2000, ET LE CANTON DE ROUSSILLON EN 2001-2002, CE SONT LES PAYS DE CORPS, DE LA MATHEYSINE ET DU VALBONNAIS (CANTONS DE CORPS, LA MURE ET VALBONNAIS) QUI FONT L’OBJET DE L’OPÉRATION “PATRIMOINE EN ISÈRE”. UN VASTE INVENTAIRE COMMENCÉ À L’AUTOMNE 2004, ET DONT LES RÉSULTATS SERONT PRÉSENTÉS AU PUBLIC EN SEPTEMBRE 2006.

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CE MATIN-LÀ, DESTINATION MAYRES-SAVEL EN MATHEYSINE, UNE PETITE COM-MUNE SITUÉE DANS LE FOND DE LA VALLÉE DU DRAC, où se trouve la seule église classée Monument historique du territoire inventorié. Monsieur le Maire nous attend sur la place du village, avec deux membres actifs de l’association paroissiale. Ce sont ces derniers qui à tour de rôle gardent la clé de l’église Saint-Jean Baptiste ! A l’ombre du clocher, les premiers échanges s’engagent avec les représentants de la Conservation du Patrimoine. Pas facile de vivre le classement Monument historique qui impose l’avis de l’Architecte des Bâti-ments de France sur tout aménagement des abords du monument (500 mètres alentour). Autant dire à l’échelle de ce petit village de moyenne montagne, le bourg quasiment dans son entier…Pas facile non plus, de justifi er des charges et des dépenses de conservation et d’entretien qui incombent à la mairie depuis la loi de 1905. Diffi cile en tout cas d’en faire une priorité pour les 100 habitants du village. On fait néan-moins pour le mieux au profi t d’une église qui accueille cinq offi ces par an.

L’échange avec les paroissiens de Mayres-Savel permet aux deux co-équipiers de la Conservation de faire le point sur les travaux d’entretien du bâtiment, les mouvements d’objets (localisation chez les particuliers quand c’est le cas, ou dans une autre église), les restaurations intervenues. Il permet aussi de rap-peler les aides possibles du Conseil général de l’Isère, le rôle et les missions donnés par la Loi aux communes, les premiers conseils pour la conservation et l’entretien des objets conservés dans l’église, sans oublier leur protection contre le vol. Après ces échanges d’ordre général, place au TRAVAIL CONCRET DE L’INVENTAIRE. Forts des premières indications relevées dans les archives locales (notamment celles laissées par l’Abbé Meyer dans les années 60 et transmises par le dio-cèse), Sophie et Stéphane s’attèlent à une première tâche de reconnaissance des lieux : comparaison avec les données déjà connues, constat de l’état sani-taire du patrimoine. Le travail est méthodique : prise de notes, photographies, mesures précises, essai de datation et d’identifi cation des objets religieux

LEPATRIMOINERELIGIEUXAUCŒURDE L’INVENTAIRE

ON S’ATTEND DAVANTAGE À VOIR TRAVAILLER LES ÉQUIPES DE L’INVENTAIRE SUR LE PATRIMOINE RURAL, INDUSTRIEL OU ARTISANAL QUE SUR LE PATRIMOINE RELIGIEUX. ET POURTANT ON RECENSE PRÈS D’UNE CENTAINE D’ÉGLISES ET DE CHAPELLES SUR LES TROIS CANTONS DE CORPS, LA MURE ET VALBONNAIS. L’ÉQUIPE CHARGÉE DE LEUR ÉTUDE A DÉJÀ RÉALISÉ DE NOMBREUSES INVESTIGATIONS. A RAISON D’UNE SORTIE PAR SEMAINE, LES 42 COMMUNES DU TERRITOIRE DEVRAIENT ÊTRE COUVERTES D’ICI NOVEMBRE 2005. NOUS AVONS SUIVI SOPHIE ET SON ACOLYTE STÉPHANE SUR LE TERRAIN, UNE BELLE JOURNÉE DE MAI.

(notamment à l’aide des motifs ornementaux et des poinçons). Rien n’échappe à l’œil vigilant de l’équipe : les statues, les boiseries, les christ en croix, le bénitier, les pièces d’orfèvrerie, sans oublier les vitraux et l’harmonium. Tout est soigneusement consigné, afi n de permettre, une fois de retour à Grenoble, l’indexation dans une base de données, l’étude et l’analyse de ces données, enfi n la sélection éventuelle des objets qui pourront ensuite être proposés à la protection au titre des Monuments historiques. Mayres-Savel, comme toutes les communes visitées, recevra la liste du patrimoine inventorié. Une base solide pour envisager, avec les conseils de la Conservation du Patrimoine des opéra-tions de restauration (orientation vers des professionnels), de mise en sécurité (fi xation, alarmes) et de valorisation du patrimoine in situ.Car, il ne s’agit en aucun cas de déplacer ni de transplanter le patrimoine, mais de tout faire pour qu’il soit mis en valeur dans son environnement, sur son territoire, et qu’il reste ainsi inscrit dans l’histoire locale. Sophie et Stéphane ne quitteront pas les lieux sans avoir noté la présence du monument aux morts dans l’enceinte du cimetière, ni programmé une nouvelle visite avec le maire pour l’inventaire du mobilier public conservé dans la mairie. Buste de Ma-rianne, drapeau de conscrit ou de fanfare, tableau des morts à la guerre : on change de registre mais la mission est bien la même.

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CE QU’IL FAUT SAVOIR LA PROPRIÉTÉ ET LE STATUT JURIDIQUE DES OBJETS D’ÉGLISEDepuis la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905, les cathédrales sont la propriété de l’Etat et les églises paroissiales sont la propriété des communes. L’ensemble du patrimoine conservé dans les églises paroissiales avant 1905 est donc devenu propriété des communes. Seuls les objets acquis après cette date appartiennent à l’association paroissiale. S’ils sont classés, les objets ne peuvent être enlevés de l ‘église sans l’accord de l’administration des Mo-numents historiques. En aucune manière, ils ne peuvent être restaurés, modifi és ou a fortiori détruits ou vendus de la seule initiative du propriétaire et du desservant.

LE CONSERVATEUR DES ANTIQUITÉS ET OBJETS D’ART (CAOA)C’est à lui que revient la proposition d’inscription ou de classement au titre des Monuments historiques. Si la mission du CAOA relève de l’autorité de l’Etat (du Ministère de la culture), elle est confi ée dans la grande majorité des cas à des fonctionnaires territoriaux. Chaque département de France est ainsi normalement doté d’un CAOA (ce qui est le cas de l’Isère où il relève de la Conservation du patrimoine). La sélection se fait en fonction de l’intérêt historique, artistique, ethnologique, technique ou scientifi que. Les objets sélectionnés sont présentés devant une commission départementale d’experts. Si le classement est proposé, l’inspecteur des Monuments Historiques présente le dossier à Paris (devant une commission nationale). Et c’est le ministre de la culture qui signe l’arrêté de classement. L’accord du propriétaire est nécessaire. Pour l’inscription, un arrêté préfectoral suffi t.

UNE BELLE DÉCOUVERTE On ne vous dira pas où vous pouvez les voir, devoir de réserve oblige. Mais DEUX BEAUX BUSTES, sans doute du XVIIe siè-cle ont été découverts dans le cadre de l’inventaire du patrimoine religieux. Une véritable surprise car ils n’avaient été auparavant ni repérés ni signalés. Oubliés quelque peu au fond d’une armoire dans la sacristie d’une église, ils sont en mauvais état, mais d’un intérêt certain. En terre cuite, portant des traces de polychromie et de dorures, ils représentent deux saints (peut-être saint Paul et saint Pierre ?) dont l’expression et le mouvement de tête évoquent le style baro-que. Leur étude devrait permettre de les renseigner et probablement de déboucher sur une proposition de protection au titre des Monuments historiques.

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SUR LA TRACE DES PREMIERS ALPINSRégis et Alexandre arpentent ainsi les grands espaces, à la recherche d’indices de campements préhisto-riques et de traces d’activités datant des premières occupations humai-nes sur le territoire. Ils attendent beaucoup de vos connaissances et des objets qui sont peut être en votre possession (silex, outils en pierre, hache polie, etc).

LE PATRIMOINE PUBLICMairies, écoles, monuments aux morts, hôtels et commerces, canaux, ponts et viaducs : le champ est vaste, ce qui explique que plusieurs mem-bres de la Conservation soient im-pliqués dans la recherche (Thibault, Sylvie, Anne, Stéphane, Sophie). Après neuf mois de présence sur le terrain, on peut déjà remarquer le nombre important d’écoles de ha-meau, parfois quatre sur la même commune comme à Lavaldens ou à Saint- Laurent- en- Beaumont. Mais surtout, il faut noter l’extraor-dinaire réseau de canaux irriguant les différents terroirs, en insistant sur le canal de Beaumont qui marque de son sillage le paysage. Enfi n, l’ancienne ligne de chemin de fer La Mure-Corps-Valbonnais qui égraine de nombreuses gares et maisons de garde-barrières.

LE PATRIMOINE RURALMaisons de village et de bourg, fermes mais aussi fours, bassins, travail à ferrer, cabanes de vigne : c’est la chasse gardée de Dominique et de Aude assistés de Stéphane et d’Agnès. Une quinzaine de commu-nes ont déjà été visitées. L’habitat modeste est bien conservé (des re-levés de petites maisons rurales ont pu être réalisés) ; de belles fermes (maisons blocs en longueur) dont plusieurs génoises ont été remar-quées. De nombreux fours à pain sont encore en fonctionnement. Signalons enfi n, des écuries voûtées comme celles du Trièves, des maisons à superpo-sition (écurie, logis, grange) dans les zones montagneuses et quelques grosses maisons de notables dans les bourgs ou leur périphérie.

CHÂTEAUX, MANOIRS, BELLES DE-MEURES ET MAISONS FORTESAnnick, puisque c’est son secteur, ne part pas de rien. L’opération Archéo-logie chez vous conduite sur les trois cantons en 1986 avait déjà permis de repérer de nombreux sites. De nou-velles visites ont été programmées, guidées par les membres actifs de l’Association des Amis du Musée Matheysin. Il s’agit d’un patrimoine modeste, très abîmé, souvent ruiné, envahi par les broussailles qui se laisse diffi cilement approcher. D’où la programmation à l’automne d’une véritable campagne de débrous-saillage pour permettre la réalisa-tion de relevés plus complets. Mais il faut faire vite ! Certains sites sont en danger comme celui des Bri-cons à Marcieu. La maison forte s’ef-fondre progressivement dans le lac sous l’effet de l’érosion naturelle…

ARTISANAT ET INDUSTRIE Anne recherche activement un ate-lier de cloutiers en bon état ! A bon entendeur, salut ! Les forges, fours à chaux, scieries, battoirs et moulins sont plus faciles à repérer (elle taira pour l’instant une très belle découverte en Valbonnais qui méritera sans doute une mise en valeur toute particulière). Les briqueteries, tuileries, brasseries, ganteries, mégisseries ne sont pas oubliées pour autant.

Quand au bassin minier, il est ap-préhendé en bloc : les vestiges ensurface, les cités, mais aussi toutesles traces et témoignages de l’acti-vité minière.

DU CÔTÉ DES CIMETIÈRES…Ne soyez pas étonnés de voir Annetoujours la même, arpenter le cime-tière de votre commune. Le patri-moine funéraire est riche de belleshistoires et parfois de créations ar-tistiques. Les marbriers ont laissé icleurs empreintes. Cohabitent parfois, comme en Ma-theysine, tombes catholiques eprotestantes. De plaine, de ville oude montagne, les cimetières refl è-tent la diversité des trois cantons.

“AMES ET PAYSAGES”Intéressée par le regard qu’ils pour-ront porter sur le territoire, la Con-servation a donné carte blanche àdeux photographes, Emmanuel Bre-teau et Roberto Neumiller. : un re-gard sur le paysage qui fait partie dupatrimoine, mais aussi sur les hom-mes qui façonnent ce paysage. Lesphotographies illustrant ce carnet deroute font partie des premières pri-ses de vue réalisées par Emmanuel.

EN QUELQUES MOTS

LES ÉQUIPES EN CHARGE DE L’INVENTAIRE INVESTISSENT LE TERRITOIRE À LEUR PROPRE RYTHME, SELON LES SUJETS ABORDÉS. VOUS AVEZ PU LES RENCONTRER AU DÉTOUR D’UN CHEMIN DE TRAVERSE, FACILEMENT REPÉRABLES PAR LEUR CAHIER DE NOTE OU LEUR APPAREIL PHOTOGRAPHIQUE. ILS SERONT SUR LE TERRAIN JUSQU’À LA FIN DU MOIS DE DÉCEMBRE. N’HÉSITEZ PAS À LES INTERPELLER ! ILS NOUS LIVRENT LEURS PREMIÈRES IMPRESSIONS.

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L’ACTIVITÉ DE COLPORTAGE

Monsieur Albert Faure, de Chante-louve, nous a longuement parlé de son ancien métier. Colporteur, fi ls et petit-fi ls de col-porteur, il était spécialisé dans le linge de maison qu’il vendait dans la Drôme. Il rappelle l’importance du colportage sur les communes du Périer et de Chantelouve, cette dernière ayant, d’après lui, compté au moins une cinquantaine de col-porteurs. Un carnet de compte ap-partenant à sa famille est exposé au Musée matheysin. À Chantelouve toujours, Messieurs Cros du Rochas, issus “d’une lignée” de colporteurs (sur quatre généra-tions) ont aussi évoqué leur ancien métier. Spécialisés dans le linge et la toile, ils arpentaient les chemins du Vaucluse et des Alpes de Haute Provence.

UNE BELLE MAISON RURALE ET DES CABANES DE VIGNE

Monsieur Maurice Gouy-Pailler, maire de Mayres-Savel, nous a si-gnalé une ferme à cour fermée, peu transformée depuis le XIXe siècle. Avant qu’elle ne soit restaurée, l’équipe a pu l’étudier, la photogra-phier et faire des relevés précis de ce bâtiment représentatif des mai-sons en longueur du canton, abri-tant sous un même toit, logis, écurie et grange. Toujours avec le concours du maire, nous avons pu localiser les six caba-nes de vigne de sa commune. La fa-çade de l’une d’elles est couronnée par une série de dalles en tuf for-mant corniche. Cette cabane, sans âge mais soigneusement bâtie, est sans doute l’une des plus anciennes repérées sur la commune.

UN AQUEDUC EN PIERRE DIT DES DAUPHINS

Monsieur Jean-François Trossero, maire des Côtes-de-Corps, nous a indiqué la présence d’un aqueduc situé près du viaduc des dauphins. Cet aqueduc en pierre fut aménagé pour permettre le passage de la ligne de chemin de fer Corps-La Mure-Valbonnais. Il permettait à cette dernière, dis-parue aujourd’hui entre Corps et La Mure mais dont le tracé est encore visible, d’enjamber le ruisseau du Villard, lequel passe dans un con-duit voûté enterré. L’ensemble par-ticipe des nombreux ouvrages de cette voie, encore en place à l’heure actuelle mais inutilisés. Par ailleurs il constitue un élément important du patrimoine de la com-mune, fortement marquée par les aménagements ferroviaires.

UNE CROIX DITE DES ÉMIGRÉS

Madame Yvonne Maugiron a attiré notre attention sur une croix du ci-metière de Quet-en-Beaumont. L’histoire de cette croix est indisso-ciable de celle de la culture de la vi-gne qui occupait une place prépon-dérante dans l’agriculture du canton au XIXe siècle. L’attaque du phylloxera dans les années 1880 fut désastreuse pour la production et l’économie du pays, d’où le déclenchement d’un fort exode vers l’Amérique : vingt-deux jeunes quittèrent le pays pour New-York. A leur retour, pour commémo-rer leur exil, ils érigent la croix dite croix des émigrés puisque elle porte l’inscription “don des émigrés/New-York” et leur nom.

Dans chaque Carnet de route, nous ferons mention de vos signale-ments et repérages. Ces précieuses indications permettent d’enrichir l’enquête réalisée par la Conserva-tion. N’hésitez donc pas à nous faire part de vos découvertes !

“LA PIERRE DES CARCARI est un rocher qui fait le creux dessous et qui se trouve au Clot de Mouche, dans la montagne de Comboursière. Les carcari vivaient là-dessous. Quand on voyait une pierre où la pluie avait formé un petit creux, nos parents nous disaient : – Tiens, voilà l’as-siette des carcari !Entre Combalberte et la Ferme de La Chaud, il y a un rocher plat sur lequel on peut voir sept ou huit assiettes de carcari. Les jeunes bergers avaient l’habitude d’aller y boire l’eau de pluie qui s’y trouvait.” St-Honoré, mai 1961

“LEUR NOURRITURE : LA ‘MANNE’. – Les carcari habitaient lou caborna des carcari (Caverne des carcari) située dans le ravin entre lou se doou prei (pâturage) et la colline de la Petite Auberge, au-dessus du hameau du Fontagnieu. C’était du

‘petit monde’ qui n’avait qu’un œil dans le front. On disait aux jeunes enfants qui s’éloignaient un peu trop de la maison : – Les carcari vont vous prendre ! Ils vivaient de la manne1 de certains ar-bres, ils ramassaient ça pour vivre. Ils étaient nus et poilus.” Lavaldens, juillet 1954

“LE CARCARI CAPTURÉ. – Mon père, qui avait fait le berger jusqu’à cinquante-deux ans, me racon-tait que les carcari vivaient dans la Combe des Praillaoudi. On en avait capturé un dans la dernière maison du village, en venant d’Oris, et les autres venaient le chercher et l’appeler la nuit : – Eh, Lanteroune, Lanteroune ! Dans cette “combe” (ravin), on voit encore les cabornes (cavernes) où ils habitaient. Mon père est mort en 1916, il avait quatre-vingt-

cinq ans, et lui l’avait peut-être entendu dire, il l’avait peut-être pas vu.” Oris-en-Rattier, avril 1958

Ces récits sont extraits de l’abondant corpus collecté dans les Alpes françaises par Charles Joisten (1936-1981), ancien conservateur au Musée dauphinois, et rassemblés dans Êtres fan-tastiques du Dauphiné, à paraître, à l’automne 2005. Une intéressante analyse a par ailleurs été publiée par Eric Marchand dans le numéro 2, page 48, de la Revue de Mémoire d’Obiou.

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HISTOIRE CONTÉECLIN D’ŒIL AUX PATRIMOINES DITS “IMMATÉRIELS”. CARNET DE ROUTE VOUS RAPPORTE DANS CHACUN DE SES NUMÉROS UNE SÉLECTION DE RÉCITS ILLUSTRÉS SUR LE TERRITOIRE DES TROIS CANTONS. POUR CETTE PREMIÈRE PARUTION, UNE RENCONTRE AVEC LES CARCARI. SOUS CETTE APPELLATION INCONNUE AILLEURS, ON DÉSIGNE LES ÊTRES SAUVAGES DES CANTONS DE LA MURE ET DE VALBONNAIS.

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INVENTAIREUN INVENTAIRE POURQUOI FAIRE ?CONNAÎTRE ET FAIRE CONNAÎTRE LE PATRIMOINE DU DÉPARTEMENT ET DE SES 533 COMMUNES : TELLE EST L’UNE DES MISSIONS DE LA CONSERVATION DU PATRIMOINE, SERVICE DU CONSEIL GÉNÉRAL DE L’ISÈRE. CONDUITE DEPUIS PLUS D’UNE DIZAINE D’ANNÉES, CETTE OPÉRATION SE DÉROULE CHAQUE FOIS SUR UN TERRITOIRE DONNÉ ET DURE UN OU DEUX ANS. ELLE CONSISTE À REPÉRER, IDENTI-FIER, DÉCRIRE, ENREGISTRER TOUTES LES TRACES ET TÉMOIGNAGES LAISSÉS PAR LES HOMMES DEPUIS LA PRÉHISTOIRE JUSQU’À AUJOURD’HUI. TOUTES LES FORMES DU PATRIMOINE SONT CONCERNÉES : LES SITES ARCHÉOLOGIQUES, LES ÉGLISES ET LES CHÂTEAUX, LES MANOIRS ET LES FERMES, LES USINES ET LES ATELIERS D’ARTISANS, LES PONTS, LES MAIRIES, LES ÉCOLES SANS OUBLIER LES OBJETS CIVILS ET RELIGIEUX OU ENCORE LE PATRIMOINE DIT IMMATÉRIEL, LES LANGUES RÉGIONALES, LES RÉCITS ET LÉGENDES OU ENCORE LA GASTRONOMIE.

RÉALISÉ PAR QUELLES ÉQUIPES ?LES REPÉRAGES SONT RÉALISÉS PAR L’ÉQUIPE DE LA CONSERVATION COMPOSÉE DE CONSERVATEURS DU PATRIMOINE, D’ARCHITECTES, D’ASSISTANTS DE CONSERVATION MAIS AUSSI DE PHOTOGRAPHES, D’UNE DOCUMENTALISTE, D’UNE CARTOGRAPHE, ET D’UN DESSINA-TEUR. AUTOUR D’EUX SE REGROUPENT DE NOMBREUX COLLABORATEURS EXTÉRIEURS : EN PREMIER LIEU LES ASSOCIATIONS LOCALES ET LES HABITANTS DES COMMUNES CONCERNÉES DONT L’AIDE EST FONDAMENTALE, MAIS ÉGALEMENT TOUS LES SPÉCIALISTES DES TERRITOIRES INVENTORIÉS, HISTORIENS, GÉOGRAPHES, ARCHIVISTES…

AVEC QUEL RETOUR ?A L’ISSUE DU TRAVAIL DE TERRAIN ET UNE FOIS LES INFORMATIONS RASSEMBLÉES, LES CONNAISSANCES SONT PRÉSENTÉES AU PUBLIC : D’ABORD SOUS LA FORME D’UN OUVRAGE, TRÈS ILLUSTRÉ ET POURVU DE NOMBREUSES CARTES DE SITUATION DU PATRIMOINE ÉTUDIÉ ; ENSUITE SOUS LA FORME D’UNE EXPOSITION PRÉSENTÉE DANS CHACUN DES TROIS CHEFS-LIEUX DE CANTON AVANT D’ÊTRE OFFERTE AU PUBLIC GRENOBLOIS. CONFÉRENCES, VISITES COMMENTÉES, ANIMATIONS À DESTINATION DES ENFANTS DANS LE CADRE SCOLAIRE SONT AUTANT DE RENCONTRES AVEC LE PUBLIC.

CETTE OPÉRATION VOUS INTÉRESSE.SI VOUS SOUHAITEZ Y PARTICIPER, SI PLUS SIMPLEMENT VOUS CONNAISSEZ OU POSSÉDEZ DES ÉLÉMENTS POUVANT ÊTRE UTILES À CETTE ENQUÊTE (DOCUMENTS ANCIENS, CARTES POSTALES, SITES OU BÂTIMENTS INTÉRESSANTS, CONNAISSANCES…), N’HÉSITEZ PAS À NOUS JOINDRE !

UN CYCLE DE CONFÉRENCES TOUS LES MARDIS DE SEPTEMBRE AUTOUR DES PREMIERS RÉSULTATS DE L’INVEN-TAIRE DU PATRIMOINE

Mardi 6 septembre à 20 h 30 :“Une nécropole médiévale découverte à Monteynard”, par Alain de Montjoye, Musée la Mine-image, La Motte d’Aveillans.

Mardi 13 septembre à 20 h 30 :“Les carrières de meules”, par Alain Belmont, salle de l’esquisse, La Mure.

Mardi 20 septembre à 20 h 30 :“Au détour des chemins, petit patrimoine religieux du canton de Corps”, par Sophie Dupisson, salle de la mairie, Corps.

Mardi 27 septembre à 20 h 30 :“Le patrimoine rural, premières constatations”, par Dominique Chancel et Aude Jonquières, La Valette. Renseignements : Béatrice Ailloud, 04 76 85 19 35

JOURNÉES DU PATRIMOINE 2005

Réservez votre troisième week-end de septembre, les 17 et 18 septembre. Et demandez le programme dans votre mairie ou votre offi ce de tourisme. Sur internet : www.patrimoine-en-isere.fr (à partir du 1er septembre).

AU MUSÉE MATHEYSIN

Jusqu’au 18 septembre 2005Exposition “Mémoires croisées”Seconde Guerre mondiale - Alpes - Piémont - Haute-Silésie

Jusqu’au 31 octobre 2005Exposition “Le vin de ma vigne”. Histoire et pratiques d’une culture héroïque en Matheysine, Beaumont, Valbonnais, Trièves.

Tous les jours sauf le mardi de 13 h à 18 h 30.

A GRENOBLEConservation du PatrimoineMusée dauphinois30 rue Maurice Gignoux38 031 Grenoble cédex 1www.patrimoine-en-isere.frE mail : [email protected]

L’équipe de la ConservationChantal Mazard : coordination de l’opérationDominique Chancel, Aude Jonquières, Stéphane Poisson : patrimoine ruralSylvie Vincent, Sophie Dupisson, Stéphane Poisson : patrimoine mobilier (public et privé)Annick Clavier : châteaux et maisons fortesThibault Gléréan : patrimoine publicAnne Cayol Gérin : artisanat, industrie, funéraireAlexandre Morin et Régis Picavet : préhistoireAlain Belmont : carrières de meulesBéatrice Ailloud : animatrice du patrimoineIsabelle Lazier : colportageGhislaine Girard (documentaliste), Nora Esperguin (cartographe), Pierre-Yves Caron (dessinateur), Denis Vinçon (photographe), Marianne Taillibert (communication)

SUR LE TERRITOIREMusée MatheysinMaison Caral38350 La Mure

Les Amis du Musée MatheysinPatrimoine des pays de La MureMaison Caral 38350 La Mure

CARNET DE ROUTE - NUMÉRO 1JUILLET 2005Directeur de la publication : Jean GuibalCoordination : Marianne TaillibertConception graphique : wakeupdesign Eric Leprince, Nicola EngertCrédit photographique : Denis Vinçon, Emmanuel Breteau, Pascal SarrazinImpression : Les Deux Ponts, Bresson

Tirage : ? Tri-mestrielDépôt légal : 3e trimestre 2005.ISSN : en cours.

- EN BREF NOUS CONTACTER

POUR QUE LES PETITS JOUENT AUX GRANDS !“Qu’est-ce que le patrimoine ? Où se trouve t-il ? L’avez vous vu ? Est-il passé par ici ? A t-il laissé des tra-ces ? Et bien jouons le jeu des grands. Décrivons-le ! Dessinons-le ! Mon-trons leur quel est notre patrimoi-ne !” C’est bien au jeu de l’inventaire que sont conviés tous les enfants des classes primaires des trois cantons. Selon les projets développés par les enseignants, l’équipe de la Con-servation se propose d’apporter un accompagnement méthodologique et/ou documentaire à la réalisation de mini-inventaires. Rendez-vous à la rentrée !

MÉMOIRE D’ OBIOU A 10 ANS !A l’occasion du dixième anniversaire de la revue, l’association Les Amis du Musée Matheysin vient de faire paraître un remarquable numéro. Les différents auteurs sollicités livrent leurs études autant pour l’archéolo-gie que pour le patrimoine industriel et artisanal, et évoquent les faits de la Résistance et de Libération. A no-ter un éphéméride 2004, une chro-nique des publications 2003/2004 ; des tables décennales par auteurs et matières enfi n un précieux index géographique. Beaumont, Matheysi-ne, Trièves, Valbonnais. Numéro 10. Avril 2005. 15 euros

POUR UN ART D’HABITER LE VALBONNAISL’étude conduite par le Conseil d’Ar-chitecture, d’Urbanisme et d’Envi-ronnement (CAUE) de l’Isère en col-laboration avec l’Ecole d’Architecture de Grenoble en septembre 2000 de-meure une référence pour tous ceux qui veulent porter un regard curieux sur les paysages et les architectures de ce territoire de montagne. Cinq communes des vallées de La Bonne et de la Malsanne sont concernées (Valbonnais, Entraigues, Valjouffray, Le Périer et Chantelouve) par cette enquête qui donne les fondements de l’identité du Valbonnais. Consul-table au CAUE, à Grenoble ainsi que dans les mairies.

POUR L’ANECDOTEEn juillet 2001, notre service a reçu un appel de la gendarmerie de Val-bonnais sur les conseils de la pré-fecture à propos de la découverte fortuite d’une sépulture à Siévoz-le-Haut lors de travaux de mise en place d’une canalisation dans un jardin. Les gendarmes ayant récupéré des osse-ments voulaient déterminer la date d’inhumation pour savoir s’il s’agis-sait d’un meurtre récent. Nous les avons informés sur les possibilités de datation C14. Plusieurs mois plus tard, la gendarmerie nous informa que la datation au carbone 14 avait daté le squelette du IIe siècle après Jésus-Christ (époque gallo-romai-ne). Cette découverte archéologique a été signalée au Service régional de l’archéologie comme l’exige la loi.

- AGENDA

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