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bulletin 6 Wittemberg, Zurich, Genève À qui appartient la Réforme ? 10 Migration Projet pilote de contrôle des renvois forcés : un succès 16 Dialogue Gottfried Locher, président du Conseil : « Il faut supporter les tensions religieuses » 32 Consultation sur la confession de foi Des réactions décevantes, mais néanmoins un jalon dans l ’ histoire des Églises de Suisse Le magazine de la Fédération des Églises protestantes de Suisse Nº 1 / 2012 sek · feps

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bulletin 1/2012 - A qui appartient la Reforme

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6 –Wittemberg, Zurich, Genève

À qui appartient la Réforme ?10 – Migration

Projet pilote de contrôle des renvois forcés : un succès

16 – Dialogue

Gottfried Locher, président du Conseil : « Il faut supporter les tensions religieuses »

32 – Consultation sur la confession de foi Des réactions décevantes, mais néanmoins

un jalon dans l ’ histoire des Églises de Suisse

Le magazine de la Fédération des Églises protestantes de Suisse

Nº 1/2012

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Fédération des Églises protestantes de Suisse FEPS Sulgenauweg 26 CH-3000 Berne 23Téléphone +41 (0)31 370 25 25

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– Lisez, écoutez et regardez votre Fédération des Églises dans le bulletin en ligne ! www.feps.ch

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– Éditorial

Bienvenue dans notre bulletin ! Vous le connaissiez déjà ? Une expérience nouvelle vous attend désormais. Le bulletin de la Fédération des Églises protestantes de Suisse paraît depuis treize ans. Lancé en mars 2000, il avait pour vocation de pré-senter les activités et démarches entreprises collectivement par nos Églises et au-delà des frontières cantonales et nationales. Des chroniques, des articles de fond, des débats : autant de formes pour illustrer les grands courants de la vie protestante. Aujourd ’ hui, le bulletin fait peau neuve. Ses contenus thématiques seront désormais da-vantage orientés vers les questions qui préoccupent nos Églises. Le bulletin suivra de plus près ce qui vous préoccupe réellement. Les éclairages locaux et régionaux seront complétés par des points de vue valables pour l ’ en-semble du pays. Et si nécessaire, nous nous référerons aussi à l ’ expérience internationale. Nous voulons aussi renforcer la présentation des projets actuels de la Fédération des Églises. Car la Fédération des Églises, ce sont ses Églises : ce que nous déclarons publiquement au nom de nos Églises et ce que nous faisons au nom de nos Églises. Il en va de même du bulletin, qui paraîtra deux fois l ’ an, en été et en automne. Comme entrée en matière, nous vous invitons à partager notre ré-flexion à propos du défi que représente le jubilé imminent de la Réforme, à prendre connaissance de nos articles sur le travail effectué dans le domaine du respect des droits de l ’ homme, sur notre engagement en faveur des réfugiés, mais aussi à lire nos expériences dans le domaine du projet pilote de contrôle des renvois, les articles consacrés à l ’ Année Rousseau et aux confessions de foi dans les Églises. Vous prenez ainsi part à une Église qui est présente au plan national et à l ’ échelle internationale : votre Église. Au nom de la Fédération des Églises protestantes de Suisse, de son Conseil et de ses collaborateurs et collaboratrices, je vous souhaite une bonne lecture.

Gottfried Wilhelm LocherPrésident du Conseil

Image de couverture : John Calvin Bobble Head, figure à tête mobile, Calvin College, Grand Rapids, Michigan, USA. Photomontage de l ’ éditeur.

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– bulletin Nº 1/2012

Au sommaire de cette édition – Wittemberg, Zurich, Genève

À qui appartient la Réforme ? 6

– MigrationLes droits de l ’ homme comme fil conducteur 10

– Tensions religieuses en Europe Chrétiens, bien veillants et xénophiles 16

68 %

32 %

– Quelques chiffres Les femmes et les hommes au service de l’Église 18

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– La Réforme aujourd ’ huiLa Réforme a transformé l ’ Europe. Depuis, qu ’ est-ce qui fait d ’ une Église une Église ? 20

– L ’ Année Rousseau 2012Le plaisir du mot juste 24

– Le Dimanche des réfugiés 2012L ’ hospitalité – une libéralité à double tranchant 28

– La confession de foi réforméeComment déclarer sa foi chrétienne ? 30

– La foi dans le monde Les Églises protestantes du Proche-Orient 34

– « Adam, où es-tu ? »Une contribution à la notion de dignité humaine sous l ’ aspect de l ’ œcuménisme. 36

– bulletin Nº 1/2012La Fédération des Églises protestantes de Suisse 41

– Organisation Églises protestantes en Suisse 42Le Conseil de la Fédération des Églises protestantes 43Collaboratrices et collaborateurs de la Fédération des Églises protestantes 44– Réorganisation Une nouvelle structure pour la FEPS 46Les Églises protestantes en Suisse 48– Être Église protestante Objectifs de législature 2011–2014 50

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– Wittemberg, Zurich, Genève

À qui appartient la Réforme ?

Un culte de la per-sonnalité qui fait voir rouge à beaucoup de réformés. Portrait de Martin Luther sur une sacoche.

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À l ’ approche des 500es anniversaires de 2017 et 2019, la question « À qui appartient la Ré-forme ? » se pose avec une actualité qui peut surprendre. Pourtant, le Jubilé de Calvin en

2009 l ’ avait déjà fait apparaître : l ’ exercice consistait en premier lieu à rendre aux Genevois – et aux francophones – de manière dépoussiérée un bout de leur histoire mécon-nue et couverte de fausses informations, de préjugés et de clichés. Mais en même temps, nous avons redécouvert l ’ impact géographique mondial de Calvin ainsi que son influence dans d ’ autres domaines que la stricte théolo-gie. Beaucoup de personnes dans le monde entier se ré-clamaient soudain de Calvin. Il devint alors clair que la Réforme est d ’ abord un mouvement multiforme et poly-centrique, dont le cœur du message est la recherche d ’ un sens à la vie, de l ’ unité de l ’ Église, de l ’ impact social de

l ’ Évangile. En particulier la résonance mondiale de l ’ hé-ritage de Calvin faisait dire à la FEPS en 2009 : « Sans Cal-vin, la Réforme serait restée un événement germanique confiné au nord de l ’ Europe ».

Alors que les préparatifs pour « Luther 2017 » battent leur plein en Allemagne, il n ’ est pas inutile de se reposer sérieusement la question, en particulier dans la perspec-tive des 500 ans du début du travail de Zwingli en 2019. À observer la manière dont les responsables allemands pla-nifient 2017, il est frappant de voir deux tendances se faire concurrence : l ’ une tend à tout centrer sur Luther et sa per-sonnalité. L ’ année 2017 devient le point culminant d ’ une décennie de la Réforme, dont l ’ année Calvin constituait au mieux l ’ apéritif, et dans laquelle le Jubilé Zwingli 2019 n ’ a plus sa place. Comme si le temps s ’ arrêtait en 2017. La dimension mondiale de la Réforme n ’ est évoquée qu ’ en

En Allemagne, la décennie de la Réforme s ’ appelle encore « décennie Luther ». L ’ année Calvin (2009) est ainsi réduite au rang de simple préliminaire et il n ’ y a plus de place pour la commémoration de Zwingli en 2019. Lorsqu ’ on parle de Réforme, on ne sait plus exactement de quoi il s ’ agit.

PAR SERgE FoRnERod

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2016, et la dimension œcuménique, originalement prévue en 2013, a disparu de la planification au profit d ’ une année de la tolérance. L ’ autre insiste sur le message libérateur retrouvé par Luther et son sens à redécouvrir pour l ’ Église d ’ aujourd ’ hui, et cherche à développer une compréhen-sion multilinéaire, internationale et polycentrique de la Réforme. Mais, malgré ces efforts et les promesses des représentants de l ’ Église protestante d ’ Allemagne EKD au sujet d ’ une « Décennie de la Réforme », les appella-tions officielles demeurent « Luther 2017 » et « Décennie de Luther ». Les prochains mois devraient apporter plus de clarté sur ce que les acteurs allemands, Églises et État, veulent véritablement célébrer ensemble et comment les autres Églises issues de la Réforme y trouveront une place.

Qu ’ est-ce que la Réforme ?Cette situation met en lumière l ’ absence de clarté sur

ce qui a été ou est à comprendre sous le mot « Réforme ». Pour les uns : la seule figure de Luther. Pour les autres : un processus qui a eu un fort impact sur la pensée, la culture et l ’ histoire européennes. Pour les catholiques : un drame et une division encore et toujours non cica-trisée. Pour les protestants : le début d ’ une longue série de divisions en sous-chapelles semi-confessionnelles. Mais aussi le début d ’ une existence institutionnelle et théologique propre qui n ’ a, selon ses prétentions, de compte à rendre à personne sinon à Dieu. Mais les protestants sautent volontiers à pieds joints sur quinze siècles d ’ histoire et de traditions. Dans sa formu-lation la plus classique, l ’ Église protestante est « l ’ Église catholique qui a traversé la Réforme ». Mais elle est sur-tout « non catholique », plus précisément « non romaine ». Deux visions statiques, institutionnelles s ’ affrontent, qui ne tiennent pas compte de la réalité historique. Les pro-testants ignorent pour leur part la continuité entre ce que Luther, Zwingli ou Calvin ont pu dire et écrire et la pensée de la fin du Moyen Âge dont ils sont issus. Ils ignorent aussi la continuité des réformateurs dont ils se réclament avec d ’ autres tentatives de réforme réussies ou échouées au sein de l ’ Église catholique de l ’ époque. L ’ Église catho-lique, de son côté, oublie que la Réforme a aussi contribué à la transformer. Négativement, en la rendant par réaction toujours plus « romaine » et de moins en moins catholique et positivement en ayant développé des positions et ap-

profondi des connaissances dont certaines ont été finale-ment reprises, du moins partiellement, par Vatican II. La recherche historique moderne a montré à quel point nous sommes prisonniers de conceptions et d ’ imageries, voire de mythologies confessionnelles confectionnées dans la deuxième moitié du XIXe siècle. S ’ il fallait un exemple pour exprimer l ’ absence de clarté quant à la définition de la Réforme, on pourrait citer la déclaration commune sur la justification par la foi de 1999 adoptée par la Fédération luthérienne mondiale et le Vatican, puis par le Conseil méthodiste uni. Si vraiment c ’ est la question de la justi-fication par la foi qui a fait la Réforme, comment se fait-il que cette déclaration n ’ ait pas fait avancer substantielle-ment le dialogue œcuménique ? S ’ il est juste de dire que la Réforme a conduit à la création des Église dites protes-tantes, il est faux d ’ en déduire qu ’ elles sont aujourd ’ hui conformes à la visée de la Réforme. Celle-ci est avant tout un mouvement de recherche de la conformité de la vie de

l ’ Église à sa source, l ’ Évangile. En ce sens, les protestants se rendent la tâche trop facile en se contentant du message de « protestation » de la Réforme, et ne se réclament plus vraiment d ’ une lecture renouve-lée de l ’ Évangile pour aujourd ’ hui. Célébrer la Réforme aujourd ’ hui ne peut signifier qu ’ une chose : réin-terpréter l ’ Évangile pour l ’ Église et

le monde d ’ aujourd ’ hui. Or c ’ est une tâche œcuménique par définition et par excellence.

En quoi les jubilés dès 2017 peuvent-ils être utiles aux Églises suisses ?

Dans cette perspective, toutes les Églises suisses ont un intérêt commun et urgent à commémorer digne-ment les 500 ans de la Réforme dans un esprit post- ou transconfessionnel. Les Églises ont besoin d ’ un nouveau souffle en Europe, des réformes sont à entreprendre en premier lieu dans leur vision et les contenus centraux de leur message et ensuite seulement dans leurs structures. Les sociétés européennes sont devenues certes plurielles et multiculturelles, mais les questions du sens de la vie, de sa justification ainsi que des modalités du « vivre en-semble » en société n ’ en sont que plus virulentes. Redé-couvrir nos trésors spirituels communs est plus important que de souligner ce qui nous sépare. Les protestants ont aussi une tâche autocritique. Eux qui se targuent d ’ être

– « Sans Calvin, la Réforme serait restée un événement germanique. »

À qui appartient la Réforme ?

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ouverts sur le plan œcuménique, comment ont-ils récep-tionné et mis en œuvre des documents de consensus et de compromis théologiques récents comme ceux de la Communion d ’ Églises protestantes en Europe CEPE ou du Conseil œcuménique (Lima) ? Que faisons-nous du fé-déralisme dogmatique de nos Églises cantonales ? La com-plaisance paresseuse vis-à-vis de nos multiples frontières, l ’ à bien plaire cantonal et local des normes internes ne sont-ils pas depuis longtemps érigés en dogmes infaillibles, sous couvert de fédéralisme et de respect d ’ une diversité locale, qui fleure davantage le provincialisme que l ’ au-thenticité ?

Oui, l ’ Église protestante en Suisse a elle aussi besoin de la Réforme. Elle lui appartient, et non l ’ inverse. Luther, Calvin et Zwingli étaient des chercheurs d ’ Évangile, et non des fondateurs d ’ Église. <

Compléments d ’ information

Interview en vidéo : trois questions à l ’ auteur, Serge Fornerod, directeur des relations extérieures et chef de projet

des jubilés de la Réforme http://player.vimeo.com/video/42827411

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– Migration

Les droits de l ’ homme comme fil conducteur

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En arrivant en Suisse, les requérants d ’ asile et les autres migrantes et migrants trouvent des offres et des projets qui leur sont destinés par les Églises réformées. Je vais donc vous emme-

ner sur un parcours migratoire, sachant pertinemment que ces parcours sont aussi nombreux que leurs protago-nistes. Les centres d ’ enregistrement et de procédure CEP forment le point de départ d ’ un tel parcours, le terminus pouvant être le renvoi définitif dans le pays d ’ origine par vol spécial.

À l ’ arrivée : assistance spirituelle dans les centres d ’ enregistrement et de procédure

Les réfugiés qui arrivent en Suisse peuvent déposer une demande d ’ asile dans l ’ un des cinq centres d ’ enregis-trement et de procédure CEP ou dans les zones de transit des aéroports de Genève et de Zurich.

Les Églises sont présentes dans les CEP ; les ser-vices d ’ assistance spirituelle œcuménique sont d ’ ailleurs les seuls acteurs non gouvernementaux qui ont accès à ces centres. Sans être spécifiquement interreligieux, ces services remplissent, auprès des requérants d ’ asile, une fonction d ’ assistance spirituelle mais aussi et surtout de diaconie ; ils occupent un rôle central dans la gestion des conflits. De même, ils contribuent aux échanges sociaux entre les requérants en proposant des coins café. L ’ enga-gement des services d ’ assistance spirituelle auprès des mi-grantes et des migrants contribue notablement à la qualité de vie dans les CEP.

L ’ assistance juridique, pour imposer le droit au droit

En cas de décision négative en matière d ’ asile, les requérants peuvent chercher conseil auprès des services

L ’ annonce faite par la Fédération des Églises, en juin 2011, qu ’ elle venait de se charger d ’ un projet pilote de six mois dans le domaine du contrôle des renvois forcés, a créé la surprise. Entre-temps, le projet pilote est bouclé. C ’ est le moment choisi pour faire le point sur ce projet pilote et, plus généralement, sur le fondement de l ’ engagement des Églises face à la question de la migration.

PAR Simon RöthLiSbERgER

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d ’ assistance juridique. Ces services jouent un rôle clé lors de l ’ examen des décisions prises par les autorités ; ils permettent de déposer un recours et leur taux de succès élevé confirme leur pertinence. Les Églises, et plus par-ticulièrement les Églises réformées ainsi que l ’ Entraide protestante Suisse, sont les principaux soutiens financiers des services d ’ as-sistance juridique.

Une offre d ’ intégration : les Églises de migrants

Les requérants d ’ asile de même que les autres catégories de migrants emportent sur leur parcours leur reli-gion et leur foi. Ils sont nombreux à se rallier à une communauté de foi exis-tante en arrivant ici ou à former de nouvelles communautés. Le requérant qui cherche conseil auprès de l ’ assistance juridique est peut-être membre d ’ une Église de migrants.

Depuis quelques années, les Églises de migrants jouent un rôle croissant. Attentive au phénomène, la Fédé-ration des Églises a publié une étude, en 2010, qui donne un coup de projecteur sur ces nouvelles Églises de mi-

grants fondées par les immigrés en provenance d ’ Afrique, d ’ Amérique latine ou d ’ Asie. Cette étude révèle que la Suisse compte quelque 300 Églises de migrants. Ces com-munautés jouent un rôle déterminant dans le milieu où évoluent les personnes migrantes. Elles sont des lieux où

elles peuvent se sentir chez elles, acceptées, où elles peuvent entrete-nir des contacts sociaux et où elles trouvent une patrie spirituelle. Elles sont des lieux où les migrantes et les migrants peuvent se ressourcer.

L ’ importance du rôle tant so-cial que spirituel de ces nouvelles Églises de migrants se manifeste le plus clairement chez les personnes dont le droit de séjour est précaire et dont les chances d ’ intégration

sont faibles, à savoir les requérants d ’ asile, les requérants d ’ asile déboutés, les sans-papiers, autant de catégories de personnes qui manquent de tout.

Ce sont avant tout les plus grandes Églises de la Fé-dération qui ont entamé des activités dans le domaine des Églises de migrants. Structurellement, les dernières ne sont en général pas affiliées aux paroisses évangéliques ou réformées locales ; l ’ Église évangélique méthodiste fait exception, dans la mesure où elle intègre les Églises de mi-grants dans ses structures ordinaires.

En situation précaire : les sans-papiersCertains requérants d ’ asile déboutés passent dans la

clandestinité et deviennent des sans-papiers. On trouve aussi des personnes qui ont perdu leur statut de séjour parmi les travailleuses et les travailleurs migrants, par exemple parce qu ’ elles sont entrées clandestinement dans le pays où elles vivent parfois depuis des années, voire des décennies. Parmi elles, certaines sont bien intégrées malgré leur statut de séjour incertain, alors que d ’ autres vivent dans une précarité absolue.

Les occupations d ’ églises organisées par le mouve-ment en faveur des sans-papiers, il y a dix ans, ont permis de sensibiliser efficacement le public à ces situations diffi-ciles. Autrefois invisibles, les sans-papiers ont alors acquis une visibilité.

Bien qu ’ en situation irrégulière, les sans-papiers qui vivent en Suisse ne sont pas sans droits. Les droits fonda-mentaux et le droit des enfants à être scolarisés valent aus-si pour eux. Certaines Églises de la Fédération s ’ engagent

– Migration : l ’ action de la Fédération des Églises Dans le domaine de la migration, la Fédération des Églises mène une action multiple, qui va de la rédac-tion de textes de base et de prises de position à un travail continu en arrière-plan et au sein de comités. La Fédération des Églises est représentée dans la Com-mission fédérale pour les questions de migration CFM, dans la Commission fédérale contre le racisme CFR et dans la Commission des Églises auprès des migrants en Europe CCME. Elle organise en outre des échanges sur les questions de migration entre ses Églises membres, et participe à la « Plate-forme nationale pour une Table ronde au sujet des sans-papiers ».

Migration

– L ’ Église ne peut pas abandonner à leur sort les personnes qui se trouvent dans une situation sans issue.

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concrètement pour des sans-papiers particuliers ; c ’ est à ces Églises avant tout que nous devons la mise en place de services de conseils.

En dernier recours : les renvois et leur contrôleEn cas de rejet de la demande d ’ asile, de suppression

du permis de séjour ou de rejet du recours, les autorités peuvent décider du renvoi forcé par vol spécial des per-sonnes qui refusent de quitter la Suisse de leur plein gré.

Ces renvois sont une réalité. La Fédération des Églises, pour sa part, affirme et réaffirme qu ’ il s ’ agit d ’ une solution ultime et que les cas de rigueur ainsi que les retours volontaires encouragés par une aide au retour doivent avoir la priorité. Lorsqu ’ un retour forcé est iné-vitable, la dignité humaine et les droits de l ’ homme des personnes concernées doivent être respectés à tout prix. L ’ implication de la Fédération des Églises dans ces situa-tions délicates est issue de l ’ engagement de notre insti-tution en faveur des droits des personnes concernées : l ’ Église ne peut pas abandonner à leur sort les personnes qui se trouvent dans une situation sans issue.

Dans la pratique, les renvois par vol spécial ne sont pas la règle, mais l ’ exception. En 2011, on recensait 9461 retours contrôlés par voie aérienne. 6141 personnes étaient escortées par la police jusqu ’ à l ’ avion, 165 étaient rapatriées par vol spécial.

L ’ année dernière, l ’ Office fé-déral des migrations ODM a contac-té la Fédération des Églises pour lui demander d ’ assurer l ’ observation systématique de ces vols spéciaux. Il s ’ agissait de mener un projet pilote en vue de mettre en place un contrôle systématique des retours forcés par voie aérienne. L ’ objectif était avant tout d ’ observer si l ’ exécution des mesures par les représentants de l ’ État se fait dans le respect du droit et du principe de proportionnalité, ainsi que dans le respect des droits fondamentaux des personnes ren-voyées. Les résultats de ces observations permettaient de réunir les données nécessaires pour mettre en place un contrôle durable de ces mesures de renvoi.

La Fédération des Églises a donc observé dix vols spéciaux choisis d ’ un commun accord avec l ’ Aide suisse aux réfugiés OSAR et l ’ ODM. Cette observation s ’ étendait

au transfert entre le lieu de séjour des personnes concer-nées et l ’ aéroport. Au total, le renvoi de 61 personnes a fait l ’ objet d ’ une observation.

Le rôle de la Fédération des Églises, dans ce contexte, consistait aussi à constituer, puis à présider le comité d ’ experts, un organe créé pour servir de lieu de discussion des acteurs concernés par les mesures de renvoi. Les séances de ce comité étaient destinées à analyser les rap-ports rédigés par les observateurs et à débattre de thèmes sensibles, tels que l ’ administration du calmant Dormicum. Ce comité d ’ experts réunissait les observateurs ainsi que les représentants de l ’ ODM, de la Conférence des commandants des

polices cantonales de Suisse CCPCS, de l ’ Association des services cantonaux de migration ASM, de la FEPS et de l ’ OSAR.

Le comité d ’ experts a également présenté des re-commandations visant à améliorer la condition aussi bien des personnes à renvoyer que des autorités d ’ exécution.

– Ce type d ’ engagement et l ’ absence de crainte devant les sujets qui font parler dans la société permettent aux Églises d ’ accroître leur crédibilité.

Conférence de presse sur le bilan du projet pilote et l ’ avenir du contrôle des renvois dans le respect du droit des étrangers, Berne, le 22 mars 2012. De gauche à droite : Philippe Woodtli, directeur du Secrétariat de la FEPS, Simon Röthlis-berger, chargé des questions de migration à la FEPS, Martina Caroni, observatrice, et Mario Gattiker, directeur de l ’ ODM.

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Il atteste à ces dernières un haut niveau de professionna-lisme. C ’ est à propos du système que des améliorations sont requises, par exemple au sujet de l ’ information à don-ner aux personnes à renvoyer concernant le déroulement du vol spécial ou de la transmission du dossier médical de ces personnes. Les recommanda-tions montrent aussi que l ’ emploi de mesures de contrainte ne doit pas se faire selon un schéma préconçu, mais compte tenu des situations indivi-duelles.

Ce projet pilote a produit un ef-fet positif. Il a permis d ’ amener une certaine transparence dans le do-maine délicat des vols spéciaux. Les rapports des observatrices et obser-vateurs ont débouché sur des recom-mandations concrètes destinées à être appliquées sur le terrain. Les observa-trices et observateurs sont parvenus à gagner la confiance des autorités d ’ exécution. Enfin, le projet pilote a permis d ’ aborder des questions relatives au système du futur contrôle durable.

Le projet pilote a également révélé la nécessité de créer une plate-forme d ’ échange qui réunit des repré-sentants des milieux les plus divers ; cette plate-forme a

pour vocation de débattre des rapports des observatrices et observateurs dans la perspective tant des autorités que des organisations non gouvernementales, puis de tirer des conclusions de ce débat. Le comité d ’ experts réuni à cet effet joue un rôle déterminant dans le contrôle.

Dans les entretiens qu ’ elle a menés, la Fédération des Églises s ’ est engagée en faveur d ’ un contrôle du-rable en corollaire du projet pilote. L ’ implication de la Commission nationale de prévention de la tor-ture CNPT dans ce contrôle et le maintien du comité d ’ experts en sa qualité de forum élargi constituent des évolutions positives. Si la CNPT le lui demande, la Fédération des Églises continuera de s ’ impliquer comme membre du nouveau forum. La CNPT est une commission indé-pendante, investie d ’ un mandat de

la Confédération et qui dispose d ’ une base légale solide. Elle a donc un profil parfaitement adapté pour assurer ce futur contrôle. La Fédération des Églises a ainsi atteint un objectif essentiel, dans la mesure où elle a fourni une contribution considérable à la mise en place d ’ un contrôle durable des renvois.

Influencer les conditions cadres : les collaborations institutionnelles

La législation sur la migration (loi sur les étrangers, loi sur l ’ asile) livre les arguments déterminants en fa-veur ou en défaveur de l ’ accord d ’ un permis de séjour en Suisse. La mise en place d ’ un cadre légal favorable à l ’ in-tégration et la marge d ’ appréciation des autorités compé-tentes sont également des facteurs centraux pour les tra-vailleuses et les travailleurs migrants, pour les migrantes et les migrants et pour les réfugiés admis définitivement ou provisoirement.

Dans la Commission fédérale contre le racisme CFR et celle pour les questions de migration CFM, les représen-tants de la Fédération des Églises font valoir leur avis au niveau institutionnel. Par ailleurs, la Fédération s ’ exprime régulièrement sur les projets de loi déterminants. Dès la procédure de consultation, elle s ’ est montrée favorable à l ’ adoption des directives de l ’ UE pour l ’ observation des vols spéciaux ; de même, elle s ’ est battue pour l ’ introduc-tion de critères clairs et pour une approche humanitaire

Migration

La Fédération des Églises a publié sous forme de brochure les dix réponses aux questions qui lui ont été posées sur le contrôle des retours forcés.

– Ce projet pilote a produit un effet positif. Il a permis d ’ amener une certaine transparence dans le domaine délicat des vols spéciaux.

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transparente lors du traitement de cas de rigueur en rap-port avec des sans-papiers.

Une présence sur tous les frontsCette énumération non exhaustive des champs d ’ ac-

tivité de la Fédération des Églises le montre : les Églises se manifestent dans les contextes thématiques les plus divers, que ce soit en assurant le soutien spirituel par des services d ’ assistance spirituelle ou en accordant leur soutien aux Églises de migrants, en soutenant les sans-papiers et les services de consultation juridique ou en accompagnant les vols spéciaux. Les interventions de l ’ Église sont gui-dées par un même objectif : assurer une vie dans la digni-té en Suisse. Ces différents engagements sont-ils contra-dictoires ? Peut-on réellement s ’ engager en faveur des sans-papiers tout en observant des renvois ?

Oui, il y a une cohérence dans ces démarches et un fil conducteur qui assure le lien entre ces différents champs d ’ intervention : c ’ est l ’ engagement en faveur du respect des droits de l ’ homme et de la dignité humaine, que ce soit en rapport avec les sans-papiers ou en rapport avec les personnes qui doivent quitter la Suisse.

Ce type d ’ engagement et l ’ absence de crainte devant les sujets qui font parler dans la société permettent aux Églises d ’ accroître leur crédibilité : elles exigent le respect de l ’ État de droit et le respect des droits de l ’ homme non seulement à l ’ aide de revendications verbales, mais en accompagnant leurs revendications d ’ actes concrets. <

Compléments d ’ information

Interview en vidéo : trois questions à l ’ auteur, Simon Röthlisberger,

chargé des questions de migration http://player.vimeo.com/video/42123907

Interview en vidéo : trois questions à l ’auteur, Philippe Woodtli,

directeur du Secrétariat de la FEPS http://player.vimeo.com/video/42820947

10 questions – 10 réponses autour de l’ observation des renvois forcés www.10reponses.ch

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Sans valeurs partagées, impossible de cohabiter en paix : c ’ est le compromis minimal sur lequel on est parvenu à s ’ accorder à Davos, lors de la réunion annuelle du Forum économique mondial. Cette

réunion a permis aux spécialistes issus de cultures diverses de débattre du thème de cette année « Surmonter les ten-sions religieuses en Europe ». Le questionnement central était le suivant : les différentes religions peuvent-elles at-tribuer une contribution à ces valeurs communes ou ont-elles plutôt tendance à accentuer ce qui les sépare ? Ce questionnement étant posé, un débat animé était assuré.

Première constatation : la notion de « liberté religieuse » donne lieu à des interprétations différentes

En Europe, des différences notables ont cours concernant le rôle de la religion dans la sphère publique. Ces différences existent aussi entre les représentants et re-présentantes des religions en présence. Pour la majorité des Européen-ne-s de culture chrétienne, la notion d ’ État laïc a une connotation neutre, dans la mesure où elle ga-rantit la libre expression de la foi religieuse, tant au plan personnel qu ’ en communauté. On ne sait pas très bien si cette définition de l ’ État neutre du point de vue religieux est partagée par toutes les formes de la foi musulmane qui se développent en Europe. On sait en revanche que la réa-lité des pays à dominante islamique inquiète, car la liberté religieuse des hétérodoxes n ’ y est pas garantie au même titre qu ’ en Europe occidentale. Par ailleurs, on constate

que, dans certains pays qui affirment garantir la liberté religieuse, les chrétiennes et les chrétiennes sont victimes de répressions, et des discriminations de ce type peuvent envenimer les relations entre les communautés religieuses de notre pays.

Deuxième constatation : les tensions existent et doivent être supportées jusqu ’ à nouvel avis

L ’ existence d ’ un catalogue de valeurs concernant des aspects aussi bien individuels que relevant de l ’ éthique sociale est dans la nature de toute religion. Il en découle que les différentes religions véhiculent différents systèmes de valeurs. Ces valeurs ne sont pas nécessairement contra-dictoires et la recherche et l ’ encouragement des valeurs communes est une mission essentielle du dialogue in-terreligieux. C ’ est de ce dialogue que dépend dans une large mesure la paix religieuse. Néanmoins, certaines dif-férences subsistent, notamment à propos d ’ aspects aussi fondamentaux que la relation entre les sexes, et c ’ est une question d ’ honnêteté intellectuelle que de ne pas nier ces différences. Jusqu ’ à nouvel avis, les tensions à propos de questions fondamentales subsisteront. Une tolérance sans honnêteté ne saurait mener à la paix religieuse.

Troisième constatation : « fondamental » n ’ est pas synonyme de « fondamentaliste »

Par cette affirmation, il faut entendre que les reli-gions ont toutes une composante fondamentale. Toute religion aspire à donner des réponses définitives, et donc

– Les tensions religieuses en Europe

Chrétiens, bien-veillants et xénophiles Les chrétiennes et les chrétiens d ’ Europe qui s ’ en réfèrent à leurs valeurs fondamentales intrinsèques et à leurs propres traditions s ’ ouvrent plus facilement à l ’ étranger.

PAR gottFRiEd LoChER

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fondamentales. Y renoncer signifierait se renier, dans la mesure où religio signifie précisément « respect scrupu-leux ». Toutefois, il convient de bien garder en mémoire la différence entre fondamental et fondamentaliste : le fon-damentalisme s ’ intéresse avant tout à la différence, et non au fondement. Pour rester dans la métaphore : les fonda-mentalistes ne sont pas intéressés par le « respect scrupu-leux » librement consenti, mais par l ’ imposition forcée d ’ une soi-disant vérité. La tolérance prend fin à ce niveau. Il faut le réaffirmer sans cesse : religiosité et fondamenta-lisme sont deux choses différentes.

Quatrième constatation : les tensions ne deviennent supportables que lorsqu ’ elles ont été identifiées

Assurer la paix religieuse en Europe, c ’ est avant tout assurer que les personnes de foi différente puissent se ren-contrer. Or, seul celui ou celle qui se connaît soi-même est en mesure d ’ appréhender l ’ autre dans sa dimension hu-maine. Alors que cette affirmation peut sembler banale, elle relève un problème réel. En effet, l ’ existence de socié-tés parallèles empêche les membres d ’ une même société de se rencontrer dans différentes situations de vie. Par conséquent, impossible de vraiment faire connaissance et difficile de motiver les uns et les autres à réellement faire l ’ effort d ’ aller au-devant de ce qui est étranger. Cette règle qui vaut pour le quotidien vaut aussi pour le dialogue inter-religieux. Il est réjouissant de constater le nombre de lieux qui existent où, justement, les uns et les autres tiennent à faire connaissance et à mieux se comprendre. De telles ini-tiatives existent au plan local, mais aussi au plan national, au niveau officiel : notre pays dispose d ’ un Conseil suisse des religions ; dans cet organe, des élus de différentes com-munautés religieuses essaient d ’ accomplir une démarche comparable au niveau officiel, à savoir : se parler, manger ensemble, évoquer ce qui réunit et ce qui sépare, et, sur-tout, réaliser que nos interlocutrices et interlocuteurs sont des personnalités dont le contact est précieux.

Cinquième constatation : être consciemment chrétien est synonyme de faire consciemment preuve de bienveillance.

J ’ estime – et ça peut paraître paradoxal – que vivre chrétiennement, c ’ est favoriser la paix des religions. Nous, chrétiennes et chrétiens, sommes appelés à nous souvenir du message de l’Évangile. Nous devrions nous rappeler les vertus chrétiennes et notre identité religieuse. Suivre

l ’ enseignement des Évangiles permet d ’ être plus confiants dans notre propre identité religieuse. Conscients de notre foi et confortés par elle, nous sommes mieux à même de côtoyer librement et ouvertement celles et ceux qui ont une foi différente. On peut même dire que les chrétiennes et les chrétiens les plus affirmés sont plus ouverts et plus tolérants face à l ’ islam. Par chrétiennes et chrétiens les plus affirmés, on n ’ entend pas un comparatif d ’ ordre éthique, mais l ’ expression d ’ une foi plus consciente et plus réfléchie. Les femmes et les hommes qui connaissent leur foi et qui sont confiants dans cette foi font preuve de davantage de bienveillance lorsqu ’ ils rencontrent des per-sonnes qui ont une foi différente. Car ils savent que dans ce qui est étranger et dans l ’ étranger, ils peuvent rencon-trer le Christ. <

Compléments d ’ information

Vidéo : l’auteur, Gottfried Locher, président de la Fédération

des Églises, s ’ exprime sur la question à l’occasion du Forum économique mondial de Davos en janvier 2012 http://www.youtube.com/watch?v=ShQlZ6KumB0

En 2009, le peuple suisse a adopté une disposition consti-tutionnelle interdisant la construction de nouveaux minarets. Le débat passionné qui a précédé la votation a montré que celui qui ne se connaît pas lui-même n’est pas disposé à accueillir l’étranger.

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– Quelques chiffres

Les femmes et les hommes au service de l’Église

Pasteures et pasteurs de paroisse Total 1959

Diacres Total 739

état : 2010

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♂ 94 ♀ 60

♂ 14 ♀ 11

♂ 52 ♀ 27

♂ 18 ♀ 9

♂ 316 ♀ 167

♂ 21 ♀ 9

♂ 27 ♀ 17

♂ 9 ♀ 5

♂ 63 ♀ 35

♂ 22 ♀ 13

♂ 17 ♀ 17

♂ 4 ♀ –

♂ 2 ♀ –

♂ 25 ♀ 20

♂ 2 ♀ 3

♂ 17 ♂ 17

♂ 12 ♀ 20

♂ 60 ♀ 86

♂ 2 ♂ 2

♀ 3 ♀ 1

♂ 1 ♀ –

♂ 6 ♀ 5

♂ 2 ♀ 8

♂ 8 ♀ 5

♂ – ♀ –

♂ – ♀ –

♂ 71 ♀ 26

♂ 28 ♀ 16

♂ 8 ♀ 2

♂ 17 ♀ 7

♂ 9 ♀ –

♂ 64 ♀ 19

♂ 2 ♀ –

♂ 129 ♀ 42

♂ 10 ♀ 1

♂ 7 ♀ 9

♂ 243 ♀ 120

♂ 10 ♀ 1

♂ 69 ♀ 20

♂ 28 ♀ 26

♂ – ♀ 8

♂ 3 ♀ 5

♂ 3 ♀ 4

♂ 1 ♀ –

♂ 15 ♀ 17

♂ – ♀ –

♂ 16 ♀ 34

♂ 3 ♀ –

♂ 2 ♀ 9

♂ 86 ♀ 146

♂ – ♀ –

♂ 17 ♀ 11

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Evangelisch-reformierte Kirche des Kantons St. Gallen

Evangelisch-reformierte Kirche Kanton Schaffhausen

Evangelisch-reformierte Kantonalkirche Schwyz

Evangelisch-Reformierte Kirche Kanton Solothurn

Chiesa Evangelica Riformata nel Cantone Ticino

Evangelische Landes kirche des Kantons Thurgau

Evangelisch-Reformierte Landes kirche Uri

Église Évangélique Réformée du canton de Vaud

Église réformée évangélique du Valais

Reformierte Kirche Kanton Zug

Evangelisch reformierte Landeskirche des Kantons Zürich

Église Évangélique Libre de Genève

Evangelisch-methodistische Kirche in der Schweiz

Reformierte Landeskirche Aargau

Evangelisch-Reformierte Landeskirche beider Appenzell

Reformierte Kirche Baselland

Reformierte Kirche Basel-Stadt

Églises réformées Berne-Jura-Soleure

Église évangélique réformée du canton de Fribourg

Église Protestante de Genève

Evangelisch-Refor mierte Landeskirche des Kantons Glarus

Evangelische Landeskirche Graubünden

Reformierte Kirche Kanton Luzern

Église réformée évangélique du canton de Neuchâtel

Evangelisch-Reformierte Kirche Nidwalden

Evangelisch-Reformierte Kirche Obwalden

Pasteures/ Pasteurs

Pasteures/ Pasteurs

Diacres Diacres

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Depuis Ernst Troeltsch, la Réforme est consi-dérée, pour le moins par les gens cultivés, comme une étape importante vers les temps modernes, la démocratie et les droits de

l’homme. De même, on ne saurait comprendre la culture de la Suisse sans connaître la Réforme, l ’ histoire des confessions et leurs démêlés. Mais on en oublierait faci-lement le fait que la Réforme est d ’ abord un événement théologique et ecclésial, il est vrai fortement déterminé par les circonstances politiques et sociales.

La commémoration des 500 ans de la Réforme en 2017 ainsi que les jubilés de 2019 et des années suivantes offrent aux Églises réformées une excellente occasion de

poser la question de savoir comment la vérité de la foi chrétienne peut être formulée et vécue aujourd ’ hui. Pour quelle raison existe-t-il des Églises réformées ? Pourquoi enseigne-t-on la théologie réformée dans diverses uni-versités ? Mais l ’ objectif de cette aventure que constitue la perpétuelle redécouverte du noyau ardent de la théologie réformée n ’ est pas de sauvegarder notre propre identité confessionnelle, mais plutôt d ’ assurer la mission d ’ une Église unie pour le monde.

Quel était l ’ objectif de la Réforme ?À la lumière de la Parole divine, Dieu, l ’ Homme et

le monde apparaissaient aux réformateurs radicalement

– La Réforme aujourd ’ hui

La Réforme a trans-formé l ’ Europe. Depuis, qu ’ est-ce qui fait d ’ une Église une Église ?« Entre nous soit dit, dans toute cette affaire, il n ’ y a que le caractère de Luther qui soit intéressant, et c ’ est aussi la seule chose qui en impose véritablement à la foule. tout le reste n ’ est que futilité confuse qui nous pèse encore quotidiennement », écrivait à un ami le vénérable goethe en l ’ année Luther 1817, célébrée avec solennité. Aujourd ’ hui, la Réforme a tout de même meilleure presse en Europe occidentale.

PAR mARtin hiRZEL

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sous un jour nouveau. L ’ Église devait donner plus fran-chement gloire à Dieu et servir ainsi la vie. La nouvelle vision de la Bible en tant que Parole vivante ainsi que l ’ im-portance accordée à la prédication et à la communauté en constituaient la condition. Mais l ’ élément déclencheur était l ’ espoir que Dieu lui-même est garant de sa Parole.

Le lien étroit entre la théologie et la vie ecclésiale et sociale a eu de nombreuses conséquences. La réflexion théologique des réformateurs a mené à des différencia-tions fondamentales qui ont marqué durablement la vie religieuse, individuelle, sociale et politique, par exemple entre Dieu et l ’ Homme ou l ’ Église et l ’ État. L ’ anniversaire de la Réforme offre une excellente occasion de révéler l ’ importance actuelle de cette pensée sans en occulter les aspects problématiques.

Vivre comme chrétienLe discours du « Dieu bienveillant » était central

pour Luther, Zwingli et Calvin. Aujourd ’ hui, la conscience de la réalité divine ne va plus de soi. Parler aux humains d ’ aujourd ’ hui d ’ un Dieu libérateur qui donne du sens à la vie est pour nos Églises le grand défi missionnaire. Les hommes doivent apprendre que Dieu lui-même leur garantit de pouvoir subsister devant lui. Selon la compré-hension réformatrice, la justification signifie que la réussite de la vie et son achèvement au-delà des limites de cette existence ne dépendent pas de nos propres efforts. Ils dépendent de la confiance en Dieu qui découle de la rencontre avec Jésus-Christ.

L ’ homme libéré, disent les ré-formateurs, aime ses semblables et Dieu. Luther le formule ainsi : les actions justes découlent nécessairement de la foi épanouie. Ce que Luther enten-dait à l ’ époque est d ’ autant plus vrai aujourd ’ hui : il faut remettre en discussion la signification de la « liberté chré-tienne » et de la « justification ». Pour formuler ces mes-sages centraux de la Réforme, il y a, à côté de la prédica-tion, d ’ autres moyens de communication : le témoignage personnel, l ’ action diaconale, mais également la musique, par exemple.

Concernant la liberté chrétienne, il s ’ agit de reposer toujours à nouveau la question suivante : que devons-nous et que pouvons-nous faire en tant que chrétiens ? Zwingli, par exemple, relativisait au nom de sa liberté chrétienne

certains préceptes comme les commandements de carême de la ville de Zurich. Avec la même confiance en Dieu et en regard des problèmes sociaux de son temps, il posait la question de la justice sociale.

Qu ’ est-ce qui fait une Église ?La déclaration œcuménique de Reuilly de l ’ année

1999 dit ceci : « L ’ Église est la communion de ceux qui sont réconciliés avec Dieu et entre eux. Elle est la communion de ceux qui, par la force du Saint-Esprit, croient en Jé-sus-Christ et sont justifiés par la grâce de Dieu. » Selon les réformateurs, l ’ Église devient « communion réconciliée » par l ’ écoute de la Parole de Dieu et par la « suivance » de la communion chrétienne. Dans la pensée des réforma-teurs, ce qui reste encore à dire sur l ’ Église résulte essen-tiellement de sa mission, dont font partie la proclamation, l ’ enseignement, la direction et la diaconie.

Quelle forme l ’ Église doit-elle avoir ?Au XVIe siècle, les réformateurs ont eu recours à

l ’ aide de l ’ État pour accomplir la mission de l ’ Église. En Suisse, l ’ évolution de l ’ Église était très étroitement liée

au changement des structures po-litiques et démocratiques. Avec la séparation progressive de l ’ Église et de l ’ État, les Églises réformées de Suisse sont confrontées à la ques-tion suivante : comment faut-il de nos jours façonner l ’ Église pour qu ’ elle puisse accomplir sa mis-sion ? Les réformés d ’ aujourd ’ hui doivent réapprendre que l ’ Église a besoin d ’ une forme concrète pour que la proclamation de l ’ Évangile

par la prédication et les sacrements soit assurée. Pour cela, il faudrait à nouveau prendre au sérieux la devise Ecclesia reformata semper reformanda : non pas comme argument pour un changement perpétuel et, partant, une informité qui n ’ engage à rien, mais plutôt comme une invitation au renouvellement conscient des formes et des structures ec-clésiales par une discussion critique et constructive sur les traditions de l ’ Église.

Réforme et œcuménismeLa perspective œcuménique fait partie de la com-

mémoration de la Réforme en 2017 et des réflexions sur le message de la Réforme aujourd ’ hui. Sinon, nous risquons

– Le lien étroit entre la théologie et la vie ecclésiale et sociale a eu de nombreuses conséquences.

La Réforme aujourd ’ hui

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d ’ oublier que les réformateurs avaient l ’ intention de re-nouveler l ’ Église une, sainte, catholique et apostolique. Et nous perdrions de vue que la recherche de l ’ unité de l ’ Église et le dépassement des divisions douloureuses font essentiellement partie de notre mandat ecclésial. Sans la perspective œcuménique, nous oublierions également que l ’ Église catholique-romaine a évolué non seulement dans la délimitation explicite par rapport à la Réforme, mais également dans l ’ acceptation implicite de certaines de ses revendications.

À la lumière de l ’ engagement œcuménique, des contributions des deux confessions à la Réforme et des défis communs des Églises pour la proclamation dans une société moderne, le jubilé de la Réforme est l ’ événement œcuménique par excellence pour réfléchir à la manière dont les Églises, dans leurs rapports mutuels, pourraient mieux vivre l ’ unité de l ’ Église affirmée dans le Credo. C ’ est l ’ occasion de se demander : quel avenir commun voulons-nous ? <

Compléments d ’ information

Interview en vidéo : trois questions à l ’ auteur, Martin Hirzel, chargé des questions d ’ œcuménisme et

des communautés religieuses http://player.vimeo.com/video/42824313

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24 bulletin Nº 1/2012

«J’ ai de la religion, mon ami, et bien m ’ en prend », écrit Jean-Jacques Rousseau (1712–1778) au pasteur genevois Jacob Vernes en 1758. Apologétique, cette

affirmation est néanmoins sincère ; et elle avait un prix, celui des railleries subies de la part des philosophes bien-pensants de l ’ époque, agnostiques, athées ou, du moins, anticléricaux. Si Rousseau venait se présenter à la porte de la FEPS au Sulgenauweg 26 – surmontant les craintes justifiées que lui inspiraient la censure et la police de Leurs Excellences de Berne – il serait un peu chez lui – malgré toutes les controverses qu ’ il suscitait et qu ’ il provoque encore. C ’ est pourquoi, au modeste niveau de la participation occasionnelle aux multiples hom-mages programmés, la FEPS fait bien de s ’ intéresser à

Rousseau. Dans ce cas, comme dans d ’ autres, elle met à la disposition de ses Églises, à Genève et à Neuchâtel par exemple, une part de la compétence théologique réunie en son équipe.

À quatre égards au moins, Jean-Jacques Rousseau est un représentant majeur de la tradition réformée : par sa conception de la loi et du contrat social, par sa piété sensible à l ’ harmonie de la Création, par son iconoclasme se traduisant, dans la critique de la civilisation et des conventions sociales, par son introspection, autrement dit l ’ auto-observation, dans Les Confessions entre autres, de sa biographie psychique et spirituelle.

Par son Contrat social (1762), Rousseau fait partie des grands théoriciens de l ’ État de droit moderne. Chez Rousseau comme chez son prédécesseur anglais John

– L ’ Année Rousseau 2012

Le plaisir du mot juste Les Églises protestantes célèbrent le tricentenaire de la naissance de Jean-Jacques Rousseau, philosophe, penseur et croyant. Par son souhait constant d’échange, il a permis aux éminents représentants de la tradition réformée de formuler même des pensées problématiques.

PAR otto SChäFER

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Locke (1632–1704), autre penseur réformé, la théologie de l ’ alliance et le régime presbytérien-synodal des Églises issues de la Réforme calvinienne déterminent, dans une large mesure, la conception de la société humaine et de l ’ État : la souveraineté n ’ est pas imposée d ’ en haut, elle procède d ’ en bas, résultant de l ’ association contractuelle d ’ individus libres. Pour Rousseau, l ’ exercice politique de cette liberté ne peut pas être délégué : inspiré, dans son concept de volonté générale, de la Landsgemeinde en Suisse, il se méfie de la démocratie représentative et d ’ un exécutif autonome. En même temps, l ’ homme est un fer-vent pro-européen, l ’ un des premiers philosophes à ima-giner la pacification institutionnalisée de tout le continent.

En évoquant son bref séjour sur l ’ Ile Saint-Pierre dans le lac de Bienne à la fin de l ’ été 1765, dans la cinquième promenade des Rêveries du promeneur solitaire (1776–1778), Jean-Jacques Rousseau décrit la sérénité qui naît de la contemplation de la nature : le bruit des vagues et le mou-vement de l ’ eau plongent l ’ âme « dans une rêverie délicieuse où la nuit me sur-prenait souvent sans que je m ’ en fusse aperçu ». Dans cette disposition, on se suffit à soi-même « comme Dieu » – la mystique de Rousseau rappelle un héritage antique, la Consolation de la philosophie, de Boèce et, plus loin en-core, la Tranquillité de l ’ âme, de Plu-tarque, auteur que Rousseau affectionnait tout particuliè-rement. Mais Calvin y est aussi pour quelque chose, avec son idée de la nature « théâtre de la gloire de Dieu », et les calvinistes du XVIe siècle si attachés à la révélation générale de Dieu dans le Livre de la nature , la moindre herbe étant « image de Dieu » (Pierre Viret).

La critique de la civilisation chez Rousseau s ’ inscrit dans une forte tradition réformée

Rousseau considère la société civilisée comme cor-rompue. « L ’ homme originel s ’ évanouissant par degrés, la société n ’ offre plus aux yeux du sage qu ’ un assem-blage d ’ hommes artificiels et de passions factices », écrit le philosophe dans son Discours sur l ’ origine de l ’ inéga-lité (1755). Sans jamais prôner un impossible « retour à la nature », Rousseau voit dans la référence à un état de nature fictif et même à la vie concrète des indigènes un correctif important de l ’ hypertrophie du paraître dans les sociétés civilisées. La « simplicité volontaire » dont on parle beaucoup aujourd ’ hui – Rousseau l ’ a adoptée à son

époque comme le mode de vie frugal et rustique qui lui convenait. Tout en s ’ inspirant d ’ une vaste documentation fournie notamment aussi par des auteurs catholiques, la critique de la civilisation chez Rousseau s ’ inscrit dans une forte tradition réformée. L ’ exemple de loin le plus connu de cette tradition est le roman Robinson Crusoé de Daniel Defoe (1660–1731) avec ses accents de piété réformée et le personnage de Vendredi, véritable incarnation du « bon sauvage ». Dans son roman pédagogique Émile (1762), Rousseau recommande vivement la lecture de Robinson, seul livre qui lui semble ne pas dénaturer les jeunes esprits par l ’ emprise de systèmes artificiels et de conventions ver-beuses.

Le Citoyen de Genève prête à débatEnfin, Jean-Jacques Rousseau est l ’ un des premiers

auteurs à livrer au public de vastes réflexions autobiogra-phiques incluant l ’ observation de ses sentiments intimes.

Ce n ’ est pas pour rien que la lecture publique des Confessions (1765–1770) fut interdite sous la pression de personnes craignant l ’ indiscré-tion et le règlement de comptes. À cet égard, Rousseau est héritier de l ’ examen de conscience tel qu ’ il s ’ était développé dans la tradition réformée avec sa célébration solen-

nelle de la Sainte-Cène, rare (quatre fois par an) et assor-tie de la crainte de communier indignement. On connaît d ’ autres témoignages calvinistes d ’ auto-observation scru-puleuse et déchirante, parfois sous la forme du journal intime, mais ces écrits n ’ étaient pas destinés au public. L ’ un des nombreux paradoxes de Rousseau, et non des moindres, est d ’ avoir contribué ainsi, sous prétexte de dévoilement du soi véritable, au raffinement de l ’ autosty-lisation et donc du paraître qu ’ il rejetait avec autant de véhémence.

Ce n ’ est pas le seul point problématique de la star de tant de festivités commémoratives. À juste titre, Karl Barth a condamné chez Rousseau un rationalisme certes moins plat que chez beaucoup de ses contemporains mains néanmoins insensible à la révélation. Contre Rous-seau, il faut bien affirmer que la foi dépendra toujours de l ’ initiative d ’ un Dieu fidèle à son histoire avec Israël et Jésus-Christ et non du sentiment humain, fût-il forte-ment enrichi d ’ émotion indubitablement sincère. Que ce soit l ’ idée de religion civile (exposée dans la Profession de

– « J ’ ai de la religion, mon ami, et bien m ’ en prend »

L ’ Année Rousseau 2012

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foi du vicaire savoyard) ou la possible terreur collectiviste que la Révolution française a tirée du diktat de la volon-té générale chez Rousseau, ou encore un culte posthume de la personnalité, parfois à la limite du grotesque, le Ci-toyen de Genève prête à débat. Entrer dans ce débat, c ’ est honorer Rousseau. Car une chose est certaine : sa pensée est fortement dialoguante, et si elle parle toujours autant, c ’ est qu ’ elle est pétrie du plaisir de la parole bien trouvée et échangée. <

Compléments d ’ information

Interview en vidéo : trois questions à l ’ auteur, Otto Schäfer, chargé des questions de théologie et d ’ éthique

http://player.vimeo.com/video/42825830

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Chaque année, le troisième week-end de juin est le moment de nous rappeler le destin des réfugiés dans le monde. En Suisse, plus de 200 villes et communes participent à cette ac-

tion fondée par l ’ Organisation suisse d ’ aide aux réfugiés OSAR. Aider, c ’ est notre devoir humanitaire : telle est l ’ attitude que les Églises et les communautés religieuses ont adoptée par rapport aux réfugiés. C ’ est aussi la devise rappelée dans l ’ appel lancé avant le Dimanche et Sabbat des réfugiés 2012.

« N ’ oubliez pas l ’ hospitalité, car, grâce à elle, certains, sans le savoir, ont accueilli des anges. »

L ’ hospitalité est à double tranchant. Car avec l ’ invité entre dans la maison une personne étrangère, qui ne fait pas partie de la famille ou du ménage. Le risque d ’ inviter à entrer la mauvaise personne ne peut être exclu. Cela rend méfiant. L ’ invité pourrait même se révéler être un enne-mi. Nous connaissons cette attitude, elle n ’ est pas infon-dée; nous faisons tous, en effet, nos expériences – et elles ne sont pas toujours bonnes.

Qui ne souhaiterait pas recevoir la visite des anges ? En dépit de leur statut d ’ étranger, nous n ’ aurions rien à craindre. Le verset de l ’ Épître aux Hébreux se trouve dans un chapitre intitulé « La vraie communauté ». Il ne s ’ agit donc pas d ’ anges de Noël, de théâtre ou d ’ œuvres d ’ art, mais bien d ’ anges de la vie quotidienne. Manifestement, ils ne sont pas reconnaissables au premier coup d ’ œil,

– Le Dimanche des réfugiés 2012

L ’ hospitalité – une libéralité à double tranchantL ’ appel commun des Églises et des communautés religieuses à propos du dimanche des réfugiés et du Sabbat des réfugiés, les 16 et 17 juin 2012, se rallie, comme chaque année, à la campagne des Journées du réfugié de l ’ organisation suisse d ’ aide aux réfugiés oSAR.

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voire pas du tout. Nous ne savons pas dans quel être hu-main se cache un ange. Et parce que cela ne se voit pas sur l ’ être humain, tout être humain debout à notre porte pourrait être un ange. Chaque fois que nous claquons la porte au nez d ’ un être humain, nous pourrions chasser un ange. C ’ est là aussi un risque – et du point de vue biblique, de loin le plus grand et le plus grave.

Il se dit souvent que des requérants d ’ asile ex-ploitent notre hospitalité, en abusent et ne se com-portent pas comme des invités. Cela arrive, c ’ est le risque que nous encourons en tant qu ’ hôtes. Mais per-sonne ne dit que les requérants d ’ asile sont ces anges qui nous honorent en tant qu ’ invités. Cela arrive, dit l ’ Épître aux Hébreux, et c ’ est aussi le risque que nous encourons en tant qu ’ hôtes. Penser qu ’ il pourrait s ’ agir

d ’ anges est aussi une voie pour rencontrer des êtres hu-mains étrangers. Précisément parce que les anges ne se font pas connaître, nous ne pouvons en réalité faire au-trement que de le penser de tout être humain qui nous demande l ’ hospitalité.

Les Églises et communautés religieuses se sont déjà engagées depuis 1985. « Le respect de la dignité humaine de chaque personne indépendamment de sa race, de sa langue, de sa religion, de son sexe ou de sa position so-ciale appartient aux fondements de notre État et de notre culture. Ce fondement doit particulièrement s ’ exprimer dans notre attitude envers les faibles, les défavorisés et aussi les requérants d ’ asile et les réfugiés. » (Aux côtés des réfugiés, 1985). <

« L ’ idée que ce pourrait être un ange est aussi un moyen de venir à la rencontre de l ’ étranger. » Depuis plus de trente ans, la Journée des réfugiés est l ’ occasion de diverses actions publiques.

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Avouer, déclarer, professer, reconnaître : ce sont tous ces aspects qui sont contenus dans le verbe « confesser ». Dans son acception reli-gieuse, le terme de confession signifie un en-

gagement pour une doctrine et illustre ce que les fidèles reconnaissent dans l ’ Écriture sainte, mais aussi ce que ces personnes expriment dans leurs propres mots. Les confes-sions sont « la parole de Dieu traduite dans notre langage et dans notre mode de penser », résume Alexis Salgado.

Confesser, c ’ est professer quelque chose, par exemple à haute et intelligible voix, en public, lors du culte paroissial. Confesser, c ’ est aussi transmettre le patrimoine religieux ; la confession de foi forme le lien entre les communautés chrétiennes qui proclament leur foi vivante à travers les siècles.

La littérature chrétienne est riche en formules de confession de foi. Outre la proclamation fondamentale qui reconnaît que Dieu a ressuscité Jésus du monde des

Le nombre de réponses est décevant : cinq pour-cent seulement des 3700 questionnaires envoyés à des pasteurs, autorités ecclésiastiques et services spécialisés à qui il était demandé de s ’ exprimer sur le livre-outil des confessions de foi réformées. mais un débat est ouvert et cela constitue déjà une étape dans l ’ histoire des Églises de Suisse.

PAR ChRiStinA tuoR-KuRth

– La confession de foi réformée

Comment déclarer sa foi chrétienne ?

Il y a culte et culte. Des formes diverses pour une même confession de foi ? Les réformés de Suisse ne sont pas unanimes.

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32 bulletin Nº 1/2012

morts, les écritures bibliques comprennent un grand nombre d ’ autres confessions : la foi en Dieu, créateur du Ciel et de la Terre, la foi en la fin de la pauvreté et de l ’ in-justice, la foi en la délivrance de la souffrance et de la mort.

Dans l ’ histoire de la chrétienté, les confessions de foi sont toujours marquées par le contexte historique de leur apparition. Aux débuts de la foi réformée, elles constituaient les ar-gumentaires qui devaient motiver les autorités politiques à décider en faveur de la Réformation. Certaines confessions de foi de cette époque n ’ hésitaient pas à condamner des courants réformateurs tiers.

Depuis le XXe siècle, des ques-tionnements politiques et éthiques peuvent susciter la formulation de confessions de foi dans les Églises. Les systèmes totalitaires tels que le national-socialisme et l ’ apartheid, mais aussi la course à l ’ armement, les inégalités crois-santes entre les régions du globe et la destruction de l ’ en-vironnement sont de véritables moteurs pour formuler de nouvelles confessions de foi. Eberhard Busch n ’ hésite d ’ ailleurs pas à parler d ’ une « nouvelle vague de confes-sions de foi ».

Un nouveau facteur est venu nous rappeler la néces-sité de mener une réflexion sur la tradition des confes-sions de foi au sein des Églises en notre siècle : l ’ avenir des Églises chrétiennes en Suisse, qui est dépeint dans des couleurs tout sauf roses par diverses études récentes. Ainsi, on assisterait actuellement à une édulcoration de la

foi, à une neutralisation du profil ec-clésial, à une rupture des confessions de foi constitutives traditionnelles, à une incapacité à parler de la foi.

Lancement d ’ un débat sur la confession de foi à l ’ échelle suisse

C ’ est en 2006 qu ’ un groupe de personnalités, représentant les fa-cultés de théologie et les directions d ’ Églises et dirigées par le pasteur et docteur en théologie Matthias Krieg, de Zurich, a abordé la question de

la rupture de la tradition en termes de confession de foi. S ’ inspirant du Book of Confessions de l ’ Église presbyté-rienne étasunienne, ce groupe a publié un recueil de 24 confessions de foi sous le titre Confessions de foi réformées – un livre-outil. Une deuxième édition est parue en 2011 au-près du Theologischer Verlag Zürich. L ’ ouvrage a pour vocation de lancer le débat sur une confession de foi com-mune dans les Églises réformées en Suisse, notamment en menant des discussions sur les fondements et les piliers de la foi de chacune et de chacun : comment parler de sa foi ? À quoi pouvons-nous nous référer ? Quels sont les éléments identitaires marquants de notre foi protestante et d ’ où proviennent-ils ? Comment sommes-nous iden-tifiables de l ’ extérieur ? L ’ ouvrage doit permettre de sa-voir quels sont les textes à intégrer dans un futur recueil de textes de référence et quelle est la place à accorder dé-

– Dans l ’ histoire de la chrétienté, les confessions de foi sont toujours marquées par le contexte historique de leur apparition.

Le « Credo de Kappel » est une proposition de confession de foi inspirée d ’ un poème de Kurt Marti, pasteur et homme de lettres.

La confession de foi réformée

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sormais à un tel recueil, notamment dans la perspective des prochains jubilés de la Réforme.

Un tel débat sur les confessions de foi au plan natio-nal constitue un jalon dans l ’ histoire des Églises suisses. En effet, jamais auparavant on n ’ a débattu de la suppres-sion progressive de la confession de foi au sein des Églises réformées suisses, déclenchée lors de la fameuse querelle sur la confession de foi, au XIXe siècle.

Au cours de l ’ été 2009, le Conseil de la FEPS a été chargé par l ’ Assemblée des délégués de mettre en consul-tation le livre-outil Confessions de foi réformées dans ses Églises. Cette consultation a eu lieu entre juillet 2010 et juin 2011. Le taux de retour d ’ à peine plus de 5 % sur les 3700 questionnaires distribués aux pasteures et pasteurs, présidences d ’ autorités ecclésiales et services de forma-tion d ’ adultes était d ’ autant plus décevant que ce chiffre comprend également les commentaires fournis spontané-ment, hors questionnaire.

Le dialogue est ouvertMalgré le taux de retour bien mince de la consulta-

tion, le livre-outil Confessions de foi réformées a recueilli les suffrages des milieux consultés. Le sujet une fois abordé, il a suscité de nombreux échanges, au-delà de la procédure de consultation, concernant le rôle des confessions de foi et sur la confession en général. Si on résume les résultats de la consultation, on constate que le premier objectif du groupe qui a lancé cette consultation, à savoir le déclen-chement d ’ un débat sur la confession de foi au plan suisse au moyen du livre-outil, est atteint. La consultation rap-pelle aussi la portée de ces confessions dans un contexte œcuménique, où elles ont une fonction de lien. Par contre, les avis divergent concernant l ’ opportunité de constituer un recueil contraignant de confessions de foi, un aspect que les auteurs de l ’ initiative avaient à cœur de clarifier. La majorité des personnes qui se sont exprimées sont dé-favorables à une confession de foi proclamée à voix haute lors du culte dominical, alors qu ’ elles estiment qu ’ une telle proclamation est appropriée dans un culte spécial. Dans la perspective œcuménique, les Symboles des apôtres et de Nicée-Constantinople occupent une fonction impor-tante ; toutefois, aucune tendance n ’ apparaît en faveur d ’ une confession de foi particulière. Relevons à ce pro-pos que les membres des Églises protestantes romandes n ’ ont fourni que 8 % des réponses à la consultation, alors que dans cette région du pays, la confession de foi est une partie constitutive du culte paroissial. La confession de foi

pratiquée sur le terrain n ’ apparaît donc pas de manière représentative dans le résultat de la consultation.

Le débat est lancé. Plusieurs Églises ont fait de la confession de foi un objectif de législature. Dans son rap-port adressé à l ’ Assemblée des délégués, la FEPS suggère une culture vivante et animée de la confession de foi sur le terrain. La rupture de la tradition chrétienne en Suisse peut être compensée par un profil plus net des Églises ré-formées, dont la confession de foi est un aspect. Toutefois, il faut se garder de considérer la confession de foi comme une formule immuable ; ce sont des énoncés et des impul-sions sujets à interprétation, qui méritent un débat vaste et pluriel. <

Compléments d ’ information

Interview en vidéo : trois questions à l ’ auteur, Christina Tuor-Kurth,

directrice de l ’ Institut de théologie et d ’ éthique http://player.vimeo.com/video/42822793

Recueil de projets et de documents sur la question de la confession de foi : www.ref-credo.ch

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– La foi dans le monde

Les Églises protestantes du Proche-Orient

PAR SERgE FoRnERod *

Les Églises protestantes du Proche orient s’interrogent sur leur avenir dans un contexte en plein bouleversement. Face aux diverses formes et trajectoires que prend le « Printemps arabe » selon le pays, les chrétiens, et les protestants en particulier, sont confrontés à de nouveaux défis.

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La Communauté des Églises protestantes au Pro-che-Orient (Fellowship of Middle East Evange-lical Churches FMEEC) a invité toutes les Égli-ses membres de la région à se réunir du 12 au

15 février dernier à Beyrouth sous le titre « la présence protestante et chrétienne au Moyen-Orient ». Les objec-tifs étaient, d ’ une part, d ’ évaluer les situations nationales très diverses des protestants dans ces pays et d ’ autre part de tenter de dégager des principes communs face aux ré-volutions en cours ou terminées. Près d ’ une centaine de personnes provenant d ’ une quinzaine d ’ Églises ainsi que quelques observateurs occidentaux ont répondu présents à l ’ invitation, de l ’ Algérie à l ’ Iran, du Koweït à l ’ Égypte, en passant bien sûr par la Syrie, l ’ Irak et la Palestine.

Durant deux jours, des discussions très vives sont nées de présentations de cas précis, d ’ analyses des facteurs géopolitiques, mais aussi interreligieux et œcu-méniques en présence. Dans son communiqué final, la Conférence, face aux craintes des chrétiens d ’ être les otages et les perdants des événements actuels, a affirmé son attachement à une bonne entente et une coopération avec les communautés musulmanes « établie sur les bases solides de la coexistence fondée sur l ’ égalité des droits de l ’ homme », appelant à « l ’ émergence d ’ un Moyen-Orient qui jouira de la paix fondée sur la justice, la liberté et le respect et la sauvegarde des droits de l ’ homme ». La Conférence a appelé « surtout les autorités actuellement au pouvoir, à œuvrer pour l ’ instauration d ’ états de droit dans cette région ; des états fondés sur une compréhen-sion modernisée de la démocratie (…) qui est basée sur l ’ égalité des droits de tous à la citoyenneté égale accordée à tous (…) ; des états qui offrent l ’ égalité des chances pour le travail et la prospérité à tous les habitants du Mo-yen-Orient sans discrimination. Ce n ’ est que dans un tel Moyen-Orient que toutes les communautés, protestantes et non protestantes, mais surtout la jeunesse parmi nous, jouiront de la sécurité et du bien-être, et ne vivront plus, par conséquent, dans la frustration et la crainte ou la ten-tation d ’ émigrer. »

Certes, la situation de cette minorité dans la mino-rité chrétienne de la région la rend plus fragile et la po-sitionne en tant que cible potentielle d ’ actes de violence impunis. Mais la loyauté de ces protestants au destin de leur nation et leur sens de la responsabilité pour défendre et promouvoir un état de droit ne manque pas de coura-ge dans de telles circonstances. Il faut le reconnaître et le saluer. L ’ intérêt de cette communauté d ’ Églises, outre

la solidarité œcuménique entre Églises de la région, est l ’ établissement de bonnes relations avec les musulmans modérés. En outre, les liens avec les Églises protestantes en Europe sont de précieux soutiens pour ces Églises. La FMEEC, organisation sœur de la Communion d ’ Églises protestantes en Europe CEPE a, grâce à cette conférence, rendu visibles le sort délicat de nombreuses communau-tés oubliées et ignorées par les médias et l ’ existence d ’ un réseau de soutien et de solidarité internationale entre Ég-lises de diverses régions du globe.

La Fédération des Églises protestantes de Suisse a pu participer à cette conférence. Il s ’ agit, pour elle, d ’ une part de poursuivre le travail de relation avec les Églises de la région commencé lors du voyage de la délégation au Proche-Orient en automne 2010, en particulier de soute-nir ces Églises isolées dans leur prise de parole publique, dans un contexte politique d ’ une dangereuse volatilité. D ’ autre part, il s ’ agit d ’ informer les Églises de la Fédéra-tion sur la situation des chrétiens dans toute la région. La situation politique au Proche-Orient ne se résume pas au conflit israélo-palestinien. Les diverses formes du « Prin-temps arabe » n ’ apportent pas que des espoirs de démo-cratie et de respect des droits de l’homme. Les chrétiens, et parmi eux en particulier les protestants ultraminori-taires comptent sur notre soutien et notre attention afin qu ’ ils puissent apporter leur contribution à la transfor-mation de leurs sociétés et qu ’ ils soient respectés comme tels dans leur pays. <

* SERgE FoRnERod, directeur des Relations extérieures

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D ’ ailleurs, dans la Bible, Dieu entame son dialogue avec les humains en deman-dant « Où es-tu ? » (Gn 3, 9). Cette phrase constitue l ’ entrée en matière de Dieu

pour renouer avec les humains après le péché originel. « Où es-tu ? » s ’ adresse aux humains au-delà de l ’ Eden, entre catastrophes et alibis censés expliquer pourquoi la situation est ainsi et pas autrement.

Cette question de la localisation de l ’ homme (« où es-tu ? ») est surprenante. Aujourd ’ hui, aborder la théma-tique de la dignité humaine revient plutôt à mener une ré-

flexion sur « qui » et sur « quoi », des aspects qui trouvent une réponse dans la Bible dès les premiers chapitres : « Dieu dit : Faisons l ’ homme à notre image, selon notre ressemblance (…) ; Dieu créa l ’ homme à son image, à l ’ image de Dieu il le créa ; mâle et femelle il les créa. » (Gn 1, 26s.). Et le Psaume 8, 6 de confirmer : « Tu en as presque fait un dieu : tu le couronnes de gloire et d ’ éclat. » Quelle image grandiose ! Mais qu ’ en est-il dans la réalité ?

Alors que nous parlons très naturellement de cette ressemblance divine de l ’ humain, deux observations sou-lèvent des questions mal commodes. D ’ une part, la seule

– « Adam, où es-tu ? »

Une contribution à la notion de dignité humaine sous l ’ aspect de l ’ œcuménisme Le 31 mars 1940, theodor haecker écrit dans ses Tag- und Nachtbücher : « une catastrophe universelle peut servir à toutes sortes de choses, notamment à trouver un alibi face à dieu. où étais-tu, Adam ? J ’ étais à la guerre mondiale. » La recherche d ’ Adam, de l ’ humain, ne date pas de la deuxième guerre mondiale et n ’ a pas pris fin une fois les hostilités terminées. Cette recherche est intimement liée à l ’ être humain, qui s ’ en préoccupe dès les débuts.

PAR FRAnK mAthwig

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Chassés du Paradis : privés de dignité ? « Adam et Ève », gravure de l ’ artiste danois Nicolai Abildgaard

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occurrence de cette distinction de l ’ humain apparaît dans Genèse 1, 26s. ; Genèse 5, 1 et 3 ainsi que 9, 6 se contentent de reprendre cette citation. D ’ autre part, la controverse subsiste sur le sens réel de cette qualification de l ’ humain : l ’ homme est-il à l ’ image de Dieu (en hébreu : zalam, en grec : eikon, en latin : imago) ou ressemblant à Dieu (de-muth, homoiosis, similitudo) ? Les Pères de l ’ Église hel-lénophones et latinophones voyaient dans la première définition la vie humaine tout court et dans la deuxième une vie conforme à Dieu. La première définition se rap-porte donc à l ’ humain en sa qualité de créature divine, alors que la deuxième forme la référence pour le comporte-ment et l ’ activité des humains. Dans Genèse 2, 26, les deux représentations sont contiguës. Mais cette proximité vaut-elle encore après le péché originel, quand l ’ humain a perdu toute ressemblance avec Dieu ? Reste-t-il à l ’ image de Dieu ou l ’ était-il seulement par le passé ? Cette ques-tion, qui préoccupe la théologie chrétienne dès ses débuts,

concerne aussi le débat ecclésiologique et théologique sur la dignité humaine et les droits de l ’ homme, qui se fonde sur la proximité de la notion d ’ image de Dieu et de celle de la dignité humaine, voire de l ’ équivalence des deux no-tions.

Les rapports entre la théologie chrétienne/l ’ Église et les droits de l ’ homme sont marqués par une histoire longue et mouvementée. On continue, à ce jour, à discuter de l ’ ef-

fet du christianisme sur la naissance de l ’ idée des droits de l ’ homme universels. En revanche, l ’ unani-mité règne quant à la constatation que la misère humaine quasi infinie apparue durant la Seconde Guerre mondiale a contribué à l ’ avènement de ces droits de l ’ homme. Depuis, les grandes Églises chrétiennes

comptent parmi les défenseuses ardues de ces droits. Leur engagement s ’ inscrit dans une unité œcuménique quasi parfaite, comme en témoignent par exemple les procla-mations œcuméniques publiées chaque année par les trois grandes Églises nationales en Suisse lors de la Journée des droits de l ’ homme.

Toutefois, cette unanimité n ’ est pas sans faille, preuve en est le récent débat sur la dignité humaine mené par l ’ Église orthodoxe russe EOR, la Conférence des Églises européennes KEK et la Communion d ’ Églises protestantes en Europe CEPE. Ce débat fut déclenché par un document publié en juillet 2008 et intitulé Fondements de l ’ enseignement de l ’ Église orthodoxe russe sur la dignité, la liberté et les droits de l ’ homme. La CEPE a publié sa ré-action à ce document en mai 2009, sous le titre Droits de l ’ homme et morale chrétienne, auquel la FEPS a contribué de manière déterminante.

Le débat mené jusqu ’ à ce jour a confirmé les dif-férences théologiques qui existent entre les Églises et les confessions impliquées. Ces différences se manifestent, dans le domaine des droits de l ’ homme, sous la forme de divergences de vue concernant le nombre, le statut, la por-tée et la validité des droits de l ’ homme. Si on veut résumer en quelques mots la ligne de confrontation bien connue qui traverse le système de coordonnées ecclésial en Eu-rope : la liberté pour l ’ Occident, la morale pour l ’ Orient. Il ne faut pas pour autant négliger deux changements fon-damentaux qui sont intervenus récemment : d ’ une part, le débat met en évidence une sensibilité accrue à la cause des droits de l ’ homme ; d ’ autre part, les différences d ’ inter-

– La liberté pour l ’ Occident, la morale pour l ’ Orient.

« Adam, où es-tu ? »

La Fédération des Églises a publié en 2007 la brochure « Placer l ’ être humain dans son droit ». Disponible dans la boutique sur : www.feps.ch/ onlineshop».

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prétation sont apparues lors d ’ un entretien que les deux parties ont activement cherché et mené avec beaucoup d ’ engagement.

L ’ image de Dieu vs. ressemblance à DieuLes points de vue de l ’ EOR et de la CEPE divergent

considérablement. À première vue, on pense assister à l ’ éternelle querelle sur la liberté des humains sous cou-vert de dignité humaine. Se référant à la Réforme et aux Lumières, les protestants affirment la (relative) autonomie de la personne, alors que les orthodoxes russes, rejoints par l ’ Église catholique romaine, relativisent et critiquent une telle vision de la liberté, exagérée à leurs yeux. En fait, les enjeux sont bien plus vastes : il s ’ agit ni plus ni moins de l ’ ambiguïté de la formulation véhiculée dans Genèse 1, 26. Pour la CEPE, la dignité humaine équivaut à l ’ image de Dieu ; elle revient inconditionnellement à chacune et à chacun de par la grâce divine. Alors que l ’ EOR sous-crit en principe à cette approche, la dignité humaine n ’ est pas inconditionnelle à ses yeux, mais dépend de l ’ effort pratique accompli par chacune et chacun pour s ’ orienter vers l ’ image de Dieu en sa qualité de référence morale. Aux yeux de l ’ EOR, image de Dieu et ressemblance à Dieu sont des notions complémentaires : l ’ humain est à l ’ image de Dieu en sa qualité de créature divine mais la ressem-blance divine s ’ atteint par un comportement moral.

La CEPE est d ’ avis que Dieu lui-même fait l ’ humain à son image, alors que l ’ EOR estime que c ’ est l ’ humain qui provoque sa ressemblance à Dieu. On est donc en pré-sence de deux positions théologiques diamétralement op-posées. Alors, comment faire le lien entre ces deux points de vue ?

Le théologien Jürgen Moltmann propose une consi-dération relative de ces deux points de vue : on peut consi-dérer que par « à l ’ image de Dieu », on entende la relation entre Dieu et les humains, alors que par « ressemblance à Dieu », on entende la relation des humains avec Dieu. Dans la notion d ’ image de Dieu, Dieu entre en relation avec l ’ humain, « pour qu ’ il devienne son image sur terre ». Dieu, en initiant cette relation, est aussi le seul à pouvoir y mettre un terme. Une situation à l ’ image de Dieu relève de Dieu et non de l ’ humain. Dieu, en conférant sa propre image à l ’ humain, confère à cette distinction un caractère non négociable par l ’ humain. En d ’ autres termes, la di-gnité humaine est inaliénable et inconditionnelle. La res-semblance à Dieu se manifeste, quant à elle, dans l ’ attitude concrète de l ’ humain face à Dieu. Elle est conditionnée

par l ’ activité de l ’ humain et relève de l ’ Esprit saint inhé-rent aux chrétiens.

D ’ un point de vue protestant, l ’ interprétation mo-derne de la notion de dignité humaine se compose de trois volets : 1. Les humains reçoivent des mains de Dieu une vie empreinte de dignité. 2. Le salut des humains n ’ est ac-quis ni avec la dignité, ni avec les efforts accomplis pour ressembler à Dieu. Le salut est dû exclusivement à l ’ in-tervention salutaire de Dieu en Jésus-Christ, image de Dieu (cf. 2 Co 4, 4 ; Col 1, 15). 3. Ce n ’ est qu ’ en aspirant à devenir à l ’ image de Dieu par le Christ (cf. Rm 8, 29 ; 2 Co 3, 18) que les croyants peuvent suivre Dieu dans leurs actes. Ce qui est décrit par la tradition orthodoxe russe par la catégorie morale du devenir à l ’ image de Dieu est défini par Martin Luther par « l ’ alternance joyeuse » qui produit les fruits de la foi « par pur amour et de manière gratuite ». Aux yeux du réformateur, l ’ éthique chrétienne ne se fonde pas sur cette notion d ’ image de Dieu, mais sur l ’ identification avec le Christ. L ’ action libératrice de Dieu constitue le fondement et le point de départ de la morale, et pas son objectif.

C ’ est à ce niveau que devrait se poursuivre le débat sur les droits de l ’ homme

Dans le débat sur les fondements théologiques de la définition moderne de la notion de dignité, on oublie souvent de se référer à la question citée en titre : « Adam, où es-tu ? » Où est le lieu qui correspond à la dignité hu-maine ? La portée de cette question, bien que théologique, dépasse le cadre de cette seule théologie. La localisation de la dignité humaine ne peut être autre que l ’ humain lui-même : Ecce homo! (Jn 19, 5) C ’ est à ce niveau que de-vrait se poursuivre le débat sur les droits de l ’ homme, de part et d ’ autre. Dans la controverse, il ne faut pas négliger celles et ceux qu ’ il s ’ agit de protéger. Il n ’ y a qu ’ un seul moyen pour ne pas courir le risque d ’ omettre les victimes de violations des droits de l ’ homme : c ’ est de mener le dé-bat théologico-éthique en gardant en mémoire le cas d ’ un humain violenté, privé de ses droits les plus fondamen-taux et en se posant sérieusement la question suivante : quel est l ’ intérêt de se poser la question de la définition de l ’ imago ou de la similitudo compte tenu de la réalité d ’ un dissident politique torturé ? Quel est le poids de la dimen-sion morale de la dignité face à la réalité des femmes vic-times de viols systématiques ? Et quel est le sens du débat théologique sur les limites de la liberté humaine face à la réalité d ’ une corruption et d ’ une répression qui poussent

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des populations entières d ’ une société dans la misère et la violence ? Si ces questions se retrouvaient réellement au centre du débat, le débat se retrouverait enfin là où il de-vrait : au niveau des humains et plus précisément auprès des victimes de violations des droits de l ’ homme. <

Compléments d ’ information

Interview en vidéo : trois questions à l’auteur, Frank Mathwig,

chargé des questions de théologie et d ’ éthique http://player.vimeo.com/video/42821463

La pierre d ’ achoppement : Rudolf Uertz, Lars Peter Schmidt (éd.), Die Grundlagen der Lehre der Russischen Orthodoxen Kirche über die Würde, die Freiheit und die Menschenrechte, Moscou, 2008.

Réponse de la CEPE : Droits de l ’ homme et morale www.leuenberg.eu/de/node/2925

Contributions au débat

Higoumène Philarète Boulekov, Die ökumenische Diskussion über die Menschenrechte www.bogoslov.ru/de/text/480131.html (en allemand)

Frank Mathwig, Menschenrechte und Ökumene. Zur Diskussion zwischen ROK und GEKE, in : G2W 10/2009, p. 22–24

Barbara Hallensleben, Russische Beiträge zur westlichen Menschenrechtsdebatte, in : G2W 10/2009; p. 25–27

Barbara Hallensleben/Nikolaus Wyrwoll/Guido Vergauwen, Zur Ambivalenz der Menschenrechte. Missverständnisse der « Gemeinschaft Evangelischer Kirchen in Europa », in : SKZ 177/2009; p. 497–502

Frank Mathwig, Weniger ist mehr. Zur Kritik an der GEKE-Antwort auf die Menschenrechtsgrundsätze der russischen orthodoxen Kirche, SKZ 177/2009; p. 563–566

Stefan Tobler, Menschenrechte als kirchentrennender Faktor ? Die Debatte um das russisch-orthodoxe Positionspapier von 2008, in : ZThK 107/2010; p. 325–347

« Adam, où es-tu ? »

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La Fédération des Églisesprotestantes de Suisse FEPS

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– Organisation

Églises protestantes en SuisseLa Fédération des Églises protestantes de Suisse FEPS rassemble en Suisse 24 Églises protestantes cantonales, l ’ Église méthodiste et l ’ Église évangélique libre de genève. Ainsi, la FEPS représente 2,4 millions de protestantes et protestants. Elle prend position sur des thèmes politiques, économiques et sur des questions de foi et elle est entre autres l ’ interlocutrice du Conseil fédéral.

La FEPS prend position dans le domaine politique et elle s ’ exprime dans ses propres publications sur des sujets théologiques et éthiques actuels. La FEPS met à disposi-tion des publications d ’ actualité au sujet de la Cène, du baptême, de la globalisation, de la recherche sur l ’ être humain, de l ’ assistance au décès, des droits de l ’ homme, des Églises de migrants. Elles peuvent être téléchargées et commandées sur le site www.feps.ch

Sur le plan religieux, elle représente ses Églises membres auprès de la Communion mondiale d ’ Églises réformées CMER, de la Communion d ’ Églises protes-tantes en Europe CEPE, de la Conférence des Églises européennes KEK et du Conseil œcuménique des Églises COE. En Suisse et à l ’ étranger, la FEPS entretient des re-lations avec les Églises partenaires, avec les communautés israélites et musulmanes, avec la Conférence des évêques, ainsi qu ’ avec les œuvres d ’ entraide et les organisations missionnaires.

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Pasteur et Dr. theol. Gottfried Locher, président

Kristin Rossier Buri, pasteure, vice-présidenteFormation et accompagne-ment des membres du Conseil de l ’ Église évangélique réformée du canton de Vaud (section Ressources humaines)

Peter Schmid, Dr theol. h. c., vice-présidentPrésident du Conseil des hautes écoles du nord-ouest de la Suisse (FHNW)

Rita Famos-Pfander, pasteurePasteure de l ’ Église évangélique réformée du canton de Zurich depuis 1993

Regula KummerVice-présidente du Conseil de l ’ Église réformée du canton de Thurgovie (secteur Diaconie et œuvres)

Daniel de Roche, pasteurPrésident du Conseil synodal de l ’ Église évangélique réformée du canton de Fribourg

Lini Sutter-AmbühlAvocate, présidente du Conseil d ’ Église de l ’ Église réformée du canton des Grisons

Le Conseil de la Fédération des Églises protestantes

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Collaboratrices et collaborateurs de la Fédération des Églises protestantes

Beatrice Bienz Assistante administrative du président du Conseil

Jacqueline BlaserAssistante administrative de la réception

Jacqueline DählerAide-comptable

Manuel ErhardtAssistant web

Thomas Flüggelic. théol. et journalisteChargé des relations publiques

Serge Fornerod, pasteur, MPADirecteur des relations extérieures et directeur adjoint du Secrétariat

Nicole Freimüller- HoffmannAssistante administrative du directeur de la Communi-cation

Anke Grosse-Frintrop Directrice des Services centraux

Martin Hirzel, pasteur et docteur en théologieChargé de l’œcuménisme et des communautés religieuses

Simon Hofstetter, pasteurAssistant scientifique

Hella Hoppe, docteure en économieChargée des questions économiques

Matthias Hügli, pasteurChargé des relations avec les Églises

Michèle LaubscherAdjointe administrative

Pamela LiebenbergAdjointe administrative dans le domaine Églises

Frank Mathwig, docteur en théologie, privat-docentChargé des questions théologiques et éthiques

Christine MaurerRéceptionniste

Helene MeyerhansAssistante administrative du Conseil

Christiane RohrAssistante administrative dans les domaines relations extérieures et Églises

Simon Röthlisberger, lic. phil. hist.Chargé des questions de migration

Otto Schäfer, pasteur et docteur en écologie végétaleChargé des questions théologiques et éthiques

Anja ScheuzgerAdjointe administrative à l ’ Institut de théologie et d ’ éthique

Cornelia Schnabel lic. phil. Collaboratrice personnelle du président du Conseil

Mirjam SchweryRéceptionniste

Christian Tappenbeck, avocat, docteur en droitChargé des affaires juridiques

Christina Tuor-Kurth, docteure en théologie, privat-docentDirectrice de l ’ Institut de théologie et d ’ éthique Cécile UhlmannResponsable de la comptabilité

Simon Weber, pasteurPorte-parole et directeur de la Communication

Eva WernlyAssistante administrative du directeur du Secrétariat

Philippe Woodtli, pasteurDirecteur du Secrétariat

Brigitte WegmüllerAssistante administrative de la directrice de l ’ Institut de théologie et d ’ éthique

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– Réorganisation

Une nouvelle structure pour la Fédération des Églises

CommunicationDirecteur : Simon Weber

La Communication est en charge des relations publiques et des publi-cations ; son activité est transversale. Le directeur de la communication est aussi le porte-parole de la Fédération.

Services centrauxDirectrice : Anke Grosse-Frintrop

Les Services centraux fournissent les prestations administratives et in-frastructurelles de base pour l ’ ensemble du Secrétariat. Ils sont également en charge des travaux qui découlent des recommandations de la Commission de l ’ Assemblée des délégués.

La structure et le fonctionnement du Secrétariat de la Fédération des Églises protestantes de Suisse ont été remaniés en 2012. désormais, la structure s ’ appuie sur six unités organisationnelles. Le département Relations ecclésiales a été subdivisé en trois domaines : Églises, Relations extérieures et œcuménisme, droit et société. L ’ institut de théologie et d ’ éthique itE ainsi que la Communication et les Services centraux ne sont pas touchés par la réorganisation. Les domaines d ’ activité de chacune de ces unités organisationnelles sont consignés dans un « mandat de base », défini par le président. il revient au Conseil d ’ adopter le programme annuel de chacun de ces six domaines.

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Les Églises élisent 70 délégués, qui les représentent à l ’ Assemblée des délégués. L ’ Assemblée des délégués AD est le parlement (législatif) de la Fédération. Elle siège deux fois par an.

Le Conseil est l ’ organe exécutif de la Fédération. Ses sept membres se réunissent une fois par mois pour une séance de deux jours.

> Président du Conseil : Gottfried Locher

> Vice-présidente : Kristin Rossier Buri > Vice-président : Peter Schmid> Rita Famos-Pfander> Regula Kummer> Daniel de Roche> Lini Sutter-Ambühl

Conseil

Le directeur du Secrétariat assure la communication entre l ’ Assemblée des délégués, le Conseil et le Secrétariat. Il veille à la mise en œuvre des décisions de l ’ Assemblée des délégués et du Conseil dans les services adéquats du Secrétariat.

Il assure que les travaux effectués par le Secrétariat soient présentés au Conseil dans les délais et dans la forme requis, le Conseil étant responsable de la trans-mission de ces travaux à l ’ Assemblée des délégués le cas échéant.

> Directeur du Secrétariat et secrétaire du Conseil et de l ’ Assemblée des délégués : Philippe Woodtli

Secrétariat

institut de théologie et d ’ éthiqueDirectrice : Christina Tuor-Kurth

L ’ Institut de théologie et d ’ éthique élabore les bases de travail pour répondre aux questions théologiques et éthiques. Il joue aussi le rôle d ’ interface entre la théologie académique et les services spécialisés des Églises. Un livre sur la foi est actuelle-ment en cours de préparation à l ’ ITE, à paraître durant la période de l ’ avent 2013. Cette unité organisation-nelle est encore en cours de constitution.

ÉglisesChargé : Matthias Hügli

Le domaine Églises est en charge des relations avec les Églises et entre les Églises.Cette unité organisationnel-le est en phase de construc-tion.

Relations extérieures et œcuménisme Directeur : Serge Fornerod

Les Relations extérieures sont en charge des échanges de la FEPS avec les organisations internationales : Conseil œcuménique des Églises COE, Communion mondiale d ’ Églises réformées CMER, Conférence des Églises euro-péennes KEK, Communion d ’Églises protestantes en Eu-rope CEPE. Ce département assure également les contacts bilatéraux avec les Églises œcuméniques apparentées en Suisse et à l ’ étranger. C ’ est aussi dans cette unité orga-nisationnelle qu ’ ont lieu les préparatifs pour le jubilé de la Réforme.

droit et sociétéChargé : Christian Tappenbeck

Le domaine Droit et société traite du droit ecclésial, assurant le lien entre le droit fédéral et les questions politiques d ’ actualité. Il est notamment en charge de la révision de la Constitution de la FEPS et de la motion Diaconie.

26 Églises

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48 bulletin Nº 1/2012

Reformierte Landeskirche AargauPrésidente du Conseil d ’ Église : Claudia Bandixen 75 paroisses183 341 membres

Églises réformées Berne-Jura-SoleurePrésident du Conseil synodal : Andreas Zeller 213 paroisses693 531 membres

Evangelische Landeskirche GraubündenPrésidente du Conseil d ’ Église : Lini Sutter-Ambühl 120 paroisses71 920 membres

Evangelisch-Reformierte Landeskirche beider AppenzellPrésident du Conseil d ’ Église : Kurt Kägi-Huber 20 paroisses25 675 membres

Église évangélique réformée du canton de FribourgPrésident du Conseil synodal : Daniel de Roche 16 paroisses40 628 membres

Reformierte Kirche Kanton Luzern Président du Conseil synodal : David A. Weiss 8 paroisses42 633 membres

Reformierte Kirche BasellandPrésident du Conseil d ’ Église : Martin Stingelin 35 paroisses97 582 membres

Église Protestante de GenèvePrésidente d ’ Église : Charlotte Kuffer 31 paroisses79 576 membres

Église réformée évangélique du canton de NeuchâtelPrésident du Conseil synodal : Gabriel Bader 12 paroisses62 865 membres

Reformierte Kirche Basel-StadtPrésident du Conseil d ’ Église : Lukas Kundert 10 paroisses32 00 membres

Evangelisch-Refor mierte Landeskirche des Kantons GlarusPrésident du Conseil d ’ Église : Ulrich Knoepfel 13 paroisses15 531 membres

Evangelisch-Reformierte Kirche NidwaldenPrésidente du Conseil d ’ Église : Karin Gerber-Jost 3 paroisses4514 membres

– Églises protestantes en Suisse

Les Églises de la Fédération

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Evangelisch-Reformierte Kirche ObwaldenPrésidente de la fédération des paroisses réformées-évangé-liques d ’ Obwald : Therese Meierhofer-Lauffer 2 paroisses2821 membres

Evangelisch-Reformierte Kirche Kanton Solothurn Présidente du Conseil synodal : Verena Enzler 23 paroisses29 555 membres

Église Évangélique Réformée du canton de VaudPrésidente du Conseil : Esther Gaillard 83 paroisses251 716 membres

Église Évangélique Libre de Genève Président du Conseil Synodal : Raymond Bourquin 6 paroisses680 membres

Evangelisch-reformierte Kirche des Kantons St. GallenPrésident du Conseil d ’ Église : Dölf Weder 55 paroisses114 193 membres

Evangelische Landes kirche des Kantons ThurgauPrésident du Conseil d ’ Église : Wilfried Bührer 66 paroisses98 753 membres

Église réformée évangélique du ValaisPrésident du Conseil synodal : José Marti 10 paroisses17 883 membres

Evangelisch- methodistische Kirche in der SchweizÉvêque : Patrick Streiff 120 paroisses6162 membres

Evangelisch-reformierte Kirche Kanton SchaffhausenPrésident du Conseil d ’ Église : Frieder Tramer 31 paroisses32 109 membres

Chiesa Evangelica Riformata nel Cantone TicinoPrésident du Conseil synodal : Tobias E. Ulbrich 3 paroisses7172 membres

Reformierte Kirche Kanton ZugPrésidente du Conseil d ’ Église : Monika Hirt Behler 7 paroisses17 929 membres

Evangelisch-reformierte Kantonalkirche SchwyzPrésident du Conseil d ’ Église : Felix Meyer 6 paroisses18 156 membres

Evangelisch-Reformierte Landes kirche UriPrésident du Conseil d ’ Église : Dieter Kolthoff3 paroisses1838 membres

Evangelisch reformierte Landeskirche des Kantons ZürichPrésident du Conseil d ’ Église : Michel Müller 181 paroisses472 970 membres

état : 2010

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50 bulletin Nº 1/2012

Fédération des Églises protestantes de Suisse FEPS CH-3000 Berne 23Téléphone +41 (0)31 370 25 [email protected], www.feps.ch

Tirage : 5000 allemand, 1900 français

Directeur de la Communication : Simon WeberRédaction : Thomas FlüggeAdministration : Nicole Freimüller-HoffmannGraphisme/Layout : Meier Media Design, Zurich

Traduction : Irène Minder, Eliane GerberCorrection : Monique LopinatImpression : Schlaefli & Maurer AG, Interlaken

Images : p. 43/45 Daniel Rihs

Être Église protestante : Objectifs de législature 2011–2014

Le Conseil de la Fédération des Églises protestantes de Suisse s ’ est fixé des objectifs. Ils sont au nombre de six pour la législature 2011–2014. Être Église protestante – voici ce que souhaite la Fédération des Églises : l ’ enracinement protestant, la communauté protestante, l ’ inspiration protestante, l ’ œcumé-nisme protestant, la présence protestante et la vigilance protestante.

Vous trouverez, encarté dans ce magazine, le dépliant des objectifs de légis-lature de la Fédération des Églises protestantes de Suisse. Vous pouvez les lire et les discuter, chez vous, dans votre paroisse, sur votre place de travail. Vous pouvez les déplier et les afficher – par exemple dans la vitrine de votre paroisse.

Vous en trouverez en tout temps d ’ autres exemplaires sur www.feps.ch/onlineshop, à télécharger ou à recevoir par courrier.

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sek · fepssek · fepsFédération des Églises protestantes de Suisse

En effet, le corps est un, et pourtant il a plusieurs membres : mais tous les membres du corps, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps : il en est de même du Christ. (1 Co 12, 12)

Vous êtes le sel de la terre. (Mt 5, 13)

La Fédération des Églises protestantes de Suisse FEPS confesse que Jésus-Christ est son seul Seigneur. Elle reconnaît dans la Bible le témoignage de la révélation divine. Elle affirme que nous sommes sauvés par la grâce, justifiés par la foi. Dans l’espérance du Royaume de Dieu, la FEPS se sait appelée à apporter à notre peuple le message de Jésus-Christ, avec ses exigences et ses promesses. (Constitution de la Fédération des Églises protestantes de Suisse)

Chère lectrice, cher lecteur,

Des Églises réformées et méthodistes de toute la Suisse, représen-tant plus de deux millions de personnes réparties dans 26 Églises, proclament ensemble l’Évangile. Jour après jour, elles transmettent la foi chrétienne, la traduisent dans notre époque et notre vie actuelle. Un peu partout des hommes, des femmes, des enfants et des adolescents s’engagent dans des centaines de paroisses. Vous tous, nous tous sommes la Fédération des Églises protestantes de Suisse. Au sein de la Fédération des Églises, ensemble et par-delà les frontières paroissiales et cantonales, nous sommes Église. C’est pourquoi je me réjouis de vous présenter au nom du Conseil les objectifs de législature pour les années 2011 à 2014. Certes, des objectifs de législature ne sont pas l’Évangile, pour cela leur validité est par trop éphémère. En outre, ils sont loin de recouvrir tout ce que nous faisons ; des activités importantes, comme les relations avec nos œuvres d’entraide et de mission, n’y sont pas mentionnées, parce qu’elles ont fait leurs preuves et que nous les poursuivons sans apporter de changement. En revanche, les objectifs de législature décrivent ce que nous voulons changer, faire bouger, développer. Vous découvrirez ici les priorités que nous avons fixées. Et vous verrez que des tâches considérables nous attendent.

Au nom du Conseil, je vous remercie cordialement d’accompagner notre travail.

Gottfried LocherPrésident du Conseil de la FEPSnena

Fédération des Églises protestantes de Suisse

Fédération des Églises protestantes de Suisse FEPS Sulgenauweg 26 Case postale CH-3000 Berne 23Téléphone +41 (0)31 370 25 25 Fax +41 (0)31 370 25 [email protected]

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Objectifs de législature 2011–2014 Être Église protestante

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6 –Wittemberg, Zurich, Genève

À qui appartient la Réforme ?10 – Migration

Projet pilote de contrôle des renvois forcés : un succès

16 – Dialogue

Gottfried Locher, président du Conseil : « Il faut supporter les tensions religieuses »

32 – Consultation sur la confession de foi Des réactions décevantes, mais néanmoins

un jalon dans l ’ histoire des Églises de Suisse

Le magazine de la Fédération des Églises protestantes de Suisse

Nº 1/2012

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– Lisez, écoutez et regardez votre Fédération des Églises dans le bulletin en ligne ! www.feps.ch

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