Aures- Note concernant les O. Daoud du mont Aurès

download Aures- Note concernant les O. Daoud du mont Aurès

of 20

Transcript of Aures- Note concernant les O. Daoud du mont Aurès

  • 5/16/2018 Aures- Note concernant les O. Daoud du mont Aurs

    1/20

    .~,\.. . . . .

    )

    . . . .

    NOTEC O N C ER N A N T U lS

    A O U L A D - D A O U DDU';' .

    MONT AURES (A ouras )PA R

    Emile MASQUERA Y.., . . . . .,

    ALGERADOLPHE JOURDAN, LIBRAIRE-EDIT suu

    PARIS" , ..CHALLAMEL AINEConcessionnalrif deja. vente-desCartes. Plans Ilt Ouvragespub li cs par Ie DepM de III Marine.

    5, rue Jacob.

  • 5/16/2018 Aures- Note concernant les O. Daoud du mont Aurs

    2/20

    i

    AVIS AU LECrrEUR:..y.' ' t ' , .

    Le chetkh.des Halha, fraction maraboutique desAouldd-Daoud, etait, au mois de septem,bre 1876 , unpetit uieillard robuste qui possedait quelque biendans la plaine de Medina du Chellia, et pres du ,. . . . . . .village d'El-Hammdm. II n'avait guere de relationsavec l'cutorit s1~pe1'ieure,et se contentait de battreson ble quand it etait rnw. Si un. serviteVJrdu qa'idou un caoalie du bureau lui apportait un ordre, itreunissait ses enfants sur Loire, et, quand it avaitpris leur avis, i l consultait safemme, Announa. Je [areoois debout devant 'le cheUchassis, grande ot mincequoique dgee de p?'esde cinquante ans, vetue de bleu,la tete entouree d' un foulard rouge, et paree deqrandes boucles d'oreilie d'(lIrgent. Ntnis tombamesmalades de la jievre, le che'ikhet moi , ma tente fut

  • 5/16/2018 Aures- Note concernant les O. Daoud du mont Aurs

    3/20

    -6-dressee a cotede la sienne, et ses fils allaient de tunca {autre comme si j'euese eM un des leurs, QuandJe pus me lever, la petite familZe m'installa sous dobeaux arbres au bard d'un ravin voisin,. les jeunes!lens portaient ma table et ma chaise et me ten~ientcompagnie. Quelques passants s'approchaient timi-dement, s'asseyaient, regardaient, puis revenaientle lendemain : ces nouveaux am.is m'apportaient desgrenades' O U des figues.C'es! lei, au c1&'If_reme de cet Aourds tant redoute,

    que j'ai recueilli les renseignements qui suivent,Je lee ai loissee dans leur forme premiere, tels queje les ai sou'mis IiM. le Gouverneu1' geriA1'alcivil,au commencement dejuin 1879 , suivant le preceptede Montaigne: u, Je voudrais que cbascuai escrioit cequ'il syait , et autant qu'il e n scait . ))Quant au [ond,si j'ai he sabre d~detatts comme it c9nvenait dans~mrapport sommaf,.f~, [e puis me porter garant\.d'une exactitude obsolue sur tous lee points. flumains, cette etude m'est personnelle, et je n'ai eurecours a aucun document o(ficieZ.Ne me demandez pas, ami lecteur, que j'exprime

    ici d'autre sentiment que celui de la reconnaissanceenvers les indigenes qui m'ont soigne, et instruitde

    7lour histoifO sans a~'1'iiJre-pensee, ' en soi plus d'unqui, bien traitd par eu, les a calomnids ensuiie,pour vous faire sa cour ; mais un jour viendra a t ! "vous repousseroz loin de vous cosartisans de men-sonqe. J'ai vecu pondant deux ans sous la tente dansl 'Aouras, j'ct i passe trois mois dans l 'Oudd-Mezdb,je connoi toute la Kabylio, Dens tes ~oins les plussauvages memo a La oeille ou au lenit~main d'una, "reootte, ctie les Tele; et chez les BouAzid, faj, nwul' hospitalite,Ne me demandez pas non plus des allusions a~~x

    ofliciers de bureaux arabes. Ie m'!1onore de louramiti. Quand on vous dim ia verite, et pou cela it(audra. quelque coumge, on vous rappellero. d'obor~l.la confusion eff 'royabLe de la societe afi ica.ine (1Mlendemain de notre conquete, ot notre ignorancecomplete non-sculement de la configuration du, sol,despopulations, des lang,u,es,mais memo do Lareli-gion maJi.ometane encore si mal conn.uB, alors qu'il{allait imposer rapidement une pacification genrh'ole,base solido do l 'edifice actuel, avec des ressourccs si[aiblcs, qu'une prodigieuse activite peut seula erpli-qUM'teenJsultats obtenus. Dem6lne qu'un architcclca~&service d'un proprieuiire press d e ' temps C o t

  • 5/16/2018 Aures- Note concernant les O. Daoud du mont Aurs

    4/20

    -8-d'argent se sert des materiaua: anciens d'une maisonruinee pour en Mtir bietuo: une nouvelle, force futalors au gouverrrement de se con tenter tantdt deseroiteurs indigenes qu'il nepouvait remplacer, tan-tdt meme d'institutions oicieuses qu'il ne pouvait.1efondre. Quelques faules furent commises, et je lessiqnale dans Lamesure de mes consuussonces , maisen politique comme en morale it ne fa'lltt jeter lapremi81'e pierre qu'avec reserve. IJ'ailleurs, au debutde l' e~ fl:ouvelle qui s'ouvre devant nous, quand laplus grande partie des populations indigenes va etre1'econnue digne depa1'ticiper directement a . notrecivilisation, n'est-il pas conoenable d'apprecier avecjustice la periode antrkieure, et de suivre en celol 'exempZe du personnage eminent ouque! la Francea conjie,cette evolution sans eaemple sur Iaquetle lemonde rYfU'Sulmantout entier, depuis l'Egypte jus-qu'au Maroc, ales yeux (uceS?

    J e sen8\en ce moment tout ce que je dois Iimeschere etudes historique. Ce sont elles qui m'ontMevdau-dessu des debats rnesquins, jusqu'aux loisqui les expliquent, developpant en moi, au l i {W ! 4e. rla jalousie et de la haine, l'admiration et la pi~,~."qui gmndissent sans cesse avec l'intelligence: admi,'

    -9-ration de tous lesdevcuements a . notre belle patriequi ne nous distisujue ni par le costume ni pm' lerang, mais par les (E1WreS; piti pOU1' toutes lesmiseres, surtout pour celles qui sont la consequencei1'resistible des transformations poiitiques. Peut-etrele 1Jie'tb.'];ho'ikh d'El-Harnmdm a vu sa maM~rorenvcrsee, sa tente deohin3epar nos spahis, ses mou-

    .~,Iitons ceruius, son silo pille, ses'fi~ blesses ou tues .Queceu qui ne peuvent comprendre que je leplaigneautant qu'un de mes compatriotes passent leur 0110-min,

    Emi'le lI4ASQUERA y,

    A 1 9c 1', Ie 28 SC1) lcmbl ' c J 870.

    , .

    II

  • 5/16/2018 Aures- Note concernant les O. Daoud du mont Aurs

    5/20

    /.

    j"'Itf

    NOTECONCERNANT LES

    AOULAD-DAOUDDU

    M ON T A UR ES (A orirfL s) : "

    Les A ouH l.d - D aoud, ou Touaha (1), BerbersChaouia, occupent premierement la vallee supe-rieure de l'Ouad-el-Abiod, depuis la gorge de Tra-

    (1) Ce nom, que loa indigenes se plaisent a expliquer pardes radicaux ambos qui s igni flont so sont repentis ou ont su iv i un sul tan D, provient probablement de l'occupa-tion momentance d'uno partie de l'Aouras par les TouabnArabes anvahisseurs du onzicmo siecle. Un fait analogues'est produit dans la montagne des Beni-Rachcd, nommeeaujourd'hui Djebel-Amour.

  • 5/16/2018 Aures- Note concernant les O. Daoud du mont Aurs

    6/20

    -12-nimine (lesroseaux) jusqu'a l'origine de cette valleeIlU pied du Djebel Ich-m-Oul (1 ) (corne du cceur),.secondement, les ondulations qui separent IeNord de cetto vallee des plaines de Medina duChellia (bouclier) (2 ) et de Tahammamt (la chau-de), et ces plaines presqu'en totalite, Dans cettederniere region, qui leur est encore disputce parles Beni-Bou-Sltmdn, les Ou-Djana, les Aoulad-'AMi et les.Aoulad-Zeian, ils n'ont Mti que desmaisons-isolees, si ron excepte la miserable ag-glomeration de To b (sorte de briques sechees ausoleil), au Sud de la plaine de Tahammamt, tan-dis qu'ils ont construit des villages .considerablesdans Ia premiere.La vallee de l 'Oudd-el-Abiod (riviera blanche),

    depuis In gorge de Tranimine jusqu'au DjebelIch-m-Oul est, avec la vallee de l'Ouad-Abdi, itlaquelle elle ressemble, un des caracteres les plussaillants de la. region aurasique, Le fond en est

    (1) Le Djebel Ich-m-Oul est le Djehemoul des cartes.(2) Je dois l'ctymologie de Chellia j, M. Ie commandant>...

    Rinn. Ce mot est d'origino hebralque, - II n'y a pas de ~(~ ville ) dans la plaine de Mdina, rnais seulemcnt quelques " ',ruines romaines eparsss que j 'a i portees sur la carte .

    -13-etroit, et l'Ouad-el-Abiod n'est qu'un torrent f ie-vreux. La rive gauche de I'Ouild est acoompagneepar une montagne it crete droite et it pente raide,boi see , inhabitee, nommee Djebel-Seran (montagnedu pilturage), et cette montagne sert de limite auxAoulfld-Daoud et aux Beni -Bou-S l imun. La rivedroite est aussi bien montueuse, mais preseute unautre caractere, Le terrain en a et~"'decoupc par leseaux en mamelons in~gaux qui s'elevent les unsau-dessus des autres sur nne profondeur de presde quatre kilometres. La crete qui les dominepresents des cols plus ou moins faciles qui met-tent les Aoulad-Daoud en communication avec lesAoulM-'Abdi. , . LDu cote du Sud, la vallee de l'Outtd-el-Abiod

    est fermee par la gorge, ou mieux, l'etrang{oment(Tarhit) de Tranimine : Ies mulets indigenes eux-memes, non ferres et peu charges, ont peine it s'yfrayer passage a travers les blocs polis charriespar Ia ri viere et le long d'un chemin suspendu quisuit la muraille de la rive droite, Elle est peuabordable par l'Est, du cote des Beni-Bou-Slimftn,car la descente du Djebel-Seran est abrupte, Ellesemble plus facile an Nord et fLU Nord-Est, vers

    '

  • 5/16/2018 Aures- Note concernant les O. Daoud du mont Aurs

    7/20

    - 14-ses origines; mais c'est tout au plus si des cava-liers a la file peuvent se faire jour a travers lesravins encombres de pins et de genevr i er s qui Inseparent de la plaine de Medina. Reste l'Ouest etle Nord-Ouest. Je repete a dessein que de ce cotela montagne, p ro fo nd em e nt d ec ou pe e par les eaux .e t d e bo i se e , offre des passages de valeur inega ledans la direction de I'Ouad-'Abdi et de l'Ouad-Taga (riviera des genevriers). L'un, tres-difficile,impraticable, met en communication Tranimineavec Tarhit-Sidi-Bel-Kheir, celebre par sa minede mercure ; l'autre, fort usite, conduit d'Arrls oude Guelaat-el-Brda it Bali; un autre, enfin, d'El-Adjaj au Bord j , aujourd'hui incendie, du qaidMohammed ben Abbas, dans I'Ouad-Taga supe--,rieur.11 ~st constant, chez le s indigenes, que cette val-

    lee etait occupee, dans des temps assez recules,par les"Ou-J)jdna, Berbers Zenata (1), comme leurnom l'indique, presentement reduits au Chellia.:On peut voir encore, pres d 'E l- Ha mm am ( Ie b ain ),

    , .,(t) Djana peut etre prononce Zana ~. Ou-Djana t~igni-

    f ie en berber a Fils de Zana ~, et Zenata est le colleclU\ decc nom.

    -15-une tres-curieuse enceinte de pierres brutes nom-mee I n mo s qu e e des Ou-Djana , dans Iaquelleils faisaient, dit-on, des sacrifices. A la memeepoque, des Haouara, des Aou-Adqa, des Aoulad-'Azziz, expulses aujourd'hui de l'Aourfls, occu-paient l'Ouud-'Abdi. Un jour vint ou un melangede Berbers et de colons romains fort alteres se

    ." . ,disant tous issus d'nn certaid'Malou, se mirent enmouvement, par~nt du Djebel-Azreg, et s'etabli-rent en masse dans Ie defile de Tarhlt-Sidi-Bel-Kheir : ils y resterent queIque temps agglomeres,puis les uns envabirent lavallee de I'Ouftd-IAbdiactuel, les autres In vallee de l'Ouud-el-Abiod.Ces derniers sont nos Ao u lu d -D a o ud . '" _Rien n'ernpeche d'admettre que les groupes en

    lesquels ils se decomposent aujourd'hui fnssent"constitues des lors ; mais les noms de deux deleurs villages nous prouvent qu'ils s'associerentdes Mezata et des Rasira, sans doute etablis dansI'Ouad, it c o t e des Ou-Djtna. Leur groupe le pluspuissant, ou du moins celui qui 'exerenit chez cesimmigrants la plus grande influence religieuse, senommait et se nomme encore les Halha . viennentensuite les A01dad-(}nzza., les Aouldd-' Aich, Ies

  • 5/16/2018 Aures- Note concernant les O. Daoud du mont Aurs

    8/20

    - 16-Aoulad-Takhe'l'ibt, les Aouldd-Adddda, les Aouldd-Zah(a.I1s remonterent lentement la riviere en refou-

    lant les Ou-Djtna, et batirent successivement degros villages sur les mamelons de la rive gauche.Les premiers de ces villages furent Taar'l'out-Ta-.zouggua1"t (la colline (( l'epaule rouge ))) et El-Hasnra (In rouge), it l' issue du fameux defile deTarhit-Sidi-Bel-Kheir (gorge de Sidi-Bel-Kheir),puis Harara (sorte de plante), Mzara (Ia visitation),

    c,~ ~.Bel~Jehoud (Ievillage des Juifs), El-Lehaf (Ievoile),Taakchowns (les gourbis), E l - H d m . (la fievre), nonloin de la riviere, dans sa partie inferieure, T o b e n -tout (Ia femme)et Tranimine (lesroseaux), dans lelit meme de l'Ouad ; puis Tarhit-n-Zidan (gorgede Zidan}, Taarrout-Tirasern (colline des Rasira),Mzata (village des Mezata), Bou-Ceddo, Thaquelet-Tamellalt (village ou f6rteresse blanche), Radjou(l'attente), enfin Ine1'keb (la montee), Sane], An'is(leste~res blanches). II est certain, pour quico~-que a vu la suite de ces villages de ses yeux, quel'intention premiere des Aoulad-Daoud ne fut pasde remonter Ie cours de l'Ouadel-Abioa'jusqu'i.tses sources, au pied du Djebel lch-m-Ouf'i?t du

    -17-Chellia, mais qu'ils tendirent bien pluoot du cotede l'Ouad-Abdi superieur, vers la passe de Bali,et par consequent vers les bonnes terres du Meh-mel, de l'Ouad-Taga et du Bour des AouladZelan.Les cartes publiees jusqu'ici peuvent induire enerreur sur cette question, dont l'importance est ca-pitale, comme je Ie montrerai plus loin. Ellesnous presentent les villages-des Aoulad-Daoud_. ,comme bfltis tous sur le bord de - l 'Ouf td , le longd'un petit chemin que j'ai suivi; or, rien n'estmoins exact. Sans doute, Tranimine et Tabent6tsont dans Ie lit meme de l'Oufld; mais les villagesqui les continuent dans ladirection du Nord s'enecartent de plus en plus, de sorte que les derniersde ceux que je viens de nommer, par "exempleThaquelet-Tamellalt, Inerkeb, Arris, en sont dis-tants de plusieurs kilometres. La ligne qu'ils com-posent forme avec le cours de I'Ouftd un angle de25",dont Ie sommet serait la gorge de Tranimine.Une des causes secondaires de cette disposition

    est la conservation relative des travaux d'irrigationexecutes par les Romains dans ce pays. Au pre-mier tiers de Ia forte ondulation tres-decoupee quiforme In . rive droite de I'Ouftd-el-Abiod, les Ro-

    2

  • 5/16/2018 Aures- Note concernant les O. Daoud du mont Aurs

    9/20

    -18-mains avaient trace un long canal qui recueillaitIeseaux de toutes les sources, et se dirigeaitprecisement depuis la base du piton qui porte levillage d'Arris jusqu'a la gorge de Tranimine. Ilsavaient meme fait executer des travaux dans cettegorge, par un detachement de la sixieme legion,au milieu du second siecle de l'ere chretienne,sous Ie principat d'Antonin le Pieux, Les Aoulad-Daoud ont trouve utile d'elever leurs villages au-dessus-de Ia saguia romaine. Ajoutons que lesmamelons, d'antant plus nets et plus cleves qu'ilssont plus loin de la riviere, leur offraient des po-sitions defensives naturellement tres-fortes qu'ilsn'avaient garde de negliger.Quoiqu'il en soit, iis durent esperer d'abord de

    franchir sans peine la passe de Bali, par

  • 5/16/2018 Aures- Note concernant les O. Daoud du mont Aurs

    10/20

    - 20-Ce sont leurs villages de l'Ouad-el-Abiod qui

    sollicitent surtout notre attention. Ces vil lages sontde forme conique , composes de maisons grisatresqui s'appuient les unes sur les autres, autour d'unefo r te re sse Mtie a In pointe du cone." On appe l lelu forteresse Guelaa au Thaquelet (chateau); ellejoue surtout Ie rdle de magasin communal. DeteUes constructions offrent nne grande analogieavec les petites villes mozabites. On peut se rap-peler 'qa'au moyen age les habitants de l'Aourftsetaient Noukkar, c'est-a-dire it peu pres Ibadites(puritaios musulmans), comme les Beni-Mezab ;chacun de leurs vil lages e ta i t regi par une com-munaute religieuse de 'Azzaba, chargesdu culteet de l'administration, et ces 'Azzaba habitaienttoujours un quartier eleve dans lequel etaient reu-nis la m?squee et les grenierspublics. Les an-ciennes mosquees superieures des villages sontdevenues de simples ([ depots , A pro prem entparler, les maisons qui entourent une guelaa nesont elles-memes que des magasins individuels :les proprietaires les habitent it peine quelquesmois de l'annee, et c'est en cela que les vil1ag~.de Chaoui'a different de ceux des Kabyles. ~;

    - 21-L'Aourfls, considers d'ensemble, est une reo-iono

    trap pauvre pour admettre Ia vie absolument se-dentaire : brule sur une de ses faces par Ie soleilet le vent du Sud-Ouest, sterilise lentement de-puis la destruction des travaux des Romains ilexige de Ia part de ceux qui l'habitent I'exploita-tion.du betail, outre la culture de la terre. Les

    .::,1"Aoulfl.d-Daoud ne sauraient secontenter des mai-gres jardins qui leur donnent des abricots, desraisins et des pas teques au pied de leurs villages;il leur faut un champ plus fertile dans quelquecanton du Nord; il leur faut aussi le produit dequelque troupeau. D'ailleurs, d'ou auraient-ils,autrefois, tire de Ia laine pour se vetir quand ilsne faisaient que combattre taus leurs' voisins?Pendant l'hi ver, ils Iabourent dans les plaines

    de Medina et de Tahammamt ; ils y revienncntpour moissonner pendant l'ete; entre temps ilssuivent leur maigre betail sur les pentes des mon-tagnes dont ils sont maitres; ils doivent, pendantl'automne, descendre dans le Sud ; du cote deBenian ct de Mchonnech, pour .acheter des dattes,Ie seul aliment facilement transportable. II s'ensuit que leur vic se compose de deplacements sue-

    III

  • 5/16/2018 Aures- Note concernant les O. Daoud du mont Aurs

    11/20

    - 22-cessifs et parfaitement reguliers, que ces gens,qu'un voyageur superfieiel croirait sedentaires,sont des demi-nomades, que la possession d'untroupeau est chez eux Ie signe de la richesse, quela tente, bien qu'ils aient des maison,s, cst leurdemeure ordinaire, et que, pendant les quatrecinquiemes de I'annee, leurs gros villages .sontpresque abandonnes : il n'y reste que Ies derniersdes miserables,La de~~tIlation propre d 'un village des AoulM-

    Daoud' est done I'emmagasinement; ehacun yenferme d'abord dans sa maison privee une mincepartie de ses provisions; puis, comme les voleurssoot toujours it craindre, il en depose le principaldans la forteresse commune, la guelaa, sous 1a .responsabilite d'un gardien. Une guelaa contientit peu pres "tonte la riohesse pobiliere des habi-tants, des quantites considerables de ble, d'orge,de Iaine, de dattes pressees, de beurre, de viandesechee par lanieres. J'en ai vu emp1ir une aucommencement de l'automne : les mulets chargess'y succedaient sans interruption. Je dois ajoutsr .,qu'une guelaa peut accidentellement et tres-rare- f

    \.~.~ment etre isolee, Tel est Ie cas de celIe de Sanef,

    - 23-pres de laquelle j'ai tant souffert de la fievre, Elleconsiste en un gros chateau bitti sur Ie bord memede l'Ouftd, tandis que le village s'eleve beaucoupau-dessus. C'est pcut-etro it ce fait que nous de-vons de trouver sur les cartes Sanef au bord memode la riviere.Quand ils se furent etablis, cOll,lmenous l 'avons

    marque, depuis Tranimine jusqri'a .Foum-Ksan-tina, leurs ennemis les plus acharues demeurerentevidemment les Ou-Djftna, qu'ils avaient depos-sedes ; ensuite venaient, a l'Ouest, les Aoulftd-'Abdi ; a l'Est, les Beni-Bou-Sliman , Le besoinde vivre les mettait aux prises avec les Aoulud-'Abdi au moins tous 1es printemps, quand Ia mon-tagne qui les separe se couvrait de pillurages :on pent voir, dans tous les defiles de cettemontagne, des tours d'observation d'ou 1es veil-leurs des deux partis jetaient Ie cri d'alarme , LesBeni -Bou-S l iman leur disputaient l e D j e be l- S er a navec un pareil acharnement ; ils les combatta ientsurtout dans la partie de la plaine de Medina quiavoisine le col de Tizougurine, et recemment en-core, cette contestation faillit donner lieu it uneprise d'annes.

  • 5/16/2018 Aures- Note concernant les O. Daoud du mont Aurs

    12/20

    .'

    - 24-Leurs mceurs etaient celles de leurs voisins, et

    particulierement celles des Aoulad~Abdi, On re-trouve chez eux des souvenirs vagues empruntes aujudaisme ; ils ont conserve I 'usage de quelques f@teschretiennes ; notre croix et la croix bouddhiquecombinees avec Ill,main de I l l ,deesse Tanit consti-tuent leurs tatouages. II est It remarquer qu'ilscontiennent une moins forte proportion de blondsque les Aoulad-'Abdi, Leur langue est I l l , chaouia,ou,,,,pIus exactement, Ill, tamsira, dialecte berberextremement doux, parle egalement dans I'Ouad-'Abdi, et dont Ie vocabulaire differe notablementde celui des Kabyles dn Djerdjera aussi bien quede la zenatia parlee dans l'Est de l'Aouras.IInons importe davantage de marquer iei qu~a-

    vant notre occupation ils ignoraient presque abso-lument Ill, langue arabe et/ne pra t iqu aie nt Ill, reli-gion musulmane qu'avec tiedeur, malgre les effortsde la tribu maraboutique des Halha, Du mains,leur legislation toute grossiere n'avait rien de .musulman : elle consistait en kanoun extre-mement courts, sortes de tarifs de penalite ooll),Pa-rables aux indictiones canonicm de l'anci~ne' . : 10Rome. Tout etait regIe dans chacun de leurs grou-

    - 25-pes par I 'assemblee des Imokranen (anciens), sousIll, pres id ence d 'un kebir , Chaque gl'oupe posse-dait et possede encore un village principal: ainsiles Ouzza ont El-Adjaj ; les Aoulftd-Zahfa, Arris ;les Aoulud-Takheribt, Sanef; les AOlllad-'A'icha,Bel-Iehoud ; les Aouldd-Addade, 'I'aarrout-Ah-meur ; les Halha, El-Hammum. Us sont me16s dans

    .y

    les autres. IIs possedent en c6inmun les plaines deMedina ct de Tnhammamt.Les Halha s'etant toujours trouves a leur tete

    depuis leur depart de Tarhis-Sidi-Bel-Kheir (et eneffet, ils occupent Ie village Ie plus recent et leplus expose aux attaques des Ou-Djana), antexerce sans cesse sur les Aoulad-Daoud une sortede suprematie, IIy a soixante ans a peine, iIs enappelaient tous de leurs propres Imokranen au .kcbir des Hulhu, qui se nommait Altmar ben Em-barek, et se prescntaicnt a sa tente, soit dans laplaine de Medina, soit aux environs de Tranimine ;i1 in v estissait les kebar de tous les villages, etjouait, dans l'Ouad-el-Abiod, a : peu pres le roledes Bcn-'AbMs dans rOuM-'Abdi, .Les Turcs avaient tente, it plusieurs reprises, de

    soumettre Ies populations de I'Aouras, et par con-

    ~,

  • 5/16/2018 Aures- Note concernant les O. Daoud du mont Aurs

    13/20

    -26 -sequent les Aoulad-Daoud; mais les recite desvoyageurs du XVIIa et du XVIII" siecles nonspermettent d'apprecier le resultat de leurs efforts.Les Aouldd-Daoud, comme taus leurs voisins,

    ne Iivrerent jamais passage aux Turcs dans leursmontagnes que SOllS des conditions speciales qu'ilsfixaient eux-memes, et i1 est probable que ce casfut tree-rare, car c'est par l'Ouad-'Abdi et nonpar l'Ouad-el-Abiod que les Turcs passaient SOlISlaprotection des marabouts, ancetres du qaidMohammed ben 'Abbas, quand ils voulaient re-nouveler leur garnison de Biskra, D'autre part,les Aoulad-Daoud envoyerent certainement descontingents nombreux it toutes les bandes qui de-fendaient les approches de I 'Aourfts septen trionalcontre Ie s tentatives des Turcs dans les plaines dela Ch~ra et de Chemora. !On n'ignore pas que les plus grands ennemis

    des Aurasiens etaient alors les membres de lafamille de Ben Sedira, ancetres du qaid Bou Diaf,tue recemment par les Aoulild-Daoud au bordj deReM'a. Ces personnages,exclusivement milltaires,s'etaient mis au service des Turcs. A la tct~',,~cleur maghzen des Aeheche du Bou-Arif, souvent

    - 27-avec l'aide des Harakta ou des Aoulad.-Fadel, ilsparcouraient la bordure de l'Aourfts, depuis leRas-Aserdoun (Khcnchela) jusqu'nux environs deBatna. La ils trouvaient Ies Amitmm, les Ou-Djana, les Aoul f ld -Daoud , les AouIM-'Abdi. lIsperirent de perc en fils dans ces rencontres.La conquete francaise m..9difia l 'organisation

    barb are de l'Aouras tout entier,: par secousses etsans regles fixes ...On reunit des groupes autrefoishostiles pour composer les Amamra ou les Aoul f td -)Abdi actuels; d 'autre part, on Iaissa subsister sansy rien changer d'anciennos oppositions en quelquesorte nationales.Jes Aoulud-Daoud, les Ou-Djana,les Beni-Bou-Sltman. ~--.On ddsira donner nne loi aux Aurasiens, .et la

    Ioi qu'on choisit fut precisement Ia loi musulmanedont ils s'etaieut defuits : c'est bien nous, en effet ,qui leur avons impose des qadis en 1866.Quund on voulut se mettre en relations suivies

    avec eux, on ne leur parl a que la Iangue religieusedu Qor'fln, au lieu de leur parler leur langue indi-gene.Ils avaient de petits saints locaux inoffensifs it

    la facon des saints d'Espagne au d'Italie : on s'en

  • 5/16/2018 Aures- Note concernant les O. Daoud du mont Aurs

    14/20

    - 28-effraya, on leur fit la guerre, et, centralisant ainsipar ignorance a notre grand detriment, on poussaleurs devots vers les confreries des Khouiin. II neserait pas excessif de dire que nous avons islamiserAouras.En outre, on ne s'occupa, faute d'argent, ni d'y

    tracer des routes, ni d'y creer des marches et deseccles, ce puissant instrument de civil isation.. , Au point de vue purement politique, apresavoir ...beaucoup remanie, on en vint it remettre Iecommandement des diverses regions aurasiques ades personnages indigenes de provenance extre-mement diverse. Ainsi Ie qafd de 1'0uad-'Abdi,l'homme assurement Ie plus sflr, Ie plus influent,Ie plus. devone a nos interets qui so i t en Alger i e ,descend directement des marabouts puissants quiy ont c~ee une sorte d'E~t regulier it la fin dumoyen age. Par centre, le qaid des Ou-Djana, leplus vaillant soldat de tout I'Aouras, qui sauvaBatna en 1871 , estTurc et d'origine absolumentdemocratique: i l etait canonnier au service du Bey,lors de la prise de Constantine; ils'est elevs.,ajadignite de qaid a force de devouement, et Ia cr'~.ifde la Legion d 'honneur n'est venue que bien tard

    - 29-le recompenser d 'une vie extremement perilleuseconsacree a notre service. Il en etait a peu presde meme du qaid Ben Bachtarzi des Beni -Bou-S l imdn, petit-fils d'un tailleur, D'autre part, Ie qafdde Khenga-Sidi-Nadji est une sorte de nouveauprincemeraboutique, en lutte ouverte avec desmarabout s plus anciens et plusE~lissants que lui,qui contrebalancent son autorite .Quant aux Aoulud-Daoud, ils furent livres au

    qnid BOll Diaf lequel vint habiter Batna O U it s otenait eaiciusicement, tandis que son Frereresidait aChemora. II nous avait servis avec a rdeur , trouvantdans notre conquete satisfaction entiere aux ambi-tions de ses ancetres, On avait fait d'abord lll;'partplus belle a cette famille, en lui donnant les Amam-ra, leurs ennemis les plus acharnes, et tout recem-ment on etait revenu it cette idee premiere, car onavait donne Ieqaidat de Khenchela (Amamra) a BouDiaf', en Iaissant les Aoulftd-Daoud a ses cousins;mais, quand j'ai explore rAouras en, 1876 et 1877 ,BOll Diaf n'etait qard que des Aoulsd-Daond.Je lui dais de bons offices, ainsi qu'a son frere

    Ben Sedira, de Chemora. II taut aussi reconnaitreI

    que, dans l'organisation rapide de Ia conquete, il

  • 5/16/2018 Aures- Note concernant les O. Daoud du mont Aurs

    15/20

    - 30-etait difficile de trouver un homme qui conulltmieux Ie pays, ui qui f1lt plus des i reux de contenircet te population fremissante ; mais le court resumehistorique qui precede, et que je tiens exclusi-vement des indigenes ) ne nous montre-t-il pasde quel esprit il s durent @:treanimes depuis cetteepoque ? Deux cents ans de lutte ne s'oublient pas~n un jour, et la tradition nationale est le seuIcharme des veilleesdans les teutes O U nous negli-geons-de faire penetrer nos idees. .Les Aoulad-Daoud me disaient : Pourquoi ne

    nous gouvernez-vous pas vous-memes? Nous nenous plaignons pas de BOll Diafen taut que qaid,et d'ailleurs la paix presents vaut mieux queI'ancien temps; mais vous, VOllS etes des gens dej u s t i c e , des C h f 3 1 . J . f r { a . Si vous vouliez dire seuiementque Mohammed est Propheto, vous nous prece-deriez dans Ie paradis. Or, nous ne communiquonsjamais avec vous. Que faites-vous de nos contri-butions etde nos amendes? Ne pouvez-vous donopas nous donner des routeset des marches, parexemple, un marche dans Ia plaine de Medil18:?\ ') )J . I' .~e pens~us, en es ecoutant, que Ie role de nos.

    fonctionnaires indigenes est bien difficile quand,

    -81-heritiers d'un Sl lourd passe, menaces d'unevengeance toujours vivace, ils nc peuvent semaintenir que par la menace de notre interven-tion, sans que nous allegions leurs charges par In .transformation morale de leurs sujets et l'acerois-sement des relations commerciales. Je pensaisanssi que les ecrivains pass ionnes qui traitentde ce sujet commettent de graves erreurs parignorance.J'omets a d e s se i n l 'a f fa i re des Beni-Bou-Sl imf ln

    et le meurtre du qaid Bachtarzi, pour m'en teniraux Aoulid-Daoud. II est aise de s'expliquercomment les Aoul l td -Daoud ant pu' fournir unebande de partisans qui est allee assaillir leqaYdBou Diaf au bordj de Rebs'a, a l'entree de leurterritoire, et pourquoi ces memes revoltes sonta ll es f rn pp o r Si E 1 H acen , fils Hille du q!iid desAOllHld-'Abdi, dans son bordj de I'Ouad-Taga.Les causes occasionnelles de ces mouvements nonssont encore mal connucs; mais l'histoire nousrend compte des causes principales : Bou Diafetait fils et petit-fils des ennemis in v eteres del'AOUft1S au service des Turcs et au notre' SiEl Hacen, ce jeune homme exquis, de mreurs S1

    v.'.

  • 5/16/2018 Aures- Note concernant les O. Daoud du mont Aurs

    16/20

    - 32-douces et d'une education parfaite, etait Abdaoui(des Aoulad 'Abdi). Sa vie coutait peu aux insurgess'ils esperaient determiner par sa mort une revolteg en era le ; mais ce dernier crime a precisementdejoue leurs esperances.La repression des Aou l j l d -Daoud se dedui t

    ega lement de leur histoire anter i eure et de In ... nature de leur pays. II faudrait que nous com-missions des fautes extraordinaires pour que lesOu-'DjA.nane se rejouissent pas de la mesaventurede leurs voisins du Sud. Ils les haissent depuisplusieurs siecles, car c'est par eux qu'ils ont etc.refoules jusqu'au Chellia. D'autre part, les Aoulad-'Abdi, en perdant le jeune homme qu'ils aimaientpar dessus tout, Si El Hacen, leur futur chefvraiment indigene, ont senti se rani mer tons lessouveni r s des luttes pareil lement seculaires qu'ilsont soutenues centre eux dans la passe de Bali etda~s Ia gorge de Tarhit-Sidi-Bel-Kheir.ll ne seraitpas impossible que Ia plupart des Beni-Bon-Slimanse rattachassent a . nous pour des causes analogues,s'ils voyaient la tempete se concentrer SUI"~!f5Aouilld-Daoud. On sait que les gens de Mchoune~4,sont prets a leur fermer la gorge de Tranimine,

    -33 -Au point de vue militaire, Ia ligne d'attaque

    indiquce par I n . nature est lapasse de Bali a Ar~'is,Barna etant 10 ,ba se d'operation. On en degageraclairement la valeur, si I'on examine d'abord lesautres directions:

    .';f"'1 De RaM :a a l ' Ih u id -e l- Ab io d. p a Medina:,~,La troupe qui vent aller directement de Rebil'a

    a . l 'Oufid-el-Abiod a d'abord devant elle Ie terribledefile des Sebaa-Ergoud (Foum-Ksantina) dansIequel cent hommes ecraseraient une armee. II estvrai qu'il est facile de contourner le precipice,comme je Ie montrerai dans un croquis join' t~h cetravail. Ensuite, elle doit traverser la petite plainede Tahammamt, et passer devant Ie village d' E[.Tab, ou elle peut encore 8tre arretee ; puis, par nneserie de peti tes plaines et d'ondulations moyennesboisees, eUe atteint sans trop de peine l'AIn-Djerman, c'est-a-dire Ia plaine de Medina, du cotedu Nord-Ouest. De 10 ,plaine de Medina on touchepresque a I'Oufld-el-Abiod, dont on n'est separe quepar Ie Tizi-Tellaten et les renfiements inferieursdu Djebel Ieh-m-Onl ; mais ces renfiements sont

    3

  • 5/16/2018 Aures- Note concernant les O. Daoud du mont Aurs

    17/20

    -34 -extremement boises, dechires par de petits ravinssans routes, et i1serait presque impossible d'y fairepasser de I'artillerie. II est vrai qu'au dela, apresdeux heures de marche, on se trouve en presencedu petit village d'El-Hammftm ou l'on.dit que seretranchent les insurges.Supposons que la lutte se borne it l'enlevement

    dece village; on n'aura qu'a se rejouir d'avoirfranchi Ie Foum-Ksantina, Ie defile d'E1-Tob, etIe TizY-Tellaten. Supposons au contraire que lalutte se prolonge, on se trouvera dans la pire dessituations: car, ayant pris l'Ouad-el-Abiod par sessources on en suivra it peu pres le lit, et par, .consequent on se trouvera en dessous et loin des,gros villages eoniques, comme je l'ai indique ci-des su s : Of, ces places fortes ne peuvent 6treenlevees sans de grandes pertes. En outre, le fondde la vallee de l'Ouad-el-Abiod est extremem'entmalsain en cette saison, Notre troupe decimee parle feu et les maladies serait lit emprisonnee commedans une manche, et il lui serait peut-etre difficiled'en sortir.

    - 35-20 De Klumcholo. Ii l'Oudd-al-Abiod par Lacol de

    T izou garina e t la.plaine do A /e din a .-Un corps de troupe parti de Khenehela pent,

    en contournant Ie massif de l'Aouras proprementdit, soit par I e F o um -e l-K ai s, soit par la grandetrouee des Menacer, atteindre le col de Tizou-garine entre le Chellia c t Ie D je be l-S era n, e t de 18 .descendre dans Ia plaine de Medlmi. Ensuite, ilfranchirait Ie Tizi-Tellaten comme le precedent,et serait dans les memes conditions, qui, je lerepete, pourraient devenir tres-defavorables , Jene craius pas non plus de repeter, et j'insiste avecforce sur ce point, que les cartes ordinaires de., .~.l'Ouad-el-Abiod sont inexactes et peuvent fairecommettre de graves fautes.

    3 De Batna o u de Habd'a au bO~'dj de l'Oudd-Taqa, et de ce b01'dj a la passe de Bali qui domineles principaux villages des Aou l nd -Dcoud , voila.certainement 1a route qui semble de' beaucoup lupreferable:Le eoncours des Aoulad-'Abdi,. extr6mement

    precieux dans cette affaire, permet a nne troupe

  • 5/16/2018 Aures- Note concernant les O. Daoud du mont Aurs

    18/20

    - 36-d'atteindre tres-rapidemeut l 'Ouad-Taga superieur,en partant de Batna ou du moulin de Reba'a. Dubordj de l 'Ou ad -T aga a Bali, Ie chemin n'estdifficile que sur deux points pour des animauxnon ferres, mais il est depourvu de vegetat ion, et,en somme, suffisamment praticable. De Bali aucol qui domine la vallee des Aouilld-Daoud, ladistance est courte. L'avantage de Ia troupe quitient cette position est incalculable, surtout si ellepeut s etablir avec du canon. Il lui est facile de

    ' > 0 (- , ' " '. ,reduire en poussiere les principaux villages desAou lad -Daoud qui sont sous ses pieds , et de des-cendre ensuite, soit vers Tranimine, soit vers El-Hammf u n , en se maintenanttoujours au-dessus desposit ions ennemies et dans un air parfaitement pur.11 existe aussi un chemin, dit chemin de 'I'izi-

    Riou l , qui conduit du bordj de l 'Ou ad -T aga au-, Jdessus d'EI-Adjaj, avec embranchement sur laplaine de Medina. Cette direction d'attaque seconfond presque avec la precedente, mais elle estmoinsavantageuse, car , des hauteurs qui dominentEI-Adjaj, on n'est pas maitre des principaux vjJlages comme de Ia passe de Bali. (

    .. {~,----,-~-

    CONCLUSION

    J'ai laisse subsister, sans y rien changer, lesdernieres pages de ce rapport, it titre de docu-ment geographique. La val lee des Aoulftd-Daouda eM envahie par le Sud (Tranimine), par"llEst(Tizougarine) et par le Nord (Medina), et ces troismouvements combines ont etoufi 'e I 'insurrect iondes sa naissance. C'est dans la region du Nord quenos troupes ont rencontre la resistance la plusserieuse ; mais, grace au coup de vigueur de M. Ielieutenant-colonel Lenoble, pres d,u moulin del~eM'a) Ies insurges, demoral ises, ont abandonnela position de Foum-Ksantina, et defendu faible-ment leurs Thermopyles de Tob. Ensuite, nos ti-railleurs n'eurent qu'u paraitre a El-Hammam.

  • 5/16/2018 Aures- Note concernant les O. Daoud du mont Aurs

    19/20

    - 38-Les quelques obstines qui voulaient resister en-core desespererent et demanderent Ie pardon.Je n'en demeure pas moins convaincu de cette

    idee que si la tribu entiere avait resolu, en se re-tranchant dans ses hauts villages coniques, detenir jusqu'au bout contre nos troupes, ces der-nieres se seraient heurtees it de grandes difficultes,a partir d'El-Hammam. II aurait alors fallu chan-.ger Ia direction d'attaque, et reprendre Ia valleede l'Ouad-el-Abiod, a revers, par la passe de Bali.J'ai Ie plaisir de constater que mes previsions

    etaient justes, en ce qui concernait l'atti tude desOu-Djsna du Chellia et des Aoulad-'Abdi. Ennemisinveteres des Aoulad-Daoud, c'est avec joiequ'ilsles ont VUS subir un chatiment dont ils ont d'ail-leurs partage les benefices.Quant aux consequences dece~evenement, eUes

    peuvent etre considerables, Jamais Ia fortune nenous a oft'ertune occasion meilleure de nous eta-blir definitivement au ceeur de l'Aouraa. Un vil-lage dans la plaine de Medina, si riche en eauxqu'elle est une sorte de riziere, un fort au col de-: '.Tizougarine (Teniet-Biguenoun des cartes), assure- ~"mit a la fois notre puissance militaire et civilisa- '

    - 39-trice dans cette region, si redoutee des pillardsarabes, mais dont les Romains avaient su culti-vel'toutes les vallees. La position du fort est par-ticulierement commandee par la nature: elle l'estaussi bien par une question de races, car les Au-rasiens, consideres d'ensemble, se decomposent aumoins en deux grandee familIes \~enata ou gensde l'Est, Amzig ou gens de l'Ouest} : 'or, Tizouga-rine est au point decontact de ces deux groupes, itpen pres a mi-distance entre Batna et Khenchela.

    CARTE' ET CROQUIS~-.La carte ci-jointe est un fragment detache de la

    carte dice de Carbuccia, devenue fort rare et in-trouvable dans Ie commerce. J'en ai modifie lanomenclature, et j'y aiporte les villages de l'Ouad-el-Abiod tels queje les ai vus. Le tableau que j'enpresente sera certainement rectifie quand cetteregion sera mieux connue: il peut du mains suf-fire, des a present, a faire comprendre la marcheprogressive des Aoulad-Daoud.

  • 5/16/2018 Aures- Note concernant les O. Daoud du mont Aurs

    20/20

    - 40-J'ai deja publie Ie eroquis de Foum-Ksantina

    dans Ie Bulletin de la Societe de Geographie dePar te . Je Ie reproduis iei afin de signaler l'im-portanee geographique et ethnographique de eepittoresque defile. La se trouvent. une tres-ancienne ville berbere et une multitude de tom-beaux megalithiques eirculaires encore intaetsp?~r Ia plupart, J'ai eru pouvoir identifier eetteposition avec Ie Mons Aspidis ) de Procope(Vandalssj-rr). Les cranes que j'ai extraits destombeaux sont deposes au Museum.La plaine de Medina du Chellia, dont je donne

    ensuite un leve rapide, est celIe que je designe,it la fin de cet opuscule, comm~ le futur centrede notreicolonisation dans FAouras.Je n'ai pas cru inutile d'y joindre une vue des

    villages des Aoulad-Daoud, que j'ai prise sur moncarnet de route du pied de la Guelaa de Sanef.

    EMILE MASQUERAY.

    . - . ,f------------------ .!-,~,

    Alger. - Typographie ADOLPHE JOURDAN,