44155805 Albert Durer Et Ses Dessins 1882
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ALBERT DURERET
SES DESSINS
Droits de traduction et de reproduction rservs
Albert Durer del
.
Dujardm
PORTRAIT D'ALBERT DURERPinacothque de Munich
A.Quantin Imp Edrt.
CHARLES EPHRUSSI
ALBERT DURERET
SES DESSINS
PARISA.
QUANTIN, IMPRIMEUR-DITEUR7,
SUE SAINT-BENOIT
M DCCC LXXXII
PRFACECe volumedansetla Ga:ielie
est la runion d'une srie d'tudes publies
des Beaux-Arts, de 1877 1880, augmentesle
modifies d'aprs
rsultat
de nouvelles recherches.
Nous avons remanimitif, corrig
la
plus grande partie
du
travail pri-
quelques erreurs, combl des lacunes, donn
plus d'importance certains points trop rapidement traits,et
nous prsentons notre essai sous sa forme
dfinitive.
Les dessins d'Albert Durer sont l'objet principal ouplutt la base de ce travail'
;
nous n'avons voulu entreni
prendre ni une biographie du matre,
un examen de sonil
uvre
entier; cette tche a t remplie. Maisil
nous a paru
que, pour les dessins,peut-tre
restait plus d'un point claircir,
mme
bien des oublis rparer. Sans ngliger
cette partie considrable
de l'uvre de Durer, nos devanciersde ct d'abondantes sources de
avaient
mconnu ou
laiss
I.
Nous n'avonssoit la
cru devoir classer dans les dessins de Durer que les
uvres du matrela
exe'cutes sur papier
plume,
mine ou au
fusain,
ou sur parchemin, soit au crayon ou soit l'aquarelle ou la gouache.
II
FREFACE.
renseignements, puis dans quelques auteurs avec trop derserve. Sans doute, Albertine de Vienne, la Ktmsthalle dQ
Brme,
la Bibliothque
Ambrosieniie de Milan
et les Offices
de Florence avaient t explors avec plus ou moins desoin.
Quant au muse du Louvre
et
au British Musum,
si
riches
pourtant en souvenirs du grand
matre, on n'en
avait tir qu'un parti trs insuffisant. Les collections particulires aussi n'avaient fourni qu'un contingent bien inf-
rieur ce qu'une tude plus attentive aurait
pu y trouver.
Les trsors des collections du duc d'Aumale, de
MM.
Malde
colm
et Mitchell,
de feu M.t
Didot
et l'ancien cabinet
M. Hulot avaient
mis contribution avec trop de
discrtion. Enfin, soit chezsoit
MM. Dumesnil
et
Jean Gigoux,le
chez
le
baron
F. Schickler, soit
Chatsworth, chez
duc de Devonshire,M"V"*
soit
chez M. Holford Londres et chezil
Grahl Dresde,
est des
morceaux
trs importants
qui restaient absolument ignors.
Du
reste, la vie et les
uvres des grands hommes four-
nissent toujours matire des dcouvertes et des rappro-
chements imprvus. Bien qu'on
ait
beaucoup
crit
sur Durer
dans ces derniers temps, nous avons jug possible d'ajouter d'utiles
supplments aux documents acquis;
c'est sur-
tout cette persuasion qui nous a conduit entreprendre cetravail.
Pour
le
mener
bien,
nous avons poursuivi
les des-
sins de notre matre partout
o nous souponnionscapitales et des
qu'ilsvilles
pouvaient se cacher
:
muses des
secondaires de l'tranger, de Paris et de la province, collections prives clbres
ou peu connues, cabinets d'ama-
teurs aimables ou rbarbatifs, nous avons tout fouill, remu,
PREFACE.interrog.
III
Il
nous a sembl que tous
les dessins
de Durer,sp-
mmeciale,
les plus lgers croquis, mritaient
une mention
que rien de ce quiet
est
d
la
main de notre matre
ne saurait tre omis,
nous avons attach une impor-
tance, excessive peut-tre, auSi l'on
moindre souvenir.
en venait nous reprocher ce souci d'uvres
fugitives, cette prdilection
pour quelques
traits
de plume
ou quelques coups de crayonnous rpondrions que
jets la hte sur le papier,
les dessins
d'un vrai matre donnent
souvent sa relle mesure, aussi bien et mieux que sestableaux achevs. Souventle
charme intimeattentif d'une
et confidentiel
du dessin pntre l'amateurmoins vive queprendlal'clat
motion non;
solennel de la peinture
on y sur-
pense de l'auteur dans toute sa fracheur, aul'closion, avec plusles
moment mme deet
de vrit peut-tre
de sincrit que dans
uvres de longue haleine remadu gnie. Je n'entreprenles
nies avec la patiente dfiancedrai point, dit Mariette, de
montrer tous
avantages
qu'on peutest
tirer
des dessins et combien leur connaissancele
propre et ncessaire pour formerla
got.
On
ne pos-
sde vraiment un matre qu'
condition de l'avoir tudi
dans
les
premiers
jets
chapps l'improvisation, dans ses dans ses croquis peine
esquisses
mme
les plus rapides,
indiqus, surtout
quand on
se trouve en prsence d'un de
ces anciens peintres qui dessinaient d'aprs nature et pei-
gnaient d'aprs leurs dessins.Et cela est vrai
de Durer plus que
de tout autre.
Pour
lui,
en
effet, les
dessins n'taient pas simplement desils
tudes prparatoires pour des tableaux venir;
taient
.
,
IV
PRFACE.donnait autantet ses es-
encore des uvres dfinitives auxquelles de zleet
il
d'amour qu' ses grandes peintures
tampesla
les plus finies.verte, le
C'est dans ce sentiment qu'il excuteet tant
Passion
Livre d'Heures de Maximiliensi
de gouaches et d'aquarellesportraits
justement vantes, tant de
au fusain ou
la
pointe d'argent.
Durer gotait chezsaveur francheet
les
matres qu'il admirait cette;
pure du dessin
il
aimait collectionner
leurs plus lgers croquis et les annoter d'une
main
affec-
tueuse et reconnaissante. Ainsi, sur un feuillet de Schon-
gauer reprsentant
le
Christ Seigneur du
monde
(British
Musum)
il
crit
:
Le beau Martinla
a fait ceci l'an 146g.il
Sur une autre esquisse
plume du mme matre,
avait,
au dire de Heinecken,time:
inscrit cele
tmoignage de hautel'an
es-
Ceci a dessin
beau
Martin,
14JO,l'ai
alors
qu'il taitet
compagnoii. Moi, Albrecht Durer, je
appris
ai crit ceci en son
homieur
l'an
iSiy. Sur
la
sanguine
envoye Durer par Raphal (aujourd'hui
l'Albertine),si
on
lit
encore
:
i5i5. Raphal d'Urbin, qui a occup unel'estime
grande place danset les
du pape, a fait
ces figures nuesaf?i
a envoyes Albert Dii'er Nuremberg,
de lui
mo7itrer la libert de sa main.saint Sbastien:
De mme,
sur une tude d'un
Ceci a fait
Hans Trawt
de Nuremberg.les
Ces pices
ainsi
annotes sont avec quelques autres
restes d'une collection qui devait tre assez considrablesi
Ton en juge pardans ces
les
nombreux dessins que
le
matre
reoit
mmes Pays-Bas o Madame Marguerite
eut la
cruaut
de
lui
refuser
le
carnet de Jacopo de
Barbarj
PREFACE.D'un
homme
qui, matre lui-mme, recueillait avec tant
de respect
les dessins
de ses contemporains, les moindres
essais sont conserver et classer religieusement. C'est
ce
que nous avons essay de
faire
sans rien omettre de ce
qui pouvait expliquer, commenter, illustrer ces pages prcieuses. Souvent,fallu faire
pour mieux en dgager
le
sens,
il
nous ale
quelques excursions dans
la vie
de Durer,l'Italie
suivre dans ses voyages travers l'Allemagne et
oude
dans
les Flandres, le
chercher au milieu de sa famille
et
ses amis et dans ses
rapports avec les puissants de sonprsenter intelligiblementplacer
temps.certains
Il
tait
impossible deles
morceaux, sansles
dans
leur milieu,
en relevantl'closion.
circonstances qui
en avaient
provoqu
Ce soin nous tait d'autant plus imprieusement command que nous avons adopt, sauf quelques drogationsncessairesle,
l'ordreet
chronologique quile
nous a
semblainsi
plus
naturel
plus
clair.
Nous avons pu
suivre notre matre, pas pas, depuis les essais de son
enfance jusqu'aux derniers travaux de sa maturit, nousarrter chaque tape d'une carrire trop courte, maissi
bien remplie, constater les progrs quotidiens, les efforts
soutenus d'un labeur infatigable,
les influences
des matres
trangers, bref, l'volution d'un gnie qui se transforme enrestant toujours un. Sans doute, ceet
mode de classement mle
confond
les
uvres
les plus diverses, sujets religieux et
profanes, paysages et portraits, tudes de fleurs et d'ani-
maux,
etc.;
mais, pour compenser cet inconvnient forc,
nos tables prsentent cette longue suite de dessins dans un
VI
PREFACE.
ordre tout diffrent, grce un double classement par sujetset
par collections.
Quant aux reproductionscompagnent notrede ctpublic,les
d'oeuvres de Durer qui acle
texte,
nous avons
plus souvent laissle
morceaux connus ou tombs dansoffrir
domaine
pour
nos lecteurs des spcimens indits
emprunts des collections prives, moins abordables auxcurieux et surtout aux photographes que les muses natio-
naux. Toutes ces reproductions ont t excutes par
le
procd direct', sans aucune intervention trangre de copistes
ou de graveurs
qui, quelque habiles qu'ils puissent
tre, altrent toujours plus
ou moins
le
caractre du modle.
Les originaux ont t photographis par nos soins, et, d'aprsces reproductions forcment exactes simils aussi fidles que possible.
on a pu
tablir des fac-
Nous
saisissons cette
occasion pour remercier, avec
la
gratitude la plus vive, les
gnreux possesseurs de collections qui nous ont ouvert leursportefeuilles avecainsi,
une
si
courtoise libralit et revendiquent
dans notre
travail,
une large part de collaboration.
Malgr des pertes invitables, malgr d'audacieuses contrefaons qui peuvent garer ceux qui s'accommodent de
garanties problmatiques, nous avons rassembl plusieurs
centaines de dessins de notre matre, en acceptant
seu-
lement
les
uvres qu'aucun doute ne sauraitfait
effleurer.
Nous nous sorAmesSauf celle du
une
loi
d'liminer sans piti tous
r.
Tableau de tous
les saints,
que nous devons
l'obli-
geance de M. O. Berggruen qui dirige avec tant d'autorit
les Grajphische
KUnste de Vienne
;
c'est la
reproduction d'un second tat dela vaillante Socit
la belle
gravure
commande
M. Victor Jasper par
de gravure de Vienne.
PREFACE.les
VII
morceaux suspects,
afin
de ne prsenter que des dessins
d'une incontestable authenticit.
Ce
travail d'limination
a t assez considrable
:
Durer,
dont
les
uvres ac-
quirent promptement une valeur vnale fort leve, a t,
mme
par ses contemporains, copi ou contrefait sans au-
cune pudeur.
Un
des Imhof n'avoue-t-il pas ingnument
qu'il abusait volontiersqu'il tait
du clbre monogramme,que
allch
par
le profit illicite
de ventes frauduleuses.^ Quantciterles
aux copistes, nous ne voulons
Hofmannla
et les
Ga^rtner, les Harrich et les Juvenel, dont on connat les
tonnantes contrefaons, et signaler en blocsrie de portraits rpartie entre le
fameuse
cabinet des Estampes
de Berlin,
la
Bibliothque royale de
Bamberg
et lela
museplume
de Weimar,
et l'incroyable quantitles
de dessins
ou sous
lale
gouache, d'aprs
gravures originales, rpandusles
nom
de Durer dans presque toutes
collec-
tions. C'est ce qui explique l'abondance frelate des
uvres
du matre dansct de
les
anciens cabinets o se trouvaient,
pages
authentiques,
des
morceaux apocryphesLe simple examen
en nombre gal
et parfois suprieur.
des catalogues ou des inventaires de ces cabinets montre la fois combienchesles
uvres de Durer ontet
t
recher-
ds
les
premiers temps,
avec
quelle
aveugle
crdulitfausses.
on a mis sous son nom un monceau de picesde Durer travers
Essayons de suivresrie
les dessinsle
la
des collections, depuis:
xvr
sicle jusqu' notre
temps
Collection Imhof, la plus importante de toutes,
com-
PREFACE.mence peu aprs(i5i9-i58o) qui enlafit
mort de Durer par Wilibald
l'ancien
un
trs curieux inventaire".
Collection Harsdoerfer, xvi' sicle.
Cabinet du mdecin nurembergeois Melchior Ayrer(i520-i57p), lgu par lui sonfils
Julius et conserv jus-
qu'
la fin
du
XVII' sicle.
Collection(avant i56o).
d'Amerbach
de
Ble,
l'ami
d'Erasme
Cabinet de Praun'.Cabinet Arnold Bernstein(vers 1600).II
Collection de l'empereur Maximilien
(1527-1577),i),
continue par son successeur Rodolphe
II(i
(i552-i6i
tenuepar
en haute
estime parIII
Ferdinandla
II
578-1637),
et
FerdinandSandrart.
(1608-1657), qui
montra avec orgueil
Collection de l'lecteur Maximilien de Bavire,
le
grand
admirateur deHeller.
Durer, acqureur
du Tableau
d'autel de
Collection de Spiring,
ambassadeur de Sude
la
Haye
(xvii' sicle).
Cabinet de Joh. Losert, teneur de1.
livres (1670).
Voy. un des inventaires Imhof aux Pices jiistificatives^n"
i
;
et
Joseph
Heller,2.
Das Leben undCe cabinet
die
Werke Albrecht
Diirers, p. i3 et suiv.
fut cret
par Paul Praun, n en iSjS, d'une famille patriil
cienne de Nuremberg
qui sjourna quinze ans en Italie ole
fut li d'troiteIl
amiti avec les grands peintres du temps, parmi lesquels
Guide.
acquit
une
partie des dessins de Vasari etil
envoya
d'Italie
Nuremberg plusieurs1
caisses d'uvres d'art;fut cde
mourut
Bologne en 1616.
En
801, cette collection
pour
trente mille florins auet les
1802, les
dessins
marchand Frauenholz qui vendit, ds gravures. Murr en rdigea le catalogue, que Prestel orna
de nombreux fac-simils.
PREFACE.Collection de Sandrart,daitlui
tx
le
Vasari allemand, qui poss(?),
un
livre
contenant 236 dessins de Durerfl.
estim par
dans son inventaire 200
(1679
.
Collection de lord Arundel, ambassadeur d'Angleterre
Vienne 'lSy).
Cabinet de
S.
van Huis, bourgmestre de
la
Haye
(1736).
Cabinet deBasan.
M. Neymann, catalogu, en
1776, par
Collection Silberrad (mort en 1782).
Cabinet de Hagen, vendu aux enchres publiques, aprssa mort en 1786, l'htel de ville de
Nuremberg.
Cabinet de Lefvre, conser\'ateur de TAlbertine.Cabinet du prince de Ligne.
Cabinet Pfaundlcr d'Inspruck
(1822).
Collection Derschau (l'auteur des Gravures en bois des
anciens matres allemands^ Nuremberg.Collection Grnling, chue plus tard, en grande partie,
au muse de Brme.
En France mme, quoiquepeu gotlesla
la
plupart des amateurs aient
saveur trop germanique du gnie de Durer,
curieux d'lite surent apprcier ce matre et tinrent pos-
sder de ses uvres. C'est ainsi que Jabach avait achet
dans
les
Flandres quatre-vingt-un dessins de Durer, que
Crozat
et Mariette
en avaient runi un certain nombre,la collection
qu'on en trouve plus de vingt dansDijonval vendue
Paignon-
Woodburn; que dans notre
sicle
noussous
en voyons quarante-neuf chez Denon,le n"
et seize figurant
268 du catalogue, sans aucune indication de sujets,
la
vente de Constantin d'Aix, marchand et restaurateur de
PREFACE.tableaux; que de nos jours enfin on a admir tant de beaux
Durer aux ventes Androssy, Thibeaudeaudes amateurs dlicatsla Salle et
et
Didot, et que
comme M.
Reiset et feu
MM.
His de
Gatteaux'.
les
mettaient ct de leurs morceaux
de prdilection
On
voit par
combien de mains ont pass
les dessins
de
Durer. Leurs migrations ont t aussi frquentes qu'aventureuses. Ainsile
Com^a/ (ie ^im^on deII,
la collection
Imhof
traverse les galeries de Rodolphe
tombe aux mains dule
gnral Androssy, entre ensuite chez
comte de Pourtals,
puis est emport Vienne par M. Posonyi, revient en France
chez M. Hulot, et nous est enfin ravi par
le
cabinet des
Estampes de Berlin, dernier terme de son odysse.Aujourd'huitalit
les dessins
de Durer trouvent une hospiils
plus sre, soit dans des muses, o
sont l'abri des
caprices de la vente aux enchres et de la dispersion, soit
dans de srieuses collections destines videmment chir
enri-
un jourNotre
ces muses.
travail
semble venir son heure. Durer, trop longfranais, souvent attaqu sanslgi-
temps suspect aux amateurs
mesure parmi nous, a enfin conquis en France sa placetime:
le
succs obtenu par quelques-uns de ses beaux des1879, la faveur
sins l'exposition des matres anciens de
que d'autres ont rencontre
la
vente Didot, prouvent que
I.
Mentionnons pour mmoire quelquesuvres de DQrer:
autres
amateurs
franais
friands des
de Granvelle (ijSi), Tabb de Fleury (ijS),le
JuUienne(1798),
(1767), Malenfant (1773),(1845),
chevalier de
Damery
(1774),
Basan pre
N. Rvil
Thorel
(i853),
Armand
Bertin (1854). Voy. Ch. Blanc,
Trsor de
la curiosit.
PREFACE.
XI
le
matre nurembergeois est maintenant apprci chez nousil
comme
convient.
Nous ne sommes
plus au temps o
Mariette se croyait oblig de faire en ces termes
comme
une apologie de Durer
':
Je ne puis m'empcher de dire sa louange qu'il estni
peu de peintres qui aient eu une plus belle imagination,
qui aient autant vari leurs compositions. Otez-lui ce qu'on
peut appelersec, qui tient
le
got de
terroir,
un got sauvage, aridedans lequel
etil
du gothique,pu
et qui, tant celui
avait t lev, n'avait
se perfectionner par
une tude de
l'antique qui lui manquait,
vous trouverez, dans ses ouvrages,variset
de
la
noblesse, des caractres
bien saisis, une
grande richesse de composition, chaque figure sur son plan,l'observation la plus exacte des rgles de la perspective, des
recherches savantes, des draperies souvent trs heureuse-
ment
jetes, et
o
il
ne faut qu'abattre et simplifier
les plislale
trop minutieux pour en former des plis de draperie de plus grande manire. C'est ce qu'a trs bien compris
Guide, et avant
lui
Andr
del Sarte et le
Pontorme. Cesles ou-
grands peintres n'ont point eu honte de puiser dansvrages d'Albert.Ils
s'en sont
quelquefois appropri des
parties qui n'ont paset, si
peu contribu embellir leurs tableaux,fait
Raphal lui-mme a
hommage aux productions de
notre habile peintre, en plaant de ses gravures dans soncabinet, afin de les avoir continuellement sous ses yeux, ai-jetort
de
les
prsenter sous un point aussi avantageux que
je
viens de
le faire, et
ne dois-je pas, au contraire, esprer que
I.
Voy. Abecedarin,
t.
II, p.
157.
xii
PRFACE.curieux reviendront enfin deleur assoupissement, et
les
qu'ilsla
regarderont
les
ouvrages d'Albert Durer avec toute?
vnration qui leur est due
Heureux
si,
par tout ce que
je viens
de dire,
je
pouvais avoir opr ce miracle.aussi,si
Heureux nous
ce travail peut contribuer fairele
mieux connatre en France
plus grand matre de l'Alle-
magne
!
ALBERT DURER
PREMIERS
ESSAIS.
APPRENTISSAGE.
TOURNEE DE NOVICIAT.
PRTENDU VOYAGE
A VENISE.
Dsttesil
l'ge
de neuf ans (1480), Albert Diirerla
dessine trois
qui avaient t conserves dansfait
famille Imhof, et dontla
est
mention dans un des inventaires de
collection
de
cette famille'.
I.
Cette clbr collection fut forme par Wilibald ImhofIl
(i
S
19-1580), petit-filsla belle-
do Pirkheimcr.
acquit des amis et des hritiers de DUrer,
notamment de
sur du matre,dessins
et
de Georges Penr, son lve, un certain nombre
de tableaux et de
du grand
artiste.
Amateur
rudit,
il
recommandasaII,
par sa dernire volont
que sa collectionfamille.
restt
ternellement dans
maison
pour l'honneur de
la
Ce voeu ne
fut pas exauc.
Rodolphe
l'enthousiaste admirateur deet,
DUrer, voulut acheter
les
uvres runies par Wilibald
manquantfut
d'argent,
il
offrit
commeen1
prix le
domaine de Petschau en Bohme. La collection
envoye Prague
588, mais le
march n'ayant paspar
t
conclu, elle rentra Nuremberg, sauf
quelques beaux dessins gards
l'empereur.
En
1628,
le
prince lecteur
de
Bavire, Maximilicn, connaisseur clair, entra en ngociation avec les Imhof.
Aprs de longs pourparlers,rpondit point l'attente
la
collection fut enfin transporte
Munich;
elle
ne
de Maximilien qui, trouvant beaucoup de morceauxthalers,
suspects mls despices:
uvres authentiques, n'acheta, pour 200
que deux
un
saint
Jrme
et un petit panneau sur lequel DUrer avait dessin les troisI
ALBERT DURER.Quatre ans plus tard,il
fait
son propre portrait
la
pointe
d'argent, qu'on voit aujourd'hui FAlbertine.
En
haut droite,
on
lit
cette
mention ajoute aprs coupl'aide d'un
:
Ceci j'ai pourtraict
d'aprs
moi-mme
miroir dans la 1484' anne, alorsla
que j'tais encore un enjant\ L'uvre valait bien
peine d'treelle
consacre par ce tmoignage authentique de l'auteur;
est
nave, sincre, pleine de fracheur et d'ingnuit, d'une prcision
tonnante.
Le jeune garon, vtu d'une casaque
et coiff
d'un
bonnet, se prsente de trois quarts; la figure, d'une expressionvraie,ttes
est
traite
avec beaucoup de soinEnla
et
de souplesse;
les
dont nous parlons.
i633, le
peintre flamand
Abraham Bloemaert paya
3,400 thalers une partie de
collection,
pour un gros ngociant d'Amsterdam.
Quelques pices furent vendues pour 3oo thalers Matthus van Overbeck de Leyde.
En
1637, ce qui restait de plus prcieux fut acquis par lord Arundel, ambassadeur
d'Angleterre Vienne.
En un mot,dela
jusqu'en i658, surtout pendant
la terrible
guerre
de Trente ans,
les dbris
collection furent disperss par des ventes successives.
Les Imhof
firent
un
vritable trafic de cesla
uvres
d'art; bien plus, l'un d'eux,
Hans
Hieronymus, ne craignit pas d'apposer
marque A. D.
sur des
morceaux de provela
nance trangre. Les plus beaux dessins de DUrer appartenant originairement famille
Imhof sont conservs aujourd'hui II, et
l'Albertine de Vienne, qui a runi les
ouvrages vendus Rodolphet
au Britishla
Musum
auquel
est
chue, aprs avoirla part
en
la possession
de
sir
Hans Sloane, qui
lgua en 1735 ce muse,
de
lord Arundel.dresss:
Cinq inventaires de
cette curieuse collection ont t successivementle
le
premier, en 1573-74, par Wilibald Imhof;
deuxime, en i58o, par sesII;le
hritiers; le troisime,
en i388, pour l'envoi RodolpheMaximilien; enfinle
quatrime en 1628,
pour
le prince lecteur
cinquime, en i633-i658, par Hans Hie-
ronymus Imhof, dans son Geheimbuchrass
(livre secret)
o
il
se flicite
de
s'treI,
dbar-
bon prix de
ce qu'il possdait. Voy. aux Pices justificatives, n
les
deux
lettres des
Imhof
et l'inventaire
de i588.
Voir Heller, Albrecht Durer,486et suiv.;
p.
70
et suiv.;
vonEye, Leben und Wirken Albrecht
Diirer's, p.
M. Thausing, Galette
des Beaux-Arts, 1870, p. 74, et Albert Durer, sa vie et ses uvres, traduction de
M. Gustave Gruyer,I.
p. i38 et suiv.
Cet.
dessin a t donn par
M. Thausing (p. 42)
et par la
Galette des Beaux-Arts
dans
le
XIV,
2' pr.,
page 259.
Unefis
fort belle copie
la pointe d'argent, surcette
papier prpar fond blanc, est au British
Musum, avec
mention en langue
allemande: Anno 1576Albrecht Durer acecifait
le
4
fvrier, je
ce portrait d'aprs celui que le trs clbre
de sa propre main
et sur lequel
lui-mme a
crit ce qui suit
:
j'ai pourtraict d'aprs
moi-mme
l'aide d'un miroir dans la 1484' anne,
alors que j'tais encore enjant, Albrecht
Durer g de
treize ans.
ALBERT DURER.cheveux annoncent djcette habilet
que Jean
Bellin,les
au dire de
Camerarius*, enviera plus tard Durer; seuls,fixes, sortent
yeux sont trop
un peu de
l'orbite
et
semblent loucher,
comme11
s'ils
taient encore arrts sur le miroir qui a rflchi le
modle.
y a
une certaine duret dansrelle,
les plis
des manches
;
la
main, peu natu-
longue
et
effile,
toute de convention, parat
emprunte
quelque tableau del'ensemble!
saint.
Mais quelle puissante individualit dansmontrer que Durertait
Certes, ce dbut suffit la
n
avec
le
sens profond dela:
forme.
De
mme poqueune femme
est l'esquisse
au crayon noir du British
Musuml'autre
coiffe
d'un bonnet bourguignon voilela
tombant, tenant un faucon surles plis les
main gauche;
et relevant
de
abondants d'une longue robe
elle estla
chausse,
commedela
nobles
dames du temps, de souliers
poulaine d'unedirect
longueur dmesure.petite
On
pourrait y retrouver78),
un souvenir
gravure de Schongauer (B.
copie par Albert
Glockenton
*,
de Nuremberg, une Vierge folle, chausse galementtient
de souliers longues pointes, qui
de
la
main gauche uneflottante.:
lampe allume
et
ramne avec
la droite les plis
de sa robe
Lea
dessin de Durer porte cette inscription d'une criture inconnue
Ceci est galement vieux, Albert DQrervnt chezle
me
l'a
dessin avantle
qu'il
peintre,
dans
la
maison de Wolgemut, sur
grenier suprieur, dans la maison de derrire, en prsence de feu
Conrat Lomayer.tation paternelle
Ce
grenier tait sans doute
le
coin de l'habi-
abandonn aux rcrationsde supposer,
artistiquesl'a fait
du jeune
Albert
;
il
est inutile
comme on
gratuitement,
que
le
prcoce dessinateur
allait s'y
cacher loin des yeux de son
pre pour y satisfaire ses gots favoris. La note qui accomDanssa traduction latine
1
.
de
la
prface du Trait des proportions du corps
humain de DUrer, i533.2.
Bartsch,
t.
VII,
p.
332,
numro
19.
ALBERT DURER.pagne ce dessin prouvele
prix que l'on attachait,
mme du
vivant
de Durer, ses premiers
essais.il
En
1485, g de quatorze ans,
date et signe' des initiales
gothiques A. D.Jsus, assise sur
Un curieux un
dessin la plume, une
Madone avec
trne baldaquin entreait
deux anges musiciens'.
On
s'est
tonn qu'un enfant de cet ge
pu concevoir une comun sentiment
position aussi importante et donner ses personnagesreligieux d'une pareille intensit;
on a remarqu encore que Durer
n'a peut-tre jamais retrouv, dans
un ge plus avanc,
la
mme
puret d'idal. Mais ce dessin n'est gure qu'une copie libre
d'un tableau anonyme de
l'cole
de Cologne, peint au
moment
o
celle-ci
subissait le
plus l'influence des'
matres flamands,le
M. Hulottableau et
possdaitle dessin,
nagure
la fois
,
dans sa collection,
de sorte qu'un rapprochement immdiat
permettait de constater la parent des deux uvres. Les deux
anges sont rests exactementtableau, est assise dansle
les
mmes
;
la Vierge,
debout dans
le
dessin,
o une profusion immodrenurembergeoise*.
de
plis raides et casss trahit seule l'origineIl
ne nous reste aucun souvenir des trois annes (1486-1489)l'atelier
que notre matre passa dans
de Michel Wolgemut; nous:
savons toutefois qu'elles furent bien employes
Pendant ce
temps, dit Diirer, Dieu m'accorda de l'application, en sorte queje travaillai
bien ^
Les deux dessins
la
plume de
1489, les Trois
1
.
Ce qui prouve, en
dpit de l'opinion contraire,le dessin.
que DUrer
se
livrait
ouver-
tement, ds cette poque, son got pour2.
Au
cabinet des Estampes de Berlin;p. 45.
cat.
Posonyi, n 3o6
;
reproduit par
M. Thausing,3.
Aujourd'hui, toute cette riche collection de dessins de Diirer, forme parse trouve au cabinet desles draperies
M. Posohyi,4.
Estampes de Berlin.des personnages deplisla
A
comparer avecet
Cronica Mundi, dessinsle
par
Wolgemut5.
Pleydenwurff, surtout avec les
de
la
robe de Dieu
Pre.la
Chronique de famille det.
Diirer, traduite parp.
M. Ch. Nurrey dans
Galette
des Beaux-Arts, i" priode,
XIX,
541-545.
u
-u
a z H
a: (tr.
*
>
S)
H.V
V-
N-^y^W
^^""i
*z-
*.
>-:
f^^^V4?^^^?i.
.^'f
-^ Cette gravure a inspir un trs joli dessin la plumedansle
fond, droite,
la
52
ALBERT DURER.le
gauche;
haut bonnet retient un voile qui recouvre
le
front et
une partie des yeux (Acadmie de Venise).C'est ainsi que les
femmes
de
Nuremberg vont l'artiste
la danse,
i5oo. Telle est
la
lgende crite par
au-dessus d'un dessin
du mme
got, qui nous:
montre une jeune femme en costumele
nurembergeois
haut bonnet coll sur
front
avec guimpes
emprisonnanttrane,
le
menton, robe verte un peu dcollete, longue
avec un corsage serr, s'ajustant une palatine grandestraits
manches ouvertes;distingue,
du visage
fins
et
gracieux, dmarche
costume lgamment port;
c'est
bien en cet appareilftes
que
les
riches bourgeoises devaient allerfigure est
aux
de
l'htel
de:
ville.
Une quatrime
accompagne de
cette inscriptionc'est
Souvenei-vous de moi dans votre empire, i5oo;
ainsi qu'
Nuremberg on va
l'glise.
Une femme, charge d'une houppeaux grands bonnets des surstte
lande rose double de vert sur une jupe bleue, s'avance dans uneattitude recueillie;
la coiffe, pareille
de Saint- Vincent-de- Paul, enveloppe ime
remarquable parcette
une expression desa gravure sur bois
pit nave'.le
Durer a placla
figure
dans
Mariage de
Vierge
*
(B. 82).
de Baldung Grien (voy. Catalogue de l'Exposition de dessins de matres anciens),
la
Dame
et la
Mort
(collection de
M.
Mitchell), ainsi qu'un dessin dat
i
5
1
3
d'un matre
anonyme depeuforte,
l'cole de
Nuremberg
(cabinet des Estampes de Berlin).
D'un sujet
galant, dans l'esprit
du Seigneur
et la
Dame, DUrcr
a fait
un dessin d'une plume un
qui, de la collection
de M. Robinson, a pass au cabinet des Estampesassis
de Berlin; gauche, uncauser avec
homme
terre, tenant
une femme enlace, semble
un homme d'armes appuyon
sur un objet indtermin; droite, entre
eux, un petit chien aboyant.1.
A
l'Universit d'Erlangen,:
a,
de la
fin
du xv'
sicle,
un bon dessin
la
plume, d'un anonymed'unjoli2.
une femme en costume nurembergeois du dimanche,le
coiffe
bonnet, tenant un chapelet. Diirer
connaissait peut-tre.
Des copies de ce dessin (dont
l'original est l'Albertine, ainsi
que
le
prcdent)
se
trouvent au British
Musum, au muse de
Ble, chez
MM.
Malcolm, Russel, Robinson
et feu
M. Baie de Londres. Albert Glockentonla
a pris cette
charmante figure Durer
pour
placer dans une gravure sur
bois, colorie,
reprsentant deux femmes
l'glise; signe et date i53i. (Cabinet des
Estampes de Dresde.)
ALBERT DURER.Ununcinquime dessin nous prsentela
53
mnagre nurembermain, avec
geoise dans sonlarge bonnet
costumecachant
d'intrieur,les
une
serviette la
cheveux,
une plerine rose sur unet
corsage vert longues manches, un tablier blanc,
une aum-
nire au ct (Albertine); notre matre y a ajout cescatifs:
mots
expli-
C'est ainsi qu'on est dans les maisons
de Nuremberg. Ladition
bibliothque
Ambrosienne conserve une secondela figure,
de ce
costume; mais
toute diffrente, est'.
un
portrait exact, finele
ment excut, d'Agns Frey
On
trouve encore
mme
per-
sonnage soutenant de ses bras un enfant nu, qui, debout sur untronc d arbre coup, joue avec une
pomme
(collection
Bodlienne
d'Oxford). Ce
joli
dessin, dat i5o2, est
un des nombreux chantil-
lons de la manire familire et navement charmante de Durer,
quand
il
nous montre
la
Vierge
et l'enfant Jsus. Certes, notre
matre
donne quelquefois nit
lail
mre du Christ
l'attitude divine et la solen-
mystique, maisterrestre,
se
complat davantage la montrer sous unetendre, simplement aimante
apparenceet
comme une mre
n'ayant rien de cleste. Cette mre affectueuse et caressante, plusdivine,
humaine que
reparat souvent de i5oi i5o3; ainsi,
une
I. Voy. Thausing, Trachtenbilder, etc. Dans la collection de M. Destailleurs, un buste de femme en costume nurembcrgeois, ressemblant galement beaucoup 5 Agns Frey; ct, gauche, deux ttes de jeunes femmes vues de profil; droite,
la
Mort, sous
la
forme d'un squelette vaguement indiqu, qui parat tendrele
les
bras
comme pourdansles
envelopperla
groupe,
et
rappelle de prs letrois
Armoiries
tte
de mort (h. loi);
mouvement du sauvage ttes d'hommes dont l'unefaite
imberbe, d'un type fminin, avec une coiffure qui sembleles
de plumes de paon;;
deux autres fortement barbues, places ct
et
au-dessus des ttes de femmesbtes.
au verso, une toute petite figure, sorte de hallebardier vtu de peaux deveut dire cet assemblage confus de ttes?
Quela
videmment
la
pense de ce dessin ici
plume
est reste indcise et
obscure; peut-tre doit-on voir
une de ces leons de
philosophie funbre,la
comme
nous en avons dj rencontr,
la
Mort piant
la
beaut,
jeunesse et la force; peut-tre aussi tait-ce la premire ide d'une composition
fantaisiste
dans
le
genre de cette armoirie que nous mentionnons; dessin en tout cas
trs ferme, trs libre et
de
la
meilleure manire de DUrer.
54
ALBERT DURER.Musum)et
Vierge avec Jsus, i5oi (British
une
tte
de Madone,
type noble et doux, au fusain, i5o3 (collection deGratz)*.leset
M. de Franck,
De la mme
anne, une tte de Vierge la bouche pince,
coins des lvres relevs, les yeux baisss, pleine de manirisme
exprimant dsagrablement
le
sentiment de pit que
l'artiste
a voulu rendre-, au fusain sur papier fond rougetre couvert d'unton d'aquarelle jaune vert (cabinet des Estampes deBerlin);
et
une Marie sur un banc de gazon, revtue d'une robe aux amplesdraperies
qui retombent sur
le
sol
;
elle tient
dans ses bras
le
divin Enfant; plume, i5o3 (Britishd'aprs
Musum). Le groupe
est dessin
des mesures gomtriques,
comme
l'attestent
certainestte
lignes destines rgler les
mouvements deset
figures.;
La
de
la
Vierge
est
d'une expression jeuneet
charmante
le
costume
est
enlev avec une vivacit
une dlicatesse qui placent
cette rapide
esquisse au rang des plus aimables productions
du
matre.le
Une compositionrle principal, estfleurs et
plus importante, o
la
Vierge encore joue
une Sainte Famille dans un paysage sem deet tout
d'animaux; aquarelle releve dplume, ravissante
en tonset
clairs,
bien connue par les reproductions d'^gidius Sadeler
de
Pilizotti (Albertine) et
dont
le
premier
projet, la
plume, un
peu
diffrent, a pass;
de
la collection
Denon
la famille Hauset
mann-Blasius
l'anatomie trs imparfaite
du renard
du caniche
placs aux pieds de la Vierge permet de croire que l'uvre, antrieure au voyage en Italie, remonte
aux environs de i5oo. D'unetrois quarts
date
un peu
postrieure,
un buste de Vierge, de
droite,
penche en avant
comme pour mieux
voir l'enfant Jsus
qui, dans la composition dfinitive, aurait figur
aux pieds deeffac, et
la
mre; au fusain sur papier rougetre; dessin assez
dont
Durer
s'est
souvenu neuf ans plus tard pour
la
Vierge assise au
Voy. Thausing,
p. 244.
ALBERT DURER.pied d'une muraille^;
55
monogramme
et
i5o5,
droite (British
Musum).Durer, quisait
dj traiter avec tant de science la
figure
humaine, montre encore une tonnante inexprience dans le dessinde certains animaux, notamment dans celui du cheval. Mouvementscontre nature, proportions inexactes, jambes en bois, expression
navement bizarre,
tels
sont les dfauts ordinaires des chevaux deIl
notre matre avant i5o6.
est vident
que Durer,
le
naturaliste
par excellence, pas plus d'ailleurs qu'aucun desporains, n'avaitvaillant
artistes
contem-
encore tudiil
le
cheval
d'aprs nature. Traet
de souvenir,l'animal.
ne pouvaitfait-il
saisir les allures naturelles?
vraies del'autre les
Le
galoper
il
lui
serre
l'une contre
jambes de derrire, contrairement auxil
lois les
plus l-
mentaires de l'anatomie;qu'il replie partir
lance en
l'air les
jambes de devant,
du genou par unil
effort
des plus violents.et
Le
cheval
est-il
reprsent immobile?
demeure raide
commeformes
inal-
nim. Plus tard, lorsque Diirer aura admir engantes etle
Italie les
mouvement
ais des coursiers antiques
ou de ceuxle
de
la
Renaissance,
lorsqu'il
aura vu de plus prs
modle
vivant, qu'il lui aura appliqu la science des mesures proportionnelles,leil
corrigera les dfauts de sa premire manireil
et
dessineral,
cheval aussi bien que l'homme'. Mais
n'en est pas encore
1.
Bartsch, 40
:
Z^ Vierge assise au
pied d'une muraille.
La muraille
est
la
droite de l'estampe. La Vierge a sur ses genoux l'enfant Jsus, qui tient une
pomme
de
la
main gauche.la
On remarque une
bourse et un trousseau de
clefs
pendu
la ceinture deet le chiffrele
Vierge.
Le fond
gauchela
offre la ceinture d'une ville.
L'anne i5i4
de DUrer sont marqus sur
muraille, prs du bord de l'estampe, vers
milieu de la droite. Cette estampe est une des plus termines de l'uvre de DUrer.2.
Voy. Thausing, 242. DUrer
avait l'intention de fairei,
un
trait sur les
propor-
tions
du cheval. Voy. dans Zahn (Jahrb.f. Kunstw.,le
12,
Autographes de Durerd'un
au Muse britannique),peintre;
programme d'un grand
travail sur les connaissancesest
un projet sommaire de ce programme:
indiqu sur
le
dos d'une feuille
avec des dessins gomtriques
des mesures du corps humain, des mesures du cheval,
56
ALBERT DURER.:
tmoin plusieurs morceaux de ces anneslav en partie d'aquarelle,lin);
le
Rapt^,
la
plume
et
1496 (cabinet des Estampes de Ber-
un cheval dejolie
i5o3, de formes antiques assez germanises,
d'unenise
plume, dans un des portefeuilles de l'Acadmie de Veportant l'armure allemande, montantet le
%
et
un lansquenet
un
cheval alezan clair, les chairs
casque d'un
mmela teinte
ton roux,
l'armure d'un bleu exagr qui cherche rendresurle
de
l'acier
;
casque,
les lettres
W.
A. (Albertine)
;
l'aquarelle releve
de plume, dat 1498.
Deune
ces tudes, la plus importante est XcRapt, qui a pour cadrerivire et chteau fodal
un gracieux paysage avecfort
dans
le
fond, et
gauche; sur
le
premier plan, un jeune cavalier, richefouet, enlve,les flancs
ment
vtu, brandissantla
un
au galop de son cheval,de l'animal'.;
une femme dont
robe couvre
un canichese
demi tondu- court en avant du couple en aboyantretrouve, sans changement, surdivises en six feuilles,
Ce groupe*
une des
trois^
gravures au burin
du matre P. P.
W.
reprsentant des pi-
sodes de
la
guerre de Maximilien contre
les Suisses,
en 1499. Les
Nurembergeois, qui prirent une grande part
cette guerre, taient
commands par Pirkheimer.Quant au lansquenet l'armure allemande portanthallebarde,il
la
longue
est
intressant la
plus d'un
titre.
On
le
reverrades
des mesures de l'architecture, de
perspective, des lumires et des ombres,.
couleurs, pour galer celles de la nature1.
Cat. Posonyi, n" 3o8.
2. la
Le
cheval, de formes longues, enet la
mouvement,
est
tourn de profil gauche;leves; le
jambe gauche de devantmal emmanch
jambe droite de derrire sontd'un crochet.
genou de
celle-ci est3.
et prsente l'aspect
Un
dessin, attribu Martin Zasinger et conserv au cabinet des
Estampes de
Berlin, reproduit assez fidlement ce Rapt; derrire le groupe,
un autre couple
cheval; la plume sur fond de bistre.4.
Un groupePassavant,
analogue figure dans
le
fond de V Adoration des Mages de i5o4,
aux
Offices.5.
II,
iSg et i6o.
ALBERT DURER.dans plusieurs compositions du matre:
aprs
i5oo,
dans
le
Chevalier d'un volet du tableau d'autel de Paumgaertner (Pina-
cothque de Munich); en i5o2, dans(chez l'archevque de Vienne)(B. 54)le;
le
triptyque de la Crucifixionle
en i5o8, dans
Saint Georges
o
il
se prsente
de dos
;
en i5i j, dans l'admirable gravure(B.
Chevalier^ le Diable et la
Mort
98),
o Durer, sans
le
modifier, Ta plac sur
un cheval
qu'il
emprunte au Colleone de
Verrocchio
;
lale
monture du
mme
lansquenet reparat, aussi peu'.
tudie, dans
Saint Eustache (B. Sy)inexprience,cette
Cette
mmela
mme
gaucherie dans
les
mouvements du chevalmarque de
se manifestent,
mais avec une science plus',
forme, attestant de patientes tudesselle,
dans un dessinla
de i5o5 reprsentant un Tartare en
retournant
tte
vers
un
petit cavalier
arm d'unecelle
lance, plac
dans
le
fond; l'attitude;
de l'homme rappelle
du
Petit cheval (B. 96)
la
monture
ressemble au Grand cheval (B. 97); Iaplum> (muse du Louvre).Aussi
mal dessinsdeuxlionnes.
sont
les
deuxles
chevaux
assaillis
par
deux
lions et
Quoique
chevaux soient d'un typefait
antique, l'anatomie des jambes est tout bat d'ailleurs est prsent d'une faonsi
dfectueuse;
le
com-
maladroite qu'un des deux
1.
Ce dessin
est
accompagn de ces mots
:
Voil quel tait alors l'quipement usit
en Allemagne i4g8.
Une
inscription
de
ce'
genre
:
L'an iSja aprs
la
naissanceBritish
du Christ on a ainsi combattu cheval,
se trouve sur
un croquis
la
plume du
Musum,
reprsentant un cavalier et son cheval tout bards de
fer, le
cavalier s'ap-
prtant dcharger un coup vigoureux; sur la
mme
feuille
une ceinture de natation
avec attaches et tuyau assez compliquslaquelle
:
Ceci, crit DUrer, est une ceinture avec
on nage dans
l'eau
;
on
l'attache sous les aisselles.faite,
Au
verso, deux cavaliers
arms de toutes pices, se chargeant; tudevue spcial des armures; au haut,et cesla
comme
la
prcdente, au point de
mme
ceinture qu'au recto, sous une autre face,
mots
:
Ceci
est
un
que
l'on
gonfle pour nager travers un large espace
d'eau.2.Il
est
remarquer que,
mme
aprs ses longues tudes sur l'anatomie du
cheval, DUrer
donne encore
parfois cet animal des
mouvementset
trs arbitraires,
comme
dans un cavalier tartare tenant un arc tendu,
dont
le
cheval est couvert
58
ALBERT DURER.lions;
chevaux semble prt avaler un desgauche, plus haut,encore,
sur
la
mme;
feuille,
un taureau poursuivi par un dogue uncerf qui s'enfuit;
plus haut
un
lion pressantet
au milieu, un loup;
enlevant un agneau,
un taureau attaqu par un chien7-epentirs, parat
le
taureau,;
par suite des diversles ttes
avoir deux arrire-trains
des animaux sont d'une expression presque bouffonne;
plume
trs fine,;
mais un peu sche
;
en bas,
le
monogrammetrois
et la
date i5o5Enfin,liers se
grav par Strixner (cabinet des Estampes de Munich).dessin lails
un charmantconcertant;
plume
:
un groupe de
cava-
portent des costumes peu prs semblables
et
des coiffures diffrentes, l'un, un lger turban enroul; l'autre,le
un bonnet pointu;
troisime,
un
feutre dont le
bord antrieur
est
lev et le bord postrieur abaiss. Leurs montures sont couvertes
de housses pendantes glands
;
celle
de gauche
est
encore d'unbois;
mouvementcelle
conventionnel, ses jambes de devant sont en
de
droite,
au contraire,
est
d'une allure tout
fait libre et
d'une lgante dsinvolture (Muse du Louvre, collection His dela Salle).
d'une housse richement brode; pas
la
plume; i5i7 (muse du Louvre). Ce dessin
n'est
sans parent avec une petite gravure sur bois dont on ne connat que deux
preuves, l'une chez M. Mitchell, l'autre chezdroite, portant sur ses paules
M. Cornill un Turc galopant vers la un carquois rempli de flches; terrain sem d'herbes,:
avec un tronc d'arbrePetit Courrier et
;
la tte
du cheval rappelle par sa lourdeur(B. 80, 81). Cette
celle
de
la
monture du
du Grand Courrierlui.
gravure ne peut tre que delivre.
Durer ou d'aprs
L'exemplaire de M. Mitchell est un feuillet dtach d'un
De
iSiy, la plume,
un autre Turc
cheval galopant, lanant une flche (Ambro-
sienne).I.
Reproduit dans Emile Galichon, Albert Durer, sa
vie et ses uvres, p. 9.
>
I
SKkAI'lll.N JOlCollection de
AN
I
DLMilchcll.
1.
L
I
II
M. W.
IV
SRAPHIN JODANT DU LUTH.I^TUDES DE FEMMES NUES.
SUJETS MYTHOkOGIQUES.
INFLUENCE DE JACOPO DE BARBARJ.
ADAM ET EVE.
APOLLON ET DIANE.
En
1497, Durer
donne un de
ses
plus beaux dessins, :
la
pointe d'argent avec rehauts blancs sur papier bleut
un
sra-
phin aux larges
ailes dployes,
debout, de face,
la tte incline les
droite, pince, d'une main pleine d'nergie nerveuse,
cordes
d'un luth appuy sur une balustradeforte ossature, le regardles
;
le
visage imberbe est d'une
profond
suit
avec une attention inquite
vibrations
du
luth
;
de
petites boucles
de cheveux, noueset
avec un mouchoir roul, se dressent druesfront lev; les draperies de la robe
vivantes sur
un
tombent en
plis aiss et flot-
tants; la figure grave, austre, porte l'empreinte
d'un asctismefini,
tourment. Tout parled'une large facturechell).
et
vibre dans ce dessin trs
quoique
et d'allure
michelangesque (collection de
M.
Mit-
Nous y voyons, avec M, Thausing, une tude pour un desles
archanges de V Apocalypse, dont
gravures sur bois furent*.
faites
en 1497
et
publies l'anne suivante
D'une excution plus minutieuse, surI.
mme
papier, une tte
Mais
il
est
impossible d'accepter l'trange hypothse de M. Thausing, qui
veut voir dans cette figure un portrait de Hans Frey, beau-pre de DUrer, sansautres raisons que le got bien
connu de Frey pour
la
musique.
6o
ALBERT DURER.;
de saint Jean-Baptiste, presque aussi grande que nature
la tte
coupeson;
est
dpose dans un
plat,
sur
le
rebord du
mur
de
la pri-
gauche, une fentre grille; droite,
un coin de
perspectiveentr' ou-
sur un paysage orageux.verts;
La
vie vient de quitter les
yeux;
le
dernier soupir s'exhale des lvres tumfieset la
les
longs
cheveux
barbe qui entourent
le
visage dbordent du plat.
tude dramatique d'un ralisme
saisissant (collectior^ Bodlienne
d'Oxford), rappelant la tte de saint Jean, dans V Apocalypse (B.61).
De
i5oo,
un dessin
la
plume
lav la spia (collectionles
du
grand-duc, Darmstadt), Hercule combattant
oiseaux du lac
Stymphale, projet d'un tableau dont
la
destine a t des plus
aventureuses*. Le jeune demi-dieu s'avance d'un pas rapide, prt
lancer ses flches meurtrires contre
les
oiseaux malfaisants, qui
cependant n'ont rien de bien
terrible et voltigent sous la
forme
de
petits
dragons
ails,
aux bustes de femme, avec de
jolies ttes,
dans un paysage de
fantaisie
potiquement conu, reprsentant
un
lac
bord de vertes montagnes, au milieu duquel s'lve une
forteresse'. Bien
qu'emprunte
la fable
grecque, cette composi-
tion n'est gure antique. L'Hercule, nu, est d'un type tout allemand
qui n'est pas sans ressemblance avec celui de la belle figure de
Durer peinte par lui-mme'. Cet Hercule germanis montre com1.
Ce
tableau, primitivement dans la galerie de Schleisheim, passa de l au chil
teau de Nuremberg, oconsidrait
fut enseveli sous
commeet,
tout
fait
perdu.le
d'paisses couches de poussire; on le Le professeur Bergau, de Nuremberg, en jugea
autrement,
grce ses efforts,la
tableau fut transport nagure dans l'atelier deIl
rparation de
Pinacothque de Munich.
en est revenu en parfait tat; un simple
nettoyage a rendu cette belle uvre aux admirateurs de DUrer.2.
Durer, qui a souvent trait diffrents sujets emprunts hla
la
lgende d'Hercule,
dessine
plume
le
demi-dieu, nu, appuy sur sa jambe droite replie, l'autre tendue,ail;
assenant un coup de massue au dragon
monogrammela
(cabinet des
Estampes
de Berlin;riode,3.t.
cat.
Posonyi, n" 3i6); reproduit dansp.
Gabelle des Beaux-Arts, 2 p-
XVI,
437.
Voy. Prof. R. Bergau, Studien ^ur Kunstgeschichte Nurnbergs; ein wenig
beachtetes
Gemaelde von A. Durer dans
le
Korrespondent von
xind J'r
Deutschland.
ALBERT DURER.ment Durer concevaityeuxni lesla
6i
mythologie classique. N'ayant sous
les
monuments de
l'ancienne Grce que les rfugis deItalie, ni les trsorsl'art, ni les
Byzance avaient apports enMdiciset les
exhums par
les
autres amis de
travaux inspirs par ces
chefs-d'uvre, Diirer traitait la lgende paenne avec une excessive indpendance.
Les humanistes allemands qui avaient franchil'Italie le
les
Alpes rapportaient de
got de l'antiquit, mais
ils
ne pou-
vaient faire connatre
Nuremberg des modles qui eussent pntrd'un sentiment vrai del'art
directement
les artistes
classique.
Tout
au plus introduisaient-ils dans l'Allemagne du moyen ge quelquesspcimens, quelques copies plus ou moins fidles des uvres dela
Renaissance. Les rapports commerciaux, quelque
actifs qu'ils
fussent dj, ne pouvaient secondertrs indirecte
que faiblementIl
cette influencela
de
l'Italie
sur l'Allemagne.
fallait,
pour que
Re-
naissance conqut
l'art
du Nord, queles richesses
les artistes
germains vissentla
de leurs propres yeuxDiirer n'avaitfisants
amonceles dans
Pninsule.trs insuf-
donc sa disposition que des chantillonsart.
du grand
Quelques gravures,
les
menus fragments ou
copies d'uvres italiennes*, les conversations savantes et enthousiastes des humanistes, enfin les
exemplesle
et les conseils
d'un peintre
vnitien',
tel tait,
en somme,
bagage antique de notre matre
avant
et
vers i5oo.
Peut-tre est-ce l'un de ces entretiens avec quelquesnistes
humaLe
nurembergeois que Diirer dut
la
premire ide de sa bizarrepre de l'loquence'.
allgorie
de Mercure considr
comme
1.
Les humanistes
et les
riches banquiers, Pirkheimer, Imhof, Schedel, etc.,;
possdaient des uvres d'art classique
les
Fugger, d'Augsbourg, en avaient form
un
vritable cabinet.2.
Jacopo
de
Barbarj.
Voy. sur
les
rapports de DUrer avec ce
matre,
p. 66-76.3.
La bibliothque de Munich possde un curieux manuscrit (Cod.de dessins, de gravures sur mtalet sur bois,
lat.
716) de
348
feuilles enrichies
nyant appartenu
62
ALBERT DURER.
dieu s'lve sur un nuage vers une toile qui brille au-dessus delui;il
est
vtu d'une robe violette double de jaune, sans manches;
la tte est coiffeet
d'un casque fantastique avec une visire dmesure
des ailes termines par une queue d'oiseau, semblable auxet;
casques que l'on trouve dans l'oeuvre de Mantegnacesseurs;
de ses sucde* ;
les
jambes sont nues,le ciel;
les
pieds empennsle
la
mainse
gauche
il
montre
la droite tient
caduce
la tte
retournant laisse chapper de la bouche des chanes d'or qui vonts'attacher
aux
oreilles
de quatre personnages appartenant :
diff-
rentes classes de la socit
une femme lgrement vtue, un
guerrier arm,et
un docteur en
toge de pourpre et
un bourgeois vieux
barbu
;
la
femme
suit docilement, les trois;
hommes
semblent
lutter contre lelit
pouvoir du dieu
au-dessus des quatre figures on;
les vingt pithtes
grecques du dieu aux multiples attributs
aquarelle relevefables
de plume (collection Ambras, Vienne)*. Les
de
la vieille
Gaule reprsententattirant les
ainsi le dieu indigne
de
l'loquence,
Ogmius,
auditeurs par des chanes d'or
qui partent de sa bouche.
Ce
singulier
Mercure
est
encore moins classique que V Her-
cule du lac Stymphale. Les matres italiens traitaient tout autre-
Hermanus Schedel, Nurembergensis, artium utriusque medicince doctor
.
Le
maniascrit est en partie de la main
mme
de Schedel;
le
savant auteur de
la
Cronica
Mundi y
a runi
un grand nombre d'anciennes
inscriptions et quelques notices sur
de vieux monuments.
Au
folio
38 on trouve un Mercure ailpater,
avec
ces
mots
:
Artium mentis, ingenii facundiseque
aime Mercuri, viarum itinerumque optimc
dux.
La figure
est
semblable celle du Mercure de notre matre. (Voy. A. Springer,
Vorbilder von ^wei Drerschen Hand^^eichnungen in der Ambrasertheilungen der
Sammlung ; Mil-
K. K. Centralcommission, VII,
8o, et O., Jahn,
Aus der Alterthums-
wissenschaft, p. 346.)1.
Une
copie de ce dessin au British
Musum.du mathmaticien Petrus Apianus, impri-
2.
On
trouve un Mercure analogue, de dimension plus petite, grav sur bois
dans
les Inscriptiones sacrosanctce velustatis
mes
Ingolstadt chez l'auteur, i534 (Miltheilungen der.
K. K. Centralcommission,
VIII, p. 127).
ALBERT DURER.mentles divinits
63
du paganisme
grec. Faut-il
cependant regretter
qu' cette poque Durer n'ait point t mis en communication plus
immdiate avec leurqu'il et
art
?
Nous ne
le
croyons pas, quelque profitles
pu
tirer
de relations plus troites avecprcis
hommes de
la
Pninsule.
Au moment
de son dveloppement,le
l'esthtique
transalpine aurait
pu interrompre ou dranger
cours naturel deet
ses aspirations, jeter
quelque confusion dans son esprit
mler
dangereusement son individualit puissante un lment tranger.
Dans un commercelations
trop direct avecil
l'Italie,
en prsence des rv-
d'un art nouveau,
et risqu de compromettre ses qualitsil
natives. Plus tard, lorsque, arriv son apoge,
ira
Venise,
la
contemplation des chefs-d'uvre trangers ne pourra exercer surlui
qu'un
effet salutaire;
il
ne prendra auxle
artistes italiens;
que
ce qu'il voudra
et
ce qui suffira pour
complter
il
adoucira, paril
leurs exemples et leurs leons, la rudesse de son style;
les
tudiera
non en
lve,
mais en matre. Jusque-lsujets
il
se contente
d'emprunter
aux sources du midi des
de compositions; ce
qu'il voit sur-,satisfaire
tout dans les scnes mythologiques, c'estla
une occasion de
mode du
temps, trs porte vers
les
choses de l'antiquit, etles
de s'exercer l'tude du nu. Les hros des lgendes grecques,
Orphe,
les
Hercule,
les
Bacchus, se prtent merveilleusement et
son got pour l'anatomie. C'est ce point de vue,
sans aucun
souci de la vrit classique, que Durer traite les fables de la Grce.
Parmi ces compositions, signalons encore Arion de
la collection;
Ambras Vienne,harmonieuxcolores,sales,est
dessin la plume lgrement lav
le
chantre
couch sur un monstre marin auxet
cailles multi-
pourvu d'immenses nageoires
arm de dfenses colos-
nageant la surface d'une mer bleue faiblement bauche.tient sala tte
Arion
harpe de
la
main gauche;
et
de
la droite seet
crambeau,
ponne la tte
de son sauveur
le
corps robuste est jeune
couverte de longs cheveux reste gracieuse, malgr l'exprs-
64
ALBERT DURER.;
sion d'un sentiment de crainte
la
bouche
est entr'ouverte
:
Arion:
achve
le
chant auquel
il
doit son salut.
On
lit
sur
le
dessin
Pisce super curvo vectus cantabat Arion
'.
Une Vnus sur un
dauphin, la plume,
monogrammeLa
et i5o3,
(Albertine), peut tre mise ct de V Arion.
desse, chevall'air
sur
le
monstre, tient
les
rnes d'une main et de l'autre lve ensort l'Amour, les
une corne d'abondance d'otendu;
yeux bands,
l'arcet
le
type de
Vnus
est
massif et lourd, de formes saillantesle
rebondies, la tte petite et ronde aux joues bouffies,attache solide, les paules dgages et tombantes,lesle
cou d'une
dos bomb,l'excs.
bras forts
et les
mains grandes,
le
basla1'
du corps charnu
Durer semble avoir song moins qu'la
gracieuse desse de Cythrec
Vnus
cratrice et fconde,reste
Aima parensla
du genre:
humain, ce qui ressort dula fille'
de l'ensemble de
composition
de l'onde amre sme l'abondance en promenant l'Amour-
travers le
monde'. Nous retrouvons souvent dans
la
premire;
priode de Durer ce modle fminin plus puissant qu'lgantla
Grande Fortune (B.elle
77), entre autres, est parenteles
de cette Vnuset
dont
exagre encore
formes plantureuses
quelque peudansle
communes. Maissin
la vulgarit
du modlede
est rachete
des-
de
1
5o3 par
la vivacit et la finesse
la facture.
Tout
paisse qu'est cette Vnus,
l'anatomie
de son corps
accuse une science plus avance que deux autres dessins de i5oiet
de i5o3. Le premier, avecich gefe{irt)y>,
cette
pigraphe
:
J'ai dessin ceci{Di
hab
reprsente une
femme nue
demi couche sur
1.
Le manuscrit dj
cit
de
la
bibliothque de
Munich contient un Arion, avecet lui
le
mme
vers, analogue, sauf de lgers
changements, celui de Durer,
ayant
assurment servi de modle.
Une copie
du dessin de notre matre au British
Mu-
sum, une autre au muse de Hambourg.2.
Au muse de
Ble, une copie contemporaine de cette Vnus.
ALBERT DURER.le sol, le
63
buste s'appuyant surla tte
un banc de verdure,jambe gauche
le
coude
repli
et
soutenant
vue de
profil; la
est
emprisonne;
et
comme
crase sous la jambe droite d'une longueur exagre
l'une et l'autre sontest
mal attaches au corpsfin et tudi;
;
le
buste cependant
charmant, d'un model
la tte
repose trs gra-
cieusement sur un bras mal dessin (Al berti ne). C'est videmmentd'aprs cette tude qu'a t grave sur bois la petite
Eve couche,
catalogue par Passavant sousdessin la
le n*
221
'.
Mmes
dfauts dans le
plume de i5o3, dont
le sujet est
bizarre et difficilement:
intelligible (collection
Bodliennc d'Oxford) pose quela
une femme nue, le
peu prs dansteur;
la
mmela
prcdente, regarde
specta-
derrire elle,
une autre femme nue agenouille, d'un emmontre du doigtestet s'apprte
bonpoint repoussant,
la battrepen-
de vergesdants;
;
la figure
couche
maigre, dcharne,
les seins
Diirer, mcontent avec raison
de
l'attache
des hanches, a
voulu y pratiquer quelques retouches, sans beaucoup de succs;
onsi
voit la trace trs
marque de ces correctionss'tait efforce
successives,
commed'une
une main impatientedifficile
en vain de
tirer parti
posture tropdessins, etallgorie
rendre. Antrieure de peu d'annes cesprtexte aussi tudes de:
comme eux
femmes nues, une
absolument nigmatique
surcelui
le
premier plan, offrantest
unetrois
rive, entre
deux arbres dont un,;
de gauche,le sol,
un
saule,
femmes nues
l'une, droite,
tendue sur
enveloppe de
draperies lgres, accoude, songeuse, coiffe d'un casque ail,
semble diriger du doigt un plateau quila
flotte
sur l'eau
;
ses cts,
seconde
femmesi
s'appuie sur la
main gauche
et
de
l'autre
raille sa
compagne
absorbe, avec
un
geste qu'accentue l'expres-
sion ironique de la physionomie; tout gauche enfin, la troi-
I.
Ce
petit bois sele
trouve en regard d'un,
Adam
(trs
probablement excutle
d'aprs
long
homme nu
dat i5oi, catalogu sous
n" 29 de l'inventaire
Imhof), dans l'ouvrage de Derschau.5
66
ALBERT DURER.dusaule,
sime, accroupie au pied
dans une posture contrainte, dfinir, un groupe de
montre de
la
main, d'un air assezcelle
difficileles
trois jeunesflottante,
femmes,
du milieu nue,
deux autres en tuniqueet
qui arrivent portes sur;
un dauphin,
tenant les coinsdtaille,
d'une voile que gonfle la brisela
au fond, minutieusement
perspective
du chteau de Nuremberg baignant dans une;
rivire
troite qui serpentepetit
au premier plan,
droite, sur le bord,treillis
un
Amour
;
plus loin, sur Teau, une nacelle en
avec un
crne antique
de cheval, portant deux Amourslit
et
contourne
d'une banderole o on
ces
mots
:
Pupilla Augusta, en sensle
inverse, ce qui indique, ainsi que leaussi retourn,
monogramme dont
D
estla
que nous avons
l
une tude pour gravure;
date i5i6 est apocryphe (chteau de Windsor). Composition char-
mante, par
le
paysage qui
lui sert
de dcor, mais dont
les figures
sont trs dfectueuses de proportions et d'anatomie, surtout quant
aux jambes
*.
On sait
cependant que,
mme avant cette poque, Diireruvres,les
s'tait
attach l'tude
du nu
;
ses
Bains de femmes surtout,
en fournissent plus d'un tmoignage. Nous sommes d'ailleurs renseigns sur ce sujet par
un curieux passage d'un des
projets de
prface
composs par Durer pour son Trait des proportions du
corps humain^.crit
Je n'ai trouv, dit Durer, personne qui ait rienexceptIl
sur
les
mesures du corps humain,
un hommefit
nomm homme1.
Jacobus, n Venise, peintre gracieux.et
me
voir
un
une femme
qu'il avait faits d'aprs certaines
mesures;
M. Thausing
(p.
2i3-2i6) s'est livr sur ce dessin des interprtations aussi
Ingnieuses qu'arbitraires.2.
Ces projets sont nombreux;est
fragment que nous citonsdfinitive qui se trouvetravail de
il y en a quatre la bibliothque de Dresde; le emprunt au manuscrit du British Musum. La prface
en
tte
du
livre,
ddi Pirkheimer, est date de
1
528. (Voy. le
Zahn sur
les
autographes d'Albert DUrer conservs au muse Britanniquei,
dans Jahrb. fur Kunslw. i" anne, livraison
p. 14.)
ALBERT DURER.cette
67
poque
il
m'et t moins cur de voir un royaume inconnuses thories. Etsi je les
que de connatre
possdais, je les feraistous.
imprimer en son honneur, dans Tintrt decette
Mais
j'tais
poque
trs
jeune
et je n'avais
jamais entendu parler de ces
choses-l. Cependant,
comme
l'art
m'a
t trs cher,
je
me
mis
dans Tesprit d'arriver un semblable
rsultat.
Mais
ledit
Jacobusje
ne voulut pas m'expliquer bien clairement son systme, ce que
remarquai aisment. Alorsdevant moi,et je
je pris
mes propres uvres, jeun peu
les plaai
me mis
lire
Vitruve, qui a
crit sur les
mesures du corps humain. C'est donc dans ou d'aprs ces deux
hommes quepoursuivis
je pris
mon
point de dpart,jour par jour.la
et
selon
mes
projets jelignes,
mes recherches
Ces quelques
dans lesquelles on trouve toutetrent quel point l'tude
chaleur juvnile de Durer,
monpour
mathmatique des proportions du corps;
humainces
le sollicita
ds sa premire jeunesse;
il
se passionne
mesures thoriques
les
deux
figures
que
lui
a montres Baril
barj sont
pour
lui
une vritable rvlation dont:
parle avec
un
ardent enthousiasme
11
m'et
t
moins cur de voir un
royaume inconnu que de connatrerencontre,
ses thories.
A partir
de
cette
Durer dessinera sans cesse de nombreusesmesures proportionnelles quelui
figures
d'aprs les
a suggres Bar-
barj.
Nous ne savons
quelle date prcise;
il
fit
sa premire aca-
dmie d'aprs ces thories
il
est
probable que ce fut peu de temps;
aprs sa rencontre avec Jacopo en 1494*
toutefois
le
Bain de
femmes detionnel.
1496 reste entirement tranger tout canon proportout cas, le British
En
Musumau
possde une
femme nuetoute?
dessine selon ces principes, portant la date i5oo.les
Commeest
tudes analogues,I.
elle
est faite
trait
;
le
fond
couvert
Voy. nos Notes biographiques sur Jacopo de Barbarj,
dit le
matre au Caduce,
p. 14 et suiv.
.
68
ALBERT DURER.la feuille la
de hachures vertes; au dos deavecles divisions
figure est reproduite
gomtriques. D'autres figures, dans des attitudes
varies, se dtachant tantt sur la feuille blanche, tantt sur des
fonds plus ou moinslumireet
clairs, et offrant ainsi diffrentes-se
valeurs de
d'ombres,
trouvent l'Albertine, au cabinet des',
Estampes de Dresde, au British Musum, au Louvre
chez
M.
Mitchell, etc.
Unla
beau spcimen de ces tudes(cabinet
est
une jeune femme nue,Berlin);;
plume
des
Estampes de
le
bras droitcorps, trs
est relev, la
main gauche s'appuie sur un cusson
le
finement model, ressort vigoureusement sur un fond noir l'encre
de Chine
;
la tte et le
bras droit, lgrement esquisss, sont, ainsila
que
les pieds,
en dehors du fond noir; au verso,trait,
mme
figure
dcalque au
avec de nombreuses mesures
;
une
ligne verti-
cale partant de l'occiput rejoint le basdirectrice
du pied
droit, elle sert
de
au dessin;
la
rgion de la poitrine, y compris l'attache;
du bras
droit, est
enferme dans une circonfrence;
les
globes des
seins sont indiqus par de petits cercles
les
autres parties*.
du
torsecette
portent galement des lignes
et
des arcs de cercle
Par
suite patiente d'essais thoriques. Durer, prenanttravail ses
pour base de son
propres uvres,
le
souvenir des deux dessins de Bartablir
barj et les prceptes
de Vitruve, veut arriver
un canon
du corps humainlonget
et
de
ses
mouvements.
Les rsultats de ce
pnible labeur sont consigns dans IcsQuatre livres du trait
des proportions du corps humain, dont Durer s'occupa jusqu' lafin
de sa
vie. Peut-tre consacra-t-il
une trop grande partie de son
1
La
figure
d'homme
nu, au Louvre, a t utilise en sens inverse danst.
le
Trait
des proportions du corps humain,2.
IV, p. 114.
Cat. Posonyi, n" 352; cette figure appartientles
videmment aux premiers tempsles
de Dilrer;
jambes
et les pieds
ont quelques analogies avec
parties correspon-
dantes de l'Eve de i5o4.
CORPS HUMAIN. TUDE POUR LE TRAIT DES PROPORTIONS DUCabinet de'*Ta SeSe,
et le
monogrammebeaucoup
rasme ne
fut pas contentfait
de ce portrait auquel
prfrait de
celui
que Holbein avait
de
lui.
> Z < Qu
.
70
ALBERT DURER.:
en haut
i52o Antorff^ (Anvers).
Une vue d'une
partie d'Anvers,
prise de l'Escaut, sur
deux
feuillets colls
bout bout aule
moyenest
de deux minces onglets de
fine toile.
Tout
premier plan
occup par
le
fleuve sur lequel se voient
une barque monte parle
quatre rameurs et quelques bateaux rangs
long du quai;
gauche, une gUse, au-dessus de laquelle, de
la
main de Durer,
Saint Andras; plus loin, l'abbaye de Saint-Michel avec son clo-
cher bien connu, et au-dessus, Saint Michaels Abdye; puis, se
prolongeant jusqu'au bout du dessin, une suite de btiments assezimportants, mls de groupes d'arbreset
dont;
le
nom
est
indiqu
par
l'artiste,
mais d'une faon indchiffrable
le
plus grand dessinla
du
carnet, aussi remarquable par le
charme pittoresque que par
sret de
main avec
laquelle sont tablies les masses architectu-
rales (collection
de M""
V" Grahl,:
Dresde). Durer parle ainsi de
Saint-
Michel dans son journalil
Je suis aussi all dans la riche
abbaye de Saint-Michel,en pierre.tout
y a
l
dans
le
chur de
belles statues
Le clocher
si
original de l'abbaye reparat,
dominant:
un fouillis de maisons, dans un autre dessin avec'
cette lgende
Saint-Michel Anverstrait
;
sur ce
mme
feuillet,
un vigoureux por-
de jeune femme avec l'indication de son ge en chiffres:
romainscolline,
xxni, et la date i52o;:
au verso, une
ville
pose sur une
avec ces mots
Bergen; cette dernire vue fut faite lors(feuillet
d'un voyage Berg-op-Zoom, dont nous parlons plus loin
du
carnet, collection
du duc d'Aumale)la
Puis une suite de portraits
plume, dontle
la
plupart sontaccueil qui
autant de tmoignages de reconnaissance pourlui est fait
bon
par ses htes
:
celui de Jobst Plankfelt, en buste, de trois
I.
Un
dessin bien
connu de
l'Albertine, reprsentant la cathdrale d'Anvers, a;
t jusqu'ici attribu tort notre matre
la
timidit du trait, les dfauts de la
perspective et bien d'autres faiblesses ne permettent pas de voir dans cette esquissela
main de Durer; seule
l'inscription Gross
Kirch pj Anlorff iSiJ
est
de
lui.
Qi
U >
u
< Q
i
-^
u X U o u
u.
H
/
/-
y-
^hv%
1^:
ALBERT DURER
271
quarts droite, imberbe, paupires retombant sur les yeux, nezlarge et retrouss, lvres paisses,
cheveux longs sous un bonnet
~;/
,^-
l'feRAlT
b JBst l'LNKFLT.
Cablact des stampjs, Francfort,
mou
formant casquette cts rabattus; manteau larges revers
fourrs sur une chemise plisse collet droit; en haut, ces mots
272
ALBERT DURER.la
de
main de Dureret,
:
C'estle
mon
hte Anvers, Jobst Blank(cabinet des
felt,
i520
au-dessous,;
monogrammei520,,
Estampesla
de Francfort)
celui
de Hans Pfaffrath, magnifique dessin :
plume, avec
cette lgende{ein
Hans
Pfaffrath, de Dant^ig,
un homme fort
Starkmann)
aujourd'hui
chez
le
peintre
Bendemannfine,
;
celui
d'un inconnu, uvre d'une excution trset le
avec une pancarte droite portant i52o;
monogrammeen buste
(muse de Hambourg)*tourn gauche,serr, le nezles
il
celui d'un jeunetrs ouverts, la
homme
yeux;
bouche d'un dessindeux pointesct
un peu
fort
porte
un
tricorne dont les
antrieures sont retenues par
un ruban; en haut, i52o
du
monogramme;(cabinet des
la pierre d'Italie, fond noir,
sur papier blanc
Estampes de Berhn);
enfin, celui
d'un autre jeune
homme
d'environ vingt-cinq ans, en buste presque de face, cou-
vert d'une sorte de blouse plisse avec collerette lisr, et coiff
d'un chapeauimberbe,
mou
larges bords pos suret
le
ct droit; visage
fin et distingu, franc
ouvert
;
les
yeux,
les
cheveuxdli-
et le teint sont
d'un ton clair; un peu
pli,
d'une excution
cate; fond noir, la pierre d'Italie, sur papier blanc; en haut,
i520 (collection defeu
M. Lon Bonnat, provenant dubuste trs
cabinet de
M. Baie de Londres); im
analogue au British
Musum.
Du mmepars
temps une charmante Madone avec
l'enfant, assiseles
sur un banc de gazon, couverte d'un ample manteau,;
cheveux
ses pieds, un petit ange jouant du luth, d'un caractre;
tout italien
la plume, un peu retouche (muse de Hambourg) la gouache reprsentant une
;
uneles
grisaille
femme vue de
face.
yeux
baisss,
comme
si elle tait
aveugle (British Musum), dela collection
la
mme
expression qu'un buste de
femme de
Robin-
1.
Reproduit dans
la
Gabelle des Beaux-Arts,
2" priode,
t.
XIX,
p. 77.
BUSTE Dt JELNt: H O M M tCollection Je
M.
L.'on Bonnat.
u.irii
/)V
'^*^
m
%.
r
:
)!
Il:
ALBERT DURER.son',
273
dat
i52i,
aujourd'hui
au
cabinet
des
Estampes
de
Berlin, et qu'une tte peinte sur toile fine,
du cabinet des Estampeset ces
de Paris. Cette expression de grande douceurreparaissent encore dans
yeux baisss
deux
ttes,
l'une sur fond rouge, chezles
M. Malcolm,morte;bustes
l'autre
endormie, un peu renverse en arrire,et
cheveux tombants,grisaille
qui semble une tude pour une Vierge
la gouache, iSig (muse de Brme);coifftte
deux
d'homme, dont underrire eux,
d'un chapeau surmont d'un
gland
;
une
d'ne et celle d'une oie porte
par
l'un
des
hommes
;
sans
doute deux compres revenant
du march, dansJoueurde
le
tonet
dudes
cornemuse
paysans dansant de i5i4; petitescne
de
paysannerie
commele
plus tard en feront Brueghelvieux,
PAYSANS REVENANT DU MARCHE.
Brauwer
et
Ostade.
LaBrttish
Musum.
date de ce petit dessin nous est
donne par un autre bout de parchemin o nous retrouvons
les
deux mmes hommes, sans animaux, dans d'autres la plume, i52o.
attitudes; aussi
Le dimanche aprs
la
Saint-Barthlemy (26 aot). Durer seet
rend Bruxelles, par Malines
Vilvorde, avec
le
Gnois
Tomaso
Bombelli, argentier de l'archiduchesse Marguerite, gouvernantedes Flandres,vers.
un des plus importants marchands deet ses frres s'taient pris
soieries d'An-
Ce Tomasoetlui
d'une vive amiti pour
Durer1.
rendirent toutes sortes de services.
En
passant
C'est
un buste de femme
se prsentant presque de profil; corsage bas laissant
le
sein dcouvert, cou long; les
yeux sont baisss
;
sur papier vert prpar; magni-
fique anatomie, plus savante que plaisante, d'un ralisme trop accentue.18
74
ALBERT DURER.Durerje
Malines,teur
invite souper
Conrad Meyt,
',
matre sculp-
comme
n'en ai jamaisil
vu
dit-il.
Avillela
Bruxelles,
rencontre
ces messieurs de
Nuremberg
,
venus avec tousdepuisle
les insignes
du couronnement, conservs dans
leur
rgne de Sigismond, et qu'ils portaient Aix pourse prparait.Il
crmonie qui
dne souvent en leur compagnie
et est
dfray pendant sept jours par un d'entre eux,Il
Hans Ebner *,se lie
qui ne voulut recevoir de lui aucune indemnit.vieil
avec unla
ami de Pirkheimer, Jacob Bannisis,I".
trs
haut plac dans
faveur de Maximilien
Le
secrtaire de ce Bannisis,
nommla
rasme,
comme
Tillustre crivain
de Rotterdam, rdige'.
sup-
plique que Durer devait prsenter Charles-Quint
Durer admire,
Bruxelles, dans
la
chambre d'or dule
dlicieux htel de ville
quatre tableauxale
*
que
grand matre Roger (Van der Weyden)
faits,
et derrire le palais
du
roi, les jets d'eau, lesi
labyrinthe et
jardin zoologique, toutes chosesparadis.
belles qu'elles lui
semblentd'oi-
un
Un
de ses dessins
la
plume donne une vue volet
seau, trs rapidement saisie, de ce
panorama
porte en haut, ct:
de
la
date i52o
et
du monogramme,le jardinist
cette prcieuse inscriptionet le
Ceci est Bruxellesle
d'animaux
pavillon pus derrire
chteau en bas {D^
{ip Prssel der Dirgarten
und
die
Lust
hinten aus1.
dem
Schlosse hinab ijp sehen).attitr
Ce
n'est
du
reste
qu'une
C'est ce
Conrad Meyt, sculpteur
de
Madame
Marguerite, qui excuta
en i526, sur l'ordre de cette princesse,
les belles statues
de Notre-Dame de Brou,
Bourg.2.
Cet Ebner appartenait
la
famille patricienne
dans laquelle fut conserve
la
copie faite par Hauer du manuscrit original de Durer sur son voyage dans les
Pays-Bas.3.
Le
projet de cette supplique, de la
main mme de
Dlirer, se trouve aujourd'hui
au cabinet des Estampes de Berlin; un autre projet chez M. Blasius. (Voy. Jahrbuchder kiiiglich preussischen Kunstsammlungen,4.t.
I", 3i.)
Ces quatre tableaux, qui formaient une uvre d'ensemble, ont
t dtruitsles
dans
le
bombardement de Bruxelles en lgS;
il
en reste une reproduction surla
quatre magnifiques tapisseries conserves dans la sacristie de
cathdrale de Berne.
ALBERT DURER.
275
esquisse fugitive sans effet pittoresque, uniquement destine fixerle
souvenir d'une vue qui avait vivement frapp notre matre11
(Acadmie impriale des beaux-arts Vienne).sur un soleil d'or et une lune d'argent
s'extasie encorel'or
venus du pays de
(Mexique)tes dessorte.
;
il
parcourt deux chambres pleines de curiosits apporcontres, armures, harnais, vtements de toutesi
mmes
Toutes ces choses sont
prcieuses, qu'on les value je
cent mille florins.m'ait autant
Quant moi,
n'ai
rien
vu deil
ma
vie qui
charm