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Marie Dromigny – Master 2 « Ingénierie et Conseil en Formation » - Rouen 2005 - 2006
Mémoire de MASTER 2
UFR de Psychologie, Sociologie, Sciences de L’Education
Département des Sciences Humaines et Sciences Sociales
Sous la direction de Thierry ARDOUIN
Présenté par Marie DROMIGNY
Septembre 2006
Marie Dromigny – Master 2 « Ingénierie et Conseil en Formation » - Rouen 2005 – 2006
Septembre 2006 2 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2
Remerciements
Je tiens à remercier vivement toutes les personnes qui m’ont accompagnées de
près ou de loin dans ce parcours de formation et m’ont permis de mener, avec
autant d’intérêt, ce travail de recherche.
Je remercie tout particulièrement
- Monsieur ARDOUIN pour son écoute, sa disponibilité et la justesse de ses remarques et critiques ;
- Sarah ALVES pour son soutien et son professionnalisme ;
- Ma famille pour sa patience, son soutien permanent et ses encouragements ;
- Mes collègues du Master pour leur enthousiasme et leur solidarité ;
- L’équipe pédagogique et administrative pour la richesse de ses apports et sa disponibilité ;
- Les différents interviewés, professionnels ou enseignants, pour leur contribution et la qualité de leur engagement dans ce travail de recherche.
Marie Dromigny – Master 2 « Ingénierie et Conseil en Formation » - Rouen 2005 – 2006
Septembre 2006 3 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2
Sommaire
SOMMAIRE.......................................................................................................................................................... 3
INTRODUCTION................................................................................................................................................. 5
PRESENTATION DU GROUPE ESC ROUEN ............................................................................................................. 8 LA VAE DANS LE GROUPE ESC ROUEN ............................................................................................................... 8
1 - LA VAE : ENVIRONNEMENT ET PROBLEMATIQUE ................................................................. 14
1.1. LE CADRE DE LA VAE............................................................................................................................ 14 1.2. LES ACTEURS DE LA VAE....................................................................................................................... 23 1.3. LES IMPLICATIONS D’UNE DEMARCHE POUR LES ACTEURS EN PRESENCE ............................................... 34 1.4. CONSTATS SUR LE DISPOSITIF................................................................................................................. 39 1.5. PROBLEMATIQUE.................................................................................................................................... 42 1.6. METHODOLOGIE DE TRAVAIL ................................................................................................................. 45
2 - LE CADRE THEORIQUE..................................................................................................................... 50
2.1. UN NOUVEL OBJET D’EVALUATION : LA COMPETENCE ........................................................................... 50 2.2. L’EVALUATION DANS LE CHAMP DE LA VAE ......................................................................................... 60 2.3. LE CONCEPT DE PROFESSIONNALISATION ............................................................................................... 66 2.4. LE CONCEPT D’IDENTITE SOCIALE ET PROFESSIONNELLE........................................................................ 69
3 - L’ANALYSE DES RESULTATS DE L’ENQUETE............................................................................ 73
3.1. RETOUR SUR LES OBJECTIFS DE LA RECHERCHE...................................................................................... 73 3.2. RAPPEL DES DIFFERENTES HYPOTHESES ................................................................................................. 73 3.3. CHOIX D’UNE METHODE DE TRAITEMENT DES RESULTATS ..................................................................... 74 3.4. PHASE D’ANALYSE DES RESULTATS........................................................................................................ 74
4 - APPLICATION TERRAIN.................................................................................................................. 100
4.1. LISTE DES PRECONISATIONS ................................................................................................................. 100 4.2. CHOIX ET CONCEPTION D’UN OUTIL ..................................................................................................... 103 4.3. MODALITE DE DEPLOIEMENT................................................................................................................ 104 4.4. PROLONGEMENTS ENVISAGEABLES DE CETTE ETUDE ........................................................................... 104
CONCLUSION.................................................................................................................................................. 106
GLOSSAIRE...................................................................................................................................................... 107
BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................................................ 109
TABLE DES MATIERES .............................................................................................................................. 112
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Septembre 2006 4 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2
« La connaissance s’acquiert par
l’expérience, tout le reste n’est que de
l’information »
Albert Einstein
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Septembre 2006 5 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 INTRODUCTION
Introduction
Dans le cadre du Master 2 « Ingénierie et Conseil en Formation », je réalise une
étude applicative1 et prospective
2 sur le dispositif VAE (Validation des Acquis
de l’Expérience) de l’ISPP3, en me centrant plus spécifiquement sur les acteurs
que sont les membres de jury.
Cette mission qui correspond à la fois à une initiative personnelle et entre dans
le champ des perspectives de développement du Groupe ESC Rouen, prend
également tout son sens dans mon parcours personnel. En effet, tout au long de
ma vie professionnelle, je n’ai cessé de m’interroger sur le sens que chacun
donne à son parcours ; sur les liens, la cohérence entre scolarité et orientation
professionnelle et sur l’impact des diplômes sur notre employabilité et
l’évolution de notre parcours.
Je me suis souvent demandée si :
• Notre histoire personnelle, scolaire influence nos postures identitaires professionnelles ?
• Nos expériences, nos apprentissages sont « transformateurs » ou expérientiels et source de construction de savoirs ?
Mais de quels savoirs parle-t-on ? Comment apprend-t-on de l’expérience ?
Autant de questions que ma pratique professionnelle, associée à la réflexion,
m’ont aidé à clarifier ponctuellement, cheminement enrichis par la découverte
d’auteurs et leurs recherches sur ces sujets.
Du choix d’une orientation, premières expérimentations…
C’est ainsi que mon expérience professionnelle a tout d’abord débuté à la
périphérie de la formation, dans des fonctions plus commerciales, conseillant et
formant des utilisateurs informatiques sur des applications.
1 Le caractère « applicatif » de l’étude renvoie à la dynamique opérationnelle de la mise en œuvre d’une
démarche VAE et aux éléments pris en compte dans la constitution des jurys. 2 Le terme « prospectif », quant à lui, se définit au travers des moyens pouvant être envisagés pour affiner le
caractère évolutif du dispositif 3 Institut Supérieur de Préparation Professionnelle à Mont Saint Aignan
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Septembre 2006 6 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 INTRODUCTION
Souhaitant alors enrichir mes connaissances sur la pédagogie des adultes, j’ai
décidé de consolider ce parcours par une Formation de Formateurs. Ce cursus
m’a ainsi permis d’intervenir, pendant une quinzaine d’années, dans des actions
de formation, auprès de publics et de structures variés, tant à des niveaux
opérationnels d’ingénierie de la formation, qu’à des niveaux plus
organisationnels d’ingénierie pédagogique, abordant ainsi les nombreux champs
de la formation des adultes.
Puis j’ai élaboré, il y a quatre ans, un dossier d’homologation. Ceci m’a amené à
m’approcher de la VAE, puisqu’il m’a fallu concevoir un dispositif de
validation. J’ai ainsi découvert un dispositif en pleine émergence, faisant écho
de surcroît à ma propre histoire.
J’ai en charge depuis deux ans la coordination pédagogique d’un programme de
formation dans une des écoles du groupe ESC (Ecole Supérieure de Commerce),
« l’ISPP » (Institut Supérieur de Préparation Professionnelle), j interviens
également dans le cadre de la VAE.
Je constate que ce dispositif prend peu à peu de l’envergure au rythme croissant
des demandes de validation de candidats intéressés par nos titres accessibles par
cette voie. Je suis donc amenée à valider la recevabilité des demandes, à
accompagner des candidats dans la constitution de leur dossier et mémoire, et à
constituer des jurys de validation.
Mes premiers questionnements sur la VAE émergent alors :
• Qui sont ces acteurs en présence ?
• Quelles sont les postures prises dans ce type d’activité ?
• Comment évaluer dans le champ de la VAE ?
• Qu’évalue-t-on ?
…au besoin d’élargir mes connaissances et de m’engager dans un travail de
recherche.
Il me tardait d’asseoir et d’enrichir mes compétences dans les différents
domaines de l’ingénierie et du conseil en formation, à un niveau décisionnel et
couvrir ainsi les 3 types d’ingénierie (T. ARDOUIN, 2003), l’ingénierie des
politiques, l’ingénierie de la formation et l’ingénierie pédagogique.
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Septembre 2006 7 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 INTRODUCTION
L’objectif de cette recherche action portera spécifiquement sur deux axes de
questionnement qui s’articuleront en thèmes d’étude et hypothèses :
• la préparation des membres de jury avant une phase de validation,
• la professionnalisation de ces acteurs agissants.
Le travail d’écriture qui suit, retrace le cheminement d’une réflexion et s’articule
de la manière suivante :
• Dans une première partie, nous situerons le contexte et le cadre de cette recherche ;
• Dans une seconde partie, nous présenterons le dispositif de Validation des Acquis et son environnement, exposerons les premiers constats dont est
issue la problématique de ce mémoire ;
• Dans une troisième partie, nous éclaircirons quelques concepts pour mieux appréhender le travail d’analyse qui en découlera ;
• Dans une quatrième partie, nous nous attarderons sur le travail et les résultats de l’enquête menée auprès des membres de jurys, sur son
déroulement et sur le choix de la méthodologie d’analyse retenue ;
• Dans une cinquième et dernière partie, nous proposerons dans le cadre d’une application terrain, une liste de préconisations à notre étude.
Ce mémoire est le reflet d’une démarche de recherche action. Il ne prétend pas à
l’exhaustivité et n’aborde pas l’ensemble des champs théoriques nécessaire à
une réflexion complète sur les sujets abordés. Son élaboration m’a amené à la
prise de conscience qu’une démarche de recherche est en constante évolution,
n’est jamais ni définitive, ni figée et qu’il faut cependant se fixer une limite.
Voici donc le résultat de cette recherche, à ce moment rendu définitif par
l’écriture.
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Septembre 2006 8 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 INTRODUCTION
Présentation du Groupe ESC Rouen
Le Groupe ESC Rouen, établissement d’enseignement supérieur de la Chambre
de Commerce et d’Industrie de Rouen créé en 2003, réunit 4 écoles (cf annexe
1):
♦ l’ESC (Ecole Supérieure de Commerce) Rouen, créée en 1871, qui propose un programme d’enseignement en management tourné vers
l’international ainsi que des mastères spécialisés et un MBA ;
♦ l’ECAL (Ecole de Commerce Alimentaire), créée en 1962, spécialisée dans la formation aux métiers du commerce et de la distribution ;
♦ l’ISPP (Institut Supérieur de Préparation Professionnelle), créée en 1977, qui propose des formations en comptabilité et en gestion ;
♦ l’IFI (Institut de Formation Internationale), créée, en 1986, spécialisée dans la formation au commerce international.
La VAE dans le groupe ESC Rouen
Historique de sa mise en place
Le Groupe ESC4 Rouen souhaite développer pour la majorité de ses
programmes, ce dispositif VAE (Validation des Acquis de l’Expérience)
permettant aux salariés de faire reconnaître leurs compétences acquises par
l’expérience professionnelle. L’ISPP5 est précurseur en la matière.
Une première étude a été élaborée en octobre 2003 visant à réfléchir sur la
démarche à adopter et les moyens à mettre en œuvre pour permettre l’accès par
la VAE à ses titres et diplômes. Les premières études méthodologiques
s’articulent autour des objectifs suivants :
• Définir les programmes susceptibles d’être accessibles par la VAE à court, moyen et long terme, travailler sur une cartographie.
• Envisager les conséquences sur l’ingénierie pédagogique
• Réfléchir aux méthodologies à mettre en place et les harmoniser dans le groupe
• Proposer une stratégie de communication autour de la VAE.
4 Ecole Supérieure de Commerce 5 Institut Supérieur de Préparation Professionnel
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Septembre 2006 9 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 INTRODUCTION
Les enjeux de la VAE pour le groupe ESC Rouen
La VAE entre dans le champ de perspectives de développement, visant à
engager le Groupe ESC Rouen, sur les chemins stratégiques de la « Formation
Tout au Long de sa Vie ». Ce dispositif peut se décliner en deux types d’enjeux,
sur le plan institutionnel et sur le plan financier.
Sur le plan institutionnel
Les perspectives de développement en terme de VAE, amènent le Groupe ESC à
mener différents travaux de recherche visant à lui permettre d’entrer dans une
ère nouvelle de la formation, de définir les axes d’ingénierie et d’innovation à
développer, de concrétiser ainsi l’idée que la certification est une organisation
système alliant :
• des cours en formation initiale
• des stages de formation continue
• la validation des acquis de l’expérience
• l’accès direct aux épreuves de validation en « candidat libre »
• des équivalences de diplômes.
Ces axes de développement vont permettre l’adaptation de l’institution aux
nouvelles exigences en terme d’employabilité et renforcer l’idée que l’individu a
une responsabilité individuelle dans la manière dont il mène son parcours
personnel et professionnel. Les perspectives qui en découlent vont mettre en lien
de nombreux acteurs, ayant chacun des logiques complémentaires qu’il va
falloir identifier et organiser.
Sur le plan financier
Des études ont ainsi été menées, tout d’abord à partir de différents travaux
d’analyse méthodologiques et financières, pour en mesurer tous les impacts, puis
par la mise en forme des moyens en terme d’ingénierie visant le déploiement de
ce dispositif. Elles ont permis de fixer les moyens techniques, humains et
financiers à mettre en oeuvre pour s’adapter aux exigences et évolutions de ce
dispositif.
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Septembre 2006 10 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 INTRODUCTION
Il s’agit en premier lieu de mettre en place une cellule VAE, cellule
organisationnelle et opérationnelle, qui devienne le garant du bon
fonctionnement de ce dispositif, tant pour l’accompagnement des candidats que
pour « diriger » ou du moins coordonner tous les travaux préalables (étapes de
référentialisation, élaboration des dossiers, mise en forme de procédures…).
Celle-ci pourra évoluer avec le temps, mais comprendra à minima un référent
VAE, qui aura une relation fonctionnelle avec des référents diplômes.
L’enjeu financier est de développer la confiance des institutions et des individus
(entreprises, salariés, demandeurs d’emploi…) par :
• la mise en place d’une organisation stratégique et opérationnelle,
• des moyens de communication persuasifs;
• le recrutement de professionnels ayant un bon niveau d’expertise pour faire évoluer et pérenniser ce dispositif.
Les actions en terme de VAE sont individuelles, de courte durée, mais nécessite
la mise en jeu d’acteurs qui ont des responsabilités très complémentaires
(conseillers, responsables de programmes, accompagnateurs) et collectives lors
de la décision finale (jurys). Ces ressources compétentes représentent un coût
financier et stratégique qu’il faut identifier. Les demandes de VAE sont
croissantes, l’enjeu global est donc de mesurer l’impact financier de cette
nouvelle organisation, tant dans sa faisabilité que son développement, de
s’adapter au marché et aux demandes croissantes des individus et des Directions
des Ressources Humaines, en tenant compte du cadre réglementaire en vigueur.
Modalités de déploiement du dispositif
Un cahier des charges a été présenté en 2003, délimitant les contours d’un tel
projet. La principale question posée était, à l’époque, de réfléchir à la faisabilité
de la mise en place de la VAE sur l’ensemble des programmes de formation du
Groupe ESC Rouen. Jalonné d’étapes successives, présentées dans les
paragraphes précédents, le projet a pris forme en janvier 2004.
Le premier chantier d’envergure en matière de VAE, est un partenariat avec
Mac Donald France en 2004. En effet, la Direction des Ressources Humaines de
Mac Donald a souhaité donner la possibilité aux Managers de restaurant, salariés
et franchisés, de valider leurs compétences par l’obtention d’un diplôme EGC
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Septembre 2006 11 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 INTRODUCTION
(Ecole de Gestion Commerciale de niveau II – équivalent licence) de l’ISPP (cf.
annexe 2 – Extrait du dossier de presse).
Cette expérience a amené le groupe à se mettre dans une dynamique de veille
face à ce dispositif, suscitant ainsi des questionnements sur son évolution,
notamment sur la constitution et préparation des membres de jury VAE, sur la
professionnalisation de cette activité ou de ces acteurs. Ces interrogations se
sont posées en projet d’investigation. Afin de mieux identifier les enjeux d’un
tel dispositif pour une institution, nous nous sommes engagés à réaliser un
travail de recherche sur :
• le champ d’intervention, la posture professionnelle de ces acteurs ;
• la compétence à évaluer un candidat ;
• la préparation des membres de jurys ;
• le type d’évaluation en jeu.
Ceci nous a amené à articuler notre démarche de recherche action, à partir de
questions prégnantes, dont sont issues notre problématique et nos hypothèses de
départ, présentées succinctement, puisqu’elles seront développées plus
longuement dans les chapitres suivants.
Hypothèses de départ
La préparation des membres de jurys
La préparation des membres de jury permet de mieux cerner les enjeux d’une
démarche pour un candidat est une affirmation momentanée qui nous amène à
nous questionner sur :
• La connaissance des membres de jury, du dispositif et de ses enjeux pour un candidat.
• L’intérêt d’une préparation avant un jury de validation.
• L’utilisation des outils à disposition dans une phase d’évaluation et de validation.
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Septembre 2006 12 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 INTRODUCTION
La professionnalisation des acteurs ou de l’activité
La « professionnalisation » des membres de jury facilite la mise à distance vis-à-
vis des représentations professionnelles, hypothèse qui nous amène à nous
interroger sur :
• La reconnaissance de ce type d’activité transverse (activité périphérique à une activité principale) par les employeurs et les
certificateurs.
• Le développement des postures professionnelles transversales au-delà d’une tenue officielle et l’identification du champ identitaire
en jeu.
• La pertinence de professionnaliser une activité ou les acteurs du dispositif.
Objectif de la recherche
L’hypothèse de recherche s’articule autour de la question suivante :
la professionnalisation des membres de jurys VAE favoriserait-elle une
harmonisation ou homogénéisation des pratiques d’évaluation ?
Cette étude va être menée dans le champ de l’ingénierie de formation et
ingénierie pédagogique, en qualité de Chargée de Mission. La mise en place de
cette recherche action va s’articuler en trois phases :
• Une phase exploratoire, pour définir des objectifs précis d’étude et concevoir des outils méthodologiques de recherche pertinents,
• Une phase d’enquête pour collecter les informations nécessaires à l’élaboration de notre étude et point de départ de notre travail
d’analyse,
• Une phase d’analyse des données, permettant ainsi d’émettre des éléments de réponse à nos hypothèses de départ.
Ces différentes étapes feront l’objet des chapitres suivants.
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Septembre 2006 13 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 1: LA VAE : ENVIRONNEMENT et PROBLEMATIQUE
1ère PARTIE – LA VAE :
ENVIRONNEMENT et
PROBLEMATIQUE
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Septembre 2006 14 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 1: LA VAE : ENVIRONNEMENT et PROBLEMATIQUE
1 - La VAE : environnement et problématique
1.1. Le cadre de la VAE
1.1.1. Historique du dispositif
Jusqu’à la fin des années 60, les systèmes de formation initiale et de formation
continue se déroulent selon un seul et même processus, la conduite à la
délivrance d’un diplôme. Avant l’existence de la validation des acquis,
l’expérience professionnelle et la formation continue n’avaient aucune
reconnaissance officielle. Le principe d’une reconnaissance des acquis de
l’expérience a fait son chemin depuis. La possibilité d’obtenir cette
reconnaissance par la prise en compte de l’expérience acquise est une véritable
révolution.
Puis en raison des besoins de reconversion, les modalités d’accès aux
certifications s’enrichissent par le système des unités capitalisables. Ainsi une
formation n’est plus définie par sa durée mais par les capacités à posséder en fin
de formation. Le diplôme est découpé en unités qui peuvent être obtenues
séparément, leur addition ou capitalisation permet l’obtention de la totalité du
diplôme sur une durée de cinq ans.
Dans les années 80, les politiques en faveur des jeunes, par les contrats de
formation en alternance, développent le principe selon lequel «on apprend en
situation de travail», (depuis 1983 pour les jeunes et développées en 1987, en
1993 pour les adultes dans le cadre du plan de formation et du congé individuel
de formation).
Le premier dispositif émergeant fut la VAP (Validation des Acquis
Professionnels)
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Septembre 2006 15 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 1: LA VAE : ENVIRONNEMENT et PROBLEMATIQUE
1.1.2. LA VAP (Validation des Acquis Professionnels)
Cette évolution trouve son apogée avec la loi de 1992 sur la Validation des
Acquis Professionnels. Elle est d’abord conçue comme un moyen de permettre
l’accès à la formation continue pour des individus qui n’avaient pas les diplômes
pré - requis. Elle a été pensée et instrumentée comme une aide à l’accès aux
dispositifs de formation initiale ou continue.
Le dispositif de Validation des Acquis Professionnels s’est construit dans les
années 1980-1990 en deux étapes distinctes :
• le décret du 23 août 1985 (n° 85-906) ouvre l’accès aux différents niveaux de l’enseignement supérieur sans avoir les pré - requis académiques
nécessaires.
• Le décret du 26 mars 1993 introduit la possibilité de prendre en compte les acquis du candidat pour le dispenser d’une partie des épreuves
conduisant à la délivrance du diplôme postulé.6
Au démarrage la VAP ne concerne que trois ministères : Education Nationale,
Agriculture et Jeunesse et Sport.
Enfin, le 17 janvier 2002, dans le cadre de la loi de Modernisation Sociale, la
Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) vient compléter la Validation des
Acquis Professionnels (VAP). Au-delà du vocabulaire, la modification est
d’importance puisque certains n’ont pas hésité à parler de « révolution
culturelle ». Celle-ci réside dans le fait d’admettre que le travail est un facteur
de qualification au même titre que la formation. La validation des acquis
reconnaît le caractère formateur du travail.
1.1.3. La loi de Modernisation Sociale - Ce qu’il faut retenir
1.1.3.1. Dispositif et cadre juridique (7)
Contexte d’émergence
Traditionnellement, la validation des acquis détenus par les individus se réalise à
l’issue d’un parcours de formation. Aujourd’hui, la VAE considère que
6 Centre INFFO (2003) « La validation des acquis de l’expérience » - Guide Pratique 7 Chapitre inspiré du dossier documentaire du Centre INFFO
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Septembre 2006 16 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 1: LA VAE : ENVIRONNEMENT et PROBLEMATIQUE
l’acquisition de savoirs peut s’effectuer dans d’autres lieux que les centres de
formation ou les établissements scolaires ou universitaires.
L’expérience salariée ou non, peut maintenant faire l’objet d’une validation en
vue de l’acquisition d’une certification.
Dans les années 1990, on constate qu’entre 30 et 40 % de la population française
n’ont aucune trace de qualification. De nombreuses enquêtes emploi, réalisées
notamment par l’INSEE, pointent un déficit de qualification en France. Au-delà
de ce constat, d’un point de vue plus individuel, « pour développer son
employabilité, mieux vaut être diplômé ».
Quelques dates, moments clés…
• « C’est en forgeant que l’on devient forgeron » est un adage répandu au sein de différents corps professionnels ;
• La reconnaissance des acquis voit le jour au Moyen Age avec le compagnonnage.
Puis…
• Loi du 10 juillet 1934 : diplôme « d’ingénieur maison », diplômés pas l’Etat.
• Dans les années 1970, apparaît la nécessité de diversifier les modes de certification ayant valeur nationale.
• Juillet 1971, loi sur l’enseignement technologique.
• 1972, expérimentation par l’Education Nationale des unités capitalisables.
• 1980 – 1990, loi en faveur des jeunes.
• 1991, loi sur le Bilan de Compétences.
• 1992, loi sur la Validation des Acquis Professionnels.
• 2002, la Validation des Acquis de l’Expérience, dans le cadre de la loi de modernisation sociale.
• 2004, Accord National Interprofessionnel, incitant les salariés à devenir acteur de leur évolution professionnelle.
L’esprit de la loi
Les évolutions et exigences accrûes du monde du travail conduisent à la
valorisation et à la définition d’un nouveau « concept de compétence » donnant
ainsi une place nouvelle à l’individu dans un environnement socio-économique
mouvant. D’une manière générale, l’individu tend à évoluer et faire évoluer ses
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Septembre 2006 17 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 1: LA VAE : ENVIRONNEMENT et PROBLEMATIQUE
compétences pour être toujours performant et apte à s’adapter à des
environnements variés, de plus en plus complexes et compétitifs.
La Validation des Acquis de l’Expérience modifie profondément l’esprit du
dispositif de formation existant : elle ouvre largement l’accès à la certification
puisque, désormais, toute personne justifiant de trois années d’expérience
professionnelle ou non, seulement en tant que salariées, mais aussi comme
non salariée ou bénévole, peut faire valoir ses droits à validation et la
certification peut être obtenue dans sa totalité.
Ainsi, la loi de modernisation sociale du 17 janvier 2002 fait de la Validation
des Acquis de l’Expérience un droit ouvert à tous. Cette loi et ses textes
d’application visent à organiser les conditions d’exercice d’un droit individuel.
Inscrit au livre 9 du Code du Travail dans le chapitre Formation, le droit à la
VAE est également encadré par le Code de l’Education.
La réglementation, les textes
L’article L.900-1 du Code du Travail est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Toute personne engagée dans la vie active est en droit de se faire valider les
acquis de son expérience, notamment professionnelle, en vue de l’acquisition
d’un diplôme, d’un titre à finalité professionnelle ou d’un certificat de
qualification figurant sur une liste établie par une Commission Paritaire
National des Certifications Professionnelles (CPNE), visé à l’article L.335-6 du
Code de l’Education… »8
« Toute personne ayant exercé pendant au moins trois ans une activité
professionnelle, salariée ou non salariée ou bénévole peut demander la
Validation des Acquis de son Expérience »
1.1.3.2. Le R.N.C.P.
Ces titres, diplômes et certificats de qualification sont regroupés dans le
Répertoire National des Certifications Professionnelles (R N C P). L’objectif de
ce répertoire est le classement de l’ensemble de ces informations pouvant
donner lieu à validation, par domaine d’activité et par niveau.
L’idée de diversifier les modes de certifications est importante, avec un souci
permanent de lisibilité des informations par tout type de public. Le répertoire
s’articule aujourd’hui autour de 13 000 certifications, réparties en diplômes,
8 Centre INFFO (2003) « La validation des Acquis » - Guide documentaire
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Septembre 2006 18 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 1: LA VAE : ENVIRONNEMENT et PROBLEMATIQUE
titres (visés ou homologués) et certifications professionnelles (CQP – Certificat
de Qualification Professionnel). Il est coordonné et mis à jour par la CNCP9 qui
centralise les données collectées sur le dispositif par les différents ministères.
Nous proposons page suivante, un schéma, présentant l’organisation nationale et
régionale du dispositif, ainsi que les différents acteurs en présence et les
différentes phases de circulation et de traitements des demandes
d’informations.10
9 Commission Nationale des Certifications Professionnelles 10 Extrait du « Dossier documentaire » édité par le CREFOR – A la rencontre des valideurs – 16 décembre
2003
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Septembre 2006 19 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 1: LA VAE : ENVIRONNEMENT et PROBLEMATIQUE
ORGANISATION NATIONALE ET REGIONALE DU DISPOSITIF
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Mémoire de Master 2 PARTIE 1: LA VAE : ENVIRONNEMENT et PROBLEMATIQUE
Légende du tableau « organisation nationale et régionale du dispositif »
AFPA
Association pour la Formation
Professionnelle des Adultes
ANPE
Agence Nationale Pour l’Emploi
CARIF
Centre d’Animation et de Ressources
de l’Information sur la Formation
CIBC
Centre Interprofessionnel de Bilan de
Compétences
CIO
Centre d’Information et d’Orientation
CNCP
Commission Nationale pour la
Certification Professionnelle
PAIO
Point Accueil Information et
Orientation
RNCP
Répertoire National des Certifications
Professionnelles
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Mémoire de Master 2 PARTIE 1: LA VAE : ENVIRONNEMENT et PROBLEMATIQUE
1.1.4. Les différentes étapes d’une démarche
Les étapes, qui s’étalent dans le temps, amènent la rencontre d’acteurs qui ont
des logiques différentes et complémentaires, et chaque étape va nécessiter un
travail. Ce travail différent à chaque fois, s’opère avec des va-et-vient, des
retours en arrière, des pauses. Ces différentes phases sont nécessaires. En effet,
il faut du temps pour repenser son expérience, la mettre en mots et l’écrire.
Les principales étapes sont les suivantes :
Source : Guide pratique de la Formation – Centre INFFO
Informations sur la
VAE
Choix de la
certification
Recevabilité de la
demande
Constitution du
dossier
Evaluation des compétences professionnelles par un jury
Validation totale
Validation partielle
Evaluations complémentaires
Rejet de la validation
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1.1.5. Les visées de la VAE
La validation des Acquis de l’Expérience s’inscrit le plus souvent dans une
démarche globale de construction, de réorganisation ou de repositionnement
professionnel.
L’envie de progresser dans son travail, le besoin de reconnaissance, la recherche
d’une valorisation personnelle sont des motivations qui vont susciter le désir de
s’engager dans une recherche de diplômes, de certifications. Un événement
déclencheur peut également faire émerger le souhait d’obtenir une certification :
un changement de métier, de secteur, de région, d’activité, une réorganisation
d’entreprise, l’arrivée de jeunes diplômés…
Le diplôme est encore dans notre culture un gage d’employabilité, (LENOIR
1999) et favorise l’évolution professionnelle, ce qui met fortement en
perspective ce dispositif et laisse envisager l’envergure qu’il va prendre dans les
années à venir, « tant les transformations identitaires vont de pair avec une
évolution des compétences professionnelles. La compétence se présente
aujourd’hui comme le devenir potentiel de chacun, au lieu de fonctionner
comme un postulat inscrit à l’origine.». 11
La validation partielle ou non modifie la perception que l’individu a sur son
activité tant en ce qui concerne l’intérêt de son travail que de son utilité sociale.
Elle semble valoriser, redonner du sens et de la valeur au travail. Elle permet
aussi à l’individu de corriger l’image qu’il a de lui-même et a un effet de remise
en cause. Elle apparaît parfois comme la manifestation d’une deuxième chance
ou comme une revanche face à une certaine injustice.
Le développement progressif de la VAE est accompagné de fortes interrogations
sur le sens et les voies d’accès aux certifications. L’acquisition d’une
certification atteste-t-elle que les détenteurs sont des professionnels ou des
personnes ayant des potentialités ?
La VAE amène les candidats à la rencontre de nombreux acteurs qui
interviennent de manière complémentaire au fur et à mesure de la démarche.
Nous en proposons une présentation synthétique dans le schéma qui suit.
11 ASTOLFI Jean-Pierre, (2001), Education et formation : nouvelles questions, nouveaux métiers - Ed. ESF –
page 10
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1.2. Les acteurs de la VAE
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Légende du tableau « les Acteurs de la VAE »)
CRIS
Cellule Régional Inter - Services
CNCP
Commission Nationale pour les
Certifications Professionnelles
OPCA
Organisme Paritaire Collecteur Agrée
PRC
Point Relais Conseils
Le rôle de ces organismes est détaillé dans la partie sur les Acteurs
Institutionnels. (Pages 27 et 28)
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Ces acteurs, présentés successivement, peuvent être regroupés en fonction de
leur positionnement stratégique, organisationnel et opérationnel dans le cadre
du dispositif.12
1.2.1. Acteurs « institutionnels » : Maîtres d’ouvrage – niveau stratégique
Ils interviennent au niveau stratégique, dans le cadre de politiques :
- générale, - sociale, - de formation, - de réglementation sociale, - d’actions de conseil sur les modalités d’accès au dispositif.
12 ARDOUIN Thierry (2003), Ingénierie de Formation pour l’entreprise – Analyser, Concevoir, Réaliser,
Evaluer, Ed. Dunod
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Le tableau ci-dessous n’est pas exhaustif, mais donne des indications sur les
principaux acteurs institutionnels, intervenants dans le champ de la VAE :
Acteurs institutionnels13
CEDEFOP Centre Européen pour le
Développement de la
formation professionnelle.
Le CEDEFOP participe à
la valorisation et à la
promotion de la formation
professionnelle des jeunes
et de la formation
continue des adultes en
Europe.
CARIF Centre d’Animation et de
Ressources de
l’Information sur la
formation. C’est un terme
générique qui est
développé de manière
différente dans chaque
région.
CENTRE INFFO Association loi 1901,
placée sous la tutelle du
Ministère des Affaires
Sociales, du Travail et de
la Solidarité, le Centre
INFFO est un lieu de
ressources, de traitement
et de diffusion de
l’information sur la
formation professionnelle
continue. Il se situe au
cœur du réseau des relais
d’information ‘CARIF,
PAIO, CIO, ANPE…).
13 ARDOUIN Thierry (2003), Ingénierie de Formation pour l’entreprise , Ed Dunod
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Les acteurs institutionnels (suite)
DRTEFP Les DRTEFP, DDTEFP
sont des services
déconcentrés de l’état
rattachés à ce ministère.
OPCA
Un OPCA, Organisme
Paritaire Collecteur
Agrée, est une association
dotée d’un agrément
ministériel, pour collecter
et gérer les contributions
des entreprises consacrées
au développement de la
formation professionnelle
continue.
CREFOR
Centre de Ressources
Régionales de Haute
Normandie. (informations
sur la formation)
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1.2.2. Acteurs « ingénieurs » : Maîtres d’œuvre – niveau organisationnel
Ce sont ceux qui entourent la VAE, analysent les besoins, assurent la mise en
oeuvre d’actions et de dispositifs de validation des compétences, plus
spécifiquement :
Centres valideurs
Centres certificateurs, détenteurs de
titres, diplômes ou certifications
accessibles par la voie de la VAE,
inscrits au RNCP (Répertoire National
des Certifications Professionnelles).
Responsables pédagogiques –
Centres Certificateurs
Mettent en œuvre les procédures de
validation
Elaborent des référentiels de
compétences – de formation
Conseillent des candidats sur la
démarche
Valident la recevabilité des demandes
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1.2.3. Acteurs « agissants » : niveau opérationnel (acteurs internes et externes)
Ce sont ceux qui sont au cœur de la démarche, répartis en deux catégories :
- Internes, par leur positionnement auprès des institutions ou certificateurs,
puisqu’ils interviennent en qualité de professionnels pour le compte des
certificateurs et respectent le cadre institutionnel et réglementaire fixé.
- Externes, parce que n’ayant pas de liens directs avec les institutions, tels,
les membres de jury intervenant de manière ponctuelle et souvent
extérieur à la structure ; les candidats, venant d’autres structures et
demandeurs de la validation de leurs compétences.
Interne Accompagnateurs Aident les candidats dans
l’élaboration de leur
dossier et dans la mise en
mots de leurs
compétences.
Membres des jurys Evaluent et valident la
compétence d’un
candidat
Externe
Candidats (entourage
direct et indirect)
Souhaitent faire valider
leurs compétences
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1.2.4. Les membres de jury VAE
Nous allons nous intéresser plus spécifiquement aux membres de jury. Ce sont
les acteurs principaux de notre étude. En effet, l’activité des membres de jury
semble être un type d’intervention qui questionne, c’est un acte presque social si
l’on en juge les incidences ou conséquences pour un candidat.
Nous avons fait le choix de nous intéresser à ces acteurs spécifiques pour les
raisons qui suivent :
� Nos recherches semblent montrer qu’il existe peu d’études traitant de la professionnalisation de ces acteurs.
� De nombreuses interrogations des membres de jury subsistent, parfois une certaine « méconnaissance » des enjeux d’une démarche pour un candidat
et une difficulté à évaluer la compétence.
� Se centrer sur l’ensemble des acteurs est trop vaste, il est donc nécessaire de se focaliser sur l’un d’eux.
� On ne valide pas de la même manière des connaissances et des compétences acquises en situation, ce qui suscite de nombreux
questionnements autour du champ d’intervention des jurys et des
compétences requises pour évaluer. Il semble nécessaire de définir des
pratiques, des outils et modalités spécifiques.
� Sont co-responsables de la validation, rôle décisif. � Activité ponctuelle, temporaire, complémentaire, en plus de son activité principale, source de responsabilité – consommatrice de temps – quelle
reconnaissance pour les professionnels dans leur propre entreprise ? Peut-
il s’agir d’un métier ou d’une mission ?
� Demande croissante de validation (nécessité d’une formalisation et professionnalisation du dispositif et des acteurs).
� Acteurs « agissants » : réflexion sur les apports d’une telle expérience en terme d’identité sociale.
Il nous semble toutefois nécessaire, avant de poursuivre, de clarifier les axes
suivants :
� Qui sont ces membres ? � Quelle est la réglementation aujourd’hui ? � Quel est leur rôle, leur champ d’intervention ? � Comment évaluent-ils un candidat ?
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Mémoire de Master 2 PARTIE 1: LA VAE : ENVIRONNEMENT et PROBLEMATIQUE
1.2.4.1. La réglementation aujourd’hui : La composition du jury ? 14
Ces dispositions sont prévues dans l’arrêté du 30 janvier 2003 et proposent :
« Le décret n° 2002 – 615 du 26 avril 2002 pris pour l’application de l’article
911 – 1 du code du travail et des articles L . 335 – 5 et L. 335 – 6 du code de
l’éducation relatif à la validation des acquis de l’expérience pour la délivrance
d’une certification professionnelle prévoir que le jury est composé pour :
� au moins un quart des membres doivent être des représentants qualifiés des professions,
� au sein des représentants, il doit y avoir parité entre employeurs et salariés, avec le souci d’une représentation équilibrée des hommes et des
femmes sur l’ensemble des jurys
� un intervenant, enseignant du centre valideur »15
Le jury de validation des acquis de l’expérience est le même que le jury de
certification. La composition d’un jury VAE est variable selon les organismes
valideurs. Le jury est présidé et constitué conformément au règlement et
dispositions régissant le titre, le diplôme ou la certification. Tout professionnel
ou ancien professionnel qui répond aux règles générales de constitution des
jurys de validation peut être élu.
1.2.4.2. Leur champ d’intervention
Les membres du jury auront eu communication, suffisamment à l’avance, des
dossiers de validation des candidats pour leur permettre de préparer l’entretien
de validation. Leur champ d’intervention pourrait se définir ainsi :
� Analyser le travail du candidat sur la base de la description qu’en fait le candidat.
� Déduire des connaissances, compétences attendues au regard d’un référentiel.
� Evaluer les compétences au regard de ce référentiel. � Se fixer un seuil de compétences en dessous duquel il est impossible de valider (les incontournables).
� Comprendre ce qui a été conceptualisé par le candidat. � Acquérir des méthodes, pour rendre l’évaluation objective (comprendre sur quoi se fonde le jugement)
14 PRETERRE Nathalie (2005), Guide méthodologique de la VAE, Documentation du CREFOR 15 Dossier documentaire du CREFOR (décembre 2003) – Centre de Ressources VAE
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Mémoire de Master 2 PARTIE 1: LA VAE : ENVIRONNEMENT et PROBLEMATIQUE
1.2.4.3. Les compétences requises pour évaluer un candidat
Cette liste, issue de lectures16 et d’échanges, n’est pas exhaustive mais pose les
principales compétences et aptitudes attendues des membres évaluateurs dans le
champ de la VAE :
• Connaître la procédure VAE et le déroulement du processus
• Connaître les situations concrètes de travail
• Savoir déduire des compétences et des savoirs à partir de la description des activités exercées ou de l’observation de situations de travail réelles
ou reconstituées
• Entrer dans la démarche spécifique de l’évaluation en VAE
• Etre attentif à l’expérience singulière individuelle et originale du candidat tout en ayant le repère collectif
• Ecouter le candidat
• Faire un lien entre ce qui est présenté par le candidat et ce qui est normalement attendu du titulaire de la certification
• Argumenter son point de vue et participer à une décision collégiale
• Repérer un parcours à accomplir pour obtenir la certification dans le cas d’une VAE partielle.
1.2.4.4. Quelques questions que peut se poser le jury avant d’évaluer
Cette base de questionnement peut faire l’objet du travail préparatoire pour les
membres de jurys et permettre de mieux comprendre le contexte du candidat :
• Quel est le niveau d’exigence ?
• A partir de quand, peut-on considérer que les compétences sont acquises ?
• Préparer des questions qui amènent le candidat à préciser ses écrits, à rester dans le déclaratif.
• Dans quel genre professionnel se reconnaît le membre de jury ?
• Quelles seraient les méthodes de travail plus efficaces dans le contexte de ce candidat ?
• Comment le candidat analyse ses difficultés, les freins qui l’empêchent de réaliser une action ? –Quel est son regard critique sur l’activité ?
• Comment s’est construit son parcours ? Quel en est le fil conducteur ?
• Quels sont les enjeux d’une VAE pour ce candidat ?
16 PRETERRE Nathalie, (2005), « Guide méthodologique de la VAE » - Documentation du CREFOR
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Mémoire de Master 2 PARTIE 1: LA VAE : ENVIRONNEMENT et PROBLEMATIQUE
Cela revient à dire, qu’il semble nécessaire de :
• Connaître la procédure VAE et le déroulement du processus
• Connaître les situations concrètes de travail
• Procéder à une lecture approfondie et objective des éléments du dossier
• Faire un lien entre ce qui est présenté par le candidat et ce qui est normalement attendu du titulaire de la certification
• Argumenter son point de vue et participer à une décision collégiale
1.2.4.5. Dispositif d’évaluation et référentiels
Un dispositif d’évaluation fixe le cadre des compétences à évaluer et les outils
de mesure (grilles, concepts, critères…). Les compétences sont ainsi nommées
et donc déjà validées par un dispositif. Ce qui est évalué par le jury, ce n’est pas
exclusivement la compétence, mais ce qui est délimité comme compétence par
le dispositif d’évaluation. La validation résulte du dialogue, de la confrontation
des points de vue, de la concertation entre les membres de jury. Toutefois, il
peut être intéressant de considérer le référentiel de compétences, ou de
formation, comme un point de repère et non comme un modèle théorique.
1.2.4.6. Modalités d’évaluation
Se lancer dans une opération d’évaluation suppose de définir l’objet à évaluer,
de préciser le cadre d’intervention de l’instance dont la légitimité sera établie, la
finalité de l’opération de comparaison à laquelle on va se livrer, de décider un
mode d’évaluation et d’une référence commune à tous, de comprendre les
enjeux d’une telle démarche. Se pose alors la question des principes devant
présider à l’opération d’évaluation, ce qui amène à concevoir une méthodologie
de laquelle découlent des critères, des indicateurs d’évaluation. Les outils
utilisés sont indispensables pour maintenir une certaine objectivité et délimiter le
champ d’observation.
Dans le cadre d’une VAE, l’entretien permet de vérifier l’authenticité des
éléments justifiés dans un dossier, dont le candidat doit donner la preuve en
argumentant. C’est un processus d’analyse des éléments de l’expérience d’un
candidat qui vont contribuer à la prise de décision d’un jury en fonction de
l’objectif visé.
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Septembre 2006 34 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 1: LA VAE : ENVIRONNEMENT et PROBLEMATIQUE
1.3. Les implications d’une démarche pour les acteurs en présence
L’ANI17 du 20 septembre 2003 et la loi sur la formation professionnelle de mai
2004 proposent une nouvelle conception de la formation au travers de la
consécration du concept de la formation tout au long de la vie professionnelle.
La VAE interpelle l’appareil de formation et remet au goût du jour
l’individualisation et la personnalisation de la formation. Ce dispositif pose de
nombreux enjeux :
o Des enjeux individuels: la reconnaissance individuelle d’une
professionnalité, reconnaissance identitaire.
o Des enjeux collectifs : la VAE peut valoriser une gestion des ressources humaines. Les termes « flexibilité, mobilité, employabilité » sont des
variables d’appartenance dans l’organisation du travail et l’organisation
sociale.
o Des enjeux culturels : autour des représentations et des croyances collectives concernant le diplôme et les valeurs sociales qui s’y rattachent.
o Des enjeux politiques : choix de placer l’individu à la source du savoir, responsable de son parcours et justifiant d’un bon niveau d’employabilité.
o Des enjeux idéologiques : nos sociétés sont fondées sur le savoir. Il y a une volonté qu’il y ait une parité, égalité des chances et une diversité
d’accès au savoir.
Nous proposons ainsi d’évoquer les incidences et les conséquences d’une
démarche. Ce repérage ne prétend pas à l’exhaustivité et pourrait faire l’objet
d’une étude spécifique. Il a pour objectif de présenter un panorama des enjeux
pour les nombreux acteurs en présence, permettant ainsi de mieux cerner le
contexte de la VAE. Ces informations sont issues de propos collectés lors de nos
lectures, rencontres et le fruit de notre réflexion.
17 Accord National Interprofessionnel
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Septembre 2006 35 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 1: LA VAE : ENVIRONNEMENT et PROBLEMATIQUE
1.3.1. Les incidences d’une démarche VAE ?
S’investir dans une démarche VAE, cela peut supposer :
1.3.1.1. Pour un candidat
• Mettre en mots ses compétences ? (travail d’auto-analyse, d’auto -
évaluation, prise de recul, accepter de se remettre en cause en se
soumettant au jugement d’autrui, être motivé parce que cette démarche est
souvent longue, complexe, lourde de sens personnel…).
• Avoir un autre regard sur son expérience (se mettre en perspective,
donner un sens différent à son parcours professionnel, moment de
confrontation de références individuelles avec des références sociétales,
de confrontation de l’expérience que le candidat a cherché à organiser, à
formaliser) : apprentissage expérientiel.
• Décrire dans son auto évaluation comment on a acquis cette expérience
et comment on la maîtrise : démarche réflexive.
Une démarche VAE sert des objectifs différents selon les candidats, les leviers
motivationnels sont multiples.18
• Obtenir un diplôme,
• Obtenir une reconnaissance professionnelle,
• Valider des pré – requis (VAP), dans une perspective de poursuite de cursus,
• Valoriser son expérience,
• Redécouvrir un métier,
• Renforcer sa motivation.
18 Actualité Permanente n° 195 (mars et avril 2005), dossier pratique « les enjeux d’une VAE pour un
individu », pp. 33-34
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Mémoire de Master 2 PARTIE 1: LA VAE : ENVIRONNEMENT et PROBLEMATIQUE
1.3.1.2. Pour un certificateur
La démarche peut supposer qu’il est nécessaire de :
• Repérer les métiers cibles de la formation,
• Développer une démarche d’ingénierie (procédure de validation, référentiels associés, grilles d’évaluation…),
• Concevoir un référentiel de compétences en lien avec les métiers visés,
• Etre inscrit au RNCP (démarche de certification),
• Créer une cellule de ressources compétentes pour : conseiller sur le dispositif et les cursus accessibles par la voie de la VAE, vérifier la
recevabilité des demandes ; accompagner les candidats dans la
constitution et la rédaction de leur dossier, constituer et former les
jurys de validation (sous-commission – présidence – commission
plénière),
• Se tenir informer de l’évolution de ce dispositif (veille).
1.3.1.3. Pour une entreprise (19 et 20)
Pour une entreprise, cela peut supposer des activités différentes :
• Repérer clairement les métiers de son entreprise,
• Disposer de référentiels sur ces métiers,
• Connaître le « marché » des certifications pour mettre en adéquation les emplois avec les titres,
• Entretenir des relations avec les certificateurs, le dispositif VAE et les modalités de validation,
• Etre au clair sur la relation entre politique de formation, politique de promotion et politique de rémunération,
• Partager avec les syndicats ce type de projet (les inclure dans les choix par exemple, les tenir informer des avancées…).
19 MEIGNANT Alain (2003), Manager la Formation, Ed. Liaisons 20 THEVENET Maurice (2004), Audit de la Culture d’Entreprise, Ed. d’Organisation
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Septembre 2006 37 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 1: LA VAE : ENVIRONNEMENT et PROBLEMATIQUE
1.3.1.4. Pour un « professionnel », membre de jury
Cela peut supposer que leur domaine d’intervention s’articule autour des
objectifs suivants :
• Prendre connaissance du référentiel de certification ;
• Cibler très exactement les métiers cibles de la formation ;
• Analyser un dossier VAE sur la base de la description qu’en fait le candidat ;
• Evaluer les compétences du candidat au regard d’un référentiel ;
• Procéder à une lecture analytique du dossier d’un candidat et mettre à distance ses propres représentations ;
• Déduire des connaissances et des compétences attendues au regard d’un référentiel ;
• Avoir la capacité de se représenter le candidat en action ;
• Définir son niveau d’exigence (à partir de quand peut-on considérer que les compétences sont acquises ?).
1.3.2. Les conséquences de la VAE
Recourir à une démarche VAE, peut apporter :
1.3.2.1. A un candidat
• Apports psychologiques (valorisation personnelle – ouverture d’esprit
– confiance en soi restaurée ou enrichie – recul…),
• Conséquences professionnelles (changement de sa relation au travail
: implication, motivation transformées – promotion sociale – évolution
salaire – mise en perspective : autres projets professionnels, autres
missions, autres responsabilités, ouverture vers d’autres
environnements…),
• Apports intellectuels (curiosité intellectuelle enrichie – plus de
réflexe d’analyse ou de réflexion – nouveau rapport à l’apprentissage -
développement de la méta compétence…),
• Apports identitaires (peut favoriser une redécouverte de son champ
identitaire social et professionnel et développer de nouveaux territoires
de compétences qui permettent d’endosser d’autres postures)
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Septembre 2006 38 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 1: LA VAE : ENVIRONNEMENT et PROBLEMATIQUE
Toutefois, dans chacun des cas, c’est aussi pour le candidat une prise de risque,
risque face à cette remise en cause, aux éventuels changements que cette
démarche peut susciter, risque de ne pas obtenir la validation totale et ainsi de ne
pas être reconnu comme le professionnel qu’il croit être.
1.3.2.2. A un certificateur
Ce dispositif peut ouvrir de nouveaux champs de réflexion et d’investigation
sur :
• Un nouveau rapport au savoir qui s’installe.
• Dans le cadre d’une VAE partielle, repenser le dispositif de formation (modularisation des cursus par exemple…).
• Face à un nouvel objet à évaluer : réfléchir à des outils spécifiques d’évaluation.
• Former et informer les équipes pédagogiques sur cette modalité d’accès aux certifications.
1.3.2.3. A une entreprise (cf. annexe 2 – Dossier de presse Mac Donalds)
Peut permettre à une entreprise de :
• Reconnaître la compétence de ses salariés ;
• Favoriser la promotion sociale ;
• Fidéliser son personnel, renforcer la motivation ;
• Participer à sa responsabilité sociétale en jouant sur l’employabilité de ses salariés ;
• Donner de la valeur ajoutée à l’entreprise.
1.3.2.4. Aux professionnels membre du jury (21)
La démarche VAE :
• Questionne son éthique à juger autrui (ses représentations) ;
• Questionne sa capacité – compétence à juger (objectivité de l’évaluation ?) ;
• Interroge sur son rapport au savoir
• Renvoie à son propre parcours individuel de formation et professionnel
21 MEIGNANT Alain (2001), Manager la formation, Ed. Liaisons
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Septembre 2006 39 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 1: LA VAE : ENVIRONNEMENT et PROBLEMATIQUE
Et nous sommes ici au cœur de notre problématique, que nous développerons en
deux temps, tout d’abord en exposant les constats sur le dispositif, puis en
délimitant les contours de notre étude et de la question posée.
1.4. Constats sur le dispositif
1.4.1. Par rapport aux institutions
Chaque ministère est responsable des procédures et modalités qu’il met en place
et reste le garant de son fonctionnement. Ces dispositifs définissent-ils
aujourd’hui un cadre réglementaire précis, tant sur le plan de la professionnalité,
du champ d’évaluation ou de la reconnaissance des acteurs cibles ? Ces
clarifications restent encore très institutionnalisées et varient suivant les
certificateurs. C’est dans cette orientation que nous allons débuter notre étude.
La difficulté pour les différents ministères concernés aujourd’hui par la VAE22 à
fidéliser ou sensibiliser les professionnels à s’investir dans ce type d’activité a
amené le CREFOR (Centre de Ressources pour la Formation Professionnelle) à
diffuser une plaquette d’information sur le sujet. Cette plaquette validée par le
C.C.R.F.P. (Comité de Coordination Régional pour la Formation
Professionnelle) a pour objectif de mobiliser puis recenser les professionnels
intéressés par le dispositif, afin de tenir à disposition des valideurs une liste
spécifique de membres de jury, définissant ainsi une typologie de genres
professionnels variés susceptibles d’intervenir dans différents jurys. Cinq mille
plaquettes ont été éditées et diffusées depuis six mois environs. Seulement une
vingtaine de réponses sont parvenues au CREFOR à ce jour.
Il nous semble alors intéressant de nous interroger sur les éléments suivants :
• Comment susciter l’intérêt de ces professionnels pour ce type d’intervention ?
• Quels sont les principaux freins justifiant leur désintérêt ou réticence à s’y investir ?
Résultats de colloques
Lors d’un colloque organisé par le CREFOR, le 6 janvier dernier, un chargé de
mission du Ministère de la Jeunesse et des Sports, a présenté leur dispositif
22 Ministères de l’Education Nationale, Ministère de l’Agriculture, Ministère du travail et de l'emploi,
Ministère de la Jeunesse et des Sports
Marie Dromigny – Master 2 « Ingénierie et Conseil en Formation » - Rouen 2005 – 2006
Septembre 2006 40 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 1: LA VAE : ENVIRONNEMENT et PROBLEMATIQUE
d’accompagnement et de préparation des jurys, exprimant ainsi combien « les
principes de bases de prise de décision peuvent varier d’un dispositif de VAE à
l’autre. Tout n’est donc pas systématiquement transposable. Aujourd’hui les
dispositifs en place, du fait qu’ils sont construits le plus souvent par des acteurs
de la formation qui ont du mal à changer de peau, ont tendance à s’inscrire
dans la logique institutionnelle des modes traditionnels de certification… »23
Dans le cadre, cette fois, d’une table ronde organisée le mardi 16 mai 2006 par
le CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers), les partenaires sociaux
ont également évoqués la difficulté que rencontre les certificateurs, à mobiliser
les membres de jurys. Se pose sans doute ici la question de leur
professionnalisation et de leur indemnisation.
1.4.2. Par rapport aux membres de jurys
Ce sont les acteurs cibles de notre étude. Les premières expérimentations terrain
montrent toute la difficulté pour les membres professionnels de jury de poser les
limites de leur intervention et pour les institutions qui les sélectionnent, de
définir le profil adapté, les compétences requises pour ce type d’activité.
Les pratiques sont, en la matière, très hétérogènes et sujettes à controverse.
Après avoir consulté de nombreux sites24, tenté de trouver des ouvrages très
spécifiques, nos recherches nous ont amené peu d’éléments de clarification. Le
sujet semble soulever des questionnements et commencer à faire l’objet d’études
auprès des Ministères (Ministères de l’Education Nationale, de la Jeunesse et
des Sports, de l’Agriculture…).
Il nous semble que se pose clairement la nécessité de qualifier ce dispositif. Le
rôle du jury, plus particulièrement est déterminant pour garantir le bon
fonctionnement du dispositif. Le jury est souverain, prononce une décision
collégiale, mais la décision, l’évaluation est-elle systématiquement objective, les
pratiques sont-elles pertinentes et homogènes ? Sans doute les jurys ont-ils
besoin de construire des habitudes de travail communes et spécifiques ? A
contrario, les institutions doivent-elle s’interroger sur leurs modalités
d’accompagnement, sur l’outillage qu’elles mettent à la disposition des
membres ?
23 Guide repères sur la VAE : « Accompagnement des candidats et travail de jury » - Actes du colloque des 1er
et 2 décembre 2004 à Poitiers – Editions du CARIF Poitou-Charentes 24 www.centre-inffo.fr – www.travail.gour.fr – www.cncp.gouv.fr – www.alfacentre.org/vae - www.cereq.fr
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Septembre 2006 41 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 1: LA VAE : ENVIRONNEMENT et PROBLEMATIQUE
Une présentation chiffrée du dispositif nous a semblé intéressante pour donner
un panorama objectif du nombre de candidats VAE dans chacun des ministères
valideurs et enrichir ainsi nos constats.
1.4.3. Les chiffres dans les ministères valideurs
Avant de poursuivre plus avant ce travail, nous souhaitons compléter ces
éléments de contexte par des informations chiffrées qui donne un panorama du
dispositif, par ministère, et permet de mieux mesurer le travail d’innovation et
d’ingénierie à déployer pour le crédibiliser ou le formaliser.
Les chiffres de la VAE en 2004 dans les ministères valideurs25
Education
nationale
Action
sociale
Emploi Agriculture Jeunesse
et Sports Dossiers
déposés 24 203 NC 8 600 1 112 4 479
Dossiers
recevables 19 136 NC 7 400 930 3 480
Candidats
présentés 19 136 NC 4 380 263 1 535
Certifications
complètes 10 778 3 192 1 717 155 483
Certifications
partielles 6 403 NC NC NC 489
Echecs 1 955 NC NC NC 563
Ces chiffres de 2004 montrent que le public a largement investi le dispositif
d’information et d’accès à la VAE. La communication autour de la VAE se
développe et attire vers les services d’information et d’orientation de plus en
plus de demandeurs. Le gouvernement souhaite fédérer les acteurs régionaux
pour contribuer à son développement.
La VAE rencontre un réel succès alors même qu’elle reste peu connue. Son
potentiel semble sous-exploité. Le nombre de personnes diplômées par la VAE
en 2005 est de 20 452. C’est peu, alors même que la formule a enregistré une
progression de 50 % en l’espace de trois ans.26 L’objectif du gouvernement est
d’atteindre 120 000 VAE d’ici à fin 2007.
25 Source : DGEFP – Résultats études 2004 – éditée dans l’Actualité de la Formation Permanente n° 198 de
septembre et octobre 2005 26 Entreprise et Carrières n° 818, du 4 au 10 juillet 2006, p. 4
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Septembre 2006 42 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 1: LA VAE : ENVIRONNEMENT et PROBLEMATIQUE
Une partie de l’engouement suscité auprès du public peut être attribuée aux
effets de nouveauté de cette loi. Toutefois, seulement la moitié des personnes
conseillées sur le dispositif s’y engagent effectivement. Un facteur important
d’abandon réside dans la difficulté à obtenir le financement de la démarche.27
Ces différents constats nous amènent à la formalisation de notre problématique
d’étude.
1.5. Problématique
1.5.1. Introduction : question de recherche
Ces questionnements se sont alors tout naturellement posés en travail
d’investigation, qui ont fait l’objet de cette recherche action. Nous souhaitons
tout d’abord, poser le cadre de notre étude :
En effet, une réflexion s’amorce sur la constitution des jurys, qui interviennent
dans la phase de validation et l’idée qu’il pourrait être intéressant de renforcer
leur préparation. Nous allons ainsi réaliser une étude applicative et prospective
sur le rôle et la compétence à évaluer un candidat, des membres de jury VAE, en
observant en quoi leur « professionnalisation » pourrait les amener à développer
leur rôle d’évaluateur et favoriserait une harmonisation ou une homogénéisation
des pratiques d’évaluation. Il s’agit là de s’interroger sur les moyens à mettre en
oeuvre pour préparer les jurys avant la phase de validation et de se poser la
question de leur professionnalité et/ou reconnaissance dans le dispositif.
Clarification des termes « applicative » et « prospective » :
- Caractère « applicatif » de l’étude renvoie à la dynamique
opérationnelle de la mise en œuvre d’une démarche VAE et aux
éléments pris en compte dans la constitution d’un jury.
- Caractère « prospectif » se définit au travers de moyens pouvant
être envisagés pour affiner le caractère évolutif du dispositif et
reconnaître la compétence à évaluer des acteurs en présence dans la
phase de validation.
27 CEREQ, Bref n°230, mai 2006
Marie Dromigny – Master 2 « Ingénierie et Conseil en Formation » - Rouen 2005 – 2006
Septembre 2006 43 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 1: LA VAE : ENVIRONNEMENT et PROBLEMATIQUE
Cette mission soulève de nouveaux questionnements :
� Quel est l’objet évalué ? � Qui évalue et comment ? � Que sous-entend la professionnalisation ?
Dans le cadre d’une démarche VAE, c’est bien la compétence d’un candidat qui
est évaluée. « La compétence est également la référence centrale de la
professionnalisation où elle apparaît comme l’enjeu de multiples autres
opérations (gestion, validation, évaluation…) »28.
Pour mener cette étude, nous proposons deux hypothèses.
1.5.2. Hypothèses de recherche
Notre hypothèse de recherche est la suivante :
La « professionnalisation » des membres de jury VAE favoriserait-t-elle
une homogénéisation ou une harmonisation des pratiques d’évaluation ?
Découlent ainsi d’autres questionnements :
� Comment les membres de jury mettent à distance leurs propres représentations, leurs a - priori, leurs enjeux de pouvoirs ?
� Quels « professionnels » sont-ils ou vont-ils devenir dans ce type d’activité ?
� S’agit-il de professionnaliser une activité ou les acteurs ? � Peut-on développer des postures professionnelles transversales, au-delà d’une « tenue professionnelle officielle » ?
� Comment créer une complémentarité à des fins de validation de compétences, entre approche académique et approche professionnelle ?
Nous déclinons alors cette hypothèse de recherche en deux affirmations
momentanées qui vont servir de point de départ à notre travail d’analyse et vont
s’articuler comme suit :
28 SOREL Maryvonne et WITTORSKI Richard (2005), La professionnalisation en actes et en questions,
Edition l’Harmattan, p. 124
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Septembre 2006 44 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 1: LA VAE : ENVIRONNEMENT et PROBLEMATIQUE
D’une part :
Hypothèse 1 : La préparation des membres de jury permet de mieux cerner
les enjeux d’une démarche pour un candidat.
L’analyse pourra s’articuler autour des questions suivantes :
• Quelle connaissance ont les membres de jury du dispositif et de ses enjeux, pour un candidat, pour un certificateur ?
• Comment utilisent-ils les outils à disposition dans une phase de validation ?
• Quel type d’évaluation pratiquent-t-ils ?
• Comment se préparent-ils ou sont-ils préparés ?
Et d’autre part :
Hypothèse 2 : La professionnalisation des membres de jury facilite la mise à
distance vis-à-vis des représentations professionnelles.
Nous tenterons ainsi de comprendre :
• Comment est reconnu ce type d’activité transverse, activité périphérique à une activité principale, fonction temporaire, par les
employeurs et les certificateurs ?
• Les membres de jury peuvent-ils développer des postures professionnelles transversales, au-delà de leur tenue officielle et
comment le vivent-ils ? (quel est leur champ identitaire ?)
• S’agit-il de professionnaliser une activité ou les acteurs en présence ?
• Quels sont les apports et les difficultés d’une telle expérience ?
• Quelles sont les autres missions complémentaires qui ont suscité les mêmes questionnements ?
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Septembre 2006 45 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 1: LA VAE : ENVIRONNEMENT et PROBLEMATIQUE
1.6. Méthodologie de travail
L’élaboration de cette étude va s’articuler en trois phases distinctes :
• Une phase exploratoire, pour définir des objectifs précis d’étude et concevoir des outils méthodologiques de recherche pertinents, pour
cela nous réaliserons 6 entretiens auprès de conseillers en VAE et
membres de jurys.
• Une phase d’enquête à partir d’entretiens, auprès d’un échantillon de 14 personnes, membres de jury VAE, professionnels et
enseignants, pour collecter les informations nécessaires à
l’élaboration de l’étude et point de départ de notre travail d’analyse,
• Une phase d’analyse et d’interprétation des données, sous forme de tableaux synthétiques et comparatifs, permettant ainsi d’émettre des
éléments de réponse et préconisations à notre étude.
Ces trois phases ont fait l’objet du déroulement suivant :
1.6.1. Phase exploratoire
Notre recherche a tout d’abord consisté en un travail exploratoire, visant à
élaborer un guide d’entretien (cf. annexe 3) sur un échantillon varié : deux
enseignants, un responsable formation, un responsable VAE à l’université, deux
chargés de mission dans un centre d’informations et de ressources sur la
formation ; le CREFOR29.
L’objectif de ce guide est de poser un cadre de questionnements susceptible
d’apporter des éléments significatifs à la construction de notre étude. Il est
articulé en trois thèmes, qui servent des objectifs différents.
29 Centre Régional d’Information sur la Formation – Centre ressource de Rouen (réseau CARIF)
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Septembre 2006 46 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 1: LA VAE : ENVIRONNEMENT et PROBLEMATIQUE
1.6.1.1. Quels sont les objectifs attendus pour chacun des thèmes du guide ?
L’évaluation des compétences
Il nous semble nécessaire de vérifier les éléments de compréhension des
interviewés sur les pratiques d’évaluation, particulièrement dans le champ de la
VAE, tant les enjeux et les incidences d’une démarche sont importants pour les
différents acteurs en présence. Nous souhaitons distinguer cette pratique
d’évaluation des pratiques diagnostives, formatives ou sommatives.
Les apports personnels d’une telle intervention :
Cette phase de validation nous semble être très expérientielle pour un membre
de jury et il nous a paru intéressant de le questionner sur la posture prise à ce
moment précis, son identité professionnelle, les apports personnels d’une telle
démarche, sur la façon dont cela modifie ou non ses propres représentations, sa
pratique professionnelle. La VAE est une expérience transformatrice pour un
candidat30, ne remet-elle pas en cause les autres acteurs en présence ?
Les suggestions en terme de préparation et de reconnaissance :
La phase de validation est l’étape déterminante, finale d’une démarche. Il
semble indispensable que chacun des acteurs en maîtrise les enjeux. Ces
observations peuvent enrichir le dispositif et donner des éléments de réponses
pour faire des préconisations. La base constitutive de l’analyse des informations
est la reprise de chaque hypothèse (déclinées en indicateurs) où chaque grand
thème sera développé.
1.6.1.2. Déroulement des entretiens exploratoires
Ces entretiens ont duré une trentaine de minutes environ (durée préalablement
négociée). Ils ont débuté par un exposé de nos objectifs de recherche, le cadre de
la rencontre, les premières élaborations et nos attentes. Ils nous ont permis
d’affiner le contenu du guide, en tenant compte des remarques formulées. Nous
sommes partis des objectifs visés, en fonction de nos hypothèses de départ et
avons articulé des scénarii de questions pouvant susciter des observations
pertinentes et intéressantes à exploiter.
30 « Les acquis de l’expérience » , Education Permanente, n° 158 et n° 159
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Septembre 2006 47 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 1: LA VAE : ENVIRONNEMENT et PROBLEMATIQUE
1.6.2. Phase d’enquête
1.6.2.1. Objectifs de l’enquête
A l’issue de ce travail exploratoire, munis du guide, nous avons poursuivi notre
étude par une phase d’enquête, sous forme d’entretiens semi- directifs, visant à
mieux comprendre la perception des membres de jury des enjeux pour un
candidat à s’engager dans une démarche, de leur champ d’intervention et la
posture professionnelle prise dans ce type d’activité transverse. Nous
envisageons de comparer les différences de perceptions et d’approches entre
professionnels et enseignants.
Pour cela nous avons fait le choix d’une cible réduite pour nous centrer
spécifiquement sur les pratiques d’évaluation de ces deux types d’acteurs. Il ne
s’agit pas, dans ce cadre précis, de mener une étude comparative entre les
pratiques d’évaluation des différents valideurs, mais plutôt d’observer les
pratiques des membres de l’ISPP, de postures distinctes d’un même jury, en
analysant la façon dont ils mettent à distance leurs pratiques professionnelles et
dont ils s’approprient les outils à disposition. Nous avons toutefois recueilli les
témoignages de certains membres de jury qui sont intervenus dans d’autres
dispositifs, centrés sur les mêmes pôles de compétences professionnelles,
permettant ainsi d’élargir notre étude comparative.
1.6.2.2. Choix d’un échantillon
Nous avons construit un échantillon diversifié, (en fonction du potentiel de
membres du Groupe) de professionnels (10 personnes : tableau d’échantillon
n°2 – annexe 4) et d’enseignants (4 personnes : tableau d’échantillon n° 3 –
annexe 5) intervenants dans des démarches de validation des acquis, autour de
deux types de métier (assistant en ressources humaines et directeur commercial).
Chacun des membres de jury sélectionné a un profil, un âge, un genre
professionnel différent.
1.6.2.3. Déroulement des entretiens
Consignes de départ
Pour mener ces interviews, nous avons convenu par téléphone de rendez-vous,
négociant objectifs, contenus et durées de nos échanges. Les temps des
entretiens est fixé à une heure maximum, chacun de ces entretiens pouvant être
enregistrés, après négociation et accord de l’interviewé ou retranscrit (cf annexe
6 : entretien de Frédéric F.).
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Septembre 2006 48 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 1: LA VAE : ENVIRONNEMENT et PROBLEMATIQUE
Après avoir présenté les objectifs généraux de notre étude et le contexte dans
lequel elle s’inscrit, nous avons proposé que ce temps d’échange s’effectue en
fonction de la trame du guide d’entretien et des éléments d’inspiration qu’il peut
susciter. Nous nous sommes positionnés dans une attitude d’écoute, recentrant
parfois l’échange sur les éléments du cadre de départ.
Déroulement et lieu
Ces entretiens ont eu lieu à la convenance de l’intéressé, soit sur leur lieu de
travail ou au sein de l’école.
Remarques sur l’implication des interviewés
Ce sujet semble avoir suscité beaucoup d’intérêt, l’implication des différentes
personnes sollicitées a toujours été enthousiaste et volontaire. Tous ont répondu
positivement et semblaient unanimes sur leur volonté à « apporter quelque
chose au dispositif ». Cette expérience a, pour la plupart d’entre eux, été
transformatrice, ou a soulevé de nombreux questionnements. Ce que nous
développerons dans les chapitres suivants.
1.6.3. Méthodologie d’analyse
Nous souhaitons dégager de cette étude une analyse qualitative. Pour cela, nous
avons choisi de réaliser une analyse thématique transversale pour observer la
signification des différents discours. Nous proposons une présentation
synthétique sous forme d’un tableau répertoriant les données collectées lors des
interviews et les répartissant par indicateurs en fonction des thèmes du guide
d’entretien. Nous avons ainsi un panorama factuel et objectif des informations
collectées. L’objectif de cette approche est de faciliter l’identification des
données à analyser.
Ce travail de recherche mettant en jeu de nombreux concepts, nous avons jugé
opportun d’en présenter les contours avant d’aller plus avant dans cette phase
d’analyse, qui sera développée dans un chapitre spécifique.
Ceci nous amène à présenter dans le chapitre suivant :
• le concept de compétence
• l’évaluation des compétences dans le champ de la VAE
• le concept de professionnalisation
• le concept d’identité
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Septembre 2006 49 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 2 : CADRE THEORIQUE
PARTIE II : CADRE THEORIQUE
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Septembre 2006 50 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 2 : CADRE THEORIQUE
2 - Le cadre théorique
L’étude des différents concepts permet de mieux situer nos préoccupations
théoriques, de guider notre travail de recherche et faciliter ainsi l’élaboration de
nos préconisations.
La Validation des Acquis de l’expérience renvoie à l’étude d’un nouvel objet
d’évaluation qu’est la compétence. Ces notions vont être appréhendées
successivement autour de quatre concepts clefs :
• La compétence collective tout d’abord, puis individuelle. La compétence
est un construit social, qui ne nourrit de l’action à travers l’expérience,
l’appropriation et la mise en œuvre concrète de tous les savoirs
nécessaires. Cela nous interroge sur la manière dont elle se construit et sur
la vocation formatrice de l’expérience ;
• En second lieu, l’évaluation des compétences dans le champ de la VAE,
qui est à sa manière une forme d’analyse du travail et nous interroge sur le
type de pratique d’évaluation en jeu ;
• Troisièmement, la professionnalisation qui nous interroge sur le champ de ces pratiques et les postures professionnelles prises dans ce type
d’intervention.
• En dernier lieu, l’identité professionnelle, nous interroge, quant à elle, sur un champ plus institutionnel, sur l’appartenance à un type de
professionnalité visant une posture spécifique.
2.1. Un nouvel objet d’évaluation : la compétence
Les notions d’expérience, de compétence et d’acquis sont par nature
polysémiques et génératrices de représentations plurielles et conflictuelles.
Peut-on relier, dans le cadre d’une démarche de Validation des Acquis de
l’Expérience, des savoirs mobilisés dans l’action et des savoirs académiques ?
Répondre à cette question nécessite d’approfondir la nature des savoirs
académiques, et celle des savoirs générés dans l’expérience. Chacune d’elle
renvoie à des dimensions dominantes.
Marie Dromigny – Master 2 « Ingénierie et Conseil en Formation » - Rouen 2005 – 2006
Septembre 2006 51 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 2 : CADRE THEORIQUE
Nous nous contenterons de citer ces dimensions.
� Une dimension scientifique, � Une dimension didactique, � Une dimension formalisée31.
L’expérience apparaît comme une sorte « d’attracteur étrange 32» utilisée par le
G. LE BOTERF (1997) pour désigner la compétence.
C’est pourquoi, nous allons en premier lieu nous centrer sur l’objet
compétence, sans pouvoir prétendre à l’exhaustivité. Les définitions sont
multiples et ce concept ouvre encore aujourd’hui de nombreux champs d’études.
Les modèles de la compétence sont évolutifs, suivent les mouvances sociales,
conjoncturelles, économiques. L’évolution du contexte socio-économique, nous
amène à donner d’autres contours à « l’objet compétence ». Nous allons tenter
d’en poser quelques définitions en présentant tout d’abord la compétence
collective, puis la compétence individuelle.
2.1.1. Qu’est-ce qu’une compétence collective ?
Avant de parler de la compétence individuelle, il nous a semblé opportun
d’évoquer le concept de compétence collective, qui se définit comme la
conjugaison des compétences individuelles. La compétence a une dimension
collective, c'est-à-dire un système de valeurs socialement partagés. Il s’agit
d’une mise en lien de compétences individuelles. C’est cette mobilisation
collective et conjuguée des ressources individuelles qui permettent à une
organisation de se pérenniser.
Dans le cadre d’une VAE, la compétence est l’objet que doit apporter un
candidat, qu’il doit expliciter, mettre en mots, écrire, tenter de justifier par des
preuves, c’est ce qui est mesuré au regard d’un référentiel de formation. Il s’agit
alors de la compétence individuelle et c’est bien elle qui nous intéresse.
32 « Attracteur étrange » car elle est au centre d’une série d’oppositions que se posent les acteurs de la
formation: entre théorie, pratique, entre savoirs académiques et savoirs de la pratique, de la vie ou de soi, entre
découpages disciplinaires et globalité de l’action, des trajectoires et des compétences entre mode de formation
dans la vie et par la vie (…) Attracteur aussi parce qu’elle est l’objet de différenciation et d’identité de la
formation des adultes. Attracteur enfin aussi parce que l’expérience est une notion ouverte, polysémique :
produit, processus et trajectoire tout à la fois, mode de formation échappant au contrôle et à l’orientation de la
formation MAYEN Patrick, MAYEUX Expérience et Formation , p.17
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Mémoire de Master 2 PARTIE 2 : CADRE THEORIQUE
2.1.2. Qu’est-ce qu’une compétence individuelle ?
L’objet « compétence » n’a pris de l’importance qu’à partir des années 70. Il a
commencé à se substituer progressivement à la notion de qualification. La
compétence a longtemps été assimilée à la capacité à tenir un poste ou à une
connaissance. Ce ne peut plus être le cas. Les contextes professionnels sont
évolutifs et les exigences en terme de compétence évoluent, les approches sont
multiples.
Nous allons tenter de mieux cerner l’objet compétence et empruntant à :
Michel PARLIER (1996), s’appuyant sur les travaux de l’ergonome, J. LEPLAT
propose 4 caractéristiques pouvant être affectées à la compétence :
� caractère opératoire et finalisé : compétence à agir – rapport à l’action, indissociable de l’activité
� caractère appris : construction personnelle et sociale qui combine apprentissage théoriques et expérientiels
� caractère structuré : combine les différents éléments qui la constitue (savoirs, savoir faire, pratique, raisonnements)
� caractère abstrait et hypothétique : observation des manifestations de la compétence, le comportement, la performance.
La compétence est ici définie par son caractère opératoire, structuré et
abstrait. Elle est une combinaison d’apports théoriques et expérientiels,
d’actions et de raisonnements.
Selon G. MALGLAIVE (1990)
« La compétence est constituée de savoirs en acte ». Il détermine une
classification en 3 catégories de savoirs. Ils informent sur la construction du réel,
ses propriétés, les lois qui régissent sa transformation. Ils sont investis dans
l’action par le biais des savoirs procéduraux
o savoirs procéduraux : portent sur la façon de faire, les modalités d’agencement des procédures, les manières dont elles fonctionnent ;
o savoirs pratiques : se révèlent et s’acquièrent dans l’action, souvent pour atténuer ou éliminer les effets parasites non voulus et qui n’ont
pas été appréhendés parla théorie ou réglés par les procédures ;
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Septembre 2006 53 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
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o savoirs - faire : relatifs à la manifestation des actes humains, sont moteurs dans l’action matérielle, intellectuelle, dans l’action
symbolique. Ils ont été appris et expérimentés, ils s’expriment en
verbes d’action.
Pour agir l’homme mobilise la combinaison de ces savoirs.
Quant aux savoirs générés par l’action, ils combinent de manière complexe, une
dimension utilitaire (G. MALGLAIVE, 1990)33 et une dimension identitaire
(C. DUBAR, 1991)34, en effet les savoirs générés par l’expérience
professionnelle contribuent à la constitution d’une identité professionnelle et
sociale.
Pour BARRAUD J., KITTEL F., MOULE M. : 35
« C’est la capacité à mettre en œuvre une combinatoire spécifique devant un
problème souvent inédit. Cette capacité combinatoire qui fonde la compétence
permet de mobiliser immédiatement des savoirs théoriques, procéduraux,
expérientiels, empiriques, sociaux, cognitifs, pour trouver une réponse
innovante à une situation… Cette capacité combinatoire est au cœur de la
compétence. »
Selon Thierry ARDOUIN : 36
« La compétence est la formalisation d’une dynamisation complexe d’un
ensemble structuré de savoirs, savoir faire, savoir être, savoir agir, savoirs
sociaux et culturels, savoirs expérientiels) mobilisés de manière finalisée et
opératoire dans un contexte particulier. La compétence est la résultante
reconnue de l’interaction entre l’individu et l’environnement »
La compétence semble être ici une combinaison de savoirs spécifiques
mobilisés successivement pour aboutir à un résultat dans un contexte
donné. Elle se construit à partir d’interactions entre l’individu et le
contexte.
33 MALGLAIVE Gérard, Directeur du centre de formation du Conservatoire Nationale des Arts et Métiers 34 DUBAR Claude, professeur de sociologie à L’UVSQ 35 BARRAUD Jacqueline., KITTEL Françoise., MOULE Martine (2000), La fonction Ressources Humaines,
Ed. Dunod 36 ARDOUIN Thierry (2003)., Ingénierie de Formation, Ed. Dunod
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Mémoire de Master 2 PARTIE 2 : CADRE THEORIQUE
Les définitions de la compétence sont multiples, nous venons de l’observer. Les
recherches nous montrent à quel point, il ne peut y avoir une définition figée de
ce concept, tant les modèles de la compétence sont évolutifs.
Nous pouvons ainsi proposer en synthèse de ces différentes approches, que
la compétence, est une action individuelle, jalonnée d’étapes qui s’intègrent
dans des processus de réflexion et d’actions, construite autour de savoirs
complémentaires, qui produit un résultat en fonction de données
situationnelles, d’un contexte, et qui varie suivant les environnements
professionnels et les individus.
2.1.3. Quelles sont les ressources auxquelles nous faisons appel pour agir avec compétence ?
Les ressources de la compétence individuelles sont nombreuses et réunissent
diverses caractéristiques, observées dans ce mémoire selon deux approches :
Selon BARRAUD, KITTEL, MOULE 37
• ressources conatives (volonté, effort, énergie)
• ressources cognitives (perception, attention, mémoire, processus intellectuels)
• connaissances
• expériences
• ressources physiologiques
• ressources de l’environnement
• etc…
La première typologie peut être complétée par d’autres catégories de ressources,
que Guy LE BOTERF 38 décline de la façon suivante :
• connaissances générales (savoir comprendre)
• connaissances spécifiques sur l’environnement professionnel (savoir s’adapter, savoir agir sur mesure)
• connaissances procédurales (savoir comment procéder)
• savoir-faire opérationnels (savoir procéder, opérer)
• savoir et savoir-faire expérientiels (savoir y faire)
37 BARRAUD J., KITTEL F., MOULE M. (2000), La fonction Ressources Humaines, Ed. Dunod 38 LE BOTERF Guy (2004), Construire les compétences individuelles et collectives, Ed. d’Organisation
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• savoir-faire relationnels (savoir coopérer, savoir se conduire)
• savoir-faire cognitifs (savoir traiter l’information, savoir raisonner)
• aptitudes et qualités (savoir s’engager)
• ressources physiologiques (savoir gérer son énergie)
• ressources émotionnelles (savoir ressentir une situation, savoir capter des signaux faibles)
L’auteur insiste sur l’effet combinatoire des ressources. Il semble que ce soit la
conjugaison de ces caractéristiques qui permettent d’agir avec compétence.
Nous pouvons maintenant nous interroger sur la fonction formatrice de
l’expérience. Se pose alors la question de savoir si l’on peut apprendre par
l’expérience, qu’apprend-on et comment apprend-on ? Avant cela toutefois, il
nous a semblé opportun de tenter de comprendre comment l’individu développe
des compétences.
2.1.4. Comment construire la compétence individuelle ?
La compétence ne se transmet pas, elle se construit dans des situations de
travail. Ainsi, les compétences en action varient suivant les contextes
professionnels, suivant la taille d’une structure, suivant les métiers. L’identité
d’un même métier est différente suivant les environnements professionnels, qui
ne donnent pas les mêmes déclinaisons, les mêmes articulations de missions.
La situation de travail comporte un potentiel formatif plus ou moins
important dès lors qu’il y a interaction entre les individus, médiation et réflexion. Faire état d’un poste tenu, n’apporte pas de réponse à la question de
savoir quelles compétences, quelles connaissances exactes, quelles aptitudes
réelles ont été mobilisées ou construites. Il est indispensable de donner des
éclairages sur le contexte professionnel d’où l’on vient et expliquer la manière
dont on s’y est pris pour réaliser une action.
Ce qui nous amène à nous interroger sur la fonction formatrice de l’expérience :
• Comment développe-t-on des compétences ?
• Qu’entend-t-on par individualisation ?
• L’expérience est-elle formatrice ?
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Mémoire de Master 2 PARTIE 2 : CADRE THEORIQUE
2.1.5. Comment développe-t-on des compétences ?
Nous abordons cette question en présentant trois approches différentiées par le
choix des étapes opératoires et des angles d’analyse ; selon KOLB, qui illustre
un processus de conceptualisation de son expérience : apprentissage
expérientiel ; selon VERMESCH, qui propose un « guidage de la
verbalisation » : travail réflexif ; et selon WITTORSKI qui définit un
développement de ses compétences par le tâtonnement essais-erreurs.
L’individu devient compétent lorsqu’il comprend pourquoi et comment il agit
dans un contexte donné. Il possède donc une double compréhension : celle de la
situation de travail sur laquelle il intervient et celle en lien avec sa propre façon
d’agir. La stratégie qu’il met en place pour aboutir à un résultat se décline en
étapes opératoires.39
Le premier courant d’analyse de sur le sujet, concerne la formation
expérientielle, on parle d’apprentissage expérientiel, développé par des
chercheurs et des praticiens canadiens (LANDRY, 1986) rejoints par des
chercheurs français (SCHON, 1992), (LENOIR, 1996) Ils partent du constat que
l’individu est profondément transformé dès lors qu’il opère un travail réflexif
sur son expérience professionnelle ou personnelle, sur tout ce qu’il a vécu et le
contexte dans lequel ses expériences ont eu lieu.40 « Un apprentissage a lieu à la
suite de l’utilisation d’informations accompagnée d’une réflexion sur l’effet
produit par cette action en fonction des buts visés » (BOURASSA, SERRE et
ROSS, 1999).
Selon KOLB, 1984 41: Il existe quatre étapes dans le cheminement de la
conceptualisation, qui illustre un processus de conceptualisation de son
expérience :
• Le moment de l’expérience vécue : correspond à la mise en situation. Le sujet s’engage dans l’action et se confronte au traitement et à la résolution
d’événements, à la correction d’incidents
39 LE BOTERF Guy (2004), Construire les compétences individuelles et collectives, Ed. d’organisations 40 Extrait d’un cahier de recherche de Sana GUERFEL-HENDA (2005), Centre de Recherche en Gestion de
l’Ecole Polytechnique, Paris 41 Illustration dans l’ouvrage de LE BOTERF Guy (2004) , Construire les compétences individuelles et
collectives, Ed. d’Organisation, pp. 99 à 105
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• Le moment de « l’explicitation : c’est le premier temps de la réflexivité. Il consiste à faire le récit de ce qui s’est passé dans l’expérience vécue. C’est
la première prise de recul. Il s’agit là, non pas de reproduire les données,
mais de transformer les événements en histoire. La narration, à la
différence de la description, produit du sens. C’est l’étape de la mise en
mots de l’action. Réfléchir le vécu n’est pas encore réfléchir sur le vécu,
mais en constitue le préalable nécessaire
• Le moment de la « conceptualisation » et de la « modélisation » : c’est le moment de la reconstruction pour aboutir à des méthodes. C’est un
nouveau palier dans la réflexivité. Ce moment consiste à construire des
schèmes opératoires, des modèles cognitifs qui rendent compte à la fois de
la compréhension des situations rencontrées et des pratiques
professionnelles.
• Le moment de transfert ou de transposition à de nouvelles situations ; Il consiste à agir sur la base de modélisations élaborées dans la phase
précédente. En clair, cela revient à agir ou à réagir en prenant en compte
les leçons de l’expérience.
Ce travail d’explicitation et de mise en récit n’est pas spontané, l’expérience
montre qu’il est nécessaire qu’un accompagnateur puisse guider l’explicitation.
Pierre VERMERSH et son équipe au CNRS propose un « guidage de la
verbalisation » en fonction des questionnements repères suivants :
• Par quoi avez-vous commencé ?
• Que s’est-il passé ensuite ?
• Que s’est-il passé à la fin ?
• Quand avez-vous considéré que l’action était terminée ?
• A quoi avez-vous reconnu que c’était difficile ?
• Comment vous y êtes-vous pris pour ?
Il s’agit plus de décrire, de porter un jugement de valeur plutôt qu’à s’en tenir
aux faits.
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Richard WITTORSKI, quant à lui, définit que le développement des
compétences passe par le tâtonnement essais – erreurs :42 et se construit par :
• une logique de professionnalisation par l’action : tâtonnements, essais – erreurs,
• une logique de professionnalisation par le réflexion – action : aller – retour entre action et réflexion pour aboutir à une solution,
• une logique de professionnalisation par la réflexion sur l’action : produire des compétences de processus. (analyser une situation...).
Sans doute, dans ce qui fait la compétence, y a-t-il l’histoire de nos échecs, de
nos réussites, de nos difficultés, de nos engagements envers les autres et
l’environnement socio-économique dans lequel nous nous situons. Notre rapport
aux valeurs et à l’éthique se conjugue à la recherche d’une professionnalisation
et l’adaptation à un environnement en évolution. Ces changements permanents
nous obligent à développer des stratégies d’adaptabilité et de réactivité qui nous
structurent et nous enrichissent.
Enrichi par la réflexion, ce vécu se pose comme un protocole qui construit
l’expérience et les compétences.
Nous pouvons ainsi penser que la compétence se développe en agissant et en
s’adaptant à un environnement dont on doit comprendre les enjeux
individuels et collectifs. Il est nécessaire que l’individu lui donne lui-même
du sens et confronte sa compétence à différents niveaux d’observations,
pour devenir des savoirs d’action. (BARBIER, 1996)
2.1.6. Qu’entend-t-on par individualisation ? 43
La mise en place de la VAE nécessite une approche individualisée parce que
l’expérience de chacun est unique, elle est structurée différemment et il est
difficile de donner des réponses identiques, préconçues, y compris quand les
candidats occupent les mêmes emplois, dans les mêmes environnements
professionnels.
42 SOREL Maryvonne et WITTORSKI Richard (2005), La professionnalisation en actes et en questions,
Action et Savoir , Ed. l’Harmattan, p.63. 43 FEUTRIE Michel, « Les Acquis de l’Expérience », Première Partie, n° 158, Education Permanente, p.104
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Il est donc indispensable de construire un dispositif et une organisation sur les
plans à la fois administratifs et organisationnels, depuis l’accueil jusqu’à
l’obtention finale de la certification, qui permettent ce traitement individuel. La
montée de l’individualisation s’inscrit dans une tendance sociale plus large,
accordant une place très importante à la responsabilité de l’individu sur ses actes
et ses projets, le rendant « acteur » de son parcours personnel et professionnel.
D’une certaine manière, chaque parcours est :
o Personnalisé : personne n’a le même parcours, la même vie, ni ne vit les mêmes expériences.
o Différent : chacun de nous intègre différemment ce qu’il vit, voit, expérimente. Nous n’avons ni les mêmes codes, ni les mêmes filtres, ni
les mêmes freins.
o Plus ou moins conscient : nous apprenons sans cesse, mais sans
véritablement en avoir conscience, sans savoir comment ces
apprentissages s’organisent en nous et se remobilisent dans l’action.
Nous ne savons pas toujours que nous savons, ou ce que nous savons.
2.1.7. L’expérience est-elle formatrice ?44
Le « professionnel » est aujourd’hui celui qui comprend pourquoi, comment et
sur quoi il agit. Il possède donc des niveaux de compréhensions multiples : celui
de la situation de travail sur laquelle il intervient et celui en lien avec sa propre
façon d’agir. Il organise une stratégie à mettre en place pour aboutir à un
résultat et cherche à reproduire cette action dans un autre contexte.
Pour agir de cette manière, cela suppose des capacités de réflexion et de mise à
distance, une capacité de recul pour conceptualiser, mieux conduire et faire
évoluer ses pratiques professionnelles. Les concepts ne s’observent pas dans la
réalité. C’est en comprenant une situation, que l’individu se construit une
représentation conceptuelle, et peut agir en envisageant des stratégies de
résolution de problèmes. Elles l’amènent ainsi à anticiper, agir et à transposer
cette action dans d’autres situations similaires ou proches.
44 SCHWARTZ Yves, Les Acquis de l’Expérience , Première Partie, n° 158, Education Permanente, p.11
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Il s’agit de faire preuve de réflexivité. Non pas, comme l’explique le Petit
Robert, « de faire preuve de capacités de concentration, de délibération, de
méditation »….mais, la réflexivité consiste pour un sujet à faire preuve de prise
de recul par rapport à ses pratiques professionnelles, de façon à expliquer la
façon dont il s’y est pris pour agir et pour faire évoluer ses modes opératoires, de
façon à les transférer dans de nouvelles situations. Il s’agit d’apprendre à partir
de la pratique.
La mémoire tient une place prépondérante dans ce travail de conceptualisation.
Elle permet de capitaliser pour mieux anticiper, appréhender de nouvelles
situations. Guy LE BOTERF, empruntant à KOLB ce concept, parle de la
boucle de l’apprentissage expérientiel.45, développée précédemment.
2.2. L’évaluation dans le champ de la VAE
La certification n’est plus uniquement considérée comme l’aboutissement d’un
cursus de formation. Ce faisant, elle réactive la question des objectifs de
l’évaluation dans le système de reconnaissance et de validation des acquis, du
choix des outils, des méthodes contribuant à l’évaluation dans ce domaine et de
la construction des critères de l’évaluation. Ces derniers qui, pour être fiables,
équitables et pertinents, se doivent d’être à la fois adaptés aux compétences
spécifiques qu’ils évaluent. Dès lors, on peut s’interroger sur le paradoxe :
comment évaluer avec des normes générales des connaissances informelles46
nées d’expériences nécessairement singulières ?
Dans le domaine de l’éducation, de la formation, plusieurs méthodes et
démarches évaluatives sont proposées :
� L’évaluation « sommative » : vise à apporter une
appréciation sur le niveau des apprentissages réalisés à la fin
d’un programme ou d’apprentissages effectués à l’extérieur
de l’institution scolaire ; Elle entraîne systématiquement une
prise de décision à caractère administratif ou pédagogique
(examen, bilan, classement, attribution de titres font partie de
ses caractéristiques).
45 LE BOTERF Guy (2004), Construire les compétences individuelles et collectives, Ed. d’Organisation, p. 99 46 Connaissances informelles : connaissances qui n’obéissent pas à une logique de structuration explicitée,
qui ne sont validées par aucun titre
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� L’évaluation « formative », quant à elle, a pour objectif
d’intervenir à la fin de chaque étape d’apprentissage afin
d’informer le formateur et le stagiaire du niveau
d’apprentissage acquis, elle est donc interactive. Cette
évaluation vise en même temps un deuxième objectif qui
consiste à relever les difficultés d’apprentissage et leur
raisons et éventuellement proposer à l’apprenant des
solutions appropriées facilitant sa progression (on la retrouve
dans la validation des acquis, lors d’acquisition partielle et de
prescriptions des jurys).
2.2.1. Evaluer les compétences individuelles
On ne peut aborder la question de l’évaluation des compétences sans soulever
des enjeux importants. « Derrière l’évaluation se profilent les craintes et les
souhaits d’un jugement de valeur. Certains y cherchent une reconnaissance de
leur expérience et de leur professionnalisme, d’autres redoutent la dépréciation
ou la sanction »47
Evaluer, ce n’est pas seulement « constater », c’est aussi interpréter, comprendre
les résultats du constat en cherchant les facteurs explicatifs en lien avec le
contexte du candidat.
La qualité du résultat de l’évaluation dépend ainsi à la fois :48
• de la capacité du candidat à faire part de son expérience, à s’exprimer, à identifier ce qui pourrait être pertinent pour l’évaluateur ;
• de son investissement dans la démarche, de sa volonté de coopération ;
• de la qualité de l’expérience personnelle et professionnelle, en référence aux exigences de la certification ;
• des processus et des stratégies qu’il met en œuvre pour construire son parcours et le faire évoluer ;
• de la qualité du dispositif « d’expression » de son expérience que les évaluateurs mettent à sa disposition, en particulier de la qualité de
l’accompagnement qui est proposé ;
• de l’attitude du jury et de l’attention qu’il accepte de porter à l’argumentation du candidat.
47 LE BOTERF Guy (2004), Construire les compétences individuelles et collectives, Ed. d’Organisation 48 ROBICHON Marc et JOSENHANS Ulrike, Les Acquis de l’Expérience , Première Partie, n° 158, Education
Permanente, p. 87
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De manière plus générale et empruntant à :
C HADJI écrit : « l’évaluation est l’acte par lequel on formule un jugement de
valeur portant sur un objet déterminé (individu, situation, action, projet…) par
le moyen d’une confrontation entre deux séries de données qui sont mises en
rapport :
� des données qui sont de l’ordre de faits et concernent l’objet réel à évaluer (le référé)
� des données qui sont de l’ordre de l’idéal et qui concernent des attentes, des intentions ou des projets s’appliquant au
même objet (le référent ou référentiel) ».49
L’évaluation est multiforme, c’est un acte d’appréciation qui peut être
multidimensionnelle. Le terme « évaluer » a évolué dans le temps. L’analyse,
l’évaluation des compétences peut amener à distinguer différentes approches :
• Contrôle,
• Vérification,
• Mesure,
• Jugement professionnel,
• Attribution d’une valeur,
• Attribution d’un sens à une pratique professionnelle,
• Décision à partir d’un jugement professionnel,
• Reconnaissance…
L’évaluateur est un acteur redouté qui doit savoir se mettre à distance de l’objet
à évaluer, devenir un sujet extérieur. « L’acte évaluatif constitue une
compétence professionnelle majeure… », « …L’évaluation reste le point faible
de l’acte formatif, et ce pour des raisons plus réactives, plus idéologiques, plus
affectives que rationnelles… ».50
49 Extrait du cours Audit et Conseil, p.15 – HADJI Charles. (1989) , L’évaluation, règle du jeu, ESF, p. 25 50 ASTOLFI Jean-Pierre, Education et formation : nouvelles questions, nouveaux métiers, Ed. Pédagogie
recherche ESF
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2.2.2. Evaluer un candidat dans le champ de la VAE
Les procédures de validation mises en œuvre depuis que cette question de la
reconnaissance des acquis de l’expérience a vu le jour en France, varient entre
plusieurs tendances :
• la démarche vise à repérer les savoirs dans l’expérience du candidat et leur mise en correspondance, en évaluation comparée, avec les savoirs
transmis par les processus de formation,
• elle prend également en compte l’expérience personnelle et
professionnelle dans sa globalité, appréciant le travail du candidat
comme un travail de restitution d’un processus de développement
personnel et professionnel.
Il ne s’agit pas que de faire un constat, mais également de prendre une décision
en fonction d’un objectif visé. Dans cette démarche d’évaluation, le jury part du
contenu de l’expérience du candidat dans toutes ses dimensions :
professionnelles, sociales, familiales, associatives… et non de contenus de cours
ou de programme, pour les mettre en relation avec une norme.
La validation des acquis est, à sa manière, une forme d’analyse du travail,
c’est en cela qu’elle se différentie des autres pratiques d’évaluation. Nous
sommes face à un nouvel objet à évaluer : la compétence. Dans la démarche
d’évaluation qui sanctionne un parcours de formation, on vérifie, on
mesure, étape par étape que les objectifs visés par le processus de formation
sont atteints ou que le candidat agit en professionnel au niveau d’exigence
attendu d’un titulaire de la certification.
La validation des compétences dans le champ de la VAE, quant à elle, est
prononcée par un jury, qui évalue les compétences d’un candidat, au vu d’un
dossier et à l’issue d’un entretien et/ou d’une mise en situation, suivant les
procédures définies par l’organisme valideur, au regard d’un référentiel de
formation
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La VAE suppose donc une démarche spécifique de l’évaluation :51
- Car l’expérience est globale : transversale et pas seulement
professionnelle. Elle n’est pas interprétable par des contenus
disciplinaires.
- Car l’expérience est intégration : mobilisation de savoirs en
combinaison, mise au service de l’action, organisée par
l’action.
- Car l’expérience est capitalisation et organisation permanente
des éléments d’apprentissage qui sont le résultat des différentes
activités que nous menons.
- Mais l’expérience est contextualisée et propose, en fonction des
lieux et des environnements d’exercice, des opportunités
différentiées de formalisation, des degrés variables de
généralisation.
Le pilotage du jury, la professionnalité et la qualité des échanges entre ses
différents membres apparaissent donc comme des éléments clés de la réussite de
la procédure de validation.
2.2.3. L’évaluation au service de l’éthique
La VAE, elle aussi, soulève des questions éthiques. Lorsque l’on touche de
près ou de loin à la problématique de l’évaluation. Jusqu’où aller dans la collecte
de l’information ? Et surtout, que faire des résultats, comment garantir la
confidentialité, éviter les usages pervers de ces derniers par des acteurs
dominants ?
L’acte d’évaluer n’est jamais socialement neutre. Et on ne peut omettre de se
poser la question centrale de l’évaluation : celle du sens et des valeurs.
L’évaluateur est soumis à son modèle de référence.
A l’évidence la question éthique appliquée à l’évaluation impose aussi une
réflexion sur la légitimité de l’évaluation. Et s’il convient d’interroger la posture
51 Edition Repères n° 57 – Actes du colloque du 1er et 2 décembre 2004 - CARIF Poitou-Charentes Michel
FEUTRIE « VAE : Evaluer, valider, valoriser autrement »
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de l’évaluateur, il est essentiel de ne pas oublier l’objet même de l’évaluation –
dans laquelle la posture se met en scène.
2.2.4. La difficulté à évaluer
« Le jury ne doit-il pas valider d’abord sa propre expérience ? »52. Le fait de
valider des acquis correspond à une « lourde responsabilité ». Mais, jusqu’à
présent, « la validation des acquis n’a pas été considérée comme un travail mais
comme une prescription légale ». Selon Bernard PROT, psychologue du travail
« la société attend beaucoup de la VAE car elle doit être un régulateur des
mouvements sociaux liés à l’emploi ». La VAE nécessite donc « des moyens et
du personnel ».
Certains propos d’interviewés pendant l’étude illustrent bien cette difficulté à
évaluer. Nous les citons à titre d’exemple, mais développons ce sujet dans le
chapitre suivant. Voici donc ce que certains nous disent :
Frédéric F. «… ma base d’évaluation, c’est le premier candidat. Le premier
candidat pose le niveau de référence. Dans la notation, c’est difficile, c’est le
dialogue qui pondère, l’argumentation de chacun. Là il y a une diversité de
critères qui interviennent. Et puis, on sent bien combien c’est un moment
important pour eux, que tout peut basculer d’un moment à l’autre. Et là on
s’interroge sur sa légitimité à évaluer. C’est très lié à des facteurs humains
l’évaluation. Parce qu’on se dit que si la personne est là, c’est qu’elle est
compétente. Alors qu’est-ce qui nous intéresse ? On juge sur une prestation,
mais pas sur ses réelles compétences ? Sur l’écrit forcément, le cadre n’est pas
le même, on sait rapidement si ces compétences là sont connues ou
pratiquées… »
Monique L. « …évaluer, c’est ce qui interpelle le plus. C’est si difficile, d’être
persuadé de sa légitimité et de tout maîtriser. Forcément, on est influencé par
son cadre de référence. Et le principal travail consiste à s’en détacher, pour
avoir une vision globale et objective et se mettre dans le contexte du candidat.
Ca fait beaucoup de paramètres qui se conjuguent. Parce qu’il y en a un
important, c’est le côté humain.… »
Il semble souvent difficile d’adopter une démarche d’évaluation globale,
transversale, d’être dans une posture d’analyse du travail, de travailler à partir
des articulations, des combinaisons, des mises en perspective de chaque
52 FROT Bernard, AEF – Dépêche 50159 – mardi 8 février 2005
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candidat. C’est ce qui pourrait en tout cas être attendu dans le cadre d’une VAE
et nous amène à présenter le concept de professionnalisation.
2.3. Le concept de professionnalisation
La professionnalisation semble définie aujourd’hui comme l’organisation
sociale d’un espace de développement de compétences dans un contexte
d’activité évolutive. Nous proposons une réflexion sur ce concept qui constitue
sans doute un phénomène nouveau, qu’il convient tout d’abord d’identifier, puis
de comprendre en quoi il peut reconfigurer les rapports entre les individus et
leur relation au travail.
2.3.1. La professionnalisation : définition
La professionnalisation est conditionnée par la capacité à travailler sur des
situations réelles et à produire une forme d’analyse de pratique. Elle favorise la
construction d’un processus de compétence lié à l’exercice d’un métier. La
question de la professionnalisation est un phénomène de société.
Ce mot nous vient des anglo-saxons : « professionalization » s’exporte pour
former : « professionnalisation » venant ainsi compléter la famille sémantique
auquel il appartient : profession, professionnel.
La professionnalisation est au cœur d’un certain nombre d’attentes sociales
concernant la conduite des individus au travail. Elle ne comporte pas que des
enjeux de savoirs et de qualification, mais aussi des enjeux de transformation
identitaire. Il peut s’agir ici d’envisager « la manière de se définir, de
s’identifier face aux autres, dans un champ professionnel… »53
«… Apparue tout d’abord dans la sociologie des professions,… pour désigner le
processus de naissance et de structuration de groupes organisés, autonomes, et
défendant leurs intérêts, notamment en contrôlant l’accès à la profession et à
son exercice, la notion est aujourd’hui de plus en plus utilisée, en Europe, et
dans l’univers de la gestion et de la formation pour désigner le développement
de différentes actions et initiatives à une intention d’élaboration et
d’actualisation de compétences… ».54
53 Extrait d’un entretien avec DUBAR Claude – Professeur de Sociologie à l’Université de Versailles – Hors
Série Sciences Humaines n° 40 – Mars –Avril – Mai 2003 « Se construire une identité » 54 SOREL Maryvonne et WITTORSKI Richard (2005), La professionnalisation en actes et en questions, Ed.
l’Harmattan, p.126
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Ce que nous dit Thierry ARDOUIN :55
« La relation entre la référentialisation et la professionnalisation est
extrêmement fructueuse. Elle existe à trois niveaux : de l’individu, du métier et
de l’institution…. »
Pour l’individu :
La professionnalisation est le fait d’accroître ses compétences et de passer d’un
statut d’amateur à un statut professionnel, avec ce que le mot professionnel
suggère de compétences et de sérieux dans la pratique. L’ensemble de ces
compétences, de ces savoirs utilisés dans l’action constitue sa professionnalité,
c’est-à-dire pour F. ABALLEA « un savoir et une déontologie »56
Par rapport au métier :
Professionnalisation désigne le processus par lequel un corps de métier tend à
s’organiser sur les modèles des professions établies. Selon Guy JOBERT « la
professionnalisation » est le processus faisant évoluer une catégorie de
praticiens d’un statut occupationnel vers un statut professionnel.
Reconnaissance d’un métier comme entité sociale nécessaire répondant à un
besoin de la société, possédant des savoirs spécifiques et s’inscrivant dans une
éthique professionnelle.
La référentialisation participe à la professionnalisation
Qu’est-ce alors que la référentialisation ?
« La référentialisation consiste à repérer un contexte et à construire, en le
fondant sur des données, un corps de références relatif à un objet (ou une
situation) par rapport auquel pourront être établis des diagnostics, des projets
de formation et des évaluations »57
La référentialisation répond à un double objectif :
- Décrire une réalité qui permet de définir des objectifs
- Définir des procédures d’évaluation.
55 ARDOUIN Thierry. (2003), Ingénierie de Formation, Ed. Dunod, p.115 56 ABALLEA Françoise 1994), La notion de professionnalité , Ed. Ronéo , Université de Rouen 57 FIGARI Gérald (1994), Evaluer quel référentiel ? , Bruxelles, De Boeck, Ed. WESMAEL
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Septembre 2006 68 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 2 : CADRE THEORIQUE
C’est un processus de construction de référentiels. Le référentiel, quant à lui, est
un outil qui répertorie une « liste d’actes, de performances détaillant un
ensemble de capacités (référentiel de formation) ou de compétences (référentiel
de métier) » (terminologie formation professionnelle, Afnor X50-750 avril
1992).
Pour une institution :
La référentialisation donne des outils, des instruments, des moyens de
régulation, de contrôle, de mesure et d’évaluation de la profession et participe à
la professionnalisation.
On ne peut pas professionnaliser quelqu’un contre son gré. Ce qui semble
important, c’est de réunir un ensemble de conditions favorables pour maximiser
les chances que les personnes agissent avec compétence et s’engagent dans des
projets de professionnalisation concertés en répondant à une recherche d’intérêts
conjoints.
Les membres de jury VAE sont face à un nouvel objet d’évaluation :
connaissances et aptitudes professionnelles produites par l’exercice d’un métier,
nécessitant un niveau d’expertise. Comment aujourd’hui reconnaître cette
compétence à évaluer et en formaliser un cadre identitaire ?
2.3.2. La contribution de la formation à des processus de professionnalisation
La carte des opportunités de professionnalisation comporte des moments de
formation visant à :58
• faire acquérir les ressources nécessaires pour agir avec compétence
• entraîner à combiner des ressources pour construire et mettre en œuvre des pratiques professionnelles pertinentes par rapport à des
familles de situation professionnelles à gérer,
• proposer des objectifs réalistes d’apprentissage
• développer la capacité de réflexivité et de transfert,
• développer la capacité d’apprendre à apprendre
• donner une juste place à l’auto – évaluation
• avancer dans la construction d’une identité professionnelle
58 LE BOTERF Guy (2005), Que sont les formateurs devenus ? , Education Permanente, »Quelle ingénierie
de la professionnalisation pour les individus acteurs de leur professionnalisme ?; n° 164, pp 197-203
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Mémoire de Master 2 PARTIE 2 : CADRE THEORIQUE
2.3.3. Lien avec la dynamique identitaire59
La professionnalisation est un processus complexe et multiforme qui vise la
construction d’une professionnalité individuelle ou collective. Ce processus
s’alimente et se nourrit du croisement des trois projets, institutionnel, collectif et
personnel. Les stratégies et dynamiques identitaires en jeu se construisent par la
recherche d’une complémentarité ou d’un équilibre entre des différents projets.
La professionnalisation peut être envisagée comme un projet personnel ou projet
identitaire, elle poursuit des objectifs différentiés :
• un moyen de transformation identitaire, l’individu cherchant à
quitter son identité professionnelle actuelle pour réduire un écart
entre l’identité héritée et l’identité visée par l’acquisition de
nouvelles compétences,
• un moyen d’entretien identitaire par la consolidation et
l’entretien de la professionnalité existante, celle-ci étant jugée
satisfaisante,
• un moyen de confirmation d’une identité déjà existante pour des
personnes souffrant d’un déficit de reconnaissance sociale et
professionnelle
La professionnalisation peut viser l’acquisition de nouveaux repères et contenus
identitaires à travers l’accès à une nouvelle professionnalité.
2.4. Le concept d’identité sociale et professionnelle
2.4.1. Approche générale
La constitution de l’identité est un processus complexe, ensemble de
caractéristiques qui définissent un individu et le regard porté sur soi dans
l’espace et dans le temps. L’identité n’est pas une donnée première. Elle résulte
d’un assemblage de possibilités, de paramètres (familiaux, sociaux, culturels,
professionnels…) qui interagissent entre eux, subissent des influences multiples.
« L’identité est définie comme la résultante des différentes positions occupées
(versant identité sociale) et du rapport subjectif à ces positions (versant identité
psychique. »60
59 KADDOURI Mokhar « Professionnalisation et dynamiques identitaires » extrait de « La
professionnalisation en actes et en questions » WITTORSKI Richard, Ed. l’Harmattan page 146 60 DE CAULEJAC Vincent (1987), La névrose de classe, Ed. H et G, p. 97
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Septembre 2006 70 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 2 : CADRE THEORIQUE
« L’identité n’est autre que le résultat à la fois stable et provisoire, individuel et
collectif, subjectif et objectif, biographique et structurel, des divers processus de
socialisation qui conjointement, construisent les individus et définissent les
institutions »61
L’identité peut se modifier. Ce n’est pas une donnée figée, elle se transforme en
fonction des groupes d’appartenance, de l’espace social de référence, de données
situationnelles, des expériences auxquelles nous sommes confrontées et de ce
qu’elles nous apprennent. Dans un environnement où les évolutions socio-
économiques sont fréquentes, l’individu doit s’adapter pour ne pas perdre son
identité sociale, confrontés sans cesse à son antériorité, ses projets, ses
potentialités et à un environnement régit de codes et de processus. .
Claude. DUBAR propose une dualité de l’identité :
• identité pour soi qui résulte d’une dialectique entre l’identité héritée de sa famille d’origine et l’identité visée (le type
d’homme ou de femme que l’on veut être) ;
• identité pour autrui qui s’éprouve dans une dialectique entre l’identité revendiquée et l’identité reconnue (celui que l’on
est)..62
Dans un système social, chaque individu cherche à se positionner, à se situer. Le
sentiment d’identité est profondément lié à un ensemble de représentations que
l’individu a de lui-même, de son environnement, de son histoire et peut être
renfoncé ou menacé par ces éléments.
La société, au travers de codes sociaux définit pour chaque individu des
positions qui déterminent son identité sociale. Sans doute, la difficulté réside
dans l’adaptation du comportement d’un individu à ce qui est attendu et à la
réalisation de ses propres objectifs d’évolution et besoin de reconnaissance.
2.4.2. Transformation identitaire et évolution des compétences
Les transformations identitaires vont de pair avec l’évolution des compétences,
les nouvelles exigences en terme de professionnalisation. La compétence se
présente aujourd’hui comme le devenir professionnel de chacun, définissant un
61 DUBAR Claude (1991), La socialisation, construction des identités sociales et professionnelles, Ed. A.
Colin Editeur 62 Extrait du cours « Conseil et accompagnement aux personnes », p. 8
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Septembre 2006 71 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 2 : CADRE THEORIQUE
potentiel transférable dans l’action. L’individu est confronté aujourd’hui à de
nouveaux processus de mobilité professionnelle. Des changements
fondamentaux dans l’organisation du travail, les mutations technologiques
transforment la structure des emplois. Il est amené de plus en plus à développer
de nouvelles aptitudes (adaptation, réactivité, flexibilité, anticipation…), ce qui
implique de nouvelles opérations mentales (analyse, transfert, réflexivité…) et
nécessite de nouvelles interactions avec l’environnement (savoir participer,
collaborer, négocier, décider, faire - savoir…).
On assiste ici à une reconfiguration des repères identitaires et des territoires de
compétences63. On constate l’émergence de nouveaux métiers, le développement
d’activités transverses, complémentaires, de nouveaux discours sur la
professionnalisation des dispositifs et des acteurs, de nouvelles exigences en
terme d’adaptabilité et de flexibilité.
La nécessaire adaptation des individus à ces mutations, la professionnalisation
de nouvelles activités, l’évolution de l’objet compétence, ouvre un champ
nouveau d’identification professionnelle : le champ des compétences
transversales. Le travail tend à prendre une logique d’organisation système, où
l’individu va devoir développer de nouvelles stratégies organisationnelles et
cognitives pour se construire des trajectoires professionnelles
multidisciplinaires.
« Les individus construisent des « formes identitaires ». Elles ne dépendent pas
seulement de leur passé ou de leur origine sociale. Elles résultent aussi
d’expériences vécues au travail ou en situation de formation »64 Ces « formes
identitaires » permettent à l’individu de se définir, de s’identifier face aux
autres, de se positionner dans le champ professionnel et social.
L’étude de ces différents « objets » nous a permis de définir le cadre
conceptualisé de notre travail, ce qui va faciliter l’identification des indicateurs à
étudier et nous permettre de procéder à l’analyse des données collectées. Ces
éléments font l’objet du chapitre suivant.
63 ASTOLFI Jean-Pierre, Education et formation : nouvelles questions, nouveaux métiers, Ed. Pédagogie et
Recherche, ESF 64 Entretien avec Claude DUBAR « se construire une identité », extrait de Sciences Humaines hors série n° 40,
mars et avril 2003
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Septembre 2006 72 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 3 : L’ANALYSE DES RESULTATS DE L’ENQUETE
PARTIE III : L’ANALYSE DES
RESULTATS DE L’ENQUETE
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Septembre 2006 73 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 3 : L’ANALYSE DES RESULTATS DE L’ENQUETE
3 - L’analyse des résultats de l’enquête
3.1. Retour sur les objectifs de la recherche
L’hypothèse de recherche, que nous proposons de rappeler, est la suivante : la
« professionnalisation » des membres de jury VAE favoriserait-elle une
harmonisation ou homogénéisation des pratiques d’évaluation ?
3.2. Rappel des différentes hypothèses
Hypothèse 1 : la préparation des membres de jury permet de mieux cerner les
enjeux d’une démarche pour un candidat
Au regard des éléments théoriques exposés dans le chapitre précédent, l’analyse
pourra s’articuler autour des indicateurs suivants :
• Quelle connaissance ont les membres de jury du dispositif et de ses enjeux, pour un candidat ?
• Comment sont-ils préparés et que peut apporter une phase de préparation avant un jury de validation ?
• Comment utilisent-ils les outils à disposition dans une phase de validation ?
Hypothèse 2 : la « professionnalisation » des membres de jury facilite la mise à
distance vis-à-vis des représentations professionnelles.
Nous tenterons ainsi de comprendre :
• Comment est reconnu ce type d’activités transverses, (activités périphériques à une activité principale, fonctions temporaires), par
les employeurs et les certificateurs ?
• Les membres de jury peuvent-ils développer des postures professionnelles transversales, au-delà de leur tenue officielle et
comment le vivent-ils ? (quel est leur champ identitaire ?)
• S’agit-il de professionnaliser une activité ou les acteurs en présence ?
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Septembre 2006 74 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 3 : L’ANALYSE DES RESULTATS DE L’ENQUETE
3.3. Choix d’une méthode de traitement des résultats
Comme évoqué lors de la présentation du contexte de la recherche, nous avons
dégagé une analyse qualitative de cette étude, sous forme de tableaux qui listent et analysent l’ensemble des informations collectées.
65
Nous avons procédé tout d’abord à une analyse thématique transversale
pour répertorier tous les points de vue. Pour élaborer ce travail, nous avons
utilité le guide d’entretien réalisé à l’issue de la phase exploratoire et l’avons
décliné en indicateurs. Notre objectif est de :
• lister et classer les données collectées ;
• analyser et commenter les pratiques d’évaluation et les postures prises par les membres de jury intervenants dans des domaines
spécifiques ;
• interpréter ces informations.
Puis procédé à une étude comparative des différents éléments énoncés dans les
interviews. Nous présenterons ces informations sous la forme d’un tableau
facilitant ainsi leur lisibilité.
3.4. Phase d’analyse des résultats
Nous avons répertorié, en premier lieu, les données factuelles et objectives de
nos interviews sous forme de tableaux. Ces données regroupées par thèmes,
permettent de distinguer chacun des points de vue en fonction des statuts :
professionnels et enseignants. Nous souhaitons mettre en évidence le rôle
déterminant des membres de jury dans la phase de validation. Puis, pour affiner
cette étude sur la préparation des jurys, nous présenterons un tableau
synthétique, mettant en regard les éléments collectés en terme d’attentes des
membres, aux données issues de nos lectures et recherches en terme de réponses
provisoires à ces attentes. (cf. annexe 7).
Nous poursuivons notre étude en procédant à l’analyse de chacune des
hypothèses.
65 BERTAUX Daniel (1997), Les récits de vie, Perspective ethnosociologique –Ed. Nathan Université
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Septembre 2006 75 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 3 : L’ANALYSE DES RESULTATS DE L’ENQUETE
3.4.1. Pour l’hypothèse 1
Ainsi, pour l’hypothèse 1 : Nous avons observé comment les membres de jury
abordent individuellement et collectivement la phase de préparation avant un
jury de validation.
Partant de l’hypothèse que la préparation des jurys avant la phase de validation
d’un candidat permet une meilleure appréhension du dispositif et des enjeux
pour un candidat, nous observons que les premiers éléments de réponses
significatifs apportés sont communs aux deux statuts. Nous allons ainsi abordés
l’analyse des informations collectées, en présentant pour chacun des critères, les
éléments significatifs évoqués par les interviewés.
3.4.1.1. La connaissance du dispositif
12 interviewés sur 14 expriment le fait que leur connaissance du dispositif est
faible avant un premier jury.
Ce que certains nous disent sur ce thème :
Paul H. « …La première fois, je ne savais pas trop ce qui m’attendait. J’étais
même un peu inquiet. Je ne savais pas trop où j’allais. Ca a été moins difficile
au second jury… » ;
Steve N. « …Au démarrage, je ne me doutais pas de ce qui m’attendait. Je me
sentais prêt, mais j’ai vite compris, que ce n’était pas la même chose qu’un jury
d’examen et là je me suis rendu compte que je ne savais pas vraiment où
j’allais. Ce qui m’a rassuré, c’est que j’ai eu l’impression que c’était la même
chose pour mes collègues. On semblait tous assez inquiets… » ;
Julie T. « …Oui, avec les dossiers, on nous a transmis tous les autres
documents à utiliser : le référentiel, les grilles d’évaluation… Et alors là, je me
suis demandé comment j’allais utilisé tout ça et surtout je me suis rendue
compte que je ne connaissais pas bien le cadre de ce dispositif. VAE en fin de
compte, ça voulait dire quoi, pour un candidat… Pour nous, pour l’école ? Je ne
savais pas trop ce qu’on attendait de moi. Moi, j’aurais aimé qu’on nous
réunisse avant pour nous faire part des tenants et des aboutissants de la
VAE… »
Marie Dromigny – Master 2 « Ingénierie et Conseil en Formation » - Rouen 2005 – 2006
Septembre 2006 76 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 3 : L’ANALYSE DES RESULTATS DE L’ENQUETE
Sophie C. « …On n’a pas eu d’explication écrite du déroulement des choses et
de ce que c’est vraiment que la VAE. Alors je suis partie en me disant, je verrais
bien. J’ai appris au fur et à mesure des jurys… »
Frédéric F. « …Je me souviens la première session, c’était dure, un peu
opaque. Après cela est allé mieux parce qu’en parlant avec les autres membres
de jury ça allait mieux, on s’est rassuré. Au départ, je ne savais pas comment
aborder la chose. Je n’avais pas le prisme… ».
Claire N. « …La première fois, je suis arrivée avec beaucoup de questions et de
flous. Je me disais, mais en fin de compte, la VAE c’est quoi, qui est
concerné ?… »
Bertrand B. « …Mais le dispositif, il est connu ? La VAE, j’en ai parlé à des
copains, mais ils connaissent peu. Ca se fait dans toute la France ?... »
Christine D. «…La VAE est mal connue en entreprise. Les salariés ne savent
pas que cela existe. Il y a peu d’information sur le sujet. A croire que les DRH
connaissent mal ce dispositif eux aussi. En tout cas, ils en parlent peu. Moi j’en
ai entendu parler, parce que j’ai connu des cas d’amis autour de moi, qui sont
passés par là. J’avais en tête que c’était le parcours du combattant, mais tout
était quand même un peu flou. Il m’a fallu être confronté à cette expérience pour
me rendre compte que je connaissais en fin de compte peu de chose sur la
VAE… »
Sandy M. « …C’est parce qu’on m’a sollicité pour être jury que je me suis un
peu intéressée à la question, mais je connaissais très mal la démarche… »
Des propos ici recueillis, nous pouvons retenir les éléments suivants :
• La connaissance du dispositif est faible avant un premier jury ;
• La connaissance des enjeux d’une VAE pour un candidat ne
semble pas claire pour tous.
Nous nous apercevons ici, combien la connaissance du dispositif est
indispensable dans l’appréhension de l’acte d’évaluer dans ce cadre
spécifique. Ces remarques posent les premiers éléments d’observation et de
travail à mener pour clarifier les règlementations juridiques et
institutionnelles.
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Septembre 2006 77 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 3 : L’ANALYSE DES RESULTATS DE L’ENQUETE
3.4.1.2. L’utilisation des outils
13 interviewés sur 14, expriment leur difficulté à utiliser les outils (grilles
d’évaluation, référentiel).
Ce que certains nous disent sur ce thème :
Julie T. « …Oh la, la, les documents sont compliqués à décoder et à
utiliser…Oui, avec les dossiers, on nous a transmis tous les autres documents à
utiliser : le référentiel, les grilles d’évaluation… Et alors là, je me suis demandé
comment j’allais utilisé tout ça et surtout je me suis rendue compte que je ne
connaissais pas bien le cadre de ce dispositif. VAE en fin de compte, ça voulait
dire quoi, pour un candidat… Pour nous, pour l’école ? Je ne savais pas trop ce
qu’on attendait de moi. Moi, j’aurais aimé qu’on nous réunisse avant pour nous
faire part des tenants et des aboutissants de la VAE… »
Steve N. « … Les grilles nous aident à la prise de décision, mais je les trouve
complexes à utiliser et pendant l’entretien, j’ai du mal à m’y référer… »
Nathalie R. « …Ma base d’évaluation c’est le candidat, il faudrait presque une
grille par candidat. Je n’arrive pas pendant l’entretien à faire des liens et à
positionner le candidat dans les critères proposés. Il me semble qu’il y a de
nombreux cas. Les grilles sont trop complexes et pas adaptées à certains
cas… »
Frédéric F. « …Les grilles d’évaluation sont trop complexes, ces documents ne
me parlent pas. C’est peut être un repère, c’est tout. Mais je ne fais pas une
lecture linéaire de ces documents. Je ne peux pas… »
Sandy M. « …il faudrait simplifier ou revoir les outils à utiliser… »
Claire N. «… Les gens qui viennent de l’entreprise ont l’habitude de leurs outils
d’évaluation, pas des outils de la VAE… »
Bertrand B. «…J’ai beaucoup de mal à positionner les candidats dans la grille,
pour moi c’est une étape difficile. Je n’ai pas l’habitude d’utiliser des
documents de ce type. C’est un type de lecture qui me parle peu. C’est trop
détaillé. Je ne vois pas toujours ce qui correspond au cas précis du candidat en
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Septembre 2006 78 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 3 : L’ANALYSE DES RESULTATS DE L’ENQUETE
face de nous. Ca fait beaucoup de documents à lire, à utiliser, faut se mettre
dedans, ça pour moi c’est un peu compliqué… »
Monique L. «…Pour jongler avec les grilles, il faut les avoir bien comprises
avant, pour cela, c’est indispensable de les expliquer. Pour quelqu’un qui n’a
pas l’habitude, cela peut inquiéter…Ce sont ces outils là qui nous font prendre
la mesure de notre intervention et là, parfois on se demande si on va être à la
hauteur. Parce qu’on nous dit qu’on évalue la compétence, mais les outils sont
nos références. Ca n’est pas n’importe quoi. C’est ce qui m’a le plus fait peur.
J’ai peur de mal positionner le candidat. Ca n’est pas un exercice facile… »
En synthèse, nous pouvons retenir principalement que :
• L’utilisation des outils semble difficile pour tous ;
• Les critères d’évaluation sont interprétés différemment suivant
les membres de jurys ;
• Il semble difficile de faire du lien entre tous les outils (grilles,
référentiels) et de les utiliser conjointement.
Nous nous apercevons ici, que la nécessité d’une clarification
institutionnelle sur l’articulation et l’utilisation des outils spécifiques à la
VAE sur le Groupe ESC Rouen, s’impose au même titre que celle sur le
dispositif réglementaire.
3.4.1.3. La préparation et l’organisation de travail en amont
13 interviewés sur 14 expriment la nécessité d’une organisation de travail en
amont (lecture des dossiers et des documents à utiliser) et d’une phase de
préparation collective.
Ce que certains nous disent sur ce thème :
Claire N. «…Un temps de préparation oral, avant l’entretien c’est
indispensable. Mais tout le monde gagnera du temps si avant l’entretien, il y a
une réunion d’information où tout le monde peut poser ses questions. C’est
important pour moi d’être mise en situation et qu’on se mette d’accord sur
comment on travaille ensemble ? Comment on juge une personne ?
Pour moi les jurys fonctionnent bien quand ils se connaissent. Chacun sait
comment l’autre fonctionne, on sait ce que chacun va chercher, vérifier. Cela
rassure... »
Marie Dromigny – Master 2 « Ingénierie et Conseil en Formation » - Rouen 2005 – 2006
Septembre 2006 79 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 3 : L’ANALYSE DES RESULTATS DE L’ENQUETE
Guylaine T. «…C’est important que les jurys se connaissent avant, pour
faciliter la concertation, se sentir en confiance et créer des habitudes de
travail… »
Françoise P. «…Il faut que les membres de jurys soient préparés et se
connaissent. On prend une décision ensemble, ça n’est pas négligeable. Et on se
rend compte à quel point au fur et à mesure où on a l’habitude de travailler
ensemble, notre travail s’affine et chacun devient complémentaire. On sait ce
que va observer l’un ou l’autre des membres de jury et cela enrichit notre
évaluation. Parce ce qu’on s’appuie sur ce qui est dit. C’est plus confortable
pour nous quand un jury se connaît. Etre préparer, c’est apprendre à utiliser
ensemble les outils et harmoniser nos pratiques… »
Paul H. «…La préparation ça rassure, les enjeux sont importants pour un
candidat je crois, je n’ai pas approfondi la question, mais quand on les observe
on ressent ça. Prendre le temps nécessaire pour bien lire les dossiers et
préparer ses questions c’est important aussi… C’est ce que nous amène le
candidat. Alors il faut, sans doute comme lui, se mettre en condition et être
préparé, pour moi aussi ça a été une source de questionnements et
d’inquiétudes, c’est de cela dont on devrait pouvoir parler avant, poser nous
aussi nos questions, parler de nos inquiétudes… »
Julie T. «…Nous nous sommes rencontrés juste le jour où les candidats ont
soutenu leur mémoire et j’ai trouvé cela dommage qu’on ne puisse pas échanger
avant… »
Monique L. «…Ce qui me semble indispensable, c’est de prendre le temps de
lire très attentivement chaque dossier. Chacun a un parcours bien a lui, alors il
faut préparer des questions qui vont lui parler et lui permettre d’argumenter par
rapport à ce qu’on comprend de ce qu’il sait faire… Ceci dit tout cela prend
beaucoup de temps. Il faut avoir les dossiers bien à l’avance. Et puis, se
rencontrer tous avant, c’est aussi indispensable. On ne se connaît pas et
pourtant on va décider ensemble si le candidat est apte ou pas… Alors quelque
part, il faut tenir le même langage… »
Nous pouvons retenir ici les principaux éléments suivants :
• La phase de préparation en amont et avant un jury est
nécessaire pour tous ;
Marie Dromigny – Master 2 « Ingénierie et Conseil en Formation » - Rouen 2005 – 2006
Septembre 2006 80 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 3 : L’ANALYSE DES RESULTATS DE L’ENQUETE
Nous nous apercevons que, pour la plupart des membres interrogés, la
connaissance du dispositif, du cadre réglementaire et institutionnel est très
faible au démarrage. L’utilisation des outils semble difficile, d’où la
nécessité de préparer en amont les jurys.
Tout ceci nous interroge sur les modalités de préparation des jurys et nous
permet de dire qu’il est nécessaire de fixer les règles du jeu avant une procédure
de validation, en les informant sur :
• leur rôle dans ce type d’évaluation spécifique ;
• ce qui est évalué et comment ;
• les attentes du certificateur ;
• l’utilisation des outils mis en jeu.
Ces éléments d’observation, nous amènent à différents niveaux d’analyse :
• au niveau stratégique, la mise en œuvre des jurys exige
souvent une clarification institutionnelle et pratique :
organisation du travail en amont, engagement de la
responsabilité institutionnelle, circulation et clarification des
informations, présentation du dispositif, des outils, des dossiers
de candidats.
• au niveau opérationnel, l’évaluation des professionnels doit se
faire en complémentarité de l’évaluation des autres membres,
pour cela sans doute est-il nécessaire de développer des
habitudes de travail communes et une concertation collective sur
les outils à utiliser ?
L’objectif pourrait être de développer une culture de la validation au sein
d’un même organisme66.
La dimension de travail collectif signifie bien que chaque acteur n’est pas isolé
et existe dans un système institutionnel. Il semble nécessaire d’insister sur le
caractère spécifique de la démarche, sur la difficulté pour ces acteurs à
homogénéiser leurs perceptions des enjeux et harmoniser leurs pratiques
d’évaluation. Dans ce cadre spécifique, c’est le certificateur qui définit les règles
du jeu de l’évaluation, qui propose des outils spécifiques de vérification,
66 Rapport de BAROT Hervé, Délégué Général du GIP Qualité de la Formation « Validation des Acquis de
l’expérience : accompagnement des candidats et travail des jurys », Ed. CARIF Poitou Charente 2005.
Marie Dromigny – Master 2 « Ingénierie et Conseil en Formation » - Rouen 2005 – 2006
Septembre 2006 81 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 3 : L’ANALYSE DES RESULTATS DE L’ENQUETE
d’analyse et de mesure de la compétence. C’est lui qui décide de ce sur quoi
portera l’évaluation.
Les informations collectées démontrent toute la difficulté pour les membres de
jurys, qu’ils soient enseignants ou professionnels, à entrer dans la logique de la
VAE et combien l’utilisation des outils semble être complexe. La phase de
préparation est incontournable pour permettre à chacun de se sentir plus à l’aise,
au clair avec les attentes du certificateur et avoir un langage commun.
Avant d’interpréter plus avant ces résultats, nous poursuivons notre étude par
l’analyse de l’hypothèse 2.
3.4.2. Pour l’hypothèse 2
Nous complétons notre étude par l’analyse de l’hypothèse 2 où nous avons
observé quelle posture prennent les membres de jury face à ce type d’évaluation.
Partant du constat que cette activité permet aux membres de jurys de développer
des postures professionnelles transversales, au-delà de leur tenue officielle, nous
avons répertorié leurs remarques sur leurs pratiques d’évaluation et le type de
professionnel qu’ils se sentent être. Nous en avons extrait ce qui nous semble
significatif:
3.4.2.1. La posture professionnelle
A la question sur le type de professionnel qu’ils se sentent être, leurs réponses
sont variables :
Ce que certains nous disent :
Monique L. «…Je sais que mon rôle est important. Mais, tout dépend des
candidats. On évalue sa compétence et on est dans un cadre spécifique. J’ai
parfois du mal à me positionner autrement qu’en examinateur. Je fais sans
doute un amalgame entre un étudiant « classique » et un professionnel. Oui, oui,
je crois que je me sens examinateur… »
Sandy M. «…Je me sens parfois mal à l’aise, je suis une professionnelle face à
un autre professionnel, alors j’ai du mal à sortir du cadre professionnel, je ne
me sens pas dans une situation d’examen, mais un peu en phase de sélection
d’un candidat. Comme si je devais le recruter. Je sais que ce n’est pas ce qu’on
Marie Dromigny – Master 2 « Ingénierie et Conseil en Formation » - Rouen 2005 – 2006
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Mémoire de Master 2 PARTIE 3 : L’ANALYSE DES RESULTATS DE L’ENQUETE
me demande. Mais ça n’est pas un étudiant, c’est quelqu’un qui a déjà fait ses
preuves. Alors, je me dis que je dois vérifier ses compétences. Je me sens un peu
comme un juge, je ne sais pas en fin de compte si c’est ça ?… »
Christine D.. «…Je suis un professionnel dans un autre contexte, je mesure la
compétence. Ca n’est pas un examen. Je me sens évaluateur de la compétence.
Je replace le candidat dans son contexte… »
Bertrand B. «…Je sais qu’on est là pour donner une équivalence à un diplôme,
à des gens qui ne passent pas par la voie classique. Mais je ne peux pas
m’empêcher de fonctionner comme avec mes collaborateurs, j’ai les mêmes
exigences. Je me pose la question de ce que j’attends de mes collaborateurs. En
fait, je me sens recruteur. Je ne devrais peut être pas le dire, mais je me pose
souvent la question de savoir si je recruterais ou pas cette personne… »
Sophie C. «…Non une soutenance VAE, ça n’est pas une soutenance d’examen.
On parle bien de validation des compétences. Valideur, c’est déjà utilisé, mais
on est comme des valideurs de la compétence. Bof, ça n’est pas très beau
comme appellation, je préfère peut être évaluateur, mais faut se mettre d’accord
sur ce qu’on met dedans. Il faut se positionner comme tel je crois cependant… »
Julie T. «…Je me mets souvent dans la peau d’un candidat. Je me sens un
professionnel qui évalue un autre professionnel qui est déjà reconnu dans ce
qu’il fait. Je me sens au même niveau et je fais très attention à mon
positionnement. Pour moi, il n’est pas un étudiant.…»
Les propos recueillis ici, nous permettent de retenir que :
• Les postures prises sont très variables ;
• Il semble difficile de définir une posture ou une professionnalité
spécifique.
La professionnalisation est un processus complexe qui vise la construction
d’une professionnalité individuelle ou collective. Ce processus s’alimente et
se nourrit du croisement des trois projets, institutionnel, collectif et
personnel. Ce que chacun exprime ici, c’est la prise de conscience qu’est
mise en jeu un type de compétences spécifiques, complémentaires, mais
qu’il est difficile de se définir une professionnalité.
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Septembre 2006 83 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 3 : L’ANALYSE DES RESULTATS DE L’ENQUETE
3.4.2.2. Les pratiques d’évaluation
12 interviewés sur 14 ont des difficultés à définir leurs pratiques d’évaluation,
à donner la juste mesure en fonction des outils à disposition. Ils ne savent pas
toujours comment évaluer, où à quel moment considérer qu’une compétence est
acquise.
Ce que certains nous disent sur ce sujet :
Nathalie R. «…Dans le cadre de la VAE, et je dis cela par rapport à mon
expérience, le jury ne doit pas évaluer les compétences, mais évaluer la validité
des expériences au regard du référentiel… »
Frédéric F. «…Ma base d’évaluation, c’est le premier candidat. Le premier
candidat pose le niveau de référence. Dans la notation, c’est difficile, c’est le
dialogue qui pondère, l’argumentation de chacun. Là il y a une diversité de
critères qui interviennent. Et puis, on sent bien combien c’est un moment super
important pour eux, que tout peut basculer d’un moment à l’autre. Et là on
s’interroge sur sa légitimité à évaluer. C’est très lié à des facteurs humains
l’évaluation. Parce qu’on se dit que si la personne est là, c’est qu’elle est
compétente. Alors qu’est-ce qui nous intéresse ? On juge sur une prestation,
mais pas sur ses réelles compétences ? Sur l’écrit forcément, le cadre n’est pas
le même, on sait rapidement si ces compétences là sont connues ou
pratiquées… »
Claire N. «…J’ai vécu dans mon parcours, d’enseignante et de professionnel en
Marketing, différents types d’évaluation. Ce sont des repères pour moi. Je sais
ce qu’un enseignant attend d’un étudiant et ce qu’un professionnel attend d’un
collaborateur. Alors je jongle entre tout ça. Je vérifie ce qu’il fait et comment il
en parle et je vérifie ce que cela lui a appris et à quelles connaissances il peut se
référer pour réussir… »
Françoise P. «…Evaluer, c’est prendre le temps d’écouter, de comprendre
comment un individu fonctionne et surtout comment il agit, résout des problèmes
et sait en parler. Pour moi, il s’agit là de faire - savoir comment s’organise
notre expérience, sur quoi elle se fonde. Ce qui est important pour moi, c’est
beaucoup la façon dont le candidat exprime et argumente. J’essaie de vérifier
s’il saurait s’adapter dans un autre contexte avec ce qu’il sait… Je vérifie
comment il se met en perspective avec du recul sur ce qu’il fait… »
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Septembre 2006 84 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 3 : L’ANALYSE DES RESULTATS DE L’ENQUETE
Sarah A. «…Je différencie l’acquis et le maîtrisé. La compétence c’est pas
binaire, c’est pas je l’ai ou je l’ai pas. Ca veut dire qu’on la possède une fois
pour toute, si on l’a, je la considère comme acquise. Pour moi, une compétence
c’est dépendant d’un contexte, c’est dépendant de procédures et ça n’est
maîtrisé que si c’est remis en cause et adapté. Elle est acquise aujourd’hui, mais
est-elle transposable dans un autre environnement ? C’est en cela que je
distingue acquis de maîtrisé. Maîtrisé, cela voudrait dire qu’à tout moment la
compétence s’est transposée dans un autre contexte et s’est calée parfaitement
aux exigences et aux process de cet environnement. Si la compétence est
démontrée, alors pour moi elle est acquise et maîtrisée. Et c’est ce qu’on attend
il me semble… »
Frédéric F. «…Les discussions de fin de validation sont importantes, on ne peut
pas évaluer tout seul. Mais on se rend compte que d’une session à l’autre, on
n’a pas évalué les candidats de la même façon. A chaque session ce sont des
difficultés différentes qui se présentent. On constate parfois des écarts très
différents de niveau entre les candidats. C’est déroutant pour moi. Parce qu’il
faut s’adapter sans cesse, avoir des niveaux d’exigence qui varient sans doute.
On a du mal à avoir des référents précis (critères). C’est une démarche très
individuelle… »
Des éléments recueillis ici, les principaux propos à retenir sont :
• Les pratiques d’évaluation varient suivant les postures
professionnelles originelles.
• La VAE est une forme d’évaluation des compétences, mais c’est
une démarche très individuelle.
Si l’une des préoccupations des évaluateurs reste en partie centrée sur les
performances de l’individu, elle vise à mesurer principalement non plus sa
performance cognitive, mais sa compétence, d’où un glissement insidieux de
la situation pédagogique à la situation de travail, seule aune de la qualité
individuelle. Nous nous apercevons ici de la difficulté à harmoniser les
pratiques d’évaluation et à se mettre dans cette dynamique du traitement
individuelle des demandes de validation.
Lors de la présentation du premier concept : la compétence, nous parlions
d’individualisation. En effet, la mise en place de la VAE nécessite une approche
individualisée, ce qu’exprime Frédéric F. L’expérience de chacun est unique,
elle est structurée différemment et il est difficile de donner des réponses
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Septembre 2006 85 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 3 : L’ANALYSE DES RESULTATS DE L’ENQUETE
identiques, préconçues, y compris quand les candidats occupent les mêmes
emplois, dans les mêmes environnements professionnels.
Chacun des membres interviewés a bien pris la mesure de la complexité de cette
activité et exprime combien la collégialité est indispensable. Il ne s’agit pas que
de faire un constat, mais également de prendre une décision en fonction d’un
objectif visé. Dans cette démarche d’évaluation, le jury part du contenu de
l’expérience du candidat dans toutes ses dimensions : professionnelles, sociales,
familiales, associatives… et non de contenus de cours ou de programme, pour
les mettre en relation avec une norme.
3.4.2.3. Les qualités requises pour évaluer la compétence
A la question sur les qualités requises pour évaluer la compétence, les
perceptions sont multiples, mais tous se posent la question de leur légitimité à
évaluer un candidat.
Ce que certains nous disent sur cette question :
Sarah A. «…Avant d’évaluer un candidat, on se pose la question de sa
pertinence à évaluer. On se demande comment on va pouvoir juger un
candidat… Et on lit avec beaucoup d’attention tous les documents, ceux du
valideur pour ma part et ceux du candidat…Et il me paraît important d’avoir
une bonne maîtrise de la pratique professionnelle concernée pour pouvoir faire
des comparatifs…Il faut aussi être multi environnement… Ne pas avoir qu’un
référentiel terrain. Je pense que quelqu’un qui connaît plusieurs structures…
c’est quelqu’un qui plus facilement pourra appréhender le contexte du
candidat… Il faut rentrer dans le contexte du candidat, oublier ses
représentations… comprendre ce qu’il est en train de dire, rentrer dans son
contexte de travail… Faire preuve d’humilité…Se mettre à distance par
rapport à sa structure et à ses pratiques…Ne pas être dans un esprit de
vengeance… »
Monique L. «…Nous ne détenons pas le monopole des pratiques
professionnelles, alors il faut faire preuve de curiosité, d’ouverture,
d’adaptabilité, de respect, d’écoute… »
Christine D «…Cela demande beaucoup d’écoute et des qualités d’adaptation.
Une certaine rigueur professionnelle. Je suppose que pour un candidat la
démarche n’est pas neutre… Il faut savoir faire preuve d’une certaine
Marie Dromigny – Master 2 « Ingénierie et Conseil en Formation » - Rouen 2005 – 2006
Septembre 2006 86 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 3 : L’ANALYSE DES RESULTATS DE L’ENQUETE
neutralité. On ne juge pas si sa façon d’agir est bonne ou mauvaise, enfin je ne
crois pas. On l’écoute nous expliquer comment il agit… »
Sandy M. «…Je crois qu’il faut savoir faire preuve d’objectivité. Chacun agit
différemment. Alors, même si le candidat agit de cette manière et que ça n’est
pas la notre… La sienne est sans doute très pertinente… Il faut respecter et
écouter ce qui est dit… »
Nous pouvons retenir les éléments suivants :
• Le dispositif questionne sur une forme d’éthique personnelle ;
• Cette expérience est aussi « transformatrice » pour certains
membres et demande une mise à distance de ses représentations
et de sa pratique professionnelle.
Ce que nous apercevons ici, c’est combien ce dispositif questionne sur une
forme d’éthique personnelle et renvoie les membres de jurys à une sincère
humilité. Ce dispositif offre sans doute des perspectives de transformation
identitaire pour ces acteurs évaluateurs. Il s’agit dans ce cadre précis
d’élargir le noyau dur de leur champ de compétence et de leur fonction
habituellement exercée. Ce qui nous interroge ici, c’est de constater que les
membres de jurys ont des difficultés à identifier les enjeux d’une VAE pour
un candidat, mais semblent unanimes sur les aspects humains mis en jeu et
les qualités évoquées nous démontrent leur niveau d’implication et le
professionnalisme de leur engagement.
A l’évidence la question éthique appliquée à l’évaluation impose aussi une
réflexion sur la légitimité de l’évaluation. Et s’il convient d’interroger la posture
de l’évaluateur, il est essentiel de ne pas oublier l’objet même de l’évaluation –
dans laquelle la posture se met en scène.
3.4.2.4. La reconnaissance de cette activité
A la question sur la reconnaissance de cette activité, 10 sur 14 interviewés
trouvent qu’elle est mal reconnue et peu réglementée. Deux d’entre eux,
professionnels, n’ont pas d’avis sur cette question
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Septembre 2006 87 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 3 : L’ANALYSE DES RESULTATS DE L’ENQUETE
Ce que certains nous disent :
Monique L. «…C’est difficile de se dégager du temps, parce qu’on fait cela en
plus de son travail. Cette activité n’est pas toujours reconnue par la hiérarchie,
alors moi je prends une journée de congés. Mais parce que je trouve cela très
intéressant… Je pense que cette activité est encore peu reconnue… »
Bertrand B. «…C’est une activité en plus, c’est au détriment de son travail,
mais si on prévoit on arrive toujours à s’organiser. Il faut être organisé… »
Steve N. «…Il faut négocier cela avec sa hiérarchie. Ca n’est pas perçu comme
un plus dans son activité, n’apportant pas grand-chose à sa propre entreprise.
Là-dessus il y a sans doute des choses à améliorer. Parce que moi, c’est
vraiment un plus qui m’enrichit et j’aimerais pouvoir développer cela dans mon
entreprise… »
Frédéric F. «…Cela demande du temps. Lire et relire parfois les dossiers. Se
dégager du temps et du coup s’organiser dans son travail, parce que ça vient en
plus…En même temps, c’est une aventure super enrichissante et puis cela nous
permet de prendre du recul par rapport à notre travail. Cela nous donne une
légitimité dans ce que l’on fait. Si on vient nous chercher, c’est parce qu’on
nous reconnaît nous aussi comme des professionnels référents dans un métier.
C’est valorisant. Bon il faudrait faire intégrer tout cela en haut lieu (rire)… »
Guylaine T. «…Moi, je pose une RTT, comme ça mon employeur ne me pose
pas de question… »
Françoise P. «…Oui, la reconnaissance, c’est une bonne question. Mais au
démarrage on vient avec une casquette précise. C’est vrai, qu’on est à une
croisée de chemin et on est bien là sur une activité en plus, complémentaire…
Peut-être en effet, que cela mérite, au vue de la responsabilité en jeu, d’être plus
cadré, en tout cas identifié comme un champ de métier… Enfin je ne sais pas si
cela est possible, mais c’est une activité très lourde de conséquence pour un
candidat, je pense, alors, rien que pour cela, il faut reconnaître la compétence
des jurys qui prennent les décisions… je ne m’étais pas posée la question en ces
termes avant et en fin de compte c’est important cette reconnaissance au vue de
la responsabilité qui est engagée… »
Paul H. «…C’est important cette question de la reconnaissance, parce que pour
moi, ça sous-entend légitimité, compétence… Il s’agit de reconnaître qu’une
personne a une légitimité, par rapport à son professionnalisme, à évaluer une
Marie Dromigny – Master 2 « Ingénierie et Conseil en Formation » - Rouen 2005 – 2006
Septembre 2006 88 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 3 : L’ANALYSE DES RESULTATS DE L’ENQUETE
autre personne, qui normalement est aussi professionnelle… C’est plus qu’un
examen. Chaque candidat a une spécificité il me semble… C’est un métier dans
le métier, je ne sais pas si c’est clair ce que je dis là, mais pour moi c’est un peu
ça… »
On peut retenir ici les principaux éléments suivants :
• La participation à un jury VAE, n’est pas encore reconnue
comme une activité complémentaire (ou transverse) à une
activité principale. Elle reste une activité très ponctuelle, non
réglementée.
• Cette activité est souvent réalisée en dehors ou en plus de son
activité principale et représente une charge de travail
supplémentaire non reconnue, non identifiée comme définissant
un champ spécifique de compétences.
On s’aperçoit ici que le déploiement du dispositif nécessite des acteurs
ayant acquis des savoirs – faire dans l’évaluation des compétences,
reconnus dans cette compétence par les institutions. Nous pouvons nous
interroger sur la nature de la mobilisation des professionnels au sein des
jurys et sur la question de leur indemnisation, de leur reconnaissance, de
leur formation67 ou de leur préparation.
Le mot « professionnalisation » revêt ici plusieurs sens. Il peut s’agir :
• de professionnaliser des activités voire des métiers au sens de l’organisation sociale d’un ensemble d’activités.
• de professionnaliser des acteurs, au sens de la mise en place des savoirs et de la production des compétences nécessaires.
• de professionnaliser des organisations, en formalisant un système d’expertise par et dans l’organisation.
Nous sommes ici au cœur de notre problématique et allons ainsi poursuivre
notre travail par l’élaboration d’un tableau comparatif, mettant en parallèle un
autre dispositif, celui du tutorat.
67 Rapport LABRUYERE C. et ROSE J., « VAE, construire une professionnalisation durable » Rapport
d’étape du Haut Comité Education Economique Formation, Paris Avril 2004, 128 pages
Marie Dromigny – Master 2 « Ingénierie et Conseil en Formation » - Rouen 2005 – 2006
Septembre 2006 89 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 3 : L’ANALYSE DES RESULTATS DE L’ENQUETE
3.4.3. Une logique de la professionnalisation : l’exemple du tutorat
Dans les systèmes de travail, le tutorat correspond aux activités d’un
professionnel, en situation de travail…, ayant en charge l’accompagnement
d’une personne en cours de formation ou d’intégration dans l’entreprise ou
l’organisation…. Selon Thierry ARDOUIN68, le tutorat se caractérise ainsi :
• fonction périphérique ou complémentaire de l’activité
principale ;
• fonction limitée à une période donnée ;
• fonction destinée à une personne ou un groupe en situation d’apprentissage sous différentes formes ;
• fonction insérée dans un cadre institutionnel.
La professionnalisation de nouvelles activités, considérées comme des fonctions
périphériques, complémentaires à une activité principale, ouvre un champ
nouveau d’identification professionnelle : le champ des compétences
transversales. Le travail tend à prendre une logique d’organisation système, où
l’individu va devoir développer de nouvelles stratégies organisationnelles et
cognitives pour se construire des trajectoires professionnelles
multidisciplinaires. C’est sans doute en cela que la professionnalisation des
membres de jury prend tout son sens.
A partir de quatre dimensions distinctes complémentaires et en interaction :
• « Humaniste »
• Stratégique et managériale
• Sociale et culturelle
• Implication personnelle
inspirée des travaux de Thierry ARDOUIN, et des éléments collectés lors de nos
interviews, nous allons tenter de définir à quels types de professionnels
correspondent les membres de jury, évaluateurs VAE. Nous avons procédé à
une analyse comparative des deux activités en mettant en regard les éléments
collectés (sur le tutorat – sur les évaluateurs dans le cadre d’une VAE : six
68 ARDOUIN Thierry, (1997), Tuteur, alternance et identité professionnelle L’alternance en formation, un
projet à construire, pp 83-94
Marie Dromigny – Master 2 « Ingénierie et Conseil en Formation » - Rouen 2005 – 2006
Septembre 2006 90 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 3 : L’ANALYSE DES RESULTATS DE L’ENQUETE
personnes sur les quatorze personnes interviewées lors de notre recherche ont
apporté des éléments enrichissants à cette étude).
Nous souhaitons vérifier s’il peut être envisageable d’entrer dans une logique de
professionnalisation pour ce type d’activité complémentaire :
Dimension « humaniste »
Tuteur
Membre Jury VAE
- Nous sommes tous en
capacité d’apprendre et d’aider à
apprendre
- Steve N. « Nous avons la
capacité à nous mettre à la place
d’un candidat ».
- Paul H. « Il nous faudrait
mieux identifier les enjeux d’une
démarche dans un parcours
professionnel, mais nous sommes en
capacité d’apprendre ».
- Steve N. « Nous pouvons
contribuer à la validation des acquis
de l’expérience d’un professionnel,
par l’évaluation de ses compétences
en réfléchissant à des niveaux de
mesure de la compétence.
(graduation) »
Marie Dromigny – Master 2 « Ingénierie et Conseil en Formation » - Rouen 2005 – 2006
Septembre 2006 91 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 3 : L’ANALYSE DES RESULTATS DE L’ENQUETE
Dimension « stratégique »
Tuteur
Membre Jury VAE
- Participation au mode de management et de
mobilisation sur la
production
- Fonction de socialisation professionnelle
- Activité transverse
- Paul H. « Nous connaissons les
contraintes de l’employabilité. Nous
connaissons les principes et les
exigences du monde du travail ».
- Monique L. « Nous participons en
tant que jury à l’émergence d’un
dispositif récent et dont les enjeux
sociaux sont importants. Je ressens
beaucoup d’enthousiasme et de
volontarisme pour apporter quelque
chose au dispositif. »
- Françoise P. « Nous pouvons faire
évoluer le dispositif vers une logique
de fidélisation pour l’entreprise et de
développement pour l’individu. Nous
sommes en contact direct avec des
salariés potentiellement concernés »
- Steve N. « C’est une activité
ponctuelle, complémentaire à une
activité principale ».
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Septembre 2006 92 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 3 : L’ANALYSE DES RESULTATS DE L’ENQUETE
Dimension « sociale et culturelle »
Tuteur Membre Jury VAE
- Intervention dans l’apprentissage
- Accueil des jeunes et apprentis
- Monique L. « Ecouter et informer
son entourage direct et indirect sur le
dispositif et ses enjeux ».
- Françoise P. « Valider les acquis
d’un candidat en reconnaissant ses
compétences. Nous sommes face à un
nouveau rapport au savoir ».
- Steve N. « Cela nous permet de
développer la remise en cause de nos
pratiques professionnelles ».
- Paul H. « Nous nous permet d’être
reconnu dans notre professionnalité
originelle ».
Dimension « implication personnelle »
Tuteurs Membres de jury VAE
- Dimension identitaire, pour soi et pour les autres
- Reconnaissance professionnelle et
personnelle
- Françoise P. « Responsabilisation
individuelle et collective dans la
phase de décision ».
- Sandy M. « Mise en jeu d’une
éthique professionnelle, de valeurs ».
- Monique L. « Reconnaissance
personnelle pour nous – source de
valorisation».
Le mot « profession » évoque souvent une activité qui a un certain prestige par
sa dimension intellectuelle ou artistique ou par la position sociale de ceux qui
l’exerce. Classiquement, la distinction qui est faite entre « métier » et
« profession » est qu’il y a pour le premier une dimension plus manuelle, pour
Marie Dromigny – Master 2 « Ingénierie et Conseil en Formation » - Rouen 2005 – 2006
Septembre 2006 93 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 3 : L’ANALYSE DES RESULTATS DE L’ENQUETE
l’autre, une dominante plus intellectuelle ou relationnelle. L’utilité sociale de la
« profession » s’accompagne d’une position sociale plus ou moins prestigieuse.
F. ABALLEA (1992) à partir d’un travail de synthèse des conceptualisations
notamment anglo-saxonnes, propose de considérer qu’une profession existe si
cinq conditions sont réunies, que sont l’existence :
• d’un objet de travail délimité, qui circonscrit un domaine d’intervention au regard de finalités d’ordre sociétal ; en ce sens, il n’y a de profession
qu’accompagnée d’une légitimité donnée par une société.
• d’un système d’expertise fondé sur des savoirs complexes.
• d’un système de références et d’un univers moral, c’est là que se fonderait et se définirait l’identité professionnelle.
• d’une reconnaissance sociale du système d’expertise et du système de références.
• d’un système institutionnalisé de contrôle qui définit les modalités de recrutement et les règles de discipline de la profession considérée, c'est-à-
dire qui garantit la capacité de celle-ci et régule les rapports entre la
société et les professionnels.
Ainsi, au-delà de la distinction qui est faite entre métier et profession, de
nombreux travaux montrent que ce sont les niveaux d’organisation du champ
d’activité et de leur formalisation qui définissent la notion de professionnalité.
Autrement dit, on peut dire qu’une profession est un métier socialement organisé
et reconnu.
En ce qui concerne le dispositif VAE, sans doute est-il envisageable de
professionnaliser l’activité par une reconnaissance financière de
l’intervention des membres et un outillage spécifique, plutôt que de
professionnaliser les individus qui sont sélectionnés sur la base de leur
professionnalité originelle.
3.4.4. Résultats
3.4.4.1. Les éclairages
Ce qu’il faut retenir pour l’hypothèse 1 :
« La préparation des membres de jury permet de mieux cerner les enjeux d’une
démarque pour un candidat ».
Marie Dromigny – Master 2 « Ingénierie et Conseil en Formation » - Rouen 2005 – 2006
Septembre 2006 94 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 3 : L’ANALYSE DES RESULTATS DE L’ENQUETE
Cette démarche suppose, en amont, un « changement du mode de lecture »69, des
modes d’organisation et d’articulation des différentes ressources pour aboutir à
une décision. L’évaluation dans le champ de la VAE est une pratique difficile,
car enseignants et professionnels sont imprégnés d’une culture de l’évaluation
qui est la seule qu’ils connaissent, celle de l’évaluation sanction, ou évaluation
formative ou évaluation sélection.
Nous pouvons rappeler en effet combien, on peut s’interroger sur ce paradoxe :
comment évaluer avec des normes générales des connaissances informelles70
nées d’expériences nécessairement singulières ?
Dans le domaine de l’éducation, de la formation, plusieurs méthodes et
démarches évaluatives sont proposées :
� L’évaluation « sommative » : vise à apporter une
appréciation sur le niveau des apprentissages réalisés à la fin
d’un programme ou d’apprentissages effectués à l’extérieur
de l’institution scolaire ; Elle entraîne systématiquement une
prise de décision à caractère administratif ou pédagogique.
� L’évaluation « formative », quant à elle, a pour objectif
d’intervenir à la fin de chaque étape d’apprentissage afin
d’informer le formateur et le stagiaire du niveau
d’apprentissage acquis, elle est donc interactive.
On comprend mieux pourquoi le moment du jury est celui de l’évaluation et de
la prise de décision. La démarche VAE ne peut se réduire à une simple opération
d’enregistrement, Il faut donner du sens à l’évaluation par les jurys de la VAE si
l’on veut que l’accès à la certification s’installe comme modalité à part entière et
à égale reconnaissance.
Les procédures de validation mises en œuvre, comme évoqué dans la deuxième
partie de ce mémoire, depuis que cette question de la reconnaissance des acquis
de l’expérience a vu le jour, varient entre plusieurs tendances :
• la démarche vise à repérer les savoirs dans l’expérience du candidat et leur mise en correspondance, en évaluation comparée, avec les savoirs
transmis par les processus de formation,
70 Connaissances qui n’obéissent pas à une logique de structuration explicitée, qui ne sont validées par aucune
certification.
Marie Dromigny – Master 2 « Ingénierie et Conseil en Formation » - Rouen 2005 – 2006
Septembre 2006 95 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 3 : L’ANALYSE DES RESULTATS DE L’ENQUETE
• elle prend également en compte l’expérience personnelle et
professionnelle dans sa globalité, appréciant le travail du candidat
comme un travail de restitution d’un processus de développement
personnel et professionnel.
Dans le cadre de la VAE nous sommes dans une forme d’analyse du travail.
« Chaque praticien se construit une démarche et des instruments opératoires.
L’analyse du travail doit être spécifiée étant donnée les multiples dimensions du
travail. En fonction de ce que l’on cherche, du coût de l’intervention, il faut
restreindre le champ de l’investigation à une dimension qu’il importe de bien
choisir »71
La validation des acquis est, à sa manière, une forme d’analyse du travail,
c’est en cela qu’elle se différentie des autres pratiques d’évaluation. Nous
sommes face à un nouvel objet à évaluer : la compétence. Elle nécessite donc un
outillage, une préparation, des habitudes de travail entre les différents acteurs.
La phase de validation est vécue par le candidat comme le moment crucial. La
valorisation potentielle qui en est issue est symboliquement sans doute plus forte
que ce qui peut être mesuré sous des modalités classiques.
Nous pouvons ainsi conclure et valider provisoirement notre première
hypothèse, en affirmant qu’il est indispensable de préparer les membres
d’un jury VAE tant les enjeux sont importants et les modalités d’évaluation
complexes. Il reste toutefois à définir le dispositif à mettre en place et à
identifier au préalable les modalités d’évaluation, l’expérimenter pour en
vérifier la pertinence opérationnelle et institutionnelle. Il est important de
considérer la complexité de cette mise en place dans la mesure où les
membres de jury interviennent ponctuellement et sont issus
d’environnements variés, d’une autre professionnalité originelle.
Ce qu’il faut retenir pour l’hypothèse 2 :
« La professionnalisation des membres de jury facilite la mise à distance vis-à-
vis des représentations professionnelles ».
Nous constatons qu’il est encore difficile de mobiliser les professionnels, car
siéger dans un jury demande un investissement personnel. En effet, leur
participation est souvent réalisée en dehors de leur temps de travail. L’article L
992-8 du Code du Travail précise les conditions d’exercice de la fonction pour
71 ARDOUIN Thierry, Cours Master 2 « Analyse du travail, des emplois et des compétences ».
Marie Dromigny – Master 2 « Ingénierie et Conseil en Formation » - Rouen 2005 – 2006
Septembre 2006 96 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 3 : L’ANALYSE DES RESULTATS DE L’ENQUETE
les membres de jurys salariés en ce qui concerne les autorisations d’absence et
de maintien de la rémunération, mais aucun texte ne fixe un cadre réglementaire
quant à l’indemnisation de cette activité.
L’activité des jurys est cependant appelée à se développer considérablement,
puisque le gouvernement a annoncé un objectif de triplement du nombre des
certifications professionnelles en 2007. Sans doute va-t-il falloir mobiliser plus
fortement les partenaires sociaux dans ce débat, pour réfléchir à cette question
de la professionnalisation, que nous déclinons en trois niveaux :
• Sur le plan institutionnel, il peut être intéressant de professionnaliser
l’activité en envisageant un mode de rémunération, de proposer des
éléments de réponse en terme de formation ou de préparation, pour
développer des compétences spécifiques à ce type d’évaluation. Le projet
institutionnel relève de l’initiative de l’institution, il vise l’instauration de
valeurs institutionnelles. L’intérêt d’une telle démarche, est de pouvoir
reconnaître l’intervention des jurys et de constituer un vivier de praticiens
expérimentés qui correspondent à une norme définie par l’institution.
• Sur le plan collectif, le projet est porté par un ensemble de
professionnels, qui adoptent des stratégies collectives, appelées
« professionnalisme ».
• Sur le plan financier, il va donc être nécessaire d’adapter les coûts des
prestations facturées aux demandeurs et de solliciter les financeurs pour
leur participation.
• Sur le plan individuel, ou identitaire. L’activité d’évaluateur peut viser
l’acquisition d’un nouveau contenu identitaire à travers l’apport d’une
nouvelle professionnalité et renforcer le sentiment d’appartenance ou
l’attachement à une identité professionnelle originelle.
3.4.4.2. Que faut-il professionnaliser ?
Le terme de professionnalisation fait l’objet de multiples polémiques, V. LANG,
1999, notamment, dans « les corps de métiers qui ne disposent pas de modèle
achevé en la matière »
Sa polysémie nourrit des ambiguïtés qui risquent de renforcer les confusions sur
les rôles et les pratiques qu’il désigne.
Marie Dromigny – Master 2 « Ingénierie et Conseil en Formation » - Rouen 2005 – 2006
Septembre 2006 97 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 3 : L’ANALYSE DES RESULTATS DE L’ENQUETE
Ce sont les candidats et la multiplicité des expériences qui vont faire évoluer les
pratiques d’évaluation et ce dispositif, qui a une véritable utilité sociale. Sans
doute allons nous devoir outiller d’avantage les jurys pour objectiver leur
appréciation et harmoniser leurs pratiques d’évaluateur. Le travail du jury ne se
résume pas qu’à la simple décision d’attribution totale ou partielle d’une
certification. Le jury est un lieu de confrontation de l’expérience que le candidat
a cherché à formaliser, décrire, organiser.
Envisager de professionnaliser l’activité peut vouloir dire de concevoir un
référentiel de savoirs spécifiques permettant de mieux cerner les qualités
requises pour évaluer un candidat et proposer un outillage institutionnel, un
mode d’indemnisation qui facilite la reconnaissance et crédibilise l’intervention
ponctuelle des membres. Ceci peut amener une organisation à se
professionnaliser par la formalisation d’un système d’expertise de ce dispositif.
Nous pouvons ainsi conclure et valider provisoirement notre seconde
hypothèse en affirmant que la professionnalisation de l’activité de jurys
VAE (évaluateur VAE) permet une homogénéisation des pratiques
d’évaluation. Il reste toutefois à clarifier et à accompagner ces membres
dans l’utilisation des outils et à mobiliser d’autres acteurs stratégiques
(financeurs, valideurs…)
3.4.4.3. Intérêts et difficultés rencontrés lors de l’étude
Aucune étude n’a de caractère exhaustif, la difficulté a été d’en définir le cadre
et de concevoir les outils d’analyse les plus pertinents. Le dispositif étant
relativement récent, il semble subsister encore de nombreuses interrogations sur
les pratiques et les outils à disposition. Cette caractéristique a fortement renforcé
le grand intérêt de ce travail. Les questions posées nous ont fait prendre la
mesure du chemin encore à parcourir, mais du vif enthousiasme de tous les
acteurs engagés dans ce dispositif émergeant.
Les enjeux d’une telle démarche ne semblent pas être intégrés par tous.
Toutefois, les membres de jury que nous avons sollicités se sont prêtés avec
beaucoup d’enthousiasme et de sérieux à cette expérience, prenant leur rôle très
à cœur et souhaitant avec beaucoup de sincérité « apporter quelque chose au
dispositif… ».Paul H..
Marie Dromigny – Master 2 « Ingénierie et Conseil en Formation » - Rouen 2005 – 2006
Septembre 2006 98 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 PARTIE 3 : L’ANALYSE DES RESULTATS DE L’ENQUETE
3.4.4.4. Limites du dispositif
Un travail de clarification auprès des financeurs, des partenaires sociaux, des
DRH, des valideurs est sans doute encore nécessaire pour mieux appréhender et
réglementer ce dispositif et permettre de crédibiliser l’intervention de chacun de
ses acteurs. La VAE rencontre un réel succès alors même qu’elle reste peu
connue. Mais son potentiel est sous-exploité. Pour cela, il semble nécessaire de
prendre des mesures pour :
• Faciliter l’accès à l’information et simplifier les démarches
• Prendre en charge les frais de jurys
• Augmenter les prises en charges des procédures pour tous les statuts de candidats
• Développer l’accompagnement.
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Septembre 2006 99 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 APPLICATION TERRAIN
PARTIE IV : APPLICATION
TERRAIN
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Septembre 2006 100 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 APPLICATION TERRAIN
4 - Application terrain
4.1. Liste des préconisations
Nous avons élaboré une liste de préconisations, qui de toute évidence, n’est pas
exhaustive. Ces suggestions et les objectifs visés pour chacune d’elle, sont le
résultat des remarques formulées par les membres de jury, lors de nos
interviews et vont nous permettre de sélectionner ce qui semble être le plus
pertinent dans le contexte du Groupe ESC Rouen.
Chaque préconisation est formulée tout d’abord en terme d’actions, puis en
terme d’objectif et est analysée.
Préconisations
- 1 - Mener des actions d’information et de conseil sur le dispositif –
école auprès des DRH et Directions Générales, après sélection d’un
échantillon (définir des critères stratégiques de sélection : quelle sera
la cible ? taille, secteur d’activité, etc.).
Objectif :
• Renforcer la connaissance du dispositif – école et des enjeux stratégiques pour tous les acteurs directs et indirects (page 29).
Intérêts :
Démarche intéressante à long terme, qui nécessite des ressources humaines
mobilisées sur ces axes de conseil. Pourrait compléter une campagne de
communication. Action d’envergure, qui entre dans le cadre de la pérennisation
et du développement de partenariats entreprises et du dispositif VAE à plus long
terme. Cette mission pourrait être gérée par un membre de la cellule VAE.
Limites :
Démarche qui présente un impact financier, retour sur investissement à moyen,
voire à long terme.
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Septembre 2006 101 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 APPLICATION TERRAIN
- 2 - Définir une grille de critères sélectifs pour décrypter la
compétence à évaluer des membres de jury lors de leur constitution.
Objectifs :
• Faciliter la sélection des membres en s’assurant qu’ils ont les compétences requises pour évaluer un candidat dans ce cadre spécifique.
Intérêts :
Travail d’ingénierie pédagogique intéressant parce qu’il permet de mieux cerner
les profils des membres, faciliter la constitution des jurys et va dans le sens
d’une harmonisation et homogénéisation des pratiques d’évaluation.
Difficultés :
Il reste à définir ou clarifier le type d’évaluation mise en jeu et définir les
qualités requises pour évaluer dans le champ de la VAE. En d’autres termes, il
peut s’agir de travailler sur la référentialisation des compétences des membres
de jurys.
.
- 3 - Accompagner individuellement chaque membre de jury avant la
soutenance.
Objectifs :
• Répondre aux questions et inquiétudes des membres de jury
• Informer sur le dispositif, les enjeux et les objectifs attendus
• Présenter le dossier des candidats et leur contexte.
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Septembre 2006 102 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 APPLICATION TERRAIN
Intérêts :
Cette étape est importante. Elle est abordée aujourd’hui à l’ISPP de façon
informelle lors de la constitution des jurys et de la remise des dossiers de
candidat. Elle ne représente pas une suggestion innovante. Toutefois, cela ne lui
enlève en rien, son intérêt et c’est ce qui nous amène à la présenter dans cette
liste de préconisations.
Difficultés :
Les membres de jurys, tout statut confondu, sont des professionnels en action,
parfois peu disponible et il peut être difficile de trop les solliciter ou les
mobiliser.
- 4 - Concevoir un « guide méthodologique » opérationnel.
Objectifs :
• Expliquer le dispositif, les enjeux pour le certificateur concerné par la validation, les outils de mesure de la compétence, les modes de lecture et
l’utilisation des référentiels
• Faciliter la compréhension du champ d’intervention des membres de jury en expliquant ce qui est attendu par le certificateur
• Permettre de cadrer le dispositif – école sous la forme d’une « charte » définissant le sens de la démarche, le cadre institutionnel et
juridique, les responsabilités individuelles et collectives des membres de
jury
- 5 - Proposer une phase de préparation collective avant la phase de
validation.
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Septembre 2006 103 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 APPLICATION TERRAIN
Objectifs :
• Permettre aux différents membres de se connaître, d’obtenir des éléments de clarification sur le dispositif et certains éléments de contenus de
dossiers…
• Développer des habitudes de travail collectif et harmoniser les pratiques d’évaluation
Pour ces deux préconisations, nous proposons de se référer au titre suivant
« choix et conception d’un outil », où il est question de présenter le déploiement
et l’intérêt de ces deux propositions.
4.2. Choix et conception d’un outil
En fonction de la liste de préconisations réalisée précédemment et pour apporter
des éléments de réponse à nos hypothèses, à l’aide des informations collectées
lors de nos recherches, il nous semble intéressant de proposer les outils
suivants :
• Lors de la constitution des jurys, il pourrait être remis à chacun d’eux dès leur sélection, un guide méthodologique (cf. annexe 8) fixant les
principales modalités institutionnelles et juridiques du dispositif, guide
qui permettrait ainsi de mieux cibler le champ d’intervention et le rôle des
acteurs en présence.
• Une phase d’information et de préparation collective avant un jury de
validation visant à présenter le dispositif institutionnel (à partir du guide
méthodologique), les outils existants, les autres membres, les dossiers de
candidats concernés par ce jury et de définir des modalités d’évaluation
spécifiques et de décision finale.
• Une phase d’échange en fin de session, afin que chacun des membres
s’exprime sur les apports et les difficultés rencontrées, l’appréhension des
pratiques d’évaluation et de lever les inquiétudes liées aux prises de
décision pour certains candidats.
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Septembre 2006 104 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 APPLICATION TERRAIN
• Proposer une indemnisation financière, qui permette une
reconnaissance de la professionnalité des membres ; crédibilise leur
intervention auprès des institutions et des candidats ; les fidélise et facilite
ainsi le travail de constitution des jurys, d’homogénéisation des pratiques
d’évaluation et pourrait ainsi créer des habitudes de travail collectif et une
culture partagée.
4.3. Modalité de déploiement
Ce livret a été remis fin juin, à titre expérimental, à tous les membres de jurys de
l’ISPP ayant participé à cette étude. Nous cherchons à en vérifier la pertinence,
les limites, les apports et envisageons de le modifier en fonction des remarques
qui seront formulées. Une réunion de travail de restitution de ces remarques est
prévue en octobre prochain. Le coût d’édition de ce guide pourrait être imputé
au budget « communication » du Groupe ESC. Le référent VAE prendra en
charge, au-delà de la constitution des jurys, les phases d’information,
d’accompagnement et de préparation des membres concernés.
4.4. Prolongements envisageables de cette étude Il pourrait être envisageable, à plus long terme, de concevoir un dispositif de
formation spécifique certifiant ou non, permettant de :
• Mettre les acteurs concernés en situation d’analyse individuelle et collective et en situation de formation sur les outils et les modalités de
l’évaluation de la compétence dans le champ de la VAE ;
• Définir une reconnaissance ou un statut spécifique à cette activité transverse et ponctuelle ;
• Professionnaliser le dispositif – école par la définition de savoirs spécifiques nécessaires à l’exercice de cette activité et faciliter ainsi la
sélection des jurys.
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Septembre 2006 105 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 APPLICATION TERRAIN
La VAE suppose une approche spécifique de l’évaluation. Il est alors
indispensable d’outiller les jurys ; de les préparer ou/et de les former à
l’utilisation de ces outils. Il semble important d’éviter de sombrer dans la dérive
qui conduit les membres de jurys à se mettre spontanément dans la logique de
validation pratiquée dans les cursus de formation.
La validation des acquis a une fonction sociale et nécessite que les évaluateurs
aient parfaitement intégré le cadre juridique, institutionnel et les enjeux d’une
telle démarche pour un candidat et pour un certificateur. Cet effort de formation,
qui peut se poser en axe de développement et d’innovation de ce dispositif,
pourrait renforcer la professionnalisation des membres et crédibiliser leur
intervention et le dispositif dans son ensemble.
Un travail d’ingénierie de formation est à mener pour proposer un dispositif de
formation pertinent, reconnu et pour le pérenniser. Les conditions d’organisation
de ce dispositif vont sans doute amener ses nombreux acteurs à mener des tables
rondes avec les partenaires sociaux pour sa mise en œuvre opérationnelle.
Ces axes de formation pourraient entrer dans des perspectives de développement
des programmes de la formation continue du Groupe ESC Rouen.
Marie Dromigny – Master 2 « Ingénierie et Conseil en Formation » - Rouen 2005 – 2006
Septembre 2006 106 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2 CONCLUSION
Conclusion
Ce travail de recherche action m’a amenée à appréhender le dispositif VAE de
l’ISPP, école du Groupe ESC Rouen, et l’intervention des membres de jury sous
des angles pratiques et théoriques. L’observation, les lectures, les échanges, lors
de ce cheminement, ont élargi le champ de mes questions bien au-delà de la
démarche VAE, et m’ont permis de réaliser à quel point ce dispositif peut
représenter de véritables enjeux sociaux, culturels, institutionnels et
professionnels.
A partir d’un travail d’enquête et d’analyse qui m’a permis de comparer les
approches, les postures et les pratiques des membres de jurys, enseignants et
professionnels, j’ai constaté une hétérogénéité des perceptions des enjeux, des
connaissances réglementaires et des pratiques d’évaluation dans la phase de
validation des candidats.
Face à l’engouement suscité par ce dispositif récent, aux nouvelles exigences en
terme d’employabilité et aux éléments observés lors de cette étude, il devient
nécessaire d’envisager un outillage, des modalités, une culture spécifique de
l’évaluation, une préparation en amont et une indemnisation des jurys.
L’enrichissement personnel et professionnel produit par le cheminement durant
ce Master, les apports théoriques et méthodologiques, la valorisation qui en est
issue, élargissent le champ de mes perspectives et m’ont ouvert d’autres voies de
recherches et d’apprentissage.
Je considère ce mémoire comme une étape dans un processus de recherche, qui
pourrait être poursuivi par une étude aboutissant à la définition d’un statut pour
« l’évaluateur » VAE.
Marie Dromigny – Master 2 « Ingénierie et Conseil en Formation » - Rouen 2005 – 2006
Septembre 2006 107 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2
GLOSSAIRE
Cette liste n’est pas exhaustive, mais présente quelques termes significatifs dans
le cadre d’une VAE :
Acquis Ensemble des savoirs, savoir – faire
et savoir - être mis en jeu par une
personne dans le cadre d’une
activité professionnelle, sociale ou
de formation
Reconnaissance des acquis La reconnaissance c’est à la fois le
fait de distinguer, de discerner, de
connaître à nouveau et puis c’est
aussi le fait de reconnaître,
d’admettre, de convenir.. L’acte de
reconnaissance correspond à un
processus d’identification
d’éléments qui sont connus, puis
approuvés, permettant d’être
reconnus.
Validation des acquis « Procédure entreprise en vue d’une
reconnaissance institutionnelle des
acquis. Acte officiel par lequel des
acquis sont reconnus (AFNOR). »
« Il s’agit donc d’une
reconnaissance institutionnelle des
acquis professionnel et/ou de
l’expérience » Th. ARDOUIN
Valider Valider, c’est se prononcer sur la
valeur, la positionner parmi
d’autres objets et d’autres rapports
de valeur en vigueur dans le champ
considéré.
Marie Dromigny – Master 2 « Ingénierie et Conseil en Formation » - Rouen 2005 – 2006
Septembre 2006 108 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2
Glossaire (suite)
Référentiels
« Inventaire d’actes, de
performances observables, de
capacités, de compétences
permettant de donner une
représentation la plus claire
possible de l’objet désigné et
formant un système de référence.
Un référentiel doit être élaboré de
façon concertée et doit être validé
par une organisation. » Th.
ARDOUIN
Dans le champ de l’emploi et de la
formation, on parle de
Référentiel Métier,
Référentiel de compétences,
Référentiel de formation.
Marie Dromigny – Master 2 « Ingénierie et Conseil en Formation » - Rouen 2005 – 2006
Septembre 2006 109 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2
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Septembre 2006 110 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
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Actualité permanente n° 195 – mars et avril 2005 – dossier pratique « les
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Marie Dromigny – Master 2 « Ingénierie et Conseil en Formation » - Rouen 2005 – 2006
Septembre 2006 111 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
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Rapport de BAROT Hervé, Délégué Général du GIP Qualité de la Formation
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travail des jurys », Edition CARIF Poitou Charente 2005.
Guide Repère sur la VAE « Travail des jurys » - Colloque du 1er et 2 décembre
2004 à Poitiers - CARIF
Sites
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www.alfacentre.org/vae - www.cereq.fr
Marie Dromigny – Master 2 « Ingénierie et Conseil en Formation » - Rouen 2005 – 2006
Septembre 2006 112 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2
TABLE DES MATIERES SOMMAIRE 3
INTRODUCTION 5
PRESENTATION DU GROUPE ESC ROUEN 8 LA VAE DANS LE GROUPE ESC ROUEN 8 Historique de sa mise en place 8 Les enjeux de la VAE pour le groupe ESC Rouen 9 Sur le plan institutionnel 9 Sur le plan financier 9
Modalités de déploiement du dispositif 10
1 - LA VAE : ENVIRONNEMENT ET PROBLEMATIQUE 14
1.1. LE CADRE DE LA VAE 14 1.1.1. Historique du dispositif 14 1.1.2. LA VAP (Validation des Acquis Professionnels) 15 1.1.3. La loi de Modernisation Sociale - Ce qu’il faut retenir 15 1.1.3.1. Dispositif et cadre juridique () 15 1.1.3.2. Le R.N.C.P. 17
1.1.4. Les différentes étapes d’une démarche 21 1.1.5. Les visées de la VAE 22
1.2. LES ACTEURS DE LA VAE 23 1.2.1. Acteurs « institutionnels » : Maîtres d’ouvrage – niveau stratégique 25 1.2.2. Acteurs « ingénieurs » : Maîtres d’œuvre – niveau organisationnel 28 1.2.3. Acteurs « agissants » : niveau opérationnel (acteurs internes et externes) 29 1.2.4. Les membres de jury VAE 30 1.2.4.1. La réglementation aujourd’hui : La composition du jury ? 31 1.2.4.2. Leur champ d’intervention 31 1.2.4.3. Les compétences requises pour évaluer un candidat 32 1.2.4.4. Quelques questions que peut se poser le jury avant d’évaluer 32 1.2.4.5. Dispositif d’évaluation et référentiels 33 1.2.4.6. Modalités d’évaluation 33
1.3. LES IMPLICATIONS D’UNE DEMARCHE POUR LES ACTEURS EN PRESENCE 34 1.3.1. Les incidences d’une démarche VAE ? 35 1.3.1.1. Pour un candidat 35 1.3.1.2. Pour un certificateur 36 1.3.1.3. Pour une entreprise ( et ) 36 1.3.1.4. Pour un « professionnel », membre de jury 37
1.3.2. Les conséquences de la VAE 37 1.3.2.1. A un candidat 37 1.3.2.2. A un certificateur 38 1.3.2.3. A une entreprise (cf. annexe 2 – Dossier de presse Mac Donalds) 38 1.3.2.4. Aux professionnels membre du jury () 38
1.4. CONSTATS SUR LE DISPOSITIF 39 1.4.1. Par rapport aux institutions 39 1.4.2. Par rapport aux membres de jurys 40 1.4.3. Les chiffres dans les ministères valideurs 41
1.5. PROBLEMATIQUE 42 1.5.1. Introduction : question de recherche 42 1.5.2. Hypothèses de recherche 43
1.6. METHODOLOGIE DE TRAVAIL 45 1.6.1. Phase exploratoire 45 1.6.1.1. Quels sont les objectifs attendus pour chacun des thèmes du guide ? 46 1.6.1.2. Déroulement des entretiens exploratoires 46
1.6.2. Phase d’enquête 47 1.6.2.1. Objectifs de l’enquête 47 1.6.2.2. Choix d’un échantillon 47
Marie Dromigny – Master 2 « Ingénierie et Conseil en Formation » - Rouen 2005 – 2006
Septembre 2006 113 La professionnalisation des membres de jury VAE : le cas de l’ISPP à Mont Saint Aignan
Mémoire de Master 2
1.6.2.3. Déroulement des entretiens 47 1.6.3. Méthodologie d’analyse 48
2 - LE CADRE THEORIQUE 50
2.1. UN NOUVEL OBJET D’EVALUATION : LA COMPETENCE 50 2.1.1. Qu’est-ce qu’une compétence collective ? 51 2.1.2. Qu’est-ce qu’une compétence individuelle ? 52 2.1.3. Quelles sont les ressources auxquelles nous faisons appel pour agir avec compétence ? 54 2.1.4. Comment construire la compétence individuelle ? 55 2.1.5. Comment développe-t-on des compétences ? 56 2.1.6. Qu’entend-t-on par individualisation ? 58 2.1.7. L’expérience est-elle formatrice ? 59
2.2. L’EVALUATION DANS LE CHAMP DE LA VAE 60 2.2.1. Evaluer les compétences individuelles 61 2.2.2. Evaluer un candidat dans le champ de la VAE 63 2.2.3. L’évaluation au service de l’éthique 64 2.2.4. La difficulté à évaluer 65
2.3. LE CONCEPT DE PROFESSIONNALISATION 66 2.3.1. La professionnalisation : définition 66 2.3.2. La contribution de la formation à des processus de professionnalisation 68 2.3.3. Lien avec la dynamique identitaire 69
2.4. LE CONCEPT D’IDENTITE SOCIALE ET PROFESSIONNELLE 69 2.4.1. Approche générale 69 2.4.2. Transformation identitaire et évolution des compétences 70
3 - L’ANALYSE DES RESULTATS DE L’ENQUETE 73
3.1. RETOUR SUR LES OBJECTIFS DE LA RECHERCHE 73 3.2. RAPPEL DES DIFFERENTES HYPOTHESES 73 3.3. CHOIX D’UNE METHODE DE TRAITEMENT DES RESULTATS 74 3.4. PHASE D’ANALYSE DES RESULTATS 74 3.4.1. Pour l’hypothèse 1 75 3.4.1.1. La connaissance du dispositif 75 3.4.1.2. L’utilisation des outils 77 3.4.1.3. La préparation et l’organisation de travail en amont 78
3.4.2. Pour l’hypothèse 2 81 3.4.2.1. La posture professionnelle 81 3.4.2.2. Les pratiques d’évaluation 83 3.4.2.3. Les qualités requises pour évaluer la compétence 85 3.4.2.4. La reconnaissance de cette activité 86
3.4.3. Une logique de la professionnalisation : l’exemple du tutorat 89 3.4.4. Résultats 93 3.4.4.1. Les éclairages 93 3.4.4.2. Que faut-il professionnaliser ? 96 3.4.4.3. Intérêts et difficultés rencontrés lors de l’étude 97 3.4.4.4. Limites du dispositif 98
4 - APPLICATION TERRAIN 100
4.1. LISTE DES PRECONISATIONS 100 4.2. CHOIX ET CONCEPTION D’UN OUTIL 103 4.3. MODALITE DE DEPLOIEMENT 104 4.4. PROLONGEMENTS ENVISAGEABLES DE CETTE ETUDE 104
CONCLUSION 106
GLOSSAIRE 107
BIBLIOGRAPHIE 109
TABLE DES MATIERES 112