Sankofa Carrefour Canadien international
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Tako Sylla accumulait les petits bou-
lots à Sirakoro Méguétana, au Mali,
sans même réussir à gagner suff-
isamment pour subvenir aux besoins de
base de ses enfants, comme la nourriture,
l’eau potable, les soins médicaux et
l’éducation.
À quelque 20 kilomètres de là, dans la
capitale du pays, Bamako, Fatoumata Diallo
avait un revenu dérisoire. Elle a dû aban-
donner son métier de teinture batik, parce
qu’elle n’avait plus les moyens d’acheter les
matériaux nécessaires et ne trouvait plus de
marchés pour ses produits.
C’était le début de l’histoire.
Aujourd’hui, ces deux femmes, avec
l’appui du partenaire de Carrefour,
l’Association jeunesse action Mali (AJA), ont
une petite entreprise florissante. Le pro-
gramme de l’Association a aidé Tako Sylla
et Fatoumata Diallo à apprendre les rudi-
ments de la gestion d’une petite entreprise,
grâce à des activités comme la recherche
de marchés locaux, l’élaboration d’un plan
d’affaires, le financement et l’achat de maté-
riel et l’apprentissage d’un métier spécialisé.
Les résultats sont impressionnants.
Tako Sylla a créé Tako Sylla Sarl, un
service de transformation d’aliments qui
produit, entre autres, des mangues séchées
biologiques, une céréale de millet précuite
appelée fonio, des tomates séchées et du
gingembre en poudre. Grâce à l’appui con-
stant que lui offre l’Association, l’entreprise
2 3 4En lice pour les élections: des femmes au Ghana prennent part au scrutin
Une nouvelle génération de leaders des droits des femmes au Sénégal
Qu’offrira Lawrence Hill cette année?C
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Œuvrer au renforcement du leadership
Femmes et jeunes filles prennent part à la vie publique
L’esprit entrepreneurial: des Maliennes font prospérer leur entreprise et la communautépar Idrissa Kone: Bamako, Mali
49, rue Bathurst, bureau 201Toronto (Ontario) M5V 2P2 Canada
stant que lui offre l’Association, l’entreprise
L’entrepreneure Tako Sylla a utilisé un capital de départ pour
créer une usine de transformation alimentaire au Mali.
suite page 2 >
Le conseil d’administration et le personnel de Carrefour canadien international ont été attristés d’apprendre le décès de John T. MacFarlane, survenu le 14 août. John a enseigné la physique pendant près de 30 ans à l’Université Mount Allison. Il était un professeur fort apprécié ainsi qu’un chercheur et un universitaire respecté. Il a enseigné outre-mer, en Éthiopie, au Ghana et au Rwanda, et il était reconnu pour son immense contribution au développement de l’éducation en Afrique. Pendant plus de 30 ans, John a également œuvré sans relâche comme bénévole au sein de Carrefour. De 1970 à 1990, il a accompli plusieurs mandats au sein du conseil d’administration, en a assumé la présidence et a siégé au sein de nombreux comités. Son
leadership et sa sagesse ont largement contribué à renforcer l’organisation. Sa famille a voulu perpétuer son appui à Carrefour en demandant que les dons consentis à sa mémoire soient versés à Carrefour. Au nom de la famille de Carrefour, nous offrons nos condoléances à la famille et aux amis de John MacFarlane et nous remercions sincèrement toutes les personnes qui ont fait un don à la mémoire de l’engagement indéfectible de John envers un monde plus juste et équitable. 2
En souvenir de John MacFarlane, bénévole de longue date de CCI
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« [John MacFarlane] a enseigné outre-mer,
en Éthiopie, au Ghana et au Rwanda, et il
était reconnu pour son immense contribution
au développement de l’éducation en Afrique. »
suite de la page 1 >
Et elle a réussi. Cet automne, cinq femmes de sa communauté sont candidates aux
élections de l’assemblée de district du Ghana, m’a-t-elle annoncé avec un large sourire.
« Ce programme a apporté de nombreux changements dans ma vie », dit-elle du
programme de leadership We Know Politics, mis sur pied par Women in Law and Development
in Africa-Ghana (WiLDAF), une des organisations partenaires de Carrefour dans le pays, et trois
autres groupes locaux.
Quand j’ai rencontré Madame Asamoah, elle faisait une allocution dans le cadre du lance-
ment de We Know Politics II, le deuxième volet de la campagne de WiLDAF visant à accroître le
nombre de femmes en politique. Ma participation à ces ateliers, en compagnie de chefs de
file de la communauté comme Rebecca Asamoah, a été l’un des points culminants de
mon stage de cinq mois auprès de WiLDAF. Alors que mon mandat consistait principale-
ment à créer des ressources juridiques en ligne pour favoriser l’accès des femmes à
des services juridiques et combattre la violence faite aux femmes, l’opportunité de
participer à cette campagne communautaire est venue enrichir cette expérience.
L’atelier We Know Politics II auquel j’ai assisté dans la ville d’Axim a réuni
pendant une semaine de nombreuses participantes dynamiques. Parmi les
participantes, âgées de 20 à 70 ans, on comptait des membres de
l’assemblée de district, une reine mère, des représentantes d’un syndi-
cat étudiant, et des femmes aux prises avec des difficultés physiques.
Des ateliers comme celui-là ont lieu dans 24 districts d’un bout
à l’autre du pays, dans le but d’accroître considérablement le
nombre de femmes candidates aux élections locales et parle-
mentaires.
Le besoin est criant : les Ghanéennes ne représentent
que 8,3 pour cent des parlementaires et 9,4 pour cent des
membres de l’assemblée de district. Le programme We
Know Politics vise à améliorer ces statistiques déplor-
ables, en convainquant les chefs de file des collectivités
que les femmes peuvent et doivent se joindre aux
décideurs publics. Il vise aussi à les outiller, afin
qu’elles diffusent le message dans leur collectivité.
Ces ateliers ne peuvent à eux seuls infléchir
les résultats des élections, mais le programme a déjà eu des
retombées inattendues. Par exemple, en 2008, le nouveau gouvernement
a nommé Joyce Bamford-Addo en tant que première présidente du
Parlement. « Quand la nouvelle controversée a commencé à se propag-
er dans les médias, le gouvernement, qui avait été impressionné par
nombre de femmes en politique. Ma participation à ces ateliers, en compagnie de chefs de
file de la communauté comme Rebecca Asamoah, a été l’un des points culminants de
mon stage de cinq mois auprès de WiLDAF. Alors que mon mandat consistait principale-
ment à créer des ressources juridiques en ligne pour favoriser l’accès des femmes à
des services juridiques et combattre la violence faite aux femmes, l’opportunité de
participer à cette campagne communautaire est venue enrichir cette expérience.
auquel j’ai assisté dans la ville d’Axim a réuni
pendant une semaine de nombreuses participantes dynamiques. Parmi les
ans, on comptait des membres de
l’assemblée de district, une reine mère, des représentantes d’un syndi-
cat étudiant, et des femmes aux prises avec des difficultés physiques.
l’appui de WiLDAF aux candidates durant la cam-
pagne électorale, s’est tourné vers l’organisation
pour qu’elle défende la nomination », raconte
Frank Bodza, agent de programme de WiLDAF.
Il ajoute qu’il affiche un optimisme prudent par
rapport aux élections locales imminentes. « On
ne sait pas encore exactement combien de
femmes «trouveront le courage» de se porter
candidates », dit-il.
Pour ma part, l’un des moments les plus marquants de l’atelier tenu à
Axim est celui où on demandait aux participantes de cerner les stéréotypes ambiants liés au
sexe et au genre en récitant des proverbes locaux ayant trait aux femmes et aux hommes.
Parmi les dictons les plus mémorables, on retrouve : « L’homme stupide est plus intelligent que
la femme la plus intelligente », « Si une femme achète un fusil, c’est l’homme qui le gardera dans
sa chambre », « Instruire un homme, c’est instruire un individu; mais instruire une femme, c’est
instruire une nation. »
Le dernier proverbe fait écho à une valeur fondamentale du programme We Know Politics.
En effet, la meilleure façon de convaincre une nation de l’absolue nécessité d’accroître la voix
des femmes dans les sphères du pouvoir ne se situe pas au niveau des ONG ou des
parlementaires dans la capitale. Elle consiste plutôt à transmettre le message aux chefs
de file des collectivités qui, à leur tour, le diffusent auprès de leurs voisins et amis.
L’une des choses que j’admire le plus à Carrefour, et l’une des raisons pour
lesquelles j’ai choisi de travailler outre-mer en tant que Carrefouriste, c’est que
l’organisation partage cette philosophie. En témoigne, notamment, son approche
du développement qui part largement de la base, et la conviction simple – et
puissante –, que ses partenaires internationaux sont les mieux placés pour
déterminer les besoins de leurs collectivités.
Ce dernier proverbe m’a toutefois perturbé un peu. Après tout, le but
n’était pas de former seulement les femmes ; WiLDAF travaille à
former tous les participants, hommes et femmes confondus. Bien que
ce proverbe, comme la plupart des proverbes je suppose,
contienne une large part de vérité, il simplifie les choses à outrance.
WiLDAF s’attache à ce que plus de Ghanéennes et de Ghanéens
fassent ce que Rebecca Asamoah a fait : convaincre un nombre accru
de femmes de se lancer en politique. Je crois sincèrement que notre
travail dans la ville d’Axim peut avoir contribué à créer d’autres
Rebecca Asamoah ou, peut-être, des Richard Asamoah. Cette seule
pensée est extrêmement valorisante.
Le partenariat entre Carrefour et WiLDAF se concentre à accroître l’accès
des femmes et des jeunes filles à la justice, par la promotion et le suivi de
l’application de la Loi sur la violence domestique récemment adoptée au
Ghana. Accroître la participation des femmes dans les prises de décisions
politiques est cruciale afin que la violence et la discrimination systématique
soient abordées comme des problèmes d’égalité, des problèmes liés aux
droits des femmes et des jeunes filles.
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peut offrir des salaires décents à ses employés, en obtenant un prix juste pour ses
produits sur le marché.
« Je contribue beaucoup plus qu’avant aux activités et aux décisions dans ma
communauté », déclare Tako Sylla. « Je voudrais arriver à encourager plus de femmes
à devenir entrepreneures avec l’appui de l’AJA. »
Fatoumata Diallo, de concert avec plusieurs de ses consœurs du programme
d’entrepreneuriat a fondé Ben Kunda, le premier service de blanchisserie et de nettoy-
age à sec dirigé par des femmes au Mali. Elle continue d’en être la directrice.
« Grâce aux coopératives, les femmes ont la possibilité de participer davantage à
la gestion de leur communauté », affirme Fatoumata Diallo. « Les femmes se sentent
plus responsables quand elles font partie d’une coopérative et elles prennent part aux
décisions. »
Par l’intermédiaire de l’AJA, Carrefour aide des hommes et des femmes à faire
prospérer de jeunes entreprises. En appuyant des femmes comme Tako Sylla et
Fatoumata Diallo, Carrefour donne à des individus et à des collectivités les outils néces-
saires pour développer de robustes économies locales. Ce type de programmes permet
à Tako Sylla et Fatoumata Diallo de subvenir aux besoins fondamentaux de leur famille
avec dignité, grâce à un emploi satisfaisant et un salaire décent.
Idrissa est responsable de l’accès à l’information pour l’Association jeunesse action Mali.
« Cet automne, cinq femmesde sa communauté sont
candidates aux élections del’assemblée de district du
Ghana, [Rebecca Asamoah] aannoncé avec un large sourire. ‹ Ce programme a apporté de
nombreux changements dans ma vie. › »
Rebecca Asamoah, représentante de la communauté et participante à l’atelier pour Women in Law and Development
Africa-Ghana
l’appui de WiLDAF aux candidates durant la cam-
pagne électorale, s’est tourné vers l’organisation
pour qu’elle défende la nomination », raconte
Pour ma part, l’un des moments les plus marquants de l’atelier tenu à
Participants à l’atelier sur le leadership au Ghana, automne 2010.
« Je contribue beaucoup plus qu’avant aux activités et aux
décisions dans ma communauté. Je voudrais arriver à
encourager plus de femmes à devenir entrepreneures. »
Tako Sylla, entrepreneure, Association jeunesse action Mali
Il y a deux ans, Rebecca Asamoah a pris une décision cruciale qui a changé la vie d’une foule de personnes dans son village. Après avoir
participé à un atelier sur l’importance d’inciter plus de Ghanéennes à se lancer en politique, elle s’est attelée à la tâche. Rebecca Asamoah a entrepris d’encourager les femmes de son village à se porter candidates.
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pendant une semaine de nombreuses participantes dynamiques. Parmi les
participantes, âgées de 20 à 70
l’assemblée de district, une reine mère, des représentantes d’un syndi
cat étudiant, et des femmes aux prises avec des difficultés physiques.
Des ateliers comme celui-là ont lieu dans 24
à l’autre du pays, dans le but d’accroître considérablement le
nombre de femmes candidates aux élections locales et parle
mentaires.
Le besoin est criant
que 8,3 pour cent des parlementaires et 9,4 pour cent des
membres de l’assemblée de district. Le programme
Know Politics
ables, en convainquant les chefs de file des collectivités
que les femmes peuvent et doivent se joindre aux
les résultats des élections, mais le programme a déjà eu des
retombées inattendues. Par exemple, en 2008, le nouveau gouvernement
a nommé Joyce Bamford-Addo en tant que première présidente du
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En LIcE pouR LEs éLEcTIons: des femmes au Ghana prennent part au scrutinpar Matthew Watson: Accra, Ghana
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« Je travaille dans le secteur de la bienfaisance au Canada depuis plus de 20 ans et j’ai vu Carrefour canadien international se transformer et évoluer au fil du temps. L’organisation est dynamique et sait s’adapter, tout en fournissant aux gens et aux communautés les ressources et les compétences nécessaires pour apporter des changements déterminants et positifs dans leur vie.
J’admire le travail que fait Carrefour pour amen-
DonATEuRs MEnsuELs : AppuIs LoYAuX ET EnGAGEMEnT VITAL
suzAnnE GIbson (donatrice mensuelle depuis 2004)
!
mot de la directrice généraleKaren Takacs
DONS MENSUELS : CHAQUE DOLLAR COMPTE
L’ importance de nos fidèles donateurs mensuels est
incommensurable! Les revenus assurés qu’ils
mettent à notre disposition nous permettent de planifier
notre travail avec plus d’efficacité et d’en accroître
l’impact. Le don mensuel est une façon de donner des
plus bénéfiques et respectueuses de l’environnement,
assortie de la souplesse d’annuler un don en tout temps
ou d’en modifier le montant. Un don de 20 $ par mois,
soit moins de 1 $ par jour, peut aider une femme à
acquérir l’autonomie financière. Au fil du temps, ces
dons constituent une contribution importante et vitale.
À œuvrer au renforcement du leadership, les Carrefouristes posent les jalons d’un monde plus juste et équitable
Dans son allocution à l’occasion de la cérémonie de remise des diplômes à l’Université de Toronto
cette année, Lawrence Hill, patron d’honneur de Carrefour, a dit : « Certaines des expériences les plus riches de ma vie sont de modestes actes de volon-tariat – trois mandats avec Carrefour canadien inter-national – au Niger, au Cameroun et au Mali – et, plus récemment, une rencontre avec des prisonniers pour parler de livres, de littérature, et du plaisir de lire et d’écrire. »
Lawrence Hill ne fait pas cavalier seul. Au sein de la population canadienne, 46 % des personnes âgées de plus de 15 ans font du bénévolat et y con-sacrent au total 2,1 milliards d’heures chaque année, selon l’Enquête canadienne sur le don, le bénévolat et la participation de 2007. Chez Carrefour, nous connaissons pertinemment bien la valeur du volon-tariat. Chaque jour, nous constatons les compé-tences et la passion que des Canadiennes et des Canadiens mettent à contribution dans le cadre de leurs mandats en Afrique de l’Ouest, en Afrique australe et en Bolivie. Nos volontaires relaient les leçons extraordinaires qu’ils apprennent de nos partenaires outre-mer, ainsi que leurs perspectives et valeurs transformées par le travail en étroite collabo-ration avec des gens qui ont moins de ressources et qui se heurtent à de plus grands obstacles qu’eux.
En offrant leur temps et leur expérience, ils renforcent les capacités et l’empathie. Leurs inves-tissements, aussi petits soient-ils, donnent des résul-tats à long terme. Qui plus est, nos volontaires du Canada, de l’Afrique et de la Bolivie œuvrent à ren-forcer le leadership d’autres personnes, afin que notre vision d’un monde équitable et durable puisse prendre corps.
Dans le présent numéro, nous célébrons la façon dont le programme de Carrefour cultive le leadership chez les volontaires, les partenaires et les personnes qu’ils desservent. Des Ghanéennes qui se portent courageusement candidates aux élections à de jeunes femmes entrepreneures au Mali, en pas-sant par un auteur canadien qui rapporte au pays des histoires d’espoir, Carrefour investit dans les chefs de file de demain.
À l’occasion de la Journée internationale des volontaires qui approche à grands pas, le 5 décem-bre, nous dédions ce numéro de Sankofa à nos volontaires et à nos partenaires dont le leadership est l’assise de notre travail depuis plus de 50 ans.
bonne Journée internationale des volontaires à tous!
Les meilleurs projets naissent souvent d’une rencontre. Pour les jeunes filles de l’Association des femmes de la Médina (AFEME), au Sénégal, cette rencontre
a eu lieu à l’été 2010 lorsqu’une équipe de Carrefouristes Québec sans frontières est venue les aider à concrétiser leur désir de leadership et de participation citoy-enne. Depuis ce « déclic », des dizaines de jeunes filles ont rejoint le mouvement.
À sa création en 1993, l’Association était surtout le projet de mères et de sœurs qui bien décidées à faire respecter leur droits, ont demandé à prendre une part active dans les prises de décisions et le développement de ce quartier qu’elles aiment tant.
Maymouna Diop, enseignante d’histoire et de géographie dans un collège de Dakar, a rejoint l’AFEME en 2004 après s’être laissé convaincre par sa petite soeur. « J’ai pris le relais. J’avais envie de me rendre utile et de partager mon savoir avec les autres femmes qui en ont besoin », assure- t-elle.
Après plusieurs années d’activité dans la promotion économique et sociale des femmes, l’Association a peu à peu réalisé le rôle crucial que les jeunes filles peuvent jouer dans le mouvement féministe.
« On s’est dit : pourquoi ne pas prendre nos filles, nos nièces? Pourquoi ne pas les associer? On ne va pas rester les mamans seulement dans l’association et laisser nos jeunes filles en rade », se souvient Madame Diop, responsable du programme jeunes filles depuis sa création en 2007.
Il faudra attendre trois ans et l’arrivée de l’équipe de Carrefouristes QSF pour voir le programme véritablement se mettre en activité. Et les projets ont commencé à affluer : sensibilisation dans les écoles, causeries, rencontres avec des femmes influentes de la scène poli-tique et sociale, formations à la prise de parole en public et au leadership, etc.
« Notre arrivée a surtout permis d’apporter un vent de nouveauté et une meilleure visibilité pour l’Association », explique Shirley Richard, responsable de l’équipe de Carrefouristes. « Les ateliers ont été le moyen d’apprendre à mieux connaître les filles, d’écouter leur attentes pour ensuite proposer des activités. »
Un avis partagé par les jeunes filles de l’AFEME pour qui l’arrivée des volontaires de Carrefour a été un véritable déclic. « Nous sommes passées de 17 à une centaine de jeune filles. Chaque jour, des filles viennent adhérer à l’association », se réjouit Rokhaya Ndoye, une étudiante de 21 ans qui assure la présidence de la cellule jeunes filles.
Comme l’explique la responsable du pro-gramme, il est essentiel d’impliquer directement les
jeunes filles dans la vie du quartier, dans son développement et d’en faire des actrices responsables dès le plus jeune âge. C’est pourquoi, les activités de par-ticipation citoyenne et de discussion s’adressent aux filles de 14 à 25 ans.
« Les filles ont des droits et il est important de les faire connaître parce qu’il y a beaucoup d’ignorance », insiste Madame Diop. Et d’ajouter : « On veut qu’elles aient plus confiance en elles, qu’elles puissent prendre des décisions pour elles-mêmes, (…) et prendre les places qui leur reviennent de droit ».
Premières victimes de la violence et de la pauvreté, les jeunes filles de la Médina se retrouvent bien souvent seules avec leur problèmes et réduites au silence en raison de la pression sociale et des mentalités. « On leur demande rarement leur opinion. Elles n’ont donc pas l’habitude de parler de leurs problèmes », explique Shirley Richard. « Les activités leur permettent de se faire entendre et d’agir pour la communauté ».
Rokhaya Ndoye et ses amies de l’AFEME comprennent mieux que quiconque l’importance du leadership chez les filles de leur âge.
Non seulement pour elles-mêmes, mais pour l’ensemble de la com-munauté. « On veut un meilleur développement de notre quartier et venir en aide aux enfants en difficulté », dit-elle. « Les filles chez nous rencontrent beaucoup de problèmes. On doit [leur] appren-dre à connaître leurs droits et leurs devoirs. »
Les deux représentantes de l’Association sont venues au Canada à l’automne pour rencontrer les équipes de Carrefour et
de la Table des groupes de femmes de Montréal (TGFM), un partenaire canadien actif dans l’implication citoyenne et poli-
tique des jeunes femmes. Lors de leur séjour, Maymouna Diop et Rokhaya Ndoye ont notam-ment eu la chance de rencontrer de nombreux autres groupes communautaires, de s’inspirer de leurs activités d’engagement et de participer à la Marche mondiale des femmes.
Pour la présidente de la cellule jeunes filles, l’avenir est porteur de promesse et d’ambition. « Je veux devenir une grande femme d’affaire. Je veux devenir quelqu’un d’important (…) pour aider les enfants de la rue et retaper les quartiers de Dakar », conclut Rokhaya Ndoye.
Des carrefouristes et l’AFEME inspirent une nouvelle génération de militantes des droits des femmes
Rokhaya Ndoye et ses amies de l’AFEME comprennent mieux que quiconque l’importance du leadership chez les filles de leur âge.
Non seulement pour elles-mêmes, mais pour l’ensemble de la communauté. «et venir en aide aux enfants en difficulténous rencontrent beaucoup de problèmes. On doit [leur] apprendre à connaître leurs droits et leurs devoirs.
Canada à l’automne pour rencontrer les équipes de Carrefour et
ne pas les associer? On ne va pas rester les mamans seulement dans l’association », se souvient Madame Diop, responsable du
Il faudra attendre trois ans et l’arrivée de l’équipe de Carrefouristes QSF pour voir le programme véritablement se mettre en activité. Et
: sensibilisation dans les écoles, causeries, rencontres avec des femmes influentes de la scène politique et sociale, formations à la prise de parole en public et au
« Notre arrivée a surtout permis d’apporter un vent de nouveauté et une meilleure visibilité pour l’Association »,
faire entendre et d’agir pour la communauté ». Rokhaya Ndoye et ses amies de l’AFEME comprennent mieux », se souvient Madame Diop, responsable du
Il faudra attendre trois ans et l’arrivée de l’équipe de Carrefouristes QSF pour voir le programme véritablement se mettre en activité. Et
: sensibilisation dans les écoles, causeries, rencontres avec des femmes influentes de la scène poli-tique et sociale, formations à la prise de parole en public et au
Rokhaya Ndoye et ses amies de l’AFEME comprennent mieux que quiconque l’importance du leadership chez les filles de leur âge.
Non seulement pour elles-mêmes, mais pour l’ensemble de la communauté. «et venir en aide aux enfants en difficulténous rencontrent beaucoup de problèmes. On doit [leur] apprendre à connaître leurs droits et leurs devoirs.
Canada à l’automne pour rencontrer les équipes de Carrefour et
«On veut qu’elles aient plus
confiance en elles, qu’elles
puissent prendre des décisions
pour elles-mêmes, (…) et
prendre les places qui leur
reviennent de droit » Maymouna Diop, responsable du
programme jeunes filles à l’AFEME.
« Que l’on consacre deux années de sa vie à faire du volontariat dans un autre pays, deux jours à aider dans sa ville, ou deux heures à rendre service à un voisin, tous les moyens sont bons pour donner aux autres et s’enrichir par la même occasion. Paradoxalement, dans le monde du volontariat, on reçoit au bout du compte tout autant qu’on donne. »
- Lawrence Hill, écrivain, Niger 1979; Cameroun 1981; Mali 1989
par Nicolas Gersdorff
er les Canadiens à agir en citoyens du monde aptes à trouver de meilleures solutions aux enjeux complexes tant outre-mer qu’ici au Canada. Je me suis jointe au conseil d’administration de Carrefour en tant qu’administratrice bénévole, parce le travail de l’organisation m’inspirait grandement. Ce fut une expérience extrêmement enrichissante!
Le modèle de changement mis de l’avant par Carrefour est remarquable. Il consiste à créer des syner-gies entre les cultures et les communautés, grâce à l’échange de personnes, d’idées, de ressources et de solutions. C’est une action dynamique qui amène les gens à travailler ensemble pour cerner des façons nouvelles et originales de renforcer les collectivités.
Qu’il s’agisse de réduire la violence faite aux femmes ou de renforcer l’autonomie financière des gens, je l’ai constaté sur le terrain, Carrefour fait toute une différence!
Je sais que mon don mensuel contribue à créer un changement durable et c’est très gratifiant! »
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ccI reçoit l’aide de l’Agence canadienne du développement international (ACDI), du Ministère des Relations internationales du Gouvernement du Québec, de bailleurs de fonds gouver-nementaux et non gouvernementaux et de donateurs et donatrices de par le monde. sankofa est publié deux fois l’an pour les anciens et anciennes, et les amis et amies de Carrefour canadien international. Envoyez-nous vos commentaires, vos idées ou une lettre. Directrice générale : Karen Takacs • Directrice des relations extérieures : Christine Campbell • coordination et rédaction : Candice O’Grady
• services linguistiques et rédaction : Nicolas Gersdorff • contributions : Matt Watson, Idrissa Kone • photos : courtoisie de ABANTU for Development (couverture), courtoisie de Association jeunesse action Mali (médaillon de couverture, 2), courtoisie de WiLDAF (2), courtoisie de Elisabeth Nicol (2), Nicolas Gersdorff (3), courtoisie de Suzanne Gibson. • Direction artistique : Wioletta Wesolowski, Visual Concepts • bureau de Toronto de Carrefour canadien international : 49, rue Bathurst, bureau 201, Toronto, ON M5V 2P2 ; tél. : 416.967.1611 ; 877.967.1611 ; téléc. : 416.967.9078 ; courriel : [email protected] • bureau de Montréal : 3000, rue Omer-Lavallée, Suite 126, Montréal, H1V 3R8 ; tél. : 514. 528.5363 ; courriel : [email protected]
reçoit l’aide de l’Agence canadienne du développement
« Je suis une main de fer dans un gant de velours,
quand vient le temps de planifier des événements, lance joyeusement Patsy
George en faisant allusion à l’événement de financement Banking on Women
qu’elle a organisée pour Carrefour en collaboration avec un comité de bénévoles
dévoués à Vancouver. C’est le legs d’années passées à gérer des budgets dans
la fonction publique. »
« Gant de velours », peut-être, mais « main de fer »? L’expression paraît
plutôt incongrue pour qualifier cette femme de 1 m 57, à la longue chevelure
désormais striée de gris et enroulée dans son éternel chignon, qui m’accueille
avec tant de chaleur que j’ai le sentiment d’être la personne la plus importante
à la ronde. Et je constate rapidement que je ne suis pas la seule. À n’en
pas douter, Patsy est une force vive sur laquelle on peut compter, une force
déterminée à travailler pour le bien commun.
L’événement Banking on Women, qui mettait en vedette l’auteur à succès
Lawrence Hill, affichait complet deux semaines avant sa tenue en octobre et a
permis d’amasser plus de 12 000 $ pour le travail de Carrefour auprès des femmes
en Afrique de l’Ouest. Patsy, présidente de l’événement et membre du conseil d’administration
de Carrefour, espère que le succès de cet événement incitera d’autres supporteurs de Carrefour
à faire de même au sein de leur collectivité.
Ceci nous amène à aborder la question du leadership, un sujet que Patsy connaît à fond.
Depuis son émigration de l’Inde vers le Canada il y a 50 ans, elle a mené une remarquable car-
rière en tant que travailleuse sociale et fonctionnaire. Elle a notamment exercé les fonctions de
directrice du multiculturalisme au gouvernement de la Colombie-Britannique. Elle a consacré sa
vie à l’autonomisation des communautés. « J’en retire une joie immense, dit-elle. L’engagement
fait partie intégrante de la citoyenneté… Jouer un rôle actif au sein de la collectivité donne un
sens à la vie. »
En tant que bénévole, elle a œuvré aux côtés des femmes immigrantes, des minorités
visibles et des Premières nations à la défense de leurs droits. C’est une passion qui l’anime
profondément. « Aider les autres, c’est pour moi un devoir sacré, explique Patsy. C’est le défi
qui m’attise… Je reviens à notre vision au sein de Carrefour, Un seul monde… Nous sommes
inextricablement liés les uns aux autres. »
À 70 ans, me dit-elle, le temps qui lui reste est limité. Elle doit canaliser ses efforts. Son
engagement indéfectible en tant que bénévole lui a valu, entre autres reconnaissances, l’Ordre
du Canada. Elle oriente maintenant ses efforts vers l’édification d’une communauté planétaire.
Liste d’achats de
Larry
Mère • Clubs d’au
tonomisation
des filles
Soeur • Femmes entr
epreneures en
Afrique de l’Ouest
Frère • Formation ju
ridique au
Zimbabwe
Nièce • Participation
politique
des femmes au Ghana
Il n’est jamais trop tôt pour commencer ses achats des Fêtes…Découvrez le nouveau catalogue de fabuleux cadeaux éthiques des Fêtes de CCI!
« Les conditions de vie sont si précaires. Comment pourrais-je rester là les bras croisés
et jouir de ma retraite? demande-t-elle. Nous sommes tous interreliés, nous avons une
responsabilité commune les uns envers les autres. »
Non seulement Patsy est-elle membre du conseil d’administration de Carrefour canadien
international, mais elle est aussi directrice et fondatrice de la Stephen Lewis Foundation,
fière membre de la section Grandmother’s for Africa de la fondation, et présidente de la section
de Vancouver de l’Association canadienne pour les Nations unies.
« En tant qu’administratrice, j’ai notamment la responsabilité de recueillir des fonds,
ajoute-t-elle. Je peux le faire de diverses façons. Je peux faire moi-même un don, je peux
ouvrir des portes dans ma communauté et je peux tenir un événement, à la fois pour amasser
quelques dollars, mais aussi pour sensibiliser le public par rapport à l’organisation et aux causes
qu’elle défend. »
Pour Patsy, le leadership, c’est le courage d’agir et de mobiliser les gens.
« Trouvez une cause qui vous tient à cœur et parlez-en à une ou deux personnes autour
de vous – membres de votre famille ou collègues – et voyez ce que vous pouvez faire ensemble. »
En émergera, comme Patsy l’a démontré grâce à son propre leadership, une communauté de
citoyens intéressés et engagés, à l’aise de bousculer le statu quo.
Qu’offre Lawrence Hill aux Fêtes cette année?
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cette année, aux Fêtes, offrez aux vôtres un « cadeau qui redonne ». Prêts à des micro-entreprises pour les femmes de Bolivie, clubs d’autonomisation des filles au Swaziland et au
Zimbabwe, formation de parajuristes bénévoles au Ghana – autant de cadeaux qui appuieront des programmes novateurs à l’intention des femmes et des filles!
Si vous vous demandez quoi offrir à un être cher, si vous voulez offrir un cadeau éthique qui change
des vies, songez à appuyer Carrefour, nos partenaires et les nombreuses femmes et filles qui bénéficieront
de votre générosité.
Pour tous les cadeaux que vous offrirez, en votre nom ou en celui de quelqu’un d’autre, vous recevr-
ez un reçu à des fins fiscales. Si vous achetez un cadeau au nom d’une autre personne, celle-ci recevra
une carte personnalisée à l’effigie du don que vous avez fait en son honneur.
En offrant un tel cadeau durant les Fêtes, vos amis, votre famille et vous-même aiderez à créer un
monde plus équitable et durable.
Découvrez notre catalogue de cadeaux uniques en ligne à www.cciorg.ca ou communiquez directement avec shobi sivaraj au 1-877-967-1611 poste 288.
« Il n’y a pas de meilleur sentiment que celui de faire un cadeau qui compte vraiment. Cette année, j’offrirai à mes amis et ma famille un ‹ cadeau qui redonne › de Carrefour canadien international. Il n’y a pas de meilleure façon de rendre le temps des Fêtes plus significatif. S’il vous plaît, faites comme moi. Aidez à répandre ce sentiment en apportant de l’espoir et des opportunités pour les femmes et les filles vivant dans les pays pauvres à travers le monde! »
Lawrence Hill, Patron d’honneur de Carrefour canadien international (Niger 1979, Cameroun 1981, Mali 1989) et auteur primé de The Book of Negroes.
LE LEADERshIp IncARné
portrait de Patsy George, bénévole de Carrefour
par Christine Campbell
Agence �canadienne de �développement �international
Canadian �International �Development �Agency
Programme/projet/activité réalisé avec líappui financier du gouvernement du Canada agissant par líentremise de l’Agence canadienne de développement international (ACDI)
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