Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?
Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 1
Quelle place pour
les bacheliers technologiques en IUT ?
Ces dernières années, de nombreuses critiques ont été formulées à l’encontre des IUT quant au
désintérêt qu’ils semblaient manifester à l’égard des bacheliers technologiques. Certaines de ces
critiques ont même évoqué « des IUT qui trahiraient leur mission initiale ». Plusieurs voix se sont élevées
pour suggérer la mise en place de systèmes de quotas, seules mesures efficaces, d’après celles-ci pour
obliger les IUT à accueillir davantage de bacheliers technologiques. L’enjeu constitué par l’accueil des
bacheliers technologiques dans l’enseignement supérieur, mais également la complexité d’un tel sujet
méritent que l’on tente de dresser un état le plus objectif possible de la situation. A partir de cet état des
lieux, un premier constat sera réalisé, lequel visera à identifier les spécificités des bacheliers
technologiques et les éventuels freins à leur accès en IUT. Des préconisations pourront découler de cet
examen détaillé.
1. Eléments de cadrage
1.1. Le baccalauréat : un diplôme qui s’est progressivement démocratisé
Le baccalauréat a été créé par le décret organique du 17 mars 1808. Ce diplôme, présente la double
particularité de sanctionner la fin des études secondaires et d'ouvrir l'accès à l'enseignement supérieur.
Une première diversification a été opérée en 1965 par le Décret n°65-438 qui évoque dans son article 34,
reproduit ci-dessous, l’émergence d’un baccalauréat de technicien.
Création du baccalauréat de technicien
Source : Journal Officiel de la République française du 12 juin 1965, 4882
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Cette diversification a été renforcée par la loi n°85-1371 du 23 décembre 1985 de programme sur
l'enseignement technologique et professionnel. L’article 7 de cette loi précise que « les enseignements
professionnels du second degré sont sanctionnés par la délivrance d'un certificat d'aptitude
professionnelle, d'un brevet d'études professionnelles ou d'un baccalauréat professionnel », tandis que
l’article 8 indique que « les brevets de technicien seront transformés progressivement en baccalauréats
technologiques ou en baccalauréats professionnels ». Ce changement d’appellation marque « l’abandon
de la référence à une fonction professionnelle en insistant sur la finalité dominante du baccalauréat de
technicien, à savoir l’accès au BTS et DUT »1. Ces évolutions sont dictées par l’objectif consistant à
conduire 80% d'une classe d'âge au niveau du baccalauréat d’ici l'an 2000.
Le baccalauréat va ainsi progressivement se démocratiser. Quelques dates permettent de mesurer cette
évolution. En 1880, à peine 1% d’une classe d’âge obtient le baccalauréat. De 1930 à 1948, le nombre de
candidats reçus à l'examen double, passant de 15 000 à 30 0002. En 1969, plus de 137 000 élèves
décrochent le baccalauréat. En 1987, date de délivrance des premiers baccalauréats professionnels, plus
de 278 000 élèves sont reçus. La barre des 500 000 lauréats est franchie en 2006.
Evolution du nombre de bacheliers entre 1960 et 2010
Source : Ministère de l’Education Nationale
Cette progression significative a été notamment favorisée par une diversification du diplôme. Le
diagramme qui suit souligne l’évolution de la part des différentes familles de baccalauréats.
1 Bouyx Benoît, « L’enseignement technologique et professionnel, Paris, La Documentation Française, 1997.
2 Ministère de l’Education Nationale, « Le baccalauréat : repères historiques », 2007
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Baccalauréat général Baccalauréat technologique Baccalauréat professionnel
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En 1987, date de sortie des premiers bacheliers professionnels, la proportion de bacheliers
technologiques représente un tiers de l’ensemble des bacheliers. Cette proportion diminuera par la suite
en se situant sous la barre des 30%. En 2011, pour la première fois depuis sa création, le baccalauréat
professionnel représente plus du quart des lauréats (toutes séries confondues), dépassant le
baccalauréat technologique (22%). La répartition des bacheliers s’est modifiée en faveur des séries
professionnelles au détriment des séries générales (-1,4%) et surtout des séries technologiques (-6,8%).
Poids des différents baccalauréats entre 1960 et 2009
Source : Ministère de l’Education Nationale
La réussite des différentes voies présente néanmoins des différences comme le souligne les derniers
résultats relatifs au baccalauréat 2012. En attente des résultats définitifs qui seront fournis à l’issue des
épreuves exceptionnelles de rattrapage prévues en septembre, le baccalauréat 2012 enregistre un taux
de réussite global de 84,5 %. Si les voies générale et technologique ont enregistré une légère progression
par rapport à 2011, en revanche, la voie professionnelle, récemment réformée enregistre une baisse
supérieure à cinq points.
Résultats du baccalauréat 2012
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Baccalauréat général Baccalauréat technologique Baccalauréat professionnel
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L’examen de la croissance du nombre de bacheliers technologiques fait apparaître une période de
croissance continue, seulement interrompue au cours de l’année 1985. Entre 1990 et 1995, cette
croissance va toutefois progressivement se ralentir avant de connaître une rupture traduite par une
baisse au cours des années 1996 et 1997.
Evolution du nombre de bacheliers technologiques depuis 1969
Source : Ministère de l’Education Nationale
Une nouvelle progression sera enregistrée à partir de 1998, mais l’année 2001 enregistrera une nouvelle
rupture. Malgré de très légères progressions en 2003, 2004 et 2009 le nombre de bacheliers
technologiques se réduit passant sous la barre des 160 000 diplômés annuels. La forte croissance des
années 1985 à 1995 a été marquée par la progression des bacheliers de la série STG. A l’inverse, la série
STI a connu une baisse de 25% de ses effectifs au cours de la dernière décennie, conduisant à une
nouvelle réforme du baccalauréat.
1.2. Un accès croissant à l’enseignement supérieur pour les bacheliers technologiques
A l’origine, le baccalauréat de technicien débouchait majoritairement sur la recherche d’une insertion
professionnelle. Progressivement la propension à poursuivre leurs études des lauréats de baccalauréats
technologiques s’est accentuée. Le début des années 80 a été marqué par une entrée massive des
bacheliers technologiques dans l'enseignement supérieur3. Moins de six diplômés sur dix poursuivaient
3 Lemaire Sylvie, « Les bacheliers technologiques dans l’enseignement supérieur », Bureau des études statistiques
sur l’enseignement supérieur Direction de l’évaluation et de la prospective, Education et Formation, n°67, 17 p.,
2004
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des études après le baccalauréat au début des années 80. Au milieu des années 2000, ils étaient
quasiment huit sur dix à le faire. En 2010, le taux d’inscription des bacheliers technologiques dans
l’enseignement supérieur s’élevait à 77,8%4.
Les bacheliers technologiques qui ont poursuivi leurs études en 2010-2011 étaient 55% à s’inscrire en
STS, 19% à s’inscrire en licence et 12% en IUT. A titre de comparaison, les bacheliers généraux étaient 9%
à poursuivre en STS, 10% en IUT, 56% en licence et 13% en CPGE. C’est en STS production que les
évolutions sont les plus fortes : la part des bacheliers professionnels augmente de 8,2 points, celle des
bacheliers technologiques diminue de 25,3 points entre 2005 et 2011.
1.3. Les éléments apportés à partir de la procédure d’Admission Post Bac
Une étude réalisée par Christian CUESTA5 (ADIUT) en mai 2010 et portant sur la procédure admission
post-bac (APB) 2009 apporte quelques éclairages utiles au sujet des bacheliers technologiques. L’année
2009 est d’autant plus intéressante qu’elle correspond à une généralisation de la procédure APB à
l’ensemble des IUT.
Il ressort de ce bilan que les bacheliers technologiques sont à l’origine de 22% des candidatures. Les IUT
ont classé 48,5% de ces candidatures. Cependant une différence très nette apparaît entre les spécialités
secondaires qui ont classé 64% des candidatures et les spécialités tertiaires qui n’ont classé que 42% de
ces candidatures. 24% des propositions acceptées sont celles de bacheliers technologiques. Cette valeur
est supérieure aux candidatures, mais inférieure aux nouveaux entrants de 2008-2009.
Le poids des bacheliers technologiques dans les candidatures est à la fois lié à la série de baccalauréat,
STI et STL pour les spécialités secondaires et STG pour les spécialités tertiaires, mais aussi aux difficultés
de recrutement auxquelles sont confrontées certaines spécialités comme Génie Industrielle et
Maintenance ou Génie Electrique et Informatique Industrielle pour les spécialités secondaires et Gestion
Logistique et Transport pour les spécialités tertiaires. Il reste que le pourcentage des candidatures de
bacheliers technologiques est très différent d’une spécialité à l’autre. En outre les spécialités qui
recrutent des bacheliers STL ont peu de candidatures du fait du faible nombre de bacheliers dans cette
série. C’est notamment le cas de la spécialité Mesures Physiques confrontée au fait que le baccalauréat
STL, option physique, ne comptait en 2009 que 918 lauréats.
1.4. Les bacheliers technologiques entrant en IUT
En ce qui concerne les IUT, quatre filières de baccalauréats concentrent plus de 90% des entrants : les
bacheliers généraux scientifiques (S), les bacheliers généraux issus des sections économiques (ES), les
bacheliers technologiques issus de la filière des sciences et technologies de la Gestion (STG) et de la
filière des sciences et techniques industrielles (STI). Il est à noter que les bacheliers technologiques STI et
STG ont en majorité obtenu leur baccalauréat avec retard.
4 Repères et références Statistiques sur les enseignements, la formation et la recherche, DEPP, Edition 2011, 424 p.
5 Cuesta C., « Analyse du recrutement 2009-2010 en première année de DUT », Note interne, Mai 2010
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Nouveaux entrants en IUT selon les séries de baccalauréats technologiques
Source : MESR – SIES C1/SP Juillet 2010
Parmi les nouveaux entrants titulaires d’un baccalauréat technologique, 50% sont titulaires d’un
baccalauréat STG et 40% d’un baccalauréat STI. La troisième population la plus représentée concerne les
bacheliers STL, dont le poids reste cependant limité : 8%.
La série de baccalauréat technologique d’origine conditionne le type de spécialités dans laquelle seront
accueillis les nouveaux bacheliers. 78% des nouveaux entrants dans une spécialité secondaire sont
titulaires d’un baccalauréat technologique de la série STI et 17% de la série STL.
Nouveaux entrants en IUT selon la séries de baccalauréats technologiques
et le type de spécialité de DUT
Source : MESR – SIES C1/SP Juillet 2010
85% des entrants dans une spécialité tertiaire sont titulaires d’un baccalauréat STG.
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Si les différences sont très nettes entre les deux grandes familles de spécialités de DUT, il existe
également des écarts notoires au sein de chacune de ces familles.
Si l’on raisonne sur l’ensemble des bacheliers nouvellement accueillis dans les spécialités secondaires, on
observe que les spécialités Génie Electrique et Informatique Industrielle (48,5%) et Génie Industriel et
Maintenance (42,9%) enregistrent en 2009 les taux de bacheliers technologiques les plus importants
parmi les nouveaux entrants. Deux autres spécialités se situent également au-dessus de 33% (Réseaux et
Télécommunications et Qualité Logistique industrielle et Organisation). A l’opposé, pour quatre
spécialités secondaires, le taux de bacheliers technologiques est inférieur à 20% : Génie Biologique
(19,4%), Sciences et Génie des Matériaux (19,3%), Chimie (17,4%) et surtout Mesures Physiques (10,1%).
Si l’on se limite aux nouveaux bacheliers technologiques accueillis en IUT dans les DUT secondaires en
2009, on note que neuf spécialités accueillent plus de 60% de bacheliers STI : Génie Civil, Génie du
Conditionnement et de l’Emballage, Génie Electrique et Informatique Industrielle, Génie Industriel et
Maintenance, Génie Mécanique et Productique, Génie Thermique et Energie, Qualité Logistique
industrielle et Organisation, Réseaux et Télécommunications, Science et Génie des Matériaux.
Répartition des nouveaux entrants en première année de DUT secondaire
selon la spécialité et la série de baccalauréat
Source : SIES, juillet 2010
Deux spécialités enregistrent un taux de bacheliers STL supérieur à 95% (Chimie et Génie Chimique -
Génie des Procédés) et une spécialité enregistre un taux supérieur à 75% (Génie Biologique). Enfin, deux
spécialités se distinguent par un accueil de bacheliers technologiques issus des deux séries STI et STL
(Hygiène Sécurité Environnement et Mesures Physiques).
Pour les spécialités tertiaires, la spécialité Techniques de Commercialisation enregistre le taux le plus
élevé de bacheliers technologiques parmi ses nouveaux entrants (36,3%).
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Répartition des nouveaux entrants en première année de DUT tertiaire
selon la spécialité et la série de baccalauréat
Source : SIES, juillet 2010
Trois autres spécialités enregistrent un taux supérieur à 30% : Carrières Juridiques (35,4%), Gestion
Administrative et COmmerciale (34,3%) et Gestion Logistique et Transport (33,2%). Cette dernière
présente en outre la particularité d’enregistrer un taux de bacheliers professionnels parmi ces nouveaux
entrants proche de 13%. A l’opposé, deux spécialités enregistrent des taux inférieurs à 20% :
Information-Communication (15,3%) et STatistique et Informatique Décisionnelle (7%).
Si l’on se limite aux bacheliers technologiques accueillis en 2009 dans les spécialités tertiaires, on
constate que cinq spécialités enregistrent un taux de bacheliers STG supérieur à 90% : Carrières
Juridiques, Gestion Administrative et COmmerciale, Gestion des Entreprises et des Administrations,
Gestion Logistique et Transport, Information-Communication et Techniques de Commercialisation. Pour
les autres spécialités on ne retrouve pas l’hégémonie de la série STG : Carrières Sociales (51,1%), Services
et Réseaux de Communication (43,6%) et Informatique (20,1%). Le nombre de bacheliers technologiques
inscrits dans la spécialité STatistique et Informatique Décisionnelle est quant à lui extrêmement faible.
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1.5. La réussite des bacheliers technologiques en IUT
A partir des données fournies par la DEPP dans son ouvrage annuel « Repères et références
statistiques », il est possible de reconstituer les taux de réussite en deux et trois ans des étudiants d’IUT
en distinguant leur baccalauréat d’origine.
Réussite en IUT en deux ou trois ans par secteur de formation professionnelle
et par filière de baccalauréat (%)
Source : Repères et références statistiques, DEPP, 2007, 2008, 2009, 2010 et 2011
On observe que sur cinq années d’observation, le taux de réussite cumulé sur trois ans des étudiants
d’IUT, titulaires d’un baccalauréat général, se situe entre 81,5% et 82%, quand celui des titulaires d’un
baccalauréat technologique se situe entre 66,4% et 67,8%.
Si ce taux progresse sur les quatre dernières années d’observation pour les titulaires d’un baccalauréat
technologique, le différentiel reste important avec les titulaires d’un baccalauréat général.
Enfin, si bon an mal an, 10% des étudiants, titulaires d’un baccalauréat général, obtiennent leur DUT en
trois ans, ils sont presque 20% parmi les titulaires d’un baccalauréat technologique.
Etudiants inscrits pour la
première fois en
Baccalauréat
général
Baccalauréat
technologique
2002 Réussite en deux ans 73,3 55,2
Réussite en deux ans 8,6 11,4
Réussite cumulée en trois ans 81,8 66,6
2003 Réussite en deux ans 72,8 54,5
Réussite en deux ans 8,8 11,8
Réussite cumulée en trois ans 81,5 66,4
2004 Réussite en deux ans 74,1 55,4
Réussite en deux ans 7,9 11,5
Réussite cumulée en trois ans 82,0 66,9
2005 Réussite en deux ans 72,7 54,5
Réussite en deux ans 8,8 12,7
Réussite cumulée en trois ans 81,5 67,1
2006 Réussite en deux ans 72,4 54,8
Réussite en deux ans 9,6 12,9
Réussite cumulée en trois ans 82,0 67,8
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1.6. Entrer en DUT… et après ?
Depuis 2003, le réseau des IUT a mis en place, dans le cadre d’une collaboration étroite avec la DGESIP,
une enquête portant sur le devenir des diplômés de DUT. Tous les ans, les diplômés ayant terminé leurs
études de DUT, 30 mois plus tôt, sont enquêtés sur la base d’un questionnaire proposé via internet. Le
taux de retour de ces enquêtes est de l’ordre de 50%. Les réponses fournies par les IUT permettent
d’identifier les principaux parcours privilégiés par les diplômés.
L’Assemblée Générale de l’ADIUT qui s’est déroulée le 25 mai dernier a été l’occasion de présenter les
résultats de la neuvième enquête nationale et de mettre ses résultats en perspective avec les huit
précédentes éditions de l’enquête. Le premier graphique proposé ci-dessous propose une comparaison
des parcours privilégiés par les diplômés de DUT selon leur baccalauréat d’origine.
Trajectoires privilégiées par les diplômés de DUT 2009 selon le baccalauréat d’origine
Source : Neuvième enquête sur le devenir des diplômés de DUT, DGESIP – ADIUT 2012
Les titulaires d’un baccalauréat technologique ont une propension plus importante à s’insérer
immédiatement et durablement, c’est-à-dire sans reprise d’études au cours des trois ans qui suivent
l’obtention de leur DUT (19,1% contre 9,9% pour les titulaires d’un baccalauréat général). Ceux qui
poursuivent leurs études, poursuivent moins longtemps. 26% des diplômés limitent leur poursuite
d’études à une année contre 18,9% des titulaires d’un baccalauréat général. Plus de la moitié de ces
derniers poursuivent leurs études au cours des trois années qui suivent l’obtention de leur DUT contre
un peu plus d’un tiers des titulaires de baccalauréats technologiques.
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Le diagramme suivant permet de mesurer la manière dont les poids des différents parcours ont évolué
depuis la première enquête.
Evolution des trajectoires privilégiées par les diplômés de DUT 2009 selon le baccalauréat d’origine
Source : Enquêtes sur le devenir des diplômés de DUT, DGESIP – ADIUT 2012
Ce diagramme souligne d’abord que la tendance à l’allongement des études touche aussi bien les
bacheliers généraux que les bacheliers technologiques. En neuf ans, la propension à s’insérer
immédiatement et durablement a perdu 16 points pour les bacheliers généraux et 18 points pour les
bacheliers technologiques. Cette évolution a davantage bénéficié aux études courtes, notamment
licences professionnelles pour les bacheliers technologiques (+ 11 points sur neuf ans, contre + 8 points
pour les bacheliers généraux). Elle a en revanche bénéficié davantage aux études longues pour les
bacheliers généraux (+ 8 points en neuf ans contre + 5 points pour les bacheliers technologiques).
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Un autre élément, fourni à partir des résultats de la dernière enquête nationale sur le devenir des
diplômés de DUT, concerne le retard accumulé au moment de l’obtention du baccalauréat par les
différents profils d’étudiants.
Retard au baccalauréat des diplômés de DUT 2009
Source : Neuvième enquête sur le devenir des diplômés de DUT, DGESIP – ADIUT 2012
Le poids des diplômés en retard au baccalauréat apparaît très différent selon le type de baccalauréat
préparé. Ainsi, 27% des titulaires d’un baccalauréat général, parmi les diplômés 2009 enregistraient au
moins une année de retard. Cette proportion dépassait 50% pour les titulaires d’un baccalauréat
technologique et atteignait 99% pour les titulaires d’un baccalauréat professionnel.
Le résultat du retard au baccalauréat professionnel s’explique en raison de la durée de la formation, plus
longue d’un an. Ces diplômés qui n’avaient pas été impactés par la récente réforme des baccalauréats
professionnels, préparaient leur baccalauréat en quatre ans intégrant au passage les examens de CAP et
de BEP. Si l’on prend comme âge de référence pour les bacheliers professionnels « 19 ans » au lieu de
« 18 ans » on constate néanmoins que 60% d’entre eux peuvent être considérés comme « en retard ».
On comprend que le cumul du retard au baccalauréat qui peut également s’accompagner d’une durée de
trois ans pour obtenir le DUT ne favorise pas la poursuite d’études des titulaires de baccalauréats
technologiques.
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Lorsque l’on compare les trajectoires d’études privilégiées par les diplômés de DUT, on note que les
titulaires d’un baccalauréat technologique privilégient largement la licence professionnelle (42%), tandis
que les titulaires d’un baccalauréat général tendent à se répartir équitablement entre licence générale et
licence professionnelle.
Type de poursuite d’études engagées à l’issue du DUT selon le baccalauréat d’origine
Source : Neuvième enquête sur le devenir des diplômés de DUT, DGESIP – ADIUT 2012
Les deux populations ne se distinguent pas véritablement en ce qui concerne la place des études
correspondant souvent à un niveau d’habilitation équivalent ou inférieur au DUT, mais également pour
les autres formations. L’écart est plus net en ce qui concerne la place des écoles d’ingénieur dans les
trajectoires privilégiées et dans une moindre mesure les écoles de commerce ou de gestion.
L’examen du bilan de ces parcours ne présente pas de différences très importantes entre les deux
populations. Les abandons ou échecs sont plus nombreux chez les titulaires de baccalauréats
technologiques, mais l’écart avec les titulaires de baccalauréats généraux reste mesuré.
Bilan des poursuites d’études engagées à l’issue du DUT selon le baccalauréat d’origine
Source : Neuvième enquête sur le devenir des diplômés de DUT, DGESIP – ADIUT 2012
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3. Les principaux constats relatifs aux bacheliers technologiques
Les nombreux éclairages apportés par les informations compilées dans les pages précédentes et les
compléments extraits d’une série d’articles de recherche émanant de différentes disciplines (économie,
sociologie…) permettent, à ce stade de lister une série de constats :
- Deux injonctions ont été particulièrement marquantes au cours des dernières décennies : la
volonté d’amener 80% d’une classe d’âge au baccalauréat qui a accompagné la loi de programme
sur l'enseignement technologique et professionnel du 23 décembre 1985 et le traité de Lisbonne
affichant l’ambition que 50% d’une classe d’âge puisse sortir diplômée de l’enseignement
supérieur.
- L’évolution des bacheliers technologiques a été marquée par une forte croissance de la série
tertiaire STG, entre 1985 et 1995, et une baisse de la série STI au cours des dix dernières années.
- Comme le rappelle le site du Ministère de l’Education Nationale, le baccalauréat technologique
prépare davantage, aujourd'hui, à la poursuite d'études qu'à l'emploi immédiat, signifiant que ce
n’était pas la vocation initiale de ce diplôme. En 2010, le taux d’inscription des bacheliers
technologiques dans l’enseignement supérieur s’élevait à 77,8%.
- La croissance des effectifs de bacheliers technologiques a été davantage absorbée par les
Sections de Techniciens Supérieurs et les premiers cycles universitaires.
- Les refontes régulières des programmes pédagogiques nationaux, bien qu’engagées avec le
soutien des acteurs du monde économique, ont le plus souvent privilégié une entrée académique.
La nouvelle réforme des PPN a été présentée comme devant répondre à la réforme des
baccalauréats (construction par l’amont) et non par de nouveaux besoins exprimés par les
entreprises (construction par l’aval). L’effort entrepris par la CCN et les CPN à l’occasion de cette
réforme, notamment avec l’important travail réalisé sur les activités et compétences souligne
l’importance du chemin qu’il reste à accomplir sur cette question.
- L’édition 2009 de la procédure Admission Post Bac indique que les bacheliers technologiques
sont à l’origine de 22% des candidatures en IUT. Si ces derniers ont classé 48,5% de ces
candidatures, cette proportion est plus forte pour les spécialités secondaires (64%) que pour les
spécialités tertiaires (42%).
- L’analyse menée à partir du dispositif Admission Post Bac indique que certains titulaires de
baccalauréats technologiques placent certaines spécialités de Licence en vœux 1.
- Si les bacheliers technologiques tendent à privilégier une orientation vers des formations courtes
professionnalisantes, la très grande majorité d’entre eux, bons et moins bons élèves, s’inscrivent
en STS, et pour beaucoup, dans le lycée même où ils ont préparé leur baccalauréat. Seuls les
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moins bons de l’enseignement technologique écartés des écoles d’infirmières ou des STS
« tertiaires » se retrouveront un temps sur les bancs de la fac6.
- L’engouement massif pour les filières courtes a été interprété comme le résultat d’une incapacité
de l’université à accueillir et à diplômer les bacheliers technologiques, or des chercheurs en
sciences sociales7 ont mis en évidence, en s’intéressant aux modes d’entrées dans l’enseignement
supérieur des bacheliers les moins assurés scolairement et socialement, que le choix d’une STS
après le baccalauréat se faisait moins contre l’université que sans elle. L’enseignement supérieur
se présente à eux comme un marché segmenté au sein duquel le sous-espace des STS constitue un
espace de projection privilégié, voire exclusif.
- Des travaux de recherche ont montré que, contre toute attente, les étudiants justifient le choix
d’une STS par la volonté de ne pas s’engager dans une voie trop spécialisée. Le BTS est ainsi vu
comme un diplôme conservant une certaine généralité et n’enfermant pas dans un cadre trop
fermé. En outre les candidatures en STS sont très homogènes. Les bacheliers formulent des vœux
panachés, mais au sein d’un seul type de structure : les STS.
- L’intérêt massif des bacheliers populaires pour les STS apparaît moins comme un attrait positif
pour un métier que comme le résultat d’un choix à modalité unique. La filière d’origine détermine
pour beaucoup la filière de poursuite d’études8. Les filières de STS en viennent à s’imposer comme
des suites quasiment naturelles de leur parcours scolaire. L’accès à l’enseignement scolaire ne
marque pas une rupture scolaire. Dans leur poursuite d’études, les bacheliers issus de milieux
populaires ont tendance à chercher une cohérence moins avec un projet professionnel à venir
qu’avec leur scolarité passée. Les élèves inscrits en STS, pour moitié d’origine populaire, n’ont pas
une connaissance suffisante de l’enseignement supérieur pour programmer leur scolarité à long
terme.
- Il existe également un véritable travail de l’institution scolaire qui contribue à imposer le BTS
comme nouvel horizon scolaire à un public déjà disposé à la proximité scolaire et géographique.
Pour les futurs élèves de seconde, ce ne sont pas seulement trois années de formation qui leur
sont proposées, et les menant jusqu’au baccalauréat, mais bien plutôt cinq, les conduisant
jusqu’au BTS. Les enseignants des lycées logiquement mettent en point de mire les possibilités de
poursuite à l’issue du baccalauréat « ici, dans la maison ». Les publics, principalement d’origine
populaire, et par conséquent moins familiarisés et préparés à l’enseignement supérieur par leurs
parents, sont plus enclins que d’autres, car plus dépendants, à recevoir et accepter une forme
d’injonction scolaire à la poursuite d’études en STS. Ce prosélytisme est d’autant plus efficace qu’il
s’adresse à des étudiants dont le projet professionnel est peu ou pas défini.
6 Bernard Convert, « Espace de l’enseignement supérieur et stratégies étudiantes », Actes de la Rechercher en
Sciences Sociales, n°183, pp. 14-31, 2010. 7 Orange Sophie, « Le choix du BTS : entre construction et encadrement des aspirations des bacheliers d’origine
populaire », Actes de la Rechercher en Sciences Sociales, n°183, pp. 32-47, 2010. 8 Orange Sophie, « Un « petit supérieur » : pratique d’orientation en section de technicien supérieur, Revue
française de pédagogie, n°167, avril-mai-juin 2009.
Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?
Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 16
- Si l’institution scolaire participe en amont, à l’intériorisation d’un probable par les élèves les
moins armés socialement et scolairement, les commissions de sélection tendent à privilégier, en
aval leur recrutement9.
- Il peut arriver que cette injonction, plutôt que de jouer sur les atouts des STS, se contentent de
mettre en avant des obstacles se révélant difficilement franchissables pour les titulaires de
bacheliers technologiques : « Si tu n’as pas au moins 13 ou 14 de moyenne, ce n’est pas la peine,
tu ne seras pas pris en IUT », « si tu vas en IUT, c’est pour faire des études longues »... Il est à noter
que ces affirmations peuvent aussi bien venir des enseignants de lycées que d’autres prescripteurs
comme certains responsables de CIO.
- L’avancée par proximité des étudiants de STS se traduit également géographiquement. Les
étudiants trouvent dans les opportunités locales que sont ces formations une manière de vivre le
supérieur « à la maison »10
. Si les étudiants cherchent à aller au plus près scolairement, ils
cherchent également à aller au plus près spatialement.
- Les dispositifs de recrutement proposés par les IUT présentent une faible hétérogénéité et
s’appuient pour la plupart sur des critères scolaires : type de baccalauréat, résultats scolaires,
appréciations portées sur les bulletins…
- 98% des bacheliers entrant en IUT sont issus de trois séries de baccalauréats technologiques. Les
spécialités secondaires d’IUT accueillent principalement des bacheliers technologiques issus des
séries STI et, dans une moindre mesure STL, tandis que les spécialités tertiaires attirent en grande
majorité des bacheliers issus de la série STG.
- Certaines spécialités de DUT ne disposent d’aucun vivier de bacheliers technologiques affichant
des prérequis attendus au regard de leur programme national. D’autres ne peuvent s’appuyer que
sur un vivier très limité, à l’image de la spécialité Mesures Physiques qui peut intéresser des élèves
de la série STL, option physique, mais dont moins de 1000 lauréats sont diplômés chaque année.
- Certains départements d’IUT rencontrent des difficultés de recrutements liées à l’absence de
vivier suffisant, pouvant résulter dans certains cas d’une forte concurrence des sections de
techniciens supérieurs (STS).
- Le taux de réussite au DUT, cumulé sur trois années, fait apparaître un différentiel de près de 15
points entre les titulaires d’un baccalauréat général et les titulaires d’un baccalauréat
technologique. La proportion d’étudiants obtenant le DUT en trois ans est de 10% pour les
titulaires d’un baccalauréat général et de 20% pour les titulaires d’un baccalauréat technologique.
- Les parcours post-DUT des étudiants titulaires d’un baccalauréat technologique sont marqués par
une insertion professionnelle immédiate et des études courtes, notamment en licence
9 Orange Sophie, « Le choix du BTS : entre construction et encadrement des aspirations des bacheliers d’origine
populaire », Actes de la Rechercher en Sciences Sociales, n°183, pp. 32-47, 2010. 10
Beaud Stéphane, « 80% au bac… et après ? Les enfants de la démocratisation scolaire, Paris, La Découverte,
2002.
Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?
Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 17
professionnelle, plus importantes que pour les étudiants d’un baccalauréat général. Cependant sur
le long terme, le phénomène d’allongement des études impacte autant les titulaires des deux
types de baccalauréats.
- Les échecs constatés lors des poursuites d’études engagées à l’issue du DUT par les titulaires de
baccalauréats technologiques ne présentent pas d’écarts très importants avec les échecs
enregistrés par les titulaires de baccalauréats généraux.
- De nombreux raisonnements évoquent « les IUT… », « les départements tertiaires… », « les
baccalauréats technologiques… », « les baccalauréats technologiques tertiaires… » comme si à
chaque fois il s’agissait de groupes parfaitement homogènes. De nombreuses situations
constatées à partir d’éléments statistiques ou d’études menées par des chercheurs soulignent une
forte hétérogénéité des publics et des situations.
Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?
Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 18
4. Les propositions d’actions
A partir des constats dressés précédemment, il est possible d’identifier une série de mesures préalables
à un accueil croissant des bacheliers technologiques en IUT.
Proposition n°1 : Approfondir certaines investigations
Certains thèmes évoqués précédemment mériteraient de pouvoir être approfondis et pourraient
nécessiter des analyses complémentaires : les bacheliers plaçant les licences classiques en premier
vœux, le profil des bacheliers technologiques se retrouvant par défaut à l’université, une analyse
plus fine des bacheliers STG distinguant les options suivies (certaines options sont-elles plus
prisées que d’autres par les équipes pédagogiques des IUT ?).
Proposition n°2 : Imaginer une année de remise à niveau pour certains bacheliers
On ne peut exclure que certains candidats, bien que titulaires d’un baccalauréat, quelle qu’en soit
la nature, aient un niveau académique ne leur permettant pas de prétendre à un accès direct dans
une formation courte de l’enseignement supérieur. Il serait nécessaire de penser une remise à
niveau de ces étudiants. Celle-ci devra impérativement s’accompagner d’une réflexion sur le projet
personnel et professionnel. En effet, plusieurs travaux de recherche mettent l’accent sur l’absence
de projet de beaucoup de bacheliers.
Proposition n°3 : Augmenter le nombre de candidatures portées par des bacheliers
technologiques
La captivité des étudiants vis-à-vis de leur établissement d’origine, le travail de l’institution scolaire
contribuant à imposer le BTS comme nouvel horizon scolaire à un public déjà disposé à la
proximité scolaire et géographique, et les messages passés par certains prescripteurs conduisent à
une autocensure de certains candidats. Une campagne nationale de communication et un
positionnement clair des rectorats, notamment dans le cadre des réflexions devant être menées
en région sur l’offre de formation permettraient de réduire cette tendance à l’autocensure.
Proposition n°4 : Diffuser les pratiques de projet personnel et professionnel
L’importance du rôle joué par la filière d’origine, contrairement à l’attrait positif d’un métier, dans
la détermination des bacheliers populaires pour les STS justifierait un renforcement des activités
destinées à aider un jeune à se construire progressivement un projet personnel et professionnel.
Proposition n°5 : Communiquer sur le rôle de la licence professionnelle comme élément
déterminant de l’ascenseur social
Le nombre d’étudiants de BTS accueillis en licence professionnelle est supérieur au nombre
d’étudiants d’IUT. Parmi ceux-ci figurent de nombreux bacheliers technologiques qui s’ils n’ont pas
été intégrés en IUT dès le DUT, l’ont été à l’occasion de la licence professionnelle. Il pourrait être
Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?
Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 19
utile d’en connaître le nombre afin de valoriser cet accueil auprès des acteurs institutionnels mais,
également, de renforcer la communication auprès des candidats potentiels.
Proposition n°6 : Poursuivre le décloisonnement entre enseignement supérieur et enseignement
du second degré
La réforme des baccalauréats technologiques, l’abandon des plateaux technologiques, les besoins
de renforcer le projet personnel et professionnel et la nécessité de permettre aux lycéens de
connaître davantage l’environnement de l’enseignement supérieur, et notamment celui des IUT,
nécessite de poursuivre le décloisonnement engagé il y a quelques années entre enseignement
supérieur et enseignement du second degré.
Proposition n°7 : Recruter autrement
Le caractère quasi exclusif des prérequis pédagogiques comme élément de sélection des entrants
à l’IUT ne correspond pas à la réalité du marché du travail. Une entreprise ne sélectionne pas
uniquement un diplôme. Une évolution des modalités de recrutement évitant de limiter les
critères de sélection aux seuls éléments de cursus antérieurs permettrait d’offrir une chance à
certains bacheliers technologiques et sans doute de réduire certains défauts d’orientation.
Proposition n°8 : Renforcer l’accompagnement des étudiants en difficulté
Les taux de réussite des bacheliers technologiques présentent un différentiel important avec ceux
des bacheliers généraux. Les IUT ont reçus des moyens afin de favoriser l’accueil, mais également
l’accompagnement des bacheliers technologiques. Les difficultés académiques rencontrées par
certains de ces étudiants mais aussi d’étudiants titulaires d’autres baccalauréats nécessitent une
mobilisation importante sur la recherche de solution didactique permettant d’améliorer les taux
de réussite des étudiants. Les projets développés par de nombreux IUT ces dernières années
doivent faire l’objet d’un recensement.
Proposition n°9 : Mobiliser l’ensemble des acteurs des IUT
Il n’est pas possible de changer les pratiques établies sans une politique d’établissement forte. La
question de l’accueil des bacheliers technologiques n’échappe pas à cette difficulté. Il est
nécessaire qu’au sein des différentes instances de l’IUT, mais également qu’à l’occasion des
collaborations nouées entre l’IUT et son université de rattachement, notamment lors de
l’élaboration du COM et du contrat quadriennal, des débats soient conduits sur cette question afin
de sensibiliser l’ensemble des acteurs. Les échanges menés au sein des ARIUT doivent également
contribuer à faire évoluer les pratiques.
Proposition n°10 : Valoriser les parcours de réussite des bacheliers technologiques
Il s’agirait de mener à partir des enquêtes nationales sur le devenir des diplômés de DUT une
étude approfondie sur les parcours privilégiés par les titulaires de baccalauréats technologiques,
aussi bien sur leurs orientations professionnelles que sur les poursuites d’études engagées, afin de
Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?
Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 20
mesurer la performance de ces parcours et de vérifier d’éventuels écarts avec les titulaires de
baccalauréats généraux.
Proposition n°11 : Requestionner certains programmes pédagogiques nationaux
Le travail effectué sur les référentiels de formation n’a-t-il pas fait la part belle aux contenus
pédagogiques au détriment des attendus professionnels ? Si la réponse est positive ce déséquilibre
n’a-t-il pas contribué à sa manière à un allongement mécanique des études ? Les enquêtes sur le
devenir des diplômés de DUT permettent d’identifier, pour chaque spécialité, les métiers
constituant les principaux débouchés. Une analyse de terrain sur les métiers identifiés permettrait
de repérer plus précisément les savoirs nécessaires et les compétences attendues.
Le recrutement de certaines spécialités a évolué avec le temps. Des profils de bacheliers jugés
inadaptés à certaines époques ont progressivement été jugés « compatibles » avec la formation
proposée, souvent pour répondre à une baisse significative des candidats. La transformation du
DUT OGP en DUT QLiO s’est accompagnée d’une volonté d’ouverture vis-à-vis des baccalauréats
généraux de la série ES. Ces mêmes bacheliers intéressent aujourd’hui les départements HSE qui
jusqu’à présent privilégiaient des recrutements de baccalauréats S.
Proposition n°12 : Renforcer le rôle des CPN et de la CCN
Le rôle d’évaluation des instances nationales CPN et CCN doit être renforcé afin que les moyens
affectés aux IUT tiennent compte d’un véritable bilan mettant en avant les efforts entrepris et les
résultats obtenus par les équipes au plan local sur la question de l’accueil des bacheliers
technologiques.
Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?
Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 21
Compléments
Evolution du recrutement des nouveaux bacheliers selon la spécialité
Partant de l’hypothèse que les pratiques en matière de recrutement pouvaient fortement varier
d’une spécialité à l’autre, nous avons souhaité établir une comparaison. Nous disposions des
données fournies par le SIES sur plusieurs années. Nous avons choisi de comparer les informations
les plus anciennes (2003-2004) avec les informations les plus récentes (2010-2011).
Entre 2003 et 2010, le nombre de nouveaux bacheliers entrant en IUT et titulaires de l’un des trois
baccalauréats a progressé de 1,3%. Cette progression a toutefois bénéficié aux bacheliers
généraux, +5,4% (1661 inscrits) et aux bacheliers professionnels, +38,5% (610 inscrits). Dans le
même temps les bacheliers technologiques ont baissé de 8% (1354 inscrits).
Evolution des bacheliers et des nouveaux entrants en première année de DUT en 2003 et 2010
Cette évolution ne s’explique que partiellement par la baisse des lauréats du baccalauréat
technologique, comme le souligne le tableau ci-dessus.
En outre les spécialités secondaires et tertiaires ont connu des évolutions différentes entre 2003
et 2010.
Le secteur secondaire a enregistré une baisse de ses entrants en DUT de 2,5% entre 2003 et 2010
tandis que le secteur tertiaire a vu son nombre d'entrants augmenter de 4,2%. La baisse de 8,8%
des effectifs des baccalauréats technologiques vient pour 72,4% (981/1 354) de la perte d'effectifs
connu dans le secteur secondaire. Un effort de recrutement chez les baccalauréats professionnels
dans le secteur secondaire est visible mais il ne représente que 111 nouveaux entrants sur 981
issus de baccalauréats technologiques perdus, soit une compensation de 11,3%.
Le secteur tertiaire enregistre une perte d'entrants issus de baccalauréats technologiques
moindre. Le recrutement de baccalauréats professionnels est également plus satisfaisant en
nombre, il représente 51% des baccalauréats technologiques perdus (192/373). Cependant, le
secteur tertiaire enregistre également une nette augmentation de ses entrants qui sont titulaires
Effectif des bacheliers diplômés
Général Evol Technologique Evol Professionnel Evol Total
2003 260 119 137 891 88 040 486 050
2010 279 751 133 431 118 586 531 768
Effectif des nouveaux entrants en première année de DUT
2003 30 616 15 381 786 46 783
2010 32 277 14 027 1 089 47 393
7,55% -3,23% 34,7%
5,43% -8,80% 38,5%
Eff. 2003 Eff. 2010 Ecart Evol Eff. 2003 Eff. 2010 Ecart Evol Eff. 2003 Eff. 2010 Ecart Evol Eff. 2003 Eff. 2010 Ecart Evol
Secondaire 13 120 13 482 362 2,8% 6 863 5 882 -981 -14,3% 235 346 111 47,2% 20 218 19 710 -508 -2,5%
Tertiaire 17 496 18 795 1 299 7,4% 8 518 8 145 -373 -4,4% 551 743 192 34,8% 26 565 27 683 1 118 4,2%
Total 30616 32277 1661 5,4% 15381 14027 -1354 -8,8% 786 1089 303 38,5% 46783 47393 610 1,3%
Evolution 2010 VS 2003Général Technologique Professionnel TOTAL
Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?
Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 22
d'un baccalauréat général (+ 1 299 entrants). Ce fort recrutement de bacheliers généraux a
contribué à gonfler l'effectif global dans le secteur tertiaire.
Mais au sein de chacune de ces deux familles (spécialités secondaires et spécialités tertiaires des
différences apparaissent. En premier lieu on observera que 11 spécialités ont enregistré une
hausse de leurs effectifs de titulaires d’un baccalauréat technologique entre 2003 et 2010 (+ 781
inscrits). A l’inverse 15 spécialités ont enregistré un déficit de ces titulaires sur la période (- 2135
inscrits). Les écarts constatés en plus ou en moins présentent toutefois une grande hétérogénéité
selon les spécialités.
Parmi les spécialités qui ont enregistré une progression, deux spécialités ont contribué à plus de 60% de
cette évolution : Informatique (+ 363 inscrits) et Génie Biologique (+ 115 inscrits). En ce qui concerne les
spécialités qui ont enregistré une baisse entre 2003 et 2010, 86% du total est à mettre à l’actif de six
spécialités : Génie Electrique et Informatique Industrielle (- 675 inscrits), Gestion des Entreprises et des
Administrations (- 365 inscrits), Techniques de Commercialisation (- 276 inscrits), Qualité Logistique
industrielle et Organisation (- 151 inscrits), Réseaux et Télécommunications (- 146 inscrits) et Génie
Mécanique et Productique (- 124 inscrits).
Evolution 2010 VS 2003
Eff. 2003 Eff. 2010 Eca rt Evol Eff. 2003 Eff. 2010 Ecart Evol Eff. 2003 Eff. 2010 Eca rt Evol Eff. 2003 Eff. 2010 Eca rt Evol
2A2M
CHIMIE 1 222 1 225 3 0,2% 249 283 34 13,7% 5 3 -2 -80,0% 1 476 1 511 35 2,4%
GB 2 057 2 107 50 2,4% 427 542 115 26,9% 4 3 -1 -25,0% 2 488 2 652 164 6,6%
GCGP 312 365 53 17,0% 100 118 18 18,0% 7 5 -2 -57,1% 419 488 69 16,5%
GC 1 345 1 659 314 23,3% 433 486 53 12,2% 14 26 12 -64,3% 1 792 2 171 379 21,1%
GCE 49 78 29 59,2% 27 30 3 11,1% 1 0 -1 -100,0% 77 108 31 40,3%
GEII 1 890 1 452 -438 -23,2% 2 347 1 672 -675 -28,8% 40 47 7 17,5% 4 277 3 171 -1 106 -25,9%
GIM 250 297 47 18,8% 467 375 -92 -19,7% 65 74 9 13,8% 782 746 -36 -4,6%
GMP 2 008 1 924 -84 -4,2% 1 094 970 -124 -11,3% 41 29 -12 -29,3% 3 143 2 923 -220 -7,0%
GTE 385 767 382 99,2% 247 278 31 12,6% 11 3 -8 -72,7% 643 1 048 405 63,0%
HSE 481 618 137 28,5% 173 189 16 9,2% 5 18 13 260,0% 659 825 166 25,2%
MP 1 736 1 739 3 0,2% 214 158 -56 -26,2% 5 1 -4 -80,0% 1 955 1 898 -57 -2,9%
QLIO (OGP+MCQ) 291 370 79 27,1% 408 257 -151 -37,0% 22 89 67 304,5% 721 716 -5 -0,7%
RT (GTR) 859 511 -348 -40,5% 571 425 -146 -25,6% 15 47 32 213,3% 1 445 983 -462 -32,0%
SGM 235 370 135 57,4% 106 99 -7 -6,6% 0 1 1 100% 341 470 129 37,8%
TOTAL 13 120 13 482 362 2,8% 6 863 5 882 -981 -14,3% 235 346 111 47,2% 20 218 19 710 -508 -2,5%
CJ 434 603 169 38,9% 485 380 -105 -21,6% 2 8 6 300% 921 991 70 7,6%
CS 454 651 197 43,4% 228 315 87 38,2% 29 85 56 193% 711 1 051 340 47,8%
GACO 324 479 155 47,8% 261 271 10 3,8% 23 34 11 48% 608 784 176 28,9%
GEA 5 808 6 038 230 4,0% 2 541 2 176 -365 -14,4% 150 161 11 7% 8 499 8 375 -124 -1,5%
GLT 646 484 -162 -25,1% 436 343 -93 -21,3% 100 131 31 31% 1 182 958 -224 -19,0%
INFO-COM 1 010 1 111 101 10,0% 235 208 -27 -11,5% 11 14 3 27% 1 256 1 333 77 6,1%
INFO 3 095 2 937 -158 -5,1% 435 798 363 83,4% 24 22 -2 -8% 3 554 3 757 203 5,7%
SRC 723 947 224 31,0% 388 439 51 13,1% 32 51 19 59% 1 143 1 437 294 25,7%
STID 440 388 -52 -11,8% 51 33 -18 -35,3% 0 0 0 0% 491 421 -70 -14,3%
TC 4 562 5 157 595 13,0% 3 458 3 182 -276 -8,0% 180 237 57 32% 8 200 8 576 376 4,6%
TOTAL 17 496 18 795 1 299 7,4% 8 518 8 145 -373 -4,4% 551 743 192 35% 26 565 27 683 1 118 4,2%
30 616 32 277 1 661 5,4% 15 381 14 027 -1 354 -8,8% 786 1 089 303 38,5% 46 783 47 393 610 1,3%
Tertia i re
Total
Général Technologique Professionnel TOTAL
Seconda ire
Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?
Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 23
Démographie
Parmi les éléments exogènes qui peuvent expliquer des variations au niveau du recrutement, il est
utile de prendre en compte les éléments démographiques. La courbe des naissances permet
d’observer des évolutions qui se répercuteront dix-huit ans plus tard.
Etudiants étrangers
Sur les 2 318 700 étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur en 2010-2011, les IUT ont
accueillis 116 476 étudiants (hors LP), soit 5% du total. En comparaison, 6,4% des étudiants
étrangers ont été accueillis en IUT (hors LP) en 2010-2011.
Evolution des inscrits en IUT
Les IUT ont enregistré une baisse des inscrits en 2010-2011. Cette baisse semble être confirmée
pour 2011-2012. Il convient néanmoins d’avoir à l’esprit que les statistiques officielles n’intègrent
pas les effectifs des licences professionnelles dans les IUT alors que ceux-ci portent une majorité
de l’offre existante. Il faudrait donc pouvoir compléter les chiffres disponibles (RERS 2011) et ne
pas oublier que la création de licences professionnelles a eu tendance à reconfigurer l’offre de
formation de niveau Licence.
0
100 000
200 000
300 000
400 000
500 000
600 000
700 000
800 000
900 000
1 000 000
No
mb
re a
nn
ue
l d
e n
ais
san
ces
bacheliers 2012 =
naissance 1994
Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?
Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 24
Nombre d'inscrits
en IUT
Variation
annuelle
1970-1971 24,2
…
1980-1981 53,7
…
1990-1991 74,3
…
2000-2001 119,2 1,6
…
2006-2007 113,8 1
2007-2008 116,2 2,2
2008-2009 118,1 1,6
2009-2010 118,1 0
2010-2011 116,5 -1,4
Il n’en demeure pas moins que de nombreux IUT ont constaté une baisse des DUT. Il serait
important de trouver les explications à cette baisse et, en particulier, de mesurer l’impact que
peut avoir le dispositif d’Admission Post Bac.
Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?
Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 25
Effectifs des IUT
On peut distinguer quatre type de diplômes proposés par les IUT : les DUT secondaires et
tertiaires, les licences professionnelles et les diplômes post-DUT. A partir du document Repères et
Références Statistiques, on peut reconstituer le volume de ces différents effectifs entre les années
universitaires 1996-1997 et 2010-2011.
Evolution des effectifs dans les IUT selon le diplôme préparé
Source : MESR – DGESIP – DGRI SIES
Evolution des effectifs cumulés dans les IUT selon le diplôme préparé
Source : MESR – DGESIP – DGRI SIES
0
10 000
20 000
30 000
40 000
50 000
60 000
70 000
80 000
Eff
ect
if a
nn
ue
l da
ns
les
IUT
Spécialités secondaires
Spécialités tertiaires
Effectifs de LP
Effectifs post-DUT (hors LP)
0
20 000
40 000
60 000
80 000
100 000
120 000
140 000
160 000
Eff
ect
ifs
an
nu
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