1 Prieuré Saint-Louis — 25 rue François Bruneau 44000 Nantes - Tél 02 40 29 48 70
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Œcuménisme à tout prix
Au Au Au Au cours du mois qui
vient de s’écouler, des événements
importants - et ô combien attristants
- ont malheureusement montré que
les autorités de l’Eglise sont loin de
vouloir renoncer à la ligne
oecuméniste du concile Vatican II et
qu’elles persistent à rechercher un
dialogue impossible - car fondé sur
l’ambiguïté - qui n’a d’autre résultat
que de faire croire que toutes les
religions se valent.
L’esprit d’Assise Le 4 et 5 septembre 2006, une
réunion de deux jours a été
organisée à Assise par la
communauté Sant’Egidio et par la
conférence des évêques catholiques
de l’Ombrie, vingt ans après la
première assemblée dont Jean-
Paul II avait eu l’initiative. En inaugurant l’assemblée, le fondateur
de Sant’Egidio, Andrea Riccardi, a
explicitement fait référence à
« l’esprit d’Assise », né lors de cette
première réunion interreligieuse.
Plusieurs cardinaux étaient présents,
parmi lesquels le cardinal Kasper,
mais aussi des rabbins, des imams.
« Les membres de l’assemblée ont
ensuite été invités à échanger un
signe de paix, sous les notes de
l’Alleluia de Haendel et la sereine
nuit d’Assise. »1
Or, qu’a été cette réunion
d’Assise dont on fête avec faste le
vingtième anniversaire ? Ce fut le
plus grand scandale qu’ait jamais
connu l’Eglise. On avait invité
toutes les religions pour prier soi-
disant pour la paix, chacune son
dieu. On a donné des églises aux
indiens, aux bouddhistes. Dans
l’église Saint-Pierre on a enlevé le
Saint Sacrement pour mettre un
bouddha sur un tabernacle. Suite à
cet événement il y a eu d’autres
réunions interreligieuses et l’idée
d’un grand rassemblement de toutes
les religions, à Naples en 2007, vient
d’être lancée.
Benoît XVI a envoyé à la réunion
commémorative d’Assise un
message d’encouragement lu par
Mgr Sorrentino. Il a insisté sur « la
valeur de la prière dans la
construction de la paix » que
manifeste cette réunion de
représentants des diverses religions.
Mais quelle est la valeur
objective de la prière de quelqu’un
qui n’a pas la foi catholique ?
Le fait d’accorder un culte à des
faux dieux ou d’honorer Dieu par un
faux culte est défini par le
théologien comme un acte de
superstition.2 Dans l’Evangile, Jésus
nous rappelle la condition
indispensable pour être exaucé dans
la prière : « Tout ce que vous
demanderez à mon Père en mon
nom il vous l’accordera ». Comment
veut-on arriver à la justice sociale et
à la paix véritable sans la foi, sans
Notre-Seigneur Jésus-Christ ? Sans
Le reconnaître comme unique vrai
Dieu et seul Sauveur ?
Le pape insiste dans son message
sur la nécessité de séparer les
différents cultes : « C’est un devoir
que d’éviter les confusions
inopportunes. En particulier,
lorsqu’on se retrouve à prier
ensemble pour la paix il convient
que la prière se déroule selon les
chemins distincts, qui sont propres
aux différentes religions. » « La
convergence des différences ne doit
pas donner l’impression que l’on
cède à ce relativisme qui nie le sens
même de la vérité et la possibilité de
la puiser. »3 Autrement dit, comme
on l’avait déjà rétorqué aux
catholiques choqués en 1986 : « On
ne prie pas ensemble, on est
ensemble pour prier. » Il ne faut pas
donner l’impression du relativisme.
Mais comment l’éviter ? Si vous
invitez les représentants de toutes les
religions à prier, implicitement cela
veut dire que vous reconnaissez la
valeur de leur prière et donc de leur
religion. En conséquence, les fidèles
ne savent plus où est la vérité, où est
Invocation des esprits (lesquels ?)
sur un prêtre (Assise, 27 octobre 1986)
2
l’erreur, quelle est la vraie religion.
Or l’Eglise n’a jamais voulu de
ces religions interreligieuses et les a
même condamnées par l’encyclique
Mortalium animos : « De telles
entreprises ne peuvent, en aucune
manière, être approuvées par les
catholiques, puisqu'elles s'appuient
sur la théorie erronée que les
religions sont toutes plus ou moins
bonnes et louables, en ce sens que
toutes également, bien que de
manières différentes, manifestent et
signifient le sentiment naturel et
inné qui nous porte vers Dieu et
nous pousse à reconnaître avec
respect sa puissance. En vérité, les
partisans de cette théorie s'égarent
en pleine erreur, mais de plus, en
pervertissant la notion de la vraie
religion, ils la répudient, et ils
versent par étapes dans le
naturalisme et l'athéisme. La
conclusion est claire : se solidariser
des partisans et des propagateurs de
pareilles doctrines, c'est s'éloigner
complètement de la religion
divinement révélée. »4
Vêpres œcuméniques Le 13 septembre, à la cathédrale
Sainte-Anne de Ratisbonne, ont eu
lieu des vêpres œcuméniques
auxquelles participaient des
catholiques, des orthodoxes, des
protestants et même des membres de
la communauté juive. A cette
occasion, le pape a déclaré :
« Chrétiens orthodoxes, catholiques
et protestants, il y a aussi avec nous
des amis juifs. Nous sommes réunis
pour chanter la louange de Dieu du
soir. Le cœur de la liturgie ce sont
les psaumes où confluent l’ancienne
et la nouvelle alliances et notre
prière s’unit à Israël croyant qui vit
dans l’espérance. »5 Comment peut-
on dire qu’Israël est croyant ? La foi
consiste à croire en Jésus-Christ, à
tout ce qu’Il nous a révélé et que
l’Eglise nous enseigne. Israël qui ne
croit pas en Lui n’a pas la foi. Dans
l’art, on représente la synagogue les
yeux bandés, parce qu’elle ne voit
pas la révélation apportée par Notre-
Seigneur Jésus-Christ. Les propos
du pape sont inspirés par la nouvelle
doctrine apparue au concile : on ne
convertit pas les Juifs car ils
continuent à être le peuple élu, ils
sont « nos frères aînés dans la foi »,
pour reprendre l’expression de Jean
Paul II lors de sa visite à la
synagogue de Rome en 1984. Ou
alors, « nous attendons avec les Juifs
la venue du Messie »… Le problème
c’est que la religion juive a manqué
un épisode, car le Messie est déjà
venu et il reviendra juger les vivants
et les morts, selon la foi qu’ils
auront eue en lui. « Celui qui croira
sera sauvé, celui qui ne croira pas
sera condamné ».6
Nous savons que le véritable
peuple élu est maintenant l’Eglise
catholique et que pour en faire partie
il faut croire en Jésus Christ et à
toutes les vérités qu’il nous a
enseignées.
Aimer l’Eglise orthodoxe ? Dans le même discours, le pape
saluait les représentants orthodoxes
et disait considérer comme un don
de la Providence le fait qu’en tant
que professeur à Bonn, il a eu
l’occasion de « connaître et aimer
pour ainsi dire personnellement
l’Eglise orthodoxe. »7 Mais un
catholique ne peut pas dire qu’il
aime l’Eglise orthodoxe, dont le
fond est d’être schismatique. On
peut aimer les hommes qui
malheureusement professen t
l’orthodoxie, on prie pour eux, on
peut chercher à leur montrer la
divinité de l’Eglise catholique pour
qu’ils se convertissent. Mais on ne
peut pas aimer leur erreur. C’est une
distinction capitale que saint
Thomas fait dans sa Somme
théologique : « Chez le pécheur, il
y a deux choses - la faute et la
nature. Il faut venir en aide au
pécheur pour soutenir sa nature,
mais non pour favoriser sa faute ; ce
ne serait pas faire du bien mais
plutôt faire le mal. »8
Benoît XVI et l’Islam Le 13 septembre, à l’université de
Ratisbonne, le pape a donné une
longue conférence sur les rapports
entre la foi et la raison. Voulant
montrer qu’on ne peut pas défendre
la foi par la force des armes, il a cité
les propos d’un empereur de
Byzance qui s’entretenait au XIVe
siècle avec un savant musulman
persan sur la jihad (la guerre
sainte) : « Montre-moi donc ce que
Mahomet a apporté de nouveau et tu
y trouveras seulement des choses
mauvaises et inhumaines comme son
mandat de diffuser par l’épée la foi
qu’il prêchait. » Immédiatement ce
fut une explosion de protestations et
d’actes de violence partout dans le
monde musulman. On a brûlé des
églises en Cisjordanie ; en Somalie,
on a tué une religieuse de 66 ans
sous prétexte qu’il fallait se venger
des paroles du pape...9
Les regrets du Vatican Il est navrant de voir que le tollé
musulman a provoqué une série de
déclarations du Vatican qui ne font
qu’en confirmer la dérive
œcuméniste. Le premier à parler a
été le Père Lombardi, directeur de la
Eglise Saint-Pierre d’Assise, en
27 octobre 1986 : bouddha sur l’autel.
Une église incendiée en Cisjordanie
(septembre 2006)
3
salle de presse. « Benoît XVI, a-t-il
dit, souhaite cultiver le respect et le
dialogue envers les autres religions
et cultures. De toute évidence
également, envers l’Islam. » Puis, le
16 septembre, le nouveau secrétaire
d’Etat, le cardinal Bertone a ajouté :
« La position du pape sur l’Islam est
clairement celle qui est exprimée
dans le document conciliaire Nostra
aetate. » Que dit donc ce décret du
concile ? Il affirme que « l’Eglise
regarde avec estime les musulmans
qui adorent le Dieu un, vivant et
subsistant, créateur du ciel et de la
terre, qui a parlé aux hommes. Bien
qu’ils ne reconnaissent pas Jésus
comme Dieu, ils le vénèrent comme
un prophète, ils honorent sa mère
virginale Marie et parfois même
l’invoquent avec piété. De plus ils
attendent le jour du jugement où
Dieu rétribuera tous les hommes
ressuscités. Aussi ont-ils en estime la
vie morale et rendent-ils un culte à
Dieu surtout par la prière, l’aumône
et le jeûne. »
Ce texte du concile est rempli
d’ambiguïtés et d’erreurs. Il est
évident que dans toute religion on
trouve quelques bribes de vérité.
L’erreur absolue n’existe pas. Mais
une religion est fausse par ce qu’elle
nie, non par ce qu’elle a pu garder de
vrai. L’Islam est farouchement
opposé à la divinité de Notre
Seigneur Jésus-Christ. Voici
pourquoi, même s’ils adorent un
dieu unique on ne peut pas dire que
les musulmans adorent le vrai Dieu
qui est Trinitaire. Aux pharisiens
qui disaient : « Nous n'avons qu'un
seul Père : Dieu. », Jésus répondit :
« Si Dieu était votre Père, vous
m'aimeriez, car c'est de Dieu que je
suis sorti et que je viens… Pourquoi
ne reconnaissez-vous pas mon
langage ? C'est que vous ne pouvez
pas entendre ma parole. Vous êtes
du diable, votre père, et ce sont les
désirs de votre père que vous voulez
accomplir. »10
La reconnaissance par cette
religion de la polygamie et
l’espérance qu’ont les musulmans
d’un paradis de voluptés nous
obligent aussi à émettre quelques
doutes quant à leur estime pour la
vie morale…
Le cardinal continue en disant :
« Quant au jugement de l’empereur
byzantin Manuel II Paléologue, le
Saint Père n’avait et n’a absolument
pas l’intention de le faire sien. »11
Enfin, le pape lui-même est
revenu sur son discours : « Je suis
vraiment attristé par les réactions
suscitées par un bref passage de
mon discours considéré comme
offensant pour la sensibilité des
croyants musulmans, alors qu’il
s’agissait d’une citation d’un texte
médiéval qui n’exprime en aucune
manière ma pensée personnelle ».12
Or que l’Islam se soit diffusé par
la force, c’est un fait historique
fondé sur le Coran et sur
l’interprétation authentique qui lui a
été donnée depuis la naissance de la
religion musulmane. La neuvième
sourate du Coran (verset 29) donne
ce précepte aux musulmans :
« Faites la guerre à ceux qui ne
croient point en Dieu, ni au jour
dernier, qui ne regardent point
comme défendu ce que Dieu et son
apôtre ont défendu, faites-leur la
guerre jusqu’à ce qu’ils paient le
tribut tous sans exception et qu’ils
soient humiliés. » L’aumône, qui est
un des cinq piliers de l’Islam, doit
être affectée, entre autres, aux
volontaires de la guerre sainte.13
Le Secrétaire d’Etat favorable à la
construction des mosquées Pour finir, interrogeons-nous sur
la personnalité du cardinal Bertone,
nommé par Benoît XVI, Secrétaire
d’Etat (c’est-à-dire bras droit du
pape). Il a fait une déclaration sur
l’Islam qui ne peut que nous laisser
perplexes : « La question de l’Islam
est une question délicate. Je répète
constamment qu’il faut toujours
défendre la dignité humaine des
musulmans croyants, y compris de
ceux, toujours plus nombreux, qui
peuplent nos quartiers. Je ne
m’oppose pas, donc, à la
construction des mosquées, ici chez
nous, même si une certaine
réciprocité pour les chrétiens qui
vivent dans les pays musulmans
serait souhaitable. » Malheu-
reusement, il peut toujours rêver !...
Le cardinal italien n’exclut pas non
plus « l’hypothèse qu’à l’avenir il y
ait dans les écoles italiennes de
l’espace pour une heure de religion
islamique, à condition que cela soit
compatible avec les valeurs
constitutionnelles de notre
République, et que cela se déroule
dans un cadre normatif et de
contrôle des contenus et des
enseignants analogue à celui qui
réglemente l’enseignement de la
religion catholique ».11
Tous ces événements nous
amènent à conclure que la crise de
l’Eglise n’est pas terminée. L’esprit
œcuméniste du Concile devenu
« l’esprit d’Assise » est encore un
poison bien présent dans l’organisme
de l’Eglise. L’antidote, c’est une
fidélité sans faille à la doctrine
traditionnelle qu’il faut étudier et
prêcher à temps et à contre temps,
pour détruire le virus de l’erreur et
redonner à l’Eglise sa vitalité
missionnaire.
Abbé Pierpaolo-Maria Petrucci
Notes
1. Zenit.org, mardi 5 septembre 2006.
2. Prummer, t. II, n°501.
3. Zenit.org, lundi 4 septembre 2006.
4. Pie XI, Mortalium animos, 6 janvier 1928.
5. Zenit.org, mercredi 13 septembre 2006.
6. Mc, 16, 16.
7. Zenit.org, Mercredi 13 septembre 2006.
8. Somme théologique, IIa IIae, q. 31, a 2
ad 2.
9. Zenit.org, dimanche 17 septembre 2006.
10. Jn, 8, 42-44.
11. Zenit.org, vendredi 15 septembre 2006.
12. Zenit.org, dimanche 17 septembre 2006.
13. PERTUS (Edouard), Connaissance
élémentaire de l’Islam, A.F.S.,
Supplément au n°65, p. 86.
Sœur Leonella Sgorbati, assassinée le 17
septembre à Mogadiscio. Elle meurt en
disant trois fois : « Je pardonne ».
4
Elisabeth de la Trinité
VVVV oilà un siècle, au
terme d’une longue agonie, sœur
Elisabeth de la Trinité, quittait ce
monde pour celui dans lequel elle
se sentait appelée par son Maître.
Elisabeth Catez naît le 18 juil-
let 1880 au
Camp d’Avor
(près de Bour-
ges) après un ac-
couchement bien
difficile : on cé-
lèbre la messe à
son intention car
il semble que
l’enfant soit per-
du. Un père militaire, une mère
particulièrement énergique, une
ascendance où se mêlent le Nord,
la Lorraine, le Midi, voilà l’héri-
tage commun d’Elisabeth et de sa
sœur Guite. Très tôt, Elisabeth, qui
porte dans ses veines un sang de
soldat, prompt à la riposte, va ré-
véler un tempérament de feu tan-
dis que Guite, de trois ans sa ca-
dette, aura une nature plus douce.
L’aînée, brune au regard de
flamme, est dotée d’une nature
ardente, passionnée, coléreuse,
emportée. « Cette enfant est d’une
volonté de fer, répète son institu-
trice. Il faut qu’elle arrive à ce
qu’elle désire.» Sa sœur racontera
plus tard qu’Elisabeth « était très
vive, avec des colères, de vraies
colères, très diable. » Sa mère qui
a toutes les peines du monde à ma-
ter ces colères furieuses lui ap-
prend à se vaincre par amour.
En 1887, un drame vient tempé-
rer le bouillonnement de la petite
Berrichonne. Son père décède
d’une crise cardiaque. Elle n’a
alors que l’âge de raison. Malgré
la souffrance qui est rude, la forte
vitalité d’Elisabeth reprend le des-
sus. Attirée par tout ce qui est
grand et beau et d’un cœur géné-
reux, Elisabeth comprendra l’es-
sentiel de sa mission terrestre le
jour de sa première communion,
19 avril 1891 : c’est dans l’être de
chair de chaque personne que
vient habiter Celui qui peut tout,
parce que par amour Il s’est donné
jusqu’au bout.
Douée de grands talents artisti-
ques et d’une grande sensibilité,
elle décroche à
treize ans le
Premier Prix de
p i a n o d u
Conservatoire
de Dijon et
donne plusieurs
récitals. Les
critiques sont
très élogieuses.
Son désir de se consacrer à Jé-
sus date de l’année suivante et à
quatorze ans, elle prononce le vœu
intérieur de virginité. Tiraillée en-
tre la force de son tempérament
entier et celle de ses aspirations
spirituelles, elle songe alors au
Carmel tout en s’adonnant aux sai-
nes joies de la vie : excursions,
danse, tennis, piano.
Tout la passionne : la
mer, la montagne, l’a-
mitié, mais aussi la
paroisse, la visite des
malades, le catéchisme
et le patronage pour les
enfants, et plus que
tout, à travers tout, la
prière. Menant fort in-
telligemment cette pe-
tite vie bourgeoise
conventuelle en atten-
dant son entrée au Car-
mel, que sa tendre
mère a repoussée jusqu’à sa majo-
rité, Elisabeth, élégante et joyeuse,
assistera aux réunions, aux fêtes
futiles, cherchant sa consolation
dans le recueillement et l’union à
Dieu. « J’irai à ma soirée, écrit-
elle à sa sœur. Voyez-vous, je crois
qu’Il sera content de m’avoir là.
Demandez lui qu’Il soit tellement
en moi qu’on le sente en s’appro-
chant. »
Elisabeth se rend régulièrement
au Carmel et y rencontre le Père
Vallée, dominicain, qui lui révèle
le mystère de l’inhabitation de la
Trinité dans l’âme : « Mais, bien
sûr, mon enfant, le Père est là, le
fils est là, l’Esprit Saint est là.»
répond le prêtre à ses questions
puis il lui développe le mystère de
la théologie trinitaire. C’est une
lumière décisive dont elle vivra
jusqu’à sa mort. Le Père Vallée
dira que depuis ce moment il l’a
vue «partir comme une lame de
fond.»
Poète, pianiste, artiste aux qua-
lités innombrables, gaie, amicale,
Elisabeth savoure la vie, s’émer-
veillant de tout. Mais elle repousse
les avances légitimes d’un préten-
dant, malgré la déception de sa
chère mère.
Soudain vient l’épreuve. Elisa-
beth perd brutalement sa ferveur
enthousiaste, somme toute assez
exceptionnelle chez une fille de
son âge. Loin de se décourager, et
bien que ne ressentant
plus la présence de
Dieu en elle, elle
écrit : « Mais Il est là
tout de même, plus
pressant peut-être en-
core. » Elle se réfugie
dans une vie de foi
encore plus profonde.
« Ce n’est plus un
voile qui me le cache ;
c’est un mur épais.
C’est dur après l’a-
voir senti si près, mais
je suis prête à demeu-
rer dans cet état d’âme. Allons à
lui par la foi pure. »
Le 2 août 1901, Elisabeth entre au
carmel de Dijon, où son extraordi-
naire recueillement frappe les mo-
niales dès le premier soir : cette
jeune fille, équilibrée et comblée
de dons naturels, s’épanouit dans
le silence de la contemplation,
rayonnant du bonheur d’un total
oubli de soi. « Tout est délicieux
« J’ai trouvé mon ciel sur la terre, puisque le ciel c’est Dieu et Dieu est en mon âme… Le jour où j’ai compris cela, tout s’est illuminé pour moi. Je vou-drais dire ce secret à tous ceux que j’aime. »
Sr Elisabeth de la Trinité
5
au Carmel, on trouve le Bon Dieu
à la lessive comme à l’oraison. Il
n’y a que lui partout. » Inondée de
grâces les premiers mois, Elisa-
beth est confrontée, après sa prise
d’habit, à l’épreuve de l’obscurité
et de la sécheresse profondément
acceptées. La lumière ne reviendra
que le jour de sa profession, le 11
janvier 1903.
Le 21 novembre 1904, fête de la
Présentation au Temple et jour du
renouvellement des vœux des car-
mélites, au terme d’une retraite
prêchée par le Père Farges, domi-
nicain, Elisabeth de la Trinité ré-
dige sa célèbre prière : « O mon
Dieu, Trinité que j’adore », vérita-
ble synthèse de vie intérieure. Fa-
milièrement, elle appelle la Trinité
« mes Trois ». Cette contempla-
tive, loin de s’isoler, sait commu-
niquer à ses sœurs, à sa famille, à
ses proches la richesse de son ex-
périence mystique. Son cœur, tout
de tendresse pour les siens, l’incite
à écrire lettres et traités d’une ma-
turité remarquable : 342 lettres
sont conservées, ainsi qu’un jour-
nal, 17 notes intimes, 122 poèmes
et quatre traités spirituels, dont
l’un répondant au désir de sa très
chère sœur Guite qui l’avait priée
de l’initier au secret de sa vie inté-
rieure.
En 1905, elle découvre, grâce à
saint Paul, que nous devons être
« louange de gloire » pour le Père
(« laudem gloriae », Eph. 1, 6).
Elle choisit de se surnommer elle-
même ainsi : «louange de gloire».
Une vie, si elle n’est qu’activisme,
ne touche qu’accidentellement à
l’éternité, celle dont parle saint
Paul en disant : « Tout passera,
seul l’Amour ne passera pas.»
Les premiers symptômes de la
maladie d’Addison, incurable à
l’époque, s’étant manifestés durant
le Carême 1906, Elisabeth est
transférée à l’infirmerie. De plus
en plus, elle va s’enfoncer en
Dieu. « Avant de mourir, je rêve
d’être transformée en Jésus cruci-
fié et cela me donne tant de force
dans la souffrance. » L’ardent
souffle apostolique qui avait tra-
versé sa vie ne fait que s’accroître.
« O Amour, épuise toute ma subs-
tance pour la gloire ; qu’elle se
distille, goutte à goutte, pour ton
Eglise ! » Elle avoue que naturel-
lement, elle n’aime pas la souf-
france, mais elle a conscience que
cela lui permet de s’unir aux souf-
frances de Jésus pour nous. « Je
comprends que la douleur est la
révélation de l’Amour. »
A l’Ascension, elle entend, pro-
noncés au plus profond d’elle-
même, ces mots : « Si quelqu’un
m’aime, mon Père l’aimera, et
nous viendrons à lui et nous ferons
chez lui notre demeure. »
Deux mois avant sa mort, elle
écrit à sa maman : « Le Maître a
choisi ta fille pour l’associer à son
grand œuvre de rédemption… Il
veut que je lui sois une humanité
de surcroît en laquelle Il puisse
encore souffrir pour la gloire du
Père, pour aider aux besoins de
l’Eglise ; cette pensée me fait tant
de bien. »
Les derniers mots intelligibles
de la mourante sont comme un
chant : « Je vais à la lumière, à
l’amour, à la vie. » Le 9 novembre
1906, « Laudem gloriae » rend son
âme à Dieu. Quelques jours aupa-
ravant, elle disait : « Il me semble
qu’au ciel, ma mission sera d’atti-
rer les âmes en les aidant à sortir
d’elles-mêmes pour adhérer à
Dieu par un mouvement tout sim-
ple et tout amoureux. »
Frère Jean-Romain
Bibliographie
Elisabeth de la Trinité, Œuvres com-
plètes, éditions du Cerf, 2002.
PHILIPON (M. M. o.p.), La doctrine
spirituelle de Sœur Elisabeth de la
Trinité, Desclée de Brouwer, 1940.
Petite vie d’Elisabeth de la Trinité,
DDB, 1993.
L’Homme nouveau, numéro du 4 no-
vembre 1984.
La curiosité est un vilain défaut Paul discute avec un de ses amis :
« Ma femme pense que je suis très curieux !
- Mais, qu’est-ce qui lui fait dire cela ?
- Je ne sais pas, mais c’est écrit dans son journal intime. »
Charité bien ordonnée commence par soi-même André demande :
« Maman, est-ce que je peux donner un euro à un pauvre monsieur qui est en train de hurler
dans la rue ?
- Bien sûr, mais qu’est-ce qu’il crie ?
- Trois boules de glace pour seulement un euro ! »
6
M ercredi 5 juillet
au matin, une grande animation rè-
gne aux portes du prieuré. Des fa-
milles se bousculent en traînant de
lourds sacs de voyage… Il faut dire
que leurs garçons partent quinze
jours en centre de vacances organi-
sé par le patronage Saint-François
de Sales.
Regardez-les pour l’instant : ils
sont discrets, calmes, se parlant à
peine ; ils sont émus même s’ils ne
veulent pas trop le dire. Emus de
partir à l’inconnu, de quitter les pe-
tites habitudes familiales et le
confort de sa chambre… L’un d’en-
tre eux me dira quelques jours après
le retour : « Je me suis fait peur ».
Peur de mal manger, de rester seul,
peur du groupe… que sais-je en-
core ?
Mais voilà, les soutes sont plei-
nes de valises et de matériel divers ;
le car roule, roule… Les kilomètres
se succèdent, les heures défilent, en
fait onze heures de voyage pour
rallier le Puy-en-Velay. Inutile de
dire que ces longues heures sont
mises à profit pour commencer à se
connaître. Discrètement, certes,
mais la première impression n’est-
elle pas souvent la bonne ?
Vers dix-neuf heures, c’est l’arri-
vée. L’équipe d’animation accueille
ces 55 garçons. Chacun cherche sa
chambre espérant être avec son ami.
Tous sont impressionnés par la
taille des locaux : un ancien couvent
de chartreux reconverti en lycée.
Le lendemain après-midi com-
mencent les activités : escalade,
V.T.T. ou encore canoë. Elles alter-
nent avec des moments plus
« calmes » comme des visites. Mais
le temps passe vite, les amitiés se
forment. Il n’y a qu’à observer la
composition des tables au réfectoire
pour s’en persuader. C’est sûr, les
appréhensions
bien légitimes
du départ cè-
dent la place à
l ’ a m b i a n c e
joyeuse et dé-
contractée des
vacances. Tous
trouvent leurs
repères.
Mardi 11
juillet, départ
en randonnée :
à nous le
GR 10 et ses
grands espaces
ensoleillés ! 18
kilomètres le
premier jour, 15 kilomètres le len-
demain après une nuit dans un cam-
ping. Ah ! le charme de la tente
mais surtout cette baignade dans
l’eau fraîche du cours d’eau qui
longe le terrain, fraîcheur qui re-
donne des forces.
Mais le soir du mercredi, un vio-
lent orage s’abat sur nous. Nos gar-
çons réagissent au quart de tour. En
un instant le campement est démon-
té, tout le monde est à l’abri. Plus
tôt que prévu, mais secs, nous re-
trouvons le confort du centre avec
joie.
Les activités se suivent mais
nous n’en oublions pas pour autant
nos dévotions. L’abbé d’Orsanne
sait nous motiver. Ses petits mots
du soir nous poussent à assister à la
messe du matin ou à aller nous
confesser. Par une belle matinée, il
sait nous entraîner dans un beau
pèlerinage à Notre-Dame du Puy.
Nos prières résonnent sous les voû-
tes ancestrales.
Mais déjà, il faut plier bagages.
Inutile de dire que l’ambiance est
plus animée qu’à l’aller. Quinze
jours de vacances communes sou-
dent un groupe. Cependant, le sé-
jour n’est pas fini : le groupe se di-
sloque après une journée passée au
Puy-du-Fou qui nous offre un ma-
gnifique voyage à travers le temps !
Le vingtième Camp Saint-
François de Sales est passé bien
vite. Il nous reste les souvenirs et
les coups de soleil… Vivement l’an
prochain.
Frère Pascal
Actualité de la Tradition
Les jeunes fous du Puy ou le Patronage en Velay
Deux animateurs en consultation
Les jeunes Nantais n’ont peur de rien !
Autour de la « pierre des fièvres » au Puy
7
C laire Fer-
chaud naquit
le 5 mars
1896, dans
une famille de paysans, en
plein cœur de la Vendée
militaire.
Elle grandit sur la col-
line des Rinfillières, formée
à l’école de l’Enfant-Jésus :
il jouait avec elle et l’ins-
truisait, la préparant à sa
mission future.
A la suite de sainte Mar-
guerite, elle dut, elle aussi,
présenter une requête au
chef du gouvernement. L’entrevue
avec le président Raymond Poin-
caré eut lieu au début de l’année
1917. Si celui-ci acceptait de met-
tre le Sacré-Cœur sur le drapeau
français, la victoire serait immé-
diate, la franc-maçonnerie serait
anéantie, et la France retrouverait
sa mission chrétienne.
M a l h e u r e u s e m e n t n o u s
connaissons la suite : Raymond
Poincaré se laissa influencer par
l’Assemblée nationale refusant la
miséricorde divine. Seul, l’humble
peuple de France, bravant les in-
terdits, répandit sur le front de
Verdun les fanions du Sacré-Cœur
obtenant de Dieu une trêve : « la
victoire » de 1918.
Devant l’échec apparent de sa
mission, Sœur Claire se retira dans
sa chère Vendée, à Loublande.
Elle s’offrit au Sacré-Cœur en vic-
time expiatrice.
« Si tout d’abord, je semble
concentrer mes efforts pour la
France… ma patrie ne sera que
l’autel pour offrir au Pape mon
hostie. C’est à cet autel, qu’au
bout de mes bras haut tendus se
présente le calice de larmes et de
sang de l’humble expiante. » De là
doit jaillir la messe perpétuelle
seul sacrifice capable de réparer
les péchés des hommes. Mais, No-
tre-Seigneur confia à son humble
expiatrice : « La France me tue…
donc je m’en vais en mon Père, et
ne reviendrai qu’au jour où vous
me rendrez la possibilité de vi-
vre. »
Depuis six ans maintenant, les
Vendéens, indignes serviteurs, ont
repris le chemin des Rinfillières.
Et cette année, le dernier di-
manche de septembre en la fête de
sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus,
nous sommes repartis implorer les
miséricordes de Dieu pour la
France, l’Eglise et le pape. Ac-
compagné d’une poignée de vail-
lants Nantais, notre prieur italien
nous a fait la grande joie de nous
assister de sa pieuse présence.
A Saint-Laurent nous avons
fait une halte au tombeau
du Père de Monfort afin
qu’il nous mette dans les
bras de Marie pour aller à
Jésus. Puis la marche se
poursuivit sous un ciel me-
naçant… Heureusement les
anges de notre divin Maître
déjouèrent gracieusement
les prédictions météorologi-
ques !
A notre arrivée aux Rinfil-
lières, Monsieur l’abbé Pe-
trucci nous parla de la dé-
votion au Cœur plein d’a-
mour de Jésus.
Nous allâmes enfin déposer
nos suppliques au pied de la
grande croix qui surmonte les qua-
tre autels édifiés pour la sublime
réparation : la messe perpétuelle.
Merci à tous les pèlerins venus
des quatre coins, de la Vendée mi-
litaire ; merci à notre prieur et à
ses paroissiens pour leur présence
parmi nous. Merci à l’équipe qui
chaque année se dévoue vaillam-
ment à l’organisation du pèleri-
nage. Merci à Notre-Dame des
Rinfillières et au Sacré-Cœur pour
leur protection.
Que la parole du Sacré- Cœur
se réalise : « Quand vous verrez
dans ce lieu les foules à genoux et
demander pardon, mon cœur fera
grâce et apparaîtra sur une
France régénérée. » ! (Notre-
Seigneur à sœur Claire en 1929).
A. Ménager
Pèlerinage à Notre-Dame des Rinfillières
A Jésus par Marie
Les bannières au pied de la Croix
8
L’Hermine. Directeur de la publication : Fr. Pascal Goulot. - Rédacteur : Abbé P.-M. Petrucci.
Imprimé par nos soins / ISSN 1773-3235 / CPPAP 0107G85934 / e-mail : [email protected]
Activités des mois à venir
Du 28 au 30 octobre : Pèlerinage international du Christ-Roi à Lourdes. Un car partira du Prieuré Saint-Louis le samedi 28 à 4 H 00 du matin. Retour prévu le lundi 30 à 23 H 30. Renseignements et inscrip-
tions auprès des Transports Bourmaud (02 51 94 90 71).
Samedi 4 novembre : réunion de la Croisade eucharistique. Rendez-vous au Prieuré Saint-Louis à 16 H 00 avec un goûter.
Lundi 6 novembre : réunion du Cercle des Familles organisée par M. l’Abbé de Maillard. Renseignements au 06 707 48 555.
Dimanche 12 novembre : Journée franciscaine au Rafflay pour tous ceux qui veulent découvrir ou appro-fondir la spiritualité de saint François (Tiers-Ordre, cordigères, Milice de l’Immaculée). Renseigne-
ments : 02 40 26 08 65.
Samedi 18 novembre, de 19 H 00 à 22 H 00 : marche de nuit pour les adolescents du Patronage Saint-François de Sales.
Samedi 2 et dimanche 3 décembre : Marché de Noël et Fête du livre au Prieuré Saint-Louis.
Du 26 au 30 décembre : séjour familial dans les Pyrénées. Renseignements et inscriptions auprès du Frère Pascal (06 76 93 81 97).
Samedi 9 décembre : récollection d’Avent au Rafflay. 10 H 00 : 1ère conférence. - 11 H 15 : messe. - 16 H 00 : Salut du Saint-Sacrement de clôture.
1. Qui fut le premier prieur du
Prieuré Saint-Louis ?
2. A quoi servait à l’origine le
local loué 25 rue François Bru-
neau qui est devenu notre cha-
pelle ?
3. En quelles années la chapelle
fut-elle bénie par Mgr Lefeb-
vre ?
4. Combien l’Ecole Saint-Louis
comptait -elle d’élèves à la ren-
trée 1981 ?
5. Donnez les noms des trois di-
recteurs successifs de l’Ecole.
6. Qui est l’élève de l’Ecole
Saint-Louis photographié ci-
dessous (en 1992) ?
7. En quelle année Mgr Lefebvre
a-t-il béni la grotte de Lourdes
du Prieuré ?
8. Quel abbé fut ordonné au
Prieuré par Mgr Tissier de Mal-
lerais ?
9. En quel année fut peint le célè-
bre trompe-l’œil du chœur de la
chapelle ?
10. Quel prêtre a fondé la Croisade
du Rosaire ?
11. En quelle année le Prieuré
Saint-Louis fut-il consacré suc-
cessivement au Sacré-Cœur et
au Cœur immaculé de Marie ?
12. En quelle année l’Ecole Saint-
Louis déménagea-t-elle au 8,
rue de la sirène ?
Le Prieuré Saint-Louis fête ses vingt-cinq ans
Le premier de nos lecteurs qui enverra au Prieuré Saint-Louis les
douze réponses exactes recevra un cadeau-surprise !
DDDD imanche 8 octobre,
de nombreux fidèles
se sont réunis pour
fêter les 25 ans du Prieuré Saint-
Louis. M. l’abbé de Cacqueray a
célébré une messe solennelle dans
une chapelle bondée, lançant en
sermon un vibrant appel à la sain-
teté. Ensuite, plus de 550 convives
ont pris part au repas d’anniversaire
dans le splendide cadre du château
de la Poterie. M. Billot, M. l’abbé
André, fondateur du Prieuré, et M.
l’abbé Bonneterre, qui en a été res-
ponsable pendant 22 ans, ont évo-
qué quelques souvenirs de toutes
ces années d’apostolat.
Une tablée de quinze abbés pour
souffler vingt-cinq bougies...
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