Essai sur le principegnrateur des
constitutions politiqueset des autres institutions
humaines ([Reprod.])par M. le [...]
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Maistre, Joseph de (1753-1821). Essai sur le principe gnrateur des constitutions politiques et des autres institutions humaines ([Reprod.]) par M. le comte de Maistre,.... 1814.
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THE FRENCH REVOLUTIONRSEARCH COLLECTION
LES ARCHIVES DE LAREVOLUTION FRANAISE
PERGAMON PRESS
Headington Hill Hafl, Oxford OX3 OBW, UK
ESSAISUR
LE PRINCIPE GNRATEUR
DES
POLITIQUES^
JPar M. Ze Comte DE
potentaire de S- M. le Roi de prs
S. M, l'Empereurd Russie auteur des
drations sur la France,
En/ans dts hommes Jusques qi'd
porterez-vous des coeurs assoupis? Quand
cessert-eous de courir aprs te mensongeet de vous passionner pour le Nant?
Ps. IV. 3.
A PARIS,
A LA SOCIT TYPOGRAt HIQUJE,Tlace Saint-Sulpice, n 6> de loi naturelle qui ordonne d'excuter les
lois qu'on a faites d quoi servent elles ?
M Les promesses, les engagemens les scrmens
ne sont que des paroles: il est aussi ais
de rompre 'ce lien frivole que de la fbrtner.
w Sans le, dogme d'un dieu lgislateur, toute
j) obligation morale est chimrique. Force d'un
ct. impuissance de l'autre voil tout le
lien des socits humaines (**).
(*) L'homme dans l'tat de Nature n'avoit que des
droits En entrant dans la socit je re-
nonce ma volont particulire pour uie conformer
la Loi qui est la volont gnrale. Le Spec-
( Tom. i,'p. 194 ) j s'est justement
mo'^u de cette dfinition mais il pouvait observer de
pins qu'elle appartient au'sicle, et surtout Locke
c^ui a ouvert ce sicle d'une manire si funeste.
et dogrn. de la Religion.
8. Tom. 3, chap. 4, '
Ce qu'un sage et profond
ici de
gale vrit l'obligation politique pu civile.
La Loi n'est proprement ne possdeune vritable sanction qu'en la
ne d'une volont suprieure
caractre essentiel est de n'tre pas la vo-
lont de tous Autrement les lois ne seront,
comme on vient de le dire, que des Rgle-
mens-; et, comme Je dit encore l'auteur cit
tout l'heure Ceux qui ont eu la libert, de faire ces conventions ne se sont pas tm Je pouvoir de les rvoquer; et leurs degcen-
dans, qui n'y ont eu aucune part, sont en?-
n core moins tenus de les observer. () Del
vient que le bon sens primordial, heureuse-
ment antrieur aux sophismes, a cherche de
tout ct la sanction des lois dans une puis-sance au-dessus de l'homme soit, enrconnois-
sant que la souverainet vient de Dieu, soit
en rvrant certaines lois non crites comme
venant de Lui,
(*) Beigier. Ibid.
III. LES rdacteurs des lois romaine* rit
jet sanfe prtention j daii le pretnier; chapitre
de leur collection j un fragment de jurispru-
lois qui nousdit m passage
tes unes sont le sont
pas. Riende plus iiSipf
est rien de ploS pi*c>*
fond. Connot-on quelque loi tnrque qui pt-
mette expressmentau Souverain d'nvoyer
immdiatement ud hbmni la mftrtsaiis l
dcision intermdiaire
on quelque loi dttt,Mi religieuse qui
le dfende aux Souverains de l'Europe- Chr-
tienne (*) ? Cependantle Tnrc n'est pas plus
surpris de Voirson matre ordonner imta-
(*) L'Eglise dfend ses enfans encore plus
fortement que les lois civiles
eux mmes et c'est par son esprit que les Rois
chrtiens ne se la font pas y dans les crimesmmes
de lse- majest au premier' chef et qu'ils temt-
tent les criminels entre les mains des juges pour les
faire punir selontes lois et dans les jormes de la
justice. ( Pascal. XIVe. lettre prov. ) Ce passageest
trMnaportant et devait se trouver ailleurs.
(6)
diatement la mort d'un homme que de le voir
aller la Mosque. Il croit avec toute ;1' Asie,
et mme avec toute l'antiquit que le'droit
de mort exerc immdiatement est un appa-
nage lgitime de la souverainet. M ais nos
Princes frmiroient JL Ja seule ide de'on-
damner, un homme mort; car seton notre
manire de voir cette condamnatiou seroitun
meurtre abominable Et cependant je doute
qu'il ft possible de le leur dfendre par une
loi fondamentale crite, sans amener des maux
plus grands que ceux qu'on auroit voulu pr-
IV. Demande? l'histoire romaine quel
toit prcisment le pouvoir du Snat elle
demeurera muette du moins quant aux li-
mites prcises de ce pouvoir. On voit bien, en
gnral que celui du peuple et celui du;Snat
se balanoient mutuellement et ne^cessoient de
se combattre On voit bien que le patrio-
tisme ou la lassitude,' la foiblesse ou la vio-
lence terminoient ces- luttes dangereuses mais
nous n'en savo n s pas davantage (*); en assis-.
(*) J'ai souvent rflchi sar ce passage de Cic^
tant ces grandes scnes de Phistoire, on sesent quelquefois tent de croire, que les choses
seraient alles beaucoup mieux s'il y a voit eudes lois prcises pour circonscrire les pouvoirs;mais ce, seroit une grande erreur de pareilleslois, toujours compromises par des cas inat-tendus et des exceptions forces, n'auroient pasdur six mois ou elles auroient renvers la
ublique.
V. LA Constitution anglaise est un exem~
pie plus pr de nous, et, par consquentplus frappant. Quyon l'examine avec, atten-tion On verra qu'elle ne va qu'en n'allant
ron ( de "Leg, n 6. ) Leges Livice prsertim unozersiculo senatus punctotemporis sublat sunt. De
quel droit le Snat prenoit-il cette libert Et coin-ment le Peuple le laissoit-3 faire ? Il n'est srementpas ais de rpondre Mais de quoi peut-on s'ton-ner dans ce genre, puisqu'aprs tout ce qu'on a critsur l'histoire et sur les antiquits romaines il & fallude nos jours crire des dissertations pour savoir com-jneirt le Snat se recrutait.
i)
pas ( si ce jeu de
se soutient que
corpus par
l'exception
sons un instaM qti les auteurs de
oci eussent eu la prtention de fixer le cas o
il tre suspendu, ils
par le fait.
Y|. Dans la Sance de la Chambre des
Communes, du 26 Juin un Lord cita
l'autorit d'un grand homme
blir que le Roi n'a pas droit de dissoudre
le Parlement pendant la Session,; mais
cette opinion fut contredite; o est la Loi ?
Essayez de la faire, et de fixer exclusivement
par crit le "cas o le Roi a ce droit vous
amnerez une rvolution. Le Roi, dit alors
l'un des Membres a l'oc-
est importante mais qu'est-ce, qu'une
occasion importante ?
dcider par crit.
VU. Mais voici
(9)
monde se rappelle la grande
question agite avec tant de chaleur en An-
H savoir:
ttire avec une ple de membre du Cotuseil
cipes de la -anglaise, ? EJafrs la
sance de cette mme Chambre des Commu-
nes da 3 Mars-) an Membre observa queest gouverne par uni -Corps (.le
Conseil priv ) que la Constitution ignore ().
Voil donc chez cette sage et justement fa-et
fait tout dans le vrai,- mais que la Constitu-
cependant qu'il s'en doute.
(10)
trait que je pourrais appuyer de plusieursautres..
Aprs cela qu'on vienne nous parler de
Constitutions crites et de lois constitution-nelles faites priori* On M conoit pascomment un homme sens
soit de faire une loi en Angleterre pour don-ner une existence constitutionnelle au Conseil
prive, et pour rgler ensuite et circonscrire
rigoureusement ses privilges et ses attribu-
lions, avec les prcautions ncessaires pourlimiter son influence et l'empcher d'en abu-ser, on renverseroit l'Etat.
La vritable Constitution anglaise estcet esprit public, admirable,
tout loge; qui mne tout,qui conserve tout, qui sauve tout. Ce quiest crit n'est rien. (*)
(*) Cette Constitutin turbulente dit Humetoujours flattante 'entre la prrogative et le privi-
lge j prsente d'autorits pour et contre.
la vrit, ne manque point de respectdit ce qui est et ce qui doit tre..
()VIII. On jeta les hauts cris! sur
la fin du
sicle dernier, contre un ministre qui avoit
Conu le projet d'introduire cette mmeCons-
titution anglaise ( ou ce qu'on appeloitde ce
nom) dans un Royaume en convulsion qui
en demandoit une quelconque, avecune es-
pce de fureur il eut tort, si l'on veut;au-
tant du moins qu'on peut avoir tortlors-
qu'on est de bonne foi; ce -qu'il estbien
permis de supposer, et ce que jecrois de
tout mon cur Mais qui donc avoit droitde
le condamner? Ve duo vel nemo. Il ne
dclaroit pas vouloir riendtruire de son chef;
il vouloit seulement, disoit-il, substituer une
chose qui lui paroissoit raisonnable t une
autre dont on ne -vouloit plus, et qui mmq,
par le fait, n'existoit plus. Si l'on suppose
d'ailleurs le principe comme pos ( et il l'-
toit en effet ) Que l'homme peut crer une
-:Constitution,; ce Ministre ( qui cet-
tainement un homme) avoit droit de faire
la sienne tout comme un autre, et plus qu'un
autre. Les doctrines, sur ce point, toitent-
elles douteuses? Ne croyoit-on pas de tout
ct qu.'une Constitution est an ouvrage d'es-
prit comme une Ode ou une Tragdie? Thomas
( ia j
Payne n'avoit-il pas dclar, avec une pro-
fondeur qui ravissoit les Universits qu'une
constitution n'existe pas tant qu'on fie peut
la mettre dans sa poche? Le XVIIIe. sicle
qui ne- s'est dout de
c'est la rgle; et, je ne trois pas qu'il ait
produit un seul jouvenceau de quelque talent
qui n'ait fait trois choses, au sortir du Col-
lge une Nopdie, une Constitution et un
Monde. Si donc un hojmmedans la matu-
rit de l'ge et du talent, profondment vfirs
dans les sciences conomiques et dans la phi-
losophie du temps, n'a voit entrepris que la se-
conde de ces choses seulement, je
trouv dj excessivement modr
voue qu'il mue paroit un, vritable prodige de
sagesse et de modestie lorsque jele vois,
mettant ( aa moins comme il
demander respectueusement une
aux Anglais, ail lieu de l faire lui-mme.
On dira Gela mme pas possible
Je le sais mais il ne le savoit pas et coin-
ment l'auroit-il .su? Qu'on me nomme celai
qui le lui avoit dit.
IX. Plus on examinera le jeu de l'action
humaine dans la formation de Constitutions
politiques, et plus on se convaincra qu'elle
n'y entre que d'une inanire infiniment sul>
ordonne; ou comme simple instrument,- et
ne crois pas qu'il reste le moindre doute
sur l'incontestable vrit des propositions sui-
vantes
Que les racines des Constitutions po-
litiques existent avant toute loi crite.
loi constitutionnelle n'est, et ne
peut tre que le dveloppement, ou la sanc-
tion d'un droit prexistantet non crit.
Que ce qu'il ya de
plps# essentiel,
de plus intrinsquement constitutionnel et de
n'est jamais crit,
et mme ne sauroit sans exposer rEtat.
4. Que la foiblesse et la fragilit d'un$
sont prcisment en raison di-
recte de la multiplicit des articles constitu-
tionnels crits.
(*) Ce* qui peut servir de Coftimentaire au Motclbre de Tacite
( *4 )
.' Nous sommes tromps' sur ce point
par un sophisme si naturel qu'il chappe en-tirement notre attention. Parce que l'homme
agit, il croit agir seul; et parce qu'il a la
conscience de sa libert, il oublie sa dpen-dance. Dans l'ordre physique il entend, rai-
son, et quoiqu'il puisse, par exemple, plan-ter un gland, l'arroser, etc., cependant il est
capable de convenir qu'il ne fait pas des
chnes, parce qu'il vot. l'arbre crotre et se
perfectionner sans que le pouvoir humain
s'en mle, et que d'ailleurs il n'a pas fait le
gland; mais dans l'ordre social o il est pr-sent et agent /il se met croire qu'il est
rellement fauteur direct de tout ce qui sefait par lui c'est, dans un sens, la truelle quise croit architecte. L'homme est intelligent ilest libre, il est sublime sans doute; mais il.
n'en est pas moins- un outil de Dieu; suivant
l'heureuse expression de Mutarque, dans un
beau passage qui vient de lui-mme se placerici.
Il ne faut pas s'merveiller, ditril, si les plus belles et les plus grandes clieses du
monde se font par la volont et providence de Dieu; attendu que, ei^j^tites les plu
Ci*
Qp n,f saurai* :* je gip
psfi
d'application pj$$ ju$e formationdes Constitutions politiques, o l'on pei*tavec une 4g$te lnt que fait Mutet nv fait rien.
X I. S'il y a quelque chose
comparaison de icron, ai^t sujex du systmed'EpiF$ qui vquJaU Mr un rond avec le*
atomes tombant au hasard dans le vide.' On in$
fqiroit plutt disoit le grand
que des lettres jete en l'air, pourroient
s'arranger en tombant de manire jbrmetun pome. Des milliers de bouches ont rptet clbr cette pene; je ne vois pas cependantque personne ait song lui
ment qui lui manque. Supposons
d'une tovu^ viennent former terre
Racine, qu'en r,sultera-t-il?
gence a prsid la chute et l'arrangementsens ne conclura jamais
XII. Considrons maintenant une Cons-
X >7 )
quelconque celle de l*nR
gleterre par exemple. Certainement elle n'a
pas i faite Jamais des hommes
d'Eiat ne se sont assembls et n'ont dit
Crons trois pouvoirs balanons le$de
telle manire, tc., personne n'y a pens. La
Constitution -est l'ouvrage des circonstanceset Je nombre de ces circonstances est infini.
Les lois romaines, les lois ecclsiastiques, les
lois fodales, les coutumes saxonnes-, norman-
des-,et danoises; les privilges, les prjugs et
les prtentions de tous les ordres; les guerres
ls rvoltes les rvolutions la conqute les
croisades toutes les vertus, tous les vicestoutes les connoisSances toutes les erreurstoutes les passions tous ces lmens, enfin,
agissant ensemble et formant par leur m-
lange et leur action rciproque des combi-
libre de forces politiques q4&n
dans le monde (*).. V r-
(*) TaGte croyoit que cette
XIII. Or, puisque ces lmenS;, ainsi piir
jets dans l'espace, se sont arranges ensi bel
ordr.e sans que parmi cette foule innom-
brable d'hommes qui ont agi dans ce vaste
champ, un seul ait jamais su ce qu'ilfaisoit
par rapportau tout ni prvu ce qui devoit
arriver il s'ensuit que ces lmens toient
guides dans leur chule parune main infail-
lible suprieure l'homme. La plus grande
folie, peut-tre du sicle des folies,fut de
croire que les lois fondamentales pouvoient
nement ne seroit jamais qu'une thorie idale ou une
exprience passagre. Le meilleur de tous les gpu-
vernemens dit -il ( d'aprs Cicron comme
on sait) seroit celui qui rsulteront du mlange des
trois pouvoirs balancs l'un par l'autremais ce
gouvernement n'existera, jamais}ou s'il se Mun-
tre, il ne durera pas. ( Ann. Iv, 33. ) Le bon
sens anglais peut cependant le faire durerbien plus
long-temps qu'on ne, pourroit l'imaginer,en subor-
donnant sans cesse, mais plus ou moins, la thorie,
ou ce qu'on appelle les prixcipes, aux leonsde l'ex-
prienee et de la modration Ce qui seroit impos-
sible, si les principes toient crits
( '9)
tre crites ayiripv'i; tandis qu'elles sont vi-
demment l'ouvrage d'une force suprieure
l'homme; et que l'criture mme, trs-post-
rieure, est pour elles le plus grand signe de
nullit.
XIV. Il est bien remarquable que Dieu
ayant daign parler aux hommes a mani-
fest lui-mme ces vrits dans les deux rv-
lations que nous tenons de sa bont. Un trs-
habil homme qui fait mon avis une sort^
d'poque dans notre sicle raison du Com-
bat outrance qu'il nous montre dans ses
crits entre les prjuges les plus terribles de
sicle de secte d'habitude etc; et les in-
tentions les plus pures les mouvemens du
cur le plus droit et les connoissances les plus
prcieuses; cet habile homme, dis-je a d-
cid Qu'une instruction venait imm-
par ses ordres, DE VOIT premirement cer-lifter aux hommes l'existence de cet TRE.
C'est prcisment le contraire car le pire-mier caractre de cette instruction est de ne
rvler directement ni l'existence de Dieu ni
(20)
es attributs mais de supposer le tout ant-rieurement connu, sans qu'on sache ni poufe*quoi ni comment. Ainsi elle ne dit
n'y a; ou vous ne croirez qu'un seul Mieu
ternel, Tout-Puissant) etc. Elle dit, (etc'est son premier mot) sous une forme pure-ment narrative Au commencement,_ Dieucra etc. par o elle suppose que Je dogmeest connu avant l'criture.
XV. Passons s au Christianisme qui est la
plus grande de toutes les institutions imaai*nables, puisqu'elle est toute divine, et qu'elleest faite pour tous les hommes et pour tousles sicles Nous la trouverons soumise laLoi gnrale. Certes, son divin auteur toitbien le matre d'crire lui-mme ou de feii?ecrire cependant il n'a fait ni l'un ni l'au-tre, du moins en formeveau Testament postrieur il la mort duLgislateur et mme l'tablissement de sa
religion prsente une narration des avertis-setnens des prceptes moraux, des exhor-tations des ordres, maisnullement
formeimprative.LesEvanglistes,en racon-tantcettedernirecne o Dieu nous aimaJUSQU'A LA FIN,voient: l une belle,occasionde commanderpar crit notrecroyance;ils se gardentcependantde dcla-rer ni d'ordonnerrien.On lit biendansleuradmirablehistoire jlles! Enseignez!Mais.pointdu tout enseignezceci ou cela. Si ledogmese prsentesonsla plumede l'histo-riensacr,il l'noncesimplementcommeunechoseantrieurementconnue(*). Les symbo-les,qui parurentdepuis,sontdesprofessionsde foipour se reconnotreou pour contre-
(*)Hesttrs-remarquablequelesEvanglistesmmeneprirentla plume'qutard,et principale-mentpourcontrediredeshistirqsses publiesdeleurtemps.LesEptrescanoniquesnaquirentaussidecausesaccidentellesjamaisfEcrituren'entradansle planprimitifdesfondateurs,MU,mquoiquepro.testantVa,reconnuexpressment.( Prolog.in nov.test. grc.P. I. N.65. EtHobbesavoitdjfaitlammeobservationen Angleterre( Hobbes'*Tripos,intireiscourses.Dite.TheIlth.P.a65.in-8.)
( 22 )
dire les' erreurs du montent; on y lit Nous
craons jamais Vous croiriez Nous les
rcitons en particulier nous les chantons
dans les Temples sur la Lyre } et sur l'Or-
gue (*), comme de vritables prires, parce
qu'ils sont des formules de soumission de
confiance et de foi adresses Dieu et non
des ordonnances adresses aux hommes. Je
voudrois bien voir la Cnfessian d'jiusbourg,
ou les trente-neuf articles; mis en musique';
cela seroit plaisant
(*)It chordis et
organo.Ps. CL. 4.
La raison ne peut que parlr c'est
mour qui chante; et voil pourquoi nous chantons
nos Symboles car la Foi n'est qu'une croyance par
dmorir elle ne rside point seulement dans l'en-
tendement elle pntre encore et s'enracine dans la
volont. Un Thologien philosophe a dit avec* beau-
coup de vrit et de finesse II y a bien de la dif-
frenee entre croire et jugec qu'il faut croire.
AHud est credere aliud judicare esse redendutn.
( Leon. Lessi Lyon. pag.
556 col. 2. DtfP rdestinatione. )
( *3 )
Bien loin que les premiers Symboles con-
tiennent l'nonc de tous nos dogmes, les
Chrtiens d'alors auroient au contraire regard
comme un gradd crime de les noncer tous.
Il en est'de mme des Saintes Ecritures ja-
mais il n'y eut d'ide plns creuse que celle d'y
chercher la totalit des dogmes chrtiens il
n'y a pas une ligne dans ces crits qui d-
clare y qu'il laisse seulement apercevoir le pro-
jet d'en faire un Code ou une dclaration
dogmatique de tous les articles de Foi.
Xyi. Il a plus Si un Peuple possde un
de ces Codes de croyance on peuttre sur
de trois choses
1 Que la Religion de ce Peuple est
fausse.
ap Qu'il a crit son Code religieux dans un
accs de fivre.
3** Qu'on s'en moquera en peu de tempstiez cette Nation mme, et qu'il ne peut avoir
ni force ni: dure. Tels sont, par exemple
ces fameux Articles, qu'on signe plue
).
qu'on ne les Ut, et qu'on ne les
qu'on ne les croit Non seulement ce
catalogue de dogmes est compt pour rien
-ou peu, prs dans le pays qui l'a vu natre;
mais de plus, il est vident, mme pour l'il
tranger, que les illustres possesseurs de cette
feuille de papier en sont tort
voudroient bien Il faire disparatre, parca
qu'elle impatiente le bon sens national clair
par le temps, et parce qu'elle leur rappelle
uneorigine malheureuse snais, ta
tion est crite.
XVII. Jama.is, sans doute, ces mmes An-
glais n'auroient demand la Grande Charte, si
les privilges de la Nation n'avoient pas t, vio-
ls; niais jamais aussi ils ne l'auroient
de, si les privilges n'avoient pas exista avant
la Charte, Il en est de l'Eglise comme de l'Etat
-si jamais le Christianisme n'avoit t attaquer
dans
Ca5 >
jamais il n'auraitcrit pour fixer le dogme;
que parce qu'il existoitantrieurement dans son
tat naturel qui est
Les vritables auteurs du Concile
rent les deux grands novateurs duXTe. si-
devenus plus calmes
nous ont propos Hpuisd'effacer cette o fori-
damentale paree qu'elle contient quelqueg mois
difficiles pour eux; et ils ont essayde nous
tenter, en nous montrant comme possible ce
prix une runion quinous rendroit complices
att lie de nous rendre amis; mais cette demande
n'est ni tbologique ni philosophique. Eux-
mmes amenrent jadis dans la tangue reli-
ces mots qui les fatiguent. Dsirons
qu'ils apprennent aujourd'hui les prononcer.
L Fi si h sophistique opposition ne l'avoif
jamais force d'crire, 9eroit mille fois^piusAn-
elle pleure suit ces dcisions que lat
(*) On peut faire ta mme observation en remon-
crire ses dogmes toujours on l'y s force.
( * )rvolte. lui arracha et qui furent toujours des
malheurs puisqu'elles supposent toutes le doute
ou l'attaque et, qu'elles ne purent natre qu'au*
milieu des commotions les plus dangereuses.
L'tat de guerre leva ce! remparts vnrables
autour de la Vrit ils la dfendent sans doute,
mais ils la cachent ils la rendent inattaquable
mais par-l mme, moins inaccessible. Ahl ce
n'est pas ce qu'elle demande, elle qui voudroit
serrer le genre humain dans ses bras.
X V III. J'ai parl du Christianisme comme
systme de croyance je vais maintenant l'envi-
sager comme souverainet dans son associationla plus nombreuse. L, elle est monarchique
comme tout le monde sait, et cela devoir tre,
puisque la monarchie devient., par la
mme des choses plus ncessaire mesure que
l'association devient plus nombreuse. On n'a
point oubli qu'une bouche impure, se f Ce-
pendant approuver de nos jours, lorsqu'elle dit
que la Ftance toit mo-
mer plus heureusement une vrit plus incon tes-
table. IVJais sil'tenduedelaFrance repousse seule
( n )
l'ide de toute autre espce de gouvernement,
plus forte raison, cette souverainet qui, par
l'essence mme de sa Constitution, aura tou-
jours des sujets sur tousles points du globe ne
pouvoit tre que monarchique;et l'exprience
sur ce point se trouved'accord avec la tnehe.
Cela pos, jui ne croiroit qu'unetllemona
chie se trouve plus rigoureusement dtermine
et circonscrite que toutes'les autres, dansia pr-\
rogative de son chef? C'est cependantle con-
traire qui a lieu. Lisez les innombrablesvolumes
enfants par la guerre trangreet mme par
une espce de guerre civile quia ses avantages
est ses inconveniens, vous verrez que de tout
ct on ne citeque
des faits; et c'est une chose
surtout bien remarquable quele tribunal su-
prme^ at constammentlaiss disputer sur la
question qui se prsente tous les esprits.comme
la plus fondamentale, de la Constitution, sans,
avoir voulu jamais la dcider par une> loi for-
nielle,; ce qui devoit tre ainsi; si jene me
trompe inlnimea&, raison prcismentde
l'importance fondamentale dela question. (*)
.(*) Je ne sais si les Anglais ont remarqu que le
Quelques hommes sans missioo, et tmraires
par foibjess, testrent de la dcider en t6$a
en dpit d'un grand homme et ce fut une des
pls solennelles imprudences qui aient jamaist commises dans le monde. Le monument quinous o est rest, est condamnable sans doute
soMa tous les rapports mais il l'est surtout. parun ct qui n'a pas t remarqu quoiqu'it
prte le flne plus que tout autre une critiqu,claire. La fameuse dclaration osa dcider parcrit et sans ncessit, mme apparente (ce quiporte la faute l'excs ) une question qui de'Voit
tire constamment abandonne une certaine sa*
gesse pratique, claire par la conscience wi-
Ce point de vue est le seuh qui se rapport
plus docte et t pins fervent dfenseur de la souve-rainet dont il s'agit ici, intitule ainsi un de ses cha-
pitres Quela monarchie mixte
tempre dParisto-
pure. de suntmo. fil,. Pa*
mal pour un fanatique
On s'apercevra facilement la leeture de cet article que l'iuleut"
n'est pas ni en Fronce
< *9 )
au dessein mois il est biti
digne des mditations de tout esprit juste et de
tout cur droit.
XIX. Ces ides ne sont point trangres
( prises dans leur gnralit)aux philosophes
de l'antiquit ils ont bien senti la foiblesse,
j'ai presque dit le nantde l'Ecriture dans les
grandes institutions mais personne n'a mieux
vu ni mieux exprime cette vrit que Piaton,
qu'on trouve toujours le premier sur la route de
toutes les grandes vrits. Suivant lui d'abord;
a frh&mme qurdoit toute son instruction r-
que f apparence de
w la sagesse. If*1) La parole, ajoute-t-il est
1) -il l'criture ce qu'un homme est son portrait.
,Le productions de rcriture se prsentent
nos yeux comme vivantes; mais si oit les in-
le silence avec di'
griit. II en est de mme de l'criture qui
(*) kvr in Phtedr.
Opp. Tom. X. Edit. Bipont. P. 38 1
{**) p. 38a.)
"(5o.)
ne sait ce qu'il faut dire un homme ni
ce qu'il fai cacher un autre. Si l'on
Tient l'attaquer ou l'insulter sans raison
M elle ne petit se dfende; car son pre n'est
Jamais l pour la soutenir. (*) De manire
que celui qui s'imagine pouvoir tablir,parl'-
M criture seule une doctrine claire et durable
M EST UN GRAND SOT. (**) S'il possdoit
M rellement les vritables germes de la vrit,
M il segarderoit bien de, croire qu'avecun peu
M de liqueur noire et une plume (f) il pourra
. les faire germer dans l'Univers, les dfendre
M contre l'inclmence, des saisons et leur commii-
M niquer l'efficacit ncessaire. Quant celui
qui entreprend d'crire des loisou des
'(*) S (bid. p.
(**) noXA v evteU yipoi. (Ibid. p. 382 )mot
mot. Il regorge de btise,
Prenons garde, chacun dans notre pays, que cette
espce de Plthore nedevienne endthique.
(f)*Ev &R*t>
(3x )
constitutions civiles () et qui se figur que
parce qu'il ls a crites il a pu leur donner
l'vidence t la stabilit convenables, quelque
puisse tre cet homme particulier ou' lgisla-
teur, et oijt qu'on le dise ou qu'on ne le
dise pas il s'est dshonor; car il a
prouv par-l qu'il ignore galement ce quec'est que l'inspiration et le dlire, le juste et
n l'injuste, le bien et le mal: or, cette igno-
r nce estime ignominie, quand mme la
masse entire du vulgaire applaudiroit. (j*)"
XX. Aprs avoir entendu la sragesse, des Na-
tions il n'e sera pas inutile, je pense, d'enten-
dre encore la philosophie chrtienne.
p. 386.)
(*)Et rtt
(3a)
loquent des Pres grecs que nous
n'eussions jamais eu besoin de l'criture et que les prceptes divins ne fussent crite que-m dansjaos curs par 'le grce, comme ils le.
sont par l'encre, dans nos livres Mais, puis* que nous avons perdu cette grce par notre faute saisissons donc puisqu'il le faut, unem planche au lieu du vaisseau et sans oublier
cependant la supriorit du premier tat. Dieu ne rvla jamais rien par grit aux glus de l'Ancien-TestamenTr: toujours il leur parlaIl directement, parce qu'il voyoit la puret de
leurs coeurs; mais le peuple hbreu, s'tant prcipit dans l'abime des vices il fallut des livres et des lois. La mme marche s'est re-
nouvele sous l'em pire de la nouvelle rvla-
tion; car le Christ n'a pas laiss un seul erit ses Aptres. Au lieu de livres il leur pro-
mit le Saint-Esprit. Cesf lui, leur dit-il^0 qui vous inspirera ce que vous aurez
dire ;Mais parce que dans la sjjite des
Chrysost. Hom, in Mat th. I, i*
(33)
3
coupables se rvoltrent
contre les dogmes et contre la morale;, il fallut
en venir aux livres.
XXI. Toute la vrit se trouve runie
dans ces deux autorits. Elles montrent la
profonde imbcillit ( il est bien permis de
parler comme Platon, qui ne se fche jamais )la profonde imbcillit dis-je, de ces pauvres
gens qui s'imaginent que les Lgislateurs sont
des hommes (*), que les Lois sont du papier;et qu'on peut constituer les Nations avec de
au contraire que l'-un signe de
mesure qu'une
institution est parfaite, elle crit moins, d
Pseumes de David distingue le sui-vant Constitue domine Icgislatarem supersciant
Seigneur, un Lgislateur sur leurs ttes, afin qu'ils
tm)manire que celle qui est Certainement divine,
n'a rn crit du tout en
nous faire sentir que
qu'un mal ncessaire produit par l'infirmit
pu par la xnalice humaine et qu'elle n'est rien
du tout, si elle n'a reu une sanction antrieure
et non crite?
XXI I. ici qu'il sur le
paralogisme fondamental d'un systme qui a
si maUteuceusement divis l'Europe. Les parti-
sans de ce systme ont dit Nous lie
qu'Ja parole de, Dieu Quel abus de
choses divines %>us
parole tandis que nos" chers ennemis s'obsti-
ou voulu changer la Nature
vie et l'efficacit qu'elle
n'a pas Sainte n'est elle donc
Sait-ellece qr$ faut dire
( 56 )
convaincre sur ce point pour peu qu'il veuille
rflchir sur un axiome galement frappant
par son importanceet par son universalit.
C'est que, rien de grand N'A
wencemens. On ne trouvera pas dans l'his-
toire, de tous les sicles une. seule exception
cette loi. Crescit occulto
c'est la devise ternelle de toute grande insti-
tution et de l vient que toute institution
fausse crit beaucoup parce qu'elle sent sa
foiblsse et qu'elfe cherche s'appuyer. De
la vrit que je viens d'noncer rsulte
l'inbranlable consquence,
tion grande et relle ne
sur une loi crite puisque les hommes mmes,
instrumens successifs de l'tablissement, ignorent
ce qu'il doit devenir et que l'accroissement
insensible est le vritable signe de la dure,
dans tous les ordres possibles de choses. Un
exemple. remarquable de ce genre se trouve
dans la puissance des Souverains Pontifes que
je n'entends point envisager ici d'une-manire
ont fait depuis le
gieuse dpense d'rudition pour tablir,,ea
(37)
remontant jusqu'au berceau du Christianisme,
que les Evques de Rome n'toient pointdans
les premiers sicles ce qu'ilsfurent depuis;
supposant ainsi comme un pointaccord que
tout ce qu'on ne trouve pasdans les temps
esprit de comentionet sans prtendre cho-
que!- personne ils montrenten cela autant de
philosophie et de vritablesavoir que s'ils
cherchoient dans un enfant au maillot les v-
ritables dimensions de l'h#nm fait. La Sou-
parte dans ce momentest ne
comme les autres, et s'est accrue comme les
une piti de voir d'excellens
esprits se tuer prouver par renonce quela
virilit *est un abus tandis qu'une institution
quelconque adlte en naissant estune ab-
une vritable contra-
diction logique. Si les ennemis clairs et g-elle en a
la question
leurs yeux comme un lger brouillard.
(58)
s
rabattre, denous afait
! plus, rcri, tel& que,ejtnapla, seront 4m
humain comme les vritables, gnies,
Personne n'en .douera
aoglais serottt Catholique?
c >,
lejs ga?6Ues; dit
de, la Providence' uo de ces dcretles grapdes poques
ls bases. Que si
indignit l'antique familiarise: d'un Patriarche
m et entreposant qpe;.
donne la victoire de veiller
tontes ses frontires en sorte que nul de
ses voisins ne puisse s mler de ses affairs, ni la troubler dans ses
et Nation soit illustre dans les Sciences', ficheK en philosophs, ivre de pouvoir humain',
libre de tout prjug de tout lien de touteinfluence suprieure Donne lui tout ce
tf qu'elle dsirera, de peur qu'elle n puissefi dire un jour Ceci m'a manqu ou cela
m'a gne Qu'elle agisse librementavete cette immensit de moyens
devienne j sovs, ton inexorable protection, une leon tenaelle pour le
cc main.
XX Y. On ne peut sans doute, attendre
une runion de circonstances qui sroit un
miracle au pied de la lettre mais a vne-
mens du mme
quables, se montrent et l dans l'histoire;mme dans l'histoire de nos jours; et bien
qu'ils n'aient point pour l'exemple cetteforce idale que je dsirois tout l'heure
Us ne- renferment pas moins de grandes
(4* )
Nous avons t tmoins
vingt-cinq ans, d'un effort solennel fait pour
rgnrer une grande Nation mortellement
le premier essai du grand-
primer ainsi de l'pouvantable livre qu'on
les prcautions
furent prises. Les Sages du pays crurent mme
devoir consulter la divinit moderne dans son
sanctuaire tranger. On crivit a Delphes et
deux Pontifes fameux rpondirent solennelle-*
ment (*). Les oracles qu'ils prononcrent dans
cette occasion ne. forent point comme au-
jouets 'vides vents
au reste de l'avouer dans
ce que la Nation ne .de voit propre bon
peut
Tonte la sagesse
finit parla mort.
MM
manquer l'entreprise,.Comment donc ? Veut-on que
Anges sous formes humaines, chargschirer une constitution? il. faudra bien, toujours
que les causes secondes
mens
.demain, quelquestions viennent encore organiser un peuple et le
constituer avec un peu de liqueur noire, la*toute se htera
Je crois, avoir lu quelque part
moins l'origine de son autorit ne seroit qu'un
inconvnient suite ncessaire d'une loi du
il s'en
(44)
Peuple acceptera toujours ses Matreset ne
rigine de la Souverainet se montre hors dela
sphre du pouvoir humain; de manire que
les hommes mmes qui paraissent s'en mler
directement ne soient nanmoins que des cir-
coastanCes. Quant la lgitimit; si dans son
principe elle a pu sembler ambigu, Dieu
s'explique par son peemier Ministre, au dpar-
tement de ce monde le Temps. Il est bien vrai
nanmoins que certains prsages contemporains
trompent peu lorsqu'on est a mme de les ob-
server niais les dtails sur ce point appartiens
droient un autre ouvrage.
XXVIII. Tout .bous ramne donc a la
rgle gnrale L'homme ne peut faire une
onmais on n'crira priori, le recueil des Lois
fondamentales qui doivent constituer une So-
cit civile ou religieuse. Seulement, lorsque la
Socit se trouve dj constitue,' sans qu'on
puisse dire comment, il est possible de faire d-
elarer ou expliquer par crit certains articles
particuliers; mais presque toujours ces dclara-
lions sont l'effet ou la cause de trs ginr!5
XXIX. A cette rgle gnrale Que nulle
Constitution ne peut tre crite, ni faite
priori, on ne connot qu'une seule exception;
c'est la lgislation de Mose. Elle seule fut, pour
ainsi dne, jete comme une statue et crite jus-
que dans les moindres dtails par un homme
prodigieux qui dit; FIAT Sans que jamais son
ni par lui ni
par d'autres, corrige, supple ou modifie.
Elle seule a pu braver le nemps, parce qu'ellene lui devoit rien et n'en attendent rien Elle
seule a vcu quinze cents ans. et mme aprs
sicles nouveaux pass sur
elle, depuis le. grand Anathme qui la frappa
au jour marqu, nous la voyons, vivante,
encore, par ne sais quel lien myst-de noua humain, les
cm )d'an
l'attraction et par le mme pour-
voir, elfe
foule de parties qui ne se touchent point.
Aussi, cette lgislation sort videmment pour
toute conscience intelligente, du cercle trac
autour du pouvoir humain et cette Irn'gni-
urie loi
et qu' son au-
teur, dmontre seule
grand Lgislateur ds
que le Hvre eriiir de
'avec la plus forte
rierise, d'appuyer
est divine dans son principe, il s'ensuit que
peut rien dans
(*) On peut mme gnraliser Tassertion et pro-
( 48 )
vraie que
prpars, vient encore renforcer la dmons-
tration. C'est toujours un oracle qui fonde
les cits; c'est toujours un
la protection divine et les succs du Hros
fondateur. Les
pires naissans, sont constamment dsigns et
presque marqus par le Ciel de quelque ma-
niere extraordinaire. () Combien d'hommes
comme des Lois les volonts
prme) Que si un Etat (quelle que soit sa forme) est
fond sur le vice } et gouvern par des gens qui foulentaux pieds la Justice il ne lui reste aucun moyende salut. Ovx. ei ercBTXf/as-fj.AX.tt.vn.Tom. VIII. Edit. Bib. p.
(*) On a fait grand usage dans la controverse de
.semper, quod ubique quod ab omnibus. Mais cette
ainsi Toute croyance constamment universelle est
vraie. } ettoutes les fois qu'en sparant d'une croyance
quelconque certains articles particuliers
(5o)
leur, conscience. Ce sujet mrileroit d'tre
Souverains ont
cherch le Sacre, et quelquefois le Sacre a
cherch les Souverains. On en a vu d'antres
rejeter le Sacre comme un signe de dpen-
dance. Nous connoissons assez de faits pour
tre en tat de juger assez sainement, mais
il faudroit distinguer soigneusement tes Hommes,
les Temps, les Nations et les Cultes. Ici c'est
assez d'insister sur l'opinion gnrale et ter-
neHe qui appelle la Puissance divine l'ta-
blissement des Empires.
XXXII. LES Nations les plus fameuses de
l'antiquit, les plus graves surtout et les plus
sages, telles que les gyptiens,les trusques,
les Lacdmoniens et les Romains, avoient
prcismentles Constitutions les plus reli-
gieuses et.la dure des Empires a toujours
t proportionne au degr d'influence que le
principe religieuxavoit acquis dans fa Cons-
titution politique Les villes et les Nations
les plus adonnes au
jours t les plus durables et les plus sages
comme les sicles les plus religieux ont
(.&>toujours t les plus distingus par le g
lises cfue par la Religion. Attcun autre ins-
de
vage. Sans fcourir l'antiquit qui est
trs dcisive sur ce point, nous en voyons
une preuve sensible en Amrique. Depuis trois
sicles nous sommes l avec nos 'lois nos'
Arts, nos Sciences notre Civilisation notre
Commerce et -notre Luxe
sur l'tat sauvage? Rien. Nous dtruisons ces
malheureux avec le fer et l'eau-de-vie nous
les repoussons insensiblement dans l'intrieur
desdserts, jusqu? ce qu'enfin ils disparois-
autant
que de notre cruelle supriorit.
imagin de quitter sa Patrie et ses plaisirs
pour s'en- aller dans les forts de Vmrique
la chasse des sauvages,
(>
les vices de la .^barbarie et leur donner uns
morale ? (*) Ils ont bien fait mieux $ ils ont
compos de beaux livres pour prouver que le
sauvage toit l'homme naturel, et que nous
ne pouvions souhaiter rien de plus heureux
que de lui ressembler. Condorcet a dit que
les Missionnaires n'ont port en et en
Amrique que de honteuses
Rousseau a dit avec un redoublement de folie
vritablement inconcevable que
noires ne- lui paroissoient gure plus sag*
que Zes Conqurons. (*) Enfin leur cory-
jfte a eule front ( mais qu'a voit-il perdre?)
d| jeter le ridiculele plus, grossier sur ces
pacifiques Conqurons que l'antiquit -_il:
(*) Condorcet nous a promis la vrit que les.
Philosophes se chargeroient ineessamment de la Civi-lisation et du bonheur des Nations barbares. ( Esquissed'un Tableau historique des progrs de l'esprit hu-
bien commencer.
(**) Esquisse, etc. (|bid, p. 335.)(*) Lettre a l'Archevque de Paris.
mes amis t que ne restiez-vous dans
J&XXXV. CE sont
euxcependant, ee sont
les Missionnaires qui ont opr- cette mer-
veille si fort au-dessus des forces et mme de
la volont humaine. Eux seuls ont parcouru
d'une extrmit l'autre le vaste Continent
de l'Amrique pour y crer des hommes. Eux
seuls ont fat ce que la Politique n'avot pas
seulement os imaginer. (Mais rien dans ce
genre n'gale les missions du Paraguay c'est
l ou l'on a vu d'une manire plus marque
l'autorit et la puissance exclusives de la Re-
ligion pour la civilisation des hommes. On a
vant ce prodige, mais pas assez l'esprit du
votre Patrie ? auriez pas trouv plus de
diables, mais vous y auriez trouv plus de sottises.
(Voltaire. Essai sur l'Esprit et ies Murs, etc. Tom. I.
Introd. in-8. p. de la Magie. )Cherchez ailleurs plus de draison, plus d'ind-
cence plus de mauvais got mme Vous n'y rus-
sirez pas. C'est cependant ce Lyre dont bien peu de
Colifichet fastueux que de modernes enthousiastesn'ont pas craint d'appeler un monument de l'esprithumain sans douteet les Tableaux de Boucher.
(54)
XVIIIe sicle et un autre esprit son compliceont eu la force d'touffer en partie la voix
de la justice et mme celle, de: l'admiration.
Un jour peut-tre (car on peut esprer que
tique* Savane le Pre de ces Missionnaires
aura une statue. On pourra lire sur le Pi*
destal
A l'Osiris chrtien.dont les-
envoysont
parcouru, la Terr
pour atracher les hommes la misre
l'abrutissementet
d la frociten leur enseignant F agriculture
en leur donnant des lois
en leur apprenqnt connoitm et servir Dieu
appriaoisant Qinsi le malheureux sauvage
.NON PAR'LA FORCE DES ARMES
dontils n'eurent jamais besoin,
mais par la douce persuasion, les chants moraux
ET LA PUISSANCE DES HYMNES
ensorte qu'on les jjrut des Anges. (*)
rgnant en retira'es Egyptiens de la vie indigente souffreteuse et
C.S5-)-
XXXyi. Or, quand .:on songe que cet
ordre lgislateur, qui rgnoit au Paraguay
sauvage en leur enseignant semer et planter
en leur tablissant des lois en leur montrant d ho*
norei et 'rvrer les Dieux et depuis allant par
tout le monde, il Pappfivoisa aussi sans y employer
aucunement la force des armes. mais attirant et
gagnant la plus partdes peuples par douces persua-
sions et 'remontrances couches en chansons et en
tnute sorte de musique ( Trtiiso x) hytp (ter iS$
wetii kit) :mvikSs ) dont les Grecs eurent opinion.
que c'tait le mme que Bacchus } ( Plut'arch. de
Jside et Osiride. Trad. d'Amyot. Paris. Cussac. 1802.
OEuvrcs Morales. Tom. V, p. 239. dit. Henr.Steph.
in-8". Tom. I. p.
On a trouv nagure dans une le du fleuve
Penobscot, une peuplade sauvage qui Chant oit encore
ungrand
nombre de Cantiques pieuxet
instructifs
en indien,' sur la musique de l'Eglise, avec une
prcision qu'on dans les churs
vient de ces Indiens ( qui l'avoient
appris leurs matres il va plus de quarante ans)
(m yjSpr l'ascendant unique des vertus et des ta-
sans jamais s'carter de la plus humble
sans que ds-lors ces malheureux Indiens aient jouid? aucune espce d'instruction. ( Merc de France5 juillet t8o6. N. aSg, p. et suiv. )
Le Pre Sawaterra (beau nom de Missionnaire !)
justement nomm fAptre de la Californie, aBordoit
les sauvages les plus intraitables dont jamais on ait
eu connoissance sans autre arme qu'un Luth dont il
jouoit suprieurement. Il se mettoit chanter: Invoi
credo o Dia mio etc. Hommes et femmes l'entou-
roient et l'coutoient en silence. Mutllltori dit, en par-lant d cet homme admirable Pare favola quella
d?Orfo ma chi sa che non sia succeduto in simil
caso? Les Missionnaires seuls ont compris et dmontre
la vrit de cette fable. On voit /mme qu'ils a voient
dcouvert l'espce de musique digne de s'associer
ces grandes crations. Envoyez-nous criyoient-
ils leurs amis d'Europe envoyez-nous les airs des
grands matres d'Italie Peftsere armoniosissimi
\tsenza tanti imbrogli di violini obligati et&.
soumission envers l'autorit lgitime mme la
plus gare; que en
mme teops affronter dans nos prisons, dans,
nos hpitaux dans nos lazarets tout ce que
la maladie et le dsespoir ont de
plus hideux et de plus repoussant^ que ces
mmes hommes qui am premier
appet, se coucher sur la paill cte de l'in-
digence, n'avoient pas l,air trangers dans les
cercles les plus polis; qu'ils alloient surles
chafauds dire les dernires paroles aux
victimes de la justie humaine et que de ces
thtres d'horreur ils s'lanoient dans les
chaires pour. y tonner devant les Rois; (*)
qu'ils tenoient le pinceau la Chine, te 't-
lescope dans nos observatoires, la,lyre d'Or-
phe au milieu des sauvages et qu'ils avoient
lev tout le sicle de Louis XIV. Lorsqu'on
songe enfin qu'une dtestable coa ition de Mi-
( ) Loquebar de testimoniis tuis in conspectu
( Ps. CXVHI. C'est
l'inscription m sous le portrait de Bourdaloue est
,lige plusieursde ses mrite.
(58)
nistres pervers, de Magistrats on dlire et d'i-
gnobles sectaires, a pu, de nos jours dtruire
cette merveilleuse institution et s'en applaudir,on croit voir ce fou qui mettoit glorieuse-ment le pied sur une montre, en lui disant
Jet empcherai bien de faire du bruit.
Mais, qu'est-ce donc que je dis? Un fou n'est
pas coupable.
XX XVII. J'AI d insister principalementsur la formation des Empires comme sur l'ob-
jet le plus important; mais toutes les institu-
tions humaines sont soumises la mme re-
isle, et toutes sont nulles on dangereuses, si
elles ne reposent pas sur la base dboute exis-
tence. Ce principe tant incontestable, que
penser d'une gnfation qui a tout mis rt
et jusqu'aux bases mmes de l'difice
social en rendant l'ducation purement scien-
tifique ? Il toit impossible de se tromper d'une
manire plus terrible; car tout systme d'du-
cation qui ne 'repose pas sur ta Religion tom-
bera en un, cin-d'il, ou ne des
^poisons dans UEtat; l Religion tant, comme
l'a dit excellemment Bacon l'aromate qui
empche la science de se corrompre.
XXXVIII. SOUVENT on a demand
Pourquoi une Ecole de thologiedans toutes
les Universits ? La rpouse est aise C'est
afin que les Universits subsistent et que
renseignement ne se corrompe pas Primi-
tivement elles ne furent que des Ecoles tho-
logiques ou* les autres Facults vinrent se ru-
nir comme des Sujettes autour d'une Reine.'
L'Edifice de d'instruction publique, pos sur
cette base, avoit dur jusqu' nos jours. Ceux
qui l'ont renvers chez, eux, s'en repentiront
longtemps inutilement. Pour brler une ville
il ne faut qu'un enfant ou un insens; pour
l rebtir, il fautes architectes, des mat-
riaux, des ouvriers, des millions, et surtout
du temps.
XXXIX. Ceux qui se sont contents
de corrompre les institutions antiques, en con-
servant les formes extrieures, ont peut-tre
fait autant de mal au genre/hiinaaia. Dj
l'influence des Universits modernes sur les
(6o)
murs et l'esprit national dans une partie
considrable du Continent de l'Europe est par-
faitement connue. Les Universits d'An..
(*) Je ne me permettrai .point de publier des no-
tions qui me sont particulires quelque prcieuses
qu'elles pussent tre d'ailleurs mais je crois qu'il est
loisible chacun de rimprimer ce qui est imprim,et de faire parler un Allemand sur
s'exprime sur les Universits de son pays un homme
que personne n'accusera, d'tre infatu d'ides an-
tiques. Toutes nos Universits d'Allemagne,' mme les
Meilleures, ont besoin de grandes rformes sur le
chapitre des moeurs. Les meilleures mme
sont un gouffre o se perdent sans ressource Fin-
liocence la sant et le bonffeur futur d'une foule
de jeunes gens est d'o sortent des tres ruins
de corps et d'me plus charge qu'utiles la sq-
cit, etc. Puissent ces pages tre un pr- servatif pour les jeunes gens Puissent-ils lire sur
la port de nos Universits l'inscription sui\ ante Jeune tomme Cest ici que beaucoup de tes pa- reils perdirent le bonheur avec l'innocence.
( Mr. Campe. Rec. de Voyais pour FInstr. de la
Jeunesse, in-12. T. II. p. 129. )"
(6i)
gleterr ont conservsous ce rapport plus de
rputation queles autres; peut-tre parce que
les Anglais savent mieux setaire ou se louer
propos Peut-tre aussi que l'esprit public,
force, extraordinairedans ce pays,
a su y dfendre mieux qu'ailleursces vn-
rables coles, de l'anathme gnral. Cepen-
dant il faut qu'elles succombent,et dj le
mauvais coeur de Gibbon nous a valu d'-
tranges confidencessur ce point. Enfin,
pour ne pas sortir des gnralitssi l'on n'en
o, aprs nous avoir
fait de fort belles rvlations sur les Universits de
son pays,* il nous dit surcelle d'Ox-
me renoncer pour son fils
renonce pour mre. Je
ne doute pas que cette tendre mre, sensible,comme
dclaration, ne lui ait d-
cenHMJnemerito.
sa lettre M. An-
excs contraire } mais cet excs
lui fait honneur.
( 6Ovient pas aux anciennes maximes; si
Science n'est pas mise
place, les maux qui nous
calculables nous serons abrutis par la Science,
et c'est le dernier degr de l'abrutissement.
X L. Non -seulement la cration n'appar-
tient point l'homme mais il ne parot pas
que notre puissance non assiste s'tende
jusqu' changer en mieux les institutions ta-
blies. S'il y a quelque chose d'vident pour
l'homme, c'est l'existence de deux
poses qui se combattent sans relche dans
l'Univers. Il n'y a rien de bon
ne souille et n'altre; il n'y a
le bien ne comprime et n'attaqua
sant sans cesse tout ce qui existe vers un tat
plus parfait. Ces deux forces sont prsentes
roit dire vers ta
quela philosophie peut fort bien emprunter la
risprudence et qui jouira sous cette
H*?5)par-tout On les voit galement dans la vg-
tation des plantes dans la gnration des ani-
dans la formation des langues dans
celle des Empires *( deux
bles) etc. Le pouvoir humain ne s'tend peut-
tre qu' ter combattre le mal pour
endgager le bien et lui rendre le pouvoir
de germer suivant sa nature. Le clbre
notti a dit Il est difficile de changer Zes
tien d'une merveilleuse justesse. Quant ropposition
et au- balancement des deux -forces*, il suffit d'ouvrir
les yeux. Le bien est contraire au mal, et la vie
la mort.Considrez toutes les uvres dri
Trs-Haut vous les trouverez ainsi deux d'deux et
opposdes l'une d l'autre. ( Eccles.- xxxiti. i5.)
Pour le dire en passant c'est de l que nat la
rgle du Beau-Idal. Rien dans 5 la nature n'tant ce
qu'il doit tre, le vritable artiste, celui qui peut dire
est deus ih NOMS, a le pouvoir mystrieux de dis-
cerner, les traits les moins altrs et de les assem-
bler pour ep former des touts qui n'existent que dans
son entendement.
(64)
choses en mieux. Cette pense cache
tin trs grand sens sous l'apparence d'une
extrme simplicit. Elle s'accorde parfaitement
avec une autre pense ? Origine, qui tant
seule un beau livre. Rien, dit-il Ne peut
changer en mieux parmi les hommes
INDIVISEMENT (**) Tous les homms ont
le sentiment de cette vrit, mme sans tre
en tat de s'en' rendre compt. De l cette
aversion machinale d tous les bons esprits
pourras innovations. Le mot de Rforme,
en lui-mme et avant tout examen sera tou-
jours suspect la sagesse, et l'expriencede
tous les sicles justifie cette sorte d'instinct.
(*) Difficile in
dans le Transunto dlia R. Accadeniia
I788. 89. in-8. p. 6. )
(**) A0EEI on, si l'on
d'une manire 'pias laconique et dgage de toute
licence grammaticale, UNS (Orig.adv. Cels. I. 26. Ed. Rui. Paris. in-fol. Tom.I.
p. 345.)
( 65 )
9
On sait trop quel a t le fruit des plus belles^
spculations dans ce genre. (*)
XLI. PouR, appliquer ces maximes gne-
raies un cas particulier, c'est par la seule
vations foudeSkSur de simples thories hu*
un avis dcid par voie de raisonnement, sur
la grande question de la rforme parlemen-
taire qui agilesi fort les esprits en Angleterre,
et depuis si long-temps, jeme sens nanmoins
entran croire que cette ide est funeste, et
que si les Anglais s'ylivrent trop vivement,
ils auront a s'en repentir. Mais, disent les
partisansde la rforme (car c'est le grand
argument)ineontes'
tables nr, un abus formel un vice peut-il
tre constitutionnel ? Oui, sans dout il peut
car toute constituhon politique a des
dfauts essentiels qui tiennent sa nature et
an il est impossible dVn spnrer:ctce qui doit
faire Iremhler tous les rformateurs c est que
IC" (*) Nil1il motion ex Antiquo probabileest. Tit
liv. xxxiv 5.
(66)
ces dfauts peuvent changer avec les circons-
tances de manire qu'enmontrant qu'ils sont
nouveaux, on n'a point encore montr qu'ils
ne sont pas ncessaires (*). Quel hommesens
ne frmira donc ps-^n mettant la main
l'oeuvre? L'harmonie sociale est sujette la loi
du temprament comme l'harmonie propre-
ment dit dans le clavier gnral. Accordez
rigoureusefnem les quintesles octaves jure-
ront, et rcipKqMement. La dissomance tant
donc invitable au lieu de la chasser ce qui
est impossible il faut la tempreren la distri-
(*) Il faut, dit-on recourir aux lois fondamentales
et primitives de l'Etat qu'unecoutume injuste a abo-
lies; et' c'est xtii jeu pour tout perdre. Rien ne serct
juste iL. cette balance cependantle peuple prte
sment J'oreuie. ces discours. (Pascal. Penses prem.
part, Art. vi, l'aris, Renonard, i8o3,pag. 121, 122.)
On ne sanroit mieux dir^^mais voyez ce que c'est
que l'homme l'auteur de cette observation et sa hi-
deuse secte n'ont' cess de jouer ce jeu- infaillible
pour tout perdre; et eu effet le^jeu a parfaitement
russi. Voltaire, au reste, a parl sur ce point comme
pascal c'est une ide bien vaine dit-il un tr
va il bieningrat,
devouloir tout rappeler aux usages
antiqus, etc. (Essai sur lehist. gn., t. n, chap. 85,
p. 4o3.) Entendez-le ensuite parler des Papes; vouoverrez comme il se rappelle sa maxime.
huant. Ainsi de part et d'autre, le dfautest
un lment de la perfection possible*Dans cette
propositionil n'y
a quela forme de para-
doxale. Mais dirait-on peut-tre encore,o
est la rgle pour discerner le dfiait accidentel
de celui quitient ci la nature ds choses
et
qu'il st impossibled'liminer? hesiommes
hqvla nature n'a donn que des oreilles
font de ces sortes de questionset ceux qui ont
de l'oreille haussent les paules.
XLII. h faut encore bien prendre garde,
lorsqu'ilest question d'abus,
de ne juger les
institutions politiques que parleurs effets cons.
tans, et jamais parleurs causes quelconques
qui ne signifientrien (*), moins encore par
cer-
tains inconvniens collatraux (s'il est permis
de s'exprimer ainsi ) qui s'emparentaisment
des vues foibles et les empchentde voir l'en-
semble. En effet la causesuivant l'hypo-
thse qui paroitprouveene devant avoir. au-
cun rapport logique avecl'effet et les incon-
(*) Du moins, par rapport
lion; car, sous d'autres points devue,- il peut tre
trs-important de s' eu occuper. 9*
vniens d'une institutions bonne en soi n'tant,
comme je le disois tout--l'heure qu'une dis-
so' nuance invitable dans le clavier gnral
comment les institutions pourroient-elles tre
jugessur les causes et sur les iuconvniens ?
Voltaire qui parla de tout pendant un sicle
sans avoir jamais perc une surface (*), a fait
un plaisantraisonnement sur la vente des of-
fices de magistrature qui avoit lieu en France;
et nul exemple, peut-tre, ne seroit plus pro-
pre fairesentir la vrit de la thorie que
j'expose. La preuve dit-il, que cette vente est-'
un abus c'est qu'ellene fut produite que par
un autre abus (**). Voltaire ne se trompe point
ici comme tout homme est sujet se tromper.
Il se trompe honteusement. C'est une clipse
centrale de sens commun. Tout ce qui nat
d'un abus est un abus! Au contraire; c'est
(*) Le Dant disoit Virgile, en lui faisant, il
faut l'avouer, un peu trop d'honneur; Maestro di
color cite sanno. Parini quoiqu'il ft la tte ab-
solument gte, a cependant eu le courage de dire^ Voltaire en parodiant le Dante Sei -Vi
colora che credon di. Il Matlino. ) Le mot
est juste.
(**) Prcis du sicle de Louis XV chap.42.
une des lois les plus gnraleset les plus vi-
dentes de cette force -la-fois cache et frap-
pante qui opre et se fait sentirde tout ct,
qu le remde de 1 abusnat de l'abus et que Ie
,rriv un certain point, s'gorge lui-mv
me, et cela doit tre car le mal qui n'est qu une
ngation a, pour mesures dedimensions et de
dure, celles de l'tre auquel il s'est attacha
et qu'il dvore. Il existe comme-lechancre
,qui ne peut achever qu'en s'achevant.Mais alors
une nouvelle ralit se prcipite ncessaire-
ment la place de celle quivient de, dispa-
rotre car la nature a horreur dit videet le
Bien. Mais je m'loigne tropde Voltaire.
XLIfl. L'erreur de cet'homme venoit de
ce que ce grand crivain partagentre vingt
sciences comme il l'a dit lui-mme quelque
part, et constamment occupd'ailleurs ins-
truire l'Univers, n'avoit que bienrarement
le temps de penser, Une cour voluptueuse
et dissipatrice rduiteaux abois par ses
dt-
v> de magistrature, et creainsi (ce quelle n'au-
roit jamais fait librementet avec connoissance
de cause ), elle cre dis-je >
(7o)ture riche, inamovible et indpendante
de manire que la puissance infinie qui se
joue dans l'Univers (*) se sert de la cor-
ruption pour crer des tribunaux
tibles ( autant que le permenla foiblessehumaine). Il n'y a rien en vrit de si plausiblepour l'il du vrit;tble philosophe; rien de
plus conforme aux grandes analogies et cette
loi incontestable qui veut que les institutionsles plus importantes ne soient jamais le rsul-
tat d'une dlibration mais celui des circons-
tances. Voici le problme presque rsolu
quand il est pos comme il arrive- tous les
problmes. Un pays tel que la -France pou-voit-il tre jug mieux que par.
desMagis-
frats hrclitaires? Si l'on se dcide pour
l'affirmative ce que je suppose, il. faudra tout
de suite proposer un second problme que
voici Ijft magistrature devant tre hrdi-
taire ,y a- tr il ,pour la constituer d'abord
et ensuite pour la recruter, un mode plus
avantageux que celui qui jette des millions
au plus bas prix dans les coffres du Souverain,
et qui certifie en mme temps la richesse,,
(*) Ludens in Pror. vm. St.
- v
l'indpendance et mme la noblesse (quel-
conque) des juges suprieurs? Si l'on ne con-
sidre la vnalit que comme moyen d'hrdit,
tout esprit juste est frapp dece point de vue
qui est le vrai. Ce n'est pointici le lieu d'ap-
profondir la question mais c'en est assez pour
prouver que Voltaire nel'a pas seulement
aperue.
XLIV. Supposons maintenant la tte des
affaires un homme tel que lui, runissant
par un heureux accordla lgret l'incapa-
cit et la tmrit il ne manquera pas d'agir
suivant ses folles thories de lois et d'abus. 11
empruntera au denier quinze pourrembour-
ser des titulaires, cranciers au denier cin-
quanteil prparera
les esprits par unefoule
d'crits pays, qui insulterontla magistrature-
et lui teront la conflrfhce publique.Bientt
la protection mille fois plussotte que le
hasard, duvrira la liste ternelle de ses bvues:
l'homme distingu ne voyant plusdans l'h-
rdit un contrepoids d'accablans travaux
s'cartera sans retour, et les grands tribunaux
seront livrs des aventuriers sans nom,sans
fortune et sans considration,; au lieu de cette
magistrature vnrable en qui la vertu et la
science loient devenues hrditaires comme
ses dignits, vritable sacerdoce qutas Na-
tions trangres ont pu envier la France jus-
qu'au moment ou le piii'osopliisme avant
exclu la sagesse de tous!es lieux qu'elle lian-
toit, termina de si beaux exploits par la chasser
de chez elle.
XLV. Telle estl'image naturelle de la plu-
crmation n'appartient point k-tWmme, mais
la rformation mme ne Ljji appartient que
d'une manire secondaire et avec une foule de
restriciious terribles. En partant de ces prin-
cipes incontestables chaque homirie peut ju.
ger les institutions de son p-ys avec une cer-
titud# parfaite, il peut surtout apprcier tous
s Crateurs ces Lgislateurs ces'
muruteurs des Nations si chers au XVIIIe.
sicle, et que la Postrit regardera avec piti,
peut-tre mme avec horreur.
O a. btides
chteaux de cartes enEurope
et hors dcl'Eu-
Tope. Les dtails scrocnt odieux mais cer-
en priant simplement
(73)
et de juger au moins par l'vnements'ils
s'obstinent a refuser tout autre genred'iris-
truction. L'homme en rapportavec son Cra-
teur, estsubllm, et soa action est cratrice:
au contraire ds qu'il se spare de Dieuet
qu'il agit seul, ilne cesse pas* d'tre puissant,
car c'est un privilge desa nature; mais son
action est ngative et n'aboutit qu'adtruire.
XLVL IL n'y a pasdans l'histoire de tous
les sicles un seul fait qui contrediseces
maximes. Aucune institution humaine ne peut
durer si elle n'est supporte parla main qui
supporte tout; c'est-a-duesi nll ne lui est
spcialement consacre dans son origine.Plus
elle sera pntre^ par le principe divin,et plus
elle sera durable. trange aveuglementdes
hommes de notre sicle Ils se vantent de leurs
lumires et ils ignorent tout puisqu'ilss'i-
gnorenteux-mmes. Ils ne savent ni ce qu'ils
sont ni ce qu'ils peuvent. Un orgueil indomp-
table les porte sans cesse ' renverser tout ce
et pour oprer deDort'-
de toute existence. Jean -Jacques Rousseau
(74)
petit et vain montre moi ta puissance je te
montrerai ta faiblesse. On pourroit dire epcore
fyec autant de vrit et plus de profit Homme
petit et vain confesse moi ta faiblesse je te
montrerai ta puissance.En ..fret, ds que
l'homme a reconnu sa nullit, il a fait un
grand pas, car il est bien prs de chercher un
appui avec lequel il peut tout. C'est prcis-
ment le contraire de ce qu'a fait le sicle qui
vient dfinir. ( Hlas! il n'a fini que dans-nos
almanachs. ) Examinez toutes ses entreprises.
toutes ses institutions quelconques, vous le
verrez constamment appliqu les sparer de
) la Divinit. L'hommes'est cru un tre and-
pendant et il a profess un vritable athisme
pratique, plus dangereux peut-treet plus.
coupable que celui de thorie.
XLVII. Distrait par ses vaines sciences
de la seule science qui l'intresse rellement
il a cru qu'il avon le pouvo\de crer, tan-
dis qu'il n'a pas. seulement celui de nommer?
Il a cru lui qui n'a pas seulement le pouvoir
de,produire un insecte ou, un brin de mousse,
qu'il tait l'auteur immdiat, de la Souverain
nel la chose la plus .importante la plus &
cre, la plus fondamentale du monde moral
e7ti3eollitique (*). Et qu'une telle famille par
exemple rgne .parce qu'un tel peuplel'a
voulu, tttdJs-qu'i est environn de pr&ves
incontestables que toute famille souveraine
rgne parce qu'elle est choisie-par un pouvoir
suprieur. S'il ne voit pas ces preuvesc'est
qu'il ferme les yeux,ou qu'il regarde de trop
prs. Il a cru que c'est lui qui avoit invent,\
les langues tanins qu'ilne tient encore qu'
lui de voir que toute languehumaine est ap-
prise et jamais invente et 'que nulle hypo-
thse imaginable dans le cercle de la puis-
sance humaine ne peut expliquer avec la
moindre apparence de probabilit nila
formation ni la diversit des langues. Il
a cru qu'il pouvoit constituer les Nations
c'est ouV-, en d'autres termes qu'il
pouvoit crer cette unitnationale en vertu
delaquelle
une nation n'estpezs
urte autre.
Le principe quetout pouvoir lgitime part du
peuple est nobleet spcieux en lui-mme cependant
il est dmenti par toutle
poids de l'histoire et de
l'exprience. ( Hume,Hist..
ch. 5g. Ann, 1.642. JSdit, angl.de Ble
pag. J2Q. )
(76)Enfin il a cru que, puisqu'il avoit le
pouvoir de crer des institutions il avot plus forte raison celui de les emprunter
aux Nations et de les transporter chez luitoutes failet avec le nom qu'elles portoientchez ces peuples, pour en jouir comme euxavec les mmes avantages. Les papiers franaisme fournssent sur ce point un exemple sin-
gulier.
XLVIII. Il y a quelques'annes que les
Franais s'avisrent d'tablir Paris certaines
courser qu'on appela srieusement dans quel-ques crits du jour, Jeux Olympiques. Le
raisonnement de ceux qui inventrent ou.,renouvelrent ('e beau nom n'loil pas com-
pliqu. Oie courait se dirent-ils . pied et'ci cheval sur les bords de fA)phe; oh court
pied et cchevl sur les bords de la Seine:
Donc c'est la mme chose. Rien de plus
simple mais, sans leur demander pourquoiils n'avoient pas imagin d'appeler ces Jeux,
4 Parisiens au lieu de les appeler Olympiques
Jeux Olympiques on con-
Les Dieux et les Hros s'en
flrent on ne les commenait jamais sans
avoir fait des sacrifices et d'autres crmonies
religieuses on les regardoit comme les grands
Comices de la Grce, et rien n I oit plus
auguste. Mais^les Parisiens, avant d'tablir
leurs courses renouveles des Grecs, allrent-
ils. Rome ad limina apostolorurn pour
consulter le Pape ? Avant de lancer leurs
casse -cous, pour amuser des boutiquiers
faisoient ils chanter la Grand' Messe ? .A
quelle grande vue politique avoient-ilssu.
associer ces courses ? Comment s'apploient
les Instituteurs ?-Mais c'en est trop le hon.
sens le plus ordinaire sent d'abordle nant
et mmde ridicule de cette imitation.
XLIX. Cependant, dans un Journal crit.
par des hommes d'esprit quin'avoient d'autre
tort ou d'autre malheur que celui de professer
les doctrines modernes, on crivoit, il y a
quelques annes,au sujet de ces courses
le
passage suivantdict par l'enthousiasme
le
plus divertissant
Je le prdisLes Jeux Olympiques cls
Franais attirerontun Jour l'Europe
ait
Champ-de-Mars. Qu'ilsont V arne froide et
peususceptibled'motionceuxqui ne voientici quedes courses?
depareil >depuisceuxde l'Elide ola GrceetoitenSpectaclecilaGrce.Non,les CirquesdesRomains lesTournoisdnotre AncienneChevalerien'en approchoientpas. (*)Et riioi,jecrois et mmeje sais,quenulle
institutionhumainen'est durablesi ellenraunebasereligieuseetdeplus (je priequ'onfassebien attention ceci) si elleneporteun nompris dans la languenationaleetnedelui-mmesans aucunedlibrationant-rieureet connue.
L.LAthoriedes'nomsestencoreun objetde grandeimportance.Lesnomsne sontnul-
(*)Dcade.Philosophique.Octobre1797 n. I.pas.31( 1B09).Cepassagerapprochde sadate,a le doublemrited'treminemmentplaisantetdfairepenser.Onyvoitdequellesidesseber-oientalorscesenfans;et ce qu'ilssavoientsurcequel'hommedoitsavoiravanttout.Ds lors uu>nouvelordredechoses bellesimaginations-,et si touteattireParis,cen'estpascertainementpouryvoir
(79)lement arbitraires egmme l'ont affirm tant
d'hommes qui avoient perduleurs noms. Dieu
s'appelle Je ail/ ettoute crature s'appelle
Je suis cela. Le nom d'un tre spirituel tant
ncessairement relatif son scti^ quiest sa
qualit distinctive,de la vint que parmi leiO
Anciens, le plus grand honneur pour .une
Divinit, toit la Polyonymie, c'est--dire
la Pluralit des noms, qui annonoit celle des
fonctions ou l'tendue de la puissance. L'an-
tique Mythologie nousmontre Diane, encore
enfant demandant cet honneur Jupiter; et
dans les vers attribus Orphe, elle est com-
plimente ousle nom de Dmon Polyonyme.
( Gnie plusieurs noms ). (*) Ce quiveut
dire au fond Dieu seul a droit de donner
un nom. En em$^ ila tout nomm, puisqu'il
a touf cr. Il abonn des noms aux toiles;
(**) il en a donnaux esprits et de ces der-
(*) Voyez la note de Spanheim, SurJe VIF vers
de l'Hymne Dianede Callimaquc. Lanzi. Saggio
di letteratura Etrusca etc., in-8\ Tom. IL p. 2*1.
Note. Les Hymnes d'Homre ne sont au fond que
des collections d'pithtes; ce qui tient au nima
principe de la Plyonymie.
(**) Isae. XL. at>.
(8o)rers noms l'criture n'en
prononce que
mais tous les trois relatifs la destination de
ces Ministres. Il en est de mme des hommes
que Dieu a voulu -nommer lui-mme et que
l'criture nous a faitconnotre en assez grand
nombre toujours les noms sont relatifs aux
fonctions. (*) ]N'a-t-il pas dit que dans son
Royaume venir, il donnerait aux vainqueurs.
vn NOM nouveau (**) proportionn leurs
exploits? .et les hommes, faits l'image de
Dieu ont-ils trouv^une manire plus solen-
nelle de rcompenser les vainqueurs que celle
de leur donner un nouveau nom, le plus-
honorable de tous, au jugement des hommes,
celai des nations vaincues (*? Toutes les
( ) Qu'on* se rappelle le plwyflffidnom donn
divinement et directement La raison
du nom fut donne dans ce cas avec le nom et
le nom exprime prcisment la destination ou, ce
qui revient au mme le pouvoir.
(**) Apoc. MF. 12.
(*) Cette observation a t faite par l'auteur ano-
nyme, mais trs-connu, du livre allemand intitul
dor christlichen Religionin
einer gemeinrilzigen ^Erlclarung der Offenbarung
Joliannis, in-8. Nuremberg,
a rien dire contre cette page.
dans le Baptme, dans la Confirmation, dans
l'enrlement des Soldais, dans l'entfe en Re-
de tout ^re exprim
ce quil. est, et dans ee genreil
n'ya rien
d'arbitraire. un
trs-justeet
trs-expressive 5 aucun homme ne pouvant
tre, rang parmi ceux "qn'on appelleaux
assembleset qui
ont un nom(*),
si sa famille
n'est marque du signe qui la distingue des
autres-- .
en indi-
vidus il.. y eu. a gui n'ont point de nom.
que,
peuple le plus phisBant de l'Univers s'ils
.taient unis mais> ajoute-t-il cette-union
est
modernes
2.
(*) Hrod. Tcrpsic. V. 7.
a'de nom,
.8 leurs; mais la Polyonymie est aussi frialhe
honorable pour les" nies.
LU. Les noms n'ayant donc rien d'arbi-
traire, et leur origine tenant, comme toutes
les choses, plus ou moins immdiatement
Dieu, il ne faut pas :croire que l'homme ait
droit de nommer-, sans'restriction, mme
celles dont il a quelque droit de se regardercomme l'auteur, et de leur imposer des noms
suivant l'ide qu'il s'en form. Dieu s'est
rserv cet gard une espce, de jtjfidictioo
immdiate qu'il est impossible de mcon-
notre. (*) O mon cher ^fermogne 0estune
,grande chose que V 'imposition des noms, et
qui-nepeut appartenir nid l'homme mauvais,ni mme l'homme vulgaire Ce droit
v? appartient qu' un Crateur de noms,
c'est--dire ce qui semble au
\seul Lgislateur; mais de tous les Crateurs
ad. Martyr., n. 46 et in 1. 1
p. Zo5, 34i.
humains le plus rare, c'est un jbgisla-
LUI. Cependant l'homme n'aime rien tant
que de nommer. C'est ce qu'il fait, pat
exemple, lorsqu'il applique aux choses des
pithtes significatives; talent qui distinguele grand crivain et surtout le grand pote.
"L'heureuse imposition d'une pithte, illustre
un substantif qui devient clbre sous ce
nouveau signe (**). Les exemples se trouvent
dans nous en
tenir celle de ce peuple qui a lut-mme un
si grand nom, puisqu'il l'a donn la Fran-
chise ou que la Franchise l'a reu de lui
quel homme lettr ignore l'avare Achroni
les Coursiers attentifs le Lit effront, les
Timides supplications le Frmissement ar~
() lato.in Orat. Opp. T. III, p. 244.
(**) De manire comme fa observe Denys d'Ha-
Kcamasse que si l'Epithte est distinctive est
naturelle ( *
adu*
exercera toujours
Voici une Dieu
faite:
grands noms aux choses dont il est' l'auteur
tintement, le
elle et deviendra grand.
LIV.
ou politiques, la rgle est la mme.
pas de plus auguste.
hommes et son existence politique
mmoire.
dans le Cramique, etc., etCicron l'enbadi-
signifi cependant
en lui-mme ce mot si clbre Tuilerie (**)?
il n'y a rien de plus vulgaire; naais'la cendre
des te l'avoit con-,
acre, et la terre avoit consacr le nom. Il est
assez singulier qu' une si grande distance de
temps: et lieux ce mme mot de Tuileries
fameux jadis comme nom d'un lieu de spul-
ture ait t de nouveau illustr sous celui
d'un Palais, La Puissance qui venoit habiter
les Tuileries ne s'avisa pas de leur donner
quelque nom imposant qui et une certaine
proportion avec elle. Si elle et commis cette
faute, il n'y avoit pas de raison pour que, le
lendemain, habit par des filous
et par des filles.
LV. Une autre raison, qni a son prix,
quoiqu'elle soit tire de moins haut-* doit
nous engager encore nous dfier de tout
(*) Voil pour phrase
varit Vautre jour dan$ le Cramique, etc. ( Cic. ad.
Alt. IL 6. )
latitude qui renferme en-
(86)
conscience d l'homme l'avertissant presque
toujours du vice de l'ouvrage qu'il vient de
produire, l'orgueil rvolt, qui ne peut 'se-
tromper lui mme cherche au moins
tromper les autres en inventant un nom
honorable qui suppose prcisment le mrite
contraire.; de manire que ce nom au lien
de tmoigner rellement l'excellence de l'ou-'
vrag est une vritable confession du vice
qui le distingue. Le dix-huitime sicle, si
riche en tout ce qu'on peut imaginer de faux
et de ridicule, a fourni sur ce point une
foule d'exemples curieux dans les titres des
livres, les pigraphes, les Inscriptions et
autres choses de ce genre. Ainsi, par exemple,
si vous lisez la tte de l'un des principaux
ouvrages d ce sicle
Tantum series
Tantum de medio sumptis accedii honoris t-
Effacez la prsomptueuse pigraphe, et
substituez hardiment avant mme d'avoir
ouvert le livre, et sans la moindre crainte
d'tre injuste:
En effet, le chaos, est l'image de ce livre,
et l'pigraphe exprime minemmentce qui
manque minemment il' l'ouvrage.Si vous
lisez la tte d'un autre livre Histoire Phi-
losophique et Politique vous savez, avant
d'avoir lu l'histoire annonce sous ee titre,
qu'elle n'est ni philosophique ni politique; et
vous saurez de plus aprs l'avoir lue, que-e?estl'oeuvre d'un frntique. Un homme ose-t-il
crire au dessous de son propre portraitviUpn impendere Gagez sans informa-
tion que c'est le portrait d'un* menteur et
lui-mme vous l'avouera, un jour qu'il ,lui
prendra fantaisie de dire la vrit., Peut on
lire sous un autre portrait Postgenith hic
carus erit, nunc carus aniicis, sans se rap*
peler sur-le-champ ce vers si heureusement
emprunt l'original mme pour le peindred'une manire un peu diffrente J'eus des
adorateurs et n'eus pas, un czmi ? Et en effet,
jamais peut-tre il n'exista d'homme, dans la
classe des gens de lettres, moins fait pour
sentir l'amiti, et moins digne de l'inspi-
rer, etc. etc. Des ouvrages et des entreprisesd'un autre genre prtent a
la mme obser-
vation. Ainsi, par exemple, si la musique
ebez une nation clbre, devient tout-a-coup,une affaire d'tat; si l'esprit du sicle, aveu*
gle sur- tous les points, accorde cet art
une fausse' importance et
tion bien diffrente de celle dont il auroit
besoin} si l'on lve enfin un temple a la
Musique, sous le nom sonore et antique d'O-
Pon; c'est une preuve infaillible que l'art
est en dcadence, et personne ne doit tre
surpris d'entendre dans cc. 0 pays un critiqueclbre avouer, bientt aprs, en "style assez
vigoureux, que rien n'empche d'crire dansl fronton du Temple Chambre A LOUER
LVI. Mais, comme je l'ai dit, tout ceci
n'est qu'une observation du second ordre
Revenons au principe gnral
n'a pas vu n'a plus le droit de nommer les
ehsea (du rxoins dans le sens que j'ai
Il s'en fant bien que les mmes morceaux ex&
cuts l'Odon produisent en moi la mme sen-*
satian que j'prQuvois l'ancien Thtre, de Musique^
entendais a.vec ravissement.
yerdu la tradiiioii de ( le Stabat
de Pergolse ) il est
l'esprit
( 8gf )
I3
expliqu). Que Ion y fasse bien attention, lesnoms les plus respectables ont dans toule
les tangues, une origine vulgaire^-Jamais le
nom n'est proportionn a la chose j toujoursla chose lustre le nom. Il faut que le notii
germe pour. ainsi dire, sans quoi l est faux.
Que signifie le mot Tr6ne d^fis l'origine
Sige, ou mme JEscalelle? Que signifie Scep*tre? un Bton pour s'appuyer .(*). Mais
leur excution est la glace dnue d'me, de sen-
timent et d'expression. L'Orchestre lui-mme joue,
machinalement et avec une foblesse qui tue l'effet.
L'ancienne Musique ( Laquelle ? ) est la rivale de la
plus hauteposie; la ntre n'est que la rivale du rai-
mage des oiseaux. Que nos virtuoses modernes ces*
scnt donc. de dshonorer- des compbsiiions subli-
mes. qu'ils ne se jouent plus ( surtout) Pergolse;
ill est trop fort pour eux.
( Journal' de l'Empire, a8 mars i'82.;)
(*) Au second.lvre de l'Iliade, Ulysse, veut emp
cher les Grecs de renoncer lchement leur entre-
prise S'il rencontre au milieu du tumulte excit pafr
les mcontens 'un roi ou un noble il lut adresse da
dauces paroles pour le persuader mais s'il trouve
sous sa main
gallicisme remarquable ), il le rosse gfanch coups do
tceplre. ( Jliad. 1],
Qn fit, jadis, ua crime Socrate cle s'tre empar
(9o)Bton distingu de tout
les autres, et ce nom, sous sa
fication, subsiste depuis trois mille ans. Qu'ya-t-il de plus noble dans la littrature et de
plus humble dans son origine que le mot
Tragdie? et le nom presque ftide de Dra-
peau, soulev et ennobli par ta lancedes-
Gurriers, quelle fortune n'a- 1- il pas. fait
dans notre langue? une foule d'autres nom
viennent plus ou moins l'appuidu mme
principe, tels que ceux-ci par exempleS-
nat, Dictateur, Consul, Empereur, Eglise
Cardinal, Marchal, etc. Terminons par
.ceux de Conntcchle et de Chancelier- donns
deux minentes dignits des temps modernes:
des vers qu'Ulysse prononcedans cette occasion et
de les avoir cits pour prouver au peuple qu'il no
$ait rien et qu'il n'est rien. ( Xenoph. Mmor.Socr.
I. a, 20. )
Pindnre peut encore tre cit pourl'histoire du
Sceptre, l'endroit o il nous raconte l'anecdote de
cet ancien roi de Rhodes qui assomma son beau-frre,
sur la place en le frappant dans uninstant de vi-
vaeit et sans mauvaise intention avec un sceptre,
( Olymp. VII. v.
gBt les sceptres 1
le premier ne signifie dans l'origine que le
Chef de l'Ecurie (*) et le second l'honutte
qui se tient derrire une grille (pour n'tre
pas accabl par la foule des supplians).^
LVII^ II y a donc deux rgles infaillibles
pour juger toutes les crations humaines,de
quelque genre qu'elles soient, la Base etle
Nom; et ces deux rgles bien entendues,
dispensent de toute application odieuse.Si la
ba$e est purement humaine l'difice ne peut
tenir; et plus il 'y aura d'hommes qui s'en
seront mls, plus ils y auront mis de dli-
bration, de science, d'criture -surtout, enfin,
de moyens humains de tous les genres,et
plusl'institution sera fragile. C'est principalement
par cette rgle qu'il faut juger tout ce quia
t entrepris par des Souverains ou par des
assembles d'hommes, pour la civilisation
l'institution ou la rgnration des peuples.
Pab. la raison contraire, plus Tins-
de Comesstabuli; leon le ministre du
Ecuries.
( 92.
titution est divine dans ses bases et plus elleest durable. Il est bon mme d'observer,
.pour plus de clart, que le principe reli-gieux est, par essence crateur et cesser-
dateur, de deux manires. En premier lieucomme il agit plus fortement que tout autresur, l'esprit humain, il en obtient des .effort
prodigieux? Ainsi, par exemple, l'homme
persuad par ses dogmes religieux que c'estun grand avantage pour lui, qu'aprs samort son corps soit cosserv dans toute
l'intgrit possible sans qu'aucune mainindiscrte ou profanatrice puisse en appro-cher cet homme, dis-je, .aprs avoir puisJ'art des embaumemeus, finira par construireles Pyramides d'Egypte. En second lieu le
principe religieux dj si fort parce qu'ilopre, l'est encore infiniment parce qu'il
empche raison du respect dont il entoure^
tout ce qu'il prend sous sa protection. Si un\
simple caillou est consacr, il y a tout de suite:une raison pour qu'il chappe aux mains qui
pourroient l'garer ou le dnaturer. La Terre-est couverte des preuves de celte vrit. Les
vases
par la religion des
-nous., malgtg leur
grand nombre que les mqnumem de marbre
# de bronze des mrnes poques (*). Voulez-
vous donc conserver tout cUdif% touU
JUX.
noms, n'est, j& crois, ni moins claire ni
moins dcisive que la prcdente. Si le nom'
est impos par une assemble js'il est tabli
par tme dlibration antcdente,en sorte qu'il
prcde la chose si le nomst pompeux
s'il g
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