Résumé — En introduction, ce papier rappelle la convergence des réseaux téléphoniques et des réseaux de données et énonce les nouvelles technologies pour effectuer du multi-site. La première partie survole la nouvelle génération de concentrateurs téléphoniques appelés :IPBX, en s’attardant sur trois types biens particuliers qui symbolisent trois philosophies découlant de cette convergence. La deuxième partie est consacrée à la ToIP. Elle présente différentes structures de systèmes selon le protocole mis en œuvre (H323, SIP), puis elle montre les architectures d’un réseau ToIP. Enfin, le dernier paragraphe présente les services propres à la notion de multi-site et propose une plate-forme pédagogique en détaillant la configuration de la mise en réseau de quatre IPBX par des liens QSIG et IP.
I. INTRODUCTION
ISTORIQUEMENT deux infrastructures et administrations distinctes ont été utilisées jusqu’à présent, l’une pour la voix, l’autre pour les données. Dans l’infrastructure dédiée à la téléphonie, la voix est transportée sur le réseau commuté public avec des infrastructures RTC/RNIS en commutation de circuits. Les réseaux téléphoniques privés s’articulent autour d’un commutateur téléphonique privé appelé PABX (figure 1).
Réseau
commuté public
PABX
Réseau
commuté public
Réseau
commuté public
PABXPABX
Fig. 1 : Infrastructure du transport de la voix
Dans l’infrastructure dédiée aux données, le transport est effectué sur des réseaux plus récents tel qu’Internet, en commutation de paquets. Les réseaux de données privés s’articulent autour d’un routeur (figure 2).
Réseau IP
Routeur
Réseau IPRéseau IP
Routeur
Fig. 2 : Infrastructure du transport des données
La convergence de ces deux infrastructures est née en 1996 avec la technologie de transport de la voix sur un réseau IP (VoIP). Dés lors un ensemble de services, d’architectures et d’équipements convergents sont apparus (figure 3), donnant
naissance à la téléphonie sur IP (ToIP).
Réseau IP
InfrastructuresPABX / IP-PBXPasserelle RTC
WAN / LAN
TerminauxPostes analogiques
numériquesTéléphones IP/SoftPhone
ExploitationAdministrationSupervision
SupportTaxation
ServicesGestion de présenceMessagerie unifiée
Mobilité …
Réseau IPRéseau IP
InfrastructuresPABX / IP-PBXPasserelle RTC
WAN / LAN
TerminauxPostes analogiques
numériquesTéléphones IP/SoftPhone
ExploitationAdministrationSupervision
SupportTaxation
ServicesGestion de présenceMessagerie unifiée
Mobilité …
Fig. 3 : Mutualisation des ressources
La ToIP s’est tout d’abord développée dans les réseaux opérateurs (bande passante privée), où la bande passante disponible était importante. Les technologies xDSL ont permis d’étendre ce service aux particuliers (faibles besoins en bande passante) et aux entreprises (besoin plus important en bande passante). Aujourd’hui, une multitude d’opérateurs proposent des offres ToIP pour les particuliers et les entreprises. Ces services tendent à remplacer le service téléphonique classique sur RTC/RNIS. Outre l’utilisation d’offres ToIP pour téléphoner en dehors de l’entreprise, ces technologies sont de plus en plus utilisées pour faire du multi-site. Le multi-site autorise l’interconnexion de plusieurs sites d’une même entreprise entre eux, permettant de centraliser l’administration et les services, et ainsi de faire passer les communications téléphoniques sur des liens privés (sans coût supplémentaire), plutôt que de passer par des opérateurs (et payer chaque communication). Jusqu’à présent, les communications inter-sites étaient réalisées via RNIS (liens T0 ou T2, avec coût d’abonnements et communications), solution ne correspondant pas à la notion multi-site, ou sur liaisons louées (liens QSIG dédiés à la téléphonie avec coût d’abonnements) (figure 4). Cette solution multi-site est onéreuse et par conséquent difficilement accessible aux petites structures. En effet, le prix des abonnements à une ligne louée est dépendant du débit choisi et de la distance à parcourir. Par exemple, on paiera dans les 650 €HT par mois pour une liaison à 2 Mbps sur 2 kilomètres.
Interconnexion de systèmes ToIP hétérogènes
Angel ABENIA, Laurent GALLON
IUT des Pays de l’Adour – Dépt R&T, rue du ruisseau, 40004 Mont de Marsan [email protected], [email protected]
H
Réseau
commuté public
PABX PABX PABX
Site 1 Site 2 Site 3
T0 ou T2T0 ou T2
T0 ou T2
Liaison louée Liaison louée
QSIG QSIG
Réseau
commuté public
Réseau
commuté public
PABX PABX PABX
Site 1 Site 2 Site 3
T0 ou T2T0 ou T2T0 ou T2T0 ou T2
T0 ou T2T0 ou T2
Liaison louée Liaison louée
QSIG QSIG
Fig. 4 : Multi-site par liens QSIG
Les liens ToIP permettent d’utiliser la connexion au réseau Internet pour transporter à la fois la téléphonie (utilisation de VPNs), mais aussi le trafic IP entre les différents sites d’une même entreprise, aux prix d’abonnements xDSL (figure 5).
Réseau
commuté public
IP PBX IP PBX IP PBX
Site 1 Site 2 Site 3
T0 ou T2T0 ou T2
T0 ou T2
Réseau IP
Tunnel VPN
Réseau
commuté public
Réseau
commuté public
IP PBX IP PBX IP PBX
Site 1 Site 2 Site 3
T0 ou T2T0 ou T2T0 ou T2T0 ou T2
T0 ou T2T0 ou T2
Réseau IP
Tunnel VPN
Fig. 5 : Multi-site par liens IP
L’objectif de cet article est de proposer une approche pédagogique illustrant l’interconnexion de systèmes téléphoniques hétérogènes distants, à travers le réseau Internet. La section 2 présente succinctement différents systèmes téléphoniques existants (OxO, Asterisk, Call Manager Express). La section 3 aborde les architectures et les technologies d’interconnexion par réseau IP, et notamment l’interconnexion par SIP et H323. La section 4 propose un exemple d’architecture de maquette de TP, illustrant une interconnexion d’IPBX hétérogènes (Oxo, Asterisk) par liens SIP et H323. La section 5 conclue ce travail.
II. LES IPBX
On utilise en général le terme « IPBX » (ou PABX IP) lorsqu’on cherche à distinguer un système de téléphonie sur IP des systèmes de téléphonie à commutation de circuits
numériques traditionnels (PABX). L’IPBX est l’évolution vers IP du PABX traditionnel. Il assure l’acheminement de toute ou partie des communications en transportant voix (protocoles RTP/RTCP) et signalisation (protocoles SIP/H323/MGCP/…) sur le protocole Internet (IP), en interne sur le réseau informatique local (LAN) et vers l’extérieur sur le réseau informatique étendu (WAN). La figure 6 montre la structure fonctionnelle d’un système de téléphonie traditionnelle et d’un système ToIP.
Réseau
Téléphonique
PABX
Réseau
Téléphonique
Réseau
Téléphonique
PABXPABX
Réseau
TéléphoniqueRéseau IP
1 2 3
4 5 6
7 8 9
* 8 #
LAN
Réseau
TéléphoniqueRéseau IP
1 2 3
4 5 6
7 8 9
* 8 #
LAN
Fig. 6 : Structures fonctionnelles traditionnelle et ToIP
Dans la suite de ce paragraphe, nous présentons succinctement quelques IPBX du commerce.
A. L’OmniPCX Office (OxO) Acatel
L’OmniPCX office est un IPBX issu d’un équipementier du monde de la téléphonie. Alcatel, fort de son expérience dans le domaine des PABX, a su ouvrir ces plates-formes matérielles au monde de la ToIP. L’OxO est conçu pour les petites et moyennes entreprises. C’est un équipement encore hybride, dans la mesure où il est en mesure de faire de la ToIP et de gérer des téléphones classiques. Concernant la release 5, il permet de créer des liens IP en H323 ou SIP. La figure 7 illustre ses principales fonctionnalités pour la voix, les données et Internet
Fig. 7 : Offre de l’OmniPCX Office Alcatel
B. Le Call Manager Express Cisco
De son côté, Cisco a fait le chemin inverse. Cet
équipementier du monde des réseaux de donnée a adopté la philosophie d’équiper les routeurs Cisco de cartes leur permettant de gérer les interconnexions et a doté les IOS de jeux de fonctions assurant le traitement de l’aspect téléphonie. Les routeurs Cisco, en plus des fonctionnalités de routage, de sécurité, d’accès WAN, permettent donc également l’acheminement d’appels téléphoniques sur les réseaux téléphoniques classiques. Le Call Manager Express est installé sur un routeur (plateforme ISR : Integrated Services Router). Cette solution permet aux PME-PMI d’intégrer la ToIP dans leur réseau à un coût intéressant. Il propose un panel complet de services, avec pont de conférence, pré-décroché, ACD basique, … La figure 8 présente l’offre Cisco.
Fig. 8 : Offre du Call Manager Express Cisco
Bien que ce produit ne soit pas un équipement hybride à l’origine, Cisco a développé un ensemble de cartes afin de pouvoir connecter le Call Manager sur n’importe quel type de réseau téléphonique traditionnel (RTC, RNIS) et de pouvoir y connecter des terminaux analogiques (Fax, …). Enfin, Cisco propose un ensemble de passerelles permettant l’accès au réseau GSM, ou la réutilisation d’une infrastructure DECT existante par exemple.
C. Asterisk, un IPBX à télécharger
Le logiciel Open Source Asterisk est la vraie innovation dans le monde de la ToIP. Ce logiciel remplit les mêmes fonctions qu’un IPBX professionnel de haut niveau, mais de façon logicielle. Aucun équipement spécifique n’est nécessaire, il suffit d’installer le logiciel librement et gratuitement sur un ordinateur fonctionnant sous linux. Asterisk comprend un nombre très élevé de fonctions permettant de répondre à la majorité des besoins en téléphonie. Il est au départ prévu pour fonctionner totalement en ToIP. L’adjonction de cartes FXO/FXS, BRI, … permet d’en faire un IPBX hybride. Donner une liste des fonctionnalités qu’Asterisk propose serait très long. Notons simplement, que cette liste regroupe tout le panel existant (routage d’appel, IVR, centres d’appels, messagerie unifiée, …) et offre la possibilité d’évoluer vers de nouvelles.
Concernant les protocoles supportés, Astérisk est beaucoup plus ouvert qu’un IPBX propriétaire, puisqu’il intègre non seulement les protocoles standardisés (H323, SIP, MGCP) mais aussi des protocoles propriétaires (SCCP de chez Cisco, UNISTIM de chez Nortel, …). Un protocole propre à Astersik (IAX) a été développé pour l’interconnexion de plusieurs serveurs Asterisk.
III. LES TECHNOLOGIES D’ INTERCONNEXION IP
En téléphonie classique, une communication entre deux abonnés génère deux flux de données :
• Le flux transportant la voix numérisée (canaux B dans RNIS) ;
• Le flux de signalisation (canal D dans RNIS), permettant la mise en place du circuit, et la réalisation des services téléphoniques.
La téléphonie sur IP (ToIP) fonctionne sur le même principe. Un premier flux de données est consacré au transport de la voix numérisée, et un deuxième flux à la signalisation. Les différences principales avec la téléphonie classique se situent dans les protocoles utilisés en ToIP :
• Le flux de données transportant la voix utilise les protocoles RTP (Real Time Protocol) et RTCP (Real Time Control Protocol), au dessus de la pile IP/UDP. Le rôle de RTP est d’ajouter des informations aux échantillons de voix (notamment un horodatage) afin de pouvoir reconstruire correctement le signal vocal sur le téléphone appelé. RTCP permet de faire régulièrement des statistiques sur l’état du lien IP (gigue, latence, taux de perte, …). A partir de ces informations, l’émetteur devrait pouvoir adapter son flux RTP à l’état du canal IP (par exemple, changer de codec en cours de conversation si le lien IP est trop chargé). Ce type de fonctionnalité n’est, pour le moment, pas implémenté dans les terminaux IP; une liste non exhaustive des codecs utilisable est donnée dans le tableau ci-dessous.
• Le flux de signalisation peut utiliser différents protocoles (SIP, H323, MGCP, SCCP, IAX, …) au dessus de la pile IP/TCP. Les deux protocoles dominant le monde ToIP à ce jour sont SIP et H323.
CODEC Débit (kbits/s MOS G711 (PCM) 64 4,2
G726 (ADPCM) 32 3,85 G728 (LD-CELP) 16 3,61
GSM 12,2 4 G729 (CS-ACELP) 8 3,92
G723.1 (MPLQ) 6,3 3,9
La suite de ce chapitre donne quelques éléments supplémentaires sur les protocoles de signalisation SIP et H323. Enfin, nous illustrerons les différentes architectures ToIP possibles dans les réseaux téléphoniques multi-site.
A. Les réseaux H323
L’objectif de ce paragraphe n’est pas d’expliquer en détails le fonctionnement des protocoles SIP et H323, mais de donner les grandes lignes permettant de comprendre leur utilisation. Pour plus de détails sur ces protocoles, le lecteur peut se référer à [1] [2] [3].
H323 est le premier protocole de signalisation ToIP apparu historiquement. Il ne se limite pas qu’à la téléphonie, mais permet aussi de faire de la visioconférence, … H323 est plutôt complexe. Il utilise, en fait, plusieurs protocoles différents, en fonction de l’état d’avancement de la communication. Par exemple, le protocole H225 est utilisé pour mettre en place la communication entre les deux téléphones (canal de signalisation d’appel). Le protocole H245 permet d’ouvrir les canaux média audio, vidéo, … (canal de contrôle), et de préciser pour chacun de ces canaux les capacités des terminaux (codecs utilisés, débits, suppression de silence, détection de voix active, …). Deux composants sont essentiels dans une architecture H323 : le Gatekeeper et le(s) Voice Gateway (figure 9).
Fig. 9 : Structure éclatée d’un réseau H323
Le Gatekeeper est la partie « intelligence » de l’architecture H323. Il a plusieurs rôles :
• L’enregistrement des postes (« présence »), permettant d’associer à une adresse IP (un téléphone) un utilisateur, et ses droits (après authentification);
• L’annuaire du réseau H323, en faisant la correspondance entre les noms d’usagers, les numéros de téléphones (internes, publics) et les adresses IP des terminaux téléphoniques ;
• La vérification du statut des usagers (« status »), c’est-à-dire savoir si tel ou tel usager est enregistré, s’il est en communication, …
• La vérification des droits des usagers (« Admission »), qui permet de savoir si un appel a le droit d’être effectué ou non ;
• Le routage des nouveaux appels, soit vers un autre terminal téléphonique (réseau privé), soit vers un autre IPBX du réseau H323 (multi-site), soit vers un réseau public ;
Les Voice Gateway sont les passerelles vers les autres réseaux téléphoniques. Leur rôle est de faire une traduction des protocoles de signalisation (par exemple, passage d’un réseau H323 vers un réseau SIP), et, si nécessaire, une traduction des protocoles de transport de voix (par exemple,
passage d’un réseau H323 vers un réseau RNIS). Notons que les Voice Gateway doivent aussi comptabiliser la taxation des appels vers les réseaux publics. Les deux fonctionnalités Gatekeeper et Voice Gateway, peuvent être mises en oeuvre par deux machines différentes (figure 9 = structure éclatée) ou par une seule et même machine (figure 10 = structure compacte).
Fig. 10 : Structure compacte d’un réseau H323
B. Les réseaux SIP
SIP est un des derniers protocoles de signalisation ToIP à être apparu. Sa principale caractéristique est sa simplicité (et notamment par rapport à H323). Outre la téléphonie, il propose des services vidéo, et de messagerie instantanée. On peut distinguer deux fonctionnalités principales dans un réseau SIP :
• Le Registrar, qui permet d’enregistrer les usagers (appelés « user agents ») du réseau, de connaître leur présence, et de maintenir l’annuaire à jour ;
• Le Proxy SIP, qui s’occupe du routage des appels et des droits;
Même si, en théorie, ces deux fonctionnalités peuvent être séparées, en pratique, la même machine endosse les deux rôles. Aussi, la structure d’un réseau SIP ressemble fortement à la structure compacte d’un réseau H323 (figure 10 : le gatekeeper H323 est remplacé par le Registrar et le Proxy SIP).
C. Les architectures ToIP
La mise en œuvre d’un réseau ToIP au sein d’une entreprise n’est pas forcément aisée. Elle est d’autant plus difficile que l’entreprise est en multi-site, et qu’elle souhaite n’avoir qu’un seul réseau téléphonique. Si l’on se place dans le cadre d’un réseau téléphonique multi-site, plusieurs types d’architectures sont possibles :
• Une architecture que nous qualifierons de classique, (figure 11), dans laquelle il n’ y a pas de téléphonie IP ; les PABX sont reliés entre eux, soit à travers le réseau téléphonique public, soit à travers des liens privés (liaisons louées, avec utilisation de protocoles comme QSIG, …) ;
• Une architecture dite hybride (figure 12), dans laquelle chaque site de l’entreprise reste en téléphonie classique, mais les différents sites sont reliés entre
Gatekeeper Voice
gateway
RTC/RNIS/GSM
IP Signalisation
Signalisation
Voix Voix
Signalisation
Gatekeeper / Voice gateway
RTC/RNIS/GSM
IP
Signalisation
Voix Voix
Signalisation
eux par des liens IP ; • Une architecture dite Full IP (figure 13), dans laquelle
chaque site ne possède que des terminaux IP, et les sites sont reliés entre eux par des liens IP. Un Gatekeeper est positionné sur un site, et une ou plusieurs Voice Gateway permettent de contacter les réseaux publics ;
• Une architecture dite centrex IP (figure 14), qui ressemble à l’architecture Full IP, si ce n’est que le Gatekeeper et les Voice Gateway sont « loués » par un opérateur externe, et n’appartiennent pas à l’entreprise.
Fig. 11 : Structure classique d’un réseau téléphonique privé
Fig. 12 : Structure hybride d’un réseau téléphonique privé
Fig. 13 : Structure Full IP d’un réseau téléphonique privé
Fig. 14 : Structure IP Centrex d’un réseau téléphonique privé
On retrouve aujourd’hui ces quatre types d’architectures
dans les entreprises. Les architectures Full IP et IP Centrex peuvent poser, pour certaines entreprises, un problème de « confiance ». En effet, les réseaux téléphoniques classiques ont toujours offerts une qualité de service exceptionnelle (notons toutefois que cette qualité de service s’est déjà dégradée dans les réseaux GSM). Il n’en est pas de même pour les réseaux IP, par nature même du transport IP. Aussi, malgré l’attrait financier, beaucoup d’entreprises hésitent à migrer, et voir la qualité de service de leur réseau téléphonique diminuer (surtout quand le service téléphonique fait partie intégrante des services offerts par l’entreprise). Pour celles qui ont franchi le pas, la solution IP Centrex est certainement la plus avantageuse, puisque l’entreprise n’a plus de matériel à acheter et à maintenir : le service offert par l’opérateur comprend la location des terminaux et des matériels actifs réseaux sur chaque site.
IV. PLATE-FORME PEDAGOGIQUE
L’objectif du travail proposé aux étudiants est d’interconnecter différents types d’IPBX (supposés représenter une entreprise multi-sites) par des liens soit IP soit QSIG. Il s’inscrit à la suite d’une série de travaux pratiques qui leur aura permis de maîtriser l’ensemble de ces IPBX dans des configurations mono-sites (matériels, fonctionnalités).
Dans un premier temps, nous allons préciser l’architecture de notre maquette pédagogique. Puis nous définirons la liste des services téléphoniques (réseaux) qui devront être mis en œuvre sur cette architecture. Enfin, nous donnerons des exemples de configuration des IPBX de certains sites.
A. Architecture de la maquette pédagogique
Architecture multi-site Maître/satellite (figure 15)
Dans ce type d’architecture multi-site, seul le système maître possède des accès externes raccordés au réseau public. Le système satellite utilise les ressources externes du système maître. Plusieurs satellites peuvent être raccordés à un même maître par des liens différents dans la mesure des possibilités du système.
Réseau
commuté public
IPBX MAÎTRE IPBX SATELLITE
Réseau Privé
Réseau
commuté public
IPBX MAÎTREIPBX MAÎTREIPBX MAÎTRE IPBX SATELLITEIPBX SATELLITEIPBX SATELLITE
Réseau Privé
Fig. 15 : Architecture Maître/Satellite
Architecture multi site « d’égal à égal » (figure 16)
Dans ce type d’architecture, les deux systèmes possèdent chacun leurs propres accès externes.
RTC
Flux voix et signalisation intra site
Flux voix et
signalisation
externe
Flux voix et signalisation inter site
Voice Gateway
Routeur
IP
LAN
Routeur
LAN
Gatekeeper
LAN
Routeur
Fournisseur d’accès
PABX PABX RTC
Flux voix et signalisation intra site
Flux voix et signalisation externe
Flux voix et signalisation inter site
Liaison louée
PABX PABX RTC
Flux voix et signalisation intra site
Flux voix et signalisation externe
Flux voix et signalisation inter site
IP Routeur
Voice Gateway Voice Gateway
Routeur
RTC
Flux voix et signalisation intra site
Flux voix et signalisatio
n externe
Flux voix et signalisation inter site
Voice Gateway
Routeur
IP Routeur
Gatekeeper
LAN LAN
Réseau
commuté public
Réseau
commuté public
IPBX MAÎTREIPBX MAÎTREIPBX MAÎTRE IPBX SATELLITEIPBX SATELLITEIPBX SATELLITE
Réseau PrivéRéseau Privé
Fig. 16 : Architecture Egal à Egal
Architecture de la maquette pédagogique (figure 17)
La maquette pédagogique que nous proposons est basée sur l’architecture du réseau téléphonique de notre Université. L’Université de Pau et des Pays de l’Adour (UPPA) est une université multi-site. Certaines composantes sont localisées à Pau (Pyrénées Atlantiques – 64), un site délocalisé se situe à Mont de Marsan (MdM) (Landes – 40) (IUT), un autre se trouve à Tarbes (Hautes-Pyrénées – 65) (UFR STAPS) et enfin, on trouve un gros site sur Bayonne (64). Dans le travail demandé, le site de Bayonne ne sera pas représenté. Pour la plate-forme pédagogique, chaque site dispose d’un IPBX (OxO Alcatel), en architecture « égal à égal ». Enfin, la construction d’un nouveau bâtiment sur le site de Mont de Marsan nous oblige à augmenter les capacités téléphoniques du site montois. Il a donc été décidé d’implanter un serveur Asterisk venant se positionner en satellite vis-à-vis de l’OxO déjà présent.
Le matériel utilisé dans la maquette est le suivant:
• Simulateur de réseau RNIS (Patapsco – Liberator)
• Site de Tarbes : OxO R5 avec canaux VoIP Plage N° SDA : 05 62 65 03 ××
• Site de Pau : OxO R5 avec canaux VoIP et liens QSIG Plage N° SDA : 05 59 64 01 ××
• Site de MdM : OxO R5 avec canaux VoIP et liens QSIG PC + serveur Asterisk Plage N° SDA : 05 58 40 02 ××
Les types de liens privés mis en œuvre entre les différents sites sont les suivants.
Sites Type de lien PAU ↔ TARBES IP H323
PAU ↔ MdM QSIG ISVPN
OxO MdM ↔ � MdM IP SIP
TARBES
1 2 3
4 5 6
7 8 9
* 8 #
1 2 3
4 5 6
7 8 9
* 8 #
PAU
1 2 3
4 5 6
7 8 9
* 8 #
1 2 3
4 5 6
7 8 9
* 8 #
Mont de Marsan
1 2 3
4 5 6
7 8 9
* 8 #
1 2 3
4 5 6
7 8 9
* 8 #
Réseau Téléphonique
Réseau IP Réseau Opérateur
3××××××××
1××××××××
200 à 249
H323 QSIG
Serveur Astérisk
Mont de Marsan
1 2 3
4 5 6
7 8 9
* 8 #
1 2 3
4 5 6
7 8 9
* 8 #
250 à 299
Réseau IPSIP
05 62 65 03 ××××××××
05 59 64 01 ××××××××
05 58 40 02 ××××××××
LAN
OxO
OxO
OxO
TARBES
1 2 3
4 5 6
7 8 9
* 8 #
1 2 3
4 5 6
7 8 9
* 8 #
PAU
1 2 3
4 5 6
7 8 9
* 8 #
1 2 3
4 5 6
7 8 9
* 8 #
Mont de Marsan
1 2 3
4 5 6
7 8 9
* 8 #
1 2 3
4 5 6
7 8 9
* 8 #
Réseau Téléphonique
Réseau IP Réseau Opérateur
3××××××××
1××××××××
200 à 249
H323 QSIG
Serveur Astérisk
Mont de Marsan
1 2 3
4 5 6
7 8 9
* 8 #
1 2 3
4 5 6
7 8 9
* 8 #
250 à 299
Réseau IPRéseau IPSIP
05 62 65 03 ××××××××05 62 65 03 ××××××××
05 59 64 01 ××××××××05 59 64 01 ××××××××
05 58 40 02 ××××××××05 58 40 02 ××××××××
LAN
OxO
OxO
OxO
Fig.17 : Plate-forme pédagogique
B. Les services offerts dans une architecture multi-site
La mise en place de la maquette pédagogique ne se limite pas à l’interconnexion des différents IPBX. Il faut aussi s’occuper des services téléphoniques. On peut distinguer les services réseaux des services usagers. Les services réseaux ne sont pas directement « visibles » par les usagers (acheminement des appels, …), contrairement aux services usagers, qui sont directement rendus aux utilisateurs du système. Pour des raisons de place, nous n’aborderons ici que les services réseaux, en charge du bon acheminement des appels. Dans la suite de ce paragraphe, nous donnons plus d’explications sur les différents services réseaux que nous utilisons, puis nous précisons le cahier des charges associé à la maquette pédagogique, c’est-à-dire la liste des services réseaux mis en œuvre sur chaque site. RENVOIS ET TRANSFERT OPTIMISES
Le chemin emprunté par un appel peut être optimisé dans les cas suivants : - renvoi immédiat - renvoi dynamique externe - transfert
Renvoi immédiat optimisé L’optimisation du chemin s’effectue par réacheminement de
l’appel. - Exemple d’optimisation du chemin entre 3 nœuds
(figure 18) :
IPBXIPBXIPBX IPBXIPBXIPBX
Réseau PrivéRéseau Privé
IPBXIPBXIPBXA
B
C
Appel
Renvoi
Fig. 18 : Renvoi optimisé entre 3 nœuds
A appelle B renvoyé sur C. Le résultat de l’optimisation correspond à un appel direct de A vers C. - Exemple d’optimisation du chemin entre 2 nœuds
(figure 19) :
IPBXIPBX IPBXIPBX
Réseau PrivéRéseau Privé
AA BB CC
Appel
Renvoi
Fig. 19 : Renvoi optimisé entre 2 nœuds
A appelle B renvoyé sur C. Le résultat de l’optimisation correspond à un appel local de A vers B.
Transfert optimisé Le mécanisme d’optimisation s’applique lorsque les 2 correspondants externes sont sur le même nœud (figure 20).
IPBXIPBX IPBXIPBX
Réseau PrivéRéseau Privé
AA BB CC
Appel
Transfert
Fig. 20 : Transfert optimisé
C est en communication avec 2 correspondants du même système. Les 2 communications sont libérées et resynchronisées sur le système distant donnant lieu à une communication locale entre A et B.
FORÇAGE RESEAU
Pour des raisons de coût, l’appel d’un usager du réseau public peut être forcé à utiliser en priorité des liens privés puis éventuellement des lignes publiques en cas de saturation
des liens privés. Ce forçage est assuré grâce à la configuration de l’ADL (Appel Direction Logique).
DEBORDEMENT
Lorsqu’une destination peut être jointe par différents chemins et en cas d’échec sur une route, il est possible de passer par une autre route. Tout comme le forçage, les débordements demande une configuration adéquate de l’ADL.
BREAK -IN / BREAK -OUT (Transit entrant / Transit sortant)
Les services de break-in et de break-out permettent d’effectuer des communications entre plusieurs sites d’une même entreprise reliés par des liens privés ou loués (multi-sites).
Break-in (Transit entrant) Ce service correspond au transit d’appels entrants en provenance du réseau public vers un réseau privé via des liens privés ou loués ; ainsi un correspondant externe peut joindre un usager d’un réseau privé qui n’est pas raccordé au même système que la ligne sur laquelle l’appel est acheminé (figure 21). Le break-in peut être mis en œuvre automatiquement (par N° SDA) ou manuellement (par transfert).
IPBXIPBX IPBXIPBX
Réseau PrivéRéseau Privé
Réseau
commuté public
Réseau
commuté public
Appelantexterne
Break-in
Fig.21 : Break-in
Dans le cas d’un break-in manuel il faudra que le transfert Ext/Ext soit validé sur le système et que l’aboutement Entrant/Sortant et Sortant/Sortant soit coché sur les postes appropriés. Dans le cas d’un break-in automatique, le plan de numérotation public et le mécanisme ADL permettront la correspondance entre le N° SDA provenant du réseau public et le N° d’annuaire du poste du réseau privé.
Break-out (Transit sortant) Un break-out permet à un usager de l’IPBX B d’appeler par l’intermédiaire de liens privés ou loués un correspondant du réseau public (ou du réseau privé) en utilisant les lignes extérieures de l’IPBX A (figure 22).
Un break-out peut être utilisé pour effectuer des sorties de proximité. En effet, un appel vers le réseau public peut être aiguillé pour sortir par les accès publics les plus proches du destinataire. Cette fonction permet ainsi d’offrir des communications avantageuses au point de vue coût, elle
nécessite la configuration de l’ADL en programmant sur les liens privés des forçages et des débordements éventuels.
IPBX A IPBX B
Réseau PrivéRéseau Privé
Réseau
commuté public
Réseau
commuté public
Appelantexterne
Break-out
Fig. 22 : Break-out
CAHIER DES CHARGES DES SERVICES RESEAUX DANS LA
MAQUETTE PEDAGOGIQUE
Les services réseaux à implémenter sur les différents systèmes seront les suivants :
Sys
tèm
e
Opt
imis
atio
n
For
çage
rés
eau
Déb
orde
men
t
Bre
ak-in
Bre
ak-o
ut
OxO PAU � � � Manuel � OxO TARBES � � � Manuel � OxO MdM � � � → � MdM � � MdM - - - - �
Notons que pour ce travail, aucune restriction d’accès ne sera mise en place. Cet aspect peut faire l’objet d’un prolongement de ce TP. Enfin, nous considèrerons que tous les téléphones, sur chaque site, possèdent au numéro SDA
C. Mise en oeuvre
On suppose pour la mise en œuvre de cette maquette que tous les pré-requis concernant les différents plans de numérotation, la mise en œuvre des mécanismes ADL, les discriminations et la ToIP sont maîtrisés.
Procédures à suivre pour la configuration de la mise en réseau :
MdM : - créer un accès VoIP contenant 4 canaux en mettant en œuvre le protocole SIP (lien privé avec Asterisk).
Création de l’accès VoIP sur l’OxO de MdM
- à partir des accès disponibles, créer 3 faisceaux, l’un pour le réseau public (1 accès T0), un autre pour le lien privé QSIG vers PAU (DLT0) et un dernier vers le serveur Asterisk.
Accès disponibles sur l’OxO de MdM
Création du faisceau public sur OxO de MdM
Faisceau QSIG reliant MdM à PAU
Faisceau IP reliant l’OxO à Asterisk
- implémenter le plan de numérotation interne comprenant : le faisceau principal (accès au réseau public par le préfixe « 0 ») et appelant l’ADL, une plage de N° (correspondant au site de PAU) accédant au faisceau secondaire via l’ADL, une plage de N° (correspondant au site de TARBES) accédant au faisceau secondaire via l’ADL, une plage de N° (correspondant aux postes connectés à Asterisk) et une plage de N° correspondant aux postes locaux.
Plan de numérotation interne sur l’OxO de MdM
- renseigner le plan de numérotation privé afin de router les appels rentrant par le lien IP, soit vers les postes locaux, soit vers les faisceaux secondaires (vers PAU ou TARBES), soit vers le faisceau public (forçage).
Plan de numérotation privé sur l’OxO de MdM
- créer le plan de numérotation public pour router les appels provenant du réseau public vers les différents postes du site (soit vers les postes locaux, soit vers les postes connectés à Asterisk).
Plan de numérotation public sur l’OxO de MdM
- création du mécanisme ADL. Tout d’abord nous devons renseigner la liste des faisceaux accessibles suite à un appel à un mécanisme ADL, puis créer la table ADL proprement dite (ne pas oublier que cette table fonctionne de façon séquentielle.
Liste des faisceaux pour l’ADL de l’OxO de MdM
Table ADL sur l’OxO de MdM
L’OxO de Mont de Marsan est prés à fonctionner.
La configuration des autres sites se fait de manière similaire en l’adaptant au cahier des charges.
Configuration de l’Asterisk : Nous nous limitons dans cette configuration aux aspects purement téléphoniques. Nous configurerons dans un premier temps les profils SIP concernant le faisceau et les terminaux, puis le contexte extensions.conf.
Profils SIP : Usagers et Faisceau
[Technicien] type=friend context=Asterisk MdM secret=0000 language=fr host=dynamic callerid=Technicien <251> dtmfmode=inband username=Technicien disallow=all allow=ulaw ;--- [Ingenieur] type=friend context=Asterisk secret=0000 language=fr host=dynamic callerid=Ingenieur <252> dtmfmode=inband username=Ingenieur disallow=all allow=ulaw ;--- [Patron] type=friend context=Asterisk MdM secret=0000 language=fr host=dynamic callerid=Patron <253> dtmfmode=inband username=Patron disallow=all allow=ulaw ;--- [oxo] type=peer context=Asterisk MdM secret=0000 language=fr host=10.2.17.31 callerid=oxo <> dtmfmode=inband username=oxo
disallow=all allow=ulaw
Fichier extension.conf : Plan de numérotation
[Asterisk MdM] ; Langue francaise Set(LANGUAGE=fr) exten => _2[0-4]X,1,Dial(SIP/${EXTEN}@oxo) exten => _2[0-4]X,2,HangUp exten => _0XXXXXXXXXX ,1,Dial(SIP/${EXTEN}@oxo) exten => _0XXXXXXXXXX ,2,HangUp ;----------------------------------------------- exten => 251,1,Dial(sip/Technicien,10,t) exten => 251,2,HangUp ;--- exten => 252,1,Dial(sip/Ingenieur,10,t) exten => 252,2,HangUp ;--- exten => 253,1,Dial(sip/ingenieurp,10,t) exten => 253,2,HangUp
V. CONCLUSION
Ce papier est une présentation des nouvelles technologies permettant d’interconnecter plusieurs sites d’une entreprise. Il décrit quelques IPBX du marché puis présente les différentes architectures et les principaux protocoles utilisés dans la ToIP. Enfin, il propose une idée de projet de réalisation à effectuer avec des étudiants de Licence Professionnelle. La présentation de se projet se limite ici à la description de l’implémentation des services réseaux. Il devrait se poursuivre par l’analyse des services usagers.
REMERCIEMENTS
Les auteurs remercient tout particulièrement Patrick Charrin et Samuel Palisse, techniciens au département R&T de Mont de Marsan, et Anthony Hinsinger, Ingénieur au département R&T de Mont de Marsan, pour leur aide et leurs conseils judicieux.
BIBLIOGRAPHIE
[1] O. Hersent, D. Gurle, J.-P. Petit, “L’essentiel de la VoIP” , ISBN : 2100490230, Editeur : Dunod.
[2] O. Hersent, D. Gurle, J.-P. Petit, “IP Telephony : deploying voice-over-ip potocols” , ISBN :0470023597, Editeur : Wiley
[3] J. V. Meggelen, J. Smith et L. Madsen, “Asterisk : la téléphonie Open Source”, ISBN : 2841773949, Editeur : O’Reilly
[4] Documentations techniques OmniPCX R5 Alcatel [5] www.cisco.com