Institut National de RECHERCHES ARCHEOLOGIQUES PREVENTIVES
GUIDEL (56)
« RUE DES NAVIGATEURS »
(Site n° 56 078 045)
DIAGNOSTIC ARCHEOLOGIQUE (Arrêté n° 2002/135)
Sous la direction de Stéphane BLANCHET avec la collaboration de Eric G AU ME, Boris KERAMPRAN et Vincent POMMIER
Août 2003
GUIDEL (56)
« RUE DES NAVIGATEURS »
(Site n° 56 078 045)
DIAGNOSTIC ARCHEOLOGIQUE (Arrêté n° 2002-135)
Sous la direction de Stéphane BLANCHET avec la collaboration de Eric G AU ME, Boris KERAMPRAN et Vincent POMMIER
FICHE SIGNALETIQUE
Identité du site :
Site n° : 56 078 045
Département : Morbihan
Commune : Guidel Lieu-dit ou adresse : Rue des Navigateurs
Année : 2003 Section(s) et parcelle(s) : YR 94
Coordonnées Lambert : X = 161,475 Y= 2324,375 Altitude = 35 m NGF
Propriétaire du terrain : Michel Le Calvic
L' opération archéologique:
Arrêté n° : 2002-135
Date de validité :
Titulaire : Stéphane BLANCHET Organisme de rattachement : INRAP
Motifs de l'intervention : lotissement
Aménageur/maître d'ouvrage : Michel Le Calvic
Surface totale de l'intervention archéologique : 6639 m2
Date de l'intervention sur le terrain : 7 juillet au 25 juillet 2003
Résultats :
Côte d'apparition des vestiges : 0,3 m à 0,6 m sous la surface du sol actuel.
Chronologie : Néolithique, Age du Bronze, Age du Fer, Gallo romain.
Nature des vestiges immobiliers : tumulus, monolithes, fossé, fosses.
Nature des vestiges mobiliers : céramique.
Notice sur la problématique de la recherche et les principaux résultats de l'opération archéologique : la
présence d'un tumulus situé en bordure du projet justifiait la réalisation d'un diagnostic archéologique. Ce
dernier a permis de reconnaître (sur la moitié ouest de la parcelle) plusieurs monolithes et des fosses
vraisemblablement associés au tumulus. D'après les fouilles effectuées dans le tumulus au XIXème siècle, celui-
ci serait attribuable au Bronze ancien. Néanmoins, une origine néolithique ne peut être exclue.
Sur la moitié est de la parcelle, un système fossoyé et deux fosses ont également été observé. Les éléments
céramiques recueillis au sein de ces structures se rattachent à l'époque romaine ainsi qu'à l'Age du Fer.
Lieu de dépôt du mobilier archéologique : Dépôt de fouilles de Vannes.
GENERIQUE DE L'OPERATION
INTERVENANTS SCIENTIFIQUES
Direction scientifique
Stéphane BLANCHET (Assistant d'étude, responsable de l'opération, INRAP)
INTERVENANTS TECHNIQUES
Equipe de fouille
- Eric GAUME (Assistant d'étude, INRAP)
Relevés de terrain
- Stéphane BLANCHET et Eric GAUME
Topographie
- Vincent POMMIER (Topographe, INRAP)
- Jean Claude BOISNARD (stagiaire)
Photographies
- Stéphane BLANCHET
D.A.O.
Boris KERAMPRAN (Technicien, INRAP)
INTERVENANTS ADMINISTRATIFS
Service Régional de l'Archéologie
Stéphane DESCHAMPS (Conservateur Régional de l'Archéologie)
Yannick LECERF (Conservateur du patrimoine)
INRAP, Direction interrégionale Grand-Ouest
- Gilbert AGUESSE (Chef d'antenne)
Didier DUBANT (Adjoint au chef d'antenne)
Michel BAILLIEU (Adjoint Scientifique et Technique)
- Stéphane HRYWNIACK (Contrôleur de gestion)
SOMMAIRE
Fiche signalétique
Générique de l'opération
I. INTRODUCTION
1. Cadre de l'opération
2. Cadre géographique et archéologique
3. Méthodologie mise en œuvre
II. PRESENTATION DES DONNEES ARCHEOLOGIQUES
1. Le secteur 1
2. Le secteur 2
III. CONCLUSION
GUIDEL (56) : Rue des Navigateurs
I. INTRODUCTION
Août 2003
1. CADRE DE L'OPERATION
Le projet de construction d'un lotissement à Guidel
et plus précisément au sud du hameau du Cruguel a
suscité la mise en place d'un diagnostic
archéologique. L'élément principal qui a motivé la
prescription, par le Service Régional de
l'Archéologie de Bretagne, de ce diagnostic est la
présence d'un tumulus en bordure immédiate du
projet. Les prescriptions de l'état indiquaient
notamment que :
«le lotissement étant aux abords immédiats d'un
tertre tumulaire de l'Age du Bronze, il sera
nécessaire de faire procéder à une série de bandes
de décapage selon la méthode de travail en rétro à
l'aide d'un tracto-pelle. Toutes les anomalies et
traces archéologiques feront l'objet d'un nettoyage
fin en vue d'une identification.
La présence d'un tertre funéraire sur la parcelle
voisine exclue de la zone construite pourrait laisser
supposer les restes de structures archéologiques ou
traces d'occupation aux abords du tumulus. Aussi,
il paraît important de pouvoir s'assurer de ces
éventuels vestiges et de les identifier afin d'établir
une relation avec la structure funéraire».
Sur le terrain, l'étude s'est échelonnée entre le 08
juillet 2003 et le 25 juillet 2003. L'opération de
terrain a mobilisé deux archéologues de l'INRAP.
Le travail de post-fouille a ensuite été effectué entre
le 11 août 2003 et le 18 août 2003. Il a été réalisé
par le responsable d'opération et un dessinateur.
2. CADRE GEOGRAPHIQUE ET
ARCHEOLOGIQUE
Le projet de lotissement se situe aux abords du
village du Cruguel à 3 kilomètres au sud-ouest du
centre ville de Guidel (figure 1). Ce projet s'inscrit
dans une parcelle de 6639 m2 (figure 2). Jusqu'à
une période très récente, la parcelle (aujourd'hui
cernée par des lotissements) était encore vouée à
l'agriculture.
Au niveau de la topographie, le projet se trouve sur
le rebord d'un plateau qui domine l'embouchure de
la Laïta. Deux profonds vallons situés au nord-ouest
et au sud du futur lotissement entaillent le plateau et
délimitent ainsi un éperon. De par ses
caractéristiques, le contexte topographique est donc
particulièrement favorable à des occupations
humaines anciennes.
Sur l'ensemble du projet, la couche de labour (terre
végétale) est de couleur brun foncé et présente une
épaisseur moyenne de 0,3 m. Dans la partie est de
la parcelle, elle repose directement sur la roche en
place (micaschite). Sur le reste de la parcelle la
couche de terre végétale repose sur une interface
sablo-limoneuse brun-jaune et compacte de 0,1 m à
0,4 m d'épaisseur. Le substrat géologique sous-
jacent est constitué d'un micaschiste plus ou moins
altéré en surface.
Le projet de lotissement se situe dans un
environnement archéologique particulièrement
sensible puisqu'il se trouve en bordure immédiate
d'un tumulus. D'après les fouilles effectuées au
XIXème, le tumulus serait attribuable à l'Age du
Bronze ancien (cf. infra : Présentation des données
archéologiques : 1. Le tumulus).
3. METHODOLOGIE MISE EN OEUVRE
La méthodologie mise en œuvre pour ce diagnostic
est restée classique. Les sondages ont été effectués
par une pelle à pneus munie d'un godet lisse de 2
mètres de largeur. Les tranchées ont été réalisées en
quinconce suivant un intervalle de 15 mètres. Nous
avons dans la mesure du possible tenté de respecter
ce maillage. Néanmoins, en fonction des
spécificités du terrain mais également des vestiges
rencontrés, le maillage a fait l'objet
d'aménagements. Ainsi, des tranchées et des
fenêtres de décapage complémentaires ont été
ouvertes afin de préciser la nature, l'extension ou
encore la datation des vestiges mis au jour.
Au total, 8 tranchées et vignettes de décapage ont
été réalisées (figure 3). La surface décapée atteint
412 m2 soit un diagnostic à environ 6,2 %. A l'issue
des phases de sondages mécaniques, des fouilles
manuelles ont été réalisées au sein de la plupart des
faits archéologiques mis au jour. Nous avons
identifié 28 faits archéologiques. Près de 80 % de
ces structures ont été fouillées en fonction des
données que nous souhaitions obtenir : extension,
datation et état de conservation des vestiges. Deux
sondages mécaniques fins ont été effectués dans un
fossé de gros gabarit. Le rebouchage des tranchées
a été réalisé à l'issue de l'opération.
Toutes les structures sondées ont été relevées en
plan et/ou en coupe à l'échelle l/10ème ou l/20èmc.
Le plan de masse a été levé au théodolithe laser par
un topographe de l'INRAP. Les données de terrain
ont été consignées sur un système de fiches.
L'ensemble de la documentation générée par les
sondages est, par type de document, indexée et
numérotée de 1 à n.
Le mobilier archéologique n'est pas marqué
individuellement. Le marquage a été effectué sur
les sacs de stockage. Il comporte le n° de fait et
d'unité stratigraphique (US).
Le mobilier archéologique et les archives de fouille
seront déposés, après étude, au dépôt de fouille de
Vannes.
GUIDEL (56) : Rue des Navigateurs Août 2003
Figure 1 : localisation du projet (d'après la carte IGN 0720 ET de Lorient au 1/25000).
GUIDEL (56) : Rue des Navigateurs Août 2003
EXTRAIT CADASTRAL
Figure 2 : implantation cadastrale du projet à l'échelle l/2000eme (section YR).
0
L
F.18
— 1
F.19
j!3.\
£20-""j
F.22; - '
Sondage
Limite de l'emprise
à sonder
Structure
Tumulus
25 m
N
S 1
J I 1 t '—
£■ V
R25 ^F.27
/
Morbihan - Commune de Guidel Figure 3 : Localisation des tranchées de diagnostic et des faits archéologiques
Institut national de recherches
1 archéologiques 1 préventives
"Résidence Magellan" Rue des navigateurs
Reap. : S.Blanchet (Inrap)- Topographie : V.Pommier (Inrap) J.C. Bolsnard (stagiaire) - 05/08/2003
Fond de plan : J, Cochard - Lorient Coordonnées planimètriques local» - Echelle 1 : 2S0e
Direction OO / Service Topographie Bretagne - 37, rue du Bignon/CS67737 - 3S577 Cesson-Scvignc cedex - Tel : 0223360067 - Fax : 0223360050 - E mail :baae-rennes-topo©nrap.fr
Siège INRAP - 7, rue de Madrid - 75008 Paris - www.inrap.fr \ Direction Gr*nd-0ueit
GUIDEL (56) : Rue des Navigateurs Août 2003
II. PRESENTATION DES DONNEES ARCHEOLOGIQUES
A l'issue du diagnostic, ce sont donc 8 tranchées et
vignettes de sondage qui ont été réalisées et 28 faits
archéologiques qui ont été identifiés (figure 3). Les
vestiges sont visibles directement sous la couche de
terre végétale. Les faits archéologiques mis au jour
sont constitués de structures - à savoir des fossés,
des fosses et des trous de poteau - creusées dans
l'interface sablo-limoneuse située sous la couche de
labour et/ou dans le micaschiste. En plus de ces
structures excavées, un ensemble constitué de
plusieurs blocs de granité a été découvert. En
considérant la totalité des tranchées et des faits
archéologiques identifiés, nous avons choisi de
regrouper les vestiges en deux secteurs. Ce
découpage a été effectué afin de faciliter la
présentation et l'interprétation de ces vestiges. Le
découpage en secteurs présente une certaine
cohérence puisque nous avons pris le soin de
regrouper des faits archéologiques contemporains
ou de même nature et surtout présents sur un espace
restreint. Le secteur 1 englobe essentiellement des
vestiges du Néolithique et/ou de l'Age du Bronze
découverts en bordure du tumulus. Le secteur 2
présente des vestiges de l'Age du Fer et ou
antiques.
1. LE SECTEUR 1
Le secteur 1 s'inscrit dans la moitié ouest de la
parcelle c'est-à-dire dans la zone située en bordure
du tumulus (figure 4). Ce dernier n'est pas touché
par le projet. Néanmoins, il convient pour la suite
de l'étude de le présenter dans ses grandes lignes.
1.1 Le tumulus
Le tumulus (photo 1) a été fouillé par L. Le Pontois
en juin 1890. Avant fouille, le monument mesurait
28,5 m de diamètre pour 5,3 m de hauteur. Selon L.
Le Pontois, la butte était adossée du côté nord à un
mur de clôture tandis que le sommet était
régulièrement et très légèrement arrondi (figure 5).
Sous la couche d'humus, le tertre était constitué
d'au moins six horizons stratigraphiques. Dans la
masse du tumulus, L. Le Pontois découvrit une
curieuse structure de pierre formant une sorte de
pyramide de gros blocs au centre du monument. A
4,2 m sous le sommet du tumulus, un caim d'au
moins 0,2 à 0,35 m d'épaisseur et constitué de
petites plaquettes de schiste protégeait la tombe
centrale. Cette tombe, de forme rectangulaire, était
aménagée dans une fosse de 1 m de profondeur
creusée dans le sous-sol. La chambre était
recouverte d'une grosse dalle en granité supportée
par quelques dalles de schiste posées sur le sol.
L'ensemble de la chambre mesurait 2,55 m de long
pour 1,5 m de large. Les traces d'un grand coffrage
en bois étaient visibles sur toute la surface du fond
et des parois de la tombe. Des restes d'ossements
furent également découverts dans le fond du
caveau.
L. Le Pontois découvrit dans la sépulture 4
poignards en bronze, des fragments d'une tige en
bronze, une hache en bronze et 14 pointes de flèche
en silex à ailerons et pédoncule. Parmi les pierres
du cairn, une meule ainsi qu'une dalle brisée
comprenant 7 cupules auraient été découvertes.
Enfin selon L. Le Pontois, environ 300 fragments
de poteries auraient été recueillis dans les terres du
tertre. D'après le mobilier découvert, la sépulture se
rattache au Bronze ancien.
Le tumulus est toujours visible. Il est recouvert par
des arbres et des broussailles. Il a subi des multiples
dégradations et en particulier la construction de
deux blockhaus durant la Seconde Guerre
mondiale. Un importante tranchée orientée est/ouest
a également scindé le monument en deux. Enfin,
aujourd'hui encore - et ce malgré la mise en place
de mesure de protection - le tumulus sert de
dépotoirs (déchets verts...).
Dans son compte-rendu de fouilles, L. Le Pontois
signale également un « alignement de menhirs » à
proximité immédiate du tumulus.
« En contrebas de la butte, à l'est du monument, L.
Le Pontois découvrit non seulement un menhir de
2,7 m de long et 2,1 m de large, en position couchée
mais aussi des pierres de calage. La poursuite de la
fouille permit de découvrir un deuxième menhir de
1,1 m de long et 0,7 m de large qui était installé à 8
mal 'est du premier ainsi qu 'un fragment issu d'un
troisième mégalithe situé à 50 m dans le sud-sud-
est du tumulus. Il s'agissait, selon L. le Pontois,
d'un petit alignement de menhirs en granité alors
que le sous-sol était constitué de micaschiste et
qu'on ne trouve pas de granité à moins de 1,8 km
du site. D'après la population locale interrogée par
L. Le Pontois, ces trois menhirs n 'étaient pas
isolés. D'autres pierres auraient existé dans le
passé et l'ensemble aurait compris au moins six
mégalithes » (A. Balquet- 2001)'.
' A. Balquet (2001) - Les tumulus armoricains du Bronze
ancien. Patrimoine archéologique de Bretagne. Institut Culturel
de Bretagne, p. 141-145.
F.8
C
M7
o
Zones Fouillées
Sondage
Limite de l'emprise
à sonder
Structure
Tumulus
Groupe de menhirs et
éléments associés
12,5 m
S3 F.6
F. 10 F.9 F.5
F.7
F.20-
Dalle?
F.4
F.28 (monolithe)
F.ll S 4 F12
F.18 F.19
F.21 (monolithe)
87 ; /
1
t *
0 °
o
Zone décapée avec apport de remblais
F.22
F.23
F.24
Morbihan - Commune de Guidel
"Résidence Magellan"
Rue des navigateurs
Figure 4 : vue de détail du secteur 1 (sondages 3,4,6 et 7)
Resp. : S.Blanchet (Inrap)- Topographie : V.Pommler (Inrap) J.C Boianard (stagiaire) - 05/08/2003
Fond de plan : J. Cochard - Lorient Coordonnées planimètriques locales - Echelle 1 : 250e
Direction GO / Service Topographie Bretagne - 37, rue du Blgnon/CS67737 - 35577 Cesson-Sévigné cedex - Tél : 0223360067 - Fax : 0223360050 - E mail :base-rennes-topo@inrap.&' Siège INRAP - 7, rue de Madrid - 75008 Paris - www.inrap.fr
Institut national de recherches archéologiques préventives
Direction Grand-Ouest
GUIDEL (56) : Rue des Navigateurs Août 2003
Photo 1 : vue du tumulus depuis le sud-ouest. Deux blockhaus ont été construits dans la masse du monument.
Figure 5 : Tumulus de Cruguel, Guidel. Reproduction de la planche A accompagnant le rapport de fouille. 1 :
coupe du tumulus ; 2 : puits central avec pyramide de pierres au dessus de la tombe ; 3 : plan de la tombe ; 4 et
5 : pierres à cupules ; 6 : pierre à rainures ; 7 à 9 : fragments de manche et clous en or (extrait de Le Pontois,
1890).
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1.2 Les vestiges
o Sondage 3 (figure 4)
Une fosse (F.4) comblée par des blocs de granité a
été dégagée à l'extrémité est de la tranchée (photo
2). Les blocs de granité (non brûlés) présentent des
modules qui peuvent atteindre 0,3 m de côté. Les
dimensions précises de la fosse n'ont pas été
reconnues car elle est située en limite de sondage.
Un possible dispositif de pierres chauffées (F.9) a
été mis au jour (figure 6 et photo 3). Il est constitué
d'un aménagement ovalaire (1,1 m x 0,9 m) de
petits blocs de granité et de plaquettes de
micaschiste brûlées qui recouvrent une cuvette de
0,25 m de profondeur. Elle est remplie d'un limon
brun-jaune parsemé de petits charbons de bois et de
nodules d'argile cuite. Aucun mobilier
archéologique n'y a été recueilli. Il est donc
difficile de dater cette structure. D'après les
données dont nous disposons, elle s'apparente à un
« foyer posé » sur cuvette (C. Boujot - 2001)2. Ce
type de structure pose de nombreuses questions.
L'absence de traces de rubéfaction sur le fond de la
cuvette ne nous permet pas de dire que ces
aménagements correspondent à des foyers
véritables. Il est également difficile de les
interpréter comme des vidanges de foyer car elles
sont bien structurées. La fosse F.5 (photo 4) n'a pas
été fouillée et ne possède pas d'aménagement de
pierres brûlées aussi bien structuré que dans la
structure F.9. Néanmoins, la présence de plusieurs
pierres brûlées en surface de la fosse nous permet
d'envisager des comparaisons avec la structure F.9.
Une zone rubéfiée (F. 10) correspond quant à elle au
fond d'un véritable foyer. Elle a été reconnue à 3 m
à l'ouest du dispositif de pierres chauffées F.9.
Deux tronçons de fossé rectilignes (F.6, F.7),
respectivement orientés nord-est/sud-ouest et
nord/sud, ont été reconnus. Ils correspondent
probablement à des limites parcellaires. Leur
datation reste inconnue. Néanmoins, leur
remplissage ne semble pas indiquer une origine très
ancienne. Le fossé F.7 est recoupé par une fosse
moderne (F.8) comblée de sable, de galets et de
coquillages. Cette fosse est probablement liée à la construction des blockhaus situés à proximité.
o Sondage 4 (figure 4)
Ce sondage a permis de reconnaître un important
bloc de granité (F. 11). Rappelons que sur toute
l'emprise du projet, le substrat géologique est
constitué de micaschiste. Cela signifie que les blocs
de granité reconnus lors du diagnostic ont été
rapportés. Le bloc de granité F. 11 (photos 5 et 6)
2 C. Boujot (2002) - Les dispositifs de pierres chauffées in Saint-
Vigor-d'Ymonville « les Sapinettes » et « La Mare de Mares ».
DFS sous la direction de C. Marcigny. Inédit. Vol. 2, annexes,
p. 1-22.
est couché suivant une orientation est/ouest au sein
de l'interface sablo-limoneuse brun-jaune située
entre la couche de terre végétale et le substrat
rocheux. Le bloc mesure 1,45 m de long pour 0,75
m de large. Les négatifs d'enlèvement qu'il
présente montrent qu'il a de toute évidence subi des
tentatives de débitage. Ces tentatives restent
d'époque mdéterminée. Un certain nombre
d'enlèvements et notamment ceux situés à la base
du bloc montrent qu'il a également subi des
phénomènes de desquamation. Malgré une fouille
fine et la réalisation de coupes stratigraphiques,
aucune fosse pouvant être associée au bloc de
granité n'a été observée. Il faut préciser que le
terrain étant très sec, il était particulièrement
difficile d'en effectuer une lecture convenable. Par
contre, une concentration de blocs de granité située
sur le bord sud du monolithe est à remarquer (photo
6). La disposition des blocs mais aussi leur pendage
évoquent une structure de calage.
Une seconde concentration de petits blocs de
granité (F. 12) dont le module moyen est de 0,3 m
de côté a été observée à 4,5 m à l'est du bloc F.l 1.
Elle n'a été perçue que partiellement car elle est
située sur la bordure du sondage. Son diamètre est
d'environ 1,20 m. La concentration F. 12 se situe
dans la même position stratigraphique que le
monolithe F. 11. Malgré un nettoyage fin, aucun
creusement associé à l'empierrement n'a été observé.
Enfin, au cours du creusement du sondage 4
plusieurs blocs de granité ont été découverts
isolément. Ils se trouvaient tous dans le niveau
d'interface. Certains de ses blocs sont des restes de
desquamation. D'autres blocs qui atteignent parfois
0,6 m de côté portent des traces d'arrachement et
proviennent très probablement d'éléments plus gros
qui auraient été débités.
o Sondage 6 (figure 4)
Le sondage 6 doit sa réalisation à la présence d'un
bloc de granité (F.21) qui affleurait en surface de la
parcelle. Le sondage a permis de dégager le bloc et
de découvrir d'autres structures.
Comme son homologue du sondage 4, le bloc F.21
a été apporté. Il est couché suivant une orientation
est/ouest au sein de l'interface sablo-limoneuse
brun-jaune située entre la couche de terre végétale
et le substrat rocheux. Le monolithe mesure 2 m de
long, 1,4 m de large et au moins 0,8 m d'épaisseur
(photos 7 et 8). Aucune tentative de débitage n'a été
perçue. Les seules marques anthropiques que l'on
peut observer sur le monolithe, sont celles laissées
par différents engins de labours. A la base du bloc,
des phénomènes de desquamation ont été perçus.
Les nettoyages fins (photo 9) effectués sur son
pourtour n'ont pas permis de déterminer s'il se
trouve ou non au sein d'une fosse. Une seule fosse
(F. 18) a été reconnue partiellement à proximité du
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Photos 3 : sondage 3, F.9. Dispositif de pierres chauffées. Les blocs de pierre recouvrent une fosse en cuvette. Afin d'améliorer le contraste de la photo, la structure a légèrement été humidifiée.
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Photo 5 : sondage 4, F. 11. Le bloc de granité a manifestement été débité ou exploité. Aucune fosse pouvant être associée au bloc n'a été perçue.
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Photo 6 : sondage 4, F. 11. Aucune fosse pouvant être associée au bloc n'a été perçue. Au moment de la fouille le
terrain était très sec et n'offrait pas des conditions de lecture satisfaisantes. La concentration de blocs de granité sur le bord sud du monolithe évoque les restes d'un calage.
Photo 7 : sondage 6, F.21. La partie supérieure (zone gris foncé) du bloc de granité affleurait à la surface de la parcelle. Les rainures visibles sur le monolithe sont des traces laissées par les engins de labour.
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Photo 9 : sondage 6. Vue générale du sondage. Au centre, on distingue le monolithe F.21. Il est bordé par deux
fossés (F. 19 et F.22). Sur la bordure gauche de la photo, la fosse F. 18 est visible. Plusieurs petits amas de blocs de granité et de micaschiste brûlés sont présents dans l'interface sablo-limoneuse.
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bloc F.21 et en bordure du sondage. Elle est
comblée d'un sédiment brun compact auquel sont
associées des plaquettes de micaschiste. La fosse
semble d'assez grande dimension et ne paraît pas
pouvoir être rattachée (en tant que fosse de calage)
au bloc F.21. Elle n'a livré aucun artefact et reste
d'époque indéterminée.
Deux tronçons de fossés rectilignes et parallèles ont
été mis au jour (F. 19 et F.22). Ces fossés orientés
est/ouest correspondent probablement à des limites
parcellaires. Ils présentent un profil en cuvette. La
profondeur du fossé F. 19 est de 0.05 m alors que
celle du fossé F.22 atteint 0,15 m. Le fossé F. 19
recoupe le fond d'un possible trou de poteau (F.20).
La datation de ces fossés reste inconnue. Ces deux
fossés devaient à l'origine probablement border un
talus. Il est important de noter qu'ils encadrent le
monolithe F.21 car cela signifie que le menhir était
scellé dans le talus. On peut alors se demander si le
système parcellaire est venu s'appuyer sur un ou
des monolithe(s) préexistants) ou si le bloc F.21 a
été poussé à l'emplacement du talus. En tout cas,
c'est peut-être parce qu'il était scellé dans ce
probable talus que le monolithe n'a pas subi de
tentative de débitage.
Enfin, notons que de nombreux blocs de granité et
plaquettes de micaschiste ainsi que des galets
marins ont été observés isolés ou sous la forme de
petites concentrations dans l'interface sablo-
limoneuse brun-jaune. Ces blocs et plaquettes - qui
ne semblent pas associés à des fosses ou des trous
de poteau - ont surtout été observés sur la frange
sud du sondage (photo 9).
o Sondage 7 (figure 4)
Le sondage 7 montre qu'un décapage des niveaux
superficiels (terre végétale et interface sablo-
limoneuse) a eu lieu jusqu'au substrat sur ce
secteur. Ce décapage reste d'époque mdéterminée.
Toutefois, il n'est pas impossible qu'il soit lié à des
aménagements réalisés durant la dernière guerre en
périphérie des blockhaus. Nous avons par exemple
identifié deux tronçons de mur en béton marquant
l'emplacement d'un bâtiment ou d'une plate-forme.
Par la suite et toujours à une époque mdéterminée,
la zone décapée a été remblayée par un niveau de
plaquettes de schiste et un niveau de terre végétale.
Sur la moitié est du sondage et à la faveur d'une
légère dépression du substrat rocheux, la couche
d'interface sablo-limoneuse brun-jaune est
conservée sur une épaisseur de 0,4 m (photo 10).
Plusieurs éléments ont été observés au sein de
l'interface. Quatre blocs de granité ont été
identifiés. Ces blocs dont le module varie entre 0,4
et 0,6 m de côté présentent tous des traces
d'arrachement. A l'instar des blocs de granité
découverts dans le sondage 4, ils proviennent
d'éléments plus gros qui ont été débités. Par
ailleurs, de nombreux blocs de granité et plaquettes
de micaschiste ainsi que des galets marins ont été
observés isolés ou sous la forme de petites
concentrations dans l'interface sablo-limoneuse
brun-jaune. Ces blocs et plaquettes sont le plus
souvent brûlés. Malgré des nettoyages fins, ils ne
semblent pas associés à des fosses ou des trous de
poteau. Soulignons également que plusieurs petits
fragments de céramique «d'aspect
protohistorique » ainsi que des nodules d'argile
cuite ont été observés dans le niveau d'interface. Le
fond d'une unique fosse allongée (F.24) a été mis
au jour à la base de l'interface. La fosse au profil en
cuvette mesure 0,9 m de long pour 0,5 m de large et
0,05 m de profondeur conservée. Elle est remplie
d'un sédiment sablo-limoneux gris auquel étaient
associés un éclat de silex et des nodules d'argile
cuite. Enfin, un petit four circulaire (F.23) a été
reconnu. Les nombreux fragments d'objets en fer
ainsi que des « feuilles » de goudron présents dans
le comblement de la structure indiquent que celle-ci
est relativement récente. Un lien avec les blockhaus
est probable.
1.3 Le mobilier archéologique
Au niveau du secteur 1, le mobilier archéologique
est pratiquement inexistant. Les rares éléments
observés l'ont été dans le niveau d'interface dégagé
dans le sondage 7. Les petits fragments de
céramique recueillis présentent une pâte orangée
fortement micacée et relativement grossière. Ce
type de pâte se rattache soit à des productions
néolithiques soit à des productions protohistoriques.
1.4 Synthèse et commentaires
Le secteur 1 est marqué par la présence de plusieurs
gros blocs de granité, d'éléments débités et
d'aménagements réalisés avec des blocs de granité
de plus petit module. Rappelons qu'au niveau du
projet, le substrat géologique est uniformément
constitué de micaschiste. Il apparaît donc que les
blocs de granité découverts sur une partie de
l'emprise du futur lotissement appartiennent à des
aménagements d'origine anthropique.
Actuellement, l'affleurement granitique le plus
proche que nous ayons pu observer se situe à 1,2
km au sud du site. Cet affleurement se trouve en
bordure de côte et occupe un espace relativement
restreint au sein du massif de micaschiste.
L'affleurement de granité est semble-t-il lié à un
accident éruptif.
Les éléments granitiques observés au sein des
sondages se rattachent très certainement à
«l'alignement de menhirs»3 (cf. 1.1 Le tumulus)
que L. Le Pontois signale dans son compte rendu de
fouilles de 1890. Par contre, il n'est pas certain que
tous les blocs mis au jour soient les menhirs que L.
A la place « d'alignement de menhirs », ils nous semble
préférable d'utiliser le terme de groupe de menhir car nous ne
connaissons pas l'architecture exacte de l'ensemble.
GUIDEL (56) : Rue des Navigateurs Août 2003
Photo 10 : sondage 7. Vue générale de l'interface sablo-limoneuse mise au jour à l'extrémité est du sondage. Au
sein de cette interface, on distingue plusieurs blocs de granité. Certains d'entre eux portent des traces de
débitage. De nombreux blocs de granité et plaquettes de micaschiste ainsi que des galets marins ont également
été observés isolés ou sous la forme de petites concentrations dans l'interface sablo-limoneuse.
Photo 11 : monolithe F.28. Il affleurait à peine à la surface de la parcelle. Un mini-sondage montre que le bloc
est sans doute de grande dimension. Il présente une taille au moins équivalente à celle du monolithe F.21.
GUIDEL (56) : Rue des Navigateurs Août 2003
Le Pontois a étudié. En effet, entre son compte
rendu et notre étude, il existe quelques discordances
dans la dimension des blocs. L. Le Pontois a
également observé des blocs que nous n'avons pas
détectés. Il signale par exemple un menhir de 2,70
m de long pour 2,10 m de large. Aucun monolithe
de cette dimension n'a été découvert au cours du
diagnostic. Au total, trois monolithes ont été
reconnus lors de l'intervention. Deux d'entre eux
(F. 11 et F.21) ont été partiellement étudiés dans le
cadre de cette dernière. Le troisième (F.28) qui
affleurait à peine à la surface de la parcelle (photo
11) n'a pas été étudié. Il a simplement fait l'objet
d'un mini-sondage au niveau de la partie
affleurante.
Un certain nombre de données supplémentaires
obtenues dans le cadre de cette évaluation
confirment que les blocs de granité appartiennent
très vraisemblablement à un ensemble
mégalithique. De possibles structures de calage ont
notamment été identifiées. Par exemple, le menhir
F. 11 présente sur son bord sud un amas de petits
blocs de granité qui évoque tout à fait ce type de
structure. Deux concentrations de blocs de granité
(F.4 et F. 12) s'apparentent aussi à des structures de calage.
La datation précise de l'ensemble mégalithique n'a
pu être déterminée dans le cadre du diagnostic.
D'après les données que nous possédons, il s'insère
dans une fourchette chronologique qui va du Néolithique jusqu'à l'Age du Bronze.
En l'état actuel et faute d'une fouille exhaustive du
secteur, il est difficile de définir l'extension exacte
du groupe de menhirs et son organisation. Le site
mégalithique se développe sur la moitié ouest de
l'emprise du projet mais il est possible qu'il
s'étende également hors emprise vers le nord et
vers le sud II apparaît que l'ensemble a subi de
multiples perturbations. Tous les blocs sont
couchés. Il est également probable que les
monolithes ont été plus ou moins déplacés. En
outre, certains d'entre eux présentent des traces de
débitage. Ainsi sur le monolithe F. 11 plusieurs
négatifs d'enlèvement d'origine anthropique ont été
observés. Plusieurs gros éléments mesurant jusqu'à
0,60 m de côté et comportant des traces de
fracturation ont été reconnus dans le niveau
d'interface sablo-limoneux. Ils correspondent très
vraisemblablement aux restes de monolithes
débités. Les perturbations ont probablement eu lieu
à différentes époques. Il est difficile de savoir
quand mais il est probable que les aménagements
de la Guerre 39-45 ont dégradé le site. Les travaux
effectués lors de la mise en place de la structure en
béton (située à proximité des sondages 6 et 7) et des
blockhaus ont certainement contribué à une dégradation du site.
2. Le secteur 2 (figure 7)
Le secteur 2 s'inscrit sur la moitié est de la parcelle
au niveau des sondages 1, 2, 5 et 8. Sur ce secteur,
la couche de labour mesure 0,3 m d'épaisseur.
Quand elle est préservée, l'interface sablo-
limoneuse ne dépasse pas 0,1 m d'épaisseur.
2.1 Les vestiges
o Sondage 1 (figure 7)
Le fait 1 (F.l) correspond au fond d'une petite
structure de combustion. La fosse présente un profil
en cuvette. Elle mesure 0,65 m de long pour 0,40 m
de large et 0,1 m de profondeur. Le fond de la fosse
est totalement rubéfié (figure 6). Elle était remplie
d'un sédiment terreux brun-noir riche en charbon
de bois. Trois blocs de pierre brûlée ainsi que des
tessons de céramique antique étaient présents dans
le remplissage.
Le fait 2 (F.2) est une petite fosse au profil en
cuvette. Elle mesure 0,67 m de long pour 0,40 m de
large et 0,09 m de profondeur. Son remplissage est
constitué d'un sédiment gris foncé riche en charbon
de bois. Une tegulae y a été recueillie (figure 6).
o Sondage 2 (figure 7)
La réalisation de ce sondage a révélé la présence
d'un fossé au gabarit important (F.3) puisqu'il
mesure 1,5 m de profondeur pour 2,5 m d'ouverture
(photo 12 et figure 8). A l'origine, la profondeur du
fossé atteignait certainement au moins 2 m. Ce
tronçon de fossé apparemment rectiligne est
grossièrement orienté suivant un axe nord/sud. Il se
raccorde aux tronçons de fossé F. 14 dans la
tranchée 5 et F.26 dans la tranchée 8.
Un sondage mécanique fin a permis de reconnaître
le profil du fossé et son remplissage. Le tronçon de
fossé présente un profil en V avec un fond plat. Une
seule unité stratigraphique a été reconnue. Elle est
constituée d'un sédiment sablo-limoneux brun et
compact. Du charbon de bois, des tessons de
céramique ainsi que quelques blocs de granité et
quelques plaquettes de micaschiste brûlés y ont été
découverts. D'après ce que nous avons pu observer,
le fossé a fonctionné ouvert.
o Sondage 5 (figure 7)
Le tronçon de fossé F. 14 (photo 13 et figure 8) se
raccorde avec les tronçons F.3 et F.26. Le sondage
mécanique que nous avons effectué dans le fossé
montre qu'il présente les mêmes caractéristiques
que le tronçon F.3. Le fossé a été recoupé par une
grande fosse à fond plat (F. 13). Elle est comblée
par un sédiment sablo-limoneux brun foncé et de
plaquettes de schiste. La datation de cette fosse reste indéterminée.
Sondage 1, F1 Sondage 1, F2
Schiste rubéfié sur 2 cm d'épaisseur
1 : terre brun-rouge, blocs de pierre chauffés, 1 fragment
d'amphore et quelques charbons de bois
1 : terre gris foncé très riche en charbon de bois.
1 fragment de tegulae
Sondage 3, F9
N A
- Charbon de bois
1 : sédiment brun-jaune très compact. Blocs de granité et de micaschiste brûlés en surface
A la base, présence de charbon de bois et de boulettes d'argile cuite
0 1 m
Morbihan - Commune de Guidel
"Résidence Magellan" Rue des navigateurs
Figure 6 : plans et coupes des
Faits 1,2 et 9
Responsable : S. Bianchci flnrnp] -
Topographie : V Pommier (Inrap) J.C. Boinnard |atagiairc| - juillet 2003
Destin assisté par ordin : B. Kerampran [Inrapl
Siège INRAP - 7. rue de Madrid • 75009 Pari* • wurw.inrap.fr
Institut national de recherches archéologiques préventives Direction Crind-Ouest
S 1
12,5 m
F. 14 F. 16
F.25
S 8
F. 17
26
,E27
s 1 /
Morbihan - Commune de Guidel
"Résidence Magellan" Rue des navigateurs
Figure 7 : vue de détail du secteur 2
(sondages 1, 2, 5 et 8)
Rrspensable : S. Blanchct (lnrnp| •
Topographie : V. Pommier (Inrapl J C Boisnard (stagiaire) - juillet 2003
Dessin assisté par ordinateur : B. Kerampran (Enrap)
Siège INRAP - 7, rue de Madrid - 75008 Paris - www.inrap Jr
Institut national de recherches archéologiques préventives Direction GrandOueît
J7.ru* du St(M"i - CS4T7I7
Ttt. c: 11 v, x *■> ru m II W 00 H |r»nd ' ouniamp.fr
Zones Fouillées
Sondage
Structure
Sondage 2, F 3
0 2 m 1 : terre végétale
2 : sédiment brun, quelques plaquettes de micaschiste brûlé, quelques charbons de bois, céramique et blocs de granité brûlés
Sondage 5, F 14 et F 13
F 14 F 13
0 2 m 1 : terre végétale (labours) '
2 : sédiment brun compact et plaquettes de micaschiste brûlé
3 : sédiment brun, plaquettes de micaschiste brûlé, quelques blocs de granité brûlé
quelques charbons de bois, céramiques
Sondage 8, F 27
1 : sédiment brun, quelques plaquettes de micaschiste,
1 tesson
2 : sédiment brun riche en plaquettes de micaschiste
0 1 m
Sondage 5, F16
0 1 m
1 : sédiment brun, très compact, plaquettes de micaschiste
Morbihan - Commune de Guidel
"Résidence Magellan" Rue des navigateurs
Figure 8 : coupes des tronçons de fossés
F 3, F14, F27 et F 16
Responsable : S. Blaiicliti [Inrapl ■
Topographie : V. Pommier (Inrapl J C. Boiannrd (stagiaire) jmlln JOOI
Dessin assiste par ordinateur : B. Kerampran (Inrnp)
Siège INRAP ■ 7, rue de Madrid - 75008 Paris • wwwjnrap.fr
Institut national de recherches archéologiques préventives
Direct ton Grand Oue-M
T« tu u w oo il i
GUIDEL (56) : Rue des Navigateurs Août 2003
Photo 13 : sondage 5, F. 14. Vue en coupe du tronçon de fossé. Il est recoupé par la fosse F. 13.
GUIDEL (56) : Rue des Navigateurs Août 2003
Un second tronçon de fossé rectiligne (F. 16) a été
mis au jour dans le sondage 5. Il présente une
orientation sensiblement identique à celle du fossé
F.14. Le fossé F.16 a fait l'objet d'un sondage
manuel. Il présente un profil en V. Sa largeur est de
0,85 m et sa profondeur conservée ne dépasse pas
0,30 m. Le remplissage du fossé est constitué d'un
sédiment sablo-limoneux brun très compact auquel
sont associées des plaquettes de micaschiste (figure
8). Aucun mobilier archéologique n'y a été observé.
Si ce n'est une orientation similaire, aucun élément
ne nous permet d'associer les tronçons de fossé
F.14 et F.16.
Deux probables fonds de trous de poteau (F. 15,
F. 17) dont la profondeur conservée ne dépasse pas
0,05 m ont également été identifiés.
o Sondage 8 (figure 7)
Au niveau du sondage 8, le fossé F.3, F.14 observé
dans les sondages 2 et 5 s'incurve vers le sud-ouest.
Ce tronçon de fossé (F.26) présente un gabarit
moins important que les tronçons F.3 et F.14. Son
contour est également plus irrégulier. Dans un
premier temps, nous avons interprété ce tronçon
comme l'angle ou le retour d'un fossé d'enclos. A
présent, nous nous demandons si ce tronçon ne
pourrait pas participer à l'aménagement d'une
entrée. Aucun sondage n'a été effectué dans le
tronçon F.26. La partie supérieure du remplissage
du fossé est de la même nature que celle observée
dans les tronçons F.3 et F.14. Plusieurs fragments d'une cruche antique y ont été recueillis.
Le tronçon rectiligne d'un fossé de faible gabarit
(F.25) recoupe le fossé F.26. Le fossé F.25 est donc
postérieur au comblement du fossé F.26. Le fossé
F.25 présente un profil en cuvette. Il mesure 0,10 m
de profondeur et 0,40 m de large. Son comblement
est constitué d'un sédiment brun sablo-limoneux et
de plaquettes de micaschiste. Le fossé F.25
correspond vraisemblablement à un fossé de
parcellaire. Sa datation reste inconnue.
Enfin, un troisième tronçon de fossé (F.27) a priori
rectiligne a été découvert à l'extrémité est du
sondage. Ce fossé est orienté suivant un axe
nord/sud comme les autres fossés reconnus au
niveau du secteur 2. Il a fait l'objet d'un sondage
manuel. Le fossé F.27 présente un profil en V avec
un fond plat. La parois ouest est subverticale. Le
niveau supérieur de son comblement (US 1) est
constitué d'un sédiment sablo-limoneux brun
(figure 8). Un de tesson de céramique antique y a
été recueilli. La partie inférieure du comblement
(US2) est constituée d'un sédiment sablo-limoneux
brun dans lequel on retrouve des plaquettes de
micaschiste en quantité très abondante. De par son
profil mais également son remplissage, le fossé
F.27 correspond vraisemblablement à un fossé
palissadé. Le fossé F.27 n'a pas été reconnu dans
les sondages 2 et 5. En l'état actuel, il est donc
difficile de définir quels liens peut avoir ce fossé
avec les autres fossés du secteur 2 et notamment
avec le tronçon F.3, F.14, F.26. La datation du fossé
reste également difficile à préciser. Son type
évoque néanmoins une origine relativement
ancienne.
2.2 Le mobilier archéologique
Les sondages effectués sur le secteur 2 ont livré un
lot de mobilier très réduit. On dénombre 13 tessons
de céramique antique, 1 fragment de tegulae et 5
tessons de céramique gauloise.
Pour la période antique, un premier lot provient du
comblement supérieur du tronçon de fossé F.26.
Les tessons appartiennent à un type de cruche
produite durant le Haut empire, (information de L.
Simon, céramologue à l'INRAP). Un second lot est
issu de la fosse F.l et réuni les éléments d'une
grande cruche également produite au cours du Haut
empire Les autres éléments céramiques sont plus
hétérogènes et répartis de façon plus diffuse. On les
retrouve dans F.2 et F.27.
Pour la période gauloise, les tessons ont été
recueillis dans le remplissage des tronçons de fossé F.3 et F.14.
Les fragments de céramique n'ont pas été dessinés
car la plupart d'entre eux étaient trop petits et peu
significatifs.
Soulignons enfin qu'aucun mobilier d'époque
moderne n'a été observé dans le remplissage des
structures découvertes dans le secteur 2.
2.3 Synthèse et commentaires
Les tronçons de fossé constituent l'essentiel des
vestiges mis au jour sur le secteur 2. La plupart de
ces fossés sont grossièrement orientés suivant un
axe nord/sud. Le fossé constitué des tronçons F.3,
F.14 et F.26 a certainement constitué - par son
gabarit — un élément structurant important. Le
tronçon F.27 a également été un élément important
puisqu'il était vraisemblablement palissadé. Les
autres fossés sont plus légers. Faute de fouilles et de
décapages exhaustifs, il est en l'état actuel difficile
de définir quelles sont les véritables relations
fonctionnelles et/ou chronologiques qui peuvent
exister entre tous ces fossés.
Le rôle de ces fossés est difficile à définir. Les
fossés de faible gabarit (F.25) correspondent
probablement à des fossés de parcellaire. Le rôle du
fossé constitué des tronçons F.3, F.14 et F.26 est
plus délicat à cerner. La première hypothèse serait
qu'il s'agisse d'un fossé d'enclos, le tronçon F.26
pouvant alors constituer un angle de l'enclos.
Comme nous l'avons déjà évoqué, il est aussi
possible que le tronçon F.26 participe à
l'aménagement d'une entrée. Si la fonction
d'enclos était vérifiée, se poserait alors la question
de sa nature. La fonction d'enclos d'habitat est pour
GUIDEL (56) : Rue des Navigateurs Août 2003
le moment difficile à retenir car très peu de
structures habituellement reconnues sur les sites
d'habitat (fosses, trous de poteau...) ont été
repérées. Par ailleurs, la quasi absence de mobilier
dans les fossés ne plaide pas en faveur d'un habitat.
Cela dit nous devons tenir compte des phénomènes
d'érosion. Rappelons que - sur la moitié est de la
parcelle - la terre végétale repose directement sur le
substrat géologique et les rares structures en creux
sont très arasées. La seconde hypothèse serait que
le fossé (F.3, F.14 et F.26) participe au barrage d'un
éperon. Le site se trouve en effet sur le rebord d'un
plateau qui domine l'embouchure de la Laïta. Deux
profonds vallons situés respectivement à 200 m au
nord-ouest et à 100 m au sud du site entaillent le
vallon et délimitent ainsi un éperon. Dans
l'hypothèse où le fossé participerait véritablement
au barrage de l'éperon, il atteindrait près de 350 m
de long. La présence de multiples fossés orientés
suivant le même axe nord/sud pourrait s'expliquer
par la présence d'une structure de barrage de l'éperon.
La datation des structures et en particulier des
fossés découverts sur le secteur 2 est également
problématique. Plusieurs tronçons de fossé ont livré
au sommet de leur remplissage quelques tessons de
céramique antique. Mais il n'est pas prudent, sur la
base de ces rares artefacts, de dater les fossés. Ce
d'autant plus que les tronçons de fossé (F.3 et F.14)
ont également livré des tessons de l'époque
gauloise. D'après les éléments que nous avons pu
obtenir au cours du diagnostic, les fossés
découverts au niveau du secteur 2 semblent
relativement anciens. Ils se rattachent
vraisemblablement (hormis peut-être le fossé F.25)
à une occupation gauloise et/ou antique. Quant aux
fosses F.l et F.2, elles se rattachent très
vraisemblablement à la période antique.
GUIDEL (56) : Rue des Navigateurs
III. CONCLUSION
Août 2003
Le bilan du diagnostic réalisé au sein de la parcelle
YR.94 s'avère positif sur un plan archéologique.
Sur la moitié ouest du projet c'est-à-dire à
proximité du tumulus, les tranchées de sondage ont
permis de reconnaître plusieurs blocs de granité et
plusieurs fosses qui marquent très
vraisemblablement l'emplacement d'un ensemble
mégalithique (groupe de menhirs et fosses de
calage). Sur la moitié est de la parcelle, des
tronçons de fossé ont été reconnus. Certains d'entre
eux se rattachent sans doute à l'Age du Fer et/ou à
l'époque romaine.
Malgré de multiples dégradations (blockhaus...) le
tumulus est en partie conservé. Sur certains secteurs
le monument présente encore plus de 3 m
d'élévation. Il possède donc un potentiel
archéologique évident et sa préservation est parfaitement justifiée.
L'extension précise de l'ensemble mégalithique n'a
pas été déterminée avec précision. Néanmoins, les
données obtenues au niveau de l'emprise du projet
permettent d'envisager un développement du site
sur la moitié ouest de la parcelle YR. 94. Malgré
des perturbations liées à la construction des
blockhaus et d'aménagements annexes (dalle ?),
l'ensemble mégalithique présente toujours un
intérêt archéologique. Ainsi certains monolithes
restent vraisemblablement à découvrir. D'autres
sont à étudier (F.28 par exemple). Les fosses de
calages ou les autres structures excavées seraient
également à explorer. Le diagnostic ouvre d'autres
perspectives et des axes de recherche intéressants.
Par exemple, la question d'une relation entre le
groupe de menhirs et le tumulus est posée. Cette
relation n'a pu être établie dans le cadre du
diagnostic. En effet, ce type de donnée ne pouvait
être obtenue que si une fouille fine et exhaustive
avait été mise en place. Si une relation était
effectuée entre les menhirs et le tumulus, il faudrait
alors peut-être revoir l'histoire du monument. En
effet, les relations menhirs/tumulus (ou tertre)
s'observent le plus souvent dans les ensembles
néolithiques.
En ce qui concerne le réseau de fossés observé sur
la moitié est de l'emprise du projet (secteur 2), il
s'agit d'un ensemble qui offre un intérêt
archéologique plutôt limité. Les fossés mis au jour
restent mal calés chronologiquement. Leur nature
précise est également difficile à définir. Rien
n'indique que si le décapage était élargi, les
données chronologiques et fonctionnelles
concernant le système fossoyé seraient plus
nombreuses et plus significatives. En effet, dans le
cadre d'un décapage il ne pourrait être étudié que
très partiellement. Par ailleurs, très peu de
structures associées à cet ensemble ont été observées.
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