Déterminants Et Effets Des Investissements Directs
Etrangers Sur La Croissance Economique En
Algérie:
Analyse En Données De Panel
Professeur : BENHABIB Abderrezak
Directeur de l’école préparatoire des sciences économiques de
Tlemcen, Algérie
ZENASNI Soumia
Enseignante à l’Ecole Préparatoire des Sciences
Economiques de Tlemcen, Doctorante en
Economie à l’Université de Tlemcen, Algérie.
Determinants et Effets des Investissements Directs Etrangers………………….......BENHABIB et ZENASNI
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Résumé :
L’objectif de ce travail consiste à étudier les déterminants des
investissements directs étrangers et à examiner empiriquement leurs
effets sur la croissance de l’économie algérienne. L'étude de cette relation
a été largement analysée dans la littérature économique (Bornschier et al
1978 ; Borensztein, Lipsey et Zejan 1992 ; De Gregorio 1993 ;
Borensztein, De Gregorio et Lee 1998 ; Berthelemy et Demurger 2000 ;
Choe 2003 ; Güner et Yılmaz 2007 ; Massoud 2008 ; Tiwari et Mutascu
2010 ; Rogmans 2011 ; Adeniyi et al 2012). L’estimation du modèle du
panel dynamique selon la Méthode des Moments Généralisés (MMG)
proposée par Blundell et Bond (1998) sur le cas algérien durant la période
1970-2010. Les résultats de l’estimation montrent que, sous certaines
conditions économiques particulières, l’investissement direct étranger
affecte positivement le niveau de la croissance économique à long terme ;
il permet, ainsi, d’améliorer la situation économique algérienne.
Mots-clés : IDE, croissance économique, l’économétrie des données de
panel.
JEL Classifications : F21, F43, C33.
:ملخص
نمو ال آثارها عىلو حتديد األجنبي املبارش حمددات االستثامر يف دراسة هذا البحث يتمّثل اهلدف من
نمو االقتصادي نطاق الاألجنبي و هذه العالقة بني االستثامر دراسة لقد عرفت اجلزائري. االقتصادي
Bornschier et al 1978 ; De Gregorio) األدبيات االقتصادية يف واسع من األبحاث
1993 ; Borensztein, Lipsey et Zejan 1992 ; Borensztein, De Gregorio et Lee 1998 ; Berthelemy et Demurger 2000 ; Choe 2003 ; Güner et
Yılmaz 2007 ; Massoud 2008 ; Tiwari et Mutascu 2010 ; Rogmans
2011 ; Adeniyi et al 2012.) وفقا لطريقة العزوم نموذج ديناميكي تقديرتعتمد الدراسة عىل
خالل الفرتة حلالة اجلزائر( Blundell et Bond 1998) التي اقرتحها (GMM) املعممة
االستثامر يؤثر يف ظل ظروف اقتصادية و مالية معينة، ،. أظهرت نتائج التقدير أّنه0101 –0791
بإمكانه أن حيسن عىل املدى الطويل، اليشء الذي مستوى النمو االقتصادي إجيابيا عىل األجنبي املبارش
.اجلزائر الوضع االقتصادي يف
.القيايساالقتصاد ، تقنياتالنمو االقتصادي، االستثامر األجنبي املبارش :املفتاحيةالكلمات
JEL :F21 ،F43 ،C33 رموز التصنيف
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Introduction
La mondialisation accrue au cours des deux dernières décennies a
généré une forte croissance de l'activité internationale et des
investissements directs étrangers. Ceux-ci ont progressé à un rythme
phénoménal depuis le début des années 90, et le marché mondial est
devenu plus concurrentiel. L’attrait grandissant des pays en
développement tient en partie à la gamme d’actifs «créés» qu’ils offrent
aux investisseurs. L’IDE est devenu, donc, une source importante de
financement extérieur privé pour les pays vu que, théoriquement, il offre
plus d'avantages que d'autres types de flux financiers. En plus de
l’augmentation du stock de capital national, il a un impact positif sur la
productivité grâce aux transferts technologiques et aux compétences de
gestion. Cette forme de financement est considérée comme la moins
volatile (du fait qu’elle rend les pays moins vulnérables aux brusques
arrêts et reprises de flux) des différents types de flux de capitaux. A
l’instar d’autres économies en développement, ces derniers temps,
l’Algérie a développé une politique économique visant à promouvoir le
développement de son économie par les IDE. Hélas, les flux de ces
investissements attirés restent relativement faibles et leur impact sur la
croissance ambigu.
Parallèlement à la croissance rapide des flux des IDE, une abondante
littérature théorique et empirique, cherchant à déterminer les avantages
théoriques de ces flux sur l’économie de chaque pays, s'est développée
ces dernières années (MacDougall 1960 ; Bornschier et al 1978;
Grossman et Helpman 1991 ; Borensztein, Lipsey et Zejan 1992 ; De
Gregorio 1993 ; Borensztein, De Gregorio et Lee 1998 ; Berthelemy et
Demurger 2000 ; Choe 2003 ; Güner et Yılmaz 2007 ; Massoud 2008 ;
Tiwari et Mutascu 2010 ; Rogmans 2011 ; Adeniyi et al 2012). Les
résultats auxquels ont abouti les différents auteurs sont mitigés. Certains
ont conclu qu’il n’existait pas de liens positifs (et/ou ont reconnu
l’existence de résultats mixtes) entre l’investissement direct étranger et la
croissance économique (Bornschier et al 1978 ; Aitken et Harrison
1999 ; Alfaro et al 2002 ; Carkovic et Levine 2002 ; Effendi et al
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2003 ; Massoud 2008). D'autres études ont, au contraire, trouvé que les
IDE affectent positivement et significativement la croissance économique
à long terme (Fry 1993 ; Obwana 1996 ; De Mello 1999 ; Zhang 2001 ;
Bengoa et al 2003 ; Basu et Guariglia 2007 ; Türkcan et al 2008 ; Jyun-
Yi et Chih-Chiang 2008; Agrawal et Khan 2011 ; Adeniyi et al 2012).
Ces études ont, en fait, identifié les conditions pouvant aider les pays en
développement à faire plein usage des avantages potentiels des
investissements directs étrangers.
Dans ce contexte, l’objectif de ce travail consiste à étudier les
déterminants des investissements directs étrangers et à examiner
empiriquement leurs effets sur la croissance de l’économie algérienne en
traitant la problématique suivante : quels sont les déterminants et les
effets potentiels de l'investissement direct étranger sur la croissance
économique algérienne? En utilisant l’économétrie des données de
panel, on estime un modèle du panel dynamique selon la Méthode des
Moments Généralisés (MMG) proposée par Blundell et Bond (1998) sur
le cas algérien durant la période 1970-2010. Les résultats de l’estimation
montrent que, sous certaines conditions économiques particulières
(l’adoption d’un régime commercial de promotion des exportations, la
restauration de la compétitivité internationale et la diversification des
exportations), l’investissement direct étranger affecte positivement le
niveau de la croissance économique à long terme ; il permet, ainsi,
d’améliorer la situation économique algérienne.
Ce travail est organisé comme suit. La première section présente une
revue de littérature sur le lien entre l'IDE et la croissance économique.
Ensuite, la deuxième section met en évidence les caractéristiques de la
croissance économique ainsi que l’évolution de l'IDE en Algérie. La
section 3 décrit les données et les méthodes d'estimation utilisées. Enfin,
la section 4 présente les résultats empiriques des estimations.
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1. Revue de littérature Dans la littérature économique, de nombreux travaux ont mis en
exergue l'influence des IDE sur la croissance économique. Cette
littérature a mis en évidence les différents canaux par lesquels l’IDE peut
exercer des effets positifs directs et indirects sur la croissance. Les
nombreux travaux confirmant ce lien, ont exploré les différents aspects
des effets de l'IDE tels que (i) le transfert technologique (ii) l'introduction
de nouveaux processus (iii) les gains de productivité et (iv) l'ouverture de
nouvelles opportunités de marché. L’IDE est généralement considéré
comme un canal par lequel la technologie est capable de se propager des
pays développés vers les pays en développement. Selon Chen (1992), le
développement des investissements directs étrangers en général joue un
rôle positif dans la stimulation de la croissance économique dans les pays
d'accueil.
De plus, Blomström and Kokko (1997), la théorie économique fournit
deux approches pour étudier les effets de l’IDE dans les pays d'accueil.
La première est enracinée dans la théorie standard du commerce
international et remonte à l’étude de MacDougall (1960). C'est une
approche comparative-statique de l’équilibre partiel destinée à examiner
la manière dont sont faites les augmentations marginales des
investissements étrangers. La prédiction principale concernant ce modèle
est que les entrées des capitaux étrangers -qu’elles soient sous forme
d’IDE ou d’investissements de portefeuille- vont augmenter la
productivité marginale du travail et celle du capital dans les pays
d'accueil. La deuxième approche s'écarte de la théorie de l'organisation
industrielle qui a été mise au point par Hymer (1960)*. Celle-ci suggère
que, pour être en mesure d'investir dans la production sur les marchés
étrangers, une entreprise doit posséder un actif (par exemple, la
technologie des produits ou les compétences en marketing et en
management) qui peut être mis à profit dans la société étrangère affiliée.
Dans leur étude, Blomström and Kokko (1997) affirment que
l'investissement étranger direct favorise le développement économique
en permettant d’améliorer la croissance de la productivité et celle des
exportations.
Dans une recherche menée sur la Chine, Dess (1998) constate que
l'IDE affecte positivement et significativement la croissance économique
chinoise à long terme par le biais de son influence sur le changement
* D'autres contributions importantes ont été faites par Buckley et Casson (1976), Caves
(1971), Dunning (1973), Kindleberger (1969), et Vernon (1966), entre autres.
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technique. Borensztein, De Gregorio et Lee (1998) ont présenté
un modèle dans lequel le degré des progrès technologiques était le
déterminant principal de la croissance économique à long terme. Les
résultats suggèrent que l'IDE, qui est un outil important pour le transfert
de technologie, contribue à la stimulation de la croissance économique
plus que l'investissement domestique. Bien que certaines études
empiriques aient reconnu l’existence d’une corrélation positive entre
l'IDE et la croissance, plusieurs autres travaux affirment l’inverse. A
l’instar de ces études, celle d’Aitken et Harrison (1999), portant sur les
bénéfices des IDE pour les firmes domestiques, a montré que l'effet net
de l'IDE sur la productivité de l'entreprise est négligeable.
Comme souligné par Agénor (2001), l'IDE peut faciliter le transfert ou
la diffusion de gestion et le savoir-faire technologique et améliorer les
compétences de la main-d'œuvre (comme résultats de l’application du
principe "learning by doing"). En outre, l'augmentation du degré
d'intégration des marchés mondiaux des capitaux s'est accompagnée
d'une augmentation significative des flux de capitaux privés vers les pays
en développement. Les flux d'investissements directs et les
investissements de portefeuille vers les pays en développement -de plus
en plus ouverts- ont augmenté rapidement au cours des années 1980 et
1990. Cette tendance à la hausse a engendré l'augmentation de l'incidence
de la volatilité financière et les crises de change dans la seconde moitié
des années 1990. Néanmoins, Ogutucu (2002) soutient que
l'investissement étranger direct est un important catalyseur pour le
développement et l'intégration des pays en développement dans
l'économie mondiale.
Dans la même optique, Alfaro (2003) a fait une analyse sectorielle en
utilisant la méthode MCO et des données transnationales au cours de la
période 1981-1999. Les principaux résultats indiquent que l’IDE dans le
secteur primaire* a un effet négatif sur la croissance, tandis que
l'investissement dans le secteur industriel affecte positivement la
croissance économique ainsi que l'effet de l'investissement sur la
croissance dans le secteur des services est ambigu. Par ailleurs,
Kohpaiboon (2003) a étudié le cas de la Thaïlande au cours de la période
1970-1999. En introduisant la variable des exportations dans l’équation
"croissance-IDE", il a montré que l'impact de l’IDE sur la croissance tend
à être supérieur dans un régime commercial de promotion des
* C’est le secteur qui rassemble l'ensemble des activités qui produisent des matières
premières non transformées.
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exportations comparativement à un régime de substitution des
importations. Ces résultats ont été confirmés également par Balamurali et
Bogahawatte (2004) dans une étude effectuée sur le cas du Sri Lanka
durant la période 1977-2003. Ces auteurs ont souligné que de meilleures
réformes de la politique commerciale et la restauration de la
compétitivité internationale permettent d'élargir et de diversifier les
exportations du pays ; du coup, cela permet, à son tour, d'accélérer la
croissance économique à long terme.
En se basant sur un certain nombre de déterminants se rapportant à la
relation entre les IDE et la croissance économique (tels que le capital
humain, le niveau des exportations, la stabilité macroéconomique, le
niveau du développement financier, les investissements publics et
d'autres déterminants), Neuhause (2006) a montré qu'il existe trois
principaux canaux par lesquels les IDE peuvent influencer le changement
technologique, améliorer le stock de capital et générer, ainsi, un taux
élevé de la croissance économique : (i) la transmission directe (via
"Greenfield Investments"), (ii) la transmission indirecte (via "Ownership
Participation") et (iii) le canal intermédiaire de transmission
("Technology Spillover"). A son tour, l’étude d’Alfaro et al. (2006) a
révélé que l'augmentation des niveaux de l'IDE génère trois fois plus de
croissance supplémentaire dans les pays financièrement très développés
que dans les pays financièrement peu développés.
L’étude de Bhandari et al. (2007) a conclu que l'augmentation du
stock des capitaux domestiques et l'afflux des investissements directs
étrangers sont les principaux facteurs qui influent positivement sur la
croissance économique dans les pays d'Europe orientale. Won et al.
(2008) ont, pour leur part, concentré leur analyse sur le cas de pays
d’Asie nouvellement industrialisé. Le modèle VAR utilisé dans leur
analyse montre que l'ouverture de l'économie, mesurée principalement
par les exportations et les entrées des IDE, est le facteur le plus
significatif ayant contribué à la croissance rapide des économies
asiatiques nouvellement industrialisés. De même, Anwar et Nguyen
(2010) ont examiné le lien entre la croissance économique et les IDE au
Vietnam au cours de la période 1996-2005. Leurs résultats suggèrent que
l'impact de l'IDE sur la croissance au Vietnam sera plus important si plus
de ressources sont investies dans l'éducation, le développement des
marchés financiers et la réduction de l’écart technologique entre les
entreprises étrangères et domestiques.
Tiwari et Mutascu (2010) ont effectué une analyse empirique sur 23
pays asiatiques durant la période 1986-2008. Les résultats de l’étude
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montrent que les IDE et les exportations permettent aux pays sur lesquels
a porté l’étude d’améliorer leur croissance économique. Agrawal et Khan
(2011) ont étudié l’impact de l’IDE sur la croissance économique de 5
pays asiatiques (Chine, Japon, Inde, Corée du Sud, Indonésie) durant la
période 1993-2009. Cette étude confirme que l'IDE favorise la croissance
économique ; elle prévoit, en outre, qu'un dollar d'IDE entraine une
hausse du PIB d’environ 7 dollars de dans chacun des cinq pays. De plus,
Adeniyi et al (2012) ont examiné le lien de causalité entre l'IDE, la
croissance économique et le développement financier dans quelques
petites économies ouvertes en développement. En utilisant un modèle à
trois variables qui applique le test de causalité de Granger dans un
Vecteur à Correction d'Erreur (VCE) durant la période 1970-2005, les
résultats montrent que le degré de la sophistication financière est
important pour bénéficier des avantages de l'IDE sur la croissance
économique dans les économies étudiées.
En somme, nous pouvons constater que plusieurs études ont analysé
cette relation, notamment pour le cas des pays en développement. La
majorité de ces études ont abouti aux résultats selon lesquels les
investissements directs étrangers, associés à d'autres déterminants, ont un
effet significativement positif sur la croissance économique des pays.
2. Aperçu sur la croissance économique et l'IDE en Algérie L’économie algérienne se caractérise par le fait que l’industrie
pétrolière représente à elle seule 97,5 % des recettes économiques de
l’Algérie. C’est là, donc, une véritable prouesse économique réalisée
grâce à une série de réformes entreprises sur les plans institutionnel,
économique et financier (Benachenhou 2008). En outre, à la faveur des
réformes de libéralisation et de privatisation dans les différentes branches
économiques mis en application à partir du début des années 90, la
croissance économique a connu un essor certain ces dernières années. Le
tableau suivant montre la volatilité de la croissance économique de 2001
à 2008. Tableau 1 : La volatilité de la croissance en Algérie
Années 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
Croissance du
PIB 2,1 4,2 6,9 5,2 5,1 1,8 3,4 5,2 2,4 3,3
Croissance hors
hydrocarbures 5 6 6 6,2 4,7 5,3 6,6 6,6 9,3 5,9
%
hydrocarbures
dans le PIB
33,
9
32,
5
35,
6
38 44,
7
46,3 49,
7
43,
5
34,
9
23
Source : Benachenhou Abdellatif (2008), "Pour une meilleure croissance", Alpha
Design, Juin, p 18 / Rapport sur l’économie algérienne (2012), Lettre Economique
d’Algérie, N° 10, Juillet/Août.
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La volatilité de la croissance a été marquée par un recul brutal, en
2006, du taux de croissance à 1,8 %, comme le montre le tableau 1. Deux
facteurs principaux ont agi sur cette baisse du taux de croissance : l’arrêt
de capacité des incidents techniques qui ont freiné la production physique
des hydrocarbures et la non réalisation du taux de croissance prévu dans
le secteur des services en raison du recul significatif des importations1
dont le taux de croissance n’a été que de 3 % en 2007 contre les 10 %
prévus. En Algérie, la croissance hors hydrocarbures reste faible eu égard
à une absence de diversification de l’économie ; les nouveaux emplois
rémunérateurs restant tributaires de cette diversification. Concernant le
taux de croissance, l’économie algérienne a progressé entre 2000 et 2004
comme le montre la figure 1. En effet, elle a enregistré un taux
d’accroissement annuel moyen de 1.8 % depuis le lancement du
Programme de Soutien à la Relance Economique (PSRE) en 2001.
Figure 1 : Croissance du PIB en Algérie (% annuel)
Source : The African Development Indicators, Wolrd Bank, 2012.
Ainsi en matière d’investissement, l’Algérie a certes attiré attire des
flux croissants d'IDE ces dernières années, mais le stock reste faible (voir
le tableau 2) bien que cette dernière ait fait partie en 2010 des dix
premiers pays d'Afrique en termes de réception d'IDE. Cependant, la
série de mesures protectionnistes prises par le gouvernement algérien,
dont la nouvelle réglementation relative aux IDE imposant une
participation majoritaire algérienne de 51%, est un facteur décourageant
les IDE. De même, la corruption, les lourdeurs bureaucratiques, la
faiblesse du secteur financier et l'insécurité juridique relative aux droits
de propriété intellectuelle sont des freins à l'investissement.
Officiellement, le gouvernement demeure engagé dans la libéralisation
1 En Algérie, la croissance du secteur des services est en étroite corrélation avec celle des importations
(transport, distribution, commercialisation des marchandises importées).
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économique et continue à rechercher l'investissement étranger dans les
secteurs économiques (tels que les infrastructures, les
télécommunications, le marché bancaire, etc.). On peut également noter
une réorientation des IDE sur le marché domestique à travers la
multiplication des projets de développement des transports et des
infrastructures. Tableau 2: L’investissement direct étranger en Algérie
Années 2009 2010 2011
Flux d'IDE entrants (millions USD) 2.746 2.264 2.571
Stocks d'IDE (millions USD) 16.946 19.210 21.781
Indicateur de performance*, rang
sur 181 économies
130 113 103
IDE entrants (en % de la FBCF**) 5,7 4,8 4,0
Stock d'IDE (en % du PIB) 12,3 12,1 11,7
Source : CNUCED Notes : * L'indicateur de Performance de la CNUCED est basé sur un ratio entre la part du pays
dans le total mondial des IDE entrants et sa part dans le PIB mondial. ** La formation brute de capital fixe (FBCF) est un indicateur mesurant la somme des investissements, essentiellement
matériels, réalisés pendant une année.
Ces dernières années, l'investissement direct étranger est considéré
comme un facteur clé pour le développement économique en Algérie. La
figure 2 montre quelques données concernant les flux nets des IDE en %
du PIB au cours de la période (1980-2010). Comme indiqué dans cette
figure, les IDE en Algérie ont atteint 1,4% en 2010 contre 0,5 réalisé en
2005. En d'autres termes, les IDE ont connu une tendance croissante au
fil des années du temps. Cette tendance s'explique en partie par les
programmes de privatisation de grande envergure qui ont été mises en
œuvre par les autorités économiques algériennes ces dernières années
(Reggad 2008). Il est vrai qu'une augmentation substantielle a été
enregistrée, mais elle reste encore insuffisante à l'échelle mondiale. Figure 2 : L’investissement direct étranger en Algérie (flux nets en % du
PIB)
Source : The African Development Indicators, Wolrd Bank, 2012.
-0,5
0
0,5
1
1,5
2
2,5
1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010
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Cependant, les réalisations de l'Algérie en matière d’attraction des
IDE restent encore faibles eu égard à son potentiel et ses performances
supérieurs aux autres pays de la région (voir la figure 3). Ce faible taux
est lié à la période de crise importante qu’à connue le pays dans les
années 1990 ainsi qu’à certains autres obstacles économiques et
financiers. Figure 3: IDE, une comparaison entre les pays Nord Africain (flux nets en
% du PIB)
Source : The African Development Indicators, Wolrd Bank, 2012.
3. Déterminants de l’IDE dans les pays en développement Sur la base de la littérature existante (Kravis et Lipsey 1982 ;
Grossman et Helpman 1991 ; Rodrik 1992 ; Jackson et Markowski
1995 ; Chakrabarti 2001 ; Kamaly 2003 ; Barro et Sala-i-Martin 2004 ;
Lim 2005 ; Buckley et al. 2007), on peut affirmer que l'IDE dépend d'un
certain nombre de facteurs déterminants, entre autres (Anwar et Nguyen
2010) :
La taille du marché :
La taille du marché est l'un des déterminants les plus importants de
l'IDE. Elle est généralement mesurée par le PIB par habitant. Plusieurs
études empiriques ont montré que l'augmentation du PIB est associée à
une augmentation des entrées d'IDE dans les pays d'accueil.
L'augmentation des revenus sont un signe d'une augmentation de la taille
du marché et le pouvoir d'achat. Kravis et Lipsey (1982) ont trouvé une
relation positive entre la taille du marché dans les pays d'accueil et la
décision d'implantation des multinationales américaines.
La qualité et le développement des infrastructures de base :
La disponibilité et le développement des infrastructures (tels que le
transport routier, le transport ferroviaire) selon des normes
-2
0
2
4
6
8
10
12
Algeria
Morocco
Tunisia
Lybia
Mauritania
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12
internationales est un déterminant majeur de l'IDE pour les pays
d'accueil. Autrement dit, une bonne infrastructure développée et évoluée
est essentielle au maintien de la croissance économique d’un pays, car
dans de telles conditions, le coût d’exploitation est faible ce qui accroit le
rendement de l’investissement et donc favorise les IDE. Un certain
nombre d'études empiriques ont utilisé différentes variables proxy pour
mesurer le niveau de développement des infrastructures dans les pays
d'accueil.
Le degré d'ouverture commerciale :
L’attraction des IDE est aussi tributaire du degré d’intégration à
l’économie mondiale. L’ouverture d’une économie est mesurée par le
ratio des importations et des exportations par rapport au PIB, elle tient
compte du fait que les économies plus ouvertes tendent à être plus
vulnérables à la perte de l'accès au financement extérieur (Agénor 2001,
p 35). Ainsi, la diminution des niveaux de restrictions sur les transactions
commerciales avec l’extérieur tend à augmenter les IDE horizontaux
dans les pays d'accueil. Cependant, l'IDE vertical qui est considérée
comme un investissement qui ne cherche pas le marché ; dans ce cas, les
firmes multinationales préfèrent s'installer dans des économies plus
ouvertes.
Le capital humain :
Le coût de la main d’œuvre est un déterminant important des IDE. En
fait, le capital humain est considéré depuis longtemps comme un facteur
déterminant de la croissance économique. Il affecte aussi la croissance
par le biais de son interaction avec l'IDE.
La stabilité macroéconomique :
Alors que les premières études, comme celle de Friedman (1977), ont
mis en évidence le rôle du taux d'inflation (mesuré par l’indice des prix à
la consommation) qui est un indicateur important de la stabilité
macroéconomique d’un pays, des études récentes ont utilisé le taux de
change réel comme un indicateur de la stabilité macroéconomique. La
volatilité taux de change réel est considérée comme un indicateur de
mauvaises politiques macro-économiques qui conduisent à un
désalignement du taux de change réel ce qui entrave la croissance
économique.
Le niveau de développement financier :
Barro (1991) a fait valoir que le développement financier a un impact
positif significatif sur la croissance économique. King et Levine (1993)
ont suggéré que des niveaux plus élevés d'investissement intérieur sont
positivement corrélés à la croissance économique plus rapide. Hermes et
Determinants et Effets des Investissements Directs Etrangers………………….......BENHABIB et ZENASNI
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Lensink (2003) ont fait valoir que le développement du système financier
d'un pays d'accueil est une condition importante pour l'IDE ait un effet
positif sur la croissance économique. Ils affirment en outre que le
système financier bien développé contribue positivement au processus de
diffusion technologique associé à l'IDE.
4. L’analyse empirique
3.1 Méthodologie et données de l’étude
3.1.1 Description des données
Notre étude empirique est basée sur l’analyse des séries temporelles
annuelle sur la période 1980-2010. Les données sont sélectionnées à
partir de la base des données « International Financial Statistics (IFS) »,
les bases de données « CNUCED », « UNCTADstat », « Statistical,
Economic and Social Research and Training Centre for Islamic
Countries (SESRIC) », « Chinn-Ito index (2010) », « The African
Development Indicators, World Bank », et « the World Economic
Outlook Database (IMF), 2012 ». La source exacte de chaque variable est
présentée dans annexe (tableau A-2).
3.1.2 Méthodologie de l’étude
Nous utilisons l’économétrie des séries chronologiques pour analyser
et déterminer les effets des investissements directs étrangers sur la
croissance économique en Algérie. Nous examinons, d’abord, la relation
d’équilibre à long terme (cointégration). Ensuite, nous utilisons
l'estimation des données de panel dynamique selon la Méthode des
Moments Généralisés (MMG) proposée par Blundell et Bond (1998).
Cette approche sera appliquée en utilisant trois différentes méthodes
économétriques avec effets fixes, à savoir : « la méthode des Moindres
Carrés Ordinaires (MCO) », celle des « deux étapes des moindres carrés
(2SLS) » et la « méthode des moments généralisés (GMM) ».
3.2 Spécification du modèle
En se basant sur les études élaborées par Alfaro (2003), Balamurali et
Bogahawatte (2004), Anwar et Nguyen (2010), nous spécifions le modèle
de notre étude qui est le suivant:
Yt = α IDEt + Β Ouvt + δ Xt + εt
Où, PIBt est la variable endogène du modèle, elle représente le
logarithme de la croissance du PIB réel par habitant. IDEt représente
l'investissement direct étranger, il mesure les flux de capitaux dans le
pays d’accueil. Ouvt indique l'ouverture commerciale mesurée par la
somme des importations et des exportations en pourcentage du PIB. Xt
est un vecteur de variables de contrôle sur les déterminants de l'IDE et la
croissance économique (les fondamentaux du pays et autres déterminants
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14
de l'IED) ; il contient : la variable InvDt qui désigne les investissements
domestiques définis comme la formation brut de capital fixe ; DFint une
variable mesurant le niveau du développement et l’évolution du système
financier domestique (celle-ci est calculée par la masse monétaire M2 en
% du PIB réel) ; la variable Inft qui mesure le taux d'inflation en Algérie
et représente le taux de variation annuelle de l'Indice des prix à la
consommation; TCRt une variable représentant le taux de change calculé
à partir des taux de change nominaux ainsi que l’indice des prix à la
consommation ; CapOuvt variable qui mesure le degré d'ouverture dans
les transactions du compte de capital. t est le terme d'erreur.
5. Résultats empiriques
En utilisant les méthodes économétriques citées ci-dessus, cette
section présente les résultats des estimations sur les déterminants et effets
des investissements directs étrangers sur la croissance économique.
5.1 Tests de stationnarité et de cointégration
5.1.1 Résultats du test de stationnarité
Avant de tester la relation de long terme entre les variables, il est
nécessaire de vérifier si les séries étudiées sont stationnaires. Nous
utilisons les tests ADF (Dickey et Fuller, 1981) et PP (Phillips et Perron,
1988). Le test PP permet de corriger, d'une manière non-paramétrique, la
présence éventuelle d'autocorrélation dans le test standard ADF. Ensuite,
nous utilisons le test de cointégration de Johansen pour examiner la
relation d'équilibre de long terme.
Le tableau 1 présente les résultats des tests ADF et PP pour les
variables étudiées. Les résultats des tests de racine unitaire effectués
révèlent que les logarithmes naturels de la croissance du PIB,
l'investissement direct étranger, l'ouverture commerciale,
l’investissement domestique, le développement financier, l'inflation, le
taux de change réel et l’ouverture des transactions du compte capital sont
tous stationnaires dans les 1ères
différences. A partir de ces résultats, nous
pouvons conclure que ces séries temporelles sont intégrées d'ordre un, [I
(1)].
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15
Tableau 3: Résultats du test de stationnarité Variables dans les 1èree Différences t-statistic
Test ADF Test PP
Le PIB
L’investissement direct étranger
L’ouverture commerciale
L’investissement domestique
Le développement financier
L’inflation
Le taux de change réel
L’ouverture du compte de capital
- 3.926*** (0.0055)
- 3.473**
(0.0209)
- 3.196** (0.0317)
- 4.837***
(0.0005)
- 4.382*** (0.0018)
- 5.991***
(0.0001)
- 4.827*** (0.0006)
- 5.385***
(0.0001)
- 4.132*** (0.0033)
- 7.274***
(0.0001)
- 3.606** (0.0119)
- 4.826***
(0.0006)
- 4.373*** (0.0018)
- 5.981***
(0.0001)
- 4.817*** (0.0006)
- 5.385***
(0.0001)
***: stationnarité des variables aux niveaux de significations 1%, 5%, et
10% (-3.679, -2.967, -2.622 respectivement). Les valeurs entre parenthèses
sont les probabilités.
5.1.2 Résultats du test de cointégration
Le tableau 2 présente les résultats du test de cointégration de
Johansen. Il montre l'existence d'une relation de cointégration entre les
variables étudiées. Tableau 4 : Résultats du test de Cointégration de Johansen
Hypothèses de
l’équation de
cointégration
t-statistic
Trace Test Max. Eigen
Test
Aucune*
Au plus 1
Au plus 2
Au plus 3
56.202* (0.0068)
21.265
(0.3413)
9.058 (0.3600)
0.141
(0.7067)
34.936* (0.0048)
12.207
(0.5273)
8.916 (0.2932)
0.141
(0.7067)
* désigne le rejet de l’hypothèse au niveau de 5 % Les valeurs entre parenthèses sont
les probabilités.
Nous pouvons observer, à partir du tableau 3, que les deux statistiques
Trace (Trace test) et Eigenvalue (Max-Eigenvalue test) du test de
cointégration sont suffisantes pour rejeter l'hypothèse nulle au niveau de
signification 5%. Cela signifie que l'approche de cointégration montre
une relation de long terme entre les IDE et la croissance économique
algérienne.
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16
D'autre part, le test de cointégration pour les variables étudiées au
niveau de signification 5% nous donne les résultats présentés dans
l’équation suivante :
tttt XOuvIDE 084.08.1220.376
198.0016.1130.0
A partir des résultats de la régression, nous constatons que
l'investissement direct étranger (IDE) est un facteur important qui
contribue à l’augmentation de la croissance économique algérienne mais
son effet reste relativement faible. Cela peut être justifié par les
nombreux obstacles qui entravent l’attraction des projets
d’investissement étrangers. Par ailleurs, les résultats montrent que la
variable de l’ouverture commerciale affecte négativement et
significativement la croissance de l’économie algérienne, ce qui signifie
que les politiques des importations et des exportations en Algérie ne sont
pas significatifs. En outre, les variables de contrôle (l’investissement
domestique, le développement financier, le taux de change, …) ont un
impact positif sur l’économie algérienne ; cela est du à la mise en
application ces dernières années, par les autorités algériennes, des
réformes dans les différents secteurs économiques et financiers.
En outre, la présence d’une relation de cointégration entre deux
variables engendre l’existence d’une relation causale entre celles-ci dans,
au moins, une direction. Cette relation causale peut être analysée grâce au
test de causalité de Granger. Le tableau A-3 dans la partie des annexes
reporte les résultats du test de causalité de Granger. Ce tableau suggère
que l’IDE cause la croissance de PIB en Algérie ; cette relation causale
est unidirectionnelle. De même, les résultats indiquent l’existence d’une
relation unidirectionnelle entre l’ouverture commerciale (qui cause, au
sens de granger, le PIB) et la croissance du PIB. En outre, il existe une
relation multidirectionnelle, premièrement, entre l’investissement
domestique et la croissance et, deuxièmement, entre l’investissement
domestique et l’IDE (l’investissement domestique Granger cause l’IDE
est vice versa). Le même résultat est obtenu en ce qui concerne l’effet du
développement financier sur la croissance économique et l’IDE ; la
relation et multidirectionnelle. Quand à l’effet du taux de change, la
relation est unidirectionnelle ; cette variable cause, au sens de Granger, la
croissance économique et l’investissement direct étranger.
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En plus, l'analyse empirique en utilisant la méthode des panels
dynamiques (MMG) nous donne les résultats présentés dans les tableaux
5, 6 et 7.
5.2 Résultats du test du panel dynamique (MMG)
Table 5: IDE et croissance économique: méthode MCO Variables MCO
IDE 2.911* (0.041)
Ouv - 3.678** (0.141)
Variables de contrôle 1.019 (0.054)
La variable dépendante : taux de croissance du PIB réel. (***), (**) et (*) indiquent une signification statistique au seuil de 1%, 5% et 10%,
respectivement. Les valeurs entre parenthèses sont les Ecarts Types.
Tableau 6: IDE et croissance économique: méthode TSLS
Variables TSLS
IDE 0.448
(0.269)
Ouv - 2.306
(1.467)
Variables de contrôle 0.886
(0.588)
La variable dépendante : taux de croissance du PIB réel. (***), (**) et (*)
indiquent une signification statistique au seuil de 1%, 5% et 10%,
respectivement. Les valeurs entre parenthèses sont les Ecarts Types.
Tableau 7: IDE et croissance économique: méthode MMG
Variables MMG
IDE 0.794
(0.205)
Ouv - 3.152**
(1.073)
Variables de contrôle 1.251
(0.423)
La variable dépendante : taux de croissance du PIB réel. (***), (**) et (*)
indiquent une signification statistique au seuil de 1%, 5% et 10%, respectivement. Les valeurs entre parenthèses sont les Ecarts Types.
A partir des résultats obtenus, nous pouvons dire que l’investissement
direct étranger influe positivement sur les variables macroéconomiques et
l’économique algérienne de façon générale qui est devenu ; cependant cet
effet reste relativement faible et non significatif. En outre, l’estimation
montre que l’effet de l'ouverture commerciale est négatif et
statistiquement significatif au seuil de 95% de confiance dans toutes les
spécifications (MCO, TSLS et MMG), ce qui suggère la faiblesse des
réformes entreprises par les autorités algériennes en matière d’ouverture
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18
et de libéralisation financière et commerciale. Autrement dit, cet effet
négatif est dû essentiellement à l’existence de plusieurs barrières et
obstacles qui entravent la liberté d’échanges commerciaux entre l’Algérie
et l’extérieur.
Les résultats suggèrent également l’existence d’une relation positive
entre les variables de contrôle (les fondamentaux macroéconomiques tels
que le taux de change et les variables externes telles que l’investissement
domestique, l'ouverture du système financier et les transactions du
compte de capital). Parmi ces variables, le développement du système
financier et l’investissement domestique jouent un rôle très important
dans l'amélioration du taux de la croissance économique en Algérie.
En somme, les résultats montrent que l'investissement étranger direct
(IDE), le développement financier et les investissements domestiques
sont les déterminants les plus importants de la croissance économique
algérienne. Enfin, nous pouvons affirmer que les autorités algériennes
devraient adopter des conditions économiques et financières (telles que
l'adoption d'une réforme de meilleures politiques commerciales, la
restauration de la compétitivité internationale et la diversification des
exportations du pays), à améliorer sensiblement leur situation financière
et économique.
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19
Conclusion Après avoir fait une revue de littérature théorique et empirique sur le
lien entre l’investissement direct étranger et la croissance économique,
cet article examine empiriquement cette relation dans le cas de l’Algérie
en utilisant l’économétrie des séries temporelles sur la période 1980-
2010. Les entrées des IDE peuvent apporter des avantages importants
pour le pays en termes d'apports en capital, d’acquisition des
technologies, de la formation du capital humain, de la création d'emplois,
de l'amélioration des niveaux de développement des entreprises locales,
etc. En parallèles, les politiques gouvernementales sont nécessaires pour
bénéficier de ces avantages et minimiser, ainsi, les effets négatifs que
peuvent engendrer les IDE sur les entreprises locales.
Les résultats empiriques des estimations suggèrent l’existence d’une
relation positive entre l’IDE et la croissance. Autrement dit, cette étude
montre que l'IDE joue un rôle positif dans la stimulation de la croissance
économique algérienne. Elle révèle également que, même si son
rendement reste encore faible, l'Algérie a réussi à attirer plus d’IDE au
cours de cette dernière décennie. Afin de mieux profiter des avantages
des IDE, le gouvernement algérien a essayé d'améliorer le climat
d'investissement en faisant les changements nécessaires sur les lois et
règlements en vigueur. En fait, une politique audacieuse et agressive liée
au cadre d'investissement est la meilleure solution pour la mise en œuvre
des stratégies visant à attirer l'IDE.
Enfin, nous pouvons dire qu’en dépit de toutes les évolutions qu’ont
connues l’Algérie ces dernières années, il n'en demeure pas moins que les
autorités économiques de ce pays doivent élaborer des politiques
économiques structurelles surtout sur les plans commercial, bancaire et
financier. La stimulation de la croissance et du développement
économique nécessite au préalable que certaines conditions devraient être
satisfaites: parachever l’assainissement macroéconomique ; améliorer le
climat d'investissement pour tous les types de capitaux étrangers et
domestique ; attirer des investissements étrangers dans des secteurs
autres que celui des hydrocarbures ; réformer les systèmes légaux et
juridiques en mettant en place des règles et des disciplines convenables
(concurrence, investissement, régimes douaniers, …) ; améliorer le
niveau du capital humain à travers la formation ; simplifier les
procédures administratives.
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20
Références
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Causality Analyses", KIEP Working Paper, No. 08-02, April, pp. 11-
86.
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22
ANNEXES
Tableau A-1: Aperçu sur les études élaborées sur le lien entre l'IDE et la croissance
Auteurs Pays de
l’étude
Période
d’échantillon
nage
Méthodes
utilisées
Résultats empiriques
Bornschier,
and al.
(1978)
76 pays les
moins
développés
1960-1975 MCO L'IDE favorise le développement
économique en permettant d’améliorer
la croissance de la productivité et celle
des exportations.
Obwana
(1996)
Ouganda 1981-1995 Two-Stage
Least
Squares
Method
Les résultats affirment que l’IDE a un
impact positif sur la croissance de
l’économie d'Ouganda ; pourtant, le
coefficient de l'IDE est non significatif.
Borensztein,
Gregorio
and Lee
(1998)
69 pays en
développem
ent
1979-1989 Seemingly
Unrelated
Regressions
Technique
L'IDE est un outil important pour le
transfert technologique. Il contribue
significativement à l’amélioration de la
croissance économique et de
l'investissement domestique.
Nair-
Reichert and
Weinhold
(1999)
24 pays en
développem
ent
1971-1995 Modèle
MFR
(mixed
fixed and
random
model) ;
Test de
Causalité
Même s’il existe une hétérogénéité entre
les pays, l'effet de l'IDE sur le taux de
croissance économique à long terme est
positive dans les pays les plus ouverts.
Duttaray
(2001)
66 pays 1970-1996 Causalité de
Granger
L’IDE influe positivement sur la
croissance dans moins de la moitié des
pays étudiés.
Alfaro,
and
al. (2002)
20 pays de
l'OCDE et
51 pays
non-OCDE
1975-1995 MCO L’IDE tout seul joue un rôle ambigu
dans la contribution à la croissance
économique. Toutefois, les pays qui ont
des marchés financiers développés
bénéficient notablement de l'IDE.
Hansen and
Rand
(2006)
31 pays en
développem
ent
1970-2000 Modèle
VAR
L’IDE a un impact positif sur le PIB à
travers les transferts de connaissances et
l'adoption de nouvelles technologies.
Massoud
(2008)
Egypte 1974-2005 Two Stage
Least
Squares
L'IDE n'est pas un phénomène global. Il
a un effet ambigu sur la croissance
économique.
Tiwari and
Mutascu
(2010)
23 pays en
développem
ent de
l’Asie
1986-2008 Modèle de
Panel
Dynamique
; MCO
L'investissement étranger direct et les
exportations permettent les pays
asiatiques d'améliorer leurs processus de
croissance.
Agrawal and
Khan (2011)
5 économies
de l’Asie
1993-2009 Modèle de
Panel
Dynamique
L’IDE favorise la croissance
économique ; l’estimation montre, ainsi,
qu'un dollar d'IDE ajoute environ 7
dollars au PIB de chacun des cinq pays.
Adeniyi and
al (2012)
5 petits pays
africains en
développem
ent
1970-2005 Vecteur de
correction
d'erreur
le degré de la sophistication financière
est important pour bénéficier des
avantages de l'investissement direct
étranger sur la croissance économique
dans les économies étudiées.
Determinants et Effets des Investissements Directs Etrangers………………….......BENHABIB et ZENASNI
23
Tableau A-2: Définition et source des variables Variable Définition Source
PIB Cette variable représente la croissance du
produit intérieur brut réel par habitant.
• IFS;
• SESRIC Database.
IDE
Investissements direct étrangers en % du
PIB. Cette variable mesure les entrées de
capitaux dans les pays. Il s'agit de la
somme des fonds propres, du
réinvestissement des bénéfices, d'autres
capitaux à long terme et à court terme du
capital.
• CNUCED
• UNCTADstat
Ouv
L'ouverture commerciale (la somme du
volume des exportations et des
importations de biens et de services) en
% du PIB réel. Cette variable mesure le
degré d'ouverture de l’économie vers
l’extérieur.
• The SESRIC
BASEIND (Basic Social
and Economic
Indicators) Database
2012.
INVD
C’est la variable qui représente les
investissements domestiques définis
comme « la formation brut de capital
fixe ».
African Development
Indicators, The World
Bank.
DFIN
Cette variable mesure le niveau du
développement et l’évolution du système
financier domestique, elle est calculée par
la masse monétaire M2 en % du PIB.
• International Financial
Statistics (IFS).
• The SESRIC
BASEIND.
Inf
Cette variable mesure le taux d'inflation
dans le pays étudié. Elle représente le
taux annuel de variation de l'indice des
prix à la consommation.
• International Monetary
Fund, World Economic
Outlook Database, April
2012.
TCR
La variable TCR représente la variable du
taux de change réel ; elle est calculée à
partir des taux de change nominaux et de
l'indice des prix à la consommation
(IPC).
• IFS, Global Insight,
Oxford Economic
Forcasting and ERS
Baseline Regional
Aggregations.
CapOuv
C’est la variable qui mesure le degré
d'ouverture dans les transactions du
compte de capital.
• The Chinn-Ito index
(2010 Update Version).
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24
Tableau A-3 : Résultats du test de Causalité de Granger
Null Hypothesis: F-Statistic Prob.
IDE does not Granger Cause PIB 6.0326 0.0159
PIB does not Granger Cause IDE 1.1853 0.2791
OUV does not Granger Cause PIB 7.1961 0.9805 PIB does not Granger Cause OUV 0.4718 0.4935
DFIN does not Granger Cause PIB 8.0134 0.0002 PIB does not Granger Cause DFIN 7.9474 0.0057
TCR does not Granger Cause PIB 7.6621 0.0002 PIB does not Granger Cause TCR 3.5831 0.0608
INVD does not Granger Cause PIB 5.4028 0.0003 PIB does not Granger Cause INVD 9.0353 0.0001
OUV does not Granger Cause IDE 3.1211 0.0806 IDE does not Granger Cause OUV 6.7080 0.0006
DFIN does not Granger Cause IDE 10.7998 0.0001 IDE does not Granger Cause DFIN 5.2354 0.0244
TCR does not Granger Cause IDE 4.5218 0.0364 IDE does not Granger Cause TCR 0.3244 0.5704
INVD does not Granger Cause IDE 5.4234 0.0028 IDE does not Granger Cause INVD 8.3022 0.0002
Figure A-1: Corrélations les variables étudiées et le PIB, 1980-2010
IDE et PIB en Algérie Infl
ation et PIB
Determinants et Effets des Investissements Directs Etrangers………………….......BENHABIB et ZENASNI
25
Investissement domestique et PIB Taux de change et PIB
Ouverture et commerciale et PIB
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