D&S – 8/2010. Formation à distance, pages 241 à 256
Les usages d’un cahier de texte en ligne
Cas de l’ENT Lorrain, l’environnement PLACE
Isabelle Cherqui-Houot — Marc Trestini — Manuel Schneewele
Université de Strasbourg LISEC – EA 2310 3 place Godefroy de Bouillon F-54015 Nancy
RÉSUMÉ. Depuis l’instauration du cahier de texte en 1961, le contenu des activités et les devoirs de la classe sont consignés par les enseignants dans un cahier de texte papier. Avec la montée en puissance des technologies de l’information et de la communication dans l’enseignement, ce document institutionnel est désormais disponible sous forme numérique. Il permet aux enseignants de saisir en ligne les mêmes informations que dans sa version traditionnelle mais, cette fois, dans le but de les rendre consultables par les élèves, leurs parents et les corps d’inspection, et ce, depuis n’importe quel ordinateur qui dispose d’une connexion internet. Mais son emploi induit également des pratiques nouvelles pouvant éventuellement mettre en difficulté certains enseignants, élèves ou parents, susciter des craintes. L’usage qui en est fait mérite donc une attention particulière avant sa généralisation. L’objet de cet article est précisément de rendre compte d’un travail de recherche qui vise à observer ses premiers usages dans une centaine d’établissements scolaires de l’académie de Nancy-Metz dans le but de mesurer son impact sur les pratiques habituelles.
ABSTRACT. Since the introduction of the text book in 1961, the contents of activities and duties of the class are recorded by teachers in a paper notebook. With the rise of technology for education, this institutional document is now available in digital form. It allows teachers to enter, online, the same information as in its traditional version, but now it will be accessible to students, parents and inspectorate also, from any computer with an Internet connection. But its use also involves new practices that can potentially cause alarming difficulties for some teachers, students or parents. Their use must be specially observed before making a general procedure. This paper is precisely accounting for a research project which aims to see first application in a hundred school facilities of the Academy of Nancy-Metz, in order to measure its impact on customary practices.
MOTS-CLÉS : cahier de texte en ligne, appropriation, usages des TICE.
KEYWORDS: text book, appropriation, uses of technology.
DOI:10.3166/DS.8.241-256 © Cned/Lavoisier 2010
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Déploiement d’un ENT dans les lycées lorrains
L’académie de Nancy-Metz déploie actuellement, selon un calendrier étalé sur
trois années scolaires, un ENT nommé PLACE (Plateforme lorraine d’accessibilité
et de communication pour l’éducation) dans l’ensemble des lycées lorrains. Depuis
septembre 2009, une centaine d’établissements de Meurthe-et-Moselle ont accès à
cet ENT :
– 50 lycées en janvier 2009 ;
– 25 collèges de Meurthe-et-Moselle ainsi que tous les lycées publics, agricoles
et 4 lycées privés en septembre 2009 ;
– 25 collèges de Meurthe-et-Moselle supplémentaires et tous les lycées privés et
CFA en septembre 2010.
Soit plus de 500 000 lorrains à terme. Avec cet important déploiement, le monde
éducatif lorrain découvre progressivement les potentialités de cet outil qui se veut au
service des enseignants, des élèves et de leurs parents.
Le projet ENICEDUC (Environnement numérique, information et
communication éducatives) a été retenu dans le cadre des pré-opérations de la MSH
Lorraine pour accompagner, par la recherche, son implémentation et son
déploiement. En conjuguant les ressources des laboratoires LISEC1 et LORIA2, ce
projet, mené avec l’appui de la cellule TICE du rectorat de l’académie Nancy-Metz,
s’est fixé pour objectif d’étudier en profondeur les usages et modes d’usages
produits localement par l’interface PLACE ainsi que leurs effets institutionnels,
collectifs et individuels. C’est dans le cadre de ce projet que nous étudions en
particulier l’usage du cahier de texte en ligne ainsi que ses effets sur les pratiques
des utilisateurs : personnels de direction, personnels enseignants, élèves et parents.
Naissance d’une problématique : l’usage du cahier de texte en ligne
L’utilisation du cahier de texte en ligne peut être questionnée tant du point de
vue de l’organisation et de l’institution que de celui de l’ingénierie et de la
pédagogie, des apprentissages des élèves, ou encore du rôle et de la place des
parents quant au suivi de leur(s) enfant(s). Outre son caractère innovant, il présente,
dans le cadre d’une recherche exploratoire, l’avantage heuristique de se prêter à
évaluation selon quatre perspectives (enseignants, élèves, parents, administration) et
en l’occurrence de permettre l’observation, la caractérisation et la qualification des
médiations à l’œuvre dans l’espace scolaire. Ainsi, notre problématique s’est
construite autour de questions liées aux changements induits par l’usage de cet outil
1. Laboratoire interuniversitaire des sciences de l’éducation et de la communication.
2. Laboratoire lorrain de recherche en informatique et ses applications.
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de travail et de communication pour ces quatre acteurs de la communauté éducative,
aussi bien dans l’évolution de leurs pratiques que dans leurs relations sociales.
Du côté des enseignants, nous voulions savoir en quoi et comment l’activité
d’instruction et de consultation du cahier de texte est remaniée par la mise en ligne
de ce support. Comment les enseignants s’emparent-ils de cet outil ? En fonction de
quelle stratégie pédagogique ? En quoi l’usage du cahier de texte numérique agit-il
sur leur manière de planifier leurs enseignements, d’organiser le suivi de leurs
élèves, de s’organiser eux-mêmes, etc. ? Quelles sont les évolutions visibles sur un
trimestre (depuis la découverte jusqu’à l’utilisation régulière).
Comment les élèves, de leur côté, s’approprient-ils cet outil ? A quelles fins
l’utilisent-ils ? Quels liens font-ils avec leur cahier de texte personnel classique
(papier) ? Comment utilisent-ils les ressources associées ? Quels sont, là encore, les
effets observables sur les comportements scolaires (sur la gestion du temps, la
communication avec les enseignants, etc.) ?
En quoi la mise en ligne du cahier de texte a-t-elle changé la perception qu’en
avaient les parents ? A-t-elle modifié l’usage qu’ils en avaient ? Par exemple, qu’en
est-il de sa fréquence de consultation (quasi inexistante dans sa version papier)
depuis sa mise en ligne ? Quels sont ses nouveaux modes de consultation
(systématique, régulière, directe ou par l’intermédiaire de l’enfant, etc.) ?
Et enfin, comment les parents, enfants et enseignants communiquent-ils autour
du cahier de texte numérique ? Quels sont les impacts observables sur les relations
administration-enseignants, parents-établissements, parents-enseignants, parents-
enfants ?
Il s’agissait donc de comprendre comment le passage d’une possibilité de
consultation par un nombre d’acteurs relativement restreint (au sein de la classe) à
une possibilité de consultation au sein d’une communauté élargie (la communauté
éducative virtuellement présente sur le web : parents, élèves, administration) agit sur
les pratiques liées à cet outil : pratiques institutionnelles, pédagogiques,
d’apprentissage, de communication, et de suivi des élèves.
Méthodologie
En septembre 2009, un premier travail exploratoire dans quelques lycées
pilotes de l’académie de Nancy-Metz a permis de stabiliser une problématique ainsi
que de concevoir, développer et tester nos instruments d’observation. En janvier
2010 après avoir exposé nos objectifs et notre méthodologie de recherche au
symposium de Distances et savoirs 3, nous sommes entrés dans la phase
opérationnelle de la recherche ; notre objectif étant (i) d’identifier les fonctions du
cahier de texte (cadre de fonctionnement), (ii) d’observer et décrire les premiers
3. Symposium Distances et savoirs, 10-11 décembre 2009, Cned-Eifad.
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usages (cadre d’usage) en mettant en évidence les continuités ou ruptures
occasionnées avec les pratiques habituelles et enfin (iii) de comparer les usages
réellement observés à ceux imaginés par les concepteurs ou prescripteurs, de
montrer les alliances produites localement (Flichy, 2003).
L’analyse des usages du cahier de texte, plutôt conduite au niveau micro, est la
partie nodale de notre recherche. Elle vise à commencer à vérifier que son
implémentation dans les établissements scolaires a un impact sur le travail et le suivi
des élèves, qu’il convient de caractériser. L’objectif étant d’apporter un premier
éclairage aux enjeux qui pourraient être liés à l’usage généralisé de cet outil en
milieu scolaire, éventuellement de dégager des orientations d’interventions
nécessaires à la régulation progressive du dispositif mis en place.
Une première phase inductive ou exploratoire nous a surtout permis de « trouver
des choses plutôt qu’à prouver des choses » (Van Der Maren, 1996, 2004, p. 13),
comme par exemple de constater une augmentation sensible de la fréquence de
consultation du cahier de texte par les parents depuis sa version en ligne. Ensuite,
certaines variables étudiées ont révélé des relations de dépendance plus ou moins
fortes. Ces dernières nous ont conduits à formuler des hypothèses que nous avons
ensuite testées expérimentalement lors d’une phase déductive. Pour reprendre
l’exemple précédent, le fait de constater que les parents consultent plus fréquemment
le cahier de texte depuis sa version en ligne ne prouve pas, en toute rigueur, que sa
mise en ligne en soit directement la cause ; celle-ci pouvant être liée à d’autres raisons.
C’est pourtant ce premier résultat qui nous a révélé la relation de dépendance entre ces
deux variables et conduit à formuler l’hypothèse suivante avant de la tester : « la mise en ligne du cahier de texte a amplifié la fréquence de consultation des parents ». Notre
recherche s’appuie sur des méthodologies à la fois quantitatives et qualitatives (recueil
et analyse des données fournies par la plateforme, enquêtes, observation, entretiens et
analyse de contenu…) assemblées dans le but d’enrichir le processus d’investigation
scientifique (Depover, 2009, p. 13).
Par ailleurs, et toujours d’un point de vue méthodologique, il nous fallait, d’une
part, analyser les discours des prescripteurs (les financeurs régionaux), ceux des
concepteurs (les développeurs) et, d’autre part, ceux des usagers, tels qu’ils se
construisent en référence ou non à ceux tenus par les premiers. Autrement dit, il
s’agissait de mettre en évidence les interactions formelles et informelles entre les
différents acteurs, de saisir la manière dont les intentionnalités des uns et des autres
se conjuguent pour produire du sens autour de l’activité de remplissage ou de
consultation du cahier de textes, en somme de mesurer en quoi les communications
formelles et informelles autour du cahier de texte, ces « médiations dispositives »
(Jacquinot et Choplin, 2002), participent de la construction des usages.
Car les représentations que les acteurs se forgent de l’outil « cahier de texte » et
de ses fonctions jouent un rôle déterminant dans son appropriation. Le travail
d’interprétation produit nécessairement un décalage entre ce qui est communiqué
(volontairement et involontairement) par l’organisation et l’engagement des acteurs.
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La notion de représentation sociale peut donner un éclairage sur la façon dont les
acteurs agissent et interagissent collectivement. Pour cette raison, nous avons choisi
de comparer en dernière partie, selon une approche plus macroscopique et
psychosociale, les attentes des instigateurs (politiques, concepteurs, etc.) aux
interprétations des acteurs (enseignants, élèves, parents), lesquelles modèlent leurs
pratiques réelles. « Il y a ainsi dans la sociologie des usages des TIC une triple
dimension de statistique, de pratique attestée et d’imaginaire techno-culturel qui
requiert de croiser approche micro et approche macro, études quantitatives et études
qualitatives » (Massit-Folléa, 2002, p. 7).
Recueil de données et corpus
Les données recueillies pour l’analyse sont variées. Elles proviennent en
particulier :
– d’entretiens conduits auprès du personnel d’« Atos Origin » (Concepteur et
intégrateur de la solution dans le système d’information existant) et d’« Itop »
(Editeur de la solution logicielle de l’ENT PLACE) ;
– de données fournies par des compteurs XiTi durant une période allant de
janvier à mars 2010. Il s’agit de marqueurs mis en place par la Caisse des dépôts et
consignations dont la fonction première est de permettre le suivi des projets
d’implémentation des ENT au niveau national. Pour être tout à fait précis, signalons
en l’occurrence que si nous tirons profit de ces données pour enrichir notre analyse,
elles ne proviennent pas, à proprement parler, de notre travail d’investigation.
– d’une enquête en ligne hébergée en format HTML. Début mars 2010, et
pendant une période de 15 jours, tout utilisateur accédant à l’ENT recevait une
invitation à participer à notre enquête. 3 272 réponses ont été obtenues sur une
population estimée à 34 043. Les enseignants, professeurs et élèves qui ont participé
à cette enquête l’ont tous fait volontairement. De ce fait, ils ne sont pas
représentatifs de la population étudiée, ce qui justifie le caractère plus exploratoire
qu’expérimental de notre méthodologie. Parmi ces 3 272 répondants, on dénombre :
2 262 élèves, 401 parents d’élèves dont l’âge moyen est de 43 ans (écart
type = 5,95) comprenant 80 hommes et 328 femmes et 602 enseignants ; les autres
profils de personnes ne faisant pas l’objet d’une étude approfondie.
– d’entretiens semi-directifs auprès du personnel de direction : un chef
d’établissement et deux adjoints ont été interrogés en suivant une grille d’entretien.
– d’un questionnaire papier distribué à deux classes d’élèves ainsi que des
enseignants dans deux lycées. Ces établissements ont été choisis sur la base des
compteurs XiTi, lesquels témoignaient d’une utilisation régulière de l’ENT.
Cependant, en raison sans doute de la présence du questionnaire en ligne sur la
même période, au total, seul 48 élèves et 22 enseignants y ont répondu.
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Caractérisation des traitements
Le traitement des résultats s’est fait sur la base du logiciel Sphinx Plus² Edition
Lexica-V5. Les tris à plats ainsi que des analyses bivariées de type test t de Student
(utilisées au seuil de significativité 0,95) sont produit par Sphinx.
La démarche d’analyse des données qualitatives, portant sur les réponses aux
questions ouvertes, est inspirée des étapes d’analyse de contenu de L’Ecuyer (1990).
Elle s’est déroulée en plusieurs étapes : une lecture des données obtenues ; une
classification et catégorisation des arguments exposés par les personnes ayant
répondu à l’enquête ; un traitement quantitatif des données récoltées afin d’aboutir à
un descriptif exhaustif de la situation ; enfin une interprétation des résultats. A ce
titre, les phrases que nous citons en « entre guillemets » comme des résultats
d’enquête proviennent précisément d’un traitement statistique opéré sur une analyse
de contenu portant essentiellement sur les réponses aux questions ouvertes. L’ordre
des citations va de la plus citée (celle qui illustre le mieux l’idée tenant compte des
statistiques sur l’occurrence des mots utilisés) à la moins citée.
Dans le cadre des interviews avec les chefs d’établissement, les concepteurs et les
éditeurs de solutions logicielles, une grille d’entretien a servi à recueillir les
témoignages qui ont été enregistrés et retranscrits. L’analyse de contenu propose une
remise en ordre des propos, une réorganisation du discours, un regroupement des
énoncés sous forme de thème et de sous-thèmes, de catégories logiquement emboîtées
les unes dans les autres, puis comptabilisées, quantifiées, etc. Ensuite, nous sommes
passés de ce travail de description de la structuration discursive à un travail
d’interprétation en comparant, catégorie par catégorie, les discours des prescripteurs,
concepteurs, personnels de direction à ceux des enseignants, élèves et parents.
Cadre de fonctionnement de l’outil « cahier de texte en ligne »
Retour sur la conception, le système promoteur
Le contexte particulier que constitue le caractère réglementaire du cahier de texte
ainsi la politique de communication menée au sein de l’opinion publique à propos
des TICE, (Miège, 2005) portant l’attention sur la nécessaire modernisation des
lycées n’est pas sans effet sur la manière dont ont été conçus l’ENT Place et, par
conséquent, son cahier de texte.
Nous considérons que le cahier de texte en ligne constitue un dispositif qu’il convient
d’analyser comme tel : produit commun et en constante actualisation d’un ensemble
d’intentions d’acteurs aux enjeux différents et niveaux de préoccupations différents.
Les entretiens menés avec le prescripteur financeur laissent apparaître des
préoccupations plus particulièrement centrées sur les élèves et leurs parents. « Le E à la Région veut dire éducation, et le E au Rectorat veut dire enseignants, c’est totalement différent » (sic). Elles s’expriment en termes de services.
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– Améliorer la visibilité du fonctionnement pédagogique pour tous les membres
de la communauté éducative et les parents d’élèves des établissements
bénéficiaires ;
– Faciliter l’accès aux services et ressources numériques utiles à ces différents
usagers dans les meilleures conditions ;
– Assurer la continuité pédagogique jusqu’au domicile familial en toutes
circonstances (absences de l’élève ou de l’enseignant, fermeture d’un établissement etc.).
Du côté des concepteurs (société de développement ITOP et intégrateur ATOS)
les préoccupations sont davantage tournées vers les acteurs scolaires (enseignants,
chefs d’établissement, corps d’inspection, les élèves et plus accessoirement les
parents), elles s’expriment sous forme d’anticipation des usages.
– Respecter les obligations réglementaires du cahier de texte.
– Développer son usage (notamment par l’enrichissement des fonctionnalités du
carnet de bord).
– En faire un outil central de l’activité pédagogique.
– Proposer un outil ouvert, évolutif, adaptable aux spécifications de chacun.
L’interface proposée
Tout professeur dispose d’un Carnet de bord. Il peut l’utiliser pour présenter et
classer ses séquences pédagogiques, en fonction de la matière, des niveaux et de sa
progression, créer des chapitres et des séances qu’il « basculera » ensuite dans les
cahiers de textes de ses classes ou groupes. Toutes les données contenues dans le
carnet de bord sont conservées et resteront donc exploitables dans la durée.
Figure 1. Carnet de bord
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Figure 2. Vue générale du cahier de texte en ligne
L’enseignant a accès aux cahiers de textes des classes dont il a la conduite. Une
procédure simple lui permet de les compléter (en une seule manipulation pour des
classes de même niveau) à partir des données de son carnet de bord. En ajoutant
éventuellement des liens vers les documents qu’il aura préalablement déposés dans
un groupe de travail accessible à la classe. Potentiellement, le passage au numérique
du cahier de textes rend ainsi visible, pour les élèves et leurs parents, une
information pédagogique enrichie.
Carnet de bord et cahier de textes autorisent aussi l’utilisation directe de l’outil
de réservation des ressources (salles, matériels). Hypothétiquement, la conjugaison
de ces différentes fonctionnalités renforce donc l’efficacité de l’outil cahier de
textes.
Il convient maintenant de s’interroger sur la manière dont les utilisateurs
s’approprieront effectivement cette version numérique d’un outil déjà inscrit dans
leur pratique quotidienne, car le temps de la conception n’est pas celui de
l’appropriation, le temps de la conception est celui du projet, marqué par des étapes,
une anticipation de résultats mesurables, le second est celui de l’expérience
marquée par la durée et l’incertitude.
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Cadre d’usage : résultats et discussion
Données générales et communes aux trois catégories d’acteurs
Fréquentation du cahier de texte en ligne par catégorie d’acteurs pour le 1er trimestre 2010
Nous remarquons que le nombre de nouveaux établissements déployés au cours du
trimestre impacte la fréquentation moyenne par personne car le volume de visites est
nul ou faible dans les premiers mois de leur déploiement. En réduisant les études aux
établissements qui ont dépassé un seuil d’activité, on obtient un périmètre en évolution
continue (amortissement des effets des déploiements). Cela donne pour le 1er trimestre
2010 et sur un nombre total de 29 593 visites, l’approximation suivante :
Figure 3. Répartition par catégorie d’acteur des visites du cahier de texte en ligne au 1er trimestre 2010
Fréquentation du cahier de texte en ligne par catégories d’acteurs et service visité
Figure 4. Nombre de visites mensuelles de l’ENT en moyenne par catégories d’acteur et services visités au premier trimestre 2010
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Les compteurs XiTi nous apprennent qu’immédiatement après le courrier
électronique, c’est le cahier de texte en ligne qui est le plus utilisé. En moyenne sur
le premier trimestre 2010, le nombre d’accès au cahier de texte atteignait 29 593
visites et 32 170 pour le courrier électronique.
Analyse des usages du cahier de texte : continuités et ruptures avec les pratiques
habituelles.
Du côté des enseignants
Dans un premier temps, on constate que le passage du cahier de texte « papier »
au cahier de texte « en ligne » ne se fait pas en substituant mécaniquement la
nouvelle version à l’ancienne. En effet, 44,6 % des enseignants (soit 272 personnes)
qui remplissent régulièrement le cahier de texte en ligne continuent à tenir à jour et
conserver la version papier en parallèle. Les raisons évoquées par 77,94 % des
enseignants (soit 212) sont les suivantes : « J’ai débuté l’année avec le cahier de texte papier » ; « Demande de l’administration » ; « Plus de sécurité » ; « En cas de bug informatique » ; « Pas d’équipement informatique dans mes salles de cours » et
pour une minorité : « Je n’ai pas réussi à me servir correctement de celui en ligne ».
Une pratique qui augmente le travail des enseignants et qui traduit un manque de
confiance dans la fiabilité des nouvelles technologies : « La version papier est plus sûre, on a le sentiment que le travail d’une année sur l’autre va être gardé, ce qui n’est pas le cas de la version en ligne ».
Par ailleurs, les enseignants restent sceptiques quant à la supposée attractivité
(attendue des concepteurs) que sa version en ligne doit exercer sur les élèves. En
effet, la moitié des enseignants (51,2 %) qui utilise l’ENT estime qu’il n’y aura pas
de changement notable dans la fréquence de consultation du cahier de texte par les
élèves contre 34,7 % qui pensent au contraire que cette mise en ligne peut conduire
ces derniers à le consulter plus souvent.
D’un autre côté, ils reconnaissent que le contenu du cahier de texte s’est enrichi
de sa mise en ligne (de sa numérisation ou de sa médiatisation). Il a gagné en qualité
en offrant des fonctionnalités supplémentaires qui permettent d’enrichir et de
diversifier les informations : devoir en classe, devoirs à la maison, emploi du temps,
lien vers des sites internet, ressources didactiques, etc. Ce constat est partagé par les
chefs d’établissement qui accueillent positivement cet outil. Un bémol, à l’heure
actuelle, le temps passé à remplir le cahier de texte en ligne devient
significativement supérieur (t = 2,84, 1-p = 99,5 %) à celui nécessaire pour remplir
la version papier. En moyenne, les enseignants y passent 28,8 minutes de plus par
semaine, ce qui va à l’encontre de ce que prévoyaient les concepteurs du dispositif.
En effet, la présence du carnet de bord, élément constitutif de ce cahier, devait
permettre de rendre cette activité moins chronophage en autorisant l’importation de
données ou de ressources numériques externes (présentes sur d’autres supports)
plutôt que leur écriture ou réécriture dans le cahier de texte en ligne.
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Les usages d’un cahier de texte en ligne 251
76,6 % (soit 500 enseignants) estiment que la version papier du cahier de texte
est vouée à disparaître. Les justifications invoquées par 79,8 % (soit 399) d’entre
eux s’appuient sur les faits suivant : qu’il y a « trop de papier » que cela fait
une « économie de papier », « Les parents peuvent plus facilement consulter le cahier en ligne » « parce que le cahier de texte en ligne est plus accessible », mais
également parce que « papier et numérique font double emploi et double travail ».
Par ailleurs, les enseignants dont la discipline est la technologie remplissent en
moyenne davantage le cahier de texte, avec une fréquence proche de tous les jours,
si on les compare à l’ensemble des enseignants des autres disciplines qui, eux, le
remplissent plutôt toutes les semaines. La différence est très significative (t = 2,71,
1-p = 99,3 %).
Enfin, on peut remarquer que la fréquence de remplissage du cahier de texte en
ligne par les enseignants est supérieure chez ceux qui disent se sentir accompagnés
lors de la mise en place de ce dispositif. La différence, de plus, est très significative
(t = 3,76, 1-p = >99.99 %). Les uns l’utilisent plutôt tous les jours ; les autres, toutes
les semaines.
Un comportement nouveau, pour devenir routinier, suppose la transformation
des organisations dans lequel il s’exerce, il suppose également une reconnaissance et
une légitimation des pratiques nouvellement engagées (Sainsaulieu, 1987, Dubar,
1998). Bénéficier d’un accompagnement ressenti comme bienveillant contribue
manifestement ici à renforcer la constance dans l’usage. Il serait intéressant à cet
égard de prolonger la réflexion par une étude approfondie du rôle joué dans le
déploiement du cahier de texte par les structures et personnes « intermédiaires »
(Mission TICE, enseignants formateurs, etc.). Sont-ils, ainsi que l’estime Cros
(1997, p. 147), des « agents de changements potentiels » ?
Par ailleurs, nous avons demandé aux enseignants ce qu’ils pensaient du fait que
les parents peuvent accéder à tout moment au cahier de texte en ligne. A cette
question les réponses sont convergentes : « C’est très bien, les parents qui veulent
suivre le travail de leurs enfants le peuvent », « Ils peuvent vérifier le travail de leur
enfant. Les élèves n’ont aucun moyen pour leur dissimuler le travail à faire »
(81,55 %). Néanmoins, une minorité d’enseignants indique dans le même temps,
craindre le renforcement de la visibilité de leur travail et dénonce des dérives
possibles : « Cela met les enseignants sous pression car ils doivent remplir au jour le
jour et ce n’est pas toujours évident. Qui plus est, ils peuvent être "choqués" par la
quantité de travail demandée (qu’ils ne réalisent pas par ailleurs) et aussi comparer
les professeurs entre eux. Mais c’est aussi une bonne chose car ils peuvent mieux
surveiller le travail de leurs enfants ».
La grande majorité des enseignants n’a pas souhaité qu’apparaissent aux yeux de
tous (élèves, parents, inspecteur, etc.) la date et l’heure auxquelles les enseignants
accèdent au cahier de texte ; cela vaut tout autant pour l’activité d’écriture que pour
celle de consultation. Les chefs d’établissement consultés soulignent que le passage
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252 D&S – 8/2010. Formation à distance
au cahier de texte en ligne ouvre la possibilité jusqu’alors inédite de le remplir en
dehors de l’espace et du temps scolaires (le soir chez soi par exemple).
Les corps d’inspection devraient bientôt disposer d’un accès ponctuel au cahier
de texte des classes dans des conditions qui sont encore partiellement en cours
d’examen. D’ores et déjà, il a été entendu que les enseignants concernés seront
toujours préalablement informés de cette consultation « virtuelle ».
De la même manière, l’entretien avec l’un des concepteurs du cahier de texte
(Itop) nous apprend que la quantité de travail hebdomadaire demandé à l’élève, soit
la somme du temps passé à faire les devoirs prescrits estimé par chacun des
enseignants, donnée souvent réclamée par les élèves et la communauté des parents
d’élèves, n’a pas été rendue accessible en ligne. Cette fonctionnalité avait été
initialement prévue par les concepteurs et retenue par les prescripteurs. Ce sont les
enseignants qui se sont opposé à son implémentation.
La mise en ligne du cahier de texte, en démultipliant les possibilités de
consultation des traces d’activités des enseignants, reconfigure de facto les
interactions possibles entre les différents acteurs et dans le même temps réinterroge
la légitimité des uns et des autres à disposer d’un droit de regard sur l’espace de
travail d’autrui ; en cela elle potentialise de nouvelles interdépendances entre les
acteurs, voire de nouveaux conflits. Il n’est dès lors pas étonnant, dans ce contexte,
que les débats récurrents sur le temps de travail de l’enseignant ou encore sur la
concertation des enseignants à propos de la quantité de travail donnée aux élèves
soient soigneusement évités.
Du côté des élèves
Parmi les élèves qui utilisent l’ENT, 77,3 % consultent le cahier de texte en
ligne. De plus, sur une échelle de Likert en cinq points, allant de « jamais » à « très souvent », on constate que 27,1 % d’entre eux le consultent même plus qu’« assez souvent ». Les raisons évoquées par les élèves sont les suivantes « pour des notes ou des devoirs » « quand je n’ai pas noté mes devoirs ». Avant, avec la version papier
du cahier de texte, seulement 20,5 % des élèves de l’enquête le consultaient. On
passe donc de 20,5 % à 77,3 % de consultations élève.
Concernant la fréquence de consultation par les élèves du cahier de texte en
ligne, notons ici une importante différence entre ce que les enseignants imaginaient
et la réalité. Rappelons en effet que ces derniers ne croyaient pas que la mise en
ligne du cahier de texte aurait un quelconque impact sur la fréquence de consultation
des élèves ; en réalité celle-ci a presque quadruplé.
Les chefs d’établissement consultés, qui comptent sur l’attractivité d’internet sur
les adolescents, sont eux, plus optimistes quant à cette fréquence.
Les élèves disent en moyenne le consulter « plutôt occasionnellement » ; c’est un
peu oublier qu’ils (ou que leurs aînés) ne le consultaient quasiment « jamais » sur la
même échelle. Par contre, ceux qui consultaient la version papier du cahier de texte,
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Les usages d’un cahier de texte en ligne 253
le consultent en ligne tout autant que ceux qui n’avaient jamais consulté la version
papier (t = 1,49, 1-p = 86,8 %). Autrement dit, ceux qui le consultaient déjà le
consultent encore ; mais ceux qui ne le consultaient pas le consultent désormais
beaucoup plus depuis sa mise en ligne. Ce phénomène semble principalement lié au
fait que, quoi qu’il arrive (« tête en l’air », prise de note aléatoire, cahier d’élève
égaré, etc.), le cahier de texte en ligne est toujours là pour rappeler ce qui a été
perdu, oublié ou mal noté : « pour voir si tous les devoirs sont notés et que rien n’est oublié ». De plus, il est accessible de chez soi à tout moment : « on ne peut pas le perdre et on peut le consulter depuis chez nous». C’est un peu l’ami qui vous permet
d’éviter « une heure de colle » ou des réprimandes en cas de travail non fait. Et de
manière accessoire, lui est reconnue une autre utilité : « pour prendre connaissance de mes notes… » lesquelles n’étaient pas consultables dans la version papier.
Il semble plausible que la stratégie d’usage privilégiée par les élèves est celle
d’une substitution partielle ou totale de leur cahier de texte (ou agenda papier)
individuel par le cahier de textes de classe.
Du côté des parents
Le cahier de texte en ligne suscite un grand intérêt parmi les parents d’élèves
présents sur l’ENT. Parmi eux, seulement 7,1 % déclarent ne pas l’avoir consulté.
De plus, sa fréquence de consultation est très importante étant donné que 50,1 %
déclarent le consulter très fréquemment.
Les parents qui consultent le cahier de texte en ligne disent s’estimer mieux
informés de l’activité de la classe dans 68,5 % des cas. Ils y cherchent dans un
premier temps à « vérifier les devoirs » et accéder aux « cours manqués » mais
également un ensemble d’informations : « les dates des contrôles, les dates des réunions parents/professeurs, des sorties scolaires, les conseils de classe ».
Néanmoins, 44,4 % des élèves déclarent que leurs parents ne sont pas au courant
de l’existence du cahier de texte en ligne. Un phénomène qui pourrait paraître
surprenant puisque seulement 7,1 % des parents ayant répondu à l’enquête déclarent
ne pas l’avoir consulté. Les compteurs XiTi nous permettent de constater que les
parents restent minoritaires sur l’ENT. Deux comptes de parents par élève étant
systématiquement créés, les parents consultants sont potentiellement plus nombreux
que les élèves. Or on dénombre seulement 8,67 % (7263 sur un total de 83720) de
parents sur l’ENT pendant le temps de passation du questionnaire, alors que la part
d’élève est de 70,6 % (soit 59 107).
De plus il semble y ait une disproportion des consultations de parents d’élève
selon leur sexe. Les femmes semblent plus présentes sur l’ENT au vu des réponses
obtenues sur l’enquête en ligne. 80,39 % de femmes ont répondu à l’enquête contre
19,61 % d’hommes et il conviendrait de comparer ces résultats à ceux disponibles
concernant la représentation comparée des hommes et des femmes des femmes dans
le suivi éducatif et scolaire des enfants et adolescents.
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254 D&S – 8/2010. Formation à distance
Il semble ainsi que les élèves ne sont pas très enclins à informer eux-mêmes
leurs parents de l’existence de cette possibilité de consulter en permanence et à
distance leur emploi du temps et leurs obligations d’élève alors que dans le même
temps les parents qui ont accès au cahier de textes et n’hésitent pas à l’utiliser
déclarent le consulter prioritairement à des fins de vérification des informations
habituellement transmises par l’intermédiaire de leur(s) enfant(s).
Là encore, le dispositif apparaît de nature à autoriser des formes de suivi et
contrôle, en l’occurrence ici parental , plus continues et pérennes que les formes de
suivi et de contrôle habituellement mises en œuvre par les différents acteurs.
La conception et la réalité des usages…
Le cahier de texte, dans sa forme, constitue a priori le produit d’un cahier des
charges précis. Pourtant, la manière dont il est utilisé par l’usager ainsi que les
fonctions que celui-ci lui reconnaît ne correspondent pas exactement à celles
imaginées ou prévues par les prescripteurs et/ou concepteurs. Les usagers peuvent lui
assigner ou reconnaître d’autres fonctions que celles qui étaient initialement prévues.
Nous constatons ainsi que certaines fonctions ou fonctionnalités du cahier de
texte ont été contournées, voire supprimées. C’est le cas du calcul (rendu possible
par l’application) de la quantité de travail hebdomadaire demandée aux élèves.
Celui-ci n’a jamais été implémenté alors que les concepteurs de l’application avaient
prévu de le faire apparaître et ce sont bien les usagers (en l’occurrence les
enseignants) qui s’y sont opposés.
Par ailleurs, des « vertus » lui ont été publiquement assignées par les
prescripteurs sans qu’elles aient été pour autant vérifiées. Ainsi, par exemple, le
cahier de texte en ligne offrirait la possibilité d’assurer la continuité du travail
scolaire en cas de fermeture de l’établissement pour cause de pandémie (de grippe
A/H1N1). Une récente étude montre pourtant qu’il ne suffit pas qu’un établissement
scolaire dispose d’un ENT pour que de facto ce problème soit réglé (Coppens et
Trestini, 2010). Cependant l’éventualité, médiatiquement très présente en 2009,
d’une telle pandémie a sans doute contribué à donner corps dans la communauté
scolaire à l’idée de dispositif de consultation à distance. Dans ce cas précis, c’est un
évènement externe qui sert d’argument promoteur mais il laisse entrevoir dans le
même temps de nouvelles modalités de fonctionnement possibles dans une situation
particulière qui, si elle n’est pas effective, est néanmoins envisageable.
Il est crucial de considérer que les fonctions, énoncées et détournées, évoquées et
contournées, imaginées ou inventées en situation ne sont pas la manifestation d’un
épiphénomène propre au « cahier de texte en ligne ». Il n’y a rien en effet de
surprenant à ce que leur perception et leur modalités d’activation soient aussi
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variables ; au contraire c’est bien par « cette activité que les utilisateurs contribuent à la conception des usages des instruments » (Rabardel, 1995 cité par Baron et
Bruillard, 1996, p. 267).
« La genèse de ces opérations relève de deux processus : un processus d’instrumentalisation qui rend compte de l’attribution de fonctions à l’artefact par le sujet en prolongement de ses fonctions initialement prévues ; un processus d’instrumentation qui rend compte de la construction d’habiletés par le sujet par adaptation, recomposition à partir d’anciennes et création de nouvelles » (Marquet
et Dinet, 2003, p. 312-313). Ce n’est qu’après ce processus de « genèse instrumentale" que l’artefact deviendra un instrument » (Ibid).
Par ailleurs, l’usage peut être pensé comme une cognition en acte, insérée dans un
environnement cognitif constitué comme un réseau (Proulx, 2001). Son
développement génère des enjeux de pouvoir dans les organisations. Il est essentiel
pour comprendre la manière dont se construisent les usages de prendre en compte
l’environnement matériel et humain au sein duquel ils s’effectuent. Outil réglementaire
pour les uns, outil pédagogique pour les autres, ou encore outil de communication, le
cahier de texte en ligne offre des visages divers selon les espaces sociaux dans lesquels
il s’inscrit et selon les personnes qui l’utilisent. Sa configuration actuelle apparaît
étroitement liée aux médiations mises en œuvre à propos de son usage, médiations
internes aux établissements (définition des règles d’accès par exemple), médiation
avec le développeur (rendre opérationnels ou non certaines fonctionnalités),
médiations externe (reconnaissance et valorisation possible des usages).
Conclusion
Il est particulièrement intéressant de rapporter les comportements observés à
ceux anticipés par les prescripteurs et instrumentés par les concepteurs ; ce sont ces
rapports en tant que signes visibles d’une redistribution en situation des ressources
et des règles de l’activité de chacun qui peuvent rendre compte du processus
d’appropriation à l’œuvre qui, pour reprendre Paquelin (2009, p. 71) fait passer « le statut de l’objet technique comme simple environnement à celui de contributeur à l’effectuation d’une situation qui résulte de la mise en adéquation d’un projet et d’une interprétation »
Dans ce processus se jouent pour les acteurs concernés, confrontations et mise en
tensions de leurs temporalités comme de leur identité propre. Des modes de
régulations présents et à venir dépendra l’appropriation effective de la nouveauté
que constitue le cahier de texte en ligne.
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continuité des enseignements lors de la fermeture d’un lycée français pour cause de
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