1
INCIDENCES DES ASYMETRIES DE LA BASE
DU CRANE SUR LA POSTURE.
les asymétries de la base du crâne
Les asymétries de la base du crâne, ont été étudiées au cours de la troisième décennie du
siècle dernier par un ostéopathe américain le docteur William Gardner Sutherland1, élève
du dr. A.T. Still2. Il décrit plusieurs formes d’asymétries du crâne, les side bending
rotations, les torsions, les strains. En 1930 les moyens d’investigations étaient fort
succincts, ces chercheurs n’avaient à leur disposition que l’observation clinique et la
dissection.
L’observation de la voûte crânienne a permis à W.G. Sutherland d‘énoncer des hypothèses
sur les asymétries de la base du crâne, ces hypothèses ont été confirmé par la dissection.
Ses recherches ont été publiés juste après la seconde guerre mondiale sous la forme d’un
petit ouvrage « the cranial bowl », ouvrage repris par le dr. Harold Ives Magoun sous le
titre « osteopathy in the cranial field, the journal printing company, 1976 3eme edition ».
Une traduction de l’édition originale de 1951 vient d’être éditée par les éditions Sully
« Ostéopathie dans le champ crânien, édition originale ».
1 W.G. Sutherland élève d’A.T. Still, initiateur du concept crânio-sacré2Docteur A.T.Still, ayant le premier défini l’ostéopathie, et à l’origine de la première école
2
Les asymétries décrites par W. G. Sutherland avaient été observés à la même époque par
le professeur Lebourg3, puis reprises par l’école de Nantes en particulier par le professeur
Fenard.
Le docteur Rousie (Thèse de sciences de la vie 1999, Faculté de Médecine de Lille.
Université Lille II) s’est particulièrement intéressé dans sa thèse aux asymétries de la base
du crâne. Madame Rousie a pu objectiver par des observations sur des examens scanner
ces différentes asymétries en tenant compte de la position des canaux semi circulaires
3 Lebourg, L. revue de stomatologie. Avril 1932.pp.193-210.
Fig.1 – fig. 2 - photos du crâne ayant servi au département de génie mécanique del’INSA pour un essai de modélisation.Nous pouvons observer sur la vue de la base du crâne, l’asymétrie au niveau del’articulation sphéno-basilaire. Il est à noter la différence des lumières des trousdéchirés postérieursSur la vue de dessus l’on peut observer par rapport aux axes tracés, unedissymétrie des os de la voûte.
Fig 1 Fig 2
3
Le département de génie
mécanique INSA
Toulouse a modélisé en
élément fini un crâne, (fig
3) leur conclusion est que
les os formant la boite
crânienne ont une
possibilité de mobilité,
cette modélisation d’un
crâne présentant une ACF de style side bending démontre bien les effets des ces
asymétries sur la structure osseuse, ainsi que sur les sutures de la voûte crânienne.
(Fig. 3) Cette vue représente la base du crâne modélisée, elle peut être comparée avec
la photo fig. 1
la représentation de la
base du crâne sous
forme de modélisation,
décrit bien les
asymétries, grâce aux
pseudo-couleurs nous
pouvons visualiser les
Fig. 3
Fig. 4
4
restrictions de mouvements dans la partie la plus fermée (la couleur bleue
représentant les régions ayant le moins de possibilité d’expression) fig.44 La zone
temporo-occipitale droite est comprimée, La lumière du trou déchiré postérieur droit
est très fortement diminuée.
L’originalité de l’étude ostéopathique dans le champ crânien est d’avoir démontré
l’existence d’un mouvement que William Gardner Sutherland a nommé le « mouvement
respiratoire primaire » Il avait décrit à l’époque les possibilités de mouvements que l’on
perçoit au niveau de la voûte et dont le point d’articulation se situe au niveau de la
4 Mémoire de M. N. Haglund département mécanique, INSA Toulouse février 2001
IRM de la base l’examen aura lieu début juin
Fig. 5
5
articulation sphéno-occipitale, pour William Gardner Sutherland le mouvement
physiologique de cette articulation est un mouvement de flexion extension autour de deux
axes horizontaux passant pour le sphénoïde par le milieu de la selle turcique et pour
l’occiput par les apophyses jugulaires5.
Si nous observons la base du crâne, nous
pourrions la comparer à un nœud papillon dont
les ailes seraient les parties antérieures et
postérieure du crâne, et le nœud en serait le
centre. Fig. 6
o Les autres axes décrits, sont des
axes non physiologiques, les
asymétries de la base du crâne,
o ( fig.7) s’établissent autour de ces axes.
Les ailes peuvent se voiler dans plusieurs axes ce
qui prouve bien comme le confirme M. Pellerin
(1976) que l’articulation sphénoccipitale peut être
considérée comme une liaison de type rotule
(possibilité plusieurs directions) ce qui peut nous
donner trois types de déformation :
5 H.I. Magoun. ostéopathie dans le champ crânien, IV,72
Fig.6
Nasion
opisthion
Fig. 7
6
Torsion
Side bending (rotation latéro-flexion)
Strain (asymétrie antéro-postérieur)
o Dans les différents ouvrages de W.G.S., une place particulière est faite à l’os
temporal, il l’a nommé « le grand fauteur de troubles ».
A l’époque, les investigations de type IRM n’existaient pas, mais pour W.G.S. une
malposition ou une fixation de l’os temporal était à l’origine de bien des problèmes.
Dans sa thèse, madame le docteur Rousie prend pour référence des A.C.F. la position des
canaux semi circulaires. Elle décrit trois formes
d’asymétrie,
Asymétrie antéro-postérieur fig.8 (nous les nommons
« strain »)
Par rapport au plan neuro sagital médian, on observe
sur un IRM la position plus avancée d’un des deux
canaux semi circulaires, ce qui veut dire qu’une hémi
base crânienne est plus avancée que l’autre.
Les canaux observés sont parallèles
L’asymétrie antéro-postérieur se traduit par une
déviation de la mandibule en relation avec l’asymétrie
de la base du crâne.
Fig. 8
Fig. 9
7
Asymétries de torsion Nous les nommons « torsion » ou « side bending rotation » cela
dépend des axes mis en jeux. Dans la torsion, le sphénoïde et l’occiput subissent une
torsion en sens opposé autour d’un axe nasion opisthion, dans le side bending il y a
rotation des deux os sur l’axe nasion opisthion, plus une rotation de chaque os autour d’un
axe vertical fig. 9. Ce sont les asymétries les plus fréquentes.
Examen des canaux semi circulaires
Ils apparaissent différents, ils ne sont plus symétriques dans les différents plans, tant
horizontal que vertical.
Examen des cônes orbitaires
L’orbite ipsilatérale au canal antérieur est antérieure
L’orbite controlatérale est postérieure, l’œil de cette orbite présente une ésophorie, voire
un strabisme convergent.
La tête présente une rotation du même côté que le canal antérieur.
Origine de ces asymétries
L’origine de ces asymétries serait pour madame le docteur Rousie, le fait d’une anomalie
du développement embryonaire. Elle nous confirme ce que nous avons appris, à travers
les enseignements du docteur Magoun6, cela est confirmé par les publications du
Professeur J.P. Relier, la thèse de N. Seguin et F. Amigues, les asymétries seraient soit le
résultat de problèmes extrinsèques au cours du développement embryologique, suite à des
causes environnementales7, maladies infectieuses, virales, traumatismes de la mère. Nous
y associons des problèmes intrinsèques comme les pressions intra utérine ou bien le fait de
dystonies de progression au moment de l’accouchement. Le professeur Delaire dans un
6 Ostéopathie dans le champ crânien, édition Sully 20007 Professeur J.P. Relier, II symposium de Toulouse mars 2000, - Nathalie Seguin, F. Amigues, Etudequalitative : science, art et philosophie de l’ostéopathie dans la transmission de la santé à travers les générations,Juin 2000, thèse présenté à Montréal Canada pour l’obtention du D.O.
8
article8, a écrit sur le changement d’orientation des pyramides pétreuses consécutif à la
traction des muscles participant à la statique céphalique, en particulier des sterno-cléido-
mastoïdien qui suivant leur degré de tension vont agir sur la partie externe des pyramides
pétreuses, en les abaissant et en les reculant.
, J.M.Tournon9, dans son mémoire de fin d’étude pour l’obtention de son diplôme, fait en
collaboration avec les docteurs Cadet et Jourdan chirurgiens dentistes, l’école vétérinaire
de Toulouse, et l’INRA Toulouse, a démontré qu’une compression sur la suture incisivo
canine du lapin entraînait une déformation des os de la base du crâne.
Adaptation de l’homme à ses asymétries
Au cours de notre pratique, nous avons observé maint visages présentant des asymétries
diverses plus ou moins prononcées. Fort heureusement la plupart ne présentaient aucun
symptômes.
En revanche, ce qui a attiré notre attention, c’est l’apparition des symptômes pouvant se
rattacher à ces asymétries. Au cours des diverses anamnèses nous avons noté ces
observations répétitives :
Tout d’abord, chez les bébés, nous avons observé des attitudes comportementales, certains
se tapent sur la tête, d’autres présentent un mouvement pendulaire, etc.
Puis chez les enfants au début de la scolarité, nous avons observé, un manque de
concentration, puis souvent à cet âge, apparaissent les problèmes de vision en particulier
8 Revue de Stomatologie, Paris 1977, 78, n° 3,pp 173 -1859 mémoire présenté pour l’obtention de son D.O., la suture incisivo-maxillaire. Réalisation chez le lapin d’unmodèle de dysmorphose faciale, CIDO 1994
9
ceux qui mettent en cause les interprétations de la cible visée, nous entrons là, dans toutes
les occurrences de dyslexie, dysorthographie;. Pour certains enfants, l’installation d’une
myopie, (nous avons émis l’hypothèse que la myopie serait le résultat d’un choix de
stratégie à une moindre dépense d’énergie.)
Plus tard, chez nos patients plus âgés nous observons l’apparition de douleurs
rachidiennes. Ces symptômes peuvent même se déclarer assez tôt, souvent vers l’âge de
douze ans.
Et, ce n’est que bien plus tard dans le courant de la vie qu’apparaissent les pathologies de
type vertiges, instabilité.
Nous avons observé que ces signes pouvaient être latents, et qu’ils se sont souvent révélés
après un choc physique, tel un whiplash, un choc psychologique ou une intoxication.
Nous avons aussi observé au cours de l’anamnèse, l’apparition concomitante de ces
symptômes durant ou après certains traitements d’orthodontie , après des interventions sur
les dents de sagesses, ou encore dans les jours ou les semaines qui suivent une
intervention chirurgicale en particulier celles où il a fallu intuber le patient.
Sur des centaines de consultations, le schéma d’installation de ces symptômes est
pratiquement toujours le même.
10
L’os temporal
« C’est l’os des ostéopathes » !
Cet os est important par ses relations,
Avec la structure osseuse
o La mandibule. (il sera très sensible aux divers traumatismes que peut subir la
mandibule, il est important de noter qu’une des qualités de l’ATM est de jouer
un rôle d’amortisseur, de protéger le temporal, en particulier le massif pétreux,
des contraintes importantes de serrage exercées lors de la mastication). Suite à
l’apparition de pathologie de l’ATM : douleurs, claquement méniscal, blocage
de l’articulation, nous avons observé divers signes cliniques en relation avec le
système postural.
o L’occiput, en particulier dans ses relations avec le trou déchiré postérieur où
passe le IX, le X et le XI, la veine jugulaire (qui draine 95% du sang veineux
du crâne). L’on peut se poser la question de savoir ce qui se passe dans le cas
d’une ACF et d’un rétrécissement d’un des deux trous déchirés postérieur.
(Fig. 1)
Pour les ostéopathes, tout mouvement spatial de la base compromet les structures
(vaisseaux et nerfs) empruntant ces orifices. Cette hypothèse est l’objet d’un débat.. Les
11
travaux du professeur Andrianov10 sur la micro-circulation du cerveau tendraient à
prouver l’importance de ces orifices.
o Au niveau de la pyramide pétreuse, Mme M.O. Fessenmeyer11 ostéopathe
MROF, nous parle de la torsion du rocher dans le cadre d’une rotation positive
de l’os temporal : « il y a ascension de la base occipitale, donc ascension de
la partie postérieure du corps de l’os sphénoïdal, ascension des pointes du
rocher avec une augmentation de l’angle bi pétreux. Une torsion du rocher
autour des surfaces articulaires jugulaires occipitale et pétreuse. Un recul de
la face, des plan palatins et alvéolaire12 »
Avec les structures membranaires,
o La tente du cervelet qui fait partie des membranes de tension réciproque, les
larges pôles d’attache de la tente le long des parties pétreuses favorisent les
restrictions membranaires, cela peut engendrer des troubles de la fluctuation et
des retards du drainage veineux.
o Les conduits endolymphatiques, (le conduit endolymphatique repose dans les
plis duraux autour de l’aqueduc du vestibule) Dans le cas d’une ACF, nous
pouvons imaginer une tension importante des tissus de cette région13 ! cela
pourrait être l’explication de certains vertiges
o Certains nerfs crânien comme le III, le IV, Le VI., passent dans des replis dure-
mériens, ils peuvent être intéressés par les tensions des tissus environnant.
10 Académie du développement de l’enfant Saint Pétersbourg, Russie, the influence of osteopathic traitementover cerebral hemodynamics and the bioelctric of the brain, conférence European school of ostéopathyMaidstone july 2000, troisième symposium de Toulouse mars 200111 Membre de l’association pour la recherche multidisciplinaire dans les anomalies céphaliques et cervicalesprésidée par le professeur Delaire.12 M.O. Fessenmeyer, Apostille n° 8. 2000. pp 82-84.13 H.I. Magoun, Ostéopathie dans le champ crânien, VII, 150
12
o Le ganglion trigéminé. est contenu dans un repli de la dure mère, nous
émettons l’hypothèse qu’il peut être soumis aux tensions engendrées par les
ACF.
o La trompe d’eustache, sa partie cartilagineuse s’étend sous la partie pétreuse,
elle est solidaire de la partie inférieure de l’os temporal. Une rotation interne
fixée de l’os temporal peut maintenir une fermeture partielle ou complète de la
trompe entraînant la perception d’acouphènes et de vertiges.
o L’artère carotide interne qui fournit les deux tiers du sang de la cavité
crânienne traverse l’apex pétreux avant de passer dans le sinus caverneux. Ce
sinus va lui aussi être intéressé, de par ses attaches, par le déséquilibre du
massif pétreux.
L’os temporal est fortement influencé par les tensions des muscles cervicaux, il présente
une relation étroite avec le fascia cervical : une ACF pourra avoir une incidence au niveau
la plus grande tension, (c’est-à-dire le côté qui peut paraître en rotation externe), sur le
paquet vasculo-nerveux de la région, cette observation sera confirmée par la position de
l’os hyoïde qui sera inférieur du côté de la rotation interne (action du ligament stylo-
hyoïdien)
A l’énoncé de ces observations, nous pouvons envisager l’importance de l’équilibre de cet
os dans tous les rapports qu’il peut avoir avec les structures du système neuro sensoriel.
Nous pouvons admettre son importance dans le cas d’ACF. (voir cas clinique)
13
Interprétation de ces asymétries sur
Le système oculaire.
L’asymétrie crânio-faciale entraîne une asymétrie des cônes orbitaires, cela va causer
certaines perturbations.
Au niveau des muscles de
l’oculomotricité.
Au niveau de la cornée, entraînant
des anomalies comme
l’astigmatisme.
Au niveau des axes visuels ce qui
peut induire, associé à une
asymétrie des labyrinthes, des modifications de la perception spatio-temporelle.
Nous pouvons aussi penser à des modifications de perception de la verticale.
Sur ce schéma fig. 9, l’œil droit est légèrement postérieur, les axes sont décalés, il
présente une légère ésophorie
L’asymétrie des cônes orbitaires peut avoir une influence sur la coordination des yeux
dans les mouvements de latéralité ou de vergence.
Ces mouvements mettent en jeu une commande inhibitrice au niveau des muscles
antagonistes, et activatrice sur les muscles synergiques.
Fig.10
14
Pour une vision binoculaire, il est indispensable qu’il existe une parfaite coordination des
mouvements des deux yeux lors des mouvements conjugués ou dysconjugués. Cette
coordination est réglée par deux principes de base :
La loi d’innervation réciproque de Sherrington.
La loi de correspondance motrice de Hering.
L’asymétrie des cônes orbitaires va perturber les effets de cette dernière loi, qui pour bien
fonctionner doit agir sur des muscles parfaitement équilibrés. ( le muscle produit sa
tension maximum quand il est à sa longueur physiologique, dans le cas d’ACF l’asymétrie
des cônes orbitaires va entraîner sur certains muscles des longueur qui ne seront pas
optimum)
M. le docteur P. M. Gagey14 a proposé de considérer que « Chaque canal semi circulaire
gouverne l’activité réflexe d’un seul muscle oculomoteur, le canal horizontal droit, le
droit interne de l’œil droit et le droit externe de l’œil gauche par exemple » si les canaux
semi circulaire présentent un déficit dans leur orientation spatiale, nous pouvons penser à
la relation avec ces muscles et émettre l’hypothèse d’une perturbation dans leur
synchronisation.
Le système vestibulaire.
Il est le point de départ de réflexes contribuant à maintenir l’équilibre somatique, tant
statique que dynamique, il est donc en grande partie responsable du référentiel géocentré.
Le système vestibulaire, est localisé dans l’oreille interne, il est composé de l’utricule, du
saccule et des canaux semi circulaires.
14 P.M. Gagey cours du DIU de posturologie Paris 2001
15
La position et l’orientation du labyrinthe vont dépendre de la position spatiale du massif
pétreux. Dans les ACF, les pyramides pétreuses ne seront plus dans leur position
anatomique.
La position particulière des canaux semi-circulaires réalise un référentiel égocentré
euclidien, nos perceptions de l’espace et du mouvement de la tête dans l’espace, sont
tributaires de cette géométrie. ( D’après Rousié 2000)
Quand W.G. Sutherland parlait du temporal en le nommant « grand fauteur de troubles »,
il n’avait sûrement pas, à l’époque, les moyens de prouver ses dires, mais il avait noté par
l’observation, par sa perception des tissus, que des patients présentant des pathologies
intéressant des nerfs crâniens (II, IV,VI – IX, X XI, le V), le drainage du crâne,
l’équilibre, avaient un temporal « peu fonctionnel »
Le système manducatoire.
Ce système est important à plus d’un titre, d’une part ses composants mécaniques, le
maxillaire, la mandibule, et le système musculaire qui s’y rattachent, d’autre part les
relations du nerf trigéminal avec les fibres proprioceptives intéressant les muscles
oculomoteurs.
Les composants mécaniques
16
Le maxillaire est en relation avec le sphénoïde, la
mandibule est en relation avec le temporal donc
avec l’occiput.
Cet ensemble va présenter lors de l’existence d’ACF
des dissymétries de forme qui vont forcément avoir
un retentissement sur la fonction manducatoire. Un
retentissement sur les deux ATM, articulations qui
en présence d’ACF vont subir des contraintes
importantes conduisant à des dysfonctions.
Ces deux schémas montrent d’une part les perturbations que les ACF engendrent sur le
plan occlusal et tout ce qui peut en découler comme contraintes au niveau des ATM,
au niveau de l’os temporal.
Les muscles manducateurs, seront tous déséquilibrés, ils ne fonctionneront plus en
synergie,
Un muscle ne peut être efficace qu’en fonction de la réponse de ses fuseaux
neuromusculaires, (d’après Roll15 2000) nous aurons dans ce type de relation des muscles
dont les fuseaux neuromusculaires ne pourront ni donner d’informations exactes, ni
répondre de façon optimale à une sollicitation, il en résultera un conflit qui se traduira par
des douleurs de l’ATM mais aussi par des perturbations posturales dues, d’une part à un
déséquilibre du référentiel du massif pétreux et d’ autre part à une hyper ou hypo activité
du système trigéminal.
15 cours du DUI de Posturologie , Marseille 2000
Fig. 11
17
Les relations musculaires, en
particulier avec les muscles de la
langue seront aussi perturbées
pouvant engendrer des
déséquilibres à distance sur
l’omoplate, sur les clavicules par
exemple, mais aussi sur les
muscles occipito-atloïdien ( une
stimulation du digastrique postérieur entraînera une réponse identique sur les splénius
capitis (S.E. Widmann J.Oral.rehabil. vol.15,n°1,1988)
Ces ACF ont de façon indirecte des
répercussions mécaniques sur la
posture.
Au cours de la première moitié du
siècle dernier, le docteur Littlejohn,
ostéopathe, chirurgien anglais avait
déjà étudié, les composantes
mécaniques de l’équilibre d’un
individu. Il avait imaginé un système
de ligne de force qui passait en avant
Fig. 12
Fig. 14
18
de L3 pour la ligne gravitaire et des lignes délimitant des trièdres ayant pour base d’une
part la base du crâne, et d’autre part le bassin, ces trièdres ont pour sommet la quatrième
dorsale, l’autre la troisième lombaire
Les ATM sont inclus dans le trièdre supérieur, par l’intermédiaire de la position de la
mandibule, ils sont la preuve d’une ACF.
L’équilibre de ces lignes de force est représenté par le système myo-fascial.
Si nous considérons ces lignes de force, les informations proprioceptives du haut du corps,
c’est à dire des segments céphaliques auraient des fonction d’assistance à l’orientation,
les informations issues du bas du corps auraient des fonction de régulation.
Un article de Popov mentionne que ces informations se rejoindraient vers L3. (d’après le
Professeur Roll, DIU Marseille 2000)
Le système trigéminal
Les récepteurs sensoriels des muscles
moteurs de l’œil, empruntent la branche
ophtalmique du nerf trijumeau. (d’après
Hartmann cours de neuro-physiologie
DUOPOF 1989 Université Toulouse III).
Le nerf trijumeau se trouve impliqué dans
l’oculomotricité, dans le développement de
la sélectivité de l’orientation et dans la
régulation du système oculo-céphalogyre.
Fig. 15
19
Les muscles sous occipitaux sont innervés par le noyau de C1 qui se situe au niveau de la
bandelette longitudinale dans la réticulée juste à proximité des noyaux centraux du V.
Il existe une relation entre le tonus des muscles nucaux et celui des muscles de la
manducation. Le muscle sterno-cléido-mastoïdien répond à l’EMG à différents
mouvements masticatoires et à des mouvements de serrement de dents. Le muscle sterno-
cléido-mastoïdien est fortement sollicité dans les ACF,
Le système myotatique.
Une des problématiques de l’homme, est de rester debout, par rapport à un point de
référence qui est la projection du centre de gravité, pour cela il doit avoir une excellente
perception de la verticalité, de façon à rester dans cet état, là où il dépense peu d’énergie.
S’il s’écarte de ce point « référence », il entre dans une dynamique et il augmente sa
dépense d’énergie, cette dépense va être d’autant plus importante qu’il s’éloigne de la
verticale vraie.
C’est le rôle de certains muscles de maintenir l’homme dans sa verticale vraie.
Dans de nombreuses activités posturo-cinétique, le contact avec le support est intermittent,
de ce fait il est nécessaire de stabiliser, au moins, un segment anatomique qui va servir de
référence, à partir duquel le mouvement va se construire.
Ce segment de référence peut être, soit le bassin et cela permettra un bon contrôle du
centre de gravité (lignes de Littlejohn), soit de la tête, ce qui permet une bonne utilisation
des informations visuelles et vestibulaires au service du contrôle de la posture. (voir aussi
les lignes de Littlejohn)
Les modules superposés qui constituent la posture érigée peuvent être contrôlés de façon
plus ou moins indépendante.
Deux modes de contrôle,
20
1. La stratégie en bloc « strat down strategy » qui revient à bloquer les articulations
afin de minimiser le nombre de degrés à contrôler au cours du mouvement.
2. La stratégie articulée « stable platform strategy » qui revient à contrôler
indépendamment un couple de segments anatomiques consécutifs et nécessite la
maîtrise des degrés de liberté de l’articulation correspondante
Une ACF va obligatoirement entraîner une stratégie d’adaptation qui obligera à une forte
dépense énergétique, mais qui peut être aussi à l’origine de certaines déformations, nous
pensons aux scolioses idiopathiques.
Les muscles nucaux sont en relation avec le référentiel visuel, ils sont aussi en relation
avec l’équilibre du système manducatoire, de plus les réflexes du cou sont antagonistes
des réflexes labyrinthiques ( d’après le Professeur A. Catros, Rennes DIU de posturologie
2001)
Nous avons pu observer que dans le cas ACF, il existait une perte de la lordose cervicale
qui peut s’observer sur des radiographies, rectitude du rachis, adaptation de la région
C1C2 à la latérocolie accompagnant les ACF.
Le professeur Roll16 propose que la proprioception issue des muscles de la sphère
céphalique stimule la fonction d’assistance à l’orientation, et que la proprioception issue
des muscles des jambes et des pieds alimentent la boucle de régulation de l’équilibre.
Popov K. démontre que le changement proprioceptif entre les muscles para-vertébraux se
produit au niveau lombaire. ( D’après le Professeur Roll DIU de posturologie Marseille
2000)
16 Professeur Roll J.P. Laboratoire de neurobiologie humaine, Université Aix- Marseille I, URA CNRS 372France
21
Cela tendrait à confirmer les travaux de Littlejohn sur les lignes de forces et cela
pourrait expliquer la présence de certaines scolioses dites idiopathique.
Cela confirmerait qu’en présence d’une ACF, un individu peut ne présenter aucun
symptôme, tant qu’il a assez d’énergie pour satisfaire à une stratégie d’équilibre postural.
Si pour une cause quelconque, il est obligé de puiser dans son potentiel énergétique, il ne
pourra plus compenser : c’est à ce moment que vont apparaître divers symptômes en
rapport avec le déséquilibre postural.
CAS CLINIQUE
M. B. sportif de haut niveau est venu consulter pour un bilan. Il se plaint de subir divers
traumatismes et toujours sur le membre inférieur gauche.
L’observation clinique, montre une personne de type athlétique, en appui sur la jambe
gauche, il présente une latérocolie gauche associé à un side bending.
L’examen clinique montre une légère déficience à la convergence, une rotation de tête
diminuée à droite, une zone d’adaptation en C7D1 et en D12 L1.
le temporal droit nous parait fixé, nous
notons une impaction C0C1 à droite avec C1
légèrement latéralisée à droite.
L’observation de cette photo, montre bien
l’inclinaison de la tête à gauche, s’il avait la
bouche ouverte vous auriez pu observer la
déviation de la mandibule à gauche.
22
Nous avons pratiqué un examen de stabilométrie statique sur la plate forme Satel17,Les yeux ouverts.Les yeux fermés.Les yeux ouverts plus une cale mandibulaire.Les yeux ouverts après manipulation du temporal et de C1
L’interprétation des résultats montre après l’interposition d’une cale mandibulaire uneamélioration, des courbes FFT : au niveau des fréquences 0.5 à 2.00 nous passons de10.23 à 4.80. La courbe des fréquences 0 à 0.5 monte en abscisse à 2.65 alors qu’elle étaità 0.81. Par contre nous observons une aggravation relative après notre intervention sur C1et sur l’os temporal, ce qui confirme : il ne faut faire qu’un geste thérapeutique, tropd’informations peuvent saturer le système.
Cas Clinique N° 2
Monsieur P. S. présente des vertiges, des dorsalgies. L’examen clinique montre uneasymétrie crânio faciale. Le sacrum de ce patient présente « une lésion ostéopathique », ilest décalé par rapport à l’axe vertical.Afin de relâcher les tensions que cette « lésion » peut provoquer sur tout le système dure-mérien, nous décidons de manipuler le sacrum.Les améliorations se retrouvent en comparant les deux examens pratiqués les yeuxfermés : Une dans le rapport X/Y, une autre dans les pourcentage d’énergie de la bande0.50 à 2.00 qui passe pour le FFT de 31.85% à 7.84%. Nous pouvons observer une surfacequi passe de 237 à 431 ce qui montre une meilleure amplitude donc un relâchement.
L’apport de la science ostéopathique dans les
perturbations posturales
Sachant que notre plus grande dépense d’énergie est de tenir droit, c’est-à-dire que nous
devons lutter, pratiquement, en permanence contre la force gravitaire.
Le référentiel géo-centré par cette force invariante absolue, sachant aussi que chaque
référentiel peut agir sur tout les autres (une modification du référentiel visuel peut
modifier le référentiel géo centré) chez le sujet normal il y a fusion des différents
17 Système d’analyse des troubles de l’équilibre et de la locomotion, matériel développé dans le laboratoire dephysiologie de la Faculté de Médecine de Toulouse Rangueil Drs. Ph. Dupui et R. Montoya, MCU-PH à l’UPS
23
référentiels au niveau cortical. Nous émettons l’hypothèse que la présence d’une ACF va
engendrer une dépense d’énergie importante, pour compenser les perturbations
occasionnées par cette asymétrie. Quand l’organisme subit une agression importante de
quel ordre que ce soit, son potentiel énergétique affaibli ne permettra pas de répondre à
l’agression, ou bien compensera en adoptant une stratégie qui affaiblira la gestion
posturale.
Au niveau des ACF, il est essentiel d’effectuer un acte de prévention dans les premiers
jours de la vie.
L’ostéopathe est habitué à reconnaître les ACF : il peut profiter de l’extrême malléabilité
des os formant la voûte et le basi crâne pour pouvoir intervenir rapidement.
Pour le professeur Jacquart, nous sommes les mammifères qui présentent une gestation
non terminée, en effet le bassin de la femme est trop étroit pour attendre le développement
complet de la tête, c’est à dire de l’encéphale, donc les femmes accouchent avant que la
croissance du cerveau soit terminé.
L’ostéopathe peut intervenir sur les ACF si on lui donne l’occasion de le faire très
rapidement, mon expérience personnelle me porte à croire qu’il faut intervenir des les
premiers jours de la naissance.
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