W.Aparicio - Le warlogs de Wikileaks
Transcript of W.Aparicio - Le warlogs de Wikileaks
Université Paris 8 -‐ Vincennes -‐ Saint Dennis UFR Culture et Communication
M1 -‐ Médias internationaux, enjeux et pratiques
LE WARLOGS DE WIKILEAKS UNE EXPERIENCE D'UTILISATEUR CHEZ Owni.fr
Mémoire de Master de Walter APARICIO Sous la direction de Aurélie AUBERT
Année Universitaire 2010/2011
2
Sommaire SOMMAIRE .......................................................................................................................................... 2
INTRODUCTION ................................................................................................................................ 3
1 DEFINITIONS .............................................................................................................................. 9
1.1 LINK JOURNALISM (JOURNALISME DE LIENS) ................................................................................. 10
1.1.1 Journalisme Scientifique selon Julian Assange ............................................................... 12
1.2 DATA JOURNALISM (JOURNALISME DE DONNEES) ........................................................................ 14
1.3 CROWDSOURCING (EXTERNALISATION OUVERTE) ....................................................................... 16
2 WIKILEAKS ET LE WARLOGS DE LA GUERRE D'AFGHANISTAN CHEZ OWNI ..... 19
2.1 UNE PETITE CHRONOLOGIE DES EVENEMENTS .............................................................................. 22
2.2 LA MISE EN PLACE DES DOCUMENTS DE WIKILEAKS DE LA GUERRE D'AFGHANISTAN CHEZ
OWNI. ................................................................................................................................................................ 23
2.2.1 Mise en ligne de « WARLOGS -‐ Enquête Collaborative Européenne » .................. 25
3 L'EXPERIENCE DES UTILISATEURS DANS LES WARLOGS ........................................ 36
3.1 UNE EXPERIENCE GENERALE ............................................................................................................. 38
3.2 L'EXPERIENCE DES PLUSIEURS UTILISATEURS ............................................................................... 43
3.2.1 Les questions ................................................................................................................................. 43
CONCLUSIONS ................................................................................................................................ 49
ANNEXES .......................................................................................................................................... 50
BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................................ 54
3
Introduction
Dans un monde numérique où chacun a la possibilité de consulter, de mettre de
l'information ou d'enrichir les données des informations diverses, dans lequel de
nouveaux concepts voient le jour comme « journalisme de liens », « data
journalisme » et « crowdsourcing », la réflexion sur la façon de s’informer et,
aussi, d’enrichir l'information, prendre la place dans les interêts de chercheurs
en général. Il est opportun de réfléchir et d’imaginer les nouvelles potentialités
offertes par des outils numériques, qui sont eux-‐mêmes en constante mutation.
Pour exemple en 2010, le site web Wikileaks a fait, après sa création en
décembre 2006, la présentation de divers documents secrets mettant en lumière
les dessous de la guerre en Afghanistan et en Irak, guerres engagées par les États
Unies et leurs alliés. Le site web a publié un inestimable corpus de documents de
l’armée des États Unies, qui révèle son activité « normal » et qui remet en
question dans le débat public les enjeux et les pratiques du pouvoir dans ce cas-‐
là.
A partir de plusieurs révélations de ce type, autour des affaires de guerre, les
utilisateurs d'internet et des nouveaux medias ont pu appréhender
d’innombrables chemins et de nouvelles façons de s'informer en consultant et
utilisant les nouveaux outils technologiques. De la pratique courante de
s’informer au travers des médias traditionnels, à celle de consulter le site web de
Wikileaks lui-‐même ou d’autres sites web alternatifs, qui ont mis le point sur des
aspects très particuliers de ce type d'affaire du pouvoir. Les utilisateurs ont
construit une voie avec une perspective personnelle afin de pouvoir parcourir
sur l'ensemble de données disposé dans ces types de plateformes.
C’est dans ce contexte que le site web OWNI.fr, consacré au journalisme
numérique, a lancé en juillet 2010 un logiciel/web nommé: « WARLOGS -‐
Enquête collaborative européenne » pour surfer sur les rapports de la guerre en
4
Afghanistan. Au développement de cet outil, ont contribué aussi le site web
Slate.fr, Le Monde Diplomatique et l'entreprise Typhon.
Les caractéristiques de ce logiciel/web ont permis aux utilisateurs de surfer sur
les rapports « les plus intéressants », « les plus commentés » et sur l'ensemble
des 75,000 documents de Wikileaks.org, avec différentes possibilités d'affichage
permettant de voir les rapports, qu’il s’agisse des « civils blessées », des « alliés
blessées » ou des « ennemis blessées » et dans les trois cas, de « tués » aussi.
Au travers de ce logiciel/web et son mode d’agencement des données du corpus
de la guerre d'Afghanistan, transparaissent certaines pratiques nouvelles du
monde de l’information, du journalisme et de la communication qui sont en train
de se développer aujourd'hui grâce aux outils numériques. Cette expérience de
Owni s'est inscrite dans ce mouvement d'explorer plusieurs possibilités de
s'approcher et de construire pour soi-‐même l'information.
D' un autre côté aujourd’hui, la mise en ligne courante des diverses informations,
documents et matériels sur internet, procure à l’utilisateur en général,
l’impression d’un contrôle permanent sur l'information par rapport à n'importe
quel sujet et, avec cela, la croyance d’être mieux informé et plus conscient des
affaires du monde. Mais en définitive, tout cela est-‐il une réalité ou n’est-‐ce
qu’une illusion ?
La problématique et le défi de ce travail est d'analyser l'expérience des
utilisateurs du site logiciel/web WarLogs, pour mieux comprendre si la lecture et
la participation dans le site web nous aide à nous informer d'une façon plus
claire et plus complète sur les évènements de la guerre d'Afghanistan. Après il
faudra répondre à la question : Quelles sont les potentialités et les limites des
utilisateurs dans le site web WarLogs et, dans quelle mesure, sa participation au
site nous aide à comprendre les rapports de l’armée des Etats Unies dans la
guerre d'Afghanistan ?
5
Cadre Théorique
Pour réussir ce défi, donner un cadre théorique et mieux comprendre certains
concepts apparus ces dernières années dans le monde du journalisme et de
l'information, je suis allé aux sources desquelles ces concepts ont surgi pour la
première fois. Comme par exemple, certains sites web par rapport à la culture
numérique, projets spéciaux et autres, ont montré ou expliqué ces concepts
comme Crowdsourcing, Data Journalism et Link Journalism. Concepts
développés pour expliquer des pratiques et des méthodes pour produire et gérer
l'information, aussi comme pour nommer une certaine participation collective
pour l’utilisation et/ou le développement d’un outil ponctuel.
Un ensemble de livres qui traitent de la réflexion sur les médias et en particulier
de l’influence des nouveaux médias a aussi fait parti du cadre théorique. Dans ce
terrain une bibliographie tirée du monde anglo-‐saxon, dans lequel il y a des
innovations conceptuelles par rapport à la grande masse des études, au niveau
du mouvement journalistique et aussi du champ numérique et du
développement de concepts aux États Unies. Le livre Journalism and New Media
de Jhon Pavlik offre un panorama diversifié sur les conditions du journalisme à
l'ère du numérique. Le livre We're all journalists now de Scott Gant pose une
question importante sur le rôle des journalistes d'aujourd'hui et de leur champ
de travail en dehors des médias classiques.
Certains articles comme "Les sites web des journaux : de l'espace de libre parole
à l'animation de communautés" de Aurélie Aubert et "Peut-‐on parler de
journalisme amateur ?" de Patrice Flichy m’ont aidé aussi à mieux comprendre le
journalisme sur internet dans le cas précis de la France.
Un travail de recherche sur Internet par rapport aux concepts utilisés dans ce
mémoire, qui sont partie des définitions, d'un témoignage et aussi de donnés
concrètes, a été tout à fait indispensable. Nous pourrons retrouver ces sources
plus qu’importantes grâce aux notes en bas de page.
6
Corpus
Pour répondre à la problématique, nous nous sommes basé sur le corpus
d'études du site logiciel/web « WARLOGS -‐ Enquête collaborative européene », et
nous avons utilisé toutes les options et tous les liens possibles, issus des
documents présentés. Mes sources proviennent donc principalement de ce site
logiciel/web étant donné que le site web et son activité sont l'objet de mon
analyse.
J’ai aussi utilisé d’autres site web pour ce qui est des documents de guerre
comme : http://www.wikileaks.org (le site web qui a lancé les documents),
http://wikileaks.owni.fr, (dans lequel il y a une série d'articles consacrés à
l'activité de l'organisation Wikileaks et en particulier sur les situations qui se
sont déroulées suite à ses actions dans le secteur du journalisme et de
l'information, qui ont été importantes et enrichissantes pour mieux comprendre
le contexte de la présentation des documents de la guerre afghane.
Je me suis aussi intéressé à la série de livres parus sur l'activité de Julian Assange
et son association Wikileaks. En particulier de quelqu'un qui a été au sein de
Wikileaks : Daniel Domscheit-‐Berg, auteur du livre Inside Wikileaks (Dans les
coulisses de Wikileaks). J’ai aussi étudié La véritable histoire de Wikileaks d'Olivier
Tesquet, livre électronique publié sur le site web OWNI.fr, qui constitue une
véritable référence pour mieux comprendre certaines circonstances de
l’apparition et succès du site web d'Assange.
Méthode
La méthode qui m’a guidé dans ce travail a été tout d'abord basée sur l'analyse
ergonomique que j'ai faite du site web/logiciel WarLogs, pour laquelle j’ai
parcouru l’ensemble des options possibles afin de décortiquer toutes les
possibilités offertes à tous les utilisateurs.
Après avoir analysé le contenu des documents du site web et l'interaction
suscitée chez les utilisateurs et afin d’améliorer la perspective de cette
7
expérience, j'ai proposé à huit personnes de faire le tour du site web. Puis je leur
ai demandé de répondre à un petit questionnaire pour avoir leurs impressions.
J'ai aussi envoyé un questionnaire aux administrateurs du site web Owni.fr,
auquel malheureusement il n’y a eu aucune réponse.
La méthode utilisée pour cette analyse du site web est tirée des analyses
proposées par Sébastien Rouquette dans son ouvrage L'analyse des sites Internet,
qui a surtout un regard sur les sites web des institutions publiques et ceux des
entreprises privées, et qui est de ce fait assez unidirectionnelle, donc il m’a fallut
adapter cette méthode aux contenus des sites web qui proposent plutôt des
contenus à double sens.
Le plan du travail
Le plan de travail de ce mémoire est agencé en trois parties. Dans la première,
j'ai cherché à donner un cadre aux définitions des concepts du journalisme
d'aujourd'hui et à la façon de consommer et de participer à l'information. Je
passe ici en revue les concepts de « journalisme de liens », « data journalisme » et
« crowdsourcing ».
Dans la deuxième partie, je présente le développement du site web Owni pour
présenter la colossale masse de documents que Wikileaks a présenté sur la
guerre d'Afghanistan et après d'Irak, pour aborder le thème de la disposition du
matériel et tenter d’y mettre un ordre pour améliorer la consultation des
documents.
Dans la troisième partie, je fais une analyse de l'expérience d'utilisateur sur le
site web et des conclusions tirées du questionnaire réalisé auprès de
l’échantillon des huit personnes qui ont consulté le site logiciel/web ayant
accepté de se prêter à l’étude.
Dans la partie finale, j’amorce une conclusion de cette étude et j’en signale les
points fort et faibles.
8
J’espère que ce mémoire pourra contribuer à apporter une réflexion sur ces
nouvelles pratiques de lecture et de consultation de l'information.
9
1 Définitions
Pour mieux encadrer l'étude de ce mémoire, il est indispensable de présenter
certains concepts qui sont apparus dernièrement sur l'activité journalistique,
comme sur le monde de la communication et de l'information. Ces concepts sont
"Link Journalism1" (Journalisme de Liens), " Data Journalism" (Journalisme de
Données) et "Crowdsourcing"2.
La nécessité de présenter ces concepts permet de rendre certains points plus
clairs et de mieux comprendre les habitudes de recherche de l'information
d’aujourd'hui. Afin de voir comme les utilisateurs se sont déplacés sur la masse
de données mise en ligne sur internet ou sur les autres réseaux de partage3.
Avec l'irruption du monde numérique dans la société contemporaine, le
consommateur des médias traditionnels du XXème siècle, qui est resté passif
pour attendre de l'info dans les journaux, la radio ou la télé, aujourd'hui est
devenu une machine à demander de l'information avec ses puissants outils
numériques. Les ordinateurs, les téléphones intelligents, les tablettes
électroniques et le permanent offert des logiciels et outils divers pour tous ces
dispositifs, on fait que ces utilisateurs, dans un sens4, peuvent établir ses propres
réseaux d'approvisionnement d'information : pour les nouvelles de chaque jour,
pour les affaires les plus importants dans le monde contemporain et aussi pour
la curiosité personnelle de chaque utilisateur/membre de cette société d'hyper
1 On utilisera les noms de ces concepts en anglais car c’est ainsi qu'ils ont apparu pour la première fois, on propose aussi les noms en français qui sont utilisé sur les sites web françaises. 2 Ce dernier concept s’appliquant surtout aux diverses activités collaboratives sur Internet au-‐delà de l'information et de la communication. 3 Les voies pour partager au-‐delà de Internet sont nombreuses, pour les plus utilisées nous pouvons citer les protocoles torrent et P2P, dans lesquelles on utilise le fil de connexion internet mais pour se connecter directement aux ordinateurs d'autres utilisateurs sans passer par des sites web spécifiques. 4 On peut entendre aussi que cette excessive connectivité peut être passive de rend les gens plus faciles à suivre dans leurs habitudes de consommation grâce aux traces qu'ils laissent sur ces gadgets électroniques.
10
connexion globale.
Donc, dans ce temps, l'utilisateur d'Internet et des nouveaux medias, n'est pas le
consommateur habituel des médias traditionnels, lequel est resté passif devant
ses appareils pour attendre ce que les médias doivent le dire. Aujourd'hui ce sont
les utilisateurs/consommateurs qui cherchent l'information et, dans certains cas,
qui la font aussi.
Ces nouveaux concepts et pratiques sont toujours en train de se redéfinir, mais il
y a un certain consensus pour savoir ce qu’on veut dire quand on les utilise. On
essayera de mettre un point de lumière sur ces concepts, pour arriver, après à
une meilleure compréhension, au sujet même de ce mémoire.
1.1 Link journalism (Journalisme de liens)
Ce concept est apparu pour la première fois dans un article de Scott Karp, le 25
septembre 2008 intitulé « How link journalism could have transformed The New
York Times reporting on McCain Ethics » suite à un autre article du même Scott
Karp du 20 septembre 2008 intitulé « Reinventing Journalism On The Web: Links
As News, Links As Reporting »5. Dans ces deux articles Karp écrit :
« A cornerstone of journalism has always been reporting what key
sources say, put in context and given perspective, alongside reported
facts.
It’s time to reinvent that process on the web -‐ make it dynamic -‐ using
the fundamental mechanism for connecting information and people:
the LINK6. »
5 Ces deux articles sont apparus sur le site web http://publishing2.com qui visent à faire réfléchir sur la manière dont la technologie est en train de modifier les médias, l’information et le journalisme. 6 http://publishing2.com/2008/02/20/reinventing-‐journalism-‐on-‐the-‐web-‐links-‐as-‐
11
Et :
« LINKS to the actual reporting that has been done over the years.
For the occasion, I’m going to coin a new term: link journalism7. »
Pour finir avec cette phrase:
« Link journalism is linking to other reporting on the web to
enhance, complement, source, or add more context to a journalist’s
original reporting8. »
L'auteur signale ici les nouvelles possibilités de connexion aux outils capables
d’enrichir les informations. L'acte même de faire un lien constitue aujourd’hui
l'essentiel de nos connections personnelles et de nos recherches d'informations
sur le web9.
Mais le seul acte d'ajouter un lien dans un billet ou un article, n'est pas suffisant
pour faire un journalisme de liens. Il faut un cadre dans lequel cette façon
d'enrichir l'information soit validée et, pour ce faire, il faut utiliser les anciennes
(toujours en vigueur) procédures de la presse afin de donner à cette jeune
discipline un poids dans les pratiques journalistiques. Aussi, pour mesurer
l'importance d'un lien et en évaluer l’intérêt, l’aspect innovant et l'actualité par
rapport aux formes traditionnelles d’information, il est nécessaire de vérifier si le
site web vers lequel les liens vont nous amener est sérieux et reconnu comme news-‐links-‐as-‐reporting/ Page consultée le 16/07/2011. 7 http://publishing2.com/2008/02/25/how-‐link-‐journalism-‐could-‐have-‐transformed-‐the-‐new-‐york-‐times-‐reporting-‐on-‐mccain-‐ethics/ Page consultée le 16/07/2011. 8 Ibid. 9 Cette possibilité n'est pas nouvelle dans la pratique de donner l'information, donc du journalisme ou "journalisme amateur". Elle a déjà été développé dans diverses pratiques des bloggers ou de certains services qui fonctionnent comme des agrégateurs des nouvelles, mais ce sont surtout les bloggers qui ont écrit des billets de toute sorte qui ont commencés à utiliser les links de façon à enrichir les articles et surtout de rédiger leur public sur les sources de leur travail. En fait un signe de quelqu'un qui a voulu gagner sa place dans le monde des bloggers a été de montrer ses sources pour donner confiance aux lecteurs ainsi que les preuves de ce dont il parle : "Je fais un lien, donc j'existe".
12
une source fiable. Tout cela demande un travail d’investigation, pour lequel le
journaliste doit travailler sur la validation des sources qu'il va donner.
Ainsi, on peut dire que "le journalisme de liens" c'est la façon d'établir un
nombre de liens par rapport à un événement précis et que tous ces liens doivent
être préalablement soigneusement vérifiés et validés dans le cadre d’une
politique éditoriale claire des médias ou du média dont le journaliste dépend10.
Les algorithmes peuvent battre les humains dans la recherche sur l'ensemble du
web, mais les humains devraient être en mesure de battre les algorithmes dans
l'agrégation d'information. Voici une loi inébranlable pour la bonne pratique de
journalisme de liens, car agréger l'information et filtrer le web seront à l'avenir
une fonction essentielle des médias.
1.1.1 Journalisme Scientifique selon Julian Assange
« Nearly a century later, Wikileaks is also fearlessly publishing facts
that nedd to be made public.
These things have stayed with me. Wikileaks was created around
these core values. The idea, conceived in Australia, was to use
internet technologies in new ways to report the truth.11 »
Julian Assange
10 Si on va plus loin, on peut mieux comprendre la potentialité de cette façon de faire du journalisme, on peut ainsi considérer que cette activité est un nouveau métier dans le monde du journalisme qui demande des procédures et des méthodes spécifiques, dans lequel le journaliste doit faire le travail de validation, de filtrage, de mise à jour et de mise en place des liens. C'est quelque chose qui, de fait, s’est déjà de lui même ancré dans les nouvelles activités des journalistes. 11 Article de Julian Assange « The truth will always win » apparu sur la web de The Australian http://blogs.theaustralian.news.com.au/mediadiary/index.php/australianmedia/comments/julian1/ Page consultée le 20/05/2011.
13
Le fondateur de Wikileaks, Julian Assange, a voulu ajouter aussi un nouveau
concept par rapport à l'activité du site web de son organisation, qui n'est pas si
éloigné du concept de journalisme de liens et qu’il est important d'ajouter dans
ce mémoire. Comme nous le verrons dans les sites web consacrés aux documents
des guerres d'Afghanistan et d'Irak mis en place par l'organisation d'Assange.
Dans un article publié dans le journal The Australian Today, Julian Assange défini
sa façon et son idée sur le journalisme pratiqué pour wikileaks.org :
« Wikileaks coined a new type of journalism: scientific journalism. We
work with other media outlets to bring people the news, but also to prove
it is true. Scientific journalism allows you to read a news story, then to
click online to see the original document it is based on. That way you can
jodge for yourself: Is the story true? Did the journalist report it
accurately?12 »
Dans ce sens, selon Assange, seul le document officiel peut constituer une preuve.
La possibilité d'enrichir l'information d'autre façon dans le sens large de l'idée
du journalisme de liens que nous avons vu auparavant n'est pas pour lui
suffisant. Pour lui, comme on le peut voir sur le site web de wikileaks, le seul lien
qui compte véritablement est celui qui va nous montrer les documents officiels,
non pas les autres articles, ni les informations graphiques ou les autres éléments
qui peuvent nous aider à voir un panorama plus large du sujet traité, même si
par ailleurs ils peuvent nous aider à visualiser un panorama plus large du sujet
traité.
Donc, le journalisme scientifique d'Assange est limité à la preuve directe et
"officielle" d’une affaire ponctuelle, pour lui le travail éditorial est une annexe et
12 Il faut dire que dans l'article cité, Assange ne parle pas de journalisme scientifique et s'exprime pour ça, il y a seulement cette petite phrase par rapport à ce qu’il entend pour ce genre de "journalisme", le reste de l’article est là pour dénoncer les politiciens australiens liées aux États Unies l’ayant poursuivit pour les publications sur Wikileaks.org.
14
non pas le fil pour organiser et mettre en lumière une donnée spécifique. Avec
cette vision nous pouvons finalement tomber dans une réduction de toutes les
autres possibilités d'Internet et de la technologie d'aujourd'hui. Faire une telle
constriction de toutes les possibilités n'est pas « utiliser les technologies
d'internet pour montrer les nouveaux chemins pour observer la vérité des choses »,
comme il a écrit dans le même article.
1.2 Data Journalism (Journalisme de données)
Le Data Journalism, ou " journalisme de données " en français, est un concept qui
n'est pas nouveau. Il est apparu au XXème siècle avec le développement de
l'informatique à partir des années 50 lorsque le traitement de masse importante
d'informations en a motivé l’usage.
Mais le développement d'Internet et de diverses technologies qui permettent une
convergence permanente de l'info sur les dispositifs connectées à l’internet, tout
comme la libération de divers Api's13 pour développer diverses façons de
visualiser l'information, ainsi par exemple sur google maps, on fait du
Journalisme de données un côté plus qu'intéressant du journalisme
d'aujourd'hui. Tant et si bien que pour Tim Berners-‐Lee, le créateur d'Internet,
c'est le futur pour les journalistes. Ainsi, dans un entretien donné au The
Guardian de Royaume Uni, il dit :
« Journalists need to be data-‐savvy. It used to be that you would get
stories by chatting to people in bars, and it still might be that you'll do
it that way some times.
But now it's also going to be about poring over data and equipping
yourself with the tools to analyse it and picking out what's interesting.
And keeping it in perspective, helping people out by really seeing where
13 Interface de programmation. En anglais API = Application programming interface.
15
it all fits together, and what's going on in the country.14 »
Analyser les données pour Tim Berners-‐Lee c'est donc le futur de la pratique
journalistique. Ce concept a progressivement trouvé une place dans des débats
de presse par rapport à tout ce que les technologies actuelles permettent de
développer et de publier de façon expéditive sur Internet.
La pratique du "journalisme de données" a commencé à gagner de plus en plus
de terrain et, bien qu'il n'y ait pas de concept spécifique pour cette activité, il en
existe des méthodes, comme celle proposée par The Guardian dans son article du
1 octobre 2010 « Comment faire du journalisme de données ?15 », dans lequel Paul
Bradshaw explique :
"Data journalism is huge... It represents the convergence of a number of
fields which are significant in their own right -‐ from investigative
research and statistics to design and programming. The idea of
combining those skills to tell important stories is powerful -‐ but also
intimidating. Who can do all that?
The reality is that almost no one is doing all of that, but there are
enough different parts of the puzzle for people to easily get involved in,
and go from there. To me, those parts come down to four things:
1. Finding data
2. Interrogating data
3. Visualising data
4. Mashing data »
14 http://www.guardian.co.uk/media/2010/nov/22/data-‐analysis-‐tim-‐berners-‐lee. Page consultée le 20/07/2011. 15 http://www.guardian.co.uk/news/datablog/2010/oct/01/data-‐journalism-‐how-‐to-‐guide "How to be a data journalist", page consultée le 26/07/2011. Il y a aussi ce site web de Paul Bradshaw pour mener des enquêtes proposées pour les internautes : http://helpmeinvestigate.com/ (Crowdsourcing : http://mediavenir.fr/?p=120)
16
En résumé, on peut dire que la technique du journalisme de données consiste à
collecter des masses de données diverses (statistiques, chiffres, avis des
utilisateurs, rapports officielles, etc.) pour montrer de façon graphique et
interactive, si c'est possible, la réalité d'un sujet ponctuel dans le but d’extraire
d'un coup d'œil l'information d'une masse de données abstraites ou complexes et
ainsi permettre aux utilisateurs/observateurs de saisir les éléments qui les
intéressent.
Cela permet donc de raconter une histoire journalistique graphique et
interactive à partir des informations collectées16.
1.3 Crowdsourcing (Externalisation Ouverte)
Le terme de crowdsourcing est aujourd'hui à la base de multiples initiatives sur
Internet. En fait il a rencontré beaucoup de succès, parmi lesquelles
l'encyclopédie virtuelle Wikipedia est le succès le plus connu de cette pratique
collaborative, mais qui n’est pas l'unique.
Le crowdsourcing est en français l'externalisation ouverte, mais si on fait la
traduction textuelle on peut dire qu'il s'agit de "externalisation distribuée du
travail à grande échelle". Il s’agit d’un travail d'approvisionnement pour
développer un projet dans diverses voies. C'est une pratique, dans laquelle tous
ceux qui le souhaitent peuvent participer et, c'est surtout, une participation qui
va s'ajouter dans le domaine de la connaissance théorique ou technique d'une
tâche spécifique qui va contribuer à enrichir l’information ou à développer un
projet.
Dans le cas mentionné de Wikipedia par exemple, quelqu'un qui à une
connaissance sur un sujet précis peut écrire un article que quelqu'un d'autre
16 Il existe divers exemples de cette pratique en France que l’on peut consulter dans le site web http://data.owni.fr/ qui montre le développement de multiples logiciels appliquant les techniques du data journalisme.
17
pourra améliorer ou enrichir l'article. Ou dans le cas du développement du
système d'exploitation Linux et de tous les logiciels libres, il y a une masse de
programmateurs, graphistes, concepteurs, etc. qui ont amélioré, étendu et amené
les divers logiciels développés, tout cela d'une façon gratuite. Cette gratuité a du
pour et du contre dans la collectivité professionnelle du champ spécifique, au
regard du marché du travail, mais c'est surtout devenir connu et expert dans la
communauté professionnelle.
Le terme crowdsourcing est un néologisme, qui a fait son apparition dans un
article de Jeff Howe17 dans le magazine Wired18 des États Unis de juin 2006,
intitulé « The Rise of Crowdsourcing » dans lequel il précise :
« Welcome to the age of the crowd. Just as distributed computing
projects like UC Berkeley’s SETI@home have tapped the unused
processing power of millions of individual computers, so distributed
labor networks are using the Internet to exploit the spare processing
power of millions of human brains. The open source software movement
proved that a network of passionate, geeky volunteers could write code
just as well as the highly paid developers at Microsoft or Sun
Microsystems. Wikipedia showed that the model could be used to create
a sprawling and surprisingly comprehensive online encyclopedia. And
companies like eBay and MySpace have built profitable businesses that
couldn’t exist without the contributions of users.
Technological advances in everything from product design software to
digital video cameras are breaking down the cost barriers that once
separated amateurs from professionals... The labor isn’t always free, but
it costs a lot less than paying traditional employees. It’s not
outsourcing; it’s crowdsourcing19. »
17 Jeff Howe explique dans une vidéo le crowdsourcing http://www.youtube.com/watch?v=F0-‐UtNg3ots Page consultée le 17/07/2011. 18 Magazine versé sur les démarches, influences et tendances du monde numérique. 19 http://www.wired.com/wired/archive/14.06/crowds.html Page consultée le 17/07/2011.
18
Dans le champ du journalisme, le crowdsourcing a gagné aussi sa place pour ce
qui est de la diffusion, de l'enrichissement et de la couverture d'information en
temps réel, pratique qui a permis de parler de "journalisme citoyen". Un
nouveau concept est ainsi apparu ces dernières années par rapport aux citoyens
qui ont été dans une circonstance leur ayant permis d'enregistrer un événement
devenu par la suite une nouvelle dans les médias traditionnels ou utilisée par les
médias pour enrichir leur couverture. Nombreux sont aussi les journaux
télévisés qui ont intégré dans leurs émissions directes les commentaires,
données, réactions des téléspectateurs qui se déroulent, par exemple sur twitter,
réseau social du microblogging. On peut dire de tout ça que sont des pratiques
crowdsourcing dans le champ du journalisme.
19
2 Wikileaks et le Warlogs de la guerre d'Afghanistan chez Owni
Inutile d'écrire sur Wikileaks en juin 2011. On prend le risque de tomber dans la
redondance. On peut simplement dire que cela fût un phénomène qui a
bouleversé le journalisme et la société toute entière en 2010, même s’il y avait
déjà eu des précédents depuis 2006 qui avaient eu un réel impact dans des pays
aussi différents que la Somalie, le Kenya, la Suisse ou le Pérou20.
Mais c’est un fait que l'année 2010 a été marquée par l'explosion médiatique de
Wikileaks par rapport à toute la potentialité que le site web avait pris depuis ses
débuts et qui a dépassé ses espérances premières : montrer au monde des
documents, des éléments audio, des images et des vidéos qui dénudent les
mécanismes du pouvoir dans où moment où ce même pouvoir est en train de
s’exercer : sur le champ de bataille, dans les bureaux, les banques ou même dans
les coulisses des services diplomatiques du monde entier.
Pour se plonger dans la matière des WarLogs chez Owni, il faut se souvenir de
certains critères et politiques que Assange et compagnie ont utilisé pour le
développement de Wikileaks, dans un cadre qui peut nous permettre d'envisager
de meilleure façon l'importance de ces possibilités pour ce qui est du partage de
l'information.
Pour Daniel Domscheit-‐Berg, ex-‐collaborateur d'Assange dans les premières
années de l'organisation, la garantie d'anonymat a été le principal point à
prendre en compte. Il fait un résumé de l'esprit du site web de cette façon :
20 En décembre 2006, un câble des États Unies sur le président éthiopien ; en août 2007, diffusions du rapport Kroll pour démasquer les politiques dans le pouvoir du Kenya ; en janvier 2008, publications de documents de la banque suisse Julius Bär montrant l’existence d’évasions fiscales de leurs clients et finalement en janvier 2009 publications de documents enregistrés sur la corruption pétrolière du gouvernement d'Alan Garcia au Pérou, appelé le « Petrogate ».
20
« La garantie d'anonymat de WikiLeaks constituait un grand avantage
face à toutes les formes classiques du journalisme à sensation. Si dans la
plupart des pays du monde, aucun journaliste ne peut garantir
sérieusement sa source que son nom sera protégé face aux autorités
chargées de l'enquête, à leurs moyens de pression et à leurs moyens
juridiques, Wikileaks préservait l'anonymat du lanceur d'alerte grâce à
sa structure technologique et juridique.21 »
Dans ce cadre technologique et juridique sécurisé, pour rendre l'information,
Assange a cru pouvoir réussir à encourager les utilisateurs à enrichir
l'information fournie dans le site web, dans un style de crowdsourcing comme le
fait Wikipedia. Pourtant, cette ambition n’a pas eu de succès, Assange s'exprime à
ce sujet :
« En 2006, nous avions l'espoir que le grand public s'investirait dans
l'analyse, qu'il collaborerait.
Et en fait, pas du tout22. »
Ceci est dû au fait que la matière des documents, l'ensemble de données, auraient
eu besoin d'un travail leur permettant d'être lisibles au grand public et, comme
dans la plupart des cas des premières années chez Wikileaks, les données ont été
posées telles quelles sont arrivées : sans travail préalable de remise en situation.
De ce fait, elles ont perdu la potentialité de leur impact23, même si, par ailleurs,
chaque affaire eu un impact dans son pays d’origine. Suite à cette expérience,
Assange a alors pensé à « maximaliser l'impact24 » des documents en les
21 Inside WikiLeaks, Daniel Domscheit-‐Berg. Editorial Grasset & Fasquelle, 20 janvier 2011. Chapitre Bradley Manning, Page 203. 22 Dans l'émission du documentaire "WikiRebels" de la chaine de télé suédoise SVT. Video http://www.universalsubtitles.org/en/videos/9qfiRcGAauwn/fr/7178/ 7.30min Page consultée le 10/06/2011. 23 Même s'ils ont pris une bonne place aux côtés desmédias traditionnels, la notoriété du site web Wikileaks.org et sa mission n'a pas pris assez d’ampleur pour le grand public, en fait ils sont restés un peu dans l’ombre, seulement connu dans le cercle des journalistes et des activistes/internautes. 24 Phrase dite par Assange à son groupe de travail chez Wikileaks. « Inside Wikileaks »
21
retravaillant avec des collaborateurs spécialisées et en ayant recours aux médias
traditionnelles.
En France, les premières à être motivées et à s’engager dans ce modèle de
journalisme ont été les journalistes du projet Owni, que se définissent comme un
« groupe de médias innovants », « spécialiste du datajournalism » et qui «
pratiquent un journalisme augmenté »25.
Il faut voir et lire la série d'articles parus dans le site web Owni au sujet de
Wikileaks. Un quasi centaine26 d’entre eux porte le tag "wikileaks" et parlent
directement d’une affaire de l'organisation d'Assange ou d’autre chose lié à
Wikileaks. Dans la plupart des cas, ces articles sont écrits avec un ton d'éloge27
pour le travail de Wikileaks et dans un esprit d’admiration face aux nouvelles
possibilités de la technologie dans le champ de la presse et de l'information.
Cela explique que le premier média français à appliquer des techniques comme
le journalisme des liens, le journalisme de données et le crowdsourcing, aux
documents placés par Wikileaks, ait été Owni.fr. Ce dernier a ainsi lancé un site
logiciel/web appelé « WarLogs -‐ Enquête Collaborative Européenne », pour
présenter les documents par rapport aux guerres d'Afghanistan tout d'abord,
puis d'Irak par la suite et sur les "cables" des ambassades des États Unies le
monde entier, ces deux dernières en collaboration directe avec la même
Wikileaks.org28. En fait c’est Assange lui même qui s'est rapproché d’Owni afin de
leur demander des services techniques pour l'élaboration du data journalisme.
Nous verrons dans les prochaines pages une chronologie des événements chez
25 Toutes ces définitions sont extraites de son site web dans la section « about » (à propos de) http://owni.fr/# Page consultée le 15/06/2011. 26 Exactement 90 articles http://owni.fr/tag/wikileaks/ Page consultée le 15/06/2011. 27 Dans l'article chez Owni qui parle de l'appel de Assange au bureau chez Owni, on peut lire ceci : « Imaginez quand même que nous avons des posters d'Assange affichés dans l'open-‐space de la soucoupe » http://owni.fr/2010/10/22/julian-‐assange-‐wikileaks-‐irak/#footnote_0_32835 28 Même si les associés principales ont été des journaux occidentaux très célébrés (The Guardian, The New York Times, Der Spiegel et après Le Monde et plus après El Pais), pour l'Internet c'est Owni.fr qui a eu l'exclusivité de la publication, même si bien après la publication officielle des journaux.
22
Wikileaks pour arriver à voir la mis en ligne des documents chez Owni et nous
verrons aussi comme ces mouvements se sont déroulés par rapport à la
couverture médiatique traditionnelle.
2.1 Une petite chronologie des événements
Les premières révélations de l'organisation Wikileaks ont été lancé à partir de
2006, mais elles n’eurent alors qu’un impact relatif et modéré, c'est seulement en
2010, suite à la publication d'une vidéo de l'armée des États Unies appelée «
Collateral Murder29» que ces publications ont commencé à inquiéter partout
dans le monde des médias et de la société en général.
La vidéo en question montrait le meurtre de civils afghans et de deux
journalistes de l'agence Reuters, dans cette attaque il y avait aussi des enfants.
Avec cette vidéo, Assange a accomplit son souhait de "maximaliser l'impact" et
plusieurs médias comme la BBC (British Company Broadcasting) et Al-‐Jazeera
ont acheté la vidéo pour l montrer dans leurs émissions. Suite à cela, plusieurs
médias ont donné une notoriété importante au site web Wikileaks et compris
que ces médias devenaient incontournables dans les références de l'information.
Le 25 juillet 2010 Wikileaks a rendu public l'« Afghan War Diary » (Les journaux
de la guerre d'Afghanistan), un ensemble de 91000 documents décrivant jour par
jour les actions de l'armé des États Unies sur le terrain de guerre, s’alliant avec
les trois médias les plus importants du monde occidental et mondial : The
Guardian30 de Grande Bretagne, The New York Times des États Unies et Der
Spiegel d'Allemagne.
Le 27 juillet 2010, c’est à dire presque qu’immédiatement après, Owni.fr publie «
29 Vidéo et information chez The Guardian : http://www.guardian.co.uk/world/2010/apr/05/wikileaks-‐us-‐army-‐iraq-‐attack 30 Pour cette collaboration, le travail sur le web du Guardian et du New York Times dans leurs premières page de leur site, a été très développé utilisant des techniques du data journalisme et des cartes pour montrer les actions des troupes des États Unies et de leurs alliés. Ils ont aussi ouvert un canal en ligne directe entre les journalistes et les internautes/lecteurs pour permettre à ces derniers d’interagir par rapport aux documents.
23
Warlogs -‐ Enquête Collaborative Européenne », un site web/logiciel pour surfer
sur l'ensemble des documents classifiés « secret » et surtout pour permettre aux
internautes de consulter, de comprendre, de décrypter et de contribuer à cette
masse de documents.
Voici notre point de départ pour mieux observer cette expérience de journalisme
de liens, journalisme de données et de crowdsourcing.
2.2 La mise en place des documents de Wikileaks de la guerre d'Afghanistan chez Owni
Owni.fr avec Slate.fr et Le Monde Diplomatique ont mis en ligne au 27 juillet 2010
le site logiciel/web « WARLOGS » en donnant aux internautes la possibilités de
participer à l'enrichissement des données de la plus grande fuite de documents
classifiés à ce jour31.
Dans la présentation qu’ils en font, les journalistes de Owni expliquent que cette
application est conçue pour :
« ...vous permet de lire les communications de l'armée américaine en
Afghanistan32. »
Mais il faut faire attention car :
« Les textes sont souvent abscons, écrits dans un jargon OTAN
indéchiffrable [...] C’est pourquoi nous proposons un glossaire de presque
400 abréviations et termes qui facilitent la compréhension des
documents33. »
31 Jusqu'à ce jour effectivement, jamais une fuite d’une telle ampleur n’avait pas eu lieu de la taille de cet ensemble des documents de la guerre à l'Afghanistan. Suite à cette affaire, le même Wikileaks a encore battu son record en mettant à découvert les documents de la guerre d'Irak, notamment grâce aux câbles des ambassades des États Unies, dans les deux cas, il s’agit d’un ensemble de presque un quart de millions de documents. 32 http://owni.fr/2010/07/27/warlogs-‐wikileaks-‐application-‐enquete-‐contributive-‐europeenne/ Page consultée le 15/06/2011. 33 Ibid.
24
Le but d'Owni et ses partenaires est d'arriver à un « effort collaboratif avec ses
internautes afin de mettre en lumière le quotidien de la guerre en Afghanistan »
parce que, selon eux, « les rapports des journalistes qui y sont envoyé sont
sensiblement contradictoires » et « il est grand temps d'en savoir plus sur ce que
vivent les jeunes hommes et femmes que l'on envoie sur place ».
L'appel à contribution va marcher de la façon suivante :
-‐ D'abord, il faut consulter les documents
-‐ Remarquer s'il y a une communication qui semble étrange, où révèle des
agissements douteux ou encore utilisant un jargon militaire abscons jusqu'à ce
moment non expliqué.
Par ailleurs, si quelqu'un a des connaissances particulières sur un sujet
spécifique (parce qu’il connait le terrain, qu’il a travaillé là-‐bas ou encore parce
qu’il connait des informations gouvernementales), l’inviter à collaborer de façon
plus proche est parfaitement ouverte et très appréciée.
Et maintenant la question se pose : Pourquoi lancer un tel site web et ne pas
laisser les médias traditionnels faire leur travail habituel ?
De tous façon, grâce à Wikileaks, ils ont eu l'exclusivité des documents.
Mais selon l'éditorial d'Owni sur l'activité journalistique en France34 :
« le gouvernement français décourage les journalistes d’aller enquêter
en Afghanistan, il est extrêmement difficile d’obtenir des informations
fiables. C’est pour cela qu’aujourd’hui, plus que jamais, nous devons
travailler ensemble pour faire toute la lumière sur les actions de la
France en Afghanistan35. »
Et aussi parce que sont les outils de l'époque... bien sûr. Nous verrons comment 34 On peut l'élargir aux autres pays. 35 Les remarques noircies sont propres au site Owni.
25
ce site web a marché depuis un travail technique de data journalisme et
journalisme de liens, et comment l'appel au crowdsourcing s’est réalisé.
Mais avant d'entrer en matière sur l'activité du crowdsourcing dans le site
logiciel/web, nous allons voir le design et la mise en ligne du « WARLOGS ».
2.2.1 Mise en ligne de « WARLOGS -‐ Enquête Collaborative Européenne »
On a dit dans l'introduction que le défi de ce travail est d'analyser l'expérience
des utilisateurs du site logiciel/web Warlogs, pour mieux comprendre son
apport et voir si cette participation a enrichie la compréhension des documents.
Mais, avant d'entrer dans cette analyse et voir les potentialités et les limites des
utilisateurs dans le site logiciel/web Warlogs, il est tout a fait indispensable faire
une analyse de la forme et du fond de ce site pour voir l'état, les dispositions et
les matériaux avec lesquelles les utilisateurs ont été confrontés. Avec cela, nous
auront les éléments pour mieux comprendre le troisième chapitre de ce
mémoire, pour voir comme cette nouvelle disposition de l'information change les
habitudes de la consommation et de la façon dont les interactions se font avec
tout ce type de masses de données extraordinaires, en ce temps d’hyper
abondance d'information et de la puissance des outils numériques.
Pour analyser le site web du WARLOGS, il faut prendre en compte plusieurs aspects
qui seront englobés dans la forme et fond. Il est fondamental de séparer les deux
aspects afin de différencier les détails de chacun, on verra dans les deux groupes les
éléments les plus importants.
Dans ce sens, le but de cette partie est d’avoir un état des lieux du site web et de
voir comme l'ensemble des documents de la guerre ont été mis en ligne dans le
site. On a appliqué une grille d'analyse au site logiciel/web Warlogs de la forme
et du fond, chacun avec ses propres points particuliers afin de mieux regarder les
aspects de navigation, d'ergonomie, de design et de vitesse dans le cas de la
forme. On pourra aussi pour les aspects de fond voir les détails de qui est
derrière le développement du site, quels sont les buts, les informations données,
26
le public visé et d’autres points. On verra aussi l'arborescence du site nous ferons
la description des liens internes et externes qu'il y a dans le site.
Pour comprendre mieux certains aspects de la description et l'analyse de cette
partie, nous pourrons nous référer aux notes en bas de pages.
2.2.1.1 Aspect de la forme Nous avons appliqué une grille d'analyse de la forme de façon générale sur
plusieurs aspects, mais dans la description, nous nous concentrons à mettre
l’accent sur les aspects ponctuels de la forme par rapport aux éléments
spécifiques de ce site web.
Grille d'analyse de la forme du site logiciel/web
http://app.owni.fr/warlogs
AUTEUR Oui Non Moyen Ne sais pas
L’auteur ou le responsable du site est identifié X
L’auteur appartient à un organisme officiel X
La date de mise à jour est récente X
L’adresse de courrier électronique de l’auteur est disponible
X
STRUCTURE et NAVIGATION Oui Non Moyen Ne sais pas
L’adresse du site est parlante et courte X
Le site et les pages sont chargés rapidement X
On voit tout de suite l’architecture du site X
La navigation est facile à comprendre X
27
La site est profond (il y a beaucoup de liens ouvrant dans des pages)
X
On est à l’aise pour naviguer (on trouve facilement ce qu’on cherche, on revient facilement à la page d’accueil)
X
CONTENU Oui Non moyen Ne sais pas
L’information est rédigée et résumée clairement X
Les textes sont faciles à comprendre X
La mise en page du texte facilite la navigation X
La publicité nuit à la compréhension X
On trouve rapidement ce que l’on cherche X
Les informations ne s’adressent qu’à des adultes X
Les informations s’adressent à tous X
DESIGN / IMAGES Oui Non moyen Ne sais pas
DESIGN
La conception du site est attrayante (organisation et couleurs utilisées)
X
Le texte est facilement lisible (police, taille, couleur des caractères)
X
La mise en page du texte et des images facilite la navigation
X
IMAGES
Les images ajoutent de la valeur au contenu X
28
Les images sont chargées rapidement X
DROIT D’AUTEURS ET SOURCE Oui Non Moyen Ne sais pas
Les sources des images sont indiquées (auteur, année, édition)
X
Un commentaire accompagne les images ou les photos
X
S’il y a des citations, l’auteur est clairement identifié
X
-‐ Le travail du design et de l'ergonomie :
Un seul coup d'œil nous permet de voir que le site web présente un cadre très
sérieux, la couleur prédominante est le noir ce qui nous donne une sensation de
repos visuelle pour la navigation. Il y a aussi du rouge et du blanc dans une
composition soignée pour signaler de quel site web il s’agit. La taille du cadre
dans laquelle nous allons surfer est parfaite aussi pour parcourir le site sur un
ordinateur portable.
Le cadre est divisé en quatre colonnes avec une petite bande au-‐dessus pour les
logos des organismes qui ont développé le projet, une touche permet de changer
la version de langue de navigation et des icones rendent possible le partage de
l'application dans les réseaux sociaux Twitter et Facebook, deux autres touches
permettent aussi de le faire via courriel électronique et de l'intégrer dans un blog
de propriété des utilisateurs.
La première colonne de gauche est réservée au nom du projet et à l'information
de base. Une grande touche rouge aux lettres blanches invite l’utilisateur à
participer à la consultation des documents d'une façon plus aléatoire en bas des
options permettant de trier la recherche des documents : la première au travers
d’un mot clé, la deuxième permet de sélectionner un pays, pour arriver
29
finalement à choisir les documents pour les impliquées dans la l'action : qu'il
s'agisse des « civils », des « alliés » ou des «ennemis » et s'ils ont été "blessés" ou
"tués".
Les trois colonnes suivantes sont réservées à la consultation des documents « les
plus intéressants », « les plus commentés » et « tous ». Il est aussi possible de
sélectionner uniquement les onglets de chacun, puis de rajouter n'importe quel
onglet dans l'espace qui se situe en bas et d’afficher l'information de l'onglet
appelé, on voit que l'option préétablie est l'onglet « les plus intéressants ». En bas
de ces trois onglets, qui sont démarqués par des colonnes, l'espace va être
partagé par rapport l'onglet ajouté. La façon dans laquelle l'information est
disposée est similaire dans les trois colonnes, une liste avec les noms des
documents fournis et un petit chiffre si le document a été marqué pour les
utilisateurs/internautes.
Si on ajoute un élément sur n'importe lequel des documents des trois onglets,
l'espace des trois colonnes se modifiera pour une seule qui va prendre les 63% et
partager l'écran avec la première colonne mentionnée. Sur cet espace, on peut à
présent voir le titre du document et cinq onglets au-‐dessus pour réaliser la
consultation, ils sont nommée de cette façon : « RÉSUMÉ », « CARTE », « DÉTAILS
», « DISCUSSION » et « CONTEXTE ». En bas de ce cadre, deux boutons rouges
permettent de signaler le document comme « INTÉRESSANT » ou « PAS
INTÉRESSANT ».
On peut ensuite remarquer que seule la première colonne garde alors le nom de
l'application, que le bouton rouge aux lettres blanche « JE PARTICIPE » se
modifie en « JE CONTRIBUE », avec les mêmes caractéristiques graphiques et
avec un petit appel aux utilisateurs « Aidez-‐nous à enrichir les données ».
Le design jusqu'à maintenant est simple, claire et propre. L'utilisation des
couleurs nommées nous permet d'être à l'aise pour rester plus de temps sans
être dérangé par la lumière de l'ordinateur. Les polices utilisées : Arial et
Verdana, sont adaptées à une lecture fluide et confortable des documents, ce sont
30
des polices standards capables d’être reconnu sur tous les ordinateurs, quel que
soit le système d'exploitation ou le navigateur web utilisé.
-‐ L'interactivité et navigation qui permettent le site web et son application
Il y a deux aspects qu'il faut considérer pour l'analyse de l'ergonomie de la
navigation d'un site web. Tout d'abord, l'ergonomie par rapport au design et à la
façon dans laquelle l’utilisateur se promènera, la facilité de parcourir les
différentes options proposées et la façon d'aller et venir dans les différentes
pages du site. Puis l'ergonomie par rapport au contenu, nous étudierons ce point
dans les aspects de fond du site web.
Le site web et son application sont développés dans le langage Java et sa libraire
jQuery, ce qui permet une interaction permanente face aux diverses demandes
des utilisateurs. Il faudra seulement faire un clic dans les options désirées et
choisir les options complémentaires pour affiner sa recherche et nous aurons
immédiatement les résultats.
En ce sens, dans le site logiciel/web « Warlogs », la navigation est très simple.
Pour visualiser les documents, nous disposons des options décrites plus haut
«les plus intéressants», «les plus commentés» et «tous». Pour faire un tri plus
sélectif, il y a une recherche par "mots clés", pour "pays" et pour "civils", "alliés"
et "ennemis", s'il s'agissent des "blessés" ou "tués". Avec un chiffre limité
d’options, la compréhension du fonctionnement du système ne pose aucune
difficulté.
Lorsqu’on veut sélectionner un document précis dans le cadre de chaque option
principale, il suffit de se rendre au cadre principal de l’affaire qui nous intéresse,
là nous disposons de cinq options nous permettant de lire le document, de
visualiser le lieu précis dans lequel l'action s'est déroulée, les détails du
document, une autre option permet de participer à la discussion de l'affaire et un
autre onglet de liens permet de contextualiser l'affaire, dans laquelle tous sont
31
des billets ou nouvelles extraites du " Monde Diplomatique". À côté du nom du
document que l’on est en train de voir, une flêche nous permet de nous rendre
au document suivant.
Comme on peut le voir jusqu'à maintenant, il s'agit d'un site web dans lequel
toutes les options sont établies de façon intuitive par rapport aux options
d'interactivité et de navigation.
2.2.1.2 Aspect du fond :
On a appliqué pour cette partie une grille d'analyse de fond de façon plus
ponctuelle, pour nous demander qui était derrière du développement du site, ses
compétences, les buts désirés, le public visé et d’autres points aussi importants.
Dans la description nous avons ciblé surtout l'intérêt sur la masse de donnés
fournie et la liaison de contenus entre eux, pour mettre le point sur l'aspect le
plus important des matériaux disposés dans le site.
Grille d'analyse du fond du site logiciel/web
http://app.owni.fr/warlogs
Questionnement
Éléments de réponse
Qui est l’auteur du site ?
-‐ OWNI, spécialistes du datajournalism. -‐ OWNI est édité par 22mars SAS, entreprise des médias sociaux.
-‐ Quels sont les buts du site ? -‐ Sont-‐ils clairement donnés ?
-‐ Donner accès à 6 ans de guerre résumés dans 75 000 documents. -‐ Les buts sont d'informer sur la guerre d'Afghanistan et donner une nouvelle perspective au pratique
32
journalistique. -‐ Ils sont clairement donnés
Quelles sont les compétences de l’auteur (ou des auteurs) sur le sujet ?
Sont-‐elles clairement données ?
-‐ La production du datajournalism. -‐ OWNI expérimente le Digital Journalism et cherche à comprendre le monde de l'information avec un regard critique, constructif et technophile.
Sont-‐elles reconnues ? OWNI a été honoré du "Prix d'Excellence Générale" en journalisme online par l'Online News Association (ONA, Washington, octobre 2010).
Quel est le public visé ?
-‐ Public intéressé aux affaires de la politique internationale. -‐ Public d'initiés sur les nouveaux médias et les possibilités de la technologie d'aujourd'hui appliqué au monde de l'information et la communication.
Quelles informations sont données ?
-‐ Il y a les documents de la guerre d'Afghanistan lancées pour Wikileaks et d'informations complémentaires comme : une carte pour voir le lieu de l'événement, détails du document et un fenêtre de divers liens aux billets de “Le Monde Diplomatique” pour contextualiser les documents.
Le sujet traité est-‐il clairement annoncé dans la page d’accueil ?
-‐ OUI
33
Les informations données nécessitent-‐ elles une actualisation ?
-‐ NON
L’auteur donne-‐t-‐il ses propres sources d’informations?
-‐ OUI, la source est clairement citée.
L’auteur renvoie-‐t-‐il à d’autres sources d’informations ?
-‐ OUI, à plusieurs articles de "Le Monde Diplomatique"
Peut-‐on joindre l’auteur pour compléments d’informations?
-‐ OUI, il y a la possibilité aussi de partager le site web sur réseaux sociaux comme Twitter et Facebook, aussi d'intégrer le site web dans n'importe quelle autre.
Quel est le public visé ?
La page d’accueil est-‐elle bien renseignée ?
-‐ Le site web est claire du
La navigation dans le site ou la page est-‐elle bien conçue ?
-‐ OUI, il y a tous les liens nécessaires pour surfer sur l'ensemble des documents, aussi comme un moteur de recherche pour classifier les documents par rapport à divers intérêts ponctuels. de la page
L’apport informatif des illustrations est-‐il pertinent ?
-‐ OUI, dans ces cas la carte aide à voir où se trouve le lieu de l'action militaire décrit dans les documents.
Le traitement documentaire du site ou de la page est-‐il fait ?
-‐ OUI, complètement. Il y a une grande base de données très bien organisée.
*-‐ La masse de données fournies
La masse des documents fournis comprend 75000 documents, c'est une masse
colossale dans laquelle se perdre est complètement normal.
34
Bien que les sections « les plus intéressants » et « les plus commentés » peuvent
nous aider à nous rendre vers les documents principaux de cette masse, on doit
se poser les questions suivantes :
Par rapport à quel sujet ces deux sections sont-‐elles classifiées ?
Un coup d'œil nous dit que c’est parce qu'elles ont été choisies par les
utilisateurs :
Est-‐ce à dire alors qu’il suffit des réactions positives pour amener les documents
à la tête de la liste ?
Il semble que oui.
C'est deux questions sont importantes car par rapport à cela nous allons tomber
tout de suite dans ce groupe des documents sélectionnées, à partir duquel on va
prendre une image de l'intégralité de tous les documents fournis.
Or dans cet exercice de crowdsourcing nous n'avons malheureusement pas
d’indications ni de suggestions des administrateurs pour nous aider. Ce manque
nous précipite dans une balade aveugle, parce que il n'y a aucune indications
nous permettant de comprendre les divers acronymes desquels les documents
sont pleins36 et dont pourtant aucun lieu ou lien nous aident à les trouver sur le
site web. C'est tout à fait important car si nous arrivons dans le site web sans
passer par le site principal d'OWNI, on rencontrera divers problèmes et nous
risquons de nous perdre encore plus dans l'ensemble des documents, et, en
définitive, se retrouver frustré et désorienté ce qui nous amènera à quitter le site
web.
36 Cette liste des acronymes et ses définitions ont été ajoutées dans un document "google doc", dans lequel on peut arriver grâce à un lien existant dans l'article de Owni pour présenter l'application, mais il n'est pas évident de tomber sur cette liste. Voici le lien : https://spreadsheets.google.com/pub?key=0Aj910EQuus3bdGFuQzdmTVVSWVp3am5nVURwcVoxc1E&hl=en&output=html Page consultée le 16/07/2011.
35
-‐ La liaison de contenu entre eux et les liens externes
La liaison des documents dans le site logiciel/web « Warlogs » n'est pas
complètement développée. Il y a seulement la possibilité de croiser les options
de blessés ou tués s'il s'agit des civils, alliés ou ennemis. Au-‐delà de ça il n'existe
aucune option.
Les diverses cartes auxquelles on a accès pour chaque document sont des
informations qui ne seront utiles seulement que pour les documents sollicités et
pas pour d’autres incidents à côté, il y a des diverses points ajoutées en plus s'il y
a eu une autre action militaire proche, mais pas pour les autres plus éloignées.
C'est pour cette raison qu’il est dommage qu'il n'y ait pas de carte générale
permettant de visualiser les zones des conflits les plus actives dans tout le
territoire Afghan, on doit donc se contenter d’un regard limité et ponctuel pour
chaque rapport/document.
L'onglet « DÉTAILS » du cadre des documents procure toute une information sur
le document sollicité, mais ce sont toujours des informations codées et de
contexte opérationnel, pas véritablement compréhensible pour les utilisateurs et
sans aucun lien susceptible de nous faire comprendre les acronymes existants.
En revanche, l'onglet « CONTEXT » du cadre des documents offre huit liens pour
chaque document. Il s'agit de liens externes qui vont nous amener à diverses
notes et articles du site web de Le Monde Diplomatique, pour nous donner un
contexte informationnel éclairant ce que si c’est passé au moment de l'action
militaire, même s'il s'agit d'un article par rapport à un événement politique, une
note d'opinion de politique internationale ou d'un événement culturel comme la
sortie d'un documentaire, d’un roman ou d’un film. Les liens ne sont pas exclusifs
pour chaque document, plusieurs liens vont se répéter d’un document à l’autre.
Avec une masse de 75000 documents c'est tout à fait compréhensible.
36
3 L'expérience des utilisateurs dans les Warlogs
« La révolution informatique [...] n'est pas la seule innovation
technique de ces dernières années, mais elle constitue le facteur
commun qui permet et accélère toutes les autres. Surtout dans la
mesure où elle bouleverse le traitement et la conservation de
l'information, elle va modifier le système nerveux des
organisations et de la société toute entière37. »
Simon Nora -‐ Alain Minc
Cette partie est dédiée à l'analyse de l'utilisation de site logiciel/web Warlogs,
comme le peuvent faire les utilisateurs ordinaires et elle est établie en deux sous-‐
chapitres.
Mais, avant d'entrer dans l'analyse, il faut donner un petit cadre sur la sociologie
des usages, qui peut nous permettre de comprendre mieux les niveaux
d'insertion de la technologie dans le monde contemporain avec des usages
sociaux des technologies numériques d'information et de communication (TNIC).
Pour Fabien Granjon et Julie Denouël les TNIC « traversent aujourd'hui le corps
social de part en part. Quelle que soit la sphère sociale considérée [...], force est de
constater que les usages des dispositifs numériques sont devenus des activités
parmi les plus ordinaires [...] et se présentent parfois même comme des impératifs
pratiques38 », circonstance pour laquelle « la médiation des TNIC favorise ainsi
l'émergence de nouveaux modèles de références, de valeurs, d'actions et de
relations sociales qui transforment notre rapport à soi et au collectif et participent
à part entière à la production des sociétés contemporaines39 ».
37 L'informatisation de la société, NORA Simon et MINC Allain, 1978, Paris. 38 Communiquer à l'ère numérique -‐ Regards croisés sur la sociologie des usages, DENOUËL Julie et GRANJON Fabien, Presses des Mines, Paris, 2011. 39 Ibid.
37
C'est vrai que dans le champ de l'information, la radio et la télévision ont eu un
impact similaire à son debout, mais l'ampleur du phénomène des TNIC est à ce
jour tout à fait gigantesque, telle que la même technique qui a été pris pour les
utilisateurs c'est un phénomène global, pour lequel Patrice Flichy dit qu« 'il
convient de se demander quelles sont les justifications de l'engagement des acteurs
sociaux dans Internet, quel est le cadre de représentation de la nouvelle technique
qui permet aux concepteurs et aux usagers de coordonner leur actions40 », pour se
dire après que « celui-‐ci correspond à un technique dite générique, c'est-‐à-‐dire
ayant vocation à être utilisée dans tous les domaines de l'activité économique [...]
mais également -‐ et c'est cela qui est profondément neuf -‐ dans la sphère privée et
notamment dans les dispositifs de loisirs et de communication interpersonnelle41. »
Par rapport à diverses recherches dans la sociologie des usages, on peut
constater que derrière toutes ces pratiques des TNIC, il y a le sens dans les
communautés des utilisateurs de participer à une vraie démocratisation, qui eux
permet de faire partie d'une révolution dans laquelle sa voix compte et que
peuvent faire partie aussi de cette révolution de façon active, d'après la solitude
de son outil de connexion aux réseaux sociaux de n'importe quel lieu physique.
Dans le cas précis du WARLOGS on fera l'analyse d'utilisation du site et aussi
l'analyse de quel est l'avis d'un groupe des utilisateurs qui ont collaborée avec
cette enquête.
D'abord, l'hypothèse que j'ai pris avant de commencer ce travail a été de voir
comment les nouvelles façons de s'informer, par rapport à l'utilisation des outils
numériques et les nouvelles pratiques de communication, ont changé notre façon
de "consommer" l'information. Pendant le XXème siècle, le citoyen moyen de
notre société occidentale, a été un consommateur passif des produits
médiatiques et ce, dans un seul sens : lequel va des médias aux
"consommateurs", un canal vertical dans lequel les contenus sont mis en place
par rapports aux intérêts économiques ou intérêts idéologiques de ces médias.
40 L'imaginaire d'internet, Patrice Flichy, Éditions La Découverte, Paris, 2001. 41 Ibid
38
La révolution communicative et les connections internet que l’on vient
d'expérimenter dans les dernières décennies jusqu'à maintenant, aussi comment
tous les outils/logiciels développés et les divers gadgets de connections à cette
monde d'hyper information, ont transformés le "consommateur" du XXème
siècle en "une machine de traitement d'information" dans le XXIème siècle. Ce
citoyen connecté utilise ces outils technologiques pour trier les sujets qui
l’intéresse et, dans cette pratique, il peut aussi s’exprimer pour aider d’autres
utilisateurs à être informés. Ce comportement "actif" par rapport à sa façon
d'interagir avec l'information lui a donné la possibilité d'établir plusieurs voies
pour s'informer et aussi de produire de l'information pour la communauté à
laquelle il appartient.
Dans le sujet de ce mémoire, l'utilisation d'un site web comment Warlogs, peut
nous permettre de voir comme le citoyen du XXIème siècle est capable de
s'informer et, en même temps, d'«aider» à s'informer les autres, pour
transformer cette activité vitale d'aujourd'hui, dans une pratique plus critique et
collaborative, qui n'est pas verticale comme celle du XXème siècle avec la
hiérarchie communicationnelle établie par les médias traditionnels.
3.1 Une expérience générale La première partie de ce chapitre est dédiée à l'expérimentation générale du site
que j'ai fait, comme à la navigation de toutes les options qu'on trouve. Il est vrai
que après avoir appliquée la grille d'analyse de forme et du fond, nous avons déjà
une perspective du site, cependant cela nous permettra de mieux analyser les
possibilités du site. Aussi, la méthode utilisée pour cette partie est la description
de l'expérience d'un utilisateur averti mais pas spécialement exceptionnel, c'est à
dire avec des compétences spéciales d'un webmaster.
Un fois que l’on arrive à la page d'accueil du site WARLOGS42, on tombe tout de
suite dans une liste, qui a comme en-‐tête « LES + INTÉRESSANTS ». Le logo du
site « WARLOGS » et un bouton rouge avec l'appel « JE PARTICIPE » en lettres
42 Annexe 01
39
blanches, sont aussi les éléments qui vont attirer le plus notre attention.
La liste « LES + INTÉRESSANTS » s'impose grâce au cadre blanc et la taille de la
police utilisée, dans un fond noir, la couleur dominante du site web, qui va le
rendre encore plus visible. Dans cette liste, on tombe sur des articles qui ont eu
la qualification la plus haute pour les utilisateurs. On verra par exemple que le
premier "article" à 255 "réactions positives" afin de devenir "le + intéressant". Le
nom de cette article c'est : « (ENEMY ACTION) ATTACK RPT ACF : 0 INJ/DAM »,
qui présente, au-‐delà des trois premiers mots ENEMY-‐ACTION-‐ATTACK, un
contenu bizarre pour un utilisateur courant d'internet, comme c'est mon cas43.
Une fois que l’on a cliqué sur le lien, nous arrivons dans le résumé de ce
document :
ON 11OCT09, NPCC REPORTED ACF HAD ENTERED THE SHOLGARA DISTRICT AND SAY ABB AREA. THE ACF WERE BLOCKING DISTRICT ROADWAYS AT NIGHT AND SEARCHING PASSING AC VEHICLES. WHEN THEY FOUND GOVERNMENT MATERIALS IN A VEHICLE, THE DRIVER WAS KILLED AND THE VEHICLE WAS BURNED.
LAST MONTH, U.S. CF PLANNED TO CONDUCT A SEARCH AND CLEAR OPERATION IN THE DISTRICT, BUT LOCAL AC RESIDENTS OF THE AREA DID NOT COOPERATE. ANA AND ANP THEN ENTERED THE AREA AND HARASSED AND BEAT SOME OF THE LOCAL AC RESIDENTS FOR NOT COOPERATING WITH CF. THE AC IN THE AREA HAVE A NEGATIVE OPINION OF THE ANP AND ANA. IN ADDITION, THE ANP DISTRICT COMMANDER OF THE AKH KOBARA DISTRICT IS REPORTED TO HAVE HAD FORCIBLE SEXUAL CONTACT WITH A 16 YE OLD AC FEMALE. WHEN AC FROM THE AREA WENT TO COMPLAIN TO THE ANP DISTRICT COMMANDER ABOUT THE INCIDENT, THE DISTRICT COMMANDER ORDERED HIS BODY GUARD TO OPEN FIRE ON THE AC. THE BODY GUARD REFUSED AT WHICH TIME THE DISTRICT COMMANDER SHOT HIM IN FRONT OF THE AC. SOURCE: ISAF44.
Nous avons ici un rapport d'une activité militaire, dans lequel de façon générale
43 Annexe 04 44 http://app.owni.fr/warlogs/index.php?back&ecran=2&key=4D93132D-‐1517-‐911C-‐C57C4671E6221B02 Page consultée le 18/07/2011
40
on peut être averti de la dénonciation de l'activité d'un groupe d'afghans qui ont
nié collaborer avec l'armée des États Unies, mais les acronymes et le manque de
références ne nous permette pas de comprendre tout le déroulement de ce
document. On a les onglets de la "carte", du "détails", de la "discussion" et
finalement du "context" pour réussir avec la compréhension de ce document, il
faut essayer toutes cette possibilités pour voir si toute cette information peut
nous aider à avoir une meilleure perspective et une vraie compréhension de ce
document.
Avec la carte45, nous avons une idée plus précise du lieu dans lequel cette activité
s’est déroulée : au nord-‐ouest de Kabul, la capitale afghane. On peut voir aussi,
grâce à l’option "satellite" de google maps, le relief de ce territoire afghan et ce
qu'il y a autour de cet endroit. Dans ce cas on voit que cette action s’est déroulée
à proximité d’un val appelé Baugarai et qu'il y a aussi autres trois actions
signalées dans la carte, qui peuvent nous amener aux autres documents
respectifs. La perspective de l'information dans ce cas nous permet de
contextualiser le lieu, de transformer certaines coordonnées numériques dans le
document de l'armée des États Unies en un point dans le monde.
Avec les boutons « + « et « -‐ » de google maps, on s'approche du lieu ou l’on
s'éloigne. On peut par exemple s'éloigner suffisamment pour voir non seulement
où se trouve le lieu de cette action militaire et ce qu'il y a autour, sinon on
s'éloigne pour voir où se trouve Kabul et quelle est la place de l'Afghanistan dans
le Moyen-‐Orient. On peut s'éloigner plus et découvrir la proximité du Chine, la
relative distance d'Europe dans la carte et, surtout, le véritable éloignement des
États Unies de cette région du monde, presque aux antipodes. Toutes ces
informations ne sont pas données forcement donné dans les médias
traditionnels, alors que l’on peut le voir en faisant un simple clic dans la carte de
google maps.
45 Annexe 03. Une fenêtre insérée de google maps laquelle a une API spécial développé pour OWNI qui permettre de signaler le point exacte de cette intervention.
41
Dans l'onglet "DÉTAILS46" nous trouvons des divers détails du document, comme
le titre, le numéro de suivi, la date de l'action, le chiffre des alliés, des afghans,
des ennemis et des civils tués ou blessés. Mais aussi la catégorie, la cible de
l'attaque, l'unité au rapport, le nom de l'unité et le type de l'unité entre autres.
Donc des informations plus concrètes, mais pour lesquelles il faut de certaines
références pour réussir à bien les comprendre bien.
Dans l'onglet "DISCUSSION47" nous avons une invitation pour commenter
l'article. Il faut ajouter notre nom et l'adresse mail de façon obligatoire, même si
OWNI dit que ces données ne seront pas diffusées48, il est vraiment très
dommageable de constater qu'il n'a pas une option « anonyme » pour laisser
quelques informations supplémentaires. Si on ajoute toutes ces coordonnées,
nous pouvons après choisir l'option pour être alerté des informations majeures
relatives à cette enquête.
Ensuite, dans l'onglet "CONTEXT49" nous trouvons des liens pour divers articles
du « Monde Diplomatique », qui nous permettront d'avoir une idée plus précise
de l’état des choses au moment de l'action. Le document est ainsi présenté :
• Le bling-‐bling humanitaire frappe (aussi) la Birmanie • L'Asie ne cède pas à l'Obamania • Du Golfe à la Chine, des conflits à haut risque • L'empire contre l'Irak • Reza. Entre guerres et paix • Japon-‐USA : la base de trop • Géographie de l'enfance • Là-‐bas si j’y suis : décembre 2009
Nous pouvons parcourir des liens d'articles qui ne sont pas à la date même de
l'évènement décrit et qui d'ailleurs peuvent même être très éloignés de la
publication du rapport de guerre. Il y a aussi des liens qui vont nous amener à un
billet de blog et d’autres sur un article du magazine très connu. Le bilan de ces
46 Annexe 04. 47 Annexe 05. 48 Annexe 06. 49 Annexe 07.
42
onglets est qu’ils peuvent nous donner des références intéressantes pour
réfléchir sur la politique mondiale, la situation ponctuelle de divers pays du
Moyen-‐Orient et d’autres choses intéressantes, mais nous ne savons pas qu’elle a
été le critère éditorial et de sélection de ces liens. Ce qu'un utilisateur va tout de
suite remarquer si, en plus, il n'a pas l'option d'ajouter d’autres liens qui peuvent
enrichir la perspective de ce rapport.
Après d'avoir fini la visite des onglets de ce document, je n'ai malheureusement
pas enrichi ce document avec plus d'information ou de donnée. Cependant il y a
une option qui peut placer un document dans un lieu remarquable pour les
autres utilisateurs, pour cette option il faut répondre à la question :
Comment qualifieriez-‐vous ce document ?
INTÉRESSANT PAS INTÉRESSANT
En choisissant l'option "INTÉRESSANT" le document va être plus remarquable.
Avec l'autre option nous ne savons pas qu'est-‐ce que arrive au dit document et le
rechercher après dans un ensemble de 75000 documents n'est pas forcement
très facile.
Voici une vue d'ensemble du site logiciel/web WARLOGS.
On bas du cadre de consultation, il y a un bande avec les logos d'Owni et ses
associées, comme les options de partage du site sur les réseaux sociaux Twitter
ou Facebook, qui peuvent amener d’autres potentiels utilisateurs à la page
d'accueil du site, mais malheureusement ce n'est pas à un document ponctuel.
Action qui est un peu limitée pour attirer l'attention sur un document
intéressant.
L’option la plus intéressante pour partager le site est d’intégrer tout le
logiciel/web dans un blog ou un autre site web, en prenant le code source
proposé pour OWNI à côté droit sur la bande on bas.
43
3.2 L'expérience des plusieurs utilisateurs
Cette deuxième partie est dédiée à l'analyse d'un questionnaire de huit
utilisateurs du site. Tous avec un point de vue diffèrent par rapport aux activités
de chacun, mais tous utilisateurs habitués d'Internet et des divers gadgets pour
se connecter aux réseaux sociaux, intéressées par les nouveaux médias et le
monde de l'information et des affaires technologies d'aujourd'hui. J'ai demandé à
ces utilisateurs/collaborateurs de répondre à un questionnaire basé sur
éléments principaux par rapport à l'utilisation et consultation du site
logiciel/web de notre étude. Pour voir bien sur quelle sont les remarques qu'ils
peuvent faire et nous aider à signaler des aspects que nous nous ne pouvons pas
avertir, aussi pour enrichir notres divers remarques dans cette étude.
Au vu de la complexité et de la richesse du sujet, nous avons décidé de nous
limiter à huit questions, dans lesquelles quatre questions sont fermées avec des
réponses préétabli, les quatre autres sont ouverts pour permettre aux
collaborateurs de s'exprimer plus largement en fonction de leur avis après de
l'utilisation du site WARLOGS.
Ce questionnaire a été aussi complété avec une conversation informelle par
rapports aux impressions des collaborateurs, dans lequel j'ai parlé avec eux de
façon plus libre.
3.2.1 Les questions Les quatre premières questions sont fermées et les quatre suivantes ouvertes.
1. Que pensez-‐vous de l'interface et la présentation du site WARLOGS ?
Pour cette première question nous avons présenté aux collaborateurs quatre
options :
44
• Il est très bien développé
• Il est assez bien
• Il n’est pas bien développé
• Il est insuffisant pour consulter l'information présentée
Nous avons eu cinq réponses pour la deuxième option, qui ont trouvé le site
"assez bien" développé. Deux pour la première réponse et un pour la troisième
réponse. Un bilan pour lequel on peut dire que le site à plût aux utilisateurs dans
le cadre général de son développement à la première impression.
2. Trouvez- vous facile la façon de surfer sur le site web WARLOGS ?
Pour cette question, sept des utilisateurs ont trouvé facile de surfer sur le site, ils
ont choisi OUI, lesquelles n'ont pas eu de souci pour naviguer sur les options
présentées dans le site.
Seul un d'entre eux a dit NON et a trouvé le site avec des options limitées : «
"facile" pour surfer, mais pas pour établir des options plus avancées » telle fût sa
réponse. À ma demande de s'exprimer plus à ce sujet, sa réponse à été la
suivante : « Un disposition trop simple, laisserait de côté des détails
intéressants, qui vont intéresser les personnes qui cherche des détails plus
pointus, comme, par exemple, les documents originaux qui sont arrivées chez
Wikileaks ».
3. Arrivez-‐ vous à comprendre l'information qui est présenté sur le site web ?
Pour cette troisième question, les utilisateurs ont trouvé pas mal de
complications pour réussir à comprendre les informations. Sept ont choisi
l'option NON et seulement un seul a dit OUI.
Les commentaires pour les NON ont été les suivants : « Ce sont des documents
pour lesquelles il faut avoir des références militaires », « Je peux lire les documents,
45
mais pas les comprendre », « on a besoin d'un atelier de cryptologie chez Wikileaks
», « les militaires sont de gens qui ne souhaitent pas être compréhensibles », «
comprendre ça, c'est plus difficile qu’une ordonnance de médecins », etc.
Au-‐delà des commentaires rigolos, se trouver la première fois avec ce type de
documents, il est vrai qu’il n’est pas évident de réussir à les comprendre tout de
suite. Il faut un travail de plusieurs heures, jours et semaines, pour comprendre
bien ce qu'il y a dans chaque document qui sont les points spécifiques au sujet
desquelles il faut suivre l'information.
4. Est-‐ce que pour vous l'information est claire, par exemple arrivez-‐vous à
comprendre tous les acronymes dans les documents ?
Pour cette question, lié à la précèdent, la difficulté pour lire les documents a été
la plus compliqué. Tous les huit ont choisi le NON et le commentaire le plus
ponctuel a été : « Le jargon utilisé n'est clair pour personne ».
En fait, le manque d'une liste d'acronymes dans le site pour comprendre mieux
les documents est une erreur de conception du site, on ne trouve à aucun endroit
des informations liées à cela. C'est quelque chose que l’on remarque tout de suite
quand on fait l'analyse du site.
Il y a seulement trois personnes qui ont fait l’effort de chercher les références
des acronymes sur Internet. Avec les mots clés Warlogs, Acronyme, Owni, ils ont
pû réussir à trouver le document google doc sur le site principal de Owni.fr et
l'article qu'il y a dans ce site pour présenter le logiciel/web WARLOGS. Ainsi par
volonté de ne pas être frustré par le manque d’informations, ces trois utilisateurs
ont réussit à comprendre mieux les documents de l'armée des États Unies.
46
5. En tant qu’utilisateur que croyez-‐vous qu'il faut pour mieux comprendre les
documents présentés ?
Le commentaire le plus pertinent pour analyser cette question a été : « Une
explication des documents est tout à fait indispensable car cela ressemble à un site
web pour un groupe du travail spécialisé ».
Bien-‐sur les documents sont tout à fait à gérer à l'intérieur d'un groupe de travail
spécialisé : dans ce cas précis les soldats de l'armé des États Unies. Mais en tant
qu’utilisateur ordinaire, se retrouver avec un ensemble des documents de cette
nature, va comporter plusieurs efforts de compréhension de la part des
intéressés. Une explication pour montrer comme lire un document militaire,
pourrait aider à une meilleure lecture et compréhension.
6. Que pensez-‐vous des commentaires sur les documents qui ont été laissés par les
utilisateurs du site ?
Cette question a été posée par rapport à l'onglet "LES + COMMENTÉS". Les
réponses le plus courantes ont été : « Ils sont sans aucun intérêt », « il n'a pas
grand chose à dire », « ça n'aide en rien » et « il y en a ? où ça ? ».
En fait, dans cette partie du site "LES + COMMENTÉS", les documents n'ont pas
eu un grand succès. Il y a six documents à la tête avec deux commentaires
chacun, le reste vient après avec un seul commentaire, dans un ensemble de 75
000 documents ce chiffre est donc inexistant.
Plusieurs explications pour cette partie. D'abord la demande d'ajouter le nom et
l'adresse e-‐mail pour pouvoir ajouter un commentaire a pu décourager les
utilisateurs à participer. Il y a aussi le problème d'avoir assez d'informations
pertinentes à ajouter, la plupart des utilisateurs ne sont certainement pas de
gens avec une connaissance suffisant de la guerre et des territoires afghans pour
enrichir cette information. L’autre chose est que, les gens qui auraient pu ajouter
quelque chose d'important dans cette partie sont des afghans ou témoins
47
oculaires sans connaissance de l'anglais ou du français et surtout sans connexion
internet à leur disposition.
7. Est-‐ce que vous avez collaboré pour apporter quelque chose aux documents ou
vous avez qualifiée un ou plusieurs rapports ? Qu'il a été sa motivation pour le faire
?
Pour cette question sont six les utilisateurs/collaborateurs qui ont signale qu'ils
n'ont pas fait rien dans le site WARLOGS, au-‐delà de voir et se promener sur les
documents.
Seulement deux d'entre eux a qualifié quelques articles, dans tous les deux cas,
pour savoir comme est-‐ce que ça marche et pas forcement pour aucune chose
remarquable dans le document.
8. Que pensez-‐vous sur des articles de Le Monde Diplomatique liées aux documents
de guerre ?
Pour cette dernière question, les huit utilisateurs consultés ont trouvé les liens
intéressants, mais avec des remarques variées : « Ils sont bien pour avoir la vision
du Monde Diplomatique à cette période, mais pas complètement pour les activités
que montrent les documents », « c'est bien pensé car ils permettent une vision plus
globale des documents », « c'est intéressant d’avoir des références qui ne sont pas
seulement par rapport à la politique globale », sont les commentaires les plus
intéressants.
On a remarqué que c'est dommage de ne pas avoir la possibilité d'ajouter de
liens dans cette partie, mais ce petit développement peut être amené avec le
besoin de faire un travail d'édition constante, pour trier toutes ces apports mais
ce n'est pas forcement le but et la possibilité d'Owni. Ce sont aussi les
commentaires en dehors du questionnaire que les collaborateurs on fait.
48
* * *
Dans un bilan complet de l'expérience d'utilisation du site logiciel/web
WARLOGS, j'ai eu un avis très favorable des utilisateurs qui ont collaboré à cette
étude. Ils ont trouvé le site de manière générale très bien développé et facile à
parcourir, mais avec des problèmes pour comprendre tous les documents, en
remarquant que s'il y a quelqu'un de réellement intéressé, pour eux c’était tout
de même un défi dans la première partie d'approche des documents, mais que
passé ce cap c'est beaucoup plus abordable.
Ils ont signalé aussi que le temps d'étude pour comprendre les documents est
long et que se dédier à la compréhension des documents demande beaucoup
trop d’efforts aux utilisateurs courants.
Ils signalent aussi que les concepts de crowdsourcing, data journalism et link
journalism, sont des concepts qu'ils ont entendu dans leurs promenades et
recherches sur internet et qu’ils aiment y avoir recours lorsqu’ils éprouvent le
besoin de se renseigner sur les divers sujets qui les intéressent.
Conclusions
-‐ Les pratiques et logiques de crowdsourcing, data journalism et link journalism
sont déjà établies dans les habitudes de consommation des utilisateurs
d'internet.
-‐ Ces pratiques ont fait des utilisateurs un consommateur d'information plus
exigeant et plus critique que les consommateurs de médias traditionnels, pour le
développement d'un travail de Data Journalism, Link Journalism et
Crowdsourcing, il faut observer plusieurs aspects pour bien soigner sa mise en
ligne.
-‐ Un travail d'édition journalistique et scientifique est toujours tout à fait
indispensable pour bien comprendre une telle masse de documents spécialisés
d’une affaire ou d’un champ d'activité particulier.
-‐ Un point apprécié par les utilisateurs des sites web avec un appel à
collaboration crowdsourcing ou pour enrichir une basse de données est de
toujours avoir la possibilité de plateformes ouvertes pour se déplacer sur les
données.
-‐ Un autre point important et appréciable est la possibilité de l'anonymat pour
certaines collaborations.
Annexes Annexe 01
Annexe 02
Annexe 03
Annexe 04
Annexe 05
Annexe 06
Annexe 07
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