Visquesnel, Voyage Dans La Turquie d'Europe I
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Voyage dans la Turquie d'Europe : description physique et géologique de la Thrace. T1 / par A. Viquesnel... Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
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physique et géologique de la Thrace. T1 / par A.
Viquesnel...
Viquesnel, Auguste (1803-1867). Voyage dans la Turquie d'Europe : description physique et géologique de la Thrace. T1 / par A. Viquesnel.... 1868.
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|^ '^f ~l TOME PREMIER
DANS LA
VOYAGE DANS LA TURQUIE. ToiBE I. «
Par une décision du 18 mars dernier, la Société a prescrit que des notices
biographiques seraient écrites sur ceux de ses membres qui, décédés dans l'année, avaient rendu des services à la science elle consacrait ainsi un principe dont
l'application avait été jusque-là facultative. En décidant en outre que ces notices
seraient lues dans une réunion générale, elle a voulu donner plus de solennité à
l'expression de ses regrets par la présence d'un plus grand nombre de ses mem-
bres pour les partager. L'exécution de ces mesures, dictées par un sentiment si louable de justice et
d'affection, ne pouvait être inaugurée dans une circonstance plus propre à en
démontrer la parfaite convenance et l 'utilité. La Société m'ayant chargé de rem-
plir ce pieux devoir envers Auguste Viquesnel, je la remercie de m'avoir fourni
l'occasion d'être une seconde fois l'interprète de son estime pour celui qui, sur-
veillant toujours ses intérêts avec un zèle si éclairé, montra, pour la science comme
pour ses amis, un dévouement et une abnégation sans bornes.
Auguste Viquesnel naquit à Cii'es-lès-Mello (Oise), le 5 mars 1800. Son père
avait été appelé à l'Assemblée législative par le district de Senlis. Mis en prison
sous la Convention, il en sortit pour remplir dans son arrondissement des fonc-
tions administratives jusqu'à sa mort, arrivée en 1804. L'éducation du jeune
LA VIE ET LES TRAVAUX
D'AUGUSTE VIQUESNEL
Lue à la séatce générale annuelle de la Société géologique de France
NOTICE
NOTICE SUR I.Y VIE El tliS TRAVAUX
Viquesnel, dirigée par une mère a ttentive et d 'un esprit distingué, ne se res-
sentit pas de cette triste circonstance, et il termilla ses études au collége de
Sainte-Barbe, d'où il sortit en 1818.
Dès son entrée dans le monde, à un âge où l'on n'a pas d'ordinaire occasion de
prouver son désintéressement, il se s ignala par un procédé d'une délicatesse et
d'une générosité dont ses contemporains ont conservé le souvenir, quoi que fit sa
modestie pour qu'on l'oubliât*, à cet égard, la suite a tenu tout ce que promettait
cet heureux commencement. La première période de sa v ie fut consacrée aux
affaires qui lui réussirent, et l'union qu'il contracta dans le même temps semblait
devoir compléter une existence où l 'ambition n'avait aucune part.
Mais l'activité naturelle de son esprit et le besoin d'une occupation sérieuse et
continue poussèrent bientôt Viquesnel dans une autre voie. C'est celle où nous
allons le suivre et où se révéleront toutes ses aptitudes et toute son énergie au
travail.
Reçu membre de la Société, le 6 mai 1833, il accompagnait l 'été suivant ses
nouveaux confrères en Auvergne et recevait, au pied des volcalls anciens de
la France centrale, le baptême de la science entouré des géologues de cette
époque dont il se fit bientôt autant d 'amis. Il comprit alors que les nouvelles études
auxquelles il allait se livrer exigeaient quelques connaissances qui lui manquaient,
entre autres la chimie, à laquelle il s'adonna dans un laboratoire particulier, et
qu'il cultiva pendant plusieurs années avec cette ténacité que nous retrouverons
dans toute sa carrière scientifique.
Dans l'exposition des travaux de notre confrère, nous ne suivrons pas un ordre
absolument chronologique, les sujets qui l 'ont surtout occupé ayant été traités
par lui à diverses reprises. Nous grouperons ceux-ci d'après leur nature, de
manière à faire ressortir la valeur des résultats obtenus. Ainsi nous examinerons
successivement ceux de ses travaux qui ont trait à diverses parties de la France,
ceux qui se rapportent à l'administration de la Société, enfin ceux, de beaucoup
les plus importants, qui résultent de ses voyages en Turquie.
§ I. Travaux géologiques relatifs à la France.
L'étude des dépôts tertiaires du bassin de la Seine, sur leur limite orientale,
avait été fort négligée, lorsque Viquesnel donna en 1838 une note sur les envi-
D'AUGUSTE viquesnel.
remplis de moules et d'empreintes de coquilles marines qui pouvaient être alors
regardées comme tertiaires. En décrivant le plateau de la Madeleine, qui domine
le bourg de Vertus, il en compare la constitution avec celle du Mont-Aimé, établit
la relation de l'assise principale celle qu'on exploite sous le nom de pierre de
Faloise, et fait remarquer que le tout s'est déposé dans des dépressions préexis-
tantes de la craie, dont la surface était fort inégale. Il s'occupe ensuite des
dépôts lacustres situés entre ce point et Épernay, montre les calcaires et les
marnes recouvrant les lignites avec leurs sables et leurs argiles remplies de
coquilles les plus caractéristiques de cet étage. Parmi ces calcaires, celui de
Grauves, sorte de brèche exploitée comme marbre dans les carrières du moulin
Darcy, fixe particulièrement son attention.
Pendant les voyages qu'il fit de 1840 à 1845, Viquesnel observa, dans les Pyré-
nées, des veines saillantes de granite à formes prismatiques, dans le massif du
Cantal, la dépression des crêtes et la position particulière qu'y affectent les cal-
caires lacustres, aux environs de Clermont, les fi lons de basalte, injectés dans
les pépérinos du Puy de Montaudou. Dans le voisinage de Vichy, il a décrit les
roches de transition avec les produits ignés qui les ont traversées (fraidronite
pétrosilex, porphyre, basalte). Il s'est également occupé des couches tertiaires
avec poissons, Cypris et tubes de Phryganes de cette localité, au sud et au nord
de Cusset, au Vernet, le long du Sichon, ainsi que des travertins anciens exploités
àl'ouest de la sourcedes Célestins. Cesderniers renferment des coquilles lacustres,
des ossements de mammifères et des pisolithes recouvertes de dendrites, mais
que les sources actuelles ne produisent plus.
Le t ravail le plus complet que l'on doive à Viquesnel est celui qu'il donna
sur le terrain à combustible exploité à Mouzeil et il Montrelais (Loire-Inférieure),
à la suite d'études faites en commun avec MM. Audibert et Durocher, pendant
l'automne de 1842. Ce mémoire, intéressant à plus d'un titre, est peut-être celui
qui, dans un cadre restreint, représente le mieux les aptitudes particulières de
notre confrère, sa manière d'observer et de décrire les faits géologiques, enfin son
extrême sobriété de déduction à l'égard de toute hypothèse qui n'est pas suffi-
samment justifiée. « Si l'on parcourt » dit-il, (des collines qui dominent la rive gauche de la Loire,
» entre le Mesnil et Saint-Florent (Maine-et-Loire), on rencontre le gneiss et le
» micaschiste, dont les couches suivent généralement la direction N. 55° à
» 65" 0. magn. La grauwacke et les schistes argileux reposent sur ces roches en
» stratification concordante, et prennent à leur approche un aspect de plus en
» stratification semblent indiquer que ces couches, de nature différente, font
» partie d'une même formation et que les caractères minéralogiques des schistes
» cristallins doivent être le résultat du métamorphisme. » A partir du point où l'action modifiante a perdu toute influence, si l'on
» s'avance du S. vers le N., de manière à couper la direction des couches, on
» voit la grauwacke alterner avec des schistes argileux de diverses couleurs. On
» retrouve le même système sur la rive droite de la Loire, entre Varade et An-
» cenis. En continuant de marcher vers le N., on peut voir la zone à combustible,
» qui s'étend d'Ingrande à Mouzeil, se lier intimement à ce système et s'y intercaler
» de la manière la plus claire. L'alternance des couches à combustible avec celles
» de la grauwacke, le développement plus ou moins prononcé de leurs diffé-
» rentes parties, la constance de l a direction N. 55° à 65° 0. magn., celle du
a plongement au N. 55° à 65° E., nous engagent à considérer les couches à com-
» bustible de la basse Loire comme un accident du dépôt de la grauwacke dont
» la partie inférieure est passée à l'état de schiste cristallin. »
Cela posé, Viquesnel examine successivement l°ce qu'il nomme le système de
la grauwacke, inférieur aux couches à combustible 2° l 'intercalation de ces mêmes
couches à combustible dans ce système, démontrée par l'étude détaillée, minéra-
logique et stratigraphique, d'une suite de coupes tracées du S . au N., perpendi-
culairement à la direction; 3° les caractères propres et la disposition des couches
de charbon de Mouzeil et de Montrelais, où existent des accidents particuliers et
certains amas, entre autres celui désigné sous le nom de plateur, objet d'un second
travail publié en 1848.
Après avoir aussi traité des porphyres quartzifères qui ont pénétré à travers
les roches stratifiées, notre confrère conclut, de l 'ensemble de ses recherches, que
le grand système de la grauwacke des bords de la Loire passe vers le bas aux
schistes cristallins, qu'il renferme, comme couches subordonnées et affectant la
forme de lentilles, des quartzites, des calcaires et des roches accompagnées de
combustible, le tout l ié de manière à ne pouvoir constituer qu'une seule et même
formation.
De plus, les couches à combustible ont subi d'énergiques dislocations alors que la matière charbonneuse était encore assez molle pour être comme injectée par la
pression dans les fissures des roches encaissantes déjà solidifiées. Quant aux
caractères du charbon, ils constituent généralement une houille maigre, quel-
quefois seulement grasse et collante.
Il est peu probable, continue Viquesnel, que ces dépôts aient été redressés
en forme de bassin, et en effet les observations ultérieures ne sont point parve-
D'AUGUSTE VIQUESNEL.
Quoiqu'il soit probable, ajoute-t-il, que la grande zone à combustible se trouve
à la partie supérieure du système de la grauwacke, le fait n'est pas encore
démontré, et, aujourd'hui même, ces questions stratigraphiques et théoriques res-
tent à résoudre, quoique l 'âge des bancs calcaires ait pu être déterminé à l'aide
des fossiles qu'on y a rencontrés.
Enfin les roches porphyriqucs, enclavées dans ce même système, soit au nord,
soit au sud de la zone à combustible, sont sorties par des fentes sans redresser
les couches. Dans leur voisinage, celles-ci ont conservé leur inclinaison normale
et sont plus ou moins modifiées dans leurs caractères pétrographiques. Les roches
ignées ne paraissent pas d'ailleurs être toutes contemporaines.
Pendant son séjour à Bagnères-de-Bigorre, en 1850 et 1851, Viquesnel fit des
recherches intéressantes aux environs de cette ville. Des notes prises avec beau-
coup de soin, accompagnées de profils et d'une carte géologique coloriée, avaient été
rédigées, mais n'ont pas été publiées. Ce fut seulement par la communication
qu'il nous en fit que nous pûmes insérer leur principaux résultats dans le tome VI
de l' Histoire des progrès de la géologie (1). Ces études portaient principalement
sur les roches fossilifères avec Bélemnites et Pecten, de la période jurassique
qu'il avait suivies, depuis quelques lieues à l'ouest de Bagnères jusqu'à la vallée
d'Aure à l 'est et aux carrières de Sarrancolin.
§ II . – Travau x administratif s.
Si, quittant un instant le domaine de la science, nous pénétrons dans celui de
notre administration intérieure, nous rappellerons qu'en 1843 la Société choisit
Viquesnel pour gérer ses finances, et que l'aptitude singulière qu'i l montra dans
les fonctions de trésorier nous le fit connaître sous un nouveau jour et apprécier
encore davantage. Il ne se borna pas, en effet, à un sage emploi de nos res-
sources, à établir l'équilibre des recettes et des dépenses, à la tenue régulière
des registres, à accélérer les rentrées; mais, après un r elevé de tout ce que con-
tenaient les livres ouverts depuis quinze ans, il dressa la statistique complète
administrative de la Société, à partir de sa fondation. Lorsqu'on cherche à se
rendre compte des combinaisons de chiffres fournies par l'entrée et la sortie des
membres, par leur extinction, et des conséquences qui en résultent pour les
intérêts de la Société, puis par la comparaison des recettes et des dépenses des
budgets successifs et des éléments divers qui les composent, et lorsqu'enfin on
arrive aux conséquences que l'auteur en déduit pour l'avenir de notre Associa-
(1) P. 538-541, 1856.
KOTICB SUR LA VIE ET LES TRAVAUX
tion, on reste frappé de la quantité prodigieuse de calculs qu'il a fallu faire
pour construire ces tableaux qui constituent un ensemble de documents complets fort curieux, même indépendamment de toute application. Ce travail, qui forme
un manuscrit considérable, a été présenté à la Société le 6 mai 1844 et déposé dans ses archives. Un résumé assez étendu avec des tableaux généraux a été
publié dans le Bulletin, à la fin du XIVe volume, ou du dernier de la première
série, qu'il termine ainsi de la manière la plus heureuse. Un complément pré- senté le 15 décembre 1845, a été déposé également dans nos archives pour y être
consulté.
Par suite de cette connaissance profonde de nos intérêts et de la bonne direc-
tion qu'il avait imprimée à toutes les parties du service, Viquesnel dut être
fréquemment chargé par la commission des finances, dont il fit partie jusqu'en
1853, du rapport annuel sur la gestion des trésoriers qui lui succédèrent, et son
utile influence sur la marche de nos affaires a survécu à l'exercice de ces diverses
fonctions et subsiste même encore aujourd'hui que vingt-cinq ans se sont
écoulés.
§ III. – Travaux ëcicilOuqucii sua- la Turq uie d'Iïn rope.
Après avoir rappelé les travaux de diverses sortes qui assuraient à Viquesnel,
d'une part l 'estime et de l'autre la reconnaissance de ses confrères, j'ai hâte d'ar-
river à des titres plus sérieux encore plus durables surtout, acquis au prix de
plus grands efforts et de plus longs sacrifices. C'est à la partie orientale de l 'Eu-
rope que Viquesnel est allé les demander, et ce n'a pas été en vain, car aujour-
d'hui son nom est irrévocablement attaché à toutes les connaissances géogra-
phiques, géologiques, météorologiques et statistiques concernant la partie conti-
nentale de la Turquie située à l'ouest du Bosphore. Dès 1836 il fait avec MM. Boué et d e M ontalembert un voyage dans la
Servie, la haute Mœsie et la Macédoine. Deux ans après, il en entreprend un
second avec M. Boué, dans l'Albanie, l'Épire, la Thessalie, et com'plète les ren-
seignements recueillis dans le premier. Par suite, Viquesnel publia, en 1 842 et
1846, sous le titre de Journal d'un voyage dans la Turquie d'Europe, accom-
pagné de deux cartes géologiques et géographiques dressées avec ses documents
par le colonel Lapie, les i tinéraires très-détaillés de toutes les routes parcourues,
complétant ainsi de la manière la plus utile l'ouvrage qu'avait donné M. Boué
en 1840.
La première partie du Journal de Viquesnel est divisée en quatre chapitres,
D'AUGUSTE VIQUESNELi
l'espace compris entre Belgrade, Uskiup et Skoutari, appartiennent à des allu-
vions récentes, au terrain tertiaire inférieur et moyen, à la formation crétacée,
au terrain de transition et au gneiss qui, avec quelques roches ignées, constituent
tous les accidents orographiques du pays. Quant aux roches non stratifiées, ce
sont la syénite qui atteint en Servie le sommet du mont Kopaonik et forme
plusieurs des parties élevées de la chaîne, la diorite, seule ou accompagnée de
serpentine et de roches diallagiques, la serpentine traversant, sur beaucoup de
points, le gneiss et les couches crétacées, des porphyres quartzifères avec amphi-
bole, enfin des éruptions trachytiques qui se sont fait jour aussi sur une multi-
tude de points. Dans cette région, les couches présentent un grand nombre de directions qui
se coupent sous différents angles, montrant que le sol a été accidenté et disloqué à
plusieurs reprises. Viquesnel, qui notait toujours avec un grand soin les directions
et les inclinaisons, a pu, en les combinant, mettre en évidence les systèmes de
soulèvement qui ont donné à la contrée son relief actuel et en distinguer en même
temps les dislocations partielles, résultats d'accidents locaux. Il en a formé deux
tableaux dont l 'un comprend les directions qui ont affecté les couches crétacées,
l'autre celles qui se sont manifestées dans les roches de transition et le gneiss.
En les disposant ensuite graphiquement en rose de directions, d'après la méthode
de M. Elle de Beaumont, il en déduit que les six groupes ou faisceaux coïncident
dans tous deux, d'où il résulte que le terrain secondaire, tel qu'il le comprend,
a subi les mêmes plissements que les roches anciennes, et que tous les accidents
du sol, compris dans les limites de sa carte, sont plus récents que l'étage inférieur
de la craie; enfin, en terminant, il les rattache à ceux que MM. Boblaye et Virlet
avaient cru pouvoir établir en Morée.
La deuxième partie du journal est divisée en deux chapitres l'un, consacré
à la Macédoine et à la Mœsie supérieure, conduit le lecteur d'Uskiup à Salonik,
en lui faisant traverser plusieurs fois les chaînes de montagnes qui séparent
ces deux points; l 'autre donne la description de l'Albanie méridionale. Les prin-
cipaux résultats de ce mémoire peuvent se résumer ainsi, relativement aux
schistes cristallins, au terrain de transition, aux dépôts crétacés et tertiaires et
aux roches supposées d'origine ignée. Les schistes cristallins et le terrain de transition occupent le tiers environ de
la contrée comprise dans les limites de la carte. Ce sont des calcaires grenus, des
dolomies saccharoïdes, des grès et des schistes argileux sans traces de corps
organisés, alternant avec destalcschistes et d'autres schistes cristallins auxquels ces
roches passent insensiblement. Souvent le gneiss le mieux caractérisé renferme
NOTICE SUR LA VIE E T L ES T RAVA UX
aussi l'auteur pense-t-il que le gneiss de la Macédoine doit ses caractères
cristallins à des actions métamorphiques. Les couches que Viquesnel rapporte à la formation crétacée occuperaient une
moitié de cette même surface, ou la totalité du pays compris entre la côte de
l'Adriatique et les terrains précédents. Les calcaires à Hippurites, prolongement de
ceux du Pinde, sont, en Macédoine, compactes, subgrenus, quelquefois dolo-
mitiques, avec des couches subordonnées de schistes argileux et de grès.
On sait, comme nous l'avons rappelé ailleurs (1), qu'à l'époque où Viquesnel écrivait ce mémoire, tous les géologues associaient à la formation crétacée les
couches nummulitiques des Carpathes, des Apennins, des Alpes, des Pyrénées et
même le macigno et le flyschqui les surmontent. Il en était ainsi pour ce que l'on avait
dit jusque-là du Caucase, de la Crimée, de la Turquie d'Europe et de la Grèce.
Ce n'était donc pas avec des observations faites dans un pays encore aussi peu
exploré que notre confrère pouvait se rallier à l'opinion soutenue depuis long-
temps par quelques paléontologistes français, mais qui ne devait triompher
définitivement qu'en 1.849 par la publication du mémoire de sir R. Murchison.
A l'ouest de la. bande crétacée précédente, les assises caractérisées par des
Nummulites constituent une partie de l'Albanie et de l 'Epire. Quoiqu'au pied
méridional du Gabar-Balkan, les couches nummulitiques reposent en stratification
discordante sur les calcaires à rudistes, Viquesnel en conclut seulement la posté- riorité des premières aux seconds et pense que, dans la Servie, l'Albanie et le
massif du Pinde, les Nummulites sont elles-mêmes associées aux Hippurites, opi-
nion due sans doute, comme toutes les assertions analogues, à une confusion de
genres ou à des relations stratigraphiques mal comprises encore ou mal inter-
prétées. Les dépôts tertiaires moyens constituent des bassins dans les dépressions du sol
secondaire. Ils ont été parfois redressés jusqu'à des altitudes d'environ
1000 mètres, et sont caractérisés par les fossiles marins propres à cette période.
Quant à ceux de la formation supérieure, ce sont, le plus ordinairement, des sédi-
ments lacustres, des conglomérats et des travertins dus à des sources thermales
ayant surgi non loin des éruptions trachytiques. Les roches non stratifiées du même pays sont des granités à gros grains, for-
mant deux protubérances principales recouvertes de gneiss qui passe aune diorite
schistoïde. Dans leur voisinage se montrent de nombreux filons de granite à
petits grains, de pegmatite, de pétrosilex et d'hyalomicte. La syénite forme une
crête peu élevée à l'est de Doubnitza et sur d'antres points. La diorite, que dans
(1) Paléontologie de l'Asie Mineure, Introduction, p. vi, 1806.
Voyage «ahs LA TURQUIE, – Tome I. S
la première partie de son Journal Viquesnel regardait comme un produit des
mêmes éruptions que la serpentine et l'euphotide, avec lesquelles elle est associée,
ne se présente point ici dans les mêmes circonstances et y est moins fréquente.
La protogine constitue un massif depuis le défilé de Vlaka jusqu'à la vallée du
Partzélista et atteindrait plus de 2000 mètres d'altitude aux environs de Monastir.
La serpentine et l'euphotide se montrent rarement dans cette région, et les roches
trachytiques de la Servie, de la Bosnie et de la Haute-Moesie n'occupent que des
espaces très -limités comparativement à leur développement dans la Macé-
doine.
Les rapports observés par Viquesnel entre les roches d'origine ignée et les
roches stratifiées lui font admettre que le granite, la syénite et la diorite qui les
accompagne n'ont redressé par leur apparition que les schistes cristallins. La
protogine, la serpentine, l'euphotide et les diorites associées à ces dernières
auraient soulevé les couches crétacées, et nous ajouterons les couches tertiaires infé-
rieures. Enfin les trachytes, dont les premières éruptions sont antérieures aux dépôts
tertiaires moyens, ont continué à s'épancher après la formation de ceux-ci.
Comme précédemment, notre confrère s'est appliqué à coordonner les systèmes
de dislocations dont il avait observé les directions; il en a dressé des tableaux et
a déduit de l a comparaison de ceux-ci, que le sol ancien du pays a conservé les
traces de sept phénomènes dynamiques distincts, mais dont une partie seulement
se retrouve dans les roches secondaires et tertiaires. Les directions N. 37° 0. et
N. 15° à 23° 0., si profondément gravées sur les couches crétacées avant les
dépôts tertiaires, se sont reproduites dans ses derniers, de manière à prouver la
récurrence de phénomènes dus à la persistance des causes internes sur les mêmes
points ou suivant les mêmes lignes. De même, les trachytes sont arrivés au jour
dans des parties du sol déjà fendillées par des commotions antérieures et acci-
dentées par les injections de diverses roches. Enfin comme la première partie
encore, Viquesnel termine celle-ci par la comparaison et le rapprochement des
directions qu'il a déterminées dans ces provinces avec celles qu'ont signalées les
auteurs de la géologie de la Morée.
Tels sont les principaux résultats, déjà fort importants, comme on en peut
juger, que notre confrère obtint de ses deux premiers voyages dans le sud-est
de l'Europe. Bien d'autres à sa place s'en fussent trouvés satisfaits; heureux
même d'avoir posé de tels jalons pour guider leurs successeurs. Mais, comme
tous les vrais hommes de science, il se préoccupait bien moins d e ce qu'il avait
fait que de ce qui restait à faire; aussi, loin de se laisser rebuter par les fatigues et les sacrifices de toutes sortes, inséparables de telles excursions dans des contrées
KOTICE SUK LA VIE ET LES TRAVAUX
précédentes par une étude spéciale de l a presclu'ile de Thrace. Dans ce but, il
sollicita une mission particulière de M. le ministre de l'Instruction publique,
l 'obtint, et, armé de sa boussole, de son baromètre et de son marteau, il reprit, au commencement de 1847, la route de Constantinople, où il arriva très-
souffrant.
Par un singulier hasard, il y avait alors dans cette ville quatre voyageurs
étrangers, attirés par leur zèle et leur dévouement à la science, et tous quatre aussi retenus par les fièvres, suite de la fatigue et de l'influence du climat.
C'étaient deux Français, un Anglais et un Russe. Ils étaient impatients de se
mettre en voyage, malgré les prudents conseils de leur médecin commun. Le
premier qui transgressa les prescriptions de la Faculté, quoique le plus malade, fut un des Français. Il traversa l'Asie Mineure, l'Arménie, visita le nord de la
Perse et vint succomber à Ispahan, le 28 août 1848. C'était Hommaire de Hell,
que beaucoup d'entre nous ont connu et dont nous avons déploré la fin préma-
turée, qu'un excès de travail préparait depuis longtemps. Le voyageur anglais
partit aussi, dans les mêmes conditions, et ne revint pas non plus. Le voyageur russe fut plus heureux; il était au début d'une exploration de l'Asie Mineure,
qu'il poursuivit jusqu'en 1863, et qui fut couronnée d'un plein succès; c'était
notre savant ami et confrère, M. Pierre de Tchihatcheff. Enfin le quatrième,
que son énergie soutint également, était celui à qui la Société me permet en ce
moment de consacrer un dernier souvenir.
Auguste Viquesnel accomplit son projet d'exploration de la Roumélie ou de
l'ancienne Thrace, du 20 mai 1 847 au 2 janvier suivant. Il parcourut la chaîne
côtière de la mer Noire, le plateau situé entre cette chaîne, la mer de Marmara,
la mer Egée e t le cours inférieur de la Maritza puis le massif du Rhodope tout
entier, de manière à rattacher ses anciennes observations aux nouvelles, et à
embrasser dans ses études une large zone allongée de l'O. à l'E., et comprise
entre l'Adriatique et le Bosphore. De retour au printemps de 1848, notre confrère s'occupa de la mise en œuvre
des nombreux matériaux qu'il avait rapportés, et qui furent tous donnés au
Muséum d'histoire naturelle pour la collection de géologie. Il se mit ensuite à
rédiger son grand ouvrage intitulé Voyage dans la Turquie d'Europe ou des-
cription physique et géologique de la Thrace, puis à dresser les cartes de l 'atlas
qui devaient accompagner le texte. Mais les lenteurs inséparables d'une aussi
vaste publication, dont il ne devait malheureusement pas voir la fin, l'engagè-
rent à donner successivement plusieurs notes où il exposait certains résultats
particuliers de ses recherches et quelques vues générales. Nous devons d'autant
D'AUGUSTE VIQUESNEL.
important, que ce sont les seules données géologiques qu'il ait publiées lui- A
même.
L'une des plus intéressantes se rapporte à un sujet qui a souvent occupé les
naturalistes et les géographes, depuis Tournefort et Pallas jusqu'à MM. de Ver-
neuil, Virlet, Boué et Dubois de Montpéreux, savoir l'ancienne relation des
eaux de la mer, situées au nord et au sud de la Thrace. Dans sa note sur l'empla- cement du Bosphore, pendant l'ère nummulitique, Viquesnel, s'appuyant sur
les observations d'Hommaire de Hell et sur celles qu'il fit lui-même le long de la
mer Noire, des îles Cyanées au cap Karabournou, puis autour du lac d e Derkos,
conclut que, lors de la formation des dépôts tertiaires inférieurs, dans le bassin
de la mer Noire et celui de la Thrace, le Bosphore actuel n'existait pas, et les
communications entre les deux mers se trouvaient à l'ouest du canal. La rive asia-
tique du Bosphore de cette époque était formée par des roches de transition (dévo-
niennes) et l a rive européenne par les schistes cristallins. Quant aux roches
pyroxéniques du pays, les plus anciennes sont antérieures aux dépôts nummu-
litiques. Le détroit dut être fermé après la formation de ceux-ci, et l'ouverture
de celui que nous voyons aujourd'hui aurait eu lieu après l'époque quaternaire,
au commencement de la période actuelle.
On trouvera ci-après l'indication de plusieurs autres notes que Viquesnel
rédigea sur les collections qu'avait recueillies Hommaire de Hell dans la Roumélie,
puis en Asie jusqu'au Démavend. Ces notes font connaître ce que la science doit
à ce courageux et infortuné voyageur; mais nous devons insister ici sur le résumé
que Viquesnel donna en 1853 des observations géographiques et géologiques faites pendant ce même voyage de 1847, parce que c'est ce qu'il a écrit lui-
même de plus général sur ce sujet.
Après avoir indiqué les sources où il a puisé les documents qui lui ont servi à
construire sa carte de la Thrace il décrit rapidement les principaux carac-
tères orographiques de la chaîne côtière de la mer Noire, ceux du bassin
hydrographique de l 'Erghénée, rempli de dépôts tertiaires et quaternaires et
occupant les trois quarts de l'espace qui sépare la chaîne précédente et le Rho-
dope. Il esquisse à grands traits la chaîne côtière méridionale ou du golfe de
Saros, le massif du Rhodope lui-même, d'où descendent la Maritza et le Strymon; il distingue la vallée transverse du Nestus et la vallée longitudinale de l'Arda.
Il signale également les bassins moins importants des affluents de ces rivières et
des cours d'eau qui se jettent directement dans la mer Égée.
Passant à ses études géologiques, Viquesnel mentionne, entre cette mer et le
Pont-Euxin, les roches stratifiées, comprenant des schistes cristallins, le terrain
NOTICE SUR LA VIE E T LE S TRAVAUX
koup à Philippopoli, dirigé du S. 0. au N. E., sur une longueur de 27 lieues,
montre bien la constitution géologique d'un puissant massif de schistes cristal-
lins, interrompus çà et là par des éruptions trachytiques. Les roches de transition,
tertiaires et les produits ignés des rives du Bosphore et des environs de Constan-
tinople ayant été l'objet d'une note antérieure, l'auteur s'occupe ici des couches
crétacées qui ne se montrent que sur trois points aux environs de Kostendil,
gisement qui se rattache aux dépôts contemporains de la Bulgarie, décrits pré-
cédemment dans son Journal, puis les deux lambeaux de Kila et d'Inada sur le
littoral de la mer Noire.
Les dépôts nummulitiques entourent, d'une ceinture souvent interrompue, les
parties sud, est et nord du mont Rhodope. Ils existent sur les deux versants de la
chaîne côtière de la mer Noire, et constituent une partie des collines qui dominent
le li ttoral de l 'ancienne Propontide. Pendant leur formation, les plaines actuelles de la Maritza et de l'Erghénée avaient l'aspect d'un golfe bordé de
schistes cristallins. La mer Égée et celle dé Marmara étaient comprises dans un
même bassin qui communiquait avec le Pont-Euxin par le détroit dont nous
venons de parler, ouvert à l 'ouest de Constantinople. La coupe de Nébil-Keui, dans la vallée de F Arda, à 15 lieues à l'ouest d'An-
drinople, montre les dépôts de cette période avec une épaisseur de 100 mètres
seulement et reposant sur les trachytes, tandis que celle du mont Saint-Élie, sur
le lit toral de la mer de Marmara, les fait voir à une altitude de 700 mètres recou-
verts de dépôts lacustres avec gypse, parallèles à ceux de l'Asie Mineure. Dans
le massif du Sérian-Tépé, au S. O., les couches très-redressées, reposent sur
les quartzites et les talcschistes et, le long de la base méridionale de la chaîne
côtière, elles sont tantôt horizontales, tantôt relevées. Au sud du lac de Derkos,
elles forment le sommet de collines basses, constituant le prolongement de la
chaîne côtière de la mer Noire, pour recouvrir à l'O. les schistes cristallins,
comme à l'E. ceux de transition.
Les sédiments tertiaires moyens se sont ensuite formés dans des lacs ou des
lagunes situées entre cette même chaîne côtière au N. et le massif du Rho-
dope au S. Ce sont des grès, des maeignos des mollasses, des marnes ou
argiles, des calcaires marneux peu épais avec des conglomérats arénacés et tra-
chytiques. Entre la mer de Marmara et la v allée de la Maritza, ces dépôts sont
plus ou moins inclinés, et ils atteignent 900 mètres d 'alti tude dans les montagnes
d'Achiklar; partout ailleurs ils se maintiennent entre 200 et 300 mètres.
Dans la vallée de la Maritza, dans celle de l'Erghénée et jusqu'aux portes de
D'AUGUSTE VIQUESNEL.
cédents. Quant à ceux de l'époque quaternaire, on les observe dans les parties
sud du Rhodope, à 200 mètres au-dessus du f ond de la vallée et sur beaucoup
de plateaux entre cette chaîne et la mer de Marmara. Ils existent sur les collines
de transition des environs de Constantinople, sans pénétrer pour c ela dans la
dépression même ou sur les rives immédiates du Bosphore, ce qui confirme l'opi-
nion émise relativement à l'ouverture très-récente de ce canal.
Jusqu'à présent, nous ne sachions pas que des traces d'anciens glaciers aient
encore été constatées dans ces contrées montagneuses de la Turquie d'Europe, pas
plus que dans l'Asie Mineure, et i l est remarquable également qu'aucun débris
des grands mammifères quaternaires n'y a été non plus authentiquement annoncé.
Parmi les roches non stratifiées, ignées ou cristallines que signale Viquesnel, nous mentionnerons le granite dans le Rhodope et l a c haîne côtière de l a mer
Noire, mais y occupant des surfaces peu étendues. Dans le Rilo-Dagh il atteint
2500 à 3000 mètres d'altitude. Vers la source du Nestus, il est très-développé.
Cette roche a d'ailleurs surgi à diverses époques. La syénite affecte des gisements
analogues. On l'observe à Samakov, au pied du Rilo-Dagh, et un autre gisement,
situé à 6 lieues de la mer Noire, est remarquable par la présence d'une grande
quantité de fer oxydulé titanifère.
Le porphyre quartzifère se montre assez rarement en dykes et en filons dans
les schistes cristallins la serpentine également. Les trachytes abondent dans le
Rhodope et sont rares au contraire dans la chaîne côtière de la mer Noire. La
variété la plus remarquable, par sa fréquence et la diversité de ses gisements, est un porphyre trachytique quartzifère. La plus grande alti tude de ces roches
est au sud de Philippopoli, où elles atteignent 2161 mètres. Leur éruption, qui
a précédé les dépôts tertiaires inférieurs, s'est continuée après. Les mélaphyres
sont dans le même cas, et les basaltes sont très-rares dans la Turquie d'Europe;
Viquesnel n'en ayant observé qu'en un seul point, aux environs de Tchorlou et
fort loin des éruptions trachytiques.
Des faits que nous venons de rappeler, notre confrère a pu conclure que le
Rhodope et la portion de la chaîne côtière de la mer Noire qu'il a parcourue ont
formé des îles jusqu'à l'époque tertiaire. Aucun sédiment de transition ni secon-
daire ancien ne l es a recouverts mais des affaissements partiels ont permis aux
roches crétacées de se déposer au nord-ouest et peut-être au sud-est du Rhodope, comme sur quelques points du littoral de la mer Noire. Après la période crétacée,
des dislocations ont préparé le golfe nummulitique et la mer tertiaire a pu péné-
trer jusqu'au cœur du massif montagneux précédent. Les rivages de la mer Égée
NOTICE SUR LA VIE E T L ES T I5A VAU X
Rhodope continuait à dominer au-dessus des eaux. De nouveaux mouvements
du sol ont mis fin à cette première série de dépôts tertiaires le relèvement du
fond a diminué l'étendue du golfe, et, à en juger par les fossiles, l'aurait trans-
formé en un ou plusieurs lacs d'eau saumâtre. Enfin des dislocations subséquentes ont également réagi sur la distribution et les caractères des sédiments tertiaires
supérieurs et quaternaires. Nous arrivons maintenant à l'œuvre capitale de notre confrère mais quoique
beaucoup plus étendue que tout ce qui précède, son examen ne nous tiendra pas
longtemps, car ce qui en a été publié par lui ne se rapporte pas précisément aux sciences dont s'occupe la Société, et ce qu'il y a de véritablement important dans les résultats géologiques de ses recherches se trouve compris dans ce que nous venons de dire.
A partir de 1855, la publication du Voyage dans la Turquie d'Europe ou des-
cription physique et géologique de l a Thrace a marché sans interruption, et un
volume complet grand in-4° de 636 pages,' accompagné d'un atlas in-folio de
34 planches, a pu être exécuté complétement sous les yeux de l'auteur. Ce
volume n'est à proprement parler que l'introduction du vaste travail auquel il
s'était v oué avec une ardeur et une persévérance sans égales. On n'y trouve,
en effet, que des sujets accessoires qui ne devaient pas entrer dans le plan pri- mitif de ses études ni de ses recherches locales. Mais Viquesnel les a traités avec
un tel soin, avec un tel désir de compléter son œuvre, en y introduisant tout ce
qu'il croyait devoir en éclaircir les diverses parties, qu'on ne sait si l 'on doit
regretter cette extension de travail, bien qu'elle l'ait évidemment détourné du
sujet principal que le temps ne lui a pas permis de publier lui-même.
Dans cette première partie de son livre, Viquesnel consacre vingt -trois chapitres à l 'histoire de l'empire ottoman, à l'ethnographie de ses diverses races en Europe, à tout ce qui concerne la population, la statistique, l'administration, la religion, la propriété, l'instruction, les finances, l'agriculture, l'industrie et le commerce.
Dans un Appendice divisé en cinq chapitres, il jette un coup d'œil sur quelques
points de l'histoire générale des peuples slaves et de leurs voisins les Turcs et les
Finnois. °
La lecture de ce volume fait naître à la fois un étonnement profond et une
véritable admiration par l 'immensité des recherches de toutes sortes auxquelles l'auteur a dû se livrer, comme par l'énergique persévérance qu'elles ont exigée dans des voies si diverses. La bonne disposition des matières, la clarté et la
fermeté du style qui a tous les caractères qui conviennent à l'histoire ne sont pas non plus ses moindres mérites.
D'AUGUSTE VIQUESNEL.
du grand atlas que Viquesnel a pu amener à bonne fin. Ces vingt itinéraires
détaillés, reproduits graphiquement sur autant de feuilles à l'échelle de 1BO>0oo%
réunis ensuite dans un tableau d'assemblage au ^535-, puis la carte géographique
générale de la Thrace et des provinces voisines au gôpôô,- synthèse complète de
toutes ses recherches dans cette direction, les planches de profils orographiques
et géologiques, la carte particulière du Rhodope, les cartes ethnographiques et
politico-historiques sont autant de témoignages de ses études profondes et variées.
Mais à cette impression d'une juste estime pour d'aussi rares mérites vint
bientôt se mêler une pensée douloureuse, celle que de tels résultats n'avaient été
obtenus qu'au prix d'un travail excessif, d'une tension trop continue de la pensée
sur le même sujet, qui, altérant peu à peu la santé de notre confrère, avaient
préparé et avancé sa fin. Nous le perdîmes, en effet, après une courte maladie,
le 8 février 1867 (1).
Viquesnel, qui avait été nommé plusieurs fois l 'un de nos vice-présidents, fut
appelé en 1858 au fauteuil de la présidence. Il était depuis 1853 membre de la
Société philomathique, et avait été en 1 852 l 'un des fondateurs les plus zélés de
la Société météorologique de France dont il fut président en 1862.
Au milieu des regrets de toutes sortes dont nous sommes ici l'interprète, il en
est encore un qui fut vivement senti par ceux d'entre nous qui accompagnèrent
notre ami à sa dernière demeure, c'est qu'après tant de travaux, de sacrifices,
de dévouement, de services rendus à son pays et à l 'étranger, après une exis-
tence entière si honorable à tous égards, sa tombe ne fût pas ornée du plus simple
ruban. Sans doute Viquesnel s'était toujours montré plus jaloux de mériter les
récompenses que de les obtenir; mais n'était-il pas de ceux que le Pouvoir s'ho-
norerait d'aller chercher au milieu de leurs travaux, lorsque, par un excès de
modestie, qui n'est qu'un mérite de plus, ils ne vont pas au-devant de lui?
Quoi qu'il en soit, notre confrère, par sa volonté toujours dirigée vers le même
but, par sa pensée constamment occupée à approfondir les sujets d'étude qu'il
avait choisis, a su se créer des titres solides et vrais, qu'il ne doit qu'à lui seul
et qui lui survivront dans la science comme lui survivront dans le cœur de ceux
qui l'ont connu les sentiments qu'il y a fait naître.
Rappellerai-je actuellement les qualités de l'homme après avoir parlé de celles
du savant? Ce serait peut-être courir le risque de demeurer au-dessous des im-
pressions et des souvenirs de ceux qui ont pu les apprécier, et je ne me flatterais
pas d'en donner une idée complète à ceux qui n'ont pas eu cet avantage. Son
KOTICH SUR LA VIE ET LES TRAVAUX D'AUGUSTE VIQUESNEL.
caractère si égal, ses relations si sûres, son obligeance si parfaite, ses manières
simples et franches, l'absence de toute préoccupation personnelle, donnaient à
son commerce un agrément particulier qu'on ne saurait oublier.
Enfin, en retraçant ici quelques-unes des phases de cette carrière si bien
remplie, quoique brisée avant le temps, quelques-uns des résultats de ces recher-
ches qui assurent à notre regretté confrère un rang bien honorable dans l'histoire
de la science, nous ne devons pas omettre non plus de rappeler ce calme et cette
fermeté qu'il conserva jusqu'à ses derniers moments avec toute la lucidité de son
intelligence. Aussi cette sérénité si parfaite, témoignage de la force dont il avait
donné tant de preuves, fut pour ceux qui l 'entouraient de leurs soins affectueux,
et surtout pour la compagne de sa vie, une consolation qu'il semblait leur avoir
réservée pour adoucir encore, autant qu'il dépendait de lui, la douleur de l a
séparation (1).
(1) Madame Viquesnel a voulu que l'œuvre à laquelle son mari avait consacré un temps si considérable
ne restât point inachevée, et e lle cont inue la publication du deuxième volume du Voyage dans la Turquie
d'Europe. Les manuscrits laissés par Viquesnel et confiés aux soins de quelques amis, heureux de lui
donner cette dernière preuve d'attachement, sont exactement reproduits et comprennent la météo-
rologie, le nivellement barométrique de la Thrace (calculé par M. Parfis), les itinéraires géographiques, la
géologie descriptive et la paléontologie (par M. d'Archiac).
LISTE BIBLIOGRAPHIQUE
DES PUBLICATIONS D'AUGUSTE VIQUESNEL
Nota. A l'exception de sou Voyage dans la Turquie d'Europe, les publications de Viquesnel ont été insérées dans
des recueils scientifiques, et nous préférons, à un ordre chronologique absolu, un ordre chronologique relatif pour
chacun de ces recueils.
Bul le tin de la Socié té géologique de Franee, in-S°.
1" SÉRIE.
Tome IX, p. 296, 21 mai 1838. Mention d'une communication sur la géologie de la Turquie
d'Europe. – Ibid., ibid. Note sur les environs de Vertus (Marne). – XIII, p. 15, 8 novembre 1841. Sur le marbre tertiaire de Grauves.
XIV, p. 53, 7 novembre 1842. Mention de veines saillantes prismatiques de granite dans les
Pyrénées. C a 1 et sur la
– Ibid., p. 132, 19 décembre. Remarques sur la dépression des crêtes dans le Cantal et sur la
position des calcaires lacustres.
LISTE BIBLIOGRAPHIQUE DES PUBLICATIONS D'AUGUSTE VIQUESNEL.
VOYAGE D AN S L A T l TE Qt lE . ToMK I. C
2" SÉRIE.
Tome I, p. 70, 4 d écembre 1813. Note sur l e terrain, à combustible exploité à Mouzeil et à Montrelais
(Loire-Inférieure), rédigée par M. A. Viquesnel, d'après les observations qu'il a faites avec
MM. Audibert et Duroeher. Une planche de coupes.
– Ibid., p. 272, 19 février 1844. Réponse à des observations de M. Rivière.
– Ibid., p. 410, 6 mai. Communication de la statistique administrative de la Société.
– Statistique administrative de la Société géologique de France, depuis l'époque de sa fondation, en 1830, jusqu'au 31 décembre 1843 (Résumé par l 'auteur du texte manuscrit déposé dans
les archives de la Société; 1844, 54 pages imprimé à part pour être joint au dernier
volume de la première série du Bulletin). Tome 11, p. 327, 17 mars IS' iS. Notesur une géode de glace remplie de liquide, et sur quelques-unsdes
phénomènes que présentent la congélation de l'eau et la fusion de la glace dans des vases de
petite dimension par MM. Danger et Viquesnel.
III, p. 15, 3 novembre 1845. Description des filons de basalte injectés entre les coziches de pépé- rino du Puy de Montaiidou, en Auvergne.
– Ibid., p. 145. Rectification à la note précédente.
– IV, p. 426, 18 janvier 1847. Remarques relatives aux roches crétacées de Gonzinié (Haute- Albanie).
– VI, p. 12, 6 novembre 1848. Nouvelles preuves dit déplacement de la matière charbonneuse, pos- térieurement au dépôt des terrains et combustible.
VII, p. 250, 18 février 1850. Rapport sur la gestion du trésorier pendant l'année 1849.
– Ibid., p. 491, 6 mai 1 850. Notice sur la collection de roches recueillies en Asie par feu Ilom-
mairc le Hell, et sur les divers travaux exécutés pendant le cours de son voyage. Ce travail
est un juste hommage rendu à la mémoire d'un courageux pionnier de la science, et qui donne une idée sat isfaisante des résultats de recherches restées probablement inconnues
sans ce travail de Viquesnel.
– Ibid., p. 514. Note sur l'emplacement du Bosphore à l'époque du dépôt du terrain nummuli-
tique. – VIII, p. 220,17 février 1851. Rapport sur la gestion du trésorier pendant l'année 1850.
– Ibid., p. 482, 2 juin 1851. Observations sur les alluvions aurifères des cours d'eau de l a
Turquie d'Europe, et sur les exploitations auxquelles elles ont donné lieu.
Ibid., p. 508, 16 juin. Extrai t d 'une lettre sur les environs de Constant inople adressée à
M. Degousée. L'auteur indique les caractères et la distribution du t errain de transition,
du terrain tertiaire, des dépôts quaternaires et des roches ignées autour de cette capitale.
Ibid., p. 515. Note sur la collection de roches recueillies en 1846 par feu Hommaire de ilell,
sur le littoral européen de la mer Noire. C'est le complément du travail précédent.
IX, p. 208, 16 juin 1S52. Rapport sur la gestion du trésorier pendant l'année 1851.
X, p. 279, 7 février 1853. Rapport sur la gestion du trésorier pendant l'année 1852.
Ibid. p. 4-54, 16 mai 1833. Résumé des observations géographiques et géologiques faites en 18477
dans la Turquie d' E urope accompagné d'une planche de coupes.
XI, p.*17, 7 novembre 1853. Remarques sur les dépôts de lignite tertiaire supérieur d'Agat-
chili, sur le littoral de la mer Noire.
Ibid., p. 297, 6 mai 1854. Rapport sur la gestion du trésorier pendant l'année 1853.
XII, p. 11, 6 novembre 1854. Présentation de la Carte de la Thruce, d'une partie de la Macé-
doine et de la Mœsie, 1 f. 1 854.
– Ibid. p. 36, 20 novembre 1854. Pré
Viquesnel...
Viquesnel, Auguste (1803-1867). Voyage dans la Turquie d'Europe : description physique et géologique de la Thrace. T1 / par A. Viquesnel.... 1868.
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7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].
|^ '^f ~l TOME PREMIER
DANS LA
VOYAGE DANS LA TURQUIE. ToiBE I. «
Par une décision du 18 mars dernier, la Société a prescrit que des notices
biographiques seraient écrites sur ceux de ses membres qui, décédés dans l'année, avaient rendu des services à la science elle consacrait ainsi un principe dont
l'application avait été jusque-là facultative. En décidant en outre que ces notices
seraient lues dans une réunion générale, elle a voulu donner plus de solennité à
l'expression de ses regrets par la présence d'un plus grand nombre de ses mem-
bres pour les partager. L'exécution de ces mesures, dictées par un sentiment si louable de justice et
d'affection, ne pouvait être inaugurée dans une circonstance plus propre à en
démontrer la parfaite convenance et l 'utilité. La Société m'ayant chargé de rem-
plir ce pieux devoir envers Auguste Viquesnel, je la remercie de m'avoir fourni
l'occasion d'être une seconde fois l'interprète de son estime pour celui qui, sur-
veillant toujours ses intérêts avec un zèle si éclairé, montra, pour la science comme
pour ses amis, un dévouement et une abnégation sans bornes.
Auguste Viquesnel naquit à Cii'es-lès-Mello (Oise), le 5 mars 1800. Son père
avait été appelé à l'Assemblée législative par le district de Senlis. Mis en prison
sous la Convention, il en sortit pour remplir dans son arrondissement des fonc-
tions administratives jusqu'à sa mort, arrivée en 1804. L'éducation du jeune
LA VIE ET LES TRAVAUX
D'AUGUSTE VIQUESNEL
Lue à la séatce générale annuelle de la Société géologique de France
NOTICE
NOTICE SUR I.Y VIE El tliS TRAVAUX
Viquesnel, dirigée par une mère a ttentive et d 'un esprit distingué, ne se res-
sentit pas de cette triste circonstance, et il termilla ses études au collége de
Sainte-Barbe, d'où il sortit en 1818.
Dès son entrée dans le monde, à un âge où l'on n'a pas d'ordinaire occasion de
prouver son désintéressement, il se s ignala par un procédé d'une délicatesse et
d'une générosité dont ses contemporains ont conservé le souvenir, quoi que fit sa
modestie pour qu'on l'oubliât*, à cet égard, la suite a tenu tout ce que promettait
cet heureux commencement. La première période de sa v ie fut consacrée aux
affaires qui lui réussirent, et l'union qu'il contracta dans le même temps semblait
devoir compléter une existence où l 'ambition n'avait aucune part.
Mais l'activité naturelle de son esprit et le besoin d'une occupation sérieuse et
continue poussèrent bientôt Viquesnel dans une autre voie. C'est celle où nous
allons le suivre et où se révéleront toutes ses aptitudes et toute son énergie au
travail.
Reçu membre de la Société, le 6 mai 1833, il accompagnait l 'été suivant ses
nouveaux confrères en Auvergne et recevait, au pied des volcalls anciens de
la France centrale, le baptême de la science entouré des géologues de cette
époque dont il se fit bientôt autant d 'amis. Il comprit alors que les nouvelles études
auxquelles il allait se livrer exigeaient quelques connaissances qui lui manquaient,
entre autres la chimie, à laquelle il s'adonna dans un laboratoire particulier, et
qu'il cultiva pendant plusieurs années avec cette ténacité que nous retrouverons
dans toute sa carrière scientifique.
Dans l'exposition des travaux de notre confrère, nous ne suivrons pas un ordre
absolument chronologique, les sujets qui l 'ont surtout occupé ayant été traités
par lui à diverses reprises. Nous grouperons ceux-ci d'après leur nature, de
manière à faire ressortir la valeur des résultats obtenus. Ainsi nous examinerons
successivement ceux de ses travaux qui ont trait à diverses parties de la France,
ceux qui se rapportent à l'administration de la Société, enfin ceux, de beaucoup
les plus importants, qui résultent de ses voyages en Turquie.
§ I. Travaux géologiques relatifs à la France.
L'étude des dépôts tertiaires du bassin de la Seine, sur leur limite orientale,
avait été fort négligée, lorsque Viquesnel donna en 1838 une note sur les envi-
D'AUGUSTE viquesnel.
remplis de moules et d'empreintes de coquilles marines qui pouvaient être alors
regardées comme tertiaires. En décrivant le plateau de la Madeleine, qui domine
le bourg de Vertus, il en compare la constitution avec celle du Mont-Aimé, établit
la relation de l'assise principale celle qu'on exploite sous le nom de pierre de
Faloise, et fait remarquer que le tout s'est déposé dans des dépressions préexis-
tantes de la craie, dont la surface était fort inégale. Il s'occupe ensuite des
dépôts lacustres situés entre ce point et Épernay, montre les calcaires et les
marnes recouvrant les lignites avec leurs sables et leurs argiles remplies de
coquilles les plus caractéristiques de cet étage. Parmi ces calcaires, celui de
Grauves, sorte de brèche exploitée comme marbre dans les carrières du moulin
Darcy, fixe particulièrement son attention.
Pendant les voyages qu'il fit de 1840 à 1845, Viquesnel observa, dans les Pyré-
nées, des veines saillantes de granite à formes prismatiques, dans le massif du
Cantal, la dépression des crêtes et la position particulière qu'y affectent les cal-
caires lacustres, aux environs de Clermont, les fi lons de basalte, injectés dans
les pépérinos du Puy de Montaudou. Dans le voisinage de Vichy, il a décrit les
roches de transition avec les produits ignés qui les ont traversées (fraidronite
pétrosilex, porphyre, basalte). Il s'est également occupé des couches tertiaires
avec poissons, Cypris et tubes de Phryganes de cette localité, au sud et au nord
de Cusset, au Vernet, le long du Sichon, ainsi que des travertins anciens exploités
àl'ouest de la sourcedes Célestins. Cesderniers renferment des coquilles lacustres,
des ossements de mammifères et des pisolithes recouvertes de dendrites, mais
que les sources actuelles ne produisent plus.
Le t ravail le plus complet que l'on doive à Viquesnel est celui qu'il donna
sur le terrain à combustible exploité à Mouzeil et il Montrelais (Loire-Inférieure),
à la suite d'études faites en commun avec MM. Audibert et Durocher, pendant
l'automne de 1842. Ce mémoire, intéressant à plus d'un titre, est peut-être celui
qui, dans un cadre restreint, représente le mieux les aptitudes particulières de
notre confrère, sa manière d'observer et de décrire les faits géologiques, enfin son
extrême sobriété de déduction à l'égard de toute hypothèse qui n'est pas suffi-
samment justifiée. « Si l'on parcourt » dit-il, (des collines qui dominent la rive gauche de la Loire,
» entre le Mesnil et Saint-Florent (Maine-et-Loire), on rencontre le gneiss et le
» micaschiste, dont les couches suivent généralement la direction N. 55° à
» 65" 0. magn. La grauwacke et les schistes argileux reposent sur ces roches en
» stratification concordante, et prennent à leur approche un aspect de plus en
» stratification semblent indiquer que ces couches, de nature différente, font
» partie d'une même formation et que les caractères minéralogiques des schistes
» cristallins doivent être le résultat du métamorphisme. » A partir du point où l'action modifiante a perdu toute influence, si l'on
» s'avance du S. vers le N., de manière à couper la direction des couches, on
» voit la grauwacke alterner avec des schistes argileux de diverses couleurs. On
» retrouve le même système sur la rive droite de la Loire, entre Varade et An-
» cenis. En continuant de marcher vers le N., on peut voir la zone à combustible,
» qui s'étend d'Ingrande à Mouzeil, se lier intimement à ce système et s'y intercaler
» de la manière la plus claire. L'alternance des couches à combustible avec celles
» de la grauwacke, le développement plus ou moins prononcé de leurs diffé-
» rentes parties, la constance de l a direction N. 55° à 65° 0. magn., celle du
a plongement au N. 55° à 65° E., nous engagent à considérer les couches à com-
» bustible de la basse Loire comme un accident du dépôt de la grauwacke dont
» la partie inférieure est passée à l'état de schiste cristallin. »
Cela posé, Viquesnel examine successivement l°ce qu'il nomme le système de
la grauwacke, inférieur aux couches à combustible 2° l 'intercalation de ces mêmes
couches à combustible dans ce système, démontrée par l'étude détaillée, minéra-
logique et stratigraphique, d'une suite de coupes tracées du S . au N., perpendi-
culairement à la direction; 3° les caractères propres et la disposition des couches
de charbon de Mouzeil et de Montrelais, où existent des accidents particuliers et
certains amas, entre autres celui désigné sous le nom de plateur, objet d'un second
travail publié en 1848.
Après avoir aussi traité des porphyres quartzifères qui ont pénétré à travers
les roches stratifiées, notre confrère conclut, de l 'ensemble de ses recherches, que
le grand système de la grauwacke des bords de la Loire passe vers le bas aux
schistes cristallins, qu'il renferme, comme couches subordonnées et affectant la
forme de lentilles, des quartzites, des calcaires et des roches accompagnées de
combustible, le tout l ié de manière à ne pouvoir constituer qu'une seule et même
formation.
De plus, les couches à combustible ont subi d'énergiques dislocations alors que la matière charbonneuse était encore assez molle pour être comme injectée par la
pression dans les fissures des roches encaissantes déjà solidifiées. Quant aux
caractères du charbon, ils constituent généralement une houille maigre, quel-
quefois seulement grasse et collante.
Il est peu probable, continue Viquesnel, que ces dépôts aient été redressés
en forme de bassin, et en effet les observations ultérieures ne sont point parve-
D'AUGUSTE VIQUESNEL.
Quoiqu'il soit probable, ajoute-t-il, que la grande zone à combustible se trouve
à la partie supérieure du système de la grauwacke, le fait n'est pas encore
démontré, et, aujourd'hui même, ces questions stratigraphiques et théoriques res-
tent à résoudre, quoique l 'âge des bancs calcaires ait pu être déterminé à l'aide
des fossiles qu'on y a rencontrés.
Enfin les roches porphyriqucs, enclavées dans ce même système, soit au nord,
soit au sud de la zone à combustible, sont sorties par des fentes sans redresser
les couches. Dans leur voisinage, celles-ci ont conservé leur inclinaison normale
et sont plus ou moins modifiées dans leurs caractères pétrographiques. Les roches
ignées ne paraissent pas d'ailleurs être toutes contemporaines.
Pendant son séjour à Bagnères-de-Bigorre, en 1850 et 1851, Viquesnel fit des
recherches intéressantes aux environs de cette ville. Des notes prises avec beau-
coup de soin, accompagnées de profils et d'une carte géologique coloriée, avaient été
rédigées, mais n'ont pas été publiées. Ce fut seulement par la communication
qu'il nous en fit que nous pûmes insérer leur principaux résultats dans le tome VI
de l' Histoire des progrès de la géologie (1). Ces études portaient principalement
sur les roches fossilifères avec Bélemnites et Pecten, de la période jurassique
qu'il avait suivies, depuis quelques lieues à l'ouest de Bagnères jusqu'à la vallée
d'Aure à l 'est et aux carrières de Sarrancolin.
§ II . – Travau x administratif s.
Si, quittant un instant le domaine de la science, nous pénétrons dans celui de
notre administration intérieure, nous rappellerons qu'en 1843 la Société choisit
Viquesnel pour gérer ses finances, et que l'aptitude singulière qu'i l montra dans
les fonctions de trésorier nous le fit connaître sous un nouveau jour et apprécier
encore davantage. Il ne se borna pas, en effet, à un sage emploi de nos res-
sources, à établir l'équilibre des recettes et des dépenses, à la tenue régulière
des registres, à accélérer les rentrées; mais, après un r elevé de tout ce que con-
tenaient les livres ouverts depuis quinze ans, il dressa la statistique complète
administrative de la Société, à partir de sa fondation. Lorsqu'on cherche à se
rendre compte des combinaisons de chiffres fournies par l'entrée et la sortie des
membres, par leur extinction, et des conséquences qui en résultent pour les
intérêts de la Société, puis par la comparaison des recettes et des dépenses des
budgets successifs et des éléments divers qui les composent, et lorsqu'enfin on
arrive aux conséquences que l'auteur en déduit pour l'avenir de notre Associa-
(1) P. 538-541, 1856.
KOTICB SUR LA VIE ET LES TRAVAUX
tion, on reste frappé de la quantité prodigieuse de calculs qu'il a fallu faire
pour construire ces tableaux qui constituent un ensemble de documents complets fort curieux, même indépendamment de toute application. Ce travail, qui forme
un manuscrit considérable, a été présenté à la Société le 6 mai 1844 et déposé dans ses archives. Un résumé assez étendu avec des tableaux généraux a été
publié dans le Bulletin, à la fin du XIVe volume, ou du dernier de la première
série, qu'il termine ainsi de la manière la plus heureuse. Un complément pré- senté le 15 décembre 1845, a été déposé également dans nos archives pour y être
consulté.
Par suite de cette connaissance profonde de nos intérêts et de la bonne direc-
tion qu'il avait imprimée à toutes les parties du service, Viquesnel dut être
fréquemment chargé par la commission des finances, dont il fit partie jusqu'en
1853, du rapport annuel sur la gestion des trésoriers qui lui succédèrent, et son
utile influence sur la marche de nos affaires a survécu à l'exercice de ces diverses
fonctions et subsiste même encore aujourd'hui que vingt-cinq ans se sont
écoulés.
§ III. – Travaux ëcicilOuqucii sua- la Turq uie d'Iïn rope.
Après avoir rappelé les travaux de diverses sortes qui assuraient à Viquesnel,
d'une part l 'estime et de l'autre la reconnaissance de ses confrères, j'ai hâte d'ar-
river à des titres plus sérieux encore plus durables surtout, acquis au prix de
plus grands efforts et de plus longs sacrifices. C'est à la partie orientale de l 'Eu-
rope que Viquesnel est allé les demander, et ce n'a pas été en vain, car aujour-
d'hui son nom est irrévocablement attaché à toutes les connaissances géogra-
phiques, géologiques, météorologiques et statistiques concernant la partie conti-
nentale de la Turquie située à l'ouest du Bosphore. Dès 1836 il fait avec MM. Boué et d e M ontalembert un voyage dans la
Servie, la haute Mœsie et la Macédoine. Deux ans après, il en entreprend un
second avec M. Boué, dans l'Albanie, l'Épire, la Thessalie, et com'plète les ren-
seignements recueillis dans le premier. Par suite, Viquesnel publia, en 1 842 et
1846, sous le titre de Journal d'un voyage dans la Turquie d'Europe, accom-
pagné de deux cartes géologiques et géographiques dressées avec ses documents
par le colonel Lapie, les i tinéraires très-détaillés de toutes les routes parcourues,
complétant ainsi de la manière la plus utile l'ouvrage qu'avait donné M. Boué
en 1840.
La première partie du Journal de Viquesnel est divisée en quatre chapitres,
D'AUGUSTE VIQUESNELi
l'espace compris entre Belgrade, Uskiup et Skoutari, appartiennent à des allu-
vions récentes, au terrain tertiaire inférieur et moyen, à la formation crétacée,
au terrain de transition et au gneiss qui, avec quelques roches ignées, constituent
tous les accidents orographiques du pays. Quant aux roches non stratifiées, ce
sont la syénite qui atteint en Servie le sommet du mont Kopaonik et forme
plusieurs des parties élevées de la chaîne, la diorite, seule ou accompagnée de
serpentine et de roches diallagiques, la serpentine traversant, sur beaucoup de
points, le gneiss et les couches crétacées, des porphyres quartzifères avec amphi-
bole, enfin des éruptions trachytiques qui se sont fait jour aussi sur une multi-
tude de points. Dans cette région, les couches présentent un grand nombre de directions qui
se coupent sous différents angles, montrant que le sol a été accidenté et disloqué à
plusieurs reprises. Viquesnel, qui notait toujours avec un grand soin les directions
et les inclinaisons, a pu, en les combinant, mettre en évidence les systèmes de
soulèvement qui ont donné à la contrée son relief actuel et en distinguer en même
temps les dislocations partielles, résultats d'accidents locaux. Il en a formé deux
tableaux dont l 'un comprend les directions qui ont affecté les couches crétacées,
l'autre celles qui se sont manifestées dans les roches de transition et le gneiss.
En les disposant ensuite graphiquement en rose de directions, d'après la méthode
de M. Elle de Beaumont, il en déduit que les six groupes ou faisceaux coïncident
dans tous deux, d'où il résulte que le terrain secondaire, tel qu'il le comprend,
a subi les mêmes plissements que les roches anciennes, et que tous les accidents
du sol, compris dans les limites de sa carte, sont plus récents que l'étage inférieur
de la craie; enfin, en terminant, il les rattache à ceux que MM. Boblaye et Virlet
avaient cru pouvoir établir en Morée.
La deuxième partie du journal est divisée en deux chapitres l'un, consacré
à la Macédoine et à la Mœsie supérieure, conduit le lecteur d'Uskiup à Salonik,
en lui faisant traverser plusieurs fois les chaînes de montagnes qui séparent
ces deux points; l 'autre donne la description de l'Albanie méridionale. Les prin-
cipaux résultats de ce mémoire peuvent se résumer ainsi, relativement aux
schistes cristallins, au terrain de transition, aux dépôts crétacés et tertiaires et
aux roches supposées d'origine ignée. Les schistes cristallins et le terrain de transition occupent le tiers environ de
la contrée comprise dans les limites de la carte. Ce sont des calcaires grenus, des
dolomies saccharoïdes, des grès et des schistes argileux sans traces de corps
organisés, alternant avec destalcschistes et d'autres schistes cristallins auxquels ces
roches passent insensiblement. Souvent le gneiss le mieux caractérisé renferme
NOTICE SUR LA VIE E T L ES T RAVA UX
aussi l'auteur pense-t-il que le gneiss de la Macédoine doit ses caractères
cristallins à des actions métamorphiques. Les couches que Viquesnel rapporte à la formation crétacée occuperaient une
moitié de cette même surface, ou la totalité du pays compris entre la côte de
l'Adriatique et les terrains précédents. Les calcaires à Hippurites, prolongement de
ceux du Pinde, sont, en Macédoine, compactes, subgrenus, quelquefois dolo-
mitiques, avec des couches subordonnées de schistes argileux et de grès.
On sait, comme nous l'avons rappelé ailleurs (1), qu'à l'époque où Viquesnel écrivait ce mémoire, tous les géologues associaient à la formation crétacée les
couches nummulitiques des Carpathes, des Apennins, des Alpes, des Pyrénées et
même le macigno et le flyschqui les surmontent. Il en était ainsi pour ce que l'on avait
dit jusque-là du Caucase, de la Crimée, de la Turquie d'Europe et de la Grèce.
Ce n'était donc pas avec des observations faites dans un pays encore aussi peu
exploré que notre confrère pouvait se rallier à l'opinion soutenue depuis long-
temps par quelques paléontologistes français, mais qui ne devait triompher
définitivement qu'en 1.849 par la publication du mémoire de sir R. Murchison.
A l'ouest de la. bande crétacée précédente, les assises caractérisées par des
Nummulites constituent une partie de l'Albanie et de l 'Epire. Quoiqu'au pied
méridional du Gabar-Balkan, les couches nummulitiques reposent en stratification
discordante sur les calcaires à rudistes, Viquesnel en conclut seulement la posté- riorité des premières aux seconds et pense que, dans la Servie, l'Albanie et le
massif du Pinde, les Nummulites sont elles-mêmes associées aux Hippurites, opi-
nion due sans doute, comme toutes les assertions analogues, à une confusion de
genres ou à des relations stratigraphiques mal comprises encore ou mal inter-
prétées. Les dépôts tertiaires moyens constituent des bassins dans les dépressions du sol
secondaire. Ils ont été parfois redressés jusqu'à des altitudes d'environ
1000 mètres, et sont caractérisés par les fossiles marins propres à cette période.
Quant à ceux de la formation supérieure, ce sont, le plus ordinairement, des sédi-
ments lacustres, des conglomérats et des travertins dus à des sources thermales
ayant surgi non loin des éruptions trachytiques. Les roches non stratifiées du même pays sont des granités à gros grains, for-
mant deux protubérances principales recouvertes de gneiss qui passe aune diorite
schistoïde. Dans leur voisinage se montrent de nombreux filons de granite à
petits grains, de pegmatite, de pétrosilex et d'hyalomicte. La syénite forme une
crête peu élevée à l'est de Doubnitza et sur d'antres points. La diorite, que dans
(1) Paléontologie de l'Asie Mineure, Introduction, p. vi, 1806.
Voyage «ahs LA TURQUIE, – Tome I. S
la première partie de son Journal Viquesnel regardait comme un produit des
mêmes éruptions que la serpentine et l'euphotide, avec lesquelles elle est associée,
ne se présente point ici dans les mêmes circonstances et y est moins fréquente.
La protogine constitue un massif depuis le défilé de Vlaka jusqu'à la vallée du
Partzélista et atteindrait plus de 2000 mètres d'altitude aux environs de Monastir.
La serpentine et l'euphotide se montrent rarement dans cette région, et les roches
trachytiques de la Servie, de la Bosnie et de la Haute-Moesie n'occupent que des
espaces très -limités comparativement à leur développement dans la Macé-
doine.
Les rapports observés par Viquesnel entre les roches d'origine ignée et les
roches stratifiées lui font admettre que le granite, la syénite et la diorite qui les
accompagne n'ont redressé par leur apparition que les schistes cristallins. La
protogine, la serpentine, l'euphotide et les diorites associées à ces dernières
auraient soulevé les couches crétacées, et nous ajouterons les couches tertiaires infé-
rieures. Enfin les trachytes, dont les premières éruptions sont antérieures aux dépôts
tertiaires moyens, ont continué à s'épancher après la formation de ceux-ci.
Comme précédemment, notre confrère s'est appliqué à coordonner les systèmes
de dislocations dont il avait observé les directions; il en a dressé des tableaux et
a déduit de l a comparaison de ceux-ci, que le sol ancien du pays a conservé les
traces de sept phénomènes dynamiques distincts, mais dont une partie seulement
se retrouve dans les roches secondaires et tertiaires. Les directions N. 37° 0. et
N. 15° à 23° 0., si profondément gravées sur les couches crétacées avant les
dépôts tertiaires, se sont reproduites dans ses derniers, de manière à prouver la
récurrence de phénomènes dus à la persistance des causes internes sur les mêmes
points ou suivant les mêmes lignes. De même, les trachytes sont arrivés au jour
dans des parties du sol déjà fendillées par des commotions antérieures et acci-
dentées par les injections de diverses roches. Enfin comme la première partie
encore, Viquesnel termine celle-ci par la comparaison et le rapprochement des
directions qu'il a déterminées dans ces provinces avec celles qu'ont signalées les
auteurs de la géologie de la Morée.
Tels sont les principaux résultats, déjà fort importants, comme on en peut
juger, que notre confrère obtint de ses deux premiers voyages dans le sud-est
de l'Europe. Bien d'autres à sa place s'en fussent trouvés satisfaits; heureux
même d'avoir posé de tels jalons pour guider leurs successeurs. Mais, comme
tous les vrais hommes de science, il se préoccupait bien moins d e ce qu'il avait
fait que de ce qui restait à faire; aussi, loin de se laisser rebuter par les fatigues et les sacrifices de toutes sortes, inséparables de telles excursions dans des contrées
KOTICE SUK LA VIE ET LES TRAVAUX
précédentes par une étude spéciale de l a presclu'ile de Thrace. Dans ce but, il
sollicita une mission particulière de M. le ministre de l'Instruction publique,
l 'obtint, et, armé de sa boussole, de son baromètre et de son marteau, il reprit, au commencement de 1847, la route de Constantinople, où il arriva très-
souffrant.
Par un singulier hasard, il y avait alors dans cette ville quatre voyageurs
étrangers, attirés par leur zèle et leur dévouement à la science, et tous quatre aussi retenus par les fièvres, suite de la fatigue et de l'influence du climat.
C'étaient deux Français, un Anglais et un Russe. Ils étaient impatients de se
mettre en voyage, malgré les prudents conseils de leur médecin commun. Le
premier qui transgressa les prescriptions de la Faculté, quoique le plus malade, fut un des Français. Il traversa l'Asie Mineure, l'Arménie, visita le nord de la
Perse et vint succomber à Ispahan, le 28 août 1848. C'était Hommaire de Hell,
que beaucoup d'entre nous ont connu et dont nous avons déploré la fin préma-
turée, qu'un excès de travail préparait depuis longtemps. Le voyageur anglais
partit aussi, dans les mêmes conditions, et ne revint pas non plus. Le voyageur russe fut plus heureux; il était au début d'une exploration de l'Asie Mineure,
qu'il poursuivit jusqu'en 1863, et qui fut couronnée d'un plein succès; c'était
notre savant ami et confrère, M. Pierre de Tchihatcheff. Enfin le quatrième,
que son énergie soutint également, était celui à qui la Société me permet en ce
moment de consacrer un dernier souvenir.
Auguste Viquesnel accomplit son projet d'exploration de la Roumélie ou de
l'ancienne Thrace, du 20 mai 1 847 au 2 janvier suivant. Il parcourut la chaîne
côtière de la mer Noire, le plateau situé entre cette chaîne, la mer de Marmara,
la mer Egée e t le cours inférieur de la Maritza puis le massif du Rhodope tout
entier, de manière à rattacher ses anciennes observations aux nouvelles, et à
embrasser dans ses études une large zone allongée de l'O. à l'E., et comprise
entre l'Adriatique et le Bosphore. De retour au printemps de 1848, notre confrère s'occupa de la mise en œuvre
des nombreux matériaux qu'il avait rapportés, et qui furent tous donnés au
Muséum d'histoire naturelle pour la collection de géologie. Il se mit ensuite à
rédiger son grand ouvrage intitulé Voyage dans la Turquie d'Europe ou des-
cription physique et géologique de la Thrace, puis à dresser les cartes de l 'atlas
qui devaient accompagner le texte. Mais les lenteurs inséparables d'une aussi
vaste publication, dont il ne devait malheureusement pas voir la fin, l'engagè-
rent à donner successivement plusieurs notes où il exposait certains résultats
particuliers de ses recherches et quelques vues générales. Nous devons d'autant
D'AUGUSTE VIQUESNEL.
important, que ce sont les seules données géologiques qu'il ait publiées lui- A
même.
L'une des plus intéressantes se rapporte à un sujet qui a souvent occupé les
naturalistes et les géographes, depuis Tournefort et Pallas jusqu'à MM. de Ver-
neuil, Virlet, Boué et Dubois de Montpéreux, savoir l'ancienne relation des
eaux de la mer, situées au nord et au sud de la Thrace. Dans sa note sur l'empla- cement du Bosphore, pendant l'ère nummulitique, Viquesnel, s'appuyant sur
les observations d'Hommaire de Hell et sur celles qu'il fit lui-même le long de la
mer Noire, des îles Cyanées au cap Karabournou, puis autour du lac d e Derkos,
conclut que, lors de la formation des dépôts tertiaires inférieurs, dans le bassin
de la mer Noire et celui de la Thrace, le Bosphore actuel n'existait pas, et les
communications entre les deux mers se trouvaient à l'ouest du canal. La rive asia-
tique du Bosphore de cette époque était formée par des roches de transition (dévo-
niennes) et l a rive européenne par les schistes cristallins. Quant aux roches
pyroxéniques du pays, les plus anciennes sont antérieures aux dépôts nummu-
litiques. Le détroit dut être fermé après la formation de ceux-ci, et l'ouverture
de celui que nous voyons aujourd'hui aurait eu lieu après l'époque quaternaire,
au commencement de la période actuelle.
On trouvera ci-après l'indication de plusieurs autres notes que Viquesnel
rédigea sur les collections qu'avait recueillies Hommaire de Hell dans la Roumélie,
puis en Asie jusqu'au Démavend. Ces notes font connaître ce que la science doit
à ce courageux et infortuné voyageur; mais nous devons insister ici sur le résumé
que Viquesnel donna en 1853 des observations géographiques et géologiques faites pendant ce même voyage de 1847, parce que c'est ce qu'il a écrit lui-
même de plus général sur ce sujet.
Après avoir indiqué les sources où il a puisé les documents qui lui ont servi à
construire sa carte de la Thrace il décrit rapidement les principaux carac-
tères orographiques de la chaîne côtière de la mer Noire, ceux du bassin
hydrographique de l 'Erghénée, rempli de dépôts tertiaires et quaternaires et
occupant les trois quarts de l'espace qui sépare la chaîne précédente et le Rho-
dope. Il esquisse à grands traits la chaîne côtière méridionale ou du golfe de
Saros, le massif du Rhodope lui-même, d'où descendent la Maritza et le Strymon; il distingue la vallée transverse du Nestus et la vallée longitudinale de l'Arda.
Il signale également les bassins moins importants des affluents de ces rivières et
des cours d'eau qui se jettent directement dans la mer Égée.
Passant à ses études géologiques, Viquesnel mentionne, entre cette mer et le
Pont-Euxin, les roches stratifiées, comprenant des schistes cristallins, le terrain
NOTICE SUR LA VIE E T LE S TRAVAUX
koup à Philippopoli, dirigé du S. 0. au N. E., sur une longueur de 27 lieues,
montre bien la constitution géologique d'un puissant massif de schistes cristal-
lins, interrompus çà et là par des éruptions trachytiques. Les roches de transition,
tertiaires et les produits ignés des rives du Bosphore et des environs de Constan-
tinople ayant été l'objet d'une note antérieure, l'auteur s'occupe ici des couches
crétacées qui ne se montrent que sur trois points aux environs de Kostendil,
gisement qui se rattache aux dépôts contemporains de la Bulgarie, décrits pré-
cédemment dans son Journal, puis les deux lambeaux de Kila et d'Inada sur le
littoral de la mer Noire.
Les dépôts nummulitiques entourent, d'une ceinture souvent interrompue, les
parties sud, est et nord du mont Rhodope. Ils existent sur les deux versants de la
chaîne côtière de la mer Noire, et constituent une partie des collines qui dominent
le li ttoral de l 'ancienne Propontide. Pendant leur formation, les plaines actuelles de la Maritza et de l'Erghénée avaient l'aspect d'un golfe bordé de
schistes cristallins. La mer Égée et celle dé Marmara étaient comprises dans un
même bassin qui communiquait avec le Pont-Euxin par le détroit dont nous
venons de parler, ouvert à l 'ouest de Constantinople. La coupe de Nébil-Keui, dans la vallée de F Arda, à 15 lieues à l'ouest d'An-
drinople, montre les dépôts de cette période avec une épaisseur de 100 mètres
seulement et reposant sur les trachytes, tandis que celle du mont Saint-Élie, sur
le lit toral de la mer de Marmara, les fait voir à une altitude de 700 mètres recou-
verts de dépôts lacustres avec gypse, parallèles à ceux de l'Asie Mineure. Dans
le massif du Sérian-Tépé, au S. O., les couches très-redressées, reposent sur
les quartzites et les talcschistes et, le long de la base méridionale de la chaîne
côtière, elles sont tantôt horizontales, tantôt relevées. Au sud du lac de Derkos,
elles forment le sommet de collines basses, constituant le prolongement de la
chaîne côtière de la mer Noire, pour recouvrir à l'O. les schistes cristallins,
comme à l'E. ceux de transition.
Les sédiments tertiaires moyens se sont ensuite formés dans des lacs ou des
lagunes situées entre cette même chaîne côtière au N. et le massif du Rho-
dope au S. Ce sont des grès, des maeignos des mollasses, des marnes ou
argiles, des calcaires marneux peu épais avec des conglomérats arénacés et tra-
chytiques. Entre la mer de Marmara et la v allée de la Maritza, ces dépôts sont
plus ou moins inclinés, et ils atteignent 900 mètres d 'alti tude dans les montagnes
d'Achiklar; partout ailleurs ils se maintiennent entre 200 et 300 mètres.
Dans la vallée de la Maritza, dans celle de l'Erghénée et jusqu'aux portes de
D'AUGUSTE VIQUESNEL.
cédents. Quant à ceux de l'époque quaternaire, on les observe dans les parties
sud du Rhodope, à 200 mètres au-dessus du f ond de la vallée et sur beaucoup
de plateaux entre cette chaîne et la mer de Marmara. Ils existent sur les collines
de transition des environs de Constantinople, sans pénétrer pour c ela dans la
dépression même ou sur les rives immédiates du Bosphore, ce qui confirme l'opi-
nion émise relativement à l'ouverture très-récente de ce canal.
Jusqu'à présent, nous ne sachions pas que des traces d'anciens glaciers aient
encore été constatées dans ces contrées montagneuses de la Turquie d'Europe, pas
plus que dans l'Asie Mineure, et i l est remarquable également qu'aucun débris
des grands mammifères quaternaires n'y a été non plus authentiquement annoncé.
Parmi les roches non stratifiées, ignées ou cristallines que signale Viquesnel, nous mentionnerons le granite dans le Rhodope et l a c haîne côtière de l a mer
Noire, mais y occupant des surfaces peu étendues. Dans le Rilo-Dagh il atteint
2500 à 3000 mètres d'altitude. Vers la source du Nestus, il est très-développé.
Cette roche a d'ailleurs surgi à diverses époques. La syénite affecte des gisements
analogues. On l'observe à Samakov, au pied du Rilo-Dagh, et un autre gisement,
situé à 6 lieues de la mer Noire, est remarquable par la présence d'une grande
quantité de fer oxydulé titanifère.
Le porphyre quartzifère se montre assez rarement en dykes et en filons dans
les schistes cristallins la serpentine également. Les trachytes abondent dans le
Rhodope et sont rares au contraire dans la chaîne côtière de la mer Noire. La
variété la plus remarquable, par sa fréquence et la diversité de ses gisements, est un porphyre trachytique quartzifère. La plus grande alti tude de ces roches
est au sud de Philippopoli, où elles atteignent 2161 mètres. Leur éruption, qui
a précédé les dépôts tertiaires inférieurs, s'est continuée après. Les mélaphyres
sont dans le même cas, et les basaltes sont très-rares dans la Turquie d'Europe;
Viquesnel n'en ayant observé qu'en un seul point, aux environs de Tchorlou et
fort loin des éruptions trachytiques.
Des faits que nous venons de rappeler, notre confrère a pu conclure que le
Rhodope et la portion de la chaîne côtière de la mer Noire qu'il a parcourue ont
formé des îles jusqu'à l'époque tertiaire. Aucun sédiment de transition ni secon-
daire ancien ne l es a recouverts mais des affaissements partiels ont permis aux
roches crétacées de se déposer au nord-ouest et peut-être au sud-est du Rhodope, comme sur quelques points du littoral de la mer Noire. Après la période crétacée,
des dislocations ont préparé le golfe nummulitique et la mer tertiaire a pu péné-
trer jusqu'au cœur du massif montagneux précédent. Les rivages de la mer Égée
NOTICE SUR LA VIE E T L ES T I5A VAU X
Rhodope continuait à dominer au-dessus des eaux. De nouveaux mouvements
du sol ont mis fin à cette première série de dépôts tertiaires le relèvement du
fond a diminué l'étendue du golfe, et, à en juger par les fossiles, l'aurait trans-
formé en un ou plusieurs lacs d'eau saumâtre. Enfin des dislocations subséquentes ont également réagi sur la distribution et les caractères des sédiments tertiaires
supérieurs et quaternaires. Nous arrivons maintenant à l'œuvre capitale de notre confrère mais quoique
beaucoup plus étendue que tout ce qui précède, son examen ne nous tiendra pas
longtemps, car ce qui en a été publié par lui ne se rapporte pas précisément aux sciences dont s'occupe la Société, et ce qu'il y a de véritablement important dans les résultats géologiques de ses recherches se trouve compris dans ce que nous venons de dire.
A partir de 1855, la publication du Voyage dans la Turquie d'Europe ou des-
cription physique et géologique de l a Thrace a marché sans interruption, et un
volume complet grand in-4° de 636 pages,' accompagné d'un atlas in-folio de
34 planches, a pu être exécuté complétement sous les yeux de l'auteur. Ce
volume n'est à proprement parler que l'introduction du vaste travail auquel il
s'était v oué avec une ardeur et une persévérance sans égales. On n'y trouve,
en effet, que des sujets accessoires qui ne devaient pas entrer dans le plan pri- mitif de ses études ni de ses recherches locales. Mais Viquesnel les a traités avec
un tel soin, avec un tel désir de compléter son œuvre, en y introduisant tout ce
qu'il croyait devoir en éclaircir les diverses parties, qu'on ne sait si l 'on doit
regretter cette extension de travail, bien qu'elle l'ait évidemment détourné du
sujet principal que le temps ne lui a pas permis de publier lui-même.
Dans cette première partie de son livre, Viquesnel consacre vingt -trois chapitres à l 'histoire de l'empire ottoman, à l'ethnographie de ses diverses races en Europe, à tout ce qui concerne la population, la statistique, l'administration, la religion, la propriété, l'instruction, les finances, l'agriculture, l'industrie et le commerce.
Dans un Appendice divisé en cinq chapitres, il jette un coup d'œil sur quelques
points de l'histoire générale des peuples slaves et de leurs voisins les Turcs et les
Finnois. °
La lecture de ce volume fait naître à la fois un étonnement profond et une
véritable admiration par l 'immensité des recherches de toutes sortes auxquelles l'auteur a dû se livrer, comme par l'énergique persévérance qu'elles ont exigée dans des voies si diverses. La bonne disposition des matières, la clarté et la
fermeté du style qui a tous les caractères qui conviennent à l'histoire ne sont pas non plus ses moindres mérites.
D'AUGUSTE VIQUESNEL.
du grand atlas que Viquesnel a pu amener à bonne fin. Ces vingt itinéraires
détaillés, reproduits graphiquement sur autant de feuilles à l'échelle de 1BO>0oo%
réunis ensuite dans un tableau d'assemblage au ^535-, puis la carte géographique
générale de la Thrace et des provinces voisines au gôpôô,- synthèse complète de
toutes ses recherches dans cette direction, les planches de profils orographiques
et géologiques, la carte particulière du Rhodope, les cartes ethnographiques et
politico-historiques sont autant de témoignages de ses études profondes et variées.
Mais à cette impression d'une juste estime pour d'aussi rares mérites vint
bientôt se mêler une pensée douloureuse, celle que de tels résultats n'avaient été
obtenus qu'au prix d'un travail excessif, d'une tension trop continue de la pensée
sur le même sujet, qui, altérant peu à peu la santé de notre confrère, avaient
préparé et avancé sa fin. Nous le perdîmes, en effet, après une courte maladie,
le 8 février 1867 (1).
Viquesnel, qui avait été nommé plusieurs fois l 'un de nos vice-présidents, fut
appelé en 1858 au fauteuil de la présidence. Il était depuis 1853 membre de la
Société philomathique, et avait été en 1 852 l 'un des fondateurs les plus zélés de
la Société météorologique de France dont il fut président en 1862.
Au milieu des regrets de toutes sortes dont nous sommes ici l'interprète, il en
est encore un qui fut vivement senti par ceux d'entre nous qui accompagnèrent
notre ami à sa dernière demeure, c'est qu'après tant de travaux, de sacrifices,
de dévouement, de services rendus à son pays et à l 'étranger, après une exis-
tence entière si honorable à tous égards, sa tombe ne fût pas ornée du plus simple
ruban. Sans doute Viquesnel s'était toujours montré plus jaloux de mériter les
récompenses que de les obtenir; mais n'était-il pas de ceux que le Pouvoir s'ho-
norerait d'aller chercher au milieu de leurs travaux, lorsque, par un excès de
modestie, qui n'est qu'un mérite de plus, ils ne vont pas au-devant de lui?
Quoi qu'il en soit, notre confrère, par sa volonté toujours dirigée vers le même
but, par sa pensée constamment occupée à approfondir les sujets d'étude qu'il
avait choisis, a su se créer des titres solides et vrais, qu'il ne doit qu'à lui seul
et qui lui survivront dans la science comme lui survivront dans le cœur de ceux
qui l'ont connu les sentiments qu'il y a fait naître.
Rappellerai-je actuellement les qualités de l'homme après avoir parlé de celles
du savant? Ce serait peut-être courir le risque de demeurer au-dessous des im-
pressions et des souvenirs de ceux qui ont pu les apprécier, et je ne me flatterais
pas d'en donner une idée complète à ceux qui n'ont pas eu cet avantage. Son
KOTICH SUR LA VIE ET LES TRAVAUX D'AUGUSTE VIQUESNEL.
caractère si égal, ses relations si sûres, son obligeance si parfaite, ses manières
simples et franches, l'absence de toute préoccupation personnelle, donnaient à
son commerce un agrément particulier qu'on ne saurait oublier.
Enfin, en retraçant ici quelques-unes des phases de cette carrière si bien
remplie, quoique brisée avant le temps, quelques-uns des résultats de ces recher-
ches qui assurent à notre regretté confrère un rang bien honorable dans l'histoire
de la science, nous ne devons pas omettre non plus de rappeler ce calme et cette
fermeté qu'il conserva jusqu'à ses derniers moments avec toute la lucidité de son
intelligence. Aussi cette sérénité si parfaite, témoignage de la force dont il avait
donné tant de preuves, fut pour ceux qui l 'entouraient de leurs soins affectueux,
et surtout pour la compagne de sa vie, une consolation qu'il semblait leur avoir
réservée pour adoucir encore, autant qu'il dépendait de lui, la douleur de l a
séparation (1).
(1) Madame Viquesnel a voulu que l'œuvre à laquelle son mari avait consacré un temps si considérable
ne restât point inachevée, et e lle cont inue la publication du deuxième volume du Voyage dans la Turquie
d'Europe. Les manuscrits laissés par Viquesnel et confiés aux soins de quelques amis, heureux de lui
donner cette dernière preuve d'attachement, sont exactement reproduits et comprennent la météo-
rologie, le nivellement barométrique de la Thrace (calculé par M. Parfis), les itinéraires géographiques, la
géologie descriptive et la paléontologie (par M. d'Archiac).
LISTE BIBLIOGRAPHIQUE
DES PUBLICATIONS D'AUGUSTE VIQUESNEL
Nota. A l'exception de sou Voyage dans la Turquie d'Europe, les publications de Viquesnel ont été insérées dans
des recueils scientifiques, et nous préférons, à un ordre chronologique absolu, un ordre chronologique relatif pour
chacun de ces recueils.
Bul le tin de la Socié té géologique de Franee, in-S°.
1" SÉRIE.
Tome IX, p. 296, 21 mai 1838. Mention d'une communication sur la géologie de la Turquie
d'Europe. – Ibid., ibid. Note sur les environs de Vertus (Marne). – XIII, p. 15, 8 novembre 1841. Sur le marbre tertiaire de Grauves.
XIV, p. 53, 7 novembre 1842. Mention de veines saillantes prismatiques de granite dans les
Pyrénées. C a 1 et sur la
– Ibid., p. 132, 19 décembre. Remarques sur la dépression des crêtes dans le Cantal et sur la
position des calcaires lacustres.
LISTE BIBLIOGRAPHIQUE DES PUBLICATIONS D'AUGUSTE VIQUESNEL.
VOYAGE D AN S L A T l TE Qt lE . ToMK I. C
2" SÉRIE.
Tome I, p. 70, 4 d écembre 1813. Note sur l e terrain, à combustible exploité à Mouzeil et à Montrelais
(Loire-Inférieure), rédigée par M. A. Viquesnel, d'après les observations qu'il a faites avec
MM. Audibert et Duroeher. Une planche de coupes.
– Ibid., p. 272, 19 février 1844. Réponse à des observations de M. Rivière.
– Ibid., p. 410, 6 mai. Communication de la statistique administrative de la Société.
– Statistique administrative de la Société géologique de France, depuis l'époque de sa fondation, en 1830, jusqu'au 31 décembre 1843 (Résumé par l 'auteur du texte manuscrit déposé dans
les archives de la Société; 1844, 54 pages imprimé à part pour être joint au dernier
volume de la première série du Bulletin). Tome 11, p. 327, 17 mars IS' iS. Notesur une géode de glace remplie de liquide, et sur quelques-unsdes
phénomènes que présentent la congélation de l'eau et la fusion de la glace dans des vases de
petite dimension par MM. Danger et Viquesnel.
III, p. 15, 3 novembre 1845. Description des filons de basalte injectés entre les coziches de pépé- rino du Puy de Montaiidou, en Auvergne.
– Ibid., p. 145. Rectification à la note précédente.
– IV, p. 426, 18 janvier 1847. Remarques relatives aux roches crétacées de Gonzinié (Haute- Albanie).
– VI, p. 12, 6 novembre 1848. Nouvelles preuves dit déplacement de la matière charbonneuse, pos- térieurement au dépôt des terrains et combustible.
VII, p. 250, 18 février 1850. Rapport sur la gestion du trésorier pendant l'année 1849.
– Ibid., p. 491, 6 mai 1 850. Notice sur la collection de roches recueillies en Asie par feu Ilom-
mairc le Hell, et sur les divers travaux exécutés pendant le cours de son voyage. Ce travail
est un juste hommage rendu à la mémoire d'un courageux pionnier de la science, et qui donne une idée sat isfaisante des résultats de recherches restées probablement inconnues
sans ce travail de Viquesnel.
– Ibid., p. 514. Note sur l'emplacement du Bosphore à l'époque du dépôt du terrain nummuli-
tique. – VIII, p. 220,17 février 1851. Rapport sur la gestion du trésorier pendant l'année 1850.
– Ibid., p. 482, 2 juin 1851. Observations sur les alluvions aurifères des cours d'eau de l a
Turquie d'Europe, et sur les exploitations auxquelles elles ont donné lieu.
Ibid., p. 508, 16 juin. Extrai t d 'une lettre sur les environs de Constant inople adressée à
M. Degousée. L'auteur indique les caractères et la distribution du t errain de transition,
du terrain tertiaire, des dépôts quaternaires et des roches ignées autour de cette capitale.
Ibid., p. 515. Note sur la collection de roches recueillies en 1846 par feu Hommaire de ilell,
sur le littoral européen de la mer Noire. C'est le complément du travail précédent.
IX, p. 208, 16 juin 1S52. Rapport sur la gestion du trésorier pendant l'année 1851.
X, p. 279, 7 février 1853. Rapport sur la gestion du trésorier pendant l'année 1852.
Ibid. p. 4-54, 16 mai 1833. Résumé des observations géographiques et géologiques faites en 18477
dans la Turquie d' E urope accompagné d'une planche de coupes.
XI, p.*17, 7 novembre 1853. Remarques sur les dépôts de lignite tertiaire supérieur d'Agat-
chili, sur le littoral de la mer Noire.
Ibid., p. 297, 6 mai 1854. Rapport sur la gestion du trésorier pendant l'année 1853.
XII, p. 11, 6 novembre 1854. Présentation de la Carte de la Thruce, d'une partie de la Macé-
doine et de la Mœsie, 1 f. 1 854.
– Ibid. p. 36, 20 novembre 1854. Pré