UNIVERSITE FRANCOIS RABELAIS UFR DE …ludivine.mansiere.free.fr/docs/memoire.pdf · comme les...
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UNIVERSITE FRANCOIS RABELAIS
UFR DE MEDECINE - TOURS
&
AFRATAPEM
Association Française de Recherche & Applications des
Techniques Artistiques en Pédagogie et Médecine
Une expérience d'art-thérapie auprès d'une résidente
Atteinte du Syndrome de Rubinstein-Taybi
En Maison d'Accueil Spécialisé.
Mémoire de fin d'études du Diplôme Universitaire d'Art-thérapie
Présenté par Ludivine MANSIERE
Année 2005
Sous la direction de Cécile GEOFFRIAULT
- Art-thérapeute diplômée de la Faculté
de Médecine de Tours.
- Psychologue Clinicienne.
Stage effectué à la Maison d'Accueil
Spécialisé d'Iteuil
Impasse de la Chaumellerie
86240 Iteuil
Remerciements :
Ce travail d'investigations n'aurait pu s'effectuer sans ceux que je tiens à remercier :
- Les résidents de la Maison d'Accueil Spécialisé d'Iteuil et plus
particulièrement Michèle qui ont accepté ma présence et sans lesquels ce mémoire n'aurait pu
être rédigé.
- M. Malouvet Laurent, directeur de mon stage,pour sa disponibilité, son
écoute et ses précieux conseils.
M. Marcé, directeur de la Maison d'Accueil Spécialisé, ainsi que toute son équipe, pour
m'avoir accueilli au sein de cette structure.
- Mme Geoffriault Cécile, directrice de mémoire, art-thérapeute diplômée de la
faculté de médecine de Tours et psychologue clinicienne, pour le temps consacré à diriger
mon travail, pour son écoute, ses éclairages cliniques, ses conseils techniques et son esprit
critique. Merci pour sa disponibilité quant à l'élaboration de cet écrit.
- M. Forestier Richard ainsi que l'équipe de l'AFRATAPEM et du DU d'art-
thérapie pour le suivi qu'ils ont su apporter à mon travail.
- Les résidents et les animateurs du groupe de percussions africaines du Foyer
Médicalisé de St Trojan-les-bains pour leur amabilité et leur disponibilité.
Tables des matières :
Introduction p. 1
I. L'adulte atteint du syndrome de Rubinstein-Taybi, accueilli
en Maison d'Accueil Spécialisé, peut accroître son autonomie
en bénéficiant de techniques musicales : p. 3
A. L'adulte atteint du syndrome de Rubinstein-Taybi
a une qualité de vie perturbée car il manque d'autonomie : p. 3
1. Le Syndrome de Rubinstein-Taybi est une anomalie
du développement de l'embryon qui engendre des troubles
physiologiques ainsi qu'une arriération mentale : p. 3
a. Une approche génétique, clinique
et neuro-psychologique permettent une meilleure compréhension
du Syndrome de Rubinstein-Taybi : p. 3
a. 1. L'approche génétique du
Syndrome de Rubinstein-Taybi : p. 3
a. 2. L'approche clinique du
Syndrome de Rubinstein-Taybi : p. 4
a. 3. L'approche neuropsychologique du
Syndrome de Rubinstein-Taybi : p. 5
b. Un retard de croissance et des critères
dysmorphiques caractérisent le Syndrome de Rubinstein-Taybi : p. 8
c. L'arriération mentale est un symptôme majeur
du Syndrome de Rubinstein-Taybi. p. 9
2. Ces troubles altèrent la qualité de vie
de l'adulte atteint du Syndrome de Rubinstein-Taybi : p. 10
a. L'adulte atteint de cette pathologie a une
mobilité réduite. p. 10
b. La qualité de vie de l'adulte atteint
du Syndrome de Rubinstein-Taybi est altérée par la perte
progressive de la vue et de l'audition. p. 11
c. Progressivement, l'adulte atteint du Syndrome
de Rubinstein-Taybi ne peut s'assumer seul et devient dépendant. p. 11
3. L'adulte atteint du Syndrome de Rubinstein-Taybi
est dépendant et en souffre: p. 15
a. L'adulte atteint du Syndrome
de Rubinstein-Taybi a besoin d'un accompagnement au quotidien. p. 15
b. Cette dépendance entraîne une réelle souffrance. p. 16
c. Cette souffrance est une des raisons
pour lesquelles l'adulte atteint du Syndrome de Rubinstein-Taybi
nécessite une prise en charge paramédicale. p. 16
B. La musique est une technique artistique
qui implique l'autonomie, l'expression et la volonté
de la personne : p. 18
1. La musique regroupe différentes pratiques
qui mettent en oeuvre la sensorialité de l'être humain : p. 18
a. L'écoute musicale sollicite l'organe sensoriel
nommé oreille. p. 18
b. Le chant nécessite le bon fonctionnement
des cordes vocales et du larynx : organes essentiels de la phonation. p. 19
c. La pratique instrumentale induit
une motricité du corps : p. 20
2. La musique est un outil d'expression spécifique
et implique une dynamique relationnelle : p. 21
a. L'expression dépend d'un mécanisme
neurophysiologique : p. 25
b. Certains chanteurs utilisent la musique pour faire
passer un message : p. 26
3. La musique est un art : p. 30
*. L'art se présente sous différentes orientations: p. 30
- Les arts d'agréments et de confort : p. 30
- Les arts d'accompagnement ou arts pratiques : p. 31
- Les arts de la beauté : p. 31
4. La pratique instrumentale est
un acte volontaire dirigé vers l'esthétique : p. 32
a. A travers l'expression artistique, l'être humain
recherche une gratification sensorielle : p. 32
b. L'acte volontaire dirigé est le résultat
d'une phase intentionnelle : p. 33
c. La capacité d'action volontaire est nécessaire
à la recherche esthétique : p. 33
C. Diverses expériences montrent que des personnes
accueillies en Maison d'Accueil Spécialisé participent
à des activités musicales : p. 34
1. Un atelier de percussions africaines est mis en place
au foyer médicalisé de St trojan : p. 34
2. Un atelier conte musical est proposé quotidiennement
à la Maison d'Accueil Spécialisé d'Iteuil : p. 35
II. Etude de cas concernant un atelier d'art-thérapie
à dominante musicale : p. 37
A. Lieu de vie, la Maison d'Accueil
Spécialisé "La solidarité" d'Iteuil propose des soins
spécifiques aux résidents : p. 37
1. La Maison d'Accueil Spécialisé "La solidarité" d'Iteuil
est crée en 1994 : p. 37
a. Des textes législatifs régissent l'organisation
de la Maison d'Accueil Spécialisé: p. 37
a. 1. Historique de la Maison d'Accueil Spécialisé : p. 37
a. 2. Structure de la Maison d'Accueil Spécialisé : p. 38
a. 3. Le personnel de la Maison d'Accueil
Spécialisé comprend : p. 38
b. Un organigramme structure la Maison
d'Accueil Spécialisé d'Iteuil: p. 40
2. La Maison d'Accueil Spécialisé
"La Solidarité" d'Iteuil se compose
d'une équipe pluridisciplinaire : p. 41
a. Cette équipe travaille en collaboration
sur les projets individualisés. p. 41
b. Des réunions spécifiques regroupent ces professionnels : p. 44
3. La Maison d'Accueil Spécialisé "La Solidarité"
d'Iteuil propose différents ateliers d'expression artistique : p. 44
a. Un atelier arts-plastiques a lieu de façon hebdomadaire : p. 44
b. Un atelier de percussions est proposé aux résidents : p. 45
c. Les résidents peuvent participer à l'activité théâtre : p. 45
B. Les prises en charge individuelles en art-thérapie
à dominante musicale se mettent en place dans la continuité
du stage de première année d'Intervenant Spécialisé en Art-thérapie : p. 46
1. Les prises en charge en art-thérapie s'organisent
selon un cadre spécifique : p. 46
a. Une rencontre avec l'équipe pluridisciplinaire
s'avère nécessaire pour expliquer le projet : p. 47
b. Une salle adaptée est mise à notre disposition
pour les séances d'art-thérapie : p. 48
c. La prise en charge s'inscrit dans le projet individuel du
résident : p. 49
2. Le protocole de prise en charge engendre une
évaluation : p. 50
a. La rencontre avec les résident semble nécessaire
au préalable : p. 50
b. Des outils sont spécifiques à l'art-thérapeute
comme les items et la fiche d'observation : p. 51
c. Ces évaluations sont partagées en équipe
pluridisciplinaire : p. 52
C. Etude de cas concernant une résidente atteinte
du Syndrome de Rubinstein-Taybi prise en charge en atelier
d'art-thérapie à dominante musicale. p. 53
1. Michèle est une femme atteinte
du Syndrome de Rubinstein-Taybi : p. 53
a. L'anamnèse de Michèle ainsi que son
dossier médical sont à la disposition du stagiaire : p. 53
b. La rencontre avec Michèle s'effectue
progressivement lors des premières séances et hors de l'atelier : p. 55
c. Les premiers objectifs thérapeutiques sont établis : p. 56
d. La prise en charge avec Michèle commence par
la recherche d'une pratique musicale: p. 56
2. Cette étude de cas témoigne d'une évolution
significative relative à la communication et à l'accroissement
de l'autonomie : p. 57
a. Une séance d'art-thérapie à dominante musicale
se déroule selon une organisation précise : p. 58
- a. 1. Un rituel s'installe avant de débuter une séance : p. 58
- a. 2. La première partie de la séance est consacrée
à un temps de musique instrumentale : p. 59
- a. 3. Un temps de musique vocale s'insère dans la
continuité de la séance : p. 59
- a. 4. Pour clore la séance d'art-thérapie,
Michèle apprend à ranger le matériel avant que je ne la
raccompagne jusqu'à son unité : p. 60
b. Michèle s'autorise à parler avec l'art-thérapeute
et devient plus autonome: p. 60
✳ L'évaluation permet d'observer l'évolution
de la communication de Michèle : p. 61
✳ L'évaluation permet également d'observer
l'accroissement de l'autonomie de Michèle. p. 74
c. Les progrès de Michèle sont constatés en dehors
des ateliers d'art-thérapie par l'équipe pluridisciplinaire : p. 92
3. Un atelier d’art-thérapie à dominante musicale peut aider une résidente atteinte du
Syndrome de Rubinstein-Taybi à accroître son autonomie et à diminuer ses troubles de la
communication. p. 95
III. Différences et complémentarités entre divers
ateliers spécifiques présents en Maison d'Accueil Spécialisé : p. 97
1. L'ergothérapie et l'art-thérapie tiennent une place
importante dans le processus de soin prescrit aux résidents
de la Maison d'Accueil Spécialisé. p. 97
a. L'ergothérapie propose une aide éducative
pour les personnes porteuses de troubles psychiques et physiques. p. 97
b. L'art-thérapie s'oriente vers l'exploitation
du potentiel artistique dans une visée thérapeutique et humanitaire. p. 98
2. L'ergothérapie et l'art-thérapie divergent
sur plusieurs points : p. 99
a. L'ergothérapie utilise l'activité artisanale
qui amène au processus d'apprentissage ; l'art-thérapie
met en relief les techniques artistiques en privilégiant une guidance artistique. p. 99
b. L'ergothérapeute et l'art-thérapeute utilisent
des outils d'évaluation différents. p. 101
c. L'ergothérapeute utilise la technique rééducative
en fonction de la pathologie; l'art-thérapeute prend en
compte la personne dans son authenticité. p. 105
3. Ces deux thérapies ont des aspects
similaires intéressants : elles visent l'amélioration
de la qualité de vie du résident : p. 107
4. Ces deux thérapies peuvent être complémentaires : p. 111
5. Un tableau récapitulatif permet de discerner davantage
les points de différence et de ressemblance de l'ergothérapie et de l'art-thérapie. p. 113
Conclusion p. 114
Bibliographie p. 116
Annexes p. 118
Introduction :
Après l'obtention d'un baccalauréat option musique, je débutais un Deug en
musicologie à la Faculté de Sciences Humaines et Arts de Poitiers. Mon premier désir
s'orientait vers le professorat de musique. Je poursuivais mes études jusqu'en maîtrise pour
tenter de me diriger vers l'enseignement, mais ma confrontation à cette discipline m'a permis
de prendre conscience que ce n'était pas ce à quoi je tendais. Mes recherches
s'approfondissant, mes motivations s'orientaient davantage vers une profession liée à la
musique dans une démarche humanitaire.
La découverte de l'art-thérapie lors de la consultation d'un document me
permettait de réaliser qu'il existait un domaine qui alliait à la fois une pratique artistique et
une démarche thérapeutique. Je débutais alors ma formation en art-thérapie.
Toutefois, je ressentais une appréhension à l'idée de n'avoir jamais été en interaction avec un
public handicapé.
La première année de formation en art-thérapie autorise les étudiants à
effectuer un stage en institution afin d'établir un contact avec des personnes en difficultés et
d'observer le travail d'un art-thérapeute.
Je réalisais ce stage à la Maison d'Accueil Spécialisé d'Iteuil avec Laurent Malouvet, art-
thérapeute diplômé de la Faculté de Médecine de Tours, comme maître de stage. Cette
expérience me permettait d'entrer en communication avec des personnes polyhandicapées. Je
découvrais alors un univers totalement différent de celui dans lequel j'évoluais chaque jour.
Plusieurs interrogations jalonnaient ce stage : Comment une personne dépendante de son
milieu environnant peut-elle avoir une image positive d'elle-même ? Est-il possible de faire
pratiquer une activité musicale à un résident polyhandicapé ? De quelle manière ? etc. ...
C'est donc en observant Laurent dans sa pratique quotidienne en art-thérapie
que je réalisais que l'art possédait des pouvoirs et effets multiples sur l'Homme et qu'en les
exploitant à l'aide d'une compétence particulière, ils pouvaient s'avérer positifs.
Lors de ce stage, j'éprouvais de l'empathie et du plaisir à me confronter à des
personnes polyhandicapées. De plus, les interactions avec l'équipe pluridisciplinaire me
permettaient de mesurer l'importance d'un travail d'équipe et me montraient que chaque
thérapeute à des compétences particulières qu'il met au service d'un objectif commun.
Même s'il demeurait difficile d'établir un contact immédiat avec le public
polyhandicapé, leur fournir des moyens d'accéder à une expression artistique, prendre le
temps de s'interroger sur leur désir et tenter de communiquer avec eux s'avérait un travail
d'élaboration long mais enrichissant pour les protagonistes.
Je réitérais ma demande de stage afin de mettre moi-même en place un atelier d'art-
thérapie à dominante musique et de prendre en charge quatre résidents.
Je choisissais donc ensuite d'élaborer et de présenter ce mémoire sur le travail réalisé en
atelier d'art-thérapie à dominante musique que j'effectuais avec une résidente polyhandicapée
de la Maison d'Accueil Spécialisé d'Iteuil dans le département de la Vienne.
Michèle, personne atteinte du Syndrome de Rubinstein-Taybi, maladie génétique rare qui
engendre de nombreux troubles tant physiques que psychologiques.
Cette maladie entraîne alors chez la personne une grande dépendance à son entourage,
provoque des inhibitions fréquentes voire des refus de communiquer.
Afin de mettre en relief ce travail d'investigations, trois parties composent ce
mémoire :
* Une première partie concernant le Syndrome de Rubinstein-Taybi
sous différentes approches et montrant les perturbations qu'il engendre relatives à la qualité de
vie du résident,
* Une deuxième partie proposant l'étude de cas d'une résidente atteinte
du Syndrome de Rubinstein-Taybi prise en charge en art-thérapie ; l'évaluation et analyse des
résultats,
* Une troisième partie constituée d'une discussion sur les différences et
complémentarités entre deux ateliers spécifiques en place en Maison d'Accueil Spécialisé.
I. L'adulte atteint du syndrome de Rubinstein-Taybi, accueilli en Maison d'Accueil
Spécialisé, peut accroître son autonomie en bénéficiant de techniques musicales :
A. L'adulte atteint du syndrome de Rubinstein-Taybi a une qualité de vie
perturbée car il manque d'autonomie :
1. Le Syndrome de Rubinstein-Taybi est une anomalie du développement de
l'embryon qui engendre des troubles physiologiques ainsi qu'une arriération mentale :
Le Syndrome de Rubinstein-Taybi ou encore syndrome des pouces et gros orteils trop
larges est un syndrome dysmorphique associant retard mental, aspects caractéristiques de la
face, retard de croissance, malformations diverses et propension aux tumeurs. Il s'agit d'une
anomalie d'origine génétique dont l'incidence est estimée à 1/125000 nouveaux nés vivants.
Le syndrome de Rubinstein-Taybi a été décrit par le pédiatre Jack Rubinstein et le
radiologue Hooshang Taybi en 1963 aux Etats-unis. La première description du syndrome
revient cependant à des chirurgiens orthopédiques grecs qui avaient décrit le cas d'un enfant
dans un journal français, la "Revue de chirurgie orthopédique". Le nom du syndrome fut alors
adopté en 1973.
a. Une approche génétique, clinique et neuro-psychologique permettent une
meilleure compréhension du Syndrome de Rubinstein-Taybi :
a. 1. L'approche génétique du Syndrome de Rubinstein-Taybi :
Le gène responsable du Syndrome de Rubinstein-Taybi est localisé sur le bras court du
chromosome 16. Ce dernier est dominant et neutralise l'autre gène : en effet, les chromosomes
qui portent les gènes sont doubles, ce qui induit deux paires de gènes : un provenant du père et
un autre provenant de la mère.
Au début des recherches, les scientifiques émettaient l'hypothèse qu'il pouvait
manquer un morceau de chromosome, appelé également microdélition. Les résultats des
analyses ont montré que seul 10% des cas de Syndrome de Rubinstein-Taybi ont une
microdélition du chromosome 16.
En 1995, ce gène est identifié : c'est le gène CBP qui est extrêmement difficile à
étudier notamment à cause de son rôle très important dans l'expression des autres gènes. Il a
plusieurs actions dans le développement de l'embryon et délivre un message nerveux au
niveau des cellules. Ce gène est composé de 31 exons ou séquences codées que les chercheurs
doivent étudier individuellement pour trouver l'anomalie.
De plus, quand les scientifiques recherchent l'anomalie, le prélèvement génétique effectué sur
le patient ne suffit pas, il faut également celui des deux parents pour un résultat fiable.
Trois axes d'investigations se profilent actuellement : ceux-ci consistent : à mettre au
point une puce ADN qui permettrait de caractériser l'anomalie moléculaire plus facilement, à
étudier la fonction du gène sur le développement de l'enfant et enfin, à comprendre pourquoi
ces patients développent des tumeurs de manière plus fréquemment.
a. 2. L'approche clinique du Syndrome de Rubinstein-Taybi :
Cette anomalie du développement de l'embryon est responsable de quatre grands types
de problèmes, un retard psychomoteur apparaît et évolue vers un retard mental ; un retard de
croissance ( poids et taille ) ; l'aspect facial et celui des mains ; des risques fréquents de
malformations.
Des symptômes physiques caractérisent ce syndrome :
- Les pouces massifs et en forme de spatules, présentent un élargissement de
leurs dernières phalanges.
Leurs implantations sont généralement hautes. Les autres phalanges sont également élargies
mais d'une façon moins évidente.
- Le pied présente le même type de malformation que celui des mains.
- Les fentes palpébrales ( espace entre les deux paupières ) sont obliques et
orientées vers le bas.
- Le menton est petit et de forme triangulaire, le nez aquilin, proéminent avec
une cloison nasale quelques fois déviée.
- Des déficiences visuelles et auditives peuvent être présentes.
- Certaines malformations oculaires, génitales et cardiaques.
a. 3. L'approche neuropsychologique du Syndrome de Rubinstein-Taybi :
Malgré la variabilité du développement mental des personnes atteintes du Syndrome
de Rubinstein-Taybi, il y a un certain nombre de caractéristiques en terme d'humeur, du
comportement, communes qui peuvent bénéficier d'une approche globale.
L'étude réalisée en 2003 sur le fonctionnement cognitif, social et émotionnel de
l'enfant atteint du Syndrome de Rubinstein-Taybi par Mme Taupiac : psychologue et Mme
Denjoy : étudiante en psychologie permet de faire ressortir quelques particularités sur les
patients atteint du Syndrome de Rubinstein-Taybi.
Mais la plupart des recherches scientifiques, à ce jour, portent principalement sur
l'étude des gènes et sur les caractéristiques physiques et organiques des enfants atteints du
Syndrome de Rubinstein-Taybi.
Ces études visent à explorer les particularités comportementales et développementales des
enfants atteints du Syndrome de Rubinstein-Taybi. Il s'agit donc de s'interroger sur le
fonctionnement cognitif, social et émotionnel de ces enfants à travers l'analyse de données
neuropsychologiques et cliniques, c'est à dire rechercher la qualité du traitement cognitif des
enfants atteints du Syndrome de Rubinstein-Taybi afin de mieux les aider dans leur prise en
charge éducative.
L'analyse de ces signes passe par la mise en place de deux étapes successives:
- Une étape d'évaluation par le biais de tests psychométriques afin de déterminer les
efficiences intellectuelles des enfants.
- Une étape de recherches d'informations à l'aide de questionnaires remplis par les parents afin
de déterminer l'aspect social et comportemental des enfants.
Au total, vingt-trois enfants ont participé à cette étude.
L'âge très variable de ces enfants allait de 3 à 21 ans. Des groupes d'études ont ainsi pu être
formés à partir des performances et non de l'âge réel.
- Un groupe I présentant un retard mental dit moyen ( 4 enfants ).
- Un groupe II présentant un retard mental dit sévère ( 19 enfants ).
Les résultats de ces tests ont montré que les enfants du groupe I présentaient des possibilités
verbales supérieures à leurs performances non verbales.
En effet, les enfants de ce groupe étaient munis d'un langage et cela ne valait pas pour tous les
enfants atteints du Syndrome de Rubinstein-Taybi.
D'autre part, un grand nombre d'enfants présentaient des difficultés de motricité fine en partie
dues à leur morphologie du pouce de la main.
Les comportements des enfants, durant la passation du test de niveau, faisaient
apparaître un fort désir de réussir. Malgré les difficultés de compréhension de la consigne, ils
parvenaient à s'investir dans une relation duel afin de privilégier les comportements purement
sociaux.
Lors des épreuves verbales, les enfants du groupe I montraient des connaissances très
élémentaires, d'ordre général et concernant des objets familiers par leur utilisation et
expérience dans la vie quotidienne. Les questions abordant les domaines spécialisés les
mettaient en échec ; ils adoptaient alors une attitude de fuite ou bien détournent la situation.
Ces recherches ont pu mettre en relief que les enfants atteints du Syndrome de Rubinstein-
Taybi présentent de faibles capacités à assimiler des connaissances qui ont peu de
signification pour eux. Leur champ lexical est très restreint et ils utilisent des mots très
simples et basiques.
Les enfants de ce groupe sont capables de généralisation que ce soit avec un modèle visuel ou
avec une consigne verbale simple.
Paradoxalement, ils montrent de grandes difficultés à s'investir dans des épreuves
d'arithmétique même simples. Ils ne peuvent également pas comprendre le processus d'une
opération élémentaire.
Au niveau des performances non verbales des enfants de ce groupe, ces derniers se montrent
lents dans l'exécution de leurs gestes et font apparaître une certaine maladresse au niveau des
comportements visuo-spatiaux. Ils manquent de coordination visuo-motrice requérant une
certaine anticipation. Ces enfants ont une défaillance au niveau de la structuration spatiale.
Les enfants du groupe II ont montré de plus grandes difficultés, souvent des anomalies étaient
constatées dans le comportement ainsi que dans différents secteurs du développement :
langage, motricité, capacités intellectuelles, compréhension et expression.
Au niveau de la communication, certains enfants de ce groupe ont rarement établis le contact
et paraissaient même vouloir fuir l'adulte. Ils se montraient inquiets et anxieux lorsqu'ils
étaient sollicités.
La communication non verbale et le langage étaient perturbés sur les deux versants :
expression et communication. Le langage était très souvent absent. Quand il était présent, il
était retardé et se caractérisait par une incapacité à nommer les objets et des émissions vocales
non significatives.
Cependant, certains enfants montrent des possibilités à communiquer à l'aide de gestes et de
mimiques : ils pointent du doigt pour désigner l'objet désiré, ils font des signes qui remplacent
le langage parlé. Ils peuvent également comprendre les modes de communication non verbale
d'autrui lorsque les gestes proposés sont simples.
En ce qui concerne le jeu, l'activité motrice spontanée est réduite chez la plupart des enfants
du groupe II durant la séance d'examens. Ce sont souvent des enfants lents, qui bougent peu et
les initiatives de jeu sont rares. Lors des activités psychomotrices, ces enfants montrent une
certaine maladresse associée à des difficultés de dextérité. La motricité fine est perturbée et
donc les tâches proposées sont désinvesties par ces enfants.
Les informations recueillies auprès des parents grâce à un questionnaire montrent une
corrélation significative entre les perturbations du contact social et l'âge des enfants ; en effet,
plus les enfants sont jeunes, moins ils ont de perturbations du contact social. Les perturbations
relationnelles chez les plus âgés entraînent fortement un comportement anxieux et rigide. Très
souvent, les faibles acquisitions du langage entraînent également un trouble de l'interaction
sociale et les difficultés de perception du monde social augmentent avec l'âge.
D'autre part, les enfants atteints du Syndrome de Rubinstein-Taybi montrent une
tendance à résister au changement, ils sont sensibles à l'imprévu et ont souvent besoin d'être
rassurés.
Les enfants dont le système cognitif est peu développé n'ont pas suffisamment de
capacités d'abstraction et de représentation pour acquérir un langage.
b. Un retard de croissance postnatal et des critères dysmorphiques et
malformatifs caractérisent également ce syndrome :
Un retard de croissance postnatal est observé chez tous les patients atteints du
Syndrome de Rubinstein-Taybi. Celui-ci apparaît dès les premiers mois du nourrisson et
s'accroît tout au long de sa croissance. Il se retrouve tant au niveau du poids que de la taille :
en effet, le patient est souvent atteint de nanisme (affection caractérisée par une insuffisance
de développement statural), sa taille n'excédant pas, à l'âge adulte, 1m40. De même, les
difficultés d'alimentation avec des troubles de la déglutition et de régurgitation entraînent un
poids souvent inférieur à la normale.
Les critères dysmorphiques et malformatifs sont très nombreux chez le patient atteint
du Syndrome de Rubinstein-Taybi. En effet, l'aspect facial classique chez l'enfant associe une
orientation en bas et en dehors des fentes palpébrales, des replis épicanthiques (replis cutanés,
semi-lunaires, siégeant à l'angle de l'oeil), un ptôsis (chute de la paupière supérieure par une
paralysie du muscle releveur), un strabisme (défaut de parallélisme des axes optiques des
yeux), une voûte palatine très ogivale, des oreilles implantées en relation postérieure, et un
nez prononcé avec racine du nez protuse.
Cette dysmorphie faciale ne devient caractéristique que tardivement dans l'enfance. Le
phénotype facial est évolutif et l'aspect est différent chez le nouveau-né : le front est haut avec
hémangiome capillaire (angiomes des vaisseaux sanguins) et orientation plus souvent en haut
et en dehors des fentes palpébrales.
Une microcéphalie ( insuffisance de développement du crâne, sans anomalie de formes, mais
s'accompagnant parfois de cécité et d'arriération mentale) est présente dans environ un cas sur
deux. Les pouces et les gros orteils sont trop larges avec possible déformation angulaire et
duplication de la dernière phalange. Des malformations génito-urinaires, cardiaques, oculaires
et cérébrales sont possibles.
Il existe également une propension à développer des tumeurs, surtout des tumeurs du système
nerveux.
c. L'arriération mentale est un symptôme majeur du Syndrome de Rubinstein-
Taybi.
L'arriération mentale est présente dans tous les cas de Syndrome de Rubinstein-Taybi.
Le retard mental apparaît durant la croissance. C'est un symptôme qui a ici pour cause un
retard du développement psychomoteur. Ce retard se trouve dans l'acquisition de la marche,
du langage, de la propreté et plus tardivement dans le domaine scolaire.
Le diagnostic est obtenu à partir de tests psychométriques, constitués de questions et
de jeux, qui permettent de déterminer le quotient intellectuel ( QI ). A partir de cet examen, il
est possible de distinguer plusieurs niveaux d'arriération mentale:
Type d'arriération Quotient intellectuel
Arriération mentale légère Entre 70 et 85
Arriération mentale moyenne Entre 50 et 70
Arriération mentale sévère Entre 30 et 50
Arriération mentale profonde Inférieur à 30
L'évolution des troubles est propre à chaque type d'arriération :
- Pour l'arriération mentale légère, la vie en communauté est possible, la communication est
correcte, les personnes atteintes peuvent prétendre à des emplois simples, la lecture reste
élémentaire.
- Pour l'arriération mentale moyenne, des troubles du langage sont repérables, une conscience
sociale est présente, l'autonomie est possible (se laver, s'habiller, se nourrir,...), le travail peut
s'effectuer sous surveillance et la vie en groupe est possible.
- Pour l'arriération mentale sévère, la pauvreté du langage et de l'expression ainsi que des
troubles moteurs sont constatés.
- Pour l'arriération mentale profonde, le langage est absent, des troubles neurologiques
surviennent, aucune aptitude sociale n'est constatée et un besoin de soins importants avec
prise en charge de la sécurité personnelle sont nécessaires.
2. Ces troubles altèrent la qualité de vie de l'adulte atteint du Syndrome de Rubinstein-
Taybi :
L'ensemble des troubles énoncés ci-dessus constitue une pathologie très lourde et, de
fait, très invalidante pour la personne.
Si la qualité de vie permet l'épanouissement vers le bien-être (que chaque être humain
recherche), mener une vie confortable nécessite un certain nombre d'acquisitions, qui peuvent
être remises en cause par une pathologie telle le Syndrome de Rubinstein-Taybi.
a. L'adulte atteint de cette pathologie a une mobilité réduite :
Le Syndrome de Rubinstein-Taybi n'entraîne pas de handicaps qui empêchent la
personne présentant cette pathologie de se déplacer. Toutefois, les malformations des pieds
engendrent une qualité de déplacement médiocre. L'adulte atteint du Syndrome de Rubinstein-
Taybi se meut très lentement et d'une démarche hésitante.
Les troubles de la vision sont également à l'origine des difficultés de déplacement de
l'adulte atteint du Syndrome de Rubinstein-Taybi. En effet, le repérage dans l'espace devient
difficile et demande beaucoup d'attention au patient. Il lui faut un éclairage assez fort pour
pouvoir se déplacer ou la présence de quelqu'un pour étayer ses mouvements. Le danger de se
blesser ou de tomber devient un frein au déplacement obligeant ainsi le patient à réduire sa
mobilité.
De même, la perte progressive de l'audition est une barrière de plus au déplacement. Les
bruits que perçoit l'être humain sont des repères et guident la vie quotidienne. Mal entendre
peut gêner la personne, peut invalider ses repérages aux bruits familiers et dans l'espace.
Ces deux déficiences sont très handicapantes pour la personne qui veut se déplacer.
Les deux sens étant atteints, il n'y a pas de possibilités de compensation de l'un par l'autre.
b. La qualité de vie de l'adulte atteint du Syndrome de Rubinstein-Taybi est
altérée par la perte progressive de la vue et de l'audition.
La perte progressive de la vue et de l'audition entraîne des conséquences négatives sur
la mobilité de la personne atteinte du Syndrome de Rubinstein-Taybi. Sa qualité de vie est
alors altérée.
L'être humain utilise quotidiennement ses sens. Cette sensorialité permet
d'appréhender le monde environnant. Elle sert d'avertisseur face à un danger (un obstacle peut
être évité grâce à la vue).
Les handicaps sensoriels des personnes présentant un Syndrome de Rubinstein-Taybi
vont les amenés à être davantage maladroites, ne voyant pas bien ce qu'ils font ; à prendre
moins de risque et à rester en retrait, se méfiant d'un danger éventuel, ne pouvant pas prendre
part aux conversations qu'ils n'entendent pas. Ceci peut causer un isolement et un repli sur soi.
D'autre part, mal voir ou mal entendre peut amener à avoir une image dévalorisée de
soi, même à se sentir diminuer puisqu'il est quasi-impossible de se déplacer seul, de s'assumer
seul, ... Une perte de confiance en soi en découle et le sentiment d'inutilité apparaît. Le patient
atteint du Syndrome de Rubinstein-Taybi se trouve souvent en position d'échec et réduit ainsi
son autonomie.
c. Progressivement, l'adulte atteint du Syndrome de Rubinstein-Taybi ne peut
s'assumer seul et devient dépendant.
C'est à une dépendance quotidienne que l'adulte atteint du Syndrome de Rubinstein-
Taybi est confronté. En effet, tous les troubles associés à cette pathologie peuvent le
renfermer dans un isolement presque total et lui font perdre toute confiance en lui à tel point
qu'il n'ose plus effectuer les gestes les plus simples de la vie quotidienne : se déplacer reste
très difficile pour l'adulte atteint du Syndrome de Rubinstein-Taybi, mais il en est de même
pour se laver, se restaurer ou bien s'adonner à des loisirs. Afin de participer à une activité
quelconque, il faut s'informer, interroger d'autres personnes, se déplacer jusqu'au lieu de
loisir; etc. ... Autant d'actes qui paraissent anodins et tout à fait réalisables pour tout un chacun
mais qui deviennent vite insurmontables pour l'adulte atteint du Syndrome de Rubinstein-
Taybi.
Afin de mesurer la pénalité entraînée par la perte d'autonomie, l'exemple de la prise de
repas apparaît pertinent. Pour manger, la dextérité s'impose et doit être suffisante, se servir
nécessite une bonne prise en main de la cuillère ou de la fourchette et une bonne vue est
importante afin de maîtriser ses gestes... Il semble évident qu'une personne qui n'arrive pas ou
plus à accomplir les gestes nécessaires à ses besoins reste pénalisée et devient dépendante.
Pour Maslow, les besoins humains sont organisés selon une hiérarchie où, à la base, on
retrouve les besoins physiologiques élémentaires et à son sommet, les besoins psychologiques
et affectifs d'ordre supérieur. Ce sont ces besoins qui engendrent la motivation de l'être
humain.
Afin que la pyramide "tienne droite", elle doit avoir une base solide, car une erreur du
soubassement entraînera un affaissement de l'ensemble.
De même, à chaque étage, une anomalie de construction aura pour conséquence un
effondrement des étages supérieurs et ainsi de suite jusqu'au sommet.
Enfin, une faille étendue et profonde peut, à n'importe quel étage de la pyramide, avoir un
effet destructeur de l'ensemble.
Besoin de réalisation de soi : Développer ses connaissances, ses valeurs. Créer,
résoudre des problèmes complexes.
Besoin d'estime de soi : Sentiment d'être utile et d'avoir de la valeur.
Conserver son autonomie.
Besoin d'amour, d'appartenance : Etre aimé, écouté, compris. Estime des autres, faire partie d'un groupe,
avoir un statut.
Besoin de protection, de sécurité : Propriété et maîtrise sur les choses, emploi, se sentir en sécurité, faire confiance.
Besoins de maintien de vie : Faim, soif, survie, sexualité, repos, douleur.
Echelle de hiérarchisation des besoins de l'homme selon Maslow
dite "Pyramide de Maslow".
Ce qui signifie que métaphoriquement dans la hiérarchie des besoins fondamentaux
selon Maslow, les besoins physiologiques sont prioritaires.
Les besoins physiologiques sont ceux dont la satisfaction s'avère nécessaire à la survie. Les
êtres humains ont huit besoins fondamentaux : les besoins d'oxygène, de liquides, de
nourriture, de maintien de la température corporelle, d'élimination, de logement et de rapports
sexuels. En effet, un nourrisson doit avoir de l'aide pour répondre à ses besoins de nourriture,
de liquides, de logement, etc. ... Or, à mesure qu'une personne croît et se développe, elle est
de plus en plus apte à satisfaire ses besoins physiologiques seule. Les personnes handicapées
ne sont souvent pas en mesure de répondre à leurs besoins seules, cela pose un problème pour
leur épanouissement, puisque si la base de la pyramide n'est pas stable, la construction est
quasi-impossible.
Une personne cherche généralement à satisfaire ses besoins physiologiques avant tous les
autres. Par exemple, un être humain qui manque de nourriture, de sécurité et d'amour va
d'abord satisfaire son besoin de nourriture avant les autres.
Les besoins de protection et de sécurité viennent immédiatement après les besoins
physiologiques dans l'ordre des priorités.
Lorsqu'un nourrisson vient au monde, sa sécurité physique dépend entièrement des gens qui
l'entourent. Puis, à mesure qu'il grandit et se développe, il parvient progressivement à une plus
grande autonomie pour la satisfaction de ses besoins. Généralement, l'adulte peut combler lui-
même ses besoins de sécurité physique. Toutefois, une personne handicapée, sans aide, peut
ne pas parvenir à contenter ses besoins de sécurité physique.
Le maintien de la sécurité physique implique la réduction ou l'élimination des dangers
qui menacent le corps ou la vie de la personne. Le danger peut être une maladie, un accident,
un risque ou l'exposition à un environnement dangereux.
Une personne handicapée n'est pas toujours en mesure de se protéger d'un danger comme
l'infection. Sa protection dépend alors des professionnels de la santé.
Parfois, la satisfaction des besoins de sécurité physique s'avère plus importante que la
satisfaction des besoins physiologiques. Par exemple, une infirmière qui s'occupe d'un patient
ayant des troubles psychiques devra peut-être veiller à le protéger pour qu'il ne tombe pas de
son lit pendant son sommeil avant de lui dispenser des soins répondant à ses besoins
physiologiques.
Pour se sentir en sécurité psychologiquement, une personne doit savoir ce qu'elle peut
attendre des autres, y compris des membres de sa famille et des professionnels de la santé,
ainsi que des interventions, des expériences nouvelles et des conditions de son
environnement. Toute personne sent sa sécurité psychologique menacée lorsqu'elle fait face à
des expériences nouvelles et inconnues. Une personne qui commence à travailler peut se
sentir intimidée à l'idée d'entrer en contact avec des inconnus. De même, une personne
handicapée qui doit subir une épreuve diagnostic peut être effrayée par les techniques
utilisées.
Font suite aux besoins physiologiques et de sécurité, les besoins d'amour et
d'appartenance. Une personne ressent le besoin d'être aimée par les membres de sa famille et
d'être acceptée par ses pairs et par les membres de sa communauté. Le désir de combler ces
besoins survient lorsque les besoins physiologiques et de sécurité sont satisfaits, ce n'est que
lorsqu'une personne se sent en sécurité qu'elle a le temps et la force de rechercher l'amour et
l'appartenance. Une maladie, un traumatisme ou un handicap engendrent souvent une
incapacité à satisfaire ces besoins d'amour et d'appartenance. Une personne handicapée doit
s'adapter à certains aspects du système de soins tels l'organisation, les horaires, les contraintes
du milieu, les heures de visites, etc... Il ne lui reste donc peu de temps pour satisfaire ses
besoins d'amour et d'appartenance.
Les besoins d'estime de soi et de considération se situent au-dessus des besoins
d'amour et d'appartenance.
Toute personne doit éprouver de l'estime pour elle-même et sentir que les autres ont de la
considération pour elle. Le besoin d'estime de soi est rattaché au désir de force, de réussite, de
mérite, de maîtrise et de compétence, de confiance en soi face aux autres, d'indépendance et
de liberté. Lorsque ces besoins sont satisfaits, la personne a confiance en elle et se sent utile,
dans le cas inverse, elle peut se sentir faible et inférieure.
Enfin, le besoin de réalisation de soi se trouve au sommet de la hiérarchie des besoins
humains selon Maslow.
Lorsqu'une personne a répondu à tous les besoins de niveaux inférieurs, c'est dans
l'actualisation de soi qu'elle parvient à réaliser pleinement son potentiel. La personne est alors
capable d'assumer et de mener à terme des tâches multiples et elle tire satisfaction du travail
bien fait. Elle peut juger de son apparence, de la qualité de son travail et de la façon dont elle
résout les problèmes sans se soumettre entièrement à l'opinion des autres.
La pyramide de Maslow illustre la nécessité de la satisfaction des différents besoins de
l'homme. Si la base de la pyramide n'est pas solidement ancrée, la construction supérieure
s'avérera difficile, voire impossible. Pour l'adulte atteint du Syndrome de Rubinstein-Taybi, la
réponse à ses besoins physiologiques doit être apportée par une équipe médicale car il ne peut
les satisfaire seul. Ceci le confronte à une dépendance à l'autre, en l'occurrence au milieu
médical.
3. L'adulte atteint du Syndrome de Rubinstein-Taybi est dépendant et en souffre:
L'adulte atteint du Syndrome de Rubinstein-Taybi est donc dépendant dans sa vie
quotidienne. Ainsi, il va devoir être pris en charge par des professionnels dans des structures
adaptées ce qui peut entraîner une souffrance due à la séparation de ces proches.
a. L'adulte atteint du Syndrome de Rubinstein-Taybi a besoin d'un
accompagnement au quotidien.
La grande dépendance dans laquelle se trouve l'adulte atteint du Syndrome de
Rubinstein-Taybi nécessite une prise en charge quotidienne. Une prise en charge
médicamenteuse semble nécessaire pour le traitement du reflux gastro-oesophagien, des
convulsions, des infections urinaires, etc. ...
De plus, pour les enfants atteints de cette pathologie, une éducation spécialisée est
nécessaire avec souvent une prise en charge en orthophonie et en psychomotricité1 . Certaines
techniques de rééducation orthophonique associant une approche par signets et pictogrammes
en plus de la rééducation du langage s'avèrent nécessaire pour accompagner au mieux cette
pathologie.
Bien souvent, à l'âge adulte, la personne atteinte du Syndrome de Rubinstein-Taybi
doit être orientée en institution, la famille ne pouvant plus subvenir aux nécessités de soins
que cause ce syndrome.
1 Orientation vers la CDES : Commission Départementale d'Education Spécialisée.
Après l'envoi d'un dossier à la COTOREP2 pour définir le taux de handicap, l'adulte est
souvent orienté en Maison d'Accueil Spécialisé. Dans ce lieu spécialisé, il pourra bénéficier
d'un accompagnement quotidien tant au niveau des soins médicaux et paramédicaux qu'au
niveau de l'étayage des gestes de la vie quotidienne ( il pourra bénéficier des interactions avec
les autres résidents, participer à des activités diverses : tâches ménagères, activités sportives,
artistiques, etc. ... ).
b. Cette dépendance entraîne une réelle souffrance.
Malgré l'arriération mentale, le résident a conscience de ses troubles ce qui engendre
une réelle souffrance.
De même, les troubles sensoriels apparaissant progressivement, l'adulte atteint du Syndrome
de Rubinstein-Taybi qui a pu voir et entendre se rend compte de ce décalage naissant. Ces
symptômes sensoriels agissent sur le comportement de la personne et l'amène à avoir une
image de lui-même déformée et bien souvent dévalorisée.
Avoir constamment besoin d'un tuteur pour vivre semble difficile et contraignant. Il
n'est pas aisé de demander perpétuellement de l'aide. L'estime de soi-même apparaît encore
une fois dévaluée. Cela peut entraîner un isolement.
Cette dépendance importante cause une réelle souffrance pour la personne atteinte du
Syndrome de Rubinstein-Taybi. Cette souffrance va nécessiter une prise en charge
thérapeutique.
c. Cette souffrance est une des raisons pour lesquelles l'adulte atteint du
Syndrome de Rubinstein-Taybi nécessite une prise en charge paramédicale.
Dans le cas de l'adulte atteint du Syndrome de Rubinstein-Taybi, une prise en charge
en psychomotricité est conseillée afin d'améliorer la combinaison des fonctions motrices et
psychiques. La prise en charge en psychomotricité s'organise selon trois axes.
Le premier s'articule autour de l'axe éducatif et préventif où le patient trouvera les
conditions pour la mise en mouvement de son expressivité psychomotrice avec comme
2 COTOREP : Commission Technique d'Orientation et de Reclassement du Travail.
objectifs, par exemple, la construction de son identité, l'ouverture de sa dynamique de
communication et de son processus créatif.
L'axe de l'éducation psychomotrice spécialisée va permettre à ces personnes de se
reconnecter avec elles-mêmes tout en prenant conscience de leur expressivité psychomotrice
perturbée et leur permettant de se réinscrire dans la réalité des relations avec elles-mêmes, les
autres, l'espace, le temps, etc. ...
Enfin, l'axe de la thérapie psychomotrice qui, à partir du cadre et des relations
spécifiques à la thérapie, permettra à la personne de se reconnecter à l'aide de son expressivité
psychomotrice et de sa corporalité, avec les processus psychiques ayant amenés son
expressivité psychomotrice perturbée. Cela contribuera à l'élaboration des bases de la
reconstruction.
De même, l'orthophonie s'avère nécessaire pour corriger les troubles du langage
(souvent chez les enfants atteints du Syndrome de Rubinstein-Taybi ). L'orthophoniste
pratique un bilan au cours duquel il explore les capacités et les connaissances de la personne,
il évalue les troubles du langage et suggère, si nécessaire, d'autres examens.
Son travail vise à favoriser la communication verbale et non-verbale et à renforcer les
interactions parents-enfants. Il propose également les stimulations indispensables à la mise en
place des fonctions communicatives, la rééducation de la parole, du langage oral et écrit.
Une prise en charge en ergothérapie, par l'utilisation de travaux manuels, va aider le
patient à se réadapter au milieu environnant. Un atelier de cuisine thérapeutique peut être
envisagé par exemple, afin de permettre aux patients de faire les courses et de préparer le
repas sans aucun danger puisque l'ergothérapeute sera là pour les aider dans les gestes
nécessaires à la réalisation culinaire. Dans un autre domaine, l'ergothérapeute saura également
donné des aides techniques, comme un enfile-chaussette pour faciliter la mise en place des
chaussettes qui peut s'avérer difficile pour une personne handicapée. Cela permet au patient
de s'assumer seul, de s'autonomiser.
Ces différentes prises en charges vont tenter de redonner à l'adulte atteint du
Syndrome de Rubinstein-Taybi une meilleure qualité de vie et par la même tenter d'atténuer
ses souffrances.
B. La musique est une technique artistique qui implique l'autonomie, l'expression
et la volonté de la personne :
1. La musique regroupe différentes pratiques qui mettent en oeuvre la sensorialité de
l'être humain :
Chaque pratique musicale fait appel à des parties précises du corps de l'être humain.
Ainsi, en musique, l'oreille, les cordes vocales et à la motricité corporelle sont sollicitées.
a. L'écoute musicale sollicite l'organe sensoriel nommé oreille.
L'écoute musicale constitue une pratique connue de tous. Deux types d'écoutes sont
envisageables: l'écoute passive où l'on écoute un morceau de musique tel qu'il soit et l'écoute
active qui permet de choisir un morceau et de chanter en même temps, de dessiner, etc. ...
Dans les deux cas, l'organe sensoriel mis en action est l'oreille. C'est par là que l'on peut
entendre la musique ou pas s'il dysfonctionne.
Entendre, c'est percevoir les sons. Un son est l'ébranlement vibratoire du milieu ambiant, l'air
le plus souvent. La fréquence par seconde de la vibration définit la hauteur du son. L'unité est
le Herzt = une vibration/seconde.
L'appareil auditif comprend l'oreille externe, l'oreille moyenne et l'oreille interne :
L'oreille est à la fois l'organe périphérique de l'audition et de l'équilibration : c'est un organe
paire, symétrique, situé dans la pyramide pétreuse de l'os temporal et constitué par trois
parties différentes ayant chacune un rôle propre dans la physiologie de l'audition.
- L'oreille externe reçoit les ondes sonores et comprend le pavillon qui joue le rôle de
cornet acoustique et le conduit auditif externe servant de cavité de résonance. Ce dernier
s'enfonce dans l'os temporal et est obturé en dedans par la membrane du tympan qui le sépare
de l'oreille moyenne.
- L'oreille moyenne ou caisse du tympan forme une cavité cubique, remplie d'air,
chargée d'assurer la transmission des ondes sonores à l'oreille interne. Elle est limitée en
dehors du tympan, c'est une membrane élastique extrêmement mince.
Dans cette caisse du tympan se trouve trois osselets articulés entre eux qui sont, de l'extérieur
vers l'intérieur : le marteau, dont la grande apophyse est insérée dans la membrane du tympan
; l'enclume sur laquelle repose la tête du marteau dont le prolongement inférieur se termine
par un renflement qui s'articule avec le troisième osselet : l'étrier.
D'inertie très faible, cet ensemble est mis en mouvement par chaque vibration de pression
exercée sur le tympan aussi faible soit elle. C'est ainsi que les vibrations se transmettent à
l'oreille moyenne. Elles parviennent ensuite à l'oreille interne à travers une ouverture de la
paroi osseuse interne de la caisse, la fenêtre ovale.
A cela s'ajoutent les muscles. Le muscle du marteau enfonce l'étrier dans la fenêtre ovale. Le
muscle de l'étrier attire l'étrier en dehors de la fenêtre ovale et la contraction simultanée des
deux provoque une augmentation de la rigidité du système tympano-ossiculaire.
- L'oreille interne comprend deux parties distinctes anatomiquement et
physiologiquement : la cochlée ou limaçon en avant, le système vestibulo-semi-circulaire en
arrière ; et des conduits accessoires : aqueduc du vestibule et aqueduc du limaçon.
Cet ensemble de cavités osseuses est rempli de liquide d'une composition chimique
particulière dans lesquels baigne le labyrinthe membraneux qui est l'organe sensoriel à
proprement parler.
La cochlée est formée par un enroulement osseux sur une tige creuse appelée
columelle où se logent le nerf auditif et son renflement ganglionnaire : le ganglion spiral de
Corti.
Cet appareil auditif dans sa globalité permet d'entendre les sons et les mélodies
musicales. Si l'un de ses composants est affecté, l'audition est erronée, tel le patient atteint du
Syndrome de Rubinstein-Taybi.
b. Le chant nécessite le bon fonctionnement des cordes vocales et du larynx :
organes essentiels de la phonation.
Les cordes vocales forment un repli situé dans le larynx à la hauteur de la pomme
d'Adam. De petite taille et de consistance fibreuse de deux centimètres de long, elles se
présentent sous la forme de cordon et permettent l'émission des sons. Ces sons se forment
grâce à des vibrations acoustiques.
Le laryngoscope permet d'observer les cordes vocales situées à la partie inférieure du larynx.
Cet appareil, sous forme d'un tube muni d'un système optique, permet de visualiser l'intérieur
du larynx et de vérifier le bon fonctionnement. Les cordes vocales, au nombre de deux,
forment une petite sallie sur la paroi latérale du larynx. La glotte se trouve entre les cordes
vocales.
A l'inspiration, les cordes vocales se positionnent sous la forme d'un V dont la pointe est
tournée vers l'avant. Lors de l'expiration, leurs parties arrières se rejoignent. Les vibrations
provoquées par le passage de l'air sont à l'origine de la production des sons.
Les cordes vocales sont un organe essentiel de la phonation, si l'une des deux est altérée, la
qualité d'émission du son n'est plus la même et devient mauvaise.
De même, le larynx joue un rôle primordial dans la phonation : il est situé entre le
pharynx et la tranchée respiratoire. C'est un conduit cartilagineux recouvert intérieurement de
muqueuse et comprenant des organes vibratoires : les cordes vocales.
Les muscles du larynx sont importants puisqu'ils assurent la mobilité des cartilages. Le crico-
thyroïdien fait basculer le cartilage thyroïde sur l'anneau cricoïdien, allongeant la corde
vocale.
Le larynx possède trois fonctions : une fonction respiratoire en servant au passage de l'air du
pharynx à la trachée. Une fonction protectrice des voies respiratoires inférieures par l'épiglotte
qui ferme son orifice supérieur lors de la déglutition. Une fonction vocale par l'émission des
sons produits par la vibration des cordes vocales provoquée par l'air expiré lorsque celles-ci
sont rapprochées.
Ce mécanisme doit alors fonctionner correctement pour obtenir des sons.
c. La pratique instrumentale induit une motricité du corps :
La motricité du corps s'avère nécessaire pour jouer d'un instrument. Les organes
effecteurs de la motricité doivent être opérants. Ces organes sont les muscles.
Le muscle strié squelettique constitue l'organe effecteur de la motricité somatique, qui
regroupe l'ensemble des fonctions permettant à un organisme de se déplacer dans son milieu
en mobilisant les pièces de son squelette. Il s'insère sur les pièces du squelette par
l'intermédiaire des tendons et la force contractile exercée fait pivoter les segments du
squelette autour de leurs articulations. Il peut aussi s'insérer entre un os et un organe mou : les
yeux sont mobilisés par des muscles striés lors de lecture ou de la poursuite d'un cible par
exemple. Ils diffèrent entre eux par leur fonction anatomique (fléchisseur, extenseur, ...) et
leurs propriétés métaboliques ou fonctionnelles (vitesse de contraction, résistance à la fatigue,
...). Le muscle strié, organe du maintien d'une posture (motricité statique) ou du mouvement
volontaire (motricité cinétique), s'avère donc nécessaire en musique.
Un muscle est composé de quelques dizaines à quelques milliers de fibres musculaires,
regroupées en faisceaux. Les fibres musculaires se terminent par des filaments de collagène,
qui, regroupés, forment les tendons et assurent la fixation du muscle sur ses points d'insertion.
Si les muscles dysfonctionnement, la motricité du corps est réduite voire inexistante. Ils sont
nécessaires à la pratique instrumentale : le pianiste a autant besoin des muscles de ses mains
pour jouer que des muscles du maintien de posture, ... De même, un instrumentiste à vent doit
avoir des muscles de la bouche en "bon état" pour souffler dans son instrument.
2. La musique est un outil d'expression spécifique et implique une dynamique
relationnelle :
La musique est le produit de la combinaison voulue d'éléments sonores, qu'ils soient
des bruits ou des sons. D'un point de vue historique, la musique fait partie, comme la langue
parlée, des acquisitions les plus anciennes de l'humanité. Les théories expliquant son
apparition sont aussi nombreuses que contradictoires. D'après une légende grecque, c'est un
demi-dieu qui aurait heurté la carapace d'une tortue vide sur laquelle était resté un tendon,
provoquant un son par inadvertance. Cette légende retient la musique instrumentale comme
première forme musicale. Il est possible de trouver des conceptions opposées dans les siècles
suivants.
Par analogie avec le chant des oiseaux, Darwin ramène la musique à une forme élaborée
d'appels de séduction et d'amour.
L'apparition du rythme fut également décrite comme un moment particulier dans la genèse
musicale. D'autres virent une naissance conjointe de la musique et de la parole à partir d'un
affinement progressif du cri inarticulé.
L'étude des peuples primitifs au XXème siècle conduit à penser que la musique serait
d'origine totémique et proviendrait de l'imitation des cris animaux. Ces théories peuvent être
valables en se limitant à des civilisations isolées, mais elles ne résistent pas à l'étude des
différentes civilisations. La seule certitude reste que la musique est apparue très tôt. Des flûtes
percées d'un trou en témoignent dès le paléolithique. Au néolithique, des flûtes à trois trous
apparaissent. L'évolution parallèle du chant reste une incertitude. L'étude comparée des
civilisations archaïques qui ont conservé leurs traditions le laisse penser, car le chant est en
général musicalement beaucoup plus complexe que la musique instrumentale, qui a une
fonction rythmique et reste liée à la motricité.
Le chant et la danse sont intimement liés dans la vie quotidienne et servent à des fins sociales,
religieuses, psychologiques et thaumaturgiques. Dans les grandes civilisations, la musique
prend de plus en plus d'importance et deux évolutions restent nettement séparées : celle de
l'Occident qui provient de la Grèce et peut-être de l'Egypte et celle de l'Orient.
La musique orientale a plus fortement gardé le caractère rituel que l'on retrouve aussi
chez les peuples primitifs. Son architectonique est comparable à un espace ouvert : un
chanteur arabe n'est pas contraint par une forme préétablie, il peut chanter aussi longtemps
qu'il veut. De même, il n'est pas soumis à une obligation de variété ou d'originalité. Il peut
agencer à son gré les répétitions et les variations en recourant au stock inépuisable des
mélodies traditionnelles. L'art de la déclamation est essentiel et se distingue
fondamentalement de celui de l'Europe : tandis que l'art européen cherche à mettre en valeur
le mot, sa sonorité et sa force d'expression, l'art oriental cherche à épuiser toutes les
possibilités formelles de la voix. C'est ainsi que l'on peut utiliser une voix nasonnée, écrasée,
sifflée, chuchotée, murmurée ou parlée. Toutes ces caractéristiques se retrouvent en Chine, au
Japon, au Cambodge, en Birmanie, en Inde et dans les pays islamiques. Il n'existe pas de
notation musicale et la tradition est transmise oralement.
Ce sont les Grecs qui développèrent les premiers une notation musicale élaborée et une
théorie musicale complexe qui furent reprises plus tard par les Romains. L'écroulement de
l'Empire Romain mit un terme à l'assimilation de la civilisation grecque. Les influences
hébraïques et bysantines y gagnèrent en importance. C'est sur ce terrain que se développa le
chant liturgique chrétien dont la forme sonore réelle nous demeure inconnue, car il s'est
modifié pendant des siècles. Le chant chrétien est sûrement issu du mélange de la musique
orientale et de la nouvelle manière occidentale de sentir la musique. Ce chant est la libre
expression du sentiment religieux. Même si le chant semble suivre le rythme spontané du mot,
lui devoir sa forme, il suit déjà une forme préétablie avec un initium (début), un mediante
(milieu) et un finalis (fin). Il était transmis oralement, mais comme l'Eglise voulait éviter les
changements, on commença à inventer un système de notation musicale. Sur la base des
théories de la Grèce antique que Boèce contribua à faire connaître au monde chrétien, le
Moyen-Age concevait deux sortes de musiques : l'authentique ars musica qui était surtout
considérée du point de vue spéculatif et appartenait à l'arithmétique, la géométrie et
l'astronomie au Quadrivium des sept arts libres et le cantus, par lequel on désignait l'activité
pratique de la musique.
Le fossé entre ces deux aspects de la musique commença à se combler au XIVème siècle, puis
se reforma avec l'apparition de l'empirisme et le renouveau d'enthousiasme pour la
philosophie aristocricienne.
Entre temps, la musique conquit un nouveau champ d'activité : celui des fêtes et des
cérémonies. La Cour et l'Eglise étaient en concurrence pour recruter des musiciens employés
en permanence. Ainsi naquirent les chanteurs et les compositeurs professionnels. L'utilisation
de la musique pour les fêtes engendra la création de nouvelles formes de musique de scène.
La Contre-Réforme tenta de bannir de l'Eglise la musique profane, comme le montrent les
décisions du Concile de trente (1545-1563). Mais en même temps, le nouveau style
polyphonique fut reconnu et servit à l'élaboration d'une forme musicale : l'Oratorio. La
musique instrumentale acquis son autonomie au cours du XVIème siècle et fut la première
sorte de musique à être pratiquée pour sa seule esthétique.
Après 1650, la forme de la suite et de la sonate de chambre ( sonata da camera ) se
développèrent. Progressivement, la sonate d'église ( sonata da chiesa ) disparut et fit place à
la sonate.
C'est au XIXème siècle, en Angleterre, que furent construites les premières salles de concert.
Cette façon d'apprécier la musique devint peu à peu dominante pour toutes les formes de
musiques.
Parallèlement à la musique dite "sérieuse", apparut à la fin du XIXème la musique dite
de "divertissement" appelée aussi, avec des nuances de sens, musique "légère" ou musique
"populaire". Contrairement à la musique de divertissement pratiquée autrefois, la musique de
variété est liée à la radio et au disque. Elle commença son ascension dans la première moitié
du XXème siècle.
Avec le Alexander's Ragtime Band de I. Berlin, la musique syncopée africaine fit irruption en
1911 à New-York et eut un grand retentissement aux Etats-unis et en Europe. Aux Etats-unis,
la musique de danse et le chant empruntèrent les rythmes syncopés du jazz.
Dans les années 20 et 30, les compositions de Berlin, Gershwin, Carmichael, etc. ... furent
reprises par les grands orchestres et les chanteurs ( comme Crosby ) et devinrent
mondialement connues grâce à la radio. Hollywood contribua aussi au succès de la popular
music. Ce fut le début de l'ère du swing, avec ses Big Band : B. Goodman, J. et T. Dorsey et
G. Miller devinrent mondialement célèbres.
Depuis cette époque, l'américanisation de la musique "légère" est continue.
Dans les années 1940, le swing fit place à une époque privilégiant le chant. La
production de musique de variété s'aligna de plus en plus sur la demande d'une jeunesse
disposant d'une liberté et d'un pouvoir d'achat inconnus jusqu'ici. L'industrie du disque
exploita cette situation et promut toute une série d'interprètes dont le répertoire visait le jeune
public.
Dans les années 1950 apparut le rock qui devint rapidement une révolution. Alors que
les pays anglophones et les pays culturellement proches adoptèrent tout de suite la tendance
américaine, la France et l'Italie demeurèrent un peu en retrait. C'est seulement dans les
chansons de Bécaud et d'Aznavour que se rencontrèrent les premiers échos des exemples
américains. La chanson italienne resta plus longtemps attachée à sa tradition, même si des
rythmes américains furent acceptés.
La musique de danse, au contraire, adopta plutôt le style américain dans le monde des
discothèques.
Dans la deuxième moitié des années 1970, la disco music s'installe. La musique de danse fait
partie de la musique de divertissement. La mélodie peut être exécutée vocalement ou
instrumentalement. Elle se caractérise par la reprise de rythmes permettant des figures de
danse.
Aujourd'hui, la musique a plusieurs fonctions, elle sert de messager à une nouvelle
génération qui ne connaît pas d'autres moyens de se faire entendre. Elle est le lot de
protestations et revendications multiples. Des groupes comme Mickey 3D, mettent en garde
les jeunes contre la détérioration de la planète, notamment dans leur chanson Il faut que tu
respires ! Dans un autre domaine, des groupes revalorisant les musiques traditionnelles
connaissent un grand succès aujourd'hui, tel Canta u Populu Corsu ou I Muvrini qui prônent
les véritables valeurs de la Corse à l'aide du chant traditionnel.
a. L'expression dépend d'un mécanisme neurophysiologique :
En référence au cours d'art-thérapie de R Forestier en année d'Intervenant Spécialisé
en Art-thérapie (cours du 02/03/04).
A.S.T = Accident spatio temporel
Un accident spatio-temporel est une rupture dans le temps et dans l'espace. Une chose
est donc qualifiable d'accident spatio-temporel. Or, chaque chose a un rayonnement qui lui est
propre. Pour qu'une chose rayonne, il faut un capteur. L'être humain est un capteur. Les
modalités de captation répondent à des sciences telles l'optique ou l'acoustique. En effet, pour
capter un objet, l'être humain doit le voir, donc, être en pleine possession de ses capacités
visuelles ; de même, entendre un son nécessite le bon fonctionnement de l'appareil auditif.
Les organes sensoriels sont donc primordiaux à la captation de l'accident spatio-temporel tel
qu'il soit.
Une fois que l'être humain a capté la chose, il va traiter l'information qu'il a reçu.
L'information vient de l'extérieur, nous touche et par un mécanisme biologique, monte au
cerveau : le système nerveux contrôle l'activité musculaire ( nous permet d'être en
mouvements ) et le travail de l'intelligence ( lire, écrire, compter, ... ). Les neurones sont
spécialisés dans la transmission rapide d'informations au cerveau. Ils sélectionnent également
les informations reçues : par exemple, si l'on écoute attentivement un discours, on ne sentira
pas le frottement des vêtements sur la peau. Les stimulations sensorielles amènent une
réponse motrice : une personne pose sa main sur un objet brûlant, elle va la retirer aussitôt. Il
existe les réponses motrices involontaires, les réflexes, où l'information ne va pas au cerveau
ACTION
REACTION Intérieur
Extérieur
REFLEXE
IMPRESSION EXPRESSION : Acte volontaire dirigé
Captation Traitement
Sens/organe
A.S.T
mais aux muscles qui se rétractent ; et les actes volontaires où le cerveau analyse : Je veux
prendre une assiette, je la regarde, je vois qu'elle est chaude, je contrôle, je prends un gant de
protection.
Les informations entrent dans notre mémoire et se transforment alors en connaissances. Ceci
enclenche le mécanisme de l'activité intellectuelle qui va permettre à chacun de forger sa
personnalité en se référant à ses connaissances. En effet, lorsqu'un être humain a capté
plusieurs choses, il va pouvoir les analyser et choisir celles qu'il préfèrent, celles qui lui
serviront de modèle.
Tout ceci correspond au mécanisme de l'impression.
�
�
� ����
�
Schéma montrant le cheminement des stimulations sensorielles aux réponses motrices.
Ensuite, vient le mécanisme de l'expression. L'être humain n'est plus passif, mais actif.
Après avoir engranger plusieurs informations différentes, il va déterminer son goût par
rapport à ce qu'il a capté et ce qui lui a paru agréable. Dans cette phase d'expression, l'être
humain se trouve face à une activité volontaire : il désire quelque chose et va mettre en oeuvre
des savoirs-faire pour se contenter. Le corps sera l'outil de l'expression. Une personne qui
souhaite fabriquer un meuble par exemple, va devoir se servir de ses mains pour sculpter le
bois, de sa force pour le soulever, etc. ...
b. Certains chanteurs utilisent la musique pour faire passer un message :
La chanson peut être un messager. En alliant le texte à la musique, certains chanteurs
font passer des messages.
Organes internes
Système nerveux central
Effecteurs : muscles, coeur, ...
Action
Organes des sens Muscles, tendons, ...
Cortex Informations pycho-
émotionnelles
C'est le cas des chanteurs corses par exemple, qui utilisent la chanson pour revendiquer leur
appartenance à leur terre et leur appel face à une violence qui ne solutionne pas les difficultés
de l'île et de ses habitants. Les chants corses ont souvent été transmis par l'oralité et c'est
également dans un désir de transmission du patrimoine musical que beaucoup de chanteurs
corses les reprennent.
Au IXème siècle, la naissance de la polyphonie bouleverse le monde musical. De
monodique (à une voix), la musique devient polyphonique (à plusieurs voix). Elle avait la
dimension horizontale, rythmique, désormais, elle possède une dimension verticale.
L'architecture musicale apparaît et des cathédrales vont s'élancer, l'accord va naître et le
concept de composition et de compositeur prend corps.
La polyphonie est un langage musical nouveau : inventée dans les monastères, elle s'y
développe de manière savante. Le christianisme est son berceau et le chant polyphonique y
prend ses racines et s'y identifie.
La polyphonie gagne alors toute la société, elle pénètre dans la musique populaire qui assimile
ses principes : les longues tenues (celles des organums) sur lesquels s'inventent les mélodies
et la conduite parallèles des voix. La polyphonie corse est une image équilibrée de ce langage
à la fois savant et populaire.
Par essence, la polyphonie multiplie l'expression vocale. Parce qu'elle privilégie la voix,
comme à son origine dans les liturgies orthodoxes par exemple, la polyphonie corse exprime
l'homme dans ce qu'il est et vit : ses peines, ses joies, ses douleurs, ses rêves, etc. ...
"Vouloir parler du chant profond des Corses revient à parler de leur quotidien et de leurs
rêves à la fois. De la naissance à la mort, des travaux de loisirs, du café à l'église, le chant est
tout leur monde, leur histoire et le meilleur de leur langue." Jean-Paul Poletti.
Le groupe I Muvrini est un des groupes corses qui tentent de prodiguer la polyphonie
corse. Ils ont un fort désir de transmettre les richesses de leur patrimoine musical hérité de
leurs aînés. La musique et le chant sont pour eux un outil d'expression, un messager.
La chanson Anu lasciatu7 , (ils ont laissé), retrace par exemple, l'histoire des hommes corses
partis en 1939 pour prendre part à la Seconde Guerre Mondiale. Cette chanson insiste sur le
fait que les hommes corses se sont battus au même titre que ceux du continent afin de rendre
la liberté à la France et de combattre le nazisme. C'est une partie de l'Histoire que le groupe
essaie de transmettre aux plus jeunes à travers cette chanson.
7 Chanson extraite de l'album de I Muvrini, A strada, EMI Music France, 1999.
Anu lasciatu
Anu chjosu e scole u vechju campanile
A nepita hè crisciuta à cantu à u casgile
Anu lasciatu un fiore
Pe u mese d'aprile
Anu chjosu e case quand'elli so partuti
Ma u sole hé mezu à i caracuti
So firmati l'amori
In li paesi muti
Abbandunate l'orte è i prati à vaccheghju
Ci corre una fortuna è canta à trimuleghju
So firmati i strazi
A cantu à u cunceghju
Ci hè un purtone apertu di castagnu tarlatu
E nantu à u scalellu trentanove stampatu
Anu lasciatu l'ore
Di u tempu passatu
Da sottu à una croce truvarete una scritta
I nomi so zuccati nantu a una petra arrita
Anu lasciatu un pientu
Una lacrima zitta
Nantu à un muraglione anu postu in turchinu
Corsica nazione do pettu à lu destinu
Anu lasciatu un passu
A mezu à lu caminu
Anu lasciatu un passu
Cum'è un ultimu fiatu
Anu lasciatu un passu
U sole era chjinatu
Anu lasciatu un passu
Chi ùn n'hé ancu vultatu ...
Ils ont laissé
Ils ont fermé l'école le vieux clocher
Près de la bergerie la marjolaine a poussé
Pour le prochain avril
Une fleur ont laissé
Ont fermé les maisons quand ils s'en sont allés
Le soleil dans les houx est revenu jouer
Sont restés les amours
Dans les villages muets
Ils ont laissé jardin et près à l'abandon
Là-bas une fontaine murmure comme un frisson
Auprès de la charrue
Restent leurs afflictions
De châtaignier vermoulu le portail est ouvert
Trente-neuf est gravé sur le seuil de pierres
Ils ont laissé les heures
Qui nous parlent d'hier
Tout en bas d'une croix quelques mots sont gravés
Des noms comme sculptés comme une pierre dressée
Un sanglot une larme
Silencieux à jamais
Là-bas sur un grand mur en bleu ils ont écrit
Corsica Nazione au destin de leur vie
Ils ont laissé un pas
Au milieu du chemin
Ils ont laissé un pas
Comme un soupir s'en vient
Ils ont laissé un pas
Au soleil couchant
Ils ont laissé un pas
D'un retour qu'on attend ...
3. La musique est un art :
Selon le dictionnaire philosophique, "L'oeuvre d'art est un ensemble organisé de signes
et matériaux, mis en forme par un esprit créateur, ensemble dont la beauté nous procure une
satisfaction désintéressée."3 Or, la musique correspond à cette définition dans le sens où elle
est une recherche de sons contrôlés qui vont être organisés afin que la perception en soi
agréable. Le musicien souhaite, par sa musique, retrouver des organisations de sons plaisants,
qui lui conviennent par rapport à son idée de la beauté.
* L'art se présente sous différentes orientations:
L'art peut se décliner selon trois orientations différentes relativement à l'impression
agréable ou à l'aide qu'elles peuvent apporter à l'être humain.
- Les arts d'agréments et de confort :
Les arts d'agrément et de confort correspondent aux activités qui engendrent du plaisir,
des moments agréables pour l'être humain. La formation d'un groupe de musique peut
permettre à une personne de sortir de son quotidien, d'oublier ses soucis. C'est alors plus
confortable pour elle d'appartenir à un groupe dans le but d'un partage, d'une interaction.
L'esthétique ne sera pas l'aspect principal recherché.
- Les arts d'accompagnement ou arts pratiques :
3 RUSS, Jacqueline, Dictionnaire de Philosophie, éd. Bordas, Paris, 1996, P.26
Les arts d'accompagnements ou arts pratiques autorisent la mise en valeur d'une autre
activité, d'ordre spirituelle, quotidienne, pratique, etc. ... Le compositeur d'une musique sacrée
va, par exemple, tout mettre en oeuvre pour créer un chant ou une musique qui glorifie Dieu.
Pour cela, il va essayer de la faire la plus mélodieuse possible. Toutefois, la finalité sera
l'adoration divine et non pas l'esthétique.
- Les arts de la beauté
Les arts de la beauté ont pour seul et unique but la recherche de la qualité esthétique.
Les personnes concernées sont les artistes. Par le biais de techniques liées à l'artisanat, ils
parviennent à un idéal esthétique, à une projection d'eux-mêmes dans leurs créations.
Ces propos sont illustrés par un schéma proposé dans le livre de R. Forestier, Tout savoir sur
l'art-thérapie, p. 224 .
4 FORESTIER, Richard, Tout savoir sur l'art-thérapie, éd. Favre SA, 2001, p. 22
(a) L'homme produit des objets pour se protéger, ils répondent à une fonction bien définie. Il
acquiert des savoirs ou produit.
(b) L'homme crée des objets utiles, avec un style propre.
(c) L'homme recherche un plaisir sensoriel.
(d) Savoir-faire mis en oeuvre dans le but d'une recherche esthétique.
(e) Capacité de percevoir sensoriellement et d'analyser de façon hiérarchique.
4. La pratique instrumentale est un acte volontaire dirigé vers l'esthétique :
a. A travers l'expression artistique, l'être humain recherche une gratification
sensorielle :
L'homme, dans sa pratique artistique, semble à la recherche de l'esthétique, c'est-à-
dire, d'une gratification sensorielle en elle-même, par elle-même et pour elle-même. Cette
gratification sensorielle ne peut exister que dans un bon rapport entre le fond et la forme.
Le fond est ce qui plaît ; il appartient au domaine des affects, du ressenti, donc du subjectif et
du singulier. C'est ce qui est propre à chacun.
Homme
Esthésie
Techné Savoir-faire
(e)
(a)
Esthétique (c) Agréable goût
(d) Artiste Impression différente
Oeuvre d'art
Artisan (b) Utile, style
La forme correspond à ce qui est observable, de l'ordre du commun, des moyens que l'on va
mettre en oeuvre pour parvenir à notre but. La forme correspond au domaine de l'objectif.
b. L'acte volontaire dirigé est le résultat d'une phase intentionnelle :
La volonté de faire et de retranscrire ses émotions par l'expression artistique va être
engendrée par les choses extérieures qui touchent la personne. Une intention de faire va se
mettre en place, l'artiste va alors imaginer sa production future. Il va également projeter
l'intensité de l'émotion qu'il souhaite recevoir face à son oeuvre achevée. Ce processus
correspond à un principe d'idéalisation de ce qu'il aimerait réaliser.
C'est à l'aide de techniques artistiques que l'artiste va mettre en oeuvre son intention. Il
va rechercher dans ses connaissances, qu'il a engrangé depuis toujours, pour exprimer son
intention. Il va passer de l'intérieur vers l'extérieur. Quelque chose de concret va apparaître, de
visible, de tactile, d'audible.
Il va adapter les outils, connaissances et méthodes afin de satisfaire son intention de départ.
Il lui faudra utiliser de la façon la plus juste les moyens au service de son intention
esthétique afin d'arriver à une belle production. Lorsque la production artistique est achevée,
le processus d'idéalisation prend fin. C'est là qu'il pourra établir une sorte de bilan sur sa
production en se demandant s'il est parvenu à son idée de départ : est-ce que son propre plaisir
est satisfait ?
c. La capacité d'action volontaire est nécessaire à la recherche esthétique:
Si la personne ne ressent pas l'envie de recherche artistique, elle ne pourra accéder au
plaisir d'une expression artistique. La capacité d'action volontaire induit que la personne
agisse intentionnellement pour quelque chose.
Ceci implique que le développement psychomoteur et intellectuel lui permettent le passage de
l'art I à l'art II. C'est-à-dire, le passage du globale et de l'anarchique à une expression
spécifique ordonnée avec pour médiateur la technique artistique.
C. Diverses expériences montrent que des personnes accueillies en Maison
d'Accueil Spécialisé participent à des activités musicales :
1. Un atelier de percussions africaines est mis en place au foyer médicalisé de St
Trojan (17) :
Chaque mercredi après-midi de 15h à 16h30, un atelier de percussions africaines est
proposé aux résidents du Foyer Médicalisé de St Trojan (17).
Trois animateurs encadrent l'atelier et huit résidents y participent. L'indication de cet atelier
leur a été posée en fonction de leur motivation et surtout de leur capacité à y participer. Le
polyhandicap engendre souvent une incapacité à jouer d'un instrument, d'autant que les
percussions nécessitent une bonne motricité de la main et une certaine dextérité.
Plusieurs représentations annuelles sont prévues à l'extérieur du foyer. Par exemple, un
spectacle à Poitiers ( 86 ) dans le cadre de l'anniversaire de la Maison d'Accueil Spécialisé
d'Iteuil, ou bien encore une représentation à La Rochelle ( 17 ) pour la manifestation annuelle
intitulée "Art et handicap".
Un projet à long terme serait l'enregistrement d'un Compact Disque reprenant quelques
titres du groupe de percussions.
Cet atelier vise plusieurs objectifs :
- Donner la capacité aux résidents de tenir une rythmique. Dans un groupe de
percussions, le plus important réside souvent dans le fait de savoir tenir sur la durée une
rythmique proposée. Ceci s'avère une action difficile avec le public polyhandicapé. Les divers
handicaps, moteurs ou mentaux, conduisent souvent la personne à s'isoler des autres. Or,
l'atelier de percussions propose de former un groupe qui s'unisse autour d'un même rythme. Il
faut donc écouter les autres musiciens, ne plus être dans une démarche individuelle mais
collective. Les résidents deviennent progressivement acteurs dans une dynamique de groupe.
Un travail sur l'attention et la concentration est également prévu afin que les résidents
puissent maintenir un accompagnement rythmique pendant la durée d'un morceau.
- Le second objectif consiste à travailler les capacités cognitives telles la
mémoire. Etre capable de se souvenir de la structure d'un morceau par exemple. Un morceau
de musique peut être composé de plusieurs parties, il est alors nécessaire de savoir dans quel
ordre elles sont jouées. Pour les traumatisés crâniens, se souvenir de plusieurs éléments peut
s'avérer une difficulté. En apprenant des rythmiques différentes au fil des séances, ces
résidents semblent être en mesure de reproduire un schéma musical.
- Par des répétitions hebdomadaires de divers morceaux de musique, les
animateurs de l'atelier percussions africaines souhaitent inculquer aux résidents les notions de
persévérance, de dextérité, de patience nécessaires à tout instrumentiste.
- Les projets de spectacles : objectifs visant la capacité à donner une
représentation en public, à se mettre en scène et ainsi, valoriser l'image et le rôle social des
résidents.
Ce travail amène les résidents à s'exprimer avec leur corps et leurs expressions.
Adapter l'activité musicale aux capacités de chaque résidents : Prenons l'exemple d'une
personne présentant un traumatisme crânien qui reste par conséquent lent dans l'exécution de
ses actes : dans un groupe de percussions, l'élément important s'articule autour de la
rythmique. Pour que la personne traumatisée crânien puisse participer à son rythme, les
animateurs adaptent l'activité en proposant à cette résidente de soufflée dans un sifflet avec un
mesure d'un temps sur trois. Les rôles peuvent alors être inversés puisqu'elle va guider le
groupe et donner la pulsation. Cette solution adaptée lui montre qu'elle peut appartenir au
groupe et qu'elle y tient même une place importante prenant celle du meneur.
2. Un atelier conte musical est proposé quotidiennement à la Maison d'Accueil
Spécialisé d'Iteuil :
Pour la troisième année consécutive, l'atelier conte musical est proposé à la Maison
d'Accueil Spécialisé d'Iteuil. Huit personnes assurent l'encadrement dont un animateur, des
aides-soignants et Aides médico-psychologiques. Cet atelier a lieu une fois par semaine le
jeudi après-midi pendant deux heures et demi.
Neuf résidents y participent. Ce sont des personnes qui s'étaient déjà investies dans des
activités d'expression artistique auparavant telles la musique, le théâtre, etc. ...
Cet atelier propose aux résidents une activité pluri-artistique, puisque la musique, le
conte, les arts-plastiques, le théâtre et cette année, la manipulation de marionnettes sont des
pratiques utilisées.
Chaque résident choisit l'activité qu'il préfère et contribue ainsi à la réalisation du conte
musical. Un thème est choisi en accord avec les résidents et les animateurs. Puis, chaque
atelier fonctionne indépendamment. La mise en commun des différentes activités est réalisée
en fin de séance.
Le but de l'atelier vise la réalisation d'un spectacle que les résidents donneront en
extérieur. Le conte musical "Les visages sont les plus beaux paysages" a été joué dans
plusieurs salles de la région poitevine. Un journaliste a filmé tout au long de l'année
l'évolution du spectacle et a réalisé un film-documentaire.
II. Etude de cas concernant un atelier d'art-thérapie à dominante musicale :
A. Lieu de vie, la Maison d'Accueil Spécialisé "La solidarité" d'Iteuil propose des
soins spécifiques aux résidents :
1. La Maison d'Accueil Spécialisé "La solidarité" d'Iteuil est crée en 1994 :
La Maison d'Accueil Spécialisé "La solidarité" située à Iteuil, dans le département de
la Vienne, accueille 48 résidents pour lesquels elle devient un lieu de vie. Des soins médicaux
et paramédicaux spécifiques sont adaptés aux résidents. Une place importante est consacrée
aux pratiques artistiques (Telles le théâtre, les arts-plastiques) et à la diversité des activités
proposées aux résidents.
a. Des textes législatifs régissent l'organisation de la Maison d'Accueil
Spécialisé:
Les Maisons d'Accueil Spécialisé ont été créées par les lois 75-534 et 75-535 du
30.06.1975 et par les décrets 88-1211 du 26.12.78.
La loi 2002 du 2 Janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico sociale, s’applique dans son
intégralité à la Maison d’Accueil.
La loi de décentralisation de 1984 a laissé les Maisons d'Accueil Spécialisé sous contrôle direct
de l’Etat. Leur financement est assuré par une convention passée entre la C.R.A.M et
l’Association Gestionnaire. Le paiement étant effectué par la C.P.A.M du lieu de résidence de
la Maison d'Accueil Spécialisé.
Cette convention fixe les droits, les devoirs et les limites du budget.
L’accueil des résidents est possible après orientation de la COTOREP. L’orientation peut être
prise entre la seizième et la soixantième année.
a. 1. Historique de la Maison d'Accueil Spécialisé :
Suite à l’arrêté préfectoral du 12 Mai 1992 et du 26 Octobre 1993, la Maison d'Accueil
Spécialisé "La Solidarité" a ouvert ses portes le 21 Septembre 1994.
Cette Maison d'Accueil Spécialisé dépend du C.L.P - A.P.A.J.H (Comité local Poitevin -
Association Pour Adultes et Jeunes Handicapés) qui est une Association de type loi 1901,
adhérante d’une fédération de parents au niveau national : l’A.P.A.J.H.
Le CLP - A.P.A.J.H a été crée en 1971, pour l’ouverture de son premier établissement l’Institut
Médico-Educatif des Varennes, devenu depuis son déménagement et son nouvel agrément
l’Institut Médico-Educatif Roger Godin.
Cette association gère également un C.A.T, le C.A.T Henri Bucher, une Section Annexe et un
Foyer pour adultes handicapés.
L’ouverture de la Maison d'Accueil Spécialisé s’est effectuée progressivement. Elle a été
entièrement réalisée au 1er Janvier 1995. A ce jour elle comprend 40 internes, 8 externes et un
personnel de 46 équivalences temps plein soit 60 salariés.
Elle a été inaugurée le 24 Mars 1995 et fonctionne aujourd'hui avec effectif complet.
a. 2. Structure de la Maison d'Accueil Spécialisé :
La Maison d’Accueil Spécialisée est équipée d’un matériel adapté pour le confort, les
soins, les apprentissages et l'épanouissement des résidants.
Sont accueillis 40 résidants en internat et 8 en externat. Ils ont tous été orientés par la
COTOREP, conformément à l’article 14 de la loi 75534. Ce sont des personnes handicapées
incapables de se suffire à elles-mêmes dans les actes essentiels de l’existence. Aucune d’elles
n’est autonome.
La Maison d’Accueil Spécialisée accueille également une section d’adultes traumatisés
crâniens de dix places. Ces résidents sont regroupés en une unité spécifique qui a son propre
mode de fonctionnement.
a. 3. Le personnel de la Maison d'Accueil Spécialisé comprend :
- Cinq animateurs :
De part leur statut conventionnel, les animateurs ont un rôle de coordinateur et
d’animation dans l’unité où ils travaillent.
Ils sont les garants des projets individuels et de leur cohérence avec le projet de l’établissement.
Ils veillent au bon fonctionnement de l'unité, au bien-être des résidents, se chargent d'organiser
des rendez-vous réguliers avec les familles. Les animateurs organisent des sorties diverses
telles les voyages, les soirées au théâtre, cinéma, etc. ...
Leur rôle consiste également à superviser les différents membres présents sur différentes les
unités, comme les maîtresses de maison, les aides Médico-Psychologiques, ...
Ils planifient leurs emplois du temps et se montrent à l'écoute de chacun d'entre eux en cas de
problème.
- Les aides Médico-Psychologique et Aides-soignants :
Les aides Médico-Psychologique et les Aides Soignants ont en charge tout le travail de
soins corporels et le nursing : elles doivent aider les patients pour les toilettes, en protégeant
l'intimité de chacun. Pour les résidents non valides, elles assurent les soins nécessaires et les
prennent en charge pour les toilettes et les changes réguliers. Ces deux qualifications
différentes permettent d’offrir un maximum de compétences pour accomplir toutes les tâches
quotidiennes.
- Les maîtresses de maison :
La fonction principale des maîtresses de maison est l’entretien des lieux de vie et la
préparation des repas. Elles sont également responsables de la qualité de l’accueil des familles
ou autres personnes entrant dans les unités. Elles doivent assurer une ambiance chaleureuse et
agréable sur les unités.
b. Un organigramme structure la Maison d'Accueil Spécialisé d'Iteuil:
Conseil d'administration C.L.P - A.P.A.J.H
Président Mme MONARD
Directeur général M. FRANCOIS
Service de tutelle
C.A.T
S.A.C.A.T
M.A.S Directeur M. MARCE
S.A.V.S
I.M.E
Directeur adjoint M. ALLEGRINI
Educateurs spécialisés Employé de bureau
Service Educatif : Animateurs Aides Soignantes Aides Médico-psychologiques
Service médical et paramédical : Psychologue Psychiatre Ergothérapeute Kinésithérapeute Infirmière Musicothérapeute
Services généraux : Aide Cuisinière Lingère Ouvrier d'entretien Surveillant de nuit Maîtresses de maison
Service administratif : secrétaire comptable Employée de bureau
2. La Maison d'Accueil Spécialisé "La Solidarité" d'Iteuil se compose d'une
équipe pluridisciplinaire :
L'organigramme qui structure la Maison d'Accueil Spécialisé d'Iteuil montre qu'une
équipe pluridisciplinaire est en place dans le but de proposer une palette de soins adaptés aux
prescriptions médicales des résidents.
Un psychiatre, un psychologue, des infirmières, une ergothérapeute, un kinésithérapeute, un
musicothérapeute et un art-thérapeute composent cette équipe.
a. Cette équipe travaille en collaboration sur les projets individualisés.
Le projet individualisé est propre à chaque résident et détermine les sites d'action sur
lesquels les différents thérapeutes vont agir.
L'équipe paramédicale a un rôle clé dans l'accomplissement de ces projets individualisés car
elle peut se servir de la diversité des thérapeutes et de leur spécificité pour répondre au projet.
Chaque thérapeute a un rôle particulier :
- Le psychiatre :
Le psychiatre est un médecin spécialisé en psychiatrie, préparé à traiter différentes
maladies mentales. Le psychiatre prescrit différentes médications. Il peut toutefois avoir
recours à la psychothérapie qu'il assure lui-même ou en collaboration avec d'autres
professionnels.
Le psychologue :
Le psychologue étudie les comportements humains en travaillant sur leurs mécanismes
psychiques. Il s'intéresse tout particulièrement à la construction de la personne, à la vie
affective, intellectuelle et comportementale et à l'influence du milieu familial et social. Il
réalise des bilans psychologiques, reçoit les patients en entretiens individuels, aide au
diagnostic et pose des indications thérapeutiques.
Ce professionnel obéit à un code de déontologie.
- L'infirmière :
Au service des personnes en matière de santé, l'infirmière assume la responsabilité de
l'ensemble des soins infirmiers que requiert la promotion de la santé, la prévention de la
maladie et les soins aux malades.
Elle aide les personnes souffrantes à maintenir et à recouvrir leur indépendance et autonomie,
à développer leur potentiel santé et à soulager leur souffrance.
Dans l'ensemble de ses activités, l'infirmière est également soumise au respect du secret
professionnel. Elle exerce leur activité en relation avec les autres professionnels du secteur de
la santé, du secteur social médico-social et éducatif.
- L'ergothérapeute :
L'ergothérapie a acquis, au sein de l'équipe de rééducation, un rôle spécifique. Elle
réduit les conséquences fonctionnelles d'un processus pathologique par le travail, par la
manipulation d'objets. Elle propose des solutions pratiques et efficaces aux obstacles que le
handicap élève dans les actes de la vie quotidienne.
L'ergothérapeute est amené à collaborer avec le kinésithérapeute et le psychologue pour
rétablir la relation entre l'homme et son environnement, en s'inscrivant dans de larges
programmes de revalidation neurologique.
L'ergothérapie a un double but, celui de réduire le trouble lié aux fonctions déficitaires en
utilisant le travail ou tout autre occupation et celui d'assurer la meilleure indépendance
possible dans les activités de la vie quotidienne.
Si l'ergothérapeute propose des activités éveillant l'intérêt des patients, il leur permet
également d'avoir l'idée la plus juste de l'étendue de leurs possibilités gestuelles et de leurs
performances.
- Le kinésithérapeute :
Le kinésithérapeute utilise la thérapeutique du mouvement. Il intervient sur
prescription médicale.
Le mouvement peut être actif comme dans la gymnastique médicale, la balnéothérapie
(mouvements pratiqués dans l'eau), la pouliéthérapie (mouvements exécutés avec une
résistance progressive grâce à un système de poulies), etc. ...
Le mouvement peut être également passif : c'est la mobilisation passive faite par le praticien
sur le patient.
Le mouvement peut être provoqué par une machine ou par l'électricité. Les applications de la
kinésithérapie sont nombreuses, elle peut être utilisée en rééducation fonctionnelle des
blessés, pour des handicaps moteurs, la correction des anomalies de maintien, la correction
des insuffisances respiratoires, entre autres.
- Le musicothérapeute :
Le musicothérapeute fait également partie de l'équipe pluridisciplinaire. Il exploite la
musique dans un but thérapeutique. Cette thérapie peut être l'objet d'une prescription
médicale.
La musicothérapie permet d'acquérir une meilleure connaissance de son corps et facilite la
relation aux autres. Elle constitue un moyen d'expression et de communication. Cette nouvelle
approche peut favoriser le développement sensoriel et constituer une stimulation mentale et
un moyen de socialisation.
Le musicothérapeute peut utiliser plusieurs techniques comme la musicothérapie réceptive où
le sujet écoute un programme sonore établi après une discussion entre le musicothérapeute et
le sujet. La musicothérapie active est davantage axée sur des productions sonores ou sur le
travail de la voix pour faciliter la communication avec autrui. Enfin, les techniques
psychomusicales proposent des méthodes de détente et de relaxation sous inductions
musicales, l'utilisation de la musique pour des rééducations en kinésithérapie, etc. ...
- L'art-thérapeute :
L'art-thérapeute intervient dans trois domaines différents : les domaines artistique,
thérapeutique et pédagogique.
En effet, l'art-thérapeute est un artiste et connaît les effets de l'art, il sait les maîtriser ou les
provoquer. Grâce à cette expérience qu'il va pouvoir partager, il proposera son intervention
dans un lieu de soin. L'art-thérapeute et le patient se retrouvent alors dans une démarche
artistique, il intervient comme un guide qui permet au patient d'enrichir son projet, sa
production. Il ne doit en aucun cas faire part de jugement de valeur ni même s'adonner à
interpréter les productions artistiques des patients.
L'art-thérapeute possède également une compétence thérapeutique acquise par une
formation théorique spécifique. C'est un artiste qui intervient auprès de personnes en
souffrance en les accompagnant dans une démarche artistique à visée humanitaire.
Des connaissances en psychologie lui sont nécessaires afin de ne pas se trouver dépourvu face
à un public en souffrance psychique. De plus, des connaissances en biologie sont
indispensables notamment par rapport à la douleur physique des patients, mais également
relativement aux effets de certains médicaments sur leurs comportements.
L'art-thérapeute possède ses propres outils d'évaluation et présente des bilans lors des
réunions. L'art-thérapeute peut proposer son activité en séance individuelle ou en atelier selon
les besoins des patients.
Enfin, il sollicite et stimule les apprentissages du patient. Toutefois, l'atelier d'art-
thérapie n'est pas un lieu d'enseignement, mais l'acquisition d'un savoir-faire peut engendrer
un désir de faire, de produire.
b. Des réunions spécifiques regroupent ces professionnels :
Des réunions techniques réunissent les membres de l'équipe pluridisciplinaire une fois
par semaine, le mardi de 15h45 à 17h. Sont également présents les animateurs qui dirigent
chaque unité.
Ces réunions permettent d'échanger sur l'évolution ou l'involution des prises en charge des
résidents, sur les arrêts éventuels de ces dernières. Chaque professionnels peut s'exprimer sur
le travail spécifique poursuivi avec le résident. Les échanges riches permettent de mesurer au
quotidien l'impact des prises en charge.
Ces réunions s'avèrent nécessaires afin de débattre sur les projets individualisés des résidents.
Les professionnels essaient également d'apporter leurs points de vue quant aux questions
particulières relatives, par exemple, à la sexualité des résidents, l'intimité de chacun, le respect
...
3. La Maison d'Accueil Spécialisé "La Solidarité" d'Iteuil propose différents
ateliers d'expression artistique :
Les équipes de la Maison d'Accueil Spécialisé d'Iteuil accordent beaucoup
d'importance aux activités artistiques. Celles-ci sont donc proposées comme l'atelier d'arts-
plastiques, le groupe de percussions ou encore l'atelier théâtre.
a. Un atelier arts-plastiques a lieu de façon hebdomadaire :
Chaque mardi après-midi, les résidents peuvent participer à une activité arts-plastiques
dirigée par une plasticienne. Cet atelier propose un moment de détente à l'aide de techniques
plastiques variées, telles le dessin, la sculpture, la mosaïque, etc. ... L'aboutissement de
l'atelier consiste à une exposition de travaux au cours de l'année.
Le nombre de résidents est limité à quatre par séance afin que chacun puisse bénéficier
d'un étayage individualisé. Pour créer une ambiance intimiste, chacun dispose d'un espace
particulier.
La plasticienne est présente pour donner des conseils aux résidents et les guider dans leur
première approche des différents matériaux.
Les résidents sont invités à s'essayer à cette activité selon leur désir. S'ils le souhaitent,
ils peuvent se limiter à l'observation de la plasticienne et des autres résidents pendant
quelques séances. De plus, l'animatrice de l'activité laisse libre choix des thèmes des
réalisations afin que chacun s'exprime librement.
Enfin, les résidents peuvent refuser l'exposition de leurs oeuvres suite à une sollicitation
effectuée par la plasticienne.
b. Un atelier de percussions est proposé aux résidents :
Un atelier percussions est mis en place chaque mercredi après-midi par une aide-
soignante de la Maison d'Accueil Spécialisé. Contrairement à l'atelier d'arts-plastiques, l'aide-
soignante décide de prendre en charge certains résidents. Son choix respecte l'accord des
différents animateurs des unités concernées. Ont été choisi les résidents qui ont un attrait pour
la musique, c'est-à-dire des résidents qui ont déjà jouer d'un instrument, qui aiment écouter de
la musique, etc. ...
Le but de l'atelier percussions est de donner aux résidents attirés par la musique un
temps où ils peuvent s'adonner à une activité, où ils prennent du plaisir. En effet, certains
résidents ont déjà pratiqué une activité musicale et se trouvent dans l'impossibilité de la
poursuivre. Il semble important de leur donner une opportunité de s'exprimer par la musique
et cela peut leur apporter une satisfaction personnelle. Ceci leur permet également de
développer leur technique musicale, en apprenant de nouveaux morceaux et en s'intéressant à
la composition.
c. Les résidents peuvent participer à l'activité théâtre :
L'activité théâtre est proposée aux résidents une fois par semaine. Une aide médico-
psychologique, comédienne, anime cet atelier. La composition et le nombre de résidents
peuvent varier selon les séances.
Cette activité nécessite de pouvoir s'exprimer devant un public. Cela induit une forte
implication personnelle. Toutefois, l'activité n'est pas seulement proposée aux résidents qui
verbalisent correctement mais également à ceux dont le langage est limité voire inexistant. Il
s'agit alors pour l'animatrice de trouver une technique particulière qui puisse mettre en valeur
un autre aspect que celui du langage, comme le mime par exemple.
L'atelier théâtre ne se limite pas à la mise en scène de pièces connues, mais comporte
également une partie d'écriture. Les résidents, après avoir choisi un thème, travaillent autour
de l'écriture d'une pièce de théâtre dans le but de l'interpréter ensuite.
La réalisation d'une pièce nécessite également la préparation des décors pour laquelle l'aide de
la plasticienne peut être demandée. Certains résidents participent donc à cette activité théâtre
en aidant à la confection des décors ou des costumes. Leur implication multiple favorise un
fort investissement.
Bien qu'il n'y ai aucun but thérapeutique dans cette activité théâtre, les résidents
peuvent y trouver des bénéfices : vaincre leur timidité (liée à leur image corporelle
dévalorisée) ou encore surmonter des difficultés de langage et d'expression.
B. Les prises en charge individuelles en art-thérapie à dominante musicale se
mettent en place dans la continuité du stage de première année d'Intervenant Spécialisé
en Art-thérapie :
1. Les prises en charge en art-thérapie s'organisent selon un cadre spécifique :
Lors de la première année d'enseignement en art-thérapie nommée année d'Intervenant
Spécialisé en Art-thérapie, les étudiants doivent effectuer un stage de quatre-vingts heures
afin de se familiariser avec le milieu professionnel du soin et d'observer un art-thérapeute
dans le cadre de son activité professionnelle.
J'ai réalisé un stage à la Maison d'Accueil Spécialisé d'Iteuil. Réitérant avec un projet précis,
j'ai mis en place un atelier d'art-thérapie à dominante musicale.
a. Une rencontre avec l'équipe pluridisciplinaire s'avère nécessaire pour
expliquer le projet :
J'avais déjà rencontré l'équipe pluridisciplinaire lors de mon stage précédent pendant
les réunions techniques auxquelles j'ai pu assister. Il s'agissait désormais d'expliquer les
ressortissants du stage d'observation et de présenter mes motivations pour la mise en place
d'un atelier d'art-thérapie à dominante musicale ainsi que les buts thérapeutiques d'un tel
atelier.
Avant la proposition de prises en charges individuelles en atelier d'art-thérapie à
dominante musicale (préalablement discutées avec mon maître de stage), une concertation
avec l'équipe pluridisciplinaire au complet s'avérait nécessaire.
Je rappelais la définition de l'art-thérapie et la spécificité de l'art-thérapeute au sein
d'une équipe pluridisciplinaire.
J'expliquais ensuite mon projet concernant la mise en place d'un atelier d'art-thérapie à
dominante musique au sein de la Maison d'Accueil Spécialisé. L'équipe a pris note de mes
jours d'intervention, le mardi et mercredi matin de 9h30 à 12h30.
Mes souhaits s'orientaient vers la demande d'une salle adaptée pour un atelier d'art-
thérapie. Cette demande adoptée, j'ai pu, par la suite, investir la salle destinée aussi à la
musicothérapie.
Cette réunion a également permis de prescrire à certains résidents des séances d'art-thérapie à
dominante musicale : les animateurs de chaque unité avaient réfléchi au préalable aux
résidents en souffrance pouvant être pris en charge en art-thérapie. Ils m'exposaient donc leurs
choix et les pathologies des différents résidents. Quatre résidents ont été retenu.
Chaque matinée se divisait en deux parties : une séance d'art-thérapie de trois quarts d'heure,
puis une demi-heure consacrée à l'analyse de la séance et aux évaluations. Je pouvais
également solliciter un temps de discussion avec les membres de l'équipe ou bien avec mon
maître de stage.
Je commençais alors les prises en charge individuelles en art-thérapie.
b. Une salle adaptée est mise à ma disposition pour les séances d'art-thérapie:
Salle où se déroulent les séances d'art-thérapie.
Cette salle est grande et permet d'accueillir si besoin, un groupe de résidents. Elle est
très lumineuse, ce qui lui confère une atmosphère chaleureuse. Des chaises sont
préalablement disposées devant les instruments afin que les résidents puissent s'asseoir pour
découvrir ou jouer des instruments qu'ils désirent.
Le matériel adapté m'est également prêté. Une chaîne hi-fi permet l'écoute musicale et de
nombreux instruments sont à ma disposition : Synthétiseurs, djambés, gong, tambour, flûte,
oeufs, maracas, ... Ceci permet de proposer un maximum de choix aux résidents.
Différents instruments de musique sont à ma disposition.
c. La prise en charge s'inscrit dans le projet individuel du résident :
Les prises en charge en art-thérapie doivent s'inscrire dans le projet individuel du
résident. Ce projet est établi au cours des premiers mois du résident dans la structure et est
revue de façon régulière afin de noter les évolutions, les changements éventuels, etc... Ce
projet tend à apporter des solutions à la personne en souffrance afin d'améliorer sa qualité de
vie et de travailler sur les points qui la mettent le plus en situation d'échec.
Il peut s'agir de favoriser la relation avec le monde extérieur d'un patient se refermant sur lui-
même ou bien encore de mettre en place des activités de la vie quotidienne comme la
préparation des repas ou le rangement du linge afin de garder un contact avec la réalité.
L'art-thérapie trouve sa place dans les projets individuels, lorsqu'il s'agit par exemple,
de faire participer les patients à des activités corporelles pour les amener à accepter leur image
corporelle détériorée. La musique, en l'occurrence, permet un travail avec le corps puisque
jouer d'un instrument nécessite de le saisir ou le toucher, implique une mise en action du
corps. Le corps est mobilisé partiellement ou entièrement : chanter implique le corps qui
devient le médiateur. En effet, les cordes vocales et tout l'appareil phonatoire deviennent les
acteurs du chant.
La prise en compte de la prise en charge en art-thérapie dans le projet individuel du
résident semble très importante puisque cela permet de travailler en accord avec l'équipe
pluridisciplinaire et d'avoir des objectifs communs.
2. Le protocole de prise en charge engendre une évaluation :
Les prises en charges en art-thérapie répondent à un protocole particulier. L'art-
thérapeute s'autorise une période d'observation afin de rencontrer les résidents, de déambuler
dans les couloirs pour s'imprégner de l'ambiance des lieux, etc. ... Ensuite, viens le recueil
d'informations concernant les résidents qu'il va prendre en charge. Ceci s'effectue avec
l'équipe qui lui transmet l'anamnèse du résident et ses objectifs. La prise en charge en art-
thérapie s'intègre dans le projet individuel du résident. La prise en charge peut alors débuter
engendrant des évaluations avec les outils propres à l'art-thérapeute, des bilans ponctuels
remis à l'équipe pluridisciplinaire et des bilans généraux en cas de décès du résident ou de
refus de la personne de poursuivre les séances ou inversement.
Ce protocole de prise en charge permet une démarche claire et un suivi continu.
a. La rencontre avec les résidents semble nécessaire au préalable :
Je souhaite rencontrer les résidents avant que l'atelier ne débute pour faciliter la prise
de contact. Un animateur me présente donc aux résidents avec lesquels je vais travailler en
art-thérapie. Certains, tels Françoise, Marielle ou Olivier semblent enthousiasmés par les
prises en charge et signifient leur plaisir par des gestes, des cris et des sourires. Michèle, pour
sa part, reste très en retrait, même si elle écoute attentivement l'animateur. Ses signes de tête
montrent une certaine inhibition. Je possède déjà quelques informations.
Je décide ensuite de rencontrer les autres résidents, d'observer le comportement de
ceux que l'on m'a présenté, de faire connaissance avec le personnel de la Maison d'Accueil
Spécialisé.
Certains résidents viennent me serrer la main, me demander mon identité, d'autres se
contentent d'observer de loin, d'autres encore ne semblent même pas remarquer ma présence.
Olivier vient vers moi et me prend la main, m'emmenant dans sa chambre. J'observe alors
qu'il ne parle que très peu, que ses réponses sont parfois incohérentes, mais qu'il a le désir
d'établir un contact avec moi, de me faire partager son univers.
Après avoir passé un moment avec olivier, je me dirige vers l'unité 4, celle où réside Michèle.
Lorsque j'arrive, elle est en train de lire une revue. Ceci me surprend puisqu'on m'a dit que
Michèle avait une cécité partielle due à sa pathologie. Je m'approche donc d'elle et j'engage la
conversation en haussant la voix afin qu'elle m'entende suffisamment. Je demande à Michèle
si elle me reconnaît. Ces questions me permettent d'observer que Michèle a un regard fuyant.
Ses réponses se traduisent seulement par des signes de tête. Michèle sait parler, mais elle ne le
fait qu'avec sa mère et quasiment pas avec les membres de l'unité 4. En effet, lors de cette
rencontre, Michèle ne prononce pas un mot mais l'important est qu'il y est néanmoins une
interaction.
La rencontre en dehors de l'atelier d'art-thérapie est importante car elle favorise
l'établissement d'un premier contact. Ceci permet également d'observer le résident dans son
environnement quotidien et de commencer à se fixer des objectifs thérapeutiques pour les
séances à venir.
b. Des outils sont spécifiques à l'art-thérapeute comme les items et la fiche
d'observation :
L'art-thérapeute détermine un objectif général dans le cadre de la prise en charge qu'il
va effectuer. C'est-à-dire, un objectif thérapeutique qu'il va tenter d'atteindre par le biais des
séances d'art-thérapie. Il doit s'inscrire dans le projet individuel du sujet accueilli dans cet
atelier spécifique. Pour atteindre cet objectif général, il est parfois nécessaire d'établir des
objectifs intermédiaires.
L'art-thérapeute possède des outils qui lui sont spécifiques pour l'évaluation. L'élément
principal étant l'item. Il se définit comme la plus petite unité observable.
" L'item se rapporte à des faits précis. Ces faits peuvent être abordés de façon quantitative,
qualitative, fonctionnelle ou descriptive. Les items pourront être appréciés de façon objective,
(mesurable), interprétée (se rapportent à des faisceaux de faits et connaissances connexes à
l’observation) ou ressentie (l’impression esthétique de l'art-thérapeute)."5
Les items sont regroupés en faisceaux d'items, ceux-ci pourront déterminer l'évolution du
comportement, par exemple, de l'humeur, de l'attention, de la communication, etc. ... Ils seront
choisis en fonction de l'objectif thérapeutique.
La fiche d'observation permet le repérage et l'analyse de l'action thérapeutique dans le
temps. Elle est constituée à partir d'observations et est fondée sur les différents temps du
phénomène artistique : intention, action, production, ces temps étant les parties visibles des
actions et productions de la personne.
Elle s'organise de façon linéaire qui représente le temps d'une prise en charge entière ou d'une
séance. Elle se situe par rapport à un axe vertical qui correspond à la profondeur et à la
précision, c'est-à-dire, l'analyse de ce qui se passe en un temps donné avec la personne.
La fiche d'observation doit être personnalisée. Elle est propre à chaque personne prise en
charge et ne peut en aucun cas s'appliquer à tous.
Il peut ensuite faire part de ses observations à l'équipe pluridisciplinaire.
5 FORESTIER, Richard, Tout savoir sur l'art-thérapie, éd. Favre SA, 2001, p. 63
c. Ces évaluations sont partagées en équipe pluridisciplinaire :
Après quelques séances, l'art-thérapeute est en capacité d'établir une fiche
d'observations qui va lui donner de précieuses informations sur le cheminement du résident et
les progrès accomplis ou non par rapport à l'objectif thérapeutique fixé.
Ces outils vont également lui permettre de communiquer avec l'équipe pluridisciplinaire. Il va
transmettre les informations recueillies aux autres professionnels. Ainsi, l'art-thérapeute fera
part de ses observations : où en est le patient par rapport à l'objectif thérapeutique général. De
plus, ce que l'art-thérapeute observe lui est caractéristique, dans le sens où il est le seul à
observer les actions et productions de la personne d'un point de vue artistique. Cela peut
permettre des éclairages spécifiques concernant le comportement ou le potentiel du résident.
C. Etude de cas concernant une résidente atteinte du Syndrome de Rubinstein-
Taybi prise en charge en atelier d'art-thérapie à dominante musicale.
1. Michèle est une femme atteinte du Syndrome de Rubinstein-Taybi :
a. L'anamnèse de Michèle ainsi que son dossier médical sont à la disposition du
stagiaire :
La consultation du dossier médical de Michèle m'a paru nécessaire et intéressante pour
prendre connaissance et comprendre davantage d'éléments de son histoire.
Michèle est née le 19 octobre 1949 à Vincennes. Elle est entrée à la MAS d’Iteuil le 10
octobre 1994 suite à une demande faite à la COTOREP statuant d’un taux d’incapacité de 100
% et préconisant l’hébergement en Maison d'Accueil Spécialisé.
- Les handicaps de Michèle sont multiples:
Syndrome de Rubinstein-Taybi, oligophrénie, dysfonctionnement intestinal et hypertension
articulaire. Les handicaps associés au syndrome sont la perte de la vision et de l’audition
progressives.
Elle a toujours vécu avec ses parents et à été scolarisée de 1959 à 1970 à temps partiel.
- Histoire de la maladie de Michèle:
Michèle a subi plusieurs interventions chirurgicales dont une où elle a été intubée ce
qui aurait causé une atrophie d’une corde vocale, donc une perte partielle du langage.
Michèle a également subi un choc au moment du mariage de sa soeur, elle n’a pas eu
de règles pendant quatre ans.
Michèle a de gros problèmes de vue et d’audition de plus en plus handicapants.
Michèle se présente comme une personne au physique agréable, elle est très lente dans
ses déplacements et dans ses actions. Son expression orale est très limitée avec tous ( sauf sa
mère ), même si elle semble tout comprendre. Elle exprime peut ce qu’elle désire.
- La relation avec Michèle:
Michèle semble une personne inhibée, elle ne vient jamais vers l’autre pour échanger,
le personnel de la Maison d'Accueil Spécialisé la sollicite pour appréhender ses besoins et ses
désirs et il n’y a pas d’interaction avec les autres résidents, elle y semble indifférente.
Si elle n’est pas stimulée, elle peut rester de longues heures; immobile, à ne rien faire, assise,
les bras croisés.
- Le projet individuel de Michèle comporte plusieurs points:
- Favoriser le plus possible sa relation avec l'environnement proche.
- Mettre en place des actions dans la vie quotidienne autour des repas, du linge, ... pour
favoriser son contact avec la réalité.
- Travailler sur un repérage dans le temps : mise en place de pictogrammes.
- La faire participer à des activités axées sur le corps, ateliers parcours marche, continuité du
travail des spectacles avec une demande d’implication dans de nouveaux projets tant au
niveau théâtral que musical.
- Un bilan est établit par l'équipe pluridisciplinaire le 05 janvier 2005 :
Michèle a des difficultés relationnelles dues en partie à sa perte de vision presque totale.
Sa perte d’audition s’étant aggravée, Michèle a dû être appareillée. Elle présentait déjà des
difficultés d’expression puisqu’elle ne parlait qu’à sa mère.
Ses problèmes de santé occasionnent une perte d’autonomie, elle ne décide plus de se lever
seule le matin ni de s’habiller.
Il lui faut une stimulation pour manger.
- Michèle est inscrite à différentes activités et est présente à l'atelier d'art-thérapie:
Michèle participe aux ateliers lecture, cuisine thérapeutique, musique, repassage, marche et
cinéma.
Date de la première séance d'art-thérapie à dominante musicale : 05 janvier 2005.
Date de la dernière séance d'art-thérapie à dominante musicale : 06 juillet 2005.
Durée d'une séance d'art-thérapie à dominante musicale : environ 45 minutes.
Périodicité des séances à dominante musicale : une par semaine.
Nombre de séances à dominante musicale sur la période du 05 janvier au 06 juillet
2005 : 23.
b. La rencontre avec Michèle s'effectue progressivement lors des premières séances et
hors de l'atelier :
J'ai eu l'occasion de rencontrer Michèle en dehors de l'atelier d'art-thérapie au moment
des présentations par l'animateur6. Michèle m'apparaît telle une femme réservée, agréable, en
retrait par rapport aux autres, ne communiquant que très peu et en cas de nécessité seulement.
Lors de la première séance, je vais chercher Michèle dans son unité, décline mon
identité de nouveau et lui demande si elle se souvient de la raison de ma présence.
Visiblement, Michèle me reconnaît puisqu'elle fait un signe de tête positif. Je n'ai toujours pas
entendu sa voix. Je lui propose de se diriger vers la salle de musicothérapie ce qu'elle accepte
en me tendant la main. La vision et l'ouïe de Michèle se dégradant progressivement, une aide
lui est nécessaire pour se déplacer.
En allant vers la salle de l'atelier, je suggère à Michèle de commencer à entonner une
chanson. Elle répond à cela par un éclat de rire qui cache une certaine gène accentuée par un
rougissement et une inclinaison de la tête vers le sol.
Les premières séances d'art-thérapie à dominante musicale me permettent de confirmer
les premières observations que j'avais établi au préalable :
- Inhibition.
- Communication difficile.
- Regards fuyants.
- Prise d'initiative difficile.
6 Cf. Paragraphe B, 2, a.
- Besoin de stimulation pour agir.
Ceci m'autorise à poser les premiers objectifs thérapeutiques.
c. Les premiers objectifs thérapeutiques sont établis :
Deux objectifs apparaissent importants dans la prise en charge de Michèle en art-
thérapie.
Le premier consiste à accroître son autonomie par la pratique musicale. Les handicaps
multiples liés au Syndrome de Rubinstein-Taybi contraignent Michèle à une dépendance à
son entourage. N'étant pas sûre d'elle à cause de ses déficiences auditives et visuelles, Michèle
ne cherche pas de solutions palliatives à ses problèmes, mais se "laisse plutôt aller" en
attendant de l'aide.
Le deuxième objectif thérapeutique, lié au premier, s'apparente à l'incitation à la
communication de façon spontanée. En effet, si Michèle sait parler, elle converse très
rarement, ( excepté les échanges avec sa mère ), par nécessité. Lorsque Michèle s'interdit de
parler avec le personnel soignant et les autres résidents, elle s'enferme dans un mutisme
ponctuel de plus en plus isolant accentuant sa perte d'autonomie.
Afin d'atteindre ces deux objectifs, il est nécessaire de trouver une pratique musicale
avec laquelle Michèle se sente à l'aise.
d. La prise en charge avec Michèle commence par la recherche d'une pratique
musicale :
Michèle cherche une pratique musicale qui lui convient : elle essaie le synthétiseur..
Lors des premières séances d'art-thérapie, je décide de proposer à Michèle une
pratique instrumentale. Différents instruments sont disposés çà et là dans la salle d'art-
thérapie. J'accompagne Michèle pour l'aider à les saisir, à les toucher, à écouter leurs
sonorités, etc. ... Michèle semble aimer découvrir ces instruments, elle prend le temps
d'observer chacun d'entre eux consciencieusement. Elle sourit au son du xylophone, du
synthétiseur et semble dérangée par le son de la flûte par exemple. Malgré sa timidité,
Michèle laisse apparaître les sensations et impressions que lui procurent les instruments. A
chaque essai, elle porte son regard vers moi comme pour me demander mon avis ce qui atteste
de son manque de confiance en elle.
Je souhaite que Michèle effectue ce choix librement et seule. Je lui demande donc à plusieurs
reprises de choisir un instrument de musique qui lui convient, dont elle aime la sonorité et
qu'elle envisage de découvrir plus amplement. Michèle met beaucoup de temps à orienter son
choix. Plusieurs séances sont nécessaires avant d'obtenir une réponse. A la quatrième séance,
Michèle choisit le synthétiseur, le désignant par un geste de la main, en le pointant. Une étape
est franchie : Michèle a pris une décision seule.
Je désire ajouter à la pratique instrumentale une pratique vocale qui peut, peut-être,
l'aider à travailler sur la parole. Je propose donc régulièrement à Michèle de chanter ou de
fredonner une chanson de son choix. Cette demande entraîne un rire plutôt défensif, puis
Michèle reste immobile, les bras croisés sur sa poitrine, la tête baissée.
Pour tenter de motiver Michèle à chanter, à la sixième séance, je décide de lui faire écouter
des disques. La variété française semble lui convenir.
A la séance 10, Michèle se décide à fredonner la chanson "L'eau Vive" de Guy Béart (musique
composée pour le film du même nom en 1960). Ses lèvres bougent, elle semble mimer les
paroles.
Dans les séances suivantes, nous continuons à travailler à l'aide du synthétiseur et sur la
pratique du chant jusqu'à la fin de la prise en charge.
2. Cette étude de cas témoigne d'une évolution significative relative à la
communication et à l'accroissement de l'autonomie :
Au fil des séances d'art-thérapie, Michèle va peu à peu s'autoriser à parler avec l'art-
thérapeute, à chanter avec de plus en plus d'intensité dans la voix. Aux premiers contacts,
Michèle reste impassible à mon discours, elle ne répond pas à mes interrogations. Petit à petit,
elle va entrer en contact avec moi, tout d'abord, par des signes de tête, puis par quelques mots
éparses "oui", "non", "j'aime", "j'aime pas". Nos échanges s'améliorent peu à peu et elle finit
par échanger quelques phrases courtes telles: "Ca va ce matin ?", "Je connais cette chanson",
"je veux jouer du synthé", etc. ...
Elle semble également prendre du plaisir à jouer du synthétiseur et améliore son jeu
progressivement. Son jeu hasardeux des premières séances va peu à peu évoluer vers un jeu
construit et harmonieux.
Je note les progrès de Michèle dans le cadre de l'atelier d'art-thérapie. Ceux-ci sont également
remarqués par le personnel médical et paramédical :
- Amélioration des interactions avec le personnel de la Maison d'Accueil Spécialisé et les
membres de l'équipe pluridisciplinaire.
- Prises d'initiatives plus fréquentes.
a. Une séance d'art-thérapie à dominante musicale se déroule selon une organisation
précise :
- a. 1. Un rituel s'installe avant de débuter une séance :
Lorsque je vais chercher Michèle dans son unité, je m'assoie à sa hauteur, je décline
mon identité et je lui propose de me suivre. Ensuite, lorsque nous marchons vers la salle d'art-
thérapie, je chante une chanson de mon choix et propose à Michèle de m'accompagner.
Arrivées devant la salle, nous prenons le temps de terminer la chanson, puis nous entrons.
J'ai établi ce rituel en guise d'introduction à la séance. De plus, Michèle est tellement inhibée,
qu'au début, elle n'ose pas me suivre, elle montre une certaine réticence. Chanter la rassure
certainement, l'incite sans doute à s'orienter tout de suite dans l'activité. Je souhaite que la
chanson soit terminée avant d'entrer, car nous ne sommes pas en situation d'art-thérapie dans
les couloirs et le franchissement de la porte signifie l'entrée dans le travail thérapeutique.
- a. 2. La première partie de la séance est consacrée à un temps de musique
instrumentale :
Entrées dans le lieu où se déroule l'atelier d'art-thérapie, j'accompagne Michèle près du
synthétiseur, instrument qu'elle a choisit avant. Avec mon aide, elle déplie le pied de
l'instrument, le fixe à sa hauteur et pose le synthétiseur dessus. Par mesure de sécurité, je
préfère brancher le synthétiseur moi-même.
Nous commençons à jouer toutes les deux, simultanément ou bien chacune notre tour selon
les séances. Ensuite, Michèle a la possibilité de jouer seule. Je lui montre quelques
techniques, doigtés, etc. ... afin qu'elle puisse obtenir ce qu'elle désire. En général, nous
discutons de ce qu'elle souhaite produire, si elle veut jouer un air triste, gai, ou seulement
pianoter à sa guise. Michèle est totalement libre dans sa production, je suis uniquement là
pour l'aider et la guide en fonction de sa demande. Au fil des séances, Michèle apprend à se
servir de la boîte à rythme ainsi que des différents sons qu'il est possible de produire avec le
synthétiseur.
Le temps de musique instrumentale s'étend entre dix à quinze minutes.
- a. 3. Un temps de musique vocale s'insère dans la continuité de la séance :
Après le temps de musique instrumentale, nous passons au chant. J'ai moi-même
proposé la pratique du chant à Michèle car un de mes objectifs thérapeutiques vise un travail
sur la parole.
Au début de la prise en charge, je commence à chanter des airs variés que Michèle
serait susceptible de connaître. Je lui demande à chaque fois de chanter et je l'accompagne.
Après quelques séances Michèle commence à chanter surtout lorsque je passe des disques. La
chanson révélatrice sera "L'eau vive" qu'elle connaît bien. A chaque séance, le temps de chant
débute donc par cette chanson, puis nous entonnons d'autres mélodies.
En préambule, des exercices de respirations sont nécessaires pour Michèle. Elle ne
parle pas beaucoup, sa voix est donc très peu exercée, le volume sonore reste faible et la
qualité pas toujours satisfaisante. Nous nous prêtons donc à divers exercices tels de grandes
inspirations puis expirations enchaînées plusieurs fois. De plus, nous détendons la mâchoire
en la faisant bouger de haut en bas puis de droite à gauche, afin de relaxer les muscles. De
même, nous travaillons sur le volume sonore de la voix en émettant de petits sons très courts
sur des voyelles, à différentes hauteurs de la gamme.
Ces exercices semblent être perçus par Michèle comme un moment de détente et d'amusement
également. Ils lui permettent, au fil des séances, d'améliorer nettement sa qualité d'émission
vocale.
- a. 4. Pour clore la séance d'art-thérapie, Michèle apprend à ranger le matériel avant
que je ne la raccompagne jusqu'à son unité :
Les dix dernières minutes de la séance sont consacrées au rangement du synthétiseur.
Ce temps de rangement est intégré par Michèle lors de la troisième séance. Je lui explique que
le synthétiseur ne doit pas rester à cette place mais doit être rangé dans le local bordant la
salle. Elle commence tout d'abord par débrancher le synthétiseur, elle enroule le fil, ensuite,
elle soulève l'instrument, replie le pied et nous allons toutes les deux le mettre dans le local. Je
ne peux demander à Michèle de faire cette action seule car elle se déplace très difficilement et
le synthétiseur est relativement lourd. L'important étant que Michèle prenne part au
rangement, comme tout musicien range son instrument après l'avoir utilisé.
Enfin, nous regagnons l'unité quatre. Je souhaite raccompagner Michèle à chaque fois
dans son unité afin de clore la séance. Le trajet du retour est parfois l'occasion d'échanger sur
la séance.
Ce temps d'étayage jusqu'à sa chambre me permet de lui rappeler le jour et l'heure de la
prochaine séance.
b. L'évaluation montre que Michèle s'autorise à parler avec l'art-thérapeute et devient
plus autonome:
A partir de la séance 10, Michèle commence à échanger alors qu'elle se contentait de
répondre aux questions que je pouvais lui poser par des signes de tête. Lors de cette séance, je
demande à Michèle de chanter une chanson. Comme elle refuse, je passe le C.D. de la
chanson "L'eau vive" (de Guy Béart, musique composée pour le film du même nom en 1960).
A la fin de l'écoute, Michèle m'affirme soudainement : "Je la connais cette chanson". Je lui
demande alors si elle accepte de la chanter. Elle mime les paroles.
✳ L'évaluation permet d'observer l'évolution de la communication de Michèle :
Faisceau d'items 1 : prise de parole de Michèle.
L'évolution significative de Michèle peut se résumer ainsi :
Séance 1 : Michèle ne répond pas aux questions de l'art-thérapeute en atelier. Elle reste les
bras croisés et la tête orientée vers le sol. Toutefois, elle semble écouter ce que je lui dis
puisque certaines de mes interrogations la font sourire. Quand je demande :"J'aimerais que
vous me chantiez une chanson Michèle", je constate une thymie souriante.
Cette première approche confirme les informations que je notais lors de notre première
rencontre :
- Michèle est une femme très inhibée.
- Son accès au langage est limité.
- Elle semble intéressée par sa participation aux séances d'art-thérapie.
Séance 5 : Michèle commence à communiquer avec l'art-thérapeute par des hochements de
tête. Après cette période de non-communication, Michèle se décide à me répondre, elle
verbalise toujours peu et se contente souvent de mouvements de tête. Ses réponses se
cantonnent alors à "oui" ou "non".
Ces éléments renforcent mes hypothèses à savoir :
- Michèle est capable de verbalisation.
- Elle doit être stimulée pour entrer en action.
Séance 10 : Michèle s'autorise à parler avec l'art-thérapeute, elle émet quelques mots tels
"oui", "non", "j'aime" et commence à faire des phrases construites pour s'exprimer : "je la
connais cette chanson", "oui je veux écouter". Elle fredonne pendant la séance sur des
mélodies simples qu'elle semble connaître comme "J'ai du bon tabac".
Une relation de confiance est semble-t-il établit entre Michèle et moi puisqu'elle prend la
liberté de me parler. Ceci me conforte dans mes objectifs à poursuivre :
- Encourager la communication.
- Multiplier les interactions
Entre les séances 10 et 15, Michèle prend de plus en plus souvent la parole pour décrire
timidement ce qu'elle enregistre, pour chanter, etc. ... Michèle ne répond désormais plus par
des signes de la tête mais engage de courtes conversations. La chanson et les exercices
respiratoires et phonatoires7 auxquels nous nous sommes prêtés avant de chanter lui ont
permis de retrouver une certaine qualité d'émission vocale.
Ceci montre les évolutions que j'observe au fil des séances d'art-thérapie :
- Michèle est de plus en plus à l'aise en séance.
- Elle s'autorise le dialogue.
- Elle montre une capacité vocale nouvelle.
Dernière séance ( 23 ): Michèle est beaucoup plus à l'aise en séance d'art-thérapie, elle
plaisante avec l'art-thérapeute. Michèle est davantage en interaction avec le personnel
soignant notamment pour demander l'horaire de la prochaine séance d'art-thérapie, qui vient la
chercher, etc. ...
7 Cf. Paragraphe a-3, p. 54.
Ces séances ont donc été bénéfiques à Michèle. La question qui se pose maintenant
s'articulerait autour de la continuité ou discontinuité de cette communication. Va-t-elle
perdurer sans le maintien des séances d'art-thérapie ?
Evaluation quantitative de la prise de parole de Michèle.
Quantité Séance 1 Séance 3 Séance 10 Séance 15 Dernière
séance
Importante �
Moyenne � �
Rare � �
Inexistante
Importante : entre 10 et 15 fois/séance.
Moyenne : entre 5 et 10 fois/séance.
Rare : entre 1 et 5 fois/séance.
Inexistante : aucune fois.
L'évaluation quantitative de la prise de parole de Michèle peut également être signifier par un
diagramme.
Importante : entre 10 et 15 fois/séance.
Moyenne : entre 5 et 10 fois/séance.
Rare : entre 1 et 5 fois/séance.
Inexistante : aucune fois.
Importante
Moyenne
Rare
Inexistante
S 1 S 3 S 10 S 15 D. S
S 1 : Première séance d'art-thérapie. S 3 : Troisième séance d'art-thérapie. S 10 : Dixième séance d'art-thérapie S 15 : Quizième séance d'art-thérapie. D S : Dernière séance d'art-thérapie.
Une évaluation qualitative de la prise de parole de Michèle est possible.
Qualité Séance 1 Séance 3 Séance 10 Séance 15 Dernière
séance
Adaptée et
ciblée
� �
Riche � �
Précise � �
Confuse �
Inexistante �
Adaptée et ciblée : Mots ou phrases cohérentes et adaptés au sujet de discussion.
Riche : Utilisation d'un vocabulaire important.
Précise : Emploi de qualificatifs cohérents, en rapport avec le sujet de discussion.
Confuse : Prise de parole inadaptée à la discussion.
Inexistante : Aucune prise de parole.
Un diagramme permet de mesurer l'évaluation qualitative de la prise de parole de Michèle
Adaptée et ciblée : Mots ou phrases cohérentes et adaptés au sujet de discussion.
Riche : Utilisation d'un vocabulaire important.
Précise : Emploi de qualificatifs cohérents, en rapport avec le sujet de discussion.
Confuse : Prise de parole inadaptée à la discussion.
Inexistante : Aucune prise de parole.
Riche
Précise
Confuse
Inexistante
S 1 S 3 S 10 S 15 D. S
Adaptée et ciblée
Bilan de l'évolution de la prise de parole de Michèle :
Ces évaluations mettent en relief l'évolution significative de la prise de parole de
Michèle.
Au niveau quantitatif, la prise de parole de Michèle a nettement augmenté puisqu'au début des
séances d'art-thérapie, elle refusait le dialogue, n'entrant en interaction que par des signes de
tête. Progressivement, elle s'est autorisée à prendre la parole de plus en plus souvent.
Sur le plan qualitatif, une évolution est également notable puisque Michèle est passée d'un
discours quasi enfantin se traduisant par l'emploi de quelques mots simples tels "oui" ou
"non", à un accès à des phrases construites et sensées "Je la connais cette chanson.", allant
parfois jusqu'à la plaisanterie.
- Observations de départ :
- Michèle est une personne inhibée.
- Accès au langage réduit ( sauf avec sa mère )
- Tendance à ne pas entrer en action sans sollicitation.
- Objectifs relatifs à la prise de parole :
- Entrer en interaction avec Michèle autrement que par des signes de tête.
- L'encourager au dialogue.
- Tenter de favoriser l'expression par l'utilisation du chant.
- Evolutions de Michèle relative à la prise de parole :
- Prises de parole plus nombreuses.
- Participation active aux séances d'art-thérapie musicale en verbalisant par rapport à
ce qu'elle entend ou produit.
- Bonne qualité d'expression.
Faisceau d'items 2 : l'amélioration de la qualité du chant de Michèle.
Séance 1 : Lors de la première séance, Michèle ne chante pas. Lorsque je lui demande de le
faire, elle exprime une certaine gène par un thymie souriante. Toutefois, elle m'écoute chanter
avec beaucoup d'attention.
Je constate donc que :
- L'inhibition de Michèle ne lui permet pas de chanter devant moi.
- Puisqu'elle parle très peu, sa qualité d'émission vocale doit être très faible.
Séance 5 : Après l'écoute d'un disque de Guy Béart et de la chanson L'eau vive que Michèle
me dit connaître, elle mime les paroles. Michèle fredonne très timidement deux mots de cette
chanson "l'eau" et "petite".
Ceci me montre que :
- Michèle connaît certaines chansons et se souvient des paroles.
- Elle est capable d'émettre un son, ce que je supposais jusqu'à cette séance.
Séance 10 : Nous reprenons cette chanson et Michèle commence à fredonner le refrain, soit
une vingtaine de mots consécutifs. La qualité de l'émission vocale de Michèle s'améliore
notamment à l'aide d'exercices vocaux et respiratoires qui l'aident à renforcer sa voix.
Dans la continuité des séances, il serait nécessaire que :
- Michèle continue sa progression en utilisant des exercices vocaux.
- Qu'elle exploite ses capacités vocales à l'aide de nouveaux chants.
Séance 14 : Michèle parvient à chanter, avec une voix plus claire qu'auparavant, des mélodies
variées telles "j'ai du bon tabac", "L'auvergnat", "Mon manège à moi", etc ...
- Ses difficultés vocales sont partiellement gommées.
Dernière séance : Michèle réussit à chanter plusieurs chansons dans leur globalité. L'émission
vocale est riche puisqu'elle tente des variations sur les thèmes.
Ces séances ont permis à Michèle de retrouver une certaine qualité d'émission vocale
par le biais du chant mais qui lui permet de s'exprimer plus facilement au quotidien.
Evaluation quantitative de l'amélioration de la qualité du chant de Michèle.
Quantité Séance 1 Séance 5 Séance 10 Séance 14 Dernière
séance
Importante �
Moyenne � �
Rare �
Inexistante �
Importante : Chante une chanson dans sa globalité.
Moyenne : Chante partiellement une chanson.
Rare : Fredonne quelques paroles d'une chanson.
Inexistante : Ne chante pas.
Evaluation quantitative de l'amélioration de la qualité du chant de Michèle en diagramme:
Importante : Chante une chanson dans sa globalité.
Moyenne : Chante partiellement une chanson.
Rare : Fredonne quelques paroles d'une chanson.
Inexistante : Ne chante pas.
Importante
Moyenne
Rare
Inexistante
S 1 S 5 S 10 S 14 D. S
S 1 : Première séance d'art-thérapie. S 5 : Cinquième séance d'art-thérapie. S 10 : Dixième séance d'art-thérapie S 14 : Quatorzième séance d'art-thérapie. D S : Dernière séance d'art-thérapie
Une évaluation qualitative de l'amélioration de la qualité du chant de Michèle est effectuée.
Qualité Séance 1 Séance 5 Séance 10 Séance 14 Dernière
séance
Emission vocale
parfaite
Emission vocale
riche
� �
Emission vocale
faible
�
Emission vocale
très faible
�
Emission vocale
inexistante
�
Emission vocale quasi-parfaite : Emission vocale très claire et audible au niveau du volume et
de la diction. Changement de registre de voix possible.
Emission vocale riche : possibilité de changement de registre, de variations sur un thème
musical.
Emission vocale faible : Peu de volume sonore, voix timide et frêle.
Emission vocale inexistante : Aucune sonorité lors du chant ou des exercices vocaux.
Une évaluation qualitative de l'amélioration de la qualité du chant de Michèle est effectuée
sous forme de diagramme.
Emission vocale parfaite : Emission vocale très claire, audible et compréhensible au niveau du
volume et de la diction. Changement de registre de voix possible.
Emission vocale riche : possibilité de changement de registre, de variations sur un thème
musical.
Emission vocale faible : Peu de volume sonore, voix timide et frêle.
Emission vocale inexistante : Aucune sonorité lors du chant ou des exercices vocaux.
Emission vocale riche
Emission vocale faible
Emission vocale très faible
Emission vocale inexistante S 1 S 5 S 10 S 14 D. S
Emission vocale parfaite
Bilan de l'évolution de la qualité du chant de Michèle :
Ces évaluations montrent la progression de la qualité du chant de Michèle.
Au niveau quantitatif, Michèle qui refusait de chanter pendant les premières séances a peu à
peu acquis une qualité d'émission vocale satisfaisante qui l'a autorisé, lors des dernières
séances, à chanter plusieurs chansons dans leur intégralité.
Sur le plan qualitatif, Michèle, qui ne parlait que très peu, avait quelques difficultés
d'émission vocale telle un voile sur la voix. Des exercices vocaux et respiratoires lui ont
permis de retrouver une bonne émission vocale et donc de chanter avec plus d'enthousiasme.
- Observations de départ :
- Michèle refuse de chanter.
- Accès au langage réduit.
- Mauvaise émission vocale.
- Objectifs relatifs à l'amélioration de la qualité du chant de Michèle :
- Utiliser des exercices vocaux pour améliorer son émission vocale.
- Stimulation par l'utilisation de disques.
- Travailler avec des mélodies qu'elle connaît pour ne pas la mettre en difficulté.
- Evolutions de Michèle relative à qualité du chant de Michèle :
- Augmentation des moments de chant.
- Nette amélioration de la qualité d'émission vocale.
- Plaisir vocal exprimé.
✳ L'évaluation permet également d'observer l'accroissement de l'autonomie de
Michèle.
Faisceau d'items 1 : la capacité décisionnelle de Michèle.
Séance 1 : Michèle se laisse guider par l'art-thérapeute, refuse tout choix et préfère rester
immobile sur sa chaise. Elle reste toutefois attentive à ce que je lui dis puisqu'elle répond par
des signes de tête.
Cette séance me permet d'observer que :
- Michèle reste inactive sans sollicitation.
- Elle ne prend aucune décision seule et se laisse guider.
- Elle préfère s'en remettre à l'avis du thérapeute.
Séance 4 : C'est à la quatrième séance que Michèle commence à orienter son choix en
préférant jouer du synthétiseur. Après plusieurs séances consacrées au choix d'un instrument,
Michèle se décide à utiliser le synthétiseur. Elle oriente son choix après avoir écouter
longuement la sonorité de cet instrument. Malgré cela, Michèle me demande timidement ce
que j'en pense. Lors de cette séance Michèle apprend également à ranger seule son instrument.
Ces nouveaux éléments montrent que :
- Michèle est capable d'orienter un choix.
- Son choix respecte ses souhaits mais reste encore soumis à l'autre.
Séance 10 : Une autre étape est décisive pour Michèle : lors de la dixième séance, elle choisit
une chanson ( "L'eau vive" de Guy Béart ) qu'elle souhaite interpréter. Lors de l'écoute du
disque de Guy Béart, Michèle reconnaît cette chanson. Elle sourit beaucoup en l'écoutant et à
la fin me dit "Je la connais cette chanson". Elle semble vouloir l'interpréter à son tour, ce
qu'elle réalise timidement au début.
Ceci montre que Michèle augmente encore sa capacité décisionnelle :
- Michèle oriente un choix de manière très précise, sur une chanson ciblée bien que nous en
écoutions plusieurs à la suite.
- Michèle décide d'interpréter la chanson de son choix.
Séance 16 : Cette séance est l'occasion pour Michèle d'exprimer ses goûts et choix : elle
s'autorise à ne pas faire une activité qui ne lui convient pas. Lorsque je propose à Michèle de
quitter le synthétiseur pour commencer la phase de chant, elle me répond "non" d'une voix
claire et assez forte. Je lui demande les raisons de ce refus et elle s'exclame "J'ai pas terminé".
Cette affirmation prouve que
- Michèle a désormais la volonté de s'exprimer.
- Elle a donc évolué depuis le début des séances, lors desquelles elle n'aurait jamais osé aller à
l'encontre mon avis. Elle se laissait plutôt guider.
Dernière séance : Michèle montre désormais une certaine implication dans l'atelier puisqu'elle
désire aller au bout de son projet. J'ai respecté son choix et elle a continué à jouer du
synthétiseur. Elle a sans doute pris du plaisir.
Ces séances se sont avérées positives pour Michèle. Elles ont été l'occasion de confirmer sa
capacité décisionnelle que Michèle m'était en retrait du fait de son inhibition.
Evaluation quantitative de la capacité décisionnelle de Michèle :
Quantité Séance 1 Séance 4 Séance 10 Séance 16 Dernière
séance
Importante � �
Moyenne � �
Rare
Inexistante �
Importante : Prend entre 5 et 7 décisions dans une séance.
Moyenne : Prend entre 3 et 5 décisions dans une séance.
Rare : Prend entre 1 et 3 décisions dans une séance.
Inexistante : Ne prend aucune décision pendant la séance.
L'évaluation quantitative de la capacité décisionnelle de Michèle peut se signifier en
diagramme:
Importante : Prend entre 5 et 7 décisions dans une séance.
Moyenne : Prend entre 3 et 5 décisions dans une séance.
Rare : Prend entre 1 et 3 décisions dans une séance.
Inexistante : Ne prend aucune décision pendant la séance.
Importante
Moyenne
Rare
Inexistante
S 1 S 4 S 10 S 16 D S
S 1 : Première séance d'art-thérapie. S 4 : Quatrième séance d'art-thérapie. S 10 : Dizième séance d'art-thérapie. S 16 : Seizième séance d'art-thérapie. D S : Dernière séance d'art-thérapie
L'évaluation qualitative de la capacité décisionnelle de Michèle est effectuée:
Qualité Séance 1 Séance 4 Séance 10 Séance 16 Dernière
séance
Décision
claire et
personnelle
� �
Décision
orientée
vers le désir
de l'autre
� �
Décision
soumise à
l'autre
Aucune
prise de
décision
�
Décision claire et personnelle : Décision prise sans aucune influence ni soumission.
Décision orientée vers le désir de l'autre : Décision prise en tenant compte de l'avis de l'autre.
Décision soumise à l'autre : Décision relatant une demande de l'autre.
Aucune prise de décision : Aucune capacité décisionnelle.
Un diagramme met en relief l'évaluation qualitative de la capacité décisionnelle de Michèle :
Décision claire et personnelle : Décision prise sans aucune influence ni soumission.
Décision orientée vers le désir de l'autre : Décision prise en tenant compte de l'avis de l'autre.
Décision soumise à l'autre : Décision relatant une demande de l'autre.
Aucune prise de décision : Aucune capacité décisionnelle.
Décision claire et personnelle
Décision orientée vers le désir de l'autre
Décision soumise à l'autre
Aucune prise de décision S 1 S 4 S 10 S 16 D S
Bilan de l'évolution de la capacité décisionnelle de Michèle :
Ces évaluations montrent une évolution au niveau de la capacité décisionnelle de Michèle.
Cette résidente qui ne semblait pas vouloir s'investir activement en séance, a progressivement
acquis une capacité décisionnelle suffisante pour la motiver à agir seule.
Au niveau quantitatif, les décisions de Michèle ont progressivement augmenté. Si au départ,
elle ne décidait de rien, se laissant guider, lors des dernières séances, Michèle a orienté
plusieurs choix et les a exprimé.
Sur le plan qualitatif, les choix de Michèle initialement orientés vers le désir de l'autre sont
devenus progressivement tout à fait personnels et réfléchis.
- Observations de départ :
- Michèle ne prend aucune décision, elle reste soumise aux autres.
- Michèle a besoins d'une stimulation pour prendre une décision.
- Il semble que Michèle possède les capacités nécessaires à la prise de décision.
- Objectifs relatifs à la capacité décisionnelle de Michèle :
- Encourager Michèle à prendre des décisions seule.
- Faciliter son choix par des stimulations.
- Evolutions de Michèle relative à la capacité décisionnelle :
- Parvient à prendre plusieurs décisions consécutives seule.
- Exprime ses choix clairement.
Faisceau d'item 2 : la prise de risque et volonté d'agir seule.
Séance 1 : Lors des premières séances, Michèle ne prend aucun risque, elle reste passive.
Lorsque je lui demande de chanter ou de choisir un instrument, elle préfère demeurer
silencieuse, ne fait aucun mouvement. Au départ, elle ne prend que peu d'initiative et semble
réservée.
Cette première approche montre que :
- Michèle est très inhibée ce qui l'empêche d'oser établir un contact ou de tenter de faire ce
qu'on lui demande.
- Elle reste immobile et ne fait une action que lorsqu'elle est accompagnée. Par exemple,
Michèle ne se déplace jamais seule.
Séance 3 : A partir de la troisième séance, je propose à Michèle de ranger son instrument, le
synthétiseur, seule. Un peu effrayée par cette responsabilité, elle ne me répond pas, se lève et
regarde la prise de courant derrière le synthétiseur. Je lui demande si elle veut bien la saisir
pour la débrancher. Elle me répond oui. Je lui montre le geste à accomplir et elle le reproduit
aussitôt.
Ceci montre que :
- Michèle peut agir seule même si, au départ, elle accomplit les actions en étant guidée.
- Michèle réussit a analyser mes gestes et à les reproduire.
Séance 8 à 11: Par la suite, Michèle apprend à ranger seule le synthétiseur, à l'enlever du pied,
à le plier etc. ... Il en sera de même pour l'installation de ce dernier. De façon autonome, elle
le met en place et le range.
- Michèle a donc pris confiance en elle.
Séance 15 à dernière séance : Michèle qui avait besoin d'une aide pour se déplacer, parvient à
se mouvoir seule en salle d'art-thérapie. Sur de très petits trajets, elle prend de l'assurance
pour aller poser le pied du synthétiseur contre le mur par exemple.
Les séances d'art-thérapie à dominante musique ont donc permis à Michèle d'acquérir de
l'autonomie en lui montrant qu'elle était capable d'accomplir des gestes, seule.
Evaluation quantitative de la prise de risques de Michèle et de sa volonté d'agir seule :
Quantité Séance 1 Séance 3 Séance 8 Séance 11 Séance 15 Dernière
séance
Importante � �
Moyenne �
Rare � �
Inexistante �
Importante : Entre 5 et 10 déplacements seule et entre 4 et 8 prises d'initiatives par séance.
Moyenne : Entre 3 et 5 déplacements seule et entre 2 et 4 prises d'initiatives par séance.
Rare : Entre 1 et 3 déplacements seule et entre 1 et 2 prises d'initiatives par séance.
Inexistante : Aucun déplacements seule, aucune prise d'initiative.
L'évaluation quantitative de la prise de risques de Michèle et de sa volonté d'agir seule est
signifiée par un diagramme:
Importante : Entre 5 et 10 déplacements seule et entre 4 et 8 prises d'initiatives par séance.
Moyenne : Entre 3 et 5 déplacements seule et entre 2 et 4 prises d'initiatives par séance.
Rare : Entre 1 et 3 déplacements seule et entre 1 et 2 prises d'initiatives par séance.
Inexistante : Aucun déplacement seule, aucune prise d'initiative.
Importante
Moyenne
Rare
Inexistante
S 1 S 3 S 8 S 11 S 15 D S
S 1 : Première séance d'art-thérapie. S 3 : Troisième séance d'art-thérapie. S 8 : Huitième séance d'art-thérapie. S 11 : Onzième séance d'art-thérapie. S 15 : Quinzième séance d'art-thérapie. D S : Dernière séance d'art-thérapie
Evaluation qualitative de la prise de risques de Michèle et de sa volonté d'agir seule : Qualité Séance 1 Séance 3 Séance 8 Séance 11 Séance 15 Dernière
séance
Réfléchie et
posée
� �
Accompagnée
de l'art-
thérapeute
� � �
Inexistante �
Réfléchie et posée : La prise de risque et la volonté d'agir seule sont faites
consciencieusement, avec le temps nécessaire à la réflexion, les actions qui en découlent sont
sensées.
Accompagnée de l'art-thérapeute : Michèle n'agit pas seule, mais réagit aux demandes de l'art-
thérapeute seulement.
Inexistante : Aucune prise de risque ni d'acte volontaire dirigé.
Un diagramme montre l'évolution de la prise de risques de Michèle et de sa volonté d'agir
seule :
Réfléchie et posée : La prise de risque et la volonté d'agir seule sont faites
consciencieusement, avec le temps nécessaire à la réflexion, les actions qui en découlent sont
sensées.
Accompagnée de l'art-thérapeute : Michèle n'agit pas seule, mais réagit aux demandes de l'art-
thérapeute seulement.
Inexistante : Aucune prise de risque ni d'acte volontaire dirigé.
Réfléchie et posée
Accompagnée de l'art-thérapeute
Inexistante
S 1 S 3 S 8 S 11 S 15 D S
Bilan de l'évolution de la prise de décisions de Michèle et de sa volonté d'agir seule :
Ces évaluations mettent en exergue l'évolution significative de la prise de décisions de
Michèle et de sa volonté d'agir seule.
Au niveau quantitatif, Michèle qui se soumettait plutôt au désir de l'autre a pris peu à peu, une
distance par rapport à cela en choisissant ses actions et en les accomplissant seule. De plus en
plus souvent, elle s'est montré claire dans ses choix et à montré une envie d'agir seule.
Sur le plan qualitatif, Michèle a su, au fil des séances, prendre le temps nécessaire à la
réflexion d'une décision. Ceci lui a permis de faire des choix précis et d'analyser les gestes à
accomplir pour ranger le synthétiseur par exemple.
-Observations de départ :
- Grande inhibition menant à un refus d'agir.
- Incapacité orienter un choix, seule.
- Besoin constant d'une tierce personne pour accomplir une action.
- Objectifs relatifs à la prise de décisions et à la volonté d'agir seule :
- Montrer à Michèle des geste simples qu'elle peut réaliser afin qu'elle les reproduise.
- Lui "imposer" une rigueur dans le rangement des instruments.
- Tenter de la motiver pour qu'elle se déplace seule sur de petits trajets.
Evolutions de Michèle relative à la prise de décisions et à la volonté d'agir seule :
- Accroît son autonomie en parvenant à accomplir des actions seule.
- Se déplace seule sur de petits trajets.
- Accepte des responsabilités (rangement des instruments).
Faisceau d'items 3 : Michèle intègre un jeu de plus en plus varié au synthétiseur.
Michèle va acquérir au fil des séances un jeu de plus en plus varié en pianotant sur le
synthétiseur :
Séance 1 : Lors des premières séances, Michèle n'ose pas pianoter, elle joue doucement, elle
appuie sur les touches avec un seul doigt.
Ceci me montre que :
- L'inhibition de Michèle l'oblige à utiliser de petits gestes, à ne pas oser s'affirmer.
- Michèle a des difficultés de doigtés notamment causés par les handicaps liés au Syndrome
de Rubinstein-Taybi : petites mains, doigts courts.
Séance 2 : Je montre alors à Michèle qu'elle peut accroître le son en positionnant sa main au-
dessus des touches, ce qu'elle ne fait pas d'emblée. Une main mal positionnée au synthétiseur
ne permet pas de jouer correctement. Avec une main bien placée au-dessus des touches,
Michèle prend conscience que son jeu devient plus sonore.
Michèle découvre alors progressivement le plaisir de choisir les notes qu'elle veut jouer : - les
premiers essais de Michèle sont restés très timides, hasardeux.
Séance 6 : A partir de la séance 6, un réel changement apparaît dans le jeu de Michèle. Elle
choisit les notes qu'elle joue ensuite. Michèle ne jouait que sur les touches blanches. Lors de
la sixième séance, elle semble s'autoriser à jouer en diversifiant touches blanches et touches
noires.
Ceci conforte mes hypothèses de départ, à savoir :
- Sa timidité dépassée, Michèle est capable d'accéder à un jeu varié.
- Michèle prend plaisir à rechercher différentes sonorités et est capable de discernement
relativement à ce qu'elle joue.
Séance 9 à séance 15 : Michèle progresse beaucoup en utilisant un jeu construit et réfléchit.
Elle produit de petits morceaux qu'elle peut répéter plusieurs fois consécutives.
Dernière séance : Le jeu musical de Michèle devient alors plus construit et cohérent. Michèle
semble également prendre conscience qu'elle peut aboutir, seule, à une production esthétique.
Les séances d'art-thérapie à dominante musicale ont permis à Michèle d'acquérir un
jeu harmonieux et construit relativement à ses désirs. Si au départ, elle osait à peine effleurer
le synthétiseur, Michèle à très vite su écouter ce qu'elle produisait, en tentant d'y apporter des
innovations.
Evaluation quantitative du jeu de Michèle au synthétiseur : Quantité Séance
1
Séance 2 Séance 6 Séance 9 Séance 15 Dernière
séance
Importante � �
Moyenne � �
Rare � �
Inexistante
Importante : Joue entre 10 et 15 minutes pendant une séance
Moyenne : Joue entre 5 et 10 minutes pendant une séance.
Rare : Joue moins de cinq minutes pendant une séance.
Inexistante : Refuse de jouer.
L'évaluation quantitative du jeu de Michèle au synthétiseur peut se traduire sous forme de
diagramme :
Importante : Joue entre 10 et 15 minutes pendant une séance.
Moyenne : Joue entre 5 et 10 minutes pendant une séance.
Rare : Joue moins de cinq minutes pendant une séance.
Inexistante : Refuse de jouer.
Importante
Moyenne
Rare
Inexistante
S 1 S 2 S 6 S 9 S 15 D S
S 1 : Première séance d'art-thérapie. S 2 : Deuxième séance d'art-thérapie. S 6 : Sixième séance d'art-thérapie. S 9 : Neuvième séance d'art-thérapie. S 15 : Quinzième séance d'art-thérapie. D S : Dernière séance d'art-thérapie
Evaluation qualitative du jeu de Michèle au synthétiseur : Qualité Séance
1
Séance 2 Séance 6 Séance 9 Séance 15 Dernière
séance
Jeu
harmonique
� �
Jeu réfléchi � � � �
Jeu hasardeux � �
Jeu harmonique : Jeu relevant mélodique, traduisant le désir de la personne.
Jeu réfléchi : Michèle pense, avant de la jouer, aux notes qu'elle souhaite exécuter.
Jeu hasardeux : Michèle joue au hasard des touches blanches ou noires, sans prêter attention à
leurs sonorités.
Evaluation qualitative du jeu de Michèle au synthétiseur en diagramme :
Jeu harmonique : Jeu mélodique, traduisant le désir de la personne.
Jeu réfléchi : Michèle pense, avant de la jouer, aux notes qu'elle souhaite exécuter.
Jeu hasardeux : Michèle joue au hasard des touches blanches ou noires, sans prêter attention à
leurs sonorités.
S 1 : Séance 1.
S 2 : Séance 2.
S 6 : Séance 6.
S 9 : Séance 9.
S 15 : Séance 15.
D S : Dernière séance.
Jeu harmonique
Jeu réfléchi
Jeu hasardeux
S 1 S 2 S 6 S 9 S 15 D S
Bilan de l'évolution du jeu de Michèle :
Ces évaluations montrent que Michèle a nettement amélioré son jeu au synthétiseur.
Au niveau quantitatif, si, au début, son jeu était timide et limité à quelques notes éparses, à
partir de la séance 6, un réel changement est survenu puisque Michèle a jouer pendant plus de
dix minutes seule.
Sur le plan qualitatif, Michèle a su faire progresser son jeu en écoutant les notes qu'elle
pianotait avec attention, en les attaquant avec des nuances, en mêlant notes et silences, etc. ...
- Observations de départ :
- Michèle n'ose pas jouer, elle reste très timide et n'appuie que sur quelques rares
touches.
- Les handicaps aux mains de Michèle (doigts courts, mains de petites tailles) peuvent
être une difficulté pour le jeu.
- Objectifs relatifs à l'amélioration du jeu de Michèle :
- Fournir à Michèle un minimum d'éléments techniques qui lui permettent de
progresser et de diversifier son jeu.
- Montrer à Michèle que ces handicaps aux mains ne sont pas une barrière pour jouer
d'un instrument.
- Evolutions de Michèle relative à l'amélioration de son jeu :
- Diversifie son jeu en pianotant sur les touches blanches et noires.
- Propose des moments de silence dans ses compositions.
- Recherche d'un résultat esthétique par de multiples essaies.
- Augmentation du temps de jeu lors d'une séance : passage d'un refus de jouer à
quelques notes puis à dix minutes de jeu.
Toutes ces évaluations montrent une évolution positive dans l'accroissement de
l'autonomie de Michèle ainsi qu'au niveau de la communication.
L'art-thérapie a donc été bénéfique à Michèle dans le sens où les ateliers lui ont permis de
retrouver une certaine confiance en elle en lui prouvant qu'elle était capable d'accomplir des
actes, seule, c'est-à-dire de façon autonome. De plus, les troubles du langage ont été
partiellement gommés par l'utilisation du chant.
c. Les progrès de Michèle sont constatés en dehors des ateliers d'art-thérapie par
l'équipe pluridisciplinaire :
Les progrès de Michèle tant au niveau de l'accroissement de l'autonomie qu'au niveau
de la communication sont remarqués à plusieurs reprises par l'équipe pluridisciplinaire.
En effet, lors de la onzième séance, je ne devais pas raccompagner Michèle sur son unité
comme d'habitude, mais la confier à un aide-soignant qui l'emmenait en activité lecture.
Michèle était prévenue de ce changement avant de venir en atelier d'art-thérapie et savait que
ce professionnel viendrait la chercher. Lorsque la séance d'art-thérapie fut terminée, je
demandais à Michèle de me suivre et de venir à l'encontre de S. Or, ce n'est pas lui qui est
venu la chercher mais une autre aide-soignante. Michèle l'a regardé dans les yeux et a dit à
cette personne : "Je croyais que c'était S. qui venait me chercher, où est-il ?". Michèle a
prononcé cette phrase d'une voix si claire et de façon assez forte que nous étions tous surpris
de sa réaction. L'aide-soignante m'assurait que c'était une des rares fois où Michèle parlait
ainsi et où elle s'affirmait autant. Une fois rassurée, Michèle suivait l'aide-soignante afin
d'assister à l'activité lecture.
La onzième séance d'art-thérapie fut très riche puisque Michèle à chanter davantage. Je pense
donc que dans la dynamique de la séance, elle a pris confiance en elle ce qui lui a permis de
d'interroger spontanément l'aide-soignante.
D'autre part, Michèle, à plusieurs reprises, interpellait le personnel de l'unité 4 pour
connaître le jour des séances d'art-thérapie à dominante musicale. Ses manifestations montrent
son implication dans l'activité et son désir de la poursuivre.
De même, elle s'est autorisée à parler plus souvent au quotidien. Ainsi, lorsqu'elle revenait
d'une séance d'art-thérapie, il n'était pas rare qu'elle partage son avis concernant la séance
vécue auparavant.
La participation de Michèle aux séances d'art-thérapie a été inscrite dans son bilan. J'ai
également fourni un bilan écrit de l'atelier d'art-thérapie avec Michèle à l'équipe
pluridisciplinaire. Ce bilan retrace les progrès qu'elle a accomplis.
J'affirme de surcroît mon désir de continuité de cette démarche thérapeutique.
Bilan de la prise en charge en art-thérapie à dominante musicale de Michèle8 :
La prise en charge à dominante musicale de Michèle a débuté en 2004, lors de mon
premier stage. A la fin de celui-ci de réels progrès ont été constaté, notamment au niveau de la
communication.
L'objectif des prises en charge du stage de l'année 2005 consistait à poursuivre le
travail entreprit avec Michèle l'année précédente en gardant pour objectifs thérapeutiques:
- l'accroissement de l'autonomie
- l'amélioration de la communication de Michèle.
Michèle a toujours montré du plaisir à venir en séances d'art-thérapie et à participer à
l'activité musicale. Elle a fait preuve de sérieux lors des séances, se montrant très attentive,
impliquée, et appréciant particulièrement la musique.
Une relation de confiance s'est établie entre Michèle et l'art-thérapeute qui l'a mené à
se dégager progressivement de ce mutisme envahissant. Au départ très inhibée, Michèle s'est
progressivement autorisée à parler avec l'art-thérapeute, allant même jusqu'à l'humour.
L'utilisation de la pratique du chant lui a permis de travailler sur des exercices phonatoires et
respiratoires qui se sont montrés bénéfiques relativement pour ses problèmes de langage. Si
au départ elle ne faisait que mimer les paroles d'une chanson par exemple, lors du dernier
atelier, elle a réussi à chanter une chanson dans sa globalité, avec une voix à l'intonation juste.
Enfin, Michèle a su faire preuve d'autonomie en séances d'art-thérapie, puisqu'elle a
appris à installer le synthétiseur, à l'allumer seule et à l'utiliser comme elle le désirait (boîte à
rythme, différents sons, ...).
A mon sens, la prise en charge en art-thérapie à dominante musicale a été bénéfique
pour Michèle, elle lui a permis de dépasser son inhibition par le biais de techniques musicales
variées et d'entrer de nouveau en communication avec l'art-thérapeute et le personnel
soignant.
Il serait nécessaire que cette démarche thérapeutique soit renouvelée et trouve une
continuité dans son projet individuel car il reste encore des points intéressants à travailler avec
Michèle comme la confiance en soi ou encore la prise de décisions.
8 Bilan remis par le stagiaire à l'équipe pluridisciplinaire ainsi qu'aux animateurs des différentes unités.
3. Un atelier d'art-thérapie à dominante musicale peut aider une résidente atteinte du
Syndrome de Rubinstein-Taybi à accroître son autonomie et à diminuer ses troubles de la
communication :
L'atelier d'art-thérapie permet à la résidente atteinte du Syndrome de Rubinstein-Taybi
de réaliser qu'elle est capable d'accomplir des actions seule, sans avoir peur du jugement que
l'on portera sur elle. La personne qui souffrait d'une image dévalorisée d'elle-même, acquiert,
peu à peu, une confiance en elle qui l'autorise à retrouver une image restaurée.
L'art-thérapeute utilise des stratégies qui poussent la personne à réaliser des actions, à acquérir
un désir de faire et à devenir peu à peu plus autonome.
Cette "boucle de renforcement positive"9 va engendrer une réalisation positive qui permettra à
la résidente d'accroître son autonomie et de diminuer ses troubles de la communication.
Désir de faire������������Mise en oeuvre
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� �
� + �
� �
� �
ProduitRéalisation
Boucle de renforcement positive.
L'art-thérapeute propose donc une aide qui s'avère positive pour la personne atteinte du
Syndrome de Rubinstein-Taybi. Il l'aide à accroître son autonomie et à diminuer ses troubles
de la communication.
9 CHEVROLIER, JP, "Le modèle cognitivo-comportementaliste et le modèle artistique", in "Bases de l'enseignement en art-thérapie", PUF, Tours, 1990, p. 91
Un schéma tente de synthétiser le rôle de l'art-thérapeute et les bienfaits de l'art-thérapie pour
une résidente atteinte du Syndrome de Rubinstein-Taybi.
Art-thérapeute � � � � � � Résidente atteinte
du
Syndrome de Rubinstein-Taybi
� � �
� � �
� � �
� � �
� � �
Equipe pluridisciplinaire � � � � � � Accroissement
de l'autonomie,
diminution des troubles
de la communication.
Accueil, prise en charge, observations, évaluations
Intention Action Production
Objectifs
Interactions Evaluations Bilans Objectifs communs
Objectifs
Soins
III. Etude comparative entre deux ateliers spécifiques au sein d'une Maison d'Accueil
Spécialisé : un atelier d'ergothérapie et un atelier d'art-thérapie.
1. L'ergothérapie et l'art-thérapie tiennent une place importante dans le processus de
soin prescrit aux résidents de la Maison d'Accueil Spécialisé.
L'ergothérapie et l'art-thérapie sont deux pratiques utilisées dans de nombreuses
Maisons d'Accueil Spécialisé. Ces thérapies apportent une aide aux résidents souffrant de
nombreux troubles fonctionnels ou psychiques. Ces thérapies ont des techniques propres, et
les thérapeutes, des outils spécifiques.
Le résident peut évoluer en accomplissant de réels progrès au niveau de l'autonomie grâce à
des techniques artistiques pour l'art-thérapie et avec des techniques artisanales pour
l'ergothérapie.
a. L'ergothérapie propose une aide éducative pour les personnes porteuses de troubles
psychiques et physiques.
Une définition de l'ergothérapie a été élaborée dans le cadre du projet "ergothérapie-
thérapie d'animation"10 :
" L'ergothérapie est une mesure médico-thérapeutique dont les bases sont médicales, psycho-
sociales et pédagogiques.
L'ergothérapeute évalue le patient et le traite au moyen d'activités spécifiquement choisies. Le
traitement est conçu et exécuté en collaboration avec les patients.
Ceux-ci peuvent souffrir d'un handicap passager, ou définitif dû à un accident, une maladie
physique ou psychique, à des troubles sociaux ou de développement.
Le but de l'ergothérapie est de contribuer à diminuer le handicap ou ses conséquences en
soutenant le patient afin qu'il maintienne ou développe ses possibilités d'actions dans les
domaines personnel, social ou professionnel."
10 Association Suisse des Ergothérapeutes, ergothérapies, textes du projet Ergothérapie-thérapie d'animation, 1978-1982, Zurich, 1982
La visée fondamentale de l'ergothérapie s'articule autour de l'autonomie du sujet au
travers de ses activités. Ceci passe par une rééducation sensitive et motrice, mais également
par l'accompagnement de la personne vers un retour dans le milieu de vie ordinaire ou adapté.
Ses axes d'interventions sont médicaux parce que rééducatifs mais aussi paramédicaux-
sociaux parce que réadaptatifs.
Une des particularités de l'ergothérapie tient dans les interactions entre trois notions
fondamentales que sont : l'activité, la dépendance et l'autonomie.
L'activité permet la relation à l'autre, au monde, et qui nous fonde biologiquement et
physiquement. Les ergothérapeutes interviennent par le biais de mises en situation d'activités
avec le résident, mais aussi sur les conditions de son activité dans la structure d'accueil. Le
moyen d'intervention des ergothérapeutes consiste à mettre en activité une personne
souffrante afin qu'elle puisse développer ses aptitudes, appréhender ses situations de
handicaps, se les approprier et passer d'un état de dépendance à celui d'une indépendance.
La dépendance est de l'ordre de la contrainte, du lien obligatoire entre la personne et un
élément extérieur à sa volonté. L'ergothérapeute doit mettre en place les conditions pour que
cette dépendance puisse être compensée par une aide technique par exemple, mais aussi, pour
que la personne puisse et veuille accepter ce changement.
L'autonomie est une notion fondamentale de l'ergothérapie. Il s'agit, dans le cadre
ergothérapeutique, d'accompagner la personne au travers d'activités significatives, sur le
chemin d'une prise de conscience éclairée par la clinique, des situations de handicaps relatives
aux choix de vie du résident.
b. L'art-thérapie s'oriente vers l'exploitation du potentiel artistique dans une visée
thérapeutique et humanitaire.
Par sa spécificité, l'art-thérapie est une méthode thérapeutique qui trouve son
fondement sur les pouvoirs de l'art : l'art possède en effet la faculté d'enclencher chez l'homme
acteur ou contemplateur, une gratification sensorielle. Celle-ci tend vers un idéal esthétique.
Les effets de l'art sont le résultat de cette gratification sensorielle. Ils se manifestent par
l'émergence de sentiments, d'émotions, d'expressions, etc. ...
L'art-thérapie consiste à exploiter les pouvoirs et les effets de l'art pour faire naître un plaisir
esthétique, chez des personnes qui souffrent de troubles de l'expression, de la communication
ou de la relation.
Deux objectifs sont liés à l'art-thérapie.
Le premier est l'objectif humanitaire : l'art peut favoriser l'expression de la personne. L'art-
thérapeute doit donc tenir compte des possibilités et du potentiel artistique du résident. L'art-
thérapie s'oriente en premier lieu vers la partie "saine" de la personne, bien qu'elle prenne en
considération le côté pathologie.
Le second objectif de l'art-thérapie est l'objectif thérapeutique. C'est l'objectif à atteindre pour
apporter un soin aux personnes touchées dans leur intégralité physique et psychique. L'art-
thérapeute s'intègre dans une équipe pluridisciplinaire et s'inscrit dans un processus
thérapeutique global.
En Maison d'Accueil Spécialisé, l'art-thérapeute peut intervenir sur prescription
médicale mais également après concertation avec l'équipe pluridisciplinaire qui juge
nécessaire son intervention particulière.
Certains résidents, particulièrement sensibles à l'art (musique, peinture, théâtre, etc. ...)
peuvent bénéficier de tels ateliers.
Si l'équipe qui encadre les résidents au quotidien considère que cette indication serait adaptée
au résident, elle interpelle l'art-thérapeute afin de tenter de pallier aux difficultés de la
personne par une pratique artistique. Il travaille donc en collaboration avec les autres
professionnels de la Maison d'Accueil Spécialisé pour améliorer la qualité de vie des
résidents.
Ces deux thérapies sont insérées dans le processus de soin en Maison d'Accueil
Spécialisé.
2. L'ergothérapie et l'art-thérapie divergent sur plusieurs points :
a. L'ergothérapie utilise l'activité artisanale qui amène au processus d'apprentissage ;
l'art-thérapie met en relief les techniques artistiques en privilégiant une guidance artistique.
L'ergothérapie utilise le travail artisanal et tend à redonner un maximum d'autonomie
au résident. Pour ce faire, le thérapeute se sert de techniques liées à l'artisanat.
Une explication du concept de l'ergothérapie est relatée p. 35 du livre de Dudochet11 :
" L'ergothérapie vise à améliorer les compétences, les capacités et les
fonctionnements qui forment la base du savoir-faire ; elle cherche à contrecarrer les tendances
11 DUBOCHET, Michèle, l'ergothérapie avec les enfants, Ed. EESP, Lausanne, 1992.
du handicap à s'aggraver, et, ainsi, à établir les conditions pour une autonomie de plus en plus
complète. En ergothérapie, l'activité est utilisée comme moyen thérapeutique. Elle est choisit
par la signification qu'elle revêt pour le patient malade ou handicapé ; elle sera analysée en
fonction de ses exigences en tant qu'activité et adaptée aux besoins spécifiques de la
personne."
Pour l'ergothérapeute, l'activité est donc un moyen privilégié. Ses préoccupations
consistent à faire agir le résident sur des objets afin qu'il acquiert des savoirs-faire ou un
savoir-agir et qu'il puisse interagir avec son environnement.
Des activités significatives peuvent servir à prévenir ou surmonter un dysfonctionnement,
ainsi qu'à promouvoir une adaptation maximale. Ces activités sont admises comme moyen
thérapeutique, comme but de traitement et comme analyseur du fonctionnement du résident.
Elles relèvent des ressources et difficultés de celui-ci.
L'activité réalisée pendant une séance d'ergothérapie est choisie par le résident et le thérapeute
sur la base de critères précis : Qu'est-ce qui dysfontionne ? A quels moments? Quel est
l'objectif de la prise en charge ? Quelle activité serait susceptible d'aider à l'amélioration de la
difficulté du résident ? etc. ...
L'exécution de cette activité est soumise à divers principes et techniques qui contribuent à
atteindre les buts et objectifs de la prise en charge.
L'action sur les objets qui est au centre de l'ergothérapie détermine la priorité explicitement
accordée aux capacités motrices, cognitives et sensorielles.
L'art-thérapie utilise des techniques artistiques en privilégiant une guidance
artistique.
En art-thérapie, une production n'a aucun but utilitaire, elle doit plutôt être orientée vers le
ressenti du résident, son envie d'expression dans l'ici et maintenant.
Ainsi, en art-thérapie à dominante musicale, un résident qui choisit de jouer du piano ne va
pas être confronté par l'art-thérapeute à un processus d'apprentissage ( gammes, exercices, etc.
... ). Il va être guidé et encouragé quant à la recherche de techniques nécessaires à la
réalisation de son "idéal" esthétique.
La finalité de l'art-thérapie ne réside pas tant dans l'oeuvre d'art achevée, mais dans le
cheminement qui va mener à sa réalisation. L'implication du résident, ses intentions et actions
au long de l'élaboration de son oeuvre constituent des étapes primordiales.
b. L'ergothérapeute et l'art-thérapeute utilisent des outils d'évaluation différents.
En ergothérapie, l'évaluation tient compte des "troubles dont souffre le sujet, de leur
pronostic éventuel, de l'environnement matériel et humain, des rôles sociaux qu'il assume, de
la représentation qu'il a de lui-même et de ses désirs."12
L'évaluation implique une vision globale du résident, de ses problèmes et de ses ressources
servant de bases à la planification du traitement ou permettant de décider que celui-ci ne
s'avère pas nécessaire.
Une évaluation formative se situe en début de prise en charge. Elle tente de cerner les
difficultés du résident et s'articule autour de plusieurs questions :
- Quelles sont les ressources du résident ?
- Comment son entourage le soutient-il ?
- Peut-il s'adapter seul ?
- La nature de ses difficultés est-elle une menace qui entrave son développement ?
A cela s'ajoute un bilan des déficiences établit après des tests qui visent :
- Le bilan des déficiences : la déficience correspond à l'aspect lésionnel du handicap. Selon le
cas, l'ergothérapeute peut être amené à réaliser des bilans trophiques et cutanés,
ostéoarticulaires, musculaires, des sensibilités, des fonctions supérieures, etc. ...
- Le bilan des incapacités et désavantages de divise en plusieurs parties :
- L'incapacité correspond à l'aspect fonctionnel du handicap, le désavantage à l'aspect
situationnel du handicap.
- Le bilan fonctionnel du membre supérieur s'intéresse au bilan gestuel et au bilan des
préhensions, incluant habileté, précision; capacité de manipulation et déplacement du membre
supérieur dans l'espace, reconnaissance des objets, force musculaire, etc. ...
- Le bilan de l'indépendance concerne tout acte de la vie quotidienne : déplacement,
transfert, communication, habillage, hygiène, alimentation, loisir, intégration sociale et
familiale, comportement.
12 MEYER, S., Le processus de l'ergothérapie, Ed. EESP, Lausanne, 1990, p. 3
- L'environnement humain permet de connaître le niveau de l'aide humaine auquel la
personne a recours quotidiennement.
- Le bilan de l'environnement matériel et architectural analyse les éléments empêchant
l'autonomie : accès, circulation dans le logement, sanitaire, mobilier, etc. ...
Ces bilans sont utilisés par l'ergothérapeute afin de mieux connaître le résident et de
l'aider à accéder à un maximum d'autonomie. Ils s'avèrent nécessaires pour la mise en place
de mobilier adapté tel les barres de maintien dans les douches qui autorisent certains résidents
à se laver seul par exemple.
Le but de l'évaluation formative est de déterminer les problèmes et ressources du
résident dans ses compétences à interagir avec son environnement et de proposer une
explication à ses difficultés.
Un schéma permet de synthétiser ces propos et de montrer le but de l'évaluation formative13 :
13 DUBOCHET, Michèle, l'ergothérapie avec les enfants, Ed. EESP, Lausanne, 1992.
L'EVALUATION FORMATIVE
L'individu Son environnement
Sa culture
L'ergothérapeute ses valeurs, sa conception de la profession. Les modèles pratiques
Sa vie quotidienne La prescription Les dossiers Les entretiens L'observation
- ses possibilités et difficultés - ses comportements - la communication - ses ressources - ses intérêts - ses désirs
Les déficits ou causes des difficultés : - la motricité -les aspects sensoriels - les aspects cognitifs - les aspects sociaux
Organisation et interprétation des données : Les problèmes, la synthèse des problèmes, la synthèse des ressources.
L E R E C U E I L D E S D O N N E E S
L'évaluation sommative quant à elle, tend à mesurer les résultats de l'intervention de
l'ergothérapeute. Elle peut se dérouler à n'importe quel moment du traitement. Elle permet de
réorienter celui-ci ou de décider de l'arrêter.
L'ergothérapeute propose au résident des activités ou des épreuves en vue de répondre aux
questions qu'il se pose sur les difficultés que ce dernier rencontre dans sa vie quotidienne ou
sur les causes de ses gènes d'action. L'ergothérapeute fixe donc un but à son observation.
L'observation de situation de la vie quotidienne donne de multiples informations sur le
résident. S'habiller, nettoyer une table, etc. ... posent au résident des problèmes complexes ; la
manière dont il les résout et les difficultés qu'il rencontre sont sources d'indications.
L'ergothérapeute complète cela par des épreuves qui se focalisent sur des aspects particuliers
du développement du résident, tels :
- Le résident dans sa vie quotidienne :
a. Ses possibilités, ses difficultés.
b. Comment interagit-il avec son entourage ?
c. Ses ressources, ses intérêts, ses désirs.
- Les causes des difficultés ; les prérequis ou les déficits :
a. La motricité globale
b. La préhension fine
c. Les aspects sensoriels : toucher, proprioception, vision, etc. ...
d. Les aspects cognitifs
e. Les aspects affectifs et sociaux
Tous ces outils d'observation et d'évaluation sont nécessaires à l'ergothérapeute afin
de mener à bien son intervention et de tenter d'atteindre ses objectifs.
En art-thérapie, l'évaluation est basée sur l'évolution des mesures de l'item tout au long
des prises en charge du résident. L'item est la plus petite identité observable : il se rapporte à
ce que l'art-thérapeute peut observer de façon objective tels des sourires, des grimaces, des
mimiques particulières, mais également de façon ressentie c'est-à-dire un sentiment de gène
du résident ou une sensation qui lui semble agréable.
Tous ces items sont alors regroupés dans des grilles d'observations qui servent à montrer
l'évolution ou l'involution du résident par rapport à l'objectif thérapeutique de l'art-thérapeute.
Elles se présentent souvent sous forme de graphiques avec en abscisse le nombre de séances
et en ordonnée l'item quantifié. Toutefois, il existe de nombreuses façons de disposer les
données : grilles, tableaux, graphiques.
Pour classer toutes ces informations nécessaires au travail de l'art-thérapeute, un autre outil
existe : la fiche d'observation. Elle permet d'apprécier le suivi thérapeutique du résident mais
elle devient également une "mémoire" pour l'art-thérapeute. Cette fiche est personnalisée pour
chaque résident et ne vaut que pour les séances individuelles. Elle classe l'ensemble des faits
observés par l'art-thérapeute lors de la séance ( une fiche par séance ).
La fiche d'observation possède cinq fonctions différentes :
- "La mise en évidence et l'état de base des éléments de l'évaluation ;
- Une mémoire de ce qui s'est passé pendant l'atelier ;
- Une gestion en organisant les informations ;
- Un recentrage de l'activité tant sur ses objectifs que sur la nature de l'intervention ;
- Une stimulation et un appel à la vigilance de l'art-thérapeute qui, d'une séance à
l'autre, peut prévoir l'activité, mais aussi doit être capable de se laisser surprendre par des faits
nouveaux, ( ... )"14 et de s'adapter à toute éventualité.
Les outils d'évaluation de l'art-thérapeute lui sont nécessaires quant au suivi de la prise
en charge du résident. De plus, ils lui permettent de les exploiter en équipe pluridisciplinaire
qui peut ainsi analyser rapidement l'évolution du résident.
c. L'ergothérapeute utilise la technique rééducative en fonction de la pathologie; l'art-
thérapeute prend en compte la personne dans son authenticité.
Le processus de soin de l'ergothérapie se base sur le ou les handicaps du résident
qu'il va prendre en charge. Après plusieurs bilans évaluant les déficiences et les capacités de
la personne, il choisit une technique rééducative qui va permettre de dépasser ses difficultés
ou d'apprendre à vivre mieux avec.
L'ergothérapeute adapte la technique par rapport aux difficultés du résident. Ainsi, une
personne inhibée, se repliant sur elle-même trouvera avec une activité de groupe telle la
cuisine thérapeutique, une solution palliative à ses difficultés de communication : il s'agit
d'emmener un petit groupe de résidents "faire les courses", avec un encadrement adapté et de
14 FORESTIER, Richard, Tout savoir sur l'art-thérapie, éd. Favre SA, 2001, p. 72
réaliser, par la suite, des plats cuisinés. Les résidents qui refusent, pour la plupart, le contact
avec autrui sont, par le biais de cette activité culinaire, en interaction avec d'autres personnes.
L'ergothérapeute peut également adapter le milieu environnant du résident à son handicap. En
Maison d'Accueil Spécialisé, il propose des solutions pour pallier aux différentes difficultés
des résidents. Une personne infirme moteur cérébrale par exemple, peut avoir des difficultés
pour écrire même si elle en a les capacités et le désir. L'ergothérapeute peut alors trouver un
moyen qui l'aide à mieux tenir son crayon. En parallèle, des séances de rééducation motrice
sont proposées.
L'ergothérapeute accompagne les résidents dans les gestes de la vie quotidienne en fabriquant,
avec eux, par exemple, des cuillères ergonomiques qui leurs permettent de manger seuls.
L'art-thérapeute prend en compte la personne dans sa globalité sans se focaliser sur le
trouble. Pour illustrer ce propos, je m'attarde sur l'exemple d'une résidente que j'ai accueilli en
atelier d'art-thérapie à la Maison d'Accueil Spécialisé d'Iteuil au cours de mon stage.
Françoise est polyhandicapée, souffrant d'une maladie génétique qui la contraint à rester alitée
la plupart de la journée. Elle semble comprendre mes propos même si elle n'a pas l'acquisition
du langage pour répondre. Toutefois, un mode de communication par clignement des yeux
pour affirmer ou infirmer un "oui" semble avoir été établi. Françoise ne peut mouvoir aucun
de ses membres exceptés des mouvements de tête. Face à cette situation, je propose dans un
premier temps d'orienter mon travail d'art-thérapeute sur des écoutes musicales. Françoise
semble avoir une sensibilité musicale qu'elle relate par des manifestations corporelles telles
des pleurs, sourires, salivations ...
Après onze séances d'art-thérapie à dominante musicale, je propose à Françoise de jouer d'un
instrument de musique que l'on choisira ultérieurement. Elle semble très enthousiaste à cette
proposition et peut le montrer en bougeant sa tête davantage.
Or, si je considère le polyhandicap de Françoise, il paraît impossible qu'elle ait accès au jeu
d'un instrument. Au contraire, si je considère la partie "saine" de Françoise, je m'aperçois
qu'elle a une grande capacité respiratoire et qu'elle pourrait donc éventuellement souffler dans
une flûte par exemple. Je lui propose donc de tester cet instrument. Françoise ne peut tenir la
flûte, je l'aide à saisir l'embouchure et à maintenir l'instrument dans sa bouche. Les essais
s'avèrent positifs puisqu'elle réussit à émettre des sons. Ceci semble lui procurer énormément
de plaisir.
Cet exemple montre que l'art-thérapeute a une vision globale de la personne et l'aide
à surmonter ses dysfonctionnements tant physiques que psychiques.
3. Ces deux thérapies ont des aspects similaires intéressants : elles visent
l'amélioration de la qualité de vie du résident :
L'ergothérapie et l'art-thérapie trouvent tout de même des points de convergence.
Comme leurs noms l'indiquent ce sont deux thérapies qui ont pour but de redonner au résident
une certaine autonomie qui lui permettra d'améliorer sa qualité de vie.
L'ergothérapie et l'art-thérapie sont des disciplines dont la finalité reste thérapeutique.
L'utilisation de techniques différentes, artisanales pour l'ergothérapie et artistiques pour l'art-
thérapie, montre que plusieurs orientations peuvent mener un résident à améliorer sa qualité
de vie.
L'ergothérapeute établit son action sur l'idée selon laquelle l'être humain s'accomplit
dans ce qu'il fait. Chacun possède un besoin fondamental d'explorer, d'agir sur son
environnement, de démontrer ses compétences, donc un besoin de se réaliser dans l'action.
En l'engageant dans des activités, l'ergothérapeute encourage le résident à découvrir ce qui
l'entoure et à se découvrir lui-même. Il lui apprend à interagir avec son environnement, à
développer ses habiletés, à exprimer ses émotions.
Les activités dont se sert l'ergothérapeute telles la vannerie ou la poterie, influent tant sur la
santé physique du résident que sur sa santé psychique.
"L'ergothérapie représente une manière originale de comprendre les activités des êtres
humains, les rapports entre ce qu'ils font et ce qu'ils sont ; elle repose sur l'idée que grâce à
ces activités, l'être humain se remodèle constamment."15
C'est donc en tentant d'atteindre un équilibre dynamique entre l'"agir", l'"être" et le "devenir"
que l'ergothérapeute favorise l'amélioration de la qualité de vie du résident.
De plus, les activités que choisit l'ergothérapeute doivent avoir un sens pour le
résident. Elles doivent répondre à ses intérêts, à ses désirs. L'activité est retenue en
ergothérapie comme la modalité thérapeutique privilégiée pour assurer le "rendement"
optimal dans les activités.
15 FERLAND, Francine, Le modèle ludique, le jeu, l'enfant ayant une déficience physique et l'ergothérapie, Les presses de l'Université de Montréal, Montréal, 2003, p. 56
En ergothérapie, les activités sont divisées en trois domaines : les loisirs, la productivité et les
soins personnels.
Par l'utilisation de ces activités diverses, l'ergothérapie contribue à l'amélioration de
la qualité de vie du résident accueilli en Maison d'Accueil Spécialisé.
Pour parvenir à améliorer la qualité de vie du résident qu'il prend en charge, l'art-
thérapeute utilise les " deux natures principales de l'action de l'art sur le malade".16
Dans un premier temps, le résident est contemplateur et subit donc passivement les effets
bénéfiques de la beauté. Ce principe est retrouvé lors de l'écoute musicale qui peut être
proposée en séance d'art-thérapie, si le résident apprécie ce qu'il entend, il ressentira les effets
de la beauté même s'il n'est pas actif.
D'autre part, l'art-thérapeute se sert de "l'effet bénéfique que procure l'activité artistique"17
chez un résident. Cette fois, ce dernier est actif. L'art-thérapeute va, par exemple, proposer à
un résident qui souffre de troubles de la mémoire d'entonner des chansons. Cette démarche lui
permet de stimuler sa mémoire par le plaisir ressenti lors du chant et donc, d'améliorer, à long
terme, sa qualité de vie.
La réalisation d'une production artistique peut permettre l'apparition d'effets
communicatifs, relationnels, en favorisant des échanges avec d'autres personnes. Cette
confrontation avec les autres autorise l'évaluation de leur technicité, de leur savoir-faire et
permet de leur montrer son goût et son style. Ceci engendre la naissance d'une intention qui
va mener à une action volontaire dirigée.
16 FORESTIER, Richard, Tout savoir sur l'art-thérapie, éd. Favre SA, 2001, p. 17 17 Opus cit. ci-dessus
L'opération artistique18
L'oeuvre d'art est en elle-même et pour elle-même dans le monde sensible (tout ce
qui est perceptible par les sens). C'est un accident spatio-temporel qui arrive à un moment
donné, se déplace et s'inscrit dans le temps et dans l'espace.
L'oeuvre d'art rayonne dans le monde sensible et des capteurs reçoivent ce rayonnement. Ce
sont les organes sensoriels qui captent et traitent de manière archaïque les informations
reçues.
Ce traitement sophistiqué de l'information met en oeuvre la connaissance, l'émotion, les
mécanismes mentaux. Il est fondé sur la raison.
Le chiffre 5 (cf. Schéma ci-dessus), correspond à l'intention qui est une stimulation de la
volonté et de l'activité physique déterminant et lançant l'activité d'expression.
L'action, au chiffre 6, est fondée sur l'acte volontaire dirigé. On passe de l'intérieur vers
l'extérieur. Une certaine technicité amène à une production.
La production, chiffre 7 sur le schéma, correspond à la production artistique. L'oeuvre d'art se
détache de l'idéal esthétique de départ.
18 FORESTIER, Richard, l'atelier d'art-thérapie - congrès de Tours 1999 - AFRATAPEM, p. 122
1
2
3 4 5
6
7 8
1'
Phénomène artistique
Au chiffre 8 apparaît le traitement mondain : la production peut entrer dans le patrimoine
commun de l'art.
De nouveau ( 1' ), le résultat de l'implication se transforme en rayonnement.
L'art-thérapeute observe et exploite les deux parties distinctes du phénomène artistique qui se
modélisent par un schéma :
Approche méthodologique de l'activité artistique19
ART I : implique le corps : dans cette phase, l'expression se présente de manière globale et
anarchique. Par exemple, dans la pratique musicale, cette phase correspond au domaine des
bruits.
La seconde phase nommée ART II implique toujours le corps mais l'expression devient
ordonnée et spécifique. Elle fait appel aux techniques artistiques. Dans la pratique musicale,
cette phase correspond au domaine des sons.
L'art-thérapeute doit être capable d'enclencher et d'observer le phénomène artistique
chez un résident. Son originalité consiste en l'utilisation des effets de l'art dans un processus
de soin.
L'exploitation du phénomène artistique conduit le résident à améliorer sa qualité de vie.
19 FORESTIER, Richard, Tout savoir sur l'art-thérapie, éd. Favre SA, 2001, p. 56
ART I
Expression phase de l'intentionnalité
ART II
Art universel
globale et anarchique
Corps
ordonné et spécifique
Techniques artistiques
Corps
Sens de la vie
4. Ces deux thérapies peuvent être complémentaires :
En Maison d'Accueil Spécialisé, l'ergothérapie et l'art-thérapie s'avèrent parfois
complémentaires. Comme elles utilisent des outils particuliers, ces deux thérapies engendrent
des prises en charge spécifiques qui visent un même objectif : l'amélioration de la qualité de
vie du résident.
Pour cette raison, l'ergothérapeute et l'art-thérapeute sont souvent amenés à travailler en
collaboration pour s'apporter mutuellement des informations supplémentaires sur l'attitude
d'un résident, pour se donner des pistes de travail spécifiques, etc. ...
L'ergothérapeute et l'art-thérapeute partagent presque toujours leurs finalités et buts avec
l'équipe pluridisciplinaire, ainsi qu'avec les proches des résidents, qui passent souvent plus de
temps avec eux. Il leur est donc indispensable de connaître les limites de leurs interventions et
de focaliser leurs actions. Ce sont les conditions d'une "négociation saine" entre les différents
intervenants. Les progrès d'un résident sont dus à l'action conjuguée de différents
professionnels.
L'ergothérapeute et l'art-thérapeute répondent à un certain nombre d'exigences qui s'avèrent
bénéfiques pour les résidents qu'ils prennent en charge.
Ces deux professionnels possèdent une formation initiale et continue solide et, de fait, des
compétences qui leur sont propres. L'interdisciplinarité nécessite d'appréhender les objets
définis par d'autres professionnels.
De plus, "la pluralité permet le repérage des besoins dans l'ensemble des domaines où le
[résident] peut être en état de souffrance"20 .
Enfin, les différents programmes doivent traduire un projet commun. La pluralité implique la
possibilité d'une discussion argumentée sur les finalités, les buts et éventuellement les
objectifs de la prise en charge. Elle oblige à l'échange et à la confrontation des données.
L'art-thérapeute peut, par exemple, faire appel aux compétences de l'ergothérapeute lorsqu'il
est confronté à une difficulté qui entrave la progression d'un résident. Une personne
polyhandicapée, qui ne peut mouvoir que sa tête, peut accéder au jeu d'un instrument de
musique comme la flûte à bec qu'à la condition qu'un support pour maintenir l'instrument dans
20 BAUER, M. , Collaboration interprofessionnelle, les modèles, leurs effets, in Collaboration dans les professions sociales, travux réunis par M. Gottraux, Cahiers de l'EESP, Lausanne, 1990
sa bouche lui soit fournit. Or, le champ de compétence de l'art-thérapeute ne lui permet pas
d'entrer dans la fabrication d'objets ergonomiques. Il est donc nécessaire qu'il demande l'aide
de l'ergothérapeute afin d'amener progressivement le résident vers une autonomie qui lui
permettra d'améliorer sa qualité de vie, objectif commun des deux prises en charge.
Les champs de compétences de chaque professionnel sont limités et le thérapeute
doit savoir demander l'aide d'un autre thérapeute lorsqu'il s'aperçoit des limites de sa
discipline.
5. Un tableau récapitulatif permet de discerner davantage les points de différences et de
ressemblance de l'ergothérapie et de l'art-thérapie.
ERGOTHERAPIE ART-THERAPIE
Eléments de
ressemblance
Eléments de
différences
�Deux thérapies �Objectif commun : amélioration de la qualité de vie des résidents �Travail en équipe pluridisciplinaire : complémentarité �Formation initiale et continue �Adaptation aux résidents �Proposent un suivi et un accompagnement aux résidents
�Propose une aide éducative �Utilise l'activité artisanale qui mène au processus d'apprentissage : poterie, vannerie, etc. ... �Outils d'évaluations spécifiques - évaluation formative - évaluation sommative �Utilise la technique rééducative en fonction de la pathologie �Etablit son action sur l'idée selon laquelle l'être humain s'accomplit dans ses activités
�S'oriente vers l'exploitation du potentiel artistique �Met en relief les techniques artistiques et privilégie la guidance artistique : musique, peinture, théâtre, etc. ... �Outils d'évaluations spécifiques - fiche d'observation - grille d'évaluation �Prend en compte la personne dans son authenticité �Utilise les pouvoirs de l'art
Conclusion :
L'adulte possède normalement des compétences propres acquises grâce à un
développement psycho-moteur correct lui permettant d'acquérir une autonomie et une qualité
de vie satisfaisantes.
Le Syndrome de Rubinstein-Taybi se définit comme une anomalie du développement de
l'embryon qui engendre des troubles physiques et psychiques. Ce syndrome entraîne de
nombreux handicaps qui altèrent progressivement l'évolution et l'épanouissement de la
personne atteinte. La grande dépendance de son entourage pour ses besoins vitaux nuit à sa
qualité de vie.
L'inhibition et le refus de communication caractérisent les symptômes dont souffre la
personne atteinte du Syndrome de Rubinstein-Taybi et de surcroît entravent sa capacité à
satisfaire ses choix et ses envies.
L'art-thérapie à dominante musicale, en exploitant les pouvoirs et effets de l'art, peut
permettre à un adulte atteint du Syndrome de Rubinstein-Taybi d'accroître son autonomie et
de diminuer ses troubles de la communication.
L'expression artistique orientée vers la recherche d'un plaisir esthétique éveille la sensorialité
de la personne. L'adulte atteint du Syndrome de Rubinstein-Taybi, grâce aux différentes
étapes de l'activité artistique, développe ses capacités émotionnelles et exprime sa
personnalité.
Afin de concrétiser ces propos, j'ai présenté le travail que j'ai effectué avec Michèle
lors de mon stage à la Maison d'Accueil Spécialisé d'Iteuil ( 86 ).
Michèle, résidente atteinte du Syndrome de Rubinstein-Taybi, est accueillie à la Maison
d'Accueil Spécialisé d'Iteuil depuis 1994. Cette personne semblait très inhibée, en retrait par
rapport aux autres résidents et n'agissait quasiment que sur sollicitation. Michèle s'avérait être
dépendante de son entourage dans les gestes les plus simples de la vie quotidienne.
La prise en charge de Michèle en atelier d'art-thérapie à dominante musicale a permis
un accroissement de l'autonomie ainsi qu'une diminution progressive des troubles de la
communication. Michèle a, peu à peu, pris confiance en elle et a réaliser qu'elle était capable
d'accomplir des actions seule. La pratique du chant a notamment aidé Michèle à développer
ses capacités phonatoires qu'elle n'exploitait presque plus.
Le travail d'art-thérapeute nécessite donc une perpétuelle remise en questions ainsi
qu'un recul relatif aux prises en charge. Le travail en équipe pluridisciplinaire favorise cela et
permet de noter l'impact général des prises en charge par différents professionnels sur les
résidents. Cette collaboration s'avère bénéfique et riche, elle engendre des discussions et
réflexions qu'il est impossible d'avoir seul.
Une étude comparative a tenter ensuite de montrer que deux ateliers spécifiques présents en
Maison d'Accueil Spécialisé (l’atelier d'ergothérapie et l'atelier d'art thérapie) tenaient une
place importante dans le processus de soin, que ces deux thérapies divergeaient sur plusieurs
points mais possédaient également des aspects similaires intéressants. Le plus important étant
le but de la prise en charge : l'amélioration de la qualité de vie des résidents.
La réflexion menée pour réaliser ce mémoire m'a amené à m'interroger quant à l'arrêt
d'une prise en charge en art-thérapie.
J'ai travaillé avec Michèle pendant un an. Des résultats positifs de la prise en charge en art-
thérapie sont apparus après six mois de travail avec elle, c'est-à-dire, à la fin de mon premier
stage d'intervenante spécialisé en art-thérapie. Je savais alors que j'aurais la possibilité de
reprendre là où je m'étais arrêtée grâce au second stage de DU d'art-thérapie. Ceci s'est avéré
positif puisque Michèle a accompli de réels progrès tant au niveau de l'accroissement de
l'autonomie qu'au niveau de la communication.
Toutefois, je pense que cette prise en charge aurait méritée de trouver une continuité afin
d'ancrer les acquisitions et d'affiner le travail entamé, malheureusement ce n'a pas été le cas.
L'arrêt des prise en charge en art-thérapie a été imposé par des contraintes administratives et
bien évidemment non souhaité et réfléchi par l'art-thérapeute et le résident.
Il reste à se demander alors si les progrès de Michèle qui ont été constaté en atelier d'art-
thérapie et par l'équipe pluridisciplinaire vont perdurer au-delà des prises en charge et si elle
va accroître son autonomie dans le sens où les séances d'art-thérapie lui auraient servi de
béquilles transitoires ou, du moins, auront impulser chez cette patiente un désir
d'indépendance ...
Bibliographie :
ALLASON, J. E, Rubinstein-Taybi syndrome : the changing face, 1990
ANTHONIOZ, P. , L'atelier d'art-thérapie, indication, évaluation, méthode et technique
artistique, Congrès d'art-thérapie, Faculté de Médecine de Tours, 1999, éd. Université
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1990
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FORESTIER, R. , Tout savoir sur l'art-thérapie, éd. Favre, Lausanne, 2000
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LACOMBE, D. , Le Syndrome de Rubinstein-Taybi, arch. Pédiatrie, 1994
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RUSS, J. , Dictionnaire de philosophie, éd. Bordas, Paris, 1996
VLAD, R. , Dictionnaire de la musique, éd. CELIV, Paris, 1993
Exemples de grille d'observation et de fiche d'évaluation.
Grille d'observation : Prénom : Date :
Heure de la séance: Durée de la séance:
Dynamique de la séance : Exercices pratiqués pendant la séance : Techniques utilisées : � Synthétiseur � Percussions � Chant � Flûte � Ecoute musicale � Autres Méthode : � Situation � Jeu � Exercice � Didactique � Révélateur � Occupationnel � Directif � dirigé � semi-dirigé � libre Aspects abordés : � Expression � Communication � relation Comportement du patient pendant la séance : Engagement, intérêt durant la séance : � Oui � Non � Fait volontiers � Subit � Equilibré Relation à l'exercice : � Actif � Passif � Réceptif Parole : � Peu � Moyen � Beaucoup � Par rapport à sa vie � Par rapport à sa famille � Pour l'activité � Par rapport à soi-même Confiance en soi, prises d'initiatives diverses : � Oui � Non La production : � Art I � Art II � Invention � Reproduction Bilan :
Limites atteintes et modifications à apporter : Items particuliers relevés à l'occasion de la séance : Notes :
Fiche d'observation : Prénom : Michèle Heure de la séance : Durée de la séance : Technique artistique : Musique Comportements ou faits observables pendant la séance d'art-thérapie : Dates Bouge les lèvres Chante Sourit Parle avec moi Tape le rythme du pied
Choisit ce qu'elle veut faire
Sourit Se rapproche de moi pour chanter
Choisit les chansons qu'elle veut entendre
Tape la pulsation dans ses mains
Joue avec une main Joue avec deux mains
Emets une sonorité / : Rien ; 1 : très peu ; 2 : Peu ; 3 : Moyen ; 4 : Bien ; 5 : Très bien
Fiche d'observation : Prénom : Olivier Heure de la séance : Durée de la séance : Technique artistique : Musique Comportements ou faits observables pendant la séance d'art-thérapie : Dates Piannote sur le synthé
Fait glisser ses doigts sur le synthé
Sourit Crie Tremble Ecoute l'autre S'assoie à ma demande
Est précis dans ses gestes
Canalise son énergie
Se laisse envahir par son plaisir musical
Tourne la tête Me regarde Jette les percussions
Prends mes mains pour que je l'applaudisse
Fredonne Joue avec les deux mains
S'assoie seul (sans demande)
Prends ma main pour me faire jouer
N'est pas content d'arrêter la séance
Mets fin à la séance / : Rien ; 1 : très peu ; 2 : Peu ; 3 : Moyen ; 4 : Bien ; 5 : Très bien
Phénomène artistique : Impression : Voit bien Entend bien Comprends ce qu'on lui demande
Intention : Volonté de recherche esthétique
Expression verbale Expression directe Expression confuse Expression existante amis non-compréhensible
Action : fait preuve de méthode
Fait preuve de technicité
A des facultés d'adaptation
Recherche des moyens
Invente des moyens Production : Musique instrumentale
Musique vocale Capacités esthétiques : Exprime son goût Exprime son plaisir musical
Exprime ses émotions esthétiques
Fait preuve de faculté critique
Capacités relationnelles : Activité instinctive Activité volontaire dirigée
Souhaite transmettre une information
Unification avec l'autre
Implication personnelle
/ : Rien ; 1 : très peu ; 2 : Peu ; 3 : Moyen ; 4 : Bien ; 5 : Très bien
Fiche d'observation : Prénom : Marielle Heure de la séance : Durée de la séance : Technique artistique : Musique Comportements ou faits observables pendant la séance d'art-thérapie : Dates Chante Chante sans qu'on comprenne les paroles
Sourit Demande de l'applaudir
Pianote sur le clavier sans ménagement
Pianote avec les deux mains
Pianote avec une main
Essaie de jouer une mélodie
Touche aux boutons du synthé
Mets en marche la boîte à rythme
Joue en fonction du rythme qu'elle a mit
Crie Allume/Eteint seule le synthé
/ : Rien ; 1 : très peu ; 2 : Peu ; 3 : Moyen ; 4 : Bien ; 5 : Très bien
Fiche d'observation : Prénom : Françoise Heure de la séance : Durée de la séance : Technique artistique : Musique Comportements ou faits observables pendant la séance d'art-thérapie : Dates Cligne des paupières pour me répondre
Sourit à l'écoute d'une musique
Pleure en écoutant une musique
Salive Sourit quand je lui parle
Ferme les yeux et ne les ouvre qu'à ma demande
Fronce les sourcils pour me montrer que cela ne lui plaît pas
Vocalise Essaie de souffler dans une flûte
Bouge les bras : étirements
Grince des dents / : Rien ; 1 : très peu ; 2 : Peu ; 3 : Moyen ; 4 : Bien ; 5 : Très bien
Une expérience d'art-thérapie auprès d'une résidente atteinte du Syndrome de Rubinstein-Taybi en Maison d'Accueil Spécialisé . Atelier d'art-thérapie à dominante musicale à la Maison d'Accueil Spécialisé d'Iteuil.
Mémoire présenté par Ludivine Mansière, sous la direction de Mme Geoffriault Cécile, art-
thérapeute diplômée de la Faculté de Médecine de Tours, Psychologue Clinicienne.
Le Syndrome de Rubinstein-Taybi se définit comme une anomalie du
développement de l'embryon qui engendre des troubles physiologiques ainsi qu'une
arriération mentale. Ce syndrome touche un nouveau-né vivant sur 125 000. Il a été
décrit par le pédiatre Jack Rubinstein et le radiologue Hooshang Taybi en 1963 aux
Etats-unis.
La personne atteinte de ce syndrome particulier est prise en charge dans des structures
spécialisées telles les Maisons d'Accueil Spécialisé. Néanmoins, la mobilité réduite et la
perte progressive de la vue et de l'audition accroissent des troubles de la communication.
La personne atteinte du Syndrome de Rubinstein-Taybi voit donc sa qualité de vie
altérée, elle devient alors dépendante et en souffre.
L'art-thérapie qui vise l'exploitation du potentiel artistique dans une visée
thérapeutique et humanitaire serait un moyen spécifique pour réduire cette souffrance.
La mise en place d'un atelier d'art-thérapie à dominante musique à la Maison d'Accueil
Spécialisé d'Iteuil dans le département de la Vienne, a permis d'aider, entre autres, une
résidente atteinte du Syndrome de Rubinstein-Taybi à diminuer ses troubles de la
communication et à accroître son autonomie.
L'art-thérapeute possède une double compétence - celle d'artiste et celle de
thérapeute - qu'il met au service des personnes en souffrance. Il utilise des outils
d'observation et d'évaluation spécifiques. Ces derniers lui permettent de noter
l'évolution ou l'involution de la personne dans le cadre de ses ateliers, faire part et
partager ses résultats à l'équipe pluridisciplinaire ; et, de surcroît accréditer les effets
bénéfiques de l'art-thérapie.