UNICEF Cameroun Magazine, janvier 2014
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Malnutrition des enfants
MagazineUne publication de: UNICEF-Cameroun N°001 de Janvier 2014
•La malnutrition y est chronique•Cameroonians Count Cost of poor feeding•Les efforts du gouvernement avec l’appui des partenaires•Le rôle des acteurs sur le terrain
Focus on nutrition
Parole à ...
• Philippe Douste-Blazy P.C.A de
UNITAID en visite au Cameroun
Radio communautaire
• Instrument de lutte contre
la malnutrition
Counselling
• Les 10 bonnes raisons d’allai-
ter son bébé au sein
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2 UNICEF Magazine • Janvier 2014
Directeur de Publication: Félicité TchibindatDirecteurs de Publication Délégués: ZakariAdam,Dr. Béchir AounenConseillers à la rédaction: Brigitte Helali,Inès LezamaRédacteur en chef: Laure Bassek AtanganaEditorialiste: Paul EboaSecrétaire de rédaction: Christophe Mvondo
Rédaction: Christophe Mvondo, Elodie N. Bodolo,Christelle Nadège Bowa, Patricia Ngo Ngouem, Pris-
cille C. Moadougou, Prince Nguimbous, GeorgeMbella, Arnaud Kevin Ngano, Valérie Ntida, CécileItoni, Elias Ntungue Ngalame, Grace Mbakong, Syl-vain Andzongo, Arthur Fidelis Metsampito, JeanineFankam, Carole Yemelong, Rosine AzanmeneNkonla..Relecture: Moise Nkoumou, Jeanne Ejigui, LudvineMballa, John Nkuo
Infographie: ManabougolImpression: Sopecam
CLICHESLE TERRAIN
PAROLE A ...
Philippe Douste-Blazy
•Le problème de la malnutritionest insidieux
•Que l’Unicef étende ses actions
Malnutrition infantile
•Lamoudam adopte l’hôpital
•Northern Regions Most Affected•ameroonians Count Cost of
poor feeding
4-6
22-23
LES ACTEURS DE LA LUTTE
Prestation des ARC
•Un véritable sacerdoce
La radio communautaire
•Un moyen efficace de la luttecontre la malnutrition
18-21
COUNSELLING
Allaitement maternelexclusif,vaccination,utilisationdes moutiquaires
• Les gestes qui sauvent• Malnutrition chronique : Que
faire ?
23-28
STRATEGIES
Les actions du gouvernement
•Des efforts certes, mais
il en faut encore. Agents relais communautaires
•Qui doit payer la facture ?
12-17
Le panier de la ménagère
• Un problème de santé majeur
• Le Septentrion en zone orange• Entre bonnes et mauvaises
habitudes alimentaires
7-11
SOMMAIRE
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Lamoudam adopte l’hôpital
Malnutrition infantile
La vie des enfants dans le village de Lamoudam, au nord du Cameroun est encadrée depuis 2011 par le Programme de survie et développement du jeune enfant de l’UNICEF. Voyage au cœur ducôté sud de Lamoudam, à la découverte des enfants dont les parents, cultivateurs apprennent às’accommoder de l’hôpital pour la survie de leur progéniture.
Janvier Njikam, journaliste,
Frontières d’Afrique Magazine
Juillet 2013 à Dabaré, l’un des quatrequartiers du village Lamoudam, à 45 kmde Garoua, région du nord, District desanté de Lagdo. Il va bientôt être midi, la
pluie tombée il y a quelques jours est venueadoucir le climat, et permettre aux villageoisd’aller au champ. Les adultes se font rares. A
150 m du domicile du chef de la localité, desenfants pieds nus jouent. Mouss, fillette de 2ans fait équipe avec le groupe. Elle présente unétat de santé meilleur. « Il y a deux ans, en2011, Mouss a bénéficié d’une prise en chargegratuite, dans le cadre du Programme de Survieet Développement du Jeune Enfant de l’UNI-CEF », souligne André Wanzoumbé, un des dixrelais communautaires, volontaires, formés aucentre de santé intégré (CSI) de Lamoudam,pour ledit Programme. Pourtant, « à sa nais-sance, Mouss faisait la diarrhée et vomissaitconstamment, suite à la consommation d’eaunon potable », poursuit André Wanzoumbé.Diagnostiqué, l’enfant a immédiatement été ac-compagné pour une prise en charge effective
au C.S.I de Lamoudam. Le relais communau-taire a ensuite enseigné à la mère de Mouss lesméthodes de potabilisation de l’eau. L’enfant a
également été mise sous-alimentation enrichie: une bouillie faite à base de farine de mil, deharicot/soja/arachide, d’un peu de sucre etd’huile enrichie. Dès lors, Mouss a retrouvé sasanté et grandi. Aujourd’hui, son périmètre bra-chial signale « vert », signe qu’elle est en bonnesanté et peut recevoir une nutrition adaptée àson âge Lamoudam compte 15 forages, mais,seuls 5 sont opérationnels. Les villageoisn’ayant pas toujours les moyens financiers né-cessaires pour acheter les pièces de recharge,
afin d’assurer le fonctionnement continu desdifférents forages. Ils sont obligés de consom-mer l’eau de source. André Wanzoumbé,avoue que depuis que les populations prati-quent les techniques de potabilisation de l’eau,les enfants sont de moins en moins malades.Mais, « je reste vigilent », précise-t-il.
Pas de réticenceDjara, 27 ans, est une femme enceinte de 8mois. Elle est dans la même concession queMouss. Elle a déjà fait 4 grossesses. Seule ladernière a une chance d’aboutir à la naissanced’un enfant. Les trois autres n’ont pas eu cetteopportunité suite à des fausses couches. AuCentre de Santé Intégré de Lamoudam, il lui aété demandé d’arrêter tous travaux. Pourl’heure, elle reste à la maison pendant que
d’autres femmes en compagnie de leurs époux,vont au champ. Djara espère que tout ira pourle mieux jusqu’à l’accouchement qu’ellecompte faire à l’hôpital. A 150 m, dans la courdu Chef de Dabaré, Nadège, 1 an 5 mois,prend sa tétée entre les mains de sa mère, Eli-sabeth, épouse du Chef, assise avec d’autresenfants sous un arbre. La petite Nadège a descheveux jaunâtres, signe qu’il lui faut de la vi-tamine A. Son périmètre brachial est de 13 en-viron. Elle vient, elle aussi, de sortir du seuil
critique de 12,5. Sa mère dit avoir déjà accou-ché de 9 enfants, tous nés dans la nuit et à lamaison. « C’est au petit matin que j’amène sys-tématiquement mes nouveaux-nés à l’hôpital», déclare-t-elle.A Dabaré, André Wanzoumbé, l’agent relaiscommunautaire, est une véritable star. Tout lemonde le connait et l’interpelle par son nom. Ildit n’avoir presque jamais connu des cas de ré-ticence. Des parents l’appellent parfois tarddans la nuit pour une intervention et il n’hésite jamais. A plus de 40 ans, André est lui-mêmemarié à trois femmes et compte déjà 17 en-fants. Sa première fille est âgée de 21 ans. Sim-ple volontaire, André Wanzoumbé joue sonrôle avec passion et dit être déterminé à tou-
jours aider au bien être des enfants de son vil-lage, contre vents et marrées.
Le chef du CSI de Lamoudam, heureuse d’intégrer les nouveaux locaux.
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Northern regions most affected
Child Malnutrition
Emergency efforts to fight malnutrition are now focused on the Adamawa, North and Far North Regions where children are most vulnerable for manifold reasons.
George MBELLA , journalist, Cameroon Tribune
Children with Kwashiorkor, marasmus,stunted growth, yellowish hair and bul-ging tummies usually seen on TV inother countries are also a reality in Ca-
meroon. Statistics say child malnutrition hasbecome a public health problem. In effect, mal-
nutrition has become a silent killer, accountingfor 35 % of deaths in children less than fiveyears old.If national figures say 32.5 % of children belowfive suffer from malnutrition, the latter affectsbetween 1% and 3 % of children in every re-gion, with 2 % considered an emergency. In thefold, the three northern regions – Adamawa,North and Far North – are the most affected,with the North and Far North recording 3.4%and 4.1 % respectively. According to 2011 De-mographic and Health Survey (DHS) , over57,000 children in the North and Far North Re-gions were affected by severe malnutritionwhile 93,000 had moderate forms of the condi-tion. Furthermore, both regions account for
most of the one million children suffering fromstunted growth in Cameroon.In several health centres and hospitals in nor-
thern regions, children suffering from mode-rate, severe malnutrition such as marasmus andkwashiorkor often arrive the hospital late. Theyare often emaciated and present infections suchas pneumonia, diarrhoea and measles, promp-ting intervention using drugs and therapeuticmilk served in therapeutic feeding centres aswell as enriched millet porridge prepared laterby mothers under the supervision of commu-
nity health workers.Causes of the higher prevalence of malnutritionin the three northern regions are manifold.While immediate causes include inadequatedietary intake and disease, underlying causesare found in household food insecurity, inade-quate care and feeding practices, unhealthyhousehold environments and households’ limi-ted access to resources such as land and edu-cation. Conflicts, poverty, floods and epidemicsamong others, could be aggravating factors.Little wonder that the northern part of the coun-try has attracted a host of national, internatio-nal, civil society and intergovernmentalorganisations alongside the United NationsChildren’s Fund (UNICEF) which lays empha-
sis on the age bracket between 6 and 24months. This is where malnutrition is most ex-perienced and urgent action required. There
exists a cooperation programme with govern-ment with emphasis on five major areas amongwhich are the monitoring of children to reducemorbidity and mortality rates in those belowfive years. In effect, UNICEF supports its part-ners in activities linked to the fight against mal-nutrition and anaemia while promotingbreastfeeding, food fortification and supple-mentation in iron, zinc and vitamin A, as well
as deworming.Furthermore, UNICEF has been upgrading thecapacities of health institutions and ensuredtraining of community health workers to im-plement the Community-based Management of Severe Acute Malnutrition (CMAM) as well asthe Programme of Essential Nutrition Actions(ENA) in 33 health districts of the northern re-gions that are most affected by malnutrition. In2011, over 15,000 severely malnourished chil-dren in the northern regions were treated in in-tegrated Centres for Therapeutic Nutrition andMobile Nutrition Centres. Furthermore, thelaunching of enrichment of vegetable oil in Vi-tamin A as well as wheat flour in iron, zinc,folic acid and Vitamin B12 is on course for one
major problem faced by children is deficiencyin vitamins and minerals with obvious healthand physical hazards.
Breastfeeding is a key action to fight malnutrition.
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Impact
Cameroonians count cost
of poor feeding
By Elias Ntungwe Ngalame,
Journalist, Eden Media ( REJAE)
Garoua-Cameroon: Marianna Abdoul 46and a mother of five tramp on a weeklybasis through narrow footpaths fromNwanko village some 5-6 km with her
last two children of two and four years to theLamudam health facility, the lone health centrein the community for medical attention. Thetwo children, suffering from acute malnutritionhave been receiving medical attention at thathealth centre since the last three months,thanks to the support of some internationalNGOs or UNICEF and the government after analarm of rising child malnutrition in the com-
munity was blown recently.“My two children took ill some five monthsago. I did not understand what was happeningto them as they kept on loosing weight andgrowing slim. I was only told that they weresuffering from malnutrition by some two com-munity health workers who came to our villageto examine the health of children. Since westarted receiving treatment at the Lamudamhealth centre, their health conditions haveslightly improved, Marianna abdoul in a huskyvoice indicative stress and tiredness after a longwalk, told UNICEF Magazine.Like Mariana and her children many house-holds and families in the Northern part of thecountry, below the age of five, according to the
chief of the Lamudam health centre, IssaHoure, suffer from acute child malnutritionand the situation, she says, is alarming, neces-
sitating rapid intervention from the government
and partner organisations. She says ignoranceand poverty are the main reasons among othersfor the poor feeding that has triggered risingcases of malnutrition.“We receive cases of child malnutrition in thishealth centre regularly. In January this year forexample, we had 33 cases and in May 49 andthis is quite high in a small community of about 1500 inhabitants,” she admits.Ignorance, poverty and food scarcity espe-
cially during prolonged dry period of the yearshe says were identified as the main causes of child malnutrition in the region.“We realized that among others, themaincauses of child malnutrition are scarcity of foodand ignorance of the parents who, for the most
part are illiterate and don’t know what foodtype to give to their children and poverty of themostly unemployed population” she disclosed.The problem of food scarcity and the sight of women trekking long distances in search of food in Northern Cameroon and the entireSahel region of Africa has become familiar, asituation environmental experts have blamedpartly on increasingly prolonged dry seasonthat has affected food production and triggeredrising food cost.This disturbing rising child malnutrition crisisin the Northern part of Cameroon was corro-borated by UNICEF in a recent child nutritionmedia workshop in Garoua.“UNICEF estimates more than a million chil-
dren under the age of five will need to be trea-ted in feeding centres for severe malnutritionin the entire Sahel region of Africa. It is a stag-
geringly high number and there’s little time to
prepare. We need to assist these communitiesbefore the situation goes off hand,” warned Dr.Bechir Aounen, head of the young child sur-vival unit at UNICEF Cameroon.
Poverty aggravates mattersOver 70% of the about 20 million populationin Cameroon are into agriculture producingmostly for family consumption according tothe ministry of agriculture. Average annual in-come per head in Cameroon stands at just over$1,200 according to U.N 2012 figures. Formalemployment remains scarce and economicgrowth is lagging at around 4-5 % since 2010,a situation that has made the population rela-tively poor and many unable to afford ade-
quate feeding.Consumer organizations say market prices of foodstuffs like rice, corn, sugar, and palm oilhave soared up to 30 percent in recent monthsand with heavy cuts in the salaries of civil ser-vants since 2004, many are unable to afford re-gular balanced diet."We think the government should take moresevere measures to clamp down on businesspeople who hoard food to increase prices andmaking feeding difficult especially for the peo-ple of Northern Cameroon who are alreadysuffering from desertification. They should aswell reinstate salaries of civil servants that werecut down by over 60% in 1993 at the heart of the economic crisis," enthused Delore Magel-lan Kamgaing of the Cameroon Consumers'League.
Cameroonian children do not really benefit from the diversity to food production.
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Mort de malnutrition
Il souffrait d’une maladie curable. Ses parents ont pris tardivement le chemin de l’hôpital. Le personnel traitant a tenté son mieux. Peine perdue, il est mort.
Grâce Mbakong, journaliste à L’Action ( REJAE)
Le petit enfant malade qui occupait le
lit n°1 au Centre de nutrition théra-
peutique interne (Cnti) est finalement
décédé. Le petit Amadou Ahidjo ne
fêtera pas son deuxième anniversaire. Il aété arraché à la vie à 15 mois, suite à des
complications liées à la malnutrition sé-
vère. Le personnel traitant a pourtant af-
firmé que le bébé, qui souffrait d’un
sevrage précoce, répondait très bien au
traitement. Mais son aspect physique in-
quiétait. Il avait des cheveux presqu’inexis-
tants, le corps présentant des tâches de
brûlures, le bébé présentait des signes de
fatigue.
Le scénario du drame qui a conduit au
décès du bébé Amadou s’est noué en fa-
mille. Alors qu’elle allaitait son enfant au
sein, la maman tombe enceinte. Le papa
instruit le sevrage de l’enfant. Dans cette
société traditionnelle, phallocratique à
souhait, les réserves de la maman, âgée de
22 ans n’y feront rien : « mon mari a dit que je dois maintenant donner de labouillie avec du sel gemme à l’enfant. J’ai insisté pour qu’il accepte que je continued’allaiter l’enfant au sein. Il m’a battue ».
Les conséquences de cet entêtement dumari ne vont pas tarder. Le bébé a com-
mencé à faire la diarrhée, il s’est affaibli et
est devenu très maigre. « J’ai pris peur et ai
appelé ma mère. Elle est allée voir un gué-
risseur traditionnel, mais l’état de l’enfant
s’aggravait… J’ai encore fait appel à mamère. Elle m’a demandé d’aller à l’hôpi-tal, mais mon mari a refusé. J’ai insisté et il m’a encore battue, car il disait que sonenfant n’a pas de problème. Je suis alléedans un hôpital qui m’a orientée ici (Cnti)».C’est le 1er juillet 2013 qu’Ahidjo fait son
entrée au Cnti. Ce centre, situé au sein del’hôpital régional de Garoua prend en
charge des enfants envoyés par les centres
de santé des villages environnants qui
souffrent de malnutrition sévère avec des
complications, comme des infections, la
diarrhée ou le paludisme. Là, Amadou a
reçu des aliments thérapeutiques et a bé-
néficié du suivi du personnel de santé
formé par l’UNICEF. La prise en charge acommencé dès son arrivée avec la prise du
lait thérapeutique F. 75 à l’aide d’une
sonde. Il est directement allé à la
deuxième phase du traitement. Mais il n’a
pas survécu à la malnutrition aigüe sévère
de type kwashiorkoriste qui l’a cloué au lit
puis renvoyé dans l’au-delà. Toutefois, l’in-
firmier traitant avait détecté une autre
complication due à une pneumonie qui
s’y est ajoutée.
L’histoire d’Amadou Ahidjo n’est que la ré-
vélation des milliers de drames qui ont
cours dans les concessions orchestrées
dans les tenants de « traditions » qui nerespectent pas la vie.
Amadou Ahidjo
La victoire sur la mortalité infantile passe par un combat acharné contre la malnutrition.
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n problème de santé majeur
Malnutrition
Investir dans la nutrition permettra de réduire le nombre de décès des enfants de 0 à 59 mois. Le plaidoyer pour une mobilisation des ressources trouve sa justification.
Arnaud Kevin Ngano, journaliste à Radio TBC
Evrald Loïc Tsimi 3 ans, interné à l'hô-pital Gynéco-obstétrique et pédia-
trique de Yaoundé subira une
intervention chirurgicale. Pour pou-
voir supporter l'opération, il doit d'abord
récupérer son poids normal. Sa mère Ma-
rina Abomo Atangana confuse, vient
d'Akonolinga. C'est après avoir passé deux
semaines à la fondation Chantal Biya,
qu'elle se retrouve à l'hôpital Gynéco-obs-
tétrique et pédiatrique de Yaoundé.
Comme elle, beaucoup de mamans pas-
sent des nuits longues aux cotés de leurs
enfants à l'hôpital Gynéco- obstétrique etpédiatrique de Yaoundé. La cause: la mal-
nutrition. Le centre de nutrition de l'hôpi-
tal gynéco-obstétrique et pédiatrique de
Yaoundé a déjà enregistré pas moins de
562 cas d'enfants souffrant de malnutrition
aiguë, sévère et modérée avec complica-tions depuis 2007.
Ce centre n'étant qu'un échantillon, le
problème se veut plus grave sur l'ensem-
ble du territoire national. 38 % de la mor-
talité infanto-juvénile est due à la
malnutrition au Cameroun. La forme la
plus invisible de cette pathologie à savoir,
la malnutrition chronique, touche près de
33 % d'enfants de moins de 5 ans, soit
1enfant sur 3. Aucune région n'est épar-
gnée.
Pour venir à bout de ce mal, les mères de-
vraient absolument commencer par nour-rir leur bébé exclusivement avec le lait
maternel avant lâge de 6 mois. Ensuite, les
décideurs politiques doivent s'investir dans
la nutrition, pour favoriser l'augmentation
des ressources financières. Ce combat de-
viendra assez efficace et ne produira lesfruits escomptés que si tous les secteurs
d'activités sont véritablement impliqués.
On comprend alors le plaidoyer qu’est
venu porté le président du Conseil d’ad-
ministration de UNITAID, aux côtés de
l’UNICEF. Philippe Douste-Blazy, en visite
de travail au Cameroun du 5 au 7 novem-
bre 2013, a rencontré les hautes autorités
du pays les acteurs du secteur public pour
les convaincre de mobiliser des ressources
additionnelles en vue du financement de
la nutrition à intégrer dans le package du
financement du Sida, la tuberculose et lepaludisme.
La vitamine A , un des micronutriments clé dans la lutte contre la malnutrition.
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Selon le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), les deux régions les plus affectées par la malnutrition aigüe sévère au Cameroun sont l’Extrême Nord (4,1%) et le Nord (3,4%).
Le Septentrion en zone orange
Rosine Azanmene Nkonla,
journaliste- MINCOM ( JAFEC)
Les chiffres indiquent que la situation
nécessite une intervention énergique
pour éviter l’aggravation. Selon la
classification de l'Organisation Mon-
diale de la Santé (OMS), la zone orange où
se trouvent ces deux régions en matière de
malnutrition signifie que le niveau de pré-valence est élevé par rapport au seuil cri-
tique. Au mois de Juin 2013, au moins six
enfants sur 31 reçus au Centre de nutrition
thérapeutique interne (Cnti) de Garoua,
sont décédés des suites de malnutrition.
Selon Amadou Alouki, le responsable de
ce centre, malnutris, un seul des autres 25
a recouvré la guérison. Les autres ont été
réferés dans d’autres centres hospitaliers.
En 2013, l’UNICEF estime que 57.616 en-
fants de moins de cinq ans présentent un
risque de souffrir de malnutrition aigüe sé-
vère dans les régions du Nord et de l’ex-trême-Nord du pays, et que 145.000
enfants de moins de cinq ans auront un re-
tard de croissance. La situation est donc
inquiétante, d’autant plus que l’accès aux
soins n’est pas toujours aisé. Selon l’Insti-
tut Nationale de la Statistique, les régions
de l’Extrême-Nord et du Nord comptent
92 médecins pour une population globale
de 5.5 millions d’habitants. En outre, 23
des 43 districts de santé de ces deux ré-
gions du pays manquent de personnel
qualifié. A cause des maigres récoltesinhérentes au climat fait de longues sai-
sons sèches, auquel s’ajoutent l’indigence
des ménages, le manque d’accès aux ser-
vices essentiels, les mauvaises pratiques
de sevrage et d’alimentation des nourris-
sons, etc. L’insécurité alimentaire ne cesse
de progresser, compromettant la vie des
enfants. Selon l’UNICEF, seulement 12%
des ménages ont accès aux installations
sanitaires de base dans la région de l’Ex-
trême-Nord, contre 54% dans le Sud-
ouest. Pour faciliter la prise en charge et
l’accès aux soins dans cette partie du pays,le gouvernement a développé une ap-
proche communautaire en impliquant les
agents relais Communautaires (ARC).
L’UNICEF quant à lui soutient les parte-
naires pour les activités liées à la lutte
contre la malnutrition, l’allaitement, l’en-
richissement des aliments, la supplémen-
tation en fer et vitamine A, ainsi que le
déparasitage. Dans le septentrion précisé-
ment, plusieurs séminaires de renforce-
ment des capacités ont été organisés, à
l’intention de tous les fournisseurs de ser-vice de santé et les travailleurs commu-
nautaires engagés dans la mise en œuvre
de programmes de prise en charge com-
munautaire de la malnutrition aiguë sé-
vère (CMAM) et du Programme des
Actions Essentielles en Nutrition (AEN)
dans 33 districts de santé des 3 régions
septentrionales les plus touchées par la
malnutrition. La promotion des bonnes
pratiques nutritionnelles, l'augmentation
de la consommation des micronutriments
et la prise en charge des enfants malnutris
s’avèrent donc impératives, pour sortir leseptentrion de la zone orange.
Malnutrition
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La disponibilité des produits vivriers sur le marché ne suffit pas pour satisfaire la ménagère.Pas évident de le remplir
Nadège Christelle BOWA, journaliste à Le Messager (REJAE)
Marché central de Garoua I dans
le chef-lieu de la région du
Nord Cameroun. Il est environ
9h du matin en ce mois plu-
vieux de juillet. Au milieu de l’agitation ty-
pique des marchés en zone tropicale,
Gaïtima, la quarantaine entamée, va et
vient dans les artères du marché. Son sou-
rire cache mal son inquiétude. Debout de-
vant un étal, elle marchande des tomates.Pour sa famille, la ménagère a prévu du
couscous de maïs à la sauce de « foléré »
au poisson fumé (mets traditionnel du sep-
tentrion). Pour sa sauce, la ménagère a
aussi besoin des arachides. Des ingré-
dients présents sur le marché. Les prix af-
fichés lui font ronger les doigts.
En termes de disponibilité des produits vi-
vriers, le marché central de Garoua I n’a
rien à envier aux marchés de la partie mé-
ridionale du Cameroun. Sur leurs étals, des
commerçants proposent une gamme va-
riée de denrées alimentaires : des légumesverts (foléré, zom, lalo ou kelenkelen,
folon, et même du Ndole, sorte de légume
aux feuilles amères qui a donné son nom
à un plat traditionnel prisé dans le Littoral
au Sud du pays) ; des céréales à l’instar du
riz, maïs, sorgho, mil ; des légumineuses ;
des tubercules (ignames, macabo, patates
douces et même du manioc). On y trouve
également des carottes, des aubergines,
des choux, des condiments verts; des fruits
de toutes sortes (pamplemousse, ananas,
oranges, pastèque, etc.)
Maigre péculeSi certains de ces aliments sont produits lo-calement, il n’en est pas de même pour
d’autres tels le chou ou la pomme de
terre. « C’est à Ngaoundéré (Adamaoua) et
Bafoussam (Ouest Cameroun), que nous
nous ravitaillons en vivres », affirme Mo-
hamadou Sani, commerçant. Disponible
en fonction des saisons, les choux trouvés
sur le marché viennent de Ngaoundéré,
où, le sac de 35 têtes coûte 15000 Fcfa.
Son prix au détail par tête varie entre 500
et 800Fcfa selon la grosseur. Aussi conclut
Mohamadou Sani, « ce n’est pas une den-
rée accessible à tous. Seulement une cer-taine catégorie sociale de personnes dont
les grands commerçants et les fonction-
naires s’y approche ». Pour ce qui est des
pommes de terre, Garoua se ravitaille à
Bafoussam où le sac est cédé à 40 000
Fcfa. Sur place, la denrée est revendue à
500Fcfa le kilogramme pour une quantité
ne dépassant pas parfois 6 pommes de
terre. Les ménagères doivent consentir
assez d’argent pour avoir la quantité suffi-
sante pour leurs familles. Parfois 5 000F
pour la quantité d’un repas. Ce qui n’est
pas à la portée de tout le monde. A cela, il
faut ajouter du poisson ou de la viande et
d’autres ingrédients. Le coût du transportlui-même lié à l’état de la route et aux frais
divers explique la cherté de ces produits.
Un véritable casse-tête pour de nombreux
ménages. Lesquels ne disposent que d’un
maigre pécule pour des familles nom-
breuses. On comprend dès lors la préoc-
cupation de Madame Gaïtama quand elle
avoue n’avoir dans sa bourse que 2000
Fcfa pour nourrir une famille de 12 per-
sonnes. Mubarak, mototaximan, devra se
contenter du Lalo (feuille gluante) de 300
Fcfa pour 10 personnes. « Ça va suffire
pour midi … le soir, on verra bien », laisse-t-il tomber fatidique.
Panier de la ménagère
Les vivres sont de plus en plus chers ; pas facile de bien nourrir les enfants.
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STRATEGIE
12 UNICEF Magazine • Janvier 2014
Campagnes de sensibilisation, adhésion au mouvement SUN, intégrationde la nutrition dans les politiques publiques sont autant d’actions de l’Etat.
Carole Yemelong, journaliste àCanal 2 International (JAFEC)
Le gouvernement a commencé par unecollecte des données. L’enquêtemenée pour le compte du ministèrede la santé a permis de savoir qu’un
enfant sur 3 souffre de la malnutrition auCameroun en 2012. « Ces enquêtes mon-trent également que les taux de mortalitédes enfants ont augmenté significative-ment sur la même période», avait déclaréle ministre de la santé André Mama Foudal’année dernière. Les incidences sont sansappel : en l’absence d’action, le pays per-dra en 10 ans 583 milliards de francs Cfa.D’où l’urgence de passer à la phase 2 :l’élaboration des stratégies.Il y a eu donc l’intensification de la priseen compte de la nutrition dans la stratégiesectorielle de la santé, la promotion del’allaitement exclusif au sein pendant 6
mois. Le ministère de la santé a mêmelancé un programme de prise en chargemédicale et nutritionnelle des enfants mal-
nutris, couvrant une grande partie du norddu pays. Il y a aussi la semaine d’actionsde santé et de nutrition infantile et mater-nelle (SASNIM) qui se tient deux fois paran.Mais surtout une nouvelle approche : in-tégrer la communauté dans la gestion dela malnutrition. Dr Souleymanou Yaya, dé-
légué régional de la santé pour le Nord,explique qu’elle se décline en «laconstruction des centres de santé dans lesrégions les plus reculées du pays, il y a en-suite leur équipement, et le recrutementdu personnel. Mais il y a aussi un autretype de personnes, des bénévoles, établisdans les communautés qui servent de relaiavec le centre : ce sont les relais commu-nautaires ». L’approche communautaire degestion de la santé est donc une réponseaux multiples problèmes de la commu-nauté comme la malnutrition. Mais l’Etatmanque de moyens pour soutenir toutes
ces actions, d’où l’appel aux partenaires.En avril 2013, des chefs les agences del’OMS, de l’UNICEF, de la FAO et du PAM
ont rencontré plusieurs ministres et le Se-crétaire Général des Services du PremierMinistre. C’était plus un plaidoyer pour lerepositionnement institutionnel et straté-gique de la nutrition dans les politiques etprogrammes sectoriels au Cameroun. Maissurtout de dresser l’état des lieux des ac-quis et des gaps, et proposer des recom-
mandations pour la mise en œuvre de laFeuille de route du Mouvement «SUN:Scaling Up Nutrition», auquel le Came-roun a adhéré un mois avant. « Les parte-naires ne peuvent pas tout faire, c’est legouvernement qui définit ses priorités, etchaque partenaire choisit de concert avecl’Etat de son domaine d’action. C’est bienordonné, sinon ça ira dans tous les sens »explique Dr Souleymanou Yaya. La finalitéde toutes ces actions est déjà projetée dansla vision 2035. Il faut réduire à cet horizonla malnutrition au Cameroun la ramenantà moins de 10%, et surtout résoudre la
crise alimentaire et faire du Cameroun legrenier de l’Afrique Centrale.
Des efforts certes, mais
il en faut encore
Les actions du gouvernement
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Dans les centres de traitement mis en place, les résultats sont probants
Les bienfaits de la prise
en charge
Jeanine Fankam, journaliste à Cameroon Tribune (JAFEC)
«Les indicateurs ne sont pas encoretrès bons, mais Bossiram est sortide la situation critique. Sa mal-nutrition est passée du stade dit
sévère au stade modéré. Il doit continuer sontraitement », conclut Emmanuel Eyonfané, re-lais communautaire attacheé au centre desanté intégré de Dolla.Le petit Bossiram continuera de prendre labouillie enrichie à base de céréales fournie
par le Programme Alimentaire Mondial (PAM) pour pallier ces carences en vitamines chezles enfants. C’est une farine enrichie, distri-
buée aux mamans pour traiter la malnutritionmodérée chez leurs gosses. Avant Bossiram,Célestin Adama, chef du centre de santé, ve-nait de présenter le cas de Brigitte Asta,douze mois, qui réagit aussi positivement à laprise en charge. Elle est arrivée au Centre desanté le 19 juin pesant 5,3kg. Avec ses 5,9 kgd’aujourd’hui, elle va aussi beaucoup mieux.Le centre de santé intégré de Dolla reçoit 30à 40 enfants souffrant de malnutrition parmois. Ils sont dépistés dans les villages par lesrelais communautaires formés par l’UNICEFqui vont de famille en famille pour dénicherles enfants malnutris, apporter les premiers se-cours ou les référer en cas de besoin, au cen-tre de santé pour leur prise en charge gratuite.
Ce programme de prise en charge soutenu parl’UNICEF et le PAM a diminué le taux de mor-talité liée à la malnutrition, confie le chef deCentre. Depuis plus de six mois, aucun décèsdû à la malnutrition n’a plus été enregistré àDolla et ses villages environnants. L’efficacitédu traitement convainc la population,(géné-ralement illettrée et méfiante), à adhérer auprogramme. Les débuts n’ont pourtant pas étéfaciles, à cause des résistances relatives àl’ignorance. Et si de bons résultats sont enre-gistrés à Dolla et même dans d’autres locali-tés du pays, la malnutrition continue de sévirau Cameroun. Le combat contre ce fléau estune partie à jouer.
Dolla
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Agents relais communautaires
Carole Yemelong, journaliste à
Canal 2 International ( JAFEC)
T
ous sont unanimes. Les agents relais
communautaires sont les artisans du
succès de cette approche de prise en
charge des personnes cibles dans lesvillages. Le paludisme, la malnutrition, les
infections respiratoires sont traquées. Ils ai-
dent la communauté à atteindre l’objectif
FEDAL (fin de la défécation à l’air libre),
améliore le taux de natalité et font baisser
les taux de mortalité maternelle. Mais ils
n’ont pas de salaire ! Ils ne sont pas eux,
pris en charge pour le travail qu’ils abat-
tent et dont les résultats sont palpables. Dr
Souleymanou Yaya, délégué régional de la
santé pour le Nord, pense que la solution
viendrait des communautés territoriales
décentralisées. « Les mairies ont reçu man-dat d’appuyer fortement les actions du mi-
nistère de la Santé publique. Il faut qu’on
arrive à ce que les mairies participent
dans la prise en charge des relais commu-
nautaires. C’est de leur ressort normale-
ment, puisqu’ils travaillent pour les
populations de leurs communauté».
Sur le terrain la réalité est toute autre. Les
mairies se disent à bout de souffle et ap-pellent les organisations non gouverne-
mentales et agences internationales à
penser à la rémunération des agents relais
communautaires. Le secrétaire général de
la commune de Garoua 2 soutient que le
district de santé dont dépend sa commune
s’implique financièrement dans les actions
en faveur des agents relais communau-
taires. Mais pas de salaire pour ces agents.
Ceci relève selon lui des promoteurs des
projets. Illustration : « Ils ne travaillent pas
directement avec les mairies, mais avec les
projets. Comme maintenant, nous sommes
en train de mettre sur pied avec l’Union
européenne et CARE-Cameroun un projet
"Eau et Assainissement". Les relais com-
munautaires seront mis à contribution. Ils
sont recrutés par ces projets et s’il y a un fi-
nancement conséquent, ils doivent aussi
en bénéficier ».
La survie des relais communautaires dé-
pendrait donc des projets dans lesquels ilssont impliqués. Plusieurs projets ne pren-
nent pas en compte leur rémunération.
L’UNICEF par exemple les dote de maté-
riel de travail : kit de prise en charge, vélo,
motos, médicaments, formation et recy-
clage. Cela fait partie des engagements
pris avec le gouvernement dont ils sont
partenaires. Pendant que les uns et les au-
tres se rejettent les responsabilités, les re-
lais communautaires mettent tout leur
cœur pour aider leurs communautés, entre
travaux champêtres et activités pastorales,
ils trouvent toujours du temps pour faire ce
pourquoi ils se sont engagés sur l’honneur
: sauver des vies humaines.
Qui doit payer la facture ?
Les communes, les Ong et les institutions internationales se rejettent les responsabilités.
Les relais communautaires de Lamoudam engagés pour barrer la route à la malnutrition.
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Georges Okala, Sous-Directeur de l’Alimentation et de la Nutrition au ministère de la Santé Publique.
Propos recueillis par Jeanine FANKAM,
journaliste, Cameroon Tribune (JAFEC)
Comment appréciez-vous l'engagement du Cameroun à
combattre la malnutrition?
L’engagement du Cameroun à réduire ce lourd fardeau se tra-
duit par un ensemble de mesures concrètes, notamment la
prise en compte de la nutrition et de l’alimentation dans lesdifférentes stratégies sectorielles (santé, agriculture, élevage,
promotion de la femme, éducation, affaires sociales, etc.), as-
sorti d’objectifs concrets dont l’atteinte constitue un véritable
défi. En avril dernier, notre pays a adhéré au mouvement SUN
(Scaling Up Nutrition) qui rassemble les autorités des pays af-
fectés par la sous-nutrition et une coalition mondiale de par-
tenaires autour d'un seul objectif : la réduction significative et
durable de la sous-nutrition et l'amélioration de la santé des
populations. Il s'agit d'un mouvement rendant plus efficaces
les initiatives et les programmes existants en appuyant les ac-
tions de renforcement de la nutrition. Il faut par ailleurs si-
gnaler que le Cameroun a adopté les résolutions du Sommet
mondial de l’alimentation tenu à Rome en 1996, ainsi que
les Objectifs du millénaire pour le développement (oms).
Les stratégies actuelles de lutte sont-elles efficaces?
Dans le domaine de la santé publique et de la sécurité ali-
mentaire, les stratégies adoptées portent des fruits. Il s’agit
notamment de l’iodation du sel de cuisine qui a permis de
réduire la prévalence de l’endémie du goitre de 29,5% à
5,4% entre 1991 et 2010 et la mise en place de microprojets
dans le domaine de la sécurité alimentaire. Cependant, il faut
reconnaître que les approches ont parfois manqué un cadre
commun de résultats où les priorités de chacun des acteurs
concernés sont définies et prises en compte en termes de pla-
nification et d’intervention sur le terrain.
Et les actions des agences du Système des Nations Unies
(UNICEF, PAM, FAO, OMS) contre la malnutrition, sont-elles
mieux coordonnées ?
L’appui des Organismes du Système des Nations Unies, des
ONG internationales et nationales est salutaire. Il se mani-
feste en termes de distribution de denrées alimentaires, des in-
trants agricoles et thérapeutiques, des médicaments, de la
fourniture de réactifs et des consommables pour le diagnos-
tic des maladies associées à la malnutrition chez les enfants.
A cela on ajoute le renforcement des capacités des interve-
nants, des aménagements divers. Il a permis de sauver des
milliers de vies humaines. Dans le domaine de la santé par
exemple, la création des Centres de nutrition thérapeutique
en interne et des Centres de nutrition ambulatoires dans les
régions du Nord, Extrême-Nord, Est et Adamaoua a permis
de réduire la mortalité due à la malnutrition de manière si-
gnificative.
Depuis quand le Cameroun est-il entré dans la zone critique
des pays reconnus par les Nations Unies comme pays où
sévit la malnutrition ?
Les interventions de grande envergure telles que l’iodation du
sel de cuisine et la supplémentation en vitamine A des en-
fants de moins de 5 ans remontent aux années 90. S’agissant
de la malnutrition aiguë ou chronique, le Cameroun est entré
dans la zone critique en 2008-2009 avec la crise alimentaire
mondiale suivie de la longue et sévère sécheresse qui a frappé
la partie septentrionale au même titre que les autres pays dusahel en 2010. Dès cet instant, on a noté une forte mobilisa-
tion des partenaires pour juguler la crise.
Comment en est-on arrivé là ? Le Cameroun a pourtant la
réputation de pays de l’auto suffisance alimentaire…
Il faut reconnaître que la survenue de la malnutrition dépend
de plusieurs facteurs. La sécurité alimentaire n’est pas le seul
élément qui intervient dans la lutte contre la malnutrition. La
pauvreté (les couches des populations les plus pauvres sont
les plus affectées), l’accès à l’eau potable, les maladies pour
ne citer que ces quelques facteurs contribuent fortement à la
survenue de la malnutrition. Comme j’ai eu l’occasion de le
souligner, la crise économique et les aléas climatiques ont
fortement contribué à la dégradation de l’état nutritionnel
des couches vulnérables.
« L’appui des agences du Système des Nations
nies a permis de sauver de milliers de vies »
Georges Okala
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Rosine AZANMENE NKONLA
Le théâtre du drame semble bien loin du pé-rimètre urbain. Tellement " loin " que c’està travers le petit écran qu’un député de laNation s’étonne de voir des enfants rabou-
gris et affaiblis par la malnutrition Cet élu n’encroit pas ses yeux en regardant à la télévisiondes images d’un reportage sur la malnutrition auNord-Cameroun. « Comment les journalistespeuvent-ils habiller leurs reportages avec desimages de la Somalie ? », s’indigne Monsieur le
député qui ne veut pas croire que ce sont bel etbien les images du Cameroun.Comme ce député, plusieurs autres Camerou-nais pensent que la malnutrition,avec les en-fants squelettiques, ventrus, présentant les os àfleur de peau, les membres grêles ou rongés parle kwashiorkor ou dans un état de marasme, estbien une réalité d’ailleurs.Pourtant, les cris de détresse de ces enfants vien-nent de Lamoudam, dans la région du Nord, deZidim dans l’Extrême Nord de Lomié à l’Est, etmême d’autres coins du pays. Ces cris de dé-tresse doivent pourtant résonner comme unecloche qui appelle à la compassion ou au de-voir en tant qu’humain, parent, ou décideur.Non, il ne s’agit pas d’enfants des autres ! Ber-
nard Djonga, le président de l’Association Ci-toyenne de Défense des Intérêts Collectifs(ACDIC), pense qu’il y a une réelle situation en
amont. Un problème de volonté politique.Ce n’est assurément pas le problème de dispo-nibilité financière qui engendre la disparité ob-servée aujourd’hui dans le secteur agricole. «C’est un problème de priorité » ! Argue BernardDjonga, qui se souvient que le budget cumulédes ministères de l’Agriculture et du Dévelop-pement rural et celui de l’Elevage, des Pêches etIndustries animales en 2012, s’élevait à 104 mil-liards Fcfa. Sur ce montant global, 54 milliardsFcfa ont été affectés au fonctionnement (orga-nisation des séminaires, frais de mission, bon decarburant, téléphone, primes et gratifications).
Ce membre bouillant de la société civile au Ca-meroun explique aussi que le ministère del’Agriculture et du Développement rural a géréen 2011, des projets avoisinant 210 milliardsFcfa.En 2013, plus de 50 000 enfants de moins de 5ans sont exposés aux risques de malnutritionaigüe dans les régions du Nord et de l’ExtrêmeNord, et 1.145 000 enfants de moins de cinqans, ont un retard de croissance, selon un rap-port récent de la FAO, sur la sécurité alimentaire.Lors d’une de ses communications au Groupe-ment interpatronal du Cameroun (Gicam) en juillet 2012, André Fotso, son président, fait re-marquer que « le secteur agricole reste caracté-risé par des rendements faibles, d’importantes
pertes après récoltes, l’absence de financementsadaptés à ses spécificités et surtout d’impor-tantes contraintes foncières». Bernard Djonga et
d’autres acteurs de la société civile à travers lePacte pour le développement rural, démontrentque 80% de la production des exploitations fa-miliales sont destinées à l’autoconsommation.Pourtant, près de 80% de ces petits producteurssont à cours de semences tant sur les plans qua-litatif, quantitatif que sur le plan de la diversité.Du coup, il paraît capital de booster la produc-tion locale, et donc permettre aux populationsde manger équilibré et à leur faim.Cela permettrait de résoudre trois problèmescruciaux : la disponibilité des denrées diversi-fiées sur les plans qualitatifs et quantitatifs ; l’ac-
cessibilité des aliments à toutes les bourses ;ainsi que la consommation de ces denrées. Lasensibilisation des populations sur la notion del’équilibre alimentaire s’avère impérative. Dansune perspective de souveraineté alimentaire,une réelle politique devrait également faire dela réduction de la dépendance alimentaire na-tionale une priorité. Selon Bernard Djonga, laréduction de 5% des importations annuelles deriz, de poisson et de blé, fait économiser 18 mil-liards de Fcfa par an à l’Etat. De quoi accompa-gner les petits producteurs en zone rurale. Unaccompagnement qui leur permettra non seule-ment d’accéder à des revenus décents, mais sur-tout de pratiquer une agriculture capable deproduire une nourriture de qualité. Il est donc
temps d’ôter ce voile pernicieux qui empêchede voir mourir l’avenir de demain…
Agir ou laisser mourir…
Un bon suivi garantit une meilleure santé.
Intervention
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Jeanine FANKAM, journaliste,
Cameroon Tribune ( JAFEC)
Pourquoi la malnutrition devrait-elleêtre une des priorités de la Santé pu-blique au Cameroun ? La question,nous l’avons posée à un spécialiste.
Voici la réponse de Georges Okala, Sous-directeur de l’Alimentation et de la Nutri-tion au ministère de la Santé publique: «La lutte contre la malnutrition aura des ef-
fets bénéfiques considérables sur la santédes enfants et des femmes, sur l’éducationdes nouvelles générations et sur la crois-sance économique du pays, trois condi-tions clés pour réussir le défi de laréduction de la pauvreté ». Les statistiquesdonnent à réfléchir. Les chiffres fournis parle Fonds des Nations Unies pour l’enfance(UNICEF), indiquent que le Camerounperd par an, 570 millions de dollars (en-viron 285 milliards de Fcfa), en termes deproductivité, simplement parce que lamalnutrition n’est pas une priorité dans lapolitique sanitaire. Le pays abrite 44%d’enfants malnutris de la zone Cemac
(Communauté économique et monétairede l’Afrique centrale). 1/8 d’enfants n’at-teint pas cinq ans au Cameroun et 35% deces décès sont liés à la malnutrition. Entrezéro et cinq ans, 60% d’enfants souffrentd’anémie, 36% de carence en vitamine A,signes de la malnutrition aiguë. 32,5%d’enfants accusent des retards de crois-sance, manifestation de la malnutritionchronique.Ce taux est resté stable de 2006 à 2011.Sur les 10 régions que compte le Came-roun, six ont une prévalence du retard decroissance supérieur à 30%, rappelle
Georges Okala. Il s’agit de l’Adamaoua,l’Est, l’Extrême-Nord, le Nord, le Nord-Ouest et le Sud. Mais les régions septen-trionales sont les plus touchées. A peu près1,3 millions d’enfants sont touchés par lamalnutrition chronique au Cameroun en2011. S’agissant de la malnutrition aiguëcaractérisée par une insuffisance pondé-rale, le Cameroun a dépassé le seuil cri-tique de 10% défini par l’OMS(Organisation mondiale de la santé) pla-çant le pays en situation d’urgence aumême titre que les pays du Sahel.Pourtant l’économie du Cameroun est àforte dominance agricole. La diversité cli-
matique et géographique qui permet de di-versifier les cultures, la disponibilité desterres et l’évidence de la main d’œuvre ne
sont pas les moindres atouts de cette éco-nomie basée sur l’agriculture. Les terresarables sont estimées à 7,2 millions d’hec-tares, mais seulement 1,8 million d’hectareest cultivé. Une des pistes de solutionpourrait être explorée à partir de cette réa-lité. En produisant mieux et en approvi-sionnant adéquatement les différentesrégions.Cela ne suffirait certainement pas à frei-ner le mal à défaut de l’éradiquer si on n’yajoutait pas un renforcement de la promo-tion de l’allaitement maternel exclusive-ment 6 mois et la pratique de l’hygiène etla salubrité. Le lait maternel donné exclu-sivement jusqu’à six mois a montré ses ver-tus pour la protection de l’enfant. A partirdu seul lait maternel, des vies d’enfants de0 à 6 mois peuvent être préservées. Demême, l’absence d’hygiène, le manqued’eau potable sont des facteurs de la mal-
nutrition qui déciment la population in-fantile. On ne devrait plus mourir demaladies causée par une mauvaise hy-
giène au Cameroun. Il faut agir. D’abordpar l’éducation comme cela se fait depuisquelques années, puis par davantage d’in-vestissements. Investir pour que les den-rées alimentaires arrivent où lespopulations en ont besoin, investir pourqu’elles aient accès à l’eau potable, inves-tir pour que le nourrisson soit mis au sein,investir aussi pour la santé de la femme en-ceinte, etc. Dans les zones touchées, onconstate que des actions conjuguées del’Etat, des institutions de l’ONU, de la so-ciété civile et des volontaires locaux pro-duisent des résultats. Il est question de lesrendre pérennes, voire définitives. Aucunecontribution ne sera de trop : ni celle descommunes, ni celles des entreprises ci-toyennes, des associations ou des indivi-dus. La malnutrition est un frein pour ledéveloppement. Elle compromet les effortsde lutte contre la pauvreté. Elle décime les
enfants, et afflige des familles. Ce n’estpourtant pas une fatalité, mais une affairede cœur et d’action !
n combat à mener au Cameroun
Malnutrition
Parents et personnels de santé doivent conjuguer les efforts pour faire reculer la malnutrition.
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LES ACTEURS DE LA LUTTE
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Prestation des ARC
n véritable sacerdoceIls se nourrissent des « mercis » de leurs communautés sans rechigner à sauver des vies auquotidien. Au nom de l’engagement pris.
Carole Yemelong, journaliste
Canal 2 International ( JAFEC)
«Je vais dire un grand merci aux10 agents relais communau-taires avec qui je travaille de-puis septembre 2011. Merci à
l’UNICEF qui nous a soutenu avec des kits,ce qui a permis d’avoir zéro décès mater-nel depuis 2011». Applaudissements. Ma-dame Issa est fière d’elle. Elle est chef decentre de l’aire de santé de Lamoudam,
dans le district de santé de Ladgo, régiondu Nord . Son bilan, tient en ces quelqueslignes. Mais la satisfaction est grande. Ma-dame Issa parle sous les yeux brillantsd’émotion de la dizaine d’agent relaiscommunautaires. Ils sont venus fièrementprésenter aux journalistes leur travail.Parmi eux, Job Kalwe, la quarantaine,agent relais communautaire du village Ba-lane, communauté Toupouri située à unevingtaine de kilomètre du centre de santé.Fièrement, il affirme que sa seule motiva-tion c’est sauver des vies humaines. « Jene reçois pas de salaire. Je suis un volon-taire. Le soutien moral vient de la popula-tion, elles me disent merci ». Au début deson activité, en septembre 2011, la com-munauté lui avait donné 11 000 FCFA
pour saluer son travail. Et puis, plus rien. Job vit essentiellement des revenus de sestravaux champêtres.
BénévolatDès le début du projet « chaque chef de
village a présenté le volontaire choisi dans
sa communauté » explique madame Issa.
Ernest Taiwé, chef de village de Balane, af-
firme que Job avait été choisi pour sa
connaissance du terrain, il était agent mo-
bilisateur. Job ne regrette rien. «Je partagemon quotidien entre les malades, qui par-
fois viennent me chercher très tôt le matin,
et les travaux champêtres. Les réunions
avec la communauté se font les di-
manches, après le culte de 9h. » A Ga-
rouawo, non loi de Lagdo, François
Yangoua, donne également tout de son
temps pour la communauté. « Nous
conseillons les mamans, pour la promo-
tion de la santé, comment il faut garder
l’environnement, prendre soin des enfants,
des femmes enceintes. Nous faisons des
causeries éducatives, sur la consultationprénatale. Par exemple, beaucoup de
mères n’allaient pas dans les centres de
santé, surtout pour des accouchements,
beaucoup de femmes mourraient parce
qu’elles perdaient beaucoup de sang.
Maintenant, elles ont changé de compor-
tement ». Job sensibilise les habitants de
Balané sur l’utilisation des latrines, le la-
vage des mains, pour éviter la diarrhée, la
malnutrition. Des kits wash : seau, gobelet,
eau de javel, remis aux meilleurs en signe
d’encouragement. Il ne se sépare presque
jamais de ce ruban qui lui permet de dé-
tecter des cas de malnutrition. « Quand jerepère un enfant malnutri, je le prends en
charge avec le kit reçu de l’UNICEF. Si le
cas est sévère, je le réfère dans un centre
de santé.».
Job ne tarit pas de détails sur le bilan de
ses deux ans d’exercice : « depuis sep-
tembre 2011, j’ai traité 204 cas de palu-
disme, et j’en ai référé 17. 36 cas de
diarrhée traités, un référé, un cas d’infec-
tion respiratoire aigu traité, 23 malnutris
modérés dépistés». Il lui arrive même de
transporter le malade à une vingtaine de
kilomètres au centre de santé, ou de faire
des dépenses financières personnellespour sauver des vies.
L’agent relais communautaire parcourt les villages.
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LES ACTEURS DE LA LUTTE
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Prise en charge
Agent communautaire, l’interface
entre le malade et le centre de santé
Il est chargé de diagnostiquer, de traiter les cas légers de maladies et de référer les cas gravesau centre de santé.
Sylvain Andzongo,
journaliste Repères (REJAE)
94
%. C’est le taux de consultation des
agents relais communautaires dans les
campagnes d’après les statistiques del’année 2013 du projet « Community
case management». Un projet financé par l’Agence
canadienne de développement international (Acdi).
Pour ce qui concerne le relais communautaire lui-
même, Jean Christian Youmba, chef de la division
santé familiale à l’ACMS (Association Camerounaise
pour le Marketing Social) et expert en « Community
case management » indique que, « c’est quelqu’un
qui sait qu’il ne peut pas tout traiter. Certaines pa-
thologies ne relèvent pas de sa compétence. Il
connaît les signes de danger. Il sait que lorsqu’un en-
fant présente un seul signe de danger, il doit donner
la première prescription et référer immédiatementl’enfant dans un centre de santé ».
Job Kalwé, agent communautaire dépendant du cen-
tre de santé intégré de Lamoudan, dans la Région du
Nord, explique le circuit de prise en charge par les
relais. « Sur la base de la formation que j’ai eue au
bout de dix jours, j’ai appris à diagnostiquer les ma-
ladies simples. Avec le kit que j’ai reçu, je peux trai-
ter des cas simples. Lorsque c’est grave, je dois
référer au centre de santé », explique l’agent âgé
d’une quarantaine d’années. Il ajoute qu’il travaille
bénévolement. Cultivateur à la base, il dit avoir reçu
une fois de sa communauté, en 2011, une somme
de 8000 FCFA pour ses frais de communication et le
transport.
« Les études récentes montrent que la prise en charge
intégrée des maladies de l’enfant au niveau commu-
nautaire mise en œuvre par les agents de santé com-
munautaire formés, approvisionnés en médicaments
de qualité et supervisés, permet de réduire de ma-
nière significative les décès dus à ces pathologies »,
soutient Auguste Kpognon. Directeur exécutif de
l’Association camerounaise pour le marketing social
(Acms).
Les agents de santé communautaires administrent les
médicaments et tiennent un registre de distribution.
Les recettes mensuelles issues du recouvrement des
coûts sont versées au responsable du centre de santéqui aura la charge de réapprovisionner les stocks
mensuellement.
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LES ACTEURS DE LA LUTTE20 UNICEF Magazine • Janvier 2014
Centre de nutrition thérapeutique interne
n réduit au secours des malnutris
Créée en mai 2009, cette structure remplit sa mission, malgré une capacité d’accueil limitée.
Patricia Ngo Ngouem, journaliste à Mutations (REJAE)
C’est au sein de l’Hôpital régio-nal de Garoua (Hrg) que leCentre de nutrition thérapeu-tique interne (CNTI) est logé. Il
ne dispose que d’une salle d’hospitalisa-
tion d’une capacité d’accueil de 10 lits.Les sollicitations sont pourtant nom-breuses. La moyenne mensuelle de casreçus est de 20 à 25 enfants. «Il nous estpar exemple arrivé de mettre deux enfantsdans le même lit», confie Amadou Alouki,responsable du Centre. C’est pourtant dansce réduit que Christine, 9 mois, souffrantde malnutrition aiguë, a pu être sauvée.Avec sa maman, elle retournera bientôt àNgong (60 km de Garoua) d’où elles sontvenues.Si le personnel - composé de deux infir-
miers et de deux nutritionnistes – maîtrise
parfaitement son travail, l’absence de mé-dicaments, notamment des antibiotiques,rend la tâche particulièrement ardue.
«Nous n’avons pas tous les médicamentsqui devraient être mis à la disposition desmalades», se plaint Amadou Alouki. Ilcontinue : « Actuellement, nous n’avonsque des antibiotiques de premier palier.Des patients viennent avec des complica-tions telles que la pneumonie qu’on nepeut traiter qu’avec avec des antibiotiques
de deuxième palier qui sont de type injec-table, mais que nous n’avons pas surplace», précise-t-il. Malgré cela, le petitpersonnel du Centre ne baisse pas les bras.La preuve, les décès liés à la malnutritionont considérablement baissé depuis lamise en place du programme. «Avant, onavait 5 ou 6 décès d’enfants malnutris parmois. Depuis la Création du Cnti, on enenregistrait de moins en moins. Il arrivequ’on n’en pas du tout pendant plusieursmois d’affilé.», renseigne le chef de Cen-tre. Le mois de juin dernier a malheureu-sement été douloureux, car le centre a
enregistré 6 décès sur les 31 cas reçus.«Ces décès, apprend-on, sont dus au faitque ces enfants nous arrivent générale-
ment à la phase tertiaire, quand il est déjàtrop tard». Raison pour laquelle le person-nel met également l’accent sur les cause-ries éducatives, afin d’inculquer auxparents, non seulement les bonnes pra-tiques nutritionnelles, mais aussi, les bonsreflexes qui consistent à aller dans les cen-tres de santé, dès que l’enfant présentent
des signes inquiétants. «Nous faisons leCounselling chaque jour pendant que lemalade est hospitalisé ».Au Centre de nutrition thérapeutique in-terne, la prise en charge est gratuite. Cequi est un élément important de motiva-tion pour les familles essentiellement pau-vres. Cette prise en charge gratuite de lamalnutrition infantile est possible grâce àl’appui du Fonds des nations Unis pourl’enfance (Unicef). Les cas référés sont gé-néralement détectés lors des consultationsdans les centres de santés du village. Lesenfants âgés de moins de cinq ans sont les
groupes cibles auxquels s’ajoutent des casspéciaux.
Au CNTI, les enfants bénéficient des soins et d’un bon accueil.
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LES ACTEURS DE LA LUTTE
21UNICEF Magazine • January 2014
La radio communautaire
Arthur Fidelis Metsampito Bamlatol,
journaliste, Radio Boumba FM
S
olange Ligomori, est une mère d’un
enfants. Elle a toujours l’oreille col-
lée au transistor à chaque émissionde « santé et vie », les mercredis soir
à la radio Boumba fm de Yokadouma. C’est
en y écoutant une de ces émissions dont
le thème portait sur la malnutrition, qu’elle
a pu sauver la vie de sa fillette de quatre
ans. Elle avait déjà pourtantfait le tour des
marabouts de sa contrée, sans résultat po-
sitif. « Ces marabouts me disaient que mon
enfant avait été mangée par les sorciers et
qu’il me fallait faire des rites traditionnels
pour arracher son âme entre les mains de
ses bourreaux. Un gros mensonge qui a
failli me faire perdre cette enfant», confie-t-elle.
Pourtant comme sa fillette, plusieurs en-
fants et quelques personnes âgées de Mo-
messeng, son village et des localités
environnantes, ont pu se tirer des effets
pervers de la malnutrition grâce à une
écoute attentive des interventions des per-
sonnels de santé invités à des émissions
appropriées à la radio communautaire lo-
cale ; une écoute qu’elles ne peuvent plus
laisser aujourd’hui au regard des effets bé-
néfiques engrangés. « Ces émissions nous
permettent non seulement d’apprendre
beaucoup de choses qu’on ignorait ausujet de la malnutrition et des autres mala-
dies mais aussi et surtout de courir à l’hô-
pital le plus proche en cas de maladie »,
renchérit-elle. Bien plus, une émission
produite sur l’importance de l’allaitement
maternel exclusif jusqu’à six mois alors
qu’elle était enceinte, nous avoue-t-elle, «
m’a permis avec le consentement de mon
mari, d’adopter ce type d’allaitement pour
le petit garçon que je tiens entre mes
mains ». Et d’ajouter, le sourire aux lèvres,
«le résultat est là. Vous voyez comment il
est bien portant». Cette histoire narrée parcette auditrice paysanne, prouve combien
la radio communautaire constitue un élé-
ment fondamental dans la promotion de la
lutte contre la malnutrition en général et
les pratiques familiales essentielles en par-
ticulier. De Kousséri à Moloundou, de Ga-
roua-Boulai à Batcham en passant par
Edéa, Garoua, Douala, Baré Bakem, Mbal-
mayo ou Mvomeka’a, la radio commu-
nautaire joue un rôle déterminant dans la
sensibilisation des communautés sur les
questions de santé maternelle et infantile.
« Les émissions réalisées avec les per-
sonnes ressources sur la santé en général et
la malnutrition en particulier, permettent
aux communautés locales, en sus des cau-
series éducatives réalisées lors des consul-
tations prénatales, de comprendre que la
malnutrition qui sévit avec force dans nos
villages n’est pas un phénomène mystique,
mais une maladie évitable qui peut se soi-
gner facilement par une amélioration
quantitative et qualitative de l’alimentation
pour chaque tranche d’âge Je crois que ces
émissions qui sont liées à la vie, méritent
d’être pérennisées parce qu’elles touchentune grande population grâce à l’usage,
entre autre, des langues locales », recon-
naît le Dr Donfack Mbasso Léopold Cy-
riaque, le médecin chef du service de
santé de district de Yokadouma. Grâce à la
radio communautaire, ajoute-t-il, « la pro-
motion de l’allaitement maternel exclusif,
de l’utilisation de la moustiquaire impré-
gnée, du lavage des mains au savon, pour
ne citer que ces quelques gestes qui sau-
vent, connaît un essor dans les commu-
nautés et contribue à faire éviter de
nombreuses maladies malgré le poids des
us et coutumes encore bien perceptible».
Cette dynamique des radios de proximité
dans la communication pour le dévelop-
pement au service des enfants et des
couches sociales défavorisées, relève Ro-
bert Hamboa Toko, chef de station de la
radio Tikiri fm de Meiganga, est « la résul-
tante des efforts que fournit l’UNICEF dans
le renforcement des capacités des médias
de proximité dans la maîtrise des théma-
tiques liées à la survie et au développe-
ment du jeune enfant où la lutte contre la
malnutrition et la promotion des pratiquesfamiliales essentielles, constituent de véri-
tables chevaux de bataille.»
n moyen efficace de la
lutte contre la malnutrition
Un programme radio peut sauver la vie d’un enfant. « Santé et Vie » sur la chaîne Boumba Fma sauvé celle d’une fillette de 4 ans à Yokadouma. Sa mère raconte l’histoire.
Les journalistes des radios communautaires: un vecteur importantde sensibilisation.
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PAROLE A.. .
22 UNICEF Magazine • Janvier 2014
Propos recueillis parCarole Yemelong et Cécile Itoni (JAFEC)
Monsieur le Délégué régional de la Santé Publique
pour le Nord, quelle est l’approche de gestion
communautaire de la santé, mise en place par le
ministère de la Santé publique ?
C’est un processus qui est en cours. Vous savez
qu’on est en pleine décentralisation, et sur ce plan,les collectivités territoriales décentralisées, ont reçu
mandat d’appuyer fortement les actions du minis-
tère de la Santé. On a commencé par des choses
plus évidentes, comme des constructions des cen-
tres de santé, leur équipement, et même le recrute-
ment du personnel avant d’aboutir au volet
communautaire. Il faut qu’on implique les mairies
dans la prise en charge des relais communautaires.
C’est de leur ressort normalement, la communauté
fait partie de la commune. D’autres partenaires don-
nent leurs coups de main. C’est le cas des comités de
gestion et des comités de santé. Il y a aussi l’UNICEF
qui nous appuie fortement dans les 15 districts de
santé de notre région.
Comment les régions septentrionales participent-
elles à l’effort de réduction du taux de malnutrition
qui les frappe si durement?
Dans le Nord et l’Extrême-nord, des programmes
spécifiques sont développés dans des centres de santé
intégrés. Il est envisagé l’utilisation des aliments lo-
caux dans le traitement des enfants malnutris. C’est
de là que viendra le salut. On est en train de voir
comment renforcer les aliments locaux. Il y a une ex-
trême pauvreté dans la région avec des familles qui
n’ont pas de quoi s’acheter la nourriture. Certaines
de ces familles ne peuvent pas tenir 6 mois de l’an-née avec ce qu’elles produisent. Dans ces conditions,
les enfants ne peuvent que souffrir de malnutrition.
Quels sont les résultats des actions comme la se-
maine de l’allaitement maternel exclusif ?
On n’a pas couvert toute la région qui est vaste et
compte près de 2,5 millions d’habitants, mais dans
les endroits où l’on a implémenté le programme, il y
a un impact visible.
Et le personnel manque !
Je ne préfère même pas en parler (rires). Je dirais
même que le personnel manque criardement. Raison
pour laquelle l’implication des relais communau-
taires nous semble une des approches qui peuvent
nous aider. Le personnel manque beaucoup, et même
quand il y en a, il n’est pas souvent qualifié. Tous les
3 à 4 mois, nous sommes obligés de faire des
séances de formation, de recyclage. Avec un person-nel insuffisant, on ne peut pas relever le défi, heu-
reusement qu’il y a la présence de ces volontaires.
Comment travaillez vous avec des partenaires
comme l’UNICEF ?
Ce sont des partenaires traditionnels, parce qu’en fait
c’est l’Etat qui définit les besoins. L’Etat dit : voilà nos
problèmes, voilà nos esquisses de solutions, qu’est-ce
que vous pouvez nous apporter. UNICEF a choisi la
survie de l’enfant particulièremen. Avec eux, on a ré-
fléchi pour que cette approche communautaire
prenne forme. Au niveau central, il y a une plate-
forme où tous se réunissent ou chacun amène sonappui pour que ça n’aille pas dans tous les sens.
Quelles sont vos attentes vis-à-vis de l’UNICEF?
La principale attente c’est de renforcer ce qu’ils font
et de l’étendre. Pour l’instant ils sont dans deux dis-
tricts de la région du Nord, à Lagdo, et à Pitoa. Nous
en avons 15. Lagdo et Pitoa ne sont pas déjà entière-
ment couverts. Puisqu’apparemment l’approche est
probante, avec l’UNICEF particulièrement, nous at-
tendons que ce soit étendu, si nous couvrons toute la
région, avec cette approche-là, pour une efficacité
même de 60%, je pense qu’on pourra baisser consi-
dérablement le taux de morbidité.
Le délégué régional du ministère de la santé publique pour le Nord appelle aussi les mairiesà prendre en charge les agents relais communautaires.
« Que l’ NICEF étende ses actions »
Dr. Souleymanou Yaya
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PAROLE A...
23UNICEF Magazine • January 2014
Philippe Douste-Blazy
Propos recueillis par Patricia Ngo Ngouem, journaliste Mutations (REJAE)
Vous avez effectué une visite de travail au Cameroun
du 05 au 07 novembre derniers, au cours de laquelle
vous avez plaidé, auprès du président de la Répu-
blique, des autorités publiques et du secteur privé,
pour la mise sur pied d’un processus pour la recherche
de financements innovants pour la lutte contre la mal-
nutrition qui tue beaucoup d’enfants de moins de 5ans en Afrique centrale et de l’ouest. Qu’est-ce qui
motive ce plaidoyer ?
Nous travaillons beaucoup au Cameroun. UNITAID a
initié tous les programmes de lutte contre le sida à la
fois chez les enfants en finançant des programmes de la
Fondation Clinton, mais également chez la femme en-
ceinte en finançant les programmes du Fonds des Na-
tions Unies pour l’Enfance (UNICEF). Durant mon
séjour, j’ai été particulièrement sensibilisé par les
équipes de l’UNICEF sur un autre sujet de santé pu-
blique majeur qui est celui de la malnutrition chro-
nique. Majeur parce que le problème de la malnutritionest insidieux. On ne le voit pas, il fait des dégâts, il tue
45% des enfants de moins de 5 ans. Je suis aujourd’hui
persuadé que l’on peut diminuer efficacement la
mortalité des enfants de moins de 5 ans si on est actif.
J’en ai parlé au président de la République Paul Biya
qui m’a paru non seulement intéressé, mais qui m’a
demandé ce qu’il faut faire pour inverser la courbe.
Car c’est quelque chose qui n’est pas véritablement
connue des autorités en Afrique en général, et au Ca-
meroun en particulier. Moi-même qui suis médecin,
je ne le connais pas très bien.
Inverser la courbe suppose plus de financements
pour la lutte contre ce fléau. Or les bailleurs de
fonds investissement de moins en moins et les dons
privés sont de plus en plus réduits...
Aujourd’hui, on voit bien qu’avec les fiscalités clas-
siques, c’est-à-dire les budgets payés par les impôts
classiques, on n’arrivera pas, en particulier les pays
occidentaux, à augmenter indéfiniment l’aide pu-
blique au développement. C’est un problème grave
parce que les problèmes explosent, la pauvreté aug-mente dans le monde, les riches sont de plus en plus
riches, mais les pauvres restent toujours pauvres. Or
la démographie fait que les gens les plus pauvres font
plus d’enfants. Donc, globalement, le nombre de pau-
vres augmente. Il est absolument évident que les pays
occidentaux qui donnent jusqu’à maintenant l’aide pu-
blique au développement, sont eux-mêmes des pays
qui connaissent des déficits abyssaux. Donc, il faut in-
venter des financements nouveaux : ce qu’on appelle
les financements innovants ou encore nouvelles
sources de financements.
Quelles sont ces nouvelles sources de financements?La première que nous avons trouvée, c’est la taxe sur
les billets d’avions des vols internationaux. C’est un prix
dérisoire. D’ailleurs, les gens qui prennent l’avion ne
se rendent pas compte qu’ils donnent un euro à UNI-
TAID. Maintenant, il faut en trouver d’autres. Il faut en
trouver dans des activités qui bénéficient le plus de la
mondialisation : l’avion, le mobile, Internet, etc. Il y a
aussi toutes les ressources naturelles que l’on extrait du
sol. Donc, il me parât normal que ces ressources ex-
tractives puissent être microscopiquement taxées pour
permettre de trouver des financements pour permettre
aux enfants de manger correctement, de boire de l’eau
potable, d’avoir des toilettes, de pouvoir se soigner, et
bien évidemment, de pouvoir s’éduquer.
« Le problème de la malnutrition
est insidieux »
Pour le président d’UNITAID, il est urgent de trouver de nouvelles sources de financementsdans la lutte contre cette maladie.
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POST-SCRIPTUM
24 UNICEF Magazine • Janvier 2014
Paul Eboa,éditorialiste à Cameroon Tribune
Selon le plan stratégique santé communau-taire du Cameroun pour la période 2013-2017, en 2004, 32% des enfants de 3 anssouffraient de malnutrition chronique dansle pays. Cette réalité est confirmée par lesstatistiques du Fonds des Nations unies pourl’enfance (UNICEF). Ces statistiques mon-trent, en effet, que 32,5% des enfants demoins de 5 ans sont touchés par la malnu-trition. Les régions les plus touchées sontl’Extrême-Nord (4,1%), le Nord(3,4%), leSud (2,9%) et l’Est (2,2%) . Les consé-quences de ce phénomène sont catastro-phiques car les enfants malnutris sont plusexposés aux maladies et enregistrent 2 à 3années de scolarisation en moins. Demême, une fille ayant souffert de malnutri-tion présente plus de risques de donnernaissance à un enfant de faible poids(moins de 2,5 kgs)A l’analyse, il apparaît que la malnutritionrelève plus de l’ignorance que de la pau-vreté. Elle cause, en tout cas, d‘énormesdégâts. Ces dégâts sont tels que ni le gou-vernement, ni les bailleurs de fonds ne
sauraient les ignorer puisqu’ils retardent leprogrès de la nation. Selon les statistiquesfournies par l’UNICEF, le Cameroun perd
chaque année environ 288 milliards defrancs Cfa du fait que le fléau de la malnu-trition n’est pas une priorité, alors qu’il nefaudrait investir que 15.650 francs Cfa parenfant et par an pour réduire la malnutritionde façon significative. L’action multisecto-rielle d’envergure, initiée par le gouverne-ment, et soutenue par les bailleurs de fondscontre la malnutrition coule donc desource. Cette action a été rendue possible àl’issue du plaidoyer pour le repositionne-ment institutionnel et stratégique de la nu-trition dans les politiques et programmessectoriels au Cameroun. Il y a lieu de sou-
ligner qu’une mission s’est déroulée, dansce sens, du 8 au 12 avril dernier dans notrepays. Elle était conduite par les représen-tants de l’UNICEF , de l’OMS ,de la FAO etdu PAM. Cette mission était composée desix conseillers en nutrition venus des bu-reaux régionaux africains de ces représen-tations des organismes spécialisés del’ONU. La mission avait pour objectif d’in-tégrer une compréhension mutuelle de lamalnutrition au Cameroun, d’analyser lesmécanismes de coordination et de mise enœuvre des interventions multisectorielles,de dresser l’état des lieux des acquis etproposer des recommandations pour l’ap-
plication de la feuille de route du Mouve-ment SUN (Scaling up nutrition). Ellevisait aussi à conduire un plaidoyer pour le
renforcement de la multisectorialié dans lalutte contre la malnutrition .Il y a certainement lieu de saluer la perti-
nence de cette démarche. Il faut encoresouhaiter que la multisectorialité de la luttecontre la malnutrition se renforce et se tra-duise par des résultats palpables, concretset irréfutables. C’est dans ce sens qu’il faut,par exemple, saluer l’action menée par laFederation of Cameroon BreadstfeedingPromotion Associations (FECAPBA) sous lahoulette de James Achanyi Fontem. Au fildes années, de nombreuses mères d’en-fants ont adopté l’allaitement maternel ex-
clusif pour nourrir leurs enfants grâce auxefforts de sensibilisation menés par cette fé-dération, épargnant ainsi leur progénituredes dangers de la malnutrition. La mise enœuvre de la multisectorialité passe aussi parl’adoption des mesures fortes, notammentla prise de conscience des pertes écono-miques de la malnutrition et la décision deplacer ce phénomène en priorité dansl’agenda politique, mais également la miseà disposition des ressources financières suf-fisantes. Une telle option suppose que legouvernement redynamise sa coopérationavec les bailleurs de fonds impliqués dansla lutte contre la malnutrition au Cameroun
à savoir l’UNICEF, l’OMS , le PAM , laFAO et le FIDA ( Fonds international dedéveloppement agricole)
ne action multisectorielle
POST-SCRIPTUM
Le bien être est visible chez des enfants qui n’ont pas souffert de malnutrition.
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COUNSELLINGUNICEF Magazine • January 2014
Allaitement maternel exclusif, vaccination, utilisation des moustiquaires…
Elodie N. Bodolo, journaliste Mboa. Info
( REJAE)
«L’allaitement ma-ternel exclusif contribue à la for-mation des dé-
fenses naturelles chez l’enfant.Vacciner normalement les en-fants les protègent contre les ma-ladies, de même que les fairedormir sous la moustiquaire im-prégnée les épargnent des pi-qûres de l’anophèle, agentvecteur du paludisme. Les cam-pagnes sanitaires et leurs spotspublicitaires renseignent réguliè-rement sur ces gestes qui sau-vent. Et pourtant, la portée deces pratiques salvatrices n’a tou- jours pas encore été bien cernéepar les destinataires de ces mes-
sages. Conséquence : au Came-roun 1 enfant sur 8 n’atteint pasles 5 ans; 122/1000 naissancesvivantes décèdent chaque annéedes causes qui auraient pu êtreévitées dont la malnutrition, lepaludisme…L’allaitement maternel exclusif ne coûte rien à la maman, maisapporte énormément à l’enfant.Au Cameroun seulement 21%d’enfants de moins de 6 moissont allaités exclusivement ausein. Pourtant, tous les bébés de-vraient l’être durant les six pre-
miers mois de leur vie. Allaiterexclusivement l’enfant au seindès l’heure qui suit sa naissanceen lui donnant le colostrum. Cepremier lait de couleur jaunâtrecontient des anticorps indispen-sables à l’enfant. Puis poursuivreavec l’alimentation au sein jusqu’à six mois, sans eau,ni au-tres boissons ou aliments.Le lait maternel, toujours sain etprêt à la consommation, est lameilleure source d’énergie et denutrition de l’enfant. Il réduit lesdécès dus aux maladies diar-
rhéiques et aux infections respi-ratoires aiguës (IRA). C’est àpartir de six mois, et jusqu’à 24
mois que l’enfant doit être sou-mis à une alimentation complé-mentaire, riche en vitamines , ensels minéraux et en zinc, fer,iode, en vitamine A…
La vitamine A
Elle est essentielle pour la crois-
sance de l’enfant. Présente dansla viande, le foie, les produits lai-tiers et les œufs, certains fruits,les légumes à feuilles vertes etl’huile de palme rouge, ce mi-cronutriment est aussi détermi-nant pour le systèmeimmunitaire de l’enfant. Il est es-sentiel pour la synthèse des pig-ments visuels nécessaires pour lavision nocturne, la croissancedes organes (os, bronches, intes-tins, peau), la production de mé-lanine et le maintien de la santéde la peau ; la défense immuni-
taire.Une carence en vitamine A(CVA) peut entraîner une Xé-rophtalmie (Non cécitante 90% / cécitante 10%) ; des troublescutanés (sécheresse de la peau) ;une héméralopie (vision noc-turne difficile) ; la fragilité vis-à-vis des infections ; les troublesde la croissance osseuse. Pourêtre plus précis, Archana Dwi-vedi explique que « Si les enfantsmanquent de vitamine A, leurscapacités à résister à des mala-dies comme les diarrhées, la rou-geole et les infectionsrespiratoires sont très limitées ».Selon cet Administrateur du pro- jet de nutrition maternelle « Aug-menter les rations en vitamine Ades populations souffrant deCVA peut diminuer la mortalitéinfantile pour ces maladies de 23% et les décès d’enfants de prèsd’un quart.»
La moustiquaire
La moustiquaire joue un grandrôle dans la lutte contre le palu-disme. Cette maladie cause 2000 morts au Cameroun chaque
année dont 41% d’enfants demoins de 5 ans. A l’occasion dela Journée mondiale du palu-
disme, le 25 avril 2013, l’UNI-CEF rappelait que l’utilisationdes moustiquaires imprégnéesd’insecticide est essentielle pourcombattre ce fléau qui restel’une des principales causes demortalité des enfants dans lemonde.D’où le projet de l’UNICEF et sespartenaires de distribuer gratui-tement des moustiquaires impré-
gnées d’insecticide de longuedurée. Selon l’organisation deprotection et de promotion desdroits des enfants, cette méthodepermettra de réduire jusqu’à20% le taux de mortalité infan-tile, une fois que le taux de cou-verture universelle – unemoustiquaire pour deux per-sonnes – sera atteint.
Si elles réussissent à être intégrées par les populations ces habitudes sociales apparemment banalescontribueraient à réduire considérablement le taux de mortalité, notamment chez les enfants plusexposés à des morts dont les causes pourraient être évitées.
Les gestes qui sauvent
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Valerie Ntida, journaliste,
Satellite FM (REJAE)
1-Avant sa naissance, la futuremaman doit :
• Etre supplémentée en acide folique,en calcium et en micronutriments(vitamine A)
• Prévenir le paludisme en dormantsous la moustiquaire imprégnéed’insecticide
• Se déparasiter• Promouvoir les pratiques d’hygiène
(boire l’eau potable, lavage desmains avec de l’eau et dusavon
2- De la na