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WWW.TRANSPARENCYMAROC.MA Ce document est rĂ©alisĂ© avec le soutien de la Fondation Heinrich Böll Afrique du Nord Maroc. AFRIQUE DU NORD RABAT Ű§ï»ŸÙ€ïșźïș‘Ù€ïșŽŰ· ïș·ï»€Ù€ïșŽÙ„ Ű„ï»“Ù€ïșźï»łÙ€ï»˜Ù€ï»ŽÙ€ïșŽĂ‰ DITO n N UMÉRO 17 n J ANVIER n 2017 Publication de l’Observatoire de la Corruption L e monde des sports est rĂ©guliĂšrement secouĂ© par des scandales financiers et de corruption. Le dernier en date, qui a concernĂ© la FĂ©dĂ©ration internationale de football, a montrĂ© les pratiques illicites auxquelles se livrent les responsables de cet organisme : conflits d’intĂ©rĂȘts, malversations, corruption passive et active, pantouflage, etc. Transparency International (TI) a publiĂ© en 2015 un rapport exposant les nombreux dysfonctionnements et l’opacitĂ© qui rĂšgnent dans la gestion des organisations sportives, et particuliĂšrement celles du football. Le Maroc n’est pas en reste et le rapport de TI brosse un Ă©tat peu reluisant du fonctionnement des associations et fĂ©dĂ©rations sportives, oĂč l’opacitĂ© quasi-totale et l’absence de reddition des comptes sont plus proches des pratiques mafieuses que de la Charte olympique et des principes du fairplay. Les clubs sont mis au service d’intĂ©rĂȘts particuliers au dĂ©triment de leurs missions Ă©ducatives et de l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral et l’on constate une gabegie budgĂ©tivore au vu et au su de pouvoirs publics impuissants ou complices. Ce numĂ©ro 17 de Transparency news dresse un diagnostic alarmant du comportement des responsables des organisations sportives. PS : Nous apprenons par voie de presse que : - le ComitĂ© Olympique Marocain annonce la tenue de son assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale (la premiĂšre depuis 11 ans) ; - la FRMF a exigĂ© des clubs professionnels qu’ils fournissent leurs rapports financiers. Nous notons cependant que la FRMF ne publie toujours pas ses rapports moral et financier. ÉDITO P.1 SPÉCIAL TRANSPARENCY MAROC P.2 ‱ Faits marquants de 2016 ‱ Zoom sur les projets rĂ©alisĂ©s par Transparency Maroc DOSSIER > TRANSPARENCE DANS LE SECTEUR DU SPORT P.6 ‱ I. Note de cadrage ‱ II. Cadre juridique (Constitution et loi) ‱ III. Le diagnostic des dysfonctionnements que connaĂźt le sport marocain IV. La place du Maroc dans la transparence au niveau international V. Recommandations RĂ©sidence Kays, Imm. D, rue Oum Rabia, appt. 14. Agdal. RABAT - TĂ©l . : 05.37.77.80.01 — Fax : 05.37.68.36.82 — Email : obser vat oir e@t r anspar encymar oc.ma S OMMAIRE MY GAME IS NOT FAIRPLAY

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Ce document est réalisé avec le soutien de la Fondation Heinrich Böll Afrique du Nord Maroc.

AFRIQUE DU NORD RABAT ŰŽÙ…Ù€Ű§Ù„ Ű„ÙÙ€Ű±ÙŠÙ€Ù‚Ù€ÙŠÙ€Ű§ Ű§Ù„Ù€Ű±ŰšÙ€Ű§Ű·

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de l’Observatoire de la Corruption

Le monde des sports est réguliÚrement secoué par des scandales financiers et de corruption. Le dernier en date, qui a concerné la Fédération internationale de

football, a montrĂ© les pratiques illicites auxquelles se livrent les responsables de cet organisme : conflits d’intĂ©rĂȘts, malversations, corruption passive et active, pantouflage, etc.

Transparency International (TI) a publiĂ© en 2015 un rapport exposant les nombreux dysfonctionnements et l’opacitĂ© qui rĂšgnent dans la gestion des organisations sportives, et particuliĂšrement celles du football.

Le Maroc n’est pas en reste et le rapport de TI brosse un Ă©tat peu reluisant du fonctionnement des associations et fĂ©dĂ©rations sportives, oĂč l’opacitĂ© quasi-totale et l’absence de reddition des comptes sont plus proches des pratiques mafieuses que de la Charte olympique et des principes du fairplay.

Les clubs sont mis au service d’intĂ©rĂȘts particuliers au dĂ©triment de leurs missions Ă©ducatives et de l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral et l’on constate une gabegie budgĂ©tivore au vu et au su de pouvoirs publics impuissants ou complices.

Ce numéro 17 de Transparency news dresse un diagnostic alarmant du comportement des responsables des organisations sportives.

PS : Nous apprenons par voie de presse que :- le Comité Olympique Marocain annonce la tenue de son

assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale (la premiĂšre depuis 11 ans) ;- la FRMF a exigĂ© des clubs professionnels qu’ils fournissent

leurs rapports financiers.Nous notons cependant que la FRMF ne publie toujours pas ses rapports moral et financier.

ÉDITO P.1

SPÉCIAL TRANSPARENCY MAROC P.2

‱ Faits marquants de 2016

‱ Zoom sur les projets rĂ©alisĂ©s par Transparency Maroc

DOSSIER >TRANSPARENCE DANS LE SECTEUR DU SPORT P.6

‱ I. Note de cadrage

‱ II. Cadre juridique (Constitution et loi)

‱ III. Le diagnostic des dysfonctionnements que connaüt le sport marocain

IV. La place du Maroc dans la transparence au niveau international

V. Recommandations

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Dossier

2 —Transparency news. NumĂ©ro 17, Janvier 2017

spécial TRANSPARENCY

MAROCFaits marquants de 2016a. Position de Transparency Maroc sur la StratĂ©gie nationale de lutte anti-corruptioncommuniquĂ© Ă  propos de l’adoption de la stratĂ©gie nationale de lutte contre la corruption

Le Comité de pilotage, présidé par le chef du gouvernement, a adopté lundi 28 décembre 2015 le projet de stratégie nationale de lutte contre la corruption.

Transparency Maroc a tou-jours considĂ©rĂ© la mise en place d’un plan d’ensemble, cohĂ©rent et dotĂ© d’objectifs clairs et de mĂ©canismes de suivi, comme un instrument essentiel dont devrait se doter l’Etat pour lutter contre la corruption. L’association avait, d’ailleurs, appelĂ© le Chef du Gouvernement, dans la lettre ouverte qu’elle lui avait adressĂ©e, le 6 dĂ©cembre 2012, Ă  concevoir et mettre en Ɠuvre une telle stra-tĂ©gie.

Transparency Maroc a pris part aux travaux d’élaboration du document tout au long du processus. Elle tient Ă  souligner le caractĂšre participatif de la dĂ©marche et l’esprit d’ouverture qui l’a caractĂ©risĂ©e.

Bien qu’elle soit perfectible sur plusieurs aspects, la stratĂ©gie, telle qu’elle a Ă©tĂ© adoptĂ©e lors de la derniĂšre rĂ©union, prĂ©sente dans sa globalitĂ© les Ă©lĂ©ments essentiels d’une feuille de route structurante et donnant de la lisibilitĂ© de ce que sera entre-pris dans ce domaine. Elle reste cependant ouverte, aux observa-tions et propositions exprimĂ©es par l’association et les autres partenaires, comme cela a Ă©tĂ© convenu lors de ladite rĂ©union du ComitĂ© de pilotage.

Son adoption constitue un signal positif aux citoyens et Ă  la communautĂ© internationale, mais ce n’est qu’à l’aune de sa mise en Ɠuvre que sera jugĂ©e la vĂ©ritable volontĂ© de l’Etat pour engager enfin, le combat contre la corruption.

L’association souligne tou-tefois que l’environnement de mise en Ɠuvre de cette stratĂ©gie reste profondĂ©ment handicapĂ© par deux lois structurantes : celle mettant en place la nouvelle ins-tance de probitĂ© de prĂ©vention et de lutte contre la corruption et celle relative Ă  l’accĂšs Ă  l’informa-tion. Elle regrette l’adoption de la premiĂšre malgrĂ© son caractĂšre rĂ©gressif et appelle une nouvelle fois le gouvernement Ă  revoir le projet de loi sur l’accĂšs Ă  l’infor-mation actuellement en dĂ©bat Ă  la PremiĂšre Chambre.

Le bureau exécutif3 janvier 2016

b. « Affaire de la Samir » Transparency Maroc rĂ©clame une enquĂȘte administrative et financiĂšre approfondie

communiquĂ© de tm au sujet de l’aFFaire samir

L’affaire de la SAMIR a Ă©tĂ© pro-visoirement Ă©clipsĂ©e par l’ onde de choc produite par les rĂ©vĂ©la-tions des Panama papers au sujet desquelles Transparency Maroc a eu l’occasion de se prononcer dans le cadre des initiatives prises respectivement par le collectif national des droits de l’Homme et le collectif consultatif arabe de la transparence. Au cours de la rĂ©union qu’il a tenue le 12 avril 2012, le Bureau exĂ©cutif a dĂ©cidĂ© de partager avec ses membres et l’opinion publique ses principales

conclusions au sujet de la dĂ©ci-sion judiciaire de liquidation de la sociĂ©tĂ© SAMIR et de rĂ©clamer des pouvoirs publics une attitude Ă  la mesure de l’ampleur du scan-dale qu’elle constitue.

Il est Ă  rappeler que la priva-tisation de la SAMIR et de la SCP en 1997 par cession Ă  un homme d’affaires rĂ©putĂ© proche de la famille royale saoudienne avait Ă©tĂ© trĂšs mal accueillie par l’opinion publique en raison de l’opacitĂ© qui l’a entourĂ©e, de la rentabilitĂ© des installations de Mohammedia mais aussi de l’in-clusion dans l’opĂ©ration d’un patrimoine financier et fon-cier sans rapport avec les acti-vitĂ©s industrielles, le tout pour un montant de 4 milliards de dirhams. Le pantouflage dont a bĂ©nĂ©ficiĂ© le ministre responsable de cette cession en se retrouvant Ă  la tĂȘte de la direction gĂ©nĂ©rale de la nouvelle sociĂ©tĂ© SAMIR et la confidentialitĂ© qui a Ă©tĂ© mainte-nue autour du cahier des charges qui aurait imposĂ© des investisse-ments lourds, ont confortĂ© la lĂ©gi-timitĂ© des suspicions exprimĂ©es, d’autant plus que le programme des travaux n’a vu le jour qu’à la suite de l’incendie qui a ravagĂ© une partie des installations en 2002. Le recours aux emprunts bancaires Ă  court terme et au fond de roulement pour le finan-cer a contribuĂ© Ă  l’apparition de difficultĂ©s financiĂšres dĂšs 2009. Les multiples mesures de soutien direct et indirect dĂ©ployĂ©es par les autoritĂ©s fiscales, l’ONEE et d’autres organismes publics n’ont pas suffi Ă  redresser une situation qui rĂ©sulte pour beaucoup d’un dĂ©ficit constant de gouvernance d’entreprise et publique.

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Dossier

Transparency news. NumĂ©ro 17, Janvier 2017 — 3

spécial TRANSPARENCY MAROC

finances, l’attribution au Wali de Rabat d’un grand lot de ter-rain Ă  un prix dĂ©risoire trouverait son fondement juridique dans un dĂ©cret de 1995, et sa lĂ©giti-mitĂ© dans le fait qu’il est normal de rĂ©tribuer les « Serviteurs de l’Etat ». Cette motivation cho-quante, qui n’est pas explicite-ment formulĂ©e dans le dĂ©cret prĂ©citĂ©, explique sa non-publica-tion au B.O. et l’opacitĂ© rĂ©sultant de la dĂ©termination prĂ©alable des prix des lots et leur cession de grĂ© Ă  grĂ© par dĂ©rogation au rĂ©gime gĂ©nĂ©ral. Les auteurs du communiquĂ©, qui figurent eux-mĂȘmes parmi les bĂ©nĂ©ficiaires de ces libĂ©ralitĂ©s, soutiennent ainsi que l’attribution discrĂ©tionnaire de rentes et de privilĂšges ins-tituĂ©e sous l’ùre du prĂ©cĂ©dent monarque demeure une pratique admise, et ils s’étonnent qu’elle puisse susciter une quelconque indignation. L’examen de la liste des autres attributaires de lots au cours des 20 derniĂšres annĂ©es confirme que nombre d’entre eux sont connus pour avoir accu-mulĂ© des fortunes considĂ©rables par de tels moyens grĂące Ă  leur proximitĂ© du pouvoir et aux abus qu’ils s’autorisent en se servant des biens publics placĂ©s sous leur contrĂŽle. MĂȘme lorsque la dĂ©nonciation les atteint un jour, les obstacles dressĂ©s contre la reddition des comptes et l’action judiciaire parviennent Ă  entre-tenir l’impunitĂ© et Ă  perpĂ©tuer un mode de gestion de la chose publique en grande rupture avec les valeurs de gouvernance pro-mises par la constitution de 2011.

RĂ©compenser les serviteurs dociles sur les biens de l’Etat, utiliser les lois et rĂšglements dans l’intĂ©rĂȘt de certains et non du bien public est une manifestation d’un Etat Makhzen qui perdure. Un autre exemple de cette situa-

que les retombĂ©es Ă©conomiques, sociales et financiĂšres de ce scan-dale n’autorisent pas les pou-voirs publics Ă  suivre la question comme s’il s’agissait d’une banale affaire de liquidation judiciaire d’une sociĂ©tĂ© commerciale. Elle exhorte le gouvernement Ă  :

‱ Constituer un comitĂ© de vigi-lance de haut niveau, en mesure d’attĂ©nuer les impacts nĂ©gatifs de cette situation et d’envisager les solutions d’ave-nir pour la sĂ©curitĂ© Ă©nergĂ©tique du pays en dĂ©barrassant le sec-teur des rentes qui s’y greffent ;

‱ Diligenter une enquĂȘte admi-nistrative et financiĂšre appro-fondie et dĂ©clencher les pour-suites disciplinaires et pĂ©nales appropriĂ©es Ă  la lumiĂšre de ses conclusions ;

‱ Mettre fin au mutisme qu’il a observĂ© sur cette affaire et Ă  la dĂ©sinformation qui a prĂ©valu Ă  son sujet, en permettant aux citoyens et aux nombreuses vic-times de la liquidation d’avoir accĂšs Ă  une information fiable pour dĂ©fendre au mieux leurs intĂ©rĂȘts et obtenir une juste rĂ©paration ;

‱ En tirer les enseignements sur le pouvoir discrĂ©tionnaire dont jouissent les autoritĂ©s admi-nistratives et financiĂšres en matiĂšre de contrĂŽle financier et fiscal et de recouvrement de redevances publiques.

c. Scandale de cession des terrains de l’État Ă  un prix dĂ©risoire

Transparency Maroc appelle Ă  « instituer des dispositifs efficaces pour rĂ©gir les conflits d’intĂ©rĂȘts, le contrĂŽle du patrimoine et la reddition des comptes ».

communiquĂ© : « rĂ©compenser les serviteurs dociles sur les biens de l’état »

Selon un communiquĂ© commun des ministres de l’intĂ©rieur et des

Transparency Maroc relĂšve que le jugement qui prononce la liquidation de la SAMIR retient Ă  l’encontre de ses administra-teurs et gestionnaires de nom-breuses irrĂ©gularitĂ©s qui mettent en cause la sincĂ©ritĂ© des Ă©cri-tures comptables, la distribution de dividendes fictifs et la diffu-sion d’informations inexactes. Les experts dĂ©signĂ©s par le tribunal font Ă©tat de fautes qui consti-tuent lĂ©galement des infractions pĂ©nales et de dĂ©faillances rĂ©pĂ©-tĂ©es de la part des organes d’ad-ministration, de contrĂŽle interne et de supervision, notamment du commissariat aux comptes, des autoritĂ©s boursiĂšres et des admi-nistrations fiscales. Alors que la mauvaise santĂ© financiĂšre de la sociĂ©tĂ© Ă©tait dĂ©clarĂ©e, elle a pu continuer Ă  s’abstenir de toute reddition de compte au sujet de son cahier des charges, reporter sur plusieurs annĂ©es l’acquitte-ment de ses impĂŽts et taxes et aggraver son endettement ban-caire jusqu’à justifier sa liquida-tion judiciaire.

Transparency Maroc considĂšre que la perspective de poursuivre l’activitĂ© de raffinage par la dĂ©vo-lution de la SAMIR Ă  d’autres opĂ©rateurs ne saurait couvrir la multitude de dĂ©lits financiers et de complicitĂ©s qui ont contri-buĂ© Ă  sa dĂ©route. Elle s’étonne de l’inaction du parquet et des diffĂ©rentes autoritĂ©s publiques malgrĂ© l’ampleur du prĂ©judice que risquent de subir les porteurs minoritaires, les banques, les autres crĂ©anciers de bonne foi et les finances publiques. Elle craint aussi que l’opacitĂ© qui continue de couvrir ce dossier et la dĂ©sin-volture avec laquelle il a Ă©tĂ© trai-tĂ© ne laissent la voie ouverte Ă  une fin plus dramatique encore, notamment par le recours Ă  un arbitrage commercial internatio-nal dĂ©favorable au pays, comme cela a Ă©tĂ© le cas dans d’autres affaires.

Transparency Maroc estime

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spécial TRANSPARENCY MAROC

a reçu plus de 250 plaintes et adressé 40 correspondances aux autorités concernées.

ParallĂšlement Ă  la rĂ©ception et au traitement des plaintes, le CAJAC a organisĂ© une sĂ©rie d’activitĂ©s et actions de sensibi-lisation et de formation en 2016 dans plusieurs villes, notamment Ă  Midelt, El Kelaa des Sraghna, Marrakech, Amizmiz, Essaouira, Martil, Fnideq, Al Hoceima, El Hajeb, FĂšs, Nador et Ă  Tanger.

b. L’Observatoire de la corruption

L’Observatoire de la corruption forme avec le CAJAC les deux pro-jets structurants de Transparency Maroc. L’Observatoire bĂ©nĂ©ficie actuellement du soutien finan-cier de l’Ambassade de Grande Bretagne Ă  Rabat, dans le cadre du Programme Arab Partnership, et mĂšne des actions de sensibi-lisation auprĂšs des Ă©lus territo-riaux. L’Observatoire a organisĂ© en 2016 plusieurs sessions (5) de formation destinĂ©es aux Ă©lus des conseils communaux et conseils rĂ©gionaux sur des thĂ©matiques liĂ©es Ă  la gouvernance locale, au budget, Ă  l’accĂšs Ă  l’informa-tion au niveau local, aux mar-

Zoom sur les projets réalisés par transparency maroc

a. Le Centre d’assistance juridique anti-corruption (CAJAC)

Le Centre d’Assistance Juridique Anti-Corruption (CAJAC) a Ă©tĂ© crĂ©Ă© Ă  Rabat en janvier 2009 avec l’appui de Transparency International. Le soutien financier de l’ambassade des Pays Bas a permis d’élargir l’implantation territoriale du CAJAC. Transparency Maroc a ainsi mis en place un deuxiĂšme CAJAC dans la ville de FĂšs le 15 septembre 2011, et un troisiĂšme dans la ville de Nador le 1er

fĂ©vrier 2012. Cette initiative est destinĂ©e Ă  apporter un soutien de proximitĂ© aux personnes vic-times ou tĂ©moins de la corrup-tion, Ă  recevoir les tĂ©moins de ses manifestations, et Ă  renfor-cer la rĂ©sistance citoyenne face Ă  ce flĂ©au. Depuis leur ouver-ture jusqu’au 31 octobre 2016, les trois CAJAC ont reçu 5336 plaintes. Du 1er janvier au 31 octobre 2016, le CAJAC de Rabat

tion est constituĂ© par l’arrĂȘtĂ© du ministre des finances n°16-193 du 21 janvier 2016 relatif aux moda-litĂ©s d’exĂ©cution des dĂ©penses relatives aux restitutions, rem-boursements et dĂ©grĂšvements fiscaux. Ce texte qui soustrait les opĂ©rations qu’il vise au contrĂŽle des finances publiques est un autre exemple de l’utilisation du droit pour introduire l’opacitĂ©. Transparency Maroc a introduit un recours en nullitĂ© contre cet arrĂȘtĂ© et ne manquera pas d’in-former des suites de cette affaire.

Le Droit et la Justice doivent ĂȘtre au service de la transparence et non servir de rempart Ă  l’éco-nomie de rente. La qualitĂ© de « Serviteurs de l’Etat » ne saurait autoriser ceux qui s’en prĂ©valent Ă  se servir sur les biens publics. C’est cette voix qui s’exprime Ă  travers les rĂ©seaux sociaux et que vĂ©hicule la presse en Ă©cho. Les citoyens et les forces politiques qui s’y reconnaissent doivent renforcer les rangs de ceux qui Ɠuvrent pour l’instauration d’un systĂšme national d’intĂ©gritĂ© et rĂ©clament d’urgence des mesures impĂ©ratives visant Ă  :

‱ Obtenir que la publication de toutes les lois et de tous les rĂšglements soit une condi-tion prĂ©alable Ă  leur entrĂ©e en vigueur, conformĂ©ment aux principes gĂ©nĂ©raux de la consti-tution ;

‱ Hisser le projet de loi sur l’accùs à l’information au niveau des normes internationales ;

‱ Adopter les mesures efficientes de protection des dĂ©noncia-teurs de crimes financiers et des lanceurs d’alerte ;

‱ Instituer des dispositifs efficaces pour rĂ©gir les conflits d’intĂ©rĂȘts, le contrĂŽle du patrimoine et la reddition des comptes.

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spécial TRANSPARENCY MAROC

Ă  FĂšs, un sĂ©minaire sur le thĂšme « Conflit d’intĂ©-rĂȘts et gouvernance locale ». Cette rencontre a per-mis de prĂ©senter et discu-ter le traitement du conflit d’intĂ©rĂȘts dans la lĂ©gislation marocaine et dans le sys-tĂšme d’intĂ©gritĂ© local. Par ailleurs, une table ronde sur « Le conflit d’intĂ©rĂȘts dans le secteur privĂ© » a Ă©tĂ© orga-nisĂ©e le 20 dĂ©cembre 2016 Ă  Casablanca, en partenariat

avec la ConfĂ©dĂ©ration GĂ©nĂ©rale des Entreprises du Maroc (CGEM). D’autres rencontres de sensibi-lisation serons menĂ©es dans le

cadre de ce projet, en particulier l’élaboration d’un guide de vul-garisation destinĂ© aux citoyens ; ce guide prĂ©sentera le dĂ©lit de corruption et les infractions connexes.

la “fiscalitĂ©â€ et le “contrĂŽle des finances publiques et la redeva-bilitĂ© des dĂ©cideurs”. Par ailleurs, une Ă©tude est actuellement en cours d’élaboration sur la cartographie des prin-cipaux risques de cor-ruption dans la gestion de l’impĂŽt au Maroc. Les actions futures envisa-gĂ©es dans le cadre de ce projet consistent Ă  effec-tuer un plaidoyer auprĂšs des dĂ©cideurs pour une rĂ©forme du systĂšme fis-cal, et une sensibilisa-tion des citoyens et des parties prenantes sur la transparence et l’accĂšs Ă  l’information budgĂ©-taire et fiscale.

d. Projet Sharaka

« Sharaka » est un pro-jet financĂ© par Transparency International. L’association a organisĂ©, le 22 octobre 2016

chĂ©s publics, Ă  la participation citoyenne et au conflit d’intĂ©rĂȘts. Des sessions de formation ont ainsi eu lieu Ă  Boulmane, Missour, Beni Mellal, Ketama et Larache.

L’Observatoire rĂ©alise aussi un travail continu de veille informa-tionnelle, par la collecte systĂ©-matique, le traitement, le classe-ment et l’archivage des informa-tions sur la corruption, la trans-parence et la bonne gouvernance au Maroc, ainsi que par la pro-duction des bulletins, revues de presse et rapports.

c. « Transparence du systÚme fiscal »

Le projet « Transparence du systĂšme fiscal » est rĂ©alisĂ© avec le soutien financier de Oxfam Novib. Ce projet, qui s’étend sur une pĂ©riode de 36 mois (du 1er janv. 2016 au 31 dĂ©c. 2018), vise Ă  promouvoir la transparence et l’accĂšs Ă  l’information budgĂ©taire et fiscale, la lutte contre la fraude et la corruption dans la gestion fiscale. L’association a organisĂ©, dans le cadre de ce projet, un sĂ©minaire de formation sur les finances publiques destinĂ© aux journalistes et professionnels des mĂ©dias. La formation s’est dĂ©rou-lĂ©e en 3 sessions tenues respec-tivement le 15, 22 et 29 octobre 2016 Ă  Rabat, qui ont portĂ© res-pectivement sur la “loi organique relative Ă  la loi de finances”,

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Transparence dans le secTeur du sporT

dossierla prĂ©sidence rĂšglent les prix de l’adhĂ©sion de personnes qui leur sont favorables, dans le but rem-plir la salle durant les assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales et de faire pencher les rĂ©sultats des votes en leur faveur.

On constate aussi que l’élec-tion du prĂ©sident de la fĂ©dĂ©ra-tion royale marocaine de football se fait publiquement sous haute recommandation, et ne peut sortir d’un cercle dĂ©terminĂ© de personnalitĂ©s. En outre, la fĂ©dĂ©-ration n’est pas sous tutelle com-plĂšte du MinistĂšre de la Jeunesse et des Sports Ă©tant donnĂ© que la marge de manƓuvre laissĂ© Ă  son prĂ©sident outrepasse les compĂ©-tences du ministre de tutelle ; preuve en est que les 7 respon-sables gouvernementaux qui se sont succĂ©dĂ© entre 1995 et 2014 n’ont jamais Ă©voquĂ© les disfonc-tionnements dans la gestion de la fĂ©dĂ©ration durant cette pĂ©riode.

L’ingĂ©rence politique dans les affaires des clubs est flagrante dans la mesure oĂč elle ne tient aucun compte du fait que les associations sportives sont recon-nues par la loi et bĂ©nĂ©ficient du droit d’exercer leurs activi-tĂ©s en toute indĂ©pendance. Par ailleurs, les clubs sont exposĂ©s au risque d’instrumentalisation politique et certaines personnali-tĂ©s s’en servent pour asseoir leur popularitĂ© Ă  des fins Ă©lectorales ou en vue de faciliter leur accĂšs aux hautes fonctions. Les joueurs et les supporters peuvent ainsi devenir une force de propagande Ă©lectorale.

Face Ă  cette situation, la gou-vernance et la transparence dans le secteur du sport deviennent une urgence. Seule l’application stricte des lois et rĂšglements per-mettra d’éviter les dĂ©rapages et la concentration du pouvoir de dĂ©cision dans les mains d’acteurs (individus ou groupes) qui privi-lĂ©gient leurs intĂ©rĂȘts personnels au dĂ©triment de l’intĂ©rĂȘt public. Pour plus de transparence, c’est toute la gouvernance du sport qui doit ĂȘtre repensĂ©e.

l’Afrique du Sud, la Moldavie et Panama.

La publication de ce rapport a coĂŻncidĂ© avec la sĂ©rie des scan-dales de corruption ayant ravagĂ© la FĂ©dĂ©ration Internationale de Football (FIFA). Ces scandales ont Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©s dans le cadre d’en-quĂȘtes judiciaires de haut niveau ; certaines ont abouti Ă  l’arres-tation de membres du comitĂ© exĂ©cutif et Ă  la condamnation du prĂ©sident Joseph Blatter et du vice-prĂ©sident Michel Platini, prĂ©-sident de l’Union des Associations EuropĂ©ennes de Football (UEFA) et sa suspension de toute activitĂ© sportive pour huit ans.

Le cas des clubs de football marocains n’est pas diffĂ©rent de celui de la fĂ©dĂ©ration en ce qui concerne la publication des rapports moraux et financiers annuels. Mais, d’autres dysfonc-tionnements sont constatĂ©s dans les mĂ©thodes de travail des fĂ©dĂ©-rations sportives, particuliĂšre-ment en ce qui concerne la consti-tution des comitĂ©s de dirigeants. Le dĂ©cret de 1995 Ă©dictant des statuts-types des associations sportives d’amateurs, des ligues rĂ©gionales et de la FĂ©dĂ©ration royale marocaine de football, a limitĂ© le phĂ©nomĂšne de l’exploi-tation des joueurs dans les assem-blĂ©es gĂ©nĂ©rales et a mis fin Ă  la dictature des associations de supporters. Il a par ailleurs rendu le droit d’adhĂ©sion tributaire du parrainage du demandeur par deux membres du comitĂ© du club auquel il souhaite adhĂ©rer. Ce dĂ©cret a aussi laissĂ© la porte grande ouverte Ă  des manouvres douteuses durant les assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales et certains candidats Ă 

i. note de cadrage

Les fĂ©dĂ©rations sportives sont des organismes publics gĂ©rĂ©s dans le cadre d’un mandat du MinistĂšre de la Jeunesse et des Sports. Une partie importante de leur budget de fonctionnement provient de l’argent public, ce qui rend la publication de leurs rapports moraux et financiers obligatoire : c’est une exigence de transparence et de bonne gouvernance dans la gestion des fonds publics.

Durant sa derniĂšre assemblĂ©e ordinaire, la FĂ©dĂ©ration Royale Marocaine de Football n’a pas prĂ©sentĂ© au public ses rapports moraux et financiers, en violation des dispositions de la loi 30-09 relative au sport et Ă  l’éduca-tion physique et des statuts de cette mĂȘme FĂ©dĂ©ration. Ces deux textes prĂ©cisent clairement l’obli-gation de publication des rap-ports financiers annuels sur le site internet de la FĂ©dĂ©ration ou dans un journal.

Le manque de transparence dans la gestion du secteur spor-tif a Ă©tĂ© confirmĂ© par un rap-port publiĂ© rĂ©cemment par Transparency International sur la gouvernance du football dans plusieurs fĂ©dĂ©rations sportives. La FĂ©dĂ©ration Royale Marocaine de Football a Ă©tĂ© mal classĂ©e dans ce rapport qui se base sur les indicateurs suivants : publi-cation des rapports moraux et financiers, des statuts et de la charte d’éthique. De ce fait, le Maroc a obtenu le mĂȘme classe-ment que celui de nombreux pays d’Afrique, mais il est devancĂ© par des pays tels que la Palestine,

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Dossier

Transparency news. NumĂ©ro 17, Janvier 2017 — 7

Par ailleurs, la loi n° 30-09 prĂ©voit la crĂ©ation d’un ComitĂ© national paralympique qui acquiert aussi de plein droit la reconnaissance d’utilitĂ© publique (articles 45 et 48). Mais, ce comi-tĂ© n’a pas encore Ă©tĂ© crĂ©Ă© car le dĂ©cret d’application n’a pas encore vu le jour.

3. Le cadre juridique des fédérations sportives au Maroc

Les fĂ©dĂ©rations sportives sont rĂ©gies par les articles 22 et sui-vants de la loi 30-09 relative Ă  l’éducation physique et aux sports, et par les dispositions du dahir de 1958 relatif aux asso-ciations. Selon la loi n° 30-09, les fĂ©dĂ©rations participent Ă  l’exĂ©-cution d’une mission de service public. A ce titre, elles sont sous la tutelle financiĂšre et administra-tive du MinistĂšre de la Jeunesse et des Sports. Elles doivent ĂȘtre habilitĂ©es par le MinistĂšre de la Jeunesse et des Sports, avant de pouvoir bĂ©nĂ©ficier d’avantages et subventions. Les fĂ©dĂ©rations ont le droit de bĂ©nĂ©ficier du statut d’utilitĂ© publique en vertu de la loi aprĂšs publication d’un dĂ©cret d’application.

Les fĂ©dĂ©rations sportives ont pour mission principale : l’orga-nisation des compĂ©titions entre les clubs et l’encadrement des pratiquants. L’organisation et la gestion de la fĂ©dĂ©ration spor-tive est soumise Ă  la loi n° 30-09. Toute fĂ©dĂ©ration est tenue de dĂ©lĂ©guer Ă  une ligue profession-nelle qu’elle crĂ©e Ă  cet effet, sous certaines conditions prĂ©vues par la loi, l’organisation, la gestion et la coordination des compĂ©titions et manifestations sportives Ă  caractĂšre professionnel relevant de ses compĂ©tences ainsi que le droit d’exploitation commerciale desdites compĂ©titions et manifes-tations (art. 36 de la loi n° 30-09).

Les fĂ©dĂ©rations sportives sont tenues par la loi d’adopter des statuts qui doivent ĂȘtre notifiĂ©s Ă  l’administration qui s’assure de vĂ©rifier leur conformitĂ© avec la loi en vigueur. Des statuts-types sont fixĂ©s par voie rĂšglementaire et les

sur le site internet de la FĂ©dĂ©ration ou dans un journal d’annonces lĂ©gales.

- FĂ©dĂ©ration de pĂ©tanque : il rĂ©sulte des articles 25 et 45 des statuts de cette FĂ©dĂ©ration, que le rapport d’audit sur les Ă©tats financiers de la FĂ©dĂ©ration doit ĂȘtre publiĂ© chaque annĂ©e sur le site inter-net de la FĂ©dĂ©ration ou dans un journal d’annonces lĂ©gales.

- FĂ©dĂ©ration de karatĂ© : les articles 25 et 48 des statuts de la FĂ©dĂ©ration stipulent que le rapport d’audit sur les Ă©tats financiers de la FĂ©dĂ©ration doit ĂȘtre publiĂ© chaque annĂ©e sur le site internet de la FĂ©dĂ©ration ou dans un journal d’annonces lĂ©gales. Le rapport moral sou-mis Ă  l’approbation de l’Assem-blĂ©e gĂ©nĂ©rale doit Ă©galement ĂȘtre publiĂ© sur le site internet de la FĂ©dĂ©ration ou dans un journal d’annonces lĂ©gales.

2. Le cadre juridique du Comité national olympique marocain

FondĂ© en 1959, les prĂ©roga-tives du ComitĂ© national olym-pique marocain (CNOM) n’ont Ă©tĂ© dĂ©terminĂ©es que 13 ans aprĂšs sa crĂ©ation, Ă  la suite d’une circulaire Ă©mise en 1972 par le ministre du travail, des affaires sociales et de la jeunesse. Le CNOM, qui est une associa-tion Ă  but non lucratif, est rĂ©gi par le dahir n° 1 58 376 du 15 novembre 1958 rĂ©glementant le droit d’association tel qu’il a Ă©tĂ© modifiĂ© et complĂ©tĂ©. Ce comitĂ© Ă©tait Ă©galement rĂ©gi par loi n° 06 87 relative Ă  l’éducation phy-sique et aux sports de 1989 qui lui avait consacrĂ© 4 articles (art. 23 Ă  26). DĂ©sormais le CNOM est rĂ©gi par la loi n° 30-09 de 2010 qui a abrogĂ© la loi n° 06-87. La loi n° 30-09 consacre Ă©galement 5 articles au CNOM (articles 40 Ă  45), en apportant davantage de prĂ©cisions sur les missions et prĂ©rogatives du comitĂ©. La loi n° 30-09 a reconnu le CNOM comme Ă©tant une association d’utilitĂ© publique.

ii. cadre juridique (constitution et loi)

Dans le secteur du sport, le droit d’accĂšs Ă  l’information, gage de la transparence dans la gestion des activitĂ©s sportives, repose principalement sur l’ar-ticle 27 de la Constitution et sur les dispositions de la loi 30-09 relative Ă  l’éducation physique et aux sports. Les statuts des diffĂ©-rentes fĂ©dĂ©rations sportives com-portent Ă©galement des clauses qui garantissent le droit d’accĂšs Ă  l’information.

1. Le droit d’accùs à l’information

Constitution de 2011 :

- Article 27 : «Les citoyennes et les citoyens ont le droit d’accĂ©-der Ă  l’information dĂ©tenue par l’administration publique, les institutions Ă©lues et les organismes investis de mission de service public.

Le droit Ă  l’information ne peut ĂȘtre limitĂ© que par la loi, dans le but d’assurer la protec-tion de tout ce qui concerne la dĂ©fense nationale, la sĂ©cu-ritĂ© intĂ©rieure et extĂ©rieure de l’Etat et la vie privĂ©e des per-sonnes, de prĂ©venir l’atteinte aux libertĂ©s et droits fonda-mentaux Ă©noncĂ©s par la prĂ©-sente Constitution, et de pro-tĂ©ger les sources des informa-tions et les domaines dĂ©termi-nĂ©s avec prĂ©cision par la loi. »

Loi 30-09 relative Ă  l’éducation physique et aux sports :

- Article 23 : « [Les] statuts des fédérations sportives doivent comporter des dispositions qui tendent notamment à la publi-cation des rapports moral et financier annuels ».

Clauses statutaires des fédéra-tions sportives :

- FĂ©dĂ©ration royale marocaine de football : conformĂ©ment aux articles 32 et 65 des statuts de la FĂ©dĂ©ration, les rapports moral et financier doivent ĂȘtre prĂ©sentĂ©s Ă  l’opinion publique

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8 —Transparency news. NumĂ©ro 17, Janvier 2017

- des statistiques prĂ©cises sur le nombre de licenciĂ©s. En effet, les statistiques du nombre des licenciĂ©s dans les 45 fĂ©dĂ©ra-tions ne sont pas publiĂ©es. Des estimations existent, mais la publication de donnĂ©es prĂ©-cises offrirait la possibilitĂ© d’établir des stratĂ©gies, et faciliterait l’accĂšs Ă  l’informa-tion aux citoyens, chercheurs, experts, journalistes, et acteurs associatifs etc. La publication de ces donnĂ©es permettrait aussi d’évaluer la performance du ministĂšre et de la politique publique de l’Etat dans le sec-teur du sport.

2. Le rapport de la Cour des comptes

Le rapport annuel de la Cour des comptes 2007 a réservé tout un chapitre au secteur du sport. Ce rapport révÚle de nombreux dysfonctionnements dans ce sec-teur, notamment :

- Des fonctionnaires ont rejoint des clubs sportifs des pays du golfe sans respecter les dis-positions de l’article 48 du statut gĂ©nĂ©ral de la fonction publique ;

- L’affectation de 343 fonction-naires, soit 10 % de l’ensemble des fonctionnaires, Ă  des fĂ©dĂ©-rations et associations spor-tives de maniĂšre non officielle sans aucune autorisation ou dĂ©cision ;

- L’absence d’équilibre dans l’af-fectation des fonctionnaires aux associations sportives : les associations sportives de l’axe Rabat-Casablanca bĂ©nĂ©ficient plus de cette opĂ©ration que les autres associations du pays ;

Le ministĂšre de la jeunesse et des sports n’a pas rĂ©pondu aux remarques du rapport de la Cour des comptes.

3. La saisie sur le compte bancaire du ministĂšre de la jeunesse et des sports

Le scandale lié à la construc-tion du Grand stade de Tanger

législation et de la rÚglemen-tation en vigueur (art. 26 de la loi 30-09) ;

- gérer, entretenir et contrÎler les propriétés et les institutions relevant de son département ;

- sensibiliser les acteurs Ă©cono-miques Ă  l’importance du sport dans l’économie nationale et les inciter Ă  participer Ă  son dĂ©veloppement.

b. les dysFonctionnements Le ministĂšre de la jeunesse et

des sports est le premier respon-sable des dysfonctionnements constatĂ©s dans le secteur du sport. Le ministĂšre ne publie pas de donnĂ©es concernant la ges-tion de l’infrastructure sportive. Il n’y a pas de communication autour du mode de gestion de l’infrastructure sportive : est-elle gĂ©rĂ©e de maniĂšre autonome ? Ou dans le cadre d’une coopĂ©ra-tion ? Ou par la SociĂ©tĂ© nationale de rĂ©alisation et de gestion des stades (SONARGES) ? Par ailleurs, les Ă©tats financiers concernant la gestion des stades et des com-plexes sportifs, qui sont des ser-vices de l’Etat gĂ©rĂ©s de maniĂšre autonome (SEGMA), ne sont Ă©ga-lement pas publiĂ©s. De nombreux obstacles Ă  la bonne gouver-nance, la transparence du secteur et au droit d’accĂšs Ă  l’information existent parce que le ministĂšre n’oblige pas les fĂ©dĂ©rations Ă  publier notamment :

- leurs rapports financiers et moraux. De nombreuses infrac-tions Ă  la loi ne sont pas sanc-tionnĂ©es : plusieurs fĂ©dĂ©ra-tions, telles celles de l’équita-tion et du golf, tiennent leurs assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales dans le secret le plus total, Ă©vitant soi-gneusement de faire des dĂ©cla-rations dans les mĂ©dias ou de fournir des dossiers de presse concernant leur gestion admi-nistrative et financiĂšre. Des fĂ©dĂ©rations sont mĂȘme quali-fiĂ©es de « FĂ©dĂ©rations de sou-verainetĂ© » parce qu’elles ne sont pas du tout inquiĂ©tĂ©es par une menace de sanction en dĂ©pit des irrĂ©gularitĂ©s consta-tĂ©es dans leur gestion finan-ciĂšre ;

fédérations sportives adaptent les leurs au modÚle publié par le ministÚre de tutelle. Les statuts-types ont été publiés en avril 2013.

iii. le diagnostic des dysFonctionnements que connaĂźt le sport marocain

La gouvernance du secteur connaĂźt de nombreux dysfonc-tionnements. MalgrĂ© sa position de tuteur, le ministĂšre de la jeu-nesse et des sports ne parvient pas Ă  faire respecter les disposi-tions de la loi n° 30-09. Le dia-gnostic effectuĂ© par Transparency Maroc rĂ©vĂšle de nombreuses irrĂ©gularitĂ©s. Ces dysfonctionne-ments sont aussi constatĂ©s par la Cour des comptes. Le ministĂšre de la jeunesse et des sports en est le premier responsable. La gestion du ComitĂ© national olym-pique, des fĂ©dĂ©rations sportives, du fonds national de la promo-tion du sport au Maroc et des clubs est calamiteuse en termes de transparence et d’accĂšs Ă  l’in-formation.

1. Le ministĂšre de la jeunesse et des sports

MalgrĂ© de nombreux pouvoirs et moyens d’action dont dis-posent le ministĂšre de la jeunesse et des sports, ce dernier ne par-vient pas Ă  assurer une gouver-nance saine et transparente du secteur sportif.

a. les compétences du ministÚre

Le ministÚre de la jeunesse et des sports est notamment compé-tent pour :

- accorder l’habilitation aux fĂ©dĂ©rations qui doivent en effet ĂȘtre habilitĂ©es par l’ad-ministration avant de pouvoir exercer leurs attributions et bĂ©nĂ©ficier des avantages prĂ©-vus ; il est Ă©galement compĂ©-tent pour retirer l’habilitation Ă  toute fĂ©dĂ©ration sportive en cas de non-respect des rĂšgles de fonctionnement fixĂ©es par ses statuts ou de violation de la

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Transparency news. NumĂ©ro 17, Janvier 2017 — 9

‱ Noureddine Ben Abdenbi : ancien prĂ©sident de la fĂ©dĂ©ra-tion de basketball.

‱ Rachid Fahmane : ancien vice-prĂ©sident de la fĂ©dĂ©ration d’équitation.

‱ Kamal Lahlou et Abdeljawad Belhaj : prĂ©sidents de la fĂ©dĂ©-ration d’haltĂ©rophilie et de la boxe.

5. Les fédérations royales sportives

La plupart des fĂ©dĂ©rations ne respectent pas les dĂ©lais lĂ©gaux concernant la prĂ©sentation des rapports financiers et moraux des clubs, lors de l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©-rale. Elles ne publient pas leurs rapports qui demeurent inacces-sibles au public et aux mĂ©dias.

L’inaccessibilitĂ© des rapports de la FĂ©dĂ©ration royale marocaine de football (FRMF) en est l’illus-tration parfaite. Il en va de mĂȘme des fĂ©dĂ©rations d’équitation et de golf qui ne communiquent pas sur la tenue de leurs assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales et ne fournissent pas de donnĂ©es aux chercheurs. Le prĂ©sident de la fĂ©dĂ©ration d’équi-tation, par exemple, a Ă©tĂ© dĂ©si-gnĂ© sans que l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©-rale ait Ă©tĂ© tenue et sans que des Ă©lections aient Ă©tĂ© organisĂ©es.

Lors des assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales, les rapports financiers sont dĂ©li-vrĂ©s parfois Ă  l’entrĂ©e de la salle de l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale. Ces rap-ports manquent de lisibilitĂ© et de clartĂ©. Le recours Ă  un expert-comptable est nĂ©cessaire pour bien dĂ©chiffrer ces rapports. Par ailleurs, les fĂ©dĂ©rations sportives n’exercent pas de contrĂŽle rigou-reux sur les clubs qui tiennent souvent leurs assemblĂ©es gĂ©nĂ©-rales dans l’illĂ©galitĂ©, et n’exigent pas de recevoir leurs rapports moraux et financiers.

Aujourd’hui, une exigence de reddition des comptes pĂšse sur les acteurs du secteur. Les reven-dications de l’opinion publique concernant le droit d’accĂšs Ă  l’information s’intensifient. Les mĂ©dias et les chercheurs sou-haitent avoir accĂšs aux donnĂ©es et statistiques concernant notam-ment le nombre de licenciĂ©s.

- l’absence de transparence sur la gestion financiĂšre du comi-tĂ©, la non-tenue et la non-publication du bilan de ses tra-vaux annuels ;

- le manque de transparence sur les dĂ©penses des 33 mil-liards de centimes qui ont Ă©tĂ© octroyĂ©s par le roi Mohamed VI en 2009. Cette somme avait Ă©tĂ© rĂ©servĂ©e Ă  la prĂ©paration de sportifs de haut niveau pour les jeux olympiques, aprĂšs la dĂ©ception connue aux JO de PĂ©kin de 2008. Par ailleurs, il n’y a pas eu de reddition des comptes par les respon-sables du ministĂšre de la jeu-nesse et des sports concernant la gestion de cette subvention royale ;

- L’obsolescence du site internet du CNOM.

La composition actuelle du bureau exĂ©cutif de la CNOM est irrĂ©guliĂšre, puisque des membres du bureau n’appartiennent Ă  aucune fĂ©dĂ©ration, en vio-lation des articles 41 et 42 de la loi 30-09. Selon l’article 42, tout membre du ComitĂ© natio-nal olympique marocain perd sa qualitĂ© de membre lorsqu’il cesse de faire partie du comitĂ© direc-teur d’une fĂ©dĂ©ration sportive nationale. Et en cas de vacance, le ComitĂ© national olympique marocain doit veiller Ă  ce qu’il y soit pourvu par voie d’élec-tion dans un dĂ©lai maximum de trois (3) mois. Or, la composition actuelle du bureau exĂ©cutif de la CNOM mĂ©connaĂźt ces prescrip-tions lĂ©gales.

Ci-aprĂšs la composition de l’ac-tuel Bureau exĂ©cutif :

‱ Hosni Benslimane : ancien prĂ©sident de la fĂ©dĂ©ration de football.

‱ Moustapha Zekri : ancien prĂ©-sident de la fĂ©dĂ©ration de gymnastique.

‱ Mhammed Mjid : dĂ©cĂ©dĂ©, ancien prĂ©sident de la fĂ©dĂ©ra-tion de tennis.

‱ Abdelhadi El Ghazali : ancien prĂ©sident de la fĂ©dĂ©ration de volleyball.

illustre parfaitement les carences de gouvernance que connaĂźt le secteur du sport. En effet, le prix du foncier expropriĂ© pour la construction de ce stade ayant fait l’objet d’une revalorisation devant la justice, le tribunal a condamnĂ© le ministĂšre de la jeu-nesse et des sports, propriĂ©taire et gestionnaire du stade, Ă  payer aux expropriĂ©s et aux ayants droit, un montant de 100 millions de dirhams. Le tribunal a ordon-nĂ© une compensation qui avoi-sine les 80 milliards de centimes. Devant l’incapacitĂ© du minis-tĂšre Ă  exĂ©cuter cette sentence, le TrĂ©sorier gĂ©nĂ©ral a procĂ©dĂ© Ă  la saisie du compte bancaire du ministĂšre. Ainsi, le montant du financement provenant du Fonds national de dĂ©veloppement du sport (FNDS) et qui devait ĂȘtre ventilĂ© par le ministĂšre entre les diffĂ©rentes fĂ©dĂ©rations a fait l’objet d’une saisie du TrĂ©sorier gĂ©nĂ©ral du royaume. Le ministĂšre de la jeunesse et des sports n’a publiĂ© aucun communiquĂ© sur le sujet.

Ce gel des comptes a pour consĂ©quence une asphyxie totale des fĂ©dĂ©rations qui dĂ©pendent exclusivement des subventions du ministĂšre. Depuis juin 2016, les 45 fĂ©dĂ©rations, qui reprĂ©sentent diffĂ©rentes disciplines sportives, connaissent une situation finan-ciĂšre difficile, car la deuxiĂšme tranche des subventions qui devait leur ĂȘtre octroyĂ©e a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e. L’exĂ©cution des activitĂ©s programmĂ©es des fĂ©dĂ©rations est ainsi hypothĂ©quĂ©e.

4. Le Comité national olympique marocain(CNOM)

Ce ComitĂ© ne tient pas ses assemblĂ©es de maniĂšre rĂ©guliĂšre. La derniĂšre assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale a eu lieu en 2005. La derniĂšre assemblĂ©e extraordinaire pour approuver les statuts modĂšles s’est tenue loin des mĂ©dias. La prochaine assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale du CNOM est prĂ©vue pour dĂ©cembre 2016, soit 11 ans aprĂšs l’assem-blĂ©e prĂ©cĂ©dente. Parmi les dys-fonctionnements, on peut citer :

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pĂ©ens et 10 pays mĂ©diterranĂ©ens, dont le Maroc qui avait bĂ©nĂ©ficiĂ© d’un budget estimĂ© Ă  5 millions d’euros pour l’exĂ©cution de ces projets sur la pĂ©riode allant de 1999-2000 Ă  2004.

La construction d’établisse-ments sportifs en coopĂ©ration avec l’Union europĂ©enne prĂ©vue dans le cadre du projet « MEDA- sport » a Ă©tĂ© introduite dans le plan quinquennal 2000-2004. Mais, ce projet n’a pas Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© Ă  cause du non-respect des enga-gements convenus avec l’Union europĂ©enne, ce qui a eu pour consĂ©quence l’interruption du programme. L’annulation de ce projet a fait perdre au Royaume la rĂ©alisation de 21 unitĂ©s spor-tives alors que le Maroc souffre d’un dĂ©ficit en infrastructures sportives : une seule unitĂ© spor-tive pour 29 691 habitants et un seul stade de football pour 74 392 habitants au niveau national.

Par ailleurs, il y a eu un black-out total sur la gestion de ce pro-jet de la part du ministĂšre de la jeunesse et des sports. Les articles de presse de certains journalistes ayant menĂ© des enquĂȘtes sur ce projet ont Ă©tĂ© censurĂ©s. Les res-ponsables publics n’ont jamais informĂ© l’opinion publique sur les causes qui ont conduit Ă  l’an-nulation du programme « MEDA-sport ».

iv. la place du maroc dans la transparence au niveau international

1. La Fédération royale marocaine de football dans le rapport de Transparency International

Transparency International a publiĂ© le 23 fĂ©vrier 2016 un rapport mondial sur la corrup-tion dans le secteur du sport. Le Maroc y est classĂ© au mĂȘme rang que le Cambodge, le BahreĂŻn, le Cap- Vert, le Cameroun, Brunei, la Bolivie, le Bangladesh, le BĂ©nin, les Bermudes
 Le Maroc

7. La gouvernance dans les clubs sportifs

Les clubs marocains de foot-ball connaissent un grand défi-cit de gouvernance. Au nombre des dysfonctionnements, on peut citer :

- la non-présentation des rap-ports financiers et moraux aux adhérents ;

- l’utilisation de la rubrique « Divers » par certains clubs pour masquer les dĂ©penses non jus-tifiĂ©es ;

- l’absence de transparence lors des Ă©lections des nouveaux bureaux exĂ©cutifs, la falsifica-tion des comptes rendus et des listes des adhĂ©rents et le paiement de leurs cotisations annuelles pour s’assurer leurs votes et obtenir ainsi la majo-ritĂ© des voix ;

- la non-rĂ©vĂ©lation des listes d’adhĂ©rents avant la tenue de l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale ;

- le dĂ©cret de 1995 organisant l’adhĂ©sion qui a mis fin Ă  la dictature des joueurs dans les assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales, mais a ouvert la voie Ă  des pra-tiques plus dangereuses. D’oĂč la nĂ©cessitĂ© de modifier cette pratique aprĂšs 20 ans d’expĂ©-rience ;

- l’absence de transparence sur les montants des transferts de joueurs et sur les salaires de certains joueurs tenus secrets par les bureaux exĂ©cutifs.

8. Les occasions ratéesLe projet MEDA-sport est

l’exemple le plus frappant du dĂ©ficit de gouvernance que connaĂźt le secteur du sport au Maroc. Ce projet peut ĂȘtre qua-lifiĂ© d’ « occasion ratĂ©e » car le gouvernement marocain n’a pas su en tirer profit. En effet, le projet MEDA-sport est un des programmes qui dĂ©coule du pro-cessus de Barcelone visant Ă  dĂ©ve-lopper quelques secteurs dans les pays de l’Europe et du bassin euro-mĂ©diterranĂ©en. DestinĂ© Ă  35 pays, il regroupe 25 pays euro-

6. Le Fonds national pour le développement du sport : les résultats

CrĂ©Ă© en 1987 par l’article 32 de la loi des finances, le Fonds national pour le dĂ©veloppement du sport (FNDS) constitue un levier financier au service de la politique du ministĂšre de la jeu-nesse et des sports. Ses ressources sont utilisĂ©es pour subvention-ner les fĂ©dĂ©rations sportives, pour accompagner les sportifs de haut niveau lors de leurs partici-pations aux compĂ©titions rĂ©gio-nales, nationales et internatio-nales et pour financer les grands projets d’infrastructures sportives entre autres. Il s’agit d’un compte d’affectation spĂ©ciale, dont le ministre de la jeunesse et des sports est l’ordonnateur et le per-cepteur. L’essentiel du budget du FNDS provient de la Marocaine des Jeux et des Sports (FDJS), qui a pour mission de contribuer au financement du FNDS auquel elle verse l’intĂ©gralitĂ© de ses bĂ©nĂ©-fices.

Les dysfonctionnements constatés au niveau du FNDS concernent, entre autres :

- Les insuffisances sur le plan légal : la loi régissant le FNDS mentionne plusieurs parties qui bénéficient des revenus du fonds sans fixer clairement les pourcentages exacts ;

- Le dĂ©partement de tutelle n’a pas veillĂ© Ă  mettre en place une stratĂ©gie mĂ©thodique pour la dĂ©pense de ces res-sources au niveau local, rĂ©gio-nal et national, et Ă  traduire les dĂ©penses sous forme de projets concrets ;

- Les ressources du FNDS ainsi que ses dĂ©penses n’ont jamais Ă©tĂ© publiĂ©es.

Pour pallier ces dysfonctionne-ments, un projet de réforme a été évoqué en 2006 pour modifier la loi n° 87-38 portant création du FNDS. Ce projet a été déposé au Secrétariat général du gouverne-ment et aucune suite ne lui a été donnée.

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Pays Nombre de fédérations

Nombre de licenciés dans les

fédérations

PopulationPourcentage population/

licenciés

France 88 10 799 040 63 713 926 16.94%

Tunisie 35 119 552 10 383 577 1.15%

Maroc 44 295 547 32 597 000 0.91%

publient les procÚs-verbaux des réunions et des assemblés générales :

Fédérations qui ne publient pas les PV de leurs

réunions et assemblées générales

39 87%

Fédérations qui publient les PV de leurs réunions et assemblées

générales 06

13%

4. Publication de la charte d’éthiques (en cas de son exis-tence) :

100%Aucune fĂ©dĂ©ration ne dis-pose d’un charte d’éthique

5. Fédérations faisant référence aux sponsors et aux parte-naires :

Absence de référence aux sponsors et aux partenaires

33 73%

Référence aux sponsors et aux partenaires

12 27%

10 critĂšres pour dĂ©terminer le niveau du droit d’accĂšs Ă  l’information dans le fonction-nement des fĂ©dĂ©rations spor-tives :

1. Site internet ;

2. Membres du bureau exécutif ;

3. Les procÚs-verbaux des réu-nions et des assemblées géné-rales ;

4. Charte d’éthique

5. Sponsors et partenaires ;

6. Organigramme ;

7. Offres d’emploi ;

8. Informations pour communica-tion ;

9. Rapports moraux et financiers ;

10. Appel d’offres.

1. FĂ©dĂ©rations disposant d’un site internet :

Fédérations disposant de sites internet

28 62%

Fédérations sans sites17

38%

2. Fédérations révélant les noms des membres du bureau exécutif :

Noms révélés

1738%

Noms non révélés 28

62%

3. Fédérations qui

est devancĂ© dans le classement par 63 pays, dont l’Egypte, l’Azer-baĂŻdjan, l’IndonĂ©sie, la Palestine, la Moldavie, l’Afrique du Sud, le Panama etc. Ce rapport rĂ©vĂšle Ă©galement que :

- seuls les statuts ont Ă©tĂ© publiĂ©s sans les rapports financiers et moraux et la charte d’éthique (dans 84 pays sur 209) ;

- le Maroc fait partie de la zone orange qui représente 27 % environ du nombre total des membres de la FIFA, sachant que plus de 46 % des fédéra-tions internationales font par-tie de la zone rouge en ce qui concerne le respect des exi-gences de la transparence dans la gestion ;

- 14 pays seulement ont respectĂ© les quatre normes suivantes : publication des rapports finan-ciers ; publication des rapports moraux ; publication des sta-tuts ; publication de la charte d’éthique.

2. La situation du droit d’accĂšs Ă  l’information dans 44 fĂ©dĂ©rations sportives

Malgré les budgets mobilisés le nombre de licenciés dans les fédé-rations sportives marocaines reste faible comparativement à des pays comme la Tunisie et la France.

Ce tableau donne une idée du nombre de licenciés par rapport à la population.

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AFRIQUE DU NORD RABAT ŰŽÙ…Ù€Ű§Ù„ Ű„ÙÙ€Ű±ÙŠÙ€Ù‚Ù€ÙŠÙ€Ű§ Ű§Ù„Ù€Ű±ŰšÙ€Ű§Ű·

transparency news n°17

Publication de l’Observatoire de la Corruption au Maroc

RĂ©dacteur en chefMichĂšle Zirari

RĂ©dacteurFouad Zirari

DocumentationLatifa OuboulahcenAriel Awoki

Directeur de l’ObservatoireFouad Zirari

Maquette et mise en pages Scriptura Éditions - Rabat

PhotosAIC PRESS

Imprimerie Adams Graphic - Rabat.

ISSN : 2028-0432DL : 2009 PE 0118

Transparency-News est une publication interne diffusĂ©e par Transparency-Maroc et conçue par l’Observatoire de la Corruption, avec le soutien de la Fondation Heinrich Böll Afrique du Nord Maroc.

- Informer sur le mode de ges-tion du Fonds national pour le développement du sport ;

- Mettre fin Ă  l’immixtion de la politique dans la gestion des clubs et fĂ©dĂ©rations sportives ;

- Interdire les positions de conflits d’intĂ©rĂȘts et de pan-touflage ;

- Organiser des sessions de for-mation et de sensibilisation au profit des différentes institu-tions sportives.

9. Publication des rapports moraux et financiers :

Rapports publiés 3

7%

Rapports non publiés 42

93%

10. Publication des appels d’offres pour les projets

Publication2

4%

Non publication 43

96%

v. recommandations

- Rendre publics les rapports moraux et financiers du Comité olympique marocain ainsi que les dépenses de la subvention royale ;

- Se conformer aux prescriptions de la Charte olympique ;

- Obliger les fédérations spor-tives à respecter les disposi-tions relatives à la transpa-rence par la publication des informations au public ;

- Obliger les associations et les fédérations sportives à tenir leurs assemblées générales dans les délais prévus par la loi et par leurs propres statuts ;

- Exiger la publication systéma-tique des rapports financiers ;

- Lier la responsabilité à la red-dition des comptes dans la ges-tion des fonds publics ;

6. Fédérations publiant leur organigramme :

Organigramme publié11

24%

Organigramme non publié

34 76%

7. Publication d’offres d’emploi dans la fĂ©dĂ©ration :

Offres d’emploi publiĂ©es01

2%

Offres d’emploi non publiĂ©es

44 98%

8. Publication d’informations pour communication :

Informations publiées23

51%

Absence d’informations 22

49%