Trait d’union - Carrefour des Cultures Africaines
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Trait d’union
Magazine des arts africains
GÈLÈDÉ L’art au service du dialogue interculturel
N°2 – novembre - décembre 2020
Chers lecteurs,
Passionnée par les arts et les cultures africaines, l’équipe du CCA est
aussi très engagée dans le dialogue inter culturel.
Dans ce contexte de pandémie et de crises, « l’art a la capacité d’unir
et de tisser des liens » (Audrey Azoulay, directrice de l’UNESCO).
Cette nouvelle publication est un voyage au cœur de l’histoire et de la
culture du peuple Yoruba, ethnie issue de l’Afrique de l’Ouest, et dont
les influences s’étendent à plusieurs pays sur différents continents.
L’objet présenté est un masque sculpté Gèlèdé, symbole d’une tradition
encore très vivace aujourd’hui qui rend hommage aux mères de leur
communauté.
Notre magazine est aussi une invitation à partager, échanger, réagir,
n’hésitez pas à nous écrire...
Bon voyage !
Équipe de rédaction
Table des matières Description de l’objet ...................................... 3
« Voyage du Masque Gèlèdé » ........................ 5
Le peuple Yorùbá ......................................... 5
Les Òrìsà ...................................................... 6
La religion des Òrìsà .................................... 6
Origine du Gèlèdé............................................ 7
Le Gèlèdé dans la mythologie Yorùbá ............. 8
Fonction de l’objet ...................................... 8
Regards d’artistes ............................................ 8
Une histoire de famille…. ............................ 9
Le Coq et l’épervier ....................................... 12
Wolé Soyinka ................................................. 13
Bibliographies ............................................ 14
Publié par Carrefour des Cultures Africaines,
150 cours Gambetta, 69007 Lyon
04 78 58 45 70 ,
Equipe de rédaction
Basil SOYOYE (Directeur CCA),
Jean-Paul KPATCHA (Directeur
Adjoint CCA - Responsable de la
collection SMA),
Régine ROUCH (Référente de la
Bibliothèque Africaine)
Céline FABRE (Action culturelle CCA)
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Description de l’objet
Masque Gèlèdé aux lampions suspendus, Yoruba, Bénin, Milieu du XXe siècle,
Bois clair polychrome, acrylique, H : 35 cm L : 39 cm, l : 33 cm, P. 2560 g
N : MA 2013.9.1
Le faciès jaune, trois scarifications noires verticales sur chaque joue et trois scarifications
horizontales sur le front. Les yeux bleu indigo ouverts, fentes et pupille rondes et
soulignés de noir, col non peint mais avec des points d’attache, cloche verte surmontée
d’un coussin rouge et noir strié de bleu turquoise avec deux embouts ramenés à l’avant
du faciès et reliés par un croisant-diadème.
2
Le turban porte un autre coussin vert
portant cinq étais rouges d’où se
déploie une superstructure
décoratrice (lampions rayés, tresse
longitudinale.)
Ce masque Gèlèdé a été collecté par
le Père Francis Athimon vers 1977 à
Thio-Agouagon dans la région des
Collines au Bénin. Le Père Athimon
est présentement en mission en Côte
d’Ivoire.
Interview vidéo Francis Athimon, SMA
Cliquez ici
Description de l’objet
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« Voyage du Masque Gèlèdé »
Le peuple Yorùbá es Yorùbá, l’une des plus grandes ethnies d’Afrique, subsistent depuis des siècles
sur le continent. Il existe de nombreuses théories et histoires orales sur l’origine
du peuple Yorùbá. Pour les adeptes de la théorie créationniste, c’est Olódùmarè
(Dieu créateur), qui a installé les Yorùbá à Ilé-Ifè, lorsqu’il envoya Odòduwà
accompagné de plusieurs divinités peupler la terre. En revanche pour la théorie migratoire,
Odòduwà, le fondateur du peuple Yorùbá, émigra de la Mecque à Ilé-Ifè. Il fouillait
l’avènement de l’Islam. Une troisième théorie, conquistador, associe l’origine des Yorùbá
à l’émergence d’un puissant roi nommé Odòduwà qui aurait conquis les populations d’Ilé-
Ifè, Sud-Ouest Nigeria, et instaurer son pouvoir.
A son origine, la société Yorùbá était organisée autour de puissantes cités-États bien avant
la colonisation britannique en 1901. Malgré la diversité dans l’organisation du quotidien,
des années de guerres fratricides inter royaumes, les Yorùbá demeurent unis par leur
croyance ancestrale, leur langue, leur vision commune de constituer un peuple, une société
ou nation.
Avec la traite des Noirs, les Yorùbá (du Nigéria, du Bénin et du Togo) déportés en
Amérique ont pris avec eux leur culture ancestrale. Ainsi, leurs croyances, organisation
sociale et savoir-faire se sont répandues à Trinidad-et-Tobago, Cuba, Haïti, Sainte-Lucie,
au Brésil, en Guyane et en Jamaïque. Pour les Yorùbá, bien que douloureux et déplorable,
l’esclavage devint une opportunité de constituer une nation transcontinentale et
d’internationaliser leurs croyances et cultures.
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e plus grand culte Yorùbá est celui de « Olódùmarè », ou « Olórun », (roi du
ciel). Être suprême, dieu du ciel, Olórun est l'origine de tous les êtres. On ne le
représente jamais. On s'adresse à lui par la médiation de nombreuses divinités qui
s'occupent des différents aspects du monde. Le monothéisme Yorùbá accorde
beaucoup d’importance à ces divinités connues sous le nom d’Òrìsà. Ils sont les envoyés
d’Olódùmarè sur la terre. Chaque Òrìsà gère un élément naturel, assurant ainsi l’ordre
dans le monde visible et l’harmonie entre le monde invisible et le monde visible. Parmi les
600 esprits surnaturels (Òrìsà), on peut citer :
Sangó, la divinité de la foudre
Ògún, celle du fer
Obàtálá, celle de la justice
Yamaja, esprit de la fertilité et des eaux salées
Òsun esprit de l’amour, protecteur des enfants et des mères, maître des eaux douces.
Selon un proverbe Yorùbá, « òrisà bi iya kòsi », il n’existe aucune divinité plus
importante que la mère, accordant ainsi l’honneur suprême à la femme mère.
a « religion des Òrìsà » désigne le culte qui vénère les Òrìsà, les divinités d'origine yoruba, autant en Afrique que dans les Amériques, notamment au Cuba, au Brésil, à Trinidad et ailleurs. La religion des Òrìsà a acquis plus de visibilité internationale avec les lancements en 1981 des Conférences mondiales sur la tradition et la culture
des Òrìsà (COMTOC).
Pour les adeptes de différentes divinités Yoruba, la religion des Òrìsà doit être reconnue comme une « religion universelle » puisque ses adhérents sont de plusieurs cultures et sa pratique est transnationale, voir transcontinentale. Un autre argument en faveur de l'universalisme de la religion des Òrìsà, c’est l'existence du corpus des « odùs Ifá1 ». Selon les promoteurs de la religion des Òrìsà, ces « signes » divinatoires d’Ifá permettent aux adeptes des Òrìsà, d’avoir un Livre sacré qui sert de références aux babaláwo (Père des secrets, spécialistes de la divination par Ifá) partout dans le monde. Lire plus…
1 Ifá est le porte-parole d’Orunmila aussi appelé Obatala ou Oshala, divinité de la création. Ifá est consulté en cas de doute. Odù-Ifá sont l’ensemble des vers et les chants constituent un corpus présenté comme l’équivalent des livres sacrés d’autres religions.
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Les Òrìsà
La religion des Òrìsà
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Origine du Gèlèdée Gèlèdé est un opéra somptueux de masques en bois, de costumes, de chants, de
danse et de tambours dans un lieu public.
Née dans la 2ème partie du 18è siècle, vraisemblablement à Kétou, prestigieux
royaume Yorùbá, cette tradition s'est rapidement propagée à d'autres groupes Yorùbá,
dispersés au Sierra Leone, Cuba et au Brésil, suite à la traite des esclaves de l'Atlantique au
19 siècle.
L'étymologie du mot Gèlèdé révèle sa raison d’être principale et sa signification ultime.
« Gè » signifie apaiser, caresser ou dorloter ; « èlè » fait référence à la partie intime de la
femme, celle qui symbolise les secrets des femmes et leur pouvoir à donner la vie ; enfin
« dé » signifie adoucir avec soin ou avec douceur. Ainsi la femme est la clé qui ouvre la
porte de la compréhension de cette tradition cultuelle et culturelle. Leurs pouvoirs
mystiques tiennent de l’ambivalence, le bien et le mal. En effet, la femme est censée
posséder deux facettes, l’une positive, créatrice et protectrice de la vie, l’autre négative,
destructrice, responsable de la stérilité, de la sécheresse, des épidémies, de la mort.
Ainsi, ces cérémonies soigneusement conçues et organisées rendent hommage aux pouvoirs
des femmes et aux valeurs humanistes qu’elles incarnent tel que le courage, la solidarité…
Le Gèlèdé a lieu au moins une fois par an après les récoltes. La cérémonie peut aussi être
organisée lors d’événements importants, en cas de sécheresse ou d’épidémie. Elle se
déroule généralement la nuit, sur une place
publique. Les joueurs de tambour et les
chanteurs apparaissent en premier, le plus
souvent accompagnés d’un orchestre, puis
viennent les danseurs, qui portent des
masques sculptés et des costumes très
travaillés.
En 2008, le patrimoine oral Gèlèdé (danses,
chants et poèmes épiques ou lyriques en
langue Yorùbá) a été inscrit
par l’Unesco sur la liste représentative du
patrimoine immatériel de l’humanité.2
2 Cf. https://ich.unesco.org/fr/RL/le-patrimoine-oral-gelede-00002
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Photo Michaël Wittmer @wikipedi
Le Gèlèdé dans la mythologie Yorùbá
La culture Yorùbá est dotée d’une riche
tradition mythologique, qui a longtemps
été orale. Selon le mythe et la tradition
orale, il y avait Yéwájobí, mère de tous les
Òrìsà, qui ne pouvaient plus avoir
d’enfant. Ce qui la rendait malheureuse et
inconsolable. Triste et désespérée, elle
alla consulter Ifá, le grand oracle d’Ifè. Le
prêtre d’Ifá, « babaláwo » l’écouta
longuement et attentivement. Puis, il lui
ordonna de faire un sacrifice. Ainsi fut
fait. Puis suivant les bons et sages conseils
de « babaláwo », Yéwájobí, se procura
des images de bois, les coiffa et orna ses
bras avec des anneaux de métal. Ainsi
masquée et parée, elle dansa. Peu de
temps après, elle mit au monde un petit
garçon, qu’elle appela Èfè, synonyme de
joie et de plaisanterie. Puis naquit ensuite
une petite fille. Lorsque celle-ci fut plus
grande, on l’appela Gèlèdé car elle était
très grosse et qu’elle dansait aussi bien
que sa mère, Yéwájobí.
Mais quand Èfè et Gèlèdé voulurent des
enfants, il s’avéra que ce n’était pas
possible. Gèlèdé alla voir Ifá à son tour. Il
lui prodigua les mêmes conseils qu’il avait
prodigués à sa mère. Gèlèdé les suivit et
Yéwájobí, lui transmit ses anneaux de
métal. Gèlèdé et Efè eurent des enfants.
L’histoire ne les énumère pas, mais elle
assure qu’une fois mère, Gèlèdé se coiffa
tous les jours d’un bandeau d’étoffe
appelé « Gèlè ». Ainsi les femmes
acquirent le pouvoir de diriger et
d’organiser la société puis de veiller à son
équilibre.
e masque Gèlèdé est connu pour son rôle religieux et sociétal à plusieurs niveaux.
En effet, chez les Yorùbá, ce genre oral Gèlèdé a pour rôle principal, la régulation de la vie
sociale et l'équilibre entre les contradictions pour que l'harmonie règne au sein des
communautés. Dans cette société de masque, le Gèlèdé est organisé autour des Ìyá3 les «Mères»
et est dansé de jour comme de nuit. La danse de nuit peut être organisée pour des rites spéciaux
et exceptionnels en cas d'épidémie, de sécheresse ou de calamités. Le Gèlèdé sert à solliciter l'aide des
Awon Ìyá, pour calmer leur courroux et leur mécontentement car ces malheurs sont interprétés comme
des punitions infligées par les « Mères » (les Ìyá) mécontentes ou outragées. Le Gèlèdé utilise aussi la
caricature et la dérision pour dénoncer les comportements déviants ou les actes asociaux. Il permet aussi
de traduire les mutations socio-économiques et culturelles qui affectent la communauté Yorùbá-nago.
3 Etymologiquement le terme grand-mère désigne Iyanlashe c'est-à-dire l’oiseau de la Mère de nuit ». Iya est l‘oiseau par laquelle elle se signale. Aje veut dire aussi les Mères. Ce nom résulte de la contraction d’Iya et d’Ashe). Masques Gèlèdè, Pouvoirs de femmes, exposition du 23/3 – 29/4 1990. P. 5.
L Fonction de l’objet
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Regards d’artistes Une histoire de famille….
ans certaines familles de sculpteurs béninois, le savoir-faire se transmet toujours de père en fils. Du côté de Cové, dans la famille Dossou, il y a le père, Tidjani Dossou qui sculptait de petites figurines de jumeaux sur les marchés. Ses fils et
petits -fils vont à leur tour s’inscrire dans cette tradition familiale et devenir au fil des années des artistes plasticiens confirmés et extrêmement talentueux.
Lassissi Dossou Né en 1955, Lassissi DOSSOU est l’aîné de la fratrie de 4 frères. Il a hérité des mains d’orfèvre de son père et pendant 35 ans, il a sculpté sur bois, des masques traditionnels ou des formes animales caractéristiques de l’esthétique Yoruba.
Amidou Dossou
Dans cette lignée de sculpteurs, selon
Kifouli Dossou, le « véritable sculpteur »
qui va modifier considérablement la
sculpture des masques Guélédè, c’est son
grand frère Amidou Dossou, le père
d’Ismaël et Wabi Dossou.
Né à Cové en 1965, Amidou Dossou
sculpte des masques en bois aux formes
complexes, parfois dotés d'articulations
ou d'incrustations diverses (perles,
miroirs).
D
Masque Gèlèdé, 1998 Sculpture en bois d’allumette et émaux à l’huile, 40 x 31 x 36 cm
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Ils possèdent une patine, obtenue par l’emploi de la couleur comme par l’essence, qui, au
premier abord, leur donne une apparence de terre cuite. Ces œuvres ont perdu leur
fonction rituelle mais permettent, comme des icônes, la survie des histoires mythiques du
royaume du Bénin. Les masques d'Amidou ont rencontré le succès auprès des acheteurs
américains et européens.
Kifouli Dossou
« Lorsqu’on vient d’une famille de sculpteurs, n’importe quel garçon de la famille naît pour devenir sculpteur ». Selon Kifouli Dossou, on naît sculpteur, on ne le devient pas. Né en 1978 Kifouli DOSSOU vit et travaille toujours actuellement à Cové. Il commence à sculpter à l’âge de 10 ans et décidera à sa majorité d’en faire son activité principale, tout comme ses frères Lassissi et Amidou. Il réalise des masques en bois s’inscrivant dans la tradition Gèlèdé. S’émancipant du rôle rituel de tels masques, ses créations constituent des œuvres d’art mêlant tradition et modernité.
Ces masques de couleurs vives ont fait que l’artiste est désormais reconnu un peu partout en Afrique et en Europe.
Ce sculpteur au talent incontestable a exposé ses masques à la Fondation Zinsou à Cotonou « Le sondage » en février 2011. Pour son œuvre à la fois colorée, contemporaine et bercée dans la tradition Gèlèdé, l'artiste béninois a remporté en 2014 le premier prix Orisha pour l’art contemporain africain. Ses masques, qui proposent une nouvelle dimension à la tradition des Gèlèdé, et qui pourraient privilégier l’esthétisme, n’en demeurent pas moins des supports de messages.
Masque Gèlèdé, Le hibou et les deux
chouettes, Bois peint 51x34x28
Regards d’artistes
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Ismael et Wabi Dossou Comme leur père, Amidou Dossou, Ismael et Wabi Dossou perpétuent la tradition familiale à Cové.
Masque contemporain Gèlèdé masculin
(Lossou) polychrome surmonté d'une figure de
lion et panthère surmontés d'un porc épic. Ces
animaux présents dans les forêts d'Afrique de
l'Ouest incarnent la puissance et le pouvoir.
Signé.
Long : 22 cm ; Haut. : 34 cm. Ismael Dossou
Masque contemporain Gèlèdé féminin (Lossi)
polychrome représentant un visage scarifié,
superbe coiffe tressée en trois parties
surmontées d'une coupe où viennent se
nourrir de boules de maïs trois oiseaux
messager des mères, incarnation des ancêtres
et des divinités. Fines scarifications, les yeux
en amandes, bouche sensuelle. Signé. Long :
29 cm ; Haut : 32 cm. Wabi Dossou
Regards d’artistes
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Le Coq et l’épervier (Conte de la tradition orale Yoruba, Nigéria, Bénin et Togo)
adis, le coq et l’épervier étaient de grands amis. Ils se rendaient visite, se promenaient ensemble et se montraient très prévenants l’un envers l’autre. Un jour, le coq vint voir l’épervier, qui était justement en train de se raser avec un rasoir sans manche. Le coq dit : « J’ai besoin de me raser moi aussi, mais je n’ai pas de rasoir » « Et bien mon ami, je te prête mon rasoir sans manche, proposa aimablement l’épervier, mais fait attention à ne pas le perdre. » Le coq prit le rasoir et l’emporta chez lui. Quand il eut fini de se raser, il le laissa trainer dans le poulailler. Les poussins ne tardèrent pas à le trouver, ils jouèrent un moment avec l’objet puis l’enterrèrent.
Le lendemain, l’épervier vint chercher son rasoir sans manche, mais personne ne savait où il était passé. Le coq s’excusa : « Nos poussins ont dû l’enterrer. Attends un moment, leur mère, la poule va te le retrouver. » La poule se mit à gratter la terre et l’épervier à attendre, à attendre longtemps. A bout de patience, il finit par se fâcher : « Puisque ce sont vos poussins qui ont perdu mon rasoir sans manche, je reviendrai tous les jours vous prendre un de vos petits tant que vous ne m’aurez pas rendu ce qui m’appartient ! » Sur ce, il emporta tout de suite un poussin. Depuis ce temps, l’épervier revient tous les jours chercher un poussin et la poule gratte partout la terre, sans pour autant trouver le rasoir sans manche.
Source : ecole-mermoz-au-senegal.com/equipe/bcdcontedumois.html
Proverbe Yoruba : "Celui qui jette une pierre sur le marché frappera son parent."
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Ecrivain et dramaturge, Wolé Soyinka est né en 1934, à Abeokuta,
dans le Sud-Ouest du Nigéria, au sein de l’ethnie yoruba. Premier
africain à se voir attribuer le prix Nobel de Littérature en 1986, Wolé
Soyinka n’a jamais dissocié son engagement politique de son œuvre.
Wolé Soyinka est un lutteur, un homme fortement engagé au service
de la vie, un militant sans concession en faveur de la démocratie et des
droits de l’homme.
« Ce prix a contribué à la reconnaissance internationale de l’excellence
des littératures africaines et en particulier, de la vitalité de celles de
l’Afrique anglophone, longtemps éclipsées par le bruit fait autour de
la négritude. » (Michel Fabre, « Wolé Soyinka, 1934)
A propos de la négritude, Wolé Soyinka disait : « le tigre de la forêt
ne clame pas sa tigritude, il se contente de bondir sur sa proie. »
Cette phrase devenue célèbre résume à elle seule son combat pour les
cultures africaines.
« Voilà plus de trente ans que l’écrivain nigérian Wolé Soyinka étonne,
dérange et séduit. Universitaire, acteur, metteur en scène, militant
politique, il n’a cessé d’investir tous les modes d’expression littéraire
(théâtre, roman, poésie, essais critiques, Mémoires d’enfance) pour
présenter l’image d’une « Afrique plurielle » aux prises avec elle-
même. » (Denise Goussy, le Monde diplomatique, avril 1986)
L’œuvre de Wolé Soyinka s’enracine dans la terre et les mythes
africains, particulièrement dans la mythologie yoruba. L’écrivain dit
vivre en intimité avec ces divinités comme avec les membres de sa
famille étendue : « je ne les adore pas, je leur demande conseil,
elles m’accompagnent. »
Quelques dates ….
En 1959, « Le lion et la perle », première pièce de théâtre qui dépeint la vie de villageois ordinaires sur un mode humoristique.
En 1960, « la danse de la forêt », pièce de théâtre en l’honneur de l’indépendance nigériane.
En 1964, il publie son premier roman « les interprètes », satire féroce de la société nigériane, pleine d’humour et d’ironie.
En 1971, Il écrit pendant son incarcération, « Cet homme est mort », livre personnel qui devient témoignage et message universel.
En 1975 il écrit « La mort de l’écuyer du Roi », sa première tragédie anti- colonialiste.
En 1976, il publie « Mythe, littérature et monde africain », études critiques sur sa conception de la littérature africaine.
En 1986 « Que ce passé parle à son présent », discours du 10 décembre 1986 à Stockholm, puissant réquisitoire contre toute forme d’amnésie, de tyrannie ou de barbarie.
En 2006, il publie « Il te faudra partir à l’aube », troisième volet de sa trilogie (Aké, les années
d'enfance, 1981, Ibadan, les années pagaille. Mémoires : 1946-1965, 1989).
Aujourd’hui encore, le « Tigre Soyinka » continue d’étonner, de déranger et de séduire. Il a puisé dans la terre où il est né une énergie visionnaire qui l’a rendu indomptable !
Repérage bibliographique /Bibliothèque Africaine
Culture et tradition au Bénin, le Guédélé, le Vodoun ? Ed Sépia,
Orishas, Pierre Vergé, Ed Métaillé,
Les masques Guédélé, Centre IFAN,
Masques Guédélé, pouvoirs de femme, Sophie Rouchon,
Art et masques en pays Yoruba, Martinez-Monteil
Wolé Soyinka « la plume et le point »
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Interview RFI avec Wolé Soyinka
« Cliquez ici »
Bibliographies Atanda J.A. An introduction to Yorùbá History: Ibadan University Press, 1980 pp77
Drewal Henry John and Drewal Margaret Thompson. GELEDE Art and female Power
among the Yorùbá. Indiana University Press, Bloomington USA. 1990.
Kali Argyriadis et Stefania Capone(éds.). La religion des orisha : Un champ social
transnational en pleine recomposition. Hermann, Paris 2011.
Lawal Babatunde. Gèlèdé spectacle: Art, Gender and Social Harmony in African Culture.
University of Washington Press. 1996.
Sachnine Michka (avec la collaboration de Akin AKINYEMI), Dictionnaire usuel Yorùbá-
français. Editions KARTHALA et IFRA, 1997.
Verger Pierre Fatumbi, Dieux d’Afrique : Culte des Orishas et Vodun à l'ancienne Côte
des Esclaves en Afrique et à Bahia, la Baie de tous les saints au Brésil. Hartmann, 1954.
https://africa.la-croix.com/cultes-traditionnels-africains%E2%80%89-le-guelede-
societe-de-masques-dirigee-par-des-femmes/
Basil Soyoye, Communiquer avec l’invisible dans la religion traditionnelle Yorùbá (dans
https://archeographe.net/Communiquer-avec-l-invisible-dans#footnote2_abc8iy3)
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