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249 Dossier – Novembre 2013 L’UNION FAIT LA FORCE [ GRAT 2013]

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Dossier Terre Information Magazine N° 249

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L’UNIONFAIT LA FORCE

[ GRAT 2013]

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02. DOSSIER

GRAT 2013 : L’UNION FAIT LA FORCE

P. 02 À 15

[Cadre d’emploi de la force terrestre]UN MONDEPLUS QU’INCERTAIN

[GRAT 2013]L’UNION FAIT LA FORCE

[ Au cœur d’une ambition politique ] UN OUTIL EFFICACE ET CRÉDIBLE

[Un nouveau contrat opérationnel]ADAPTÉAUX AMBITIONSNATIONALESRÉAFFIRMÉES [L’homme au cœur

du système « armée de Terre »]DES HOMMES ET DES ARMES

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Textes : CNE Sabine FOSSEUX et CPIT de Rennes • Photos : ADC Gilles GESQUIERE, ADJ Arnaud KARAGHEZIAN, CCH Alexandre DUMOUTIER • Illustrations : CPIT de Rennes

I l faut serrer les rangs dans ces moments dif ficiles. » Cet impératif de cohésion est le message essentiel que le CEMAT sou-haitait adresser à ses officiers rassemblés à Paris, à qui il a rappelé, avec prag-

matisme, les défis et dif ficultés à surmonter. L’armée de Terre fait face à une vague de pro-fondes restructurations et déflations. « Le nou-vel effort demandé à l’armée de Terre est consi-dérable, a souligné le CEMAT. Nous devrons le fournir en achevant les restructurations déjà entamées et en préparant la nouvelle transfor-mation. » Les déflations ne sont pas le seul défi à relever. L’armée de Terre doit, en effet, toujours faire face au dysfonctionnement du logiciel Louvois, aux contraintes fortes qui pèsent sur les ressources humaines, etc. Autant de sujets sur lesquels le commandement doit s’engager intensivement.

UN NOUVEAU FORMATNous sommes à la charnière de deux lois de programmation militaire1. La nouvelle est le « moins mauvais compromis » permettant

[GRAT 2013]

Le 9 octobre, généraux et officiers en temps de commandement étaient réunis à l’École militaire autour du général d’armée Bertrand Ract Madoux, chef d’état-major de l’armée de Terre, pour le grand rapport annuel. L’occasion pour le CEMAT de faire un état des lieux en toute transparence.

L’UNION FAIT LA FORCE

« Je me suis battu pourles équipements. Je me bats pour les hommeset les femmes de l’arméede Terre. Objectif : proposer des déflations humainement supportables. »Général d’armée Ract Madoux

1 2009-2014 et 2014-2019.2 Voir les annonces faites par le CEMAT dans le numéro d’octobre 2013 de TIM, pp. 8-9.

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Les conflits dits « conventionnels » n’ont pas disparu. Ils se sont au contraire multipliés. Parallèlement, les modes d’action dits « non conventionnels » continuent de faire peser une me-

nace majeure sur les sociétés occidentales. Entre États affaiblis, voire en faillite, et groupes terro-ristes divers, on voit apparaître des acteurs qui savent tirer profit de cette situation pour se rendre incontournables. Ils savent basculer aisément du conventionnel au non-conventionnel dans les domaines politique, militaire, diplomatique et économique.Au cours des dix dernières années, les dépenses militaires ont considérablement augmenté, sauf en Europe. Ainsi, le niveau de risques et de vio-lence dans le monde ne baisse pas et est même en hausse dans certaines régions, tandis que la

Le monde est aujourd’hui en pleine incertitude géopolitique. Comme le rappelle le présidentde la République dans la préface du nouveau Livre blanc, le contexte a sensiblement changé depuis 2008 : les États-Unis revoient leurs priorités dans le domaine militaire, le monde arabe est entré dans une nouvelle phase, porteuse d’espoirs et de risques… Et, dans le même temps, les menaces identifiées en 2008 — terrorisme, cybermenace, prolifération nucléaire, pandémies, etc. — se sont amplifiées.

[ Cadre d’emploi de la force terrestre ]

UN MONDE PLUSQU’INCERTAIN

à l’armée de Terre d’assurer son nouveau contrat opérationnel dans un contexte bud-gétaire tendu. Il prévoit 66 000 hommes et femmes projetables, contre 72 000 aujourd’hui. La déflation dans les forces sera donc d’un volume équivalent à celui d’une brigade inter-armes. Mais il y aura aussi et surtout de très im-portantes réductions hors forces, qui ne seront pas sans conséquences sur le fonctionnement. « Il faudra être vigilant quant aux effets sur le moral et la capacité opérationnelle, car cela “impactera” la vie quotidienne, a précisé le CEMAT. Je me suis battu pour les équipements2. Je me bats pour les hommes et les femmes de l’armée de Terre. Objectif : proposer des défla-tions humainement supportables. »« Dans le cadre de cette réduction de format, nous recherchons de nouveaux équilibres, a souligné le général de corps d’armée Jean-Philippe Margueron, major général de l’armée de Terre. Nous allons tout faire pour préserver le cœur de force, en gardant comme priorité la préparation opérationnelle. »

UNE ANNÉE DE SUCCÈS OPÉRATIONNELSCette année 2013 a, certes, été marquée par des travaux dif ficiles, mais c’est aussi une année de brillante réussite pour l’armée de Terre sur le plan opérationnel, avec notam-ment le désengagement de l’Afghanistan et l’opération SERVAL au Mali, qui lui valent la reconnaissance des citoyens, des autorités et de l’opinion internationale. « Ce succès, on le doit aux soldats et aux chefs qui les ont com-mandés sur le terrain », a insisté le CEMAT. l

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DOSSIER

GRAT 2013 : L’UNION FAIT LA FORCE

04.

Intervention du général de corps d’armée

Jean-Philippe Margueron, major général

de l’armée de Terre (MGAT), le 9 octobre 2013

à l’amphithéâtre Foch de l’École Militaire.

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logique de guerre se précise dans d’autres.Enfin, une autre menace est à prendre en compte : les catastrophes naturelles, dont le risque se trouve aujourd’hui potentiellement démultiplié par la densification de l’implantation des activités humaines, notamment des activités à risque.

AU CŒUR DES POPULATIONS L’armée de Terre agit au sol, à proximité voire au cœur des populations, car « c’est là où vit l’homme, que se déclenche la guerre et se gagne la paix ». La vocation de l’armée de Terre est de contrôler le milieu terrestre dit discontinu. Cet environnement complexe contraint les capa-cités d’action de la force armée. Cette dernière ne peut donc être efficace qu’à condition de disposer d’effectifs suffisants et maîtrisant des savoir-faire spécifiques.La guerre n’épargnera aucun espace géogra-phique ni aucun milieu d’engagement. Mais elle restera néanmoins affaire de contrôle de populations et donc des territoires où elles vivent, tout particulièrement les villes, toutes zones privi-légiées d’engagement des forces aéroterrestres. Les notions de défense extérieure et de sécurité nationale sont désormais étroitement liées. Au côté des pays étrangers (OPEX), le territoire natio-nal est par conséquent un théâtre qui ne peut être ignoré (MISINT). Tout au long de l’année, l’équivalent d’un régiment (800 hommes) est engagé au quotidien en métropole au service de nos concitoyens, dans le cadre des missions VIGIPIRATE, HÉPHAÏSTOS ou HARPIE. À ses mis-sions « régulières », s’ajoutent des interventions ponctuelles : incendies, inondations, tempêtes… Dans les situations extrêmes, en soutien des ser-

vices spécialisés, l’armée de Terre peut réunir quatre compétences essentielles que sont l’aide aux populations, la sécurisation des biens, l’appui spécialisé (génie, décontamination, hélicop-tère…) et le soutien logistique. Bien que le contrat du nouveau Livre blanc demande à l’armée de Terre de pouvoir mettre à disposition des pouvoirs publics jusqu’à 10 000 hommes, il est évident que, face à une catas-trophe majeure, l’armée de Terre engagerait la totalité des moyens disponibles et nécessaires à la normalisation de la situation. Enfin, l’armée de Terre peut s’appuyer sur ses réserves dont un nou-veau dispositif d’alerte a été mis en place depuis l’été 2011 (Alerte territoire national 500 hommes). L’armée de Terre a donc un rôle majeur à jouer pour rassurer, protéger et dissuader. Dans des conditions extrêmes, elle pourra même constituer l’ultima ratio, le garant de la continuité de l’État, qui est une de ses raisons d’être.

UN OUTIL DE DÉFENSEADAPTÉ AUX MENACESOutil adapté à la complexité des milieux humains et des menaces, l’armée de Terre tire sa force de sa cohérence et de sa capacité à agir, dans un cadre interarmées, en nombre et dans la durée. Conserver la polyvalence et la cohérence des forces terrestres est un enjeu. La force de l’armée de Terre repose également sur la complémentarité de ses composantes. Il faut donc se garder de bâtir un modèle d’armée sur les seuls conflits passés ou des opérations ponctuelles ou partielles. Aucune guerre ne ressemble à la précédente et, en la matière, la notion de surprise demeure une constante. l

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Un sapeur du 31e régiment

du génie (31e RG)

au contact d’un enfant,

lors d’une sécuristation

pour une mission de fouille

des égouts de Gao (Mali).

3 Le milieu terrestre est fait de plaines, montagnes, vallées, coupures sèches (routes, voies ferrées, etc.) et humides (fleuves et rivières).

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06. DOSSIER

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[ Le nouveau contrat opérationnel ]

DES AMBITIONSNATIONALES RÉAFFIRMÉESDE NOUVEAUX CONTRATS OPÉRATIONNELSADAPTÉS AUX AMBITIONS NATIONALES

Alerte(échelon national

d’urgence)

5 000 h.

Projection en 7 joursd’une force interarméesde 2 300 h. à 3 000 km

Renfort des forces de sécurité

(crise majeure)

10 000 h.

Moyens adaptés des forces navales et aériennes

Prévention

Base aux EAU+

plusieursimplantations

en Afrique

2 à 3 opérationsde gestion de crise simultanées

6 à 7 000 h.

1 opération de coercition majeure 15 000 h.

(avec moyens de commandement et logistique associés)

Pour y répondre, des moyenset un nouveau modèle

d’armée de Terre

66 000 hommes projetables 7 brigades interarmes

200 chars lourds et 250 chars médians2 700 véhicules blindés multirôles et de combat

140 hélicoptères de reconnaissanceet d’attaque et d’appui

115 hélicoptères de manœuvre30 drones tactiques

Disposant de moyens de plus en plus comptés, la modernisation de notre outil de combat aéroterrestre initiée lors de la précédente LPM doit être poursuivie. Le programme SCORPION, qui doit permettre l’indispensable renouvellement des capacités d’engagement au contact de tous niveaux, et leur intégration dans un système cohérent à des coûts maîtrisés, constitue donc une priorité.

MISSIONS PERMANENTES MISSIONS NON PERMANENTES

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PRENDRE EN COMPTE LA RÉALITÉ DES CONFLITS D’AUJOURD’HUIET DE DEMAIN ET CONSERVER UNE CAPACITÉ D’ACTION À LARGE SPECTRE

Demain comme hier, c’est au sol, au cœur des populations, là où vit l’homme, que se déclenchera la guerre et se gagnera la paix. Depuis vingt ans, l’armée de Terre a eu en permanence une moyenne de 8 500 hommes engagés en opération, fournissant ainsi invariablement 80% des effectifs engagés en opération extérieure.Les mythes de la guerre à distance, de la guerre courte, de la guerre exclusivement asymétrique, de la projection de puissance sans projection de force, du tout technologique aux dépens du nombre, du « tout forces spéciales »… ne peuvent permettre de prendre des risques inacceptables.

Forces légères de protectionÉquipement très léger

Forces légères d’intervention

2 brigades

Equipement légerPVP / VBL / VBAE

/ Mortiers

Forces de stabilisation

3 brigades

Equipement médian VAB / VBMR / EBRC /

10 RCR / CAESAR

Forcesde coercition

2 brigades

Equipement lourdXL / VBCI / AUF 1

/ LRU

Spécialisation tactique

Polyvalence stratégique

Différenciationdes équipements

des forcesOptimisationet ajustement

de l’environnement de l’armée de Terre

Maintiende l’éventail

des capacités

Il convient donc de préserver l’équilibre entre fonctions opérationnelles et la nécessaire complémentarité entre les forces, pour répondre à tout le spectre des menaces.

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Peu de pays au monde, notam-ment en Europe, ont encore aujourd’hui des armées, par-t icul ièrement une ar mée de Terre, capables de répondre

à l’ensemble du spectre des opérations. La France fait partie de ce cercle restreint parce qu’elle l’a voulu. Le Livre Blanc 2013 et le projet de LPM 2014-2019 réaffirment cette ambition. Grâce aux efforts entrepris ces dernières an-nées, l’armée de Terre jouit, par ailleurs, d’une crédibilité reconnue de ses principaux alliés. Nonobstant la nouvelle réforme à conduire, l’armée de Terre conservera son efficacité opé-rationnelle et sa renommée.Capable de combattre lorsque cela est néces-saire, l’armée de Terre s’affirme également, en toutes situations, comme l’armée du retour à la normalité. Par les traités et accords qui lient la France à de nombreux pays et organisations internationales, l’armée de Terre joue un rôle majeur dans la mise en œuvre de sa politique étrangère. Elle continuera à le jouer demain.

UN SEUIL DE CRÉDIBILITÉ À RESPECTERConserver un format et des capacités suf fi-santes, c’est aussi s’assurer le droit de donner son avis et de commander au sein d’une coali-tion. L’armée de Terre doit également pouvoir répondre à l’imprévu. Il lui faut notamment conserver les facteurs de supériorité lui per-mettant de conduire des actions of fensives. L’artillerie, les blindés, les chars et les héli-coptères de combat sont des pièces majeures à avancer sur l ’échiquier des opérations actuelles et futures.Des domaines de spécialités ponctuellement moins sollicités peuvent être amenés à jouer un

rôle majeur dans les opérations, à l’image de l’artillerie en Afghanistan, des chars au Liban et des hélicoptères antichars en Libye. Car, comme l’a montré l’intervention au Mali, seule la combinaison des effets produits par ces diffé-rentes composantes confère à la force terrestre toute son efficacité. Aux titres du Livre blanc 2013 et du projet de LPM 2014-2019, l’armée de Terre conservera l’ensemble de ses capaci-tés opérationnelles, même si certaines seront réduites par rapport à aujourd’hui.

DES ENGAGEMENTS INCONTOURNABLESÀ l’instar de l’emploi de l’arme nucléaire, la force d’une Nation s’exprime dans sa capa-cité à engager ses soldats au sol. Accepter de

Avec son armée de Terre, la France dispose aujourd’hui, et disposera demain, d’un outil complet et cohérent, gage de crédibilité sur la scène mondiale et de confiance vis-à-vis de ses alliés.

[ Au cœur d’une ambition politique ]

UN OUTIL EFFICACE ET CRÉDIBLE

Sécurisation de la sortie d’un convoi logistique du camp militaire français de Warehouse

par un militaire de la section d’aide à l’engagement direct (SAED) en Afghanistan.

4 Postes transférés avec une charge de déflation résiduelle de 3 537 postes.

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L’armée de Terre est et restera un outil de combat efficaceet cohérent, à la hauteurdes ambi tions de la Nation.

perdre, s’il le faut, des hommes au combat, traduit une réelle détermination et participe pleinement de la crédibilité du pays. Cette considération en apparence brutale est néan-moins essentielle : la mort au combat ne doit pas relever de l’inconcevable. Considérer un soldat blessé ou mort au champ d’honneur comme une victime, c’est un peu – en banali-sant son engagement – le tuer une seconde fois. Le métier militaire va, en effet, de pair avec des risques pris en toute conscience par ceux qui embrassent cette carrière. Le concept de « guerre zéro mort » est une utopie qui fait long feu et fragilise considérablement les sociétés occidentales. Ainsi, l’acceptation courageuse de pertes éventuelles est un signe de volonté et un message fort envoyé à l’adversaire. l

Le CCH Gabriel Dalla-Libera, tireur de précision PGM, et le CCH

Sébastien De Wazieres, chef de pièce au 92e RI, sont en observation

au sommet de la tour de contrôle de l’aéroport de Gao au Mali.

L’ARMÉE DE TERRE « D’EMPLOI »•93 000 des 126 500 « terriens* » (*dont BSPP et UIISC) ;•8 hommes sur 10 dans un régiment des forces ;•8 brigades interarmes (puis 7 en cours de LPM) – 1 brigade de forces spéciales – 1 brigade de renseignement – des moyens de commandement et de soutien logistique associés ;•80 % de l’effectif engagé en opérations depuis vingt ans.

LES RESSOURCES HUMAINES•11,6 % officiers – 31,8 % sous-officiers – 56,6 % militaires du rang ;•72 % de contractuels ;•45 % des effectifs militaires du ministère mais 29 % de sa masse salariale hors pensions (BOP Terre) ;• l’un des premiers recruteurs de France : 11 300 jeunes à recruter en 2013.

LE BUDGET 33 % du programme 178 « préparation des forces », soldes comprises, mais 18,9 % des budgets consacrés à la préparation et l’entraînement des forces :•3,73 G€ consacrés aux rémunérations (6,3 G€ avec pensions) ;•94,5 M€ consacrés à l’activité et l’entraînement des forces (hors carburant) ;•856 M€ consacrés à l’entretien programmé des matériels terrestreset aéroterrestres. 2,3 G€ consacrés aux équipements :• environ 20 % des crédits d’équipements du ministère.

L’ARMÉE DE TERREET LA RÉFORME (2008-2015) • 21 828 postes supprimés ;• 25 678 postes transférés vers les services interarmées4.L’armée de Terre est aujourd’hui l’un des acteurs principaux du fonctionnement de l’interarmées.

L’ARMÉE DE TERRE EN BREF (chiffres hors LBDSN 2013)

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10.

L es exigences du métier imposent de disposer d’une armée jeune. Cet impératif se traduit par une très forte contractualisation du personnel de l’armée de Terre (près de 70 %). Pour

conserver une armée jeune, il faut entretenir un flux annuel de recrutements et consentir des dé-parts importants (entre 11 000 et 12 000 par an). Même si les volumes de recrutement seront ajus-tés au titre des déflations à conduire, ce flux sera maintenu à un rythme soutenu. Contrairement aux idées reçues, le métier de soldat au sein de l’armée de Terre n’est pas simple. Former un nouvel engagé, un groupe, un équipage, une section puis une unité de combat demande beaucoup de temps et de moyens. La complexité croissante des opérations terrestres nécessite une formation initiale conséquente puis un entretien permanent des savoir-faire techniques et tac-tiques. La préparation opérationnelle est ainsi

L’armée de terre est et restera une arméede soldats jeunes, motivés, compétents et aguerris.

[ L’homme au cœur du système « armée de Terre » ]

DES HOMMESET DES ARMES

Mise en condition

avant projection (MCP)

de la 3e Cie du 21e RIMa avant

son départ en Guyane.

Le SCH Masters Teikiteetini,

instructeur ISTC, débriefe

une séance de tir.

Hélicoptère Tigre au-dessus

de la méditerranée

après avoir quitté

le bâtiment de projection

et de commandement

(BPC) Dixmude.

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Plus que jamais, l’armée de Terre incarne les valeurs fondamentales que sont l’intégration, la cohésion, la disponibilité et la neutralité. Sa fonction « horizontale » de cohésion se double d’une fonction « verticale » de promotion interne. Dans une société marquée par l’individualisme, l’armée de Terre incarne les valeurs républicai-nes. Nos concitoyens, à la recherche de repères dans un monde en crise, ont – plus que les militaires eux-mêmes – conscience de la valeur rassurante du modèle « armée de Terre ». A ce titre, l’armée de Terre a été récompensée en 2013 par le prix Tolède (tolérance et diversité). L’armée de Terre veille et veillera enfin à demeurer « l’escalier social » qu’elle a toujours été avec 70 % des recrutements de ses sous-officiers réalisés parmi les militaires du rang dès 2012 et 70 % des recrutements de ses officiers de carrière du corps des officiers des armes réalisés à partir de la ressource interne. La manœuvre RH va être dure, mais elle préservera notre modèle d’intégration et d’évolution professionnelle.

UN VÉRITABLE ESCALIER SOCIAL

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Un véhicule blindé de combat d’infanterie (VBCI) couleur sable de la 13e demi-brigade

de Légion étrangère (13e DBLE) conduit par un pilote du 35e régiment d’infanterie (35e RI) progresse

dans la région d’Al Sailia lors de l’exercice GULF FALCON 2013.

l’assurance-vie du soldat et, surtout, la garan-tie de l’efficacité opérationnelle, comme l’ont encore démontré les opérations au Mali.

UN BESOIN DE MODERNITÉ, À LA HAUTEUR DES DÉFIS D’AVENIRL’armée de Terre est dotée de systèmes d’armes modernes. Depuis l’arrivée du Leclerc, elle a initié l’indispensable renouvellement de ses parcs majeurs. Ce renouvellement s’est confir-mé avec la loi de programmation militaire en cours, qui a permis de débuter la livraison de nouveaux équipements. Ces derniers – VBCI, Tigre, Caesar, Félin, Caïman – valorisent l’ac-tion de ses combattants.Cette moder nisation, indispensable mais coûteuse, se poursuivra avec le programme Scorpion, crucial pour l ’ar mée de Terre. Scorpion devrait permettre la livraison des véhicules blindés multirôles (VBMR) puis des engins blindés de reconnaissance et de combat (EBRC). Ces véhicules de combat remplaceront les blindés à roues actuels, aujourd’hui à bout de souffle car omniprésents en opérations exté-rieures depuis un quart de siècle.

UN RECENTRAGE SUR LE CŒUR DE MÉTIER, L’ENGAGEMENT OPÉRATIONNELDepuis la mise en place des bases de défense, l’armée de Terre, sans ses soutiens géné-

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La brigade SERVAL lors du défilé du14 juillet 2013.

Les militaires du 16e bataillon de chasseurs (16e BC) du groupement tactique interarmes (GTIA) Kapisa

contrôlent le matériel Félin sur la base de Warehouse, en Afghanistan, avant le retour en France.

raux, se concentre sur sa seule raison d’être, l’engagement opérationnel. Depuis le transfert du soutien à l’interarmées en 2011, l’armée de Terre n’est plus constituée que d’uni-tés opérationnelles, d’écoles de formation et d’états-majors. L’armée de Terre est alignée sur les objectifs fixés par le Livre blanc 2008 et par la révision générale des politiques publiques : suppression de près de 20 000 postes et transfert de plus de 25 000 autres. Ne disposant plus que de ses seules forces de combat, l’armée de Terre a franchi à la baisse en 2012 le seuil symbolique des 100 000 mili-taires et 10 000 civils. Au terme de sa réforme, les forces terrestres représenteront 66 000 hommes projetables, contre 72 000 aujourd’hui. Les réformes successives ont considérablement réduit son format. Forte de 229 régiments en 1989, elle n’en compte plus que 80 en 2013.

UN OUTIL PERFORMANT, À DES COÛTS MAÎTRISÉSEn opération, comme sur le territoire national, l’armée de Terre jouit d’un rapport coût/effica-cité incontestable. Avec 3,74 milliards d’euros consacrés en 2013 aux salaires (hors pensions), elle ne représente que 29 % de la masse sala-riale du personnel militaire du ministère, alors qu’elle en totalise 45 % des effectifs. Cela s’ex-plique par le fort pourcentage de contractuels (plus de 70 %), tandis que 51 % des engagés de l’armée de Terre sont à l’indice plancher de la fonction publique (indice 309). Dans le domaine des matériels, la part de l’armée de Terre dans les crédits d’équipe-ment (moins de 20 %) et dans les coûts de maintenance des matériels est limitée (12 % pour l’entretien programmé des matériels terrestres et 7 % pour l’entretien programmé des matériels aéronautiques, alors qu’elle détient plus des deux tiers des hélicoptères de la Défense). Dans le domaine des opérations, alors que l’armée de Terre arme en moyenne plus de 80 % des effectifs projetés en opérations extérieures (OPEX), sa part dans le surcoût est elle aussi limitée. Sa part, enfin, dans l’économie locale n’est pas négligeable. Un régiment irrigue l’activité de la garnison dans laquelle il est implanté. Le chif fre d’affaires de l’industrie de défense terrestre, qui s’est élevé à 5,6 Mds € en 2010 (dont 40 % à l’export), ne doit pas non plus être négligé. 220 entreprises réparties sur environ 350 sites en France représentent plus de 40 000 emplois directs et indirects. l