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Anno XII - Semestre II n. 3 - Sped. abb. post. - (50 % - TO) - Tassa Riscossa, Taxe perçue - Torino CMP N. 42 - Edition française Octobre - Novembre 1996

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N. 42 - Edition française Octobre - Novembre 1996

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EditorialEditorialVoilà déjà un certain temps, depuis la loin-

taine année 1991, que Sodalitium dédiede nombreux articles à la “question

juive”, et sans doute le sujet est-il considérécomme lassant par les uns et dangereux par lesautres. Pourtant ce numéro ne fera pas excep-tion. Et nous allons vous expliquer pourquoi.Plusieurs fois nous avons dénoncé le rêve foud’un grand nombre de juifs (et de tant de prosé-lytes, maçons ou non-maçons) de “reconstruirele Temple”, et ce, pas seulement de façon sym-bolique, mais réellement. Reconstruire leTemple, qui serait le troisième, après celui deSalomon et celui d’Hérode dont le Seigneur pré-dit la destruction, destruction qui survint ponc-tuellement en l’an 70. Encore récemment, à l’oc-casion de l’affaire Priebke, le rabbin MordechaiFriedman, président de l’American Board ofRabbins, a déclaré: “Le monde a-t-il donc oubliécomment, en l’an 70 de Notre-Seigneur,l’Empire romain rasa la Judée réalisant ce quipeut être considéré comme le premier mini-ho-locauste de l’histoire? Nous demandons aux ita-liens descendants de ces criminels de nous resti-tuer les objets sacrés pris par leurs ancêtres lors-

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qu’ils pillèrent le Temple sacré de Jérusalem.Objets qui sont encore gardés dans les caves duVatican” (cf. Corriere della Sera, 8 août 1996).Mises à part les erreurs grossières du RabbinFriedman, ces paroles démontrent que la blessu-re ouverte il y a deux mille ans n’est pas encorecicatrisée. Et elle ne peut pas l’être. Pas seule-ment et pas tant pour des motifs nationalistes; cequi est en jeu c’est la véridicité ou la fausseté dela religion juive actuelle, autrement dit la véridi-cité ou la fausseté du christianisme. Jésus pèsecomme un pavé, alors il faut “démontrer” qu’Ils’est trompé. La destruction du Temple et du sa-cerdoce de la loi ancienne avec la cessation deses sacrifices, annoncée par les prophètes et parles Evangiles, a coïncidé en effet avec la venuedu Messie qui a rendue vaine, stérile, morte etmortifère l’antique religion. Reconstruire unTemple postiche, inventer un nouveau (faux) sa-cerdoce, offrir de nouveau les sacrifices bi-bliques...: tout ceci serait une tentative désespé-rée, et de toutes façons bien tardive, de nier laréalité, de nier que Jésus est le Christ. Pire enco-re: tout ceci ne peut déboucher que dans la pré-paration de la venue d’un autre “Messie” ou“Christ” qui ne peut être que l’antéchrist. “Car ils’élèvera de faux Christs” (Mt 24, 24) parce quequi ne croit pas que Jésus est le fils de Dieu,celui-là est l’antéchrist (cf. 1 Jo 2, 18). La

Sommaire

“Sodalitium” Périodique - Bulletin Officiel de l'Institut Mater Boni Consilii - Loc. Carbignano, 36 - 10020 VERRUA SAVOIA (TO)- Italie - Téléphone de l'Italie 0161-839.335; Fax 0161- 839.334 - Téléphone de France 00..39.161.839.335 - C/CP 24681108 - Direc-teur de la publication: M. l'abbé Francesco Ricossa - Aut. Trib. n. 116 du 24-2-84 - Imprimé en Italie par l'Institut Mater Boni Consilii.

Editorial p. 2Le Sionisme: un rêve magnifique ou un terrible fiasco? p. 4“Le Pape du Concile” (XIXème partie) p. 33La Béatitude p. 48Encore sur l’Opus Dei p. 58Entre ésotérisme et dévotion. Les relations dangereuses continuent p. 62RECENSIONS: La destruction du Temple chez Vittorio Messori p. 70Vie de l’Institut p. 73

Sur la couverture: “L’Eglise Catholique”, toile du peintre contemporain Mazzonis, exposéedans notre Oratoire de Turin (cf. “Vie de l’Institut”, p. 78).

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construction du Temple, rêvée par Julienl’Apostat et par Voltaire pour démentir le chris-tianisme, serait un pas suivant sur cette route. Lacréation (et la reconnaissance de la part de Jean-Paul II) de l’Etat d’Israël, les déclarations conci-liaires et post-conciliaires sur la responsabilité dela passion du Christ (attribuée aux seuls romainsou carrément aux... chrétiens, accusant ainsi lesEvangiles d’être faux) ont été les pas prélimi-naires, visant à faire croire qu’Israël vit et quel’Eglise est morte: “Tu n’a pas vaincu, galiléen!”.Jésus doit de nouveau passer pour un “impos-teur” (Mt 27, 63), et la Croix passer pour “folie”et “scandale” (1 Cor 1, 23). La crise que traversel’Eglise semble donner raison aux ennemis: les“modernistes” ont contredit le magistère in-faillible de l’Eglise, faisant croire que ces contra-dictions viennent de l’Eglise et du Pape. Denombreux “traditionalistes” leur donnent invo-lontairement raison, disant que le Pape etl’Eglise se trompent. Pour les uns l’Eglise setrompait avant le Concile, pour les autres c’estmaintenant qu’elle se trompe (et pour l’abbéMarcille, intervenu au Congrès théologique deSi si no no, on se trompe déjà depuis Léon XIIIau moins! Cf. article à paraître dans le prochainnuméro) mais les uns et les autres sont d’accordpour dire que le Pape et l’Eglise se trompent...Voilà justement ce que voulait “démontrer”l’Ennemi: l’Eglise catholique est fausse (puis-qu’elle s’est contredite), et son Messie est fauxégalement. Reste à démontrer que la Synagogueressuscite, et avec elle le Temple de Jérusalemqui accueillera le “vrai” Messie (l’antéchrist).

Vagues élucubrations de maniaques, medirez-vous? Eh bien, les chroniques récentesde cette fin de septembre ont révélé à tous ceque nous disions depuis déjà un certain temps.Le “tunnel touristique” creusé sous les fonda-tions du Temple de Jérusalem sur ordre dugouvernement israélien, qui prévoyait bienpourtant quelle serait l’immanquable réactiondes palestiniens réprimée ensuite dans le sang,ce tunnel, disais-je, n’est, dans les intentions deses constructeurs, que le premier pas vers la ré-édification du Temple. Giuseppe Zaccaria,journaliste à La Stampa (qui n’est pas le moinsdu monde un quotidien hostile à Israël, bien aucontraire), rapporte les propos qu’il a entendudans le “tunnel” de Jérusalem: “Que feriez-vous - disait un israélien aux journalistes fran-çais - si les arabes plantaient une mosquée surla Cathédrale Notre-Dame? Nous détruironscette p. de mosquée” (construite sur les ruinesdu Temple). Et un juif hareddin, juif ortho-doxe, lui explique l’importance rien moins que

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touristique du tunnel: “la tradition veut quederrière ce mur il y ait la Pierre Angulaire surlaquelle fut édifié le Temple, celle sur laquelleAbraham se préparait à sacrifier Isaac, la pier-re sur laquelle furent posées les Tables de laLoi...” (30 septembre 1996, p. 7). Quel aveugle-ment! Ils s’obstinent à chercher une pierre an-gulaire d’un Temple que Dieu a détruit, aurisque de provoquer un carnage, et ils ne veu-lent pas admettre que le vrai Temple de Dieu(Jo 2, 19-21), la véritable Pierre Angulaire estJésus-Christ (Eph. 2, 20), pierre d’“honneur”pour ceux qui croient en Lui, mais “pierred’achoppement et de scandale” pour les bâtis-seurs qui l’ont rejetée (1 Pt 2, 7 et 8). Jésus leurdisait déjà: “N’avez-vous jamais lu dans lesEcritures: La pierre qu’ont rejetée ceux qui bâ-tissaient est devenue un sommet d’angle. C’estpar le Seigneur que cela a été fait, et c’est admi-rable à nos yeux? (Ps 117, 22-23). C’est pour-quoi je vous dis que le Royaume de Dieu voussera ôté, et qu’il sera donné à un peuple qui enproduira les fruits. Celui qui tombera sur cettepierre se brisera; et celui sur qui elle tombera,elle l’écrasera” (Mt 21, 42-44). Il n’y aura pasde paix en Palestine et dans le monde tant quene sera pas reconnue par tous cette Pierre quiest le Christ, lequel “est notre paix, lui qui desdeux choses [païens et juifs] en a fait une seule,détruisant dans sa chair le mur de séparation,leurs inimitiés...” (Eph. 2, 14). Dieu veuille,comme l’abbé Nitoglia en émet le souhait dansun article de l’édition italienne de ce même nu-méro de Sodalitium, que les juifs abandonnentfinalement leurs traditions humaines, lespierres mortes du Temple détruit, l’arche et lestables de la loi perdues, cessant enfin de persé-cuter le Corps mystique de Jésus (cf. Act. 9, 5)qui est l’Eglise, et que reniant l’attente d’unfaux messie, ils reconnaissent Celui “qu’ils onttranspercé” (Jo 19, 37) et Lui disent: “Béni soitCelui qui vient au nom du Seigneur” (Mt 23,39). Alors, seulement alors il y aura la paix...

L’entrée du Tunnelsous l’esplanade duTemple à Jérusalem

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LE SIONISME: UN REVEMAGNIFIQUE OU UNTERRIBLE FIASCO ?

Par M. l’abbé Curzio Nitoglia

Avec le présent article, à travers l’analysede la pensée et des conquêtes du

Sionisme, on entend montrer comment laformation de l’actuel Etat d’Israël ne ré-pond pas aux promesses divines.

A l’analyse de l’évolution de l’idée sio-niste suivra l’étude du mouvement sionisteet de ses rapports avec les Superpuissanceset avec les différents Etats européens, ycompris les nazis et les fascistes, pour arriverà la question théologique et doctrinale et aurapport avec l’Eglise.

INTRODUCTION

Vers la seconde moitié du XIXème sièclese développa le flux migratoire des Juifsvers la Palestine, qui n’était cependant pasun phénomène spontané, mais le produit duSIONISME (1), avec le concours de deuxcents délégués juifs réunis à Bâle et l’adhé-sion de plus de cinquante mille Juifs, et dansle but de “travailler au rachat de la Pa-lestine, pour y créer un Etat israélite” (2).

Mais le Sionisme ne commence pas auXIXème siècle, mais “est l’expression moder-ne du vieux rêve de mille neuf cents ans, de re-construire Israël, après que Rome avait mis finà l’indépendance juive en terre d’Israël” (3).

DIFFERENTES ETAPES DE L’IDEESIONISTE

a) Première période: de la chute de Jérusalemà la mort de Julien l’Apostat (70-363).

Sous le règne de Trajan († 117) un fauxMessie, nommé André, excita le fanatismedes Juifs au point que, parmi les Grecs et lesRomains, “deux cent mille hommes péris-sent par l’épée et par la fureur des Juifs” (4).Marcius Turbo attaqua les rebelles et leur fitpayer de leur sang un jour de triomphe.

Sous le règne d’Adrien (130-135) eut lieuune seconde tentative, quand un certain Bar-

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Cozbad se fit passer pour le Messie et lesRomains furent chassés de Jérusalem, qui ce-pendant retomba très vite entre leurs mains;mais tandis que Titus avait laissé encore cettemaison entière, avec Adrien la ville fut rasée ausol et à sa place fut construite Aelia Capitolana,qui ne reprit le nom de Jérusalem que plus tard.

La troisième tentative de révolte, adve-nue sous le règne d’Antonin (138-161), ainsique la quatrième sous Marc Aurèle (174-175) n’eurent de succès et furent réprimées.

Une autre fois - la cinquième - les Juifs,animés par l’espérance de restaurer politi-quement le Royaume d’Israël, au temps deSeptime Sévère (193-211), conspirèrent enSyrie avec les Samaritains contre la domina-tion romaine, mais obtinrent seulement d’ap-pesantir le joug auquel ils étaient soumis.

La sixième tentative d’insurrection se véri-fia sous Constantin (321-327), mais fut elleaussi étouffée et “St Jean Chrysostome dansle Second discours contre les Juifs, nous racon-te que Constantin, convaincu que les Juifsn’avaient pas renoncé à leur esprit de révolte,leur fit couper une partie de l’oreille, afin que,dispersés dans l’Empire, ils portassent partoutavec eux le signe de leur rébellion” (5).

Sous Constance il y eut une septième ré-volte, mais Gallus passa en Judée, où il bat-tit les insurgés et rasa Diocésarée, siège del’insurrection: les Juifs furent tués par mil-liers et de nombreuses villes, parmi les-quelles Tibériade, furent brûlées.

L’ultime tentative de cette première pé-riode est l’une des plus célèbres et a commecoopérateur Julien l’Apostat, qui non seule-ment permit aux Juifs de reconstruire leTemple, mais les aida par tous les moyens:sur l’issue finale voir ce présent numéro (6).

Si un rôle important dans toutes ces tenta-tives de révolte est à attribuer à la ténacité juive,le facteur principal est dû, selon le juif convertiAugustin Lémann, à une “interprétation d’uncertain groupe de prophéties bibliques” (7);même “c’est en se fondant sur ces prophétiesque les Juifs ont toujours espéré qu’ils revien-draient à Jérusalem, qu’ils y restaureraient leTemple (8), pour y jouir avec le Messie d’unepleine et inaltérable prospérité” (9).

b) Seconde période: de la mort de Julienl’Apostat à la Révolution française (363-1789).

Cette longue période fut marquée par larésignation, même si se maintint toujours unecertaine espérance endormie, comme l’affir-me également l’abbé Lémann: “…avec la

La question juive

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mort de Julien l’Apostat et le triomphe défini-tif du Christianisme jusqu’à la Révolutionfrançaise, c’est pour les Juifs la période de ré-signation mais toujours d’espérance” (10).Durant cette période “l’aptitude financière etcommerciale des Juifs se développe et s’étendà toutes les nations d’une manière extraordi-naire… [ils] deviennent les financiers des rois.Mais, au milieu des préoccupations de leurstrafics et des calculs de leur négoce, ils ne lais-sent pas que de penser à Jérusalem” (11).

Vers le XVIème et le XVIIème siècle lesJuifs amis de la Terre Sainte se déplacèrentvers Safed, à quelques kilomètres deBethsaïde; au XVIIème siècle on dénom-brait à Jérusalem environ cent famillesjuives et, à partir de cette époque, les pèleri-nages à la Ville sainte commencèrent à de-venir toujours plus nombreux.

c) Troisième périodeAvec le philosophisme allemand du

XVIIIème siècle et avec la Révolution fran-çaise on assiste à l’ABANDON de l’idée duretour à Jérusalem et du dogme du Messiepersonnel.

Quelles furent les causes de ce change-ment?

La première est justement le philosophis-me imprégné de ce scepticisme du dix-hui-tième siècle, qui a été l’agent corrosif detoutes les religions, y compris de la religiontalmudique, d’abord avec Spinoza et ensuiteavec Mendelssohn, qui peut être considérécomme le fondateur d’une sorte de néo-Judaïsme, masqué de déisme. Commenceainsi à se répandre dans les ghettos l’idéeque le Messie pourrait être un concept, unroyaume, un peuple, …mais non une per-sonne, et surgit aussi le problème de la dis-position physique et géographique de ceroyaume. C’est la Révolution française quiconcrétise ce mythe. L’EMANCIPATIONaux Juifs français fut accordée en 1791; ilsvirent le Messie dans les Droits de l’hommeproclamés par la Révolution.

De la fin du XVIIème siècle à 1848 lemythe du Messie impersonnel a eu deuxécoles principales, dont la première fleurit enAllemagne sous l’égide du philosophisme. En1843 à Francfort-sur-le-Main s’organisa uncomité juif réformiste, auquel suivirent troissynodes, un la même année à Brunswick, unencore à Francfort en 1845 et un troisième àBreslau en 1846, dans lesquels on affirmaitque l’unique Messie attendu était la liberté

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d’être admis parmi les Nations; par cela leparti talmudiste allemand fut blessé à mort.

La seconde école se forma en France,sous l’égide de l’émancipation, qui marqueaussi l’élément diversifiant des deux écoles.En effet en Allemagne, du moment que lejuif n’était pas encore émancipé civilement,sa pensée devait être considérée comme har-die et prématurée: la liberté civile, non enco-re conquise, était la perle pour laquelle onétait prêt à sacrifier toute chose, même leMessie personnel. En France, au contraire,les juifs depuis 1791 jouissaient de la libertécivile et étaient donc plus modérés dansl’évolution de la foi à propos du Messie. Dansle Grand Sionisme de 1807 Napoléon avaitété honoré et décoré des titres réservés exclu-sivement au Messie, même si le parti talmu-diste était encore assez fort pour contreba-lancer. Ce fut seulement à partir de 1848 quetoute “répression” de la part de la Synagoguetalmudique devint inefficace même enFrance. En effet durant le règne de Louis-Philippe le rationalisme allemand avait exer-cé une influence notable sur le Judaïsmefrançais. En 1846, durant l’intronisation dugrand rabbin de Paris, le colonel Cerf-Beer,dans un discours de circonstance lui fit com-prendre qu’il était désormais temps de com-mencer avec les réformes (“l’aggiornamen-to”) également en Allemagne: le parti talmu-diste n’eut plus la force de réagir comme parle passé. Désormais même le monde juif fran-çais affirmait que “La Révolution était le vraiMessie pour les opprimés” (12).

“La Jérusalem nouvelle serait laJérusalem de l’argent avec un banquier pourMessie, la cote des fonds publics au lieu duSefer Thora, la Bourse au lieu du Temple”(13). Presque tous les pays de l’Europe occi-dentale et des USA dans lesquels les juifsconnurent l’émancipation civile, accueilli-rent ces idées sur le Messie impersonnel,avec l’abandon consécutif du dogme duMessie personnel et du retour à Jérusalem.

BREVE HISTOIRE DU MOUVEMENTSIONISTE

Le Canal de Suez et la Grande-Bretagne.Le projet d’ouvrir le canal de Suez suscita,vers la moitié du XIXème, un vif intérêt enEurope, parce que la Méditerranée auraitregagné une notable importance. C’est sur-tout la France, l’Empire habsbourgeois etl’Italie qui étaient intéressés au projet.

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L’Angleterre au contraire aurait été lésée.Celui qui assuma la charge économique destravaux fut, en très grande partie, le pachad’Egypte Saïd, mais les finances égyptiennesfurent bouleversées par l’énorme quantitédes débours. En 1863 lui succéda son neveuIsmaïl, à qui «…vinrent en aide les banquesjuives Oppeneim et Rothschild, lesquelles,ayant bloqué tout accès au crédit, étreigni-rent en fin de compte le souverain dans unembrassement mortel… Le contrôleconjoint anglo-français est imposé auxEgyptiens sur leurs finances; c’est l’anti-chambre de l’occupation coloniale… Labanqueroute égyptienne et les difficultés po-litiques qu’elle génère coïncident avec le ré-veil de l’intérêt britannique pour le canal»(14). La Grande-Bretagne commença ainsi àchanger de politique dans ses rapports avecl’Empire Ottoman, et après l’avoir défendujalousement, du point de vue antirusse et an-tifrançais, décida de ne pas s’opposer à sondéclin. En 1878 elle occupe Chypre et pritpossession des douanes turques. La situationau fil des ans dégénère en violents désordreset les anglais décident d’intervenir manu mi-litari, c’est pourquoi le 10 juillet 1882 les na-vires anglais ouvrirent le feu sur Alexandried’Egypte. Avec la grande guerre (1914-1918)l’Angleterre saisit l’occasion pour assener lecoup de grâce à l’Empire Ottoman, en pre-nant le contrôle de la péninsule arabe et dela Syrie, s’assurant ainsi la clé d’accès de laMéditerranée vers la Mésopotamie et leGolfe Persique. La Palestine aurait mis ensécurité les communications avec l’Inde aumoyen du Canal de Suez. Le 18 décembre1814 la Grande-Bretagne occupe l’entier tra-jet du canal. Les Anglais, pour être plus as-

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surés d’avoir vaincu définitivement l’EmpireOttoman, menèrent une politique apte à dé-tériorer les rapports entre les Turcs et lespopulations de l’ex-Empire Ottoman, «exci-tèrent à la révolte contre Constantinople lespopulations arabes auxquelles ils promirent,la guerre terminée, la séparation del’Empire et la pleine indépendance poli-tique» (15). Ils contactèrent en outre le chei-kh de la Mecque, Hussein, descendant de lafille de Mahomet Fatima et pour cette raisonchargé d’un grand prestige spirituel dans lemonde islamique. «Comme contrepartiepour la rébellion aux Turcs, les Anglais ga-rantirent à Hussein leur appui à l’ambitieuxprojet de donner vie à un grand Etat Arabe»(16). Ainsi se rompit la solidarité du frontmusulman. Après trois ans de lutte la partiecontre les Turcs est vaincue par les Arabes.Les Anglais occupent Jérusalem et HusseinDamas. Le 11 novembre 1918 un communi-qué anglo-français rassure les Arabes en leurpromettant après la longue oppressionturque, l’installation de gouvernements etd’administrations arabes. Cependant lesArabes durent changer d’avis et constaterque la Grande-Bretagne n’avait absolumentpas en vue la libération des peuples Arabespar l’oppresseur turc, mais plutôt désiraitimposer sa propre volonté aux pays duMoyen-Orient. C’est surtout l’Angleterre etla France qui tirèrent avantage de la dissolu-tion de l’Empire Ottoman; le traité deSèvres (10 août 1920) signe la fin définitivede l’Empire Ottoman, la ratification anglaisede Chypre et des pouvoirs sur le Canal deSuez. Les Turcs éliminés, le destin del’Arabie passe aux mains anglo-françaises.Les Arabes ne voulurent pas renoncer à l’in-dépendance, mais le 24 juillet 1920 lesSyriens sont écrasés par les Français etDamas est occupée. «La Palestine… est pri-vée de la liberté et du droit même à la vie:non seulement l’indépendance lui sera dé-niée, mais elle sortira des mains anglaisestransformée en une entité ethnique et cultu-relle absolument méconnaissable» (17).

Pendant ce temps la naissance duSionisme, loin de résoudre l’éternelle ques-tion juive, la compliquera, en la transportant,dans une optique conflictuelle, dans les paysarabes, allumera une nouvelle haine entreIslam et Judaïsme, qui d’abord, théologique-ment, n’existait pas et qui s’affirme par desmotifs nationalistes et d’indépendance terri-toriales. Le Judaïsme international mobilise

Réunion de militants du Bétar en uniforme à Lyck(Empire allemand) en 1935. Sur le mur, au fond, on

aperçoit un portrait de Zeev Jabotinsky

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ses propres coreligionnaires anglais pour ob-tenir l’intervention dans la première guerremondiale des USA. La Grande-Bretagneconcéda aux chefs sionistes qui s’étaient en-gagés a faire entrer en guerre l’Amérique,des privilèges exceptionnels. «Les accordsprévoient pour le Sionisme, le don d’unNational Home, en Palestine, base de départdu futur Etat hébreu» (18). Le 2 novembre1917 le ministre des Affaires Etrangères bri-tannique Lord Balfour adressa au présidentde la fédération sioniste britannique LordRothschild une lettre qui affirme: «SaMajesté voit avec bienveillance l’institutionen Palestine d’un National Home pour lepeuple juif». Ce foyer juif est un mot polisé-mantique, derrière lequel se cache le conceptd’ETAT JUIF. Ce projet coûtera cher sur-tout aux palestiniens, même si l’implantationjuive ne dormira jamais sur ses deux oreillesdans ce qui se révélera en Orient, commecela l’avait déjà été en Occident, une aventu-re privée de certitude depuis le jour où leschefs du peuple dirent “Sanguis eius supernos et super filios nostros”, assumant une ter-rible responsabilité pour les fils d’Israël tantqu’ils ne se convertiront pas et ne rentrerontpas dans l’Eglise de Dieu.

La Palestine: un pays isolé. «Romprel’unité de la Grande Syrie et dégager d’ellela Palestine est le premier pas pour assurerle succès du projet sioniste… c’est une poli-tique qui engendre chez les palestiniens unegrande désorientation. Ils se trouvent tout àcoup dans un pays occupé militairement etcoupé à l’extérieur de toute liaison adminis-trative et politique antérieure. La nouvelleentité territoriale qui avait toujours fait par-tie des organisations étatiques plus vastes etn’avait jamais manifesté d’aspirations auto-nomistes, est créée, depuis le début, avecl’objectif de la dégradation ethnique. La po-pulation arabe d’origine est destinée à êtresubmergée et remplacée» (19).

La réaction arabe contre l’immigration etl’occupation juive (que les Anglais eux-mêmes autorisaient) offrira à l’Empire bri-tannique de vastes possibilités d’ingérence.Derrière l’alibi du maintien de la paix,l’Angleterre aurait pu cacher facilement savolonté de présence militaire en Palestinesine die. Seul le processus de décolonisationcommencé à la fin de la seconde guerremondiale poussera les Anglais à laisser laPalestine. Alors au colonialisme anglais suc-cédera le colonialisme sioniste.

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Le “Livre Blanc” . Le 17 mai 1939l’Angleterre annonça sa volonté d’abandon-ner l’idée de la disparition de la Palestine etle Foreign Office avec un Livre Blanc, s’en-gagera à accorder aux Palestiniens l’indépen-dance; la passation effective des pouvoirs,toutefois, n’adviendrait que dix ans après.Les Arabes pensaient entrevoir la fin deleurs souffrances, mais la proposition anglai-se est conditionnée par l’issue de la secondeguerre mondiale. En effet le Livre Blanc suitde quelques jours les garanties antigerma-niques laissées par l’Angleterre à la Pologne,à la Grèce et à la Roumanie, c’est pourquoiil représente seulement une diversion ou unacte expédient pour s’accaparer, dans unmoment aussi difficile, la sympathie et laneutralité du monde arabe, dont la positionest d’une extrême importance stratégique.L’Angleterre en substance avec le LivreBlanc a voulu seulement tergiverser etcongeler la question palestinienne et ren-voyer toute décision à la fin du conflit. LesJuifs de Palestine se voient accorder ainsiune trêve providentielle de plusieurs années,une prorogation à l’éventuelle expulsion etpeuvent continuer à accueillir de nouveauximmigrés. En mai 1942 à New York, àl’Hôtel Biltmore, se réunit une conférencesioniste qui réclama la constitution de l’Etathébreu et prétexta l’annulation de toute limi-te à l’immigration, et réclama enfin deconfier la supervision sur l’immigration à laJewish Agency. «En Palestine pendant cetemps, l’Haganah, l’organisation militaire of-ficielle des sionistes qui de 1929 à 1939 s’étaitarmée avec la connivence de la puissancemandataire (la Grande-Bretagne), …renfor-ça ses unités et se prépara à la lutte contreles Anglais pour le cas où ceux-ci insistent àmettre en pratique ce Livre Blanc de 1939par lequel ils avaient promis aux Palestiniensl’indépendance. L’Irgun… et la BandeStern… déchaînèrent… une campagne terro-riste qui se proposa de plier définitivementles Anglais au vouloir du Sionisme. La pre-mière victime illustre de la Bande Stern est leministre britannique pour le Moyen-Orient,Lord Moyne, qui fut assassiné… en no-vembre 1944» (20). Avec la fin de la secondeguerre mondiale nous assistons à la coïnci-dence de facto des aspirations du Sionismeavec celles des deux superpuissances, (USAet URSS). Russes et Américains ont comprisqu’un Etat hébreu en Palestine est un élé-ment valable déstabilisant dans une des

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zones géopolitiques les plus importantes dumonde, qui leur permettra d’intervenir dansles affaires intérieures de tous les pays duMoyen-Orient et d’y amorcer un graveconflit entre l’Europe et le monde arabe. Latâche de l’occupant britannique est désor-mais accomplie, à elle succédèrent sionistes,USA et URSS. Le 29 novembre 1947l’Assemblée Générale de l’ONU, par la ré-solution 181, approuve le plan qui prévoit lapartition de la Palestine en deux Etats: unEtat arabe et un Etat juif. «La décision estprise au siège et par des sujets trompés.L’ONU, qui ne possède aucun droit de sou-veraineté sur la Palestine, ne peut s’arrogerla compétence d’en disposer; elle ne peut ladiviser…» (21). Le 14 mai 1948 le ConseilNational Juif proclama l’Etat d’Israël, enmettant le monde devant le fait accompli.«La logique de Yalta vainquit donc aussi enPalestine. Amérique et Russie ont réservé aupays le même traitement inique déjà arrivé àl’Europe» (22). Alors que USA et URSS der-rière l’écran de la guerre froide collaborenten secret à la partition de l’Europe et duMoyen-Orient, la presse philojuive présenteIsraël comme le bastion contre le communis-me – alors qu’en réalité c’était un état laïqueet socialiste né avec le consentement sovié-tique - mais en taisant que le communismeétait hors la loi dans tous les pays arabes, eten créant le consensus de la pensée modéréeet libérale-conservatrice. Avec la guerre de1967 toute la Palestine appartient à Israël, ycompris Jérusalem, qui d’après la résolution181 aurait dû être placée sous administrationinternationale (23). Les Juifs ne respectentpas la décision de l’ONU, dont les résolu-tions imposèrent le retrait de l’armée israé-lienne et qui restent cependant lettre morte.Le 10 novembre 1975 l’ONU, pour ne pasperdre la face, est contrainte d’approuverune résolution qui assimile Sionisme et racis-me, mais Israël ne s’arrête pas, confiantedans l’indécision de l’ONU, qui à quelquestemps de là supprime la résolution.

Mais la victoire du Sionisme manque sonobjectif principal, qui est celui de donner vieà un Etat national pacifié et uni même eth-niquement, comme l’a aussi révélé le jour-naliste juif Paolo Guzzanti dans un récentarticle sur La Stampa de Turin: «Ces jeunes[de Tel-Aviv] aussi… euro-américains, aussilaïques…, n’ont pas du tout l’air de cultiverle patriotisme nostalgique de leurs pères etde leurs aïeux… Cette ville est en train de

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perdre la mémoire… Tel-Aviv construit tou-jours plus dans ses murs comme une minus-cule symbolique New York… la ville entièrepullule de lieux pour gays, pour lesbiennes,pour transsexuels… Les passions déchaînéesde l’adolescence de nombreux jeunes deTel-Aviv pour Che Guevara de Hamas sontlégendaires… Passions en général vécuespar de jeunes Palestiniens avec un espritprédateur à sens unique: on a pas d’échosdes malheureux écarts des jeunes Pales-tiniennes pour les jeunes soldats israéliens etles mariages dans les deux sens suivent lamême loi: mari palestinien et femme israé-lienne, oui. Mari israélien et femme palesti-nienne, non. (…)Un homme qui a combattutoute les guerres me dit: “La paix n’est pasla fin du cauchemar… Les ennemis qui untemps étaient incapables de combattrecontre ceux d’entre nous qu’ils pouvaientbattre en un instant AUJOURD’HUISONT BRAVES COMME ET MEMEPLUS QUE NOS SOLDATS; ils saventpourquoi ils combattent, sont bien armés etentraînés. Par nous le patriotisme cède lepas au sens de la faute. Les Arabes noushaïssent, mais parlent parfaitement l’hébreu.Nous ne parlons pas un mot d’arabe et vou-drions être aimés par eux» (24).

LE SIONISME: NAISSANCE ET DÉVE-LOPPEMENT DU MOUVEMENT SIO-NISTE

a) Le premier Congrès de Bâle (août 1897)Les origines du Sionisme actuel sont re-

cherchées dans l’ouvrage du journaliste vien-nois Theodor Herzl qui, avec le parisien MaxNordan, organisa trois congrès à Bâle. Dansle premier fut défini le programme duSionisme, c’est-à-dire “créer au peuple juifun domicile garanti par le droit publique enPalestine”. Les réactions furent très fortes etvives, presque “une levée en masse du rabbi-nat contre un pareil projet” (25), au point quel’on parle de DIVORCE ENTRE SYNA-GOGUE ET SIONISME. “La première, sa-tisfaite de l’émancipation, ne veut plus êtreautre chose qu’une religion. Le second, ré-veillé par l’explosion mystérieuse de l’antisé-mitisme, proclame hautement: Nous sommesun peuple, et nous voulons reconstituernotre nationalité… La première n’a plus lafoi intégrale de Moïse et des prophètes. LESIONISME NE CONSIDERE LES JUIFSQUE COMME UN PEUPLE, AU LIEU

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DE RECONNAITRE QU’IL EST LEPEUPLE, LE PEUPLE DE DIEU” (26).

En effet c’est “uniquement dans un BUTPOLITIQUE ET SANS SE RATTACHERAU PASSE RELIGIEUX D’ISRAEL quele Sionisme voudrait rentrer en possessionde Jérusalem et y ressusciter la nationalitéjuive” (27).

D’autre part le rabbinat occidental,même en ayant pour la plupart abandonnél’espérance d’un Messie personnel, refuse des’associer au Sionisme et de s’acheminervers Jérusalem. C’est le cœur du problèmesioniste et le principe de sa solution à la lu-mière de la foi chrétienne, comme nous leverrons ensuite.

Le grand rabbin de France Zadoc-Fahnexplique admirablement que “Le Sionisme…remonte à la destruction du Temple deJérusalem par Titus …Mais il y a une énormedifférence entre le Sionisme actuel et celui d’ily a dix-huit siècles. POUR LES FIDELESDES TEMPS ANTIQUES C’ETAIT LEMESSIE ENVOYE PAR DIEU… QUI DE-VAIT MIRACULEUSEMENT RECONS-TRUIRE SION… PERSONNE N’AURAITJAMAIS NI MEME LOINTAINEMENTPENSE A ARRIVER A CE BUT AUMOYEN DES VOIES NATURELLES. Cetesprit ne pouvait pas résister à l’influence dela Révolution française… L’idée messianiquese transforma… Le Messie devint le symboledu progrès, de la fraternité humaine, enfinréalisée par le triomphe des grandes véritésmorales et religieuses que le Judaïsme a ré-pandues partout” (28).

Si le rabbinat occidental, désormais bienintégré en Europe, refusait aussi le PSEUDOSIONISME LAIC de Herzl, il y avait encoreune frange juive qui attendait un Messie filsde David, mais “ne saurait accepter l’idéed’un retour à Jérusalem, tant que ce Messien’aurait point paru” (29). RETABLIR UNETAT D’ISRAEL AVEC DES MOYENSHUMAINS - comme il est arrivé - N’ETAITPAS ACCEPTABLE POUR LES JUIFSTALMUDISTES. Les Archives Israélitesécrivaient à ce propos: “Si par Sionisme onentend ceux qui poursuivent actuellementavant le temps promis… la reconstruction dela nationalité juive… nous pouvons affirmerque les sionistes de cette espèce… sont rarinantes in gurgite vasto” (30). Et encore:“Reconstruire le Royaume de Juda? …Nousjuifs orthodoxes, fidèles à l’idée messianique,croyons à la venue du Messie… fondateur

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d’un empire universel. Mais quel rapport y-a-t-il entre cet idéal religieux et le projet dudocteur Herzl et de ses amis?” (31).

b) Le second Congrès de Bâle (août 1898)Durant le second Congrès apparut enco-

re plus clairement le nœud du problème etla contradiction immanente avec leSionisme moderne, pour lequel le Judaïsmedoit être une nation et non une religion,alors que pour le rabbinat il était une reli-gion plutôt qu’une nation. C’est pourquoi lerabbinat occidental émancipé, bien que libé-ral ne voulait pas avoir de rapports avec leSionisme, puisque ce dernier était seulementun nationalisme rationaliste laïciste et natu-raliste qui n’avait aucune racine dans sonpassé religieux: “Nous ne nous imaginonspas facilement un état hébreu laïc, dont laThora ne soit pas la carte nécessaire… neréussit pas à comprendre l’existence d’unesociété israélite qui n’ait pas la foi pour sonfondement. Ce nationalisme purement ra-tionaliste serait la négation de l’histoire etdes prophéties bibliques!” (32).

En résumé, le second Congrès marquel’abandon de Jérusalem de la part des rab-bins et l’abandon de la religion, et donc dupassé d’Israël, de la part du Sionisme.

c) Le troisième Congrès de Bâle (août 1899)L’hostilité du rabbinat explosa pour la

troisième fois et la majeure partie des Juifsd’Occident se montra fermement opposéeaux projets des sionistes. Cependant les Juifsorientaux, pas encore émancipés civilementet donc non assimilés, restent fidèles, pour lamajeure partie, à l’idée du Messie personnelet du retour miraculeux à Jérusalem (33).

LA PERIODE DE RESIGNATIONCONFIANTE SUBSISTE TOUJOURSDANS LE JUDAISME ORIENTAL

Des milliers et des milliers de Juifsd’Autriche, de Roumanie, de Pologne, deRussie, d’Asie et d’Afrique restent fidèlesau Talmudisme, c’est-à-dire restent étran-gers à l’influence du philosophisme, desidées modernes et n’ont pas connu la révo-lution émancipatrice; c’est pourquoi ils gar-dent une foi aveugle en un Messie belli-queux et conquérant qui les ramènera àJérusalem. Ils sont plus nombreux que lesJuifs occidentaux. “Sur sept à huit millionsde Juifs, qui existent, en effet, aujourd’hui

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[1901] comme à l’époque de Jésus-Christ, leplus grand nombre réside en dehors desEtats occidentaux de l’Europe” (34). L’appeladressé aux étudiants juifs de l’université dePrague par le Conseil élu du Corps des étu-diants de la nation juive est significatif:“Compagnons Israélites, …les Juifs ne sontni allemands, ni slaves, ils sont UNPEUPLE A PART. Les Juifs ont été et res-tent un peuple autonome par unité de race,d’histoire, de sentiments! Assez d’humilia-tions! Juif, ne sois pas un esclave!” (35).

LE SIONISME ET LE B’NAI B’RITH

Si le but du présent article est d’affronterle discours sur le Sionisme à la lumière desprophéties de l’Ancien et du NouveauTestament qui lui est inhérente, il faut ce-pendant faire une référence constante auprocessus historique de la réalisation duSionisme en Palestine de la fin du XIXèmesiècle à nos jours, en renvoyant le lecteurpour les thèmes plus spécifiques à la biblio-graphie indiquée à la fin.

Emmanuel Ratier a présenté récemmentune étude très intéressante et riche de docu-ments inédits sur le B’naï B’rith (36), dans la-quelle se trouve un chapitre entier consacréau Sionisme, dont la documentation serviramaintenant pour analyser quelle influence lapuissante loge des “Fils de l’Alliance” auraiteue dans la naissance de l’Etat d’Israël.

Depuis son origine le B’naï B’rith estd’inspiration sioniste, dès lors que deux re-présentants du B’naï B’rith roumain partici-pèrent en 1898 au second congrès sioniste deBâle. Toutefois les loges américaines, à ladifférence des loges européennes, toutes phi-losionistes, campaient sur des positionsbeaucoup plus modérées; mais l’évolutionvers une attitude favorable au Sionisme futrapide et déjà en 1917 le journal officiel duB’naï B’rith américain affirmait que la décla-ration de Balfour était «un événement aussiimportant que l’édit de Cyrus» (37). Aussi lesloges londoniennes exercèrent-elles une in-fluence capitale sur le développement duSionisme, comme en témoigne aussi PaulGoodman dans l’histoire de la première logedu B’naï B’rith d’Angleterre: «EnPalestine… le B’naï B’rith a eu un ROLEUNIQUE, avant que le Sionisme n’en fît labase du Foyer national juif, ce fut à la LogeYerushalaim et dans d’autres loges que, pourla première fois, se rencontrèrent séfarades

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et ashkénazes…» (38). Le district d’Al-lemagne, initialement hostile au Sionisme serapprocha aussi ensuite des positions londo-niennes philosionistes. En 1897 dans une dé-claration du 27 juin, le Comité général duB’naï B’rith allemand, se déclara totalementopposé au Sionisme, mais par la suite dansune seconde résolution du Comité généraldu 22 mai 1921 se rallia à des positions abso-lument favorables à la création d’un Etat hé-breu en Palestine.Le B’naï B’rith en Palestine

«L’histoire du B’naï B’rith se confondavec celle de Eretz Israel» (39). Depuis descentaines d’années le Judaïsme d’Orient vi-vait dans un état presque léthargique sous lerégime ottoman: «ce qui fut le plus utile [àson renouveau] ce fut la pénétration duB’naï B’rith dans les communautés, aumoyen des loges, en particulier la logeYerushalaim» (40).

En 1865, vingt-trois ans avant la naissancedu Mouvement sioniste de Herzl, le B’naïB’rith organisa une grande campagne d’aideaux victimes juives du choléra en Palestine etdepuis lors n’a jamais cessé de financer desinitiatives privées en Israël. Dès que les cir-constances politiques le permirent, l’ordres’implanta au Moyen-Orient; deux loges fu-rent créées en Egypte en 1887 et l’année sui-vante fut fondée la première loge de Palestine,dont le premier secrétaire fut Elieser Ben-Yehouda, le père de l’hébreu moderne, alorsconsidéré comme une langue morte, dans la-quelle il traduisit la constitution et le rituel se-cret du B’naï B’rith. «Les linguistes reconnais-sent d’ailleurs aujourd’hui que c’est grâce auxLoges du B’naï B’rith que l’hébreu est au-jourd’hui la langue officielle d’Israël» (41).

En avril 1925 l’Ordre inaugura la pre-mière Université hébraïque.La grande Loge de Palestine

Le B’naï B’rith avait toujours craint quela création d’un district de Palestine alerte lerégime turc, c’est pourquoi le siège du dis-trict d’Orient avait été placé à Constan-tinople. Le mandat anglais et la déclarationBalfour autorisèrent la création du XIVèmedistrict dont le premier grand Président futDavid Yellin. En 1948 le B’naï B’rith comp-tait en Israël quarante-huit loges, en 1968cent-trente-huit, alors qu’aujourd’hui leurnombre dépasse les deux cent.

Durant le régime turc, entre 1873 et1917, six loges maçonniques avaient déjà étéfondées en Palestine... dont la première, dé-

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nommée Loge du roi Salomon, à Jérusalemen mai 1873; durant le mandat britannique(1921-1947) la Maçonnerie connut un trèsrapide développement.La loge anglaise du B’naï B’rith et laPalestine

Le premier président du B’naï B’rithHerbert Bentwich avait été l’un des premiersà partager les thèses de Theodor Herzl sur leSionisme et en 1897 avait organisé un pèleri-nage des Juifs en Palestine par l’intermédiai-re de l’Ordre des anciens Maccabées, aunom duquel il y avait acquis un terrain, àGezer, donnant en outre à la First Lodge uneorientation typiquement sioniste.

Au début de la première guerre mondialefut créé un Comité juif d’urgence, composéexclusivement de membres du B’naï B’rith,dans le but de faire pression sur les futurs né-gociateurs de paix, pour obtenir dans l’après-guerre un Foyer national juif en Palestine (42).Henry Monsky

En Amérique l’Ordre fut le principal lieude rencontre et de fusion entre les Juifsd’origine allemande (bourgeois et réfor-mistes) et les Juifs provenant de l’Europe del’Est (plus pauvres, orthodoxes et philoso-cialistes), qui s’opposaient à l’idée de fusiondes Juifs avec le peuple américain. L’accèsau pouvoir d’Hitler en 1933 relança l’intérêtpour le Foyer national juif en Palestine. «Levieil antisioniste est devenu - écrit AlfredCohen, président du B’naï B’rith américain -tout au plus un non-sioniste. Il regarde sanshostilité l’opération Palestine… Mais il faittoujours front au Sionisme politique qui neparaît pas pour le moment être une causepour laquelle on peut s’enflammer. Les brû-lantes discussions entre sionistes et oposantsse sont refroidies» (43).

Henry Monsky, élu président du B’naïB’rith en 1938, profita de la seconde guerremondiale pour relancer l’Eretz Israel et dès1941 resta en contact étroit avec les princi-paux dirigeants sionistes. Le B’naï B’rith en1942 approuva le programme de Baltimore.

Le 29 août 1943 se tint une réunion histo-rique de l’Hébraïsme américain, voulue parMonsky, à laquelle étaient présents soixante-quatre organisations nationales juives, aveccinq cent quatre délégués - dont au moinsdeux cents frères du B’naï B’rith - représen-tant un million et demi de Juifs. La réunion futcependant boycottée par deux des principalesorganisations juives antisionistes, le Comitéjuif américain et le Comité du travail juif.

Monsky fut corapporteur de la résolutionen faveur du programme de Baltimore, ap-prouvée presqu’à l’unanimité (408 votescontre 3), et devint le président de la nou-velle structure juive unitaire, la Conférencejuive américaine, qui prit fin en 1949, maisqui fut remise sur pied en 1955 par un orga-nisme plus modeste, la Conférence des pré-sidents des grandes organisations juives,suite à la reconnaissance de l’Etat d’Israël.Samuel Happerin a écrit: «Même en ayantjamais officiellement fait sienne l’idéologiesioniste… les actions effectives du B’naïB’rith ont compensé toutes les hésitations.Pour évaluer l’accroissement du pouvoir duSionisme américain… il faut tenir compte demanière prééminente de la direction, dunombre des membres et de l’assistance fi-nancière du B’naï B’rith» (44). Le B’naïB’rith n’avait en effet pas pris officiellementposition en faveur du Sionisme jusqu’en1947, voulant éviter toute division au sein duJudaïsme américain à l’intérieur duquel de-meurait une minorité antisioniste.

LE B’NAI B’RITH FAIT RECON-NAITRE ISRAEL

C’est le “B’naï B’rith” qui a provoqué lareconnaissance (de facto) de l’Etat d’Israëlpar le président américain Harry Truman,qui était hostile à une reconnaissance rapided’Israël, et qui à cause de son “retardisme”était accusé par les dirigeants sionistes

Truman et Staline près du berceau du nouveau-né qu’est l’Etat d’Israël

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d’être un traître. Aucun des leaders sionistesn’était reçu, en l’occurrence, à la MaisonBlanche. Tous, sauf Frank Goldman, prési-dent du “B’naï B’rith”, qui ne réussit toute-fois pas à convaincre le Président. AlorsGoldman téléphona à l’avocat Granoff,conseiller de Jacobson, ami personnel duprésident Truman. Jacobson, un “B’naïB’rith”, bien que n’étant pas sioniste, écrivitcependant un télégramme à son amiTruman, lui demandant de recevoirWeizmann (président du Congrès Sionistemondial). Le télégramme resta sans répon-se, alors Jacobson demanda un rendez-vouspersonnel à la Maison Blanche. Trumanl’avisa qu’il aurait été heureux de le revoir, àcondition qu’il ne lui parlât pas de laPalestine. Jacobson promit et partit. Arrivéà la Maison Blanche, ainsi que l’écritTruman lui-même dans ses “Mémoires”:«De grandes larmes coulaient de ses yeux...alors il dit: “Eddie, tu es un malheureux, tum’avais promis de ne pas parler de ce qui ar-rive au Moyen-Orient”. Jacobson me répon-dit: “Monsieur le Président, je n’ai pas dit unseul mot, mais toutes les fois que je penseaux Juifs sans patrie (...) je me mets à pleu-rer” (…) Alors je lui dis: “Eddie, ça suffit”.Et parlons d’autre chose, mais de temps entemps une grosse larme coulait de ses yeux(...) Puis il s’en alla» (13).

Eh bien, peu de temps après, Trumanreçut Weizmann en secret et changea radi-calement d’opinion, en décidant de recon-naître immédiatement l’Etat d’Israël. Ainsile 15 mai 1948 Truman demanda au repré-sentant des Etats-Unis de reconnaître defacto le nouvel Etat. Et quand le Présidentsigna les documents de reconnaissance offi-cielle d’Israël, le 13 janvier 1949, les seulsobservateurs n’appartenant pas au gouver-nement des Etats-Unis étaient trois diri-geants du “B’naï B’rith”: Eddie Jacobson,Maurice Bisyger et Frank Goldman.

C’est en outre au B’naï B’rith que revientle changement de la politique américaineconcernant la question palestinienne: en effetsi dans les années cinquante elle avait été glo-balement favorable aux Arabes, elle changearapidement suite aux continuelles pressionsde l’Ordre sur le gouvernement américainpour obtenir d’énormes secours économiqueset de guerre en faveur de l’Etat d’Israël.

Avec la “guerre des six jours” on assisteenfin à la sionisation définitive de facto et dejure du B’naï B’rith et de l’A.D.L.: «Cette

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victoire miracle va permettre une identifica-tion desJuifs à Israël, tout à fait différentede celle qui existait déjà à l’origine du nou-vel Etat. C’est à ce moment que l’A.D.L. etle B’naï B’rith font une véritable pierre detouche l’assertion selon laquelle l’antisionis-me équivaut à l’antisémitisme» (45).

LE LAICISME SIONISTE

L’idée sioniste de Theodor Herzl est abso-lument laïque et «s’inspirant du principe de laséparation entre le pouvoir religieux et le pou-voir politique» (46), comme en témoignent sesparoles: «Nous ne permettrons absolumentpas… que les velléités théoriques de certainsde nos rabbins prennent pied: nous sauronsbien les tenir fermés dans leurs temples…Dans l’Etat ils n’ont pas à intervenir» (47).

«De leur côté les groupes religieux atta-quaient le mouvement [sioniste] en se ba-sant sur la tradition qui réunissait le retourdes Juifs en Israël avec l’avènement de l’èremessianique» (48).

Mais l’idée sioniste était très forte, au pointde frôler chez de nombreux fondateursd’Israël l’indifférence à l’égard du génocide,comme le dénonce l’historien israélien TomSegev dans son livre Le septième million (49), etcomme l’écrit Barbara Spinelli sur La Stampa:«Les sionistes qui vivaient en Palestine, maisaussi les Juifs américains s’occupaient en cetemps-là seulement de l’Etat indépendant, etsauver les Juifs d’Europe était pour eux secon-daire» (50). De même Fiamma Niresteinquelques jours avant avait rappelé, sur lemême quotidien, que Ben Gourion avait faitcouler un navire chargé de jeunes militants del’Irgum, parce qu’ils étaient un obstacle à lareconnaissance de l’Etat d’Israël.

Vaine avait été aussi l’espérance deTheodor Herzl d’obtenir une reconnaissancede la part du Saint-Siège, nonobstant la ren-contre avec Saint Pie X le 25 janvier 1904,précédée par celle avec le cardinal Merry DelVal le 22. «Le Saint-Siège n’entendait favori-ser ni le mouvement sioniste ni l’implantationjuive à Jérusalem… Selon le Pontife la situa-tion aurait pu changer seulement avec uneconversion en masse des Juifs» (51).

LA CONQUETE DE LA TERRESAINTE

“Ce plan - écrit Lémann - semble devoirêtre adopté par les promoteurs …du

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Sionisme... C’est ainsi que l’infiltration lente etdissimulée préparerait à coup sûr les élémentsconstitutifs du rétablissement de l’Etat juif enPalestine, jusqu’au jour où un événement heu-reux et soudain [la seconde guerre mondiale,n.d.r.], permettrait au Sionisme, soit par unetentative hardie, soit par une diplomatie habi-le, de mettre définitivement la main sur le solconvoité de toute la Judée” (52).

Avec la dissolution de l’Empire ottoman(durant la première guerre mondiale) lemonde catholique commença à espérer quela Palestine retournerait aux mains chré-tiennes: «Les cloches de toute la ville deRome sonnèrent pour saluer l’entrée destroupes britanniques, le 9 décembre 1917, àJérusalem et la libération de la ville de la do-mination musulmane» (53). Et PasqualeBaldi, l’un des chercheurs les plus connus dela question des Lieux Saints, écrivait ceci:«Aujourd’hui par un prodigieux concours decirconstances, que nous considérons provi-dentiel, l’Italie, la France, l’Angleterre, troisnations qui eurent une si grande part dansles guerres saintes, tiennent Jérusalem sousleur domination. Aujourd’hui avec raisondonc les catholiques du monde entier peu-vent s’attendre que sonne finalement l’heurede la justice; …que pour les Sanctuaires de laPalestine se renouvellent les splendeurs del’ère constantinienne, les splendeurs du pre-mier siècle des croisades!» (54).

Ce qui frappa le plus l’attention de l’opi-nion publique européenne relativement à laquestion des Lieux Saints fut leur libérationde la domination musulmane et ensuite lescontroverses des différentes confessionschrétiennes à propos de leur possession. LeSaint-Siège agit diplomatiquement en vue deces deux objectifs principaux, situer laPalestine dans la sphère de contrôle despuissances catholiques, et remédier aux usur-pations accomplies par les Grecs orthodoxesen 1757 (55). Quand les Etats de l’Entente,désormais sur le point de gagner le conflit,manifestèrent une orientation favorable àl’INTERNATIONALISATION de la TerreSainte, le monde catholique pensa que lepremier objectif était presque atteint.

L’idée de confier la Terre Sainte à un gou-vernement international n’était pas nouvelle,mais ce fut seulement au cours de la premièreguerre mondiale que ces propositions prirentun caractère d’actualité. Avec la chute du ré-gime tsariste cessa aussi toute possibilité d’in-tervention russo-orthodoxe au Moyen-Orient.

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«Ce qui signifiait que l’internationalisation dela Palestine aurait été exploitée par des puis-sances bien plus attentives à la parole duPontife qu’à celles du patriarche deConstantinople ou de Moscou» (56).

Le Vatican cependant ne pensait pas quela solution de confier le gouvernement de laTerre Sainte à un gouvernement internatio-nal fût la meilleure; le cardinal Gasparri lui-même fit le point que au Saint-Siège semblaitplus correct de parler de «caractère de natio-nalité… entendant souligner que les LieuxSaints, bien qu’ils soient soumis au gouverne-ment de plusieurs nations, auraient dû êtresoustraits au contrôle de cet organisme poli-tique et confiés à des institutions religieusescomme la Custodie de Terre Sainte. Dans cecontexte pourrait trouver l’explication desbruits - mais non confirmés - relatifs a l’éven-tualité d’un gouvernement pontifical enPalestine. Cependant la conscience de l’im-possibilité de traduire en pratique ce projeten avait empêché une élaboration concrète etavait conduit le Saint-Siège à se rabattre surl’hypothèse d’un régime international» (57).

«Après la première guerre mondiale lesefforts du Saint-Siège s’étaient dirigés dans lesens de réaliser un projet de réaffirmation duCatholicisme inspiré par la “proposition deprocéder à une christianisation non seule-ment des individus, mais de la société et desEtats à accomplir par tous les moyens” (58).La codification canonique de 1917, dominéepar l’image de l’Eglise comme societas juridi-ce perfecta, et la politique concordataire desannées vingt et trente, qui voulait restituer àl’Eglise ces fonctions publiques qui luiavaient été soustraites à l’époque libérale,constituèrent les manifestations saillantes decette intention, à laquelle était soumise uneecclésiologie qui visait à instaurer visiblementle règne du Christ dans chaque sphère de lavie humaine, y compris la politique» (59).

Cependant les espérances du Saint-Siègefurent de courte durée, puisqu’entre 1917 et1918 le cadre politique subit des change-ments radicaux qui conduisirent à mettre decôté le projet d’internationalisation.

Il y eut donc la fameuse déclarationBalfour, qui engageait la Grande-Bretagne àfavoriser la création d’un Foyer national juifen Palestine. «Elle introduisait un élémentnouveau et préoccupant pour le Saint-Siège,d’où prit corps la crainte que la Palestine,depuis peu enlevée aux Musulmans, fût surle point de tomber aux mains des Juifs» (60).

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Le cardinal Gasparri, en décembre 1917,avait dit au représentant diplomatique deBelgique que «… le danger qui nous épou-vantait le plus est la constitution d’un Etatjuif en Palestine», ajoutant aussi: «Nous neverrions aucun mal si les Juifs entraient dansleur pays pour y fonder des colonies agri-coles; mais leur concéder le gouvernementdes Lieux Saints est inadmissible pour lesChrétiens» (61). Le Pape Benoît XV lui-même intervint publiquement et affirmaqu’il désapprouvait l’éventualité d’un «pro-jet destiné à enlever au Christianisme la po-sition qu’il y a toujours occupée jusqu’ici,pour y substituer les Juifs» (62).

Le Pape craignait surtout que «lesIsraélites arrivent à se trouver en Palestinedans une position de prépondérance et destatut privilégié» (63).

Le Conseil suprême Allié réuni àSanremo en avril 1920 mit définitivement finà l’espérance d’une internationalisation dela Palestine en confiant le contrôle à laGrande-Bretagne, justement à ce pays, c’est-à-dire, dont le Saint-Siège se méfiait particu-lièrement, non seulement du fait du soutienpromis à la cause sioniste, mais aussi du faitde l’influence que l’église anglicane auraitpu exercer en Terre Sainte (64).

LE SAINT-SIEGE ET LA “THEOLOGIEDU SIONISME”

Le Saint-Siège voyait dans la déclarationBalfour pour la création d’un siège nationaljuif en Palestine la confirmation de la craintedéjà exprimée par Benoît XV, c’est-à-direque l’on entendait concéder aux Juifs «uneposition de prépondérance et de statut privi-légié» en Palestine. Le cardinal Gasparri deson côté, ajoutait dans une lettre aux craintespurement religieuses exprimées par lePontife, une nouvelle motivation, la défensedes “populations indigènes” et des “nationali-tés” menacées par les aspirations sionistes (65).«C’était la même objection avancée dans cesmêmes mois au gouvernement britanniquepar la délégation arabe palestinienne» (66).

L’Osservatore Romano s’occupa abon-damment des problèmes de la Terre Sainte etdu Sionisme, en ne sous-évaluant pas l’énor-me importance et la portée eschatologique dela question sioniste. «En Europe - écrivaitson correspondant de Jérusalem - on regardetrop facilement, avec une superficialité qui ir-rite, le nouveau phénomène sémitique pales-

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tinien avec un air sceptique de compassion.Mais la réalité est seulement celle-ci: les Juifstravaillent avec un sérieux héroïque de pro-jets… L’éventualité d’une barrière de la partdes Arabes n’a aucune consistance. Leur op-position d’usage n’arrêtera pas même d’unpas l’avancée du Sionisme» (67).

De cette observation naissaient deuxlignes interprétatives, l’une privilégiait unelecture du point de vue religieux duSionisme, jugé un point de passage vers “laconversion des Juifs au Christianisme” (68);l’autre, au contraire, insistait plutôt sur lesdangers qui résultaient de la présence chré-tienne en Terre Sainte, par le renforcementdu Sionisme.

La Civiltà Cattolica se signala pour avoirdonné une vision théologique du problèmesioniste, en définissant comme chimérique leprojet poursuivi par le Sionisme: «La réali-sation INTEGRALE du Sionisme apparaîtmatériellement et moralement impossible»(69), outre qu’injuste, parce que «…lesSionistes envahissent avec arrogance lepays, qui est la maison des Arabes, pour yimplanter leur home, en expulsant les an-ciens et pacifiques habitants» (70). LeSionisme en outre, pour les Jésuites de laCiviltà Cattolica, se montre incapable d’ap-porter une réponse convaincante au problè-me juif: «Le Sionisme n’est pas réalisable,ou du moins ni rapidement, ni facilement, eten tout cas n’apparaît comme une solutionni sûre ni entière à la question juive» (71).Surtout il constituait «un mouvement anti-chrétien et anticatholique» (72). Le remèdeproposé pour ramenerla paix en Palestinene sera que «le départ des Juifs, ou au moinsla cessation de leurs progrès et de leur immi-gration, en un mot, le total abandon del’idée d’un Etat juif en Palestine» (73).

En 1943 Mgr Tardini, Secrétaire pour lesaffaires extraordinaires du Saint-Siège,confirma cette vision théologique sur leSionisme, en affirmant que «…Le Saint-Siège n’a jamais approuvé le projet de fairede la Palestine un home juif» (74).

La condamnation de l’antisémitisme ra-ciste et biologique exprimée par Pie XI en1928 «n’impliquait en aucune manièrel’adoption d’orientations plus favorables auSionisme. Elle naissait en effet de la réactionpréoccupée du Saint-Siège par l’invasion enEurope de mouvements et doctrines inspiréspar les principes d’un racisme et d’un natio-nalisme exacerbé, mais ne supposait aucune

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révision de la conception traditionnelle ca-tholique qui déniait au peuple juif, après lavenue du Christ, un quelconque rôle dansl’histoire du salut, sinon celui de témoigner,par ses souffrances, la vérité de la Révélationchrétienne. “Après la mort du Christ, Israëlfut licencié du service de la Révélation”, diten 1933 l’archevêque de Munich, le cardinalFaulhaber» (75).

En 1938 La Civiltà Cattolica confirmad’une manière plus détaillée sa position:«Toute la valeur du Judaïsme était dans saseule raison d’être la préparation del’Avènement du Messie… Une fois leMessie venu, en la personne de Jésus-Christ,cesse nécessairement et automatiquement lavaleur du Judaïsme tout ensemble, et cepeuple “élu” et cette religion» (76).

«Sans une profonde révision de la théo-logie de l’Hébraïsme… il était impossibleque les efforts pour restituer au peuple juifune patrie… en Terre Sainte ne fussent pasconsidérés comme “un arrogant prétextecontraire au vouloir de Dieu” (77)» (78).

Comme l’avait écrit L’Osservatore Ro-mano «…le Sacrifice du Christ, voulu par unpeuple qui s’en proclama responsable pourlui et pour ses fils, pour tous les siècles, de-vant le juge humain comme devant le jugedivin, constituait face à l’histoire et à la civili-sation mondiale un telle prescription de cedroit sur la terre promise de ne pas avoir be-soin d’invoquer vingt siècles maintenant pas-sés à son service pour être ratifié par un quel-conque tribunal politique» (79). Sur ces basesde nature théologique se fixaient ensuite desraisons précises d’ordre politique, qui confir-maient l’aversion au mouvement sioniste duSaint-Siège, dont l’objectif prioritaire étaitcelui de maintenir aux mains chrétiennes lecontrôle de la Palestine tout entière et pourlaquelle le mandat britannique apparaissaitcomme le moindre mal face à la constitutionde deux états non chrétiens en Terre Sainte:«de toute façon, si la fin du mandat avaitrendu inévitable le choix entre un Etat arabeet un Etat hébreu, de nombreux indices mon-trent que les préférences du Saint-Siège se-raient allées au premier» (80).

LE VATICAN ET LA QUESTIONPALESTINIENNE

Le Saint-Siège continua à confirmer saferme opposition à la constitution d’un homejuif en Terre Sainte. Dans une lettre au délé-

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gué apostolique à Washington le Secrétaired’Etat du Vatican le 25 mai 1943 soutenait ex-plicitement que «les Catholiques du mondeentier… ne pourraient pas ne pas se voir bles-sés dans leur sentiment religieux au cas où laPalestine serait donnée et confiée, en prépon-dérance, aux Juifs» (81). Mgr Tardini écrivaitaussi: «Le Saint-Siège s’est toujours opposé àla domination juive sur la Palestine. BenoîtXV s’est employé avec succès pour éviter quela Palestine devienne un Etat juif. En effet dupoint de vue religieux (le plus important) laPalestine est une terre sacrée, non seulementpour les Juifs, mais plus encore pour tous lesChrétiens et spécialement pour les Catho-liques. La donner aux Juifs signifierait offensertous les Chrétiens et violer leurs droits» (82).L’aversion à la constitution d’un home juif enPalestine ne signifiait cependant pas que leSaint-Siège fût favorable à une dominationarabe sur la Terre Sainte, «même si cette éven-tualité était considérée comme un moindremal par rapport à l’hypothèse d’un Etat juif»(83). Toute la politique vaticane concernant laPalestine était inspirée par la crainte que soitune domination arabe soit une dominationjuive se révèlent préjudiciables pour les inté-rêts catholiques en Terre Sainte (84).

Mais la résolution approuvée parl’Assemblée des Nations Unies le 29 no-vembre 1947 introduisit un fait nouveaudans le décor du Moyen-Orient: la créationd’un Etat juif indépendant, prévu pour oc-tobre 1948. La perspective de la constitutiond’un Etat hébreu en Palestine eut un échosprofond dans tout le monde chrétien. Laproclamation de l’indépendance d’Israël futaccueillie au Vatican avec beaucoup de ré-serve. L’Osservatore Romano affirma que«Le Sionisme n’est pas l’Israël de la Bible

Vladimir Jabotinsky

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[mais] celui de la déclaration de Balfour,…de l’Etat moderne, de l’Etat philosophi-quement et politiquement laïc» (85).

LES RAPPORTS ENTRE SIONISME ETNATIONAL-SOCIALISME

En 1922 Vladimir Jabotinsky se retira del’exécutif de l’Organisation sioniste et fondaen 1924 le Parti Révisionniste. Le Nouveaubloc combattait la politique de l’Exécutifsioniste trop disponible au compromis avecles Anglais et avec les Arabes et «dans le do-maine social… manifestait une certaine sym-pathie pour le corporatisme théorisé enItalie par le fascisme» (86).

A ce propos Blondet est plus explicite etriche d’informations: «Vladimir Z.Jabotinsky (1880-1940) défendit un Etatarmé et raciste et voulait qu’Israël se consti-tuât comme “Etat autoritaire et corporatis-te”. Il finit par adhérer au fascisme et sym-pathisa ouvertement avec le TroisièmeReich» (87).

«Jabotinsky semble avoir subi l’influenced’Ahad Ha’am, grand admirateur - commeHerzl - de Nietzsche, à qui il emprunta l’idéedu “surhomme”, l’associant à l’idée de NA-TION SUPERIEURE» (88). Il connut ensui-te un ex-officier tsariste, mutilé, un certainJoseph Trumpeldor et imagina avec lui l’or-ganisation d’une “légion juive” à l’intérieurde n’importe quelle armée alliée. Pré-cisément Trumpeldor a donné son nom à laprincipale organisation de jeunesse sionisterévisionniste, le BÉTAR ou B’RITHTRUMPELDOR (Alliance de Trumpeldor).Bétar est aussi le nom de la forteresse d’oùBar Kochba conduisit la révolte contre les lé-gions de Rome au deuxième siècle.

Durant le douzième Congrès sioniste deseptembre 1921 à Karlovy Vary, Jabotinsky,sans informer les dirigeants sionistes, signaun accord avec Maxime Slavinsky, représen-tant du leader du gouvernement ukrainien enexil, Simon Petlioura (accusé aujourd’huid’antisémitisme). Cet accord avec un régimequi favorisait les pogroms, fut justifié parJabotinsky avec l’affirmation que si l’ArméeRouge lui avait fait la même proposition, ill’aurait également acceptée (89). L’allianceavec l’Ukraine contraignit Jabotinsky à se dé-mettre de l’Exécutif sioniste et de l’Orga-nisation sioniste. En 1923 il publia une séried’articles dans laquelle il visait à entre-prendre une sorte de REVISION du

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Sionisme, en affirmant qu’il s’agissait d’un re-tour aux thèses d’origine de Herzl. Il soutintainsi des positions d’un NATIONALISMEENFLAMME, dont l’unique fin était detransférer des millions de Juifs en Israël fai-sant de cette manière de la Palestine un Etathébreu de fait. Les Arabes, «pour Jabotinskyn’avaient aucun droit sur la Palestine. Ils de-vaient en être expulsés. Aujourd’hui encore,pour ses continuateurs... “il n’y a pas de terri-toires occupés en Israël” (90)» (91). Jabotinskyest convaincu que l’état a la primauté sur l’in-dividu, c’est pourquoi il n’est absolument pasnécessaire de se référer à l’éthique bibliquemais il faut puiser ses propres forces auxthéories du NATIONALISME INTEGRAL;«ce qui le fera passer, aux yeux de nombreuxdirigeants juifs, pour un fasciste juif» (92).Jabotinsky est absolument opposé à la dia-spora et POUR EMPECHER L’ASSIMI-LATION des Juifs, IL SERA MEME PRETA ACCUEILLIR favorablement LESIDEES ANTISEMITES, qui auraient pousséles Juifs à retourner dans leur terre et à re-trouver l’identité qu’ils avaient perdue. «PourJabotinsky toute assimilation aux goyim estnon seulement néfaste, mais impossible…“La source du sentiment national se trouvedans le SANG de l’homme… dans son TYPEPHYSICO-RACIAL… Il est inconcevablequ’un Juif… puisse s’adapter à la vision spiri-tuelle d’un Allemand ou d’un Français”» (93).En outre il élimine l’idée d’un Dieu transcen-dant et la remplace par celle de nation, mi-nant à la base le fondement même duJudaïsme orthodoxe. A tout cela il unit unehaine viscérale pour le socialo-communisme,alors qu’il voit, en conséquence, la force prin-cipale du Sionisme dans le supercapitalisme.

a) Le Bétar (94)En 1923 Jabotinsky fonda le bras armé du

Révisionnisme sioniste le Bétar B’rithTrumpeldor, dont les membres «portent lachemise brune, et seront dénoncés commefascistes par leurs adversaires» (95). De 1934 à1937 une école navale du Bétar fonctionneraen Italie, à Civitavecchia, avec 153 cadets di-plômés. Pour Marius Schattner «toute la phi-losophie du Bétar tient dans ce mouvement:de la fosse à la lumière, du ghetto au paysd’Israël. Elle entretient le mythe d’une racespirituelle juive …Sautant par-dessus dix-neufsiècles de diaspora, le Bétar annonce le retourdu type hébreu antique» (96). Le Bétar est uneorganisation rigide, avec un rituel strict et sé-

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vère: tout bétarim doit s’employer à consacrerles deux premières années de son établisse-ment en Palestine à l’activité militante àtemps complet dans le Bétar, lequel se fondesubstantiellement sur le mythe de la force, surla puissance du cérémonial, sur une structureparamilitaire.

Dans les années 1931-32 Jabotinskyvécut à Paris, «où il semble avoir été initié àla Loge Etoile du Nord du Grand Orient deFrance» (97). En 1935 il fonda à Vienne, du-rant un congrès, la Nouvelle OrganisationSioniste (N.O.S.), qui inaugurait une poli-tique très discutée avec tous les gouverne-ments (même antisémites) A CONDITIONQU’ILS AIENT L’INTENTION DE RE-GLER LA QUESTION JUIVE DANS LESENS SIONISTE, c’est-à-dire en consen-tant à l’émigration juive en Palestine. Celan’empêchera pas d’ailleurs Jabotinsky de seprononcer, dans les années de guerre, en fa-veur de la création d’une armée juive desti-née à combattre l’Allemagne hitlérienne.

b) Menahem BeginJusqu’à la victoire de Begin en 1977 à la

tête du Likud, formation politique héritièredu Bétar de Jabotinsky, la majeure partiedes historiens du Sionisme avaient reléguéle Révisionnisme dans le ghetto spirituel desfanatiques ou carrément des lunatiquesexaltés. Mais en 1977 le “fasciste” Begin ac-céda au pouvoir en Israël et, dès son pre-mier discours, se référa explicitement auxidées de Jabotinsky, même s’il avait fait par-tie de l’aile la plus radicale du Révisionnis-me, la plus proche du fascisme et associéeau B’ritj Ha Biryonim (le groupe des bruts),débordant à droite Jabotinsky lui-même!

Après la seconde guerre mondiale Begincomme leader du parti Hérout (Liberté) feratravailler au quotidien du parti son amiAbba Ahimert, idéologue extrémiste révi-sionniste, qui avait écrit: «Oui, NOUS LESREVISIONNISTES NOUS AVONS UNEGRANDE ADMIRATION POURHITLER. Hitler a sauvé l’Allemagne… ETS’IL ABANDONNE SON ANTISEMITIS-ME, NOUS POURRONS FAIRE UNBOUT DE CHEMIN AVEC LUI» (98).

Quand Begin se rendit pour la premièrefois aux USA en 1948, certains intellectuelsjuifs, parmi lesquels Einstein, HannahArendt et Sydney Hook, écrivirent une lettreouverte au New York Times (4 décembre1948) dans laquelle ils affirmaient que le

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parti de Begin était «un parti politique trèsproche, quant à son organisation, à ses mé-thodes, à sa philosophie politique et à sa doc-trine sociale, des partis nazi et fasciste».Begin ne reniera en rien ses vieilles idées ex-trémistes: après lui deviendra premier mi-nistre d’Israël son ami (et terroriste) YitzhakShamir, pour qui «Eretz Israel appartient auseul peuple d’Israël et à lui seul» (99).

c) Révisionnisme et nazismeAu printemps 1936 un couple de juifs, les

Tuchler, envoyés par la Fédération Sionisted’Allemagne, et un couple de nazis, les vonMildenstein, envoyés par le N.S.D.A.P. etpar la S.S., se retrouvèrent à la gare deBerlin d’où ils prirent le train pour Trieste ets’embarquèrent sur la Martha Washingtonpour la Palestine. Le but du voyage était defaire une enquête la plus complète et la plusdocumentée possible sur les POSSIBILITESD’IMPLANTATION DES JUIFS ALLE-MANDS EN PALESTINE. «Malgré ses dé-clarations de principe et diverses mesuresspécifiques (boycott des Juifs allemands àpartir du 1er avril 1933), tous les historienss’accordent pour admettre qu’Hitler n’eutaucune politique d’ensemble précise sur laquestion juive jusqu’à la Nuit de cristal du 9-10 novembre 1938. Cela laissa le champ libreau Bureau des Affaires juives de la S.S., pourexplorer les politiques diverses envisa-geables. Le voyage du baron von Milden-stein en fut une. A ce moment, Mildensteinétait officier supérieur de la S.S. … il s’étaitintéressé depuis longtemps à la questionjuive… Fervent sioniste, il passait au sein dela S.S. pour l’un des rares spécialistes duJudaïsme. C’est lui qui vit en premier l’inté-rêt qu’on pouvait tirer des organisations sio-nistes, en particulier révisionnistes… Il de-vait écrire une série de douze longs articlestrès documentés dans le quotidien berlinoisDer Angriff de Goebbels, sous le titre Unnazi voyage en Palestine. Il y exprimait sonadmiration pour le Sionisme… et concluaitque “le foyer national” juif en Palestine“…indique un moyen de guérir une blessurevieille de plusieurs siècles: la question juive”.Une médaille fut frappée, à la demande deGoebbels pour commémorer cette visite.Elle était ornée d’une face de la svastika etde l’autre de l’étoile de David… La S.S. étaitdevenue la composante la plus sioniste duparti nazi» (100). Suite à ce voyage le journalde la S.S. Das schwarze Korps proclama offi-

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ciellement son appui au Sionisme (101). Le 26novembre le même quotidien renouvelaitson appui au Sionisme: «La reconnaissancede la communauté juive comme COMMU-NAUTÉ RACIALE FONDEE SUR LESANG et non pas sur la religion conduit legouvernement allemand à garantir sans ré-serve l’intégrité raciale de cette communau-té» (102). Encore, en mai 1935 Heyndrich dansun article distinguait les Juifs en deux caté-gories démontrant une forte prédilectionpour ceux qui «professaient une conceptionstrictement raciale» et Alfred Rosembergécrivait que «le Sionisme devait être vigou-reusement soutenu» (103). Avec l’avènementau pouvoir de Hitler le Bétar fut la seule or-ganisation à continuer à parader en uniformedans les rues de Berlin. Le 13 avril 1935 lapolice de Bavière (fief de Himmler et deHeyndrich) admettait exceptionnellementque les adhérents au Bétar puissent endosserleur uniforme. Ceux-ci essayaient ainsi depousser les Juifs d’Allemagne à CESSERDE S’IDENTIFIER COMME ALLE-MANDS et à les séduire par leur nouvelleidentité nationale israélienne (104). LaGestapo fit tout son possible pour favoriserl’émigration vers la Palestine; en septembre1939 elle autorisa encore une délégation desionistes allemands à participer au 21°Congrès sioniste de Genève. Jabotinsky aucontraire s’était prononcé pour le boycott del’Allemagne, alors que Kareski, membre dumouvement révisionniste, poursuivait unepolitique de collaboration avec l’Allemagneen vue de pouvoir constituer le Heretz Israel.En 1942 restait encore en activité enAllemagne un Kibbutz à Nevendorf pourexercer de potentiels émigrants vers laPalestine. «Le Mossad… disposa d’un réseaud’une quarantaine de camps et de centresagricoles, où les futurs colons se préparèrenten vue de leur départ en Palestine» (105).

d) Un pacte secret entre la bande Stern et letroisième Reich

Les dirigeants juifs du gang Stern - in-croyable mais vrai - firent aux nazis une pro-position d’alliance en 1941 pour lutter contreles Anglais: la chose qui frappe le plus est quel’un d’eux était Yitzhak Shamir, futur premierministre d’Israël. «Le faible équipage militairede l’Italie, tant en Libye qu’en Grèce,convainquit Stern que l’Italie n’avait pas lesmoyens pour conduire à terme sa politique,alors que l’Allemagne en 1940, remportait

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victoire sur victoire. Ces succès impressionnè-rent Stern, qui se lança dans une aventurefolle et sans issue: former une alliance avecl’Allemagne hitlérienne. Stern travaillejusqu’en février 1941 (quand il fut tué par lesAnglais) à concrétiser cet objectif, se fondantsur une analyse insolite de la situation duJudaïsme. Pour lui l’Angleterre est le vrai en-nemi, tandis que l’Allemagne est seulementun OPPRESSEUR qui appartient à la lignéedes PERSECUTEURS que le peuple juif arencontré durant son histoire. Ceci est l’er-reur le plus grande de Stern: il voit dans leNazisme un mouvement animé par un antisé-mitisme raisonnable…» (106). Au début de1941 Lubentchik, agent secret de la bandeStern, proposa un pacte militaire entrel’Organisation militaire sioniste Irgun (unscission de la même bande) et l’Allemagne,proposition connue sous le nom de texted’Ankara (107), transmis à Berlin le 11 janvier1941 et retrouvé il y a quelques temps dans lesarchives de l’ambassade allemande en Tur-quie. On y lit: «…Les principaux hommesd’Etat de l’Allemagne nationale-socialiste ontsouvent insisté sur le fait qu’un ordre nouveauen Europe requiert comme condition préa-lable une solution radicale de la questionjuive, au moyen par l’évacuation. L’évacua-tion des masses juives d’Europe est la premiè-re étape de la solution de la question juive.Toutefois, le seul moyen d’atteindre cet ob-jectif est d’installer ces masses dans la patriedu peuple juif, la Palestine, et par l’établisse-ment d’un Etat juif dans ses frontières histo-riques…» (108). L’Etat-major allemand, cepen-dant, décida de s’appuyer dans la lutte sur laGrande-Bretagne, sur les Arabes qui étaientdes millions, plutôt que sur les Juifs, quin’étaient qu’une poignée d’hommes (109). Lavéridicité de ce document a été mise en doute,mais Israël Eldadsnab, l’un des chefs histo-riques du groupe Stern, a confirmé la véritédes faits (110) et l’hebdomadaire Hotam affir-ma que ce document avait été remis person-nellement par Shamir et Stern. Quand le 10octobre Shamir devint premier ministre del’Etat d’Israël après le ministère Begin,l’Association Israélienne des combattants an-tifascistes et des victimes du Nazisme mani-festa son indignation par un télégramme auprésident Herzog de voir le poste de premierministre occupé par «l’un de ceux qui essayè-rent d’arriver à une alliance avec des repré-sentants officiels de l’Allemagne nazie» (111). Sila bande Stern fut l’unique groupe sioniste ré-

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visionniste à négocier avec le Troisième Reichen pleine guerre, les organisations sionistesmodérées n’avaient pas hésité à le faire avantla guerre, en grand secret. «Les cercles natio-nalistes juifs sont très satisfaits de la politiquede l’Allemagne, puisque la population juiveen Palestine sera par cette ligne politique tel-lement accrue que dans un futur très procheles Juifs pourront compter sur une supérioriténumérique face aux Arabes» (112).

LES RAPPORTS ENTRE SIONISME ETFASCISME

a) L’école navale du Bétar dans l’Italie fascisteDéjà dans les années précédant la pre-

mière guerre mondiale Jabotinsky avait dé-veloppé une théorie sur les FONDEMENTSRACIAUX DES NATIONS (Race et natio-nalité), dont les postulats coïncidèrent avec laDoctrine de l’Etat de Mussolini (113).«Dépourvu d’animosité à l’égard des Juifs,Benito Mussolini considérait les organisa-tions sionistes révisionnistes comme d’au-thentiques mouvements fascistes. C’est ainsiqu’il fit entraîner à partir de novembre 1934,suite à la demande de Jabotinsky, un esca-dron complet du Bétar à la Scuola Maritimade Civitavecchia, dirigée par des chemisesnoires. Lors de l’inauguration du quartier gé-néral des escadrons italiens du Bétar, en mars1936, … un triple chant ordonné par l’officiercommandant l’escadron résonna; “Vival’Italia, Viva il Re, Viva il Duce!” suivi de la“bénédiction” que le rabbin Aldo Lattes in-voqua, en italien et en hébreu, pour Dieu, leRoi et pour le Duce… “Giovinezza”(l’hymne du parti fasciste) fut entonné parles bétarim avec beaucoup d’enthousiasme.Mussolini devait en outre recevoir officielle-ment les promotions de bétarim en 1936»(114). Mussolini fut aussi le premier Chefd’Etat à proposer la division de la Palestineet la création d’un Etat juif (115). Jabotinskytoutefois, au contraire de ses lieutenants, nese proclama jamais fasciste ou nazi, même s’ilprit la défense de Mussolini dans une séried’articles écrits aux USA en 1935 (116), alorsqu’il était considéré comme tel par de nom-breux chefs israéliens, au point que BenGourion l’appelait Vladimir Hitler. En 1935Mussolini confia à David Prato, futur grandrabbin de Rome que «…le Sionisme pourréussir a besoin d’un état juif, d’un drapeaujuif et d’une langue juive. Un qui l’a vraimentcompris c’est votre fasciste Jabotinsky» (117).

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Les dirigeants sionistes non révisionnistes de1922 avaient pris contact avec Mussolini; ilreçut les premiers sionistes peu de tempsaprès sa marche sur Rome, le 20 décembre1922, en assurant le grand rabbin de Romequ’il ne tolérerait aucune manœuvre antisé-mite (118). Hahimeir, principal leader du mou-vement révisionniste palestinien dans les an-nées trente, réaffirma en mars 1962: «Cen’était ni Kerensky ni Weimar qui pouvaientcombattre le bolchevisme, mais le fascismeitalien au début de sa route» (119).

b) Mussolini et le SionismeIl faut cependant préciser avec De Felice

que «…les avances des sionistes-révisionnistescessèrent immédiatement dès qu’il fut clairque Mussolini avait décidé de prendre égale-ment en matière d’antisémitisme la route del’adaptation absolue à l’allié nazi» (120).

Par ailleurs «…Après les sanctions… vo-tées par la Société des Nations contre l’Italie,Mussolini coupa les rapports qu’il avait en-tretenus jusqu’alors avec les dirigeants sio-nistes et se rapprocha des Arabes, dans latentative de faire sauter les positions britan-niques et françaises au Moyen-Orient» (121).

Pour mieux comprendre l’attitude deMussolini envers le Sionisme il est bon de lirel’intéressante Storia degli ebrei italiani sotto ilfascismo de De Felice, dans laquelle on voitcomment la position de Mussolini a été fluc-tuante, selon qu’il s’agissait du Sionisme enPalestine ou de la participation de citoyensitaliens au mouvement sioniste (122).

«Envers le SIONISME ITALIEN Mus-solini nourrissait tous les préjugés et les mé-fiances répandues entre nationalistes et fas-cistes… La conviction que les sionistes au-raient eu deux “patries” qui n’étaient mêmepas sur le même plan entre elles, que donc ladominante aurait été la palestinienne, heur-tait profondément son concept monolithiqueet exclusif de la patrie et lui rendait automa-tiquement antipathiques et suspects les sio-nistes… Envers le SIONISME INTERNA-TIONAL Mussolini nourrissait au contraire,sinon de la sympathie… du moins une certai-ne bienveillance… il voyait dans le Sionisme(en particulier dans ses groupes de droiteplus enflammés et anti-anglais) un précieuxmoyen pour intégrer l’Italie dans les événe-ments méditerranéo-orientaux et surtout unmoyen pour créer des difficultés dans ce sec-teur à l’Angleterre… La carte “Sionisme”, àpartir d’un certain moment puis celle des

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“Arabes”… était pour Mussolini surtout unélément de son jeu méditerranéen... Que lessionistes, de leur côté, ne refusèrent pas le“rapport” avec l’Italie fasciste est évident.Avant que Mussolini “tombe sous l’influencede Hitler”, l’Italie était l’un des pays euro-péens les plus libéraux envers les Juifs» (123).

ANTISEMITISME PAIEN ET SIONISME

Hannah Arendt, philosophe juif allemand(1906-1975) a écrit des considérations d’ungrand intérêt sur la nature du Sionisme: «Ence qui concerne l’organisation sioniste… quidécida de traiter avec Hitler …elle rencontrapeu d’opposition dans la patrie nationalejuive» (124). Et encore: «Ce consentement àl’accord nazi-sioniste… n’est que l’un desexemples parmi les nombreux prouvant la fai-blesse politique de l’aristocratie des Juifs enPalestine» (125). Arendt critique la définitionmême du Sionisme donnée par Herzl, selonlequel une nation «est un groupe de per-sonnes… tenues ensemble par un ennemicommun» et affirme que «la conclusion à la-quelle arrivèrent ces sionistes fut que SANSL’ANTISEMITISME LE PEUPLE JUIFN’AURAIT PAS SURVECU… raison pourlaquelle ILS S’OPPOSERENT A UNEQUELCONQUE TENTATIVE DE LIQUI-DER L’ANTISEMITISME A UNE LAR-GE ECHELLE. Au contraire, ils déclarèrentque “NOS ENNEMIS, LES ANTISEMITES,AURAIENT ETE NOS AMIS LES PLUSSURS ET LES PAYS ANTISEMITES NOSALLIES …L’antisémitisme était une force ir-résistible et les Juifs AURAIENT DUL’UTILISER ou en auraient été dévorés…(L’antisémitisme) était la force motrice res-ponsable… de toutes les souffrances des Juifs,et aurait continué à causer de la souffranceTANT QUE LES JUIFS NE SE SE-RAIENT PAS PREPARES A L’UTILISERA LEUR AVANTAGE. ENTRE DESMAINS EXPERTES CETTE FORCE MO-TRICE SE SERAIT DEMONTREE LEFACTEUR LE PLUS SALUTAIRE DELA VIE JUIVE… Tout ce qu’il fallait faireétait d’utiliser la FORCE MOTRICE de l’an-tisémitisme qui comme l’onde du futur auraitporté les Juifs dans la terre promise» (126).

LES RAPPORTS ENTRE SIONISMEUSA ET URSS

«La période de la guerre [1939-1945]

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transforma la communauté juive dePalestine en un organisme plus fort,conscient, tendu vers l’affirmation concrètede ses idéaux… Les années de guerreavaient rendu l’opinion publique américaineextrêmement sensible au drame del’Hébraïsme européen et avaient transforménotablement la communauté juive qui s’étaitfaite plus homogène, influente et ouverte auSionisme. En quelques années l’intérêt pource mouvement d’un sentiment purementphilanthropique se transforma en une formede participation concrète» (127).

Paul Johnson a affirmé récemmentque… «L’holocauste et la nouvelle Sion sontorganiquement associés… La fondationd’Israël fut comme la conséquence des souf-frances des Juifs» (128).

Après la guerre le jeu décisif était auxmains des grandes superpuissances (USA etURSS). L’Amérique présentait l’Etatd’Israël comme rempart du monde occiden-tal au Moyen-Orient. La politique myopedes libéraux-conservateurs voyait (et conti-nue à voir) comme UNIQUE danger le dan-ger communiste (qui est certainement énor-me et ne doit pas être sous-évalué même au-jourd’hui), mais ne réussissait pas à voir laportée apocalyptique et théologique de lafondation de l’Etat d’Israël, et peut-êtreignorait que: «Dans l’immédiat après-guerreStaline se présenta plusieurs fois comme ledéfenseur des peuples frappés par la domi-nation nazie, en se montrant enclin à consi-dérer les instances des Juifs qui avec six mil-lions de victimes revendiquaient leurs droits.Le représentant soviétique aux NationsUnies, Andreï Gromyko, soutint que l’on ne

Escadron du Bétar en uniforme dans les rues deCivitavecchia, dans les années 30

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pouvait pas dénier au peuple juif le droitd’avoir un Etat… Il approuva donc le planUNSCOP à la surprise générale» (129). SelonJohnson «si complot il y eut pour fonderIsraël, CE FUT L’UNION SOVIETIQUEA EN ETRE MEMBRE INFLUENT.Durant la guerre, pour des raisons tactiques,Staline avait suspendu… sa politique antisé-mite, en créant même un Comité juif anti-fasciste. Dès 1944, pour une courte période,il avait adopté une attitude philosioniste enpolitique étrangère…en mai 1947, AndreïGromyko… surprit tout le monde en annon-çant que son gouvernement était favorable àla création d’un Etat juif» (130).

Ceux qui au contraire comprirent trèsbien la portée de la fondation de l’Etatd’Israël furent justement les Juifs: «Danscette circonstance [la résolution de 1948,n.d.r.] les Juifs de Rome, qui traditionnelle-ment s’étaient imposés de ne plus passer sousl’Arc de Titus, témoin de leur asservissement,lors d’une cérémonie solennelle rompirentcette défense symbolique, en traversant l’Arcde Titus dans le sens opposé à celui dutriomphe de l’empereur romain» (131).«Jusqu’à la moitié des années cinquante -puis - la presse occidentale de gauche présen-ta Israël comme la réalisation concrète desprincipes socialistes et démocratiques en op-position à la reculade du monde arabe» (132).

Cependant avec 1949 les rapports entreURSS et Israël commencent à se gâter.

Andrew et Leslie Cockburn, dans unlivre récent et bien documenté, jettent unelumière nouvelle sur les rapports entreUSA, URSS et Sionisme: «Après plusieursdécennies et une guerre froide, AndreïGromyko, levant une main aurait déclaré:“Avec cette main j’ai créé l’Etat d’Israël”…L’éloquence de Gromyko se manifestasur l’ordre de Joseph Staline, qui, en ce quiconcerne la fondation de l’Etat d’Israël, nes’était certainement pas fait influencer pardes sentiments… Les Russes avaient de trèsbonnes raisons pour soutenir tant la résis-tance armée juive contre la domination bri-tannique en Palestine, que la création del’Etat sioniste, du moment que l’Etat arabeétait alors résolument dans la sphère d’in-fluence de l’Occident. (…) Le soutien diplo-matique… ne fut pas l’unique forme d’en-couragement que Staline donna à la lutted’Israël pour se construire et survivrecomme Etat» (133). L’Etat d’Israël en outre,reçut des aides de guerre «du régime com-

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muniste qui prit le pouvoir en Tchéco-slovaquie en février 1948, gouvernementsous l’œil attentif et vigilant de Staline. Dansles mois qui précédèrent la déclaration d’in-dépendance d’Israël (mai 1948), les servicessecrets militaires des Etats Unis découvri-rent l’existence d’un pont aérien régulierpour le transport des armes entre Prague etle Moyen-Orient (134). (…) A l’automne de1948… pas moins de cinquante mille mili-taires israéliens furent entraînés dans les dif-férentes bases tchécoslovaques et quand ilspartirent pour Israël, leur unité prit le nomde Klement Gottwald, le dirigeant commu-niste tchèque» (135). Israël rendit en outreservice à la Tchécoslovaquie, en lui fournis-sant de précieuses informations sur les plusmodernes armes américaines, véritablesjoyaux d’un secteur de technologie de guer-re hautement avancée, dans laquelle lesSoviétiques étaient encore très arriérés. «En1948, à la faveur d’au moins deux occasions,les Israéliens confièrent aux Tchéco-slovaques des exemplaires d’armes mo-dernes américaines… Quand et commentles Israéliens eurent obtenu ces produits dela technologie occidentale, puis confiés auxSoviétiques, on a jamais pu le savoir, maisévidemment pour l’Etat hébreu il s’agissaitd’une opération qu’il valait la peine d’ac-complir» (136). Cependant le rapport privilé-gié avec l’Est soviétique ne devait pas êtreexclusif puisqu’il n’était pas seul suffisant àfournir au Sionisme «le troisième élémentessentiel dont avait besoin Israël: l’argent…L’unique endroit où trouver ces moyens fi-nanciers étaient justement les Etats Unisd’Amérique», à la tête desquels se trouvaitle président Truman qui initialement ne semontra pas enthousiaste à soutenir la créa-tion d’un état juif en Palestine (137). Ce futseulement au cours de son second mandatque Truman reconnut formellement l’Etathébreu: «Pousser le président américaindans le camp philo-israélien avait été uneinitiative importante, mais cela ne comportapas pour Israël la rupture de ses liens avecles pays de l’Est et son passage dans le blococcidental… [en tant que]… Israël voulaittant les capitaux américains que les deuxmillions de Juifs de l’Union soviétique, maisil ne semblait pas possible de les obtenir en-semble en même temps. Et d’autre part l’ar-gent servait tout de suite. La communautéjuive américaine avait contribué de sapoche, et avec des sommes considérables, à

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des opérations comme l’acquisition d’armestchécoslovaques» (138). Si l’Union Soviétiquese contentait de la neutralité d’Israël, aucours de la guerre froide les Etats Unisn’étaient pas du tout satisfaits de cette posi-tion. Cependant les Israéliens «de crainte des’aliéner complètement les Soviétiques, ten-tèrent de maintenir quand même un profilbas et une certaine neutralité… Israël setrouvait dans une impasse: d’une part iln’osait pas s’engager trop ouvertement avecles Américains par crainte de couper tousles liens avec l’Est… d’autre part, il se trou-vait face au problème de comment conti-nuer à traire la “vache” américaine sans êtredisposé ni capable de donner quoi que cesoit en échange (139). …En réalité il y avaitquelque chose qu’Israël pouvait donner à la“vache” américaine, mais cela devait restersecret» (140). S’il était très difficile pour lesUSA et la C.I.A. de contacter directementles habitants de l’Est et d’en avoir de pré-cieuses informations, «il ne restait riend’autre qu’à trouver un endroit où il y eutbeaucoup de gens qui eussent vécu récem-ment dans un territoire contrôlé par lesSoviétiques. Puis tant mieux si ce pays(Israël) avait aussi une expérience consoli-dée du travail clandestin dans cette partiedu monde et une organisation de servicessecrets hautement efficace et impatiente decollaborer avec les USA» (141). Cette thèsetrouve confirmation également dans le livrede Ostrovsky, qui soutient que le Mossaddépend totalement des Juifs qui vivent horsd’Israël, ceux qu’on appelle les Sayanim, etne pourrait pas fonctionner sans eux (142).

LE SIONISME ET L’ANCIEN TESTA-MENT

Mais quel est le plan de Dieu? Jérusalemest-elle destinée par le Seigneur à redevenirla capitale d’un Etat hébreu? La façon donts’est réalisée la formation de l’Etat d’Israëlcorrespond-elle à ce que doit être le royau-me de Juda d’après les prophéties? Ceci estla clé de la question sioniste: est-ce une chi-mère ou est-ce une réalité? L’étude théolo-gique du plan de Dieu donnera une réponse.

La réponse se trouve dans les prophétiesbibliques, mais qui doivent être bien interpré-tées, au sens spirituel (et non temporel); eneffet elles ne prédisent pas le rétablissement duroyaume temporel d’Israël, mais annoncent lafondation de l’Eglise romaine, royaume sur-

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tout et principalement spirituel et céleste.Déjà aux temps de la venue du Christ les

docteurs, les scribes et les pharisiens, en in-terprétant à la lettre les prophéties, se fai-saient une idée tout à fait terrestre et maté-rielle du royaume du Messie, et c’est pourcela qu’ils condamnèrent à mort Jésus, quiprêchait un royaume principalement spiri-tuel (l’Eglise sur terre et le Ciel dans l’au-delà) pour tous les hommes. Les sionistesd’alors ne furent pas contents et éliminèrentle vrai Messie. Et c’est encore avec cettefausse interprétation des prophéties messia-niques que les Juifs, depuis la destruction deJérusalem (70) et jusqu’à nos jours, conti-nuèrent à espérer dans la reconstitution duroyaume d’Israël.

La cause de ces fausses interprétationsest, pour la théologie catholique, la mécon-naissance du double objet de ces prophéties:l’un temporel, concernant la restauration deJérusalem et de l’Etat hébreu après la capti-vité de Babylone (586 avant J.-C.) et nonaprès la mort du Messie et la destruction deTitus (70); l’autre spirituel et concernant lafondation de l’Eglise, l’Israël spirituel quidoit conduire les hommes de tous lespeuples au Ciel (la Jérusalem céleste).

L’insigne théologien et exégète MgrLémann écrit à ce propos: “C’est aprèsavoir… méconnu le double objet des pro-phéties messianiques, l’un temporel, relatif àl’ancienne Jérusalem terrestre, et l’autre spi-rituel, relatif à la Jérusalem des âmes, œuvredu Messie, que le peuple juif s’est trompé etse trompe encore. (…) Malheureusement…le peuple juif s’est attaché et s’attache enco-re aux IMAGES qui revêtent la VERITEdes prophéties… Et c’est une seconde etnouvelle réédification de Jérusalem et duRoyaume de Juda que beaucoup parmi euxpersistent à vouloir. CHIMERE! Le doubleobjet des prophéties s’étant avéré, il y avingt-cinq siècles, grâce à la réédificationmatérielle de Jérusalem après l’exil babylo-nien, sous Esdras et Néhémie; l’autre, il y adix-neuf siècles, grâce à la fondation del’Eglise: Jérusalem spirituelle…

Chercher à reconstruire une Jérusalem ter-restre est la même chose que vouloir édifierl’ombre de la réalité. Or depuis dix-neuf siècleset pour toujours la réalité, qui est l’Eglise, adissipé l’ombre. Umbram fugat veritas!” (143).

Déjà St Alphonse Marie de Liguori avaitdécouvert ces erreurs: «Deux furent les erreursdes Juifs au sujet du Rédempteur qu’ils atten-

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daient: la première fut que quant à ce que pré-dirent les prophètes des biens spirituels et éter-nels, avec lesquelles le Messie devait enrichirson peuple, ils voulurent l’entendre des biensterrestres et temporels: Et erit fides in tempori-bus tuis, divitiae salutis, sapientia et scientia,timor Domini, ipse est thesaurus eius (Is.XXXIII, 6). Voilà les biens promis par leRédempteur, la foi, la science des vertus, lasainte crainte: telles furent les richesses salu-taires promises. En outre Il promit qu’Il auraitapporté le remède aux pénitents, le pardon auxpécheurs et la liberté aux captifs du démon: Adannuntiandum mansuetis misit me, ut mederercontritis corde et praedicarem captivis indulgen-tiam et clausis apertiorem (Is. LXI, 1).

L’autre erreur des Juifs fut que ce quiavait été prédit par les prophètes de la secon-de venue du Sauveur, quand Il viendra jugerle monde à la fin des siècles, ils voulurentl’entendre de la première venue. Tandis queDavid écrit du futur Messie qu’il doit vaincreles princes de la terre et abattre l’orgueil deplusieurs et, par la force de l’épée, détruiretoute la terre: Dominus a dextris tuis: confre-git in die irae suae reges. Iudicabit in nationi-bus… conquassabit capita in terra multorum(Ps. CIX, 5 et 6). Et le prophète (Joël II, 11)[voir Jérémie XII, 12] écrit: Gladius Dominidevorabit ab extremo terrae usque ad extre-mum eius. Mais ceci s’entend déjà de la se-conde venue, quand Il viendra comme jugepour condamner les mauvais; mais en parlantde la première venue, dans laquelle il doitvenir pour consommer l’œuvre de laRédemption, trop clairement prédirent lesprophètes que le Rédempteur devait faire surcette terre une vie pauvre et méprisée. Voilàce qu’écrivit le prophète Zacharie en parlantde la vie abjecte de Jésus-Christ: Ecce rextuus venit tibi iustus et salvator: ipse pauper etascendens super asinam et super pullum fi-lium asinae (Zach. IX, 9)» (144).

LE SIONISME ET LE NOUVEAU TES-TAMENT

Jésus, quatre fois, a prophétisé concernantl’avenir du Temple de Jérusalem; une premièrefois Il a annoncé son abandon de la part deDieu (Lc XIII, 34-35): “voici que votre maisonvous sera laissée ABANDONNEE” (l’adjectifdeserta cité dans la Vulgate ne se trouve pasdans le texte grec). Cette phrase annoncel’abandon du Temple de la part de Dieu: Jésusn’appelle plus le Temple MA maison ou la mai-

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son de MON PERE, mais VOTRE maison.Une seconde fois Jésus prédit la destruc-

tion de fond en comble du Temple: “Ils nelaisseront pas (tes ennemis) en toi PIERRESUR PIERRE” (Lc XIX, 41-44).

Une troisième fois Jésus prédit que leTemple sera rendu comme désert: “Voilàque votre maison vous sera laisséeDESERTE” (Matth. XXIII, 37-38). Ceci estune nouvelle annonce, plus solennelle, queDieu abandonnerait le Temple où Il habi-tait. Jésus répète deux fois cet abandon duTemple, parce que les Juifs avaient la folleespérance que le Temple, étant la maison deDieu, Il l’aurait épargné de toute calamité.C’est pourquoi Jésus voulut leur enlevercette confiance, en répétant l’annonce del’abandon et même pour faire mieux com-prendre la gravité de cet abandon Il ajoutaque le terrible mot déserte, signifie que leTemple est destiné à tomber en ruine.

Jésus enfin s’est prononcé une quatrièmefois, en jurant carrément que le Temple seraitdétruit même avec ses ruines: “En vérité jevous dis: il ne restera pas là pierre sur pierreQUI NE SOIT DETRUITE” (Matth. XXIV,2). Eh bien Dieu ABANDONNA le Templequand Jésus fut mis à mort et le voile duTemple se déchira en deux (Mc XV, 38; LcXXIII, 45). Le Temple fut DETRUIT parTitus, qui fit démolir par des soldats les mursdu Temple incendié. Restaient lesFONDATIONS, qui, au temps de Julienl’Apostat, FURENT ARRACHEES précisé-ment par les Juifs eux-mêmes qui les avaientdéterrées dans l’espoir d’en creuser de nou-velles et de reconstruire le Temple, chose quine fut pas possible à cause des feux souterrainset des tremblements de terre, “qui englou-tirent…ce qui restait du Temple” (145). Voilàaccomplie la quatrième promesse, les ruineselles-mêmes du Temple ont été détruites:“Lapis super lapidem qui non destruatur”(Matth. XXIV, 2). Cette destruction, d’aprèsla Tradition, n’est pas seulement totale, maisFINALE! St Jean Chrysostome dit: “personnene peut détruire ce que Jésus-Christ a édifié,aussi personne ne peut réédifier ce qu’Il a dé-truit. Il a fondé l’Eglise et personne ne pourrajamais la détruire; Il a détruit le Temple etpersonne ne pourra jamais le réédifier” (146).

CE QUE JESUS A PROPHETISECONCERNANT JERUSALEM

Jésus a prophétisé deux choses: la destruc-

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tion de Jérusalem et son sort après la destruc-tion, quand elle devra être “foulée aux piedspar les gentils, jusqu’à ce que les temps des na-tions soient accomplis” (Lc XXI, 24).

Après la destruction, opérée par Titus en70, Jérusalem fut effectivement encore occu-pée, saccagée, foulée aux pieds et dominéepar différents peuples païens. Vingt fois elleconnut l’invasion et le saccage! Les légionsd’Adrien commencèrent en 130; en 613 ce futle tour des Perses, auxquels suivit en 627Héraclius et en 636 le calife Omar. Une cin-quième et une sixième fois elle fut occupéeentre 643 et 868, quand la dynastie desOmeyades tomba et fut remplacée par lesAbbassides. En deux cents ans environ ellesubit neuf invasions: en 868 par le souverainégyptien Ahmed, en 905 par les califes deBagdad, en 936 par Mahomet-Ikhschid, en968 par les Fatimides, en 984 par le turcOrtok, et ensuite par le calife d’Egypte, en1076 par le turc Meleschah, puis par lesOrtokides et encore en 1076 par les Fatimides.La seizième fois ce furent les croisés qui entrè-rent à Jérusalem le vendredi 15 août 1099, àl’heure même de la mort de Jésus-Christ. En1188 ce fut Saladin qui enleva aux chrétiens

les Lieux Saints, en 1242 le souveraind’Egypte Nedjmeddin, en 1382 les Mamel-ouks et enfin en 1516 les Turcs avec Séhim I.

Sur le verset évangélique qui suit la pré-diction de l’assujettissement de Jérusalemaux païens “jusqu’à ce que les temps des na-tions soient accomplis” on donne deux inter-prétations: pour la première, soutenue parSt Jean Chrysostome (Discours contre lesJuifs) les paroles du Christ signifient“jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de nations”,c’est-à-dire JUSQU’A LA FIN DUMONDE, et donc exclut la possibilité queJérusalem puisse jamais devenir la capitaled’un Etat juif. Pour la seconde, au contraire,Jérusalem sera foulée aux pieds jusqu’à ceque la plénitude des nations soit entrée dansl’Eglise avec la conversion d’Israël, d’aprèsles paroles de St Paul (Rm. XI, 25-26): “Unepartie d’Israël est tombée dans l’aveuglement,jusqu’à ce que la plénitude des gentils soit en-trée, et qu’ainsi tout Israël soit sauvé”. Cettethèse exclut aussi, avec l’entrée progressivedes nations dans l’Eglise et le salut finald’Israël, la reconstruction du royaumed’Israël, comme le démontrent aussi l’abbéLémann et Mgr Spadafora (147).

JESUS ET LE ROYAUME D’ISRAEL

Le jour de l’Ascension les Apôtres, nonencore remplis du Saint-Esprit, étaientimbus de rêves de gloire et de félicité tem-porelle, comme tous les Juifs de cetteépoque qui attendaient un Royaume ter-restre du Messie guerrier et conquérant. Etcomme Jésus leur avait parlé en ce jour duRoyaume de Dieu et de la descente duSaint-Esprit, voilà que leurs espérances deroyauté temporelle se réveillèrent et ils de-mandèrent à Jésus: “Seigneur, est-ce en cetemps que vous rétablirez le Royaumed’Israël?” (148). Dans la réponse de Jésus[“Ce n’est pas à vous de connaître les tempset les moments que le Père a réservés en sapuissance; mais vous recevrez la vertu del’Esprit-Saint, qui viendra sur vous, et vousserez témoins pour moi à Jérusalem, danstoute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux ex-trémités de la terre” (149)] il y a un enseigne-ment indirect concernant le rétablissementdu royaume d’Israël, dans la mesure où Ilchoisit les disciples comme ses témoinsjusqu’aux extrémités du monde, Notre-Seigneur Jésus-Christ leur faisait com-prendre qu’il NE S’AGISSAIT PAS pour

Rome 1948 proclamation de l’Etat d’Israël: les Juifs dela ville défilent en sens inverse sous l’arc de Titus,

enfreignant une tradition de 2000 ans puisque cet arcétait le symbole de la victoire des anciens Romains sur lepeuple juif. Sur la photo, le premier à gauche est le grand

rabbin d’alors, David Prato, le troisième est SettimioSorani (qui écrivit un livre sur le B’naï B’rith) et à côtéde lui se trouve Raffaele Cantoni, premier président de

l’Union de l’après-guerre (photo Karnenu terra e popolo)

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Lui DE RENDRE A LA NATION JUIVESON ROYAUME TEMPOREL, mais defonder, au moyen de leur ministère aposto-lique, le Royaume d’Israël spirituel, l’Eglise(Verus Israël) qui de Jérusalem aurait du serépandre dans le monde entier.

Tel est le Royaume d’Israël que Jésus-Christ est venu fonder, Royaume des âmes,Royaume des Cieux: l’Eglise ici in via, et leParadis in Patria! Aucune allusion à un Etatd’Israël qui réapparaîtra à Jérusalem.

A l’objection spontanée qu’actuellementJérusalem est à nouveau la capitale d’unEtat hébreu, que la Palestine est leRoyaume d’Israël il faut donner une répon-se ample et articulée.

Le fait que Dieu ait permis le retour d’unegrande masse de Juifs en Terre Sainte nonseulement ne contredit pas les prophéties deJésus-Christ mais LES ACCOMPLIT, en tantque les Ecritures nous parlent même de laconversion d’Israël au Christianisme. Et MgrLémann lui-même voyait dans ce mouvementvers la Palestine une PREPARATION AUREGROUPEMENT imposant des Juifs quisera nécessaire puisque LEUR CONVER-SION EN MASSE apparaît EVIDENTE AUMONDE ENTIER.

Et le retour en masse du peuple juif dans laTerre Sainte implique-t-il vraiment la réalisa-tion STRICTE ET FORMELLE duSionisme? Avant sa conversion auChristianisme le peuple juif retrouvera-t-il lapossession COMPLETE ET INDEPEN-DANTE du pays de ses ancêtres? L’histoirejusqu’à maintenant a répondu. La possessionn’est pas PLEINE, COMPLETE et EX-CLUSIVE. En outre l’Etat d’Israël pour êtreVRAI ET LEGITIME Royaume d’Israël de-vrait être théocratique et donc avoir le troisiè-me Temple. Or, comme l’affirment tous lesJuifs orthodoxes, le Sionisme actuel n’a pasréussi à faire revivre cet état de choses, ou plu-tôt n’a même pas voulu l’essayer par principe;c’est pourquoi l’Etat d’Israël est seulementMATERIELLEMENT, mais non FORMEL-LEMENT, le Royaume rêvé des talmudistes.En outre les Juifs n’ont pas encore la pleinepossession de la Terre Sainte, qu’ils doiventpartager, en état de guerre continue, avecl’Etat palestinien (150).

Selon Mgr Lémann, même APRES LACONVERSION AU CHRISTIANISME,les Juifs ne pourront pas rétablir le Royaumed’Israël, c’est-à-dire qu’ils ne seront pasremis par Dieu dans le pays de leurs ancêtres

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dans lequel ils jouiront de la paix la plus pro-fonde, puisque le retour d’Israël dans la terrepromise doit être interprété dans le sens spi-rituel et métahistorique, c’est-à-dire commela conversion et le retour d’Israël dansl’Eglise du Christ, le Verus Israël.

D’autres exégètes soutiennent aucontraire qu’Israël sera rétabli en Palestineet qu’il y formera un Etat [chrétien, du mo-ment qu’il s’agit d’Israël converti] (151).

La conversion future des Juifs est admisecommunément par les théologiens catho-liques, parmi lesquels certains affirment queles Juifs, retournés au Christ et incorporés àl’Eglise, seront reconduits providentielle-ment en Palestine où ils restaurerontJérusalem et même le Temple, mais enl’honneur de Jésus-Christ. St Bède affirme,par exemple: “Quand Israël se convertira iln’est pas téméraire d’espérer qu’il retourne-ra sur le sol de ses pères, qu’il reprendra lapossession de Jérusalem pour y habiter” (152).Cette opinion cependant, même si elle re-prend les prophéties qui annoncent le réta-blissement du Royaume d’Israël et est suiviepar certains exégètes, semble renouvelerdans le fond l’erreur du Judaïsme talmu-dique, qui s’arrête à la signification littéraledes prophéties sans en saisir la significationspirituelle. Aussi l’opinion que les Juifsconvertis reconstruiront le Temple en l’hon-neur de Jésus-Christ est repoussée par MgrLémann en tant que contraire à toute l’éco-nomie du Nouveau Testament: en effet leTemple avait, outre la destination immédiateau culte divin de l’Ancienne Alliance, - dé-sormais révoquée - une signification symbo-lique (153), c’était la figure du TEMPLEFUTUR fondé par Dieu Lui-même, l’Egliseromaine. Le Saint représentait l’Eglise mili-tante et le Saint des Saints l’Eglise triom-phante. Maintenant que la réalité a remplacéla figure il n’y a plus de motif de reconstruireun Temple qui était éminemment figuratif.

LE SORT DE JERUSALEM JUSQU’ALA FIN DU MONDE

Sur ce sujet deux thèses sont en présen-ce; la première soutient que quand les tempsdes nations seront accomplis Jérusalem neconnaîtra plus la cohabitation avec l’Islam etdeviendra une capitale chrétienne, tandisque l’autre, plus sûre, soutient que JERU-SALEM SERA FOULEE AUX PIEDSJUSQU’A LA FIN DU MONDE à cause

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du déicide.Aussi les paroles de Jésus “Jérusalem

sera foulée aux pieds par les gentils, jusqu’àce que les temps des nations soientaccomplis” (154), sont expliquées de diffé-rentes manières: pour certains, elles signi-fient que Jérusalem cessera d’être foulée auxpieds quand l’Evangile sera prêché partoutdans le monde entier et Israël se convertiraen devenant un Etat chrétien; la majeurepartie des exégètes, toutefois, soutient queJérusalem sera foulée aux pieds jusqu’à lafin du monde, selon la thèse de St JeanChrysostome: «Jamais Jérusalem ne jouirade cette complète et tranquille splendeur…Elle présentera toujours des signes de la dé-solation décrétée. S’il advient même que,dans l’avenir, l’Antéchrist, réussisse à lui im-primer soudainement une splendeur anti-chrétienne, cette splendeur antichrétiennene sera que FACTICE ET PASSAGERE.Croire le contraire serait s’illusionner… Quecet “homme de péché, fils de la perdition”(IIThess. 2,3), tente de lui rendre, pour fairementir les prophéties, sa splendeur passée,immédiatement il se trouvera sous le coupd’une malédiction semblable à celle que pro-nonça Josué contre quiconque tenterait dereconstruire les murailles de Jéricho: “mau-dit soit devant le Seigneur”… Ainsi en ad-viendra-t-il de la tentative de l’Antéchrist…Pour faire disparaître une splendeur queJérusalem ne doit plus connaître [et ici l’onvoit la gravité du plan de Jean-Paul II dansTertio Millennio Adveniente] (155) un miraclede vengeance divine aura subitement frappél’Antéchrist et arrêté son bras» (156).

ROME CONTRE JERUSALEM

«Il y a deux villes ici-bas à l’égard des-quelles les combinaisons humaines resterontimpuissantes: Rome et Jérusalem… Rome,siège du Vicaire de Jésus-Christ, ne cesserajamais de l’être. Léon XIII vient de le pro-clamer une fois de plus dans son Encycliquerelative au Jubilé de 1900: “La marque divi-ne, qui a été imprimée à cette ville, ne peutêtre altérée ni par les combinaisons hu-maines, ni par aucune violence. Jésus-Christ,Sauveur du monde, a choisi, seule entretoutes, la ville de Rome pour une missionplus élevée et plus haute que les choses hu-maines, et Il se l’est consacrée. Il a décidéque le trône de son Vicaire s’y dresseraitdans la perpétuité”. Mais si Rome doit rester

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jusqu’à la fin des siècles le siège indestruc-tible du royaume du Christ et de la Papauté,Jérusalem, par contre, ne redeviendra jamaisla capitale ni le siège d’un nouveau royaumed’Israël. Une marque divine a été égalementimprimée sur elle, celle du châtiment. Ni lescombinaisons humaines, ni aucune violencene sauraient la faire disparaître» (157).

LE SIONISME ET L’ANTECHRIST

Il est une sentence commune des Pèresde l’Eglise (158) que les Juifs doivent recevoiret acclamer l’Antéchrist comme leur Messieet que Jérusalem ne redeviendra la capitaled’un état juif (parfaitement et complètement)ni sous le Règne de l’Antéchrist ni grâce àson aide. Pour bien comprendre la portée decette affirmation il faut d’abord résoudre laquestion de ce que sera le siège del’Antéchrist, pour laquelle existent deuxopinions.

Selon la première, l’Antéchrist auracomme siège de son royaume Jérusalem; lespartisans de cette thèse sont nombreux,parmi lesquels: St Irénée (159), Lactance (160),Sulpice Sévère (161), St Robert Bellarmin(162), Cornelius a Lapide (163), FrançoisSuarez (164). Elle se fonde sur l’Apocalypsedans laquelle St Jean affirme que Enoch etElie, adversaires de l’Antéchrist, seront tués«dans la grande cité où même le Seigneur aété crucifié» (165), c’est-à-dire à Jérusalem oùdonc l’Antéchrist, aura d’abord placé lesiège de son royaume.

La seconde opinion affirme au contraireque la capitale du royaume de l’Antéchristsera Rome, parce que, pour les partisans decette thèse, le texte de l’Apocalypse ne seréfère pas nécessairement à Jérusalemcomme siège de l’Antéchrist, lequel pourraitordonner la suppression des deux témoinsdans cette cité, mais en ayant ailleurs sonsiège; même pour mieux faire opposition auvrai Christ «N’EST-CE PAS LA QUEL’ANTECHRIST S’EFFORCERA DESUPPLANTER SON VICAIRE, LEPAPE?» (166). Ceux qui préparent son règne(les anticléricaux de toute sorte), semblentl’avoir très bien compris, en effet «c’estCONTRE ROME que se sont coalisés, de-puis des années, les efforts des francs-ma-çons et des Juifs, ces formidables prépara-teurs de la puissance de l’Antéchrist. Unefois établis dans cette terre de gloire qu’estRome, rien ne sera plus facile à l’Antéchrist

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que de se rendre à Jérusalem. C’est là, eneffet, que l’attend, d’après la prophétie deDaniel, le bras vengeur de Dieu» (167).

Mais même au cas où l’Antéchrist s’éta-blirait à Jérusalem, ce n’est pas pour celaque se réalisera le rêve du Sionisme, parceque celui-ci n’aura pas comme fin celle derétablir le Royaume d’Israël et de réaliserainsi les prophéties, mais seulement de sefaire adorer comme Dieu, pour cela «…lepeuple juif, tout en l’acclamant, devra,comme les autres peuples, se courber sousson joug: nulle indépendance nationale enface de son empire» (168) et les yeux ouvertsse convertira à Jésus-Christ regardant Celuiqu’ils ont transpercé.

Concernant le Temple, ensuite, ici l’onpeut se demander si l’Antéchrist arrivera à lereconstruire par haine des prophéties deJésus-Christ et pour essayer de les démentirou de les discréditer; certains Pères et exé-gètes, parmi lesquels St Irénée, St Cyrille deJérusalem, Suarez, l’affirment, en interpré-tant à la lettre les paroles de St Paul «jusqu’às’asseoir dans le Temple de Dieu, se faisantpasser lui-même pour Dieu» (169). Beaucoupd’autres Pères au contraire entendent méta-phoriquement le mot Temple, qui n’est pascelui de Jérusalem. Pour St Jérôme «s’assié-ra dans le Temple de Dieu: veut dire ou àJérusalem, ou dans l’Eglise et cela me paraîtle plus vrai [vel in Ecclesia, ut verius arbitra-mur]» (170). St Jean Chrysostome (171) est éga-lement de cette opinion ainsi que Théodoretqui explique aussi la manière dont cela arri-vera: «Ce que St Paul appelle le Temple deDieu, ce sont les églises dans lesquelles cetimpie prendra la première place, en essayantde se faire reconnaître comme Dieu» (172).

Mais même en admettant que l’Antéchristessaye de reconstruire le troisième Temple,ce n’est pas pour cela que se réaliseront lesespérances du Sionisme, puisque le but nesera pas la gloire de Jahwé, mais son cultepersonnel à la place de celui de Dieu. De plus«cette tentative sera tellement imparfaite,que le Temple, à proprement parler, ne serapas alors rétabli AU SENS STRICT ou pro-prie loquendo… Le Temple ne saurait êtrerelevé FORMELLEMENT, puisque l’entre-prise aura pour objet non pas le culte du vraiDieu, mais celui de l’Antéchrist. Car bienqu’au début, l’Antéchrist, pour tromper lesJuifs, simulera de vouloir rebâtir le Templepour le culte de Dieu, en réalité et dans le se-cret de son âme il n’agira de la sorte que pour

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sa propre gloire et pour se faire adorer» (173).CONCLUSION: L’ACTUEL ETATD’ISRAEL EST-IL LE ROYAUME MES-SIANIQUE?

Le Sionisme qui se réalise actuellementest-il l’accomplissement d’un BEAU REVEou est-il une CHIMERE? Après avoir vu laréponse du juif converti Augustin Lémannen 1901, examinons ce qu’affirment aujour-d’hui des historiens et des politologues dedifférentes extractions de pensée. Pour PaulJohnson la nouvelle Sion avait été conçuecomme réponse à l’antisémitisme duXIXème siècle et n’avait donc aucun fonde-ment ni fin religieuse, mais était seulement«un instrument politique et militaire pour lasurvivance du peuple juif… L’essence duJudaïsme était que l’exil finirait par un évé-nement métaphysique, en un moment établipar Dieu, non par une solution politiqueimaginée par l’homme. L’Etat sioniste étaitsimplement un nouveau Saül, sous-entendrequ’il fût une forme moderne du Messie étaitnon seulement une erreur, mais un blasphè-me. (…) Il pouvait seulement engendrer unautre faux messie» (174). Pour GershomScholem, grand chercheur de mystiquejuive: «L’idéal sioniste est une chose etl’idéal messianique en est une autre, et lesdeux choses n’ont pas de points de contactsinon dans la phraséologie ronflante des ras-semblements de masse qui souvent inspirentdans nos jeunes l’esprit du nouveau shabba-tisme destiné à tomber» (175).

«Dans le Sionisme il n’y avait pas de place- selon Johnson - pour Dieu comme tel…parce que depuis le début la majeure partiedes Juifs pratiquants considérèrent leSionisme avec soupçon ou avec une hostilitédéclarée et certains …pensèrent que c’étaitl’ŒUVRE DE SATAN… La création del’Etat sioniste n’était pas un retour juif dansl’histoire, un Troisième Etat, mais le com-mencement d’un nouvel exil et beaucoup plusdangereux… Le Sionisme était ‘rébellion’contre le Roi des rois …l’Etat juif finirait dansune catastrophe pire que l’holocauste» (176).

Les tout derniers massacres ont fait écri-re à Fiamma Nirestein: «DESARROI.Israël, qui a pour pierre angulaire le conceptde la sécurité de l’Etat juif, qui est né décidéà délivrer pour toujours l’histoire juive dusentiment de danger inévitable et continu,se trouve peut-être pour la première fois de-puis 1948, année de sa fondation, à ne pas

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savoir que faire, à percevoir, à cause des at-taques homicido-suicidaires qui se succèdentimplacablement, un sens de vide, de perte,de DESARROI précisément» (177).

Toujours sur La Stampa, Avraham BenYehoshua met en évidence le même malai-se: «LE CAUCHEMAR: Juifs contre Juifs:L’antique spectre de la guerre civile revient.

Dans ces derniers temps la presse israé-lienne consacre beaucoup de place à l’éven-tualité d’une guerre civile. Le traumatismed’une guerre fratricide… s’accompagne dusouvenir de la perte de la souveraineté… En1970… Jérusalem fut conquise… mais à ladéfaite militaire contribua une guerre fratrici-de… combattue entre ceux qui avaient choisipour nom ‘zélotes’ et les ‘sadducéens’. Cetteguerre interne affaiblit l’Etat hébreu et pré-para le terrain à la défaite militaire définitive,et c’est pour cette raison que tout symptômede lutte possible de ce genre réveille un sou-venir doublement traumatique… Au fond lesmotifs de division étaient les mêmes qui serencontrent aujourd’hui dans la société israé-lienne. Il s’agit de la lutte entre deux codesdifférents… le code religieux et le code natio-nal… On est retourné [aujourd’hui] en uncertain sens à l’ancien conflit entre les deuxcodes… on ne doit donc pas s’étonner siparmi les plus violents opposants au gouver-nement actuel se trouvent de nombreusespersonnes qui exhibent leur religiosité. Cesont eux les représentants de pointe d’uneopposition qui risque de devenir violente.C’est pourquoi le code religieux, qui s’expri-me dans la sacralisation de la terre d’Israël,l’emporte sur le code national… Commepour les zélotes il n’était pas absurde de se ré-volter contre l’Empire romain. Ainsi pour lesreligieux contemporains il n’y a rien de maldans le fait de continuer l’absurde domina-tion sur un peuple qui représente environcinquante pour cent de sa population sans lui

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accorder les droits civils… C’est donc la pos-sibilité que ces facteurs [USA et Europe,n.d.r.] contribuent à empêcher que les parti-sans du code religieux déchaînent une guerrecivile aux issues DIFFICILEMENT PRO-NOSTICABLES» (178).

«Israël le lendemain du grand malheur[la mort de Rabin, n.d.r.]… la grande peurdes Israéliens a un nom blasphématoire:guerre civile. Inutile de se voiler la face.Israël court et courra ce risque monstrueux,dévastant, si celui qui a recueilli le témoi-gnage n’agit rapidement» (179).

Il semble presque comprendre le douteou la crainte que le Sionisme, loin de repré-senter un magnifique succès, puisse se trans-former en un TERRIBLE ECHEC.

Au terme de l’analyse du Sionisme on re-tourne au point de départ: tout ce quiconcerne le problème juif est un problèmeexclusivement religieux: déjà St Grégoire leGrand affirmait que «ceux qui refusent decroire au Rédempteur se donneront ensuite…à l’Antéchrist» (180). Le motif peut êtretrouvé dans les mots de Nirenstein: Israël arejeté la vraie pierre d’angle Notre-SeigneurJésus-Christ (qui aurait du réunir les Juifsaux païens dans l’unique Eglise de Dieu,comme la pierre d’angle sert de base auxdeux murs de la maison) et y a substitué uneautre, le concept de la SECURITE de l’Etathébreu; mais jamais l’homme ne sera sûr s’ilne fonde pas toute son espérance en Dieu eten Son Fils Jésus-Christ (181). Alors la substi-tution d’un Messie personnel par une idéeabstraite est à la base de l’échec duSionisme, c’est la raison profonde de la si-tuation de DESARROI constatée parNirenstein, nonobstant l’opulence et la puis-sance actuelle de l’Etat d’Israël, puisque lecœur de l’homme ne trouvera pas la paixtant qu’il ne se reposera pas en Celui qui l’asauvé et qui dans l’Evangile avait prédit:«La pierre [le Christ] qu’ont rejetée ceux quibâtissaient [les Juifs] est devenue PIERREANGULAIRE [qui unit en une seule Egliseles deux peuples, le païen et l’israélite].Quiconque tombera sur cette pierre serabrisé, et celui sur qui elle tombera, elle le ré-duira en poudre [c’est-à-dire celui qui parmépris aura voulu l’enlever]» (182).

BIBLIOGRAPHIE

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Des membres de la Brigade Juive arrêtent des soldats al-lemands à la fin de la Seconde Guerre mondiale

(photo tirée de l’Encyclopedia Judaica)

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NOTES

1) “Dans les dernières vingt-cinq années duXIXème siècle, …un nouveau type de mouvement pritforme dans l’Europe orientale avec l’objectif de pro-mouvoir le retour des Juifs dans la terre d’Israël… Denombreuses autorités orthodoxes s’opposèrent à ce quipour elles était une appropriation arrogante du rôle duMessie… En 1890 un journaliste viennois, TheodorHerzl, fut envoyé à Paris pour faire un rapport sur l’af-faire Dreyfus… Herzl, un juif non religieux, fut indignépar l’antisémitisme… de nombreux opposants àDreyfus. Il devint profondément convaincu qu’il nepouvait y avoir de liberté et d’égalité pour les Juifs quesur leur terre. C’est ainsi que Herzl fonda le Mouve-ment sioniste, une organisation consacrée à promouvoirla cause d’un état juif en terre d’Israël alors dominéepar la Turquie… Durant la première guerre mondiale(1917) la Grande-Bretagne publia un document dans le-quel elle appuyait le concept de Palestine comme sièged’un foyer national juif. Ainsi après avoir conquis cetteterre aux Turcs, la Grande-Bretagne reçut un mandatsur les territoires de la Société des Nations… En 1947 laGrande-Bretagne informa les Nations Unies de vouloirabandonner son mandat sur la Palestine… l’ONU votale partage de la Palestine en deux états séparés: l’un juifet l’autre arabe et mit Jérusalem sous une juridiction in-ternationale. Les pays arabes se refusèrent à acceptercette solution et cinq d’entre eux envoyèrent leurs ar-mées en Palestine dès que s’en allèrent les Anglais… Ladirection juive proclama la naissance de l’Etat d’Israëlau terme de la souveraineté britannique le 14 mai 1948.Les forces militaires israéliennes réussirent à battre surle champ les armées arabes, et Israël s’appropria un ter-ritoire plus vaste que celui prévu par le plan de partagede l’ONU. L’Etat hébreu réussit à occuper aussi unepartie de Jérusalem à l’exception de la Vieille Ville…[elle] et certains territoires habités par la majorité desArabes restèrent occupés par les forces militaires jorda-niennes et furent appelés la Rive occidentale (Westbank)… En 1967 Israël lança une action préventivecontre l’Egypte… Les forces militaires israéliennes réus-sirent à occuper la péninsule du Sinaï, la Rive occidenta-le et la Vieille Ville de Jérusalem, le conflit dura sixjours. En 1973 l’Egypte attaqua les forces militaires is-raéliennes au Sinaï: à cette occasion le résultat ne futpas concluant comme par le passé… l’Egypte avait réus-si à repousser une avance israélienne sur ses territoires”.Cf. R. A. ROSEMBERG, l’Ebraismo, storia, pratica,fede, Mondadori, Milano 1995, pp. 170-174.

2) A. LÉMANN, L’avenir de Jérusalem, Paris 1901, p. 3.3) Che cos’è il Sionismo, par le Centre d’informa-

tion d’Israël, Jérusalem 1990.4) A. LÉMANN, op. cit., p. 11.

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5) A. LÉMANN, op. cit., p. 21.6) Cf. ce n° 42, pp. 70-73 et n° 40 (éd. ital.) pp. 54-56.7) A. LÉMANN, op. cit., p. 26.8) Cf. M. BLONDET, I fanatici dell’Apocalisse, Il

Cerchio, Rimini 1992.9) A. LÉMANN, op. cit., p. 26.10) Ibidem, p. 41.11) Ibidem, p. 43. Voir aussi, sur ce sujet: L.

POLIAKOV, I banchieri ebrei e la Santa Sede, NewtonCompton, Roma 1974.

12) Archives israélites, année 1862, p. 309.13) A. LÉMANN, op. cit., p. 65.14) P. SELLA, Prima d’Israèle, ed. L’uomo libero,

Milano 1990, pp. 19-21.15) P. SELLA, op. cit, p. 25.16) P. SELLA, op. cit, p. 26.17) P. SELLA, op. cit, p. 36.18) P. SELLA, op. cit, p. 162.19) P. SELLA, op. cit, p. 169.20) P. SELLA, op. cit, p. 224.21) P. SELLA, op. cit, p. 234.22) P. SELLA, op. cit, p. 240.23) A ce propos, l’interview accordée par Fini au

JERUSALEM POST et rapportée par le Secolo d’Italiasous le titre Abbiamo un amico a Roma, par DennisEisemberg et Uri Dan, ex-agent du Mossad et auteurde Mossad, 50 ans de guerre secrète (Presses de la cité,Paris 1995) ne peut pas surprendre. A la déclaration deFini selon laquelle «Jérusalem doit et peut être seule-ment aux Israéliens» [4 juillet 1995, p. 5] les intervie-weurs commentent: «Il est vraiment rare de trouver unhomme d’état européen qui ne soit pas tenu à deman-der à Israël de renoncer à une partie de sa souverainetésur Jérusalem… ou d’internationaliser la ville. Le toutsur le fond de pressions du Vatican».

24) P. GUZZANTI, Tel Aviv, anima ribelle d’Israèle,in La Stampa. 15 /7/1995, p. 9.

25) A. LÉMANN, op. cit., p. 70.26) A. LÉMANN, op. cit., p. 71. Voir aussi Le Réveil

d’Israël, juillet 1898.27) A. LÉMANN, op. cit., p. 71.28) Archives israélites, 23 septembre 1897.29) A. LÉMANN, op. cit., p. 77.30) Archives israélites, 20 septembre 1897.31) M. Dreyfuss, grand rabbin de Paris, in Archives

israélites, 23 septembre 1897.32) Archives israélites, 15 septembre 1898.33) Cf. Le Réveil d’Israël, octobre 1899.34) A. LÉMANN, op. cit., p. 122.35) La Croix, 10 mars 1895.36) E. RATIER, Mystères et secrets du B’naï B’rith,

éd. Facta, Paris 1993.37) E. RATIER, op. cit., p. 180.38) B’naï B’rith, The first Lodge of England, 1910-

35, Paul Goodman, imprimé par la Loge, Londres 1936.39) M. Honigbaum, B’naï B’rith journal, juin 1988.40) B’naï B’rith Magazine, supplément, février 1925.41) E. RATIER, op. cit., p. 183.42) E. RATIER, op. cit., p. 188.43) E. RATIER, op. cit., p. 190.44) SAMUEL HAPPERIN, The Polittical World of

American Zionism, édité par Informations DynamicsInc., 1985.

45) E. RATIER, op. cit., p. 202.46) F. TAGLIACOZZO-B. MIGLIAU, Gli ebrei nella

storia e nella società contemporanea, La Nuova Italia,Firenze 1993, p. 114.

47) TEODORO HERZL, Lo Stato Ebraico, Roma

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1955, p. 77.48) F. TAGLIACOZZO- B. MIGLIAU, op. cit., p. 115.49) TOM SEGEV, Le septième million, éd. Liana

Levi, Jérusalem 1991 (1993).50) BARBARA SPINELLI, in La Stampa, 27 avril 1995,

pp. 1-6.51) F. TAGLIACOZZO-B. MIGLIAU, op. cit., p. 120.52) A. LÉMANN, op. cit., p. 136.53) S. FERRARI, Vaticano e Israèle, Sansoni, Firenze

1991, p. 9. Cf. H. F. KÖCK, Der Vatikan und Palestina,Wien-München, Herold 1973, p. 40.

54) PASQUALE BALDI, La Questione dei LuoghiSanti in generale, Bona, Torino 1919, pp. 85-87.

Cf. A. BAUDRILLART, Jérusalem délivrée, Beau-chesne, Paris 1918 et E. JULIEN, La délivrance deJérusalem, Imprimeries réunies, Boulogne-sur-Mer 1917.

55) S. SAYEGH, Le Statu quo des Lieux Saints,Pontificia Università Lateranense, Roma 1971.

56) S. FERRARI, op. cit., p. 11.57) S. FERRARI, op. cit., p. 12. Cf. aussi: S. I.

MINERBI, Il Vaticano, la Terra Santa e il Sionismo,Bompiani, Milano 1988, p. 39.

58) G. VERRUCCI, La Chiesa nella società contem-poranea, Laterza, Bari 1988, pp. 10-11.

59) S. FERRARI, op. cit., p. 13. Cf. également: G.ALBERIGO-A. RICCARDI, Chiesa e papato nel mondocontemporaneo, Laterza, Bari 1990.

60) S. FERRARI, op. cit., pp. 13-14.61) S. I. MINERBI, Il Vaticano, la Terra Santa e il

Sionismo, Bompiani, Milano 1988, p. 189. Du même au-teur voir aussi Il Vaticano e la Palestina durante laprima guerra mondiale, in Clio 1967, pp. 433-435, et E.FARHAT, Jerusalem nei documenti pontifici, Città delVaticano 1987, Libreria editrice Vaticana.

62) Allocution Causa nobis, 13 juin 1921, Actes deBenoît XV, tome III, Bayard, Paris 1926, p. 85.

63) Ibidem.64) Sur cette question voir G. CASTELLI CA-

VAZZANA, L’opera per la preservazione della fede inPalestina, ed. Cavalieri del Santo Sepolcro, Milano 1933;

C. CRIVELLI, Protestanti e cristiani orientali, ed. LaCiviltà Cattolica, Roma 1944, pp. 397-429;

Osservatore Romano, 20 novembre 1924.65) Cf. Osservatore Romano 30 juin 1922.66) S. FERRARI, op. cit., p. 16.67) L’Osservatore Romano, 14 novembre 1924,

“Dalla Palestina. Le avanguardie dei missionari”.68) Cf. L’Osservatore Romano, 15 novembre 1924,

“Come divenni cattolico. Hans Herzl, figlio del fonda-tore del Sionismo, racconta la sua conversione dal giu-daismo”. Cf. aussi: La Civiltà Cattolica 1937, III, p. 37,“La questione giudaica e l’apostolato cattolico”.

69) La Civiltà Cattolica 1938, VI, p. 78, “Intornoalla questione del Sionismo”.

70) La Civiltà Cattolica 1922, III, p. 117, “IlSionismo dinanzi all’opinione dei non ebrei”.

71) La Civiltà Cattolica 1937, II, p. 431, “La ques-tione giudaica e il Sionismo”.

72) La Civiltà Cattolica 1934, IV, p. 136, “La ques-tione giudaica e l’antisemitismo nazista”.

73) La Civiltà Cattolica 1938, II, p. 81, “Intorno allaquestione del Sionismo”. Voir aussi La Civiltà Cattolica1924, IV, p. 487, “Un episodio del Sionismo in Palestina”.Cf. E. CAVIGLIA, Il Sionismo e la Palestina negli articilidell’Osservatore Romano e della Civiltà Cattolica, in Clio1981, pp. 79-90; R. DE FELICE, Storia degli ebrei italianisotto il fascismo, Einaudi, Milano 1961, pp. 60-61.

74) Acta Diurna Sancta Sedis, IX, p. 184, 13/03/ 1943.

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75) S. FERRARI, op. cit., p. 20.76) La Civiltà Cattolica 1938, II, p. 76, “Intorno alla

questione del Sionismo”.77) M. J. DUBOIS, The Catholic Viecu, in

Encyclopedia Judaica Yearbook, Jerusalem 1974, p. 168.78) S. FERRARI, op. cit., p. 21.79) L’Osservatore Romano, 20 septembre 1921.80) S. FERRARI, op. cit., p. 22.81) Lettre du cardinal Maglione au cardinal

Cicognani, 18 mai 1944, in Acta Diurna Sanctae Sedis,IX, p. 302.

82) Acta Diurna Sanctae Sedis, XI, p. 509.83) S. FERRARI, op. cit., p. 42.84) On peut consulter à ce sujet: G. VANZINI, Il Sionismo e la divinità di Gesù Cristo,

Artigianelli, Pavia 1933; A. GRASSI, Contributo alla so-luzione della questione dei Luoghi Santi, Tipografia deiPadri francescani, Jerusalem 1935;

dans la Civiltà Cattolica: La rivoluzione mondiale egli ebrei, 1922, IV, pp. 111 ss; Il pericolo giudaico e gliAmici d’Israèle, 1928, II, p. 342 ss; La questione giudai-ca, 1936, IV, pp. 37-88; la questione giudaica e ilSionismo, 1937, II, p. 418-99;

G. DE VRIES, Cattolicesimo e problemi religiosi nelprossimo Oriente, Roma 1944, La Civiltà Cattolica.

85) L’Osservatore Romano, 28 mai 1948. Déjà le 14mai, jour de la naissance d’Israël, il avait écrit: «LeSionisme moderne n’est pas le vrai Israël biblique, maisest un état laïc… c’est parce que la Terre Sainte et lesLieux sacrés appartiennent au Christianisme, vraiIsraël».

Voir également: J. PARKERS, Il problema ebraiconel mondo moderno, Nuova Italia, Firenze 1953 et G.LO GIUDICE, L’essenza dell’Ebraismo liberale, inCiviltà Cattolica, 1952, III, pp. 411-15.

86) F. TAGLIACOZZO, op. cit., p. 192.87) M. BLONDET, I fanatici dell’Apocalisse, Il

Cerchio, Rimini 1992, p. 26.88) E. RATIER, Les guerriers d’Israël, éd. Facta,

Paris 1995, p. 29.89) Cf. J. SCHECHTMAN, The Jabotinsky-Slavinsky

agreement, Jewis Social Studies, octobre 1955.90) Cf. P. GINIEWSKI, in Cactus, mai 1991.91) E. RATIER, op. cit., p. 39.92) E. RATIER, op. cit., p. 41.93) E. RATIER, op. cit., pp. 41-42.94) Le Bétar, présenté officiellement à Paris [où le

25 avril 1925 avait été fondée aussi l’Alliance des

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Sionistes révisionnistes] le 5 décembre 1929 sous le nomde Berich Trumpledor-Jeunesse sioniste révisioninste,est né du Mouvement sioniste révisionniste fondé en1923 par Jabotinsky à Riga. «Le Bétar… estaujourd’hui pour la jeunesse la structure militaire duparti HÉRUT, qui dérivait à son tour du TAGAR, or-ganisation qui a la charge de protéger manu militari lescommunautés». (L’événement du jeudi, 26 septembre1991). Tagar en hébreu signifie défi; en France il repré-sente l’organisation la plus militante du Bétar et réunitexclusivement des étudiants de dix-huit à vingt-troisans. Son siège parisien est dans le même bâtiment quele Bétar, 59 Boulevard de Strasbourg, Xème arrondis-sement, et sur son papier à en-tête figure une autre or-ganisation, le Mouvement des étudiants sionistes (qui esten réalité le Tagar lui-même). D’après EmmanuelRatier c’est une organisation paramilitaire dont lesmembres ont le droit d’endosser l’uniforme; elle possè-de en outre son journal, le Cactus, qui ne sort que demanière sporadique et auquel collabore le journalisteultrasioniste Paul Giniewski, auteur du livre La croixdes Juifs (éd. MJR, Genève 1994 dont a traité M. l’abbéF. RICOSSA in Sodalitium n° 41, pp. 12-28). A partir deseptembre 1992 le Tagar publie aussi L’Etudiant juif; ilentretient en outre de très bons rapports avec le Tsahal,l’armée israélienne. LES ARGUMENTS DU BÉTARSONT SYMETRIQUES A CEUX DES ANTISE-MITES: LES JUIFS NE POURRONT JAMAISETRE FRANCAIS (OU ALLEMANDS OU ITA-LIENS…) COMME LES AUTRES. CE POINT ESTTRES IMPORTANT POUR LES ULTRASIO-NISTES, PARCE QU’IL DETRUIT COMPLETE-MENT TOUTE IDEE D’INTEGRATION OU D’AS-SIMILATION ET SEMBLE CONFIRMER COM-MENT LE SIONISME ET L’ANTISEMITISME BIO-LOGIQUE COINCIDENT IDEOLOGIQUEMENT.L’HERUT français est le représentant en France duparti de Begin et Shamir et réunit les sionistes révision-nistes partisans de Jabotinsky. Il fut érigé en associationlégale en 1905 et est la maison-mère du Bétar-Tagar.Le LIKUD (alliance de divers partis d’extrême-droite)a comme élément moteur propre l’Hérut. Celui quicontrôle au plus haut niveau l’autodéfense juive est leMOSSAD, dont le fondateur Isser Harel a déclaré en1992, suite à certaines manifestations des nazis alle-mands, que si les autorités allemandes sont incapablesd’arrêter la montée du néonazisme: «… pourquoi le dé-partement action du service secret israélien n’élimine-rait-il pas lui-même - discrétement - partout où ce seraitnécessaire les nouveaux adeptes de la peste brune?»(Le Monde, 26/XI/1992). Harel explique égalementcomment il a organisé des groupes d’autodéfense danstoute l’Europe: «Nous avons décidé de secourir toutesles communautés juives dans les pays où les gouverne-ments ne pouvaient ou ne voulaient pas freiner la vagueantisémite. Nous l’avons fait en Europe et dans lemonde entier… en créant des organisations juives dedéfense. (…) Ceci n’a pas été fait en coordination avecles autorités locales, nous avons pris cette initiative uni-latéralement» (Tribune Juive, 26/I/1993).

95) E. RATIER, op. cit., p. 46.96) Cit. in E. RATIER, op. cit., p. 49.97) E. RATIER, op. cit., p. 50.98) Cit. in RATIER, op. cit., p. 58.Cf. Y. SHAVIT, Jabotinsky and the Revisionist move-

ment, Franck Cass, 1988; A. DIELHOFF, L’invention d’une nation, Gallimard,

Paris 1993.

Uri Dan, le journaliste qui interviewa aussi Fini, encompagnie du fondateur et premier chef du

“Mossad”: Isser Harel

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99) Cit. in RATIER, op. cit., p. 60.100) E. RATIER, op. cit., pp. 75-77.Cf. L. BRENNER, Zionism in The age of dictators,

Corcum Hell, 1983;E. BEN ELISSAR, La diplomatie du Troisième Reich

et les Juifs, Julliard 1969.101) 15/III/1935, p. 1.102) Cit. in E. RATIER, op. cit., p. 77.103) Cit. par E. RATIER, op. cit., p. 78.104) Cf. F. NICOSIA, The Third Reich and the

Palestine Question, Tauris [London] 1985.105) E. RATIER, op. cit., p. 93.106) A. DIECK HOFF, L’invention d’une nation,

Israël et la modernité politique, Gallimard 1993 cit. in E.RATIER, op. cit., pp. 97-98.

107) Le texte original a été publié par D. YISRAELI,Le problème palestinien dans la politique allemande,Bar Ilan University, 1974.

108) Cit. in E. RATIER, op. cit., p. 98.109) Cf. N. YAHIM-MOR, Israël, La Renaissance, 1978.110) Cf. Yediot Aharonot, 4/II/1983.111) Cf. Jerusalem Post, 18/IX/1983.112) L. BRENNER. Zionism in the Age of the

Dictators, Corcun Hell, 1983.113) Cf. M. COHEN, Du rêve sioniste à la réalité is-

raélienne, La Découverte, 1990.114) RATIER, op. cit., p. 66.Cf. la revue L’idea sionista, in L. Brenner, Zionism

in the Age of the Dictators.115) Cf. B. MUSSOLINI in Il Popolo d’Italia,

8/IX/1933 et 17/II/1934.116) Cf. Jewish Daily Bulletin, 1935.117) M. BAR ZOHAR, Ben Gourion, le prophète

armé, Fayard 1966.118) Cf. E. RATIER, op. cit., p. 68.119) Cit. in E. RATIER, op. cit., p. 70.120) R. DE FELICE, op. cit., p. 174.121) F. TAGLIACOZZO, op. cit., p. 198.122) «Mussolini n’a jamais été antisémite, au moins

jusqu’en 1936. Il avait traité avec le Sionisme avec unegrande ouverture et indépendance d’esprit, toutes lesfois qu’il lui avait été utile dans sa perspective de péné-tration au Moyen-Orient et d’opposition à la prépondé-rance anglo-française. Il avait exalté… la contributiondes Juifs au Risorgimento…». G. SPADOLINI, Gli annidella svolta mondiale, Longanesi, Milano 1990, p. 250.

123) R. DE FELICE, op. cit., pp. 159-161.124) HANNAH ARENDT, Ripensare in Sionismo in

Ebraismo e modernità, Feltrinelli, Milano 1993, p. 26.125) HANNAH ARENDT, op. cit., p. 87.126) HANNAH ARENDT, op. cit., pp. 98-134.127) F. TAGLIACOZZO, op. cit., pp. 405-413.128) PAUL JOHNSON, Storia degli ebrei, Longanesi,

Milano 1987, p. 580.129) F. TAGLIACOZZO, op. cit., p. 419.130) PAUL JOHNSON, op. cit., pp. 587-588.131) F. TAGLIACOZZO, op. cit., p. 421.132) F. TAGLIACOZZO, op. cit., p. 438.133) ANDREW E LESLIE COCKBURN, Amicizie per-

icolose, Gamberetti editrice, Roma 1993, pp. 45-46.134) Cf. S. GREEN, Taking Sides, William Mozzow,

New York 1984.135) A. E L. COCKBURN, op. cit., pp. 46-47.136) A. E L. COCKBURN, op. cit., p. 47. Cf. S.

GREEN, Living by the sword, Brattleboro, VT, AmanaBooks, 1988, pp. 217-219.

137) Cf. M. J. STONE, Truman and Israel ,University of California press, Berkeley 1990.

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138) A. et L. COCKBURN, op. cit., pp. 49-55, passim.139) Cf. U. BIALER, Between East and West,

Cambridge University Press, New York 1990.140) A. et L. COCKBURN, op. cit., p. 59.141) A. et L. COCKBURN, op. cit., p. 67.142) V. OSTROVSKY, Mossad. Un agent des services se-

crets israéliens parle, Presses de la Cité 1990. Le livred’Ostrovsky, bien qu’il soit un agent des services secrets,semble être digne de foi, en tant que - comme l’écritActualité juive - «Un ex-agent du Mossad, Vistor Ostrovsky,condamné à trente ans de prison par contumace, poursuit lé-galement une chaîne de télévision canadienne… “pour inci-tation à l’homicide” Vistor Ostrovsky est l’auteur de deuxlivres à succès sur le Mossad, basés sur cinq années passéesdans les services israéliens… Ladite chaîne de télévision dé-noncée par Ostrovsky recevait le 5 octobre 1994 le journalis-te israélien Yosef Lapid qui, quelques jours avant avait écritsur le quotidien israélien Ma aziv que Ostrovsky ne devraitpas avoir le droit de vivre. Durant l’interview téléviséeLapid a déclaré que le Mossad n’assassinerait pas Ostrovskypour ne pas compromettre les relations israélo-cana-diennes.» Cf. Actualité Juive, n° 417, février 1995, p. 13.

143) Ibidem, pp. 165-169.144) ST ALPHONSE MARIE DE LIGUORI, Passion de

Notre-Seigneur Jésus-Christ, Alfonsianum, Roma 1934,pp. 188-189.

145) A. LÉMANN, op. cit., pp. 177-178.146) ST JEAN CHRYSOSTOME, Homiliae contra

Judeos. Cf. V. MESSORI, Pati sotto Ponzio Pilato, Sei,Torino 1992 et M. BLONDET, I fanatici dell’Apocalisse,Il Cerchio, Rimini 1992.

147) F. SPADAFORA, Gesù e la fine di Jérusalem,Istituto Padano di Arti Grafiche, Rovigo 1950.

148) Actes, I, 6.149) Actes, I, 7-8.150) Cf. J. PIGNAL, Le Sionisme palestinien et son

attitude religieuse, in Christus, Lyon 1935, pp. 482-507.151) Cf. T. DE SAINT JUST, Les frères Lémann juifs

convertis, Duculot, Gembloux 1937, p. 442.152) St BEDE, In Luc XXI, 24 In Rom. XI, 25-26.153) St THOMAS D’AQUIN, Somme Théologique, 1a

2æ q 102 a 2.154) Lc XXI, 24.155) Jean-Paul II dans la Lettre Apostolique explique

que nous entrons dans le troisième millénaire de l’EreNouvelle et que le Concile Vatican II a été l’événementqui a marqué le début de la préparation du Jubilé du se-cond millénaire. «Avec le Concile a été comme inauguréela préparation immédiate du grand Jubilé de l’An 2000»(Tertio Millennio Adveniente, n° 20). Le Concile est uneespèce d’“Avent” qui nous prépare à la venue du Messie(comme si le Messie n’était pas déjà venu en la personnede Jésus-Christ!). La préparation de l’an 2000 est une clefherméneutique pour comprendre les encycliques deJean-Paul II, pour qui «le Jubilé consistera à visiter tousces lieux qui se trouvent sur le chemin du peuple de Dieude l’Ancienne Alliance» (Ibidem, n° 24), qui pour Jean-Paul II «n’a jamais été révoquée» (cf. N. LOHFINK, L’al-leanza mai revocata, Queriniana, Brescia 1991). L’an2000 devra être soigneusement préparé par une phasePREPARATOIRE (après la phase IMMEDIATE duConcile Vatican II) articulée en deux phases: a) «…unepremière phase de sensibilisation des fidèles», de 1994 à1996 avec un caractère ANTE-PREPARATOIRE (n°31), qui «devra servir à raviver chez le peuple chrétien laconscience de la valeur et de la signification que le Jubiléde l’An 2000 revêt dans l’histoire humaine». Dans cettepériode non seulement est créé à cet effet un Comité

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d’étude, mais « …il est juste que… l’Eglise prenne encharge… le péché de ses enfants… dans le souvenir detoutes les circonstances dans lesquelles ils se sont éloignésde l’esprit du Christ… Parmi les péchés qui requièrent…un plus grand effort de conversion, il faut compter… ceuxqui ont porté atteinte à l’unité voulue par Dieu pour sonPeuple». (Comme si l’Eglise n’était plus UNE comme leproclame le Credo!). Cette période servira à dépasser lesdivisions du second millénaire de l’histoire de l’Eglise.L’autre péché dont on doit demander pardon est le re-cours aux «méthodes d’intolérance… dans le service de laVérité» (n° 35). Ces péchés des catholiques «en ont défi-guré son visage [de l’Eglise], l’empêchant de refléter plei-nement l’image de son Seigneur» (n° 35). L’Eglise ante-conciliaire n’est donc pas pleinement l’Eglise du Christ etcela depuis au moins un millénaire!

La seconde phase proprement préparatoire va de1997 à 1999. Au cours de la première année (1997) onréfléchira sur Jésus-Christ, dans la seconde sur l’Esprit-Saint et dans la troisième sur le Père, le tout à la lumièredu dialogue spécialement avec les Juifs et lesMusulmans (qui nient le Père, le Fils et le Saint-Esprit!).Sont ensuite prévues des rencontres communes àJérusalem. 1999 [et il suffit de renverser les chiffres pouravoir le chiffre de la Bête 666] est le tremplin du sautpour le Jubilé de l’an 2000 «qui aura lieu simultanémenten Terre Sainte et à Rome (n° 55). «La dimension œcu-ménique du saint Jubilé pourra… être mise en évidencepar une RENCONTRE PAN-CHRETIENNE significa-tive» (n° 55). Si on lit Tertio Millennio Adveniente à lalumière de ce que la Tradition a enseigné sur la conver-sion d’Israël, précédée de l’avènement de l’Antéchrist,on ne peut pas ne pas être terrifiés.

156) A. LÉMANN, op. cit., p. 333.157) Ibidem, pp. 333-334.158) Cf. Sodalitium, n° 21, pp. 3-22.159) ST IRENEE, Adversus Haereses, lib. V, cap. 25.160) LACTANCE, Institutiones, lib. VI, cap. 15.161) SULPICE SEVERE, Vita Sancti Martini, dial. II.162) ST ROBERT BELLARMIN, De romano Pontifice,

lib. III, cap. 13.163) CORNELIUS A LAPIDE, In II ad Thessa-

lonicenses, Ii in Dom., IX, 27.164) FRANÇOIS SUAREZ, Disputationes LIV, De

Antichristo, sectio V, obj. VI.165) Apocalypse, XI, 7,8.166) A. LÉMANN, op. cit., p. 220.167) A. LÉMANN, op. cit., pp. 220-221.168) A. LÉMANN, op. cit., p. 222.169) ST PAUL, II Thess., II, 4.170) ST JEROME, Ad Algasiam, q. II.171) II ad Thessalonicenses, II.172) THEODORET, in II ad Thessalonicenses, II.173) A. LÉMANN, op. cit., pp. 229-230.174) P. JOHNSON, op. cit., p. 611.175) ‘With Gershon Scholem: An Interview’ in W.J.

Dannhauser, G. S.: Jesus and Judaism in crisis, NewYork, 1976.

176) P. JOHNSON, op. cit., pp. 612-615.177) La Stampa, 10/IV/1995, p. 7.178) La Stampa, 22/VIII/1995, pp. 2-3.179) IGOR MAN, Contro la grande paura, in La

Stampa, 6/11/95, p. 1.180) Comm. in I Reg., II.181) «Si le Seigneur ne bâtit la maison, en vain tra-

vaillent ceux qui la bâtissent. Si le Seigneur ne garde lacité, inutilement veille celui qui la garde [l’homme]»Ps. CXXVI.

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182) Lc XX,17-18.DIX-NEUVIEME PARTIE: JEAN XXIII ET LAMAÇONNERIE

Par M. l’abbé Francesco Ricossa

Le 18 décembre 1993, l’avocat napolitainVirgilio Gaito était élu Grand Maître du

Grand Orient d’Italie, Obédience maçonniquedite de Palazzo Giustiniani. Peu après, leGrand Maître accordait deux entrevues signi-ficatives, la première à Fabio Andriola, jour-naliste de L’Italia Settimanale, la seconde àGiovanni Cubeddu, correspondant de TrentaGiorni, mensuel, dirigé par Giulio Andreotti,du mouvement Communion et Libération.Lors de ces deux entrevues, Gaito fit une allu-sion à Jean XXIII. Nous rapportons ici lesquestions et les réponses; elles sont similaires,avec de légères différences. Les voici:

Andriola demanda à Gaito: “Croyez-vous qu’il y ait des prêtres dans les loges duGrand Orient, on dit que certains cardinauxont été des frères...”?

Le Grand Maître répondit: “Proba-blement. Moi, je n’en ai pas connaissance. Ondit que Jean XXIII a été initié à la maçonnerielorsqu’il était nonce à Paris. Je rapporte ce quim’a été dit. D’ailleurs dans ses messages j’aisaisi de nombreux aspects proprement maçon-niques. Lui entendre dire qu’il faut mettrel’accent sur l’homme m’a beaucoup plu” (1).

Cubeddu, à son tour, demanda: “Que ditmaintenant le nouveau Grand Maître desrapports brûlants entre Eglise catholique etmaçonnerie?”.

“Vous savez - répondit Gaito - un prélat quivoudrait s’inscrire, nous l’accueillerions à brasouverts. Le problème est du côté de l’Eglise etnon du nôtre: nous accueillons tous les hommeslibres, tous les esprits libres. D’ailleurs, il sem-blerait que le Pape Jean XXIII ait été initié àParis et qu’il ait participé aux travaux desAteliers à Istamboul. Lorsque par la suite j’aientendu les hiérarques ecclésiastiques parlerdans leurs homélies de l’homme comme centrede l’univers je me suis senti ému jusqu’auxlarmes” (2). Le Grand Commandeur duConseil Suprême de la Maçonnerie mexicaine,Carlos Vasquez Rangel, a lui aussi révélé ré-cemment qu’Angelo Roncalli aurait été initié à

“Le Pape du Concile”

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la Maçonnerie de Paris (3).Ces entrevues du Grand Maître de la

Maçonnerie italienne font autorité et remet-tent sur le tapis une importante question: quelsétaient les rapports entre Jean XXIII et laMaçonnerie? Et qui plus est: Angelo GiuseppeRoncalli était-il un frère franc-maçon?

Selon Virgilio Gaito la réponse est la sui-vante:

1) Il semble qu’A.G. Roncalli ait fré-quenté les loges à Istamboul.

2) Il semble que ce soit à Paris qu’A. G.Roncalli ait été initié à la Maçonnerie.

3) De toutes façons, de l’avis du GrandMaître, et sa compétence en la matière nefait pas l’ombre d’un doute, de nombreuxaspects de la pensée de Jean XXIII sontproprement maçonniques.

Nous avons déjà exprimé notre avis sur lesinformations émanant de membres inscrits àla Maçonnerie à propos des “révélations” dePier Carpi (4). Bien que Virgilio Gaito fasseplus autorité que Pier Carpi, nous devons lerépéter, pour nous, la parole d’un maçon est apriori suspecte. D’ailleurs même Gaito nedonne pas pour certaine l’affiliation de JeanXXIII à la Maçonnerie. Il n’empêche que sontémoignage est de poids et qu’on doit parconséquent le passer au crible en contrôlantses graves affirmations. C’est là le but de ceXIXème article sur “Le Pape du Concile”;pour ce faire, nous seront contraints de reve-nir sur le passé de notre personnage...

Le Grand Orient en Orient (Bulgarie,Grèce, Turquie)

La quatrième partie du “Pape du Concile”,(“un œcuméniste dans les Balkans: 1925-1939”) et la suivante (“de la seconde guerremondiale à la nomination à Paris: 1939-1944”)étaient dédiées précisément à la période passéepar Mgr Roncalli dans cette région comme re-présentant du Saint-Siège, d’abord en Bulgarie,puis en Turquie (5). Aux dires de Pier Carpic’est en 1935, qu’à peine arrivé à Istamboul, ils’affilia aux Rose-Croix. Selon Gaito il secontenta de fréquenter les Loges sans être ini-tié. Nous ne possédons aucune confirmationexplicite de ces informations. Cependant nouspouvons démontrer qu’elles ne sont pas abso-lument invraisemblables. Déjà nous avonsparlé de ses relations amicales avec la hiérar-chie “orthodoxe” et le gouvernement turc, re-lations qui allaient bien au-delà des devoirs dudiplomate. Or, dans ces deux cas, on peut sup-

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poser une entrée en contact avec le monde ma-çonnique. Il est notoire en effet que les confes-sions anglicanes et “orthodoxe” n’ont pas en-vers la Maçonnerie les préventions de l’Eglisecatholique. Le “Patriarche” de Constantinople,Athénagoras, qui comparait Jean XXIII à saintJean-Baptiste, était par exemple un haut digni-taire de la Maçonnerie (6). De plus le gouverne-ment turc ne se contentait pas d’être empreintde laïcisme rigide, il était l’émanation d’une so-ciété secrète, les “Jeunes Turcs”, société ap-puyée par la Loge maçonnique de Salonique etcomposée en grande partie des membres d’une“secte juive (les Dunmeh) qui professaient ex-térieurement l’Islam, tout en maintenant leculte hébraïque dans le secret de leurs mai-sons” (7). Ces “amis” pourraient bien avoir faitconnaître la Maçonnerie à notre Roncalli.D’ailleurs, le comportement et les discours deRoncalli, reportés dans les numéros précédentsde Sodalitium cités ci-dessus, indiquent claire-ment que, s’il n’était pas initié, Mgr Roncalliavait du moins des “aspects proprement ma-çonniques”, pour reprendre l’heureuse expres-sion du Grand Maître.

Avec les Maçons de la IIIème République

Aux dires de Gaito et de VasquezRangel, c’est à Paris que Roncalli aurait été

Virgilio Gaito Grand Maître du Grand Orient d’Italie

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initié aux secrets des “Fils de la Veuve”. Ace qui a été dit déjà dans Sodalitium (8) onpeut ajouter quelques précisions. Les rap-ports d’amitié intime entre le Nonce et deuxanticléricaux acharnés, le socialiste VincentAuriol et le radical Edouard Herriot, ne fu-rent pas sans étonner le monde politique pa-risien pourtant affranchi. Or l’historien de laMaçonnerie Aldo Alessandro Mola précisequ’Auriol et Herriot étaient tous deuxmembres de la Maçonnerie (9). L’ambassa-deur espagnol à Madrid, Miguel Mateù Pla,fut pratiquement mis à la porte de la noncia-ture par Mgr Roncalli qui n’avait pas évi-demment la même sympathie pour le repré-sentant du général Franco que pour Auriolet Herriot. “En une autre occasion - pure-ment protocolaire - l’ambassadeur d’Espa-gne (...) fut frappé d’une déclaration faite ensa présence par le nonce Roncalli, sur unton quasiment confidentiel, à quelques per-sonnalités catholiques. Le nonce exprimaitl’amitié qu’il professait pour la personne etl’œuvre du ministre de l’éducation du gou-vernement français et l’estime qu’il avaitpour lui; il le considérait comme “moltobravo” [un très bon ministre] - ce sont sesparoles textuelles. Et comme on lui faisaitremarquer qu’en France depuis les temps deCombe, tous les ministres de l’Educationsont maçons, que son ami en question l’étaitlui aussi, Mgr Roncalli montra ostensible-ment son déplaisir pour l’observation quivenait de lui être faite” (10).

On trouve un autre indice de l’affiliationmaçonnique de Roncalli dans son amitié pourle Baron Marsaudon, attestée par celui-là-même dans trois de ses livres (11). J’en ai déjàparlé dans les numéros précédents; je mecontente donc de résumer, en ajoutant seule-ment quelques nouveaux détails. Marsaudonet le nonce Roncalli firent connaissance en1947 et se lièrent d’amitié, quoiqueMarsaudon n’ait pas fait mystère de son affi-liation maçonnique. C’est l’appartenance duBaron à l’Ordre de Malte qui fut l’occasiondes premiers contacts: Marsaudon demandaità Roncalli son appui pour faire reconnaîtrel’Ordre dans les pays de l’Amérique Latine.En effet, Marsaudon initié à la Maçonnerie en1926 par Pierre Valude, Ministre de la MarineMarchande dans le monde profane, avait étéenvoyé, un an après, par ce dernier, enAmérique du Sud, comme représentant desCompagnies françaises de navigation. Il avaittravaillé de 1927 à 1932 pour le gouvernement

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français et la Maçonnerie (qui ne faisaientqu’une seule et même chose!) et il connaissaittrès bien les Loges sud-américaines. Revenuen France et parvenu au summum des gradesmaçonniques grâce à l’appui du grand initiéspiritualiste, Oswald Wirth (12), Marsaudon,dans l’après-guerre, avait été nommé Ministreplénipotentiaire en mission spéciale del’Ordre Militaire Souverain de Malte(O.M.S.M.), par le Grand Maître de l’Ordrede Malte, le frère Ludovico Chigi Albani dellaRovere. Naturellement, grâce à ses appuis ma-çonniques, il avait obtenu du gouvernementfrançais la reconnaissance officielle de laDélégation de l’Ordre en France. Connaissantses entrées en Amérique du Sud, l’Ordre deMalte avait confié à Marsaudon la charged’obtenir la même reconnaissance sur cecontinent, et c’est ainsi qu’il alla chercherconseil auprès du Nonce Roncalli. Selon leBaron, Mgr Roncalli devint dès lors et pourtoujours son “protecteur” et “confident”. Aucours de leurs longs entretiens, tant à la non-ciature qu’à la résidence de Marsaudon, ilsparlèrent tous deux des problèmes de l’Ordrede Malte, “des rapports entre l’Eglise et laMaçonnerie”, “des problèmes spirituels”, “durapprochement des diverses EglisesChrétiennes” (13). Selon Marsaudon, Roncallilui aurait dit: “Ce n’est pas la croyance ou lanon-croyance en Dieu qui me préoccupe, maisplutôt la vraie conception du Christ, en tantque Jésus-Homme surtout”. Roncalli “ne par-lait jamais de l’enfer; il parlait plutôt fréquem-ment d’une vie future qu’il évitait cependantsoigneusement de définir. Il ne faut pas ou-blier qu’il avait passé 10 ans en Orient; nonseulement il avait cotoyé des Patriarches or-thodoxes, mais il n’oubliait pas non plus qu’ilssont les continuateurs des chrétiens les plusproches des Apôtres et qu’ils ont évité avecsoin certaines de ces nouveautés accueilliesavec enthousiasme (...) dans les milieux catho-liques romains” (14). Parmi ces nouveautés:l’infaillibilité du Pape, sur laquelle il mainte-nait volontairement le silence, et l’Assomptionde Marie que Pie XII s’apprêtait à définir dog-matiquement (15). A propos de la Maçonnerie,le Nonce “ne dédaigna pas de s’intéresser”aux “modestes conceptions” de Marsaudonsur les “rapports entre l’Eglise et laMaçonnerie” (16), “il s’efforçait gentiment decomprendre la signification de l’initiation (...)qui n’est en aucune façon incompatible avec lafoi, ce dont il était de plus en plus convaincu”(17) au point qu’il conseilla “formellement” au

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“Baron” “de demeurer dans la Maçonnerie”(18). Le caractère et les idées de Roncalli telsqu’ils ont été décrits par Marsaudon, corres-pondent au portrait que fit de lui un autrehaut dignitaire maçon et diplomate suisse, sonami aux temps de la nonciature parisienne,Carl J. Burckardt: “C’est un déiste et un ratio-naliste (...). Il changera beaucoup de choses;après lui, l’Eglise ne sera plus la même” (19).

En somme tout marchait pour le mieux(du point de vue de Marsaudon) lorsqu’écla-ta le scandale de l’Ordre de Malte.

L’ordre de Malte sous enquête

Le 14 novembre 1951 mourait à RomeLudovico Chigi Albani della Rovere, GrandMaître de l’Ordre de Malte. Les chevaliers au-raient dû se réunir pour élire le successeur; ilsne le firent pas. Ils ne le pouvaient pas: Pie XIIle leur avait formellement interdit. Le Papenomma une commission cardinalice chargéede réformer (ou de supprimer) l’Ordre deMalte et, tant que vécut le Pape Pacelli, leschevaliers n’eurent plus de Grand Maître.Tout s’arrangera le 24 juin 1961. A cette date,fête de Saint Jean-Baptiste, patron de l’Ordre(et de la Maçonnerie), Jean XXIII reçut au va-tican les Chevaliers et à leur grande satisfac-tion rendit publique le Bref par lequel il sup-primait la Commission cardinalice instituéepar Pie XII et approuvait les nouvelles consti-tutions de l’Ordre, l’autorisant à élire unGrand Maître; c’est frà Angelo de Moiana,cousin de Mgr Mario Nasalli Rocca deCorneliano, “Grand Camérier de Sa Sainteté”qui sera élu, au mois de mai suivant (20).

Mais pourquoi Pie XII, pendant de sinombreuses années, avait-il laissé l’Ordresans Maître, sous la seule direction d’unLieutenant général, et sous la surveillanced’une Commission cardinalice?

Le fait est que les problèmes étaient nom-breux: les Chevaliers n’avaient conservé quebien peu, pour ne pas dire rien, de leur carac-tère d’Ordre religieux et bien rares étaient lesmembres profès à avoir prononcé leurs vœux.En 1799 déjà, dans la bourrasque de la révolu-tion, un schismatique comme le Tzar deRussie avait été élu Grand Maître (1799-1800), et au siècle passé, avant que soit fondéune branche séparée, le Saint John’s Order, liéà la (très maçonnique) monarchie anglaise (21),un certain nombre de Chevaliers anglicansavaient été reçus par le Grand Maître. L’Œcu-ménisme ante litteram de l’Ordre est vanté par

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le frère Marsaudon lui-même (22). Mais le plusinquiétant était l’infiltration de la Maçonneriedans l’Ordre de Malte (23). Cette infiltrationest confirmée par les documents et admise parles maçons eux-mêmes, Marsaudon et Molapar exemple (24). C’est pourquoi le cardinalNicola Canali intervint (25).

Mgr Canali en sa qualité de “GrandPrieur Commendataire à Rome du sacré etSouverain Ordre Militaire de Jérusalem ditde Malte avait motif de s’intéresser àl’Ordre. Ses ennemis l’accusaient de vouloirsupprimer ou réformer l’Ordre de Maltepour le mettre directement sous le contrôledu Saint-Siège, et en particulier de l’Ordredu Saint-Sépulcre dont il était le GrandMaître (26). En réalité, l’esprit de foi duCardinal Canali qui avait contribué au com-bat anti-moderniste de saint Pie X, était alar-mé par les infiltrations maçonniques dontnous venons de faire mention. C’est ce quedémontre la “note de l’éditeur” du livre deMarsaudon, L’Œcuménisme vu par un franc-maçon de Tradition”. “Vivement attaquésous le Pontificat de Pie XII par le clan inté-griste romain - écrit l’éditeur Vitiano à pro-pos de Marsaudon - il remit sa démission dePlénipotentiaire de l’Ordre, mais fut immé-diatement promu à la haute dignité deMinistre Emérite qu’il est le seul Chevalierde Malte à posséder actuellement. Le GrandMagistère de Malte dans sa lutte contre lecardinal Canali, n’abandonna jamais lebaron de Marsaudon qui, de son côté, s’ef-força de continuer à lui rendre service sur lesplans diplomatique et hospitalier” (27). C’estdonc bien Marsaudon qui fut découvert, etcontraint de ce fait à donner sa démission!

Aussi, le récit, contesté, que fait de l’épi-sode Franco Bellegrandi (28) ne semble pasdu tout infondé, et l’affaire s’éclaircit peu àpeu. Bellegrandi écrit: “En cette périodefrançaise, se place un incident, ignoré de laplupart, qui soulève un instant le voile cou-vrant l’appartenance présumée de Roncallià la secte maçonnique. Une lettre duCardinal Canali, dure comme la pierre, étaitparvenue (...) à Son Altesse éminentissimele prince Chigi Albani della Rovere (...) : PieXII (...) venait d’apprendre (...) que le mi-nistre de l’Ordre de Malte à Paris étaitmaçon. (...) On découvrit que [Marsaudon]avait été fait ‘grand croix magistériel’ sur laproposition de son prédécesseur [dePierredon] et, surtout que c’est sur la recom-mandation du nonce à Paris, Roncalli, qu’il

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avait été nommé ministre. Le résultat decette première enquête fut immédiatementréféré au Vatican, au Cardinal Canali quis’exclama: ‘Pauvre Roncalli! Je suis désoléde devoir le mettre dans l’embarras et j’es-père que cela ne va pas lui coûter son cha-peau de cardinal...’. Le Vatican décida avecla plus grande circonspection de faire en-voyer par l’Ordre sur le champ, à Paris, unepersonne de confiance pour démêlerjusqu’au bout la délicate affaire. En effet lestrois personnes impliquées dans l’histoiredevaient être traitées avec égards. Le noncepour le concours précieux apporté à l’Ordrede Malte dans la conclusion de certaines af-faires délicates en Argentine; le Comte dePierredon pour les nombreuses années pas-sées à son service, d’abord à Bucarest puis àParis; le baron de Marsaudon lui-mêmepour un travail méritoire accompli en vued’obtenir la reconnaissance officielle del’Ordre par le gouvernement français”. Unchapelain profès de l’Ordre, Mgr RossiStockalper fut nommé “visiteur magistral”;il se rendit à Paris et s’informa auprès duPère Joseph Berteloot, jésuite expert entout ce qui concerne la maçonnerie, et au-près du vicaire général du diocèse, MgrMaurice Bohan. Tous deux confirmèrentl’affiliation de Marsaudon. “Le visiteur ma-gistral”, le cœur serré se traîna alors au nu-méro 10 de l’avenue du Président Wilson,siège de la nonciature. Il demanda àRoncalli, avec tact, des nouvelles circonstan-ciées du baron-maçon. Le gros prêtre deSotto il Monte, entre un sourire et une plai-santerie renvoya le chapelain de l’Ordre deMalte au secrétaire de la nonciature, MgrBruno Heim. Ce prêtre, aujourd’hui légatapostolique en Grande Bretagne, acheva defrapper d’étonnement l’envoyé de Rome,par son habit de clergyman et la pipe fu-mante qu’il tenait entre les dents d’abord,puis par ses affirmations stupéfiantes sur lamaçonnerie qu’il définit comme ‘une des ul-times forces de conservation sociale qu’il yait au monde et donc, une force de conser-vation religieuse’, puis enfin par le jugemententhousiaste qu’il porta sur le baronMarsaudon dont le mérite était d’avoir faitcomprendre à la nonciature la valeur trans-cendante de la Maçonnerie. C’était juste-ment pour ce mérite que le nonce à Paris,Angelo Giuseppe Roncalli avait appuyé etavalisé sa nomination comme ministre del’Ordre de Malte à Paris. Déjà comme as-

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sommé de ce revirement, Mgr Stockalperreçut le coup de grâce lorsque, protestantque le canon 2335 du Droit Canon prévoitl’excommunication des affiliés à la Maçon-nerie, il s’entendit répondre par son interlo-cuteur (...) que ‘la nonciature de Paris étaiten train de travailler en grand secret poutréconcilier l’Eglise et la Maçonnerie’.C’était en 1950!” (29). L’épisode, tel qu’il estraconté par Bellegrandi, est absolumentvraisemblable et correspond à ce que noussavons déjà d’autres sources. Mgr Heim, deBâle, est de couleur monarchique-libérale,favorable par conséquent à une Maçonneriede style anglo-saxon, force assurée deconservation sociale. Transféré en Autricheaprès cet incident parisien, il se retrouva enScandinavie où il était encore lorsqu’à laconférence plénière de la Conférence épis-copale des pays scandinaves et baltiques, les21 et 23 octobre 1966, les évêques de cespays décidèrent de ne pas demander l’abju-ration aux maçons accueillis dans l’Eglise, cequi permettait ainsi la double appartenanceà l’Eglise et à la Maçonnerie. Or, rapporteMola, cette décision avait été préparée “parle délégué apostolique pour la Scandinavie,Mgr Bruno B. Heim, secrétaire de JeanXXIII quand il était nonce à Paris” (30).Quel était par ailleurs le climat qui régnaitces années-là dans certains milieux catho-liques français (et allemands)? Le religieuxjésuite Joseph Berteloot, celui justement au-quel le visiteur romain s’était adressé pourinformations, était un pionnier de la récon-ciliation entre l’Eglise et la Maçonneriesymbolique (dans un but antimatérialiste)depuis 1947 déjà; il était l’ami intime dumaçon Albert Lantoine (31); ses ouvrages surla possibilité d’une réconciliation datent jus-tement des années 1947 à 1952, années de lanonciature Roncalli! Les contacts entre cer-tains maçons et la nonciature de Paris, laconviction répandue d’une collaborationpossible, les idées de Mgr Heim et celles deMgr Roncalli, leur amitié pour Marsaudon,Herriot, Auriol... Tout porte à conclure quel’initiation maçonnique à Paris de MgrRoncalli n’a rien d’invraisemblable. En touscas, un fait demeure certain: Pie XII, en dé-signant une commission chargée de réfor-mer l’Ordre de Malte, approuva les préoc-cupations du cardinal Canali; Jean XXIIIprit, lui, le contre-pied de la décision de sonprédécesseur et rouvrit la voie à l’infiltrationmaçonnique dans l’Ordre. Dans l’Ordre seu-

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lement, ou également dans l’Eglise? C’est ceque nous allons voir. Entre-temps, moins dedeux mois après l’audience aux chevaliersde Malte, le vieux cardinal Canali mourait;son antagoniste, Angelo Giuseppe Roncallin’eut pas la moindre marque de regret (32)...

Ombres maçonniques sur les Conclaves

Transféré à Venise en 1953, le cardinalRoncalli insiste sur son vieux principe “toutce qu’il y a de plus maçonnique” (33) qu’il fautconsidérer ce qui unit plutôt que ce qui divise,et continue à fréquenter les frères maçons,Auriol et Marsaudon. En 1958, Pie XII meurtet Roncalli est élu sous le nom de Jean XXIII.Nous avons déjà parlé de l’étrange certitudequ’avait Roncalli d’être lui-même l’élu duconclave, certitude alimentée par les inquié-tantes prophéties de l’ésotériste Jean-GastonBardet (34). Nous avons également parlé durôle joué par la Maçonnerie au conclave de1963, qui se déroula après la mort de JeanXXIII et se conclut avec l’élection de Paul VI(35). Sur ce dernier événement quelques préci-sions sont à donner. Par deux fois au moins, le‘vaticaniste’ Benny Lai en a fait une mentionexplicite (36). Mais une première et discrètemention en est faite par un personnage certai-nement bien informé (et à plus d’un titre!),Giulio Andreotti. “Dans les jours précédantimmédiatement le conclave - écrit Andreotti -une activité notable se déroula précisémentautour des cardinaux Frings et Lercaro quiavaient joué un rôle prééminent [commechefs de file du front progressiste] dans la pre-mière session conciliaire. Entre autres, à lagrande surprise des habitants, se tint àGrottaferrata une nombreuse assemblée decardinaux - italiens et étrangers - sur l’invita-tion de l’archevêque de Cologne, Frings. L’undes participants me dit, mi sérieux-mi facé-tieux, que la majorité canonique était déjà at-teinte: il ne me spécifia pas quel était le béné-ficiaire du choix, je ne le lui demandai pas nonplus. Mais à une série d’éléments, je fusconfirmé dans ma prévision du succès deMontini” (37). Andreotti ne nous dit pas quelfut son informateur; peut-être le maître demaison qu’on oublie de nommer... Ce n’estpas, en effet, dans l’une des nombreuses mai-sons religieuses de Rome et des alentoursqu’eut lieu la réunion mais dans la villa del’“avocat Umberto Ortolani, qui sera impli-qué par la suite dans les histoires de la logemaçonnique P.2 et dans la faillite de la

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Banque Ambrosienne, et qui était à l’époque‘gentilhomme’ de Lercaro; la villa avait déjàdonné l’hospitalité à Frings pour permettre àl’archevêque de Bologne de ‘prendre tout sontemps pour parler en pleine tranquillité desaffaires du Concile’ (G. Lercaro, Lettera dalConcilio, 1962-1965, EDB, Bologna 1980, p.III)” (38). Il se peut que le mini-conclave deGrottaferrata ait désigné le cardinal Lercaro,“l’homme d’Ortolani”. Mais à une autre ré-union qui eut lieu dans le couvent capucin deFrascati, c’est Montini qui obtint la pré-férence; la fine fleur du progressisme étaitprésente avec les cardinaux Liénart, Frings,Suenens, König (39), Alfrink (40). Jean XXIIIaurait approuvé les deux élections: en mars1963, quelques mois avant sa mort, il confiaitau bergamasque Mgr Pietro Sigismondi de laPropagande de la Foi: “Mes valises sontprêtes et je suis tranquille: celui qui viendraaprès moi mènera à son terme le peu de bienque j’ai fait, le Concile surtout. Il y a Montini,Agagianian et Lercaro” (41). C’est ainsi queMontini rendit visite à Lercaro, le soir du 18juin, dans la maison des Oblates régulièresbénédictines de Priscilla, via Salaria à Rome,congrégation religieuse fondée par l’oncled’Andreotti, don Belvederi, et là ils se mirentd’accord sur le nom de Montini (42), qui bienentendu déclara ensuite n’avoir “jamais lemoins du monde désiré, et encore moins favo-risé notre élection!” (43). Les réunions pourorienter le Concile et ensuite pour l’imminentConclave se tinrent donc dans la maison d’unmaçon en la personne d’Ortolani lequel jouaitdéjà un certain rôle au Vatican sous JeanXXIII. Que le rôle d’Ortolani et de la maçon-nerie dans l’élection de Paul VI n’ait pas étésecondaire, c’est ce qu’a confirmé le prêtre sa-

L’avocat Umberto Ortolani‘gentilhomme’ du cardinalLercaro dans les années 60,et impliqué par la suite dansles histoires de la loge ma-çonnique P.2 et dans lafaillite de la BanqueAmbrosienne.

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lésien don Pier Giorgio Garrino qui, jusqu’àsa mort tragique survenue en août 1995, rem-plissait d’importantes fonctions à la Curie del’archevêché de Turin. Je le sais de source cer-taine, Garrino soutenait que l’élection de PaulVI fut favorisée par la Maçonnerie.

Etant données ces prémisses (conditionsde l’élection de Montini, assurance qu’avaitRoncalli d’être élu, “prophétie” de Bardet àce propos), une autre affirmation deBellegrandi selon laquelle Paul Sella, de lafamille bien connue de Biella, aurait suavant le Conclave de 1958 que l’élu devaitêtre Angelo Giuseppe Roncalli, n’est pas dutout invraisemblable. De qui le tenait-il?“D’une autre haute autorité maçonnique encontact avec le Vatican” (44).

Quoiqu’il en soit, à peine élu, JeanXXIII recevait les plus vives congratulationsde son ami, le baron Marsaudon auquel ilrépondait à son tour; par la suite Marsaudonécrivit: “pour nous c’était une grande émo-tion, mais pour beaucoup de nos amis, ce futun signe” (45). Voici comment Aldo A. Molacommente le fait non sans un clin d’œil àceux qui veulent bien comprendre: “C’estgrâce au texte de Mater et Magistra de ceMgr Roncalli qui avait choisi pour sonPontificat le nom de Jean, ‘celui qui vientdans la lumière du Seigneur’, c’est-à-dire lenom de l’apôtre dont l’évangile est ouvertsur l’autel des Loges, de ce Mgr Roncalliqui, même une fois élevé à la Tiare, auraitbéni tous les confrères en la personned’Yves Marsaudon, l’ami des années de lanonciature à Paris, c’est grâce à ce texte, di-sais-je donc, en y passant des nuits blanches,que Gamberini avait été élevé à la charge deGrand Maître” (46). A bon entendeur salut...

Jean XXIII s’abstient de condamner laMaçonnerie

Jusqu’ici, revenant sur nos pas, nousavons examiné une nouvelle fois les rap-ports d’Angelo Roncalli avec la Maçonnerieou, du moins, avec certains maçons. Unequestion se pose maintenant; quelle fut l’at-titude de Jean XXIII une fois élu Pape?

Un premier fait est significatif: JeanXXIII n’a jamais condamné la Maçonnerie(47). La chose est encore plus étrange si l’onpense au fait que depuis la Bulle In Eminentidu 28 avril 1738 par laquelle Clément XIIcondamnait pour la première fois laMaçonnerie et en excommuniait les adeptes,

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les Papes produisirent incessamment une“masse énorme de documents de condamna-tion et d’excommunication” de laMaçonnerie. Selon le Père Esposito, “unestatistique appropriée n’a pas encore étéfaite, mais dans la mesure où il est possible àl’heure actuelle d’avancer un chiffre avec unindice élevé de probabilité, ce corpus anti-massonicum ne devrait pas être inférieur à400-450 documents” dont 145 pour le seul PieIX et plus de 226 pour Léon XIII (48)! Danscette “bataille en première ligne” (“guerraguerreggiata” pour reprendre l’expression enitalien du Père Esposito) entre Eglise etMaçonnerie, la dernière voix d’un Pape às’élever contre la secte est celle de Pie XII, le23 mai 1958 encore, quelques mois seulementavant sa mort. Puis c’est le néant, ou plutôtune série de documents conciliants des confé-rences épiscopales d’abord, puis du “SaintSiège”, qui culminent avec l’abrogation del’excommunication, le 28 novembre 1983 (49).Ignorants des changements de cap opérés parJean XXIII, les Evêques continuèrentquelque temps à condamner la Maçonnerie,ainsi fit l’épiscopat argentin en 1959, et l’épis-copat du Ruanda Urundi en 1961 (50).Contemporainement à la déclaration desévêques du Ruanda, selon laquelle laMaçonnerie est un instrument de Satan, lePère jésuite Michel Riquet, “avec l’accorddes l’autorités ecclésiastiques”, tint uneconférence dans la loge Volney de Laval, enFrance, le 18 mars 1961... Pour la premièrefois, sous Jean XXIII par conséquent, legrand public était mis au courant du dialogueen acte entre plusieurs représentants de laMaçonnerie et plusieurs représentants del’Eglise. Le grand revirement était amorcé.

Le revirement de Jean XXIII

Si Jean XXIII a interrompu la chaîne decondamnations et d’excommunications accu-mulées par tous ses prédécesseurs en se tai-sant sur la Maçonnerie, on ne peut cependantpas dire qu’il ait été indifférent à ce thème.Selon le consensus unanime des experts, c’estsous son pontificat que commence le revire-ment et que s’ouvre pour la première fois ledialogue. Donnons la parole aux témoins. LeGrand Maître de la Grande Loge de France,Dupuy, a déclaré que “Jean XXIII et VaticanII ont donné une impulsion formidable au tra-vail de clarification et de désarmement réci-proque dans les rapports entre Eglise et

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Maçonnerie” (51). Léon de Poncins, grandennemi de la Maçonnerie, a écrit: “La cam-pagne de rapprochement entre la Franc-Maçonnerie et l’Eglise resta cependant àl’état latent sous le pontificat de Pie XII; ma-nifestement le feu couvait sous la cendre,mais les progressistes qui avaient pris dansl’Eglise une influence considérable se ren-daient compte que leurs efforts n’avaient au-cune chance d’aboutir du vivant du pape (...).Avec l’avènement de Jean XXIII (...) il y eutbrusquement comme une explosion (...). Onavait nettement l’impression d’une campagneinternationale, méthodiquement orches-trée...” (52). Le Grand Maître de la Maçon-nerie d’alors, Salvini, déclarait en 1970: “JeanXXIII a publié récemment un document qui,sur ce thème, se rapproche beaucoup de notrecomportement [qui consiste à ne pas deman-der aux frères de quelle religion ils sont] et eneffet Mater et Magistra ainsi que Pacem inTerris présentent des idées très suggestivessur le rapprochement humain là où existentdes différences idéologiques” (53). Le maçonVolpicelli a déclaré que “deux Pontifes ré-cents sont également appréciés par les deuxcommunautés [Eglise et Maçonnerie], le PapeJean et le Pape Wojtyla” (54). En vrai langagemaçonnique le Père Esposito nous assurequ’“en ce qui concerne la communauté ecclé-siale, il n’est même pas à démontrer qu’à par-tir du Pape Jean et du Concile, elle s’est trans-formée en un chantier de travail où lestailleurs de pierre, les sculpteurs et les artistesde toutes les spécialités, architectes et chape-lains, se consacrent à une activité ingrate etméticuleuse dans le but d’édifier la nouvellecathédrale du futur” (55). Le catholique AlecMellor, entré en Loge avec la permission ducardinal archevêque de Paris, Mgr MauriceFeltin, écrit: “La phase ultime [du ‘cessez-le-feu’] devait être préparée par l’Aggior-namento voulu par Jean XXIII et par VaticanII, puis par Paul VI (56). Roberto Fabianiécrit: “Ce fut Jean XXIII qui rompit la glaceavec une mesure passée complètement soussilence autorisant les protestants convertis aucatholicisme et inscrits à la Maçonnerie à de-meurer tranquillement dans les loges. Depuislors les signaux de contact se multiplièrent...”(57). Le Père jésuite José Antonio FerrerBenimelli confirme la position possibiliste deRoncalli sur la double appartenance: “Et cela[que la Maçonnerie est une association danslaquelle peuvent avoir place tous les chré-tiens] Jean XXIII et Paul VI le comprirent

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très bien, tout comme le comprit le pré-décesseur, dans la même charge, du cardinalRatzinger, le cardinal Seper, qui en 1972 déjàémit le vœu que soit rendue possible la pré-sence de catholiques à l’intérieur de laMaçonnerie” (58). Marsaudon affirme lamême chose: “Mgr Roncalli m’a conseillé for-mellement de rester dans la Maçonnerie. (...)Il m’a reçu à Castel Gandolfo en ma qualitéde Ministre émérite de l’Ordre de Malte, et ilm’a donné sa bénédiction, renouvelant sonencouragement pour une œuvre de rappro-chement entre les Eglises, de même qu’entrel’Eglise et la Maçonnerie de Tradition (c’est àdire: régulière)” (59).

Cette revue, si brève soit-elle, démontrequ’au jugement de ceux qui se sont occupésde la question, le gouvernement de JeanXXIII a changé l’intransigeance séculaire del’Eglise vis-à-vis de la Maçonnerie en uneouverture qui va jusqu’à permettre la doubleappartenance: à l’Eglise et à la Maçonnerie.

Les grandes concordances entre Roncalli etla Maçonnerie

Depuis 1967 déjà, le Père Esposito est en-gagé dans le dialogue avec la Maçonnerie.Dans le but de démontrer la licéité et la possi-bilité de ce dialogue, il a écrit de nombreusesœuvres, dont certaines sont citées dans cet ar-ticle, Le grandi concordanze tra Chiesa eMassoneria par exemple. En réalité les“concordances” en question n’existent pasentre l’Eglise et la Maçonnerie, c’est entrecette dernière et Jean XXIII, Paul VI et Jean-Paul II qu’elles existent. Pour confirmer cesconcordances, le Père Esposito ne se contentepas de citer les rapports directs de certainshommes d’Eglise avec des hommes de laMaçonnerie, il cite également les rapportsavec des associations ou des principes qui, s’ilsne sont pas explicitement maçons, ont été fon-dés ou voulus par la Maçonnerie, autrementdit la Société des Nations (puis l’O.N.U.) avecla Déclaration universelle des droits del’homme, la Croix Rouge, le Scoutisme et leRotary Club. Dans cet article je traiterai desrapports de Jean XXIII avec ces organismes.

I) L’O.N.U. et la Déclaration des droits del’homme. Le 10 décembre 1948 l’O.N.U. vo-tait une Déclaration des droits de l’hommequi reprenait, de nom et de contenu, celle dela Révolution française, déjà condamnée parle Pape Pie VI. Mais «avec Jean XXIII - écritEsposito - commence l’époque du dépasse-

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ment du narcissisme catholique. L’accepta-tion des règles du dialogue et de l’œcuménis-me inaugure la loi de la réciprocité, en ce sensqu’on admet l’existence et la reconnaissanceexplicite des valeurs propres et de celles d’au-trui (...). Dans l’Encyclique Pacem in terris (11avril 1963) le pape Jean faisant explicitementréférence à l’O.N.U. et à la Déclaration desdroits de l’homme en fait l’éloge: “Le but es-sentiel de l’Organisation des Nations Uniesest de maintenir et de consolider la paix entreles peuples, de favoriser et de développerentre eux des relations amicales fondées sur leprincipe de l’égalité, du respect réciproque etde la collaboration la plus large dans tous lessecteurs de l’activité humaine. (...) Un desactes les plus importants accomplis parl’O.N.U. a été la Déclaration universelle desdroits de l’homme approuvée le 10 décembre1948 par l’Assemblée générale des NationsUnies. (...) Certains points de cetteDéclaration ont soulevé des objections et faitl’objet de réserves justifiées. Cependant Nousconsidérons cette Déclaration comme un pasvers l’établissement d’une organisation juridi-co-politique de la communauté mondiale”»(60). Jean XXIII approuve donc substantielle-ment (même s’il émet des réserves géné-riques) ce que l’Eglise a condamné.

II) Le Scoutisme. Après avoir démontrél’origine maçonnique du Scoutisme (pp. 297-300) et sa lente assimilation par les catho-liques après la mort de Saint Pie X, le PèreEsposito rapporte une allocution de JeanXXIII prononcée à l’occasion du pélerinageinternational des Scouts catholiques du 13juin 1962. “Le pontife (...) comme d’habitudemit l’accent sur la recherche des points deconcordance entre les divers éléments hu-mains, laissant au second plan, sans mêmeles mentionner, les points de dissension et derupture”. “La beauté de votre jeune et ar-dent service sera un attrait etc...- dit-il - (...) ilcontribuera à surmonter toutes les barrièresqui subsistent entre les hommes, les aidanttous à se reconnaître fils de Dieu et membresd’une seule et grande famille. C’est là qu’estle succès de votre Mouvement, son honneuret sa gloire”. Jean XXIII entendait-il encou-rager les Scouts catholiques à la conversionde tous les infidèles à l’unique Eglise duChrist, ou bien, sicut litteræ sonant, est-cequ’il entendait redonner au scoutisme “l’undes aspects les plus authentiques du mouve-ment” dont sa catholicisation l’avait vidé, au-trement dit “celui de la tolérance intercon-

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fessionnelle”? (61).III) Le Rotary Club. Prezzolini a écrit:

“Les Rotariens sont un peu comme les Boy-scouts une fois devenus vieux et favorisés parle succès...” (62). Le célèbre écrivain ignorait(sans doute) à quel point il avait raison, dumoins pour ce qui regarde l’origine communedes deux associations. Le Père Esposito rap-pelle en effet l’esprit maçonnique du Rotary(et on pourrait en dire autant des associationssimilaires) par ces paroles lumineuses: “Lerapport existant entre ces organisations et laMaçonnerie (...) est structural, non seulementà cause de sa fondation, le 23 février 1905,par l’avocat Paul P. Harris, de Chicago, et detrois de ses collègues maçons, mais aussi àcause de l’empreinte idéologique et juridiquedu Club, lequel prend le meilleur dans lemessage initiatique pour l’insérer dans la so-ciété en le laïcisant, c’est-à-dire en excluantles aspects contraignants et initiatiques, les-quels - en excluant toujours nettement laconfessionalité religieuse - ont un certain ca-ractère sacré quoique laïque”. Aussi la posi-tion de l’Eglise catholique ne pouvait qu’êtrecontraire au Rotary Club. En Espagne (23janvier 1929), en Hollande et dans quelquespays de l’Amérique Latine, les Evêques in-terdirent tout simplement à tous les catho-liques l’inscription au Club. Quant au Saint-Siège, deux documents, du 15 janvier 1929 etdu 11 janvier 1951, en interdirent l’inscriptionaux ecclésiastiques. En ce qui concerne leslaïcs, le décret approuvé par Pie XII spécifie:“ils doivent être exhortés à observer ce quiest prescrit au canon 684 du Code de droitcanon”. Lequel dit: “Que les fidèles (...) segardent des associations secrètes, condam-nées, séditieuses, suspectes, ou qui s’efforcentde se soustraire à la légitime vigilance del’Eglise” (63). Mais là encore intervint “le revi-rement du pape Jean”, selon l’expressiond’Esposito (p. 344). Pour cette affaire, nousavons la version (64) relativement détailléed’un protagoniste, l’avocat Omero Ranelletti(65) qui joua un rôle similaire (en plus petit,s’entend!) à celui de son “frère aîné”, JulesIsaac. Les condamnations et les soupçons del’Eglise étaient une offense cuisante aux rota-riens qui ne pouvaient recruter que difficile-ment chez les catholiques; des “réconcilia-tions” furent tentées plusieurs fois; danstoutes les tentatives, Ranelletti eut un rôle.Sans succès en 1929. Sans succès de nouveauen 1949-1950, lorsque le Président internatio-nal Hodgson, le Gouverneur Lang et le

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Secrétaire du Rotary de Rome, Gancia, ten-tèrent de se faire recevoir par Pie XII. “Ils at-tendirent dans la cour de S. Damaso l’autori-sation de monter à la salle des audiences:mais l’attente fut vaine. Les autorités del’Eglise, en apprenant leur qualité de rota-riens, ne consentirent pas l’audience. La ten-tative, faite dans l’intérêt et pour le bien duRotary, n’eut pas de succès” (66). Pie XII étaità peine mort que le nouveau PrésidentClifford A. Randall, sans perdre de temps,écrivait à Ranelletti: il voulait une audienceavec le nouvel élu Jean XXIII! Ranelletti tâtale terrain auprès du Père Martegani (2 dé-cembre 1958) puis, sûr de lui, s’adressa à MgrCapovilla, le secrétaire privé de Roncalli àVenise puis au Vatican. Capovilla était unvieil ami (depuis 1945) du président duRotary de Venise, Ambrosini, lequel, écri-vant justement à Capovilla, décrivit Roncallicomme “un Patriarche tellement indulgent etcompréhensif vis-à-vis de l’activitérotarienne” (67). Ranelletti confirme: “Durantson séjour à Venise, le Pape Jean avait eul’occasion d’approcher plusieurs fois les rota-riens de la ville, ce pourquoi il était bien aucourant de notre institution” (68). Voilà com-ment, tandis que le tout proche archevêquede Milan, le cardinal Schuster, introduisait leRotary dans la Revue diocésaine milanaise,parmi les “diverses formes ésotériques d’uneMaçonnerie unique” (69) et que Rome renou-velait ses condamnations, le PatriarcheRoncalli flirtait avec les frères rotariens!Etrange n’est-ce pas? Le fait est qu’après uncoup de téléphone, Ranelletti et Capovilla serencontraient le 6 février 1959; ils parlèrentpendant une heure. Ranelletti, cela va de soi,fit à Capovilla une “excellente impression”; illui raconta les tribulations du passé, les tenta-tives ratées. Cette fois, il ne devait pas

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échouer: le 25 février, la secrétairerie de MgrNasalli Rocca di Corneliano informaRanelletti que “le Saint Père recevrait en au-dience le président Randall le 20 avril”. “Jem’en réjouis avec vous”, écrivit Capovilla àRanelletti le 2 mars suivant! Ranelletti com-muniqua la bonne nouvelle à Randall, “luirecommandant le maximum de réserve”, puisil écrivit à Capovilla: “...dans le module offi-ciel d’audience au Saint-Père (...) j’ai préciséque - en accord avec vous - cette audience estrequise pour l’avocat Clifford A. Randall,Président du Rotary International, accompa-gné de sa femme, Madame Renata, de l’an-cien Président International G. P. Lang, desGouverneurs en poste des Rotary d’Italie[Giovanni Di Raimondo et Leo Spaur] ainsique de moi-même. De cette façon, à l’hom-mage de dévotion que le PrésidentInternational s’apprête à présenter à SaSainteté au nom de toute la famille rotarien-ne répartie dans 111 pays du monde, nousjoignons l’hommage particulier (...) de notrefamille rotarienne italienne” (70). Evidem-ment il était paradoxal que la “famille rota-rienne” dont les membres catholiques yétaient inscrits contre la volonté du Saint-Siège, soit reçue par Jean XXIII! C’est cedont se rendit compte le Camérier SecretParticipant de service, lequel dit par deux foisà Ranelletti que l’audience leur était accor-dée en tant que personnes privées, et non entant que rotariens. Ce à quoi Ranelletti oppo-sa les accords pris avec Capovilla, et il se pré-senta “au sourire inégalable de douceur et debonté” du “Pape Jean” en sa qualité de rota-rien, présentant l’hommage “de toute la fa-mille rotarienne du monde”; sur ce, JeanXXIII “eut une parole de bonté pour chacun,nous réconfortant, pour finir, de sa bénédic-tion apostolique” (71). L’Osservatore Romanoet la Civiltà Cattolica ignorèrent l’audiencerapportée par tous les autres journaux. Maisdès lors les rotariens avaient vaincu. Touterésistance était désormais écroulée lorsque«le 20 mars 1953, le pape Jean accorda auRotary une seconde audience. Ce furent lesrotariens du 188ème district, celui de Rome,qui se rendirent à l’audience. (...) Le groupefut placé tout près du trône pontifical. LePape Jean leur “adressa des paroles de pro-fonde bonté et leur donna sa bénédiction pa-ternelle, étendue à tous les Rotariens dumonde”». Les délégués du Rotary, Gelati,Caria et Ranelletti, furent présentés “en leursqualités officielles” cette fois (72). Pour clore

Le cardinal Lercaro

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le chapitre, laissons le commentaire au rota-rien Ubertone: «Si nous réfléchissons au-jourd’hui sur certaines attitudes prises dansles milieux catholiques, sur les accusationsfaites au Rotary d’être des associations “ou-vertement hostiles au catholicisme”, et “dontla morale n’est rien moins qu’un travestisse-ment de la morale laïco-maçonnique” et sinous les comparons au rapport existant ac-tuellement entre Rotary et Eglise; si nouspensons à l’injonction faite au clergé et auxcatholiques de “se tenir loin” du Rotary etque nous observons la présence, en tant quemembres du Club, de prêtres et de prélatsdont l’un, le Père Frederico Weber S.J. a étégouverneur d’un District, il nous semble queles faits racontés par Ranelletti sont des chro-niques d’un autre monde. Et c’est d’un autremonde qu’il s’agissait en effet. Aujourd’hui,où nous assistons à des rencontres œcumé-niques à un très haut niveau, il nous sembleinconcevable qu’on puisse reprocher auRotary de “se soustraire au contrôle légitimede l’Eglise”. De même, étant donnée l’ouver-ture actuelle vis-à-vis de toutes les religions,déclarées “dignes de respect”, cette prise deposition si sévère envers une association librequi se proclame pourtant restauratrice deprincipes hautement moraux dans le domainedes professions et des affaires, d’une associa-tion qui a pour unique fin le “bien communde la société”, cette prise de position apparaîttout aussi inconcevable. Ce sont le Pape Jeanet le Concile qui ont marqué la charnièreentre les deux époques» (73).

Les démentis de Mgr Capovilla

Comme nous l’avons vu, tous les indicesconvergent; Jean XXIII n’a pas fait opposi-tion à la Maçonnerie, il l’a même favorisée; ilen a épousé, du moins en partie, les principes;il a soutenu la possibilité d’être en mêmetemps catholique et maçon, et cohérent aveccette position, il a été probablement initié lui-même à la Maçonnerie. Devant des indicesaussi pesants et de surcroît provenant de té-moignages de personnes qui fondent là-des-sus leur estime pour lui, ne se lèvera-t-il per-sonne pour sa défense?

A vrai dire un personnage digne de foi adémenti toute collusion entre la Maçonnerieet Jean XXIII: c’est son fidèle secrétaire,l’archevêque Loris François Capovilla.

A ma connaissance, Capovilla est inter-venu à deux reprises: une première fois en

1976, avec deux articles dans L’OsservatoreRomano, puis, dernièrement, dans un livre-interview avec le neveu de Jean XXIII,Marco Roncalli (74). En 1976, Capovilla in-tervenait, indigné, contre le livre de PierCarpi, “Le profezie di Papa Giovanni”. Ecritpar un maçon et édité par une maison d’édi-tion franc-maçonne, les éditions Mediter-ranee, le livre affirmait, rappelons-le, la pré-sumée affiliation de Roncalli aux Rose-Croix, en Turquie. Capovilla démentit carré-ment, se fondant sur l’Agenda et le registredes Messes du Nonce en Turquie del’époque. Dans l’interview avec MarcoRoncalli, Capovilla revient sur la question(p. 117). Dans son livre, Capovilla développequelque peu l’argument s’étendant un peuplus sur les relations de Jean XXIII avec laMaçonnerie. Selon Capovilla, les bruits de“conspirations maçonniques finalisées à ladestruction de la tradition et de l’unité del’Eglise” sont “des fantaisies pour déclen-cher des polémiques” (75), sont choses incon-cevables (p. 89). “Actuellement” Capovilla

Statue de Lercaro érigée dans la Cathédrale SanPetronio à Bologne. Cette œuvre de Manzù lui fut

commandée par Umberto Ortolani.(Voir l’incription apposée au-dessous).

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exclue des “mélanges” avec la Maçonnerie;peut-être dans le passé... (p. 88)! Après quoiil rompt une lance en faveur de la maçonne-rie américaine, qui n’est “jamais entrée enconflit avec la religion” (ibidem). Cependantlorsqu’il s’agit de Jean XXIII, le fidèle secré-taire devient circonspect, il se contreditpresque lui-même... Il fait allusion en effet àdeux épisodes, tous deux de 1962: un télé-gramme reçu d’une Loge maçonnique expri-mant des vœux pour la guérison de JeanXXIII, et une note de la main même de JeanXXIII, résumant certaines données duDictionnaire Apologétique de la FoiCatholique, concernant les condamnationsde la Maçonnerie par les Papes. Pour ce quiest du télégramme, Jean XXIII «de sa mainfixa cette consigne à la Secrétairerie d’Etat:“A des compliments courtois des remercie-ments sont dus. Mais pas de compromissionsverbales avec la Maçonnerie et autres sem-blables”» (76). Selon Capovilla il prend là sesdistances, mais il me semble qu’il s’agit ducontraire: aucun Pape n’avait jamais répon-du avec ou sans courtoisie à des lettres ou àdes télégrammes de la Maçonnerie! La se-conde information (la liste des condamna-tions pontificales), en soi insignifiante, prendune signification par l’usage qu’entend éven-tuellement en faire Roncalli. “Le pape avait-il dans l’esprit une nouvelle condamna-tion?”, demandaient à Capovilla en 1979deux jésuites philo-maçons, Ferrer Benimelliet Caprile (77). A l’époque Capovilla se dé-boutonna quelque peu: “Je ne crois pas qu’ilait eu l’intention de procéder à une nouvellecondamnation - répondit-il - mais il désiraitconnaître à fond la question. Il pensait cer-tainement au caute à rappeler en touscontacts et dans d’éventuelles ‘négo-ciations’”. Donc en 1979 Capovilla présenteun Jean XXIII qui ne pense pas à condam-ner la Maçonnerie, mais qui pense à avoiravec elle bien que précautionneusement(caute) des “contacts” et des “pourparlers”.En 1994, il corrige le tir, et ce faisant sonstyle devient obscur: “Je confirme la substan-ce de ce qui est affirmé dans le volume cité”,mais... “j’explique le sens de l’adverbe pré-cautionneusement. Courtoisie ne signifierajamais complaisance. Se rencontrer et dialo-guer n’équivaudra jamais à compromissionset atténuations en fait de condamnations dela Maçonnerie telle qu’elle est encore” (p.89); et à la demande, ces négociations ont-elles eu lieu, il répond sèchement: “je n’en ai

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jamais entendu parler” (ibidem).La défense de Capovilla est-elle crédible?

Il est licite d’en douter. Non seulement parceque le premier argument (les télégrammesMaçonnerie-Vatican) confirme plutôt l’accu-sation, et que le second a été diversement in-terprété par Capovilla lui-même, mais aussi àcause d’omissions révélatrices. En effet, si jene me trompe, Capovilla n’a jamais apportéun démenti ni aux affirmations des GrandsMaîtres Gaito et Rangel, ni aux trois livres dubaron Marsaudon, vraiment écrasants pourAngelo Giuseppe Roncalli! Pourquoi cesilence obstiné? Pourtant les livres deMarsaudon ont été repris et cités entre autrespar le Père Esposito et il est étrange queCapovilla, informé comme il est sur tout ce quiconcerne Jean XXIII, n’en ait pas eu connais-sance. Le livre un peu grand-guignolesque dePier Carpi semble avoir servi de fausse tête deturc pour tenter de discréditer un argumentbeaucoup plus sérieusement fondé, celui del’affiliation maçonnique de Jean XXIII, unpeu comme les falsifications de Taxil à uneépoque. Quiconque affirmera l’initiation deRoncalli sera taxé de disciple de Pier Carpi, etpour cela tourné en ridicule, comme le sont lespartisans de l’origine satanique de laMaçonnerie taxés d’être les épigones de LéoTaxil. Il s’agirait donc d’une de ces opérationsmaçonniques classiques de dépistage pour ca-cher le fait qu’il y a anguille sous roche.

Maçonnerie et œcuménisme

Le rapprochement des mots Maçonnerieet œcuménisme, je le tire du livre deMarsaudon: “L’œcuménisme vu par unMaçon de Tradition”. La devise de l’amiintime de Jean XXIII (extraite du rituel ma-çonnique) est parfaitement œcuménique:“Ad dissipata colligenda: rassembler ce quiest dispersé” (p. 59). On peut dire que l’œcu-ménisme est fils légitime de la Maçonnerie,laquelle unit, dans une tradition supérieure etau service de l’homme, toutes les confessionsreligieuses... «Nous songeons par exemple -écrit Marsaudon - à la fameuse bulle d’ex-communication fulminée par Clément XIIcontre nos devanciers (...). Aujourd’hui, noussavons quels furent les véritables motifs de sapromulgation. Clément XII refusait, toutsimplement à nos devanciers la possibilité derecevoir des adeptes de confessions diffé-rentes. De nos jours, notre frère FranklinRoosevelt a réclamé pour tous les hommes la

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possibilité “d’adorer Dieu suivant leurs prin-cipes et leurs convictions”. Cela, c’est de latolérance et c’est aussi de l’œcuménisme!Nous, Franc-Maçon de tradition, nous nouspermettrons de paraphraser et de transposerce mot d’un homme d’Etat en l’adaptant auxcirconstances: catholiques, orthodoxes, pro-testants, israélites, musulmans, hindouistes,bouddhistes, penseurs-libres, libres-croyantsne sont chez nous que des prénoms; c’estFrancs-Maçons le nom de famille» (p. 126).«Pie IX, Léon XIII même sont désormais,nous n’oserions dire condamnés, mais singu-lièrement oubliés. Au début de cette étude,nous avons cité le R. P. Lépicier, mort cardi-nal, et farouche pourfendeur d’hérétiques.Aujourd’hui on parle non seulement de rap-prochement, mais, c’est cela la Révolutionvoulue par Jean XXIII, de liberté deconscience. Nous ne pensons pas qu’unFranc-Maçon digne de ce nom, et qui s’estlui-même engagé à pratiquer la tolérance, nepuisse se féliciter sans aucune restriction, desrésultats, irréversibles, du Concile, quellesqu’en soient les conclusions momentanées.(...) Il était évident que l’Eglise la plus dog-matique devait un jour disparaître ou s’adap-ter et pour s’adapter, revenir aux Sources.Avec tous les chrétiens véritablement sin-cères nous ne pouvons qu’espérer que JeanXXIII n’a pas vécu, œuvré, prié, souffert,n’est pas mort en vain» (pp. 119-120).

Alors ça n’est peut-être pas par hasard sile premier geste retentissant de Jean XXIIIen matière d’œcuménisme ait concerné juste-ment un maçon, le primat anglican GeoffreyF. Fischer, “archevêque” de Canterbury, reçuau Vatican le 2 décembre 1960. L’ex-GrandMaître Gamberini écrit: “Initié à la Loge OldReptonian N° 3725 de la Grande Loged’Angleterre en 1916”, Fischer “remplit en1939 la charge de Grand Chapelain de cetteGrande Loge Mère du monde, charge qui,dans les Maçonneries latino-catholiques estdésignée par le terme de charge de GrandOrateur” (78). Le Père Esposito se demande:“Dans le déclenchement du dialogue Rome-Londres, qui partit justement de Fischer, lefait que (Fischer) ait auparavant milité, etpeut-être qu’il ait milité encore activementen Loge exerça-t-il un rôle?”. Certes une ren-contre de “deux Papes et de deux hiérarquesinitiés”, pour employer les paroles d’Espositoqui fait allusion à Jean XXIII et Fischer, PaulVI et Athénagoras (et il conviendrait d’ajou-ter le super-initié Jules Isaac!): il y a là de

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quoi nous surprendre! (79). Jean XXIIIignorait-il, que Fischer était non seulementhérétique mais aussi maçon? Il est difficile del’admettre étant donné que l’initiation à laMaçonnerie des hiérarchies anglicanes estd’un usage courant (80).

Le prochain article de la série sera doncdédié à l’œcuménisme de Jean XXIII. Uneautre façon de parler de son maçonnisme...

Notes

1) La Loggia è una casa di vetro, Interview deVIRGILO GAITO par FABIO ANDRIOLA, publiée dansL’Italia settimanale du 26 janvier 1994 (n° 3), p. 74.

2) Giuliano il Teista. Interview de VIRGILIO GAITO

par GIOVANNI CUBEDDU, publiée dans Trenta Giorni,n° 2, février 1994, p. 29.

3) «C’est à Paris que les non initiés AngeloRoncalli et Giovanni Montini furent initiés, le mêmejour, aux augustes mystères de la fraternité. Aussi n’y a-t-il rien d’étrange à ce que beaucoup de choses réaliséesdans le second Concile du Vatican par Jean XXIII,soient basées sur les principes et les postulats maçon-niques». Tiré de Proceso n° 832, 12/10/1992, cité parC.D.L. Reporter Mai 1995, n° 179, p. 14.

4) Cf. Sodalitium, n° 25, p. 22-23. 5) Cf. Sodalitium, n° 25, p. 9 à 24 et n° 26, pp. 25 à 33.6) Cf. PADRE ROSARIO ESPOSITO S.S.P., Santi e mas-

soni al servizio dell’uomo, Bartogi, Foggia 1992, p. 216.7) Cf. MAURIZIO BLONDET, Gli Adelphi della disso-

luzione, Ares, Milan 1994, pp. 49 à 51.8) Cf. Sodalitium, n° 27, pp. 12 à 20 et n° 28, pp. 9 à 24.9) ALDO ALESSANDRO MOLA, Storia della Mas-

soneria italiana dall’Unità alla Republica, Bompiani,Milano, 1976, pp. 548 et 624.

10) FRAY C. SANTE, De Don Miguel Matèu Pla alschisma, pasando por el Noncio Roncalli, dans Quepasa?, n° 459, du 14 octobre 1972, cité par TOMÀS

TELLO, Sombras y penumbras de la figura Roncalli(alias Juan XXIII), chez l’auteur, pp. 21 et 22.

11) Il s’agit pour être plus précis de: L’Œcumé-nisme vu par un Franc-Maçon de Tradition, Vitiano,Paris, 1964 (avec préface de Charles Riandey, GrandCommandeur du Conseil Suprême de France de RiteEcossais ancien et accepté, et dédié “à la mémoired’Angelo Roncalli... Au Père de tous les chrétiens, àl’Ami de tous les hommes, A son Auguste continua-teur, S.S. le Pape Paul VI”); De l’initiation maçonniqueà l’orthodoxie chrétienne, Dervy, Paris 1965; Souvenirset réflexions; un haut dignitaire de la Franc-Maçonneriede tradition révèle ses secrets, Vitiano, Paris 1976.

12) Oswald Wirth (1865-1943), initié à la Maçonnerieen 1882 (Grande Loge de France) réagit contre l’aban-don du symbolisme par de nombreux maçons et se trouvaainsi en syntonie avec un autre maçon spiritualiste bienconnu, René Guénon (1886-1951). Cf. ALEC MELLOR,Dictionnaire de la Franc-Maçonnerie et des Franc-Maçons, Belfond, Paris 1971-1979, pp. 268 et 318. Wirthfut de son côté secrétaire et disciple préféré de Stanislasde Guaita (1861-1897), fondateur de l’OrdreCabbalistique des Rose-Croix, occultiste, morphinomane,accusé de satanisme (injustement aux dires d’Introvigne,en dépit de ses livres, dont: Le temple de Satan, La clé dela magie noire et Essai de sciences maudites). Par ailleursde Guaita considérait le célèbre mage cabbaliste Eliphas

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Levi (pseudonyme de l’ex-abbé Alphonse-LouisConstant) comme le “Maître des Maîtres”. Pour la petitehistoire: Guaita était très ami avec l’homme de lettresMaurice Barrès, avec lequel il fonda aussi un ordre marti-niste. Outre le dictionnaire de Mellor (maçon catholiquebien connu), cf. également MASSIMO INTROVIGNE, IlCappello del Mago - Le chapeau du mage, Sugarco,Milano 1990, pp. 152-154, 187-189, 225.

13) Cf. MARSAUDON, L’œcuménisme..., op. cit., p.45. Les notes biographiques sur Marsaudon ont toutesété tirées de cet ouvrage, pp. 20 à 44.

14) Cf. MARSAUDON, Souvenirs..., op. cit.: je n’ai paspu consulter le livre que je cite d’après TELLO, op. cit., p. 7.

15) Cf. MARSAUDON, L’Œcuménisme..., op. cit., pp.45-46, Souvenirs..., chez TELLO, op. cit., p. 7.

16) MARSAUDON, L’Œcuménisme..., op. cit., p. 45.17) MARSAUDON, Souvenirs..., op. cit., p. 263.18) MARSAUDON, De l’initiation...., op. cit., pp. 135-

136, reporté par ROSARIO F. ESPOSITO S.S.P.; Le grandiconcordanze tra Chiesa e Massoneria, Nardini, Florence1987, pp. 390-391.

19) Cf. Sodalitium, n° 28, p. 28 où la citation deBurckardt est intégralement rapportée.

20) Cf. Documentation catholique, année 1961, col.1193 et 1262 (Bref et nouvelles constitutions), col. 1477(le cardinal Giobbe est nommé patron de l’Ordre), etannée 1962, col. 1029 (élection du nouveau GrandMaître).

21) Cf. PROSPER JARDIN, Les Chevaliers de Malte.Une perpétuelle croisade, Librairie Académique Perrin,Paris, 1974, pp. 305 à 308. Il existe également un ra-meau séparé de confession luthétienne, le JohanniterOrden (cf. pp. 299 à 303).

22) “Si nous avons insisté un peu sur la question del’Ordre de Malte, c’est qu’elle est intéressante du pointde vue œcuménique. C’est justement parce qu’il estsouverain [l’Ordre] qu’il a pu admettre dans son seindes Chevaliers de confession Orthodoxe. Une associa-tion roumaine, créée initialement à Paris, est doréna-vant installée au siège même du Grand Magistère [àRome]. Peut-être ne sera-t-il pas non plus inutile derappeler que le Tsar Paul Ier fut Grand Maître del’Ordre”. Marsaudon, L’Œcuménisme..., op. cit., p. 40.

23) Se considèrant elle-même comme une continua-tion de l’Ordre des Templiers, la Maçonnerie a toujourseu une prédilection pour les Ordres chevaleresques.

24) Marsaudon affirme avoir été présenté auMinistre de l’Ordre en France, de Pierredon, par unmaçon de haut grade, Chevalier de Malte, et il affirmeque le président de l’Association Hospitalière desŒuvres de l’Ordre en France, Justin Godard, ancien mi-nistre de la santé, était lui aussi maçon (L’Œcumé-nisme..., op. cit., p. 44). Mola (op. cit., p. 599, note 4)parle de “pénétration de courants ésotériques et plusspécialement du mesmérisme à l’intérieur de l’0rdre desChevaliers de Malte”, et il renvoie le lecteur à l’œuvred’ERNLE BRADFORD, Lo scudo e la spada. Storia deiCavalieri di Malta. Mursia, Milano 1975, pp. 201-203.

25) “Nicola Canali (1874-1961), ordonné prêtre en1900, secrétaire et commensal de Merry del Val, auquelil témoigna jusqu’après sa mort une fidélité sans dé-faillance (s’employant et réussissant à faire ouvrir sonprocès de béatification), et qui refusa tout poste diplo-matique pour demeurer à son service. Substitut de la se-crétairerie d’Etat en 1908, secrétaire de la Congrégationcérémoniale en 1914, assesseur du Saint-Office en 1926(dont Merry del Val était alors le secrétaire), cardinal-diacre en 1935 et grand pénitencier, grand prieur de

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l’Ordre de Malte et grand maître de l’Ordre du Saint-Sépulcre, il dirigea sous Pie XII toute l’administrationmatérielle et financière du Vatican” (EMILE POULAT,Intégrisme et catholicisme intégral, Casterman, Tournai1969, p. 587). Le livre le plus connu sur le cas de l’Ordrede Malte, livre considéré comme “à scandale” par l’his-torien Andrea Riccardi (Il partito romano, MorcellianaBrescia 1983, p. 61, note 83), est celui de l’écrivain bienconnu, mais aussi discuté, ROGER PEYREFITTE (I cavalie-ri di Malta, Florence 1957, dans l’éd. italienne) dans le-quel on trouve aussi de nombreuses allusions à la per-sonnalité du cardinal Canali.

26) Voir les accusations de MARSAUDON dans sonlivre L’Œcuménisme..., op. cit., p. 39, et de JARDIN dansLes Chevaliers..., op. cit., p. 313.

27) MARSAUDON, L’Œcuménisme..., op. cit., p. 21.28) Franco Bellegrandi, ex-Camérier de Cape et

d’Epée de Sa Sainteté et collaborateur de L’OsservatoreRomano, écrivait en 1977 un livre qui ne fut édité qu’en1994 et dont la présentation publique à Rome provoquaun certain tapage de la part de la presse nationale, carparmi les participants à la présentation se trouvait leCardinal Silvio Oddi. Le livre, édité par la E.I.L.E.S. deRome et intitulé Nichitaroncalli. Controvita di un Papa,soutient un grand nombre des thèses de la série des ar-ticles que publie Sodalitium. Son principal défaut cepen-dant, à notre avis, consiste dans le style irrévérencieux del’auteur, et dans le défaut quasi absolu de documentation:Bellegrandi rapporte les ragots (ou les faits dont il fut té-moin) de la Cour vaticane à laquelle il appartint, sans dis-cernement entre les informations sérieuses et les cancanssans fondement. C’est pour cette raison également quedans les milieux “traditionalistes” (dans la revue toscaneControrivoluzione par exemple) le livre de Bellegrandi a

Jean XXIII s’exprima plusieurs fois en faveur de l’éva-luation positive de la Franc-maçonnerie et en rencon-

trant le maçon G. F. Fisher “archevêque” de Cantorberyprimat anglican, il ouvrit le dialogue de réconciliation

avec cette confession religeuse.(Photo et légende extraites de “Santi e Massoni al servi-

zio dell’uomo” par le P. Esposito).

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été démoli. Il ne me semble pas toutefois que toutes lesaffirmations de Franco Bellegrandi soient à considérercomme peu dignes de foi; elles peuvent être très utiles sielles sont étayées par les vérifications nécessaires.

29) F. BELLEGRANDI, Nikitaroncalli, op. cit., pp. 59-61.30) A.A. MOLA, op. cit., p. 628.31) Cf. A.A. MOLA, op. cit., p. 626; R. ESPOSITO, Le

grande concordanze..., op. cit., pp. 119, 388, 409.32) Jean XXIII reçut l’Ordre de Malte le 24 juin

1961, Canali mourut le 2 août de la même année. DansIl ‘partito romano’ nel secondo dopoguerra (1945-1954),Morcelliana, Brescia 1983, p. 62, n° 83, ANDREA

RICCARDI relève quelques lignes de Roncalli qui laissentpercevoir le mépris de celui-ci pour Canali: “Jean XXIIIécrit au card. Testa à propos du rôle de Canali: ‘le posteoccupé à sa façon par le défunt cardinal Canali...’ (9-8-1961, dans JEAN XXIII, Lettere 1958-1963, par les soinsde L. F. CAPOVILLA, Rome 1978, p. 307).

33) Cf. Sodalitium, n° 29, pp. 15 à 17.34) Cf. Sodalitium, n° 33, pp. 39-40.35) Cf. Sodalitium, n° 34, p. 54.36) BENNY LAI, I segreti del Vaticano II da Pio XII a

papa Wojtyla, Laterza, Roma-Bari 1984, pp. 82-83; IlPapa non eletto. Giuseppe Siri, Cardinale di SantaRomana Chiesa, Latereza, Roma-Bari 1993, p. 202, n° 7.

37) GIULIO ANDREOTTI, A ogni morte di Papa. IPapi che ho conosciuto, Rizzoli, Milano 1980, p. 106. Lesénateur à vie, Giulio Andreotti, protagoniste de la poli-tique italienne depuis l’après-guerre jusqu’à nos jours,est actuellement en procès pour collusions présuméesavec la Mafia et la Maçonnerie ou, plutôt, avec la Mafiapar l’intermédiaire de la Maçonnerie. Selon certains ac-cusateurs, c’est lui qui aurait été le véritable chef de laLoge Maçonnique Propagande 2 (P.2). Selon d’autres lescontacts avec la Mafia auraient débuté lorsqu’à la de-mande de Paul VI il intervint pour protéger le financiersicilien (et maçon) Sindona, mort (suicidé?) en prison.

38) BENNY LAI, Il Papa non eletto, op. cit., p. 202, n° 7.39) On sait que de nombreuses listes ont circulé,

plus ou moins dignes de foi, de prélats inscrits à laMaçonnerie. Parmi les diverses affiliations présumées,l’une est particulièrement étayée, celle de FranziskusKönig, archevêque de Vienne depuis 1956, créé cardinalpar Jean XXIII le 15 décembre 1958. ROBERTO FABIANI,toujours bien informé, affirme sans hésiter ni ménagerses mots que le cardinal König est maçon et il précisequ’il est inscrit à la loge secrète “Giustizia e Libertà” dela Maçonnerie de Piazza del Gesù. Cf. ROBERTO

FABIANI, I Massoni in Italia, L’Espresso 1978, Farigliano,pp. 78 et 130. Quoiqu’il en soit, à la suite de son prédé-cesseur le cardinal Innitzer, König a été un personnagetrès actif dans le dialogue avec la Maçonnerie, cf. R.ESPOSITO, Le grandi concordanze..., op. cit. pp. 26, 126,163 à 167; R. ESPOSITO, La riconciliazione tra la Chiesa ela Massoneria, Longo, Ravenna, p. 12. König a été ungrand électeur de Karol Wojtyla au dernier Conclave.

40) BENNY LAI, I segreti..., op. cit., p. 84.41) Ibidem, p. 83.42) Cf. B. LAI, I segreti..., op. cit., p. 85, B. LAI, Il

Papa..., op. cit., p. 202, G. ANDREOTTI, op. cit., p. 106.C’était la veille au soir du Conclave.

43) PAUL VI, discours du 21 juin 1972, cité dansL’attività della Santa Sede, Tipografia PoliglottaVaticana 1972, p. 221.

44) Cf. BELLEGRANDI, op. cit., pp. 61-62.45) MARSAUDON, L’Œcuménisme..., op. cit., p. 47.46) A.A. MOLA, op. cit., pp. 598-599.47) On pourrait objecter qu’au synode romain de

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1960, à l’article 247, la condamnation de la Maçonnerie aété reprise sur la base du canon 2335 du C.J.C..Cependant le P. Esposito observe: «Il s’agit d’un acte quia l’aspect d’un produit de la force d’inertie et qui semblene correspondre que partiellement à la “mens” du Pape.Le tout est fait de façon automatique, sans même quesoit posé le problème du changement des circonstanceshistoriques et des répercussions qu’elles ont eu tant àl’intérieur de l’Eglise que de la Maçonnerie. D’une façonanalogue, en théorie, il n’a pas atténué, c’est certain, lapensée de l’Eglise vis-à-vis du communisme; mais sur leplan concret il a accompli des gestes dont la bonté et lafraternité ne nécessitent aucun commentaire - qu’on serappelle l’audience accordée à Adjoubei, gendre deKhrouchtchef -» (P. ESPOSITO, Santi e Massoni... op. cit.,p. 213). Capovilla lui-même, le secrétaire de Jean XXIII,tout en connaissant la prescription du Synode romain,confirma que Jean XXIII ne fit aucune nouvellecondamnation de la Maçonnerie. (Jean XXIII, dans lesouvenir du secrétaire Loris Capovilla. Interview deMarco Roncalli avec des documents inédits. Saint Paul,Cinisello Balsamo 1994, pp. 87 à 90 et 117).

48) R. ESPOSITO, La riconciliazione...., p. 34 et n° 2.49) Et ce malgré les prétentions d’Alleanza

Cattolica. Le nouveau “Code de droit canon” de 1983ne nomme même plus la Maçonnerie, et abroge l’ex-communication prévue par le canon 2335 du Code deDroit Canon (le seul authentique, celui de 1917). Pourremédier aux réactions des catholiques, le cardinalRatzinger dut faire une “déclaration sur les associationsmaçonniques”, le 26 novembre 1983, déclaration danslaquelle il est affirmé qu’il est encore interdit de s’ins-crire à la Maçonnerie sous peine, pour les transgres-seurs, de se trouver en état de péché mortel et de nepouvoir recevoir l’eucharistie. Certes c’est un pas en ar-rière par rapport à la décision du prédécesseur deRatzinger, le cardinal Seper, qui autorisait la doubleappartenance (à l’Eglise et à certaines obédiences ma-çonniques) mais il ne s’agit pas cependant d’excommu-nication, elle n’est plus prévue par le nouveau droit.C’est la tactique des deux pas en avant pour un pas enarrière... Sur la question cf. DON CURZIO NITOGLIA,Infiltrations judéo-maçonniques dans l’Eglise romainedans Sodalitium, n° 38, pp. 29 à 42 (spécialement 35-36:La fausse restauration des années 80).

50) Cf. La Déclaration collective de l’épiscopat ar-gentin du 20 février 1959 (dans la Documentation catho-lique, col. 483 à 488) et la Lettre pastorale collective desarchevêques et évêques du Ruanda-Urundi (dans laDocumentation catholique, 1961, col. 511 à 532).

51) Cf. J. PLONCARD D’ASSAC, Le secret des francs-maçons, éd. de Chiré 1979, p. 169.

52) LÉON DE PONCINS, Infiltrations ennemies dansl’Eglise, Documents et témoignages, Paris 1970, pp. 85-88.

53) Colloque catholico-maçonnique d’Ariccia du20/04/1970, in R. ESPOSITO, La riconciliazione..., op. cit., p. 79.

54) Débat catholico-maçonnique de Lecce, du 24février 1979, op. cit., p. 114.

55) Ibidem, p. 122.56) ALEC MELLOR, op. cit. p. 114.57) R. FABIANI, op. cit., p. 85.58) Article publié dans El Pais, Madrid, 10 mars

1985, traduit par Hiram, Roma, avril 1985, et rapportépar R. ESPOSITO, Le grandi concordanze..., op. cit., p. 84.

59) MARSAUDON, De l’initiation..., op. cit., pp. 135-136; cité par R. ESPOSITO, Le grandi concordanze..., op.cit., p. 391.

60) R. ESPOSITO, Le grandi concordanze... op. cit.,

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pp. 251-252.61) Ibidem, pp. 313 et 301.62) GIUSEPPE PREZZOLINI, Nel circolo dei Rotariani

ci sono tutti i ‘primi della classe’, article publié dans IlTempo de Rome, 10 mars 1955.

63) Un article de la Civiltà Cattolica précisera quele qualificatif attribué au Rotary est celui d’association“suspecte”.

64) OMERO RANELLETTI, La Chiesa cattolica e ilRotary Internazionale, dans Realtà Nuova, revue men-suelle du Rotary Club d’Italie, Milan, n° 4, avril 1972.L’auteur en réalisa la mise à jour et la réédition en1975. De la dernière édition, je cite: OMERO

RANELLETTI, Il Rotary e la Chiesa cattolica, Quadernide Realtà Nuova, Istituto culturale rotariano, Torino1991, avec une préface d’Alessandro Ubertone et unarticle sur l’auteur d’Antonio de Majo.

65) Né à Celano en 1885, il est mort en 1979 à 94 ans.Ranelletti se déclarait fervent catholique, mais on peut endouter, et pas seulement à cause des hautes charges rota-riennes qu’il assumait depuis longtemps, depuis qu’ilavait fondé le Club à Rome en 1924. Il fut en effet Chefde Cabinet du Ministère de l’Instruction Publique durantde nombreuses années, et jusqu’en 1920, sous le ministreRuffini et le gouvernement Nitti. Le sénateur Ruffini,libéral, professeur de droit ecclésiastique, fut partisantenace de la liberté religieuse, de même que défenseur dela Maçonnerie; Nitti, libéral lui aussi, est cité comme unaffilié par certains auteurs (cf. pour la question débattue,GIANNI VANNONI, Massoneria, Fascismo et ChiesaCattolica, Laterza, Bari 1979, p. 71. “Une fois abandonnéle Ministère - nous informe Ubertone - il s’employa avecle député Andrea Torre à la fondation et direction admi-nistrative du journal d’opposition au régime fasciste IlMondo auquel je collaborai, traitant des problèmes del’école et de la culture, en collaboration loyale avecGiovanni Amendola, Meuccio Ruini, Alberto Cianca etd’autres, jusqu’en 1925 lorsque le journal dut cesser lespublications”. Or le député Ruini occupait notoirementune haute charge dans la Maçonnerie (cf. MOLA, op. cit.,p. 258); étaient également maçons: le député Torre (cf.MOLA, op. cit., p. 389), le député Amendola (cf.VANNONI, op. cit., p. 75 et note 25 p. 84; de l’avis de Molac’est probable, cf. p. 492) et même Alberto Ciancacomme le laisse entendre Mola (cf. p. 615). Est-il possibleque seul au milieu de cette belle clique de maçons et dephilo-maçons, Ranelletti ait été un “catholique à touteépreuve” (cf. Ranelletti, p. 87)?

66) O. RANELLETTI, op. cit., p. 86.67) Ibidem, p. 88. Lettre du 22 décembre 1958 de

Lando Ambrosini à Mgr Capovilla.68) Ibidem, p. 91.69) Rivista diocesana milanese, nov. 1949, pp. 240-241,

cité par R. ESPOSITO, Le grandi concordanze..., p. 342.70) O. RANELLETTI, op. cit., pp. 89-90.71) Ibidem, p. 91.72) Ibidem, p. 93, et R. ESPOSITO, Le grandi

concordanze..., op. cit., p. 346.73) Préface du livre de O. RANELLETTI, op. cit., p. 5.74) L’Osservatore Romano des 15-16 novembre

1976 éd. it. (Une déclaration de S. E. Mgr Capovilla.Fausse et déformant l’œuvre ‘Le profezie di PapaGiovanni’) ainsi que du 23 décembre 1976. GiovanniXXIII, dans le souvenir de son secrétaire Loris F.Capovilla, op. cit., pp. 87 à 90 et p. 117.

75) La preuve en est, poursuit Capovilla, que parmiles “protagonistes de la réforme annoncée par le papeJean” se trouvaient des personnes irrépréhensibles comme

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Lercaro, Bugnini, Pellegrino et Bevilacqua! (op. cit., p. 87).76) La note est du 6 décembre 1962; c’est moi qui

ait mis les caractères en gras. La citation est tirée deL’Osservatore Romano, 15-16 nov. 1976, éd. it.

77) JOSÉ A. FERRER BENIMELLI - GIOVANNI

CAPRILE, Massoneria e chiesa cattolica. Ieri, oggi e do-mani, Roma 1979, p. 71, cité par RONCALLI-CAPOVILLA,pp. 88-89.

78) GIORDANO GAMBERINI, Mille volti di massoni,Roma, Erasmo, 1975, p. 229, cité par R. ESPOSITO, Santie massoni... op. cit., p. 214.

79) R. ESPOSITO, Santi e massoni..., op. cit., p. 213.80) Esposito cite des études selon lesquelles, en

1955, on comptait bien 17 “évêques” et 500 “prélats”anglicans rien que dans les derniers et plus hauts gradesde la Maçonnerie, (op. cit., p. 214).

LA BEATITUDEPar M. l’abbé Thomas Cazalas

Tout homme cherche à être heureux

Le Bon Dieu a doté notre âme de deux fa-cultés: l’intelligence et la volonté. Ces

deux facultés ont une inclination naturellequi les fait tendre vers leur objet respectifd’une façon irrésistible, sans qu’il leur soitpossible de s’en détourner. L’intelligencetend vers la vérité, le vrai; elle ne peut conce-voir ce qui est contradictoire. Dire que notreintelligence pourrait arriver à comprendre cequi implique contradiction (comme leconcept de cercle-carré) reviendrait à affir-mer que l’œil puisse voir ce qui est dépourvude couleur, ou l’oreille entendre ce qui neproduit aucun son! Il en va de même pournotre volonté: comme l’œil ne peut voir quela couleur et l’oreille n’entendre que le son,ainsi notre volonté ne peut vouloir que lebien: le bien, c’est son objet.

Et pourtant David, inspiré par le SaintEsprit, est catégorique: “O enfants deshommes, dit-il, pourquoi aimez-vous la vani-té et cherchez-vous le mensonge?” (Ps. 4, v.3). Il y a donc des hommes qui “aiment”, qui“cherchent”, en un mot qui veulent ce qui estmal, “la vanité” et “le mensonge”. Commentcela est-il possible puisque leur volonté tendnaturellement vers ce qui est bien?

La raison en est simple. Si tous leshommes veulent et désirent le bien et qu’ilne s’est jamais vu quelqu’un qui désire le

Vie Spirituelle

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mal en tant que tel, cependant beaucoup es-timent comme un bien ce qui n’est que fauxbien, bien apparent ùt qui en réalité est unmal pour eux. Et cela s’explique facilementsi l’on se rappelle que le mal absolu, dépour-vu de tout bien, n’existe pas et ne peut pasexister: le mal par définition est la privationd’un bien dû à une chose (“privatio boni de-biti”); et cette privation affecte donc unautre bien qui, lui, existe. Lucifer, parexemple, tout mauvais qu’il est, est bon etmême meilleur que nous sous un certain as-pect: il a une nature angélique. Sans ce bien,il ne pourrait exister et ne serait pas damnéà cause de la malice de sa volonté.

Il est donc malheureusement bien facilepour l’intelligence de présenter à la volonté(qui se porte aveuglément sur le bien) unbien particulier. En effet, c’est la volonté quifait porter l’attention de l’intelligence sur unbien particulier (pour éviter que son juge-ment ne condamne le mal qui y est conjoint)mais, dans l’élection de ce bien particulier,elle ne fait que suivre le dernier jugementpratique de l’intelligence.

C’est là le mystère du péché, “mysteriuminiquitatis” (2 Thess. 2, vers. 7): celui quipèche, et donc qui veut ce qui est mal, le faitcependant parce qu’il désire son propre bienet donc son propre bonheur! Mais il met cebonheur là où il n’est pas, dans l’obtentiond’un bien apparent ou la libération d’un malpassager; et pour arriver à sa fin, il détournevolontairement son attention du mal infini-ment plus grand dans lequel il tombe!

Un exemple nous aidera à le faire com-prendre: le malheureux qui a décidé des’ôter la vie, ne veut en cela que son proprebonheur; il ne désire pas le suicide en tantque tel (car sa volonté ne peut se porter surun mal); mais il recherche la fin de ses souf-frances. Pour ce faire, il refuse de réfléchir etde considérer que pour obtenir ce bien, iltombera dans un mal incomparablementplus grand: la révolte contre Dieu (qui lui adonné la vie), et l’enfer éternel. Tel fut le casmalheureusement de Judas. On ne peut ar-guer qu’il ne savait pas où était le bien: ilavait entendu de la bouche même duSeigneur la parabole de l’enfant prodigue ac-cueilli de nouveau dans la maison paternelleaprès l’avoir abandonnée; et celle du bonpasteur qui va inlassablement à la recherchede la brebis égarée. Mais il détourna volon-tairement sa pensée du pardon qui lui étaitoffert et il se persuada que le seul remède

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pour son âme désemparée était de mettrelui-même fin à ses souffrances en cette vie.

Bref, il est donc évident que la naturemême de l’homme fait qu’il ne peut s’empê-cher de rechercher son propre bonheur;mais il n’en reste pas moins que beaucoupd’entre eux recherchent leur bonheur là oùil ne peut être.

Où est donc le vrai bonheur?

Bien souvent, les hommes en péchant dé-tournent tellement leur intelligence de la vé-rité et par conséquent leur volonté du bienqu’ils tombent dans l’aveuglement et croientvraiment que le bonheur se trouve dansquelque bien terrestre. N’allons pas chercherbien loin pour en être convaincu: quand onparle aujourd’hui du bonheur de l’homme,on entend parler du bonheur temporel de lavie présente; même parmi ceux qui se disent“catholiques”, n’en est-il pas plusieurs quinient ou mettent en doute la Vie éternelle fu-ture ou qui pensent que la Religion estcontraire au bonheur individuel de l’homme?

“A les entendre, affirmait déjà SaintAlphonse il y a plus de deux siècles, parmiles enseignements de la Religion catholique,il en est plusieurs qui rendent la vie del’homme malheureuse: tels seraient les pré-ceptes auquels nous sommes assujettis, la dé-fense de satisfaire nos passions conformé-ment à nos inclinations naturelles, la craintedu jugement de Dieu, les menaces des peineséternelles.”(Saint Alphonse de Liguori,Partie dogmatique, éd. Casterman, Tournai1866, tome 1. ”Réfléxions sur la vérité de laRévélation divine contre les principales ob-jections des déistes”, p. 497).

Saint Alphonse, dans l’œuvre précitée,répond admirablement à ces incrédules et àces soi-disant “catholiques” et montre, en

Jésus est le Bon Pasteurqui va à la recherche

des brebis perdues quesont les âmespécheresses

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faisant appel au bon sens et à l’expériencecommune, que la religion n’est pas contraireau bonheur de l’homme mais qu’elle faitdéjà son bonheur sur cette terre. Dans cetarticle, nous suivrons pas à pas son enseigne-ment pour montrer l’absurdité des objec-tions qui voudraient prouver que, tout aumoins en ce monde, notre sainte Religion nepeut que nous rendre malheureux et tristes.Si Dieu veut, dans un prochain article, nousdemanderons à un autre maître, SaintThomas d’Aquin, de nous faire comprendreun peu quelle est la Béatitude que Dieu nousréserve dans la Vie future. Et ainsi, cette pa-role de l’Abbé Gaume nous paraîtra tou-jours plus vraie: “Pour rendre l’homme heu-reux pendant toute l’éternité, notre sainteReligion ne lui demande que la permission dele rendre heureux sur la terre”. (Catéchismede persévérance. Abbé J. Gaume, éd.Gaume-frères, Paris 1843, Tome 8. p. 451).

Montrons donc en premier lieu avecl’aide de Saint Alphonse qu’on ne peut êtreheureux ici-bas qu’en aimant et servantDieu. Le saint Docteur commence par unargument “ad hominem”: avant de daignerrépondre aux objections des incrédules,semble-t-il dire, voyons quel est le fruit in-évitable de l’athéisme:

L’incrédule ne peut jamais vivre heureuxdans son incrédulité

Mais tout d’abord, existe-t-il de vrais in-crédules qui soient tellement aveuglés par lamalice de leur volonté au point qu’ils puis-sent dire: “Moi, je suis persuadé que Dieun’existe pas”? Ces soi-disant incrédules ont-ils réussi à faire taire la voix de leurconscience qui leur crie: ”Et si Dieu existait,et si ton âme était immortelle, que t’arrive-ra-t’il?”. Non, mais au fond d’eux-mêmes, ilscomprennent (même s’ils ne se l’avouentpas) que reconnaître l’existence de Dieu,c’est reconnaître du même coup notre abso-lue dépendance à son égard, c’est devoir sesoumettre à Ses commandements et ils nepeuvent s’y résoudre.

Saint Alphonse affirme sans hésiter quetout incroyant est tourmenté par le problèmede l’existence de Dieu et de l’enfer: “Il ne suf-fira pas à l’incrédule de ne pas croire auxpeines éternelles pour ne pas éprouver remordset craintes qui le tourmenteront dans son incré-dulité même; car il entendra sans cesse ce cri dela conscience: «Mais si ces peines sont réelles,

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qu’en sera-t-il de toi pour toute l’éternité?». Ilne lui suffira pas non plus, pour se tranquilli-ser, de dire avec assurance: «Mais moi, je neveux croire à rien», car il entendra une voix luirépliquer intérieurement:«Mais si l’enfer existeréellement, qu’importe que tu ne veuilles pas ycroire? Que tu y croies ou que tu n’y croiespas, tu n’en seras pas moins damné». C’estainsi que cette crainte et cette inévitable incerti-tude suffiront déjà pour le maintenir dans uneincessante agitation.... Hélas! Tant que cet in-fortuné persistera dans son incrédulité, les re-mords et les craintes le feront vivre dans uneagitation permanente, et finiront par le pousserà se livrer au désespoir et même à s’ôter volon-tairement la vie, ainsi qu’il est arrivé à plu-sieurs de ceux qui se vantent de ne croire àrien”. (op. cit. pp. 501-2)

Pour le saint Docteur, ce n’est donc pas laReligion qui enlève la paix aux âmes, maistout au contraire le refus de celle-ci: notrepauvre monde moderne en est une preuvebien convaincante! Bien plus, continue-t-il,dans les adversités de cette vie, cette agitationpermanente ne fera que s’accroître: “Pauvresincrédules! dans leurs adversités et leurs dis-grâces, ils ne trouvent rien qui puisse lesconsoler. Représentons-nous un incrédule quiaurait été injustement dépouillé par les jugesde tous ses biens, ou un malade qui est déses-péré des médecins, ou bien encore un cou-pable qui est déjà condamné à mort. Eh bien!je vous le demande, quelle pensée de consola-tion pourra soulager chacun de ses infortunés?Trouvera-t-il peut-être un soulagement dansson incrédulité? Ah! dans les grandes tribula-tions, l’incrédulité n’enlève point à ses parti-sans le chagrin qui les ronge: elle ne fait aucontraire que l’aggraver, puisqu’elle les porte àcroire qu’il n’y a point d’autre vie que celle-ci”. Il ne peut “trouver une consolation dansl’espoir d’aller jouir après la mort d’une éter-nelle félicité dans la vie future... Cette pensée...ne lui inspire, au contraire, que la crainte etl’horreur.” (op. cit. p. 503)

L’athée ne sera donc jamais heureux encette vie: - ou le ver de la conscience le ron-gera continuellement en lui rappelant ques’il se trompe, si Dieu existe, il devra Luirendre compte de l’usage qu’il a fait de savie; - ou il sera désemparé dans les épreuvesne sachant où trouver appui et consolation.

Considérons maintenant les objectionsdes athées. Ils affirment sans hésiter: “LaReligion rend l’homme malheureux.Reconnaissez-le”. Et pourquoi donc? Pour

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eux, c’est évident: “Les préceptes que vousimpose la Religion sont insupportables et lacrainte des châtiments dont vous êtes mena-cés vous fait vivre dans une terreur conti-nuelle”. Saint Alphonse montre que cesdeux affirmations sont fausses.

Première objection: “les préceptes de la re-ligion sont insupportables”.

Au moyen d’une argumentation simple,accessible à tous, notre Saint prouve: 1) que“notre bonheur naturel ne consiste pas dansles jouissances du corps, mais bien dans latranquillité de l’âme, dès lors que celle-ciest dégagée du vice et des attaches déré-glées”. 2) que cette tranquillité est le fruit del’observation des préceptes donnés parnotre sainte Religion.

1) Ici-bas en effet, n’est heureux que celuidont l’âme est d’accord avec Dieu, avec leshommes et avec soi-même: “Quand les organesdu corps sont en harmonie, dit-il, le corps estsain et vigoureux; mais quand ces organes sontbouleversés, ils causent des maladies et des dou-leurs. La même chose se produit dans l’âme: sile désordre y règne par suite de quelque vice oupassion désordonnée, dont elle se laisse domi-ner, elle ne trouve point et ne trouvera jamais lapaix véritable” (op. cit. p. 497). Que faire doncpour obtenir cette paix véritable?

2) Il n’y a pas de secret, semble-il ré-pondre: “Pour obtenir cette paix véritable,

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nous devons mettre notre âme d’accord avecDieu, avec les hommes et nous-mêmes àl’aide des vertus chrétiennes: avec Dieu, parl’amour et par l’obéissance à tous Ses précepteset conseils; avec les hommes par la pratique dela charité et de la douceur; avec nous-mêmes,par la mortification des passions et l’abnégationde l’amour-propre” (op. cit. p. 498). La conclu-sion du Saint est claire; puisse-t-elle nouspousser toujours plus vers la vertu: “Ainsi, dit-il, nous serons plus ou moins heureux en cettevie, selon que nous pratiquerons plus oumoins toutes ces vertus. Persuadons-nous bienque, sans la vertu, il ne peut y avoir de véri-table contentement” (op. cit. p. 498).

Non seulement le “véritable contente-ment” est indissociable de la vertu mais il esttout à fait indépendant de la présence ou del’absence des biens terrestres: “Oh!Combien le bonheur d’un pauvre qui est ver-tueux surpasse celui de tant de riches et depuissants de la terre, qui, au sein de leurgrandeur, sont harcelés de mille désirs qu’ilsne peuvent réaliser et par mille adversitésqu’ils ne peuvent éviter! L’expérience dé-montre à l’évidence que tout homme quimène une vie vertueuse de quelque rangqu’il soit, vit heureux dans sa condition; etque tout homme qui vit dans le vice, netrouve point le bonheur dans toutes les ri-chesses et tous les honneurs au milieu des-quels il coule ses jours” (op. cit. p. 498).

“Vous faites appel à l’expérience, au bonsens, nous dira-t-on, mais justement le bonsens est contre vous, car ce qui exerce le plusgrand empire sur l’homme, ce n’est pas lavertu mais les richesses. Et ceci est la preuvela plus indéniable que l’homme trouve sonbonheur dans la possession des richesses”.

La réponse de Saint Thomas à cette ob-jection (2a 2ae, q. 2, art. 1, ad 2um) doit êtrecitée, surtout à l’heure actuelle où le choix duplus grand nombre fait fonction de magistèreinfaillible: “Si l’on s’en tient à la multitude dessots qui ne connaissent que les biens corporelspouvant être acquis à prix d’argent”, il est vraique “toute chose dans le monde obéit à l’ar-gent. Mais quand il s’agit d’apprécier lesvrais biens de l’homme, ce n’est pas aux ju-gements des sots qu’il faut recourir mais àcelui des sages; comme on s’adresse à ceuxqui ont bon goût, pour apprécier les saveurs”.

De la même manière, et il est importantde le bien comprendre, si la plupart deshommes arrivent à penser que les préceptesde la Religion sont contraires au bonheur de

“Vois comme ces âmes sont à plaindre… Elle ne saventmême plus qu’elles ont un cœur capable d’aimer leur

Dieu”.

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l’homme, cela signifie seulement que la plu-part des hommes ont laissé “appesantir leurcœur” (Ps. 4, v. 3) et sont devenus des sots,incapables d’apprécier leurs vrais biens,mais non pas qu’ils ont raison!

Saint Alphonse ne se contente pas,comme nous l’avons vu, de montrer que lespréceptes de notre sainte Religion n’ont riende contraire au bonheur de l’homme, mais ilmontre comment la vie de ceux qui refusentde s’y soumettre n’est qu’un “enfer anticipé”.Dans le texte qui suit, chaque parole semblepesée, on y sent l’âme d’un Saint, d’un méde-cin spirituel qui sait que la plus grande croixqui puisse être plantée dans le cœur del’homme, c’est celle du péché: “Parmi ceuxqui endurent un enfer anticipé, il ne faut passeulement compter l’incrédule, mais encoretous ceux qui vivent dans la disgrâce deDieu; car les jouissances du péché sont desjouissances empoisonnées, qui laissent tou-jours après elles un arrière-goût d’amertume;de plus, ces jouissances ne sont que momenta-nées, tandis que les peines et les chagrins sontincessants. C’est une illusion que de chercherla paix dans l’assouvissement des passions:plus on cherche à les satisfaire, plus on aug-mente son tourment”. Pour échapper à cet“enfer anticipé” et surtout à l’enfer éternel, ilfaut donc lutter contre les mauvaises inclina-tions de la nature blessée par le péché origi-nel. Celui qui négligerait de le faire, verraitbien vite celles-ci prendre force dans sonâme, et le désordre du péché s’y installer: lapaix étant la “tranquillité de l’ordre”, com-ment pourra-t-elle subsister dans une âmeavec le désordre du péché? Comment le pé-cheur pourra-t-il être heureux?

Afin de s’assurer que le lecteur soit bienconvaincu que le péché ne peut rendre quemalheureux, Saint Alphonse décrit les tour-ments causés par les trois filets privilégiésdu démon: orgueil, avarice et concupiscence.Et en effet, si les pauvres âmes trompées parle démon pouvaient comprendre de quellespeines elles se sont chargées déjà sur cetteterre, elles s’empresseraient de revenir auxenseignements de Notre Seigneur; il suffitde prêter un peu attention à la descriptionque le Saint nous fait des tourments inces-sants dans lesquels ils vivent, pour en êtrepersuadés: “Que de dépits secrets n’éprouvepas l’ambitieux qui convoite les honneurs,les places et les dignités, s’il ne parvient pas àles obtenir! Mais supposé qu’il les obtienne, ilambitionnera toujours de monter plus haut,

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et s’il ne réussit pas, il en sera désolé. Quelchagrin n’éprouve-t-il pas, s’il se voit préférerquelque autre qu’il estime moins digne quelui? (...)Quels tourments n’éprouve pas unavare au milieu de toutes ses richesses, tantôtpar la crainte de perdre ce qu’il possède, tan-tôt par les pertes qu’il a essuyées, tantôt parles créances qu’il ne peut exiger, tantôt par ungain inférieur à celui qu’il espérait?... ..Quelstourments n’endure pas un impudique? quede soupçons, que de jalousies, que d’amer-tumes,... comment pourra-t-il éviter que lesremords de la conscience et les craintes de lavengeance divine ne soient une torture pourson cœur?” (op. cit. pp. 500-501).

Devant la question de Saint Alphonse:“En est-il un seul parmi vous qui puisse se dé-clarer satisfait de son sort?”, tous les in-croyants et tous les croyants infidèles aux pro-messes de leur Baptême ne peuvent que don-ner une réponse qui est la vérité même: non;et en effet, tous les biens de la terre sont im-puissants à les contenter. C’est un fait d’expé-rience. Les plus illustres hommes qui ont pos-sédé en abondance les biens terrestres ontavoué qu’ils n’ont pas été heureux. Gœthe quifut pourtant si célèbre se plaignait à Eckerman,d’avoir eu pendant les 75 années de sa vie,très peu de jours heureux: «Toute ma vie, di-sait-il, me semble avoir été occupée à roulerune pierre». Et Schiller écrivait à Körner: «J’aibesoin d’aller vous voir; je ne serai heureuxqu’auprès de vous; je ne l’ai encore jamaisété». (tiré du: Catéchisme catholique populai-re; François Spirago, 5ème édition, p. 603, ap-pendice sur “L’utilité de la Religion”).

Il ne peut, en effet, y avoir de paix véri-table en celui qui n’est pas en paix avecDieu. Notre âme a été créée pour jouir deDieu: loin de Lui, on ne peut que mener unevie malheureuse. Saint Augustin, aprèsavoir quitté sa vie de péché, le reconnaissait:rien ne peut contenter le cœur de l’hommesi ce n’est Dieu Lui-même. “Irrequietum estcor nostrum, donec requiescat in Te,Domine” ( Notre cœur est inquiet tant qu’ilne repose pas en Vous, Seigneur).

Et personne ne peut en douter: NotreSeigneur Jésus Christ n’a qu’un seul désir,celui de faire vivre de sa Grâce toutes lesâmes. Les révélations du Sacré Cœur deJésus à Sainte Marguerite Marie Alacoque lemontrent clairement: “Voilà ce Cœur qui atant aimé les hommes, qu’il n’a rien épargnéjusqu’à s’épuiser et se consumer pour leur té-moigner son Amour, lui dit Notre Seigneur

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en montrant son Cœur entouré de flammes,couronné d’épines et surmonté d’une croix,et en reconnaissance, je ne reçois de la plupartdes hommes que des ingratitudes par leurs ir-révérences et leurs sacrilèges, et par les froi-deurs et les mépris qu’ils ont pour Moi dansce Sacrement d’Amour (l’Eucharistie)”. Etcelles-ci ne sont que le rappel de ce queJésus nous enseigne en maints endroits dansl’Evangile, comme dans ce passage de SaintMatthieu: “Venez à Moi, vous tous qui souf-frez et êtes fatigués” du joug du péché, “etJe vous soulagerai. Prenez Mon joug survous et recevez Mes leçons, parce que Je suisdoux et humble de cœur, et vous trouverez lerepos pour vos âmes”. Tout en vous donnantdes préceptes, Je vous donnerai la force deles accomplir. “Mon joug est doux et Monfardeau léger” (Matth. 11, 28-29-30), car Magrâce rend effectivement ma Loi douce estlégère. La vraie liberté, c’est Moi qui ladonne; c’est la liberté des enfants de Dieu,qui affranchit des passions déréglées et del’esclavage du démon.

Nous parlerons plus loin de cette paix queNotre-Seigneur a promise au soir du JeudiSaint à Ses véritables disciples: “Je vous lais-se la paix, Je vous donne Ma paix; mais ce

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n’est pas comme le monde la donne que Jevous la donne” (Jean 14, 27). Auparavant,rappelons la deuxième objection avancée parceux qui s’efforcent de prouver que notresainte Religion rend malheureux.

Deuxième objection: “la crainte deschâtiments dont la Religion menace ceux quitransgressent les préceptes rend l’hommeinquiet et malheureux”.

“C’est de l’hypocrisie, diront-ils, d’affir-mer que seuls les athées sont tourmentéspar la crainte du châtiment éternel carmême les fidèles croyants en sont inquiétéset agités. Toute leur vie, ils craignent detomber un jour en enfer”.

Cette objection renferme une part de vé-rité qui lui permet de dissimuler l’erreurqu’elle voudrait prouver: en effet, Saint Paullui-même nous fait un ordre d’opérer notreSalut “avec crainte et tremblement” (Phil. 2,16). D’ailleurs, l’erreur pure n’enlèverait l’as-sentiment de personne car l’intelligence nepeut adhérer à la contradiction. C’est pour-quoi il faut, comme pour répondre à n’im-porte quelle objection, bien distinguer la partdu vrai de la part du faux qu’elle contient:Saint Alphonse le fait en distinguant l’incerti-tude du bon chrétien de celle du mauvaischrétien au sujet de leur Salut: “Il est vrai,concède-t-il, qu’aucun homme ne peut avoirici-bas une certitude infaillible de sa persévé-rance, ni, par conséquent, de son salut éternel,sans une révélation particulière de Dieu, maisl’espérance que la Bonté de Dieu et les méritesde Jésus-Christ donnent à tout bon chrétiend’acquérir la Béatitude éternelle, adoucit lapeine de cette incertitude... Le pécheur mêmequi a mérité l’enfer mais qui a la Foi, trouveun soulagement dans la promesse du pardonque Dieu a faite aux pécheurs repentants: ilcroit fermement que ce Dieu a livré Sonpropre Fils pour sauver les pécheurs, confor-mément à la parole de l’apôtre: «qui etiamproprio Filio suo non pepercit, sed pro nobisomnibus tradidit illum» (Lui qui n’a pas épar-gné Son propre Fils, mais qui L’a livré pournous tous). Aussi, Saint Paul nous exhorte-t-ilà ne pas craindre que Dieu nous refuse le par-don et le paradis, après qu’Il nous a toutdonné en nous donnant Son Fils: «Quomodonon etiam cum illo omnia nobis donavit»(Comment ne nous donnera-t-Il pas aussitoutes choses avec Lui). C’est par cette penséeque le chrétien croyant calme ses remords.

“Voici que Je frappe à la porte de vos âmes afin d’enchasser le péché et de vous donner la vie de la Grâce”

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Mais comment l’incrédule pourra-t-il apai-ser les siens?” (op. cit. p. 501-502).

Et ici, il affirme encore une fois quel’athée ne peut trouver aucune consolation àses peines intérieures et extérieures en cettevie et que, bien souvent, cela le poussera àvouloir s’ôter la vie: la chronique quotidiennedes journaux ne le contredit malheureuse-ment pas! La crainte des châtiments ne rendpas malheureux le chrétien qui cherche àvivre conformément à sa Foi; bien au contrai-re, elle lui est utile, ajoutera-t-il plus loin.

Saint Alphonse se sert d’un rapproche-ment fait avec la vie quotidienne et montreainsi l’absurdité à laquelle amène l’argumen-tation des adversaires de la Religion: “Tousles tribunaux de la terre statuent des peines àinfliger aux malfaiteurs; cependant, qui s’estjamais avisé de dire que la justice humainerend les hommes malheureux? Et malgré cela,on osera prétendre que la Justice de Dieu lesrend réellement malheureux, tandis que ceDieu ne les menace de châtiments que dans lebut de les éloigner du vice, et par ce moyen, deles rendre heureux... C’est une criante injusti-ce de dire que la Révélation divine rend leshommes malheureux à cause des châtimentsdont elle les menace; car, si elle lance contreles méchants la menace des châtiments, c’estprécisément pour éloigner l’homme ducrime, et pour le rendre éternellement heu-reux par la possession du paradis promis enrécompense à ceux qui sont fidèles aux pré-ceptes qu’elle impose (op. cit. p. 511).

Concluons: rien dans notre sainteReligion ne rend malheureux, mais les pré-ceptes mêmes qui nous y sont imposés et leschâtiments dont nous sommes menacés nedoivent être pour nous qu’un stimulant àconsolider et à fortifier la paix qu’elle seuleest capable de donner ici-bas.

Dans l’acceptation chrétienne de la croix, lavraie paix et la joie. (cf. note)

Cependant, Notre Seigneur Jésus Christnous a prévenus que cette paix, qu’Il donne enhéritage à Ses véritables disciples dès ici-bas, aquelque chose de particulier: Il ne la donnepas de la même manière que le monde “nonquomodo mundus dat, Ego do vobis pacemmeam”. (Jean 14, 27). Qu’est-ce-à-dire?

Cela signifie deux choses:- Que la paix du Christ siège dans l’âme,

contrairement à celle du monde qui n’estque superficielle.

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- Que les moyens dont se sert le mondepour donner sa fausse paix sont différents deceux du Christ. Où se trouve donc la paix desmondains? Dans les richesses, les honneurs,les plaisirs, c’est-à-dire dans les filets dudémon! Mais pour donner Sa paix, Jésus sesert d’un autre moyen, de la douleur, de lasouffrance volontairement acceptées, du sa-crifice; Il Se sert d’une loi universelle mais in-explicable à la science, de la loi de la souf-france. Cette loi a été promulguée le jour oùle péché entra dans le monde. Notre Seigneuraurait pu l’abolir par la grâce infinie de SaRédemption mais Il ne l’a pas voulu. Aucontraire, Il a jugé qu’elle serait une sourcede mérite ou d’expiation nécessaire pourbeaucoup. C’est ainsi qu’à l’homme qui avaitrefusé d’aller à Dieu par le chemin de la féli-cité, Jésus a ouvert une route meilleure etplus sûre, celle de la croix; et Il a tracé Lui-même cette route en Se faisant l’homme desdouleurs, “vir dolorum” (Is. 53, 3). En unmot, l’homme s’est perdu dans le bonheur duparadis terrestre, il doit désormais se releverdans les brisements du Calvaire.

C’est pourquoi, déjà sur cette terre, leBon Dieu ne donne de paix qu’à ceux quiacceptent cette loi de la souffrance, end’autres termes qu’à ceux qui portent leurcroix à Sa suite.

Malheureusement, ceux qui n’acceptentpas cette voie choisie par Dieu-même ne

Ste Thérèse d’Avila disait: “Ou souffrir, ou mourir”.

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manquent pas: “Pourquoi donc parvenir aubonheur par la souffrance?”, se demandent-ils. Ils ne veulent pas comprendre comme ilest avantageux d’acheter “un poids éternelde Gloire par une légère tribulation”, commele dit Saint Paul (2 Cor. 4, 17).

Et pourtant la seule raison, non encoreéclairée par la Foi, arrive à la même conclu-sion: le vrai contentement n’est le partageque de ceux qui luttent contre toutes les in-clinations de leur nature blessée par le péchédans son intelligence, sa volonté et ses senset qui supportent courageusement les adver-sités. En effet, si notre volonté est souventchancelante, notre vie semée de tristes cir-constances, nos paroles si peu mesurées; siun rien nous abat et nous fait tomber de lajoie à la tristesse, il faut sans aucun doute enchercher la cause dans notre horreur instinc-tive pour la souffrance. De plus, personne neniera que celui qui repousse soigneusementtoute privation et toute violence sur lui-même deviendra bien vite l’esclave de sespassions. Sa volonté s’affaiblira et, tel une gi-rouette, il deviendra le jouet de toutes lesimpressions du moment. Est-ce donc en celaque consistent la liberté revendiquée par lesathées et le bonheur qu’ils promettent?Qu’ils considèrent donc plutôt le bonheur decelui qui, à force de supporter avec couragela souffrance, s’y est rendu comme insen-sible. Non qu’il ne la sente plus, mais parcequ’il en a compris la nécessité et l’utilité.

“Qu’il est beau - écrit l’abbé Arminjon -de le voir serein et majestueux, au milieu desorages et de l’ébranlement des passions, réali-sant la parole du sage: non contristabit jus-tum quidquid acciderit (quoiqu’il arrive, lejuste n’en sera pas attristé. Prov. 12, 21)...Aucune perturbation de cette terre nel’émeut, parce qu’il a appris à lire les événe-ments dans cette sagesse infinie qui règletout par sa prévoyance, et qui ne permet lemal que pour en tirer du bien, par une mani-festation éclatante. Il porte en lui comme unsanctuaire de repos et de félicité. Les hommeset les éléments conjurés sont sans puissancepour l’offenser ou lui nuire” (dans “Fin dumonde présent et mystères de la vie future”.9ème conférence, p. 264 de l’édition de 1970).

Mais, il ne faut pas l’oublier, NotreSeigneur n’est pas venu sur cette terre pournous apprendre une simple philosophie dela vie. Et ceux qui ne se convainquent de lanécessité de souffrir que pour échapper à lahonte de devenir des “âmes molles et effémi-

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nées”, suivant l’expression de l’abbéArminjon, sont bien à plaindre: car s’ils re-fusent de considérer quelle est la valeur dela souffrance aux yeux de Dieu-même, ils se-ront quand même malheureux en ce mondeet surtout en l’autre.

Si Sainte Thérèse d’Avila s’écriait dansses épreuves: “ou souffrir, ou mourir”, et siSaint Ignace d’Antioche suppliait ses dis-ciples de ne pas chercher à lui épargner lemartyre qu’on lui préparait, ce n’était pasbien sûr uniquement pour atteindre une cer-taine perfection terrestre. Mais leur inten-tion s’élevait plus haut: ils voyaient touteschoses à la lumière de l’éternité (“omnia subspecie æternitatis”), ils savaient que les gagesdu Ciel que Jésus nous a donnés sontl’épreuve et la souffrance.

Les athées, privés de la lumière surnatu-relle de la Foi, diront: “Votre langageconfond la raison: le gage du bonheur sera-t-il la souffrance?”.

Oui, il en est bien ainsi: Dieu, dans saSagesse, a fait de la souffrance le gage duCiel; Saint Paul nous en donne l’assurance:“L’épreuve engendre l’espérance” (Rom. 5,4). En effet, l’absence d’épreuves étouffetout désir de la Vie éternelle: celui dont tousles désirs sont satisfaits s’endort dans laprospérité, il s’enlise dans la boue deschoses matérielles et terrestres et ne désireplus la Vie future. Mais si une épreuve vientà le frapper, accablé alors sous le poids de lapeine, il cherche un appui où trouverquelque soulagement; et comme rien n’estcapable d’apaiser sa souffrance ici-bas, iljette plus facilement ses regards vers le Ciel.

L’histoire du patriarche Job nous donneun exemple touchant de cet effet salutaire detoute épreuve. Job était un homme juste, etpourtant le Bon Dieu voulut l’éprouver d’unefaçon terrible en lui retirant tous ses biens:troupeaux, maisons, richesses et jusqu’à sa fa-mille. Aussi, le désespoir commença-t-il às’installer dans l’âme du saint homme aupoint qu’il demandait à Dieu dans sa prièrepourquoi Il avait permis qu’il vit le jour. Maisvoilà que tout-à-coup, Job cesse ses plainteset une transformation s’opère dans son âme:son visage s’illumine, son regard devient se-rein. Que s’est-il passé? Dieu lui a-t-Il promisde lui rendre tous ses biens?

Non, mais “l’épreuve avait engendré l’es-pérance” comme dit Saint Paul. Job s’écriaavec la certitude inébranlable de la Foi: “Jesais que mon Rédempteur vit et qu’un jour je

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Le verrai des yeux de ma chair et non de ceuxd’un autre”. Il avait puisé dans cette très gran-de tribulation un plus grand désir du Ciel, eten la comparant à la vie à venir, il avait com-pris que “les tribulations si courtes et si légèresde la vie présente produisent en nous le poidséternel de la Gloire” (2 Cor. 4, 7).

Peut-être, avant même que l’apôtre desgentils ne l’enseigne, avait-il compris aussi que“Dieu châtie ceux qu’Il aime” (Hébr. 12, 7). Làencore, la contradiction n’est qu’apparente: eneffet, Dieu est juste et, de même qu’Il ne veutpas laisser sans récompense les quelquesbonnes œuvres de l’impie en lui refusant lesbiens temporels ci-bas, de même, Il veut aussipurifier le juste par l’épreuve et la tribulationavant de l’élever au bonheur éternel du Ciel.L’ordre et la justice seront ainsi restaurés unjour et les desseins de la Providence, souventindéchiffrables en ce monde, seront mis en lu-mière pour la confusion des uns et l’exaltationdes autres: les mauvais riches de toutes sortes,qui auront laissé “appesantir leur cœur” dansla recherche des biens de ce monde, serontjetés dans le feu qui ne s’éteint pas; les vraispauvres qui, à l’exemple de Lazare, auront pu-rifié leur âme par l’acceptation chrétienne destribulations, seront appelés à jouir de Dieupour toute l’éternité.

Notre Seigneur Lui-même nous a parléclairement, Il nous a appelés à Le suivre et àlaisser les jouissances de cette terre: “Siquelqu’un veut venir après Moi”, si quel-qu’un veut d’une volonté ferme monter unjour au Ciel à ma suite, “alors qu’il se re-nonce, qu’il prenne sa croix et qu’il Mesuive” (Matth. 16, 24).

Mais cette croix ne rend pas malheureux;en la portant, on peut être très heureux ets’écrier avec Saint Paul au milieu des tribula-tions: “Je suis comblé de joie parmi toutes messouffrances” (2 Cor. 7, 4). Pour cela, il faut sa-voir que la souffrance est une sorte de sacre-ment comme le dit Sainte Mechtilde, qu’elleest un signe de prédilection de Dieu enversceux auxquels Il veut donner la Vie qui ne fini-ra jamais. Et si, quelquefois, le poids de la na-ture nous pousse à nous détourner de la croixque nous présente le Bon Dieu, rappelons-nous les paroles de Jésus: “Bienheureux lespauvres d’esprit parce que le Royaume desCieux est à eux” (Matth. 5, 3). Ceux qui sontbienheureux, ce ne sont donc pas les amateursdu monde, mais bien ceux qui méprisent vo-lontairement richesses, plaisirs, honneurs et quise dépouillent de tout pour suivre Jésus Christ.

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“Bienheureux ceux qui souffrent persécu-tion pour la justice - ajoute Jésus- parce quele Royaume des Cieux leur appartient aussi”(Matth. 5, 10); ceux-là en effet sont vraimentheureux par l’Espérance du Ciel, en atten-dant d’être heureux par la jouissance mêmede Celui-ci. Ils sont heureux car ainsi, ilspeuvent réparer les jouissances illicites dupéché par l’acceptation courageuse et volon-taire de la souffrance. Ils sont heureux carainsi, ils peuvent souffrir avec Jésus pourêtre un jour glorifiés avec Lui: “Si tamencompatimur, ut et conglorificemur”. “Si noussouffrons avec Lui, c’est pour être glorifiésun jour avec Lui”, nous enseigne Saint Paul(Rom. 8, 17).

En effet, ce qui s’est accompli dans lapersonne de Notre Seigneur, doit désormaiss’accomplir dans son Corps mystique qu’estl’Eglise: le Christ a voulu être tout entierlivré à la douleur avant d’être élevé au Ciel;de la même manière, le Corps mystique duChrist pour arriver à la Gloire du Ciel, doitpasser par les transformations que le Chef asubies. Le Chef, Jésus, a voulu nous sauveren supportant douleurs et ignominies et enmourant sur une croix; nous devons devenirsemblables à Lui. Comment pourrait-ondonc admettre que Jésus ait préparé deuxroutes opposées conduisant au Ciel: l’unepour Lui, rude et crucifiante; l’autre pournous, commode et pleine de délices?

Jésus veut nous faire participer à sonBonheur. Il veut que nous parvenions à lavraie Félicité que “l’œil de l’homme n’a pasvu, que son oreille n’a pas entendu et que soncœur n’a jamais goûté” en cette vie (1 Cor. 2,9); mais pour l’obtenir, Il veut que nous sui-vions la Voie qu’Il nous a montrée, la Voieroyale de la Croix. “Non est salus animae,nec spes aeternae salutae nisi in cruce” ditl’auteur de l’Imitation (lib. 2, cap. 12). “Il n’ya de salut pour l’âme et d’espérance pour lavie éternelle que dans la croix”.

Mais il ajoute aussi: “in cruce robur men-tis, in cruce, gaudium spiritus”. “Dans lacroix, la force et la joie de l’esprit”. Ce quenul homme ne pouvait faire: réunir la terreau Ciel, Dieu l’a fait, par la croix: “le Ciel etla terre étaient séparés; mais la Croix les aréunis”. Il ne faut donc pas écouter ceux quirejettent ne serait-ce qu’un seul précepte ouenseignement de Jésus Christ, ceux qui rejet-tent Sa Croix, en un mot ceux qui rejettentSon Evangile en affirmant que c’est le seulmoyen de trouver le bonheur.

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“Les malheureux qu’ils sont! Ils nes’aperçoivent pas qu’en vivant dans l’incré-dulité, ils ne jouissent jamais d’un jour depaix, et mènent une vie malheureuse en cemonde en attendant qu’ils en aient une plusmalheureuse encore dans l’autre, où ils se-ront abandonnés de Dieu, privés de toutbien, de toute consolation, et de tout espoirde jamais sortir de cet abîme de tourments!

Attachons-nous donc, nous autres dumoins, à notre sainte Religion, unissons-nous toujours de plus en plus à Dieu, déta-chons-nous de la fange de cette terre, decette fange impure pour laquelle tantd’hommes se damnent: c’est ainsi que nousvivrons contents en ce monde, et que nousserons pleinement heureux dans l’éternité”(Saint Alphonse, op. cit. p. 513).

Note

Ce dernier paragraphe est un résumé de la 9èmeconférence de l’Abbé Arminjon dans son livre: “Fin dumonde présent et mystères de la vie future”. Dans cetteconférence intitulée: “Du mystère de la souffrance dans sesrapports avec la vie future”, il montre admirablement lanécessité et l’utilité de la souffrance et des épreuves. SainteThérèse de l’Enfant Jésus dit que la lecture de ce livre futune des plus grandes grâces de sa vie.

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ENTRETIEN D’UNE AME AVEC JÉSUS:

E n vous seul, ô mon Dieu, je puis trouver lerepos... Je me suis lassée si souvent en lecherchant ailleurs; je me suis si souvent

trompée en demandant soulagement et compassionà ce qui ne pouvait m’en donner... -Il n’y a plusque vous pour moi sur la terre et je l’ai trop sou-vent oublié!... Ne me rejetez pas, ô Jésus!... Jeviens à vous, je tombe à vos pieds, vous êtes monunique secours, mon unique appui!...

Jésus

Ame désolée, viens sur mon Cœur...viens t’y re-poser, t’y consoler, et apprendre de Lui le mysté-rieux bonheur de la souffrance... -La croix fait sonouvrage... Elle donne la vie en faisant mourir...Cette mort coûte des larmes, du sang, des tortures;mais ces blessures cuisantes deviendront glorieuses,elles seront suivies de l’éternelle joie, de l’éternellepaix, de l’éternelle union!...

Encore un jour et ce jour est sur son déclin....La vie n’est qu’un éclair... Demain tout serapassé...

Mais le trésor de la souffrance porté avecamour demeure et se change en couronne...

L’âme

Amen, ô Jésus!... j’ai entendu, j’ai compris cedoux gémissement de votre cœur blessé: Pater!...non mea voluntas, sed tua... -Et avec Lui, le mienveut aussi s’offrir et souffrir!!

O Sainte Volonté de Dieu, je vous embrasse, jeme livre à vous en union au divin Cœur de monJésus... Soyez-moi douce ou rigoureuse, facile ouamère, pourvu que vos desseins s’accomplissent etque je ne vous résiste jamais, je ne demande rien deplus jusqu’au moment bienheureux où j’irai chan-ter l’Amen éternel de la joie et du triomphe dansma céleste patrie.

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ENCORE SUR L’OPUS DEIPar M. l’abbé Curzio Nitoglia

INTRODUCTION

J’avais déjà écrit sur la question de l’OpusDei, quand je suis tombé, par hasard, sur

une plaquette écrite par un porte-parole del’Obra, qui m’a fait réfléchir. On y lit en effet:«Un jour Camino fut brûlé en public dans uncollège de religieuses à Barcelone, ville dontle gouverneur avait donné l’ordre d’arrêterMgr Escrivà. Le fondateur avait été égale-ment dénoncé au Tribunal militaire spécialde répression de la Franc-Maçonnerie, sesdétracteurs qualifiaient l’Opus Dei cette“branche juive de la Maçonnerie”», ou cette“secte juive en relation avec la Maçonnerie”(1). La question me frappa, et je cherchai àapprofondir le sujet. Je me rappellai que laRevue 30 giorni avait abordé le problème.Sur le n° 5, de mai 1990, je trouvai un intéres-sant article de Marina Ricci, dans lequel onlisait: «A la fin d’août 1939 l’Opus Dei avaitouvert un oratoire... à Madrid. On disait qu’ilétait orné de signes cabalistiques et maçon-niques» (2). Et en outre: «En 1941 (...)Escrivà (fut) dénoncé au Tribunal spécialpour la répression des crimes de laMaçonnerie et du communisme. (...) Escrivà(...) fut également dénoncé en 1941 aux auto-rités civiles de Barcelone. L’accusation étaittoujours la même: on affirmait que sous lenom d’Opus Dei se cachait une branche juivede la Maçonnerie (...). Dans un couvent dereligieuses carmélites fut brûlée publique-ment une copie de Camino, le premier livreécrit par Escrivà» (3). Cette coïncidence mesurprit, je n’aurais jamais imaginé une chosepareille. Sauf que je tombai par hasard surune série d’autres articles très intéressantsqui ajoutaient d’autres informations à cestextes; Fabio Andriola interviewait le grandmaître du Grand Orient d’Italie, l’avocatVirgilio Gaito et lui demandait: «Quels sontles rapports, entre vous et la soi-disant“Maçonnerie catholique”? “Je pense, répon-dait Gaito, que l’Opus Dei a une vision uni-verselle très vaste... Ce Mario Conde... au-jourd’hui à l’honneur des chroniques est uncélèbre représentant de l’Opus Dei et estaussi dans le conseil d’administration d’unecertaine société qui a comme chef l’ex-GrandMaître Di Bernardo» (4). Par ailleurs lemême Gaito révèle à 30 giorni: «A Lucerne,

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en Suisse, Di Bernardo a créé la fondationDignity. Le Professeur Vittorio Mathieu qui,me semble-t-il, appartient à l’Opus Dei lapréside; y participe Giorgio Cavallo, ex-rec-teur de l’Université de Turin, ex-inscrit à laLoge P.2 (...). Il y a (...) le financier “opus-déiste” Mario Conde...» (5). Mais il ne s’arrêtepas. Dans un livre très documenté on lit: «Cefut Giuliano Di Bernardo, en 1970, qui de-manda l’inscription à la Loge P.2. (...) Lesmoyens financiers et les buts de la FondationDignity apparaissent peu clairs (...). Cet orga-nisme dont Di Bernardo est le président, (...)et le banquier espagnol Mario Conde, l’undes principaux inspirateurs (...). A la fonda-tion se rattachent une académie philoso-phique et un institut des traditions mystiques.Ce dernier prépare un congrès sur le “mysti-cisme juif et chrétien” (...) le financeur ne se-rait autre que Mario Conde, (...) proche del’Opus Dei. Parmi les possibles mécènes de laDignity Foundation, on relève aussi MarcRich (...), cité par Di Bernardo comme dis-pensateur de cours d’ésotérisme juif (...)» (6).

OPUS DEI OU OPUS JUDEI?

Mais le fait qui me surprit le plus fut unlivre qui me fut envoyé de Colombie, intituléOPUS JUDEI, écrit par José Maria Escriba(je pense qu’il s’agit d’un pseudonyme), éditépar Orion Editores à Santafé de Bogota,(Colombie), en 1994. Ce livre fournit beau-coup de renseignements qui m’étaient tout àfait inconnus sur la vie, la doctrine et l’œuvrede Mgr Escrivà. Ils ne sont pas tous à prendrepour de l’or en barres, mais il me semble quecertains sont documentés et sérieux. Je lessoumets au lecteur comme l’auteur les pré-sente. Tout d’abord l’auteur soutient quebeaucoup de biographies élogieuses de MgrEscrivà sont remplies d’inexactitudes. On y

Mgr Escrivà deBalaguer, fonda-

teur de l’Opus Dei, sur une photo de

jeunesse

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attribue à Mgr Escrivà, une série d’études etde titres sans aucune justification. «Parexemple qu’il était Supérieur du Séminaire S.Francesco da Paola de Saragosse... qu’il futprofesseur de droit canonique et de droit ro-main à Saragosse et à Madrid... qu’il obtint lalicence en Sacrée Théologie à l’Universitépontificale de Saragosse...» (7).

LA FAMILLE DE MGR ESCRIVÀ

José Maria Escriba Albàs, est le secondde six frères. Il naît le 9 janvier 1902 àBarbastro (Huesca). Son père José EscribaCorzan s’adonna au commerce de tissus (8).Francisco Umbral écrivait dans le quotidienEl Pais “L’Espagne n’est pas un pats d’arri-vistes. Le dernier fut Escrivà. Les Escrivà,une famille de commerçants ayant fui denuit de Barbastro, pour éviter les créan-ciers” (9). D’après Carandell l’entrée au sé-minaire de Mgr Escrivà aurait été dictée parles difficultés économiques de sa famille (10).

SEMINAIRE ET ADOLESCENCE

Escrivà lui-même a déclaré: “Je n’ai ja-mais pensé à me faire prêtre, ni à me donnerà Dieu... Même... je me sentais anticlérical”(11). Mais quelle était la prédispositiond’Escrivà quand il prit la décision de com-mencer les études ecclésiastiques au sémi-naire? Il nous en donne lui-même la répon-se: “Je n’avais ni une seule vertu ni une pe-seta” (12). La connaissance insuffisante dulatin pèse beaucoup sur la vie d’Escrivà (13).Il reste au séminaire de Logrono d’octobre1918 à septembre 1920, année où il partit àSaragosse; d’après Carandell, Escrivà auraitété expulsé du séminaire (14).

FOLIE DES GRANDEURS?

Le certificat de Baptême, comme l’écritl’auteur de Opus JuDei, qui est conservé dansle registre de la Cathédrale de Barbastro men-tionne: “A Barbastro, le 13 janvier 1902, donAngel Malo,... baptisa solennellement un en-fant né à 22 heures le 9 janvier, fils légitime dedon José ESCRIBA...” (15) Pour être encoreplus sûr, je me suis renseigné et j’ai demandél’acte de Baptême dont j’ai obtenu une photo-copie; il mentionne exactement la mêmechose; une note en marge ajoutée en 1943 in-dique le changement de nom de famille enEscrivà (16). Pourquoi Mgr Escrivà naquit

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“ESCRIBA” et évidemment éprouva la né-cessité de changer de nom, sinon pour cacherses origines? Quand le grand rabbin de Rome,Israel Zolli, se convertit sincèrement et réelle-ment au Christianisme il ne changea pas denom, de même le rabbin Drach ou les frèresLémann; celui au contraire qui changeait denom était le marrane, qui extérieurement seprésentait comme chrétien et intérieurementet de manière occulte judaïsait (17). Or sonnom était encore Escriba entre 1915 et 1918quand il était étudiant à l’Institut secondairede Logrono; mais déjà à cette époque il signaitEscrivà. Le 16 juin 1940, nous informe l’au-teur, paraissait un édit publié dans la GazetteOfficielle de l’Etat en vertu duquel les frèresCarmen, José Maria et Santiago Escrivà yAlbàs “étaient autorisés à changer leur pre-mier nom en Escrivà de Balaguer”. Doncaprès 1918 et avant 1940 Mgr Escrivà avaitdéjà changé son nom de Escriba en Escrivà eten 1940 il ajouta le titre de Balaguer. En résu-mé les changements ont été:

1902) José Marìa Escriba (avec le Bcomme Bologne; comme on peut le lire dansle certificat de Baptême).

1915/1918) il signe José Marìa Escrivà(avec le V comme Venise et l’accent sur le A).

1940) José Marìa Escrivà de Balaguer.1960) Josemarìa (en un seul mot) Escrivà

de Balaguer.1968) Josemarìa Escrivà de Balaguer y

Albàs, marquis de Peralta.“La concession du titre qu’il exhibe à

partir de 1968, était entachée de plusieursanomalies et irrégularités: par exemple à laDéputation de la Noblesse on cacha fraudu-leusement, en 1968, la manipulation du nomEscriba, circonstance qui n’apparaît pasdans la demande de réhabilitation du titrede marquis de Peralta , demandée parJosemaria Escrivà de Balaguer y Albàs” (18).

Photocopie de l’acte de Baptême de Mgr Escrivà

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Le titre de marquis, comme dignité per-sonnelle et intransmissible, fut accordé le 12février 1718 par l’archiduc Charles d’Autricheà don Tomàs de Peralta et jamais aucun fils nihéritier légitime de don Tomàs ne revendiquaun titre non transmissible. “On calcule quel’achat du titre... coûta, à l’époque, la sommede 250.000 pesetas» (19). Le journalisteCarandell se demandait à juste titre: “Quelleraison peut justifier le fait que Mgr Escrivà,fondateur d’un Institut qui poursuit la sanctifi-cation de ses membres, ait demandé un titrenobiliaire?” (20). Un autre journaliste JuanGomis, écrivit dans la revue El Ciervo un ar-ticle intitulé “Que es esto, monseñor?” dans le-quel il se demandait: “Comment est-il possiblequ’un prêtre aspire à ces honneurs?”. De soncôté le prix Nobel de littérature Camilo JoséCela, écrivait: “Les religieux ne sont ni mar-quis ni comtes... tout cela n’est pas sérieux: lesgens ont beaucoup ri de ce marquisat” (21).

COINCIDENCES INQUIETANTES

Lorsque mourut le premier ministre israé-lien Rabin, Mgr Javier Echevarrìa, actuel pré-lat de l’Opus Dei, envoya ses condoléances... àl’Antidefamation League du B’nai B’rith, parl’intermédiaire de Mme Lisa Palmieri Billig(qui, comme par hasard, écrit sur StudiCattolici, la revue de l’Opus Dei). Or nous sa-

vons que Mme Billig est la représentante ita-lienne du B’nai B’rith. Nous savons aussi queRabin était franc-maçon, comme l’a déclaréVirgilio Gaito (22). Comment se fait-il que l’ac-tuel prélat de l’Opus Dei et successeur de MgrEscrivà et de Alvaro del Portillo, envoie sescondoléances à Mme Billig “en tant que re-présentante en Italie de l’A.D.L. of B’naiB’rith” (23)? Et comment se fait-il qu’unmembre important et connu de la Maçonneriejuive écrive pour une revue de l’Opus Dei?

De plus, quand mourut Mgr Alvaro delPortillo, il fut posé à terre sur un linceulblanc, non sur un lit ou sur une table,comme le font les chrétiens. Rituel bizarre?Non, les Juifs ont l’habitude de coucherleurs morts de cette façon, par terre, commeon peut le lire dans les Regole Ebraiche dilutto (24): “LA DEPOUILLE EST... ETEN-DUE SUR LE SOL”. Simple coïncidenceou crypto-judaïsme?

ANOMALIES ASCETIQUES ETPASTORALES DE L’OPUS

Pour conclure je voudrais reprendre le dis-cours que j’avais commencé sur Sodalitium (25),à propos de la conception du travail dans lesécrits de certains auteurs de l’Opus. LeTourneau, porte-parole de l’Opus, écrit: “Bienvite dans la vie du peuple chrétien, le travailn’est pas recherché comme quelque chose debon en soi, mais comme un moyen ascétique...Après St Jean Chrysostome, on a l’impressionque le chrétien moyen n’est pas appelé à vivrel’Evangile” (26). Et il continue: “L’apparition desOrdres mendiants (...) ne comporte pas l’affir-mation de la valeur du travail professionnel. (...)St Thomas présente les occupations séculièrescomme un obstacle à la contemplation. (...) Aucours des siècles, l’attention se détourne du tra-vail” (27). Et finalement après quinze siècles decatalepsie vint Escrivà...“Et Labor caro factumest”. Un peu plus loin le théologien de l’Opusprécise: “Une certaine évolution positive est es-quissée par la Renaissance par des hommescomme... Erasme” (28). Et sur ce point l’auteurcite Escrivà lui-même: “Le chemin de la voca-tion religieuse me paraît... nécessaire dansl’Eglise, mais n’est pas le mien, ni celui desmembres de l’Opus (...). En venant à l’Opus... jel’ai fait à la condition explicite de ne pas changerd’état” (29). Jean-Paul Ier a dit justement que SISAINT FRANCOIS DE SALES PROPO-SAIT UNE SPIRITUALITE POUR LESLAICS, ESCRIVÀ PROPOSE UNE SPIRI-

Mme Lisa Palmieri Billig, représentante de l’Anti-Defamation League du B’naï B’rith en Italie avec Cesare

Cavalleri, directeur de “Studi Cattolici” (Revue del’Opus Dei). (Photo prise sur la revue du même nom)

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TUALITE LAIQUE! (30). Juan Morales a écrit,après avoir étudié sept ouvrages des éditionsRialp (de l’Opus), que l’Obra “est un vrai che-val de Troie au sein de l’Eglise” (31). L’auteurmontre à coups de citations que l’esprit de MgrEscrivà était non seulement laïc, mais carré-ment anticlérical. Peter Berglar a écrit: “Escrivàcontent de faire ordonner ses trois premiersprêtres, mais triste aussi de ne pas les conserverlaïcs” (32). Salvator Bernal, écrit à ce propos:“Pour nous (Mgr Escrivà), le Sacerdoce est unecirconstance, un accident puisque dans l’Opus,la vocation des prêtres et des séculiers est lamême” (33). Et un peu plus loin: “Les œuvresapostoliques organisées par l’Opus Dei (...) segouvernent avec une mentalité laïque (...) par cemotif qu’elles ne sont pas confessionnelles” (34).Ces doctrines qui étaient regardées avec mé-fiance dans l’Espagne des années 40, (exprimantle culte du travail, de l’argent, le laïcisme, l’anti-cléricalisme, qui sont la marque caractéristiquede la judéo-maçonnerie) ont ensuite été rati-fiées par Vatican II, comme l’écrit Vasquez DelPrada (35): les membres de l’Opus Dei n’ont au-cune difficulté à admettre l’esprit essentielle-ment novateur même si apparemment conser-vateur de l’Obra (une des caractéristiques lesplus trompeuses de l’Opus). A ce propos JoséMiguel Ceja affirme: “La nouveauté des ensei-gnements de Mgr Escrivà (...), les pages deCamino représentaient une nouveauté presque,et même sans presque, scandaleuse” (36).

Est significatif le fait que selon Escrivàl’homme a été créé par Dieu non pour Leconnaître, L’aimer et Le servir, mais POURTRAVAILLER, et pour prouver cette as-sertion Mgr Escrivà n’hésite pas à dénaturerla signification de l’Ecriture où il est écritque Dieu «mit l’homme dans le Jardin dedélices pour le cultiver” (37). Le travail pourle chrétien n’est pas une fin mais seulementun moyen (même de sanctification). Pour lecalviniste et le talmudiste le travail peut êtreune fin, mais pour le catholique non! (38).

LE PLURALISME

Mgr Escrivà disait que “Le pluralismen’est pas redouté mais aimé comme uneconséquence légitime de la liberté person-nelle” (39). “Sa passion pour la liberté lepoussa à transformer les maisons de l’OpusDei en résidences interconfessionnelles” (40).A ce propos De Berglar écrit: “Quand...lefondateur obtint finalement... la permissiond’admettre dans les Œuvres (...) des non ca-

tholiques et des non chrétiens parmi les “co-opérateurs”, la famille spirituelle de l’OpusDei se compléta” (41). Dommage que cet es-prit ŒCUMENISTE ET PANCHRETIENait été condamné par Mortalium animos dePie XI, en 1928, comme “s’éloignant com-plètement de la Religion révélée”!

POUVOIR POLITIQUE DE L’OPUS

En 1957, le Généralissime Francisco Francoforma son sixième gouvernement. Y entrèrentde nouveaux ministres, nombre d’entre euxétaient des technocrates; et certains apparte-naient à l’Opus. “L’économie espagnole se trou-vait en difficulté, (...) le Caudillo cherchait deshommes efficaces; (...) sur les quatre techno-crates trois sont de l’Opus Dei (...) ils entrepri-rent les réformes et commencèrent l’aggiorna-mento. (...) Plus augmente l’influence des mi-nistres de l’Opus, plus diminue celle de la pha-lange (...). Des groupes de hauts financiers arri-vent en Espagne (...) ils élaborèrent un plan destabilisation et promirent que son acceptation,apporterait toutes sortes d’avantages: la pesetase stabiliserait, le gouvernement américain et lesbanques U.S.A. (...) donneraient leur aide.Soutenu par les économistes de l’Opus, le planfut accepté officiellement par le gouvernementen juillet 1959. (...) Ces technocrates obnubiléspar la productivité, la réussite matérielle à toutprix (....) ont sacrifié la partie haute, noble ouspirituelle de l’individu pour obtenir la réussite;ils ont alors appelé les financiers internationaux,les politiciens mondialistes. L’Espagne préser-vée, au moins officiellement et par les lois, de lacorruption morale, (...) a ouvert (grâce à l’OpusDei) ses frontières (...) pour faire entrer l’argent.(...) En 1961.. les hordes occidentales apportè-rent sur les plages espagnoles mille millions de

La dépouille mortelle de Mgr Alvaro del Portillo,étendue sur le sol “more judaico”

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dollars et les spectacles indécents et les fermentsde corruption du Libéralisme. L’Espagne y-a-t-elle trouvé son vrai profit?” (42). Distinguo:quant au TRAVAIL (“opusdéistiquement” par-lant, comme fin de l’homme), oui. Mais quantau Royaume des Cieux (chrétiennement par-lant), je pense vraiment que non.

CONCLUSION

Il me semble que le dilemme face auquelnous nous trouvions au commencement del’article: OPUS DEI OU OPUS JUDEI,peut être facilement tranché par le lecteur.

NOTES

1) D. LE TOURNEAU, L’ Opus Dei, P.U.D.F., Paris 1984.2) M. RICCI, Presto un’aureola per Escrivà, 30 gior-

ni, n° 5 mai 1990, p. 14.3) Ibidem, p. 15.4) F. ANDRIOLA, La Loggia è una casa di vetro,

L’Italia Settimanale, 26/01/1994, p. 72.5) G. CUBBEDDU, Giuliano il teista, 30 giorni, fé-

vrier 1994, p. 29.6) F. ANDRIOLA-M. ARCIDIACONO, L’anno dei

complotti, Baldini e Castoldi, Milano 1995, pp. 322-323.7) J. M. ESCRIBA, Opus JuDei, ed. Orion, Santafé

de Bogota 1994, p. 74.8) S. BERNAL, Monsenor Josemaria Escriba de

Balaguer, Editorial Rialp, Madrid 1976, p. 9.9) El Pais, 20/01/1986.10) L. CARANDELL, Vida y milagros de monsenor Es-

crivà de Balaguer, Editorial Laia, Barcelona 1975, p. 118.11) S. BERNAL, Monseñor Escrivà de Balaguer,

Rialp 1976, p. 55.12) Id., p. 31.

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13) L. CARANDELL, op. cit., pp. 142-143.14) Id., p. 147.15) Cf. J. M. ESCRIBA, Opus JuDei, p. 123.16) L. CARANDELL, op. cit., pp. 79-80.17) Cf. Sodalitium, n° 39, pp. 4-19.18) J. M. ESCRIBA, op. cit., p. 126.19) Id. p. 127. Cf. JESUS YNFANTE, La prodigiosa

aventura del Opus Dei, op. cit., p. 32.20) L. CARANDELL, Vida y milagros de monsenor

Escrivà, op. cit. p. 64.21) Cit. in J. M. ESCRIBA, op. cit, p. 129.22) F. TORRIERO, Ferma è la Massoneria, L’Italia

Settimanale, 22/02/1996 p. 29.23) Cf. Lettre du 6/11/1996.24) Cf. Regole ebraiche di lutto, Carucci ed. Roma

1980, p. 17.25) Cf. Sodalitium n° 40, pp. 69-71.26) D. LE TOURNEAU, L’Opus Dei, p. 21.27) Id. pp. 22-23.28) Id. p. 23.29) Id. p. 25.30) Id. p. 26.31) J. MORALES, El Opus Dei: su verdadera faz,

Madrid,1991.32) P. BERGLAR, Opus Dei, Rialp, Madrid p. 218.33) S. BERNAL, Monsenor Escrivà de Balaguer,

Rialp, Madrid, p. 153.34) Id. p. 30.35) V. DEL PRADA, El fundador del Opus Dei,

Rialp, Madrid 1989, p. 336.36) J. M. CEJA, Estudios sobre Camino, Rialp,

Madrid 1988, p. 100.37) Gen. II, 15.38) Cf. Sodalitium, n° 40, p. 70.39) Entretiens avec Mgr Escrivà de Balaguer, ed.

Fayard, Paris p. 126.40) N. DEHAN, Un étrange phénomène pastoral: l’Opus

Dei, Le sel de la terre, n° 11, hiver 1994-1995, p. 135.41) P. BERGLAR, Opus Dei, Rialp, p. 244. Cf. aussi

V. DE PRADA, El Fundador Del Opus Dei, p. 258.42) N. DEHAN, op. cit., pp. 147-148.

Entre ésotérisme et dévotion. Lesrelations dangereuses continuent...

Par le Père Torquemada

Le titre de ce nouvel article fait référenceà celui d’un numéro précédent de So-

dalitium (n° 40, pp. 75-78): “Entre ésotéris-me et dévotion, ou relations dangereuses decertains dévots...”. Il s’agit en effet surtoutd’ajouter des informations complémentairessur des personnages dont nous avons déjàabondamment parlé. La revue Sodalitium,en effet, s’oppose depuis toujours à la“secte” par excellence, c’est-à-dire laMaçonnerie; or, l’un des points les plus déli-cats (mais non des moins importants) de lalutte anti-maçonnique consiste à dénoncer

les infiltrations (ou les tentatives d’infiltra-tion) de la Maçonnerie dans la citadelle en-nemie, c’est-à-dire la sainte Eglise catho-lique. Les ésotéristes de tout poil ont com-pris nos intentions et ne manquent pas denous attaquer; à nous de contre-attaquer!

Massoneria oggi et Cattabiani

Commençons par une petite note complé-mentaire au sujet du numéro 40 sur l’écrivain“catholique” Alfredo Cattabiani, collaborateuravec Pier Luigi Zoccatelli (d’Alleanza Cattolica)dans la diffusion des œuvres de l’ésotéristeCharbonneau-Lassay. Or donc, la revueMassoneria oggi, du Grand Orient d’Italie, al’honneur de compter Cattabiani parmi ses “col-laborateurs externes” mais réguliers et officiels.

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Après donc Maccantelli et Introvigned’Alleanza Cattolica, Cattabiani écrit aussi(ce dernier de manière habituelle) sur larevue de la Maçonnerie. Est-ce que lesMaçons deviennent “traditionalistes”? (Enadmettant qu’ils ne l’aient pas toujours été).

Introvigne I: Les contacts continuent avecl’Ordo Templi Orientis (OTO)

Dans le numéro 38 de Sodalitium j’avaisparlé des rapports de Massimo Introvigneavec le “Groupe de Thèbes” (Introvigne enaurait été précisément un fondateur), d’ins-piration maçonnique et qui a l’habitude dese réunir dans les locaux du Grand Orientde France (Rue Cadet). La nouvelle ne putêtre convenablement démentie par Intro-vigne et par Alleanza Cattolica (cf. Soda-litium, n° 38, pp. 26-27). Parmi les quinzefondateurs de la société secrète, avecIntrovigne, on trouve aussi ChristianBouchet, “membre de l’Ordo TempliOrientis (OTO), l’obédience fondée par lemage anglais Aleister Crowley (1875-1947),qui s’autoproclamait ‘la Grande Bête 666’”.Par un article de Christian Bouchet nous sa-vons qu’il n’a pas été très content du n° 38de Sodalitium, se plaignant avec le directeurde la revue, sur laquelle il avait été vraisem-blablement (mal) informé par son ami ita-lien. Malheureusement, nous nous voyonsobligés de parler à nouveau un peu de cepersonnage de qui tout nous sépare.

Bouchet dirige la revue Vouloir; pour com-prendre la pensée de Bouchet il faudrait lire,par exemple, l’article élogieux qu’il dédie àAleister Crowley, intitulé Aleister Crowley, ré-volutionnaire-conservateur inconnu (Vouloir,n° 94-95-96, octobre-novembre 1992, pp. 30-32). En lettres majuscules, il cite un passage duLiber Legis de Crowley: “Il n’y a pas d’autreDieu que l’homme”. Rien de mal comme“base d’une pensée politique” (Bouchet scrip-sit). Mais Vouloir n’est pas l’unique revue à la-quelle collabore Bouchet. Il est aussi le direc-teur d’une revue bimestrielle plus politique, in-titulée Lutte du peuple. Lisons cette page pourmieux saisir la pensée du national-bolcheviqueChristian Bouchet... “Non à la secte papale!Exigeons que notre nom soit ôté des registresde baptême!”: tel est le titre d’un article-mani-feste de Lutte du peuple (n° 28, septembre-oc-tobre 1995, p. 7). Selon Lutte du peuple se fairerayer des registres de baptême est un droit quise fonde sur la Déclaration des droits de

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l’Homme et du citoyen de 1789 et sur laDéclaration universelle des droits de l’Hommede 1948 (et comment leur donner tort? Dupoint de vue, maçonnique, des deuxDéclarations, naturellement!). A la page 13 dumême numéro, la revue de Bouchet conseilled’acheter le disque Our eyes daqqers du grou-pe hindou Dissonant éléphant. Parmi les chosesdu CD qui plaisent à Lutte du peuple, la cou-verture du disque qui se réfère explicitementaux blasphèmes de Crowley: “une couverturequi représente le crapaud de Jérusalem sur sacroix, avec un nez rouge de clown...”. Pour quine l’aurait pas compris, “le crapaud deJérusalem sur la croix etc.” est Notre-SeigneurJésus-Christ. En 1996 Lutte du peuple est deve-nu hebdomadaire. Le numéro du 8 janvier1995 (sic, pour 1996), titre en première page:“pour la liberté de conscience”. Il s’agit de dé-fendre la “liberté de conscience” pour lesmembres des “nouveaux mouvements reli-gieux” (thème cher à Massimo Introvigne)“dont les thèses ne sont pas plus délirantes quecelles de Jean-Paul II, dit le Pape” (sur celaIntrovigne n’est pas d’accord!).

Si telle est la pensée de Christian Bouchet,comment un catholique peut-il avoir uncontact quelconque avec une personne de cegenre? Eh oui, comment peut-il? Pourtantnon seulement Massimo Introvigne était aveclui dans le “Groupe de Thèbes”, mais, persé-vérer est diabolique, les voilà de nouveau en-semble dans une série de conférences à Paris,qui ont eu lieu les 3 et 4 février 1996!

Pour les “Colloques de l’Originel”Massimo Introvigne a en effet dirigé, en col-laboration avec L’Istituto di Ricerche sullaMitologia e l’Identità Nordica et L’Istituto diRicerche e di Studi Storici Pitagorici etL’Esprit des Choses un colloque sur“Racines et évolution du paganisme

Massimo Introvigne à un congrès sur les Vampires en Transylvanie...

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contemporain”. Parmi les conférenciers,outre Introvigne lui-même, nous trouvonsChristian Bouchet et Rémi Boyer, tous lestrois de l’ex-Groupe de Thèbes. Par compa-raison, le vice-Introvigne, Valter Mac-cantelli, qui se limite à participer à une sériede conférences organisées par l’Arci (ex-communistes) et par la Commune de ReggioEmilia réunis à un important groupe d’éso-téristes (30 janvier-13 mars 1996) semblepresque un ‘enfant de chœur’.

Introvigne II: non à la Révolution française(mais oui à la révolution anglo-saxonne)

Mgr Ennio Antonelli, secrétaire de laConférence épiscopale italienne a récemmentdéclaré, avant les élections politiques du 21avril, qu’“en Italie il y a aussi bien une tradi-tion des catholiques libéraux qu’une traditiondes catholiques sociaux et toutes les deux sontconsidérées comme des expressions authen-tiques du catholicisme italien” (cf. La Stampa,3 avril 1996, p. 6). Les fidèles sont donc libresde voter pour les “catholiques libéraux”, alliésau centre-droit, ou pour les “catholiques so-ciaux” appartenant au centre-gauche... Dom-mage qu’il n’y ait pas, sur la liste, des catho-liques... catholiques! Si, en effet, les “catho-liques sociaux” ne sont certes pas les héritiersdu “catholicisme social” du XIXème siècle,mais plûtot de l’aconfessionalisme démocratechrétien et du modernisme sociale, qui s’unitau fur et à mesure aux influences du socialis-me et du communisme, les “catholiques libé-raux” méritent pleinement ce nom. Mais com-ment peuvent-ils être qualifiés, les uns et lesautres, “expressions authentiques du catholi-cisme” (qu’il soit italien ou étranger?). Ce sonten effet de graves déviations du catholicisme,maintes fois condamnées par l’Eglise.

Massimo Introvigne sera certainementconsentant pour désapprouver les “catho-liques sociaux”. Il s’efforce au contraire dedéfendre les “catholiques libéraux”; même,il en fait l’apologie.

Parlant du CCD (Centro Cristiano De-mocratico, l’écharde de la DemocraziaCristiana ralliée au “Pôle” de Berlusconi) ilécrit: “La position du CCD (...) correspond àl’idée de ces catholiques anti-étatiques que cer-tains appellent catholiques libéraux, d’autresnéoconservateurs, que je préfère appeler catho-liques pour les libertés et qui en dernier lieusont seulement les catholiques qui - sans avoirtrop besoin d’adjectifs - témoignent en poli-

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tique d’une authentique fidélité à la doctrinesociale”. Le lecteur admettra qu’identifier leCCD de Casini et Mastella (on compte aussiparmi eux Michele Vietti, ancien de AlleanzaCattolica, même si c’est un ancien) avec les ca-tholiques qui “témoignent en politique d’uneauthentique fidélité à la doctrine sociale” estun peu gros! Vous pouvez cependant le lire àla p. 92 de la revue Ideazione (année I, n° 1,nov. 1994: excusez le retard, mais je n’en ai euconnaissance que maintenant) de DomenicoMennitti (ex-MSI, maintenant Forza Italia).Mutatis mutandis, ce que je dis à proposd’Introvigne ici, vaut aussi pour le professeurRoberto De Mattei, du Centro CulturaleLepanto, qui exprime substantiellement lesmêmes positions dans un article publié sur leMessaggero Veneto et repris par la Corri-spondenza Romana. (Si le lecteur se demandece qui unit Introvigne et De Mattei, AlleanzaCattolica et Lepanto, la réponse est: l’associa-tion TFP de Plinio Corrêa de Oliveira). Maisrevenons à Ideazione... L’intervieweur, puis-qu’il s’agit d’une interview, pose à Introvigneune question claire et précise comme: “Vousconsidérez-vous comme un catholique libé-ral?”, “Vous reconnaîtriez-vous dans la ligned’idées qui va de Rosmini à Sturzo, jusqu’à DeGasperi?”, “Qu’est-ce qui peut autoriser uneévolution philo-libérale des catholiques?”,“Comment peut être acceptée par les catho-liques [la démocratie relativiste]?”, commentpeut-on concilier avec le catholicisme laConstitution agnostique italienne?, “considé-rez-vous aussi qu’il existe un ‘bon’ et un ‘mau-vais’” libéralisme? Qu’aurait répondu leMassimo Introvigne contre-révolutionnairedes années 70, fidèle au Syllabus et à Pie IX?Certainement, respectivement: non, non, enaucun cas, en aucun cas, en aucun cas, non:toutes les formes du libéralisme sont mauvaises(“le libéralisme est un péché”). Inutile de direque les véritables réponses de MassimoIntrovigne ont été très différentes... Avant deles examiner, je précise que toutes les déclara-tions d’Introvigne ne sont pas répréhensibles;étant donné que l’erreur absolue n’existe pas,de la même façon le “libéralisme catholique”auquel fait référence Introvigne a ses raisons etses vérités; raisons et vérités qui ne peuvent ce-pendant pas transformer en catholique ce vrailibéralisme, même s’il est soutenu par des bap-tisés catholiques. A la limite, cette école depensée peut rapprocher, per accidens, un libé-ral du catholicisme; mais, per se, porte les ca-tholiques au libéralisme.

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Mais quelle est la thèse d’Introvigne? Cesont, explique-t-il, différents types de “libéra-lisme”. “Parfois s’auto-définissent comme ‘li-bérales’ des forces franchement de gauche. Ausiècle dernier le nom de ‘catholiques libéraux’fut pris par les catholiques qui donnaient unjugement positif sur la Révolution française etsur la culture illuministe dont la Révolutionfrançaise avait été l’épiphanie: comme tels - etavec le nom de ‘catholiques libéraux’ - ils nepouvaient pas ne pas être condamnés par leMagistère de l’Eglise, et de fait le furent”(p. 85). “Si par pensée ‘libérale’ on entend lapensée illuministe et post-illuministe, philoso-phiquement relativiste et politiquement liée aumodèle de démocratie issu de la Révolutionfrançaise, certainement le Magistère del’Eglise l’a toujours jugé négativement” (p.87). Introvigne n’approuve pas non plus le PPIde don Sturzo et la DC de De Gasperi, nonpour leur aconfessionnalisme (libéral!) dont ilne dit pas un mot, mais puisque la leur n’estpas une pensée “catholique libérale” mais “ca-tholique démocratique”, c’est-à-dire liée “à ladémocratie européenne moderne (différentede la démocratie américaine, nous diraitRussel Kirk), conditionnée par l’héritage del’illuminisme et de la Révolution française” (p.86). Pour cela la DC, malgré le mérite d’avoirmaintenu “l’Italie dans le second après-guerredans le camp occidental et atlantique”, “a faitde la place à une gauche interne pour laquelle‘catholique-démocratique’ signifiait disponibleà l’alliance dominée par le PCI et plus tard parle PDS” (p. 87). Mais alors, quel libéralismeest acceptable pour le catholique d’aprèsIntrovigne? Celui de Rosmini a “certainementbeaucoup d’idées intéressantes et positives”(p. 86), malgré la condamnation de ses erreurset la mise à l’index de ses livres, je l’ajoute!Mais le libéralisme qui intéresse Introvigne setrouve, vous l’aurez compris par l’amour qu’illui porte, comme si c’était un agent de la CIA,pour le “camp occidental et atlantique”, outreOcéan, dans les mythiques U.S.A. “Il mesemble (...) que les thèses des catholiques ‘néo-conservateurs’ américains (souvent appelés cesmois-ci ‘libéraux’) sont extrêmement perti-nentes par l’œuvre de construction d’uneplate-forme culturelle du Pôle des Libertés etdu bon gouvernement...”, Pôle qui rassemble-ra (avec les partisans de Pannella!) égalementdes catholiques, “une catégorie de catholiquesdont je fais certainement partie”, écritIntrovigne pour ne pas nous laisser des doutessur ses idées (p. 85).

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Quels sont les maîtres des “néoconserva-teurs” ou “catholiques libéraux” américains?“Michael Novak, Richard John Neuhaus etRussel Kirk, catholiques qui défendent entreautres la liberté d’entreprise et le libre mar-ché” (p. 84). “Entre autres”, puisque Novak,par exemple, “à la différence de Neuhaus etKirk, pousse sa défense de la sphère d’auto-nomie individuelle jusqu’à des positions li-bertaires sur la famille et l’avortement (...)”(p. 84). En somme, comme dirait Pannella:libéral, ‘libéraliste’ et libertaire.

Pour Introvigne, par-delà les étiquettes,quels sont les contenus de cette école depensée? 1) “la revendication du patrimoinenational des Etats Unis et du caractère origi-nal de la Révolution américaine par rapportà la Révolution française” (la première se-rait plus véritablement libérale que la secon-de). 2) “une défense rigoureuse de la pro-priété privée et du principe de subsidiarité”3) “le fédéralisme”. Même Torquemada doitadmettre qu’une partie de ce programmepeut être partagée; mais est-il catholique?

Certainement non. Evitons d’abord leséquivoques. Nous ne sommes pas mus parune aversion a priori à l’encontre des EtatsUnis. Non je n’ai, justement parce que ca-tholique, rien en commun non seulementavec le communisme, mais même avec le so-cialisme. L’Eglise “ne demande rien au libé-ralisme, rien non plus au socialisme, le pre-mier s’étant révélé totalement impuissant àbien résoudre la question sociale, et le se-cond proposant un remède pire que le mal”(Pie XI, enc. Quadragesimo anno, 15 mai1931). Ces précisions étant données, abor-dons le thème de la compatibilité avec ladoctrine sociale de l’Eglise des thèses decette école “catholico-libérale”.

D’un point de vue purement économiqueces catholiques sont “favorables au libre mar-ché et hostiles à l’Etat assistance”; en un mot,“ils devraient peut-être être appelés ‘libéra-listes’ plutôt que ‘libéraux’” (p. 86).Introvigne garantit le libéralisme écono-mique comme doctrine de l’Eglise (avec cer-tains correctifs): “la doctrine sociale, en parti-culier socio-économique, de l’Eglise ne pro-pose aucune troisième voie, si par troisièmevoie on entend un système doctrinal qui se-rait ‘intermédiaire’ entre l’économie de mar-ché et le collectivisme” (pp. 90-91). IciIntrovigne dit seulement des demi-vérités.Pie XI enseigne que “le système capitalisten’est pas intrinsèquement mauvais” (comme

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le communisme) “mais il a été vicié”; en celaIntrovigne a raison. Mais la doctrine socio-économique de l’Eglise n’est ni socialiste nilibérale. Donc, en un certain sens, c’est une“troisième voie”, même si elle n’est pas inter-médiaire, qu’il serait préférable d’appeler“première voie”, puisqu’antécédente au sys-tème libéral et au système socialiste: “Il aexisté, en effet, un ordre social, qui sans êtrede tous points parfait, répondait cependant,autant que le permettaient les circonstanceset les exigences de temps, aux préceptes de ladroite raison”. L’encyclique Quadragesimoanno ne lésine pas sur les critiques à despoints-clé du système économique libéral.Avant tout, quant à la dépendance de l’éco-nomie de la morale et, donc, de la religion:“puisque le nouveau régime économique fai-sait ses débuts au moment où le rationalismese propageait et s’implantait, il en résulta unescience économique séparée de la loi morale,et, par suite, libre cours fut laissé aux pas-sions humaines”. Quant au libre marché: “Demême qu’on ne saurait fonder l’unité ducorps social sur l’opposition des classes, ainsion ne peut attendre du libre jeu de la concur-rence l’avènement d’un régime économiquebien ordonné. C’est en effet de cette illusioncomme d’une source contaminée, que sontsorties toutes les erreurs de la science écono-mique individualiste. Cette science, suppri-mant par oubli ou ignorance le caractère so-cial et moral de la vie économique, pensaitque les pouvoirs publics doivent abandonnercelle-ci, affranchie de toute contrainte, à sespropres réactions, la liberté du marché et de

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la concurrence lui fournissant un principe di-rectif plus sûr que l’intervention de n’importequelle intelligence créée. Sans doute, conte-nue dans de justes limites, la libre concurren-ce est chose légitime et utile; jamais pourtantelle ne saurait servir de norme régulatrice àla vie économique. Les faits l’ont surabon-damment prouvé, depuis qu’on a mis en pra-tique les postulats d’un néfaste individualis-me” auquel Pie XI ne veut pas substituer la“dictature économique” du socialisme éta-tique, mais les principes supérieurs et plusnobles de la justice et de la charité sociales. Ils’agit donc de “fausses maximes et postulatstrompeurs”. Quant au rôle de l’Etat: l’ency-clique Rerum novarum de Léon XIII “ren-versait audacieusement les idoles du libéralis-me”: “quant au rôle des pouvoirs publics,Léon XIII franchit avec audace les barrièresdans lesquelles le libéralisme avait contenuleur intervention”. L’Etat “doit entourer desoins et d’une sollicitude particulière les tra-vailleurs qui appartiennent à la classe despauvres”. Quant aux rapports entre pouvoirpolitique et pouvoir économique, Pie XI af-firme: “Il faut que la libre concurrence conte-nue dans de raisonnables et justes limites, etplus encore la puissance économique, soienteffectivement soumises à l’autorité publique,en tout ce qui relève de celle-ci”. C’est pour-quoi il dénonce “la fâcheuse confusion entreles fonctions et devoirs d’ordre politique etceux d’ordre économique: telle, pour n’enciter qu’un d’une extrême importance, la dé-chéance du pouvoir: lui qui devrait gouvernerde haut, comme souverain et suprême ar-bitre, en toute impartialité et dans le seul in-térêt du bien commun et de la justice, il esttombé au rang d’esclave et devenu le docileinstrument de toutes les passions et de toutesles ambitions de l’intérêt”. Quant à la pro-priété publique: “ce sont certaines catégoriesde biens pour lesquels on peut soutenir avecraison qu’ils doivent être réservés à la collec-tivité, lorsqu’ils en viennent à conférer unepuissance économique telle qu’elle ne peut,sans danger pour le bien public, être laisséeentre les mains des personnes privées”.Quant aux associations ouvrières (syndicats,corporations) Pie XI parle des “faux dogmesdu libéralisme”. Précisément au nom de lasubsidiarité, il défend les associations ou-vrières: “en plus d’un pays à cette époque, lespouvoirs publics, imbus de libéralisme, té-moignaient peu de sympathie pour ces grou-pements ouvriers et même les combattaient

La Maçonnerie britannique comme force conservatrice:le Prince de Galles et son fils en 1888

avec le tablier maçonnique

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ouvertement”. En effet, justement avec laRévolution, “l’individualisme a réussi à bri-ser, à étouffer presque cet intense mouve-ment de vie sociale qui s’épanouissait jadis enune riche et harmonieuse floraison de grou-pements les plus divers” dont la suppressiona laissé l’individu seul face à l’Etat. Pour cela“la politique sociale mettra tous ses soins àrestaurer les corps professionnels” ou “cor-poratifs”. Quant à la propriété privée: Pie XIcondamne “l’individualisme” qui veut “nierou atténuer l’aspect social et public du droitde propriété”, comme le “collectivisme” quien conteste ou voile l’aspect individuel.Quant aux conséquences paradoxales de la li-berté économique illimitée: Pie XI dénonce“non seulement la concentration des ri-chesses, mais encore l’accumulation d’uneénorme puissance, d’un pouvoir économiquediscrétionnaire, aux mains d’un petit nombred’hommes qui d’ordinaire ne sont pas lespropriétaires, mais les simples dépositaires etgérants du capital qu’ils administrent à leurgré”: les financiers. Certains d’entre eux, “dé-tenteurs et maîtres absolus de l’argent, gou-vernent le crédit et le dispensent selon leurbon plaisir”. “Cette concentration du pouvoiret des ressources, qui est comme le trait dis-tinctif de l’économie contemporaine, est lefruit naturel d’une concurrence dont la liber-té ne connaît pas de limites...”. Ainsi la hautefinance et les spéculateurs dominent le pou-voir politique! “Ce sont là les dernièresconséquences de l’esprit individualiste dansla vie économique (...)”; conséquences para-doxales: “la libre concurrence s’est détruiteelle-même; à la liberté du marché a succédéune dictature économique”. C’est pourquoiles tenants du libéralisme cohérents et hon-nêtes combattent ces “pouvoirs forts” quituent la liberté du marché; mais en combat-tant les effets ne soignent pas de manièreadaptée la cause du mal. Pour cela, “dansl’ordre des relations internationales, de lamême source sortent deux courants divers:c’est d’une part le nationalisme ou mêmel’impérialisme économique, de l’autre, nonmoins funeste et détestable, l’internationalis-me, ou impérialisme international de l’argent,pour lequel là est l’avantage, là est la patrie”.

Je m’excuse pour les citations intermi-nables, mais cela me semblait nécessairepour éclairer un point qu’Introvigne obscur-cit à plaisir. Que Dieu ne veuillepas ques’appliquent à lui aussi ces paroles de PieXI: “C’est une chose bien lamentable (...)

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qu’il y ait eu, qu’il y ait même, hélas! encoredes hommes qui, tout en se disant catho-liques, se souviennent à peine de cette subli-me loi de justice et de charité (...)”. L’anti-communisme et la vaillante défense de lapropriété privée de l’association brésilienneTradition, Famille et Propriété (de feu leProfesseur Corrêa de Oliveira) et de sesamis d’Alleanza Cattolica et Lepanto sontsacro-saints; mais deviennent source degraves erreurs s’ils ne sont pas unis à la luttecontre les faux dogmes du libéralisme,même économique, d’après l’enseignementdu Magistère que je viens de rappeler.

Si le libéralisme des “néoconservateurs”n’est pas conforme à la doctrine sociale del’Eglise en matière économique (où la dis-tance est mineure), il le sera bien moins enmatière philosophique et politique.

En effet, le libéralisme économique n’estpas indépendant d’une position philoso-phique précise. Ce n’est pas par hasard queAdam Smith, le fondateur de l’économie mo-derne, n’était pas un économiste, mais un phi-losophe, ami d’un autre philosophe, Hume(dont l’opera omnia est mise à l’index). C’est-à-dire que nous nous trouvons dans le mouve-ment de l’illuminisme anglo-saxon (anglais ouécossais), héritier d’une longue tradition depensée qui depuis les sophistes et Héraclite, àtravers les nominalistes du Moyen Age, porteà l’empirisme et au pragmatisme typiques desbritanniques. Avec raison Introvigne (et les“néoconservateurs”) distinguent cet illuminis-me de l’illuminisme français, même siVoltaire fait le trait d’union entre les deux:l’un dévalorise trop la raison, l’autre l’exaltetrop. Le Père Garrigou-Lagrange, dans sonlivre classique Dieu. Son existence, sa nature amagistralement décrit les deux courants qui,

George Washington avecles attributs maçonniques

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par excès ou par défaut de réalisme, s’oppo-sent au thomisme aristotélicien: l’agnosticis-me empiriste des Anglais d’une part, l’idéalis-me souvent panthéiste et rationaliste qui de-puis Parménide et Platon est le père de tousles systèmes totalitaires d’autre part. Les unsexaltent trop la volonté, l’individu, la liberté,les autres la raison, l’idée abstraite, le collecti-visme; mais St Thomas conserve l’équilibreentre les deux systèmes opposés et souventconvergents. En Italie, le professeur DarioAntiseri, de la LUISS, propagateur dePopper, catholique et libéral, s’inscrit sansdoute dans le mouvement “néoconservateur”.Quelle est son opinion sur Dieu? Dans Teoriadella razionalità e ragioni della fede (où ils’adresse au cardinal Ruini) et dans Le ragio-ni del pensiero debole (où il s’adresse àVattimo) Antiseri nie la possibilité de démon-trer l’existence de Dieu, en choisissant Kantcontre St Thomas, affirmant avec Kant: “j’aidû supprimer le savoir pour y substituer lafoi”, donc, pour parler comme Popper, “lathéologie (...) est due à un manque de foi”, etdonc, avec Renan, que “parmi les moins chré-tiens des hommes il y a les scolastiques duMoyen Age latin”. La position d’Antiseriveut être une apologétique pour l’hommemoderne, et en effet pourra faire écroulerchez certains la certitude... que Dieu n’existepas. Mais porte-t-elle à la foi? Peut-être à lafoi protestante et moderniste, pas à la foi ca-tholique, qui enseigne, comme vérité de foi, àla suite non seulement de St Thomas mais deSt Paul, que l’existence de Dieu peut se dé-montrer avec la raison (DS 2441, 2751, 2756,2765, 2812, 2853, 2855, 3004, 3538, 3875, 3890,3892). Dans ce cas aussi, l’Eglise se tient aumilieu des deux erreurs opposées qui abais-sent la raison jusqu’à ne pas connaître l’exis-tence de Dieu (agnosticisme, fidéisme) ou quil’exalte jusqu’à la nier ou, à l’opposé, à vou-loir rationnellement connaître les mystères dela foi (athéisme, rationalisme).

Quant à la politique, Introvigne et les“néoconservateurs” nous donnent commemodèle de vraie démocratie, opposée à la dé-mocratie européenne dépendante de laRévolution française, la démocratie américai-ne. “Jean-Paul II dans ses voyages aux EtatsUnis a à plusieurs reprises exprimé sa sympa-thie pour les institutions américaines” écritavec complaisance Introvigne (p. 88). Certes,les Etats Unis (et l’Angleterre) n’ont pasconnu le jacobinisme... Mais comment oublierque de nombreux “Pères fondateurs” des

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Etats Unis, à commencer par Washington,étaient francs-maçons? Cette comparaisonn’est pas en l’air: entre les démocraties latineset les démocraties anglo-saxonnes il y a lamême différence qu’entre la Maçonnerie an-glaise (et américaine) et les différents GrandOrient de France, Italie, etc. Ce n’est pas l’en-tente parfaite, c’est bien connu; la Loge-Mère,par exemple, fait savoir de Londres qu’elle nereconnaît pas le Grand Orient de France (etd’Italie). Les anglo-saxons croient au GrandArchitecte, les latins non. Les anglo-saxonssont conservateurs, les latins progressistes; lesuns sont souvent monarchistes, les autres ré-publicains; les uns coïncident presque avecl’Eglise (anglicane), les autres n’aiment pas lesprêtres (catholiques)... Mais les uns et lesautres sont, indiscutablement, Francs-Maçons!

Ainsi, quant aux rapports entre l’Eglise etl’Etat, les “français” et les “américains” sontpour la séparation; une séparation punitivede l’Eglise pour les “jacobins”, une sépara-tion qui donne à tous la plus grande libertéaux Etats Unis. Dans Verso una società libe-ra (Leonardo) de Weigal et Royal (néocon-servateurs; la préface est de Neuhaus)Kenneth L. Grasso exalte le documentconciliaire sur la liberté religieuse Dignitatishumanæ et la contribution à ce document duthéologien américain Murray. Grasso se di-vertit à montrer la “transformation del’Eglise catholique romaine”. Pie IX, écrit-il,dénonçait “la maxime erronée (...) et le déli-re qu’il faut assurer et garantir à qui que cesoit la liberté de conscience” alors que Jean-Paul II enseigne que “la liberté de conscien-ce et de religion... est un droit primaire et in-aliénable de la personne humaine” (1980, àHelsinki). Comment s’est fait le change-ment? D’après Grasso l’Eglise condamna laliberté religieuse parce que fondée sur le li-béralisme européen (pp. 156-157) débiteur

Emblème du Sénat des U.S.A.: on remarque les sym-boles de la Révolution française: faisceaux licteurs et

bonnet phrygien avec le mot “liberté”

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de la Révolution française; alors que mainte-nant elle l’approuve, fondée sur les principesde l’Amérique (pp. 157-159). Nous sommesen pleine doctrine “néoconservatrice”, et enplein dans la position d’Introvigne (etAlleanza Cattolica). En réalité, l’Eglise acondamné la liberté religieuse en tant quetelle, à faire abstraction du fondement qu’onveut lui donner. Un chiffre inexact reste in-exact, quelles que soient les erreurs de calculqui nous ont fait nous tromper dans lescomptes! Et la liberté religieuse, commeprincipe, reste condamnée, même dans unesociété “complexe et pluraliste moderne”,comme s’exprime Introvigne en défendantDignitatis humanæ (p. 90), même si, évidem-ment, dans ce contexte, l’état confessionneln’est pas réalisable de fait.

Que des libéraux s’approchent du catho-licisme au moyen de la pensée “néoconser-vatrice” ne peut que nous réjouir; mais quedes catholiques, qui plus est contre-révolu-tionnaires, abandonnent Pie IX pourGeorge Washington: alors non! Je conseilleà Massimo Introvigne la lecture de deux au-teurs américains: American Freemasonry deArthur Preuss (publié par Herder avec im-primatur de 1908 et réimprimé sur Sace-rdotium, nn° VIII, IX, XI, XII) et The cultof Liberty de l’abbé Donald Sanborn (inSacerdotium n° XIV). En espérant qu’il setourne de la Statue de la Liberté à laBasilique Saint Pierre...

Mais ce n’est pas fini avec notre socio-logue ex-contre-révolutionnaire...

Introvigne III: avec le Pasteur et le Rabbin,pour les droits de l’Homme.

Que Massimo Introvigne accepte désor-mais la “liberté religieuse” n’est plus en dis-cussion, au moins pour les organisateurs (quisont-ils? Devinez-le) de la “Campagne desjeunes contre le racisme, la xénophobie,l’antisémitisme et l’intolérance du Conseilde l’Europe: Tous différents, tous égaux”.Dans l’ambiance de cette Campagne (qui nes’inspire certainement pas du Syllabus de PieIX!) et des Célébrations du 50° anniversairedes Nations Unies, s’est déroulée à Milanune Exposition dédiée aux Droits humainsdans le monde contemporain. L’Expositionprévoit une série de conférences; parmi les-quelles la Table ronde du 28 mars 1996, àl’ISU Bocconi de Milan, sur le thème: “LaLiberté religieuse aujourd’hui: problèmes, me-

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naces, perspectives”. Le coordinateur de laTable ronde est, faut-il le dire, MassimoIntrovigne, défini comme “l’un des plusgrands experts des mouvements religieux. Ildirige le CESNUR, Centre d’Etudes sur lesNouvelles Religions. Enseignant à l’Uni-versité Pontificale Regina Apostolorum deRome”. Cinq participants à la Table ronded’Introvigne, parmi lesquels le “Pasteur del’Eglise Vaudoise de Milan”, AntonioAdamo, et “le grand rabbin de Milan”,Giuseppe Laras. Les faits parlent d’eux-mêmes! Quoiqu’il en soit, pour employerl’expression adoptée par les promoteurs del’Exposition, on peut dire: Introvigne(Alleanza Cattolica), Adamo (Vaudois) etLaras (Juifs): “Tous différents. Tous égaux”!

Le sénateur Maceratini (le second à droite) à la commé-moration de Plinio Corrêa de Oliveira, organisée àRome par le Centre Culturel Lepanto. Maceratini et

Mezzaroma sont deux parlementaires proches de cetteorganisation, mais aussi de la Maçonnerie (cf.

Sodalitium, n° 40, pp. 75-78).

«Avec les personnes soupçonnéesd’appartenir à la Maçonnerie (…)qu’on évite toute liaison, toute familia-rité: qu’on les reconnaisse à leursfruits et qu’on s’en éloigne» LÉON XIIILettre au peuple italien, 8-XII-1892.

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LA DESTRUCTION DUTEMPLE CHEZ MESSORI

ET BLONDET:Première partie: “Il a souffert sous PoncePilate” de VITTORIO MESSORI

Ont été publiés, presque en même temps,deux livres très intéressants qui abor-

dent un thème commun: celui de la destruc-tion du Temple de Jérusalem; nous com-mençons dans ce numéro l’examen de celuide Vittorio Messori (1), remettant à un pro-chain article l’étude du texte de Blondet (2).

LA DESTRUCTION DU TEMPLE DEJERUSALEM COMME PREUVE DECREDIBILITE DU CHRISTIANISME

L’auteur consacre quatre chapitres (de lapage 190 à la page 229) à la destruction duTemple; l’événement a, en effet, une impor-tance capitale pour la démonstration apologé-tique de la divinité de Jésus-Christ et del’Eglise qu’Il a fondée.

Pour Messori le Temple était Jérusalemelle-même, c’était même tout le peupled’Israël. Sa ruine signifia la ruine de la nation,le passage de l’Hébraïsme au Judaïsme, la dis-parition de la classe sacerdotale et du Sacrifice.En effet là, dans le Temple, dans le SanctaSanctorum, où seul le Grand Prêtre pouvait en-trer une fois par an, était l’escabeau de Jahvé,le trône où habitait sa glorieuse Présence.

JESUS CHASSE LES MARCHANDS DUTEMPLE

Jésus aimait tellement le Temple(Tabernacle du Dieu vivant) que l’Evan-géliste St Jean, racontant la chasse des ven-deurs, Lui appliquera le psaume 68: “ZelusDomus tuae comedit me” (3).

Ce qui laisse perplexe - selon l’Auteur, - estle fait que quand Jésus chassa les marchands àcoups de fouet, les gendarmes du Temple n’ontrien fait contre Lui. Mais ils ne pouvaient lefaire que sur l’ordre des prêtres; et ceux-làavaient tout intérêt à minimiser la chose.

St Marc souligne l’attitude des prêtres etdes scribes face à l’accusation proférée à leur

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encontre par Jésus, d’avoir rendu la maisondu Père “une caverne de voleurs”: “Cequ’ayant entendu, les princes des prêtres et lesscribes cherchaient comment ils le perdraient;car ils Le craignaient, parce que tout le peupleétait dans l’admiration de sa doctrine” (4). Etce sera la crainte de réactions populaires faceà une persécution ouverte contre Jésus, quiconduira le Sanhédrin à chercher un traîtredans le cercle des Apôtres, pour pouvoirprocéder à son arrestation à l’insu du peuple.

On remarque en outre que les prêtresqui administraient le Temple et en permet-taient la profanation par un commerceéhonté, le faisaient de mauvaise foi, selonles enseignements pervers de la Cabale im-pure, contre les invectives de l’Ecriture etcontre toute la Tradition pure d’Israël. PourIsaïe par exemple, ce lieu saint devait n’êtrequ’une “maison de prière”: donc ce galiléen“fanatique” ne pouvait être arrêté tout desuite, comme ils l’auraient voulu, puisqu’Ilavait raison et que la Loi était de son côté.

LE TEMPLE EST UN TEMOIGNAGEMEME APRES SA DESTRUCTION

St Luc nous rapporte cette prédiction deJésus: “Jérusalem sera foulée aux pieds parles gentils, jusqu’à ce que les temps des na-tions soient accomplis” (5).

Les temps des nations - explique Messori -sont nos temps, c’est la période qui va de lamort de Notre-Seigneur jusqu’à Son retour,quand il y aura, comme l’enseigne St Paul, l’en-trée dans l’Eglise du peuple juif tout entier (6).

Fouler aux pieds Jérusalem, d’après letexte de St Luc, signifie fouler aux pieds lesol du Temple; et il est singulier comment,depuis ce moment-là, depuis plus de milleneuf cents ans, la prophétie s’avère exacte-ment accomplie.

Titus en 70 rase au sol le Temple, Adrienen 132 fait ériger sur son esplanade des sta-tues aux dieux païens: c’est l’“abominationde la désolation dans le lieu saint”. Au hui-tième siècle les Arabes envahissentJérusalem et font de l’esplanade un des en-droits les plus sacrés de l’Islamisme, en yconstruisant la mosquée d’Omar. Mais le 15juillet 1099 les croisés font irruption ettransforment pour quatre-vingt-huit ans,jusqu’à 1187, la mosquée en église. Mais leschrétiens s’étant retirés, les constructions re-tournèrent au culte musulman, auquel ellesappartiennent encore maintenant.

Recensions

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Quand en 1967 les Juifs rentrèrent aussimilitairement en possession de cette partie dela ville, le général Moshe Dayan - au nom dugouvernement d’Israël - rassura les islamistessur la jouissance libre et exclusive de l’espla-nade, surtout pour des raisons religieuses...toutes hébraïques. Les Juifs en effet, n’étantpas en mesure d’établir où était situé le SanctaSanctorum, n’entrent pas dans l’esplanade,parce qu’ils craignent de fouler aux pieds lelieu que personne ne peut franchir depuisqu’il n’y a plus un Grand Prêtre, qui, seul, unefois par an, pouvait laisser là ses empreintes.

Et tout cela confirme admirablement laprophétie de Jésus-Christ, selon laquelle“jusqu’à la fin des temps seuls les non juifsfouleront le sol du Temple”.

VOTRE MAISON SERA LAISSEE DE-SERTE

“Jérusalem, Jérusalem - dit Notre-Seigneur- qui tues les prophètes et lapides ceux qui tesont envoyés, combien de fois ai-je voulu ras-sembler tes enfants comme une poule ras-semble ses petits sous ses ailes, et tu n’as pasvoulu. Voilà que votre maison vous sera lais-sée déserte. Car je vous le dis, vous ne me ver-rez plus, jusqu’à ce que vous disiez: Béni Celuiqui vient au nom du Seigneur” (7).

“Votre maison vous sera laissée déserte”est une citation de Jérémie et d’Ezéchiel,précisément ces prophètes qui avaient an-noncé que Dieu abandonnerait le Temple.

Et Messori continue: “Voilà donc lecœur du mystère, dans lequel nous voulonsnous avancer: C’EST UN FAIT INDE-NIABLE ET EVIDENT QU’AUJOUR-D’HUI, A LA PLACE DU GRAND

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TEMPLE, NOUS VOYONS UNE ESPLA-NADE SUR LAQUELLE SE DRESSEUNE MOSQUEE. EH BIEN CE FAITCORRESPOND A LA PROPHETIE DEJESUS-CHRIST. CES RUINES SONT UNSIGNE MUET ET TRES ELOQUENT ENMEME TEMPS ET SOUS DIFFERENTSRAPPORTS DU CARACTERE MESSIA-NIQUE DU GALILEEN (“Si ceux-ci se tai-sent, les pierres crieront”).

FLAVIUS JOSEPHE

Flavius Josèphe était un chef militaire juif,passé aux Romains et devenu l’historien deleur campagne en Terre Sainte, qui ne renia ce-pendant jamais la foi juive. Après la destruc-tion du Temple il s’établit à Rome, où il écrivitGuerre des Juifs, ouvrage dans lequel il racontadans le détail la tragédie dont il avait été le pro-tagoniste entre 66 et 70. Ce qui poussa JosèpheFlavius à passer aux Romains ce fut la PER-SUASION QUE “DIEU AVAIT ABAN-DONNE LE LIEU SAINT”. En sommeMEME CE JUIF, NON CHRETIEN, ETAITCONVAINCU QUE LA MAISON DEDIEU AVAIT ETE LAISSEE DESERTE.

Déjà le prophète Daniel avait prédit: “unpeuple, avec un chef qui doit venir, détruira lacité et le Sanctuaire... Cesseront l’Oblation etle sacrifice; et l’abomination de la désolationsera dans le Temple, et la désolation continue-ra jusqu’à la consommation et à la fin” (8).

L’INCENDIE DU TEMPLE FUTVOULU NON PAR LES ROMAINSMAIS PAR DIEU LUI-MEME

Le scrupule du superstitieux Titus était tel- poursuit Messori - paisible descendant depaysans de Reatino et terrorisé devant le mys-térieux Jahvé de ces Orientaux, que, d’après letémoignage de Flavius Josèphe, “pour épar-gner un temple étranger il causait la rune et lemassacre de ses hommes”. En effet il s’obsti-nait à ne pas donner l’ordre d’incendier leSanctuaire, dans lequel s’étaient mis à l’abriles soldats juifs, et faisait au contraire travaillerles machines de guerre sur des éléments se-condaires, pour causer à l’édifice le moins dedommage possible. Quand ensuite il se décidaà ordonner d’incendier les portes extérieuresdes cours, ce n’était encore que l’attaqued’une partie EXTERIEURE du Temple.Titus commanda lui-même presqu’aussitôt àses hommes d’éteindre cet incendie.

Flavius Josèphe offrant à son mécène Titus un exemplai-re de son ouvrage “Guerre des Juifs”

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Mais, comme l’écrit Flavius Josèphe, “lesflammes à l’intérieur du Temple, commencè-rent et furent causées grâce aux Juifs. Eneffet, Titus une fois retiré, les rebelles... foncè-rent à nouveau contre les Romains et un com-bat fit rage entre les défenseurs du Sanctuaireet les soldats occupés à éteindre le feu” ainsique Titus leur avait ordonné. Et voici le mo-ment fatal. “Les légionnaires romains, lesJuifs ayant pris la fuite, les poursuivirentjusqu’au Temple et ce fut alors qu’un soldat...POUSSE PAR UNE FORCE SURNATU-RELLE, saisit un tison ardent et... le jeta de-dans, à travers une fenêtre... qui donnait surles pièces attenantes au Sanctuaire”.

Une “force surnaturelle” traduisent leséditions modernes, en grec nous lisons “dai-monio orme tini” c’est-à-dire “PAR UNEINSPIRATION ENVOYEE PAR DIEU”.Et Messori commente: “Ce n’est pas sansémotion qu’un chrétien lit une expressionsemblable chez un auteur non chrétien”.

Les flammes désormais s’embrasaient et“quelqu’un - ainsi que le raconte JosèpheFlavius - courut avertir Titus... il courut...vers le Temple pour essayer de maîtriserl’incendie. ...Il donna l’ordre aux combat-tants d’éteindre le feu, mais ils n’écoutèrentpas ses paroles”. Ainsi le feu se propageaaussi dans le Sancta Sanctorum et le détrui-sit, contre la volonté de César. C’ETAIT LESIGNE QUE DIEU AVAIT ABANDON-NE SON TEMPLE, QU’IL AVAITROMPU L’ALLIANCE AVEC LESJUIFS, PARCE QU’ILS L’AVAIENTROMPUE LES PREMIERS EN MET-TANT EN CROIX LE FILS DU PERE.(“Deus non deserit, nisi prius deseratur”).

Et comment ne pas se souvenir ici desparoles de Jésus aux Pharisiens qui L’invi-taient à réprimander Ses disciples quand, leDimanche des Rameaux à Son entrée dansJérusalem Il fut acclamé par la foule au cride “Béni Celui qui vient au nom duSeigneur”? Il dit: “Je vous déclare que SICEUX-CI SE TAISENT, LES PIERRESCRIERONT” (9).

Les pierres qui auraient crié sont celles duTemple: les larmes de Jésus témoignent que,tout de suite après, Il pleure sur le sort terriblequi plane sur Jérusalem et revient avec souciaux “pierres”: “[tes ennemis] te renverserontpar terre, toi et tes enfants qui sont au milieu detoi, et ILS NE LAISSERONT PAS EN TOIPIERRE SUR PIERRE, parce que tu n’as pasconnu le temps où tu as été visitée” (10).

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Il y a donc un lien très étroit entre la re-connaissance du caractère messianique deJésus et ces pierres du Temple détruit!

L’EXTERMINATION DE LA CLASSESACERDOTALE DE L’ANCIENNEALLIANCE

Les prêtres survivants, raconte encoreJosèphe Flavius, se rendirent, supplièrenttous ensemble le vainqueur d’épargner leurvie. Mais Titus, qui s’était montré si clémentpour le Temple et prêt, en bon romain, àpardonner ceux qui ne se soumettaient pas,cette fois est inexplicablement inflexible.“L’empereur répondit que pour eux était dé-sormais passé le temps du pardon, puisqueS’ETAIT EN ALLEE EN CENDRESL’UNIQUE CHOSE (LE TEMPLE)POUR LAQUELLE CELA AURAIT EUVALU LA PENE DE LES SAUVER... etdonna donc l’ordre de les mettre à mort”.

VOICI LA PREUVE APODICTIQUEDE LA FIN DE L’ANCIENNE ALLIANCE,de la Synagogue mosaïque, qui dès lors n’auraplus ni le Temple, ni le Sacerdoce et se transfor-mera en la Synagogue rabbinico-talmudique.

L’empereur ordonna aussi de tuer tousles descendants de la tribu de David qui de-vait donner au monde le Messie, et juste-ment ce fait, qu’il ne doit plus rester aucunJuif d’origine davidique, est une preuve sup-plémentaire que le Messie est déjà venu.

Aggée avait prophétisé que le Temple (dé-truit ensuite en 70) “sera plus glorieux que leprécédent puisqu’il VERRA L’ERE MESSIA-NIQUE” (11). CE TEMPLE, donc, NE POU-VAIT ETRE DETRUIT AVANT L’AVE-NEMENT DU MESSIE, ET C’EST PRECI-SEMENT CE QUI AURAIT DU CONSTI-TUER POUR LES JUIFS DE TOUTESLES EPOQUES LA PREUVE SANS AU-CUNE EQUIVOQUE POSSIBLE QUE LEMESSIE ETAIT DEJA VENU!

Jerusalem Jerusalemconvertere ad Dominum Deum tuum!

Notes

1) VITTORIO MESSORI, Patì sotto Ponzio Pilato, ed.SEI, Torino 1992. Ouvrage édité en français sous letitre “Il a souffert sous Ponce Pilate”, éd. F.-X. deGuibert, Paris 1995.

2) MAURIZIO BLONDET, I fanatici dell’Apocalisse,ed. Il Cerchio, Rimini 1992.

3) Jn II, 16.4) Mc XI, 17-18.

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5) Lc XXI, 24.6) Rm. XI, 25.7) Matth. XXIII, 37.8) Dan. IX, 26.9) Lc XIX, 37-40.10) Lc XIX, 44.11) Agg. II, 4-9.

Par M. l’abbé Curzio Nitoglia

NOUS RECOMMANDONS:

P. VASSALLO “Ritratto di una cultura dimorte. I pensatori neognostici”, M. D’Auriaeditore, Napoli 1994. Nous rapportons dulivre de Vassallo la citation suivante, quenous considérons comme particulièrementintéressante, sur les vraies origines du gnosti-cisme: «Au vrai Dieu le mythe gnostique op-pose une obscure “entité”, abîme vide, chaosinforme, dont procède une sagesse féminineet horrible, qui contredit Dieu avec une puis-sance de voix: “Tu te trompes, un hommeimmortel et lumineux existe avant toi [...]. Ilte foulera aux pieds comme est écrasée l’ar-gile par le potier” (Trattato etc., cit.).

Dans la doctrine sous-jacente au mythe,rien ne renvoie à la pensée des philosophesgrecs. Au contraire on peut parler d’une hybrisanalogue à celle qui existe dans les cultes pré-helléniques de la Grand Mère et de Dionysos,ou plus proprement, le culte de Baal.

La source de la “pensée” gnostique estcherchée dans la spéculation des sectes hété-rodoxes judaïques, qui étaient très activesavant l’ère chrétienne, c’est-à-dire dans lesmilieux qui anticipaient la culture du Talmud.

Le gnosticisme a utilisé des mythes dedérivation cananéenne et phénicienne.Henri-Charles Puech situe l’origine du gnos-ticisme au temps de la diaspora babylonien-ne et décrit un syncrétisme qui inclut deséléments perses, alexandrins et hellénis-tiques (Cf. H. C. Puech, Sulle tracce dellagnosi, Milano 1985, p. 196 ss.).

La question de l’origine mise à part, il estcertain que le gnosticisme a d’abord la natured’une hérésie juive et seulement ensuite celled’une hérésie chrétienne. Le soutient, avec desarguments jamais réfutés et discutés, RobertM. Grant, pour qui l’erreur gnostique a lon-guement couvé dans les sectes hétérodoxes dujudaïsme et a atteint sa forme définitive aprèsle déclin des espérances apocalyptiques du ju-daïsme, c’est-à-dire après la destruction deJérusalem par Titus (cf. Gnosticism and EarlyChristianity, New York 1959).

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Si Jérusalem avait été détruite, cela vou-lait dire que l’Ecriture contenait une erreur:le Dieu qui avait parlé en elle et s’était révé-lé n’était pas le dieu suprême mais une puis-sance inférieure et obscure, un simulacre. Lemonde créé par lui, en conséquence, n’étaitpas une œuvre bonne et les prophéties et leslois étaient trompeuses (là-dessus cf. les ar-gumentations précises de Giorgio Jossa, inLo gnosticismo in relazione al giudaismo, inAtti dei Colloqui di Messina sulle originidello gnosticismo, Leiden 1967).

Les “écritures” gnostiques “chrétiennes”ne sont que des répétitions et des variationssur ce sujet, véritable et propre obsession del’hébraïsme hétérodoxe: l’univers est néd’une “chute” ou d’une “catastrophe”consumée à l’intérieur de l’abîme (ou “pre-padre”, propator). Celui qui le forma voulaitqu’il fût indestructible, mais il s’évanouit etne réalisa pas ses espérances.

Toute la mythologie gnostique est domi-née par l’aversion contre le Dieu de laTradition et par le mépris pour son œuvre,pour ses prophéties et pour ses lois.

L’aversion des gnostiques juifs pour leDieu de leurs pères, se manifeste parfoisavec les tons du blasphème le plus insensé.C’est le cas de la Généalogie de Marie, untexte cité par Epiphane. On y raconte qu’unindividu à l’aspect d’un âne se serait révélé àZacharie alors qu’il encensait. “Etant sorti, ilvoulut dire: Attention! Qui adorez-vous? Ilraconta donc aux autres sa vision et fut tué”(cf. Epiphane, Panarion, XXVI, 12, 1-4)».

Inauguration solennelle de l’Oratoire SaintGrégoire VII à Rome. Le 21 avril était,

pour la majorité des Italiens, le jour des élec-tions politiques; pour nous, au contraire, il aété le jour très heureux de l’inauguration so-lennelle de l’Oratoire Saint Grégoire VII àRome, situé à deux pas du Château Saint-Ange. La Sainte Messe a été célébrée parMgr Daniel Dolan, assisté à l’autel du PèreAnthony Cekada; l’abbé Ricossa, durant lacérémonie, a été occupé par les confessions.L’Oratoire débordait de fidèles; certains, netrouvant pas de place à l’intérieur, ont dû as-sister à la Messe à l’extérieur de la chapelle.

Vie de l’Institut

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Aux Romains, s’était jointe une large repré-sentation de fidèles des Abruzzes, arrivéspour l’occasion en car. Le quotidien IlGiornale (édition romaine) avait auparavantpublié des encarts publicitaires de l’InstitutMater Boni Consilii dans lesquels on signalaitl’ouverture au culte de la nouvelle chapelle etoù l’on critiquait la réforme liturgique; intri-guée, la rédaction du journal a envoyé à lacérémonie l’un de ses correspondants. Pournotre part, nous maintenons la ferme volontéde faire tout notre possible pour la propaga-tion de la foi et la lutte contre l’hérésie àRome, capitale du Catholicisme.

Homélie de Mgr Dolan. Durant la Messecélébrée à Rome le 21 avril, Mgr Dolan aprononcé la courte homélie suivante:

“Le Christ a souffert pour nous, nouslaissant un exemple”

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.

“Dilexi justitiam et odivi iniquitatem,propterea morior in exilio”. “J’ai aimé la justi-ce et haï l’iniquité, c’est pourquoi je meurs enexil”. Ces dernières paroles, et probablementles plus fameuses, de Saint Grégoire VII, mesemblent particulièrement appropriées en cette

circonstance, puisque c’est à lui, le plus coura-geux des Papes, que nous dédions cet oratoire.

A vrai dire ça n’est pas que nous nous sen-tions en exil dans cette petite chapelle. Aprèsavoir été si longtemps exilé de ce qui est le cœurde l’Eglise, je veux dire de Rome, le SaintSacrifice de la Messe, l’Oblatio Munda, parfaiteexpression de notre sainte foi, a enfin une mai-son dans la Ville Eternelle. C’est en ce sens qu’ily a eu exil, et l’Eglise entière bénéficie del’œuvre que vous, bons catholiques, avez si gé-néreusement accomplie en ouvrant cette chapel-le; le fidèle peut dorénavant venir à Rome et ytrouver, parmi tant d’églises et de basiliques, aumoins un oratoire qui soit indemne d’hérésie etde sacrilège, un endroit où ‘le Fils de Dieu puis-se poser la tête”. Puisse cet oratoire, providen-tiellement érigé à l’ombre du Château Saint-Ange, où Grégoire VII trouva refuge jadiscontre l’ennemi qui avait envahi et pris posses-sion de la Cité Sainte, puisse cet oratoire, disais-je, représenter pour vous et pour les pélerins enprovenance de l’Eglise entière, un refuge assuréjusqu’à ce que surviennent des jours meilleurs.Que le saint patron de cet oratoire nous aide àsuivre son exemple et surtout celui de Notre-Seigneur: souffrir volontiers “afin de vivre pourla justice”, même si cela signifie l’exil ici-bas.

Nous ne pouvons pas mieux faire quesuivre l’exemple du bon pasteur et de tous lesPapes qui tout au long des siècles sont de-meurés des pasteurs fidèles.

Il est vrai que l’exil, la souffrance et mêmela mort sont souvent la récompense ici-baspour ceux qui écoutent la voix du Pasteur etLe suivent. Mais notre vie n’est-elle pas toutentière un exil avant le Paradis?

Courage donc, chers fidèles! Poursuivezet répandez cette œuvre providentielle et es-sentielle que vous avez commencée ici dansla Cité Sainte, comme le fit jadis SaintGrégoire VII. Son œuvre ne s’est pas achevéeavec son exil et sa mort à Salerne; elle adonné une vie nouvelle à l’Eglise entière.

Et elle se poursuit de nos jours.Institut Mater Boni Consilii. Le 4 octobre,fête de St François d’Assise et premier ven-dredi du mois, Mademoiselle Marie-LaureRichie est entrée dans l’Institut, agrandis-sant ainsi notre petite famille qui, d’après lesstatuts, comprend non seulement des per-sonnes vivant en communauté, mais aussides personnes vivant dans le monde.

Séminaire Saint Pierre Martyr. A la findu mois de juin, avec les habituels examensde l’été, s’est terminée l’année académique

L’oratoire St Grégoire VII à Rome

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1995-96. Le 15 septembre le séminaire a rou-vert ses portes et les cours ont recommencé.Le séminariste mexicain Luis Madrigal a étérappelé dans son pays par ses supérieurs; enéchange est arrivé des Etats Unis JosephSalway, qui a terminé ses études supérieuresdans le Collège dirigé par l’abbé Sanborn àWarren (Michigan). Le jeune flamand SvenLehouck, de Deinze (Belgique) est quant àlui arrivé à Verrua avec l’intention de servirle Seigneur en nous aidant dans tous les tra-vaux de la maison et de l’Institut.

Ordinations. Le 26 avril, fête de Notre-Dame du Bon Conseil, Mgr Dolan a conféréles ordres sacrés à Verrua Savoia: la tonsureà un séminariste italien, les premiers ordresmineurs à un belge et le sous-diaconat àGeert Stuyver (belge lui aussi). Le 28 juillet,à Raveau, en France, le même abbé GeertStuyver a reçu des mains de Mgr Dolan lediaconat. L’ordination sacerdotale de l’abbéStuyver est prévue, s’il plaît à Dieu, pour le3 novembre à Steffeshausen (Belgique), desmains de Mgr Mc Kenna.

Apostolat. Le 16 juin, l’abbé Ricossa acélébré la Messe en plein air à MonteManfrei (Urbe, province de Savone) en mé-moire des Marins de la Saint Marc tués pardes partisans à la fin de la guerre. L’annoncede la cérémonie a été publiée sur Le Fiamme(n° 3, mai 1996) et un compte rendu de lajournée a été publié par le même bulletin surle n° 4 (juin 1996). A propos de Le Fiamme,lire ce qui est précisé plus bas, dans cettemême rubrique Vie de l’Institut. La revueL’ultima crociata relate une cérémonie sem-blable célébrée par l’abbé Nitoglia le 28 avrilau cimetière monumental de Turin. Parailleurs, les prêtres de l’Institut ont dû rem-placer l’abbé Gustave Delmasure (à Cannes)et le Père Noël Barbara (à Tours), malades,pour la célébration de la Sainte Messe.Comme chaque année, désormais, ont eulieu trois camps de vacances: pour les petitsgarçons, du 10 au 24 juillet à Raveau, enFrance, sous la direction de l’abbé Giugni;du 17 au 25 juillet, à Verrua, celui pour lesfillettes, dirigé par l’abbé Murro, et du 16 au23 août, le camp itinérant à travers les mon-tagnes de Savoie et du Dauphiné, pour gar-çons et adolescents, sous la responsabilité del’abbé Cazalas. Grâce à Dieu, tout s’est bienpassé: les visites des églises et des châteaux,les jeux dans les bois et dans le parc, les pro-menades et les marches, le théâtre, leschants, le catéchisme, les tournois et les défis

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de foot, les heures d’adoration devant le trèsSaint-Sacrement et les entrées généreusesdans la Croisade Eucharistique... Un trèsgrand merci à ceux qui nous ont aidés, parmilesquels Marie-Laure Richie, Marie-ClaudeMandon, Simona Magistro, Barbara Bichiri,Manuela d’Ambrosi, Teresa Serano, PatrickRadice et Pierre Cazalas.

Augmentation des participants aussi auxcinq sessions des Exercices Spirituels de SaintIgnace: celle pour les prêtres, séminaristes etautres membres et amis de l’Institut (parmilesquels l’abbé Medina), prêchée à Verruapar l’abbé Paul Schoonbroodt, curé deSteffeshausen (Belgique), du 6 au 11 mai,celles ensuite pour les fidèles prêchées enFrance par l’abbé Giugni et l’abbé Cazalas(du 29 juillet au 3 août pour les dames et du 5au 10 août pour les messieurs) et en Italie parl’abbé Ricossa et l’abbé Nitoglia (du 19 au 24août pour les messieurs et du 26 au 31 aoûtpour les dames). Total des participants: 73.

S’ouvre également un nouveau champd’apostolat en Espagne: sans abandonnerArenas de Iguña, il y a peut-être la possibili-té de travailler à Barcelone, où l’abbéNitoglia s’est rendu du 21 au 26 juin, ren-contrant plusieurs prêtres et fidèles du pays.

Pour ce qui est des conférences pu-bliques: à Rome, l’abbé Ricossa a parlé le 20avril, sur le thème: La philosophie de la ma-çonnerie, l’abbé Nitoglia, le mois suivant,sur le thème des Rapports entre Judaïsme etMaçonnerie. L’abbé Nitoglia a présenté éga-lement le 11 juin à Alexandrie l’ouvraged’Emmanuel Ratier, Mystères et secrets duB’naï B’rith.

Après les offices solennels de la SemaineSainte et la fête de Pâques la bénédiction pas-cale a été donnée dans les maisons des particu-liers ainsi que dans plusieurs entreprises,parmi lesquels la Nuova Vermst et leMollificio Conte à Turin, la Meat-Doria àMoncalieri, la Cierre à S. Secondo di Pinerolo.

Presse. Des prêtres de l’Institut ont colla-boré aussi à d’autres initiatives dans le domai-ne des publications. Signalons ou rappelonsles préfaces de l’abbé Ricossa aux opusculesdu P. Louis-Marie de Blignières, L’infallibilitàdel Magistero ordinario, et L’insegnamento diGiovanni Paolo II, au livre d’Arnaldo VidigalXavier da Silveira sur la nouvelle messe, au li-vret de l’abbé Hervé Belmont L’esercizioquotidiano della fede, et celle de l’abbéNitoglia au livre du Père Isidoro da Alatri,Chi ha ucciso Gesù Cristo? Sur Le Fiamme

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(bulletin interne des Giovani ContinuatoriIdeali delle Fiamme Bianche di Savona, Viasan Lorenzo 5/1A, 17100 Savone) a été pu-bliée la Lettera di un sacerdote cattolico sullareincarnazione (de l’abbé Ricossa) et la ré-plique du directeur Paolo Sandra Petrolo,avec le titre explicite qui se commente de lui-même: A don Francesco Ricossa. Contro laChiesa... (cf. Le Fiamme, n° 5, juillet 1996). LaLettera de l’abbé Ricossa était une réponse àun article de Petrolo intitulé Chi ha pauradella morte (n° 3, p. 4, mai 1996) en faveur dela réincarnation et, d’une manière plus géné-rale, à la ligne neo-païenne et philo-ésoté-rique du journal (mais non de tous ses colla-borateurs, heureusement!). La revue CivitasChristiana a publié un article de l’abbéNitoglia et sur le numéro suivant un de l’abbéCazalas. Certamen d’Alexandrie, a publié unécrit de l’abbé Nitoglia sur “Le principe denon contradiction et la gnose”.

E. Ratier: Misteri e segreti del B’naiB’rith. Recensions (suite). Depuis le derniernuméro de Sodalitium nous devons signalerune augmentation des recensions au livre deRatier publié par le Centro LibrarioSodalitium. Une ample recension, parGianandrea de Antonellis, a été publiée surControrivoluzione (P. Martiri 10, Borgo SanLorenzo, Firenze, n° 41-42, déc. 1995-mars1996, pp. 46-47). Les revues Chiesa viva (V.

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Galilei 121, Brescia, n° 274, juin 1996, pp.12-15) et Teologica (V. Brenari 24/C, Udine,n° 3, mai-juin 1996, pp. 37-41) ont préférépublier l’article de présentation du livre quel’abbé Nitoglia publia en son temps pourSodalitium. Certamen a publié notre tractpublicitaire. Une simple mention, aucontraire, sur Pagine libere (n° 3, mars 1996,p. 51), sur Veritas (Bulletin du PrieuréMadonna di Loreto, n° 35, p. 11) et surOrientamenti Bibliografici 1996 (Edizioni IlCinabro) à la page 56. Mais, sans doute, larecension la plus importante, est celle paruesur le quotidien milanais Il Giornale du 3juin 1996, dans la mesure où elle est paruesur l’un des organes de presse les plus diffu-sés étranger à l’aire “traditionaliste”. Par laforce des choses la recension a été très...dis-crète, on ne pouvait ni espérer ni demanderplus. Le recenseur anonyme avait en effetécrit à l’une de nos connaissances: “...j’aireçu un très beau livre (...). J’ai seulement leregret de ne pas pouvoir le présentercomme je le voudrais, parce que sur ce sujetnous sommes revenus aux catacombes.Thème interdit, sous l’angle historiquecomme sous l’angle politique ou religieux.Prudemment on n’en parle pas... (...) Si celapeut nous consoler, le monitorage auquelnous sommes soumis n’atteint pas le dixiè-me de celui exercé en France. Voyez la pres-se d’hier et celle d’aujourd’hui. (...)”. Untrès vif merci au courageux recenseur!

Des mentions de Sodalitium ou del’Institut... sont parues sur le même numérode Controrivoluzione que celui ci-dessus (parPucci Cipriani, aux pages 61-62), et surCertamen (qui a publié la correspondanceéchangée entre l’abbé Nitoglia et le sénateurMancino), sur Ex novo (n° 2, avril 1996, p.22), sur le catalogue du Centro bibliograficoLa Cattedrale (de Cento, Ferrare), sur L’ulti-ma crociata, sur la revue suédoise Adoremusin æternum (vol. 19, n° 7-8/ 1996) et dans laréédition du livre de Epiphanius Massoneriae sette segrete: la faccia occulta della storia(editrice Ichtys, Albano Laziale). L’auteurnous a écrit: “J’ai cité Sodalitium, que jeconsidère comme la revue catholique qui ac-tuellement publie les meilleurs articles tantpar le niveau que par la rigueur documentai-re, aux pp. 530 et 582”. D’autres foisSodalitium n’est pas cité, mais on ne peut ex-clure son influence dans la diffusion desidées: l’article sur les protomartyrs romainsparu sur le Giornale du 30 juin 1996, dans la

Diaconat de M. l’abbé Stuyver à Raveau le 28 juillet

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toujours intéressante rubrique de RinoCammilleri, Il santo del giorno, nous apparaîtclairement inspiré de l’article de Mgr Benigni(Chi ha spinto Nerone a perseguitare i cristia-ni?) publié sur le dernier numéro de notrerevue. Signalons enfin aux lecteurs de langueespagnole que plusieurs des meilleurs articlesde Sodalitium ont été traduits en espagnolpar Félix Sesma Cabido et peuvent être de-mandés à son adresse: Paseo del Triunfo, 92,4°, 2a, 08005 Barcelone, Espagne.

Naissance de Sodalizio Cattolico. Le 29septembre, au siège de l’Institut à VerruaSavoia, s’est tenue la réunion de fondation del’association Sodalizio Cattolico. Après lamesse célébrée par l’abbé Ricossa, PaoloBaroni, de Ferrare, a expliqué aux nombreuxparticipants la nature de la nouvelle associa-tion et les motivations qui ont incité des mili-tants catholiques ferrarais à lui donner nais-sance; il a ensuite donné lecture des statuts deSodalizio Cattolico, qui reproduisent ceux ducélèbre Sodalitium Pianum de Mgr Benigni,statuts que le procès de canonisation de St PieX définit “sans aucun doute louables” dans lalettre et dans l’esprit, et correspondant “auxidées et aux intentions de Pie X, qui voulaitramener le monde à la pleine restaurationdans le Christ, sans aucune compromission”.Après le repas, l’abbé Ricossa a parlé sur lethème L’apostolat des laïcs d’après les docu-ments du magistère pontifical, expliquant com-ment les échecs de nombreux mouvementscatholiques pourtant méritoires sont à recher-cher dans “l’hérésie de l’action” et dans une“émancipation” malentendue du laïcat par lahiérarchie catholique et par son magistère.Après avoir discuté sur les futures activités deSodalizio, les participants ont mis fin à leurréunion en récitant le saint Rosaire devant leSaint-Sacrement exposé à l’adoration des fi-dèles. Nombreux étaient les présents venusdes régions voisines (Piémont, Lombardie,Ligurie et Emilie-Romagne). L’Institut MaterBoni Consilii, qui assure l’assistance spirituel-le du nouveau mouvement , adresse sesmeilleurs vœux à Sodalizio Cattolico, qui adéjà commencé son activité (même avant denaître!) par une distribution de tracts contrel’avortement à Bologne le 9 septembre, touten précisant qu’il s’agit de deux réalités abso-lument distinctes et indépendantes l’une del’autre. Pour ceux qui désirent entrer encontact avec Sodalizio Cattolico au moyend’Internet, voici les coordonnées:HTTP://WWW.4NET.COM/SODALI et,

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pour la poste électronique E. Mail: [email protected]. Sodalitium présente sesvœux à Sodalizio et... qui vivra verra!

Simone Weil, le Père Guérard des Laurierset Mgr Ravasi. L’exégète néomoderniste, MgrGianfranco Ravasi, est tristement célèbre, égale-ment par la récente polémique avec le papyro-logue Thiede sur la datation et l’historicité desEvangiles (dans laquelle, paradoxalement maisnon trop par les temps qui courent, le prêtre “ca-tholique” Ravasi combat ces Evangiles que le sa-vant acatholique Thiede défend!). Sur le Sole-24ore (9 juin 1996, p. 26) Ravasi recense favorable-ment la nouvelle édition du livre de l’écrivainjuive Simone Weil, Lettre à un religieux, par lamaison d’édition Adelphi. La “lettre” fut écritepar Weil au Père Couturier (l’un des pères del’œcuménisme) sur le conseil de Maritain, etresta sans réponse. On sait que l’écrivain, bienqu’attirée par le Christianisme, mourut sansavoir reçu le baptême. Et cela, d’une manièrecompréhensible, puisqu’elle écrivit: “Quand je lisle catéchisme du Concile de Trente, il me semblen’avoir rien en commun avec la religion qui y estexposée” et encore “Chaque fois qu’un hommea invoqué avec un cœur pur Osiris, Dionysos,Krishna, Bouddha, Tao, etc, le Fils de Dieu a ré-pondu en lui envoyant l’esprit Saint. Et l’Esprit aagi sur son âme, en ne l’obligeant pas à abandon-ner sa tradition religieuse, mais en lui donnant lalumière à l’intérieur de cette tradition”. A telpoint que le Père Couturier trouva indigestes lesthéories de Weil. En Italie, ce fut l’éditeur Borla,

M. l’abbé Gustave Delmasure

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en 1970, qui publia la “lettre”, à laquelle fut ajou-tée la réponse que ne donna pas le PèreCouturier. Il fut demandé à un autre théologiendominicain, le Père M.-L. Guérard des Lauriers,de répondre à l’écrivain désormais disparue; et ille fit avec sa compétence et sa doctrine bienconnue. Mgr Ravasi, naturellement, n’est pas ducôté du Père Guérard, mais de celui de SimoneWeil: “La version que j’avais sous la main étaittrès mauvaise et pleine de lacunes; le commentai-re était confié à une postface prolixe (sic) de G.des Lauriers (sic), élaborée suivant les stéréo-types d’une apologétique traditionnelle tout à faitincapable de comprendre le langage, l’esprit etles perspectives de Weil. (...) Le problème est devoir combien sont vastes les marges de compati-bilité et de dialogue, non certes avec une théolo-gie catholique fondamentaliste ou presque (sic)(ici la tension est automatique et la “réponse”citée de des Lauriers en est la contre-épreuve)mais avec une authentique pensée ecclésiale(sic), capable d’un regard herméneutique àl’égard de son langage et à celui de Weil”.Naturellement, pour Ravasi, la phrase susmen-tionnée de Weil n’est pas incompatible avec “uneauthentique pensée ecclésiale”, “comme le dé-montre l’actuelle ‘théologie des religions’ déve-loppée aussi dans la sphère catholique” à partirde Vatican II. Un autre point de contact, donc,entre le néomodernisme de Vatican II et la caba-le juive. Apparemment, en effet, Simone Weilrenie la religion dans laquelle elle est née, pouradmirer le paganisme classique et le christianis-me. En réalité, comme l’écrit pertinemmentPietro Citati sur La Stampa du 13 septembre (p.26), “Simone Weil, Cioran, Pessoa, étaient gnos-tiques”. Et le même Citati, renvoyant à son livreLa luce della notte (Mondadori), n’hésite pas àassocier la Gnose et la Cabale juive (ibidem);Pessoa et Weil étaient donc fidèles à leur “tradi-tion”. Notons en passant que Simone Weil unitdes progressistes, comme Ravasi, et des “traditio-nalistes” (ésotériques) comme Mario BernardiGuardi, lequel exalte Weil sur le Secolo d’Italiadu 11 juin 1996 (p. 15) en la plaçant, non à tort, àcôté de Gustave Thibon, René Daumal,Augusto Del Noce (?), Elèmire Zolla, CristinaCampo et Alfredo Cattabiani. Tout cela pouréclairer les idées sur la différence abyssale quiexiste entre la tradition catholique et la traditioncabalistico-maçonnique (faite sienne aussi parVatican II et ses épigones).

Une œuvre d’art à Turin. Nous sommesheureux d’annoncer que depuis le 26 juin,dans notre Chapelle de la via Thesauro àTurin, est exposé un chef-d’œuvre de l’art

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sacré contemporain: L’Eglise Catholique,grand tableau du peintre Ottavio Mazzonis.Nous devons à la générosité de l’artiste, quenous remercions chaudement, la possibilitéd’admirer cette œuvre, et de la faire admirerà nos fidèles. Le maître Ottavio Mazzonisest l’un des rares peintres d’aujourd’hui quicultive l’art sacré en obtenant des résultatsen mesure de supporter la comparaison avecles plus grands du passé. La décadence mo-derne du sentiment religieux a nui égale-ment à la glorieuse tradition de l’Eglise dansle domaine de l’esthétique. C’est un récon-fort, donc, que demeurent des exceptionscomme la toile de Mazzonis; c’est un récon-fort et une espérance. C’est au tableau quireprésente, avec les quatre évangélistes, lesApôtres Pierre et Paul réunis près de laCroix, et qui a été béni précisément le jourde la fête des Apôtres, qu’est dédiée la cou-verture de ce numéro de Sodalitium.

Premières Communions et Confirmations.Le 13 avril, à Raveau, l’abbé Giugni a donnéla Première Communion à Jeanne Langlet.Le 26 mai, à l’Oratoire du Sacré-Cœur deTurin, Chiara Sardi et Fabrizio Cicerale ontreçu Jésus pour la première fois, tandis que le15 juin, Antonino Severino, accompagné dansce long voyage par ses parents et son petitfrère, a communié pour la première fois àVerrua Savoia des mains de l’abbé Cazalas.

Le 24 avril Mgr Dolan a administré le sa-crement de Confirmation à Maranello(Modène) aux fidèles de ce lieu et à ceux deFerrare. Le lendemain il l’a conféré àVerrua Savoia.

Mariages. Le 13 juillet 1996, à Thoiry-Saint-Genis (France), l’abbé Ricossa a bénile mariage de Jacques et Marie LiliaWaizenegger. Le lendemain, durant la messedominicale à Annecy, les époux ont reçu labénédiction nuptiale. A ces nouveaux épouxet aux familles Waizenegger et Torres, vontles vœux sincères de Sodalitium. MassimoDini et Gloria Tamagnini ont contracté ma-riage dans l’église de san Francesco àMarciana Marina (dans l’île d’Elbe) précisé-ment le jour de St François, devant l’abbéRicossa. Les époux se sont préparés à cetteimportante décision en faisant tous deux, cetété, les Exercices Spirituels de Saint Ignace.

Défunts. Ainsi que nos lecteurs le savent,les prêtres de l’Institut assistent aussi spirituel-lement les malades de la maison de soins voisi-ne Villa Iris II, de Verrua Savoia (dont les lo-caux ont reçu la bénédiction pascale de Mgr

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Dolan le 26 avril). Dans ce contexte, nous re-commandons à vos prières l’âme de MariaAstolfi, qui assistait toujours à la Sainte Messeet dont les funérailles ont eu lieu le 9 avril, ainsique celle d’Elena Rovere. Ayant reçu les der-niers sacrements, cette dernière est morte le 27mai et l’abbé Giugni a célébré ses funérailles le29. Elle a été enterrée à Verrua Savoia. Elleétait de Verrua (mais vivait à Turin) de mêmeAdele Gallardo Zanero, décédée à Ivrea aprèsune longue maladie. L’abbé Nitoglia ne man-quait pas de lui rendre souvent visite, consta-tant, avec l’augmentation de ses souffrances,l’augmentation de la foi et de la paix dans lachère malade, qui s’est présentée à Dieu muniede tous les saints sacrements. A Modène, le 11avril, est décédée à plus de cent ans, NatalinaCasati Rollieri; l’abbé Ricossa lui apportaitsouvent les saints Sacrements. Le premier mai,à Rome, est décédé Simone Nitoglia, père dedon Curzio, qui a pu se rendre à Rome, pouradministrer à son père les derniers Sacrementset l’assister durant les derniers jours de sa ma-ladie. Tout l’Institut se rassemble autour dedon Curzio, de Madame Nitoglia et de toute safamille en ce moment de douleur, adouci etconsolé par le souvenir de la dévotion et de laconfiance en Dieu avec laquelle SimoneNitoglia s’est présenté devant Son Sauveur. Le9 juillet est mort à Orio Canavese GiustoSivier. Le 5 juillet il avait reçu les derniersSacrements, et le 11 du même mois l’abbéNitoglia a célébré ses funérailles dans la vieillecure d’Orio. L’Institut doit beaucoup àMonsieur Sivier et à son épouse. Depuis ledébut il a été parmi les plus proches voisins,mettant son expérience à notre disposition(pendant de nombreuses années il travaillapour la RAI avec la tâche de diriger la créationde nouveaux sièges) pour les maisons deNichelino, d’abord, et de Verrua ensuite. Maissurtout, il doit être considéré comme un des“pères” du séminaire. Avec une grande géné-rosité, les époux Sivier mirent à notre disposi-tion une partie des locaux de la vieille cured’Orio, dont ils sont propriétaires, pour y ins-taller la séminaire naissant de l’Institut, qui estresté à Orio jusqu’à l’achat de la maison deVerrua. Même encore après, ils ont toujoursfait partie de notre “grande famille” nous ac-cueillant souvent à Orio ou à Turin, ou en ve-nant eux-mêmes à Verrua; chaque année, ilsfêtaient au mois d’octobre leur anniversairechez nous. A son épouse Olga, avec toutenotre affection, nous joignons la promesse denos prières pour son mari. Son corps repose à

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Orio Canavese. Le 11 septembre, à Cannes,Dieu a rappelé à Lui l’âme de Son prêtre,l’abbé Gustave Delmasure. Né dans le nord dela France, il exerça pendant de longues annéesson ministère sacerdotal en Algérie. Contraintà rentrer en France, il devint curé de Théoule-sur-Mer, conservant, après Vatican II, la Messede son ordination et la fidélité à la doctrine del’Eglise. Depuis 1982 où il avait quitté sa pa-roisse, il desservait la chapelle Notre-Dame desVictoires à Cannes et, avec un grand zèle apos-tolique, il célébrait la Messe aussi à Digoin et àBourg-la-Reine (près de Paris), et aidait lePère Barbara dans son ministère à Tours.Même curé, il a toujours témoigné ouverte-ment la foi catholique, rejetant les hérésiesnéomodernistes et leurs responsables, en affir-mant que, par conséquent, il ne pouvait pas re-connaître l’autorité ni être en communion avecPaul VI et Jean-Paul II. Durant ces trente der-nières années, de grandes souffrances phy-siques et morales et de lourdes croix à porterne lui ont pas manqué! Il fut l’un des premiersprêtres à nous rendre visite à Nichelino, déjàen 1986, après notre rupture avec la Fraternité.Depuis ces dernières années il a été très prochede l’Institut Mater Boni Consilii, faisant chaqueannée chez nous les Exercices Spirituels prê-chés par le Père Barbara, et en participant auxOrdinations; ce fut l’abbé Delmasure qui prê-cha la retraite spirituelle à l’abbé Giugni avantson ordination sacerdotale. Quand il était ab-sent de Cannes il nous demandait de le rem-placer, comme nous l’avons fait durant toute sadernière maladie. L’abbé Giugni lui a adminis-tré le Saint Viatique le 8 septembre, et l’abbéNitoglia, aidé de l’abbé Cazalas et de nos sémi-naristes, a célébré ses funérailles dans son ex-paroisse de Théoule le 16 septembre. Noussommes reconnaissants à l’égard de l’abbéDelmasure, pour son exemple, pour le bienqu’il nous a fait à nous et à tant d’âmes quil’ont suivi avec affection et confiance, pour safidélité à l’Eglise catholique; nous ne l’oublie-rons pas dans nos prières. Requiem æternamdona eis Domine, et lux perpetua luceat eis.Requiescant in pace, amen.

A ne pas manquer dans le prochain numéro:

Une recension du livre de Roger Garaudy“Les mythes fondateurs de la politique is-

raélienne” ainsi qu’une réplique au texte deM. l’abbé Marcille sur le magistère.

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Tours: rue d’Amboise. Ste Messe tous lesdimanches à 10h30. Tel.: 02.47.39.53.73.

ITALIEVerrua Savoia (TO): Istituto Mater Boni

Consilii - Località Carbignano, 36. Tél. del'Italie: (0161) 83.93.35 - Ste Messe: en se-maine à 7h30. Salut du Saint-Sacrement:tous les vendredis à 21h. Heure Sainte: lepremier vendredi du mois à 21h.

Turin: Oratoire du Sacré-Cœur, via Thesauro3/D. Dimanches: Confessions à 8h30. Messechantée à 9h. Messe basse à 11h15. Tous lesjeudis et les premiers vendredis du mois:Messe à 18h15. Confessions à 17h30.

Valmadrera (Como): via Concordia, 21. Tél.de l'Italie (0341) 58.04.86. Ste Messe le 1eret 3ème dimanche du mois à 10h. Confes-sions à 9h30.

Maranello (Modena): Villa Senni. Strada perFogliano. Tél. de l'Italie: (0536) 94.12.52.Ste Messe tous les dimanches à 11h.

Bologne: Ste Messe le 3ème dimanche dumois. Téléphoner à Verrua Savoia.

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ESPAGNEArenas de Iguña: n° 90 Carretera General

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