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20 ans de Francofolies. Supplément Moustique du 10 juillet.

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III

Happy Francofolies

’est d’abord un rendez-vous. Un ren-dez-vous entre un lieu et un public qui, depuis vingt ans, ont appris à ne plus se passer de ce moment qui,

après dissipation des brumes matinales, res-semble à l’été. Les Francofolies de Spa, malgré les aventures météorologiques qui font que notre pays n’en est pas un autre, c’est d’abord l’été. Un moment de l’année où les plaisirs, même les plus minces, prennent une saveur unique.

Parmi ces plaisirs, la musique reste centrale, et lorsqu’on va aux Francos, on sait qu’elle est partout. Sur scène, bien sûr, où se joue la ré-putation du festival, mais aussi dans l’air de la ville et dans le regard des visiteurs qu’il ne faut pas beaucoup pousser pour pousser la chan-sonnette. La convivialité des Francofolies (dont on sait qu’elle est du même niveau à La Rochelle ou à Montréal, matrices originelles) ne serait rien sans les artistes qui font halte ici. Certains sont des habitués, certains y ont élu scène à vie (c’est évidemment le cas de Pierre Rapsat), certains n’en reviennent pas...

Partenaire privilégié des Francofolies de Spa, Moustique a depuis toujours installé ses quar-tiers au festival qui reste aussi un point de ren-contres avec ses lecteurs dont on sait - hé oui, qu’on le sait - combien ils aiment la musique. Et comme il n’y a pas d’anniversaire sans ca-deau, cette vingtième édition des Francos se fera donc avec, sous le bras, ce supplément qui reprend toutes les grandes interviews des têtes d’affiche programmées cette année. En bonus exclusif, la rencontre des lecteurs de Moustique avec Pascal Obispo animée par Luc Lorfèvre. Il y a quelques années, on aurait hésité à souhaiter “Happy birthday” à cet évé-nement qui se veut le lieu de convergence de la chanson française. Aujourd’hui, on se dit qu’il faudrait être bête pour ne pas le faire, alors oui: bon anniversaire.

hSébastien Ministru

SOMMAIREPascal Obispo: la rencontre avec les lecteurs de Moustique IV

Lou Doillon: “Je vais en prendre plein la gueule” VIII

Benjamin Biolay: “L’humour en musique m’emmerde” X

Puggy: “Oui, on rêve de remplir des stades” XII

Raphael: “Je dors parfois avec ma guitare” XIV

Grand Jojo: “Un jour, j’ai fait un disque d’ambiance” XVI

Saule, géant aux pieds d’argile XX

Charles Gardier: “J’ai eu de belles discussions avec Bashung” XXII

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Ce supplément Moustique est une publication de Belgium S.A. Stationsstraat 55, 2800 Mechelen. Tél.: 015/67.78.00.

Rédacteur en chef Jean-Luc Cambier - Rédacteur en chef adjoint Sébastien Ministru - Coordination Luc Lorfèvre Photos PhotoNews, Reporters Correction Florence Michaux - Directeur artistique Marc Sterkendries - Mise en pages Franz Vanoverloop - Éditeur responsable Jean-Luc Cambier Administrateur délégué Aimé Van Hecke - Business director segment Karen Hellemans

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IV 10/07/2013

F R A N C O S 20 ANS I N T E R V I E W

LES LECTEURS DE MOUSTIQUE ONT RENCONTRÉ

Pascal Obispo

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V

Les Lecteurs de Moustique ont rencontré

Pascal ObispoSacré faiseur de tubes, il s’offre une tournée best of et un concert juke-box sur la scène Rapsat. Il a répondu à toutes les questions de ses fans.

asca l Ob ispo soumis au feu des questions de nos lecteurs ou, pour être plus précis, de nos lectrices? L’occasion était trop belle pour ne pas ê t r e saisie. Paru en janvier dernier,

le best of “Millésimes” a offert un généreux bilan des vingt ans de carrière du chanteur. Et, avant son concert apothéose aux Francofolies de Spa, sa tournée en salle lui a permis de constater que la relation de confiance qu’il entretient avec son public était toujours solide . Et ce, malgré quelques modifications de parcours qui ont pu dérouter la critique (on pense à son projet “Welcome To The Magic World Of Captain Samouraï Flower” en 2009, ou à son improbable retour à l’exercice de la comédie musicale en 2010 avec Adam et ève: la seconde chance).

Pour avoir été le témoin privilégié de plusieurs rencontres de ce genre entre un artiste et son public, nous savons aujourd’hui qu’elles recèlent un enseignement primordial. Quand un chanteur donne son feu vert pour une telle initiative, c’est qu’il a envie de profiter pleinement de ce moment et qu’il ne se cachera pas derrière une carapace ou une langue de bois. Obispo confirme la règle. C’est avec une franchise et une disponibilité rares qu’il s’est ainsi dévoilé à Laurence, Myriam, Auriane, Sandrina, Françoise, Valérie, Céline, Chrystelle et Michèle dans les coulisses de son show complet au Cirque Royal, le 17 mars dernier.

Entre deux conf idences, i l a demandé si ces dames comptaient assister à son concert. Constatant que la plupart d’entre elles n’avaient pas pu dénicher un ticket malgré tous leurs efforts, il a alors invité toute l’assemblée à son spectacle avant de prendre la pose pour des photos plus personnelles. Et ça, on peut vous dire que c’est peu commun.

“Je cRoIS avoIR déJà exploSé touS leS quotaS de RêveS qu’un aRtISte peut avoIR.”

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VI 10/07/2013

F R A N C O S 20 ANS PA S CA L O B I S P O

kComment qualifieriez-vous la relation qui vous unit à votre public?PASCAL OBISPO - Pour moi, et même après vingt ans de carrière, il s’agit toujours d’une relation aussi inattendue que privilégiée. Je reconnais parmi vous des visages que j’ai vus lors de mes premiers passages en Belgique. Sincèrement, je ne sais pas ce que j’ai fait pour ça, car je n’ai rien non plus du mec sans défaut ou de l’artiste qui reproduit sur disque ou sur scène les mêmes choses, sous prétexte que ça a fonctionné une fois. Je crois même que mon honnêteté et ma sincérité m’ont joué des tours. Je n’ai pas d’explications rationnelles à vous donner. Je pense qu’on retrouve beaucoup de moi dans mes chansons. Comme disait Jean-Paul Sartre, “je suis ce que je fais”. J’ai l’impression de ne jamais avoir mis de distance avec le public et de n’avoir jamais triché.

k Êtes-vous nostalgique d’une période de votre carrière?P.O. - Non, car ce que je vis en 2013 est formidable. Mon dernier album “Millésimes” est une compilation qui retrace tout mon parcours et le public n’a jamais été aussi nombreux pour venir m’écouter. Avec cette tournée, ce n’est pas un spectacle que je propose, c’est un rendez-vous.

kQuel est le truc le plus fou qui vous soit arrivé en plein concert?P.O. - Voici un an, je suis tombé sur les spectateurs des premiers rangs alors que je chantais Tombé pour elle. Le public croyait que ça faisait partie du spectacle et a applaudi, alors que j’avais très mal. Je me suis démis le genou et le poignet.

kQuel souvenir gardez-vous de votre premier passage à Forest National en 1996, en première partie de Céline Dion?P.O. - Je ne m’étais jamais produit devant autant de monde. J’étais ému, mais je me disais aussi: “Ce serait chouette de le faire tout seul”.

k Vous arrive-t-il d’être blasé?P.O. - Non, parce que je suis toujours surpris de l’accueil du public. Avec cet te dern ière tournée, j ’a i l’impression de retrouver la folie des concerts qui ont suivi mon album

“Superflu” en 1996. Cet engouement place aussi la barre très haut. Je ne peux pas me contenter de faire un concert best of en roue libre. Je chante les mêmes chansons, certes, mais ça ne suffit pas, il faut donner autre chose.

k Sur la scène de Châteauroux, le 15 août 2007, vous aviez annoncé qu’il s’agissait de votre dernier concert. Qu’est-ce qui vous a pris?P.O. - Si je me souviens bien, c’était la fin de ma tournée avec le projet “Captain Samouraï Flower”. À cette époque, je travaillais avec des copains qui passaient beaucoup de temps aux États-Unis. J’ai songé à les suivre, j’avais des envies de bougeotte. Il y a des moments en tournée où on a le blues. C’est inévitable. Tailler la route, c’est éprouvant d’un point de vue physique mais aussi mental. Ça m’est

arrivé de penser à arrêter de faire des tournées, alors qu’en fait, c’est la scène qui m’apporte le plus de bonheur, avec ma vie de famille.

kHormis la musique et votre famille, qu’est-ce qui vous fait craquer?P.O. - Le vrai truc qui me fait craquer, ce sont les mômes. Pour eux, je ne peux pas dire non. Pour eux, je veux bien rester plus longtemps que prévu après le concert pour des dédicaces ou des séances de photos. D’habitude, je laisse les gens me photographier, mais avec les gosses, je prends tout le temps de poser avec eux. Quand un gosse me sollicite, j’essaie toujours de dire oui.

kAvec le recul, quel regard portez-vous sur votre projet avant-

“LE VRAI TRUC QUI ME FAIT CRAQUER, CE SONT LES MÔMES.”

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VII

gardiste “Welcome To The Magic World Of Captain Samouraï Flower”?P.O. - Attention! C’est très loin d’être un projet avant-gardiste. Je ne suis pas le premier à enregistrer un album concept pour défendre une cause. Pour ne pas faire un truc plombant, j’ai écrit “Welcome To The Magic World Of Captain Samouraï Flower” comme un conte imaginaire. Je voulais raconter une histoire qui suscite la réflexion mais ne soit pas barbante pour autant. Avec le recul, je me dis que c’était sans doute plus destiné aux enfants qu’aux adultes.

k Quel est l’environnement le plus propice pour écrire vos chansons?P.O. - J’ai besoin d’être seul avec mon piano et de me sentir en manque.

k Lequel de vos albums souhaiteriez-vous que les enfants des futures générations découvrent sur les bancs de l’école?P.O. - Ce serait trop d’honneur que de voir un de mes disques inscrit dans un programme scolaire. Je ne pense pas avoir enregistré un album plus sérieux qu’un autre. Dans chacun de mes disques, on trouve des chansons légères, d’autres qui explorent des thèmes de société plus profonds ou qui défendent des valeurs qui me sont chères. Pour réunir mes morceaux les plus réfléchis, il faut peut-être puiser une ou deux fois dans chacun de mes CD. Ceci dit, je connais des profs qui ont fait écouter “Welcome To The Magic World Of Captain Samouraï Flower” dans leur classe afin de sensibiliser les enfants

à la protection de l’environnement. On m’a aussi rapporté que ma chanson Rosa (sur Rosa Parks, couturière noire, considérée comme la mère des droits civiques américains après son refus en 1955 de céder son siège d’autobus réservé aux Blancs - NDLR) avait servi d’apprentissage ludique à la problématique du racisme et de la ségrégation. C’est aussi pour ça qu’on fait des chansons...

k Quelle est la personnalité qui vous a le plus marqué?P.O. - Comme artiste, j’existe grâce à mes idoles. Je pense à Michel Berger, Serge Gainsbourg, Michel Polnareff, Christophe, Jean-Jacques Goldman, Julien Clerc ou encore Paul McCartney que j’ai rencontré brièvement.

k Avez-vous des rêves professionnels qui ne se sont pas encore réalisés?P.O. - Mon prochain album est un rêve non réalisé. J’ai encore plein de choses à faire en musique. Le fantasme le plus fou qui me comblerait aujourd’hui? Que la chanteuse Adele entende Obispo à la radio, qu’elle aime et m’appelle pour me demander de lui écrire une chanson. Ce serait cool, non? Mais je n’ai pas à me plaindre. Je crois avoir déjà explosé tous les quotas de rêves qu’un artiste peut avoir.

k Dernière question, quel rapport entretenez-vous avec le chiffre “23”? Vous l’inscrivez en marqueur noir sur votre main.P.O. - Vous voulez tout savoir? Je suis quelqu’un d’assez terrien. Je ne crois pas forcément en Dieu, mais plutôt aux actes que nous posons. Mais depuis cinq ans, j’ai ce chiffre qui revient sans arrêt. C’est un truc de fou. Sans que cela soit programmé, mon album sort le 23, mon single sort le 23. J’ai fait mon premier Vivement dimanche un 23, à 23 jours de la première date de ma tournée. Je dois me rendre chez mon kiné? Il habite au numéro 23, etc. Et je ne vous raconte même pas des choses encore plus privées.

hhLuc Lorfèvre et surtout les lectrices de Moustique

Samedi 20 juillet, place de l’Hôtel de Ville, Scène pierre rapSat, 22 H.

“Je ne crois pas en Dieu, Je crois aux actes que nous posons.”

Pascal ObIsPOmilléSimeS universal

Les lectrices de Moustique et Pas-cal Obispo, avant son concert du 17 mars dernier, au

Cirque Royal.

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VIII 10/07/2013

LO U D O I L LO N

est plate et que je suis à l’extérieur, ça me déprime tellement que je prends un taxi pour rentrer chez moi et la re-charger. C’est sans doute pour cette raison que j’ai attendu si longtemps pour enregistrer ce disque. Je savais que ça allait compter pour moi.

kDaho baigne dans la pop et vous, c’est le folk. C’est pour ça que ça fonctionne bien entre vous?L.D. - Dès le départ, Étienne Daho m’a confié qu’il n’écoutait pas souvent ce genre de musique. Il aimait mes chansons, ma voix, mes textes et a travaillé comme un producteur. Ce n’était pas le plan “je vais en faire ma muse”. En écoutant mes maquettes, une firme de disques m’aurait proposé de travailler avec un obscur chanteur folk américain, alors que moi, ce que je voulais, justement, c’était de confronter ma musique folk et inti-miste à un autre univers. Le plus beau compliment, c’est quand on me dit qu’on ne reconnaît ni ma voix, ni la patte d’Étienne sur ce disque.

tout juste trente ans, Lou Doillon franchit le Rubicon en chantant et s'impose de manière aussi inespérée que bluffante. Fan numéro un, sa maman nous avait déjà prévenus voici quatre ans. “Vous croyez qu’elle est faite pour le ci-néma ou les défilés? Mais attendez d’écouter ses chansons. C’est un vrai

talent. Il faut simplement qu’elle se jette à l’eau”, nous avait alors confié Jane Birkin. Effectivement, “Places” n’est pas la récréation d’une égérie un peu trop gâtée mais bien une révéla-tion. Pour nous. Pour vous. Pour Lou.

kComment vous est venue l’idée de faire un album à 30 ans?LOU DOILLON - Le responsable, c’est Étienne Daho. Sans lui, je n’aurais eu ni la force ni l’audace de le faire. Non seulement Étienne m’a entourée moralement et musicalement, mais il a aussi réussi à me faire croire que j’étais quelque chose de précieux.

Comédienne, mannequin, fille de... Elle avait de bonnes raisons pour ne pas enregistrer ce disque. Et pourtant, c’est une réussite magistrale.

Étienne est un ami de la famille et il avait entendu des maquettes où je chantais en m’accompagnant de la guitare. Il y a environ deux ans, il m’a dit: “Je suis fan et je crois que d’autres vont devenir fans à leur tour”. J’étais dans une mauvaise passe à cette époque de ma vie, je n’avais pas confiance en moi, mais j’avais confiance en lui.

kD’où vient ce manque de confiance?L.D. - Comme “fille de” ou “belle-fille de”, j’en ai pris plein la gueule. Ça m’est arrivé comme mannequin, comme actrice ou comme comé-dienne au théâtre. Alors, Lou Doillon qui sort un disque, je vous laisse imaginer ce que ça peut provoquer comme réactions. Pourtant, la raison de ma peur est à chercher dans mon rapport à la musique. Je respecte la musique plus que le cinéma, la mode ou le théâtre. J’en joue depuis que je suis toute petite, j’en écoute tous les jours. Quand la batterie de mon iPod

“Je vais en prendre plein la gueule”

PREMIÈRE PARUTION5 septembre 2012

À la veille de la parution de son premier album solo (à trente

ans) réalisé par Étienne Daho, Lou Doillon répond aux questions

de Moustique avec un brin d’anxiété. Un succès public et critique

plus tard, on se dit que la belle avait tort de douter d’elle. Nous,

on avait compris dès la première écoute: “Places” n’est pas la

récréation d’une égérie un peu trop gâtée, mais bien la révélation

d’une vraie vocation.

VENDREDI 19 JUILLET, VILLAGE FRANCOFOU,

SCÈNE PROXIMUS, 18H30.

F R A N C O S 20 ANS

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IX

“SERGE GAINSBOURG EST LE JUDAS DE MA VIE.”

kPlusieurs chansons de votre album tournent autour de l’ambi-guïté des relations humaines. La normalité vous effraie-t-elle?L.D. - J’ai toujours été fascinée par l’ambiguïté parce que j’ai été élevée dedans. Je suis née d’une femme qui vivait avec un homme, mais en aimait encore un autre. Jacques Doillon, mon père, n’a réalisé que des films sur le thème des relations triangulaires. Aujourd’hui encore, je suis incapable de lire des romans à l’eau de rose ou de regarder des films manichéens avec un héros et des méchants. Pour moi, les choses ne sont jamais comme elles devraient l’être. Ce qui est anormal comme situation pour les autres, c’est ma réalité. Je suis moi-même très ambiguë. Tous ceux qui me connaissent vous diront qu’il y a un très grand écart entre l’image que l’on a de moi et la femme que je suis.

kDans les colonnes du Nouvel Observateur, vous dites que Serge Gainsbourg est le Judas de votre vie. C’est dur, non?L.D. - Je pense à Judas dans le sens noble du terme. Serge Gainsbourg ne m’a pas trahie, mais tout en étant très proche de moi, il a eu un pouvoir presque destructeur. Ma mère a eu trois enfants avec trois maris diffé-rents. Mais on n’évoque jamais qu’un de ses enfants et qu’un seul de ses compagnons, comme si les autres n’existaient pas. L’autre jour, je prends un taxi, le chauffeur me dit qu’il admire mon père et commence à me parler de Serge Gainsbourg. C’est très dur, car mon père, c’est Jacques Doillon, pas Serge. Gainsbourg est devenu un dieu, j’ai beaucoup de res-pect pour son œuvre, mais comme tout grand artiste, il avait un côté manipulateur et prenait beaucoup de place. Il pouvait aussi se montrer très cruel. Je me souviens qu’un jour, il a dédié sa chanson Vieille canaille (avec le refrain “Je serai content quand tu seras mort, vieille canaille”) à mon père. Les quinze premières années de ma vie, je les ai passées à côté de ma mère qui me parlait d’un homme qui n’était pas mon père et qui chantait ses chansons. Alors oui, c’est un peu le Judas de ma vie.

h Luc Lorfèvre

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X 10/07/2013

“L’humour en musique, F R A N C O S 20 ANS B E N J A M I N B I O L AY

PREMIÈRE PARUTION 31 octobre 2012

C’est dans les studios bruxellois de l’ICP, là même où il a enregistré son

magnifique “Vengeance” et l’album de Vanessa Paradis, que Benjamin

Biolay nous accueille. Sans être citée, notre capitale a eu sa petite influence

sur ce disque qui rappelle que derrière ses talents d’orchestrateur et de

parolier se cache aussi un fan de hip-hop et de guitares trash.

JEUDI 18 JUILLET, VILLAGE FRANCOFOU,

SCÈNE PROXIMUS, 18H30.

Artiste trop doué pour ne pas être jalousé, il tient sa “Vengeance” avec un album qui se mange froid mais qui nous tient au chaud.

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XI

“ L’humour en musique, ça m’emmerde”dolescent, quel est le premier disque que vous avez acheté?Benjamin Biolay - J’ai honte de l’avouer, c’était un album du groupe de hard rock FM américain Journey que j’ai déniché dans une brocante pour 50 centimes. C’est la pochette qui m’a attiré. Mais quelle daube!

k Vous avez appris le trombone à coulisses avant de jouer dans un groupe de rock. Regrettez-vous parfois de n’avoir pas persévéré dans ces deux expériences?B.B. - J’aurais peut-être voulu aller plus loin avec mon premier groupe rock, juste pour comprendre la dynamique d’une formation de musiciens. J’en ai discuté avec Carl Barât lorsqu’on s’est rencontrés pour la première fois à Bruxelles voici un an. On ne s’en rend pas compte en Belgique ou en France, mais pour toute une génération de fans de rock, Carl Barât restera toute sa vie l’ex-guitariste/chanteur des Libertines, le dernier grand groupe anglais. Quand on parle de la scène anglaise des années 2000 dans les encyclopédies, on cite les Libertines et Amy Winehouse. Il n’y a pas un jour sans qu’on pose à Barât une question sur les Libertines. Ce mec-là, il a un poids énorme sur les épaules.

k Et Benjamin Biolay, quel poids il a depuis le succès de “La superbe”?B.B. - Je n’ai aucun poids. Moi, on ne me propose pas un million de dollars pour reformer mon groupe comme on l’a fait avec Carl. Le succès de “La superbe” en 2009 m’a fait du bien, car il est arrivé au moment où je ne l’attendais plus. J’ai reçu deux Victoires de la musique (meilleur album, meilleur interprète) et j’ai dû en écouler 200.000 exem-plaires. Il y a des tas de chanteurs moins médiatisés qui font mieux que moi. “La superbe” n’a pas fait de moi un artiste populaire, mes chansons ne passent pas à la radio. Artistiquement, j’ai toutefois été touché par cette recon-naissance, car je n’avais pas fait d’effort pour arriver à un tel résultat. Mais je ne veux pas faire de “La superbe” un mètre étalon et me mettre la pression avec des objectifs de vente.

k Est-ce que vous faites de la musique aujourd’hui pour les mêmes raisons qu’à vos débuts?B.B. - Non. Aujourd’hui, j’apprécie le studio mais aussi la scène et le chant. Ça n’a pas toujours été le cas. Mon parcours artistique n’a été qu’une succession d’actes manqués. Quand j’ai enregistré “Rose Kennedy” en 2001, la voix était le cadet de mes soucis. Je voulais faire un disque de producteur, un album concept avec tout ce que ça implique comme choix esthétiques. Ce n’est qu’avec “Négatif”, en 2003, que j’ai commencé à me sentir bien comme chanteur. Quant à la scène, c’est vraiment avec “La superbe” que ça a décollé. Pour la première fois, j’ai oublié toutes mes angoisses.

k Vous dites que “Vengeance” sonne à 60 % comme vous l’avez imaginé. Quid des 40 % qui restent?B.B. - Pour moi, 60 % c’est le bon dosage, car c’est bien aussi de se laisser surprendre. Dans les 40 % qui restent, il y a 20 % qui sonnent complètement différent de ce que j’avais souhaité et 20 % carrément aux antipodes. Je ne m’attendais certainement pas à faire un morceau hip-hop comme Belle époque. De même, je n’ai jamais cru à la chanson Confettis jusqu’au moment où Julia Stone est venue chanter dessus. Dans les sons, j’ai moins élagué que dans le passé. On retrouvait déjà sur les maquettes de mes disques précédents ces sonorités new wave et cette grosse basse. Mais cette fois, j’ai tout gardé.

k Vous bannissez aussi toute forme d’humour dans vos albums. Vous n’avez pas envie de nous faire rire?B.B. - Même quand les grands artistes essaient d’être marrants, je trouve ça lourd. Obladi, oblada, ça m’a toujours fait chier, et pourtant je suis un grand fan des Beatles. Vous pouvez prendre mes disques au premier comme au quarantième degré, mais jamais au second degré.

k Juliette Gréco, avec qui vous avez collaboré en 2003, vous a conseillé publiquement d’apprendre à dire “non” et “merci”. Avez-vous retenu la leçon?B.B. - Encore aujourd’hui, je dis toujours plus facilement “merci” que “non”. Je ne sais pas dire non, même quand mon planning me forcerait à le faire. Je profite de toutes les belles opportunités qui se présentent. Agnès Jaoui vient de me proposer un rôle dans son prochain film et ça ne se refuse pas. C’est la raison pour laquelle ma tournée ne démarre qu’au printemps.

kDans le journal Le Monde, vous dites qu’une chanson ne sera jamais une solution. Ça ne l’a jamais été pour vous?B.B. - J’ai dit ça, moi? Je n’en suis pas certain. Je suis sûr qu’il y a des chansons qui ont empêché des gens de se balancer par la fenêtre. Notez qu’il y en a d’autres qui ont poussé certains à commettre l’irréparable. Pour moi, une chanson, c’est plus un besoin qu’une solution. J’ai dû écouter des milliards de fois l’album “The Miseduca-tion Of Lauryn Hill” car ce disque me fait profondément du bien.

k Vous avez toujours suscité des réactions extrêmes. On vous adule ou on vous hait, et souvent pour les mêmes raisons. Comment le vivez-vous?B.B. - Je pourrais vous répondre qu’en tant que concept artistique, c’est intéressant. Mais comme individu, c’est pénible, je ne m’y fais pas. Trop souvent, il y a une image tronquée qui se dégage de moi et qui est très loin de la réalité. Ça me chagrine, mais je ne suis pas dans “mon métier” toute la journée, donc ça va. En studio, en famille, je suis blindé et très heureux.

hhLuc Lorfèvre

“ Pour la Première fois, J’ai oublié toutes mes angoisses.”

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XII 10/07/2013

f r a n c o s 20 ans p u g gy

“ Oui, on rêve de remplir des stades. Et alors?”

vec son troisième album “To Win The World”, Puggy affiche clairement ses ambitions. Remplir quatre fois d’affilée l’Ancienne Belgique, s’attaquer à Forest National et confirmer son statut de groupe (plus ou moins) belge le plus bancable en France ne suffit plus au trio. L’Anglais Matthew Irons, le Suédois “Ziggy” Franzen et le Français Romain Descampe se sont donné les moyens de conquérir d’autres territoires. Et si le groupe a raison de mettre en avant le travail

du producteur anglais Elliot James (orfèvre du son pour Bloc Party et Two Door Cinema Club), c’est surtout grâce à la qualité de ses chansons que “To Win The World” fait la différence et s’impose déjà comme l’un des blockbus-ters de l’année.

Court dans sa durée (onze chansons), “To Win The World” est un disque qui ratisse large et touche diffé-rents publics. Musiciens doués, vocalistes soucieux de l’harmonie, bosseurs, beaux gosses et sympas par-dessus tout, les trois garçons de Puggy ne cherchent jamais à surprendre dans leurs composi-tions. Mais ils séduisent dans leur approche pop, leur son en 3D, leurs incursions dans le rock seventies et leurs délicates pulsions jazz. Et quand nous écrivions au lendemain de leur premier concert euphorique à l’Ancienne Belgique, le 24 février dernier, que Puggy était un groupe “à tubes”, on parlait bien de vrais tubes. Ceux qui passent en “fresh” sur la branchée Pure FM, mais qui tournent aussi en boucle sur la fa-miliale Bel RTL et séduisent les mélomanes du rock accros à Classic 21.

“Nous avons toujours évité de nous enfermer dans une boîte”, nous explique le chanteur Matthew de passage à la rédaction de Moustique. “Quand on a formé Puggy, on ne s’est pas dit: “faisons un groupe de métal, de jazz progressif ou de rock indie”. Non, ce qui nous motivait avant tout, c’était l’envie de faire de la mu-sique ensemble. Puggy, à la base, c’est plus une ques-tion d’amitié entre trois musiciens que de recherche d’un style.”

k Le parcours de Puggy est une suite d’accidents heureux. La chance, ça joue aussi en rock?Matthew Irons - Mon père m’a toujours répété qu’il fallait savoir créer sa propre chance. Nous avons toujours travaillé d’arrache-pied afin d’être prêts lorsque des op-portunités se présentaient à nous. à ses débuts, Puggy acceptait de se produire partout, même lorsqu’il n’y avait pas de cachet. Sur cinq concerts, il y en avait trois où nous jouions devant cinq personnes, mais les deux autres nous permettaient d’avoir d’autres débouchés. Alors, oui, c’est de la chance d’avoir pu ouvrir à Couleur Café en 2007. C’est de la chance d’avoir pu bénéficier d’une diffusion en boucle ce jour-là sur MCM parce que le festival avait été interrompu à cause d’un incendie. C’est de la chance que le chanteur du groupe américain Incubus nous ait vus à la télé et proposé de nous emme-ner en tournée en Europe et que, plus tard, son manager ait renseigné notre nom à celui des Smashing Pumpkins. Mais tout ça, nous ne l’aurions pas réalisé en restant dans notre garage.

k Il paraît que vous répétez tous les jours. Info ou intox?ZIggy FranZen - Oui, mais c’est quelque chose de naturel. Sur scène, on peut se permettre des tas de choses: des impros, des solos, des nouveaux arrangements pour changer la dynamique des morceaux... Cette liberté s’acquiert en répétant. Mais il n’y a aucune règle ni aucun horaire, ce n’est pas l’usine. Parfois, on fait sim-plement une mise au point ou on travaille sur des re-prises de chansons d’autres artistes.

“nous avons réussI à faIre un album quI sonne comme nos concerts.”

Avec sa pop fédératrice, le plus aty-pique des groupes belges s’est donné les moyens de ses ambitions.

premIère parutIon 3 avril 2012

Non, ce n’est pas usurpé de parler de phénomène Puggy. Fédérateur,

accessible, profondément humain, le plus international des groupes

belges donne une véritable leçon de pop de haute tenue avec “To Win

The World”, un album au titre prémonitoire. Mais où s’arrêteront-ils?

JeudI 18 JuIllet, vIllage francofou, scène proXImus, 21h15.

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XIII

k Comment faut-il comprendre le titre de votre album, “To Win The World”?M.I. - “To Win The World” peut se traduire par “Gagner le monde” ou “Pour gagner le monde”. Nous assu-mons ce double sens. J’habite dans le quartier euro-péen et pendant que nous écrivions l’album, il ne se passait pas un jour sans qu’il y ait une manifestation. Le titre de notre album peut être compris comme une réflexion sur le malaise économique de notre époque et l’une de ses causes qui est la course au profit im-médiat. Les gens veulent toujours plus, mais est-ce pour ça qu’ils seront plus heureux? Nous avions la même réflexion par rapport à Puggy. Qu’est-ce que ça voulait dire “faire mieux que” notre album précédent “Something You Might Like” qui nous avait déjà appor-té tant de choses? Jusqu’où pouvait-on rêver? Nous avons voulu revenir à l’essentiel: l’énergie déployée par le groupe en live. Pour la première fois, nous avons réussi à faire un album qui sonne comme nos concerts.

k Qu’est-ce qui fait l’identité de Puggy selon vous?ROMAIN DESCAMPE - Nous sommes trois amis et trois musiciens aux influences différentes. On fonctionne sans hiérarchie. Dans nos compositions, nous n’es-sayons pas de faire quelque chose de cérébral. Même

si on s’autorise beaucoup, on sait qu’une bonne chan-son, c’est avant tout une bonne mélodie qu’on peut fre-donner en sifflant.

k Vous êtes tous les trois nés à l’étranger mais basés à Bruxelles. Comment jugez-vous la scène musicale belge?M.I. - On adore la mentalité belge. Il y a beaucoup d’auto-dérision et de modestie, surtout chez les groupes fran-cophones. Qualitativement, le niveau est très élevé. J’ai l’impression qu’on est parfois plus admiratif de la scène belge en France qu’en Belgique. En France, ils pensent que nous sommes des stars ici alors que, oui ça va, mais on peut sortir en rue sans qu’on nous arrache nos vêtements.

k Que peut-on vous souhaiter de mieux?R.D. - Nous espérons que “To Win The World” marche aussi bien que notre album précédent, et même un peu mieux. On se demande aussi si on a le droit de dire qu’après l’AB et les festivals, on veut jouer à Forest Natio-nal et faire un jour des stades. Ça paraîtra arrogant ou irréalisable pour certains, mais nous, on y croit (l’inter-view a été réalisée avant que... la date de Forest ne soit annoncée).

hLuc Lorfèvre

“EN FRANCE, ILS PENSENT QUE NOUS SOMMES DES STARS.”

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XIV 10/07/2013

“Je dors parfois avec ma guitare”

F R A N C O S 20 ANS R A P H A E L

Disciple de Bashung et de Christophe, il poursuit son équipée sauvage entre rock crépusculaire et chanson romantique.

PREMIÈRE PARUTION 24 avril 2013Avec “Super-Welter”, Raphael repousse encore les contours de la chanson française. Exigeant, âpre, cet album n’était pas destiné à être présenté sur scène. Jusqu’à ce que l’artiste décide d’offrir à ses fans belges un concert exclusif aux Francos.

SAMEDI 20 JUILLET, VILLAGE FRANCOFOU, SCÈNE PROXIMUS, 21H15.

e jour-là, Raphael nous atten-dait au premier étage de l’hôtel Métropole, dans une suite avec vue sur la place De Brouckère. Ce jour-là, Raphael était apaisé et heu-reux. Quelques minutes plus

tôt, il venait d’apprendre que son oncle, Serge Haroche, avait décroché le prix Nobel de physique 2012. Ouf, on n’a pas parlé de physique quan-tique mais bien de “Super-Welter”, son nouveau trip musical halluciné où se croisent les guitares de Lou Reed, les obsessions de Bashung et l’esthé-tique sonore de Christophe.

kSuper-welter, c’est votre caté-gorie en boxe?RAPHAEL - Oui, je pèse soixante-neuf kilos. J’avais tâté différents sports de combat dans le passé mais c’était trop chiant: la théorie, l’histoire des arts martiaux, les codes, tout ça… Il y a une dizaine de mois, à la fin de ma dernière tournée, j’ai été dans une salle d’entraînement de boxe anglaise et j’ai trouvé ça génial. Il faut éviter les coups, en donner, esquiver, bouger, avancer, frapper… Une métaphore de la vie en quelque sorte. C’est aussi beau que de la danse.

kLa boxe est un art noble. Comme la chanson?RAPHAEL - Oui. Pour moi, la chanson est un art noble. J’ai beaucoup de respect pour ça. Comme Bashung, Camille, Christophe, Manset ou en-core Murat mettent de la poésie, de la grâce et de l’intelligence dans leurs chansons. J’essaie aussi. Hélas, il y a aussi beaucoup d’imposteurs qui font ça avec vulgarité et discréditent la chanson française.

kDans la chanson Asphalte, vous dites: “Je cherche ma place dans tout ça”. Vous l’avez trouvée?RAPHAEL - Je ne cherche pas ma place dans la chanson française. Je suis très bien dans la case où on m’a ran-gé. Avec le succès de “Caravane” (son deuxième album sorti en 2005, écoulé à 1,8 million d’exemplaires - NDLR), j’ai été catalogué “chanteur de variété” et ça me convient parfaitement. Mais ce n’est pas une raison pour ne faire que des disques qui ressemblent à “Cara-vane”. Je suis parfaitement heureux car je suis dans une position très confortable. Ma firme de disques me fait confiance, j’enregistre mes al-bums comme je veux quand je veux et avec qui je veux. Je peux être plus

radical dans mon approche comme sur “Pacific 231” ou plus novateur comme sur ce nouvel album, mais ça reste de la chanson française avec des mélodies.

kDans le magazine Next, vous dites que lorsque vous dormez seul, il vous arrive de mettre une guitare à côté de vous dans le lit. Ce n’est pas un peu too much?RAPHAEL - Mais je vous rassure, je ne dors pas souvent seul! Cette phrase, c’était juste pour que les gens com-prennent que j’entretiens une relation amoureuse avec mes guitares et que, oui, c’est vrai, il m’arrive d’en mettre une dans mon lit.

kVos chansons évoquent la nuit, les icônes du rock, les voyages im-mobiles, mais finalement, on n’en sait pas plus sur vous. C’est voulu?RAPHAEL - Même si je me sers parfois de mes chansons pour communiquer avec des gens qui me sont très proches, je n’ai jamais eu l’ambition de parler de moi ou d’exprimer des idées dans mes textes. J’essaie sim-plement de trouver des mots pour décrire des sentiments et des états.

hLuc Lorfèvre

“CE N’EST PASUN DISQUECOMMERCIAL MAIS CE N’EST PAS DU SUICIDENON PLUS.”

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20 ans et 140 minutes chaque jourFRANCOFOLIES

DU 17 AU 21 JUILLET 20h05

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XVI 10/07/2013

Reporters

Ses chansons ont transformé le Grand Jojo en un phénomène qui dit combien la Belgique n’a peur de rien. Quand elle oublie de se déchirer et qu’elle décide de s’amuser. La preuve en best of.

“Un jour, j’ai fait un disque d’ambiance et puis, c’est parti”

ReportersReporters

F R A N C O S 20 ANS G R A N D JOJO

PREMIÈRE PARUTION 17 octobre 2012

Avec celui de David Bowie, c’est le come-back musical de la saison! À septante-six ans, le Grand Jojo est

redevenu tendance et, en attendant un nouvel album prévu pour la rentrée 2013, son “best of” fait un carton.

Ouvrier de la bonne humeur dont les chansons sont inscrites au patrimoine national, Jules Vanobbergen

se lâche complètement dans un entretien hilarant avec Sébastien Ministru.

DIMANCHE 21 JUILLET, PLACE DE L’HÔTEL DE VILLE, SCÈNE RAPSAT, 22H45.

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XVII

e Grand Jojo a fait partie de ces fétiches de la belgitude qu’on a adoré détester. Le Grand Jojo fait désormais partie de ces fétiches de la belgitude qu’on adore adorer. Que s’est-il passé? “À 76 ans, dit-il, j’ai l’image d’un type qui va chanter dans les hospices, mais je vois plein de jeunes qui connaissent mes titres.” Par quel miracle les chansons de ce spécia-liste du tango et de la farandole sont-

elles devenues des œuvres presque bonnes à être ver-sées au patrimoine national? Pourquoi cet ouvrier de la bonne humeur s’est-il inscrit dans la mémoire des Belges qui le considèrent comme l’incarnation d’un art de vivre mixant plaisirs du café et plaisirs du stade? On le sait, notre époque n’a plus peur de rien. La Belgique - royaume de l’humour décalé -, pays qui n’aime rien moins que de se foutre de lui, ne recule plus devant des bonheurs simples comme celui de s’afficher décomplexé. Avec ses particularismes, son surréalisme et ses belgicismes.

Auteur d’un répertoire qui n’a jamais eu qu’une ambition - faire grimper la température dans les bistrots -, le Grand Jojo, à l’allure de tenancier de buvette, est un homme miracle qui, d’une blague, a fait un métier. Pendant mas-culin d’Annie Cordy, avec qui il partage un goût plus que prononcé pour le déguisement, Jules Vanobbergen dé-place les foules et, toutes générations confondues, les fait chanter. “Chef, un p’tit verre, on a soif. Une petite

bière, on a soif”. “Jules César, on l’appelait Jules César. Il mettait pas d’falzar pour qu’on voie ses belles jambes. Ses jolies jambes. Ses jambes de superstar”. Plus proche de Frédéric Dard que de Marguerite Yourcenar, le style Grand Jojo continue de faire monter l’ambiance grâce à une aura de plus en plus bancable.

Le contrat récemment signé avec Universal en est la preuve, transformant la parution d’un simple best of en événement médiatique. Événement commercial derrière lequel se cache - quand même - l’histoire d’un artiste qui sait écrire autre chose que des chansons à boire, le disque comporte des chansons pour enfants auxquelles il tient beaucoup. Derrière le déploiement marketing, il y a le trajet d’un homme qui n’avait pas prévu de devenir l’amuseur public numéro un de son pays.

k Dans quel milieu avez-vous été élevé?GRAND JOJO - Je viens d’un milieu populaire. Mes racines, c’est les Marolles. Je parle d’ailleurs encore le dialecte. Mon grand-père travaillait pour le rail, pour la jonction Nord-Midi, mon père était plombier-zingueur. J’ai été à l’école chez les frères, à l’école Saint-Jean-Baptiste de Molenbeek - uniforme, cravate et tout le bazar... Mon père était souvent convoqué. Le directeur lui disait: “Votre fils est un très gentil garçon, mais il est toujours sur son nuage”. Et c’est vrai, je n’écoutais pas. Je regar-dais les oiseaux à travers les fenêtres. J’ai dit à mon père que je voulais être artiste.

La galerie best of du Grand Jojo:

Sergent Flagada, le légionnaire de

On a soif, Jules César, Victor

le footballiste et Sitting Bull.

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Reporters Reporters

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XVIII 10/07/2013

k Comment exprimiez-vous cette fibre artistique?G.J. - Vers 16 ans, j’ai commencé à fréquenter le milieu existentialiste de Bruxelles. C’était un courant de pensée qui venait de Paris, de Saint-Germain-des-Prés. à Paris, il y avait Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre, à Bruxelles, à la petite rue des Bouchers, il y avait une jeunesse bohème qui fréquentait les boîtes de nuit. J’étais tout le temps fourré à la Rose Noire, le lieu où on écoutait du jazz. En haut, il y avait le Grenier où Jacques Brel et Barbara se produisaient. Brel chantait devant des chaises vides, pour des clopinettes. à l’époque - on est en 1952 -, j’étais assez proche de Barbara. Elle me ra-contait ce qu’elle avait traversé, la période noire de sa vie, tous les malheurs qu’avait connus sa famille, la dé-portation dans les camps... Il y avait un autre musicien qui venait souvent, il s’appelait Georges Moustaki.

k Vous n’alliez plus à l’école?G.J. - Oui, j’allais encore à l’école, mais je suis entré à l’Académie. Je voulais être décorateur. En 1955, 1956, après mon service militaire, j’ai répondu à une annonce du magasin Cado Radio, un magasin bruxellois de la place De Brouckère, un magasin très avant-garde où on trouvait des frigidaires. On m’avait dit que le patron était un chien qui prenait son personnel pour de la merde. En effet... Mais dans la conversation, il comprend que je m’y connais en jazz. Il m’a demandé qui j’aimais. Et quand j’ai dit “Miles Davis”, il n’en revenait pas. Il m’a un peu bassiné - Miles Davis, Sonny Rollins... Il voulait m’engager comme ouvrier et il m’a engagé comme ven-deur dans un magasin de disques - chaussée d’Ixelles. C’est là que j’ai vendu son premier disque de jazz à Marc Moulin. C’était encore un gamin...

k Vous n’êtes pas resté vendeur de disques...G.J. - Non, j’ai été acheteur. Pour le jazz et la variété. Ensuite, je me suis lancé dans les juke-boxes. Je m’occu-pais de placer les nouveautés dans les machines instal-lées dans tous les cafés de Bruxelles. J’importais des

disques des états-Unis, j’ai placé Strangers In The Night de Frank Sinatra avant que les firmes ne s’en occupent en Belgique. J’avais un vrai pouvoir, placer des disques dans un juke-box avait un impact incroyable. Quand on plaçait le nouveau 45 tours d’un artiste, on le plaçait dans des milliers de machines. C’était plus puissant que la radio. Des artistes - Marc Aryan, par exemple - venaient chez moi pour que je place leur disque dans les appa-reils... J’ai travaillé dans le juke-box de 1959 à 1975.

k Comment êtes-vous venu à la chanson?G.J. - Au début des années 70, on me réclamait des disques d’ambiance, et il n’y en avait pas. Il y avait un peu d’accordéon, mais pas grand-chose. Et comme il n’y avait rien, je me suis mis à écrire deux ou trois chansons et j’ai fait un medley. J’ai sorti ce disque d’ambiance, j’en ai pris 500, je les ai foutus sur tous les appareils et c’était parti... En 1971, la firme Vogue m’a demandé de travailler avec elle. Vogue, à l’origine, c’était Johnny Hallyday, Françoise Hardy, Jacques Dutronc, Petula Clark, Adriano Celentano... Le boss de Vogue a mis beaucoup d’argent dans la production d’artistes belges - Frédéric François, Christian Vidal et moi.

k Enregistrer un medley d’ambiance pour remplir vos juke-boxes et devenir le personnage que vous êtes devenu, vous ne vous y attendiez pas...G.J. - Pas du tout. J’ai été complètement dépassé. J’ai commencé à faire de la scène. J’étais plutôt mal à l’aise, mais bon... Les succès se sont succédé - Valencia, Ange-lina, Victor le footballiste, On a soif... - ce qui a poussé Constant Defourny, qui était un très gros promoteur de spectacles, à s’intéresser à moi. Il voulait me lancer en France dans le créneau de Patrick Topaloff et Carlos. J’ai toujours dit non. Pour faire carrière là-bas, il fallait que je quitte souvent ma famille, je n’en avais pas envie. Ça m’a toujours un peu effrayé. Et puis, j’ai accepté. Mais au moment où je devais signer le contrat, Defourny s’est tué sur la route. Un coup du destin...

k Qui a fait votre succès?G.J. - Les fancy-fairs, les fêtes de famille et les guindailles d’étudiants. Pas les radios qui, au début, m’ont snobé. Il n’y avait pas une fête de famille où on n’entendait pas Jules César ou Sergent Flagada. Maintenant, je me de-mande encore comment tout cela a été possible. Com-ment les gens ont accepté ce que je chantais. C’est un miracle. Et si ça dure depuis tout ce temps, c’est parce que j’aime les gens. Je ne fais plus souvent de spec-tacles, mais quand j’en fais un, après, je passe ma vie avec les gens. On parle. On parle football. On parle de souvenirs. On fait des photos. Il faut être sympathique avec les gens.

Grand Jojo chez lui -

au stade Vanden Stock - avec

les supporters d’Anderlecht.

“ En 1952, j’étaIs prochE dE BarBara. EllE mE racontaIt sEs malhEurs.”

PhotoNews

f r a n c o s 20 ans G r a n d jojo

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XIX

k Quand avez-vous pris conscience d’être devenu un symbole de la Belgique?G.J. - En 1986. Sur la Grand-Place, avec les Diables Rouges de retour de la Coupe du monde du Mexique. Des milliers de gens! J’ai vu l’unité des Wallons, des Bruxellois, des Flamands... C’est le plus fort moment de ma carrière et c’est là, je crois, que j’entre dans les souvenirs des gens... Un moment inoubliable. De ce moment est né, évidemment, E viva Mexico...

k Comment imaginiez-vous vos chansons?G.J. - Comme des petites bandes dessinées en musique. J’ai toujours aimé dessiner. Mes chansons déconnent mais elles racontent toujours une petite histoire, avec un début, un milieu, une fin et des personnages. Mes personnages sont comme des personnages de BD.

k Avez-vous connu des problèmes avec certaines de vos chansons?G.J. - Oui, j’ai eu des problèmes avec Le tango du Congo. Je ne savais pas en l’écrivant qu’il y avait beaucoup d’Africaines qui s’appelaient Thérèse comme le person-nage de ma chanson (“Je suis amoureux d’une Congo-laise. C’est une belle Noire. Elle s’appelle Thérèse” - NDLR). La chanson a fait rire beaucoup de gens, mais il y en a qui m’ont accusé de racisme. Ça m’a mis vraiment très mal à l’aise, parce que je ne suis pas raciste, c’était une maladresse. Le problème, c’est que la chanson a connu un grand succès au Congo parmi les Blancs...

k Regrettez-vous de l’avoir enregistrée?G.J. - Oui. C’est une chanson que je ne chante plus.

k Avez-vous connu les mêmes soucis avec les Italiens? Vous avez chanté Angelina, l’histoire d’une famille sicilienne qui fait partie de la mafia...G.J. - Non, les Italiens, ça les a beaucoup amusés. Cer-tains m’ont dit que c’était ciblé, alors que pas du tout... J’ai écrit cette chanson parce que j’étais très ami avec des Italiens et quand j’allais chez eux manger, il y avait une chaleur... Je voyais les tontons siciliens sortir leur guitare et jouer la tarentelle. Je trouvais cette ambiance extraordinaire. Les chansons venaient aussi comme ça.

k Les personnages que vous incarniez étaient limites... Vous n’avez jamais eu peur du ridicule?G.J. - Non, parce que je suis Docteur Jekyll et Mister Hyde. Je déconne dans mes chansons, mais je suis différent dans la vie. Il n’empêche, un jour, à l’émission Chansons à la carte, Carlos m’avait lancé un défi, de faire ma chan-son Jules César - avec ma robe de Jules César - façon gay (il veut dire façon folle - NDLR). Je l’ai fait, mais alors... extrême. Le boss de Vogue m’a appelé en me disant qu’il ne voulait plus me voir, que j’avais été au ras des pâquerettes. J’avais fait ça comme ça. Je ne pensais pas que ça allait choquer. Au bout de la semaine, on avait vendu 35.000 disques de plus, et le boss a trouvé que, finalement, ce n’était pas une si mauvaise idée.

k Combien de disques avez-vous vendus?G.J. - Je ne peux pas le chiffrer, mais beaucoup. Beau-coup.

hSébastien Ministru

Discuter avec Grand Jojo peut vous emmener loin. Très loin. C’est une machine à anecdotes. Et on en redemande. Les Diables Rouges “J’ai toujours été supporter d’Anderlecht, mais là, pour le moment, tout mon cœur va aux Diables Rouges. L’équipe est super et Marc Wilmots fait un travail incroyable avec de très bons résultats. Je pense qu’on peut recommencer à rêver avec. Ce serait vraiment bien qu’on soit qualifiés pour la Coupe du monde au Brésil, ça permettrait, une fois de plus - et il faut appuyer sur cette idée -, ça permettrait de montrer que le football est un ciment de l’unification du pays. Je ne veux pas me mêler de politique - il y en a qui le font mieux que moi -, mais la Belgique doit rester unie. Et s’ils y vont, je peux vous dire que la chanson est déjà dans ma tête. Ce sera un gros truc avec samba, carioca et danseuses! C’est en 2014, j’aurai presque 80 ans, et j’espère tenir le coup.”

Les chansons pour enfants “Le best of contient deux chansons pour les enfants - super-mignonnes - que j’ai enregistrées avec un chœur d’enfants. Ce sont des chansons que Vogue ne voulait pas mettre en avant parce que la firme de disques voulait que je reste dans mon créneau. Ça me plaît beaucoup de faire ce genre de chansons, c’est comme des petites leçons de morale autour du fait qu’il faut bien travailler à l’école. Bien sûr, j’ai envie de montrer cette facette de moi, et il n’est pas exclu que le prochain album soit un disque de chansons pour enfants.”

L’accident “En 1989, j’ai été victime d’un grave accident d’hélicoptère, mais je m’en suis tiré avec une simple blessure au poignet. Je suis un miraculé. Pendant un ou deux mois, j’ai vu la vie différemment, je ne voulais plus m’en faire pour des couillonnades, mais après, les habitudes ont repris le dessus... Il n’empêche, quand je me suis réveillé à l’hôpital, quelqu’un s’est penché vers moi pour me demander si j’avais besoin de quelque chose. Il paraît que la première chose que j’ai demandée, c’était une Stella. Dans le couloir, j’entendais les gens qui disaient: “Tout va bien”.”

L’Espagne “Je suis très populaire chez les Belges qui vivent là-bas. J’ai tout fait, dans les années 70, Ténériffe, Palma de Majorque... Maintenant, je préfère la Belgique. Mais la scène, c’est une spirale, je n’ai plus tellement envie, même si, quand même, on est en train de discuter pour voir si on ne peut pas organiser deux ou trois grosses dates, genre les Francofolies ou le Cirque Royal de Bruxelles...”

Un petit dernier pour la route...

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XX 10/07/2013

Géant aux pieds d’argile

F R A N C O S 20 ANS S A U L E

Baptiste le Belge entre dans la cour des grands de la chanson française.

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XXI

’ai des kilos en trop et des poils disgra-cieux. J’suis pas beau, j’suis pas laid. J’suis juste entre les deux. Un type normal...” Même s’il offre une touchante chronique de l’homme ordinaire sur son nouvel album, Baptiste Lalieu, alias Saule, est le genre de mec qu’on ne rencontre pas sou-vent. Sur scène, ce géant de près de deux mètres est capable de dérider tous les

grincheux de la planète avec son sourire, sa poésie, sa gaucherie et ses rythmes bigarrés.

Et vous savez quoi? Dans la vie, il est pareil. Du 100 % naturel, du genre qui ne calcule pas et ne triche ni avec lui-même, ni avec son double. à tel point qu’entre Baptiste, papa poule de deux petits garçons, et son Saule, on n’a jamais vu où était la différence.

Nous l’avions aimé d’emblée avec “Vous êtes ici”, premier essai en forme de carte de visite lancé en 2006. Nous avions salué l’audace musicale de l’ambitieux “Western” en 2009, même si les chansons qui s’y abritaient étaient moins prenantes. Mais avec “Géant”, troisième album réalisé avec l’aide du Hobo Charlie Winston, il se surpasse. Virevoltant aux frontières des genres (rock, hip-hop, chan-son, reggae), Saule séduit dans sa manière de nous faire réfléchir sur les choses les plus banales de la vie (Home Sweet Home, L’inventaire, Type normal). Il touche en dévoi-lant ses fragilités et donc les nôtres (Le bon gros géant, Rien que pour soi). Mais, surtout, il pond ici quelques vrais tubes radio qui lui permettront de percer chez nos voisins.

k Le “Géant” de votre album est-il aux pieds d’argile?Saule - Oui, l’image me séduit particulièrement. Dans mes chansons, je ressens toujours le besoin d’exprimer la fra-gilité de l’être humain. J’aime bien l’idée de l’artiste qui baisse la garde pour dévoiler ses faiblesses. être capable de mettre le doigt sur ses défauts, c’est la première étape pour accepter sa vie de tous les jours.

k Vous allez même jusqu’à vous moquer de votre poids et de votre taille. Enfant, étiez-vous l’objet de railleries?Saule - Oui, mais je n’en ai pas souffert car il y avait toujours un côté affectueux dans les vannes qu’on me lançait. Ça existe dans toutes les cours de récréation. Le gros, on l’appelle “bouboule”, celui qui a de l’acné, c’est “la calcu-lette” et moi, j’avais droit à “géant vert”, “le paratonnerre” ou “la mauvaise herbe”. Assez bizarrement, j’étais moins touché quand on s’en prenait à moi que lorsque je voyais un autre gamin être la tête de Turc de sa bande de copains.

k Vous faites attention à votre physique?Saule - J’essaie de perdre du poids, mais c’est plus pour

ma santé que pour mon image, même si je sais que c’est devenu très important dans mon métier. J’en ai beaucoup discuté avec Charlie Winston en studio. Charlie est conscient que son look a eu une part prépondérante dans son succès. Mon physique n’a jamais fait partie de mon fonds de commerce, mais c’est toujours mieux de bien se sentir dans son corps. Charlie m’a beaucoup coaché à ce sujet. Après les sessions d’enregistrement, il me disait: “tu dois faire de l’exercice, on part en trekking”. Nous ne courions pas, mais on partait faire de longues balades.

k Quelle leçon principale retenez-vous de votre colla-boration avec Charlie Winston?Saule - Charlie n’est pas seulement un nom qu’on a mis sur une liste. Il y a eu une vraie rencontre. J’ai toujours été fan de sa musique. Les premières chansons sur lesquelles j’ai travaillé avaient un son très anglo-saxon et c’est de manière très naturelle que notre collaboration a pris forme. Comme moi, Charlie a gardé une âme d’enfant dans sa manière de jouer, d’écrire et de se produire sur scène. J’ai beaucoup appris avec lui. Charlie m’a expliqué qu’après le méga-succès qu’il a obtenu avec sa chanson Like A Hobo, tout son entourage lui conseillait de ne pas changer. Il m’a dit: “Fais le contraire, ceux qui ne veulent pas changer manquent d’horizon, un artiste doit avancer, être en perpétuelle évolution, chercher et chercher encore”.

k Dusty Men, votre duo avec Charlie Winston, met en scène deux chanteurs has been. Vous redoutez ce moment où vous serez hors du coup?Saule - J’ai écrit Dusty Men assez sur le modèle d’une battle hip-hop où deux MC’s s’affrontent dans des joutes verbales. L’idée d’être has been obsède tous les artistes. Alain Souchon avait écrit le magnifique T’es K.-O. sur ce thème. Avec Charlie, on y a mis plus d’humour. Pour être has been, il faut d’abord monter très haut. Même si j’ai eu un joli succès avec mon premier disque “Vous êtes ici” en 2006, je ne suis pas devenu un phénomène de mode. J’essaie de mener ma carrière comme le font des Thomas Fersen, Mathieu Boogaerts, Raphael ou Benjamin Biolay. Ils sortent leurs albums comme ils l’entendent. Parfois ils touchent le grand public, parfois ça reste un succès d’es-time. J’avance un peu comme un électron libre.

k Votre deuxième album “Western” n’a pas rencontré le succès espéré en France. Une déception?Saule - Je n’ai pas remis en question ma carrière mais bien le système. Pour cet album, j’ai eu l’opportunité de signer sur une grosse maison de disques en France (Polydor, filiale d’Universal Music - NDLR) et je me suis rendu compte que cette structure ne me convenait pas. J’ai été consi-déré comme un artiste prioritaire pour eux pendant quelques semaines. Les gens de Polydor ont fait un super-boulot mais comme les ventes n’étaient pas satisfai-santes, ils sont très vite passés à d’autres artistes priori-taires. Nous étions soixante-cinq à sortir un album en l’espace de trois mois, ce qui laisse très peu de temps pour faire du chiffre. Mais cette expérience m’a permis de beaucoup tourner, notamment dans des grandes salles en première partie de Bénabar. Le public français me connaît, je ne redémarre pas en bas de l’échelle avec “Géant”.

hhLuc Lorfèvre

“ J’aime l’idée de l’artiste qui baisse la garde pour montrer ses faiblesses.”

Géant aux pieds d’argile

PREMIèRE PARUTION 21 novembre 2012

Géant aux pieds d’argile, Baptiste Lalieu récolte le fruit d’un long travail

et c’est mérité. Réalisé avec le Hobo Charlie Winston, son troisième album

touche à la fois par sa fragilité et par sa sensibilité. Magnifiquement porté

par la vague du succès de son single Dusty Men, Saule a écumé depuis

notre rencontre toutes les salles de Belgique et de France. Baptiste,

sache-le, on t’aime.

SAMEdI 20 jUIllET, VIllAgE FRANcOFOU, ScèNE PROXIMUS, 21h15.

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XXII 10/07/2013

xF R A N C O S 20 ANS C H A R L E S GA R D I E R

L’organisateur des Francos replonge dans vingt ans de ses meilleurs et moins bons souvenirs. En bonus: un scoop!

“J’ai eu de belles discussions avec Bashung”

ourriez-vous résu-mer la philosophie des Francos en for-mule Twitter, c’est-à-dire en 140 ca-ractères?CHARLES GARDIER - Nous sommes une vitrine pour les ar-tistes de la Fédéra-t i o n W a l l o n i e -

Bruxelles et un tremplin pour les artistes internationaux émergents (138 caractères - NDLR).

k Quel a été le premier artiste confirmé pour cette édition 2013?C.G. - Martin Solveig. Nous souhai-tions l’avoir car il fait partie de l’his-

toire des Francos. On l’oublie sou-vent, mais les Francos ont commen-cé à programmer de l’électro dès l’édition 2006.

k Quel serait le cadeau idéal pour cette vingtième édition?C.G. - Une belle météo. On a eu notre quota de mauvais temps lors des cinq dernières éditions.

k Quelle est l’édition la plus mé-morable des Francofolies?C.G. - La troisième, qui s’est déroulée en 1996. Elle nous a permis de ren-tabiliser les comptes, de mieux bali-ser l’avenir et d’acquérir notre crédi-bilité avec de grands moments musi-caux. Je pense notamment à la Fête à Sttellla et au concert épique de

Johnny Hallyday (sous une pluie bat-tante - NDLR).

k Quelle a été l’édition la plus difficile?C.G. - La quinzième en 2008. Nous nous étions mis trop de pression. Nous avons été dépassés par le succès de foule au Village Francofou et la mauvaise météo n’a pas facilité les choses. Sur un plan pratique et physique, ce n’était pas évident à gérer. Ce n’est pas le meilleur de mes souvenirs.

k Quels artistes sont aussi sympas dans les coulisses que sur scène?C.G. - La liste est longue. J’ai eu de très belles discussions avec Alain

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XXIII

LA COMPILE Les radios de la RTBF (La Première, Vivacité, Classic 21 et Pure FM) pro-posent une compilation 4 CD (75 chan-sons) réunissant le gratin des artistes ayant marqué l’histoire du festival. D’A(xelle) Red à Z(azie), en passant par Hallyday, Rapsat, Bashung ou Paradis. Un petit regret: l’absence de l’ami Jeff Bodart.

LE LIVRELoreta Mander et Jean-Marie De Brauwer, deux photographes passion-nés, rassemblent une sélection de leurs plus beaux instantanés. Aubert, Christophe, Cali, Selah Sue, Renaud, Maurane, mais aussi des fans, des objets, des lieux, des instruments... Tout est en noir et blanc, tout est très beau et émouvant.

Mais encore....

x

Francofolies RTBF

Bashung. William Sheller nous a fait un magnifique cadeau en invitant toute l’équipe du festival et les rive-rains à un concert privé au Casino, la veille de sa prestation “officielle”. Marc Lavoine est un type formidable, j’ose dire que Cali est un ami et que Daran, dont je suis fan absolu, est aussi généreux dans la vie privée que sur scène. Je pourrais en citer beaucoup d’autres...

k Quels artistes sont moins sympas dans les coulisses que sur scène?C.G. - Je ne veux pas émettre de ju-gements définitifs, car il arrive à tout le monde d’être dans un jour “off”. Véronique Sanson l’était sans doute lorsqu’elle a joué à Spa. Elle a eu des exigences dispropor tionnées pour sa loge et son hôtel, mais elle s’est montrée heureusement de meilleure composition lorsqu’elle a chanté. Le passage de Nilda Fernan-

D6BELS FRANCOFOLIES

Mercredi 17 JoeyStarr, Jeronimo, Olivia Ruiz, Orelsan, Mélanie De Biasio...

Jeudi 18 Ozark Henry, Daan, Sirius Plan, Benjamin Biolay...

Vendredi 19 Serge Lama, RMS, Noa Moon, Lou Doillon, Cali...

Samedi 20 Quentin Mosimann, Pascal Obispo, Saule, Raphael...

Dimanche 21Suarez, Grand Jojo, Ste-phan Eicher, Axel Bauer...

DIVERS ARTISTESLES FRANCOFOLIES DE SPA 20 ANSUniversal

DIX EXEMPLAIRES DE LA COMPILATION “LES FRANCOFOLIES DE SPA 20 ANS” À GAGNERWWW.MOUSTIQUE.BE

ÉCOUTEZ NOS IMAGES

LORETA MANDER ET JEAN-MARIE DE BRAUWERÉd. Luc Pire, 148 p.

dez aux Francos n’est pas un bon souvenir. Lui, il était carrément de très mauvais poil.

k Si vous pouviez remonter dans le temps, quel concert souhaite-riez-vous revivre?C.G. - (Sans hésiter...) Tous les concerts de Pierre Rapsat.

k Quels concerts ne raterez-vous sous aucun prétexte cette année?C.G. - Ceux de Serge Lama, RMF, Puggy, Eicher, Cali, Daran et Giédré que j’ai promis d’aller voir avec mon fils.

k Pourriez-vous déjà donner un scoop pour la 21e édition qui se déroulera en 2014?C.G. - Le scoop, c’est qu’on va déjà annoncer pendant cette 20e édition des noms d’artistes qui joueront l’année prochaine.

h Luc Lorfèvre

EN TÉLÉ SUR LA DEUX DU 17 AU 21 JUILLETL’équipe de D6bels On Stage propose cinq émissions sur La Deux et en prime, dès 20 h, d’une durée de 150 minutes chacune. À 20 h, Jean-Philippe Darquenne lancera chaque jour un docu inédit (archives, images inédites, interviews) de 40 minutes, qui raconte les 20 ans des Francofolies de Spa. À 20h45, démarre le direct de D6bels Francofolies. Sur le plateau au milieu de la place Royale de Spa, Jean- Philippe Darquenne accueille en direct les chanteurs et chanteuses qui feront l’actualité du jour. Les chroniqueurs de D6bels On Stage seront bien évidem-ment au rendez-vous: Delphine Ysaye et Luc Lorfèvre, chef musique à Moustique. Ils proposeront des interviews, des lives en direct, des échos des différentes scènes, des in-fos et des potins… Bref, tout ce qui fait la vie des Francos et de leurs nuits chaudes! Parmi les invités, citons notam-ment Olivia Ruiz, Jéronimo, Orelsan, JoeyStarr, Mélanie De Biasio, Martin Solveig, Puggy, Ozark Henry, Julien Clerc, Serge Lama, Cali, Lou Doillon, Pascal Obispo, Sua-rez, Saule, Raphaël, Stephan Eicher, le Grand Jojo, Daran, The Annarbor. Oui, ça fait du beau monde.

LES RADIOS

Les radios de la RTBF sont présentes à Spa et proposeront différentes émissions. Infos sur www.rtbf/be/radio/ pour tous les détails de chaque chaîne. Restez branchés!

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MER. 17.07

JEU. 18.07VEN. 19.07

SAM. 20.07

DIM. 21.07

SCÈNE

PIERRE RAPSAT

SCÈNE

ICE-WATCH

SCÈNE

PROXIMUS

RED BULLELEKTROPEDIA

STAG

E

LE DÔME

LE GLOBE

FRANCOS JUNIORS

AB

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NEM

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TICKETS JO

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LIERS

LE FRAN

COPASS

110,50€

LE FRAN

COFO

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60,50€

HÔTEL D

E VILLE

JEU

DI › 18.07 37,50€

49€

VEN

DREDI › 19.07

50,50€ 62€

SA

MEDI › 20.07

47,50€ 59€

VILLA

GE FR

AN

COFO

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MERCR

EDI › 17.07 27,50€

35€

JEUDI › 18.07

27,50€ 35€

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DREDI › 19.07

27,50€ 35€

SA

MEDI › 20.07

27,50€ 35€

DIM

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CHE › 21.07

27,50€ 35€

FRA

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ÉMÉN

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RS › 17.07 10€

11,50€

LES D

ÉMÉN

AGEU

RS › 18.07 10€

11,50€

Prix compensation carbone incluse et hors frais de réservation ( 3€ sauf Francos

Juniors: 1,50€ ) pour les préventes. Prix « tout compris » le jour m

ême.

ww

w.francofolies.be

TARIFS

LE FRANCO

PASS

LE FRANCO

FOU

TICKETS

070/660.601 (m

ax 0.30 €/min.)

EN

PRÉVENTE

EN

PRÉVENTE

LE JOU

RM

ÊME

LE JOU

RM

ÊME

122€

70€

* Sauf les Déménageurs (Francos Juniors)

3 CONCERTS FRAN

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avec

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HÔTEL D

E VILLE

VILLAGE FRANCOFOU

JARDIN DES FRANCOS 18H00

BLACK BOX REVELATION (B)

RENATO (B)ACTA (B) (18H

30)M

ALIBU STACY (B)

19H00

OZARK HENRY (B)

JULIEN CLERC (F)

FÊTE AUX GAUFF’ (B)

21H00

SAEZ (F)

SERGE LAMA (F)

SUAREZ (B)

22H45

PASCAL OBISPO

(F) (22H00)

LE GRAND JOJO (B)

23H00

MARTIN SOLVEIG

(F)M

ICHAËL GRÉGORIO (F)

13H00

PANORAMA 08 ( FRA

NC

’OFF )

THE BLACK HAT ( FRAN

C’O

FF )AIRCO ( FRA

NC

’OFF )

LES MALES PROPRES ( FRAN

C’O

FF )VA

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UEUR FRAN

C‘O

FF

14H30

LES R‘TARDATAIRES ( FRAN

C’O

FF )NATIONALE 3 ( FRA

NC

’OFF )

JANE DOE AND THE BLACK BOURGEOISES ( FRA

NC

’OFF )

UNIDAD SOUND ( FRAN

C’O

FF )VA

INQ

UEUR FRAN

C‘O

FF

16H45

MOCHÉLAN

(B)THÉODORE, PAUL & GABRIEL (F)

NINA MISKINA (B)

MAISSIAT (F)

APRILE (B)

20H20

SALOMÉ LECLERC (Q

)BARCELLA (F)

KEITH KOUNA (Q)

LISA LEBLANC (Q

)CAÏM

AN FU (Q)

23H30

SAB (B)LABIUR (B)

MARKA (B)

LES HAY BABIES (N

B)JUPITER &

OKW

ESS INTERNATIONAL (CO

NG

O)

13H00

DJINN SAOUT (B) TW

O KIDS ON HOLIDAYS (B)DOPE ADN

(B)CHEEKY JACK (B)

ABEL CAINE (B)

15H00

S CREW (FEATURING NEKFEU) ( F )

SIRIUS PLAN (B-F)RM

S (B)M

ONTPARNASSE (F)ALINE (F)

17H15

PITCHO (B)ALPHA 2.1 (B)

MARIE-PIERRE ARTHUR (Q

)BASTIAN BAKER (C

H)

STEREO GRAND (B)

20H00

BRNS (B)

DAAN (B)

SUPERBUS (F)

YOUSSOUPHA (F)

DARAN (Q

)

23H00

JOEYSTARR &

BOSS SOUNDSYSTEM (F)

AGORIA (F)

SEXY SUSHI (F)DR. LEKTROLUV (B)

14H00

OLI F ( B )M

ADEMOISELLE NINETEEN

(B)LYLAC

(B)THE PEAS PROJECT (B)

THE ANNARBOR (B)

16H00

JERONIMO

( B )TAL (F)

NOA MOON (B)

MONTEVIDEO

(B)AXEL BAUER (F)

18H30

OLIVIA RUIZ (F)BENJAM

IN BIOLAY (F)LOU DOILLON

(F)SAULE

(B)STEPHAN EICHER (C

H)

21H15

ORELSAN (F)

PUGGY (B)CALI (F)

RAPHAEL (F)JENIFER

(F)

14H00

DOCTOR NO!ZE (B)A

PÉRO RÉVEIL - VIRAGO PROD.

APÉRO

RÉVEIL - DUBNOLOGYA

PÉRO RÉVEIL - L. LORFÈVRE

APÉRO

RÉVEIL - MARC YSAYE

16H00

SONAR (B)

GASS & DENIX

(B)LORDS OF TEK (B)

JUNIOR (B)FOLIE DOUCE (B)

18H30

DADDY K (B)

COMPUPHONIC

(B)SON OF KICK

(UK)RAVING GEORGE (B)

SURFING LEONS (B) & M

ISS EAVES (USA

)

21H15

DJ DIDJÉ (B)AEROPLANE (B)

SEBASTIAN (F)PARTYHARDERS (B)

FELIX DA HOUSECAT (USA)

13H45

SIDDHARTHA BJÖRN ( FRANC’O

FF )EM

ILIE PLAITIN ( FRAN

C’O

FF )JULIANE CHLEIDE ( FRA

NC

’OFF )

JULIE ROSES ( FRAN

C’O

FF )VA

INQ

UEUR FRAN

C‘O

FF

15H15

DU HAUT DES AIRS (F-B-Q

-CH

)DU HAUT DES AIRS (F-B-Q

-CH

)DU HAUT DES AIRS (F-B-Q

-CH

)LES ATELIERS CHANSON DE BRUXELLES (B)

INGLENOOK (F)

18H20

MÉLANIE DE BIASIO

(B)ANTOINE HENAUT (B)

VEENCE HANAO (B)

LES SOEURS BOULAY (Q)

DU HAUT DES AIRS (F-B-Q

-CH

)

21H35

NATASHA ST PIER (N-B)

GIEDRÉ (F)DANIEL HELIN

(B)BONY KING OF NOW

HERE / SOLO (B)

VINCENT DELBUSHAYE (B)

(19H45)

(21H30)

(23H30)

(18H30)

(20H00)

(19H15)

DE MOUSTIQUE

CLASSIC 21

QUENTIN M

OSIMANN (F)

11H00

LES DÉMÉNAGEURS (B)

LES DÉMÉNAGEURS (B)

GENEVIÈVE LALOY (B) GUILLAUM

E LEDENT (B)LES CHÈVRES À PULL (B) «LE G

RAND RETO

UR D’ULYSSE» PAR« BLEUE » PAR

« DÉRANG

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FÊTENT LEURS 10 A

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CERTS

DU VILLAGE ET DU

JARDIN * POU

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60,50€

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CERTS DU

FESTIVAL* PO

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110,50€

Tous les concerts du festival (Hôtel de ville + Village + Jardin)*

Tous les concerts du Village et du Jardin* + Hôtel de Ville le dimanche

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