SPIRITUALITÉ « Etre Libre » N° 58-59 (Septembre-Octobre 1949)

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    13me anne. Septembre- Octobre 1949. N 58-59.

    SPIRITUALITERev ue mondiale de culture humaine fonde en 1936,sous le titre Etre Libre

    A ff il ie l Union de la Presse Pr iodique Belge

    Science, Religion, Philosophie

    Pdagogie, Posie

    Fondateur : R A M LINSSEN

    Directrice :

    M . B A N G E R T E R86, avenue BuysdelleUccle- Bruxelles

    *France :

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    Montral

    S O M M A I R EDr. J. Kalmar.

    Ram Linssen.

    Section Scientifique: Acupuncture chinoise .

    K ris hnamurti L o n d r e s .............................

    L.anatomie psychologique de 1homme selcn

    Shr A u r o b i n d o ..............................................J ean Herbert.

    Sur lEx istentialisme de S a r t r e ......................Ren Four.

    Pome. T u es Cela ! .................................. Mme Jeanclaude.

    Ex trait de Presse : L Unifor me.

    Prix: 20 fr. belges - 1 00 fr. franais - 2 fr. suissesA B O NNE ME NT S : B elg ique : 1 00 fr. belges - Suisse : 11 fr. suisses

    France : 6 0 0 fr. franais.

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    R E V U E S P IR IT U A L IT E

    Sige : 86, avenue Buysdelle, UCCL E- B RUX EL L ES - T el. 43 .44.79.

    Fondateur : Ram Linssen.

    Directrice : Marguerite Bangerter.Directrice de la Section Pdagogique: Ghislaine de Lalande, Rgente.

    Directeur de la Section d Orientalisme : Jean Herbert.

    Directeur de la Section Potique : Marcel Hennart.Directeur de la Section des Jeunes : Paul Genton, Et. en droit U.L.B.

    A B O N N E M E N T S

    B E L G IQU E : 100 fr. par an verser au C. C. P. 6 2.04 de lInstitut,Suprieur de Science et Philos ophie, A . S. B. L ., 5 1, rue de la

    V ic to ir e, Bruxelles.

    F R A N C E : 600 fr. par an verser au C.C.P . 4 20 7.4 7 des EditionsA dy ar , 4, square Rapp, Par is (7").

    S UISS E : 1 1 fr. suisses verser M. B ublin, 1, rue T olsto, Genv e.

    Buts de la revue Spiritualit

    1. Rgnrer le monde par la tra nsf orma tion spirituelle de 1 individu.

    2. L ibrer l'homm e en lui fournissant les lments qui lui perme ttr ontde se surpasser, de prendre conscience des richesses caches desa nature profonde.

    3. Or ienter lhumanit vers un nouv el ordre spirituel et matriel, enlibrant lhomme des limitations engendres par lignorance etlgosme.

    4. Raliser lre du triomphe de lesprit sur la matire, de lamoursur la haine, par la s ynthse de la spir itualit d Or ient et de la

    culture occidentale.

    5. Crer dans cet esprit un courant mondial dchanges de confrences et darticles.

    6. Former un noyau dhommes libres, sans aucune distinction declasse, de nationalit, dont la similitude de pense peut offrir uneopportunit de ralisation commune de cet idal.

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    V

    AVIS IMPORTANT

    Monsieur Ram Linssen ayant dcid de se consacrer intgralement au travail de diffusion de la pense de Krishnamurti, la directionde la revue Spiritualit a t transmise Madame Bangerier.

    Le sige de la direction et de la rdaction est transfr audomicile de Mme Bangerte r, 8 6, avenue Buysdelle, Uccle- Bruxelles(tl. 43.44.79), qui nos correspondants et abonns devront envoyertoute leur correspondance.

    SECTION SCIENTIFIQUE

    A cupuncture chinoisepa r le D r . K A L M A R .

    L A cupuncture chinoise, en tant que disc ipline thrapeutique,

    est de prime abord assez dconcertante aussi bien par ses principesde base que par ses mthodes particulires d ex amen des malades .N usant pour agir contre les maladies nous dirons de prfre nceles dry thmies daucune substance mdicamenteuse, 1 A cupuncturescarte dlibrment des voies traces par la Mdecine allopathiqueque lOccident a la simplicit de dclarer universelle et seule veritable.

    Comprendre lAcupuncture et son action curative implique 1introduction dans lexpos de notions que la Mdecine occidentaleignore ou dont elle se dsintresse, la plus importante de ces notionstant la connaissance du cycle de 1Energie cosmique. C est d ailleurs

    une des raisons qui explique quun article sur lAcupuncture est actuellement plus susceptible detre compris et tolr dans une revuecomme Spiritualit plutt que dans un Journal mdical.

    L A cupuncture (aci- punctura : piqre par aig uille) consiste soigner les maladies par lintroduction, en des points prcis, daiguillesmta lliques quelques millimtr es de ^profondeur dans le tissu cellulaire sous- cutan.

    Historique. Son origine remonte la plus haute antiquit et,ds lpoque nolithique, les Chinois utilisaient des poinons de silex

    et pratiquaient une acupuncture, trs lmentaire videmment. Comment la connaissance de lAcupuncture a-t-elle pu se transmettrejus qu no us ? D abo rd par la tr adition orale jus qu en 3200 av antJ . C., o l Emper eur Chin- nong introduisit des signes conventionnelsforms de lignes droites et brises. En 3000 avant J. C. apparurentdes cordelettes noues et 5 0 ans plus tard, Fou- Hi, illustr e philosophedont nous reparlerons, composa les premiers idogrammes crits.Les premiers manuscrits appar urent ave c lEmpere ur Houang- ti n

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    26 40 , mais le Nei- tsing, pre mier livr e qui soit parv enu jusqu nous,remonte lan 200 avant lre chrtienne et fut crit sous la Dynastiedes Hans.

    De l poque nolithique jusqu lEmper eur Houang- ti doncen 2 64 0 les Chinois utilisrent des poinons de pierre polie. Lorsde la dcouverte du cuivre, lEmpereur, dans une ordonnance, dontle tex te nous est par v enu grce au Nei- tsing, dclara aux Mdecinsde sa Cour: Je regrette que mon peuple, arrt par les maladies,ne sacquitte plus des taxes et corves quil me doit. Mon dsir estquon ne leur donne plus de mdicaments qui les empoisonnent etquon ne se serv e plus des antiques poinons de pierr e J e dsirequon utilise uniquement les mystrieuses aiguilles de mtal aveclesquelles on manie lEnergie.

    Nous abordons le chapitre de la technique acupuncturale et nousserons relativement bref, car nous prfrons nous tendre sur lechapitre be aucoup plus essentiel des prcisions apporte s par l A cupuncture dans la connaissance de lEnergie.

    L e po int cutan douloureux . Le point cutan douloureux est la base mme de la pratique acupuncturale. Les Chinois lontdcouvert mais nont pas jug utile de le dfinir. Nous nous fonderons donc, pour lanalyser, sur les travaux de physiologistes occidentaux contemporains.

    Macke nzie, dans son ouvrag e Les sy mptmes et leur inter prta tio n ( I ), montre que le sige de la douleur ne donne, enrgle gnrale, aucune indication du sige de la lsion , car mmelor squil y a super position de la douleur et de la lsion ce qui estle cas le plus simple et, en vrit, le moins frquent, bien que ce soitle seul, ou peu prs, qui soit pris en considration par notre Mdecine occidentale mme dans ce cas donc, la douleur nest pasperue dans lorgane ls, mais est transmise dans la zone de distribution des nerfs sensitifs des tguments externes .

    A utr ement dit, un point cuta n douloureux doit tre cons idrcomme lexpression terminale du dysfonctionnement dun organe.

    Ce quun physiologiste amricain, Abrams, a exprim en crivant que la peau est limage de la douleur viscrale . Cette projection surles teguments se produit par lintermdiaire des systmes grand sympathique et sensitif crbro- spinal. El le est le plus souvent tr#loigne de lorgane ls, sans rapport anatomique apparent aveccelui- ci. Ce qui ex plique que certains points agis sant sur le foie s ontsitus sur les pieds et les genoux; que dautres en relation avec le grosintes tin, se trouvent sur les mains et que des points en r appor t avecla vessie sont tags de part et dautre de la colonne vertbrale.L a .logique car tsienne est sans doute peine par de telles af fir ma

    tions, mais peut- tre existe- t- il une log ique quelle n a pas trs biencomprise. Et de cette Logique nous nous entretiendrons tout lheure.

    A br ams (2) a remarqu, en outre, que ces points cutans do uloureux apparaissent avec la dysfonction et que leur disparition con-

    (1) T ra duit de l ang lais par le Dr. Guilla ume de Spa. A lcan 1923.(2) Some new things in Spondylotherapy. Philipolis 1913.

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    eide-avec la gurison ou lamlioration. Head (3), enfin, a constatque toute irritation sur une de ces zones d hyperesthsie cutane asouvent un effet surprenant de gurison sur les troubles organiques

    en relation avec elle (4).A ins i, dans cette brv e analy se, en nous appuy ant uniquementsur les travaux de physiologistes occidentaux, qui ignoraient tout delAcupuncture, nous avons pu dfinir ces zones cutanes de 2 3millimtr es de diamtr e, trs douloureuses la press ion, alors qu quelques millimtres, de part et dautre, la mme pression est parfaitement indolore.

    Les Chinois ont ainsi dcouvert 787 points rpartis sur lensemble des tguments.

    Nous pouvons donc comprendre la signification double dun

    point cutan douloureux :1 ) Un tel point, de par son existence, est l 'indice dune dys-fonction organique. De par sa localisation, il dfinit 1organe drythm. Il a donc une valeur diagnostic.

    2) L irr itation de ce point prov oque une raction et rquilibrele viscre ls. Il a donc une valeur thrapeutique.

    Ce que le Dr. de la Fuye (5) a dfini par cette expression : lpoint cutan douloureux est la plainte et lespoir de l'organe quisouffre .

    Notons que lirritation dun point peut se faire de trois faonsdiffrentes. Par laiguille, cest lacupuncture chinoise. Par la chaleurproduite par un petit cone darmoise enflamme ou par une chaleursche quelconque, cest le moxa japonais. Par le ponage, cest lemassage chinois.

    Dtermination du point piquer. Par mi cette masse de787 points, il serait videmment trs difficile de dterminer quelspoints doivent tre puncturs dans un cas donn, sil nexistait troisnotions essentielles qi permettent prcisment cette dtermination.

    La premire est la notion de Mridiens. Ce sont des lignes sansrapport anatomique avec les nerfs et les vaisseaux, le long desquelles

    sont rpartis les points cutans. 11 y a ainsi 12 Mridiens sy mtriqueset deux Mridiens mdians, un antrieur et un postrieur. ChaqueMridien correspond un organe ou un ensemble de fonctionsdorganes, tels le Mridien mdian antrieur et le Mridien dit duTriple Rchauffeur, qui rpondent la triple fonction respiratoire,diges tive et gnito- urinaire.

    La dtermination du ou des Mridiens en cause, dans un casdonn, se fait laide de l'examen des Pouls selon le mode chinois,deuxime notion fondamentale.

    Dans lAntiquit, les Chinois ont tudi les pouls au niveau descarotides, des pdieuses, des fmorales, mais cest finalement ceuxde la gouttire radiale qui ont t utiliss.

    (3) Dermatomes. Londres 1901.(4) La Science Mdicale pratique , 15 mai 1932; article du Dr. Ferrey-

    rolles.(5) Trait dAcupuncture, Le Franois. Paris 1947.

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    En Occident, lendroit de la gouttire radiale o lon prends le pouls est sans importance, en ce sens que l'on obtient toujours les mmes renseignements au sujet de ltat circulatoire. Mais dans les

    pouls chinois, il en va tout autrement et les indications diffrenttotalement selon remplacement o le doigt est pos. De part etdautre de lapophyse radiale existent trois positions. Sur chaqueposition, deux niveaux: un superficiel, un profond. Sur la radialedroite, en outre, en deux positions existe un troisime niveau moyen.En dfinitive, 14 pouls doivent tre tudis.. Chacun de ces pouls renseigne sur lactivit hyper, hypo ou normale dun organe, donc surla qualit de son fonctionnement et son statut nergtique.

    Evidemment, ces renseignements doivent concider avec lesrsultats donns par lexamen pratiqu selon le mode occidental.

    Mais il est certain, et amplement prouv par lexprience quotidienne,que ltude des pouls donne des renseignements beaucoup plus subtils,bien plus prcis et permet de pntrer plus avant dans le monde descauses de drythmie. Ce qui explique la gurison souvent spectaculaire, par lAcupuncture, de malades qui, pendant des annes, avaient tout essay , mais- sans rsultat apprciable. Po ur la r aison suff isante que la Mdecine, telle quelle est enseigne dans les Facults,sattaque aux symptmes alors que ces symptmes ne sont que desractions secondaires, des manifestations de dfense, la source vritable de la drythmie tant ailleurs et bien souvent indcelable, mmepar les moyens dinvestigation du laboratoire. Il est significatif deconstater, ce sujet, que certaines causes de drythmie, dcles parles pouls chinois ne trouvent pas de correspondance dans la terminologie de la Mdecine occidentale. Il nen reste pas moins que lesmalades doivent tre, plus souvent quon ne croit, des orientalistesavertis, car leur gurison prouve quils comprennent quelque chose.

    L 'ex ame n des pouls nous oriente donc v ers le ou les Mridienssur lesquels il convient dagir. Alors intervient la troisime notion :lindividualit clinique des peints.

    Un point cutan douloureux ne correspond pas un seul symptme, mais un ensemble de signes qui intressent les sphres digestiv e, respiratoire, gnito- urinaire, psy chique, sensorielle, etc., etralise un ensemble qui ne rpond pas la rigidit dun syndrome,lequel nest jamais quune abstraction, mais un tableau clinique quise prte toutes les modalits des processus morbides. Le problmeconsiste donc rechercher le ou les points sur le ou les Mridiensdfinis par ltude des pouls dont les tableaux cliniques correspondentavec la symptomatologie du malade. Ces points doivent tre douloureux la pression. La puncture rtablit lquilibre et fait disparatreles troubles.

    A propos de l indiv idua lit clinique des points , il est utile designaler la similitude qui existe entre les indications cliniques decertains points dAcupuncture et la pathognsie de mdicamentshomopathiques. Cette similitude intresse plus de 400 points chinois,ce qui permet la synesgie thrapeutique acupuncture- homopathietaye et justifie par de nombreuses correspondances de principesentre les deux mthodes. Cette association a t mise au point par le

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    Dr. de la Fuye la suite des travaux du Dr. Weihe, mdecin homopathe du X IX e sicle.

    V oic i donc br iv eme nt esquiss e les donnes fonda me ntale s de

    la pratique acupuncturale. Evidemment ces donnes sont trs loignesde la Pense mdicale de lOccident.

    L Energie . Com ment peut sex pliquer l action curativede lAcupuncture ?

    Lorsquon comprime ou pique un point cutan, le malade peroitsouvent une sensation curieuse, comme sil passait quelque chose le long dune ligne. Cette sensation est diffrente de celle qui rsultede la compression dun tronc nerveux. Elle existe dailleurs l o nese trouve aucun tronc nerveux. Le trajet de ces sensations concideavec celui des Mridiens et a permis de dfinir et prciser lexistencede ces Mr idiens. Ce quelque chose les Chinois l'appelrentEnergie (tsri). Les Chinois tudirent a minutieusement le tsri pendantdes sicles, sur des millions dindividus, en notant et en publiant lesobser v ations (6). De telles recherches mrite nt quon leur prte unecer taine cons idration. O n s tonne qu elles ne s uscitent dans lesmilieux mdicaux quun scepticisme purement ngatif, puisquil ludele problme.

    iLe Ini* et le Yang. Le philosophe Fou- Hi, en 295 0 a v ant

    lre chrtienne, entreprit avec ses disciples de rassembler toutes les

    connaiss ances accumules au cours des g nrations passes, d enoprer la synthse et, par inductions, de remonter la Loi Unique, la Source mme de la Vie, au Rythme qui conditionne la Respiration du Cosmos.

    Du nombre un, du Principe unique, de lEnergie Une, le Philosophe Fou- Hi ex tray a le nombre deux , le duel, sy mbole de lopposition. D aprs le Docteur Sakurazaw a, v oici comment il y parv int : L alternance de la lumire et de lobscurit fut considre toutdabord. Ce va-et-vient rgulier qui nous fait travailler, qui nousrepose, qui fait pousser les feuilles au printemps et les fait tomber

    en automne, tait bien le phnomne fondamental. Le mme va-et-vient, la mme opposition furent dcouvert dans toute la nature. (7).Et Fou- Hi dnom ma les deux lments du duel, constitutifs delEnergie, le Yang et le Inn. Le Yang, cest la solidit, la clart, lachaleur, la plnitude, le positif. Le Inn, cest la souplesse, le froid,la fragilit, lobscurit, le vide, le ngatif.

    Mais le jour f init, la nuit ne tar de pas tomber. A v an t quela nuit ne parte, le jour est dj prpar. Le jour, cest donc le commencement de la nuit. Rien nest donc fini, toutes les choses sont envolution, dpendantes et lies.

    Donc rien nest absolument Yang, ni purement Inn. Ce qui estInn par r apport un lment Y ang peut tre en mme temps Y angpar rapport un lment Inn. Toutes choses, comme lexprime leProfesseur Laig nel- Lav astine sont des manifest ations trs varies

    (6) Chine et Japon, par G. Souli de Morant, in Histoire Gnrale dela Mdecine , Tome I.

    (7) In tra it dAcupuncture du Dr. de la Fuye.

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    des combinaisons de ces deux activits fondamentales et universelles, Inn et Yang, oscillant dans des proportions infinimentvariables.

    Finale ment, Fou- Hi nona la L oi U nique qui dclare que L Unive rs , c est loscillation des deux activits Inn et Y an g et leursvicissitudes .

    Mais Tout est dans tout. Si donc les manifestations du Cosmossont soumises lOpposition Inn- Y ang, 1 homme doit 1 etre galementet le duel, chez lui, doit tre comme en toutes choses, la sourcede ses processus physiologiques, la source de son existence. Lasant appar at ainsi comme F objectiv ation d un flux energ etique quilibr dans ses composants Inn et Y an g et qui s coule sans obstacle,Un excs ou une insuffisance de Inn ou de i ang engendre cet tatdrythmique polymorphe quon appelle la maladie . Polymorpheparce que variable suivant la nature de la cause perturbatrice et lesige de lobstacle au flux nergtique. Le plus souvent, la causeperturbatrice est dordre toxinique : toxines secondaires une alimentation dfectueuse, du surmenage, une vie mal quilibre, endysharmonie avec le rythme de 1individu ou encore toxines d originementale (soucis, haine, colre, envie, etc.) Et cest ainsi que les pointscutans douloureux, selon nous apparaissent comme des centres daccumulation toxinique.

    L Acupuncture r tablit leury thmie org anique par la re composition du rapport normal Inn- Y ang et en fav orisant 1 limination

    toxinique. Quune simple puncture, sans aucune adjonction mdicamenteuse puisse prtendre avoir de tels effets, dconcerte le medecinoccidental. 11 conv ient de ne pas oublier qu 1 chelle org anique lesproportions qui prsident aux rapports biologiques eurythmiques oudrythmiques sont de 1ordre infinitsimal. L incitation qui' doit maintenir ou rtablir leurythmie doit tre infinitsimale galement. Onretrouve dans cette considration un nouveau point de contact entrelA cupuncture et lHomopathie. L A cupuncture a cet- avantage qui nenlve rien la v aleur de 1 Hom eo pathie d etre plus prochedes processus naturels, car la puncture drive de la pression qui est

    un geste de dfense, de recomposition eurythmique naturelle.Nous sommes loin de la conception de la Mdecine officiellepour qui lacte thrapeutique est conditionn par le principe de laquantit.

    Le maniement de lEnergie, t Selon les Chinois, et la pratiquequotidienne de lAcupuncture le prouve, 1Energie circule le longdes Mridiens, passant de lun 1autre en un flux permanent, suivantun ordre et une direction invariables, dtermins et connus.

    Cette connaissance triple d existence, de signe (inn ou yang) et

    de trajet permet ce que les Chinois depuis des millnaires appellent le maniement de lEnergie , qui est certainement lapport le plusprcieux de la Mdecine chinoise. Ce maniem ent repose surltude des pouls.

    Prenons, par exemple, le cas dune personne qui a une insuffisance hpatique, sans prjuger des symptmes quelle peut prsenteret qui peuvent raliser les tableaux cliniques les pius divers, orientantvers des points diffrents.

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    Le pouls correspondant au foie, et qui se trouve en regard de lapophyse radiale gauche, sur le plan profond, est faible, plus oumoins perceptible suivant le cas. Or sur chaque Mridien, donc pour

    chaque organe, ex iste un point de T onific ation et un point de Dispersion (sdation). Nous me ttons donc une aig uille d or au point detonific ation du mridien du foie. A u bout de quelques minutes, lepouls qui tait faible est mieux frapp. Cela prouve que lorganisme arpondu : lincitation il a ripost par une raction. Les fonctionsorganiques, hpatiques entre autres, amorcent leur processus derquilibration.

    A dm ettons quil ny ait eu aucune rpons e. Il ex iste un autrepoint sur c haque m r idien : le point Source, lequel s uivant qu il estpiqu lor ou largent, renforce laction tonifiante ou sdative. Sila rponse est encore insuffisante, on se base alors sur la direction et

    le trajet du courant nergtique le long des mridiens. On tonifieen amont du mridien insuffisant et on disperse (calme) en aval pourprovoquer d une part un afflux d energie de 1amont, d autre part unediminution du flux vers laval, et par consquent une concentrationnergtique au niveau du mridien et donc de lorgane trait.

    L Energ ie est ici manie ex actement comme en hydr aulique.Evidemment on peut objecter quil sagit l de jugements et de considrations purement subjectifs, donc entachs dun coefficient derreuret de suggestion non ngligeable. Cest pour rpondre cette objection quun appareil enregistreur des pouls a t mis au point au Japon

    et toutes les actions de maniement de lEnergie ont ainsi pu trecontrles et confirmes.

    Les quelques notions exposes ci-dssus sur le maniement delEnerg ie s uff isent pour montrer^ que l A cupuncture recherche essentiellement la rqailibration des tats drythms par des procdsdont la douceur et la non- violence contraste av ec les mthodes deplus en plus brutales et de moins en moins biologiques de la Mdecine allopathque

    Grce la connaissance de lEnergie circulante et de son trajetdans lorganisme, nous sommes en mesure de procder une vue

    densemble du Cycle gnral de cette Energie.

    Le Cycle de lEnergie. L Energie cosmique qui pntre dansl org anisme saccumule s elon les H indoux dans des Centres a ppelsChakras, au nombre de six, dont le premier est dans la muqueusepituitaire, alors que les autres sont tags le long de la colonnevertbrale.

    Selon les Chinois, lEnergie cosmique est transforme dans certains org anes, dits organes- ateliers : l estomac, l intestin grle,le gros intestin, la v sicule biliaire , la vessie. L Energ ie issue de ces

    organes est mise en rserve et finalement distribue par lintermdiaire des organes- trsor ou de rserve : le cur, les poumons,la rate et le pancras, le foie, les reins.

    A utr ement ex pr im, l Energ ie cosmique est dis tribue dans lesorganes. C est prcisment cette rencontre Energie- Organe qui estfondamentale dans la gense des phnomnes biologiques. Le duelEnergie- Organe ou l opposition Energie, c omme facteur dintgr ation

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    t la matire, comme lment de dsintgration conditionne 1quation biolog ique somato- psy chique.

    Mais de ce passage dans les organes, 1Energie cosmique reoitdes qualits nouvelles. En effet, l'organisme absorbe une Energie universelle, indiffrencie comme tant la mme ici et l. La rencontrede cette Energie avec un organe entrane une diffrenciation, unecaractrisation, une spcificit nergtique. De cosmique 1nergie setransforme et devient dterminante dune forme, d une manifestationbiologique donne.

    Il est bien vident qu'une nergie particulire circule dans unMridien, sinon si lnergie tait la mme dans tous les Mridiens, ilny aurait pas lieu de feire la distinction entre les divers Mridiens,entre celui du foie et celui des poumons, par exemple.

    Mais ceci nous conduit une vision analytique et il convient dese re-situer sur le plan de la vie qui est synthtique. Or ce qui circulele long dun Mridien nest pas une nergie spcifique unique, maisla synthse de toutes les nergies spcifiques d organes suivant unequatio n qui v arie av ec chaque or gane. E t ces notio ns que\ nousav ons prsentes au 3S Congr s Inter national d A cupuncture (8), nousav ons eu le plaisir de les trouver, conf irme r dans la revue S pir itualit , de fvrier 19 49, dans un article de M. R . Linssen : L e ma tr ialis me s pirituel , o il est crit : Nous pouvons

    envisager lhomme comme un milieu transformateur de 1energie.Cette transformation la dcompose, non en un spectre color (par

    comparaison avec un prisme), mais en diffrentes autres formes plusspcialises de lnergie : mode mental, mode motionnel et autre.De mme que la lumire blanche est lapothose homogne des diffrentes teintes particulires rvles dans le spectre color, de mmepourr ions- nous envis ager l nerg ie pure comme l apothose indivis edes modes motionnels et mentaux.

    Considre sous le point de vue biologique, 1Energie cosmiqueest lapothose des diverses nergies spcialises engendrees par lesrencontres nergie- organes.

    Poursuivant son cycle, lnergie diffrencie est distribue etcircule tout a u long des mridiens, tels qu ils sont dcrits par lesChinois et finalement elle est limine principalement par les mains,les pieds et les yeux, ce ,qui est conforme d une part avec le fait queles mridiens se terminent soit aux - ex trmits, s oit la face etdautre part avec les expriences relevant du magntisme humain.

    De la connaissance de ce cycle dcoule des consquences thrapeutiques et nosologiques. Elle permet, en effet, de classer les deryth-mies et de tracer les limites des possibilits curatives des mthodesmdicales quelles qu elles soient. Les quatre stades de la circulationnergtique dans lorganisme : absorption, accumulation, diffusion,

    limination permettent de considrer quatre formes principales d obstacle au flx nergtique. Nous nous bornerons ici analyser brivement les deux principales qui rsultent dun obstacle labsorptionou la diffusion.

    (8) Acupuncture et Respir; communication au 3e Congrs Inte rnationaldAcupuncture, Paris 1949.

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    Obstacle labsorption de lEnergie cosmique : Lorsquun traumatisme psychique, un conflit intrieur provoque un repli de lapers onne sur elle- mme, une tentativ e d isolement du reste du monde ,

    dont la consquence est une absorption, prnique insuffisante. !1 estbien vident que dans de tels cas les mdicaments, qu ils soient allo-pathiques ou homopathiques et lA cupuncture res teront inefficacess'ils sont utiliss titre isol. L A cupuncture et 1 Home opathie devr onttre utiliss concurremment pour favoriser la diffrenciation et ladiffus ion nerg tique, mais lapport nerg tique sera etroitementconditionn par les mthodes d hy gine physique et mentale quipermettront lindividu de se re-situer, de penetrer a nouveau dansle Cycle de la vie.

    A ce sujet, et en deux mots , on peut sex pliquer par les consid

    rations antrieures sur le cycle de 1nergie dans 1organisme, 1actiondu magntisme (ondothrapie humaine) dans de tels cas. Car ce quele magntiseur transmet au malade n est autre que cette energie diffrencie qui slimine par ses extrmits. Et il convient de rfimarquerque lquation nergtique du fluide limin par les index, parexemple, nest pas la mme que celui des mdius ou des pouces,puisquil sagit l de terminaison de mridiens, donc d organes, doncdnergies diffrencies.

    Donc le magntiseur transmet au malade de 1nergie diffrencie et le rsultat immdiat est peu prs le mme que si le maladeav ait absor b et trans for m lui- mme lEnerg ie cosmique. Mais l'am lior atio n est soumise la rptition indf inie des seances. 11 est int ressant de noter que lAcupuncture peut apporter une contributiontrs large pour la comprhension de laction curative du magntismehumain.

    Obstacle la diffusion de lnergie diffrencie : Nous sommeseh prsence de la cause majeure de la plupart des maladies. Or lestroubles, quils soient fonctionnels rversibles ou non, ne peuventrsulter de lnergie cosmique indiffrencie et invariante en tant quetelle. Les drythmies rsultent ncessairement dune altration de

    lorgane. Si la rencontre nergie cosmique avec un organe sain setraduit par une onde nergtique eurythmique, par contre la rencontrenergie identique avec un organe tar suscitera des maladies, desondes nergtiques drythmes.

    Nous entrons dans le domaine des intoxinations, dont la causeest toujours un abandon du ry thme, des lois de la V ie ; un transfertdu pla n o la V ie spanouit vers un autre o elle se dgra de. L estle grand domaine de laction acupuncturale. Les rsultats longuechance, cest--dire labsence de rcidives ou de rechutes tantfonction de la reconnaissance, par le malade, de ses Lois et de la

    re- dcouver te de son ry thme.Et nous terminerons par une pense puise dans le trsor delantique Sagesse chinoise; pense que nous ddions nos Matresen Facult qui, en sept annes, nous ont enseign une notion delhomme, de la maladie et du malade qui aboutit une impasse, une conception qui dploie ses raisonnements, dveloppe ses arguments dans la totale ignorance des exigences lmentaires de laBiologie et ne russit, paralllement lobscuration dune Mdecine

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    de la V ie, qu' crer ltrange mo nument d une Mdec ine de cadavr e,anato mique, anatomo- pathologique, matrialiste , pseudo- scientifique.

    Pienn- tsio, illustr e mdecin chinois, quelques sicles avant J .C .,

    dclarait pouvoir tout gurir par lAcupuncture, sauf six maladies,dont les plus graves taient lorgueil qui mprise la raison et unerichesse trop lourde pour un tre trop.lger .

    La richesse qui parat vraiment trop lourde certains occiden:taux est la prodigieuse tradition orientale. Et cest tre bien orgueilleux et vraiment lger, en effet, que dignorer volontairement unediscipline thrapeutique qui a rsist cinquante sicles dexprimentations, de recherches patientes et minutieuses sur des millions dindividus, alors quon se crot autoris rendre obligatoire lusage decertaines substances mdicamenteuses (BCG), dont lexprimentation

    remonte quelques dcades.Mais ceci est la Logique rebours des Mondes en perdition...D r . J . K A L M A R .

    Krishnamurti Londres

    V ena nt de Cali fornie, o il a donn plusieurs confr ences ,

    K ris hnamurti reparle en Europe, pour la pre mire fois depuis 1 1 ans.Chaque dimanche matin le public londonien, qui nest pourtant pasmatinal, fait la file plusieurs heures avant louvrtare des portes du

    V ic tor ia Hall.Cest l que je lai revu aprs 12 ans de sparation. Je lavais

    entendu y a longtemps dj dans les solitudes potiques du vastedomaine dOmmen, en Hollande. Je craignais quelque peu le cadreartificiel dune salle au coeur dune des plus grandes villes dumonde. L ambiance dev ait, me semblait- il, of fr ir un tel contrastepar rapport aux paisibles sapinires de lOveryssel hollandais.

    Mes apprhensions se rvlrent inexactes. Dans la salle duV ic tor ia Hall, qui tait comble , de nombreux visages ne m taie ntpas inconnus. Je les avais entrevus Ommen. Je citerai dabord lasympathique silhouette de Monsieur Folkersma, qui symbolise mesyeux toute l or g anis at ion des anciens camps de l Etoi le . D autresvenus dAutriche, de Sude, de Norvge, du Danemark, dIrlande,dEcosse, etc. La plupart, ne stant plus vus depuis dix ou douzeans, exprimaient leur joie mutuelle dune rencontre inespre. Soudain Krishnamurti apparut sur la scne. Toujours aussi simplement,sans aucune recherche de prestige. Un silence extraordinaire planependant quelque temps sur lassemble. Silence riche damour, depuissance, mais aussi dune foule de richesses caches, que les motssont incapables dexprimer.

    De toute vidence, Krishnamurti est dlivr du souci de plaire son public. Il ne recherche jamais le succs et resteinbra nlablem ent f idle aux sugg estions que lui dicte une V IEimmense et sans borne.

    Pour toutes ces raisons, les confrences et la personnalit mme

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    de Krishnamurti peuvent paratre quelque peu dcevantes, surtout lgard de ceux qui voudraient trouver en lui un encouragement quelconque leurs faiblesses, leurs croyances.

    Les discussions qui se donnent deux fois par semaine, sont trssuivies galement. Avec une patience qui ne peut rsulter que dunamour et dune comprhension infinis, Krishnamurti sefforce de nousfaire prendre conscience de nos propres limitations, de nos prjugs.Pendant plus de deux heures, chaque sance, il tente dentreprendrele travail lent, mthodique et particulirement ingrat dclaircissementdes processus profonds qui prsident nos penses, nos motions etnos actes.

    11 est cout dans un silence total. J allais parler d un silencereligieux, mais ce terme trahirait la pense du confrencier, qui

    n'as pire qu nous remettre en face de nous- mmes, en nous libr antde toutes les autorits spirituelles, y compris la sienne.Pour ces raisons, il sest spar depuis plus de vingt ans des

    milieux thosophques et manifeste de plus en plus le dsir de saffranchir de toute tiquette en gnral. Admirablement aid par Rajagopal,qui le seconde partout depuis plus de 25 ans, Krishnamurti s efforcede briser les lgendes dores que lon a tent de crer autour delui.

    Q uenseigne K ris hnamurt i ? 11 est imposs ible de r pondre cettequestion en quelques lignes. La lecture des uvres mmes de 1auteurpourrait nous renseigner sans ambiguit.

    Les causeries et les discussions de Londres 1949 sont assez semblables de celles quil donna Madras, en 1947 et 1948, ainsi quecelles de Bnars 1949, qui seront prochainement traduites en franais.

    Le problme du monde est un problme individuel. Rien ne sertde changer les cadres extrieurs si lon ne modifie pas 1esprit et lecur des hommes qui utilisent ces cadres. Et cette modification fondamentale- de l'humain ne peut tre ralise que par la pleine connaissance de soi.

    C est sur cette connaiss ance de nous- mmes et surtout sur la

    faon dapprocher le problme de la comprhension de soi que Krishnamurti projette les lumires dune pntrante analyse.

    Existe-t-il une solution la confusion dans laquelle noussommes ?

    O ui, nous dit- il, mais assez diff re nte d celles que nous of fr entles disciplines traditionnelles. Chacune nous donne des consolationsqui napportent pas la comprhension. Les religions et les philosophies connues nous off rent des recettes dites pratiques , desmodles imiter. Par ce processus didentification subtil des valeurscres de toutes pices par la pense, lhomme fuit les problmesde la vie quotidienne. Fuir nest pas rsoudre.

    Ce sont ces conflits rels que Krishnamurti veut nous aider rsoudre en les af fr onta nt d une faon directe , simple,- mais libreedes fausses valeurs du pass. Il veut aller la racine mme du moi et re prend lantique connais- toi toi- mme , en y donnant des dve loppeme nts inous de profo ndeur et de sens pra tique. Encor e faut- ilinsister sur le fait que lenseignement de Krishnamurti est essentielle

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    ment pratique parce quil projette dtonnantes lumires sur lesprocessus de nos penses et de nos actes.

    Il dnonce impitoyablement les ruses de la pense toujours en

    qute dvasions. Il va jusqu mettre au mme niveau ies vasionsgrossires et les vasions subtiles auxquelles procdent lunanimitdes hommes. Cest de sa part trs courageux, et si pour certains cettefaon de procder parat brutale et dsagrable, il est bon quilssachent que le choc psychologique qui dcoule dune telle pris rcontact est hautement rvlateur. Fuir un chagrin dans la boisson,dans la dbauche, dans le culte dun Matre ou dans ladoration dunequelconque des crations de limagerie religieuse, est pour lui chosefondamentalement identique.

    Les mditations exclusives et lisolement religieux sont pour

    Krishnamurti des systmes de fuite qui sont incapables dapporterune connaissa nce et une compr hens ion intgrales de nous- mmesquil juge essentielle. Si nous adorons limage quelconque dun personnage aussi grand eut-il t nous nadorons quune projection denotre propre pense. Il ny a plus de conflit. Mais cette absence deconf lit ne rsoud en rien lex istence du moi qui en est l orig ine.

    Une telle pacific atio n rsulte de liner tie mor tel le d'une a utointox ication mentale et non de la V IE . Ceci dev rait, me semble- t- il,paratre trs clair.

    Cest dans nos rapports avec autrui (ce que Krishnamurtiappelle en anglais le relationship) que nos limitations, nos peurs et lesattaches inexplores de notre tre profond peuvent se rvler defaon plus relle.

    Pour tre libratrice, la vie devrait tre vcue plus attentivement, plus courageusement, dans une attitude desprit qui voit leschoses telles quelles sont. Prendre conscience de ses limitations tellesquelles sont, semble une chose facile. Krishnamurti nous montre quel point nous mettons tout en uvre pour ne pas nous voir telsque nous sommes, mais nous fuir ds l'instant o nous sommes enconflit.

    De plus, nous ne savons en ralit pas ce que nous pensons,comment et pourquoi nous le pensons. Et dans la mesure o nousignorons les processus profonds qui prsident nos penses, nosdsirs et nos actes, nous sommes irresponsables.

    Q uest- ce que la pense ? C est une r action de la mmoir edevant les faits de lexistence prsente. Chacun porte inscrite dansses cellules, tant en surface quen profondeur, la mmoire obscure desefforts de millions de sicles dhistoire anonyme. Krishnamurti nousdemande si la pense qui est le rsultat du pass peut dcouvrir uneralit suprme et toujours renouvelle que nous portons en nous.Non videmment. La pense qui est un rsultat ne peut dcouvrir laralit, qui nest le rsultat de rien. Une telle affirmation, qui paratmtaphysique, est cependant lourde de consquences pratiques. Lapense est lessence mme du moi . Le moi nest-il pas simplement une pense, nous demande K ris hnamurti ? L a pense est lexpression de linstinct de conservation du moi pris au pige del'illusion du temps. Cette illusion nous donne la soif de devenir ,de durer . Cette avidit de continuit est l'essence mme de la

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    violence. La paix ne peut tre ralise que lorsque lhomme en tantquindividu saffranchit de son avidit de devenir, de possder , de durer. .

    Ceci dfinit clairement lgosme comme cause premire desconflits indiv iduels et collectifs. L err eur consiste fuir ces conflitsen nous identifiant des valeurs subtiles qui restent fausses parce quecres par la pense.

    A un auditeur qui af f ir mait que lorsquil tait tent de har, ilpensait Dieu ou adorait l A bsolu, K ris hnamurti lui dema ndait : C om m e nt connaissez- vous Dieu ou lA bso lu? Parce qu on v ousen a par l ? Parce que v ous av ez lu ces choses dans des livr es ? Nevoyez- vous pas que v ous adorez en ralit les projections de v otrepropre pense et, par consquent, que votre moi se continue tou

    jours sur un autre plan.Notre erreur consiste croire que de cette faon nous sommesnon- violents.

    Nous le restons en fait, aussi longtemps que consciemment ouinconsciemment nous restons pris dans les piges de notre soif dedevenir, quelle soit grossire par la passion brutale, ou subtile par lesidentifications spirituelles.

    La solution rside dans ce que Krishnamurti appelait ces joursderniers lintgration du penseur et de ses penses . Impossible dedvelopper le sujet correctement ici. Par cette intgration, disonssimplement que le penseur est conscient de lunit quil forme avecses penses. La fausset du processus mental lui tant apparue vidente, celui- ci arr ive lex tinction.

    Cette extinction ne peut tre, ni un acte de choix (car rsultantde la pense), ni une condamnation (car rsultant de la pense),ni de la volont (car rsultant de la pense). Par cette intgration,lactivit mentale et la conscience du moi qui en rsultent cessent.L oin d tre une dshumanisation de lhumain comme beaucoupsont tents de le supposer cette ex prience consacre s on accomplissement dans une apothose de clart et d amour.

    L art de la vie consisterait se dgager des mmoire s faciles du

    pass pour aborder les richesses dun Prsent Eternel dans une totaletransparence. Ne disons pas que cest impossible. Pour aller loin,nous dit Krishnamurti, il faut commencer par ce qui est prs. Achaque jour s ff it sa peine. A I mpossible nul n est tenu.

    T out tre qui a un cur et un esprit peut et doit tenter cetteclar ific ation de lui- mme, cette meilleure connaiss ance des couchessuperficielles et profondes de son complexe psychologique, afin deparfaire son intgration libratrice.

    Ram L1NSSEN.

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    L anatomie psychologique de lHomme

    selon Shr A urobindopa r J e a n H E R B E R T .

    . 164

    IN T R O D U C T IO N .

    Shr A ur obindo est sans doute le psychologue qui a donn les

    descriptions les plus prcises et les plus perspicaces de 1etre humain,tant ltat normal que dans les dveloppements de la personnalitque per met le y oga. Malheureuseme nt pour nous, il! n a jamaisrassembl ses enseignements ce sujet dans un traite; il faut leschercher dans de trs nombreuses lettres, en partie seulement publies,quil a crites des disciples pour aider ceux- ci surmonter desobstcales bien dtermins auxquels ils se heurtaient dans leur sadhanaindividuelle. En outre il emploie un vocabulaire particulier, dont ilne nous a jam ais fo urni de glossaire ou de table au d ensemble. E tenfin il refuse toujours de se laisser enfermer dans une formule ou

    un schma quelconque, pour viter quon ne le pre nne dans unsens trop rig ide et mcanique (5). Cela ne cre gure de diffic ultpour ses disciples, accoutums depuis longtemps 1usage de cetteter minolog ie, et" aussi ce qui est bien plus impo r tant a uneintrospection et une autopsychagogie continuelles sur la base memede cette comprhension d la'nature humaine. Mais pour ceux deplus en plus nombreux qui, sans se consacrer a la pra tique duy og a, che rchent puiser dans les riches enseignements du matre,tout cela constitue un rel obstacle. J ai pens leur rendre serv iceen rsumant dans un schma loccidentale ce que j ai moi- memecompris de la vision aurobindienn de notre ;

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    Sat ChitAnanda

    SUPR AMENT AL ou Gnose divine

    f-z

    A M / ' S *

    S U R M E N T A L

    Conscience shvarique

    Intuition

    Z

    5c73m

    >m

    3m732 3m n C 75 cm

    illumin

    suprieur

    I plus vaste

    f pensant j

    intelligence libre