Sobre Enfance Dos Textos en Francés

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SYNTHESE SUR ENFANCE I- Le genre autobiographique 1 - Enfance : une autobiographie classique La narratrice retrace à la 1re personne les souvenirs de Natacha, «Tachok», l’enfant que fut l’auteur. Cette 1re voix est doublée d’une autre voix, sorte de double de la narratrice, avec lequel elle entretient des dialogues destinés à commenter le récit d’enfance, à le rectifier. Le souci de vérité apparaît à plusieurs reprises. La narratrice s’efforce de restituer le point de vue de l’enfant; les évènements ne sont pas analysés, c’est la narratrice et son double qui apportent des éléments de réflexion. La narratrice avoue aussi parfois ne pas se souvenir. La narratrice cherche à donner de son personnage un portrait véridique: elle n’idéalise pas l’enfance et ne la dramatise pas. Elle se représente comme un enfant ordinaire et non comme un écrivain en herbe. 2- Une autobiographie originale Ce texte est écrit au présent, car les seuls souvenirs qu’elle écrits sont « vivants ». Ce texte est fragmenté en très courts passages: les moments sont juxtaposés, présentés sans lien de causes à effets. Elle n’explique pas son histoire, n’emprisonne pas la vie. La forme dialoguée est originale: d’habitude, dédoublement adultelenfant, mais ici la voix narrative se double d’une voix plus critique qui intervient pour vérifier la fidélité du travail de remémoration. Ce procédé est lié à la méfiance de Sarraute envers le genre autobiographique: «Je crois qu’on ne peut pas parler très sincèrement de soi-même ». Le contrôle peut parfois se transformer en soutien et la seconde voix guide alors la narratrice. Le texte refuse d’attribuer à l’enfant un quelconque don en littérature, de chercher la trace d’une vocation. A l’inverse du don, l’écriture de l’enfant s’inscrit ds la normalité: l’idéal de la littérature est rabaissé à l’usage de la grammaire et de l’orthographe. II- Autobiographie et histoire. Ds Enfance, des évènements historiques importants ont eu des conséquences bouleversantes sur la vie des individus. La mère apparaît profondément liée à son pays, la Russie tsariste. Elle fait partie de cette classe russe aisée, cosmopolite, qui fait des études et des voyages. Le père a dû quitter la Russie sous la pression du pouvoir tsariste. Il revendique son judaïsme ds un climat d’antisémitisme.

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selección de textos críticos a propósito de la novela "enfance" (Infancia) de Nathalie Sarraute.

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SYNTHESE SUR ENFANCE

I- Le genre autobiographique

1 - Enfance : une autobiographie classique

La narratrice retrace la 1re personne les souvenirs de Natacha, Tachok, lenfant que fut lauteur. Cette 1re voix est double dune autre voix, sorte de double de la narratrice, avec lequel elle entretient des dialogues destins commenter le rcit denfance, le rectifier. Le souci de vrit apparat plusieurs reprises. La narratrice sefforce de restituer le point de vue de lenfant; les vnements ne sont pas analyss, cest la narratrice et son double qui apportent des lments de rflexion. La narratrice avoue aussi parfois ne pas se souvenir. La narratrice cherche donner de son personnage un portrait vridique: elle nidalise pas lenfance et ne la dramatise pas. Elle se reprsente comme un enfant ordinaire et non comme un crivain en herbe.

2- Une autobiographie originale

Ce texte est crit au prsent, car les seuls souvenirs quelle crits sont vivants .Ce texte est fragment en trs courts passages: les moments sont juxtaposs, prsents sans lien de causes effets. Elle nexplique pas son histoire, nemprisonne pas la vie.La forme dialogue est originale: dhabitude, ddoublement adultelenfant, mais ici la voix narrative se double dune voix plus critique qui intervient pour vrifier la fidlit du travail de remmoration. Ce procd est li la mfiance de Sarraute envers le genre autobiographique:Je crois quon ne peut pas parler trs sincrement de soi-mme . Le contrle peut parfois se transformer en soutien et la seconde voix guide alors la narratrice.Le texte refuse dattribuer lenfant un quelconque don en littrature, de chercher la trace dune vocation. A linverse du don, lcriture de lenfant sinscrit ds la normalit: lidal de la littrature est rabaiss lusage de la grammaire et de lorthographe.

II- Autobiographie et histoire.

Ds Enfance, des vnements historiques importants ont eu des consquences bouleversantes sur la vie des individus.La mre apparat profondment lie son pays, la Russie tsariste. Elle fait partie de cette classe russe aise, cosmopolite, qui fait des tudes et des voyages.Le pre a d quitter la Russie sous la pression du pouvoir tsariste. Il revendique son judasme ds un climat dantismitisme.

III- La structure de loeuvre

70 fragments pour ressusciter et analyser de frles sensations. Chaque fragment a une unitgographique et mentale (une occupation, une proccupation).

- Refus du chronologique. La date de naissance de lenfant nest mentionn qu la fin du texte. La progression du texte est parfois interrompue par des retours en arrire. Datation imprcise.

- Un jeu doppositions: lenfant est confront des parents diffrents: le pre refuse de livrer ses sentiments /La mre est extravertie. Le pre prend les tudes au srieux/ la mre accorde peu dimportance aux succs scolaires.

- Les scnes se font cho, se rptent comme en miroir et se construisent sur des oppositions. Les scnes de terreur nocturne vcues auprs de la mre sont terribles, mais celles vcues auprs du pre montrent une matrise des motions.

- Lespace participe la construction du livre: lhtel suisse, la rue Boissonade, la rue Marguerin sont spcifiques au pre. La rue Fatters, St Ptersbourg le sont a la mre. Certains lieux sont associs la fois au pre et la mre et montrent lopposition entre les deux ducations: lieux de Russie, jardin du Luxembourg.

- 2 grandes parties: avant fvrier 1909 (date de labandon de la mre), le livre fait alterner souvernrs avec le pre et avec la mre.aprs fvrier 1909, essentiellement souvenirs avec le pre et vocation de Vra.

- Enchanement des pisodes par associations dides ou de sensations. Par exemple:lindiffrence dsinvolte de la mre appelle le souvenir dune cruaut de Vra. Ou:souvenir heureux avec le pre appelle son contraire: souvemr malheureux.

IV- Les personnages (les personnes sont transformes en personnage par lcriture)

1 - Figures familiales:limage strotype des parents conus comme instance protectrice tendre et autoritaire napparat pas ds Enfance.

- le pre: certes, il y a un certain nombre de clichs lis limage du pre. Il est li lespace du dehors, envisag sous langle du travail. Il est celui qui supporte la responsabilit de la famille, il est soucieux, fatigu. Il est galement li au silence, une certaine rserve sentimentale. Mais cette image virile et nuance car il soccupe de sa fille dune faon maternelle. Cest lui qui soccupe de lenfant malade, lui prodigue des mots damour.

- la mre: on retrouve aussi des strotypes. La mre entretient un rapport plus sensuel avec sa fille (odeur, douceur de la peau), mais la douceur de la peau et au contact physique sopposent la froideur et la distance affective. Prsente, elle ne soccupe pas de lenfant et pense dj son dpart. Elle apparat impossible cerner car elle est toujours ailleurs.

- Vra: personnage ambigu. Elle a des aspects caricaturaux de la belle-mre, tranchante, rigide. Mais dautres lments adoucissent le portrait. Ttes deux partagent des moments privilgis. Elle accepte que lenfant lappelle maman.

2- En dehors de la famille, les personnages basculent + nettement vers la fiction.- Les domestiques russes rappellent les personnages de roman.- Les figures rvolutionnaires.- Les camarades de jeux, personnages mythiques relis lge dor de lenfance.

V- La mmoire

1 - Est-elle fiable?

- Sarraute se penche tardivement sur son pass (83 ans). Loubli joue un rle considrable comme lindiquent les interventions frquentes de la narratrice et de sa voix critique. Les verbes savoir et se souvenir reviennent alors souvent la forme ngative. Cette part dindtermination rend compte du point de vue de lenfant.

- Limprcision des souvenirs fait que parfois le texte recourt des images toute faites (descriptions conventionnelles des paysages de Russie) mais ces clichs sont volontaireset ont une fonction: colmater les manques de loubli et rappeler au lecteur le ct conventionnel de lautobiographie (On forge une vrit).

- Lorsque les souvenirs sont trop flous, la voix critique intervient pour dnoncer les risques de reconstitution, les invraisemblances du rcit. Ces interventions ont aussi pour rle dobliger la narratrice remettre en question son rcit, lapprofondir (notamment devant un souvenir difficile).

2- Problme de lcart entre lenfant et ladulte.

- La narratrice cherche davantage restituer une atmosphre denfance qu retrouver lenfant quelle tait. Limage du brouillard est souvent utilise; les contours de lenfant et de lenfance restent flous.- Le texte est empreint du dsir de faire de cette enfant une enfant quelconque, comme tout le monde, qui aime sa mre, quaime sa mre. Pourtant la ralit est diffrente, le double de la narratrice intervient pour dnoncer lartifice: saffirme alors une personnalit incapable de se plier au conformisme qui figure le bonheur.

VI- Les Tropismes

Sarraute reprend un terme scientifique (en biologie, un tropisme est une raction cause par des agents physiques ou chimiques) et lutilise pour dsigner un tat o ltre dveloppe une raction sous leffet de stimuli, de forces extrieures.Les tropismes sont bass sur la douloureuse rpercussion de paroles brutales:- un ami de sa mre dclare Avant de se mettre crire un roman, il faut apprendre lorthographe .- une bonne dclare Quel malheur quand mme de ne pas avoir de mre .- Sa mre rvle que soigner sa fille fut une corve ; rejette sa fille qui veut simmiscer ds le couple amoureux; dclare quune enfant qui aime sa mre trouve que personne nest plus beau quelle ; montre sa dsinvolture lgard du sort de Natacha livre Vra qui serait une hystrique .- Vra dclare Natacha Ce nest pas ta maison , On ta abandonne , Comment peut-on dtester un enfant?Pour certains tropismes, Sarraute dveloppe les motivations de lmetteur (souvent une pulsion incontrle et nocive pour lenfant destinataire). Pour dautres, Sarraute sintresse aux rpercussions de la parole sur la petite fille (un choc lger ou plus violent, puis la recherche du sens).

1- Le refus du psychologique (la prfrence pour la physiologique).

Ordinairement, les auteurs dautobiographie cherchent reconstituer les fondements de leur personnalit, retrouver ce qui a pu les amener avoir telle ou telle attitude. S. adopte une attitude diffrente.- Lenfant tant incapable danalyser, de percevoir les choses avec distance, ayant une perception immdiate, fusionnelle de la ralit, S. se dfend de fausser le regard de lenfant. Les anecdotes sont racontes en focalisation interne, du point de vue de lenfant. Cest pourquoi les souvenirs sont souvent une suite dactions courtes, construites sur des verbes de mouvement. Les personnages sont perus de lextrieur.- Lenfant manifeste aussi un refus de juger, notamment la mre et son indiffrence.

2- Recherche de la sensation

- Les sensations sont mises en avant car ce sont elles qui sont premires chez lenfant.- Que les ractions soient heureuses ou douloureuses, elles sont provoques par un lment extrieur (paroles, paysage, objet) et sont dcrits sur le plan physique.- Sarraute met en avant la sensibilit propre lenfance. Il ne sagit pas de considrer lenfant comme un tre informe qui prfigure ladulte, mais au contraire de rendre sa place lenfant. Enfance met jour ce que ladulte a pu conserver dintact, a pu prserver (un rapport au monde naf, immdiat, merveill, fusionnel).

VII- Lcriture de Sarraute

Sarraute a la volont de faire clater les conventions du langage et de rompre ainsi avec les autobiographies conventionnelles (qui tombent ds une vision mivre de lenfance et se laissent enfermer ds une signification prconue.) Elle veut une forme lie laffectivit, une forme naturelle et non intellectuelle.

1- La fragmentation

- Les souvenirs senchanent par juxtaposition, sans outil de liaison. Leur succession est parfois chronologique, mais le plus souvent lenchanement est assur par des associations dides. Cette fragmentation suit le processus de la mmoire et mime la spontanit du souvemr. Cette discontinuit reprsente aussi une forme de ralisme, qui consiste suivre le fil de la conscience de lenfant plutt que celle de ladulte.- Les phrases sont aussi juxtapose ou coordonnes par et. Cette simplicit se rapproche du langage enfantin. Les phrases sont souvent brves, interrompues et sachvent par des points de suspension.

2- La dsignation impossible

- Utilisation des indfinis a et cela quelque chose rien on- Enumrations qui brouillent limage; plusieurs mots sont utiliss et non un seul pour dsigner quelque chose et aucun mot ne semble convenir parfaitement. Cela reproduit la difficult qua lenfant de comprendre, de juger. Cela reproduit aussi le style oral, parl.

3- La dislocation des rcits: pas de suspens, dbut "in media res". Llment central est annonc tt de suite, alors que ds le rcit on annonce dabord les circonstances. S. donne ainsi limpression de livrer ses souvenirs ltat brut, spontanment sans les travailler.

ENFANCE DE NATHALIE SARRAUTE:UN PROJET ORIGINAL DAUTOBIOGRAPHIENathalie Sarraute faisant une lecture deTropismes

Dans son livreEnfance(1983), Nathalie Sarraute rassemble des souvenirs de ses onze premires annes. La narration sarrte au moment o la petite fille entre en sixime. Lune des originalits de ce rcit rside dans le ddoublement de la narratrice. Deux voix dialoguent, qui reprsentent lune et lautre l'auteur, mais qui incarnent des postures diffrentes lgard du travail de mmoire. Lune de ces voix assume la conduite du rcit, lautre reprsente la conscience critique. Selon les moments, cette seconde voix freine llan de la premire, la met en garde contre les risques de forcer l'interprtation ou inversement la pousse l'approfondir. Grce ce systme des deux voix, nous avons deux livres en un : d'une part un rcit d'enfance, de l'autre un tmoignage sur la mthode dinvestigation du pass labore par lauteur pour djouer les piges traditionnels de l'entreprise autobiographique.1 RESSUSCITER ET ANALYSER LES TROPISMES DE LENFANCE.

a) les tropismes. Nathalie Sarraute dfinit ainsisa dmarche : mefforcerde faire surgir quelques moments, quelques mouvements qui me semblent tre intacts, assez forts pour se dgager de cette couche protectrice qui les conserve, de ces paisseurs blanchtres, molles, ouates qui se dfont, qui disparaissent avec lenfance (p.277: ce sont les derniers mots du livre).Il sagit donc pour lauteur d'explorer des sensations prouves pendant son enfance, restes informules (lexpression hors des mots apparat p. 9) et qui lui paraissent utiles pour comprendre ce quelle a vcu profondment dans les premires annes de sa vie. Toute son uvre romanesque est faite de lanalyse de ces mouvements intrieurs informuls quelle appelle des tropismes. DansEnfance, ces mouvements intrieurs sont souvent la rpercussion de paroles maladroites ou brutales qui rvlent Natacha, ou lui font pressentir, la ralit de ses rapports avec ses proches, notamment avec sa mre.b) formuler ce qui tait rest informul : Le travail de l'crivain consiste trouver les mots et les images susceptibles de restituer ce vcu intrieur. Formuler ce qui tait rest informul, c'est prcisment ce que peut tenter de faire l'crivain adulte, alors que la petite fille en tait incapable. Cet objectif est explicit plusieurs fois dansEnfance:- Il nest pas possible que tu laies peru ainsi sur le moment - Evidemment. Cela ne pouvait pas mapparatre tel que je le vois prsent, quand je moblige cet effort dont je ntais pas capable quand jessaie de menfoncer, datteindre, daccrocher, de dgager ce qui est rest l, enfoui. (p.86) Les mots, les images employs, reprsentent le point de vue de lauteur assis sa table de travail et pas la perception exacte de lenfant. - Des images, des mots qui videmment ne pouvaient pas se former cet ge-l dans ta tte - Bien sr que non. Pas plus dailleurs quils nauraient pu se former dans la tte dun adulte Ctait ressenti, comme toujours, hors des mots, globalement Mais ces mots et ces images sont ce qui permet de saisir tant bien que mal, de retenir ces sensations (p.17)Tu nas pas besoin de me rpter que je ntais pas capable dvoquer ces images ce qui est certain, cest quelles rendent exactement la sensation que me donnait mon pitoyable tat (p.98)c) un exemple de sous conversation : Pour parvenir rendre ces "tropismes", l'criture doit dvelopper, comme au ralenti, le flux dimpressions qui a travers la tte de lenfant, chappant sa conscience claire. Cela prend parfois la forme d'une sous-conversation, rdige dans un style qui se veut hsitant, ttonnant, rempli de points de suspension, de rptitions. On en trouvera un bon exemple pages 57-58, lorsque Natacha demande son pre de lui dire Je taime et que la narratrice commente dans une sous-conversation, purement fictive et informule, le sens cach des ractions de lun et de lautre.Tachok2 EVITER LES PIEGES ORDINAIRES DE LAUTOBIOGRAPHIE Les premires lignes du livre (page 7) rvlent les prventions de lauteurcontre le genre autobiographique :- Alors, tu vas vraiment faire a? Evoquer tes souvenirs denfance Comme ces mots te gnent, tu ne les aime pas. Mais reconnais que ce sont les mots qui conviennent. Tu veux voquer tes souvenirs il ny a pas tortiller, cest bien a.- Oui, je ny peux rien, a me tente, je ne sais pas pourquoi Nathalie Sarraute explique cette mfiance dans une interview la revue Lire (n94, juin 1983):Quand on veut parler de soi-mme, de ses sentiments, de sa vie, cest tellement simplifi qu peine cela dit, cela parat faux () on finit donc par construire quelque chose qui est faux pour donner une image de soi. Jai essay de lviter. La mthode de Nathalie Sarraute est donc faite aussi dun certain nombre de refus.a)Le clichRefus dabord du clich:- ce que je crains, cette fois, cest que a ne tremble pas pas assez que ce soit fix une fois pour toutes, du tout cuit, donn davance- Rassure-toi pour ce qui est dtre donn cest encore tout vacillant, aucun mot crit, aucune parole ne lont encore touch (p.9)Lauteur se mfie des souvenirs dj construits par une tradition familiale, des anecdotes pittoresques, mais sans mystre, des beaux souvenirs homologus par une longue tradition littraire:Ce vers quoi nous allons, ce qui mattend l-bas, possde toutes les qualits qui font les beaux souvenirs denfance de ceux que leurs possesseurs exhibent dordinaire avec une certaine nuance de fiert. Et comment ne pas senorgueillir davoir eu des parents qui ont pris soin de fabriquer pour vous, de vous prparer de ces souvenirs en tous points conformes aux modles les plus apprcis, les mieux cots? Javoue que jhsite un peu b)Les raccords N.S. se mfie aussi de cette tentation observe maintes fois chez les auteurs dautobiographies de compenser les dfauts de la mmoire en restituant artificiellement une continuit de leurs souvenirs. Page 24, par exemple, la voix narratrice reproche la voix critique de la pousser par ses questions imaginer de tels repltrages (N.S. emploie aussi le mot raccords, page 20):en tous cas rien ne men est rest et ce nest tout de mme pas toi qui vas me pousser chercher combler ce trou par un repltrage.

Ce refus des "raccords" ou des "repltrages" explique la construction discontinue du livre (80 segments narratifs sans liaisons logiques ou chronologiques explicites).c)La tentation de leffet littraireAutre refus, celui de lembellissement du souvenir par la recherche de leffet littraire:-Mais comment, par o la saisir pour la faire tant soit peu revenir, cette nouvelle vie, ma vraie vie - Fais attention, tu vas te laisser aller lemphase (p.166) Autre exemple page 20:- Ne te fche pas mais ne crois-tu pas que l, avec ces roucoulements, ces ppiements, ces tintements de clochettes, tu nas pas pu tempcher de placer un petit morceau de prfabriqu cest si tentant tu as fait un joli petit raccord, tout fait en accord- Oui, je me suis peut-tre un peu laisse allerd)La dformation intentionnelleLautobiographe peut aussi avoir envie de dformer pour dmontrer. Ainsi, page 38, la voix critique signale la voix narratrice une tendance noircir limage de la mre:- Sois juste, il lui est arriv, pendant cette maladie de venir sasseoir prs de ton lit avec un livre.- Cest vrai e)Lincertitude des sourcesEnfin, il arrive aussi que le narrateur soit amen corriger par des informations datant de lge adulte les croyances hrites de lenfance:- Je le sais maintenant, mais ce nest pas ce quon mavait dit et que je croyais encore (p.118)