Semaine de La Francophonie ex

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SEMAINE DE LA LANGUE FRANÇAISE - Dans le cadre de l'événement qui se tient jusqu'au 22 mars, le BSC News a interviewé le cinéaste américain Eugène Green. Établi à Paris depuis 45 ans, le réalisateur de Toutes les nuits n'est pas tendre avec les instances gouvernementales. Parisien depuis 1969, le réalisateur étudie les arts avant de fonder la compagnie de théâtre la Sapience. Dans les années 1990, il se lance dans la réalisation avec son premier long métrage, Toutes les nuits. En 2014, Eugène Green a scénarisé et réalisé La Sapienza, film dramatique franco-italien. Il a publié de nombreux ouvrages dont Les atticistes, le dernier en date aux éditions Gallimard . Au cours de l'entretien, il a expliqué que «le français est sujet à une barbarisation massive depuis trente-cinq ans au moins». Il déplore notamment les intrusions permanentes des phrases «d'anglicismes». «Par exemple, l'adverbe-préposition off possède la capacité de mettre certains locuteurs hexagonaux dans un état d'extase, mais dans tous ses usages français il est dépourvu de sens. Sa définition de base est “qui tombe dans le vide”, et son antonyme est on, “qui possède une assise” argumente l'écrivain. Pour l'homme de lettres, dont la langue française n'est pas sa langue maternelle, il est important de préserver l'héritage linguistique de chaque nation. «Comme je suis né dans un lieu qui n'a pas de langue, il fallait que j'en trouve une. Bien que je parle quelques autres langues, que j'aime beaucoup, celle de ma vie et de mon travail est la langue française. Chaque langue étant une vision unique de l'univers, et un miroir dans lequel celui qui la parle se construit, mon monde et mon moi viennent du français» ajoute-t-il. «L'État préfère fermer des Instituts français pour consacrer plus d'argent à développer la révolution numérique.» Eugène Green Pour Green, la manifestation est nécessaire car «elle sert à tisser des liens entre la France et les autres pays, en Europe, en Afrique, et en Amérique du Nord», où le français est une langue officielle. Néanmoins, il trouve dommageable «que la France ait abandonné la francophonie au sens large du terme,

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SEMAINE DE LA LANGUE FRANÇAISE - Dans le cadre de l'événement qui se tient jusqu'au 22 mars, le BSC News a interviewé le cinéaste américain Eugène Green. Établi à Paris depuis 45 ans, le réalisateur de Toutes les nuits n'est pas tendre avec les instances gouvernementales.

Parisien depuis 1969, le réalisateur étudie les arts avant de fonder la compagnie de théâtre la Sapience. Dans les années 1990, il se lance dans la réalisation avec son premier long métrage, Toutes les nuits. En 2014, Eugène Green a scénarisé et réalisé La Sapienza, film dramatique franco-italien. Il a publié de nombreux ouvrages dont Les atticistes, le dernier en date aux éditions Gallimard.Au cours de l'entretien, il a expliqué que «le français est sujet à une barbarisation massive depuis trente-cinq ans au moins». Il déplore notamment les intrusions permanentes des phrases «d'anglicismes».«Par exemple, l'adverbe-préposition off possède la capacité de mettre certains locuteurs hexagonaux dans un état d'extase, mais dans tous ses usages français il est dépourvu de sens. Sa définition de base est “qui tombe dans le vide”, et son antonyme est on, “qui possède une assise” argumente l'écrivain.Pour l'homme de lettres, dont la langue française n'est pas sa langue maternelle, il est important de préserver l'héritage linguistique de chaque nation. «Comme je suis né dans un lieu qui n'a pas de langue, il fallait que j'en trouve une. Bien que je parle quelques autres langues, que j'aime beaucoup, celle de ma vie et de mon travail est la langue française. Chaque langue étant une vision unique de l'univers, et un miroir dans lequel celui qui la parle se construit, mon monde et mon moi viennent du français» ajoute-t-il.«L'État préfère fermer des Instituts français pour consacrer plus d'argent à développer la révolution numérique.»Eugène GreenPour Green, la manifestation est nécessaire car «elle sert à tisser des liens entre la France et les autres pays, en Europe, en Afrique, et en Amérique du Nord», où le français est une langue officielle. Néanmoins, il trouve dommageable «que la France ait abandonné la francophonie au sens large du terme, c'est-à-dire, celle des gens d'autres langues qui apprennent la nôtre comme instrument de culture».«L'État préfère fermer la plupart des Instituts français, et couper le budget de ceux qui restent, pour consacrer plus d'argent à développer la révolution numérique. De même que, sous un gouvernement de gauche, dont le jacobinisme empêche toujours les jeunes Basques et Bretons scolarisés dans leur langue ancestrale de l'utiliser pour composer au bac, on a néanmoins autorisé les universités à dispenser leur enseignement en langue étrangère, c'est-à-dire, dans le méprisable patois qui gangrène aujourd'hui toute civilisation. La plus grande ennemie de la francophonie, c'est la France» conclut le réalisateur.