S24 L'INSU...

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LACAN L’insu que sait 1

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Transcript of S24 L'INSU...

Table des sances

LACANLinsu que saitde lune-bvuesaile mourre

1976-77

Ce document de travail a pour sources principales:

LInsu que sait, fichiers mp3 des sances 1 12, disponibles sur le site de Patrick Vallas

LInsu que sait, version publie dans le N 21 de la revue LUNEBVUE.

LInsu que sait, version CHOLLET sur le site E.L.P.

LInsu que sait, version rue C.B. sur le site de Pascal GAONACH: Gaogoa

Pour tre lisible ce texte ncessite linstallation dune police de caractres spcifique, dite Lacan, disponible ici:

http://fr.ffonts.net/LACAN.font.download (placer le fichier Lacan.ttf dans le rpertoire c:\windows\fonts)

Les rfrences bibliographiques privilgient les ditions les plus rcentes.

Les schmas sont refaits.

N.B. Ce qui sinscrit entre crochets droits [ ] nest pas de Jacques LACAN.

Table des sances

2

Leon 1 16 Novembre 1976Leon 2 14 Dcembre 1976Leon 3 21 Dcembre 1976

Leon 4 11 Janvier 1977Leon 5 18 Janvier 1977

Leon 6 08 Fvrier 1977Leon 7 15 Fvrier 1977

Leon 8 08 Mars 1977Leon 9 15 Mars 1977

Leon 10 19 Avril 1977

Leon 11 10 Mai 1977Leon 12 17 Mai 1977

16 Novembre 1976 Table des sances

Voil! Il y a une affiche comme a qui professe Est-ce que vous avez su la lire ? Qu'est-ce que a donne pour vous ? L'insu que sait, quand mme a fait bla-bla, a quivoque. L'insu que sait, et aprs j'ai traduit l'Unbewut.

J'ai dit qu'il y avait - au sens de l'usage en franais du partitif - qu'il y avait de l'une-bvue . C'est une faon aussi bonne de traduire l'Unbewut que n'importe quelle autre, que l'inconscient en particulier, qui en franais, et en allemand aussi d'ailleurs, quivoque avec inconscience.

L'inconscient, a n'a rien faire avec l'inconscience. Alors pourquoi ne pas traduire tout tranquillement par l'une-bvue. D'autant plus que a a tout de suite l'avantage de mettre en vidence certaines choses: pourquoi est-ce qu'on s'oblige dans l'analyse des rves, qui constituent une bvue comme n'importe quoi d'autre, comme un acte manqu, ceci prs qu'il y a quelque chose o on se reconnat. On se reconnat dans le trait d'esprit, parce que le trait d'esprit tient ce que j'ai appel lalangue, on se reconnat dans le trait d'esprit, on y glisse et l-dessus FREUD a fait quelques considrations qui ne sont pas ngligeables. Je veux dire que l'intrt du trait d'esprit pour l'inconscient est quand mme li cette chose spcifique qui comporte l'acquisition de lalangue.

Pour le reste, est-ce qu'il faut dire que pour l'analyse d'un rve il faut s'en tenir ce qui s'est pass la veille ? a ne va pas de soi. FREUD en a fait une rgle, mais il conviendrait quand mme de s'apercevoir qu'il y a bien des choses qui, non seulement peuvent remonter plus haut, mais qui tiennent ce qu'on peut appeler le tissu mme de l'inconscient.

Est-ce que l'acte manqu aussi c'est une affaire qui doit tre analyse troitement selon ce qui s'est pass, non pas la veille, mais cette fois-ci dans la journe, c'est vraiment quelque chose qui pose question.

Cette anne, disons que, avec cette insu que sait de l'une-bvue, j'essaie d'introduire quelque chose qui va plus loin, qui va plus loin que l'inconscient: quel rapport y a-t-il entre ceci qu'il faut admettre que nous avons un intrieur qu'on appelle comme on peut psychisme par exemple, on voit mme FREUD crire endo, endo-psychique. a ne va pas de soi que la [psuk] ce soit endo, a ne va pas de soi qu'il faille endosser cet endoquel rapport y a-t-il entre cet endo, cet intrieur, et ce que nous appelons couramment l'identification ?

C'est a en somme que, sous ce titre qui est comme a fabriqu pour l'occasion, c'est a que je voudrais mettre sous ce titre.

Parce que il est clair que l'identification, c'est ce qui se cristallise dans une identit. D'ailleurs ce fication dans le franais est en allemand autrement nonc, Identifizierung, dit FREUD, dans un endroit o j'ai t le retrouver, parce que je ne me souvenais pas que j'avais fait un sminaire sur l'Identifizierungje ne me souvenais pas: je me souvenais quand mme de ce qu'il y avait dans le chapitre, je ne savais pas que j'y avais consacr une annemais je me souvenais qu'il y a pour FREUD, au moins trois modes d'identification, savoir: l'identification auquel il rserve - je ne sais pas bien pourquoi - la qualification d'amour. Amour, c'est la qualification qu'il donne l'identification au pre.

Qu'est-ce que c'est que d'autre part ce qu'il avance d'une identification faite de participation ? Il appelle a, il pingle a de l'identification hystrique.

Et puis il y a une troisime identification qui est celle qu'il fabrique d'un trait, d'un trait que j'ai autrefois j'en avais gard quand mme le souvenir sans savoir que j'avais fait tout un sminaire sur l'identification d'un trait que j'ai appel unaire .

Ce trait unaire nous intresse parce que - comme FREUD le souligne - c'est pas quelque chose qui a affaire spcialement avec une personne aime. Une personne peut tre indiffrente et un trait unaire choisi comme constituant la base d'une identification. Ce n'est pas indiffrent, puisque c'est comme a que FREUD croit pouvoir rendre compte de l'identification la petite moustache du Fhrer dont chacun sait qu'elle a jou un grand rle.

C'est une question qui a beaucoup d'intrt parce qu'il rsulterait de certains propos qui ont t avancs, que la fin de l'analyse serait de s'identifier l'analyste. Pour moi, je ne le pense pas, mais enfin c'est ce que soutient quand mme BALINT, et c'est trs surprenant. quoi donc s'identifie-t-on la fin de l'analyse ? Est-ce qu'on s'identifierait son inconscient ? C'est ce que je ne crois pas.

Je ne le crois pas, parce que l'inconscient reste je dis reste , je ne dis pas reste ternellement , parce qu'il n'y a aucune ternitreste l'Autre. C'est de l'Autre avec un grand A qu'il s'agit dans l'inconscient.

Je ne vois pas qu'on puisse donner un sens l'inconscient, si ce n'est de le situer dans cet Autre, porteur des signifiants, qui tire les ficelles de ce qu'on appelle imprudemment imprudemment parce que c'est l que se soulve la question de ce qu'est le sujet partir du moment o il dpend si entirement de l'Autre.

Alors en quoi consiste ce reprage qu'est l'analyse ? Est-ce que a serait ou a ne serait pas s'identifier s'identifier en prenant ses garanties, une espce de distances'identifier son symptme ?

J'ai avanc que le symptme, a peut tre - c'est monnayable, c'est courant - a peut tre le partenaire sexuel. C'est dans la ligne de ce que j'ai profr profr sans que a vous fasse pousser des cris d'orfraiec'est un fait, j'ai profr que le symptme pris dans ce sens c'est - pour employer le terme de connatre c'est ce qu'on connat, c'est mme ce qu'on connat le mieux, sans que a aille trs loin.

Connatre n'a strictement que ce sens. C'est la seule forme de connaissance prise au sens o l'on a avanc qu'il suffirait qu'un homme couche avec une femme pour qu'on puisse dire qu'il la connat, voire inversement. Comme - malgr que je m'y efforce - c'est un fait que je ne suis pas femme, je ne sais pas ce qu'il en est de ce qu'une femme connat d'un homme.

Il est trs possible que a aille trs loin. Mais a ne peut tout de mme pas aller jusqu' ce que la femme cre l'homme. Mme quand il s'agit de ses enfants, il s'agit de quelque chose qui se prsente comme un parasitisme. Dans l'utrus de la femme, l'enfant est parasite, et tout l'indique, jusques et y compris le fait que a peut aller trs mal entre ce parasite et ce ventre. Alors qu'est-ce que a veut dire connatre ?

Connatre veut dire:

savoir faire avec ce symptme, savoir le dbrouiller, savoir le manipuler.

Savoir, a a quelque chose qui correspond ce que l'homme fait avec son image, c'est imaginer la faon dont on se dbrouille avec ce symptme. Il s'agit ici, bien sr, du narcissisme secondaire, le narcissisme radical, le narcissisme qu'on appelle primaire tant dans l'occasion exclu.

Savoir y faire avec son symptme c'est l la fin de l'analyse. Il faut reconnatre que c'est court. a ne va vraiment pas loin. Comment a se pratique, c'est bien entendu ce que je m'efforce de vhiculer dans cette foule, je ne sais pas avec quel rsultat. Je me suis embarqu dans cette navigation, comme a, parce que dans le fond on m'y a provoqu. C'est ce qui rsulte de ce qui a t publi par je ne sais quelle srie spciale d'Ornicar sur la scission de 53. J'aurais t srement beaucoup plus discret si la scission de 53 n'avait pas eu lieu.

La mtaphore en usage pour ce qu'on appelle l'accs au rel, c'est ce qu'on appelle le modle. Il y a un nomm KELVIN qui s'est beaucoup intress a - Lord mme qu'il s'appelait: Lord KELVIN - il considrait que la science c'tait quelque chose dans lequel fonctionnait un modle, et qui permettait l'aide de ce modle, de prvoir quels seraient les rsultats du fonctionnement du rel.

On recourt donc l'imaginaire pour se faire une ide du rel. crivez alors se faire - se faire une ide j'ai dit crivez le sphre pour bien savoir ce que l'imaginaire veut dire.

Ce que j'ai avanc dans mon nud borromen de l'Imaginaire, du Symbolique et du Rel, m'a conduit distinguer ces trois sphres et puis ensuite les renouer. Il a fallu donc que je passe de ces trois boules il y a les dates: j'ai nonc Le Symbolique, l'Imaginaire, et le Rel en 54[footnoteRef:1], j'ai intitul une confrence inaugurale de ces trois noms, devenus en somme par moi ce que FREGE appelle noms propres. [1: Confrence Le symbolique, limaginaire et le rel du 08 Juillet 1953, en ouverture des activits de la rcente Socit franaise de Psychanalyse, ne dela scission de 1953.]

Fonder un nom propre, c'est une chose qui fait monter un petit peu votre nom propre: le seul nom propre dans tout a, c'est le mien.L'extension de LACAN au Symbolique, l'Imaginaire et au Rel, est ce qui permet ces trois termes de consister, je n'en suis pas spcialement fier. Mais je me suis aprs tout aperu que consister a voulait dire quelque chose, c'est savoir qu'il fallait parler de corps, quil y a:

un corps de l'Imaginaire,

un corps du Symbolique, c'est lalangue,

et un corps du Rel dont on ne sait pas comment il sort.

Ce n'est pas simple, non que la complication vienne de moi, mais elle est dans ce dont il s'agit. C'est parce que j'ai t - comme dit l'autre - confront avec l'ide que supporte l'inconscient de FREUD, que j'ai essay, non d'en rpondre, mais d'y rpondre de faon sense, c'est--dire en n'imaginant pas que cette avision ce dont FREUD s'est avis, c'est a que je veux direque cette avision concerne quelque chose qui serait l'intrieur de chacun, de chacun de ceux qui font foule et qui croient tre de ce fait une unit.

On a traduit cette notion de foule que veut bien dire Massenpsychologie, on l'a traduit Psychologie collective et analyse du moi. Rien n'y fait. FREUD a beau prendre expressment son dpart de ce que Gustave LEBON a appel nommment psychologie des foules, on traduit par psychologie collective une collectionune collection de perles sans doute, chacun en tant une.

Alors que ce dont il s'agit, c'est de rendre compte de l'existence - de l'existence dans cette foule - de quelque chose qui se qualifie moi. Qu'est-ce que a peut tre que ce moi ? C'est ce que pour essayer de vous l'expliquer, j'ai essay d'imaginer cette anne l'usage de ce qu'on appelle une topologie.

Une topologiecomme vous pourrez le saisir rien qu' ouvrir quoi que ce soit qui s'appelle Topologie gnraleune topologie a se fonde toujours sur un tore :

Mme si ce tore est l'occasion une bouteille de Klein :

car une bouteille de Klein est un tore, un tore qui se traverse lui-mme

j'ai parl de a il y a bien longtemps.Voil. Ici, vous voyez que dans ce tore il y a quelque chose qui reprsente un intrieur absolu, quand on est dans le vide, dans le creux que peut constituer un tore. Ce tore peut tre une corde sans doute, mais une corde elle-mme se tord, et il y a quelque chose qui est dessinable comme tant l'intrieur de la corde. Vous n'avez cet gard qu' dployer ce qui s'nonce comme nud dans une littrature spciale.

Alors il y a videmment deux choses, il y a deux espces de trous [c et E] :

le trou qui s'ouvre ce qu'on appelle l'extrieur [E], a met en cause ce dont il s'agit quant l'espace. L'espace passe pour tendue quand il s'agit de DESCARTES.

Mais le corps nous fonde l'ide d'une autre espce d'espace. a n'a pas l'air tout de suite d'tre ce qu'on appelle un corps, ce tore en question. Mais vous allez voir qu'il suffit de le retournernon pas comme se retourne une sphre, parce qu'un tore a se retourne d'une toute autre faon. Si ici, par exemple, je me mets imaginer que c'est une sphre qui est l'intrieur d'une autre sphre:

je n'obtiens rien qui ressemble ce que je vais essayer de vous faire sentir maintenant. Si je fais un trou dans l'autre sphre, cette sphre-l va sortir comme un grelotmais c'est un tore, c'est un tore c'est--dire qu'il va se comporter autrement.

Il suffirait que vous preniez une simple chambre air, une chambre air d'un petit pneu, que vous vous appliqueriez mettre l'preuve, vous verrez alors que le pneu prte cette faonvous voyez comme jai de la peine les manipulerprte cette faon de s'enfiler, si je puis dire, dans ce qu'offre lui d'issue, la coupure, la coupure que nous avons pratique ici, et que si je devais poursuivre: supposer que la coupure vienne ici se rabattre, s'inverser, si l'on peut direce que vous allez obtenir est ceci qui est diffrent - diffrent en apparence - du tore.

Car c'est bel et bien un tore tout de mme, quoique, vu cette fois-ci en coupe, c'est bel et bien un tore exactement comme si nous coupions ici le tore dont il s'agit. Je pense qu'il ne vous chappe pas que rabattre ceci jusqu' ce que nous bouclions le trou que nous avons fait dans le tore:

c'est bel et bien la figure qui suit que nous obtenons:

a ne semble pas ravir, si je puis dire, votre consentement. C'est pourtant tout fait sensible. Il suffit d'y faire un essai.

Vous avez ici 2 tores dont l'un reprsente ce qui est advenu,alors que l'autre est l'original:

original

Si vous, sur l'un de ces tores coupls de la mme faon - ceci va nous conduire autre chose - sur un de ces tores coupls vous pratiquez la manipulation que je vous ai explique ici, savoir que vous y fassiez une coupure:

vous obtiendrez ce quelque chose qui se traduit comme ceci:

ou

savoir que les tores tant coupls, vous avez l'intrieur de l'un de ces tores un autre tore, un tore qui est de la mme espce que celui que j'ai dessin ici [en jaune]. Ce que dsigne ceci, c'est qu'ici vous voyez bien que ce qui est du premier tore [en bleu] a ici ce que j'appelle son intrieur, quelque chose dans le tore s'est retourn, qui est exactement en continuit avec ce qui reste d'intrieur dans ce premier tore, ce tore est retourn en ce sens que dsormais son intrieur est ce qui passe l'extrieur.

Alors que pour dsigner celui-ci [en jaune] comme tant celui autour duquel se retourne celui qui est ici [en bleu], nous nous apercevons que celui que j'ai dsign ici [en jaune] est - lui - rest inchang, c'est--dire qu'il a son premier extrieurson extrieur tel qu'il se pose dans la boucleil a son extrieur toujours la mme place. Il y a donc eu - de l'un d'entre eux - retournement.

Je pense quequoique ces choses soient fort incommodes, soient fort inhibes imaginerje pense quand mme vous avoir vhicul ce dont il s'agit dans l'occasion. Je veux dire que je me suis fait - je l'espre - entendre pour ce dont il s'agit. Il est tout fait remarquable que ce qui est ici n'ait pas - quoique ce soit littralement un tore - n'ait pas la mme forme, savoir que a se prsente comme une trique.

C'est une trique qui n'en reste pas moins pourtant un tore. Je veux dire que comme vous l'avez dj vu ici:

ce qui vient se former, c'est quelque chose qui n'a plus rien faire avec la premire prsentation, celle qui noue les deux tores:

a n'est pas la mme sorte de chane du fait du retournement de ce que j'appelle dans l'occasion, le premier tore [en bleu]. Mais par rapport ce premier tore, par rapport au mme, ce que vous avez, c'est quelque chose que je dessine comme a:

par rapport au mme, le tore-trique, si nous nous souvenons du mme:

le tore-trique vient ici, c'est--dire que pour appuyer les choses, le trou qui est faire dans le tore, celui que j'ai dsign ici, peut tre fait en n'importe quel endroit du tore, jusque et y compris couper le tore ici:

Car alors il est tout fait manifeste que ce tore coup peut se retourner de la mme faon et que ce sera en joignant deux coupures que nous obtiendrons cet aspect:

En d'autres termes en coupant ce tore ici, on obtient ce que j'ai appel la prsentation en trique de la mme faon. C'est--dire que quelque chose qui se manifestera dans le tore par deux coupures permettra un rabattement exactement tel que c'est en joignant deux coupures et non pas en fermant la coupure unique, celle que j'ai faite icic'est en joignant deux coupures que nous obtiendrons cette trique que j'ai appell de ce terme, encore que se soit un tore.

Voil ce qu'aujourd'hui et je conviens que ce n'est pas nourriture facile, mais ce que j'aimerais la prochaine fois savoir dans le deuxime mardi de Dcembre, ce que j'aimerais entendre la prochaine fois, de quiconque d'entre vous, c'est la faon dont de ces deux modes de repliement du tore y tant adjoint un troisime, qui - lui - est celui-ci:

supposez que nous ayons un tore dans un autre tore, la mme opration est concevable pour les 2 tores, savoir d'une coupure faite dans celui-ci et d'une coupure autre, distincte, puisque ce n'est pas le mme tore, faite dans celui-l. Il est dans ce cas, tout a fait clair - je vous le laisse concevoir - que le repliement de ces deux tores nous donnera une mme trique :

Mais: ceci prs que dans la trique il y aura un contenu analogue, ceci prs que pour les 2 cas, cette fois-ci, l'intrieur sera l'extrieur et de mme pour celui-ci, je veux dire pour le tore qui est l'intrieur.

Comment - vous poserai-je la question - comment identifier, car c'est distinct, comment identifier:

l'identification hystrique, l'identification amoureuse dite au pre, et l'identification que j'appellerai neutre, celle qui n'est ni l'une, ni l'autre, qui est l'identification un trait particulier, un trait que j'ai appel - c'est comme a que j'ai traduit l'Einziger Zug - que j'ai appel: n'importe quel trait ?

Comment rpartir ces trois inversions de toreshomognes donc dans leur pratique, et en plus qui maintiennent la symtrie, si je puis dire, entre un tore et un autre, comment les repartir, comment dsigner d'une faon homologue:

l'identification paternelle , l'identification hystrique , l'identification un trait , qui soit seulement le mme ?

Voil la question sur laquelle j'aimerais, la prochaine fois, que vous ayez la bont de prendre parti.

14 Dcembre 1976 Table des sances

Voil! Je ne vais pas donner de commentaires. Bon, comme la dernire fois je vous ai parl de quelque chose comme, a qui n'est pas une sphre dans une autre, qui est ce qu'on appelle un tore, il en rsulte c'tait ce que je voulais vous indiquer par l, mais c'tait allusifqu'aucun rsultat de la science n'est un progrs. Contrairement ce qu'on s'imagine, la science tourne en rond, et nous n'avons pas de raison de penser que les gens du silex taill avaient moins de science que nous.

La psychanalyse notamment n'est pas un progrs, puisque ce que je veux vous indiquerpuisque malgr tout je reste prs de ce sujetla psychanalyse notamment n'est pas un progrs, c'est un biais pratique pour mieux se sentir. Ce mieux se sentir - il faut le dire - n'exclut pas l'abrutissement.

Tout indiqueavec l'indice de soupon que j'ai fait peser sur le touten fait il n'y a de tout que cribl, et pice pice. La seule chose qui compte, c'est qu'une pice a ou non valeur d'change, c'est la seule dfinition du tout. Une pice vaut dans toutes circonstances, ceci veut dire, ceci ne veut dire que circonstance qualifie comme toute pour valoir, homognit de valeur Le tout n'est qu'une notion de valeur. Le tout c'est ce qui vaut dans son genre, ce qui vaut dans son genre un autre de la mme espce d'unit.

Nous avanons l tout doucement vers la contradiction de ce que j'ai appel l'une-bvue. L'une-bvue est ce qui s'change malgr que a ne vaille pas l'unit en question. L'une-bvue est un tout faux.

Son type, si je puis dire, c'est le signifiant, le signifiant type, c'est--dire, exemple: il n'y en a pas de plus type que le mme et l'autre. Je veux dire qu'il n'y a pas de signifiant plus type que ces deux noncs.

Une autre unit est semblable l'autre. Tout ce qui soutient la diffrence du mme et de l'autre, c'est que le mme soit le mme matriellement. La notion de matire est fondamentale en ceci qu'elle fonde le mme. Tout ce qui n'est pas fond sur la matire est une escroquerie: matriel-ne-ment.

Le matriel se prsente nous comme corps-sistance , je veux dire sous la sub-sistance du corps, c'est--dire de ce qui est con-sistant: ce qui tient ensemble la faon de ce qu'on peut appeler un con, autrement dit une unit.

Rien de plus unique qu'un signifiant, mais en ce sens limit qu'il n'est que semblable une autre mission de signifiant. Il retourne la valeur, l'change. Il signifie le tout, ce qui veut dire: il est le signe du tout. Lesigne du tout c'est le signifi, lequel ouvre la possibilit de l'change.

Je souligne cette occasion ce que j'ai dit du possible: il y aura toujours un temps - c'est a que a veut dire - o il cessera de s'crire, o le signifi ne tiendra plus comme fondant la mme valeur: l'change matriel. Car la mme valeur est l'introduction du mensonge: il y a change, mais non matrialit mme.

Qu'est-ce que l'autre comme tel ? C'est cette matrialit que je disais mme l'instant, c'est--dire que j'pinglais du signe singeant l'autre. Il n'y a qu'une srie d'autres - tous les mmes en tant qu'unit - entre lesquels une bvue est toujours possible, c'est--dire qu'elle ne se perptuera pas, qu'elle cessera comme bvue.

Voil! Tout a, c'est des vrits premires, mais que je crois devoir vous rappeler.L'homme pense. a ne veut pas dire qu'il ne soit fait que pour a. Mais ce qui est manifeste, c'est qu'il ne fait que a de valable, parce que valable veut dire et rien d'autre, c'est pas une chelle de valeur, l'chelle de valeur, comme je vous le rappelle, tourne en rondvalable ne veut rien dire que ceci: que a entrane la soumission de la valeur d'usage la valeur d'change.

Ce qui est patent, c'est que la notion de valeur est inhrente ce systme du tore et que la notion d'une-bvue dans mon titre de cette anne veut dire seulement que - on pourrait galement dire le contraire - l'homme sait plus qu'il ne croit savoir.

Mais la substance de ce savoir, la matrialit qui est dessous, n'est rien d'autre que le signifiant en tant qu'il a des effets de signification. L'homme parle-tre comme j'ai dit, ce qui ne veut rien dire d'autre qu'il parle signifiant, avec quoi la notion d'tre se confond.

Ceci est rel Rel ou Vrai ? Tout se pose, ce niveau tentatif, comme si les deux mots taient synonymes. L'affreux, c'est qu'ils ne le sont pas partout. Le Vrai, c'est ce qu'on croit tel: la foi et mme la foi religieuse, voil le Vrai qui n'a rien faire avec le Rel. La psychanalyse, il faut bien le dire, tourne dans le mme rond. C'est la forme moderne de la foi, de la foi religieuse. la drive, voil o est le Vrai quand il s'agit de Rel.

Tout cela parce que manifestement - depuis le temps, on le saurait, si c'tait pas si manifeste - manifestement il n'y a pas de connaissance. Il n'y a que du savoir au sens que j'ai dit d'abord, savoir qu'on se goure: Une bvue, c'est ce dont il s'agit, tournage en rond de la philosophie.

Il s'agit de substituer un autre sens au terme systme du monde qu'il faut bien conserver, quoique de ce monde on ne peut rien dire de l'homme, sinon qu'il en est chu, nous allons voir comment, et a a beaucoup de rapport avec le trou central du tore.

Il n'y a pas de progrs parce qu'il ne peut pas y en avoir: l'homme tourne en rondsi ce que je dis de sa structure est vraiparce que la structure, la structure de l'homme est torique. Non pas du tout que j'affirme qu'elle soit telle. Je dis qu'on peut essayer de voir o en est l'affaire, ce d'autant plus que nous y incite la topologie gnrale.

Le systme du monde jusqu'ici a toujours t sphrodal. Bah! On pourrait peut-tre changer ! Le monde s'est toujours peintjusqu' prsent, comme a, pour ce qu'ont nonc les hommesse peint l'intrieur d'une bulle. Le vivant se considre lui-mme comme une boule, mais avec le temps il s'est quand mme aperu qu'il n'tait pas une boule, une bulle. Pourquoi ne pas s'apercevoir qu'il est organisje veux dire ce qu'on voit du corps vivantqu'il est organis comme ce que j'ai appel trique l'autre jour.

Voil, j'essaye de dessiner a comme a. Il est vident que c'est bien a que a aboutit, ce que nous connaissons du corps comme consistant. On appelle a ecto, a endo et puis autour il y a le mso. C'est comme a que c'est fait: ici il y a la bouche, et ici [Rires] le contraire, la bouche postrieure. Seulement cette trique n'est rien d'autre qu'un tore. Le fait que nous soyons toriques va assez bien en somme avec ce que j'ai appel l'autre jour: trique. C'est une lision de lo [t( )rique].

Alors ceci nous amne considrer que l'hystrique dont chacun sait qu'il est aussi bien mle que femelle l'hystorique si je me permets ce glissement, il faut considrer en somme qu'elle n'est je la fminise pour l'occasion, mais comme vous allez voir que je vais y mettre de l'autre ct mon poids, a me suffira largement vous dmontrer que je ne pense pas qu'il n'y ait des hystriques que fmininesl'hystorique n'a en somme - pour la faire consister - qu'un inconscient, c'est la radicalement Autre. Elle n'est mme qu'en tant qu'Autre.

Eh bien, c'est mon cas. Moi aussi, je n'ai qu'un inconscient. C'est mme pour a que j'y pense tout le temps. C'en est au point que - enfin, je peux vous en tmoigner - cen est au point que je pense l'univers torique et que a ne veut rien dire d'autre, c'est que je ne consiste qu'en un inconscient auquel, bien sr, je pense nuit et jour, ce qui fait que l'une-bvue devient inexacte.

Je fais tellement peu de bvues que c'est la seule chose bien sr, j'en fais de temps en temps, a n'a que peu d'importance. Il m'arrive de dire dans un restaurant: Mademoiselle en est rduit a ne manger que des crevisses la nage , tant que nous en sommes l, faire une erreur de genre, a ne va pas loinen fin de compte, je suis un hystrique parfait, c'est--dire sans symptme, sauf de temps en temps, cette erreur de genre en question.

Il y a quand mme quelque chose qui distingue l'hystrique, je dirai: de moi dans l'occasion. Mais je vais essayer de vous le prsenter. Vous voyez comme on est maladroit. Voil!

a c'est deux je colore celui-l pour vous en donner le sens - a veut dire a: un tore qui fait chane avec un autre.

Chacun sait, parce que je l'ai dj indiqu la dernire fois, que si vous faites une coupure ici et si vous rabattez le tore vous obtenez ceci, quelque chose qui se prsente comme a:

c'est--dire qui reproduit ce que j'ai appel tout l'heure la trique, ceci prs que ce que j'ai dessin tout l'heure comme ceci, est l l'intrieur, l'intrieur de la trique.

La diffrence entre l'hystrique et moiet moi qui en somme force d'avoir un inconscient l'unifie avec mon conscientla diffrence est ceci: c'est qu'en somme l'hystrique est soutenue, dans sa forme de trique, est soutenue par une armature.

Cette armature est en somme distincte de son conscient. Cette armature, c'est son amour pour son pre. Tout ce que nous connaissons de cas noncs par FREUD concernant l'hystrique, qu'il s'agisse : d'Anna O., d'Emmy von N., ou de n'importe quelle autre, l'autre von R. la monture c'est ce quelque chose que j'ai dsign tout l'heure comme chane, chane des gnrations.

Il est bien clair qu' partir du moment o on s'engage dans cette voie, il n'y a pas de raison que a s'arrte, savoir qu'ici:

il peut y avoir quelque chose d'autre qui fasse chane, et qu'il est question de voir - a ne peut pas aller trs loin - comment ceci l'occasion fera trique l'endroit de l'amour, de l'amour du pre en question.

a ne veut pas dire que a soit tranch et qu'on puisse schmatiser le retournement de ce tore [3] autour du tore 2appelons-le comme aqu'on puisse le schmatiser par une trique.

Il y a peut-tre quelque chose qui fait obstacle, et trs prcisment tout est l: le fait que la chane, la chane inconsciente s'arrte au rapport des parents est oui ou non fond - rapport de l'enfant aux parents.

Si je pose la question de ce que c'est qu'un trou - il faut me faire confiance: a a un certain rapport avec la question. Un trou, comme a, de sentiment, a veut dire a: quand je craque la surface. Je veux dire par l que, d'intuition, notre trou c'est un trou dans la surface.

Mais une surface a un endroit et un envers, c'est bien connu, et a signifie donc qu'un trou, c'est le trou de l'endroit plus le trou de l'envers.

Mais comme il existe une bande de Mbius qui a pour proprit de conjoindre l'endroit qui est ici avec l'envers qui est l.

Est-ce qu' une bande de Mbius est un trou ? Il est vident qu'elle en a bien l'air. Ici il y a un trou, mais est-ce un vrai trou ? Cest pas clair du tout, pour une simple raison, comme je l'ai dj fait remarquer: qu'une bande de Mbius n'est rien d'autre qu'une coupure, et qu'il est facile de voir que si ceci est dfini comme un endroit, c'est une coupure entre un endroit et un envers.

Parce quil suffit que vous considriez cette figure:

il est tout fait facile de voir que si ici est l'endroit, c'est ici un envers - puisque c'est l'envers de cet endroit et quici la coupure est entre un endroit et un envers, grce quoi, dans la bande de Mbius, si nous la coupons en deux:

l'endroit et l'envers redeviennent, si je puis dire, normaux. savoir que quand une bande de Mbius coupe en deux, on va la parcourir, il est facile d'imaginer ce qu'on trouve, savoir qu' partir du moment o il y a deux tours, il y aura un endroit distinct de l'envers.

C'est bien en quoi une bande de Mbius est essentiellement capable de se ddoubler. Et ce qu'il faut remarquer c'est ceci: c'est qu'elle se ddouble de la faon suivante qui permet le passagec'est bien malheureux que je n'aie pas pris mes prcautionsvoici la bande de Mbius telle qu'elle se redouble, telle qu'elle se redouble et qu'elle se montre compatible avec un tore:

C'est bien pourquoi je me suis attach considrer le tore comme tant capable d'tre dcoup selon une bande de Mbius. Il y suffit - voil le tore:

il y suffit qu'on y dcoupe non pas une bande de Mbius, mais une bande de Mbius double. C'est trs prcisment ce qui va nous donner limage de ce qu'il en est du lien du conscient l'inconscient. Le conscient et l'inconscient communiquent et sont supports tous les deux par un monde torique.

C'est en quoi cest en quoi cest la dcouverte - dcouverte qui s'est faite par hasard - non pas que FREUD ne s'y soit pas acharn, mais il n'en a pas dit le dernier mot. Il n'a nommment jamais nonc ceci: c'est que le monde soit torique. Il croyait - comme l'implique toute notion de la psych - qu'il y avait ce quelque chose que j'ai tout l'heure cart en disant: une boule et une autre boule autour de la premire, celle-ci tant au milieuil a cru quil y avait une vigilance - une vigilance qu'il appelait la psych - une vigilance qui refltait point par point le cosmos.

Il en tait au fait de ce qui est considr comme vrit commune, c'est que la psych est le reflet d'un certain monde.

Que j'nonce ceci au titre - je vous le rpte - de quelque chose de tentatif, parce que je ne vois pas pourquoi je serais plus sr de ce que j'avance, quoiqu'il y ait beaucoup d'lments qui en donnent le sentiment, et nommment d'abord ce que j'ai donn de la structure du corps, du corps considr comme ce que j'ai appel trique.

Que l'tre vivant - tout tre vivant - se dnomme comme trique, c'est ce que, un certain nombre d'tudes - d'ailleurs anatomiques grossires - se sont vues toujours confirmer. Que le tore soit quelque chose qui se prsente comme ayant deux trous autour de quoi quelque chose consiste, c'est ce qui est de simple vidence.

Je vous le rpte, il n'a pas t ncessaire de construire beaucoup d'appareils nommment microscopiques, c'est une chose qu'on sait depuis toujours, depuis simplement qu'on a commenc de dissquer, qu'on a fait de l'anatomie la plus macroscopique.

Qu'on puisse - le tore - le dcouper de faon telle que a fasse une bande de Mbius double tour, c'est certainement remarquer. D'une certaine faon, ce tore en question est lui-mme un trou, et d'une certaine faon reprsente le corps. Mais que ceci soit confirm par le fait que cette bande de Mbius que j'ai dj choisie pour exprimer le fait que la conjonction d'un endroit et d'un envers est quelque chose qui symbolise assez bien l'union de l'inconscient et du conscient, est une chose qui vaut la peine d'tre retenue.

Une sphre, pouvons-nous la considrer comme un trou dans l'espace ? C'est videmment trs suspect. C'est trs suspect parce que a suppose - ce qui ne va pas de soi - le plongement dans l'espace.

C'est galement vrai pour le tore, et c'est bien en quoi c'est diviser le tore en deux feuillets, si je puis m'exprimer ainsi,en deux feuillets capables de faire un double tour, que nous retrouvons la surface, c'est--dire quelque chose qui nos yeux est plus assur, est plus assur en tout cas pour fonder ce qu'il en est du trou.

Il est clair que ce n'est pas d'hier que j'ai fait usage de ces enchanements:

Dj pour symboliser le circuit - la coupure du dsir [d] et de la demande [D] - je m'tais servi de ceci, savoir du tore:

J'en avais distingu deux modes, savoir: ce qui faisait le tour du tore et d'autre part ce qui faisait le tour du trou central.

cet gard l'identification de la demande ce qui se prsente comme ceci:

et du dsir ce qui se prsente comme ceci, tait tout fait significatif:

Il y a quelque chose dont j'ai fait tat la dernire fois, savoir ceci, qui consiste en un tore dans un tore:

Si ces deux tores, vous les marquez - les deux! - d'une coupure:

en les rabattant en rabattant les deux coupures, si je puis m'exprimer ainsi, concentriquement, vous ferez venir ce qui est l'intrieur l'extrieur, et inversement c'est ce qui est l'extrieur qui viendra l'intrieur:

C'est trs prcisment en quoi me frappe ceci: que la mise en valeur - comme enveloppement - de ce qui est l'intrieur est quelque chose qui n'est pas sans avoir affaire avec la psychanalyse. Que la psychanalyse s'attachece qui est l'intrieur, savoir l'inconscient le mettre au dehors, est quelque chose qui videmment a son prix, mais qui n'est pas sans poser une question.

Parce que si nous supposons qu'il y a trois tores, pour appeler les choses par leurs noms: qu'il y a trois tores qui sont nommment, le Rel, l'Imaginaire et le Symbolique , qu'est-ce que nous allons voir retourner - si je puis dire - le Symbolique ?

Chacun sait que c'est ainsi que les choses se prsenteront:

et que le Symbolique, vu du dehors comme tore, se trouvera - par rapport l'Imaginaire et au Rel - se trouvera devoir passer dessus celui qui est dessus, et dessous celui qui est dessous.

Mais que voyons-nous procder comme d'ordinaire par une coupure, par une fente pour retourner le Symbolique ?

Le Symbolique retourn ainsi - voil ce que donnera le Symbolique - retourn ainsi il donnera une disposition compltement diffrente de ce que j'ai appel le nud borromen, savoir que le Symbolique enveloppera totalement - en retourner le tore symbolique - enveloppera totalement l'Imaginaire et le Rel :

C'est bien en quoi l'usage de la coupure, par rapport ce qu'il en est du Symbolique, prsente quelque chose qui risque en somme, la fin d'une psychanalyse, de provoquer quelque chose qui se spcifierait d'une prfrence donne entre tout l'inconscient. Je veux dire que, si les choses sont telles que a s'arrange un peu mieux comme a pour ce qui est la vie de chacun, savoir de mettre l'accent sur cette fonction du savoir de l'une-bvue par lequel je traduis l'inconscient, a peut, effectivement s'arranger mieux.

Mais c'est une structure tout de mme d'une nature essentiellement diffrente de celle que j'ai qualifie du nud borromen. Le fait que l'Imaginaire et le Rel soient tout entiers en somme inclus dans quelque chose qui est issu de la pratique de la psychanalyse elle-mme, est quelque chose qui fait question. Il y a quand mme l un problme. Je vous le rpte, ceci est li au fait que ce n'est pas, en fin de compte, la mme chose, la structure du nud borromen, et celle que vous voyez l:

Quelqu'un qui a expriment une psychanalyse est quelque chose qui marque un passage. Bien entendu ceci suppose que mon analyse de l'inconscient en tant que fondant la fonction du Symbolique soit compltement recevable. Il est pourtant un fait, c'est quapparemment - et je peux le confirmer, rellement - le fait d'avoir franchi une psychanalyse, est quelque chose qui ne saurait tre en aucun cas ramen a l'tat antrieur, sauf bien entendu pratiquer une autre coupure, celle qui serait quivalente une contre-psychanalyse.

C'est bien pourquoi FREUD insistait pour qu'au moins les psychanalystes refassent ce qu'on appelle couramment deux tranches, c'est--dire fassent une seconde fois la coupure que je dsigne ici comme tant ce qui restaure le nud borromen dans sa forme originale.

Voil!21 Dcembre 1976 Table des sances

DIDIER-WEILL

LACAN

Je me rjouis qu'en raison des vacances vous soyez moins nombreux, tout au moins je me rjouissais l'avance. Mais je dois vous dire qu'aujourd'hui

Si dans un dcoupage systmatique d'un tore, un dcoupage qui a pour effet de produire une double bande de Mbius, ce dcoupage est ici prsent:

Le tore est l, et pour le signifier, pour le distinguer de la double boule, je vais - de la mme couleur que le tore en question - vous dessiner ici un petit rond qui a pour effet de dsigner ce qui est l'intrieur du tore et ce qui est l'extrieur.

Si nous dcoupons quelque chose de tel que, ici, nous coupions le tore selon quelque chose qui - je vous l'ai dit - a pour rsultat de fournir une double bande de Mbius, nous ne le pouvons qu' penser ce qui est l'intrieur du tore ce qui est l'intrieur du tore en raison de la coupure que nous y pratiquonscomme conjoignant les deux coupures d'une faon telle que le plan idal qui joint ces deux coupures soit une bande de Mbius.

Vous voyez qu'ici j'ai coup - doublement par la ligne verte - j'ai coup le tore. Si nous joignons ces deux coupures l'aide d'un plan tendu, nous obtenons une bande de Mbius. C'est bien pour cela que ce qui est ici et d'autre part ce qui est ici constitue une double bande de Mbius.

Je dis double qu'est-ce que a veut dire ? a veut dire une bande de Mbius qui se redouble, et une bande de Mbius qui se redouble a pour proprit - comme la dernire fois je vous l'ai montr dj - a pour proprit, non pas d'tre deux bandes de Mbius, mais d'tre une seule bande de Mbius qui apparat ainsi - tchons de faire mieux - qui apparat ainsi comme rsultat de la double coupure du tore:

La question est la suivante: cette bande de Mbius double, est-elle de cette forme ou de celle-ci:

En d'autres termes, passe-t-elle - je parle d'une des boucles - passe-t-elle devant la boucle suivante, celle qui est l, ou passe-telle derrire ?

C'est quelque chose qui n'est videmment pas indiffrent partir du moment o nous procdons cette double coupure,double coupure qui a pour rsultat de dterminer cette double bande de Mbius. Je vous ai trs mal dessin cette figure, grce Gloria je vais pouvoir vous la dessiner mieux : voici comment elle devrait tre dessine.

Je ne sais pas si vous la voyez tout fait claire, mais il est certain que la bande de Mbius se redouble de la faon que vous voyez ici. C'est ici que je ne suis pas vraiment trs satisfait de ce que je suis en train de vous montrer. Je veux dire que, comme j'ai pass la nuit cogiter sur cette affaire de tore, je ne peux pas dire que ce que je vous donne l soit trs satisfaisant.

Ce qui apparat comme rsultat de ce que j'ai appel cette double bande de Mbius dont je vous prie de faire l'preuve, l'preuve qui s'exprimente de faon simple, cette seule condition de prendre deux feuilles de papier, d'y dessiner un grand S, quelque chose de l'espce suivante:

Mfiez-vous parce que ce grand S commande d'tre dessin avec d'abord une petite courbe et ensuite une grande courbe. Ici de mme la petite courbe et ensuite une grande courbe. Si vous en dcoupez deux sur une feuille de papier double, vous verrez qu'en pliant les deux choses que vous aurez coupes sur une seule feuille de papier, vous obtiendrez naturellement une jonction de la feuille de papier n1 avec la feuille de papier n2, et de la feuille de papier n2 avec la feuille de papier n1, c'est--dire que vous aurez ce que j'ai dsign l'instant par une double bande de Mbius.

Vous pourrez aisment constater que cette double bande de Mbius se recoupe, si je puis m'exprimer ainsi, indiffremment. Je veux dire que ce qui ici est en-dessus, puis passe en-dessous, puis ensuite tant pass en-dessous repasse en-dessus. II est indiffrent de faire passer ce qui d'abord passe en-dessus, on peut le faire passer en-dessous. Vous constaterez avec aisance que cette double bande de Mbius fonctionne indiffremment.

Est-ce que c'est--dire qu'ici ce soit la mme chose, je veux dire que d'un mme point de vue on puisse mettre ce qui est en-dessous en-dessus ou inversement ? C'est bien en effet ce que ralise la double bande de Mbius.

Je m'excuse de m'aventurer dans quelque chose qui n'a pas t sans me donner de mal moi-mme, mais il est certain qu'il en est ainsi. Si vous fonctionnez en produisant de la mme faon que je vous l'ai prsente, cette double bande de Mbius, savoir en pliant deux pages - deux pages dcoupes ainsi - de faon telle que le 1 aille se conjoindre la deuxime page et qu'inversement la deuxime page vienne se conjoindre la page 1, vous aurez exactement ce rsultat, ce rsultat propos duquel vous pourrez constater qu'on peut faire passer indiffremment l'un si je puis dire devant l'autre, la page 1 devant la page 2, et inversement la page 2 devant la page 1.

Quelle est la suspension qui rsulte de cette mise en vidence ? Cette mise en vidence de ceci: que dans la double bande de Mbius ce qui est en avant d'un mme point de vue peut passer en arrire du point de vue qui reste le mme. Ceci nous conduit quelque chose qui - je vous y incite - est de l'ordre d'un savoir-faire, un savoir-faire qui est dmonstratif en ce sens qu'il ne va pas sans possibilit de l'une-bvue.

Pour que cette possibilit s'teigne, il faut qu'elle cesse de s'crire, c'est--dire que nous trouvions un moyen - et un moyen, dans ce cas, vident - un moyen de distinguer ces deux cas. Quel est le moyen de distinguer ces deux cas ?Ceci nous intresse parce que l'une-bvue est quelque chose qui substitue:

ce qui se fonde comme savoir qu'on sait , le principe de savoirqu'on sait sans le savoir .

Le le l porte sur quelque chose. Le le est un pronom dans l'occasion qui porte sur le savoir lui-mme en tant, non pas que savoir, mais que fait de savoir. C'est bien en quoi l'inconscient prte ce que j'ai cru devoir suspendre sous le titre de l'une-bvue.

L'intrieur et l'extrieur dans l'occasion - savoir: concernant le tore - sont-elles des notions de structure ou de forme ? Tout dpend de la conception qu'on a de l'espace, et je dirai jusqu' un certain point de ce que nous pointerons comme la vrit de l'espace. II y a certainement une vrit de l'espace qui est celle du corps. Le corps dans l'occasion est quelque chose qui ne se fonde que sur la vrit de l'espace. C'est bien en quoi la sorte de dissymtrie que je mets en vidence, a son fondement. Cette dissymtrie tient au fait que j'ai dsign du mme point de vue.

Et c'est bien en quoi ce que je voulais cette anne introduire est quelque chose qui m'importe. Il y a une mme dissymtrie non seulement concernant le corps, mais concernant ce que j'ai dsign du Symbolique. Il y a une dissymtrie du signifiant et du signifi qui reste nigmatique.

La question que je voudrais avancer cette anne est exactement celle-ci: est-ce que la dissymtrie du signifiant et du signifi est de mme nature que celle du contenant et du contenu qui est tout de mme quelque chose qui a sa fonction pour le corps ?

Ici importe la distinction de la forme et de la structure. Ce n'est pas pour rien que j'ai marqu ici ceci qui est un tore, quoique sa forme ne le laisse pas apparatre:

Est-ce que la forme est quelque chose qui prte la suggestion ? Voil la question que je pose, et que je pose en avanant la primaut de la structure.

Ici il m'est difficile de ne pas avancer ceci: que la bouteille de Klein, cette vieille bouteille de Kleindont j'ai fait tat, si je me souviens bien, dans Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalysecette vieille bouteille de Klein a en ralit cette forme-l:

Elle n'est strictement pas autre chose que ceci, ceci prs que pour que a fasse bouteille on la corrige ainsi, savoir qu'on la fait rentrer sous la forme suivante, qu'on la fait rentrer ici d'une faon telle qu'on ne comprend plus rien sa nature essentielle:

Est-ce que effectivement dans le fait de l'appeler bouteille, il n'y a pas l une falsification par rapport ceci: que seule sa prsentation - ici en vert - est le quelque chose qui prcisment permet de saisir immdiatement ce en quoi la jonction de l'endroit se fait avec l'envers, c'est--dire tout ce qui se dcoupe dans cette surface, condition de le faire complet, et c'est l encore une question: qu'est-ce dire que de faire une dcoupure qui intresse toute la surface ?

Voil les questions que je pose et que j'espre pouvoir rsoudre cette anne, je veux dire que ceci nous porte quelque chose de fondamental pour ce qui est de la structure du corps, ou plus exactement du corps considr comme structure. Que le corps puisse prsenter toutes sortes d'aspects qui sont de pure forme, que j'ai tout l'heure mis sous la dpendance de la suggestion, voil ce qui m'importe.

La diffrence de la formede la forme en tant qu'elle est toujours plus ou moins suggreavec la structure, voil ce que je voudrais cette anne mettre en vidence pour vous.

Je m'excuse. Ceci, je dois dire, n'est pas assurment ce que j'aurais voulu vous apporter ce matin de meilleur.

J'ai eu - vous le voyez - j'ai eu le grand souci, je m'emptre c'est le cas de le dire, ce n'est pas la premire fois je m'emptre dans ce que j'ai profrer devant vous, et c'est pour a que je m'en vais vous donner l'occasion d'avoir quelqu'un qui sera ce matin un meilleur orateur que moi, je veux dire Alain DIDIER qui est ici prsent, et que j'invite venir vous noncer ce qu'il a tir de certaines donnes qui sont les miennes, qui sont des dessins d'criture, et dont il voudra bien vous faire part.

Intervention dAlain DIDIER-WEILL

Bon! Je dois dire d'abord que le Dr LACAN me prend tout fait au dpourvu, que je n'tais pas prvenu qu'il me proposerait de me passer la parole pour essayer de reprendre un point dont je lui ai parl ces jours-ci, dont je dois vous dire tout de suite que, personnellement je n'en fais pas l'articulation du tout avec ce dont il nous est parl prsentement.

Je la sens peut-tre confusment, mais c'est pas N'attendez donc pas que j'essaie d'articuler ce que je vais essayer de dire avec les problmes de topologie dont le Dr LACAN parle en ce moment.

Le problme que j'ai essay d'articuler, c'est d'essayer d'articuler de faon un peu consquente avec ce que le Dr LACAN a apport sur le montage de la pulsion, d'articuler partir du problme du circuit de la pulsion, d'essayer d'articuler diffrentes torsions qui m'apparaissent reprables entre le sujet et l'Autre, diffrents temps dans lesquels s'articulent 2 ou 3 torsions.a reste pour moi assez hypothtique, mais enfin je vais essayer de vous retracer comment les choses peuvent, comme a, se mettre en place.

Alors la pulsion, le circuit pulsionnel d'o je partirai, pour essayer d'avancer, serait quelque chose d'assez nigmatique, serait quelque chose de l'ordre de la pulsion invocante et de son retournement en pulsion d'coute. Je veux dire que le mot de pulsion d'coute, n'existe - je ne crois pas - n'existe nulle part comme tel, a reste tout fait problmatique.

Et plus prcisment quand j'ai parl de ces ides au Dr LACAN, je dois dire que c'est plus prcisment au sujet du problme de la musique, et d'essayer de reprerde reprer pour un auditeur qui coute une musique qui le toucherait, disons qui lui ferait de l'effetde reprer les diffrents temps par lesquels se produisent des effets dans lauditeur et dans diffrents parcours que je vais essayer donc de vous livrer maintenant assez succinctement parce que je n'ai pas prpar de texte, ni de notes. Alors excusez-moi si c'est un peu improvis.

J'imagine, si vous voulez, que si vous coutez une musiqueje parle d'une musique qui vous parle ou qui vous musique je pars de l'ide que si vous l'coutez, la faon dont vous la prenez cette musique, je partirai de l'ide que c'est en tant qu'auditeur d'abord que vous fonctionnez. a parat vident, mais enfin c'est pas tellement simple.

C'est--dire que je dirai que si la musique, dans un tout premier temps les temps que je vais essayer de dcortiquer pour la commodit de l'expos ne sont bien sr pas prendre comme des temps chronologiques, mais comme des temps qui seraient logiques, et que je dsarticule ncessairement pour la commodit de l'expossi donc la musique vous fait de l'effet comme auditeur, je pense qu'on peut dire que c'est que quelque part, comme auditeur, tout se passe comme si elle vous apportait une rponse.

Maintenant le problme commence avec le fait que cette rponse fait donc surgir en vous l'antcdence d'une question qui vous habitait en tant qu'Autre - en tant qu'Autre en tant qu'auditeur - qui vous habitait sans que vous le sachiez.

Vous dcouvrez donc qu'il y a l un sujet quelque part qui aurait entendu une question qui est en vous, et qui non seulement l'aurait entendue, mais qui en aurait t inspir, puisque la musique, la production du sujet musicant , si vous voulez, serait la rponse cette question qui vous habiterait.

Vous voyez donc dj que si on voulait articuler a au dsir de l'Autre : s'il y a en moi, en tant qu'Autre, un dsir, un manque inconscient, j'ai le tmoignage que le sujet qui reoit ce manque n'en est pas paralys, n'en est pas en fading, dessous, comme le sujet qui est sous l'injonction du che vuoi , mais au contraire en est inspir et son inspiration, la musique en est le tmoignage. Bon, ceci est le point de dpart de cette constatation.

L'autre point, c'est de considrer quen tant qu'Autre, je ne sais pas quel est ce manque qui m'habite, mais que le sujet lui-mme ne me dit rien sur ce manque puisqu'il dit directement ce manque. Le sujet lui-mme de ce manque ne sait rien, et n'en dit rien puisqu'il est dit par ce manque, mais en tant qu'Autre je dirais que je suis dans une perspective topologique o m'apparat le point o le sujet est divis puisqu'il est dit par ce manque, c'est--dire que ce manque qui m'habite, je dcouvre que c'est le sien propre, lui-mme ne sait rien de ce qu'il dit, mais moi je sais qu'il sait sans savoir.

Je vais doncvous voyez que ce que je vous ai dit l pourrait s'crire un peu comme ce que LACAN articule du procs de la sparationet je vais donc articuler les diffrents temps de la pulsion avec diffrentes articulations de la sparation. Bon!

En bas droite, j'ai mis le procs de la sparation avec une flche qui va du grand A barr [A] ce manque mis en commun entre le A et le sujet: l'objet petit (a), et cette flche voudrait signifier quen tant qu'Autre, je ne sais rien de ce manque en tant qu'Autre, mais quelque chose m'en revient du sujet qui - lui - en dit quelque chose. C'est pour a que je l'articule avec la pulsion, parce que tout se passe comme si je voudrais arriver articuler ce manque, ce rien, en accrocher quelque chose, en savoir quelque chose.

Je fais confiance au sujet, disons que je me laisse pousser par lui - c'est d'ailleurs la pulsion - je me laisse, pousser par lui et j'attends de lui qu'il me donne cet objet petit (a). Mais au fur et mesure que j'avance, que j'attends du sujet si je puis dire, ce que je dcouvre c'est qu'en suivant le sujet, le petit (a), nous ne faisons tous les deux que le contourner. Il est effectivement l'intrieur de la boucle et je m'assure effectivement que ce petit (a), il est inatteignable.

Je pourrais dire l que c'est un premier parcours, et que, quand je me suis assur en tant qu'Autre qu'il a ce caractre effectivement d'objet perdu, l'ide que je propose, c'est qu'on peut comprendre ce moment-l le retournement pulsionnel dont parle FREUD et que reprend LACANle retournement pulsionnel que je vais mettre en haut du graphecomme le passage un deuxime mode de sparation, et ce retournement pulsionnel, si on peut dire, comme une deuxime tentative d'approcher de l'objet perdu, mais cette fois d'une autre perspective : de la perspective du sujet. Je m'explique. Si vous voulez, dans le premier temps jai pos que jtais auditeur: jentends la musique, dans ce deuxime temps que je postule, je dirais qualors que je me reconnaissais comme auditeur, le point de bascule qui arrive, qui fait que maintenant je vais passer de l'autre ct, on peut l'articuler ainsi, c'est--dire avancer qu'alors que je me reconnaissais comme auditeur, on pourrait dire que cette fois c'est moi: je suis reconnu comme auditeur par la musique qui m'arrive, c'est--dire que la musiquece qui tait une rponse et qui avait fait surgir une question en moi, les choses s'inversentc'est--dire que la musique devient une question qui m'assigne, en tant que sujet, rpondre moi-mme cette question, c'est--dire que vous voyez que la musique se constitue comme m'entendant, comme sujet finalement - appelons-le par son nom - comme sujet suppos entendre et la musique, la production, ce qui tait la rponse inaugurale devient la question, la production donc du sujet musicien se constituant comme sujet suppos entendre, m'assigne dans cette position de sujet et je vais y rpondre par un amour de transfert.

Par l on ne peut pas ne pas articuler le fait que la musique produit tout le temps effectivement des effets d'amour, si on peut dire.

Je reviens encore cette notion d'objet perdu par le biais suivant: c'est que vous n'tes pas sans avoir remarqu que le propre de l'effet de la musique sur vous, c'est qu'elle a ce pouvoir, si on peut dire de mtamorphose, de transmutation, qu'on pourrait rsumer rapidement ainsi, dire par exemple, qu'elle transmute la tristesse qu'il y a en vous, en nostalgie.

Je veux dire par l que si vous tes triste, c'est que vous pouvez dsignersi vous tes triste ou dprimvous pouvez dsigner l'objet qui vous manque, dont le manque vous fait dfaut, vous fait souffrir, et d'tre triste c'est triste, je veux dire, ce n'est pas la source d'aucune jouissance.

Le paradoxe de la nostalgie comme Victor HUGO le disait: la nostalgie, c'est le bonheur d'tre triste le paradoxe de la nostalgie, c'est que prcisment dans la nostalgie ce qui se passe, c'est que ce qui vous manque est d'une nature que vous ne pouvez pas dsigner et que vous aimez ce manque.

Vous voyez que dans cette transmutation, tout se passe comme si l'objet qui manquait s'est vritablement vapor, s'est vapor. Et que ce que je vous propose, c'est de comprendre effectivement la jouissance, une des articulations de la jouissance musicale, comme ayant le pouvoir d'vaporer l'objet.

Je vois que le mot vaporer , nous pouvons le prendre presque au sens physique du terme, dont la physique a repr la sublimationla sublimation, il s'agit effectivement de faire passer un solide l'tat de vapeur, de gazet la sublimation, c'est cette voie paradoxale par laquelle FREUD nous enseigne et LACAN l'a articul de faon beaucoup plus soutenue c'est prcisment la voie par laquelle nous pouvons accder, justement par la voie de la dsexualisation, la jouissance.

Donc vous voyez, en ce deuxime temps ce que je marque en haut du circuit : renversement de la pulsionune premire torsion c'est peut-tre partir de cette notion de torsion que le Dr LACAN a pens insrer ce petit topo au point o il en est de son avancedeuxime temps donc, une premire torsion apparat o il y a apparition d'un nouveau sujet et d'un nouvel objet.

Le nouveau sujet prcisment, c'est moi qui d'auditeur devient, je dirais - je ne peux pas dire parleur - parlant, musicant, il faudrait dire que c'est le point dans la musique o, les notes qui vous traversent, tout se passe comme si paradoxalement, c'est pas tant que vous les entendieztout se passe comme si - j'insiste sur le si - tout se passe comme si vous les produisiez vous-mme.

J'insiste sur le si et sur le conditionnel qui est li ce si - vous n'tes pas dlirant - mais tout se passe nanmoins comme si - vous ne les produisez pas - mais comme si vous les produisiez vous-mme c'est vous l'auteur de cette musique.

J'ai mis une flche qui va l du sujet au petit (a) sparateur, voulant indiquer par l que dans cette deuxime perspective de la sparation, cette fois c'est du point de vue du sujet que j'ai une perspective sur le manque dans l'Autre.

Alors quel est ce manque ?Et comment le reprer par rapport l'amour de transfert ?

Eh bien, quand nous coutons une musique qui nous meut, la premire impression, c'est tout le temps d'entendre que cette musique a tout le temps affaire avec l'amour, on dirait que le musicien chante l'amour.

Mais si on prend au srieux ce petit schma et si mme on essaie de comprendre comment fonctionne l'amour, de ce mouvement de torsion dans la musique, vous sentirez que ce n'est pas tant le sujetdisons le sujet qui parle de son amour l'Autremais bien plutt qu'il rponde l'Autre, que son message est cette rponse o il est assign par ce sujet suppos entendre et que sa musique d'amour impossible est en fait une rponse qu'il fait l'Autre, et c'est l'Autre qu'il suppose le fait de l'aimer et de l'aimer d'un amour impossible.

Le problme, si vous voulez, on pourrait sommairement faire le parallle avec certaines positions mystiques, o le mystique est celui qui ne vous dit pas qu'il aime l'Autre, mais qu'il ne fait que rpondre l'Autre qui l'aime, qu'il est mis dans cette position, qu'il n'a pas le choix, qu'il ne fait qu'y rpondre.

Dans ce deuxime temps de la musique, on peut faire ce parallle dans la mesure o le sujet effectivement postule l'amour de l'Autre pour lui, mais l'amour de l'Autre en tant que radicalement impossible. C'est en ceci que j'ai mis cette flche: c'est que le sujet a, par ce deuxime point de vue a une perspective sur le manque qui habite l'Autre.

C'est--dire que, vous voyez, aprs ces deux temps, on pourrait dire que se confirme par ce deuxime temps que l'objet vapor, dans la deuxime position il reste tout aussi vapor que dans la premire position. On se rapproche, comme vous voyez, on se rapproche de la fin de la boucle.

Le transfert, on peut remarquer, correspond trs prcisment la faon dont LACAN introduit l'amour de transfert dans le sminaire du Transfert, c'est--dire qu'il y a l : le sujet postule que c'est l'Autre qui l'aime, il pose donc un aim et un aimant. Il y a donc passage - dans cet amour de transfert - de l'aim l'aimant.

Ce que je vous ai dit l, de toute faon n'est pas exact, parce que ce deuxime temps ne peut pas s'articuler comme tel, il s'articule synchroniquement avec un troisime temps, qui existe je dirais synchroniquement avec lui de la faon suivante : le sujet, cette fois si vous voulez, tant lui-mme musicien, tant producteur de la musique donc, s'adresse un nouvel Autre, que j'ai appel sujet suppos entendre qui n'est plus tout fait l'Autre du point de dpart, c'est un nouvel Autre.

Ce nouvel Autre, prcisment a n'est plus le vel ce n'est plus ou l'un ou l'autre . ce nouvel Autre, il va galement s'identifier, c'est--dire qu'il y a partir du haut de la boucle, une double disposition o le sujet est la fois celui qui est parlant et celui qui est entendant.

Quelque chose peut-tre pourra vous illustrer cette division, c'est celle que met en vidence, mon avis, le mythe d'ULYSSE et des SIRNES. Vous savez qu'ULYSSE pour couter le chant des SIRNES, avait bouch de cire les oreilles de ses matelots. Comment est-ce que nous devons comprendre a ?

Ulysse s'expose entendre, entendre la pulsion invocante - enfin - entendre le chant des SIRNES. Mais ce quoi il s'expose, puisque quand il va entendre le chant des SIRNES, vous savez que l'histoire nous raconte qu'il hurle aux matelots, qu'il leur dit : Mais arrtez, restons . Mais il a pris ses prcautions : il sait qu'il ne sera pas entendu.

C'est--dire que ce que ce mythe mon avis illustre, c'est mon deuxime temps: c'est--dire qu'Ulysse s'est mis en position de pouvoir entendre dans la mesure o il s'tait assur qu'il ne pourrait pas parler, c'est--dire o il s'tait assur qu'il n'y aurait pas ce retournement de la pulsion, c'est--dire le deuxime et le troisime temps, c'est--dire o il s'tait assur qu'il n'y aurait pas un sujet suppos entendre, cause des bouchons de cire.

Vous voyez que le premier temps, entendre c'est une chose, mais a nous pose mme le problme de l'thique de l'analyste. Est-ce que prcisment un analystequi est quelqu'un dont on peut attendre de lui qu'il entende certaines chosesest-ce qu'il n'est pas, un moment donn, ncessairement, de par la structure mme du circuit pulsionnel, en position d'avoir se faire parlant ? De ne pas faire comme ULYSSE, disons qui avait dj pris un premier risque d'entendre certaines choses.

J'imagine qu'aprs ce deuxime et troisime temps o le sujet et l'Autre continuent leurs chemins cte cte toujours spars par le petit (a) sparateur, quelle est la position par rapport notre point de dpart, o en sommes-nous ?

Eh bien, le point, on pourrait dire sur lequel le sujet dbouche, c'est qu'aprs ce deuxime et troisime temps, il a trouv l'assurance que ce petit (a) sparateur, il a trouv l'assurance que c'tait effectivement impossible de le rencontrer, puisqu'il n'est arriv n'en faire que le tour.

Mais il lui a fallu plusieurs mouvements dialectiques pour en avoir, je dirais, comme - je sais pas si le mot est bon - pour en avoir comme une forme de certitude qui va peut-tre lui permettre l de faire un nouveau saut, qui sera mon quatrime temps, un nouveau saut qui va lui permettre ce moment-l de passer une nouvelle forme de jouissance, de s'y risquer. J'ai dit de s'y risquer , parce que a n'est pas donn d'arriver ce que j'appelle ce quatrime temps que je vais quand mme marquer.

Je vous dis qu'on peut imaginer un dernier temps qui serait le point terminal, le point non pas de retour, puisque la pulsion ne revient pas au point de dpart, mais le point possible, ultime de la pulsion:j'ai marqu la jouissance de l'Autre, et le petit schma, le nouveau schma de sparation, le troisime que j'inscris, reprsente le schma de la sparation, non plus avec l'objet petit(a) dans la lunule, mais avec le signifiant S de grand A barr S(A), et le signifiant S2, signifiant que LACAN nous apprend reprer comme tant celui de l'Urverdrngung.

Pourquoi est-ce que je marque a ? Je dirai que tout le parcours ayant t fait, que ce soit du point de vue du sujet, de l'Autre et du deuxime autre, il est confirm que l'objet est vraiment volatilis. On peut imaginer qu' ce moment le sujet va faire un saut, ne va plus se contenter d'tre spar de l'Autre par l'objet petit(a), mais va procder vritablement une tentative de traverse du fantasme.

Il y a un passage dans le sminaire 11bien avant que LACAN parle du problme de la jouissance de l'Autreo LACAN au sujet de la pulsion et de la sublimation, pose la question et se demande comment la pulsion peut-elle tre vcue aprs ce que serait la traverse du fantasme. Et LACAN ajoute : Ceci n'est plus du domaine de l'analyse, mais est de l'au-del de l'analyse .

Alors, si nous nous rappelons que l'objet petit(a) n'est pas uniquement, comme on l'entend si souvent dire, essentiellement caractris par le fait qu'il est l'objet manquant, il est certes l'objet manquantmais sa fonction d'tre l'objet manquant est pointe trs spcialement, disons dans le phnomne de l'angoissemais, outre cette fonction, on pourrait dire que sa fonction fondamentale est bien plutt de colmater cette bance radicale qui rend si imprieuse la ncessit de la demande.

S'il y a vraiment quelque chose de manquant dans l'tre parlant, ce n'est pas l'objet petit(a), c'est cette bance dans l'Autre qui s'articule avec le grand S de grand A barr S(A). C'est pourquoi la fin de ce circuit pulsionnel, pour rendre compte de l'exprience de l'auditeur, j'mets cette ide que la nature de la jouissance laquelle on peut accder en fin de parcours n'est pas du tout du ct d'un plus-de-jouir , mais prcisment du ct de cette exprience de cette jouissance, peut-tre qu'on pourrait dire extatique , jouissance de l'existence elle-mme.

D'ailleurs au sujet du terme jouissance extatique , j'ai t frapp de reprer sous la plume de LVI-STRAUSS d'une part, dans un numro de Musique en jeu o LVI-STRAUSS met trs prcisment en perspective la nature, non pas de la jouissance, enfin l'exprience de la musique et de celle qui lui apparat tre celle de l'exprience mystique.

FREUD lui-mme, dans une lettre Romain ROLLAND, se trouve rpondre, articuler spontanment qu'il se refusait la jouissance musicale et que cette jouissance musicale lui paraissait aussi trangre que ce que Romain ROLLAND lui disait sur les jouissances d'ordre mystique. Enfin c'est lui-mme qui articulait les deux, qui a eu l'ide d'introduire la musique l-dedans.

Dernier temps donc, o le sujet fera le saut, je ne sais pas si on peut dire au-del ou derrire l'objet petit(a), mais arrivera franchir et advenir ce lieu, on pourrait dire de commmoration de l'tre inconscient comme tel. C'est--dire de la mise en commun des manques les plus radicaux qui sont ceux qui font la bance du sujet de l'inconscient et celle de l'inconscient. C'est--dire de mettre l'exprience de cet on pourrait dire qu'au dernier temps, si vous voulez, on pourrait dire que le Rel comme impossible est chauff blanc, est port incandescence. ce moment-l, je veux dire, jindiquerai, moi, que la pulsion s'arrte, dans le sens o les musiciens, les auditeurs de musique savent que dans certains moments de bouleversement par la musique, comme on dit, le temps s'arrte.

Effectivement il y a une suspension du temps ce niveau-l. Et dans cette suspension du temps, on peut faire l'hypothse que ce qui se passe, c'est une sorte de commmoration de l'acte fondateur de l'inconscient dans la sparation la plus primordiale, la bance la plus primordiale qui a t arrache au Rel et qui a t introduite dans le sujet, qui est celle du S de grand A barr du signifiant S2.

Je crois que le dernier point que l'on peut avancer, c'est de faire remarquer que ce point de jouissance qui me parat tre ce que LACAN articule tre de la jouissance de l'Autre, est prcisment le point de dsexualisation maximum je dirais total, suprieur, sublime, sublime au sens de sublimationet c'est bien par ce point-l que la sublimation a affaire la dsexualisation et la jouissance.

Alors, donc les deux torsions ou trois torsions, dont je vous parlais au dpart, c'est donc celles qui sont reprables entre le passage du premier au deuxime temps, du deuxime au troisime, et je ne sais pas si on peut parler de torsion vrai dire pour la topologie de ce que j'appellerais le quatrime temps. a reste penser.

LACAN

Merci beaucoup.

11 Janvier 1977 Table des sances

Qu'est-ce qui rgle la contagion de certaines formules ? Je ne pense pas que ce soit la conviction avec laquelle on les prononce, parce qu'on ne peut pas dire que ce soit l le support dont j'ai propag mon enseignement.

Enfin a, c'est plutt Jacques-Alain MILLER qui peut l-dessus porter un tmoignage : est-ce qu'il considre que ce que j'ai jaspin, au cours de mes vingt cinq annes de sminaire portait cette marque ?

Bon. Ceci, d'autant plus que ce dont je me suis efforc, c'est de dire le vrai, mais je ne l'ai pas dit avec tellement de conviction, me semble-t-il. J'tais quand mme assez sur la touche pour tre convenable.

Dire le vrai sur quoi ? Sur le savoir. C'est ce dont j'ai cru pouvoir fonder la psychanalyse, puisqu'en fin de compte tout ce que j'ai dit se tient. Dire le vrai sur le savoir, a n'tait pas forcment supposer le savoir au psychanalyste, vous le savez: j'ai dfini de ces termes le transfert, mais a ne veut pas dire que a ne soit pas une illusion.

Il reste que, comme je l'ai dit quelque part dans ce truc que j'ai relu moi-mme avec un peu d'tonnement, a me frappe toujours ce que j'ai racont dans l'ancien temps, je ne m'imagine jamais que c'est moi qui aie pu dire a.Il en reste donc ceci: que le Savoir et la Vrit n'ont entre euxcomme je le dis dans cette Radiophonie l, du N2 - 3 de Scilicetque le Savoir et la Vrit n'ont aucune relation entre eux. Il faut que je me tape maintenant une prface pour la traduction italienne de ces quatre premiers numros de Scilicet.

a ne m'est naturellement pas tellement commode, vu l'anciennet de ces textes. Je suis certainement plutt faiblard dans la faon de recevoir la charge de ce que j'ai moi-mme crit. C'est pas que a me paraisse toujours la chose la plus mal inspire, mais c'est toujours un peu en arrire de la main et c'est a qui m'tonne.

Le Savoir en question donc, c'est l'inconscient. Il y a quelque temps, convoqu quelque chose qui n'tait rien de moins que ce que nous essayons de faire Vincennes sous le nom de Clinique psychanalytique , j'ai fait remarquer que le Savoir en question, c'tait ni plus ni moins que l'inconscient et qu'en somme c'tait trs difficile de bien savoir l'ide qu'en avait FREUD.

Tout ce qu'il dit - me semble-t-il m'a-t-il sembl - impose que ce soit un Savoir.

Essayons de dfinir ce que a peut nous dire a, un Savoir. Il s'agit, dans le Savoir, de ce que nous pouvons appeler effets de signifiant.J'ai l un truc qui - je dois dire - m'a terroris. C'est une collection qui est parue sous le titre de La Philosophie en effet.

La Philosophie en effet - en effets de signifiants - c'est justement ce propos de quoi je m'efforce de tirer mon pingle du jeu, je veux dire que je ne crois pas faire de philosophieon en fait toujours plus qu'on ne croieil n'y a rien de plus glissant que ce domaine. Vous en faites, vous aussi, vos heures, et ce n'est certainement pas ce dont vous avez le plus vous rjouir.

FREUD n'avait donc que peu d'ides de ce que c'tait que l'inconscient. Mais il me semble - le lire - qu'on peut dduire qu'il pensait que c'tait des effets de signifiant.

L'homme il faut bien appeler comme a une certaine gnralit, une gnralit dont on ne peut pas dire que quelques-uns mergent: FREUD n'avait rien de transcendant, c'tait un petit mdecin qui faisait - mon Dieu ce qu'il pouvait pour ce qu'on appelle gurir, ce qui ne va pas loinl'homme donc -puisque j'ai parl de l'homme - l'homme ne s'en tire gure de cette affaire de Savoir.

a lui est impos par ce que j'ai appel les effets de signifiant, et il n'est pas l'aise : il ne sait pas faire avec le Savoir. C'est ce qu'on appelle sa dbilit mentale, dont - je dois dire - je ne m'excepte pas. Je ne m'en excepte pas simplement parce que j'ai faire au mme matriel que tout le monde et que ce matriel, c'est ce qui nous habite.

Avec ce matriel, il ne sait pas y faire . C'est la mme chose que ce faire avec dont je parlais tout l'heure, mais c'est trs important ces nuances comme a, de langue. a ne peut pas se dire ce y faire , dans toutes les langues. Savoir y faire, c'est autre chose que de savoir faire. a veut dire se dbrouiller. Mais cet y faire indique qu'on ne prend pas vraiment la chose, en somme, en concept.

Ceci nous mne pousser la porte de certaines philosophies. Il faut pas pousser cette porte trop vite, parce qu'il faut rester au niveau o j'ai plac ce que j'ai en somme appel les discours: les dits, c'est le dire qui secourt . Il faut quand mme bien profiter de ce que nous offre d'quivoque la langue dans laquelle nous parlons.

Qu'est-ce qui secourt? Est-ce que c'est le dire ou est-ce que c'est le dit ? Dans l'hypothse analytique, c'est le dire, c'est--dire l'nonciation, l'nonciation de ce que j'ai appel tout l'heure la vrit.

Et dans ces dire secours j'en ail'anne o je parlais de L'Envers de la psychanalyse [footnoteRef:2] vous ne vous en souvenez srement pas [2: Cf. sminaire 1969-70 : L'envers de la psychanalyse, Seuil, 1991.]

j'en avais comme a distingu en gros quatre, parce que je m'tais amus faire tourner une suite de quatre justement et que, dans cette une suite de quatre, la Vrit - la vrit du dire - la Vrit n'tait en somme qu'implique, puisque comme vous vous en souvenez peut-tre - oui, comme vous vous en souvenez peut-tre - a se prsentait comme a:

Je veux dire que c'tait le discours du matre qui tait le discours le moins vrai. Le moins vrai, a veut dire le plus impossible.

Jai en effet marqu de limpossibilit ce discours, cest tout au moins ainsi que je lai reproduit dans ce qui a t imprim de Radiophonie. Ce discours est menteur et cest prcisment en cela quil atteint le Rel: Verdrngung FREUD a appel a, et pourtant, cest bien un dit qui le secourt.

Tout ce qui se dit est une escroquerie. a ne lest pas seulement de ce qui se dit partir de linconscient. Ce qui se dit partir de linconscient participe de lquivoque, de lquivoque qui est le principe du mot desprit: quivalence du son et du sens, voil au nom de quoi jai cru pouvoir avancer que linconscient tait structur comme un langage.

Je me suis aperu, comme a, un peu sur le tard et propos de quelque chose qui est paru dans Lexique et grammaire ou bien Langue Franaise [footnoteRef:3], revue trimestrielle, c'est un petit article que je vous conseille de regarder de prs parce qu'il est de quelqu'un pour qui j'ai beaucoup d'estime, il est de Jean-Claude MILNER. C'est le n30, paru en Mai 1976. [3: Jean-Claude Milner: Rflexions sur la rfrence, in Langue franaise : lexique et grammaire. d. Larousse, numro 30, Mai 1976, pp.63-73.]

a s'appelle Rflexions sur la rfrence.

Ce qui, aprs la lecture de cet article, est pour moi l'objet d'une interrogation, c'est ceci : c'est le rle qu'il donne l'anaphore. Il s'aperoit que la grammaire, a joue un certain rle et que nommment la phrase qui n'est pas si simple :

J'ai vu 10 lions et toi - dit-il - tu en as vu 15.

L'anaphore comporte l'usage de ce en . Il met les choses trs prcisment au point en disant que ce en ne vise pas les lions, il vise les 10. Je prfrerai qu'il ne dise pas : tu en as vu 15 , j'aimerais mieux qu'il dise : tu en as vu plus . Parce que, la vrit, ces 15 il ne les a pas compts, le tu en question.

Mais il est certain que dans la phrase distincte : J'ai captur 10 des lions et toi, tu en as captur 15. la rfrence n'est plus au 10, mais qu'elle est aux lions.

Il est - je crois - tout fait saisissant que dans ce que j'appelle la structure de l'inconscient, il faut liminer la grammaire. Il ne faut pas liminer la logique, mais il faut liminer la grammaire. Dans le franais il y a trop de grammaire. Dans l'allemand il y en a encore plus. Dans l'anglais il y en a une autre, mais en quelque sorte implicite. Il faut que la grammaire soit implicite pour pouvoir avoir son juste poids.

Je voudrais vous indiquer quelque chose, qui est d'un temps o le franais n'avait pas une telle charge de grammaire,je voudrais vous indiquer ce quelque chose qui s'appelle Les bigarrures du seigneur des Accords [footnoteRef:4]. [4: tienne Tabourot: Les bigarrures du seigneur Des Accords. Quatrime livre. Avec les Apophtegmes du seigneur Gaulard, d. B. Rigaud, 1584; ou d. Honor Champion, 2004. ]

Il vivait tout fait la fin du sicle XVIme.

Et il est saisissant parce quil semble tout le temps jouer sur l'inconscient, ce qui tout de mme est curieux, tant donn qu'il n'en avait aucune espce d'ide, encore bien moins que FREUD, mais que c'est tout de mme l-dessus qu'il joue. Comment arriver saisir, dire cette sorte de flou qui est en somme l'usage ? Et comment prciser la faon dont, dans ce flou, se spcifie l'inconscient qui est toujours individuel ?

Il y a une chose qui frappe, c'est qu'il n'y a pas trois dimensions dans le langage. Le langage, c'est toujours mis plat. Et c'est bien pour a que mon histoire tordue l, de l'Imaginaire, du Symbolique et du Rel, avec le fait que le Symbolique, c'est ce qui passe au-dessus de ce qui est au-dessus et ce qui passe au-dessous de ce qui est en-dessous, c'est bien ce qui en fait la valeur. La valeur, c'est que c'est mis plat.

C'est mis plat, et d'une faon dont vous savez - parce que je vous l'ai rpt, ressass - dont vous savez la fonction, la valeur, savoir que a a pour effet que, l'un quelconque des trois tant dissout, les 2 autres se librent. C'est ce que j'ai appel dans son temps, du terme de nud pour ce qui n'est pas un nud, mais effectivement une chane. Cette chane quand mme, il est frappant qu'elle puisse tre mise plat.

Et je dirai que c'est une rflexion comme a que m'a inspir le fait que pour ce qui est du Rel, on veut l'identifier la matireje proposerai plutt de l'crire comme a: l'me tiers . Ce serait comme a une faon plus srieuse de se rfrer ce quelque chose quoi nous avons affaire, dont ce n'est pas pour rien qu'elle est homogne aux deux autres.

Qu'un nomm Charles-Sanders PEIRCE comme il s'appelaitvous le savez, j'ai dj crit ce nom, maintes et maintes foisque ce PEIRCE tait tout fait frapp par le fait que le langage n'exprime pas proprement parler la relation, c'est bien l quelque chose qui est frappant.

Que le langage ne permette pas une notation comme X ayant un certain type - et pas un autre - de relation avec Y, c'est bien ce qui m'autorise - puisque PEIRCE lui-mme articule qu'il faudrait pour a une logique ternaire, et non pas, comme on en use, une logique binaire - c'est bien ce qui m'autorise parler de l'me tiers , comme de quelque chose qui ncessite un certain type de rapports logiques.

Ouais Eh ben tout de mme, je vais en effet venir cette Philosophie en effet, collection qui parat chez AUBIER-FLAMMARION, pour dire ce qui m'a un peu effray dans ce qui chemine en somme de quelque chose que j'ai inaugur par mon discours. Il y a un livre qui y est paru, d'un nomm Nicolas ABRAHAM et d'une nomme Maria TOROK. Ouaisa s'appelle Cryptonymie, ce qui indique assez l'quivoque, savoir que le nom y est cach, et a s'appelle Le Verbier de l'Homme aux loups [footnoteRef:5]. [5: Nicolas Abraham (1919-1975) et Maria Torok (1925-1998) Le Verbier de l'Homme aux loups, d. Flammarion, 1999.]

Je ne sais pas, il y en a peut-tre qui sont l et qui ont assist mes lucubrations sur L'Homme aux loups. C'est ce propos que j'ai parl de forclusion du Nom du Pre. Le Verbier de l'Homme aux loups est quelque chose o, si les mots ont un sens, je crois reconnatre la pousse de ce que j'ai articul depuis toujours. savoir que le signifiant, c'est de cela qu'il s'agit dans l'inconscient, et que le fait que l'inconscient c'est qu'en somme on parle si tant est qu'il y ait du parltrequ'on parle tout seul, parce qu'on ne dit jamais qu'une seule et mme chose, sauf si on souvre dialoguer avec un psychanalyste. Il ny a pas moyen de faire autrement que de recevoir dun psychanalyste ce quelque chose qui en somme drange, d'o sa dfense et tout ce qu'on lucubre sur les prtendues rsistances.

Il est tout fait frappant que la rsistance - je l'ai dit - c'est quelque chose qui prenne son point de dpart chez l'analyste lui-mme et que la bonne volont de l'analysant ne rencontre jamais rien de pire que la rsistance de l'analyste.

La psychanalyse - je l'ai dit, je l'ai rpt tout rcemment - n'est pas une science. Elle n'a pas son statut de science et elle ne peut que l'attendre, l'esprer. Mais c'est un dlire dont on attend qu'il porte une science. C'est un dlire dont on attend qu'il devienne scientifique. On peut attendre longtemps.

On peut attendre longtemps, j'ai dit pourquoi, simplement parce qu'il n'y a pas de progrs et que ce qu'on attend ce n'est pas forcment ce qu'on recueille. C'est un dlire scientifique donc, et on attend qu'il porte une science mais a ne veut pas dire que jamais la pratique analytique portera cette science. C'est une science qui a d'autant moins de chance de mrir qu'elle est antinomique, que quand mme par l'usage que nous en avons, nous savons quil y a des rapports entre la science et la logique.

Il y a une chose qui - je dois dire - m'tonne encore plus que la diffusionla diffusion dont on sait bien qu'elle se fait, la diffusion de ce qu'on appelle mon enseignement, mes ides, puisque a voudrait dire que j'ai des ides la diffusion de mon enseignement ce quelque chose qui est l'autre extrme des groupements analytiques qui est cette chose qui chemine sous le nom d'Institut de Psychanalyseune chose qui m'tonne encore plus, ce n'est pas que Le Verbier de l'Homme aux loups, non seulement il vogue mais il fasse des petits, c'est que quelqu'un dont je ne savais pas que - pour dire la vrit, je le crois en analyse dont je ne savais pas qu'il ft en analyse - mais c'est une simple hypothse - c'est un nomm Jacques DERRIDA qui fait une prface ce Verbier.

Il fait une prface absolument fervente, enthousiaste o je crois percevoir un frmissement qui est li je ne sais pas auquel des deux analystes il a affairece qu'il y a de certain, c'est qu'il les couple.

Et je ne trouve pas - je dois diremalgr que j'aie engag les choses dans cette voieje ne trouve pas que ce livre, ni cette prface soient d'un trs bon ton. Dans le genre dlire, je vous en parle comme a, je ne peux pas dire que ce soit dans l'espoir que vous irez y voir - je prfrerais mme que vous y renonciez - mais enfin je sais bien qu'en fin de compte vous allez vous prcipiter chez AUBIER-FLAMMARION, ne serait-ce que pour voir ce que j'appelle un extrme.

C'est certain que a se combine avec la - de plus en plus - mdiocre envie que j'ai de vous parler. Ce qui se combine, c'est que je suis effray de ce dont en somme je me sens plus ou moins responsable, savoir d'avoir ouvert les cluses de quelque chose sur lequel j'aurais aussi bien pu la boucler.

J'aurais aussi bien pu me rserver moi tout seul la satisfaction de jouer sur l'inconscient sans en expliquer la farce, sans dire que c'est par ce truc des effets de signifiant qu'on opre. J'aurais aussi bien pu le garder pour moi, puisqu'en somme si on ne m'y avait pas vraiment forc, je n'aurais jamais fait d'enseignement.

On ne peut pas dire que ce que Jacques-Alain MILLER a publi sur la scission de 53, ce soit avec enthousiasme que j'ai pris la relve sur le sujet de cet inconscient. Je dirai mme plus, je n'aime pas tellement la seconde topique, je veux dire celle o FREUD s'est laiss entraner par GRODDECK. Bien sr, on ne peut pas faire autrement: ces mises plat, le a avec le gros oeil qui est le Moi. Le a, c'est tout se met plat.

Mais enfin, ce Moi qui d'ailleurs en allemand ne s'appelle pas Moi, s'appelle Ich - Wo es war l o c'tait : on ne sait pas du tout ce qu'il y avait dans la boule de ce GRODDECK pour soutenir ce a, cet Es . Lui pensait que le a dont il s'agit, c'tait ce qui vous vivait. C'est ce qu'il dit quand il crit son Buch, son Livre du a , son livre du Es, il dit que c'est ce qui vous vit.

Cette ide d'une unit globale qui vous vit, alors qu'il est bien vident que le a dialogue, et que c'est mme a que j'aidsign du nom de grand A, c'est qu'il y a quelque chose d'autre, ce que j'appelais tout l'heure l'me tiers , l'me tiers qui n'est pas seulement le Rel, qui est quelque chose avec quoi expressment - je le dis - nous n'avons pas de relations. Avec le langage nous aboyons aprs cette chose, et ce que veut dire S(A) c'est a que a veut dire, c'est que a ne rpond pas. C'est bien en a que nous parlons tout seuls, que nous parlons tout seuls jusqu' ce que sorte ce qu'on appelle un moi, c'est--dire quelque chose dont rien ne garantit qu'il ne puisse proprement parler dlirer.

C'est bien en quoi j'ai point que, comme FREUD d'ailleurs, qu'il n'y avait pas y regarder de si prs pour ce qui est de la psychanalyse, et quentre folie et dbilit mentale, nous n'avons que le choix. En voil assez pour aujourd'hui.

18 janvier 1977 Table des sances

C'est plutt pnible, alors voil: la vrit, ceci c'est plutt le tmoignage d'un chec, savoir que je me suis puis pendant quarante huit heures, faire ce que j'appelleraiscontrairement ce qu'il en est de la tresseje me suis puis pendant quarante huit heures faire ce que j'appellerais une quatresse . Voil:

La tresse est au principe du nud borromen, c'est savoir qu'au bout de six fois, on trouvepour peu qu'on croise de la faon convenable ces troisceci veut dire qu'au bout de six manuvres de la tresse, vous retrouvez dans l'ordre - la sixime manuvre - le 1, le 2 et le 3:

C'est ceci qui constitue le nud borromen. Si vous en avez si vous procdez douze fois, vous avez de mme un autre nud borromen. Chose curieuse, cet autre nud borromen n'est pas visualis immdiatement.Il a pourtant ce caractre que, contrairement au premier nud borromen qui, comme vous lavez vu tout lheure, passe au-dessus de celui qui est au-dessus - puisque - vous le voyez: le rouge est au-dessus du vert - au-dessous de celui qui est au-dessous : voil le principe dont dcoule le nud borromen, c'est en fonction de cette opration que le nud borromen tient.

De mme, dans une opration quatre, vous mettrez un au-dessus, l'autre au-dessous:

Et de mme oprerez-vous, avec au-dessous celui qui est au-dessous, vous aurez ainsi un nouveau nud borromen qui reprsente celui douze croisements:

Que penser de cette tresse ? Cette tresse peut tre dans l'espace, il n'y a aucune raison - en tout cas au niveau de la quatresse - que nous ne puissions la supposer entirement suspendue. La tresse pourtant est visualisable pour autant qu'elle est mise plat.

J'ai pass une autre poque, celle qui tait prtendument rserve aux vacances, m'puiser de mme essayer de mettre en fonction un autre type de nud borromen, c'est savoir celui qui se serait fait obligatoirement dans l'espace puisque ce dont je partais, a n'tait pas le cercle comme vous le voyez l, c'est--dire de quelque chose qu'on met d'habitude plat, mais de ce qu'on appelle un ttradre. Un ttradre, a se dessine comme a:

Grce a, il y a 1, 2, 3, 4, 5, 6 artes. Je dois dire que les prjugs que j'avais - car il ne s'agit de rien de moins m'ont pouss oprer avec les quatre faces et non pas avec les six artes, et qu'avec les quatre faces c'est tout fait difficile, c'est impossible de faire un tressage. II y faut les six artes pour faire un tressage correct et j'aimerais que ces boules, je les vois revenir. [boules lances la salle portant le trac du schma]

Le fait est que vous y constaterez que le tressage, non pas six mais douze, est tout fait fondamental. Je veux dire que ce qui se produit, c'est qu'on ne saurait mettre en exercice ce tressage des ttradres sans partir - puisque de ttradres, il n'y en a que trois - sans partir de la tresse.

C'est un fait qui m'a t dcouvert sur le tard, et dont vous verrez ici, pour peu que je vous passe ces boules dont - je le rpte - j'aimerais les voir revenir parce que je ne les ai pas - loin de l