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Résumés des interventions
Colloque
Des lieux pour l’éducation populaire :
conceptions, architectures et usages des équipements
depuis les années 1930
Revue Pas à pas édité par la Fédération française des MJC (FFMJC), n°55, 1955
Manifestation organisée par le
Pôle de conservation des archives des associations de jeunesse et d’éducation popu-
laire (PAJEP)
et
Ecole nationale supérieure d’architecture Paris-Malaquais
Mercredi 3 décembre 2014
Ecole nationale supérieure d’architecture Paris-Malaquais
Jeudi 4 décembre 2014
Archives nationales – Site de Pierrefitte
Vendredi 5 décembre 2014
Université Paris-Est Créteil
Table des matières 3-5 décembre 2014
2 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
INTRODUCTION DU COLLOQUE PAR LAURENT BESSE ET CATHERINE CLARISSE .............. 5
SEQUENCE ENTRE POLITIQUE, SOCIAL ET EDUCATION : LES HESITATIONS DE L’ENTRE-DEUX-GUERRES ............................................................................................................ 6
DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE DE L’ENTRE DEUX GUERRES : LA MAISON DU PEUPLE DE
BELFORT (1928-1933), LE PALAIS DU TRAVAIL DE VILLEURBANNE (1928-1934) ET LE PALAIS DES ARTS, DES SPORTS ET DU TRAVAIL DE NARBONNE (1936-1968) PAR ARIELA KATZ ..................................... 7
LES CONDITIONS D’EMERGENCE DU CAMP DE TOILE, LIEU D’APPRENTISSAGE PAR NICOLAS PALLUAU ....... 8
LES REFERENCES ARCHITECTURALES DANS L’ALSACE : LE BISTROT, LE CHATEAU ET LE CHALET PAR JEAN-CLAUDE RICHEZ ..................................................................................................................... 9
SEQUENCE NAISSANCE DE L’EQUIPEMENT MODERNE ................................................ 12
DU CENTRE D’ALBERT CAMUS A ORLEANVILLE AU CENTRE LARBI TEBESSI A CHLEF. HISTOIRE D’UN
VESTIGE DE L’ARCHITECTURE MODERNE ALGERIENNE (1950-1960) PAR NAJET MOUAZIZ-BOUCHENTOUF
........................................................................................................................................ 13
LA MAISON DE LA CULTURE ET DE LA JEUNESSE DE FIRMINY, ENTRE EDUCATION POPULAIRE ET CHOC
ELECTIF (1959-1961) PAR MICHEL KNEUBÜLHER ..................................................................... 14
LA MAISON DES JEUNES ET DE LA CULTURE (MJC) DE MARLY-LE-ROI (CONCEPTION ROBERT BENOIT, 1966-1972), UN PROJET « PEU CONFORMISTE » PAR SEVERINE BRIDOUX-MICHEL ......................... 15
SEQUENCE DE L’EQUIPEMENT INTEGRE A L’EQUIPEMENT-REFUGE PRESIDEE PAR THIBAULT TELLIER ....................................................................................................................... 17
LA MAISON POUR TOUS ET LE CENTRE DOCUMENTAIRE DES SEPT MARES : UNE UTOPIE SOCIALE EN VILLE
NOUVELLE ET SON DEVENIR (1969-2014) PAR SYLVIE ZENOUDA .................................................. 18
LES EQUIPEMENTS STRUCTURANTS AU PRISME DE LA MOBILITE. LE GLISSEMENT DES PRATIQUES URBAINES
D’ANIMATION : DU CENTRE D’ANIMATION VERS LES REFUGES PERI-URBAINS (1995-2014), PAR LUC
GREFFIER ET PASCAL TOZZI .................................................................................................... 19
DEUX CONFERENCES PRESENTEES PAR ANNE DEBARRE : .............................................................. 20
LA MAISON FAMILIALE, PAR LUCIEN KROLL. .............................................................................. 20
LA MAISON DES JEUNES COMME EXPERIMENTATION A L’ARCHITECTURE PAR PATRICK BOUCHAIN. ....... 20
SEQUENCE MAISON, CENTRE, CLUB : ENJEUX DE PROXIMITE ET D’ECHELLE ................ 21
L’UNITE DE VOISINAGE (CHICAGO ANNEES 1910), UNE MATRICE DES EQUIPEMENTS SOCIOCULTURELS DES
ANNEES 1960 ? PAR JEAN-MARIE BATAILLE ............................................................................. 22
BOISSY, LA MAISON DES EQUIPES SOCIALES AU FIL DES ANNEES 1930 PAR PASCAL BOUSSEYROUX........ 23
LE CENTRE SOCIAL, UNE MAISON OU UN EQUIPEMENT ? (1903-2003), PAR JACQUES ELOY ............... 24
L’OPERATION MILLE CLUBS EN GIRONDE : APOGEE ET DECLIN DES EQUIPEMENTS POUR LES JEUNES DANS
LES ANNEES 1970, PAR JEAN-PIERRE AUGUSTIN ........................................................................ 26
Table des matières 3-5 décembre 2014
3 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
UN HERITAGE EN QUESTION : LES MILLE CLUBS DU PUY-DE-DOME (1967-2014), PAR MATHILDE
LAVENU ............................................................................................................................. 27
ATELIER N°1 QUELS ESPACES POUR LE JEU .................................................................. 29
LES CENTRES AERES : DES ESPACES MECONNUS (ANNEES 1960), PAR JEROME CAMUS ET FRANCIS LEBON
........................................................................................................................................ 30
L’EXPERIENCE DES TERRAINS D’AVENTURE EN FRANCE DANS LES ANNEES 1970-1980, UNE AVENTURE
SANS LENDEMAIN ?, PAR GILLES RAVENEAU .............................................................................. 31
ATELIER N°2 EDUQUER HORS DES MURS DE L’ECOLE ?................................................ 33
« ON S’ENNUIE AU VILLAGE ». LA PLACE DE L’EDUCATION POPULAIRE AU SEIN DES FOYERS MUNICIPAUX
LANDAIS (1930-1940), PAR NICOLAS NAUZE .......................................................................... 34
LE FOYER-MODELE DE LA LIGUE DE L'ENSEIGNEMENT, DE 1936 A 1958 : SPECIALISATION, URBANISATION, VOIRE DESCOLARISATION ?, PAR FREDERIC CHATEIGNER ......................................... 35
ATELIER N°3 POURQUOI DES EQUIPEMENTS ? ............................................................ 37
L’EXPERIENCE ARTISTIQUE DANS LES LIEUX DE L’EDUCATION POPULAIRE. TEMOIGNAGE A PARTIR DE
L’EXPERIENCE DE L’ALHAMBRA A MARSEILLE (DE 1986 A NOS JOURS). ENTRETIEN DE JEAN-PIERRE
DANIEL, CINEASTE PEDAGOGUE, AVEC DENISE BARRIOLADE, INSPECTRICE PRINCIPALE JEUNESSE ET
SPORTS HONORAIRE ............................................................................................................. 38
LA MISE EN PLACE DES MAISONS DE JEUNES DANS LES COMMUNAUTES INUITS DU NUNAVIK (ARCTIQUE
QUEBECOIS) DANS LES ANNEES 2000, PAR VERONIQUE ANTOMARCHI ........................................... 39
ATELIER N°4 TOURISME ET EQUIPEMENTS .................................................................. 40
L’HEBERGEMENT DES JEUNES VACANCIERS A NICE : STRATEGIES DES AUBERGES DE JEUNESSE ET DES
AUTRES FORMES D’ACCUEILS (FIN DES ANNEES 1930-1990), PAR ERIC CARTON .............................. 41
LES VILLAGES VACANCES DU CONSEIL GENERAL DU VAL-DE-MARNE, 40 ANS DE TOURISME SOCIAL A
GUEBRIANT (HAUTE- SAVOIE) ET JEAN-FRANCO (SAVOIE), COMMENTAIRES DE FILMS D’ARCHIVES PAR
YANN CHILARD, DIRECTEUR DE LA JEUNESSE, DES SPORTS ET DES VILLAGES VACANCES DU VAL-DE-MARNE
ET LAURENCE BLANCHARD, RESPONSABLE DE LA CENTRALE DE RESERVATION DES VILLAGES ................. 42
SEQUENCE DES MURS POUR DEPASSER LES BARRIERES DE L’ENFANCE : L’ARCHITECTURE DES COLONIES DE VACANCES........................................................... 43
LEGERETE ET MOBILITE. DE LA COLONIE SANITAIRE AU CAMP DE VACANCES : LA COLLABORATION DE
JACQUES ET MICHEL ANDRE AVEC JEAN PROUVE (1938-1939) PAR CAROLINE BAUER ..................... 44
LES CENTRES D’ENTRAINEMENT AUX METHODES D’EDUCATION ACTIVE (CEMEA) ET LA QUALITE DU LIEU
DE VIE : DES LOCAUX AU SERVICE DE LA DIFFUSION DE L’EDUCATION NOUVELLE (1943-1962), PAR
GENEVIEVE VANNINI ............................................................................................................ 45
PROJET EDUCATIF ET PROJET ARCHITECTURAL DANS LES COLONIES DE VACANCES DANS L’ITALIE D’APRES-GUERRE (1945-1960) PAR VALTER BALDUCCI .......................................................................... 46
SEQUENCE PLANIFIER LES EQUIPEMENTS ................................................................... 48
Table des matières 3-5 décembre 2014
4 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
QUAND L’ÉTAT CREAIT LES EQUIPEMENTS SOCIO-EDUCATIFS (ANNEES 1950-1960), PAR PIERRE
MOULINIER ........................................................................................................................ 49
LES PROGRAMMES « ALBERMARLE » (1960) ET « MY PLACE » (2008) : LES 2 SEULS EXEMPLES DE
FINANCEMENT D’ÉTAT POUR LA CONSTRUCTION DE MAISONS DE JEUNES EN ANGLETERRE, PAR JOHN ORD
........................................................................................................................................ 51
L’ACTION DES PROMOTEURS DU LOGEMENT SOCIAL EN MATIERE D’EQUIPEMENT SOCIOCULTUREL (1965 A
2005) A TRAVERS L’EXEMPLE DE L’ASSOCIATION POUR LES EQUIPEMENTS SOCIAUX (APES). ENTRETIEN
DE SERGE GERBAUD, ANCIEN DIRECTEUR DE L’APES, PAR ÉVELYNE COGGIOLA-TAMZALI, PRESIDENTE DE
L’ADAJEP ......................................................................................................................... 51
L’EQUIPEMENT, L’ANIMATEUR ET LE SOCIOLOGUE : DE LA COLLABORATION A LA CONTESTATION, PAR GUY
SAEZ ................................................................................................................................. 51
LES AUBERGES DE JEUNESSE A L’HEURE DE LA PLANIFICATION (1955-1967) : DES « CABANES A LAPINS »
AUX AUBERGES STANDARD ENTRETIEN DE RENE SEDES, ANCIEN SECRETAIRE GENERAL DE LA FEDERATION
UNIE DES AUBERGES DE JEUNESSE (FUAJ) PAR GAËTAN SOURICE, ARCHIVISTE, FONJEP-PAJEP ........ 53
LA REHABILITATION DES FOYERS DE JEUNES TRAVAILLEURS (FJT) AUTOUR DE L'ACCORD CADRE
ETAT/CAISSE DES DEPOTS ET CONSIGNATIONS/UNION DES FOYERS DE JEUNES TRAVAILLEURS (UFJT) ET
DU MEMENTO DES ESPACES CSTB/UFJT, EXPERIENCE DU FJT DE CANNES EN 1985. ENTRETIEN
D’AUGUSTE DERRIVES, DIRECTEUR DE 1974 A 1990 ET SECRETAIRE GENERAL DE L'UFJT DE 1989 A
2002, PAR NELLY PAOLANTONACCI, RESPONSABLE COMMUNICATION, UNION NATIONALE POUR
L’HABITAT DES JEUNES (UNHAJ, EX UFJT) ............................................................................... 54
SEQUENCE PROJECTION DE DOCUMENTS AUDIOVISUELS ........................................... 55
LES EQUIPEMENTS SOCIOCULTURELS DE LA BANLIEUE ROUGE DES ANNEES 1930 AUX ANNEES 1970 A
TRAVERS LES ARCHIVES AUDIOVISUELLES DU PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS, PRESENTATION PAR MARION
BOULESTREAU, CHARGEE DE MISSION A CINE-ARCHIVES .............................................................. 55
« CONSTRUIRE AUTREMENT », FILM DE JACQUES KEBADIAN, REALISATEUR DE DOCUMENTAIRES ......... 56
Introduction Mercredi 3 décembre
5 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
Introduction du colloque par Laurent Besse et Catherine Cla-risse
L’architecte Roland Simounet (1927-1996) est à l'origine de plusieurs projets de foyers ruraux dans la région d'Orléans-
ville (aujourd'hui Chlef), en Algérie, entre 1954 et 1959, où il a également réalisé le Centre de jeunesse Albert Camus. Sont
ici présentées deux vues d'un foyer type extraites de ses archives conservées aux Archives nationales du monde du travail,
à Roubaix, sous la cote 1997 017 PH 24, Fonds R. Simounet (dépôt) © Y. Langrand / ANMT
Entre politique, social et éducation : les hésitations de l’entre-deux-guerres
Mercredi 3 décembre
6 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
Séquence Entre politique, social et éducation : les hésita-tions de l’entre-deux-guerres
Plaquette de présentation « Le centre social » [1933-1934], Archives nationales, 20140209/256, Fédération des centres
sociaux et socioculturels de France.
Entre politique, social et éducation : les hésitations de l’entre-deux-guerres
Mercredi 3 décembre
7 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
Des lieux pour l’éducation populaire de l’entre deux guerres : la Maison du peuple de
Belfort (1928-1933), le Palais du travail de Villeurbanne (1928-1934) et le Palais des
arts, des sports et du travail de Narbonne (1936-1968) par Ariela Katz
Se limitant autrefois aux principaux centres urbains, les Maisons du peuple devinrent, après
la première guerre mondiale, partie intégrante des municipalités en périphérie métropolitaine.
Au long des années 1920 et 1930, l’amalgame de la centralité urbaine et de la réforme sociale
est poursuivi et amplifié dans les Maisons du peuple qui prolifèrent dans des communes en
pleine mutation urbaine
d’après-guerre. Ces équi-
pements sont l’ultime va-
riation d’un type architec-
tural et institutionnel éma-
nant des équipements
d’origine paternaliste ou
associative du tournant du
siècle : les Centres so-
ciaux, les Cercles et les
Coopératives ouvrières,
ainsi que les Universités
populaires. Polyvalents de
point de vue à la fois archi-
tecturale et programma-
tique, les Maisons du
peuple matérialisaient
l’articulation entre l’archi-
tecture, l’urbanisme et les
identités multiples des
usagers. Intégrant activi-
tés sociales, politiques,
culturelles, récréatives et
pédagogiques, elles constituent un objet idéal pour étudier la façon dont des architectes mo-
dernistes ont navigué à travers un réseau complexe de relations entre l’esthétique, la technolo-
gie, la commande publique et l’engagement sociale.
De l’œuvre d’éducation populaire de la Maison commune de Chemin Vert (1922), aux veil-
lées communales Centre de loisirs de Suresnes (1934-1938) ; des salles d’éducation générale et
professionnel du Centre de loisirs de Champigny (1932-1936) aux ceux de la Maison du peuple
de Belfort (1928-1933) ; de l’université populaire du Palais du travail de Villeurbanne (1928-
1934), au projet d’éducation physique, culturelle et politique moderne du Palais arts, des sports
et du travail de Narbonne (1936-1968), les programmes des Maisons du peuple sont intimement
liés avec ceux de l’éducation populaire.
D’une forte présence architecturale et urbaine, les trois dernières variantes monumentales
des années 1930, les Maisons du peuple et Palais de Belfort, Villeurbanne et Narbonne, se pré-
sentaient comme des symboles de l’identité ouvrière et des composantes clés des nouveaux
centres municipaux. Dressés dans le cadre d’un réseau dense des échanges et des conflits pro-
fessionnelles et politiques, ces équipements concrétisaient le désire de réaliser des monuments
utiles et adéquats pour une population ouvrière importante. Ils comprenaient des programmes
élaborés révélant une attention accrue pour l’emploi, le corps, la culture et l’éducation. Tandis
que certains aspects des vieux modèles d’entraide ou de réforme sociale paternaliste disparais-
sent, des nouvelles installations sont introduites. La Bourse du travail, le dispensaire, le théâtre,
les installations sportives, toutes donnent un sens et une forme nouvelle à la notion de progrès
Paul Giroud, Maison du Peuple de Belfort, 1928-1933, fonds Hennebique, 76 IFA
107/3, 2-B82, SIAF / Cité de l’architecture et du patrimoine/Archives d’architecture
du 20ème siècle.
Entre politique, social et éducation : les hésitations de l’entre-deux-guerres
Mercredi 3 décembre
8 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
personnel. En fin de compte, ces bâtiments matérialisaient l’évolution d’un espace de sociabilité
réformatrice et de solidarité ouvrière vers un équipement urbain essentiel, donnant un nouveau
sens et forme à la notion de progrès personnel. Leur échelle monumentale est cohérente avec
l’importance et l’étendue croissante de leur programme et de leur rôle social.
Ariela Katz, maître-assistante associée ENSAP Lille,
chercheure associée IPRAUS (UMR AUSser)
Les conditions d’émergence du camp de toile, lieu d’apprentissage par Nicolas
Palluau
Dans la première moitié du XXème
siècle, organiser un camp scout signifie prendre pos-
session d’un espace pour y dresser le lieu de vie éphémère d’un groupe de garçons et de filles.
Le camp de toile inscrit son projet éducatif dans un aménagement temporaire qui enseigne des
normes d’aménagement de l’espace. Le camp scout répond à une exigence d’ordre des lieux. Ils
sont conçu notamment selon leur spécialisation (couchage, cuisine, repas, jeux, bains, etc.) Le
camp désire instituer les jeunes campeurs en une communauté ardente, incarnée symbolique-
ment dans le cercle formée autour du feu de camp ou celui de la « palabre » édifiante autour de
la figure du chef. La surface horizontale fait écho à la verticalité du mât où flottent les couleurs
nationales. Les prescriptions d’aménagement du camp traduisent le but d’éducation totale des
adolescents, afin de préparer leur retour dans la société réelle. Le camp scout demeure une so-
ciété idéale, préfiguration de l’ordre social à venir dont les jeunes seront porteurs. Mais au
moment où la pratique du camping prend son essor dans la France de l’entre-deux-guerres, on
doit interroger l’autonomie du camping éducatif. A quelles conditions un camp est-il éducatif ?
A quelle morale obéit l’aménagement d’un tel espace éphémère ? Les objectifs éducatifs et so-
ciaux du camp sont-ils coupés d’une réflexion plus large sur le lien entre espace et société ?
Maurice Leroux, Palais du travail de Villeurbanne, 1928-1934, Arch. mun. de Villeurbanne, fonds Sylvestre, 4Fi 187.
Entre politique, social et éducation : les hésitations de l’entre-deux-guerres
Mercredi 3 décembre
9 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
Nous proposons de revenir sur la
place du scoutisme dans l’aménagement
de l’espace à travers les exemples des
Eclaireurs de France (mouvement mascu-
lin) et de la Fédération des Eclaireuses
(mouvement féminin), organisations
proches par leur neutralité confession-
nelle. Ceci en fait les organisations
scoutes les plus proches de l’Ecole pu-
blique quand celle-ci s’ouvre à l’enjeu
nouveau des colonies de vacances éduca-
tives prolongeant l’enseignement scolaire.
En première partie, nous considérons
la mise à distance progressive de la ma-
trice militaire dont le camp scout est en
partie issu, cédant la place aux imagi-
naires indien, médiéval et colonial. La
deuxième partie s’intéresse aux préconi-
sations d’aménagement de l’espace en
camp de plein air. La troisième partie in-
terroge, en miroir du projet socio-éducatif des Eclaireurs et des Eclaireuses, leur lien avec des
bâtiments emblématiques dans deux capitales européennes. Il s’agit du Cristal Palace de
Londres où se tient le premier jamboree mondial (1920), de la Maison pour Tous rue Mouffetard
à Paris (1920) et de la cité du refuge ouvert par l’Armée du Salut (1932).
Notre travail s’appuie sur les périodiques des Eclaireurs de France conservés au Archives
départementales du val de Marne (PAJEP) et ceux de la Fédération des Eclaireuses conservés à la
Société d’histoire du protestantisme français. Il intéresse une histoire sociale et culturelle du
plein air dans son rapport à l’espace.
Nicolas Palluau, docteur en histoire, chercheur associé Equipe Histoire de l’Europe mo-
derne et contemporaine / Centre Norbert Elias - UMR 8562, université d’Avignon et des
Pays de Vaucluse
Les références architecturales dans l’Alsace : le bistrot, le château et le chalet par
Jean-Claude Richez
Nous nous attacherons dans cette communication à l’étude comparative de trois types de
construction réalisés en Alsace dans les années trente :
celle du Kürgarten à Strasbourg - Neudorf de la société La famille, membre de la So-
ciété d’hygiène naturelle (1934) ;
l’auberge de jeunesse Dynamo affiliée au Centre laïque des auberges de jeunesse
(CLAJ) et réalisée par des instituteurs syndicalistes à la Schellimatt (1937) ;
l’auberge de jeunesse de la Huneburg à Saint-Jean-les-Saverne de l’association auto-
nomiste l’Erwinsbund (1937).
« Camp scout : les garçons acclament les visiteurs » camp franco-
américain de Francport (Oise) été 1920. Crédit photo : Ministère
de la Culture - Médiathèque de l'architecture et du patrimoine -
diffusion RMN
Entre politique, social et éducation : les hésitations de l’entre-deux-guerres
Mercredi 3 décembre
10 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
Ces constructions viennent prendre place dans un grand mouvement d’équipement de
pleine nature qui caractérise cette période. Ces trois types sont loin d’épuiser la typologie des
bâtiments dédiés à l’éducation popu-
laire dans ces années là. Sur les trois
exemples que nous avons retenus,
seul l’un d’entre eux est urbain. En
effet l’Alsace a été équipée antérieu-
rement, avant la première guerre
mondiale, dans les villes à travers le
mouvement catholique et le mouve-
ment ouvrier : grandes salles parois-
siales pour les catholiques, surtout
gymnases pour les associations ou-
vrières qui restent par ailleurs très
attachée aux sociabilités tradition-
nelles organisées autour des débits
de boisson et restaurants. Au delà
de la guerre, l’équipement ouvrier
urbain a été mis en œuvre à travers
le programme de socialisme munici-
pal qui domine dans la plupart des
villes de la région.
Les équipements de pleine nature sont caractéristiques des années trente même si le mou-
vement s’esquisse dès la fin des années vingt. Nous en avons recensé soixante-dix neuf pour le
milieu des années trente : quelques constructions mais surtout des aménagements de chalets,
de maisons forestières, de fermes ou d’abris plus ou moins précaires. Tous les mouvements de
l’extrême droite à l’extrême gauche en passant par les autonomistes et le mouvement catho-
lique créent leur propre réseau d’équipement.
Au delà d’affiliations idéologiques
très variées et de partis pris architectu-
raux très différents ces constructions
s’inscrivent dans une logique nouvelle
« d’équipement de la nature » pour les
classes populaires et les jeunes. Ces
équipements sont également investis
également d’un projet éducatif.
L’étude des trois équipements rete-
nus - le Kürgarten à Strasbourg,
l’auberge de jeunesse du château du
Huneburg, l’auberge de jeunesse Dyna-
mo du CLAJ à la Schellimatt - permet de
mettre en évidence :
une typologie : le burg mé-
diéval (la Huneburg) le bistrot
populaire type « jardin d’été »
(biergarten) (le Kürgarten), le
très bourgeois chalet suisse (Dynamo) ; il existe d’ailleurs d’autres modèles comme
la ferme, la maison forestière, la cabane (hütte) mais qui ne font pas l’objet d’un vé-
ritable projet architectural ;
Le chalet
L’auberge de jeunesse Dynamo à la Schellimatt (CLAJ) construite en
1937, Cliché contemporain provenant de « Histoires et traditions de
Bourbach-le-haut », http://blhhisto.canalblog.com/archives
Le château
Le château de la Huneburg, Saint Jean les Saverne (Bas-Rhin),
auberge de jeunesse de l’Erwinsbund (autonomiste), source, Wi-
kipedia,
http://de.wikipedia.org/wiki/H%C3%BCneburg_%28Elsass%29
Entre politique, social et éducation : les hésitations de l’entre-deux-guerres
Mercredi 3 décembre
11 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
des commanditaires occupant des postures différentes : maître et seigneur pour la
Huneburg avec Fritz Spieser, groupe de jeunes égaux formé d’instituteurs syndiqués
pour Dynamo, des notables philanthrope pour le Kürgarten à travers la Société pour
l’hygiène naturelle ;
des chantiers organisés très
différemment : un jeune et
brillant architecte de l’Ecole
de Stuttgart, Erich Loebel,
disciple de Schmitthenner,
chef de file de l’un des cou-
rants majeur de
l’architecture allemande
dans l’entre-deux guerres
(la Huneburg), un entrepre-
neur au Kürgarten et un
chantier quasiment en au-
togestion et autoconstruc-
tion pour Dynamo;
des « récits » d’architecture
qui au delà de formes très
variées mobilisent des réfé-
rences communes (nature, traditions, régénération, voir « hütte » heidegerienne)
mais en les combinant et les articulant de façon très différentes.
Au delà de programmes architecturaux très proches, notamment dans la définition des es-
paces, de pratiques apparemment similaires (veillées, fêtes, spectacles, activités de pleine na-
ture), ces lieux sont l’objet d’usages également très différents.
Jean-Claude Richez, ancien chargé d’études et de recherches, Institut national de la
jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP).
Le bistro
Le kürgarten , association La famille, Société pour l’hygiéne natu-
relle, Strasbourg-Neudorf (1934), source Archi-Strasbourg,
http://www.archi-strasbourg.org
Entre politique, social et éducation : les hésitations de l’entre-deux-guerres
Mercredi 3 décembre
12 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
Séquence Naissance de l’équipement moderne
Prototype de la Maison des jeunes et de la culture (MJC) de Troyes construite en 1965 et conçue par
Claude Parent, Arch. dép. du Val-de-Marne, 513J 1587
Entre politique, social et éducation : les hésitations de l’entre-deux-guerres
Mercredi 3 décembre
13 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
Du centre d’Albert Camus à Orléanville au centre Larbi Tebessi à Chlef. Histoire d’un
vestige de l’architecture moderne algérienne (1950-1960) par Najet Mouaziz-
Bouchentouf
Le 4 avril 1961 est inauguré à Orléansville le Centre Culturel Albert Camus œuvre le Louis
Miquel et de Roland Simounet. Disciples de Le Corbusier et empreints des idées internationales
du mouvement moderne, les deux architectes n’en sont pas moins sensibles aux réalités lo-
cales particulièrement après le congrès des CIAM d’Aix-En-Provence de 1959. Les architectes
entourés de Camus et de Emery expérimentent de nouvelles manières de concevoir la scène
mélangeant aussi bien « le théâtre à l’Italienne, le cirque romain, le théâtre japonais, le théâtre
oriental » (J-P Benisti, 2011) pour en faire un lieu de culture dédié à la jeunesse et aux sports.
Ce centre annonce dix ans plus tôt les maisons de la culture promues par Malraux ainsi que le
programme des piscines destinés à combler le déficit en équipements de la jeunesse française.
Réalisé dans la cadre de la
reconstruction d’Orélanville
suite au séisme qui l’a frappé le
9 septembre 1954, le centre
résiste au séisme d’Octobre
1980 mais pas à l’usage qui en
est fait. Il est rebaptisé Centre
Larbi Tebessi en même temps
que la ville (de Orléansville à El
Asnam après 1962, puis Chlef
suite au séisme de 1980). Pen-
sé comme un lieu de culture,
d’échanges et de sports pour
les jeunes qu’en est-il au-
jourd’hui ?
L’objet de cette communi-
cation est de retracer l’histoire
de ce centre et de son devenir à
travers les écrits mais aussi les
récits recueillis auprès de personnes qui ont connu le centre aux meilleurs moments de sa
gloire et qui vivent son déclin. L’objectif est de faire revivre un vestige de l’architecture moderne
algérienne à un moment où pour paraphraser M. Besset « le meilleur de l’architecture française
moderne s’est trouvé en Algérie » (P-A Emery, 1980). Il s’agit aussi de s’interroger sur le devenir
plus général de l’architecture coloniale.
Najet Mouaziz-Bouchentouf. architecte, maître-assistante, département d’architecture, uni-
versité des Sciences et de la technologie d’Oran USTO.
.
Vue de la piscine du centre Larbi Tebessi, cliché pris par Najet Mouaziz-
Bouchentouf, 2014.
Entre politique, social et éducation : les hésitations de l’entre-deux-guerres
Mercredi 3 décembre
14 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
La Maison de la culture et de la jeunesse de Firminy, entre éducation populaire et choc
électif (1959-1961) par Michel Kneubülher
Nous devons à Gilles Ragot d’avoir retracé l’histoire complexe de l’édifice construit par Le
Corbusier à Firminy (Loire) et aujourd’hui appelé « Maison de la culture »1
. Or, ce bâtiment est
éminemment révélateur du conflit qui, dans les toutes premières années du ministère des Af-
faires culturelles (1959-1961), a opposé les partisans d’une politique publique de la culture pre-
nant en compte l’héritage de l’éducation populaire et ceux qui, réfutant le terme d’éducation,
souhaitaient confier à la nouvelle administration le soin « d’organiser la rencontre de tous ceux
qui aspirent à [la] culture avec ses formes les plus parfaites »2
.
En effet, le projet initial du maire, Eugène Claudius-Petit, consistait à doter Firminy d’une
« Maison des jeunes » dédiée aux activités socioculturelles et insérée au sein de ce que Le Cor-
busier appellera plus tard le « Centre de recréation du corps et de l’esprit ». La création, en
1959, du ministère des Affaires culturelles allait amener l’édile à revoir le projet en vue de
l’inscrire au sein du programme des « Maisons de la culture » annoncé par son ami Malraux.
1 Notamment Le Corbusier à Firminy-Vert. Manifeste pour un urbanisme moderne.- Paris, Éditions du pa-
trimoine (Centre des monuments nationaux), 2011 [coll. « Monographies d’édifices »] et La Maison de la
culture de Firminy.- Genouilleux, Éditions La passe du vent, 2013 [coll. « Patrimoines pour demain »]. 2 Émile-Joseph Biasini, in : Action culturelle. An I : 1961-1962.- Paris, ministère d’État chargé des Affaires
culturelles, octobre 1962 [rapport dactylographié].
Premier projet pour la Maison de la culture de Firminy (Loire), alors baptisée « Maison des jeunes ». Perspective en date
du 26 septembre 1956. Crédit : Fondation Le Corbusier, Paris, 16811.
Entre politique, social et éducation : les hésitations de l’entre-deux-guerres
Mercredi 3 décembre
15 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
Toutefois, comme l’a montré Philippe Urfalino3
, la définition même de ces « Maisons de la cul-
ture » devait fortement évoluer au cours des premières années du ministère.
L’analyse de ces évolutions permet de mieux comprendre les « hésitations programma-
tiques » (Gilles Ragot) observées à Firminy... d’autant que c’est Claudius-Petit lui-même qui pré-
sidait, à la demande de Malraux, la sous-commission « Action culturelle » mise en place dans le
cadre de la préparation du IVe
Plan (1962-1965). À la conception initialement formulée par
Pierre-Aimé Touchard – « Qu’est-ce qu’une Maison de la culture ? C’est avant tout un foyer où
doivent se rassembler toutes les activités créatrices d’une petite ville ou d’un quartier de grande
ville, dans le domaine de la culture »4
– succédera, deux ans plus tard, sous l’influence de
Gaëtan Picon, la doctrine du « choc électif » défendue par Émile-Joseph Biasini : « [La Maison de
la culture] trouvera donc sa caractéristique fondamentale dans la notion du niveau culturel le
plus élevé et de la qualité la meilleure, en proscrivant la condescendance tout autant que le pa-
ternalisme »5
.
Ce conflit et ses conséquences sur le projet architectural lui-même n’ont pas échappé à
Claudius-Petit, comme il l’a lui-même relevé : « La Maison de Firminy fait partie du programme
des Maisons de la culture mais, à l’origine, elle n’a pas été conçue tout à fait dans le même es-
prit [...] On peut se demander si la distinction entre le domaine de la pédagogie et celui de la
culture au niveau le plus élevé (Herzog – Malraux) serait justifiée par les faits, notamment par
une distinction entre les endroits où l’on apprend à faire par soi-même et ceux où l’on découvre
et où l’on confronte »6
.
À partir – notamment – des travaux du Comité d’histoire du ministère de la Culture, la
communication proposée tentera de montrer en quoi l’édifice de Le Corbusier rend témoignage
de l’opposition qui, depuis Malraux, traverse dans notre pays les politiques publiques en ma-
tière d’éducation populaire et de culture.
Michel Kneubühler, chargé d’enseignement sur les politiques culturelles,
université Lumière-Lyon 2
La Maison des jeunes et de la culture (MJC) de Marly-le-Roi (conception Robert
Benoît, 1966-1972), un projet « peu conformiste » par Séverine Bridoux-Michel7
Certains édifices architecturaux restent parfois loin de toute forme de médiatisation, à
l’écart de la critique architecturale. Difficilement classables, ces architectures discrètes, singu-
lières ou éclectiques, toutefois vivantes et habitées, peuvent pour des raisons parfois obscures
demeurer dans l’oubli, en marge des études monographiques conservées dans les biblio-
thèques. Le travail réalisé par l’architecte Robert Benoît pour la Maison des jeunes et de la cul-
3 . In : L’Invention de la politique culturelle.- Paris, Éditions Hachette Littératures, 2004 [coll. « Pluriel » ; 1re
éd. Paris, La Documentation française, 1996]. 4 In : revue Signe des temps, 9 septembre 1959.
5
In : Action culturelle. An I : 1961-1962, op. cit.
6 In : Éléments de réflexion sur la Maison de Firminy [non daté, fin 1961-début 1962]. Publié par Gilles Ra-
got in : Le Corbusier à Firminy-Vert. Manifeste pour un urbanisme moderne, op. cit. et reprise in : La Mai-
son de la culture de Firminy, op. cit. 7 Cette communication fait suite à la publication d’un article présentant le travail de Robert Benoît à travers
le projet de Maison des Jeunes et de la Culture de Marly-leRoi : Séverine Bridoux-Michel, « Le Modulor n'est
pas une "formule magique" », in Ch. Kayser dir., Le Corbusier à Chandigarh : entre ombre et lumière, pu-
blié à l'occasion de l'exposition "Le Corbusier à Chandigarh, entre ombre et lumière", Musée-Promenade de
Marly-le-Roi du 27 sept. 2013 au 02 fév. 2014, éd. Musée- Promenade, 2013, pp. 75-95.
Entre politique, social et éducation : les hésitations de l’entre-deux-guerres
Mercredi 3 décembre
16 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
ture « Jean Vilar » de Marly s’inscrit dans la lignée de ces projets singuliers réalisés en France au
cours des années 1960 et du début des années 1970, laissés dans le silence de toute forme de
critique architecturale, la vitalité du fonctionnement de l’édifice aux obliques de bois « peu con-
formistes » (selon les mots-même de l’architecte Robert Benoît) constituant finalement la condi-
tion suffisante d’une architecture pensée pour le développement d’un humanisme social.
Cette communication mettra en évidence les indices d’une filiation possible avec les projets
tardifs de Le Corbusier ainsi qu’avec les principes théoriques et formels imaginés à la fin des
années 1950 par Iannis Xenakis, des indices symptomatiques de la complexité plastique d’un
bâtiment perméable aux qualités paysagères du lieu et ouvert à la flexibilité des usages.
Séverine BRIDOUX-MICHEL, architecte dplg, docteure en esthétique et sciences de l’art,
membre du LACTH-université Lille-Nord de France, enseignante à l’ENSAP de Lille.
MJC Jean Vilar de Marly-le-Roi, cliché Séverine Bridoux-Michel.
De l’équipement intégré à l’équipement-refuge Jeudi 4 décembre
17 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
Séquence De l’équipement intégré à l’équipement-refuge présidée par Thibault Tellier
Equipement intégré appelé Centre éducatif et culturel de Yerres (Essonne), photographie de la fin des années 1960, Ar-
chives nationales, 19870474/12. L’équipement intégré est centré sur la salle de sports, véritable poumon de l’ensemble (au
centre de la photo). En plus des installations sportives, le CEC comprend une bibliothèque, discothèque, centre culturel et
théâtre, installations, piscines, classes d’enseignement pratique, Maison des jeunes et de la culture, centre de formation pro-
fessionnelle et de promotion sociale, centre social.
De l’équipement intégré à l’équipement-refuge Jeudi 4 décembre
18 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
La Maison pour tous et le centre documentaire des Sept Mares : une utopie sociale en
ville nouvelle et son devenir (1969-2014) par Sylvie Zenouda
Sous l’emblème d’une belle grenouille souriante, une maison pour tous et un centre docu-
mentaire sont inaugurés à Élancourt, en 1975, au cœur du centre des Sept Mares, aboutisse-
ment de longues années de complexes réflexions.
Ces deux sites socioculturels font partie d’un grand projet d’équipements intégrés de
l’unité urbaine d’Élancourt-Maurepas, ébauché à la fin des années 1960 par la mission
d’aménagement de la ville nouvelle de Trappes, future Saint-Quentin-en-Yvelines. Maison pour
tous, centre documentaire, maison sociale, centre œcuménique, centre de santé, commissariat
de police et centre sportif doivent constituer le programme des équipements publics auquel est
rattaché un lycée public polyvalent, projet complété par des locaux commerciaux. Le plan de
masse retenu tient compte du parti d’intégration choisi, une juxtaposition de tous ces équipe-
ments le long d’une rue piétonne ouverte sur un parc et le lycée.
Les fonds des Archives nationales, départementales et communautaires, ainsi que des en-
quêtes et des témoignages constituent le socle de cette étude qui croise en particulier
l’éducation populaire, la culture, l’éducation, l’aménagement du territoire et l’architecture.
Conçue comme un véritable lieu de rencontres et d’échanges, la maison pour tous est le pi-
vot du centre des Sept Mares. Le brassage des publics les plus divers est central et y détermine
la localisation de lieux aussi différents qu’une salle de théâtre, un auditorium, un restaurant
mixte pour élèves et étudiants, professionnels et habitants, un foyer de jour pour personnes
âgées, des studios de répétition, d’impression-sérigraphie et de pratique artistique. À quelques
pas, le centre documentaire remplit une double fonction grâce à sa bibliothèque-discothèque,
avec un accès réservé à un bibliobus, et à son studio de télévision, ses bancs de montage et sa
chaîne de distribution. Le projet d’ensemble architectural doit laisser la place à des volumes où
le monumental et les références au passé ne sont pas autorisés.
Architecture expressionniste, recours à la brique, au béton et au verre, décrochements des
lignes et des formes, tels sont, en 1972, les éléments essentiels de l’avant-projet qui privilégie
l’échelle à taille humaine et le passage facile d’un site à l’autre, en complémentarité, où l’action
sociale aura autant de place que le culturel. Au cœur des réalisations sont posées les questions
vitales de maîtrise d’ouvrage, d’attribution de crédits interministériels, de pré-animation, puis
d’animation, d’appropriation collective des usagers et de gestion quotidienne. Dans un contexte
Plan en élévation du centre documentaire des 7 Mares, avant-projet des équipements intégrés des Sept Mares, 1972, Arch.
dép. des Yvelines, 1701 W 1391.
De l’équipement intégré à l’équipement-refuge Jeudi 4 décembre
19 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
national de décentralisation, du passage des villes nouvelles au régime de droit commun et
d’intercommunalité, les monographies proposées s’ouvrent sur l’évolution fonctionnelle de ces
deux équipements dans le courant des années 1990-2000, leur recentrage sur des activités cul-
turelles et éducatives, le réaménagement substantiel de leurs locaux et la revitalisation en cours
du quartier.
Sylvie Zenouda, proviseure,
docteure en histoire contemporaine (université Paris-Sorbonne)
Les équipements structurants au prisme de la mobilité. Le glissement des pratiques
urbaines d’animation : du centre d’animation vers les refuges péri-urbains (1995-
2014), par Luc Greffier et Pascal Tozzi
L’animation socioculturelle s’est principalement développée au cours de la seconde partie
du XXème siècle dans un environnement citadin en prenant appui sur des équipements, des
locaux de jeunesse et d’éducation populaire. Ceux-ci présentent aujourd’hui une double carac-
téristique paradoxale : ils constituent un élément récurent du paysage urbain tout en présentant
des formes architecturales et des modes d’intervention extrêmement diversifiés rendant leur
catégorisation difficile. Cependant, nombre d’entre eux partagent un invariant : l’animation des
territoires sur lesquels ils sont implantés et ce, dans une perspective participative, de promotion
des personnes, de brassage social et culturel. A ce titre, l’idéologie qui anime les promoteurs de
ces équipements est fondée sur le principe d’une maitrise du patrimoine comme levier essentiel
dans la mise en œuvre du projet d’intervention sociale ; la « structure » contenant la « fonction
», l’architecture devenant « forme silencieuse d’animation ».
Partant de ce constat, le travail de recherche que nous proposons de développer dans cet
article, étudiera les mises en œuvre récentes sur le territoire bordelais de nouveaux équipe-
ments : les deux centres d’animation des quartiers Ginko et Queyris, qui s’inscrivent dans
l’héritage des équipements de l’éducation populaire, et les six « refuges périurbains », équipe-
ments émergeants et symboliques du projet d’animation territoriale d’été piloté par la Commu-
nauté Urbaine de Bordeaux. Une partie de ceux-ci présente notamment l’éphémère comme vec-
teur d’intervention pour une animation qui se définit aussi comme une forme d’existentialisme
urbain. L’éphémère et ses occupations urbaines deviendraient des déclencheurs d’usages qui «
provoquent » de l’animation. Ils seront ici considérés comme une modalité complémentaire aux
équipements socioculturels historiques, mais aussi un biais de ré-interrogation des pratiques.
En effet cette modalité émergente d’animation de la ville, plurielle, mobile et réputée attractive,
pose la question de l’adaptation, de la régénération et de la réinvention socioculturelle de
l’espace public. A la croisée des terrains étudiés seront ainsi convoqués les concepts de terri-
toire, d’itinérance, d’interstices, d’animation globale, afin de construire une analyse raisonnée
des nouvelles formes d’animation portée par ces équipements.
Luc Greffier, maître de conférences en géographie,
IUT – université Bordeaux Montaigne (UMR ADES/CNRS)
Pascal Tozzi, maître de conférences HDR en sciences politiques,
IUT - université Bordeaux Montaigne (UMR ADES/CNRS)
De l’équipement intégré à l’équipement-refuge Jeudi 4 décembre
20 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
Deux conférences présentées par Anne Debarre :
La Maison familiale, par Lucien Kroll.
La Maison des jeunes comme expérimentation à l’architecture par Patrick
Bouchain.
Couverture de l’ouvrage Equiper et animer la vie sociale dirigé par Henri Théry et Madeleine
Garrigou-Lagrange, 1966 et édité par l’Institut culture et promotion et par les éditions du
Centurion, Arch. dép. du Val-de-Marne, 579J 10.
Maison, centre, club : enjeux de proximité et d’échelle Jeudi 4 décembre
21 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
Séquence Maison, centre, club : enjeux de proximité et d’échelle
Centre social de Créteil (aujourd’hui appelé Maison de la Solidarité, 1rue Albert Doyen) construit par
l’Association animation, loisirs familiaux, action sociale (ALFA), 1963, Archives nationales,
20140209/546, Fédération des centres sociaux et socioculturels.
Maison, centre, club : enjeux de proximité et d’échelle Jeudi 4 décembre
22 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
L’Unité de voisinage (Chicago années 1910), une matrice des équipements
socioculturels des années 1960 ? par Jean-Marie Bataille
Les équipements socioculturels apparaissent comme catégorie de l'action publique au
cours des années 1950 mais se développent principalement à partir des années 1960. Ils
seront au cœur de nombreuses réflexions dans les années 1970-1980 soit en les assimilant
à des dispositifs du pouvoir (Fourquet & Murard, 1976; Gilbert, Saez, & Arcy, 1982), soit en
les raccrochant à d'hypothétiques besoins (Diem, 1978), soit plus récemment en les conce-
vant comme des produits de la séquence singulière du capitalisme de la fin du XIXème siècle
(Freitag, 1992). L'idée générale qui se dégage est celle d'un bâtiment au centre d'un quartier
qui permet de construire la vie sociale de ce territoire singulier. Si on se réfère à des choses
plus récentes encore, on trouve, par exemple, un document de la Caisse d'allocations fami-
liales qui indique comment construire une analyse de la vie sociale d'un centre social pour
déterminer son « aire d'attraction » (Réseau Perspicaf, 2011). Cependant, une question se
pose : comment l'idée qu'un équipement socioculturel puisse favoriser la vie d'un quartier
s'est-elle construite ?
L'idée est à rattacher à
l'histoire des centres sociaux
en général et à celui de Toyn-
bee Hall, appelé alors settle-
ment, dans le quartier de Whi-
techapel, en particulier,
puisque le principe d'une ac-
tion ciblée sur l'aire à proximi-
té de cet équipement y prend
naissance (sur l'idée de proxi-
mité : Durand, 1996). À partir
de ce point, il serait possible
de remonter aux idées des so-
cialistes utopistes d'abord John
Ruskin et Morris qui inspirent
cette expérience (Davis, 1991),
mais aussi à Owen et ses dis-
ciples, qui développèrent les
Halls of sciences comme pre-
mière forme d'universités po-
pulaires, principe repris dans
les settlements (Cacérès,
1964).
En allant aux États-unis où
le principe des settlement sera
repris directement de l'expé-
rience londonienne, et plus
particulièrement à Chicago, on
comprend mieux que l'enjeu
est plus vaste : agir dans un
environnement en pleine muta-
tion par l'industrialisation et l'ur-
banisation. À la fin du XIXème,
cette ville augmente de 1,3 mil-
lion d'habitants en une trentaine d'année. Dans ce cadre, des expériences émergent portant
sur des modes d'action, le settlement de Hull house. Mais aussi, des savoirs nouveaux sont
produits : création de l'École de Chicago, travaux portant sur l'organisation sociale (Cooley,
discuté par Mead). Un concours d'urbanisme, premier du genre aux États-unis, prend place
dans la suite, au cours des années 1910. Il donne l'occasion à Drummond de ramasser dans
une proposition ces évolutions au travers de ce qu'il appelle : une « unité de voisinage ».
Cette entité comprend un centre social en son cœur, soit une organisation qui permet de
Schéma de l’Unité de voisinage en 1923 par Clarence Arthur Perry
(publié dans « The Neighbourhood Unit », Regional Survey of New York
and its Environs, New York, vol. VII, 1929).
Maison, centre, club : enjeux de proximité et d’échelle Jeudi 4 décembre
23 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
créer des liens primaires. Cette idée reprise dans les années 1920 par Clarence Perry, qui
participe à la constitution du City planning, à New-York, apparaît clairement pouvoir jouer le
rôle de matrice de cette autre idée, l'équipement socioculturel.
Jean-Marie Bataille, chargé de recherches,
université Bordeaux Montaigne (UMR ADES/CNRS)
.
Boissy, la maison des équipes sociales au fil des années 1930 par Pascal
Bousseyroux
Mouvement de jeunesse fondé en 1921 par Robert Garric (1896-1967), les Équipes So-
ciales demeurent encore plus aperçues que véritablement connues dans le vaste champ de
l'éducation populaire catholique. Elles cherchent à éduquer non seulement par les cours et
cercles d'études de culture générale et technique, mais aussi par l'organisation des loisirs
des Équipiers « enseignés » et « enseignants.» A l'instar d'autres organisations, et malgré la
modestie de leurs
moyens, elles achètent en
1927 et aménagent à
Boissy Saint Léger, une
cité du Val-de-Marne si-
tuée à une vingtaine de
kilomètres au sud-est de
Paris un ancienne et vaste
demeure bourgeoise.
Celle-ci représente l'arché-
type du « château du so-
cial », invitant à la ré-
flexion, comme à la dé-
tente sportive. Boissy fait
ainsi à la fois figure de
centre social et d'espace
initiatique pour Équipiers
en mal de colonies de
vacances.
Ce centre social n’est
pas le seul géré par les
Equipes, qui ont en
charge certains foyers de
patronage, en région pari-
sienne, ainsi que les «
Abris du Marin » sur la
côte bretonne. Mais Boissy
fait figure de symbole
particulier dans la vie des
Equipes. Tout en étant
proche de la capitale, il
est situé dans sa banlieue
populaire, en signe
d’ouverture à une nou-
velle réalité urbaine, et
dans un cadre champêtre,
synonyme de retour à une certaine ruralité parée de toutes les vertus. Et si la géographie en
fait un lieu privilégié des Equipes parisiennes, il n’en demeure pas moins ouvert à l’ensemble
des groupes, d’où qu’ils viennent.
Bulletin des Equipes sociales L'Equipier, juin 1930, n°24, p. 3.
Maison, centre, club : enjeux de proximité et d’échelle Jeudi 4 décembre
24 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
De fait, le site de Boissy intéresse les Equipes pour son intérieur comme pour son exté-
rieur : intérieur semblable à bien des centres d’hébergement, disponible pour les groupes, et
extérieur propice aux activités sportives mais aussi amicales culturelles, lorsque le soleil est
au rendez-vous. Cette dualité illustre la diversité de la vie des Equipes, qui s’adaptent aux
attentes de leurs membres.
Boissy incarne la conception équipière en actes de « l'amitié sociale» et de «l'interclasse
fraternelle » chères à Garric. Le cadre « bourgeois » du site casse les codes du discours de la
lutte des classes, au risque de fleurer bon un paternalisme un peu désuet. La fréquentation
du site fait partie intégrante des rites équipiers tout au long des années 1930. Elle donne
lieu à de nombreuses activités destinées à accentuer la cohésion des groupes, tout en illus-
trant la vision équipière du social qui n'est pas sans faire contrepoint au « Bierville » de Marc
Sangnier et autres Auberges de Jeunesse. Un positionnement tout en pointillé dans la socia-
bilité d'un groupe comptant parmi ses responsables de futurs architectes de renom, tels
Henri Enguehard ou Bernard Lafaille....
Boissy résume d’une certaine manière le projet équipier et devient le terrain d’une auto-
nomie des Equipes dans l’animation et la prise en charge. A chacun, en quelque sorte,
d’investir le lieu, et d’en faire le point d’ancrage d’une démarche sociale où le spirituel n’est
cependant pas absent.
Pascal Bousseyroux, agrégé et docteur en Histoire, Laboratoire de rattachement : ICT
(Identités, Cultures, Territoires) de l’université Pais VII-Denis Diderot
Le centre social, une maison ou un équipement ? (1903-2003), par Jacques Eloy
La diversité physique des bâtiments occupés par les Centres sociaux au fil de leur
longue histoire est impressionnante. Par contre, beaucoup moins nombreuses sont les appel-
lations utilisées pour désigner ces bâtiments. Deux d'entre-elles apparaissent ou réapparais-
sent avec insistance : la « Maison » et l' « Equipement ». Souvent, ces deux appellations ar-
chitecturales sont utilisées comme synonymes et cela d'autant plus facilement que les quali-
ficatifs qui leur sont associés sont quasi-identiques : social, socioculturel, de quartier, de
proximité, pour tous...
Notre propos est, au
contraire, de souligner
les différences séman-
tiques qui ont été/sont
attachées à ces deux
appellations, tout en
examinant comment les
bâtis et leurs insertions
spatiales soutiennent ou
non les sens valorisés.
Mais en même temps,
l'analyse évitera de subs-
tantialiser le centre so-
cial comme « maison »
ou comme « équipement
», en cherchant à le
comprendre comme lieu
de structurations de rap-
ports sociaux en deve-
nir. Ainsi, le plus sou-
vent, ce qui est donné à
l'observation historique et contemporaine, c'est le centre social singulier qui trouve à exister,
architecturalement, spatialement, discursivement et pratiquement, non pas sous une forme
La maison sociale de Saint-Denis créée en 1928, illustration extraite du compte
rendu de l’assemblée générale de la Résidence sociale de Levallois Perret du
4 février 1929, Arch. dép. des Hauts de Seine, 80J 64.
Maison, centre, club : enjeux de proximité et d’échelle Jeudi 4 décembre
25 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
pure, mais en tension entre les deux formes idéales que seraient la « maison » ou « l'équi-
pement ».
Un ancien pensionnat de l'avenue d'Orléans à Paris en 1903, une ancienne boulangerie
de la rue Connoy à Saint-Denis en 1928, une maison de quatre pièces agrandie dans le quar-
tier de Cyprian la Brosse à Villeurbanne en 1945, deviennent « Maisons sociales ». Pour que
cette transmutation puisse advenir, le bâtiment doit être choisi, par des initiateurs privés, au
cœur d'un quartier populaire, être habité par des « résidentes » ayant quitté leur milieu favo-
risé, être ouvert en permanence à tous quelque soit les appartenances sociales, religieuses
et politiques, être un lieu accueillant, convivial, familial, capable « de faire jaillir des amitiés
là où les gens s'ignorent ou même se méconnaissent », être un foyer commun pour le quar-
tier où on en vient à s'entraider face aux difficultés de la vie. De cette manière, la « maison
sociale », « la résidence sociale » ou le « centre social » pourra transformer localement les
rapports sociaux et la vie quotidienne de la population.
Un centre social devient « Equipement » lorsqu'une Caisse d'Allocations familiales y as-
sure, à ses ayants-droits, un ensemble de services sanitaires et sociaux. Tel, celui de Pon-
tlieue, ouvert en 1955 au Mans : consultation de nourrissons, séances de vaccination, centre
de lavage, salle de tricotage, permanences sociales, enseignement ménager, salle de cuisine.
Les espaces y sont tous fonctionnalisés. Un centre social devient aussi « Equipement » lors-
que ses murs et ses activités sont issus d'une programmation urbaine et architecturale sou-
mise à des normes administratives se voulant répondre à des besoins universels communs
aux habitants des grands ensembles d'habitation. Tel le centre social de Grande Synthe près
de Dunkerque, ouvert en 1965 dans la nouvelle ZUP créée pour Usinor, qui cumule les sec-
teurs d'activités sans que spatialement ceux-ci puissent communiquer entre eux. Les rela-
tions dominantes y sont de type administratif et consumériste.
Le centre social de Grande-Synthe (près de Dunkerque) ouvert en 1965 au milieu d'une ZUP encore en construction,
page de couverture de la revue Centres sociaux, n°84, mars 1966, Archives nationales, 2014209/546, Fédération des
centres sociaux et socioculturels de France.
De fait, ce qui est donné à observer ce sont le plus souvent des centres sociaux qui
mixent, plus ou moins volontairement, les deux formes idéalisées de la « maison » et de l'
« équipement ». En effet, il n'est pas rare qu'un centre social ayant les attributs d'un « équi-
pement » cherche à devenir davantage « maison », ne serait-ce que par l'organisation d'un
Maison, centre, club : enjeux de proximité et d’échelle Jeudi 4 décembre
26 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
accueil plus personnalisé ou par un encouragement à la participation des usagers. Inverse-
ment, un centre social « maison » peut très bien se consumériser. De plus, certains centres
sociaux cherchent à dépasser ces modèles en se voulant simples supports aux initiatives des
habitants, de l'action de groupements ou d'associations du quartier, favorisant ainsi un déve-
loppement social hors les murs.
Jacques Eloy, sociologue, président de Mémoires vives – Centres sociaux
L’opération Mille clubs en Gironde : apogée et déclin des équipements pour les
jeunes dans les années 1970, par Jean-Pierre Augustin
La programmation « d’équipements » socio-éducatifs et sportifs est inscrite dans la pla-
nification française de 1961 à 1980 et reste pendant une vingtaine d’années la pierre de
touche de l’intérêt de la puissance publique envers les jeunes. Pas une municipalité qui ne
réclame son équipement spécialisé dès que quelques adolescents commencent à se manifes-
ter publiquement. L’équipement est inscrit dans la logique de la croissance urbaine : à
chaque nouveau problème un nouvel équipement !
Le financement par l’Etat et les collectivités locales a ainsi favorisé l’édification de mil-
liers d’équipements qui ont très vite posé de sérieux problèmes de fonctionnement en raison
notamment de leur appropriation par certaines catégories de jeunes qui, de fait, entraînent
la non-fréquentation d’autres groupes sociaux ; les jeunes sont peu enclins à coexister avec
Le 1000 club de Bouliac, actuellement accueil de loisir sans hébergement (ALSH) pour les 6-14 ans, cliché actuel de
Jean-Pierre Augustin (Gironde).
Maison, centre, club : enjeux de proximité et d’échelle Jeudi 4 décembre
27 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
les enfants, les adultes ou les personnes âgées, lorsque ce ne sont pas ces populations qui
se plaignent du voisinage des jeunes ; la fragmentation des activités proposées par ateliers
conduit aussi à un écrémage de la population jeune, quand ce n’est pas à une désorganisa-
tion des bandes qui se recréent alors sur la base d’une pratique non exempte de violence.
C’est en partie sur ces constats que, dans la suite du Livre Blanc de la Jeunesse de 1967,
est lancée l’opération dite « Mille clubs de jeunes » non sans arrière-pensées dans la mesure
où 1’État espère aussi par ce moyen, moins onéreux et plus souple, se débarrasser de la
main-mise des fédérations d’éducation populaire et en particulier de la Fédération française
des Maisons de jeunes et de la culture (FFMJC). Livrer en peu de temps des équipements de
dimensions réduites en « kits » à destination des jeunes « inorganisés » de plus de quinze
ans, tel est l’objectif. Si l’opération connaît un certain succès, au point d’être renouvelée en
1972 et 1977, notamment sous la pression des municipalités, elle atteint également très vite
ses limites. Très peu de clubs sont pris en charge par les jeunes eux-mêmes ; la plupart sont
vite fermés, rouverts, puis fermés à nouveau, transformés et repris pour d’autres activités
quand ils ne sont pas laissés définitivement à l’abandon.
L’opération « mille clubs » marque à la fois l’apogée et donc le début du déclin d’une
politique presque exclusivement orientée vers la construction d’espaces spécifiques pour les
jeunes. Ce qu’elle révèle en même temps, c’est l’impossibilité de continuer à penser la ques-
tion sous la fiction d’une jeunesse appréhendable seulement en termes démographiques.
L’étude de ces « mille clubs » en Gironde vise à analyser leur conception fonctionnaliste, leur
mode d’attribution, leur localisation et leur gestion dans le département, puis leur évolution
et disparition progressive.
Sources : archives des DDJS en Aquitaine, enquête qualitative des opérateurs et acteurs
de ces équipements, interviews des inspecteurs et fonctionnaires DDJS, sources dans les
services jeunesse et associations des municipalités concernées, archives de la presse locale.
Jean-Pierre Augustin, professeur émérite en géographie,
université Bordeaux-Montaigne, UMR ADES/CNRS
Un héritage en question : les Mille clubs du Puy-de-Dôme (1967-2014), par
Mathilde Lavenu
Se démarquant volontairement de la politique conduite par son prédécesseur Maurice
Herzog, François Missoffe, ministre de la Jeunesse et des Sports de 1966 à 1968, initiait en
1967 un programme national de construction d’équipements publics à destination des
jeunes. Cette action en faveur de la jeunesse avait pour objectif de conjuguer une politique
d’équipement et une politique de la jeunesse afin de répondre aux déficits d’équipements
socio-éducatifs dans la France d’après-guerre.
Définie par la circulaire du 20 juillet 1967, cette politique publique intitulée « mille
clubs de jeunes » avait vocation à : «créer un équipement léger destiné à un nombre limité
de jeunes et donner aux jeunes un sentiment de communauté et d’appropriation en leur
faisant monter eux-mêmes leur local ».
Équipement public d’une surface de 150 m2
calibré pour un effectif de 200 personnes
maximum, ce programme avait vocation à répondre à des besoins locaux en offrant une
structure de proximité et à des usages variés nécessitant une polyvalence de l’espace mis à
disposition.
Dans le département du Puy-de-Dôme, cette action s'est déclinée tant en milieu rural
qu'en zone urbaine sur une dizaine de communes. Plusieurs mille clubs ont ainsi été édifiés
dans les années soixante-dix et la plupart d'entre eux subsiste aujourd'hui tout en étant en-
core en usage et conforme à leur vocation première. Toutefois si les usagers de ces lieux
sont très attachés à ces architectures, leurs besoins actuels évoluent et les propriétaires de
ces équipements, en l’occurrence les communes, s'interrogent quant à l'adéquation et au
devenir des mille clubs. Accueilli sous de bons auspices comme une aubaine en son temps
Maison, centre, club : enjeux de proximité et d’échelle Jeudi 4 décembre
28 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
par les collectivités, le mille club semble désormais devenir plus une source d'embarras pour
ses propriétaires, les conduisant pour certains d'entre eux à envisager de faire le choix diffi-
cile de l'oubli en optant pour la démolition de ces édifices.
Pourtant ces édifices forment aujourd'hui un ensemble identifiable qui ponctue le terri-
toire et constitue le témoignage d'une politique publique, d'un processus social d'appropria-
tion collective et d'un mode de conception relevant de la préfabrication et de la série. Issu de
l'industrialisation du bâtiment, le mille club, équipement socio-éducatif conçu initialement en
tant qu'objet architectural et technique se transforme désormais en édifice singulier et iden-
titaire.
Équipement sériel de proximité, chaque mille club interroge dès lors à l'échelle de son
propre territoire la mémoire et l'héritage, révélant ainsi des enjeux sociétaux qui dépassent
sa vocation initiale pour poser la question du patrimoine et interroger le champ du monu-
ment. Édifiées depuis plus de quarante années, ces architectures publiques quelques soient
leurs valeurs intrinsèques permettent néanmoins à l'homme de s'inscrire dans l'espace et
dans le temps en constituant des témoins de l'habiter et de l'édifier.
Mathilde Lavenu, enseignante-architecte TPCAU,
ENSA de Clermont-Ferrand, master METAPHAUR
1000 club à Aurière (Puy-de-Dôme), cliché actuel de Mathilde Lavenu.
Atelier n°1 Quels espaces pour le jeu Jeudi 4 décembre
29 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
Atelier n°1 Quels espaces pour le jeu
Plaquette de présentation de jeux et de mobiliers de plein air créés par le bureau
d'étude de la Fédération nationale des Francas, 1974, Arch. dép. du Val-de-Marne,
547J1234.
Atelier n°1 Quels espaces pour le jeu Jeudi 4 décembre
30 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
Les centres aérés : des espaces méconnus (années 1960), par Jérome Camus et
Francis Lebon
Lorsque l’on cherche, en 2014, « centres aérés » sur Internet, on est d’abord dirigé vers
le site Service-Public.fr, le site officiel de l’administration française, qui propose une rubrique
« Accueil d’enfants et adolescents (garderie, centre de loisirs, centre aéré) » avec la définition
suivante : « Les structures d’animation sans hébergement accueillent vos enfants et adoles-
cents hors temps scolaire. Elles leur permettent de pratiquer des activités de loisirs, de dé-
tente, culturelles, sportives, notamment ». Ces « structures », qui sont communément appe-
lées garderies, centres de loisirs ou centres aérés, sont à présent, officiellement, des accueils
de loisirs sans hébergement (ALSH).
Mais qu’en est-il alors précisément des centres aérés ? Ils n’ont existé légalement
qu’entre 1960 et 1970, date à laquelle ils sont remplacés par les centres de loisirs sans hé-
bergement (CLSH). Ces centres aérés, qui accueillent un grand nombre d’enfants dans un
même lieu, sont reconnus par l’arrêté du 19 mai 1960 comme des « centres de loisirs orga-
nisés, à la périphérie des agglomérations, par des institutions publiques ou privées et desti-
nés à accueillir en demi-pension, dans des installations permanentes les enfants de moins de
seize ans pendant les périodes de congés scolaires » (art. 1er
).
Nous revenons sur ces « lieux pour l’éducation populaire » qui, à partir de la deuxième
moitié des années 1950, deviennent une préoccupation croissante des associations de jeu-
nesse et d’éducation populaire, en particulier aux Francs et franches camarades. Intégrés
progressivement au processus de planification des équipements, les centres aérés sont im-
prégnés de conceptions architecturales issues des colonies de vacances dont ils se veulent
un complément.
Jérôme Camus, maître de conférences, université de Tours, CITERES-CoST
Francis Lebon, maître de conférences, université Paris Est Créteil, LIRTES
Ouvrage Le moniteur des travaux public et du bâtiment, « Les équipements sportifs et socio-éducatifs », numéro hors-
série, juin 1966, p. 191.
Atelier n°1 Quels espaces pour le jeu Jeudi 4 décembre
31 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
L’expérience des terrains d’aventure en France dans les années 1970-1980, une
aventure sans lendemain ?, par Gilles Raveneau
La conception du terrain d’aventure est née au Danemark à la fin de la Seconde Guerre
mondiale avec la reconstruction des villes et le manque d’équipement pour la jeunesse dans
les quartiers les plus éprouvés par la guerre. C’est un équipement réduit à sa plus simple
expression. Il est très économique, nécessite peu de frais de première installation et de
maintenance et peu de personnel pour s’en occuper. Ces qualités et le franc succès qu’ils
rencontrèrent auprès des enfants firent se multiplier les expériences dans différents pays
européens. Ils apparaissent en France dans les années 1970 sous le nom de « terrain
d’aventure » ou « terrain pour l’aventure ». Le premier est ouvert à Paris en 1971. Ils se déve-
loppent dans les années 1970 et le début des années 1980, puis disparaissent progressive-
ment à la fin des années 1980 et dans les années 1990.
La courte expérience des terrains d’aventure en France est à mettre en relation avec les
mouvements de Jeunesse et d’Éducation populaire, les luttes pour l’encadrement de
l’enfance et les bouleversements culturels et sociaux introduits par le mouvement de révolte
de mai 1968. A cela il faut ajouter la volonté politique de l’Etat, aidée en cela par les collecti-
vités locales, de construire des équipements socio-éducatifs et sportifs pour la jeunesse.
Cette préoccupation est inscrite clairement dans la planification des années 1960-80 et dans
la logique de la croissance urbaine. Pour autant ne doit-on voir dans la brève expérience des
terrains d’aventure en France que le déclin d’une politique orientée vers la construction
d’équipements pour la jeunesse et le retour d’une éducation plus autoritaire sous le contrôle
des adultes ?
Photographie extraite de l’ouvrage de M. Rouard et J. Simon, Espaces de jeux : de la boîte à sable au terrain d’aventure,
Paris, éd. D. Vincent, 1976.
Atelier n°1 Quels espaces pour le jeu Jeudi 4 décembre
32 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
Si les terrains d’aventure peuvent apparaitre comme une parenthèse qui n’aurait pas eu
de suite, nous essaierons de montrer au contraire que cette expérience prend un sens plus
vaste si on la relie à deux objets et aux pratiques qu’ils médiatisent : les abris de loisirs (Ra-
veneau et Sirost, 2011) et les jardins urbains (Dubost, 1997 ; Cabedoce et Pierson, 1996). En
effet, les terrains d’aventure peuvent s’interpréter dans une continuité avec les usages des
friches urbaines, des abris de loisirs et des jardins (jardins ouvriers, familiaux, partagés). À
travers l’analyse et la comparaison de trois terrains d’aventure de la région parisienne dans
les années 1970, cette communication montrera, d’une part, comment cette expérience
s’inscrit dans ce cadre élargi où le terrain garantit un libre usage de l'espace aux enfants en
apportant les instruments nécessaires à son exploration comme aux échanges entre les
jeunes, et d’autre part tout l’intérêt qu’il y a à réintroduire l’espace comme dimension cen-
trale de l’éducation populaire. L’analyse localisée des usages, des stratégies sociales de
construction, d’appropriation et de réappropriation de l’espace permet de comprendre
l’inscription de l’action collective et de l’action éducative dans son environnement physique.
En définitive, le terrain d’aventure révèle la place faite aux enfants dans la cité par les
adultes. Il marque le terme d’un conflit entre intérêts des enfants et privilèges des adultes,
une tension entre autonomisation des jeunes et domination des adultes.
Terrain d'aventure à Paris, cliché actuel de Gilles Raveneau.
Gilles Raveneau, ethnologue, maître de conférences,
université de Paris ouest Nanterre La Défense, LESC/UMR 7535 du CNRS
Atelier n°2 Eduquer hors des murs de l’école ? Jeudi 4 décembre
33 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
Atelier n°2 Eduquer hors des murs de l’école ?
Claude Bellanger, « Le Foyer communal d'éducation et de loisirs »,
L'Action laïque, n°56bis, 1938, Archives nationales,
20140057/665, Ligue de l’enseignement.
Atelier n°2 Eduquer hors des murs de l’école ? Jeudi 4 décembre
34 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
Projet de foyer populaire pour le village de Bascons (1937), architecte
Franck Bonnefous). Arch. dép. Landes, 70 J 123.
« On s’ennuie au village ». La place de l’éducation populaire au sein des foyers
municipaux landais (1930-1940), par Nicolas Nauze
A l’occasion d’une de ses visites aux paysans du Centre effectuées entre 1907 et 1934,
Daniel Halévy remarque que, dans les campagnes du Bourbonnais, « les anciennes mairies
[…] ne suffisent plus. Une vie commune s’est instituée, qui veut une maison commune ». Au
cours des mêmes années, le département des Landes semble connaître une effervescence
analogue, avec, pour conséquence, une éclosion généralisée de maisons communes rurales.
L’intensité croissante des acti-
vités associatives, syndicales et
politiques incite nombre de
municipalités à dédier un lieu à
ces divers rassemblements. Les
élus ont à cœur de favoriser le
plein exercice des libertés pu-
bliques récemment conquises,
et les salles dévolues aux réu-
nions sont conçues comme une
pièce essentielle du nouvel
« écosystème républicain ». Par
ailleurs, ces équipements satis-
font une autre attente, plus
récréative. En effet, les diverses
formes de la sociabilité rurale,
des plus traditionnelles (fêtes,
noces) au plus modernes (ban-
quets, fanfares, bals, « loisirs
de masse »), sont également en
quête d’un espace d’accueil
échappant au circuit marchand
des salles privées. En réponse à tous ces besoins, plus d’une centaine d’édifices publics po-
lyvalents sont donc élevés dans le département, entre 1900 et 1940.
Cette génération spontanée, repérable dans d’autres régions, a été peu étudiée jus-
qu’ici. La variété des appellations employées pour désigner ces constructions (salle des
fêtes, salle de réunion, foyer municipal, foyer populaire, maison du peuple…) a sans soute
empêché de percevoir leur réelle unité typologique et fonctionnelle. Or, ces édifices forment
indéniablement une catégorie autonome, propre à l’architecture publique de la
IIIème
République.
Les années 1930 apparaissent comme le point culminant de cette floraison. Cette dé-
cennie marque toutefois une inflexion significative – au moins dans les intentions formulées
par les élus landais – vers un projet plus ouvertement éducatif. Par la construction de
« foyers », il s’agit désormais de seconder l’école de la République dans ses missions, et,
surtout, d’offrir aux sociétés d’éducation populaire les moyens de poursuivre leur œuvre
dans des conditions plus favorables. Cette nouvelle orientation, qui participe à l’engouement
suscité alors par l’éducation populaire, réaffirme la vocation civique et émancipatrice de ces
salles, où se fait le nécessaire et permanent « apprentissage de la démocratie » réclamé par
le régime. Peut-être pense-t-on aussi, par cette action volontariste, susciter la création d’un
plus grand nombre sociétés d’éducation populaire. Si l’on en croit les rapports officiels, ces
dernières sont très rares dans le département (exception faite des sociétés sportives qui, par
contraste, semblent pléthoriques). Enfin et surtout, cette préoccupation éducative porte la
marque d’une obsession collective, aux accents fortement agrariens : la lutte contre l’exode
rural. En proie aux crises et, dit-on, à l’ennui, les campagnes landaises se dépeuplent bruta-
lement. Eduquer, pour redonner espoir aux ruraux et les mener sur le chemin de la prospéri-
té : tel paraît être le remède à l’hémorragie démographique.
Atelier n°2 Eduquer hors des murs de l’école ? Jeudi 4 décembre
35 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
Fait majeur, cette ambition reçoit désormais le soutien financier d’un Etat conscient des
enjeux soulevés par l’exode rural. Entre 1928 et 1940, on assiste donc à un accroissement
sensible du nombre et, surtout, de la taille des projets. Délaissant la polyvalence contrainte
des petites salles des fêtes, les « complexes municipaux » édifiés dans ce contexte se pré-
sentent comme de véritables équipements intégrés, où les espaces sont articulés de manière
complémentaire et cohérente. L’appellation de « foyer municipal » manifeste cette unité nou-
velle du programme, qui transforme les salles des fêtes en machine à régénérer « l’esprit de
collectivité qui doit animer un village » (Léandre Vaillat).
Mais, dans cette course pour retenir les paysans à la terre, la vocation éducative des
foyers entre souvent en tension avec leur destination première, festive et récréative. Ne faut-
il pas plutôt lutter contre l’ennui profond des campagnes et proposer de véritables « loi-
sirs » ? Peut-on offrir des distractions qui soient « saines » et « pédagogiques » ? Le débat
sur le rôle de l’éducation populaire éclaire donc d’un jour nouveau la forme et la fonction de
ces équipements, entre affirmation des idéaux républicains et gestion embarrassée de la
crise traversée par le monde rural.
Nicolas Nauze, professeur agrégé d’Arts plastiques
Le foyer-modèle de la Ligue de l'enseignement, de 1936 à 1958 : spécialisation,
urbanisation, voire déscolarisation ?, par Frédéric Chateigner
La Ligue de l'enseignement semble moins associée aux enjeux d'équipement et d'archi-
tecture que les fédérations d'éducation populaire liées, par leur objet même, à un équipe-
ment particulier : maisons, centres, foyers... La question des lieux s'est posée de manière
moins urgente pour une organisation qui disposait des locaux de l'Ecole primaire comme elle
s'appuyait massivement sur son personnel, les instituteurs et institutrices. Toutefois, l'écri-
ture en cours d'une histoire générale de la Ligue (avec Jean-Paul Martin, à paraître en 2016
pour les 150 ans de la Ligue) permet de faire réémerger des modèles architecturaux spéci-
fiques aux activités extrascolaires de la Ligue.
On peut notamment identifier le « foyer communal d'éducation et de loisirs » que la
Ligue recommande à partir de 1936, et qui est notamment édifié lors de l'exposition interna-
tionale de 1937 puis décrit en détails dans une brochure de 1938. Ce foyer est très polyva-
lent : il permet spectacles et projections, mais aussi gymnastiques et festivités. Il est aussi
fortement ancré dans l'espace scolaire primaire : on invite à le bâtir à côté de l'école. Il s'in-
sère, enfin, dans le monde rural : c'est d'ailleurs dans le cadre du « Centre rural » qu'il est
édifié en 1937.
Une série de plans, dus à Roland Schweitzer et publiés en 1958 donne à voir l'évolution,
en vingt ans, des modèles architecturaux promus par la Ligue. Prise en compte du cadre
urbain : plusieurs plans, de plus en plus complexes, sont proposés pour s'adapter à la taille
des villes et des quartiers. Spécialisation croissante, avec l'autonomisation des équipements
sportifs (les modestes agrès de gymnastiques encore présents en 1937-1938 ont disparu et
le plan du foyer n'est plus accompagné de celui du terrain de sports), l'accroissement des
exigences techniques pour les spectacles et, corrélativement, les réticences à laisser leur
place aux activités festives. Dans le même temps (1957), l'UFOLEA, branche artistique de la
Ligue, publie d'ailleurs une description très précise de la salle de spectacle de l'Amicale
laïque, publication qui pousse la logique de spécialisation encore un peu plus loin. Enfin,
l'exigence d'arrimer le foyer aux bâtiments scolaires s'amenuise un peu : s'il est toujours
recommandé de construire le « foyer culturel » à proximité de l'école, c'est surtout dans le
cadre de la construction de nouveaux établissements, dont la polyvalence doit refléter la
mobilisation naissante autour de l'« éducation permanente ».
Après avoir comparé ces deux modèles, on montrera que les évolutions de la Ligue à
partir des années 1960 (autonomisation croissante à l'égard de l'Ecole, spécialisation accrue,
urbanisation assumée...) ont probablement rendu plus difficile pour la Ligue - d'après l'état
actuel des recherches du moins - la formulation d'un modèle architectural d'équipement.
Atelier n°2 Eduquer hors des murs de l’école ? Jeudi 4 décembre
36 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
Références
Claude Bellanger, « Le Foyer communal d'éducation et de loisirs », L'Action
laïque, n°56 bis, 1938.
« Comment construire un foyer culturel ? », supplément à l'Action laïque, n°192,
mars 1958.
Fernand Delaroche, « La Salle de spectacles de l'amicale laïque », L'Ufoléa, n°111-
112, novembre 1957.
Frédéric Chateigner, maître de conférences en sciences politiques, IUT Carrières
sociales de Tours
Claude Bellanger, « Le Foyer communal d'éducation et de loisirs », L'Action laïque,
n°56bis, 1938, Archives nationales, 20140057/665, Ligue de l’enseignement.
Atelier n°3 Pourquoi des équipements ? Jeudi 4 décembre
37 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
Atelier n°3 Pourquoi des équipements ?
MJC-Centre social CLub de Créteil, [1980-1990], Arch. dép. du Val-de-
Marne, 121J 28
Atelier n°3 Pourquoi des équipements ? Jeudi 4 décembre
38 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
L’expérience artistique dans les lieux de l’éducation populaire. Témoignage à partir
de l’expérience de l’Alhambra à Marseille (de 1986 à nos jours). Entretien de
Jean-Pierre Daniel, cinéaste pédagogue, avec Denise Barriolade, inspectrice
principale Jeunesse et Sports honoraire
L’Alhambra, du côté de l’Estaque, est le plus vieux cinéma de la périphérie de Marseille,
doté d’une façade originale des années 1930 ; son exploitation commerciale cesse en 1980.
La ville le rachète en 1981.
Mais que faire de ce lieu ? La ville, qui n’a pas à cette époque de direction de la culture,
a confié à l’association Léo Lagrange la gestion de l’office de la culture qui « hérite » du dos-
sier de l’Alhambra. Plusieurs pistes sont envisagées : lieu pour l’enfance, l’éducation musi-
cale, pour les activités
du 3ème âge… En
1983, Gaston Defferre,
contraint de s’allier, à
la mairie, au parti
communiste, va aussi
être contraint d’agir
dans les quartiers
Nords, et à ce titre, d’y
créer un centre culturel.
Faute de grands
moyens pour cons-
truire, l’idée émerge de
convertir l’Alhambra et,
après trois ans d’études
et de débats, de lui
redonner sa vocation de
cinéma considérant
qu’une telle salle pour-
rait tenir le rôle de
centre culturel, dont la
gestion serait confiée à
une équipe indépen-
dante et dans une perspective non marchande. Un pari assez radical proposé et mis en
œuvre par Jean-Pierre Daniel en 1986, dans le cadre de sa mission de Conseiller d’éducation
populaire !
Suivent deux années de travail sur le projet scénographique et technique avec une petite
équipe puis une année pour la reconstruction suivie par la direction de l’architecture, maître
d’ouvrage, qui agit selon le projet scénographique proposé. Entre temps la ville dispose
d’une direction des affaires culturelles confiée à Dominique Wallon qui deviendra ensuite
directeur du CNC. Un contexte favorable à la liberté d’invention pour mettre ce projet en
route avec les partenaires locaux. Le choix est fait d’une gestion associative symbolique,
contrôlée par la mairie centrale, et une totale autonomie administrative et artistique de
l’équipe choisie pour diriger l’équipement.
« Après avoir défini la scénographie du lieu et de son équipement, j’ai pu élaborer li-
brement un projet d’action, qui a reçu l’aval des partenaires et que j’ai pu mettre en œuvre
pendant 20 ans dans un cadre budgétaire contraint mais suffisant.
Cette expérience d’élaboration et de mise en œuvre d’un lieu voulu comme un espace
singulier de rencontre quotidiennes entre l’art du cinéma et la population d’un vaste terri-
toire populaire est pour moi une source permanente de réflexion sur les enjeux des espaces
nécessaire à cette action très, peut-être trop, globale que l’on appelle "éducation populaire".
Vue de la façade de l'Alhambra à Marseille, 1981, prêt Jean-Pierre Daniel.
Atelier n°3 Pourquoi des équipements ? Jeudi 4 décembre
39 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
Je rêve d’un nouveau lieu de cinéma public qui tiendrait compte de cette expérience en
reprenant le projet scénographique de l’Alhambra. La scénographie, comme la science de la
création de la situation pédagogique nécessitée par l’expérience artistique !
Ce qui m’a interpellé tout au long de mon chemin, c’est la place de l’expérience artis-
tique et ses multiples manifestations (de la rencontre des œuvres à la découverte des gestes
de la création) dans les lieux actuels de l’éducation populaire (lieux publics, lieux de forma-
tion…).
On pourrait reformuler aujourd’hui la question en pensant aux nouveaux objectifs
d’éducation artistique affichés par l’État et chercher la place de cette expérience dans les
actions et les lieux mis en œuvre par l’éducation populaire. […]
Tout au long de ma carrière, je me suis déplacé dans d’innombrables lieux, dits socio-
culturels, pour toujours constater leurs inadaptations à toutes pratiques demandant de
l’espace, de la plasticité, de la créativité. La question de la salle polyvalente est à elle seule
un sujet révélateur de cette difficulté. […] Je dis inadaptation mais en fait je pense plutôt
dévalorisation de l’expérience artistique dans ces lieux. »
La mise en place des maisons de jeunes dans les communautés inuits du Nunavik
(Arctique québécois) dans les années 2000, par Véronique Antomarchi
La mise en place de maisons pour jeunes dans la région du Nunavik (Arctique québé-
cois) à la fin des années 1990
répond à une démarche
propre à l’éducation popu-
laire au Québec.
L’objectif premier con-
siste à accompagner les
jeunes pour les aider à sur-
monter des difficultés ma-
jeures. Rappelons que les
taux de suicides sont très
élevés en particulier chez les
jeunes hommes. L’objet de
cette communication repose
sur la présentation de
l’aménagement spécifique
des maisons des jeunes en
insistant sur les choix de
décoration extérieure. Bon
nombre de maisons de
jeunes, en particulier celle de
Kangiqsujuaq, sur laquelle nous travaillons, ont été réalisées sur la base d’un projet artis-
tique, proche de la culture hip hop. Sur les façades extérieures, des images représentent les
valeurs inuit. Nous nous proposons à travers cette communication de comprendre les en-
jeux de la scénographie du lieu ainsi que la perception que les habitants de cette commu-
nauté inuit en ont.
Véronique Antomarchi, docteure en histoire, IUT Carrières sociales Paris Descartes,
chercheure associée au CERLOM-INALCO
Cliché actuel de Véronique Antomarchi.
Atelier n°4 Tourisme et équipements Jeudi 4 décembre
40 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
Atelier n°4 Tourisme et équipements
Ouvrage Le moniteur des travaux public et du bâtiment, « Les équipements sportifs et socio-
éducatifs », numéro hors-série, juin 1966, p. 212.
Atelier n°4 Tourisme et équipements Jeudi 4 décembre
41 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
L’hébergement des jeunes vacanciers à Nice : stratégies des auberges de jeunesse et
des autres formes d’accueils (fin des années 1930-1990), par Eric Carton
Lorsque l'on étudie les différentes associations ayant organisé l'accueil des jeunes vacan-
ciers à Nice et plus généralement dans les Alpes-Maritimes, on constate que trois types d'or-
ganismes se sont développés. Chacun a eu sa propre stratégie et les choix réalisés, il y a plus
de soixante ans, ont encore des incidences aujourd'hui.
Ces stratégies ont été :
- des mises à disposition de locaux
créés spécifiquement pour l'accueil des
jeunes (MJC) ;
- des mises à disposition puis achats
par les organismes gestionnaires de lo-
caux existants et adaptation (Fédération
unie des auberges de jeunesse, FUAJ) ;
- des achats de locaux spécifiques
par les organismes gestionnaires (Club
de loisirs et d'actions de la jeunesse,
CLAJ).
Les auberges de jeunesse se sont
implantées dans plusieurs villes des
Alpes-Maritimes. Parfois loin des centres
villes, elles ont bénéficié de locaux prê-
tés par les communes. Elles ont ensuite
souffert du retrait de ces locaux qui ont été réutilisés pour l'accueil d'autres publics ou qui ont
été fermés suite aux trop nombreux travaux à réaliser. L'acquisition tardive d'un hôtel, trans-
formé en auberge, montre un changement dans l'approche gestionnaire.
En 1948, des jeunes niçois se re-
groupent et créent le CLAJ. L'objectif est
de permettre aux jeunes d'aller en va-
cances dans des lieux où ils ne sont pas
admis. Le premier relais international de
la jeunesse ouvre à Nice sur la colline de
Cimiez. Très vite, l'association ouvre
d'autres centres à Antibes, Cap d'Ail, Cal-
vi en bord de mer puis Valberg et Allos à
la montagne. Propriétaire des locaux,
l'association a aujourd'hui un patrimoine
important.
Au début des années 1970, la ville
de Nice a construit deux MJC (Magnan et
Gorbella). Elles sont, toutes les deux, équipées d'une structure d'hébergement (chambres et
restauration) afin d'accueillir des groupes. Face au manque de structures d'accueil des jeunes
vacanciers, la MJC Magnan décide d'ouvrir une auberge de jeunesse l'été et transforme ses
salles de danses en dortoir. Lassée, l'équipe décide d'arrêter cette activité après l'été 1999.
Après de forts manques dans les années 80, la demande d'accueil des jeunes touristes
semble diminuer, même en été. Il ne reste plus qu'une auberge de jeunesse (une deuxième
ouvre uniquement l'été) dans les Alpes-Maritimes. Les MJC n'accueillent plus les jeunes tou-
ristes et les CLAJ reçoivent maintenant des séjours de vacances pour compléter le remplissage
des structures.
L'accueil des jeunes en vacances devient plus rare sur la Côte d'Azur, ce sont pourtant les
touristes de demain.
Eric Carton, docteur en Sciences de l'Information et de la Communication, enseignant à
l'IUT de Nice (département Carrières Sociales de Menton), chercheur associé I3M
Un photo (carte postale éditée par les CLAJ) du relais interna-
tional de la Jeunesse Clair Vallon implanté sur la colline de
Cimiez à Nice. On voit la maison d'origine (à gauche) qui com-
prend notamment la cuisine, la salle à manger, quelques
chambres et les bureaux ; un bâtiment plus récent construit par
le CLAJ avec salles de réunion, hébergement et piscine.
La maison peu après l'achat (carte postale des CLAJ), prêt
Eric Carton.
Atelier n°4 Tourisme et équipements Jeudi 4 décembre
42 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
Les villages vacances du conseil général du Val-de-Marne, 40 ans de tourisme social
à Guébriant (Haute- Savoie) et Jean-Franco (Savoie), commentaires de films
d’archives par Yann Chilard, directeur de la Jeunesse, des Sports et des villages
vacances du Val-de-Marne et Laurence Blanchard, responsable de la centrale de
réservation des villages
Elu en 1967, le premier conseil général du Val-de-Marne, département tout jeune issu de
la réorganisation administrative de la région parisienne, se mobilise dès sa mise en place pour
privilégier l’accès pour tous au sport, à la culture, aux loisirs. C’est ainsi qu’il fait l’acquisition
en 1969 de deux sites montagnards, un sanatorium à Passy en Haute-Savoie pour le premier,
un domaine foncier de 5 ha à Longefoy-sur-Aime en Savoie pour le second, afin d’y aménager
deux centres de vacances à vocation sociale.
Le sanatorium de Guébriant,
construit dans la commune de Passy
(Haute-Savoie) au début des années
1930 par les architectes Pol Abraham
et Henry Le Même est situé sur un
plateau d’altitude (1400m) où il béné-
ficie de conditions d’ensoleillement
optimales. Dédié à l’origine à l’accueil
de femmes tuberculeuses, il reste
affecté à l’usage de sanatorium jus-
qu’à la fin des années 1960, date à
laquelle l’association philanthropique
propriétaire cherche à s’en dessaisir.
Le conseil général du Val-de-Marne, à
la recherche de sites propices à
l’ouverture de centres de vacances, en
vote l’acquisition en 1970. Après des
travaux de reconversion et surtout de
protection contre les avalanches, le
village de Guébriant ouvre au public
en 1973.
Le village Jean Franco est, quant
à lui, une construction neuve sur un
terrain de 5 ha, situé dans la haute
vallée de l’Isère à 1600 m d’altitude
au-dessus du village savoyard de
Longefoy-sur-Aime. Le département
acquiert le foncier en 1969, le maître
d’œuvre choisi, Michel Besançon, ar-
chitecte de la station de La Plagne,
mène les travaux en 14 mois. Le
centre ouvre ses portes en 1971. Il
reçoit le nom de Jean Franco, grand
alpiniste accidentellement décédé à la
veille de l’inauguration.
Depuis 40 ans, les villages ac-
cueillent chaque année 10.000 vacanciers ou scolaires. Destinés prioritairement aux Val-de-
Marnais, ils sont néanmoins ouverts à d’autres publics selon les possibilités. Leur vocation
initiale, qui était de permettre au plus grand nombre de partir en vacances et de découvrir la
montagne tout en bénéficiant d’un hébergement de qualité (les villages sont classés 3 étoiles)
n’a pas varié dans le temps.
Plaquette de promotion des centres de vacances du CG 94, 1977,
Arch. dép. du Val-de-Marne, 2096W 1.
Séquence Des murs pour dépasser les barrières de l’enfance : l’architecture des colonies de vacances
Jeudi 4 décembre
43 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
Séquence Des murs pour dépasser les barrières de l’enfance : l’architecture des colonies de vacances
Brochure des CEMEA, 1965, Arch. dép. du Val-de-Marne, 561J 63.
Séquence Des murs pour dépasser les barrières de l’enfance : l’architecture des colonies de vacances
Jeudi 4 décembre
44 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
Légèreté et mobilité. De la colonie sanitaire au camp de vacances : la collaboration
de Jacques et Michel André avec Jean Prouvé (1938-1939) par Caroline Bauer
Sous la gouvernance de Léon Blum, d’importants crédits étatiques sont débloqués en
1937 pour encourager le « séjour d’enfants dans les colonies, camps de vacances ou œuvres
de plein air8 ». Confirmant son rôle précurseur dans l’action sanitaire et sociale, la Meurthe-
et-Moselle s’engage dans la réalisation de programmes de loisir à destination du jeune pu-
blic, en étroite relation avec les préoccupations hygiénistes de l’époque.
Bien qu’en France, la majorité des installations de camps et de colonies de vacances soit
logée dans des bâtiments préexistants, je propose d'aborder le sujet à travers deux cons-
tructions neuves, réalisées par l’agence d’architecture nancéienne de Jacques et Michel An-
dré, en collaboration avec
Jean Prouvé : la colonie sani-
taire de vacances de Saint-
Brévin l’Océan (1938-1939)
et le camp de vacances
d’Onville (1939). L’objectif
est d’étudier et de comparer
ces deux réalisations, de
comprendre les modèles
mis en œuvre, de dégager
l’apport des différents pro-
tagonistes, et d’analyser les
dispositifs architecturaux
employés pour répondre
aux spécificités programma-
tiques (jeune public, préoc-
cupations hygiénistes, cli-
mat maritime ou monta-
gnard, mobilité, économie
de la construction).
En s’appuyant sur une
composition aérée et une
structure ventilée, les architectes s’approprient le programme d'une colonie sanitaire à Saint-
Brévin l'Océan pour en proposer leur définition, inspirée des modèles de la classe de plein air
et du pavillon temporaire d’exposition. Leur réflexion s'articule autour des notions de légère-
té, de standardisation et d’économie de la construction, à travers l’utilisation d’un matériau
alors en quête d’une légitimité moderne, le fibrociment. Parmi la série complète de mobilier
élaboré pour la colonie, Jean Prouvé réalise avec Jacques André les tables de réfectoire, dont
le plateau en fibrociment souligne l’unité de conception. Pour le camp de vacances d’Onville
(1939), les protagonistes étudient des tentes démontables en structure tubulaire, des bara-
quements et des roulottes, plaçant la mobilité au centre de leur réflexion. Cette étude est à
mettre en parallèle avec les recherches de Jean Prouvé liées à l’émergence d’une industrie du
loisir (maison B.L.P.S., 1938), mais également avec celles relatives aux programmes mis en
place en temps de guerre. Le même système de structure à ossature extérieure métallique
est ainsi indistinctement employé pour la réalisation du réfectoire du camp de vacances, et
pour la construction de baraques militaires dès la fin de l'année 1939.
L'architecture des camps et colonies de vacances est un sujet jusqu'ici peu traité9 ; cette
contribution vise ainsi à enrichir le domaine de connaissances par deux réalisations aux in-
8
SELLIER Henri, « Ministère de la Santé Publique. Frais de séjour des enfants dans les colonies de
vacances et œuvres de plein air », Journal Officiel, 19 mai 1937, p. 5419.
9
Voir le texte de Bernard Toulier, « Les colonies de vacances en France, quelle architecture ? », dans In
Situ, revue des patrimoines [en ligne], 2008, n°9 [consulté le 14/10/2013].
http://www.insitu.culture.fr/article.xsp?numero=9&id_article=toulier2-526
Colonie sanitaire de vacances de Saint-Brévin-l'Océan, Jacques et Michel An-
dré, 1938-1939 (archives privées).
Séquence Des murs pour dépasser les barrières de l’enfance : l’architecture des colonies de vacances
Jeudi 4 décembre
45 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
novations structurelles et formelles. Elle s’inscrit plus largement dans une recherche menée
sur l'agence d'architecture André et sur la nature des collaborations entre Jean Prouvé et
Jacques André, tous deux originaire de Nancy.
Caroline Bauer, doctorante, université Panthéon-Sorbonne, UFR03, chercheuse associée
au LHAC, ENSA Nancy
Les Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active (CEMEA) et la qualité
du lieu de vie : des locaux au service de la diffusion de l’éducation nouvelle (1943-
1962), par Geneviève Vannini
À l’origine destinées à améliorer la santé des petits citadins menacés par la tuberculose
en les envoyant respirer le bon air à la campagne, à la mer ou à la montagne, les colonies de
vacances connaissent un fort développement dans les années 1930. Leur vocation sanitaire
se double d’un projet éducatif visant à la formation de citoyens libres et responsables par la
mise en œuvre de méthodes issues des idées de l’éducation nouvelle.
Les Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active (CEMEA) participent acti-
vement à la transformation des colonies de vacances, en formant des moniteurs capables
d’appliquer les nouvelles méthodes pédagogiques, mais aussi en accordant une importance
particulière à la qualité des lieux de vie. Très tôt, les CEMEA prennent conscience de
l’interaction entre la pédagogie et les conditions matérielles dans lesquelles s’exerce l’action
Programme de la journée d'étude sur les colonies de vacances organisée par les CEMEA en 1948. La majeure partie
des travaux porte sur le rôle des locaux et du matériel dans la valeur éducative de la colonie. Arch. dép. du Val-de-
Marne, 512J 551
Séquence Des murs pour dépasser les barrières de l’enfance : l’architecture des colonies de vacances
Jeudi 4 décembre
46 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
des éducateurs. Dès 1948, des journées d’études consacrées au thème de l’aménagement
des colonies de vacances témoignent de l’intérêt des CEMEA pour cette question. Gisèle de
Failly, fondatrice des CEMEA, défend l’idée que l’aménagement des locaux en fonction des
besoins de l’enfant permet l’acquisition naturelle de bonnes habitudes, le développement
harmonieux de ses facultés et favorise une éducation complète de l’individu.
La réflexion des militants des CEMEA, associée aux compétences techniques
d’architectes conscients des enjeux éducatifs des centres de vacances, aboutit à la définition
de ce que devrait être la colonie idéale, conçue en fonction du projet éducatif de ses promo-
teurs. Des constructions ne rompant pas l’équilibre naturel des sites choisis, une disposition
harmonieuse des bâtiments, un aménagement judicieux des locaux sont censés favoriser
leurs objectifs. Fidèle à leurs idées, les CEMEA proposent ainsi des solutions mettant la tech-
nique au service des besoins de l’enfant, tout en laissant aux architectes la liberté
d’imaginer des constructions esthétiques et fonctionnelles.
Geneviève Vannini, docteure en histoire, université Paris-Sorbonne
Projet éducatif et projet architectural dans les colonies de vacances dans l’Italie
d’après-guerre (1945-1960) par Valter Balducci
Apres avoir été une affaire d’état pendant les années du fascisme, les colonies de va-
cances italiennes reprennent leurs activités dans les mois immédiatement suivant la deu-
xième guerre mondiale. Mais les conditions de leur réouverture ont changé. Des éléments de
continuité avec la période de l’avant-guerre sont bien présents - continuité d’hommes et de
méthodes éducatives mais aussi continuité architecturale due à la réutilisation des anciens
édifices. Mais l’après-guerre voit un renouvellement des principes pédagogiques et des pra-
tiques éducatives scolaires et extrascolaires, et le passage d’une conception du savoir
comme transmission et possession, à une conception du savoir comme processus, comme
conquête et implication de l’enfant. Ce renouvellement est dû d’un côté au retour en Italie
d’intellectuels émigrés principalement aux Etats Unis comme Lamberto Borghi, qui diffusent
les principes de la pédagogie américaine. De l’autre côté, à des évènements précis, comme
l’ouverture en 1945 de l’« école-ville Pestalozzi » à Florence par Ernesto Codignola ;
l’ouverture en 1946 du « Centro Educativo Italo Svizzero » à Rimini par Margherita Zöbeli ; et
aussi l’attention du Service Social de la société Olivetti portée aux principes pédagogiques
issus des CEMEA. Après la guerre, l’approche pédagogique des CEMEA, dont les bureaux
italiens sont ouverts dès les années Cinquante, sera adoptée par plusieurs mairies et pro-
vinces, et aussi par les services sociaux de sociétés industrielles actives dans le champ des
projets sociaux, comme l’Olivetti déjà citée, l’ENI, et l’Italsider, et sera à la base de la réalisa-
tion d’édifices nouveaux.
L’idée que l’enfant puisse bénéficier d’horizons physiques plus ouverts vers la société et
la ville, interroge les espaces architecturaux d’écoles comme de colonies de vacances. Bien
plus que la scène sur laquelle se joue le processus éducatif, ces édifices en sont l’un des
acteurs. Une convergence se joue entre l’interaction de la communauté enfantine avec le
contexte réel environnant souhaité par les pédagogistes, et l’interrogation des architectes
sur l’identité spécifique des colonies de vacances. Déjà en 1938 Gino Levi Montalcini souli-
gnait que les qualités figuratives et spatiales des colonies de vacance sont dues à la compo-
sition de leurs volumes et à leur rencontre avec le paysage naturel, l’horizontalité des plages
ou les vues des montagnes. Si la colonie Olivetti de Annibale Fiocchi à Marina di Massa en
1948-58 rend explicite l’ouverture visuelle et physique vers le contexte naturel environnant,
c’est à la moitié des années 50 que des projets de colonies de vacance laissent apparaitre la
notion de communauté, notion issue du débat architectural international.
Le concours pour la colonie de vacances Olivetti à Brusson en 1955 constitue un poly-
gone d’essai sur l’articulation de celle-ci comme communauté. Les projets issus du concours
montrent un vaste panel de possibilités, où les réflexions sur les modalités d’agrégation des
unités architecturales et sociales se superposent aux recherches plus radicales, comme celle
de Marcello D’Olivo, de dispersion des unités architecturales dans le cadre naturel environ-
Séquence Des murs pour dépasser les barrières de l’enfance : l’architecture des colonies de vacances
Jeudi 4 décembre
47 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
nant. En 1955-58, la colonie ENI de Edoardo Gellner à Borca di Cadore associe à l’analogie
entre colonie de vacances et village, une organisation en réseau des espaces publics qui sont
élevés au rang de lieux structurant l’ensemble bâti.
Si la colonie de Paola Coppola D’Anna Pignatelli pour l’Ente Zolfi au Bois de Bulala à Gela
en 1960 traduit dans son organisation le concept d’unité de voisinage, dans celle de Terrasi-
ni de 1965 la composition des pavillons se réfère au principe de « l’ambiente italiano », ob-
jet de débat au tournant des années 1950 et 1960 en référence à la redécouverte des centres
historiques. Mais la colonie de vacances dont la composition manifeste le plus la conver-
gence avec l’instance de participation des enfants dans les procès éducatifs est la Sip-Enel de
Giancarlo De Carlo à Riccione (1961-63). Ici les espaces de la colonie sont repensés en fonc-
tion de l’échelle de perception des enfants, et aussi en faveur d’un rapport au contexte de la
ville et du territoire qui sont objets du processus éducatif comme du projet architectural.
Valter Balducci, professeur dans le champ disciplinaire Villes et territoires, ENSA Rouen
.
Vue de la colonie « Olivetti » à Marina di Massa, 1949-1958, carte postale d’époque, prêt Valter Balducci.
Séquence Planifier les équipements Vendredi 5 décembre
48 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
Séquence Planifier les équipements
Revue Equipement pour la jeunesse et les sports, n° 4, Paris, mai-juin 1963, Arch. dép. du Val-de-
Marne, 568J 44.
Séquence Planifier les équipements Vendredi 5 décembre
49 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
Quand l’État créait les équipements socio-éducatifs (années 1950-1960), par Pierre
Moulinier
Au début des années 1960, l’État adopte le terme d’ « équipements socio-éducatifs »
(ESE) pour caractériser une nébuleuse de locaux et d’installations relevant de l’enfance, de la
jeunesse, des loisirs et de l’éducation populaire. Du fait de la création en 1958 d’un « Haut-
commissariat à la Jeunesse et aux Sports », ce domaine d’action est couplé aux activités
sportives dans un dispositif dénommé « équipements sportifs et socio-éducatifs ».
Dans le gouvernement du Front Populaire, le secrétariat d’Etat dédié avait en charge les
sports et les « loisirs ». En 1946, est créé un sous-secrétariat d’Etat à la Jeunesse et aux
Sports mais, sous la IVe
République, c’est plutôt de la jeunesse et du sport que s’occupe
l’Etat. Le Haut comité de la jeunesse de France et d’Outremer est créé en 1955. On remarque
toutefois que le Plan Langevin-Wallon de 1947 consacre son chapitre 7 à l’ « éducation popu-
laire ». En 1956, deux circulaires du ministère de l’Education nationale sont consacrées à
l’équipement sportif des établissements scolaires. De fait, les trois premiers plans quin-
quennaux (1947-1961) ne consacrent aucun crédit aux ESE.
Au tournant des années 1960, le Haut-commissariat, à la suite d’une enquête nationale,
publie un document mettant en évidence la grande misère de l’équipement sportif et socio-
éducatif du pays. Les IVe
et Ve
Plans se saisissent de la question. S’ensuit le vote à l’unanimité
de la première loi de programme des ESE (1962-1965) le 28 juillet 1961 qui fait entrer le
terme dans la politique publique de l’Etat et des collectivités locales. Une seconde loi de
programme 1966-1970 précédé encore une fois d’une consultation nationale sera votée le 2
juillet 1965. On y quantifie les objectifs : 2655 terrains de sport, 532 piscines, 1345 gym-
nases, 707 maisons et foyers de jeunes, 286 locaux d’accueil, 577 colonies de vacances. Le
Moniteur des travaux publics et du bâtiment (mai 1969) divise les ESE en deux catégories :
les « équipements résidentiels » et les « équipements pour les vacances et les congés pro-
fessionnels ».
Ces plans d’équipement s’intègrent dans les deux politiques de relance du pays de
l’après-guerre : la reconstruction et le développement régional, politiques qui sont lancées
dans les années 1950. La politique des grands ensembles est lancée en 1955, année où le
décret Pflimlin du 30 juin 1955 instaure les « programmes d'action régionale » en vue de
« promouvoir l'expansion économique et sociale des différentes régions ». Par ailleurs, le IVe
Plan entraîne la création de 20 circonscriptions d'action régionale et à l'aménagement du
territoire. En 1963 est créée la Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régio-
nale (DATAR), à vocation interministérielle, qui prépare, impulse et coordonne les politiques
d’aménagement du territoire menées par l’Etat.
Par delà la politique de construction ou de reconstruction, le IVe
Plan 1962-1965 met
l'accent sur les aspects qualitatifs du développement, sur les conditions de vie plus que sur
le niveau de vie, comme le dit Pierre Massé (Le Plan ou l'anti-hasard, Hermann, 1991). Les
années 1960 sont ainsi celles où naissent les politiques que l’on baptisera plus tard du
terme de « qualité de la vie », et, en ce qui concerne l’éducation populaire, les politiques de
l’ « animation socioculturelle » et des loisirs, même si le Front populaire peut en revendiquer
l’antériorité. Ce n’est pas une surprise de constater qu’a lieu en décembre 1959 à Marly-le-
Roi (Yvelines) un colloque sur le rôle du Haut Commissariat à la Jeunesse et aux Sports dans
l’équipement et l’animation des centres socioculturels des grands ensembles immobiliers.
Je me propose, à travers l’évocation de ces années 1950-1960 et par l’analyse des do-
cuments administratifs et des réactions des acteurs, notamment des organisations
d’éducation populaire, de montrer comment s’est construite la politique des ESE, leur place
dans les activités des organisations et dans l’urbanisme, les exigences imposées aux archi-
tectes et la vision qui a pu en résulter des objectifs de l’éducation populaire.
Pierre Moulinier, ancien chargé d’études et de recherches,
ministère de la Culture et de la Communication
Séquence Planifier les équipements Vendredi 5 décembre
50 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
Enquête photographique nationale sur les réalisations de 100 clubs en 1971. Le 1000 club de Saint-Sylvain d’Anjou
(Main-et-Loire), Archives nationales, 19780387/13.
Séquence Planifier les équipements Vendredi 5 décembre
51 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
Les programmes « Albermarle » (1960) et « My Place » (2008) : les 2 seuls exemples
de financement d’État pour la construction de maisons de jeunes en Angleterre, par
John Ord
L’action des promoteurs du logement social en matière d’équipement socioculturel
(1965 à 2005) à travers l’exemple de l’Association pour les équipements sociaux (APES).
Entretien de Serge Gerbaud, ancien directeur de l’APES, par Évelyne Coggiola-Tamzali,
présidente de l’ADAJEP
« Témoignage d’un acteur de terrain chez un promoteur social, constructeur et gestion-
naire d’équipements et de locaux socioculturels. 40 ans d’une Association, adossée à un
bailleur social, et à un collecteur du 1% logement. Une démarche volontariste prenant au
sérieux le « pouvoir d’agir des habitants » et leur pleine « compétence » à prendre en charge
ce qui les concerne ! Investit pendant 30 ans sur ce chantier, je viens témoigner de l’alliance,
riche et productive, de celles et ceux qui ont réalisé, animé et engendré un vrai vivre en-
semble. » (Serge Gerbaud)
Centre social de Pontault-Combault construit en 1976 par l’APES, cliché d’Yves Sérailler à l’occasion d’une projec-
tion colorisée sur la façade du centre social en 2014.
L’équipement, l’animateur et le sociologue : de la collaboration à la contestation,
par Guy Saez
Dans la construction des équipements culturels, socioculturels, socioéducatifs, quelque
soient à ce stade les définitions choisies, on trouve un système d’acteurs qui est mobilisé
par la production de matérialités, les équipements précisément, et par la définition,
Séquence Planifier les équipements Vendredi 5 décembre
52 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
l’expression et le contrôle de besoins, auxquels les équipements sont censés répondent.
Cette communication souhaite faire entrer la recherche et les chercheurs comme acteur à
part entière d’un système de relations (où figurent déjà les segments administratifs de l’Etat,
les autorités locales et les élites associatives), c’est -à-dire comme co-responsables de la
matérialité des équipements et de la logique symbolique (ici les « besoins ») qui les sous-
tend. Cette co-responsabilité évolue avec le temps, de même qu’évoluent les formes (instru-
ments, méthodes, techniques) et le statut de la recherche (impliquée, appliquée, concernée).
L’existence des équipements a
suscité une littérature considérable qui
est à la fois une tentative pour ré-
pondre à la question « à quoi servent
els équipements ? » et une sorte de
terrain d’exercice théorique pour les
grands modèles des années 60 et 70.
On considérera donc ici les équipe-
ments comme l’objet de pratiques ré-
flexives plutôt que comme l’objet dési-
rable sur lequel décideurs publics na-
tionaux et locaux et associations ont
bâti un champ nouveau d’action pu-
blique.
Dans un premier temps, on re-
viendra sur la sorte d’esprit scientifique
que certains acteurs de l‘éducation po-
pulaire ont voulu donner à ce mouve-
ment après la guerre. Cet esprit scienti-
fique (qu’illustrent par exemple
l’entraînement mental et les enquêtes
de milieu des anciens uriagistes comme
Joffre Dumazedier et Paul-Henry Chom-
bart de Lauwe) est pleinement en phase
avec l’approche scientifique en honneur
dans les Commissions de planification
et bientôt dans les agences
d’urbanisme « opérationnel ». Ce sont
donc des intellectuels appartenant plei-
nement à l’Education populaire, en
charge de produire un savoir spécifique
qui ont contribué à forger l’idée de la nécessité d’une politique d’équipements. Et l’effort
politique que cela représente doit être fondé sur « les résultats de nouvelles recherches re-
levant des sciences sociales (dont) dépendent les progrès du développement culturel, et par-
tant de l’éducation populaire dans notre pays » (Joseph Rovan). Voilà qui légitime la coopéra-
tion entre l’animateur (militant), le planificateur et le sociologue. Cette structure de coopé-
ration entre ces différents rôles est la forme idéal-typique que J. Dumazedier avait énoncée
dans les années 1960.
A mesure que le nombre des équipements à construire croît, s’installe un second type
de réflexivité propre aux techniciens de la production des équipements. Il est ainsi néces-
saire dans un deuxième temps, de s’interroger sur l’apport des urbanistes et programma-
teurs à un moment où ils doivent proposer des solutions aux premières critiques et doutes
formulés à l’égard des équipements.
Le troisième temps enregistre, bien entendu, les craquements et remises en cause dues
à l’esprit de 68. Si l’équipement reste le médiateur d’une connaissance de la société, ce
n’est plus parce qu’il explore les promesses humanistes et/ou technicistes de la modernité
mais parce qu’il révèle le projet disciplinaire et l’ordre de la domination qui étouffe toute la
société. En « dévoilant » cet ordre, les chercheurs contribuent au discrédit des équipements,
et de ce qui reste de l’éducation populaire.
Edition originale, 1962, Archives nationales, 20130584/7, Joffre
Dumazedier.
Séquence Planifier les équipements Vendredi 5 décembre
53 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
En parcourant ces trois temps, on verra à quel point l’histoire des équipements est in-
séparable des heurs et malheurs (de quelques bonheurs peut-être aussi) de la sociologie
française.
Guy Saez, directeur de recherche au CNRS, UMR Pacte, Grenoble
Les auberges de jeunesse à l’heure de la planification (1955-1967) : Des « cabanes à
lapins » aux auberges standard entretien de René Sedes, ancien secrétaire général
de la Fédération unie des auberges de jeunesse (FUAJ) par Gaëtan Sourice,
archiviste, FONJEP-PAJEP
Né à Paris en 1932, René Sedes a exer-
cé des responsabilités nationales au sein
des auberges de jeunesse de 1954 à 1967,
notamment en tant que secrétaire général
de la Fédération unie des auberges de jeu-
nesse (FUAJ).
René Sedes va nous raconter la grande
mutation qu’ont connue les auberges de
jeunesse du milieu des années 1950 à la fin
des années 1960. Avec la création de la
FUAJ en 1956, qui regroupe presque toutes
les associations d’auberges de jeunesse, le
réseau va complètement se transformer.
On assiste alors à une quasi-disparition des
« cabanes à lapins » (pour reprendre le
terme d’autodérision trouvé par les militants
des auberges), c’est-à-dire des bâtiments les
plus divers (fermes, refuges, châteaux, ca-
sernes etc.) qui, depuis les années 1930 et
surtout depuis 1945, avaient été aménagés
et restaurés pour servir d’auberges. Ces
équipements étaient gérés directement par
des comités de gestion issus des groupes
locaux d’usagers, aussi appelés ajistes, pour
qui autogestion et émancipation sociale
allaient de pair.
Ces « cabanes à lapins » sont remplacées à partir de la deuxième moitié des années
1950, par un nombre plus restreints d’équipements neufs, construits ex-nihilo et dotés de
plus grandes capacités d’accueil. Ces nouveaux bâtiments se distinguent aussi par leur plan
: cuisines, dortoirs, place de la salle commune, etc. La FUAJ va d’ailleurs travailler avec un
jeune architecte, Roland Schweitzer, qui créée un style d’auberge de jeunesse alliant fonc-
tionnalité et vie collective à dimension humaine, qui va marquer ce type de construction pen-
dant de longues années.
Auberge de jeunesse à Poitiers, sans date, vers 1950, prêt
René Sedes.
Séquence Planifier les équipements Vendredi 5 décembre
54 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
Cette amélioration du
réseau est facilitée par
l’Etat à travers des plans
quinquennaux qui pous-
sent à une extension coor-
donnée des implantations
d’auberges. A partir de la
fin des années soixante,
ces équipements seront de
moins en moins gérés par
les comités de gestion is-
sus des ajistes mais par
des « parents aubergistes »
qui sont souvent d’anciens
usagers rémunérés et for-
més par la FUAJ. Dans
cette nouvelle organisa-
tion, les usagers voyant
leur place diminuer pro-
gressivement, désertent la
FUAJ.
Durant cette période,
la FUAJ a pu se constituer un réseau cohérent et moderne, la fréquentation des auberges a
explosé… Mais elle a perdu ce qui faisait son originalité : les ajistes, un mouvement
d’usagers autogestionnaire très minoritaire certes (moins de 15 000 personnes) mais très
militant, généreux, anticonformiste et émancipateur…
La réhabilitation des foyers de jeunes travailleurs (FJT) autour de l'accord Cadre
Etat/Caisse des dépôts et consignations/Union des foyers de jeunes travailleurs
(UFJT) et du mémento des espaces CSTB/UFJT, expérience du FJT de Cannes en
1985. Entretien d’Auguste Derrives, directeur de 1974 à 1990 et secrétaire Général
de l'UFJT de 1989 à 2002, par Nelly Paolantonacci, responsable communication,
Union nationale pour l’habitat des jeunes (UNHAJ, ex UFJT)
Nouvelle auberge de jeunesse de Poitiers construite en 1965, prêt René Sedes.
Séquence Projection de documents audiovisuels Vendredi 5 décembre
55 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
Séquence Projection de documents audiovisuels
Les équipements socioculturels de la banlieue rouge des années 1930 aux années
1970 à travers les archives audiovisuelles du Parti communiste français,
présentation par Marion Boulestreau, chargée de mission à Ciné-archives
L'association Ciné-Archives collecte, conserve et
valorise le patrimoine audiovisuel du PCF et du mouve-
ment ouvrier et démocratique.
Le fonds est composé de films réalisés, produits
et/ou distribués par le PCF, la CGT, les municipalités
communistes, et par des organisations de masses
proches du PCF (la FSGT, le journal L'Humanité, le
MRAP, le Secours populaire, l'Union des femmes fran-
çaises, le MJCF, le Mouvement de la Paix) depuis les
années 1920. Ciné-Archives a aussi engagé une collecte
de films amateurs auprès de militants et sympathisants
communistes ayant filmé leur vie militante.
Environ 1.200 titres sont disponibles à la consulta-
tion. Ce patrimoine cinématographique permet une
exploration du XXème siècle par le prisme communiste
: Front Populaire, Guerre d'Espagne, Libération et re-
construction de la France au lendemain de la seconde
guerre mondiale, Guerre Froide, anticolonialisme,
Mai 68, Communisme Municipal, Guerre du Vietnam,
Programme Commun...
Le site internet de Ciné-Archives
(www.cinearchives.org) propose en consultation gra-
tuite 500 films numérisés. On y trouve également des
parcours thématiques mettant en valeur un sujet (Front
Populaire, Guerre d'Espagne, Guerre Froide, Banlieue
rouge), ainsi que des ressources documentaires.
Les films présentés lors du colloque sont majoritai-
rement issus du fonds sur la banlieue rouge. Pour la
plupart commandités par les municipalités, ces films
mettent en avant les réalisations des villes commu-
nistes en termes d'urbanisme et d'équipements (écoles,
colonies de vacances, MJC, théâtre, foyer de jeunes tra-
vailleurs, bibliothèque, centre culturel et social...) des
années 1930 aux années 1970. Ces documents parlent
d'architecture, mais encore plus de l'usage – et parfois
du non-usage – de ces équipements.
De haut en bas :
Cour de récréation, Groupe Scolaire Octobre, Réalisa-
tions de la municipalité d’Alfortville (1935) © Ciné-
Archives
Plan de la future salle polyvalente de Malakoff, Mala-
koff votre ville (1971), © Ciné-Archives
Atelier couture au Centre culturel et social de Bagno-
let, Mieux vivre à Bagnolet (1971) © Ciné-Archives
Salle de jeux du foyer, Bobigny, Foyer de jeunes tra-
vailleurs (1973) © Ciné-Archives
Séquence Projection de documents audiovisuels Vendredi 5 décembre
56 COLLOQUE DES LIEUX POUR L’EDUCATION POPULAIRE : CONCEPTIONS, ARCHI-
TECTURE ET USAGE DES EQUIPEMENTS DEPUIS LES ANNEES 1930
« Construire autrement », film de Jacques Kébadian, réalisateur de documentaires
Suivi d’un débat avec le réalisateur
Pendant les travaux, le chantier est ouvert au
public", tel est une des particularités qui apparaît
comme un manifeste du chantier du Channel.
C'est celle que le réalisateur Jacques Kébadian va
suivre pendant toute la durée du chantier. En toile
de fond : la métamorphose des anciens abattoirs
de la ville de Calais en Scène nationale. Passage
d'un lieu de mort à un lieu de vie.
Visiteurs, curieux, écoliers, étudiants, archi-
tectes, ouvriers, artistes, vont se croiser, échan-
ger, discuter, apprendre, découvrir et, pour beau-
coup, s'ouvrir à un monde qui d'habitude lui est
strictement interdit : la vie d'un chantier.
Écoute, paroles, démonstration, participa-
tion, métiers, savoir faire, construction, travail,
voilà des mots clés que ce documentaire met en
scène avec parfois de l'humour et toujours de la
poésie.