Respect des bonnes pratiques de distribution dans un établissement de distribution pharmaceutique...

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Pharm Hosp 2008; 43 (174) : 135-140 © 2008. Elsevier Masson SAS. 135 ARTICLE ORIGINAL Respect des bonnes pratiques de distribution dans un établissement de distribution pharmaceutique du Mali : bilan et perspectives Respect of the good practices of distribution in a pharmaceutical establishment of distribution of Mali: assessment and prospects SANOGO Moussa 1 , OUMAR Aboubacar Alassane 2 , MAIGA Saïbou 2 , COOVI Lisette Corine 2 , KOITA Ibrahima 3 , TRAORE Aissata 4 , HARAMA Moussa 2 1. Laboratoire National de la Santé, Bamako, Mali, 2. Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontostomatologie, Bamako, 3. Coopérative pharmaceutique Malienne (Copharma), Bamako, 4. Centre National d’Odontostomatologie, Bamako. Auteur Correspondant : Dr SANOGO Moussa, Pharmacien, spécialiste en gestion hospitalière, Division Hygiène et Assainissement, Université de Montréal CP 6128 H3C 3J7 Montréal, Québec, Canada [email protected] Article reçu le 24/08/07 Accepté le 24/04/08 Conflit d’intérêt : les auteurs n’ont pas transmis leurs conflits d’intérêt Résumé But : Évaluer l’assurance qualité des bonnes pratiques de distribution (BPD) dans un établissement pharmaceutique au Mali. Matériel et méthode : Il s’agit d’une étude descriptive transversale qui s’est déroulée dans un établissement distributeur de produits pharmaceutiques : la COPHARMA SA. Notre travail a consisté à faire une description du cadre de l’étude et des différentes opérations réalisées dans la société pour procéder à une comparaison aux normes de qualité exigées et décrites par les règles de bonnes pratiques de distribution (BPD). Nous avons recueilli l’avis de la clientèle (100 clients de COPHARMA SA situés dans le district de Bamako) afin de mesurer leur niveau de satisfaction par rapport aux prestations de service de la société. Résultats : Il ressort de cette étude que la COPHARMA SA respecte beaucoup de critères demandés par les BPD. Néanmoins nous avons pu relever quelques manquements pour lesquels nous avons élaboré un programme d’activités. Nous espérons qu’il sera mis en pratique afin d’améliorer considérablement la qualité des services proposés par l’entreprise. Mots-clés : Assurance qualité, Normes, Bonne pratique, Distribution, Client. Summary Aims: Evaluate the quality assurance of good distribution practices in a company in Mali. Method: This paper deals with a transverse descriptive study which was preceded in a pharmaceutical wholesaler: COPHARMA SA. Our work consisted in a description of the framework of the study and various operations carried out in the company to proceed to a comparison to the stan- dards of quality required and described by the rules of good practices of dis- tribution (GPD). We collected the opinion of the customers ( 100 customers of COPHARMA SA, located in the district of Bamako) in order to measure their level of satisfaction compared to the provisions of services of the com- pany. Results: It comes out from this study that the COPHARMA SA satis- fies much of parameters concerning the GPD. Nevertheless, we could raise

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Pharm Hosp 2008; 43 (174) : 135-140© 2008. Elsevier Masson SAS. 135

A R T I C L E O R I G I N A L

Respect des bonnes pratiques de distribution dans un établissement de distribution pharmaceutique du Mali : bilan et perspectives

Respect of the good practices of distribution in a pharmaceutical establishment of distribution of Mali: assessment and prospects

SANOGO Moussa1,OUMAR Aboubacar Alassane2,MAIGA Saïbou2,COOVI Lisette Corine2,KOITA Ibrahima3,TRAORE Aissata4,HARAMA Moussa2

1. Laboratoire National de la Santé, Bamako, Mali,2. Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontostomatologie, Bamako, 3. Coopérative pharmaceutique Malienne (Copharma), Bamako, 4. Centre National d’Odontostomatologie, Bamako.

Auteur Correspondant : Dr SANOGO Moussa, Pharmacien, spécialiste en gestion hospitalière, Division Hygiène et Assainissement, Université de MontréalCP 6128H3C 3J7 Montréal, Québec, Canada

[email protected]

Article reçu le 24/08/07 Accepté le 24/04/08 Conflit d’intérêt : les auteurs n’ont pas transmis leurs conflits d’intérêt

RésuméBut : Évaluer l’assurance qualité des bonnes pratiques de distribution(BPD) dans un établissement pharmaceutique au Mali. Matériel etméthode : Il s’agit d’une étude descriptive transversale qui s’est dérouléedans un établissement distributeur de produits pharmaceutiques : laCOPHARMA SA. Notre travail a consisté à faire une description du cadre del’étude et des différentes opérations réalisées dans la société pour procéderà une comparaison aux normes de qualité exigées et décrites par les règlesde bonnes pratiques de distribution (BPD). Nous avons recueilli l’avis de laclientèle (100 clients de COPHARMA SA situés dans le district de Bamako)afin de mesurer leur niveau de satisfaction par rapport aux prestations deservice de la société. Résultats : Il ressort de cette étude que la COPHARMASA respecte beaucoup de critères demandés par les BPD. Néanmoins nousavons pu relever quelques manquements pour lesquels nous avons élaboréun programme d’activités. Nous espérons qu’il sera mis en pratique afind’améliorer considérablement la qualité des services proposés par l’entreprise.

Mots-clés : Assurance qualité, Normes, Bonne pratique, Distribution, Client.

SummaryAims: Evaluate the quality assurance of good distribution practices in acompany in Mali. Method: This paper deals with a transverse descriptive studywhich was preceded in a pharmaceutical wholesaler: COPHARMA SA. Ourwork consisted in a description of the framework of the study and variousoperations carried out in the company to proceed to a comparison to the stan-dards of quality required and described by the rules of good practices of dis-tribution (GPD). We collected the opinion of the customers (100 customersof COPHARMA SA, located in the district of Bamako) in order to measuretheir level of satisfaction compared to the provisions of services of the com-pany. Results: It comes out from this study that the COPHARMA SA satis-fies much of parameters concerning the GPD. Nevertheless, we could raise

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some failures for which we worked out a work program. We hope that itwill be into practice put in order to improve considerably quality of the ser-vices suggested by the company.

Key-words: Quality assurance, Standards, Good practical, Distribution, Customer.

INTRODUCTION

La prévention et le traitement des maladies nécessitentune disponibilité permanente et continue des médica-ments de qualité ainsi que l’accessibilité financière et géo-graphique aux populations. Pourtant, l’OrganisationMondiale de la Santé (OMS) estime qu’actuellement untiers de la population mondiale n’a pas accès aux médica-ments essentiels, chiffre qui monte à plus de 50 % dansles régions pauvres d’Afrique et d’Asie [1]. Pour palliercela, l’OMS propose un ensemble de réformes dans ledomaine de la santé. C’est ainsi que le Mali, à l’instar detous les pays en voie de développement, a répondu àl’appel de l’OMS qui est celui de l’adoption d’une politi-que de santé plus adéquate à la vie des populations [2]. Endécembre 1990, le Mali déclarait sa politique sectoriellede santé fondée sur l’Initiative de Bamako (IB). L’accèsaux médicaments de qualité est et demeure la préoccupa-tion du Mali et de l’OMS. Des orientations furent définiesà savoir : la diffusion des médicaments essentiels généri-ques (MEG), la complémentarité entre secteur public,privé et communautaire dans l’approvisionnement et ladistribution des médicaments. La fiabilité de l’approvi-sionnement et de la distribution est un élément clé del’accès aux médicaments [3, 4]. Un approvisionnementfiable en médicament nécessite la mise en place de sociétésd’importation et de distribution obéissant aux bonnesconditions de stockage, ainsi qu’aux lois et règlementsétablis au niveau national. Le secteur sanitaire est désor-mais considéré comme un endroit d’investissement privi-légié et l’accent a été mis sur le privé se traduisant par lalibéralisation de la profession. Aujourd’hui on recense auMali quinze distributeurs en gros dont les plus impor-tants sont : LABOREX, COPHARMA SA, CAMED [5].Dans le domaine de l’Assurance Qualité, la politiquepharmaceutique nationale (PPN) a pour but de rendreobligatoire l’enregistrement des médicaments à leurentrée sur le territoire malien et de favoriser la mise enœuvre de leur contrôle. Cependant les données de la litté-rature ont montré que les produits contrefaits représen-tent plus de 10 % du marché mondial du médicament etque le problème touche à la fois les pays industrialisés etles pays pauvres. On estime que 25 % des médicamentsconsommés dans les pays pauvres sont des contrefaçons

ou des produits d’efficacité inférieure [6]. Depuis de nom-breuses années les organisations et professions de santésont engagées dans une démarche qualité : en 1976 pourles fabricants de médicaments, en 1994 pour les labora-toires d’analyses biologiques et médicales, en 1996 pourles établissements de soins. Aujourd’hui les établisse-ments de vente en gros de médicaments sont aussi appe-lés à suivre cette démarche [7]. Les mesures prises parl’OMS face à ce problème ont été d’aider les pays concer-nés à renforcer leur législation pharmaceutique, les bon-nes pratiques de fabrication et veiller à ce que l’assurancequalité fasse partie intégrante de la chaîne d’approvision-nement et de distribution des produits pharmaceutiques.Pour renforcer la politique pharmaceutique nationaleexistante du Mali, le ministère de la Santé a élaboréun guide des bonnes pratiques de distribution (BPD)appliqué aux établissements de vente en gros de produitspharmaceutiques [8], mais aucune étude n’avait, jusqu’àprésent, évalué l’application des BPD dans un établisse-ment grossiste. C’est précisément le but de cette étude.

MÉTHODOLOGIE

L’étude s’est essentiellement déroulée dans le district deBamako (Mali) et plus précisément à COPHARMA.SA.La COPHARMA SA est un établissement de vente engros de produits pharmaceutiques. Située à Bamako(Banakabougou), cette agence créée en 1999, est membred’un réseau de distributeurs de médicaments : le groupeUBIPHARM. C’est une société anonyme (SA) constituéeessentiellement de pharmaciens maliens et qui a pourchamp de distribution le district de Bamako, les régions etcercles du Mali. Son chiffre d’affaire s’élève à environ6 500 000 000 FCFA en 2005, soit environ 10 millionsd’euros. La distribution porte sur les médicaments géné-riques et sur des spécialités pharmaceutiques. La sociétén’a pas de succursale. Cette étude a porté sur l’assurancequalité en grossisterie en mettant l’accent sur les BPD auniveau des ressources humaines, des locaux, de l’approvi-sionnement, de la réception et du stockage des produits,de la préparation des commandes et livraison, du retouret retrait de lots, de la clientèle et aussi de la documenta-tion de l’entreprise. Il s’agit d’une étude transversale

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descriptive. Elle a consisté à observer l’ensemble des acti-vités menées à COPHARMA SA pour ensuite les compa-rer aux exigences du guide des BPD. Notre travails’est déroulé de la période de mai 2006 à novembre2006. L’étude a porté sur l’élaboration d’un protocole, larecherche bibliographique, l’observation et la participa-tion aux différentes activités au sein de l’entreprise, lesentretiens avec les personnes ressources, le recueild’informations à travers les fiches d’enquête et enfin lasaisie et l’analyse des données. L’échantillon était com-posé de :– personnel : 42 membres du personnel, vis-à-vis des-quels nous avons recherché l’obtention d’un consente-ment pour mener l’enquête,– magasins : les quatre magasins ont fait partie de notreéchantillon,– clients : sur 182 officines que compte le district deBamako, 100 ont été concernées par notre étude. Seulesdes officines desservies par COPHARMA SA se trouvantdans le centre ville ont été incluses. Les officines de lazone périurbaine de Bamako n’ont pas été retenues parmanque de moyen de transport. Les outils utilisés dans la collecte de nos données sont unguide d’entretien, des questionnaires et des fichesd’observation. Le guide d’entretien a été utilisé dans lecadre des entretiens individuels avec les responsables deCOPHARMA en vue des formations du personnel. Unquestionnaire individuel adressé à l’ensemble des clientsde notre échantillon d’officines visait à évaluer leur satis-faction par rapport à la COPHARMA. Les fiches d’obser-vation concernant les différents magasins ont permis derecenser les observations et de les comparer aux normesdes BPD. Un questionnaire individuel a été adressé àl’ensemble du personnel de la société. Le traitement etl’analyse des données ont été effectués à l’aide du logicielEPI INFO Version 3.2.2.

RÉSULTATS

Ressources humaines : sur les membres de notre échan-tillon (31/42), 71 % n’ont pas suivi une formation conti-nue. Cette tendance est surtout élevée chez les personnelstravaillant dans les magasins et la raison invoquée le man-que de financement. Il ressort que le pourcentage depharmaciens s’élève à 12,9 % des effectifs, le reste du per-sonnel est surtout constitué de comptables et de magasi-niers (tableau I). Sur l’ensemble de notre échantillon,58,1 % n’ont pas entendu parler des bonnes pratiques dedistribution. Six personnes ont déclaré avoir suivi des for-mations sur les BPD, soit un pourcentage de 19,4 %.Locaux : les magasins de stockage et l’aire de préparationdes commandes de la COPHARMA SA couvrent unesuperficie de 1380 m2. Pour la sécurité, les magasins sont

convenablement fermés avec des cadenas et la sur-veillance est assurée en permanence par l’équipe de gar-diennage. L’accès est réglementé à l’aide d’une affichesituée devant les magasins interdisant l’accès à toute per-sonne étrangère. Le nettoyage et l’entretien des locauxsont assurés par les magasiniers qui utilisent des produitspermettant la lutte contre les parasites et animaux nuisi-bles, il n’existe pas d’enregistrement périodique de latempérature (tableau II). Approvisionnement : nous avons pu constater àCOPHARMA l’existence d’un organigramme détaillé,explicitant la hiérarchie respectée au sein de l’entreprise.Les procédures opératoires ne sont pas écrites et affi-chées, cependant l’information est transmise aux fournis-seurs dans les meilleurs délais. Réception et stockage des produits : tous les produits sontstockés soit sur des palettes, soit sur des étagères et clas-sés selon un code géographique. Il a été prévu des zonesde rebut pour les produits à détruire. On note qu’une véri-fication du stock est faite à l’aide d’un système d’inven-taire permanent et des fiches de mouvements de stock.Les règles de réception et de vérification sont respectéespour 13 sur 16 des critères retenus. On peut noterl’absence de zone de réception et de vérification bien iden-tifiée, ces deux opérations ont lieu dans le magasin caisse(tableau III).

Tableau I. Répartition des personnels en fonction de leur qualification.Table I. Manpower deployment according to their qualification.

Profil Fréquence Pourcent

Magasinier 9 29,0 %

Technicien Électricité 1 3,2 %

Comptable 7 22,6 %

Informaticien 5 16,1 %

Gestionnaire 1 3,2 %

Pharmacien 4 12,9 %

Secrétaire 3 9,7 %

Transitaire 1 3,2 %

Total 31 100,0 %

Tableau II. Superficie des magasins et aire de livraison.Table II. Surface of the stores and surface of delivery.

Magasins/ Aire de livraison

Longueur(m)

Largeur(m)

Superficie(m2)

Magasin caisse 35 20 700

Magasin déballé 30 10 300

Magasin sensible 30 10 300

Aire de livraison 20 4 80

Total 1 380

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La préparation des commandes et livraison : pour les cri-tères retenus concernant la préparation et la livraison descommandes clients, les BPD sont respectées pour dix cri-tères sur onze. Retours et retraits de lots : le processus de retrait des pro-duits est effectif à COPHARMA SA avec l’aide de logicielspermettant d’identifier les clients qui ont commandé lesproduits défectueux et de les alerter. Cependant il n’existeaucune procédure écrite qui explique les étapes à suivre.La démarche est effectuée de façon informelle et peut, parmoment, présenter des risques de distorsions. Il n’existepas de procédure écrite pour le traitement des retours deproduits. Cinq critères sur six sont respectés (tableau IV). Documentation de l’entreprise : sur l’ensemble des docu-ments imposés par la réglementation, la société disposedu livre des inventaires, du registre des bons de comman-des et du registre des bons de livraison. Cela est dû au sys-tème organisationnel de la société qui prévoit la conserva-tion des autres documents dans des fichiers informatisés.En matière d’assurance qualité, les documents dont dis-pose la société sont un manuel-qualité, les procéduresconcernant la réalisation des inventaires et des auto-ins-pections. L’absence de documents importants comme lesprocédures de formation du personnel, de nettoyage etd’entretien des locaux de stockage, de réception, de prépa-

ration des commandes et de traitements des réclamationsconstituent des insuffisances pouvant entacher le fonc-tionnement de la COPHARMA SA ainsi que la traçabilitédes activités menées (tableau V).Clientèle : la livraison de commandes incomplètes repré-sente environ 26 % des insatisfactions. Les retards delivraison ont souvent pour cause un retard dans la prépa-ration des commandes au niveau des magasins ou dugrand nombre d’officines à desservir par un mêmelivreur. Concernant l’emballage et l’identification descolis, la satisfaction des clients est de 82 %. 71 % desclients se déclarent satisfaits des avantages commerciauxappliqués par la société. Selon notre sondage, 88 % desinterviewés trouvent que les réclamations adressées à lasociété sont bien traitées et dans les délais. Lors de la priseet du traitement des commandes, les clients se plai-gnent de l’inaccessibilité des lignes téléphoniques, de

Tableau III. Opérations de réception et de vérification des produits commandés par la société.Table III. Operations of reception and checking of the products ordered by the company.

OUI NON

Zones de réception et vérification séparées et identifiées

+

Instructions opératoires affichées +

Procès verbal de réception +

Date de réception +

Heure de réception +

Nom du responsable de la réception +

Date de vérification +

Heure de fin de vérification +

Nom du responsable de vérification +

Identification et orientation immédiate des produits stupéfiants

+

Identification et orientation immédiate des produits de la chaîne de froid

+

Vérification de conformité à la commande qualitative et quantitative

+

Vérification des dates de péremption +

Vérification et relevé du n° de lots +

Notification des produits détériorés ou d’anomalies. Stockage rebut

+

Existence d’un second contrôle vérificateur +

Tableau IV. Opérations de retour des produits non défectueux. Table IV. Operations of return of the nondefective products.

OUI NON

Mise en quarantaine dès réception +

Procédures écrites du traitement des retours +

Responsable désigné pour le traitement des retours +

Examen minutieux des conditions de retour +

Décision d’éventuelle remise en circulation par le pharmacien responsable

+

Enregistrement des mouvements et des décisions avec n° de lot

+

Tableau V. Documents qualité dont dispose l’établissement.Table V. Documents quality available to the establishment.

OUI NON

Manuel qualité +

Procédure de : Gestion du personnel +

Formation du personnel +

Entretien et nettoyage des locaux et du matériel +

Étalonnage des appareils +

Approvisionnement et réception des produits +

Stockage et sécurité des produits +

Préparation des commandes, emballage et livraison

+

Suivi des produits soumis à une réglementation particulière

+

Traitement des retours, réclamations et rappels des produits

+

Réalisation des inventaires +

Réalisation des auto-inspections +

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l’irrégularité des appels de la société vers les clients, del’accueil téléphonique et de la conformité des comman-des à la livraison.

DISCUSSION

Cette étude a été réalisée chez un grossiste de Bamako surla totalité de son infrastructure, mais sur une partie de sonpersonnel et de sa clientèle. Elle a étudié l’assurance qua-lité en se penchant sur l’application des BPD. Elle n’a paspris en compte l’assurance qualité se rapportant à toutesles étapes qui précèdent l’arrivée des produits dansl’entreprise, ni le degré de satisfaction des clients se trou-vant en région ou en périurbain de Bamako car nousn’avons pas eu les moyens nécessaires pour recueillir cesinformations. L’étude ne s’est pas intéressée au systèmeinformatique hormis l’enregistrement des données carnous ne disposons pas d’outils nécessaires nous permet-tant d’évaluer cet aspect de la qualité. Cette entreprise de distribution de médicaments est pla-cée sous la responsabilité d’un pharmacien, tel que celaest stipulé par l’arrêté N°91-4318 /MSP AS- PF/CAB [7].Un organigramme clair présente la hiérarchie des postesde l’entreprise. Nous avons constaté que l’entreprise nepossédait pas de fiches de fonction alors que les BPD [8]prévoient que chaque poste soit accompagné d’une fichede fonction décrivant les responsabilités, les missions etles tâches afférentes.Concernant la qualification du personnel nous avonsremarqué que le niveau minimum était le secondairepour les magasiniers, pour les pharmaciens le doctorat enpharmacie et pour les comptables, informaticiens etsecrétaires les diplômes correspondants. Des résultatssimilaires ont été décrits par Sidibé pour l’ensemble dupays (Mali) en 2004 [3]. D’après notre enquête, la part depersonnels n’ayant jamais entendu parler des BPD estimportante. Pourtant la formation aux BPD est obliga-toire pour l’ensemble du personnel. Elle permet d’appor-ter un niveau de sensibilisation à la qualité pharmaceuti-que et à l’éthique qui sous-tend une technicité adaptée etciblée sur le poste de travail pour le personnel affecté auxopérations pharmaceutiques [3, 8-11]. Des engagementsde la direction en matière de formation et la stratégieadoptée doivent être déployés concrètement dans un pro-gramme de formation aux BPD. Ces engagements seronttraduits par la mise en œuvre de cette formation et toutesles traces de ces actions devront être conservées pourprouver leur mise en place. Ainsi les éléments de qualitédes BPD seront intégrés dans le savoir-faire de tous lesmembres du personnel. La question de l’évaluation dupersonnel est un point majeur et sa mise en place vientd’être enclenchée à COPHARMA SA. Les BPD mettentaussi l’accent sur la nécessité de prévoir un remplaçant

pour tout poste à responsabilité. À ce titre, la volonté de ladirection de COPHARMA SA a été de développer un sys-tème de polyvalence chez chaque responsable de départe-ment afin qu’ils puissent se suppléer mutuellement.Cependant, ceci n’apporte pas une réponse définitive auxrecommandations faites par les normes [9].L’ensemble de la superficie réservée au stockage et à lapréparation des commandes est de 1 380 m2. Selon nous,elle est relativement suffisante quand on considère levolume d’activité de la société. Les conditions d’accès et leflux du personnel sont assez bien contrôlés. L’éclairageest un facteur qui n’a pas été pris en compte dans cetteétude car les produits étaient conditionnés dans desemballages adéquats empêchant toute action nuisible dela lumière. Cependant, considérant les risques généréspar un mauvais entretien des locaux, il est impératif dedéfinir des procédures d’entretien qui seront rédigées etaffichées.Ces produits pharmaceutiques gérés sont soumis à uncontrôle au niveau de la douane au Mali. Nous avons puconstater que l’ensemble des produits possèdent desautorisations de mise sur le marché comme l’exige leguide de BPD.L’opération de réception s’effectue dans le magasin caissede l’entreprise selon les étapes prévues par les BPD, àsavoir : la vérification de la conformité des commandes,l’enregistrement des lots et dates de péremption. Les opé-rations de réception terminées, les produits sont stockésdans la zone réservée selon son code géographique. Unsystème informatique permet de sortir quotidiennementles anomalies constatées sur le stock. Le chargé de la ges-tion des stocks procède donc chaque jour à une vérifica-tion de stock. À l’issue des vérifications, des fichesmanuelles de mouvements de stock sont établies afin decorriger les déséquilibres et les dysfonctionnements cons-tatés sur le stock.Alors que les opérations de préparation et de livraison descommandes respectent la quasi-totalité des recommanda-tions des BPD, on constate des retards dans les livrai-sons. Dans certains cas, on constate l’absence de procé-dures écrites et affichées. Des résultats similaires ont étédécrits par d’autres auteurs [9, 10].Le retrait des produits et le traitement des réclamationsclients sont effectifs à COPHARMA SA. À ce niveau nousavons constaté que le problème majeur de cette entrepriseest l’absence de procédures écrites et affichées décrivantles différentes étapes à suivre dans la réalisation des opé-rations depuis l’approvisionnement jusqu’au traitementdes réclamations des clients.La documentation « papier » concernée est presqueinexistante, en contradiction formelle avec les BPD.Diarra a trouvé des résultats similaires à l’hôpital GabrielTouré sur une autre problématique [2]. Mais cela s’expli-que par le fait que la COPHARMA SA a développé une

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politique qui tend à l’informatisation de toute sa docu-mentation. Les imprimés ont donc tendance à disparaîtreau profit des fichiers informatiques. Les procédures rela-tives aux diverses opérations sont inexistantes. Des auditsinternes sont effectués dans l’entreprise de façon semes-trielle et organisés par des personnes compétentes. Nousn’avons pas pu accéder aux rapports d’audit déjà effectuéspour des raisons de confidentialité. Cependant, les nor-mes exigent une fréquence des audits internes qui cou-vrent la totalité du système et des activités techniques.Pour ce faire, le système d’audit devrait être constituéd’une procédure d’audit, de l’élaboration structurée etdocumentée d’un programme d’audit. Une fois l’auditterminé, l’enregistrement des résultats et le rapportd’audit doivent être diffusés pour permettre la mise enplace des actions correctives [8].La majorité des clients estiment que la société présente ungrand nombre de références, cependant, nous avonsconstaté des cas de ruptures de stocks. Aurore avait trouvédes résultats semblables à Dakar [9]. Dans notre étude,seulement 52 % des clients sollicités considéraient lesprix pratiqués par la société comme assez abordables.71 % d’entre eux se disaient satisfaits quant à la fraîcheur(plus de deux ans de la date de péremption) des lots propo-sés contre 9 % qui ont fait état de dates de péremptiontrès proches. Cela implique que la société fasse encore desefforts sur les prix et améliore les livraisons. Lors de laprise et du traitement des commandes, les clients se plai-gnent de l’inaccessibilité des lignes téléphoniques, del’irrégularité des appels de la société vers les clients, del’accueil téléphonique et de la conformité des comman-des à la livraison. Bien que les clients soient en majoritésatisfaits du traitement des réclamations adressées à lasociété, il subsiste encore une marge d’amélioration dansle traitement des réclamations. Ces résultats confirmentce qui a déjà été rapporté par ailleurs [3, 9, 11]. Concernantles clients peu ou pas satisfaits, il serait intéressant de lesinformer sur les avantages comparatifs qu’offre laCOPHARMA SA, par rapport aux différents concurrentsde la place. Il ressort de l’étude que les clients sont, dansl’ensemble, satisfaits des prestations de service de laCOPHARMA SA mais que cette dernière doit s’appesan-tir sur les différents besoins exprimés par sa clientèlepour une amélioration de la qualité. D’autres études onttrouvé les mêmes résultats [2, 3, 9, 11].

CONCLUSION

Nous avons évalué le niveau d’assurance qualité pratiquéepar la COPHARMA SA en tenant compte de certainsparamètres liés aux ressources humaines, aux locaux, aucircuit de distribution et à la satisfaction du client. Nousrecommandons la formation du personnel sur les BPDpour améliorer la qualité de la documentation, de l’entre-tien des locaux et l’information des clients. En outre, laformalisation des procédures relatives aux différentesopérations menées améliorerait indéniablement le circuitde distribution. Enfin, des progrès en matière de disponi-bilité du service d’accueil et des responsables de la direc-tion pourraient constituer un facteur d’accroissement dela satisfaction des clients.

RÉFÉRENCES

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