REFLEXIONS SUR LES PAYS LES MOINS AVANCES FACE AU …
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Année universitaire 2011-2012
UNIVERSITE D’ANTANANARIVO
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FACULTE DE DROIT, D’ECONOMIE, DE GESTION ET DE SOCIOLOGIE
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DEPARTEMENT ECONOMIE
…………………….……………………………………………
Option :MACROECONOMIE ET MODELISATION
……………………………………………………………………………………………………………………
MEMOIRE DE FIN D’ETUDES POUR L’OBTENTION DU DIPLOME
DE MAITRISE ES- SCIENCES ECONOMIQUES
REFLEXIONS SUR LES PAYS LES REFLEXIONS SUR LES PAYS LES REFLEXIONS SUR LES PAYS LES REFLEXIONS SUR LES PAYS LES
MOINS AVANCES FACE AU LIBRE MOINS AVANCES FACE AU LIBRE MOINS AVANCES FACE AU LIBRE MOINS AVANCES FACE AU LIBRE
ECHANGEECHANGEECHANGEECHANGE : CAS DE MADAGASCAR: CAS DE MADAGASCAR: CAS DE MADAGASCAR: CAS DE MADAGASCAR
Impétrant : RAKOTOVAO Rollando
Encadreur : Mr RAKOTOARISON Rado Zoherilaza
« Maitre de conférences »
Date de soutenance : 22 Mai 2013
i
REMERCIEMENTS
Nos remerciements et nos reconnaissances s’adressent en premier lieu à notre Dieu
tout puissant source de sagesse, de connaissance ainsi que de bonté. Car s’il ne bâtit pas la
maison, ceux qui la bâtissent travaillent en vain. (Psaume 127 :1)
Ensuite, ce mémoire n’aurait jamais pu voir le jour sans l’aide et le concours d’autrui.
Ainsi, je tiens à exprimer mes vifs remerciements à tous ceux qui ont participé de près ou de
loin, à l’élaboration de ce travail.
- Monsieur RAKOTOARISON Rado Zoherilaza qui, malgré ses multiples occupations, nous a
consacré son temps en donnant des conseils et instructions dans l’élaboration de ce travail ;
- Aux Responsables du Centre d’Information Technique et Economique (CITE)
- Aux Responsables de la Bibliothèque Universitaire;
- Aux Responsables du Centre d’Information Public de la Banque Mondiale ;
-Aux Responsables du Centre de documentation à l’Institut National de Statistique à
Antananarivo ;
Je tiens aussi à remercier ma famille et à mes amis qui m’ont soutenu tant moralement
que financièrement lors des moments difficiles que j’ai dû affronter pendant mes études. Sans
eux, tous mes efforts auraient été vains.
En fin, je réitère ma profonde gratitude à toutes et à tous.
Merci bien !
ii
GLOSSAIRE DES MOTS CLES
� Avantage comparatif : c’est l’ensemble des ressources qu’un pays déteint en
abondance et qu’il devrait se spécialisé. Pour Ricardo, l’avantage comparatif est exprimé à
partir des prix relatifs internes ou coût d’opportunité.
� Balance des paiements : synthèse comptable des relations d’une économie avec le
reste du monde.
� Bonne gouvernance et mauvaise gouvernance : la gouvernance est une vaste notion
qui englobe tous les aspects de la gestion des affaires d’un pays, notamment la politique
économique, le cadre réglementaire et l’état de droit. La corruption, l’abus d’autorité ou de
confiance dans l’exercice de la puissance publique détournée à des fins d’enrichissement
personnel, y est étroitement liée, la mauvaise gouvernance ouvrant la voie aux abus et incitant
davantage à la corruption. La corruption mine la confiance de l’opinion publique à l’égard des
pouvoirs publics. Elle menace aussi l’intégrité du marché, fausse la concurrence et nuit au
développement économique.
� Démocratie : elle désigne un système de gouvernement dans lequel la source du
pourvoir vient du peuple et où le peuple exerce le pouvoir.
� Libéralisme : système économique caractérisé par la limitation de l’intervention de
l’Etat dans l’économie en laissant la place aux secteurs privés, la prédominance de la
propriété privée des moyens de production, et le principe de fixation des prix par le marché.
� Libre échange : libre circulation des produits entre les pays, caractérise par la
suppression de toutes les entraves aux échanges.
� Mondialisation de l’économie : interdépendance économique entre les pays qui a
comme aspect : la libéralisation financière, libéralisation technologique, et libéralisation du
commerce.
� Pauvreté : la définition de la PNUD permet de dégager 3 caractères de la pauvreté :
iii
- Pauvreté extrême : une personne vie dans l’extrême pauvreté si elle ne dispose pas de
revenu nécessaire pour satisfaire ses besoins alimentaires essentiels, habituellement défini sur
la base des besoins caloriques minimums (2200 Kcal pour l’homme et 2000 Kcal pour la
femme)
-Pauvreté générale : une personne vie dans la pauvreté générale si elle ne dispose pas
d’un revenu suffisant pour la satisfaction de ses besoins essentiels non alimentaires
-Pauvreté humaine : c’est l’absence des capacités humaines de base : l’analphabétisme, la
male nutrition, la longévité réduite, la mauvaise santé maternelle, la maladie pouvant être
évitée.
� Pays les moins avancés : Groupe de pays les plus pauvres du monde.
� Termes de l’échange : le rapport entre les prix des produits exportés par un pays et les
prix des produits qu’il importe.
iv
SIGLES ET ABREVIATIONS
ACP : Afrique-Caraïbe-Pacifique
BM : Banque Mondiale
CAS : Crédit d'Ajustement Structurel
CEE : Communauté Economique Européenne
COI : Commission de l'Océan Indien
COMESA : Common Market for Eastern and Southern Africa
DCPE : Document Cadre de la Politique Economique
DIT : Division Internationale du Travail
DSRP : Document Stratégique pour la Réduction de la Pauvreté
DTS : Droit de Tirage Spéciaux
EPM : Enquête Périodique auprès des Ménages
FMI : Fond Monétaire International
FMN : Firme Multinationale
IDE : Investissements Direct Etrangers
INSTAT : Institut National de la Statistique
IPPTE : Initiative pour les Pays Pauvres Très Endettés
LE : Libre échange
MAP : Madagascar Action Plan
NPI : Nouveaux Pays Industrialisés
OMC : Organisation Mondiale du Commerce
OMD : Objectif du Millénaire du Développement
PAS : Plan d'Ajustement Structurel
PIB : Produit Intérieur Brut
PMA : Pays les Moins Avancés
SADC : Southern African Developpement Community
ZFI : Zones Franches Industrielles
v
SOMMAIRE
INTRODUCTION ............................................................................................................ 1
PARTIE 1: LE LIBRE ECHANGE ET LES PAYS LES MOINS AVA NCES .......... 3
Chapitre 1: Les fondements théoriques du libre échange ................................... 4
Section 1 : Les fondateurs : Adam Smith et David Ricardo .................................... 4
Section 2 : Le prolongement des théories du libre échange .................................... 6
Chapitre 2: Les mutations du commerce international et les organisations du
libr e échange ........................................................................................ .9
Section 1 : Les mutations du commerce .................................................................. 9
Section 2 : Les organisations du libre échange ....................................................... 11
Chapitre 3: Définition des pays les moins avancés .............................................. 14
Section 1 : Le sous développement en débat ........................................................... 14
Section 2 : Les pays les moins avancés .................................................................. 18
PARTIE 2: APPROCHE ANALYTIQUE DE LA REALITE ECONOMIQUE
MALAGASY FACE AU LIBRE ECHANGE ................................................................ 21
Chapitre 1: Situation de Madagascar dans le contexte international,
ses problèmes ..................................................................................... 22
Section 1 : Avantages comparatifs .......................................................................... .22
Section 2 : Madagascar parmi les pays les moins avancés. ..................................... 25
Section 3 : Problèmes de notre économie ................................................................ 32
Chapitre 2: Contexte du libre échange. ................................................................ 38
Section 1 : Contexte national ................................................................................... 38
Section 2 : Contexte international ........................................................................... 41
Chapitre 3: Atouts majeurs de Madagascar, opportunités et inconvénients du
libr e ...................................................................................................... 44
Section 1 : Atouts majeurs de Madagascar face au libre échange ........................... 44
Section 2 : Opportunités du libre échange ............................................................... 47
Section 3 : Inconvénients du libre échange ............................................................. 53
CONCLUSION .................................................................................................................. 59
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 1
IntroductionIntroductionIntroductionIntroduction
A la recherche d’une société plus parfaite, les hommes n’arrêtent pas de se
débarrasser du caractère imparfait de l’ordre existant en s’ingéniant dans la nouvelle invention
d’idées et de théories. A l’heure où nous vivons, de nombreuses théories économiques sont
disponibles et appartiennent à des courants de pensées différentes qui suscitent à la formation
de système économique. Désormais, deux systèmes économiques qui se diffèrent par leur
degré de liberté rivalisent le monde économique. D’un côté, le système libéral, qui prône le
libéralisme c'est-à-dire la non ingérence de l’Etat dans l’économie et il se repose sur
l’individualisme, sur un ordre naturel régissant le fonctionnement de l’économie et la
propriété privée des moyens de production. De l’autre côté, le système socialiste, qui est un
système planifié c'est-à-dire géré par l’Etat ; c’est l’Etat qui dicte les décisions économiques
et il est caractérisé par la socialisation des moyens de production.
Après l’effondrement de l’URSS, le libéralisme qui est une doctrine selon laquelle la
meilleure organisation des relations est celle fondée sur la liberté ainsi que des règles de
fonctionnement du marché, prend de l’ampleur et domine l’économie internationale. Presque
tous les pays du globe orientent leur plan de développement vers ce système, qu’ils soient dits
de développés ou de sous développés. Parallèlement à la dominance de ce système, le
commerce mondial prend également de l’ampleur. L’échange international, dénommé libre
échange, est considéré comme la solution universelle permettant de résoudre le problème de
développement et comme le système qui optimise le mieux les moyens de production. Le libre
échange se définit comme la libre circulation des produits entre les pays. La majorité des pays
du monde adhère au concept du libre-échange et s’engage à éliminer toutes les entraves à
l’échange, entre autre, à l’élimination des barrières à la circulation des biens et des capitaux.
La plupart des pays en développement, Madagascar y compris, opte pour ce système pour se
libérer des problèmes qui vont à l’encontre de leur développement. Cependant, cela n’a pas
pour autant résolu leur problème de développement. C’est la raison du choix de notre thème :
« Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar ».
Après plus de 25 ans de libéralisme, la pauvreté de Madagascar n’est pas encore
résolue, les mêmes problèmes subsistent. Cette réalité nous amène à poser la problématique
suivante : « Le Libre Echange a-t-il contribué à surmonter les maux qu’a vécus les pays
les moins avancés ?»
Pour apporter des éléments de réponse à cette question, nous partons sur le cas de
Madagascar et dans la conclusion, nous allons extrapoler les résultats sur l’ensemble des pays
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 2
les moins avancés dans l’hypothèse que : « la libre circulation des capitaux et des
marchandises a contribué au développement des pays les moins avancés ». Pour ce faire,
des recherches ont été réalisées avec les moyens disponibles ; la méthodologie suivante a été
adoptée : En premier lieu, nous avons effectué des revues de littératures, collecté les
informations et posé différentes questions intéressant notre sujet. En second lieu, nous avons
procédé à des enquêtes auprès des institutions et organismes privés et ministériels cernés par
notre préoccupation et nous avons recueilli différentes informations fournies par les masses-
media, magazines, radio, TV,….Et finalement, nous avons réuni et analysé les données axées
sur notre thème de recherche.
Le travail comporte deux grandes parties : la première est consacrée au survol du libre
échange et des pays les moins avancés. Nous y analysons successivement : les fondements
théoriques du libre échange, les mutations du commerce et les organisations du libre échange,
ainsi que le débat sur le sous développement. Dans la deuxième partie, nous procédons à
l’analyse de la réalité économique malagasy à travers la structure existante et ses problèmes et
enfin, nous avons traité les opportunités et les inconvénients du libre échange.
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 3
Partie1 : Le libre
échange et les pays les
moins avancés
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 4
L'Organisation Mondiale du Commerce souligne que les échanges ont des caractères
internationaux dès qu'il y a franchissement d'une frontière lors d'un déplacement d'un bien ou
à l'occasion de la fourniture d'un service. Les rapports annuels de cette organisation montrent
une progression rapide des échanges internationaux. La libéralisation du commerce
international en est la principale cause. Elle se caractérise par la libre circulation des produits
entre les pays. Le libre échangisme est une doctrine de la liberté du commerce entre les
nations qui préconise la suppression de toutes les entraves au commerce. Dans cette partie,
nous allons exposer les différentes théories favorables au libre échange, les mutations du
commerce international, les organisations du libre échange et la définition des pays les moins
avancés.
Chapitre 1 : Les fondements théoriques du libre échange
Nombreuses théories favorisent et considèrent le libre échange (LE) comme meilleur
moyen de sortir du sous développement. Nous ne tiendrons ici que les fondements qui se
reposent sur la théorie classique et le prolongement néoclassique.
Section 1 : Les fondateurs : Adam Smith et David Ricardo
Adam Smith et David Ricardo ont été les premiers à exposer les avantages que
pourraient tirer les pays pour libéraliser leurs échanges. Leurs thèses ont été prolongées par la
théorie du XXe siècle en réitérant l’analyse des déterminants et des gains de l’échange, tout en
demeurant intensément libre échangiste.
1) Théorie d’avantage absolu d’Adam Smith
Adam Smith dans la « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des
nations » avance que pour faciliter l’augmentation de la production, une spécialisation des
tâches ou encore une division du travail est nécessaire. Au fur et à mesure que cette
spécialisation est poussée, la production sera élevée. Par la suite, la division du travail sera
l’origine de la division internationale du travail (DIT) et le libre échange. Dans sa théorie
d’avantage absolu, le LE suppose une certaine division internationale du travail. Ainsi, chaque
pays se spécialise dans un secteur ou dans un produit où il a un avantage absolu c'est-à-dire
qu’il est le producteur le plus efficace de ces biens. En d’autre terme, un pays doit se
spécialiser dans la production d’un bien qui lui procure moins de coût que les autres. Dans le
cadre de cette spécialisation alors, il y a exportation des produits avec avantage absolu et
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
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importation des produits avec un désavantage absolu. Le gain de l’échange provient de
l’importation des biens et services à moindre coût. Laquelle met à la disposition des
consommateurs une plus grande variété de biens et services.
Dans le cas de Brésil, par exemple, avec son climat tropical et mains d’œuvre à bon
marché, ces ressources lui place en meilleur rang dans la plantation de banane. Même, en
utilisant la même quantité d’input (travail, capital, terre, entrepreneur), le pays, avec un climat
modéré qu’en France, pourra produire plus de banane. Le Brésil a donc un avantage absolu en
produisant de la banane que France. Par conséquent, le Brésil doit exporter de banane et
importer d’autres produits qu’il en est en désavantage absolu. De même pour la France, elle
doit importer de banane dans laquelle elle est en désavantage absolu et exporter d’autres
produits sur lesquels elle a un avantage absolu.
2) Théorie d’avantage comparatif de David Ricardo
Dans son livre intitulé « Principes de l’économie politique et de l’impôt », paru en
1817, l’économiste classique britannique David Ricardo (1772-1823) présente sa conception
de l’économie. Dans le souci de réaliser un profit élevé, Ricardo est favorable au LE. Il pense
que l’importation de blé permet de retarder la baisse tendancielle du taux de profit que le
capitaliste a vécu à l’époque. A part cela, il raisonne aussi que chaque pays a intérêt à se
spécialiser et que les échanges s’équilibrent automatiquement. Il affirme également que le LE
et la spécialisation sont toujours favorables et concernent toutes les nations même les pays les
moins compétitifs. Il justifie en effet le LE par la loi des avantages comparatifs. Selon cette
loi, quelle que soit la situation d’un pays, la spécialisation et l’échange internationale lui
procurent un gain. Les pays ont intérêt à se spécialiser dans les produits pour lesquels ils sont
les plus avantagés ou les moins désavantagés. C’est à dire que même si un pays est en
désavantage absolu pour les différents produits par rapport à un autre pays, il aura intérêt au
commerce international s’il se spécialise dans le produit où son désavantage est le plus faible.
On dit que ce pays a un avantage comparatif. L’avantage comparatif est la capacité d’un pays
à produire un produit à coût d’opportunité moindre que ceux des autres. Toujours selon cet
économiste, le commerce ne peut pas être source de déséquilibres durables car la balance des
comptes s’équilibre automatiquement.
Imaginons deux pays X et Y1, produisent de haricot et de maïs avec le même montant
d’input. Admettant qu’en première année, en produisant de haricot, le pays X réalise une
1 Cf. ROGER LeROY MILLER ., 1999-“Economics Today and Tomorrow”. Ed Maison neuve & Larose (page 463)
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
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production de 10 million d’unité monétaire et de 8 million pour le pays Y. L’année suivante,
supposons qu’en plantant du maïs, le pays X produit 50 million d’unité monétaire, et Y ne
produit que 25 million d’unité monétaire. Selon cet exemple, le pays X a un avantage absolu
dans la production de ces deux produits.
Avec un même montant de facteur, le pays X produit davantage que le pays Y. Cela ne
signifie pas que X va produire ces deux produits et ne fera pas d’échange au pays Y. Le pays
X peut produire légèrement du haricot. Par ailleurs, il peut produire une grande quantité de
plus en maïs. Il est donc moins de chance que le pays X va consacrer ses ressources dans la
production moins efficiente que de les allouer dans la production le plus efficiente. Le coût
d’opportunité du pays X sera faible s’il produit du mais, par contre il sera élevé s’il se déploie
dans l’autre produit. Il pourra exporter le surplus de maïs et acheter en fonction du haricot au
pays Y. Le pays X a un avantage comparatif dans la production de maïs. Le pays Y peut
produire à peu près le même montant de haricot au pays X, mais seulement la moitié du
montant de produit du pays X en maïs. Ainsi, Y a un faible coût d’opportunité en produisant
du haricot que le pays X. Il devra alors maximiser sa production en haricot, exporter le
surplus au pays X et importer du mais en fonction.
D’après ces deux fondements, tout le monde a intérêt à concourir au LE en axant la
tâche dans la production d’un produit qui nécessite le moins de coût de production et à faible
coût d’opportunité. Une autre raison en faveur du libre échange est que l’exportation paie
l’importation. Voyons alors le prolongement de ces théories.
Section 2 : Le prolongement des théories du libre échange
Le prolongement des théories d’Adam Smith et de David Ricardo consiste, d’une part,
à corriger et compléter l’insuffisance de ces deux théories. D’autre part, à avancer d’autres
arguments incitatifs au LE. Voyons une à une alors ces différentes théories.
1) Théorème de Rybezynski2
Ce théorème indique la modification de la structure de production dans une économie,
suite à une modification de ses dotations factorielles. Il montre qu’aux prix inchangés des
biens, les facteurs ne changent pas ; par contre, il y a une augmentation de ses disponibilités
2 Cf. Loi PHAN Duc., 1993-« L’économie mondiale : entre le libre échange et le protectionnisme ».Ed aijas
(page12)
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
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totales. Par conséquent, il y aura modification de production en faveur du facteur en plus forte
disponibilité.
Pour mieux comprendre ce théorème, on considère un pays fabricant ses produit par
deux facteurs dont le capital et le travail. Une augmentation de quantité de capital détenu par
un pays aura pour effet d’augmenter la production de bien à forte intensité de capital et
diminuer celle qui utilise une faible intensité de capital aux prix inchangés de bien. Il en est de
même pour le travail. En effet une augmentation de quantité disponible de main d’ouvre
amènera à une augmentation de la production du bien à forte intensité de mains d’œuvre. En
d’autre mot, une diminution de la production de bien à forte intensité capitalistique.
2) Théorème de HOS3 : La dotation factorielle et d’égalisation des prix des facteurs
D’après ce théorème, l’avantage comparatif d’un pays dans le commerce international
provient de sa dotation en facteurs de production, notamment en capital et en travail. Ricardo
prenait uniquement en compte le facteur travail. Par contre, Hecksher et Ohlin ont formulé la
théorie de l’échange internationale fondée sur les quantités de facteurs de production
disponible dans les pays. Ils essaient d’expliquer des différences de dotation des facteurs de
production qu’ils appellent la loi des proportions de facteurs ou loi des dotations factorielles
ou loi de HOS.
Par rapport au modèle ricardien, le théorème d’ Heckscher, Ohlin et Samuelson
propose un autre fondement de la différence des coûts de production : les différences de
dotation en facteur. Ici, le prix d’un bien est étroitement lié aux prix des facteurs de
production qui sont fonctions de l’abondance ou de la rareté ; les facteurs de la production
étant le travail (L) et le capital (K) (facteurs primaires). Ainsi, un pays avec une abondance en
facteur L devrait se spécialiser dans une production demandant une forte intensité de main
d’œuvre, tandis qu’un pays avec une abondance en facteur K devrait se spécialisé dans une
production avec une forte proportion de K. Il existe par la suite la notion de tendance vers une
uniformisation entre les pays. Considérons deux pays X et Y qui sont ouvert au LE. Cette
ouverture est caractérisée par l’unicité des prix des biens. Selon ce théorème, l’unicité des
prix amène nécessairement à une économie mondiale intégrée où il y égalisation automatique
des facteurs productifs dans tous les pays sans qu’il y ait mobilité international des facteurs.
Pour plus de clarté, reprenons les deux pays X et Y, et considérons deux facteurs: terre
et main d’œuvre. Supposons que le pays X est en abondance en terre et est rare en main
3 Cf. Loi PHAN Duc., 1993-« L’économie mondiale : entre le libre échange et le protectionnisme ».Ed aijas (page
15)
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
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d’œuvre, tandis que le pays Y est rare en terre mais détient en abondance de main d’œuvre.
Selon la théorie, X va donc se spécialisé dans la production agricole (due à l’abondance en
facteur terre) et va donc exporter des produits agricoles et importer des produits manufacturés
à Y. Ce dernier, compte tenu de son abondance en Main d’œuvre, va en effet exporter des
produits manufacturés et importer des produits agricoles de X.
Dans le pays X, en termes d’exportation, la spécialisation signifiant une augmentation
de la surface cultivée engendrera une augmentation de la demande en facteur Terre. Ceci va
conduire à une augmentation du prix de la terre et la terre devient de plus en plus rare. En
termes d’importation, vu que le pays importe des produits industriels, il y a une baisse de la
production industrielle qui amène à une diminution de la demande de main d’œuvre, d’où la
baisse du salaire.
Dans le pays Y, en termes d’exportation, la spécialisation engendre une augmentation
de la demande de main d’œuvre et une augmentation du salaire. En termes d’importation, il y
a une baisse de la demande en terre puisque le pays se spécialise dans la production
manufacturière, d’où la baisse du prix des terres. Il y a donc une tendance à l’égalité des prix
des facteurs entre les deux pays.
3) Théorème des gains cumulatifs du commerce4
La nouvelle théorie de l’économie internationale apporte de nouveaux arguments aux
thèses favorables au LE. Elle considère que les gains du commerce sont cumulatifs :
l’ouverture internationale entraîne des avantages comparatifs qui permettent une plus grande
ouverture et ainsi de suite… L’ouverture internationale doit donc être la priorité des politiques
de développement. L’échange procure trois types d’avantages : un effet de dimension, un effet
de diversification et un effet de concurrence.
L’ouverture internationale crée l’avantage comparatif car elle permet la spécialisation
et engendre donc un effet de dimension : chaque nation peut produire certains produits en plus
grande quantité, ce qui lui octroie des avantages tel que l’économie d’échelle ou les effets
d’apprentissages.
Le second avantage est que le commerce international profite aux consommateurs
grâce à l’effet de diversification. Les consommateurs ont plus de choix sur les produits qui
4 Cf. Loi PHAN Duc., 1993-« L’économie mondiale : entre le libre échange et le protectionnisme ».Ed aijas (page
22)
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
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satisfassent ses besoins. Cette diversité des produits profite également aux producteurs qui
auront un plus large choix quant aux biens de production.
Le troisième avantage est l’effet de concurrence. On constate souvent que les marchés
nationaux ont des structures monopolistiques. La théorie microéconomique nous apprend que
cette situation est avantageuse à l’entreprise en termes de profit, mais ne l’est pas au
consommateur et à l’économie car elle induit des prix supérieurs et un niveau de production
inférieur à ceux qui résulteraient d’un marché concurrentiel. L’ouverture au commerce
extérieur permet donc à de nouvelles entreprises d’entrer sur le marché national. Ce qui
accentue la concurrence : les prix et le niveau de production deviennent donc plus efficients
car ils sont plus proches de ceux qui résulteraient d’un équilibre de marché.
Ainsi en ce qui concerne cette section, remarquons que nombreuses sont les théories
mais nous ne retiendrons que les fondateurs et les rectificateurs. Nous allons voir maintenant
les mutations qui en résultent.
Chapitre 2 : Les mutations du commerce international et les
organisations du libre échange
Les théories du LE prouvent immédiatement ses efficacités sur le commerce
international en apportant des changements conjoncturel et structurel suscitant l’essor du
commerce mondial. Quels sont donc ces changements ? Cette question amène à traiter les
mutations du commerce et les organisations du libre échange.
Section1 : Les mutations du commerce
Sous l’effet des théories du LE, le commerce mondial connait des profondes
mutations. Parmi ces mutations, on peut citer l’essor du commerce mondial qui prend une
forme globale et l’effacement d’Etat nation.
1) Globalisation du commerce mondial
L’apparition du capitalisme industriel en Angleterre5 durant la moitié du XIXe siècle
accélère considérablement l’expansion du commerce mondial. Le marché intérieur ne suffisait
plus à l’industrie britannique, il lui fallait exporter. C’est pour cette raison que l’Angleterre
5 Cf. ALBERTIN Jean Marie ., 1971-« Les rouages de l’économie nationale ». Ed économie et humanisme (page
157)
Réflexions sur les pays les moins
souhaitait fortement la levée des obst
industrialisés, mais également les pays en développ
devenus des sources stable de matière première pou
Par la suite, avec la découverte des flottes à vapeur, l’ouverture du
en place d’un réseau mondial de communication ainsi que l’amélioration des structures
bancaires, le commerce avait un
Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, le commerce international a connu un
développement important. De 1950 à 1987, le volume des exportations mondial
multiplié par 9. La croissance moyenne annuelle du commerce mondiale était de l’ordre de
7% avant le choc pétrolier de 1973. C’était l’âge d’or des échanges internationaux. En dépit
des deux chocs pétroliers de 1973 et 1979, les échanges se rétrécissent progressivement, mais
de l’année 1985 une nette reprise de la croissance des échanges avait enregistrée. En 1988, les
échanges ont progressé de 9% en volume par rapport à l’année 1987. De 1987 à 2010, elle est
multipliée de 66. Cette multiplication est particulièrement afférent
nouveaux pays industrialisé, les pays moins avancés ne représentent que de moindre apport.
La graphique ci- dessous représente l’évol
Graphique 1 : Evolution du commerce international depu
Source : World Trade Monitor
Nous avons déjà mentionné la cause de cet essor, mais il résulte surtout de
de l’économie dans le monde entier
réduction des tarifs douaniers. En rev
l’affaire des pays industrialisés. Les
même des spectateurs dont nous verrons le 6 http://commons.wikimedia.org/wiki/File:World_trade.png
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 10
souhaitait fortement la levée des obstacles à l’échange. Plus tard, le LE
, mais également les pays en développement qui étaient pendant ce temps
des sources stable de matière première pour les industrialisés sous la colonisation.
Par la suite, avec la découverte des flottes à vapeur, l’ouverture du Canal de Suez et la
en place d’un réseau mondial de communication ainsi que l’amélioration des structures
, le commerce avait un caractère international, c’est la globalisation du commerce.
Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, le commerce international a connu un
développement important. De 1950 à 1987, le volume des exportations mondial
e moyenne annuelle du commerce mondiale était de l’ordre de
7% avant le choc pétrolier de 1973. C’était l’âge d’or des échanges internationaux. En dépit
des deux chocs pétroliers de 1973 et 1979, les échanges se rétrécissent progressivement, mais
e 1985 une nette reprise de la croissance des échanges avait enregistrée. En 1988, les
échanges ont progressé de 9% en volume par rapport à l’année 1987. De 1987 à 2010, elle est
. Cette multiplication est particulièrement afférente aux pay
pays industrialisé, les pays moins avancés ne représentent que de moindre apport.
dessous représente l’évolution du commerce international
: Evolution du commerce international depuis 2000
Nous avons déjà mentionné la cause de cet essor, mais il résulte surtout de
de l’économie dans le monde entier plus la libéralisation des échanges facilité
des tarifs douaniers. En revanche, le commerce international est de plus e
l’affaire des pays industrialisés. Les pays sous développés restent des intermédiaires voire
même des spectateurs dont nous verrons les détails plus loin.
http://commons.wikimedia.org/wiki/File:World_trade.png
avancés face au libre échange : cas de Madagascar
acles à l’échange. Plus tard, le LE gagne les pays
qui étaient pendant ce temps
r les industrialisés sous la colonisation.
anal de Suez et la mise
en place d’un réseau mondial de communication ainsi que l’amélioration des structures
caractère international, c’est la globalisation du commerce.
Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, le commerce international a connu un
développement important. De 1950 à 1987, le volume des exportations mondiales a été
e moyenne annuelle du commerce mondiale était de l’ordre de
7% avant le choc pétrolier de 1973. C’était l’âge d’or des échanges internationaux. En dépit
des deux chocs pétroliers de 1973 et 1979, les échanges se rétrécissent progressivement, mais
e 1985 une nette reprise de la croissance des échanges avait enregistrée. En 1988, les
échanges ont progressé de 9% en volume par rapport à l’année 1987. De 1987 à 2010, elle est
aux pays développés et les
pays industrialisé, les pays moins avancés ne représentent que de moindre apport.
depuis 2000.
Nous avons déjà mentionné la cause de cet essor, mais il résulte surtout de l’ouverture
libéralisation des échanges facilitée par la
anche, le commerce international est de plus en plus
des intermédiaires voire
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
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2) Effacement d’Etat-Nation
D’après le rapport des observateurs tel que Kenichi Ohmae, l’Etat-nation décline sous
l’effet d’un double mouvement. D’un côté, les échanges mondiaux se tri polarisent et
s’effectuent davantage entre les trois grands réseaux commerciales qui dominent le monde
qu’entre les pays qui la composent. D’un autre côté, les Etats-régions sont des unités
économiques plus efficaces et plus homogènes que les Etats-nations. Cependant, l’Etat-nation
est une unité artificielle qui est incapable d’adopter une vision à long terme de l’intérêt
collectif.
Kenichi Ohmae, dans l’« Etat-nation aux Etats-régions », affirme que « Dans un
monde sans frontières, l’intérêt national au sens traditionnel, qui aujourd’hui n’est plus guère
qu’un prétexte à subventions et protections, n’a plus vraiment sa place. Tous les Etats-nations
sont des zèbres »
La formation des blocs régionaux, tel la Communauté Economique Européenne
(CEE), contribue également à l’effacement de l’Etat-nation. Le problème est de savoir si cette
tendance est favorable au LE ou pas ; d’un côté, elle permet la libre circulation des
marchandises entre les pays de la zone, mais d’un autre coté elle a tendance à exclure les pays
tiers. Krugman affirme que les blocs commerciaux créent une concurrence oligopolistique qui
peut se révéler contraire à l’intérêt général.
Nous venons de voir dans la section première les mutations du commerce. Dans ce qui
suit, nous allons parler des organisations qui veillent à l’application de ces théories.
Section 2 : Les organisations du libre échange
Pour assurer l’application des théories du LE et veiller sur les règles de conduite du
commerce international, de nombreux accords ont été signés, et accompagnés souvent de
mises en œuvre des nouvelles institutions organiques dont les actions consistent à la bonne
gouvernance de l’économie mondiale.
1) Les institutions du Bretton Woods
a- Le Fonds Monétaire International et la Banque mondiale
Le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque mondiale (BM) ont été créé en
1944 à l’issue des accords signés par la conférence monétaire et financière internationale des
Nations Unis à Bretton Woods, lors de la fixation des parités monétaires par rapport à l’or et
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 12
au dollar et la détermination des conditions de modification de ces parités. Ces deux sont des
institutions financières et ont comme objectif commun la reconstruction de l’économie
mondiale ravagée par la seconde guerre mondiale. Leur vocation est donc semblable mais leur
domaine d’intervention propre diffère et est complémentaire.
L’intervention du FMI consistait à aider les pays qui connaissent un déséquilibre
durable de son balance de paiement et à veiller sur le respect des pays membres sur
l’obligation de convertibilité de leur monnaie. Mais après la crise du Système Monétaire
International (SMI) dans les années 1970, les fonctions du FMI ont évolué ; la fonction de
surveillance des parités est abandonné et il se consacre essentiellement à l’approvisionnement
de l’économie mondiale en moyen de paiement afin d’aider les pays en déséquilibre
permanent de leur balance de paiement et à équilibrer celle-ci. Quant à la BM qui a comme
ancienne appellation Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement
(BIRD) est une banque inter étatique et qui sert d’intermédiaire financier entre les apporteurs
de capitaux et les emprunteurs de capitaux. La banque mondiale est un organisme de crédit et
elle donne des aides à ses pays membres à s’intégrer dans le commerce international. Quant à
son intervention dans les pays en développement, elle consente des aides sous condition que
le pays s’engage à réaliser une croissance économique durable afin de réduire la pauvreté.
b- L’Organisation Mondiale du Commerce
L’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) a succédé au General Agreement on
Tarif and Trade (GATT), tout en y apportant des modifications. Elle tient son origine des
Accords de Marrakech signés en 1994, mise en œuvre à partir du 1er Janvier 1995 et dont les
principaux points sont les suivantes : réduction de près de 40% de droit de douane dans les
pays industrialisés, extension des règles du GATT dans d’autre domaine et création de
l’OMC. C’est le gendarme du commerce international, c’est-à-dire qu’elle est la seule
organisation qui s’occupe des règles régissant le commerce mondial. Elle a pour objectif de
favoriser la liberté des échanges, d’informer les différents acteurs économiques ainsi que les
pouvoirs publics sur les règles régissant le commerce mondial, d’assurer ses membres de la
stabilité des règles convenues, d’aider à régler les éventuels différends entre les membres, de
prendre en considération les demandes des pays pauvres et procéder à la mise en place de
nouvelles règles régissant les domaines des Nouvelles Technologie de l’Information et de la
Communication (NTIC), des Services, de l’Agriculture, etc.. Pourtant, l’objectif principal, que
ce soit du GATT ou de l’OMC n’a pas changé. C’est d’améliorer le bien-être des populations
des pays membres en favorisant autant que possible l’harmonie, la liberté, l’équité et la
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 13
prévisibilité des échanges.
2) L’intégration du marché
Par la volonté des organisations du commerce et la conviction des pays membres
d’appliquer les théories du LE, le commerce prend de l’ampleur et prend une forme
particulière : c’est l’intégration régionale. Dans le texte de Ph HUGON7, l’intégration
régionale est définie comme un processus global caractérisé par les interdépendances durables
entre les économies, par les coordinations des politiques économiques nationales et par la
mise en œuvre des projets de coopération régionale et même par la fixation des règles dans
une espace régionale. C’est un processus conduisant plusieurs économies différentes à former
un seul espace économique dans lequel chaque membre s’efforce de promouvoir le
développement par le commerce entre eux. Ce processus d’intégration de marché se distingue
en cinq niveaux d’intégrations :
• La Zone de Libre Echange : La construction d'une zone de libre échange
suppose l’enlèvement des barrières à l’échange entre pays signataires et une indépendance des
politiques tarifaires extérieures. Cela veut dire que les pays se regroupent en supprimant le
droit de douane entre eux et le produit va être classé par catégorie dont chaque pays conserve
leur droit de douane vis-à-vis des autres pays.
• L’Union Douanière : Le passage de la Zone de Libre-échange à l'Union
douanière suppose, qu’à part la suppression des barrières intérieures, les pays membres
s’engagent à mettre en vigueur un tarif extérieur commun s’appliquant aux pays à l’extérieure
de la zone de libre échange.
• Le marché commun : Le passage au marché commun se traduit par la libre
circulation de l'ensemble des facteurs de production (marchandises, travail, capital) entre les
pays membres. Il s'agit donc d'une Union douanière élargie au facteur capital et au facteur
travail. Ce marché commun comprend l’union douanière au sein de laquelle est organisée la
mobilité des facteurs de production (libre circulation des hommes et des capitaux).
• L’Union économique et monétaire: elle consiste à la construction d’un marché
commun accompagné d’une politique économique, financière, sociale et monétaire
harmonisées et coordonnées dans les pays membres. La politique monétaire consiste à
l’adoption d’une monnaie unique qui facilite les échanges et permet de favoriser la stabilité de
7 Cf. JEAN Coussy. Et PHILIPPE Hugon-« Intégration régionale et ajustement structurel en Afrique sub-
saharienne ».Collection. Etude et document (chapitre1)
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 14
ce nouvel espace économique en supprimant les risques de changes entre les monnaies des
pays membres.
• L’intégration économique: c’est la dernière étape ; elle suppose un marché
commun et unification des politiques économiques, d’une part, et la même anticipation, le
même taux de substitution de marché à marché et la comparabilité des coûts, d’autre part.
L’intégration économique n’est autre que la libéralisation des échanges par le jeu des
avantages comparatifs, permettant le mouvement des facteurs et des marchandises et
accroissant le bien être des consommateurs dans l’espace économique.
Chapitre3 : Définition des pays les moins avancés
Notre sujet se rapportant sur les pays les moins avancés, il s’avère donc nécessaire de
bien définir notre champ d’analyse. Pour cela nous allons procéder en première section le
débat sur l’explication du sous développement et en deuxième section, nous allons essayer de
définir avec précision les pays les moins avancés.
Section 1: Le sous développement en débat
Simon KUZNET dans son œuvre « Croissance et structures économiques », paru en
1972, a proposé trois types de définitions du sous développement sous trois types de
références. Par rapport au possible, le sous développement serait le symptôme de sous-
utilisation des ressources naturelles et humaines ; par rapport au nécessaire, il se manifesterait
lorsque la population n’arrive pas à couvrir ses besoins fondamentaux ; et enfin, par rapport
aux autre pays, le sous développement pourrait être évalué de manière comparative par
l’Indice de Développement Humaine (IDH). Deux tendances s’opposent sur l’explication du
sous développement. Pour les uns, il résulte d’un retard chronologique, et pour les autres, il
résulte des facteurs structurels et non structurels.
1) Approche en termes de retard
Dans son ouvrage « Les étapes de la croissance économique », W.W. Rostow a
tenté de dégager les caractéristiques uniformes de la modernisation des sociétés. Selon lui, les
sociétés parcourent au cours de leur développement cinq différentes étapes : la société
traditionnelle, les conditions préalables au décollage, le décollage, le progrès vers la maturité
et l’ère de la consommation de masse. Selon toujours cet auteur, le sous développement est
un retard par rapport à cette trajectoire linéaire.
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 15
• La société traditionnelle :
C'est une société caractérisé par la prépondérance de l’agriculture de subsistance
(engage au minimum 75% de la population active), faible infrastructure publique et la
prédominance du secteur primaire. Elle se réfère à un système de valeurs fondé sur le
fatalisme et n'aspire pas au changement.
• Les conditions préalables au décollage :
Cette deuxième étape est caractérisée par une profonde mutation dans le transport,
l’agriculture et le commerce extérieur grâce à l’évolution de la technologie. On assiste à la
mise en place de structures favorables au développement particulièrement, par le
développement du système bancaire et la création de l'infrastructure nécessaire au
développement industriel. L’évolution du transport et des moyens de communication facilitent
la circulation des matières premières et des capitaux entre les pays ; ce qui confère à
l’agriculture un rôle moteur dans le commerce extérieur et dans le développement de
l’industrie. Dans cette phase, l’agriculture ne se limite plus à son rôle de subsistance. Dans le
domaine des échanges extérieurs, le changement se manifeste par l’augmentation des
importations, financée par la meilleure mise en valeur de l’exportation des ressources
naturelles ou encore l’importation des capitaux. On note également une évolution des
mentalités et des méthodes de travail laquelle se manifeste par la recherche de dignité
nationale, la recherche de profit et la meilleure condition de vie. Au cours de cette période,
Rostow voit l'apparition de l'entrepreneur schumpétérien qui, par son action, va révolutionner
les méthodes de travail. La notion de progrès économique, émane généralement de l’extérieur
et se diffuse à travers les élites nationales.
• Le décollage :
Le décollage est la période pendant laquelle les différentes obstacles et barrages à
l’encontre de la croissance économique sont renversés. Les facteurs de progrès économique,
qui, jusqu'ici, n'ont agi que sporadiquement et avec une efficacité restreinte, élargissent leur
action et en viennent à dominer la société. La croissance devient la fonction normale de
l'économie. Le décollage est indiqué par un taux d'investissement productif qui passe de
moins de 5% à plus de 10% du revenu national. Cette augmentation de l'investissement se fera
par un large appel aux capitaux extérieurs, par une création d'industries motrices susceptibles
d’entraîner l'apparition d'industries d'amont et d'aval. Ces industries pourront être stimulées
dans leur croissance par le développement du commerce extérieur. A part l’augmentation de
l’investissement, il est aussi caractérisé par l’émergence des conditions institutionnelles
favorable au développement.
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 16
• La marche vers la maturité :
C'est une longue période de progrès soutenu, au cours de laquelle la croissance gagne
l’ensemble des secteurs de l’économie et, on assiste à une mise en œuvre plus générale des
techniques modernes. Elle se caractérise par un nouvel accroissement du taux
d'investissement qui passe de 10 à 20% du revenu national, une diversification de la
production.
• L'ère de la consommation de masse :
Cette dernière étape est caractérisée par une grande production de bien de
consommation durable, une prédominance des services, une hausse de revenu par habitant et
une demande croissante de qualité au niveau de la consommation. En bref, l’objectif de la
société évolue vers la consommation et le bien-être. Quant à l’Etat, il peut privilégier trois
différentes politiques à savoir, la recherche de la puissance et de l'influence extérieure, la
création d'un Etat providence, l'élévation des niveaux de consommation dépassant les besoins
alimentaires, le logement et les vêtements nécessaires.
L’analyse de WW Rostow présente néanmoins certaines limites du fait que le chemin
proposé est propre aux pays développés et peut ne pas être compatible à des pays en
développement ; de plus, Rostow ignore la spécificité institutionnelle de chaque pays.
2) Approches structurelles et non structurelles
a- Approches structurelles
Deux auteurs sont à notre référence : François Perroux et Serge Latouche8.
Pour F Perroux, le sous développement est dû d’abord à la désarticulation de
l’économie dans le sens que le prix, le flux, l’information et même la tradition nécessaire à
l’amplification des effets de la croissance interne sont totalement hétérogènes. Par ailleurs, les
économies sont dominées. Malgré la décolonisation, elles n’ont pas pu, pour divers raisons, se
débarrasser de la dépendance économique. Enfin, ce sont des économies qui ne parviennent
pas à couvrir les coûts minimum de l’homme ; en d’autres mots, qui ne livrent pas à leur
population le minimum de soin, de connaissance, ainsi que tous les minimums auxquels
l’homme est en droit d’aspirer.
Quant à l’explication de Serge Latouche, dans son œuvre intitulé « Faut-il refuser le
développement », publié en 1986, il définit le sous développement, en ses termes, comme
8 Cf. LAHSEN Abdelmalki.et MUNDLER Patrick., 1995- « Economie du développement : Les théories, les
expériences, les perspectives ». Collection n° 74- Edition n° 01(chapitre 1)
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 17
l’extraordinaire processus de déculturation engendré par l’occident. De cette définition, il
considère que le sous développement est un jugement relatif des sociétés développées sur les
autres sociétés. Ces dernières, dépossédées de leur culture, de leur savoir-faire et de leurs
structures sociales, se trouvent en grande difficulté de rétablir la cohérence de leur propre
situation. Elles vont imiter alors le modèle occidental et à ce qui semble le représenter le
mieux : le développement.
b- Approches extra-économiques
Dans cette approche, le sous développement est le produit de l’histoire, d’une part, et
une handicape naturelle et culturelle, d’autre part.
Dans la première explication, elle développe l’idée que le sous développement est le
dérivé de la domination et l’exploitation par les pays riches. Historiquement, le sous
développement est pris du point de vue de l’inégalité. En effet, avant l’apparition du
capitalisme, l’inégalité était liée à l’occupation militaire et non de la croissance économique
des uns et la stagnation des autres comme le cas actuelle. Elle était donc limitée et réversible
selon la puissance militaire du pays. Entre temps, des civilisations ont été déclinées et d’autres
apparaissent. La différence au niveau des prospérités était négligeable, et l’avantage des males
nanties se reposait mieux sur l’exploitation des esclaves que sur la croissance économique. A
partir du XVIe siècle, avec le développement du commerce, la Grande Bretagne, l’Allemagne
et la France, appuyés par la révolution industrielle, réalisaient une croissance économique
durable et élevée. Ils seront progressivement suivis par d’autres pays que l’on retrouve, pour
l’essentielle, groupé au sein de l’Organisme de Coopération pour le Développement
Economique (OCDE). Le tiers monde, marqué dans un premier temps, par la colonisation
puis, à partir de 1950, par son émancipation politique, voit pour sa part se renforcer les
inégalités du revenu et du niveau de vie.
La deuxième explication sera basée sur les variables endogènes telles que milieu
naturelles, facteurs socioculturels, etc. En effet, la carence ou l’inexistence de dotation en
ressources de base constitue la cause du sous développement. L’absence des ressources
naturelles, ressources humaines mais, également des conditions climatiques convenables qui
sont considérées comme premier facteur de développement, attribue l’impossibilité pour le
pays d’exercer une activité nécessaire au démarrage de l’économie. Parallèlement à cette
carence, des traditions, des modes de vie, des religions et des valeurs peuvent être à l’encontre
du développement. Dans cette explication, les sous développés sont considérés comme
l’artisan de leur propre sous développement.
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 18
Nous venons donc de voir les différentes explications du sous développement.
Qu’entend- t- on par « pays les moins avancés »(PMA), sujet de notre thème. Dans ceux qui
suivent, nous allons définir les pays les moins avancés et énumérer les différents critères de
classification.
Section 2 : Les pays les moins avancés
Pays sous développé, pays en développement, tiers-monde, et pays les moins avancés
désignent une même réalité complexe mais elles comportent des connotations différentes. Par
rapport à l’expression pays sous développé qui est vu comme un retard, l’expression pays en
développement ou pays en voie de développement marque une certaine infériorité par rapport
à la norme occidentale ; elle met l’accent sur l’existence d’un processus en marche, c'est-à-
dire que ces pays sont affranchis du sous développement. L’expression tiers-monde, à son
tour, est une notion créée par le démographe français Alfred Sauvy dans un article intitulé
« Trois mondes et une planète », en 1952, pour désigner par analogie avec le tiers-Etat, ce qui
n’était ni l’Ouest ni l’Est. Elle se rapporte à l'ensemble des pays africains, asiatiques,
océaniens ou du continent américain en carence de développement. Ce qui nous intéresse ici
c’est le pays les moins avancés (PMA).
1) Définition
Créée en 1964, lors de la Conférence des Nations Unis sur le Commerce et le
Développement (CNUCED), l’expression pays les moins avancés désigne les pays en voie de
développement à faible revenu. Parmi ces pays, certains souffrent d’un handicape intrinsèque,
soit que leurs ressources sont limités, soit que leur environnement géographique est
particulièrement pénible ; en revanche, d’autres pays disposent d’une ressource naturelle très
abondante mais ils ne parviennent pas à se développer faute des problèmes causés par
l’homme, la mauvaise gestion des affaires publiques et économiques. Cependant ils ont des
caractères communs : taux de croissance en baisse, population très majoritairement rurale,
culture de subsistance faiblement productive, faible industrialisation, et manque
d’infrastructures essentielles. En bref, ils sont dépourvue de moyens nécessaires pour
développer son économie et de garantir à leur population un niveau de vie convenable.
Le groupe des pays moins avancés a été officialisé en 1971 par la communauté
internationale après avoir constaté qu’il existe des pays qui se distinguent par leur pauvreté
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 19
extrême et par la vulnérabilité de son économie. A cette même année, les moins avancés
comprennent vingt et quatre (24)9 pays dont la majorité est des pays africains.
2) Critères de classification
A l’origine, les critères considérés pour la classification en PMA étaient le produit
national brut par habitant, la part de la production dans le Produit national brut totale et le
taux d’alphabétisation des adultes ; vingt et quatre (24) pays ont été officialisés retenus pour
ces critères.
Après l’entrée du Sénégal dans le groupe en 2001, le Conseil économique et social des
Nations unies a dénombré quarante et huit (48) pays moins avancés en 2003 dont trente et
trois (33) africains, neuf (9) Asiatiques, cinq (5) pays de la région des pacifiques et un (1) des
caraïbes. A l’exception des neuf (9) moins avancés asiatiques, tous les pays sont couverts par
l’accord de coopération régionale Union Européen/ Afrique-Caraïbe-Pacifique. Ces pays sont
retenus sous trois critères :
• revenu par habitant basé sur une estimation moyenne du produit intérieur brut par
habitant pendant trois années ; s'il est inférieur à 900 $ US, le pays est retenu pour la
qualification de PMA ;
• retard dans le développement humain basé sur un indice composite incluant des
indicateurs de santé, nutrition et scolarisation ;
• vulnérabilité économique basée sur un indice composite incluant des indicateurs sur
l'instabilité, la production et les exportations agricoles, le manque de diversification de la
production, et l’handicap d'être un petit pays.
Malgré les efforts déployés pour venir en aide aux pays les moins avancés, tels que
l'initiative « Tout sauf les armes » de l'Union européenne, l'African Growth and Opportunity
Act (AGOA) des États-Unis , seul trois10(3) pays ont parvenu à quitter ce groupe dont le
Botswana en 1994, le Cap Vert en 2007 et les Maldives en 2011. A titre d’information, trente
(30) PMA sont membres de l’OMC, ayant adhéré à l'Accord général sur les tarifs douaniers et
le commerce (GATT) avant que celui-ci ne soit absorbé par l'OMC. L’annexe 1 nous présente
la liste de tous les pays les moins avancés.
9 Source des chiffres: NILELSON Poul., 2001- « Coopération au développement des pays les moins avancés :
Lutter contre la pauvreté ». (Page 7) 10
Source : http : //www.unctad.org/
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 20
D’une part, la première partie développe une approche théorique, fournissant des
arguments incitant l’ouverture à l’extérieur et la pratique du libre échange et, d’autre part, la
délimitation de notre zone d’analyse. Dans la seconde partie, la totalité de notre étude va être
axé sur la vérification de l’hypothèse que nous avons posée au début. En effet, nous devons
analyser la réalité économique de notre pays après trois décennies de pratique du libéralisme.
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 21
Partie2 : Approche
analytique de la
réalité économique
malagasy face au
libre échange
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
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Madagascar possède un atout naturel que beaucoup de pays ne possèdent pas. Malgré
la possession de cet atout, le pays reste pauvre et que, sans doute, que cette pauvreté risque de
persister compte tenu des problèmes dans lesquels il vit, ainsi que l’environnement extérieur.
Pour essayer de juger ce constat, cette partie va comporter trois chapitres distincts, à savoir :
� Au premier chapitre, la situation de Madagascar dans le contexte international et ses
problèmes. Nous allons traiter de ses avantages comparatifs, ainsi que des entraves à la
perspective de développement.
� Le deuxième va être consacré à l’étude du contexte national et international dans
lesquels se pratique le LE.
� Dans le troisième chapitre, nous exposerons les atouts majeurs du pays face au LE, les
opportunités et les inconvénients du LE.
Chapitre 1 : Situation de Madagascar dans le contexte
international, ses problèmes
Nous savons maintenant que le LE est un jeu d’avantages comparatifs que chaque
pays détient. Avant de voir la situation de Madagascar dans le contexte international, il
s’avère nécessaire de savoir les avantages comparatifs auxquels, il doit se spécifier pour sortir
du sous développement.
Section1 : Avantages comparatifs de Madagascar
Réputé par sa possession de variété de ressources, Madagascar est doté d’une plus
grande potentialité économique que d’autres pays, « Madagascar est un pays comblé par la
nature », dit l’adage. On peut classer ces ressources en deux catégories : les ressources
humaines et les ressources naturelles, considérés, selon les théoriciens, comme premiers
facteurs de développement11.
1) Ressources humaines
« Il n’est de richesse que l’homme », formule célèbre de Jean Boudin, un auteur
mercantiliste. En effet, l’accroissement de la population influe positivement au
développement. L’augmentation de la demande qu’il induit incite à l’amélioration et à
l’augmentation de la production.
11
Cf. ABDELMALKI Lahsen.et MUNDLER Patrick., 1995-“Economie du développement : Les théories, les
expériences, les perspectives ».collection n° 74-Edition n° 01 (page58)
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 23
L’estimation de l’Institut National de la Statistique (INSTAT) affirme avec une
certitude de 95%, que la population malagasy a été entre 19.6 à 20.8 millions d’habitants entre
2010 et 2011, dont 20.3% résident en milieu urbain, et 79.7%, en milieu rural. Ce chiffre se
répartit entre 22 régions, avec un pourcentage très disproportionné. La région d’Analamanga
et celle de Vakinankaratra, qui se trouvent dans la province d’Antananarivo, par exemple,
sont les plus peuplées. Ces deux régions regroupent plus de la cinquième partie de la
population totale. La région de Melaky et de Ihorombe, au contraire, sont presque vides
d’hommes, elles comptent chacune un peu plus de 1% 12de la population.
Avec sa population d’environ de 20 millions d’habitants, Madagascar abrite des mains
d’œuvre abondantes et à bon marché, pouvant lui permettre de réaliser son plan de
développement. Abondantes car si on pose que la population en âge de travailler est compris
entre la tranche d’âge de 17 à 65 ans, elle représente presque la moitié de la population totale,
soit 54.2%. Cependant, ce capital humain est de faible qualité. Cette lacune peut être attribuée
au bas niveau d’instruction, agissant automatiquement le niveau de salaire. Le travailleur le
mieux instruit est plus productif et par conséquent, plus rémunéré. Selon le rapport de
l’UNICEF13 en 2012, près de 1.54 million d’enfant entre 6 à 12 ans, âges normaux pour
accéder l’école primaire, ne sont pas scolarisés à l’échelle nationale. De même, d’après le
rapport de l’INSTAT sur l’Enquête Périodique auprès des Ménages (EPM) 2010, 14% de la
population active14 seulement dépassent le niveau primaire, un actif sur quatre a pu suivre un
enseignement secondaire ou universitaire. Ce qui traduit la basse valeur et qualité du travail.
En réalité, mains d’œuvre abondante et à bon marché pourrait se contredire avec la
notion de chômage. En effet, il ne devrait pas y avoir chômage si on dispose de mains
d’œuvre abondante et à bon marché. Ce dilemme va être traité dans la section qui suivra.
2) Ressources naturelles
Outre les ressources humaines, sa vaste superficie de 587 000 km2 dispose d’énormes
potentialités essentiellement économiques telles que le sous-sol, l’environnement ; renfermant
les ressources halieutiques, forestières et minières, spécifiquement retenus dans cet exposé.
a- Ressources halieutiques
La possession de divers lacs, de vastes espaces maritime et de riziculture, procure
d’énormes ressources halieutiques qui nous différent des autres pays. Ces ressources
12
Source des chiffres : EPM 2010 et Population Malagasy 1993 à2011/INSTAT 13
Source : Quotidien d’information « Madagascar matin » n°1007 14
Ensemble des personnes ayant un emploi ou en cherchant un.
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 24
constituent d’une part, par la création d’emploi qu’elles apportent une source de revenu
permettant l’amélioration du niveau de vie de la population, d’autre part, elles procurent une
recette à l’administration participant à l’améliorer du niveau de vie de l’ensemble de la
population.
Par ailleurs, ces ressources assurent la sécurité alimentaire du fait qu’elles participent
pour une large part à la satisfaction des besoins locaux en protéines d'origine animale, par une
augmentation de la disponibilité en poissons sur le marché intérieur. Leur exportation
contribue à l'accroissement des rentrées de devises pour le pays. Ainsi, elle renforce les
structures et le développement socio-économique régional. En 2010, la production halieutique
d’eau douce a été de l’ordre de 35 509 tonnes et 95 247.27 tonnes pour la production en mer.
Au total, la ressource halieutique représente 6 %15 du PIB national pour cette même année.
b- Ressources forestières
Les ressources forestières fournissent un emploi donc du revenu pour la population et
de la recette pour l’Etat ; elles favorisent l’activité touristique, et l’extension des aires
protégés, réduisent le processus de dégradation des autres ressources naturelles. Bref, elles
contribuent à étoffer nos armes économiques face au LE.
La forêt constitue un grand potentiel économique pour Madagascar. A titre indicatif,
les ressources forestières participent à 2.9% du PIB en 2008. Les recettes en exportation des
produits forestiers ont été de 22 734 494 700 Ariary en 2010 dont le 1.105% reviennent à
l’Etat. Dans la même année, la production forestière se résume dans le tableau 1:
Tableau 1 : Production forestière de 2010
bois non débités (m3) bois débités (m3) bois chauffe (stères) charbon (tonne) perches et gaulettes
548440 1045513 256338 1232886 603852
Source : Rapports DREF/DVRN(SABVRGF)/DGF/juillet 2011
c- Ressource minières
Quant aux ressources minières, Madagascar dispose essentiellement de l’or, du nickel,
du cobalt, d’ilménite, de sables siliceux quartzeux, de minerais de zirconium, de minerais de
chrome, du pétrole. En sus de la promotion d’emplois issue de ces ressources, la découverte
de nouveaux produits de sous-sol à Madagascar accélère la formation d’industries lourdes, la
mise en place d’infrastructures économiques telles que les routes et, d’autres moyens de
communication. Ainsi, l’exploitation du sous-sol entraine des effets d’entrainement favorables
15
Source des chiffres: Rapport Economique et Financier 2010-2011/DGE
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 25
au développement. Cette exploitation, cependant, exige un investissement énorme que notre
pays n’arrive pas à supporter. Il nous a fallu faire appel aux étrangers pour mettre ces
ressources en valeur. En conséquence, presque la totalité des bénéfices obtenus profitent par
cette exploitation sont accaparés par ces investisseurs étranger et l’infime partie ne revenant
qu’à la population.
Si telles sont en ce qui concerne les avantages comparatifs de notre pays, on peut en
conclure que Madagascar est un pays riche et ses richesses suffit à faire décoller le
développement dans un premier temps. Malheureusement, elles sont souvent mal connues,
mal exploités et presque ignorées par la majorité de la population. Si on se réfère à la théorie
ricardienne du libre échange, Madagascar devrait se spécialiser dans la production et
l’exportation de ces ressources pour se développer.
Section 2 : Madagascar parmi les pays les moins avancés
Il est frustrant d’entendre dire que Madagascar possède une importante potentielle en
ressources humaines et naturelles, et pourtant, il est classé parmi les pays les moins avancés
du monde. Les moins avancés regroupent les pays les plus pauvres du monde, caractérisés par
un niveau de revenu très faible, un secteur industriel vulnérable et un taux d’alphabétisation
très faible. Madagascar pays à vocation agricole, à économie déséquilibré et à faible
extraversion, situation aggravée par certains problèmes persistants tels que la pauvreté,
chômage, ainsi que l’handicap de l’endettement, tous cela montrent bien qu’il fait parti de ces
pays.
1) Pays à vocation agricole
La spécialisation dans l’agriculture n’est pas un choix ; elle a été initiée par les
colonisateurs qui avaient installé l’économie de traite, en ayant obligé ainsi le pays à se
spécialiser dans la production de matières premières provenant de l’agriculture, lesquels ont
concourus au développement de l’industrie des pays de la métropole. La stratégie agricole que
les colons avaient mise en place entrave tacitement toute tentative d’industrialisation du pays.
Certes, les colonisateurs avaient apporté des innovations en voies de communication (route,
chemin de fer, aéroport et port), aussi des hôpitaux, mais elles étaient faites non pour le
développement du pays mais plutôt pour continuer de soutenir leur développement.
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 26
Si nous nous referons au chemin du développement de W.W Rostow, notre pays ne se
voit que dans la première étape. En engageant presque les 67.8%16 des ménages malagasy,
l’agriculture ne vise pas généralement un but économique. Après le départ des colons,
l’agriculture consistait tout simplement à nourrir la communauté, les techniques ayant été
liées à des pratiques religieuses, coutumières et aux mœurs. En raison de la cherté de la vie,
la mentalité des agriculteurs ont évolué petit à petit, l’activité agricole a parvenu finalement
à l’échange sur le lieu de socialisation (marché). Malgré même leurs efforts, l’échange ne
concourait pas réellement à l’amélioration du niveau de vie des agriculteurs à cause de non
diversification des produits. En prenant l’exemple de la production du haricot, ce produit ne
peut se semer qu’en période de pluie. Par conséquent, si tout le monde se lance dans cette
plantation, au moment de la moisson, tout le monde a la même produit, d’où la surproduction
en haricot, débouchant ainsi la diminution de son prix. Il en est de même pour tous les
produits saisonniers. Outre le non diversification des produits, l’insuffisance d’infrastructures
routières cause la baisse du prix des produits agricoles. En effet, le peu de nombre de
collecteurs parvenu à franchir les endroits difficilement accessible provoque le
monopsone17qui a pour effet d’imposition au prix relativement bas des produits agricoles.
Soucieux de subvenir aux besoins de sa famille, les paysans sont obligés de vendre même à
perte. Ce qui démotive les paysans qui renonce à faire des efforts, estimant que seuls les
intermédiaires commerciaux se gorgent leurs enthousiasme.
A Madagascar, le riz constitue l’essentiel de la production agricole et sa culture est
largement pratiquée dans presque toutes les régions de l’île. Durant l’année 2010, la
production de paddy s’est élevée de 4 737 966 tonnes : elle a connu une légère croissance de
4.3% par rapport à celle de 2009. Par contre, elle a été de 4 300 185 tonnes pour l’année
suivante, faisant apparaitre une brusque réduction de 9.24%.18
Outre le riz, les produits de substitutions telles que le manioc a atteint 3 019 966
tonnes pour l’année 2009 et a augmenté de 0.14% pour 2010, tandis que le maïs, la patate
douce et la pomme de terre, ont connu un accroissement de production respectivement de
3.09%, de 0.91% et de 0.99% par rapport à celles de 2009. Ces produits sont destinés à
l’autoconsommation à raison de 55%19, la vente ne constitue que 25%.
Pour les cultures industrielles, elles ont tous évoluées à la hausse, avec un taux de
1.2% pour la canne à sucre ainsi que pour l’arachide, de 1.19% pour le poids du cap grain sec 16
Source : EPM 2010/INSTAT 17
Un seul acheteur est face à une multitude de vendeur. 18
Source des chiffres : Rapport Economique et Financier 2010-2011/ DGE 19
Source : EPM 2010/ INSTAT
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 27
et de 0.91% pour le haricot grain sec. Ces produits sont destinés à la vente dans la proportion
de 45%. Toutefois, l’autoconsommation reste importante, soit 40%20 de la production. Enfin,
pour la culture de rente, la quasi-totalité de la production est préservée à la vente. Elle a
enregistré une croissance de leur production de 1.2% pour 2010.
L’agriculture peut contribuer au développement économique par les surplus de
productions qu’elle peut engendrer. Ces surplus peuvent apparaitre sous diverses formes.
D’abord, un accroissement de la production agricole permet de nourrir la population non
agricole et fournir des matières premières pour les industries. Ensuite, lorsque la productivité
du travail agricole augmente, l’agriculture dégage une source de mains qui pourrait se
déployer dans d’autres secteurs. Enfin, une autre forme concerne l’épargne, les impôts et
taxes. En effet, l’épargne dégagée de la croissance du secteur agricole permet à l’Etat de
financer d’autres activités grâce à des impôts et taxes qui s’y rapportent.
Dans notre pays, il est difficile de s’attendre à ce que l’agriculture contribue au
développement économique dans la mesure que le taux d’accroissement reste faible ; avec
seulement 0.7% d’accroissement pour 2010 ; et ne peut pas parvenir à dégager des surplus. Ce
faible taux provient des facteurs naturels tel que : le changement climatique manifestant par
l’insuffisance de la pluviométrie dans certaines régions, tel que les catastrophes causées par
l’invasion des criquets, des rats et d’autres espèces nuisibles comme les maladies végétales.
Ce faible accroissement résulte aussi des facteurs d’origine humaine à savoir la carence des
techniques rentables et l’insuffisance des intrants.
Actuellement, dans le cadre du programme de la révolution verte et durable, le
gouvernement s’efforce de mettre à la disposition des paysans des semences améliorés, des
engrais ainsi que des matériels agricoles. L’aménagement des réseaux d’irrigation et la lutte
contre les criquets constituent aussi une priorité. Un autre programme de recherche agricole
consistant en la pratique d’agriculture adapté et recherche de partenariat, vise à améliorer le
niveau de vie des agriculteurs.
20
Idem
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 28
2) Economie déséquilibrée
Le déséquilibre économique s’explique par le fait de l’inégalité de l’essor et de
l’expansion de chaque région. Certaines régions se développent tandis que d’autres restent en
retard. Cette inégalité d’expansion réside essentiellement de la différence des conditions
géographiques et climatiques, du déséquilibre de la potentialité et la possibilité d’emploi et de
l’influence de la politique.
a- Inégalité de condition géographique et climatique
Madagascar étant une île vaste et montagneuse, cette caractéristique défavorise
l’extension du transport interne. Les moyens de communication entre régions qui doivent
permettre la circulation des produits, l’échange d’idée et d’expérience font défaut. Certes les
colons avaient installés des moyens de communication inter régionaux (chemin de fer et
route) ; lesquels ont été réhabilités, assainis et étoffés par les gouvernements successifs à
Madagascar, mais tout cela n’arrivent pas à desservir tous les régions du pays. L’articulation
interne reste encore faible. Seules, les grandes villes et leur voisinage se développent
davantage car elles sont pourvues de grands marchés. Ce fait conduit à l’inégalité de source
de revenu des régions. Ainsi, les régions pourvues de grands marchés trouvent facilement des
débouchés pour leurs produits et les revenus y sont plus augmentés par rapport à ceux des
régions enclavées.
Les conditions climatiques, sont aussi source de déséquilibre économique. Madagascar
est situé dans une zone intertropicale. Le climat est assez diversifié, le climat tropical
d'altitude sur les hauts plateaux, tropical et humide sur la côte Est, tropical sec et tempéré dans
le Nord, tropical semi-aride dans le Sud, et tropical sec à saison sèche dans le Moyen Ouest et
l'Ouest. Cette disparité climatique offre pour chaque région des perspectives de
développement différentes.
b- Inégalité de potentialité et possibilité d’emploi
Dans les Hauts terre, le sol est peu fertile, mais la probabilité d’emploi y est élevée par
rapport aux autres. Dans la région Ouest et du Moyen-Ouest, la potentialité économique est
importante mais mal exploité. Si l’on ne considère que le cas du riz la superficie cultivée et
très inégale pour chaque province, comme l’indique le tableau 2.
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 29
Tableau 2 : Superficie rizicole par province (en Ha)
Province 2007 2008 2009 2010
Antananarivo 236 110 238 220 240386 242563
Fianarantsoa 295 330 297 990 300710 303447
Toamasina 237 040 239 160 241320 243532
Mahajanga 240 630 242 800 244990 247233
Toliary 145 370 146 780 148090 149479
Antsiranana 117 560 118 620 119690 120789
Madagascar 1 272 040 1 283 570 1 295 186 1 307 043
Source : Superficie rizicole de Madagascar/ INSTAT/2011
Comme nous avons dit précédemment, la disparité traduite par l’inégalité des revenus
par région est aggravé par la différence de conception de la production. Dans certaines
régions, la production se limite à l’autoconsommation. Les gens se contentent à la satisfaction
des besoins de la famille et de la communauté. Ils vont même jusqu’à contrarier l’idée
d’amélioration des modes de production par crainte du non respect de la tradition, des mœurs
et des coutumes ancestrales. La persistance aux anciennes pratiques fait que leur revenu
n’évolue pas. Par contre, pour d’autres, l’ouverture à la nouvelle mode de production et à
l’amélioration des conditions du travail, la recherche du marché potentiel élève leur niveau de
vie. Pour ces individus, ils touchent un revenu plus élevé que ceux des premiers.
c- Influence de la politique
La prépondérance de la politique constitue une barrière à l’expansion égale des régions
en matière économique. Les dirigeants politiques parvenus au pouvoir ne servent que les
régions où ils trouvent leurs intérêts (richesses naturelle, popularité en vue d’élection…).
Aussi, existe-t-il des régions bien servies et souvent plus que nécessaire alors que d’autres
souffrent de moindre aide ; à tel point qu’elles réclament le fédéralisme ou l’autonomie
régionale pour s’assurer de leur propre développement.
3) Economie à faible extraversion
Compte tenu des règles de l’économie moderne, Madagascar ne peut plus échapper
aux échanges avec l’extérieur. Partant de la colonisation, en passant par une période
transitoire de socialisation où le gouvernement de l’époque optait pour l’autarcie21 par la
21
Etat d’un pays qui se suffit à lui-même et qui refuse les échanges avec l’extérieur.
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 30
fermeture de sa frontière. L’Etat malagasy finit par adopter le plan d’ajustement structurel
(PAS) imposé par la BM et le FMI pour pouvoir rétablir son économie.
La notion de commerce extérieur est née dans les années 1850 avec l’expansion
industrielle de Grande Bretagne. Pendant cette période, le marché intérieur ne suffisait plus à
l’industrie britannique ce qui conduisait les anglais à chercher des espaces économiques vides
d’hommes mais comportant d’énorme ressources utile pour la constitution des réserves en
matières premières et de débouché pour leur produit. Il s’agissait de colonie de peuplement.
Cette idée, une fois lancé par l’Angleterre s’étendait dans tous les pays industrialisés de
l’époque. D’où la grande ruée vers la colonisation du XIXe siècle.
A partir de l’année 1896, Madagascar est devenu colonie française. La France y
instituait l’économie de traite en forgeant le pays à se spécialisé dans la production et
l’exportation des matières première essentiellement issue de l’agriculture et dans
l’importation des produit manufacturé en provenance de la France. Le faible dynamisme de
l’économie de traite sur l’économie nationale a comme corollaire la faiblesse de notre
extraversion ce qui handicape notre pays jusqu’à présent. En effet, après de longue période
d’ajustement structurel, optant pour le libéralisme et le libre échangisme, la part des
exportations de notre pays dans le PIB n’est jamais dépassée de 20%, alors qu’en Sénégal et
en Côte d’ivoire, elle était de 30%22 après quelques années seulement de libéralisme.
Parallèlement, la part de nos importations est également faible. De 2001 jusqu’à 2010, la part
des exportations dans le PIB oscille entre 16.6% à 32.9% et celle des importations est entre
23.3% à 50,8%. Le tableau 3 montres l’évolution de la part des exportations et des
importations dans le PIB.
22
Sources des chiffres : DURUFLE Gilles., 1988-« L’Ajustement structurel en Afrique (Sénégal, Côte d’Ivoire,
Madagascar) ». Ed KARTHALA 22-24, boulevard Agro 75013 PARIS (page155)
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 31
Tableau 3 : Part des exportations et des importations de Madagascar dans le PIB
Année 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
exportation 32,9 16,6 21,8 32,6 26,5 29,8 30,3 26,5 22,2 24,1 26,7
importation 29,6 23,3 32,2 48,9 40,1 41 46,6 50,8 45,7 36,3 42,9 Source : Ministère de l’économie, de finance et du budget / DGE /2011
Graphique 2 : Variation de la part des exportations et des importations dans le PIB
En 10 ans, l’année 2002 accuse la plus faible exportation. Elle a chuté brutalement par
rapport à l’année précédente et n’a été que 16.6% du PIB. Pour rétablir la situation, le
gouvernement de l’époque a mis en œuvre un plan visant à réduire la vulnérabilité de nos
exportations, en élargissant le secteur d’exportation et en renforçant l’intégration du marché.
L’exportation a ainsi augmenté en 2003 jusqu’à atteindre son pic de 32.6% du PIB en 2004.
Mais suite à un démantèlement imprévu de l’Accord multifibre et l’effondrement du cours de
matière première, l’exportation a diminué en 2005. Grâce aux bonnes performances des
exportations du girofle, de crevette, de chromite et des produits des entreprises franches, une
reprise de notre exportation a été enregistrée deux ans plus tard. Malheureusement,
l’exportation diminuait de nouveau en 2008 et en 2009, par suite de la crise financière
mondiale jointe à la crise politique interne. La rapidité de la croissance économique mondiale
nous a permis d’augmenter la valeur de notre exportation en 2010.
Quant à l’importation, on constate que nous importons plus que nous exportons. Notre
balance commerciale a été constamment déficitaire. C’est en 2002 qu’on a enregistré une
faible part de l’importation par rapport au PIB soit de 23.2%. L’adoption des mesures
0
10
20
30
40
50
60
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
exportation
importation
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 32
d’allègement fiscal sur les biens d’équipement, les matières premières et certains biens de
consommation en 2003 a favorisé les importations, atteignant ainsi sa valeur maximale dès
l’année suivante. Cette valeur s’est dégradée en 2005 avec l’achèvement de la mesure
d’allègement, s’est relevé en 2006 à cause des activités des entreprises franches, des projets
miniers et l’importance de l’importation des biens de consommation. Cette hausse continue
jusqu’ à 2008, avant de baisser Grâce à la réduction de l’importation des biens d’équipement.
Ainsi, sa vocation à caractère agricole, son économie déséquilibrée et à faible
extraversion confirment le sous développement du pays. Quant à la situation économique de
Madagascar dans le monde, il est honteux d’entendre et de connaitre que la grande île de
l’océan Indien est aujourd’hui classé parmi les 20 premiers pauvre du monde. Aussi,
procédons-nous à l’analyse des causes et des problèmes inhérentes à cet état de chose.
Section 3 : Problèmes de notre économie
Deux problèmes permanents qui sont à l’encontre de notre développement méritent
d’être exposés: pauvreté et chômage ; auxquels s’ajoute le problème récemment semblant
résolu, mais laissant toujours des traces handicapantes : endettement. Ces maux existaient
depuis l’indépendance et subsistent toujours malgré les différents plans de redressement
préconisés par les gouvernements successifs.
1) La pauvreté
Quels que soient les critères retenus pour définir la pauvreté, on ne peut plus cacher la
pauvreté de Madagascar, se douter que notre pays compte parmi les moins avancés détenant
d’énormes ressources aussi bien humaines que naturelles mais ne parvient pas à se
développer. Selon le rapport de l’INSTAT sur l’EPM 2010, 76.6% de la population sont
pauvres. Plus de la moitié de la population, soit 56.5% vivent dans la pauvreté extrême23 à
raison de 62.1% dans le milieu rural, et 34.6% en milieu urbain.
La pauvreté malgache peut être expliquée par la théorie des cercles vicieux de la
pauvreté de Nurske24. En effet, la faiblesse du revenu entraîne la faiblesse de l’épargne, alors
23
La pauvreté extrême est définie comme une situation dans laquelle vit un individu qui possède un niveau de
consommation agrégée en dessous du seuil alimentaire. Cela veut dire que cet individu n'a même pas la
possibilité d'accéder au panier alimentaire minimal fournissant 2133Kcal/jour, évalué à 328 162 Ar/an (chiffre
de2010) 24
Cf. Cours d’économie générale ; 2000-2001-« Analyse du sous développement »
(http://fr.wikipedia.org/wiki/pays_les_moins_avancés)
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 33
que l’épargne nationale disponible détermine l’investissement, donc l’investissement est
négligeable entraînant à son tour une faiblesse de la productivité, d’où la production
inchangée voir même diminuée, et de nouveau une faiblesse ou diminution du revenu, et ainsi
de suite, et à la fin du cycle, la croissance se dégrade. En 2010, le niveau de revenus salariaux
annuels moyen est estimé à 1 388 000Ar, soit près 550 dollars par an. Pour la plupart des
ménages, la totalité de ces revenus sont destinée à la satisfaction des besoins fondamentaux.
Elle ne couvre pas la consommation entière du ménage. Les résultats statistiques montrent
que presque de 82%25 des ménages malagasy ont un revenu inférieur ou, au mieux, égal à
leurs besoins fondamentaux. Cela veut dire que l’épargne est très minime. Ce qui débouche à
la faiblesse de l’investissement.
A part la faiblesse du revenu, d’autres indicateurs comme l’état de la santé, le niveau
de l’éducation paraissent faible à Madagascar. Par rapport aux groupes d’âge, l’incidence des
maladies est particulièrement élevée chez les enfants de moins de un an avec un taux estimé à
22.0%au niveau national, (22.7% en milieu urbain et 21.8% en milieu rural). Elle descend
jusqu’à 11.7% de la population nationale pour le groupe d’âges plus de 4 ans. Les maladies
les plus touchantes comprennent le paludisme, la diarrhée, les infections pulmonaires. Le taux
d’accès au soin est faible ; 32.7%26 des malades seulement vont en consultation dans les
hôpitaux publics ou les cabinets privés dont la majorité sont concentrées en zone urbaine. Le
faible taux de fréquentation en milieu rural est dû notamment à l’éloignement des hôpitaux,
la prépondérance de l’auto médication, la méfiance envers les agents de santé. Le problème
financier constitue une entrave pour les deux milieux. Malgré ces motifs de non consultation
médicale, l’état de santé des malagasy n’est pas garanti en raison de l’insuffisance des
infrastructures sanitaires. D’ailleurs, l’étude sur l’évaluation de l’efficacité des services
sanitaires publics fait défaut. Même si des efforts ont été étalé par l’Etat malagasy sur la
récente construction de huit hôpitaux sophistiqués, cela ne saurait pas satisfaire les besoins
sanitaires tant qu’il n’existe pas de matériels convenables, de nombre suffisant en personnel
médical, et d’amélioration de la gestion des services sanitaire accompagnée de sensibilisation
incitant la population à rejoindre les hôpitaux en cas de maladie.
Parallèlement à ces indices dans la santé publique, le taux de scolarisation n’est pas
vraiment probant. En 2010, le taux d’accès net au niveau primaire 27est de 73.4% avec un
25
Source des chiffres : EPM 2010/INSTAT 26
Source des chiffres: EPM 2010/INSTAT 27
Le taux net de scolarisation (TNS) du primaire mesure la proportion d’enfants d’âge légal du primaire, c’est-à-
dire de 6 à 10 ans, qui sont effectivement scolarisés dans le primaire.
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 34
taux de décrochage faible, soit 6.3%. Dans la même année, un enfant sur quatre, parmi les 6 à
10 ans, ne fréquente pas l’école primaire. Théoriquement, le cycle primaire est gratuit, dans
les lieux où existent des infrastructures. En outre, la scolarisation des enfants est handicapée
par la qualité des services offerts. L’inexistence ou la détérioration des infrastructures
scolaires, ainsi que l’insuffisance d’enseignants, caractérisent et déterminent la qualité de
l’offres scolaires.
Durant plusieurs années, le graphique du niveau de vie à Madagascar n’a cessé,
d’accuser une courbe descendante ; les causes en sont multiples, nous ne citons que
l’accélération de la dégradation de l’environnement, l’accentuation de la désertification… ; de
tels facteurs ne font que dévaloriser les potentiels du développement. Si le niveau d’éducation
et de santé baissent, c’est qu’ils sont liés au revenu, et si le revenu baisse sans cesse, la
diminution du niveau de vie va pour autant. De tels problèmes engendrent de nouvelle
pauvreté au lieu de lutter contre. Si cet état de chose continue, l’Objectif du Millénaire du
Développement (OMD) visant à réduire de moitié la pauvreté en 2015 ne sera pas atteint.
2) Le chômage
Selon la définition du bureau international du travail, le chômage caractérise la
situation des personnes actives sans emploi, à la recherche d’emploi, effectuent des
démarches pour cela et immédiatement disponible. Le chômage est la conséquence de deux
tendances contradictoires : la croissance de la population active et la stagnation de l’emploi.
Depuis 2001, le taux de croissance naturel ne sèche d’évoluer à la hausse. L’estimation de
l’INSTAT sur la progression de la population malagasy permet de déduire que le taux de
croissance moyenne annuelle est de 2.83%28, tandis que celle de la croissance économique est
de 2% par an. Cela signifie que le taux naturel n’est pas garanti par le taux de croissance
économique. Cet écart entraîne la dégradation accentuée de la situation de l’emploi.
Pour expliquer le chômage, partons de la constatation de Lewis29 (1954) sur
l’économie des pays en voie de développement. En effet, notre économie est composée de
deux secteurs. D’une part, le secteur moderne ou urbain, caractérisé par une productivité
élevée et une accumulation du capital. Ce caractère offre une opportunité de salaire à la main
d’œuvre du secteur urbaine. D’autre part, le secteur traditionnel ou rural où vive la majorité
de la population active malagasy, caractérisé par la prépondérance de l’agriculture faiblement
productive. A cause de la diminution des parcelles à cultiver dans le milieu rural suite à
28
20696070= 15657552(1+a)10
29
Cf. Mr RAKOTOVAO Hery ; 2011 ; Développement ; Cours de 3ème
année ; Département Economie
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 35
l’augmentation de la population rurale, le sous emploi visible30y frappe. Poussés par le sous
emplois et incités par le fait que les actifs occupés sont mieux rémunérés en milieu urbain
qu’en milieu rural, les ruraux ont tendance à se déplacer vers la ville pour chercher de
l’emploi plus rémunérant. En milieu urbain, le salaire annuel moyen est de 1 661 000 Ar,
tandis qu’en milieu rural, il varie entre 1 000 000 et 1 600 000 Ar31. Cet écart accentue
l’exode rural.
Le gonflement de la population active urbaine étoffé par les émigrants ruraux diminue
la probabilité de trouver un emploi en ville ; la capacité d’embauche urbaine est réduite. Cette
situation défavorise les chômeurs urbains et accroit leur nombre. Ils ont dû baisser leur
prétention salariale en dépit de l’arrivée massive de mains d’œuvre à bas prix du monde rural
qui imposent la concurrence sur le salaire. Ce phénomène entraîne une conséquence néfaste
sur la productivité et la croissance économique car l’amélioration du travail devient
défaillante.
La réduction de la possibilité d’emploi favorise l’accroissement spectaculaire du
secteur illégal et l’informel en ville. Néanmoins, le secteur informel présente quand même un
avantage non négligeable car il permet d’éviter le chômage ouvert. Depuis 2009, le secteur
informel connait une expansion considérable à cause des emplois perdus suite à la crise
politique à Madagascar.
Pour en terminer avec cette sous-section, disons que le taux de chômage est encore
faible à Madagascar, avec 3.8% en 2010 dont 7.6% dans le secteur moderne et 3% dans le
secteur traditionnel, et que le taux de sous emplois ne dépasse pas moitié de la population,
avec 42%32 de la population active. Par contre la qualité de l’emploi est en décadence.
L’emploi inadéquat gagne du terrain. Si l’on se réfère au salaire horaire minimum au prix
constant de 2005, Les salariés touchant moins du salaire horaire minimum dépassent les 51%
en 2010. Ce phénomène est plus flagrant en milieu rural avec plus de 47.4% des salariés,
contre 36.0%33 en milieu urbain.
30
C’est un phénomène du à l’accroissement de la population alors que la possibilité d’emplois en dehors de
l’agriculture sont extrêmement réduites et qu’il n’est pas possible d’augmenter suffisamment les surfaces
cultivés 31
Source des chiffres: EPM 2010/INSTAT 32
Source des chiffres : UNICEF/2012 33
Source des chiffres: EPM 2010/INSTAT
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 36
3) L’endettement
Il est vrais que l’endettement n’apparait plus comme problème majeur du pays depuis
ses trois dernières années, pourtant, elle a laissé des handicapes insurmontables bloquant notre
essor. Par conséquent, il mérite d’être exposé.
Pour rétablir la balance de paiement déséquilibrée par les factures du pétrole et des
importations, accompagnée de la chute du prix des matières premières exportées, les
banquiers occidentaux n’ont cessé d’octroyer des prêts au pays en développement à la veille
de la crise pétrolière de 1973, grâce à la diminution du taux d’intérêt due à la surliquidité
financière suite au placement fait par les pays producteur de pétrole. Tous les pays en
développement ont opté pour cette manne quelles que soient les conditions imposées. La
crise pétrolière de 1973 a été subitement alourdie par celle de 1979, renverse ainsi la
situation : une hausse brutale et non attendue du taux d’intérêt s’est produite et s’est
répercutée sur le taux d’endettement des pays en développement ayant engendré
immédiatement la cessation de paiement. La manne facile, procurée dans le but de remédier
au déséquilibre conduit à un effet pervers.
Madagascar, qui a pourtant procédé, à une réorientation radicale de son économie
après 1972, puis après 1975 n’a pas pu échapper ce piège de l’endettement facile. Augmenté
par l’investissement à outrance décidé en 1978, consistant à l’acceptation des délocalisations
des machines inadaptées par la technologie des pays développés, Madagascar tombe dans un
fardeau de dette. Les investissements destinés à ramener le développement n’ont pas été
adaptés aux besoins de la population. Ils exigent des mains d’œuvres ayant une capacité
technologique élevée dont les malgaches sont privés. Il était donc un éléphant blanc34 pour le
pays.
Quant au remboursement, les autorités malagasy ont contraintes de faire en sorte
qu’une augmentation de la production agricole soit accusée rapidement pour accélérer le cash-
flow35 national. Le problème de l’investissement à outrance réside du fait que les ressources
obtenues n’ont pas été alloué correctement aux projets productifs, et que les projets industriels
ont été mal conçus car les machines introduites ont été inappropriées ni à la main d’œuvre
malgache ni aux besoins de la population.
De ce fait, notre balance commerciale restait toujours déficitaire ; alors qu’on règle les
services de la dette par les recettes d’exportation, nous somme trouvé dans l’incapacité de
34
Constructions énormes, coûteuses, inutiles parce que non adaptées, non suivies, surdimensionnées, qui
parsèment le paysage 35
Capacité de remboursement
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 37
rembourser notre dette. En 1982, le pays a été obligé de recourir au FMI car les bailleurs de
fonds internationaux se sont indirectement retirés. La crise de paiement de dette a subsisté et
a entrainé la chute totale du niveau de vie des malgaches. On est passé ainsi d’une situation où
il a fallu s’endetter pour croitre, à une situation où il a fallu s’arrêter de croitre pour pouvoir
payer les dettes. Certes que Madagascar arrive actuellement à être parmi les pays les moins
endettés du globe, et que l’endettement ne constitue plus un problème de notre pays, il y a
trois ans, par contre, il laisse des emprunts difficilement effaçables sur le niveau de vie des
malagasy.
Dès 1999, année d’initiation de l’Initiative pour les Pays Pauvres Très Endettés
(IPPTE) par la BM, Madagascar a été déjà éligible à cette initiative, consistant à alléger la
dette pour ramener à un niveau soutenable. Rappelons que l’encours de la dette à une date
donnée est le montant du principale versé et non encore remboursé. C’est la dette vivante,
c’est celle qui n’a pas été payée. L’encours de la dette extérieure totale est représenté par
l’encours de la dette publique auquel s’ajoute celui de la dette privée. Le tableau suivant
illustre l’encours nominale de dette de Madagascar depuis 2001 jusqu’à 2010 et dont
l’évolution est représenté par le graphique 3.
Tableau 4 : Evolution de l’encours nominale de dette de Madagascar
année 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 dette publique 3041 3178 3178 2347 2483 1030 1201 1403 1528 1413 dette privée 133 137,5 148 173 153 93 14 13 12,2 9,6 Total 3173 3315 3326 2520 2636 1123 1215 1417 1541 1422 Source : Rapport économique et financier (2001-2002, 2004-2005, 2010-2011) et nos calculs
Graphique 3 : Variation de l’encours nominale de dette de Madagascar
0
500
1000
1500
2000
2500
3000
3500
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
dette publique dette privée Total
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 38
A la fin de 2001, l’encours nominal de la dette extérieure de Madagascar est aux
environs de 3.2 milliards de DTS, soit 88.4% du PIB. Après une légère augmentation à la fin
de 2002 (100.6 % du PIB), cette encours évoluait à la baisse jusqu’en 2004 grâce à
l’éligibilité de notre pays à l’IPPTE qui consistait à l’allègement de 69.5% notre dette. A la
fin de 2004, l’encours des dettes publiques extérieures du pays s’élève à 2 347 millions de
DTS. Avec le bouclage du programme qui a conduit à l’atteinte du point d’achèvement, le
pays a bénéficié d’un allègement substantiel de dette d’une valeur actualisée nette totale de
836 millions d’US dollars. Le fait d’atteindre le point d’achèvement a eu pour effet net la
diminution du stock de dette pour les années suivantes. Par rapport au PIB nominal, l’encours
de la dette extérieure a baissé progressivement : 80.6% à la fin de 2005, 28.8% à la fin de
2006 et 24.8% à la fin de 2007. En 2010, le stock total de la dette extérieure de Madagascar a
été évalué à 1 422.9 millions de DTS soit une baisse de 7.6% par rapport à 2009. En termes de
ratio par rapport au PIB, la dette extérieure de Madagascar est passée de 27.6% du PIB en
2009 à 24.9% du PIB en 2010.
De tous ce qui précède, il appert que ces problèmes existaient il y a longtemps et
continuent toujours à être la préoccupation majeure du pays, sauf l’endettement. Des
questions se posent alors : où en somme nous avec le libre échange ? A-t-il contribué à
surmonter tous ces maux ? Notre réflexion consiste à répondre à toutes ces questions, mais en
attendant, nous allons analyser le contexte du libre échange, l’arme économique de
Madagascar, les opportunités et les inconvénients du libre échange pour Madagascar.
Chapitre 2 : Contexte du libre échange
Essayons de voir dans quelle mesure le contexte national et international influe notre
développement. Est-il favorable ou non pour le pays.
Section1 : contexte national
Notre pays ouvre sa frontière dans un contexte où la mauvaise gouvernance et
l’insécurité sociale prennent de l’ampleur et l’économie est en insuffisance de financement.
1) Mauvaise gouvernance
La mauvaise gouvernance se manifeste surtout par la corruption. La corruption est
définie comme l’utilisation de la puissance du pouvoir public en vue d’enrichissement
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 39
personnel. Bien que la corruption ne soit pas l’apanage des pays en voie de développement,
ses conséquences sont désastreuses pour n’importe quel pays, et d’autant plus graves dans les
pays pauvre comme Madagascar. Dans notre pays, ce phénomène prend de l’ampleur et
devient une institution imbécile du fait que la loi du silence se propage parmi toutes les entités
de Madagascar par la faute de la pauvreté. L’Etat et la finances tournent à vide, les
fonctionnaires, policiers et les soldats ne se contentent de leur solde et ils la négocient encore.
En somme, l’administration publique devient payante. Par conséquent, la population
commence à perdre confiance à l’entité étatique, d’où apparaissent toutes formes d’anarchie
qui se propagent dans toute l’île. L’EPM 2010 permet d’apprécier que plus de la moitié des
enquêtés déclarent ouvertement leur insatisfaction générale aux services publics. Les services
les plus visés concernent l’état civil et la sécurité. Pour ce qui est de la santé et de l’éducation,
seul la moitié des enquêtés a manifesté sa satisfaction. Cela nous amène à considérer le
passage de Tidiane Diakite qui dit que « l’administration n’est pas un outil de développement
en Afrique, c’est au contraire un énorme gouffre qui engloutit des sommes énormes
quotidiennement et sans moindre apport 36».
La communauté européenne avance que, pour assurer le développement durable, la
bonne gestion des affaires publique doit être encouragée sous tous les aspects : responsabilité,
transparence, Etat de droit, équité et participation. C’est pour la raison que la BM a fait
instituer à Madagascar le BIANCO en 2005. Malheureusement, on n’arrive pas pour autant à
dépister la corruption dans notre pays. Au contraire, elle devient une mode de vie, elle touche
non seulement les administrations publiques mais également les administrations privées.
Selon le rapport de la Transparency International37sur Madagascar, en 2012, la société civile
est la plus corrompu, vient en deuxième place le force de l’ordre, puis les services du domaine
et la justice en quatrième place.
Ce que nous ne savons pas que, la corruption accentue l’inégalité, favorise l’exode
des ressources du pays et entraine un coût additionnel pesant la demande. De plus, en dépit de
la corruption, les décisions publiques tendent à être prises, non pour l’intérêt de la
communauté, mais plutôt en fonction de l’intérêt particulier des décideurs.
2) Insécurité sociale
Madagascar essaye de sortir du sous développement dans un environnement social
instable. Actuellement, sous l’influence de nombreux problèmes socio-économiques tels que
36
TIDIANE Diakite., 1986 –« L’Afrique malade d’elle-même ». Ed Karthala 37
http : //www.trasparency.madagascar.org/
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 40
la pauvreté, le chômage, la corruption…ainsi que celle de la culture étrangère, la culture
malagasy perd peu à peu sa vertu et la société tend vers le désordre. La bonne institution
qu’est le « fihavanana », commence à passer. Des mauvaises pratiques qui étaient auparavant
strictement interdites et à fréquence faible, prennent de l’ampleur, deviennent une habitude et
se généralisent dans toute la société, débouchant enfin à la formation d’une nouvelle
institution imbécile bloquant le développement.
A l’heure où nous vivons, l’insécurité sociale, se manifestant par des braquages, des
actes de banditismes, des violes… gagne le terrain. Quelques groupes de mafia envahissent et
terrorisent la société tout entière en usant d’armes plus perfectionnés que ceux de la force de
l’ordre. Par conséquent, cette dernière faillite à parvenir en aide à la société.
L’insécurité sociale bloque le développement du fait qu’elle entrave toute tentative de
progrès économiques, d’ailleurs, le droit de propriété n’est pas respecté, tout est commun.
Selon les économistes de la nouvelle économie classique (Paul Romer, Gregory Mankiw,
Weill)38, tant que les mauvaises pratiques ne sont pas abandonnées, tant qu’il n’existe pas de
bonne institution, si le droit de propriété n’est pas respecté, aucun développement ne se
produira. En effet, aucun investisseur ne va investir dans un terrain ou secteur dont le droit de
propriété n’est pas bien défini. C’est pour cette raison que les ménages malagasy préfèrent
thésauriser ses surplus au lieu de les investir dans une activité productive. Si la structure de
notre société continue à être non incitative, Madagascar sera toujours sous développé et nous
resterons continuellement pauvres.
Le problème ne se limite plus dans le domaine social, il touche aussi notre ressource
naturelle et se manifeste par son exploitation abusive et son trafic illicite. Cette pratique ne
fait qu’enrichir un petit groupe de personne et appauvrir la population toute entière.
3) Insuffisance de financement des activités économiques
Tous les pays libéraux dont Madagascar, héritent de la doctrine classique qui préconise
le capital comme facteur dynamique. C’est une valeur anciennement cumulé, en d’autres
termes, un moyen financier qui donne à l’économie la possibilité de bouger.
Victime de l’imperfection du marché de crédit, l’économie malagasy assiste à
l’insuffisance des moyens de financement de ses activités productives. Cette imperfection,
affecte à la fois les prêteurs et les emprunteurs et se traduit par la difficulté d’accès aux
intrants.
38Cf. RAKOTO David ; 2012 ; Théories Economiques ; Cours de 4
ème année; Département Economie
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 41
En se référant à l’explication des nouveaux keynésiens39 sur l’imperfection du marché
de crédit, elle est causée notamment par l’incertitude et l’asymétrie d’information touchant les
deux parties. En effet, l’incertitude et l’asymétrie d’information conduisent les institutions
financières très avares aux risques et accroissent la part de placement sans risques dans leur
portefeuille. Ce comportement débouche alors à une sélection très sévère de la demande de
crédit et augmente le coût d’intermédiation. L’emprunteur rationné trouve du crédit très
difficile à obtenir et plus couteux ; en outre, les banques exigent des garanties à valeur plus
élevée que le crédit demandé. Comme le taux d’intérêt est trop élevé, la probabilité de non-
paiement augmente ; les institutions financières, également allergiques aux risques optent
fréquemment à un rationnement de crédits.
Taux d’intérêt élevé, garantie plus que le crédit demandé en valeur et difficulté des
processus d’octroi, tout ceci augmente l’incertitude des emprunteurs. En effet, dans le souci
de la rentabilité de l’investissement, ces derniers renoncent à leur projet d’investissement.
Certes, les malagasy ont un esprit d’entreprise, mais face à la difficulté financière, le projet
reste à son stade embryonnaire ou même disparait en cours de route. Il s’avère donc normale
que la masse populaire s’appauvrit, et seuls les riches dotés de grandes entreprises et
industries peuvent se procurer de leur satisfaction quant à la demande de crédit. Le problème
est que seulement 3%40 des malagasy sont bancarisé et, qu’en général, les banques ne donnent
de crédit qu’à leur permanant client. Comment donc bancariser notre population dont 76% vit
en dessous de seuil de la pauvreté.
Section 2 : Contexte international
Trois tendances marquent l’évolution du libre échange à savoir, la pensée unique, la
démocratie et la bonne gouvernance.
1) Libéralisme économique
Sous tendu par la pensée libérale, le concept de libéralisme économique cristallise la
vision internationale. Ce concept suppose le désengagement de l’Etat dans l’économie, la
création d’un environnement favorable au développement du secteur privé et la privatisation.
Ce concept fut véhiculé par le Consensus de Washington et devient un mot d’ordre dans
l’économie internationale. Depuis les années 1980, le FMI et la BM ont imposé ce concept
39 Cf. RAKOTO David; 2012 ; Théories Economiques ; Cours de 4
ème année; Département Economie
40 Cf. HARIMISA; 2012 ; Finances Publiques ; Cours de 4
ème année; Département Economie
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 42
dans la politique économique des pays dont ils sont les tuteurs et les pourvoyeurs.
Madagascar, après l’adoption du PAS, opte à ces obligations. La formule « Moins d’Etat » est
devenue le slogan. En d’autres termes, le rôle de l’Etat se limite aux fonctions régaliennes et,
cela s’est traduit par son retrait aux activités productives, laissant ainsi plus de place au
secteur privé.
Pour ce faire, diverses mesures ont été prises ; citons, entre autre, l’amélioration des
Finances Publiques axée sur l’amélioration des recettes douanière, l’amélioration de
l’efficacité des dépenses publiques et l’optimisation budgétaire. En outre, des assainissements
et rationalisations des entreprises publiques ont été faites consistant en la mise en œuvre des
programmes de réforme, à savoir liquidation, désengagement et restructuration. En 1988, des
nouvelles lois bancaires ont été promulguées, autorisant la création de banque commerciale et
d’autres institutions financières désormais ouvertes aux capitaux privés. Ces mesures ont été
prises afin de promouvoir le développement des secteurs privés.
A part ces réformes, la libéralisation du commerce extérieur y va de pair. Elle a été
matérialisée par le libre accès à la devise qui était auparavant strictement règlementé par
l’Etat. Ce libre accès est rendu possible grâce à l’installation du régime d’importation
libéralisée qui a mis définitivement fin toute intervention étatique en matière d’allocation de
devises en laissant la place aux banques commerciales. Par ailleurs, pour faciliter
l’investissement, des révisions du code des investissements ont été opérées pour apporter des
incitations aux petites et moyennes entreprises tout en allégeant les procédures d’agrément.
Enfin, il a été inclue dans ces révisions l’accès des étrangers à la propriété financière.
2) Démocratie
La question de démocratie constitue un sujet houleux de l’actualité international
particulièrement dans les pays en développement de l’Afrique. Philosophiquement,
démocratie est un terme ayant pour aspiration universelle liberté et justice. Une société
démocratique a donc comme premier attribut la liberté et la justice. Il n’y point de liberté sans
justice, sinon la liberté des uns plus fort se fait au détriment des autres plus faibles. La justice
se conçoit comme la volonté de tendre vers ce qui est commun. Dans la vie en société, la
justice s’avère très importante et son respect conditionne l’institutionnalisation du rapport de
l’individu en groupe. Sur le plan politique, la démocratie s’incarne dans la reconnaissance des
droits fondamentaux de l’homme en tant qu’individu et en tant qu’état de droit en ce qui
concerne la communauté humaine. Cet état de droit a pour fondement, la séparation des
pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire.
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 43
Les pays développés sont convaincus que seule l’installation d’un ordre démocratique
peut assurer une atmosphère favorable au développement, d’où l’adage : « pas de
développement sans démocratie ». Ainsi, l’Europe et les Etats Unis, en concertation avec les
institutions de Bretton Woods avancent qu’il existe un enchainement vertueux qui mène de la
démocratie en développement dont l’économie de marché constituerait le lien nodal de cet
enchainement.
Dans le cadre de la mondialisation actuelle, la démocratie est à la tête des conditions
imposées par les bailleurs de fond aussi bien multilatérale que bilatérale pour l’octroi d’aide.
Les pays non démocratiques ont moins de chance d’être aidés par les pays développés.
Progressivement, le vent de la démocratie souffle tous les continents du monde. En Afrique,
le mouvement est accéléré par la conférence Franco-africaine de Baul du 20 Juin 1990, au
cours de laquelle, le président de la république française François Mitterrand annonçait et
précisait que la démocratie conjuguée : système représentatif, élection libre, multipartisme,
liberté de presse, indépendance de la magistrature et refus de la censure, constitue la seule
façon de parvenir à un état d’équilibre au moment où apparait la nécessité d’une plus grande
liberté. Pour cela, il annonçait aussi que la France pénalisera financièrement les régimes
africains non démocratiques et autoritaires. C’est la raison pour laquelle, l’unicité des parties
tend à disparaitre en Afrique. Malheureusement, dans les pays pauvres, la démocratie est
devenue une source d’anarchie à cause du droit de parler, de conester, de se manifester, … ;
d’où le renversement médiatique du vieil adage : « pas de démocratie sans développement
local ».
3) Bonne gouvernance
Bonne gouvernance, une autre condition imposée par les organismes d’octroi d’aides
multilatéraux et bilatéraux. Elle implique un Etat de droit, une bonne administration,
l’existence de dirigeants politiques responsables de leurs actes et qui rendent compte de leurs
actions à la population, ainsi qu’une transparence garantie par la libre circulation des
informations. La bonne gouvernance englobe tous les aspects de la bonne gestion des affaires
d’un pays notamment politique, économique, cadre règlementaire et état de droit.
Actuellement, la bonne gouvernance est un mot d’ordre. Pour renforcer la bonne
gouvernance, le FMI a mis en place des programmes d’appuis portant sur des mesures
d’amélioration de la gouvernance41, notamment le renforcement du contrôle des dépenses
41
http : //web.worldbank.org/
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 44
budgétaires, la publication des comptes audités des organismes publics et des entreprises
publiques, la rationalisation et le retrait des mesures arbitraires de l’administration des
recettes, l’amélioration de la transparence de la gestion des ressources naturelles, la
publication des comptes audités par la Banque centrale, ainsi que l’application plus stricte de
la supervision bancaire. Le FMI aide aussi les pays à renforcer leurs moyens de lutte contre la
corruption en offrant des conseils sur la mise en place des dispositifs juridiques conçus à cet
effet. Un point particulier a été accentué dans les opérations avec les pays à faible revenu en
insistant de plus en plus sur l’installation d’un système de suivi des dépenses publique en
liaison avec la réduction de a pauvreté.
Dans le contexte de libéralisation de l’économie, la bonne gouvernance ne s’applique
pas seulement à la gestion des affaires publiques, ce concept s’applique aussi sur la gestion
des entreprises, compte tenus de la nécessité de renforcer les rôles des secteurs privés pour
remplacer ceux de l’Etat. Le concept de « gouvernance d’entreprise » est sensé débouché sur
plus de transparence entre les entités concernées. A ce propos, le concept de « gestion
générique » est utilisé pour désigner une seule forme de gestion qui s’applique aux deux
secteurs, qui sont le secteur public et le secteur privé. Bref, le renforcement de l’application
de la bonne gouvernance a pour ambition de renforcer la compétitivité internationale en
particulier ceux des pays moins les avancés.
Chapitre 3 : Atouts majeurs de Madagascar, opportunités
et inconvénients du libre échange Dans ce dernier chapitre, nous allons exposer les différents produits dont Madagascar
compte sortir de son sous développement en face du LE, les opportunités qui pourraient
accélérer cette tentative de sortie, ainsi que les inconvénients du LE qui pourraient la retarder.
Section1: Atouts majeurs de Madagascar face au libre échange
La majorité des produits d’exportation malagasy comporte des matières premières et
des matières semi-finies nécessitant encore une transformation. Ces produits peuvent se
classer en produits agricoles et produits industriels.
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 45
1) Produits agricoles
Du fait de la DIT, Madagascar se spécialise dans les créneaux les moins décisifs et les
plus stagnants de la demande mondiale. Ses propres produits d’exportation dans le LE sont en
général des produits agricoles ajoutés aux produits halieutiques essentiellement le café, le
girofle, la vanille, le poivre, le cacao et ainsi que d’autres produits comme le riz… Ces
produits connaissent des fois l’instabilité des prix à cause du développement de la
biotechnologie des pays développés et des chocs économiques externes.
L’agriculture constitue une des clés de notre économie face au LE vu que toute
augmentation de la valeur ou du volume de notre exportation est presque afférente à
l’augmentation du cours des produits provenant de l’agriculture et vis-versa. Pour les années
2006 et 2007 l’exportation malagasy a connu une augmentation en valeur et en volume, ces
augmentations sont attribuées en grande partie par la bonne performance de l’exportation du
girofle, des crevettes et de la vanille. Pour 2006, le girofle encourt une hausse substantielle
tant en volume qu’en valeur. Le prix du girofle sur le marché international a été de 1.74 DTS
le Kg en 2006 contre 1.2 DTS42 le kg en 2005. A cause de la baisse du prix internationale, la
vanille, quant à elle, la valeur de son exportation a chuté alors qu’il y a eu une hausse de son
volume. En 2007, s’il y a eu hausse du volume de la vanille et du girofle, la bonne
performance est due également au bon entretient des demandes internationaux, notamment les
demandes de girofle en provenance de l’Asie.
Les années 2005, 2008 et 2009 par contre ont été marquées par la diminution de notre
exportation en valeur. Cette baisse s’explique en partie par la chute de la valeur de
l’exportation agricole. En effet, en 2005, même si on a enregistré une exportation florissante
du café aussi bien en volume qu’en valeur, la vanille a connu un effondrement de son prix
malgré l’augmentation de moitié de la quantité exportée. Il en est de même pour le girofle,
son prix a augmenté de 20% entre 2004 et 2005, par contre, la quantité exportée a été très
réduite, ce qui fait que la valeur de son exportation a aussi. Ainsi, la valeur de l’exportation
agricole a décliné dans sa totalité. Quant aux années 2008 et 2009, la valeur inférieure de
l’exportation agricole est la conséquence de la crise financière mondiale ainsi que la crise
politique interne. Durant cette période, seule l’exportation de poivre, du sucre et de l’essence
de girofle a connu une augmentation en valeur. Cette hausse s’explique visiblement par la
forte demande sur le marché international. Pour plus d’information, l’annexe 3 nous montre
en détaille les principaux produits d’exportation du règne végétale de Madagascar pour 2010.
42
Source des chiffres: Rapport Economique et Financière 2005-2006 /DGE
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 46
2) Produits industriels
L’adoption successive du DCPE, du DSRP et du MAP, va dans la logique de stratégie
industrielle malagasy. Par ailleurs, le prolongement de la crise de 2002 a véhiculé des impacts
néfastes sur l’économie et surtout dans le secteur industriel. Afin de résoudre de tel problème,
le gouvernement de l’époque a élaboré des stratégies de développement en convention avec
les bailleurs de fond. Dans cette démarche, le DSRP a été repris et transformé en DCPE puis
en MAP qui s’inspire de l’OMD. Cette nouvelle stratégie vise à relever les défis de la
mondialisation. Elle comporte 8 engagements, cependant l’engagement 6 nous intéresse
particulièrement par son cadre d’étude du secteur industriel. Cet engagement se subdivise en
10 défis dont nous retenons les deux suivants : le renforcement des entreprises locales, les
petites et moyennes industries et l’accroissement des investissements directs étrangers ;
concernant l’étude des armes de notre pays face au libre échange, les Zones Franches
Industrielles (ZFI) et l’industrie extractive méritent d’être examinées.
a- Les Zones Franches Industrielles
Les entreprises des ZFI ont été implantées dans notre pays afin de promouvoir le
développement des activités manufacturières orientées vers l’exportation. Les investisseurs
étrangers et nationaux sont sensés en être le moteur. Ainsi les objectifs majeurs consistent à
s’assurer des recettes en devise, à créer des emplois, à attirer des capitaux et les technologies
de pointe en provenance de l’extérieur, à acquérir et améliorer la formation des mains
d’œuvre locales et à s’assurer des services du personnel expatrié qualifié en vue d’encadrer
les travailleurs nationaux. Les ZFI jouent un grand rôle dans le renforcement de nos armes
pour le LE. Leur part dans l’exportation est considérable car celle-ci représente en moyenne la
moitié de l’exportation malagasy. Pour l’année 2008 seulement, l’exportation réalisée par les
ZFI représente 56% de l’exportation totale du pays et elle est de 52% pour l’année suivante.
b- L’industrie extractive
Comme l’industrie extractive incluant la QMM-Rio Tinto dans l’ilménite à Taolagnaro
et le Sheritt dans le nickel et le cobalt à Ambatovy est encore en phase d’investissement ; les
impacts économiques attendus d’eux restent encore impalpables ; leur contribution dans
l’exportation malagasy demeure minime jusqu’à l’heure de notre rédaction.
Les exportations des produits miniers, en l’occurrence, le graphite et la chromite
représentent respectivement 17% et 2% des exportations hors zones Franches en 2008. Ces
parts ont diminué en 2009 et sont devenu 9% et 1.5% vue que les valeurs ont diminué de
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 47
18.4% pour l’un et de 47.9%43 pour l’autre. Il en est de même du tonnage exporté. Toutefois,
l’industrie extractive se montre performante ; la Société QMM continue ses activités et a
débuté ses exportations avec environ 109 000 tonnes d’ilménite en 2009. L’Industrie
extractive garde sa performance ; en effet, les prévisions de recettes d’exportation de 93
Milliard Ariary ont été réalisées à 96.0%. Malgré la crise sociale survenue au sein de la QMM
en engendrant un ralentissement de ses activités, la société, à elle seule, a pu exporter 290 816
tonnes d’ilménites. Il est également à signaler que la Kraomita Malagasy a pu exporter des
minerais de chrome à raison de 131 800 tonnes.
Graphique 4 : Structure de l’exportation hors zones franches
Source : Exportation d’origine végétale/Rapport économique et financière 2008-2009/DGE
En ce qui concerne les ZFI, elles assurent l’essentiel de notre exportation ; viennent en
second rang les produits agricoles, tandis que les autres produits ne couvrent qu’une faible
part. Le graphique 4 représente la structure de notre exportation hors zone franche en 2008 et
2009.
Section2 : Opportunités du libre échange
La mondialisation de l’économie a comme aspects: la libéralisation financière et la
libéralisation de la circulation des marchandises. Ces deux aspects paraissent pour notre pays
des opportunités qu’il faudrait profiter pour le lancement rapide de notre économie. Pour
Madagascar, le bénéfice de la libéralisation financière prend la forme de conclusion de
relation multilatérale et ou bilatérale. La libéralisation des marchandises quant à elle se
matérialise par la conclusion d’accords de coopération régionale.
43
Source des chiffres : Rapport Economique et Financier 2007-2008, 2008-2009, 2009-2010/DGE
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 48
1) Relations multilatérales et bilatérales
L’ouverture à l’extérieur nous permet de multiplier les relations multilatérales et
bilatérales qui ont pour but essentiel de sortir de la pauvreté donc du sous développement. Ces
relations s’appuient sur la libéralisation de l’économie, la bonne gouvernance et la
démocratie.
a- Madagascar et la relation multilatérale
Les grands partenaires multilatéraux qui offrent notre opportunité économique
comprennent:
� La relation entre Madagascar, la Banque Mondiale et le FMI:
Dans le cadre du PAS dans les années 1980, le FMI et la BM définissent des politiques
de soutien axées sur la croissance qui s’est traduit par les Crédits d’Ajustement Structurels
(CASI, CASA, CAPIC et CASEP). C’est par le biais de ces crédits engagés pendant ces
périodes que le secteur industriel, qui a fonctionné auparavant en dessous de sa capacité, a pu
être réapprovisionné en matière premières et en pièces détachées.
Dans les années 90, toujours dans le cadre du PAS, le FMI et la BM ont révisé le
programme en mettant l’accent sur la politique de croissance avec comme objectif la
réorientation de l’économie malagasy dans l’économie de marché. Cet objectif a été assorti du
Crédit d’Ajustement Structurel de la Politique Industrielle et Commerciale (CASPIC). Dans
ces mêmes années, la BM a inculqué d’autres crédits dans d’autres domaines : le CAS II
(Crédit d’Ajustement Structurel) reparti en Crédit d’ajustement en matière de santé
(CRESAN) afin de financer les projets de promotion de santé, et le Crédit d’ajustement
structurel en matière d’éducation (CRESED) pour financer les politiques d’éducation.
La lutte contre la corruption et la bonne gouvernance compte parmi les affaires
récentes de ces organismes. Le Président de la Banque Mondiale a confirmé qu’il n’y aura de
croissance économique sans un meilleur climat d’investissement. Et pour réduire la pauvreté,
les dirigeants malgaches ont pour la suite fait appel aux opérateurs étrangers pour qu’ils
investissent dans la Grande Ile vu que l’IDE est le moteur du développement pour tout pays.
� La relation entre Madagascar et l’Union Européenne:
Madagascar est signataire de la Convention de Lomé devenue Accord de Partenariat
ACP-Union Européenne depuis février 2000. Cet accord a été conclu en vue de promouvoir et
d'accélérer le développement culturel, social et surtout économique des Etats de l’ACP. Son
objectif est centré sur la lutte pour la réduction de la pauvreté. En effet, l’Union Européenne
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 49
participe activement à l’achèvement des projets publics et privés des pays membre de l’ACP,
dont Madagascar.
Madagascar a déjà bénéficié de l'initiative « tous sauf les armes » et est parmi les pays
qui bénéficient des aides et financements Fonds Européen pour le Développement (FED)
pour ne citer que l’assistance financière du Centre Technique Horticole de Tamatave (CTHT).
Les domaines de concertation se basent par l’appui des œuvres publiques (infrastructures et
transport qui occupent 39,33% du FED)44, ainsi que ce du développement rural et de la santé
(28,9%), ce de la consolidation de l’équilibre macroéconomique soit 26,6% du FED, ce du
renforcement de l’Etat de droit et de la bonne gouvernance (2,7%), et ce du développement
des ressources humaines (2,5%). La relation des pays de l’UE avec Madagascar s’est
accentuée dans le domaine commercial particulièrement sur les opérations d’importation. Les
exportations vers le marché européen ont accaparé 38% du total des exportations malgaches,
tandis que les importations de produits européens ont pesé sur 42% de la totalité des
importations.
� La relation entre Madagascar et l’OMC:
Madagascar est devenu membre originel de l’OMC le 17 novembre 1995. En
reconnaissant que l’OMC est le gendarme du commerce, Madagascar peut maintenir ses
marchés entièrement ouverts que ce soit en matière commerciale, ou financière, ou en matière
de développement. Les recommandations de l’OMC révèlent une stratégie performante pour
l’Etat malgache étant donné l’existence de formation des responsables gouvernementales pour
mieux connaître les processus de négociations et les stratégies à émettre (négociations intra
régionales et multilatérales). Jusqu’à ce jour, l’accord avec l’OMC continue, bien que la
réalisation du Cycle de Doha45 fasse bénéficier aux industries locales des techniques d’accès
sur le marché international pour rester à s’y intégrer. D’ailleurs, Madagascar bénéficie des
avantages accordés aux pays en développement pour la mise en œuvre d'un certain nombre
d'engagements pris au titre des Accords de l'OMC.
44
Cf.www.bni.mg 45
Elaboré au Quatar en 2003 après le cycle de l’Uruguay, et achevé en 2005, le cycle de Doha prévoit les aides
agricoles, la libéralisation des services, ainsi que d’autres échanges avec les PED
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 50
b- Madagascar et la relation bilatérale
Les relations bilatérales se font soit avec les pays membres de l’organisation régionale
à laquelle Madagascar a adhéré, soit avec les pays fournisseurs de ses besoins.
� La relation franco-malagasy:
La France demeure notre principal partenaire commercial ; sa présence nourrit la
productivité de l’Etat. Les 29.7% de nos exportations vont vers la France et 21.5% 46de nos
importations provient de ce pays, constituant le tiers des échanges extérieurs effectués par
Madagascar. En matière d’investissement, elle détient les deux tiers des IDE à Madagascar.
Ce pays contribue également à la création des zones franches d’exportation ce qui nous a
conduits au second rang de fournisseurs des textiles mondiaux47 durant l’époque normale.
� La relation Canada-Madagascar 48:
Les relations bilatérales entre Madagascar et le Canada sont cordiales, elles datent
depuis 1965 et connaissent une hausse d’activité depuis quelques années, particulièrement en
raison de l’importance de l’investissement canadien dans notre pays.
Certes que, l’Agence canadienne de développement international (ACDI) n’a pas de
programme important d’aide au développement dans la grande île, néanmoins, nos
organisations peuvent obtenir du financement pour des initiatives communautaires de
développement à petite échelle dans des secteurs prioritaires par l’entremise du Fonds
canadien d'initiatives locales. D’ailleurs, le Canada nous offre de l’aide par le biais
d’institutions multilatérales et de programmes de partenariats, y compris les organisations non
gouvernementales, les agences des Nations unies et les mécanismes du Fonds mondial.
Relatif aux relations commerciales, elles ont été relativement modestes au cours de ces
dernières années, toutefois l’essor du secteur minier récemment à Madagascar a donné un
nouvel élan à l’activité commerciale entre les deux pays. Bien que les échanges bilatéraux
restent relativement modestes, la relation commerciale prend de l’importance et connaît une
hausse régulière depuis plusieurs années. En 2011, le commerce avec le Canada a atteint 87.6
millions d’US dollars : 63,5 millions d’US dollars d’exportation vers le Canada contre 23,9
millions d’US dollars d’importation en provenance de ce pays. Les exportations de
Madagascar à destination Canadienne consistaient du minerai, du café et du thé, ainsi que des 46
Source : Rapport Economique et Financier 2010-2011/DGE 47
Cf. Guidiplo Madagascar 48
http://www.canadainternational.gc.ca/Southafrica-Afriquedusude/bilaterale_relations_bilaterales/canada-
Madagascar
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 51
vêtements tricotés et tissés. En retour, les importations consistaient essentiellement de
machines et équipement électrique, d’instruments chirurgicaux, de meubles et de textiles
divers.
� La relation sino-Malagasy:
La coopération bilatérale avec la Chine se rapporte spécialement sur l’accumulation
des biens technologiques (appareils électroniques servant aux équipements industriels,
administratifs et ménagers, véhicules), revêtement des infrastructures (carreaux,
luminaires…), ouvrages artisanaux (meubles, arts en plastiques…), textiles et produits
alimentaires. Notons que ces biens, malgré leur apport à la performance des politiques
commerciale internes, provoquent un renversement d’intérêt des produits au produit. Les
produits textiles, les œuvres d’art, et les produits alimentaires malgaches souffrent de
discrimination et de rejet du fait du bas prix des produits chinois. Madagascar s’expose ainsi à
la perte de marché au niveau interne et à concurrence active à l’échelle internationale.
2) Intégration régionale
Les bailleurs de fond multilatéral et bilatéral stipulent que l’intégration régionale est
conçue pour l’Afrique comme remède aux dépendances extérieures et au sous développement.
Plusieurs arguments ont été avancés. A cet effet, avant d’affronter la concurrence
internationale et pour éviter la duplication, il s’avère nécessaire, pour les petits pays, de
construire un espace régional protégé, dans lequel ils peuvent développer la concurrence,
élargir leur marché et faire de l’économie d’échelle à l’abri des grandes firmes étrangère. Par
ailleurs, l’incertitude et l’instabilité causées par l’instabilité de l’environnement international,
monétaire, financière et technologique seraient réduites grâce au mécanisme régional.
En s’intégrant au niveau de la SADC, de la COMESA et de la COI, Madagascar
pourrait devenir une nation prospère qui réussit de manière effective, à réduire la pauvreté au
sens large, améliorer la qualité de la vie de sa population et gagner sa place sur le marché
mondial. Ainsi, le Gouvernement malagasy ambitionne d’augmenter la part de marché
conquise par les opérateurs malgaches au sein ces groupes régionaux.
a- Intégration au niveau de la SADC
En s’intégrant dans la SADC, Madagascar saura avoir comme avantage commercial
l’accès en franchise dans le marché, une fois que le protocole du commerce est appliqué.
Puisque ceci est un accord réciproque, Madagascar devra donc procéder à la libéralisation
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 52
tarifaire à tous les autres Etats membres. Dès que l’offre tarifaire sera mise en œuvre par
Madagascar et acceptée par les autres Etats membres, il pourra se qualifier aux régimes
tarifaires de la SADC. L’extension des régimes tarifaires/douanières de la SADC est
dépendante des Etats membres répondant aux règles d’origine qui ont été acceptées
auparavant. Madagascar devra aussi mettre en place des mesures permettant à l’autorité
douanière de certifier que les produits exportés sont qualifiés sous les règles d’origine pour un
traitement tarifaire préférentiel. Les statistiques sur les échanges entre Madagascar et les pays
membres de la SADC mettent l’île Maurice et de l’Afrique du Sud (RSA) à la première place
des principaux partenaires commerciaux de notre pays. Ces deux pays jouent un rôle
primordiale dans notre commerce extérieure tant au niveau des exportations que des
importations. La statistique montre encore que la principale destination de notre exportation
est l’île Maurice. Pour l’importation, une grande partie provient de la RSA et est constituée de
biens pour l’approvisionnement de la population malagasy et les entreprises implantés à
Madagascar.
b- Intégration au niveau de la COMESA49
Cette organisation régionale a pour but de promouvoir la coopération et le
développement de ses pays membres dans tous les domaines de l'activité économique, et de
renforcer le processus d'intégration économique de la région.
De l’année 2000 au 2006, les transactions commerciales de Madagascar à destination
des pays africains membres de la COMESA paraissent peu fructueuses. En effet, si
l’exportation malagasy est estimée à 64 millions d’US dollars en 2000, elle passe à 49
millions d’US dollars en 2006, soit une baisse de 4.35% par an au cours de cette période. En
ce qui concerne les destinations des produits de Madagascar, la majorité est réservé aux
opérateurs installés dans la Grande île même et à ceux de l’île Maurice. Ces deux destinations
de transactions représentent environ 88%50 de la valeur totale des exportations vers le
COMESA.
c- Intégration au niveau de la COI
La COI a été créée en vue d’encourager la coopération économique, sociale,
culturelle... entre les cinq îles de l'Océan Indien, à savoir Madagascar, les Comores, la
Réunion, l'Île Maurice, et les Seychelles. Dans le domaine commercial, la mise en œuvre du
49
Cf. Compétitivité de Madagascar au niveau de la COMESA, SADC et COI/ CREAM 2009 50
Cf. Compétitivité de Madagascar au niveau de la COMESA, SADC et COI/ CREAM 2009
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 53
Programme Régional Intégré pour le Développement des Echanges (PRIDE) depuis 1995 a
pour objectif le développement des échanges inter-îles à travers la dynamisation du secteur
privé moyennant l'élimination des obstacles au commerce.
Les données enregistrées font apparaitre un recul des exportations malgaches vers les
pays membres de la COI, passant ainsi de 78 millions d’US dollars en 2000 à 64 million d’US
dollars en 2006, soit un taux moyen annuel de -3.24%. Les principales destinations sont en
analogie à celles avec la COMESA. De ce fait, les transactions de Madagascar lui- même,
avec celles de l’île Maurice et celles de l’île de la Réunion paraissent les plus importantes.
Elles représentent respectivement les 34%, 24% et 27% de la valeur totale des exportations
malgaches au sein de la COI. Trois groupes de marchandises sont surtout exportés par
Madagascar vers les zones extraterritoriales et vers l’île Maurice. Ils incluent les produits du
sous-sol constitués par des produits pétroliers et leurs dérivés, des produits textiles, formés
essentiellement de coton et des produits d’origine animale composés de crevettes et de
crustacés. Les marchandises acheminées vers l’île de la Réunion comprennent, outre les
produits pétroliers, les crevettes et les crustacés, les produits textiles formés d’articles
d’habillement et accessoires ainsi que des produits d’origine végétale dont les légumes et les
épices. Celles destinées aux Comores sont surtout formées de produits d’origine végétale
(oignons, ail et légumes secs), de produits pétroliers.
Séction3 : Inconvénients du libre échange
Compte tenu du fait que nos armes sont défaillantes, le LE pourrait se présenter
comme une entrave pour la sortie de la pauvreté pour Madagascar et pour tous les pays les
moins avancés du globe pour les quatre raisons suivante :
1) Du libre échange à la domination
Les libéraux ignorent que le commerce extérieur se fait à armes inégales et entre
partenaires inégaux. D’une côté, l’abondance financière et l’avantage en technologie, les
produits suffisamment variés et à forte valeur ajoutés des pays développés leur permet de
cerner et de dominer totalement le commerce mondial. De l’autre côté, les pays en
développement n’ont qu’un faible niveau de technologie, trois ou quatre produits
spécialement alimentaires, agricoles et miniers à faible valeur ajouté. Le commerce devient
l’affaire des pays développés laissant les pays en développement en marge. En effet, entre
1958 à 1995, les exportations des pays développés passent de 57% à 73% de la totalité
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 54
mondiale, dont 20% pour l’ensemble du Japon et les Nouveaux Pays Industrialisés d’Asie
(NPI), tandis que celles des pays en développement régressent de 53% à 25%51. Cette
dégression s’explique par le changement de la demande émanant des pays développés ;
l’augmentation du revenu de leurs consommateurs n’a plus entraîné une augmentation de leur
demande en produits alimentaires qui constituent l’essentiel des exportations des pays sous-
développés. Ils veulent plutôt des produits durables à haute technologiques et à base de
matières premières souvent produites dans les pays développés. Parallèlement, le poids des
produits manufacturés dans l’échange a connu une hausse considérable, soit de 45% à 70%
pour 1958 à 1995 à cause de l’apparition des NPI. Malheureusement, cet échange se fait au
détriment de la part des matières premières de base qui passe de 37% à 15%52.
Les marchés des produits de base sont dans l’ensemble en situation d’oligopsone53 ;
les acheteurs peu nombreux exigent des conditionnalités sur les produits. Les offreurs ne
peuvent pas imposer leurs règles. Cela implique que les exportations des pays en
développement restent aléatoires et incertaines. Ce phénomène est aggravé par l’évolution des
recherches scientifiques et technologiques qui permettent aux pays développés d’inventer des
produits synthétiques en substitution des produits de base. De ce fait, ces derniers ne cessent
d’accroitre leur production industrielle qui ne favorise pas une expansion proportionnelle du
commerce des produits de base en provenance des pays sous développés. Ces expansions
paralysent toujours les pays en développement. De 1952 à1962, par exemple, la production de
coton n’a augmenté que de 24%, celle de la laine de 11%, alors que celle des produits
synthétiques atteint de 174%54.
Conjointement au déclin du marché des produits de base, les pays développés
protègent leurs agriculteurs en subventionnant davantage le secteur pour éviter l’excès
d’importation en produit de base. L’exemple le plus marquant est celui de la Chine où le
secteur agricole constitue l’un de ses principaux moteurs de développement ; les subventions
accordées aux agriculteurs y sont très importantes, ce qui lui permet de dominer l’exportation
en produit de base au monde. Par contre la subvention au secteur agricole dans les pays en
développement est très infime malgré que constitue le secteur clé de ces pays.
Les pays en développement n’échappent pas à la domination des pays développés. Ces
derniers possèdent des grandes concentrations industrielles permettant leur croissance et le
51
Source des chiffres : http://web.worldbank.org/ 52
Idem 53
Un petit nombre d’acheteurs face à une multitude de vendeurs 54
Cf. JEAN MARIE ALBERTINI., 19756- « Les mécanismes du sous développement ». Ed Economie et Humanisme
(page104)
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 55
maintien de leur avance. Ces pôles de développement attirent sans cesse d’autres industries à
cause de la main d’œuvre qualifié, de marché potentiel, de grandes infrastructures
économiques et financières qui s’y trouvent, d’où la facilité de production. Cette domination
commerciale, renforcée par la domination financière et technologique est source d’une série
d’explication mondiale du sous développement comme produit du développement. Elle
continue d’exprimer pour les PMA. Ainsi, la part de ces derniers dans le commerce mondial
reste très infime malgré la hausse du cours des produits agricole en 2011. Cette part n’est
passée que 1.09% en 2010 et 1,12%55 en 2011 si elle était de 0.5% en 1994. Les grandes
catégories de produits ayant contribué à la croissance en 2011 ont notamment été les
combustibles et les produits des industries extractives.
2) La dégradation du terme de l’échange
Rappelons que le terme de l’échange est le rapport entre les prix des produits exportés
par un pays et les prix des produits qu’il importe. Pour une structure des importations et
exportations inchangée comme dans la majorité des pays en développement, une
augmentation de prix des importations ou une diminution des prix exportations correspondent
à une dégradation du terme de l’échange. Le terme de l’échange indique donc en quelque
sorte le pouvoir d’achat des produits exportés.
Sous la pression des produits synthétique, la concurrence productrice et le
changement de la demande, le prix des produits de base tend parfois à baisser et conduit à la
diminution des recettes d’exportation. Par contre les importations sont inévitables et sont en
majorité des produits manufacturés dont le prix évolue à la hausse. Les pays en
développement assistent alors à une dégradation du terme de l’échange. Il faut alors que les
pays sous développés exportent une plus grande quantité pour importer la même quantité de
produits manufacturés en provenance des pays développés. Depuis les années 1950, une
baisse généralisée du cours des produits de base a été enregistrée. Jusqu’au début des années
2000, les prix des matières premières ne connaissent que rarement des augmentations. Ainsi,
des études menées au cours des années 1980 – 1990 font état d’une tendance déclinante des
prix réels des matières premières non-énergétiques de 6,2% par an. Ces dégradations n’ont
comme corollaire qu’une forte instabilité des termes de l’échange des produits de base et une
tendance à leur détérioration. Aussi, des observateurs, tels que Singer et Prebish56ont examiné
55
CF. OMC : Nouvelles 2012 56
Cf. NIELSON Poul.,-« Coopération au développement des pays les moins avancés : Lutter contre la pauvreté »
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 56
des données sur une longue période et constatent que les termes de l’échanges se sont
dégradés pour les pays exportateurs de matières premières depuis 1876, au profit des pays
exportateurs de produit manufacturés. D’après, Prebish, ce processus de dégradation des
termes de l’échange est dû aux différences de spécialisation entre les « Etats du Nord »,
technologiques et les « Etats du Sud » dont l’économie est basée sur l’exportation des
ressources primaires.
Pour les Etats sous industrialisés comme Madagascar, les termes de l’échange se
dégradent progressivement, ce qui correspond à une réduction du pouvoir d’achat national en
matière de produits étrangers. De ce fait, ils ne peuvent acheter qu’une quantité limitée des
produits manufacturés. Selon le rapport de la FAO (Food and Agricultural Organization) de
2004 : « Bien qu’il puisse être difficile de confirmer et de quantifier une tendance mondiale à
long terme au moyen des données statistiques, il ne fait aucun doute que les termes de
l’échange des exportateurs agricoles de nombreux pays en développement se sont nettement
dégradés. L’Afrique subsaharienne est la région qui a le plus souffert de la dégradation des
termes de l’échange ». Depuis les années 1970, cette dégradation a entrainé une réduction
importante du pouvoir d’achat de l’ensemble des exportations de produits de base Africains.
Pour Madagascar, la structure de ses termes de l’échange, ainsi la variation des indices relatifs
aux commerces extérieurs depuis 2004 à 2010 est donnée par l’annexe 4.
3) De la formation des Bloc régionaux à la marginalisation
Le LE entre pays de niveau de développement inégale accentue la puissance des plus
fortes et désintègre ou affaiblit les plus défavorisés. Plus l’échange évolue, plus des nouvelles
formes de protectionnisme apparaissent. La fragmentation du pouvoir économique mondiale
en est la principale cause. En effet, après son partage en trois blocs (Est, Ouest, Sud), le
monde assiste désormais à un partage équilibré de puissance entre trois zones d’influence qui
ont comme centre de décision les Etats Unis, le Japon et l’Europe occidentale. Chacun de ces
pays, afin de garder au moins son hégémonie internationale, se concentre avec quelque
nombre de pays dans lesquels il a un intérêt particulier et fait une guerre économique en
construisant un bloc économique. Ainsi, chaque bloc construit une zone de libre échange entre
pays membres et impose du protectionnisme aux pays du tiers. D’où alors la formation de
trois blocs régionaux.
Les Etats unis par exemple, vu que son rôle de gendarme de l’économie est de plus en
plus contesté par d’autres pays, forment une zone de libre échange avec les pays de
l’Amérique latine, en particulier avec le Mexique, le Brésil et le Canada. Par conséquent, pour
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 57
les années 80, plus de 40% des échanges commerciaux de ces pays se font avec les Etats Unis.
Le Japon, afin de garder sa puissance technologique et économique fait le principal de son
commerce avec les NPI d’Asie, avec la Chine et l’Europe. Ainsi, les 2/3 du total des
importations des NPI d’Asie, des quatre dragons et de la Chine, viennent de ces mêmes pays,
du Japon et des Etats Unis. L’Europe occidentale enfin, en s’affirmant comme la première
puissance commerciale du monde est membre du CEE, 50% du commerce de ce bloc se fait à
l’intérieur de la communauté57.
Quant aux moins avancés, leurs échanges avec l’extérieur s’effectuent le plus souvent
avec un petit nombre de pays. Les anciennes colonies françaises d’Afrique commercent
essentiellement avec la France et les moins avancés d’Asie font le principal de leur commerce
avec la Chine et le Japon ; tandis que les échanges des pays développés se propagent dans
tous les pays du monde et dans toutes les branches de l’économie. En plus, les pays
développés deviennent les meilleurs clients des autres pays développés. C’est là un fait très
grave : progressivement, les pays riches se passent des pays pauvres. Ainsi, ces derniers
doivent perdre tout espoir de rattraper, grâce au commerce international, le niveau de
développement des pays développés. Ils deviennent marginaux. Incontestablement, la
tendance à la formation de grand marché régional favorise le développement des pays
développés ; par contre, elle est défavorable à celle des pays en développement, surtout pour
les moins avancés. Avec leur économie agricole à faible extraversion et leur pauvreté, ils sont
exposés à un décrochage involontaire du LE, ce qui les conduit à se laisser de plus en plus
distancé avec le reste du monde.
4) Le développement des firmes multinationales
Une firme multinationale (FMN) est une entreprise de grande dimension implantée
dans plusieurs pays, voire même à l'échelle mondiale par le biais de ses filiales. Le plus
souvent, les centres de décision restent dans le pays dont elle est originaire, et une partie
importante du chiffre d’affaires de la société est réalisée à l’extérieur de ce pays.
Le commerce international ne se réduit pas à l’échange de marchandise et de service.
Les flux de capitaux prennent une place croissante. La constitution de filiale de production à
l’étranger, par rachat ou création (investissement direct), a d’abord correspondu au souci
d’obtenir des approvisionnements réguliers en produits de base et en matières premières
(multinationale du secteur primaire). La possibilité de trouver une main-d’œuvre abondante et
57
Cf. ANDRIAMBELOMIADANA Rochel., 1992 -« Le libéralisme et développement à Madagascar », Ed Foi et
justice
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 58
à bon marché, permet un abaissement du coût de production, constituant aussi un facteur
important du développement de ces firmes. Bien que ce développement de FMN permet de
mettre en valeur les ressources aussi bien humaines que naturelles des pays en
développement, facilite le transfert de technologie, résout en partie le problème de chômage et
de la pauvreté, par contre, il pourrait enfoncer le sous développement sous trois raisons.
Primo, le FMN n’investit dans un pays que dans la branche ayant une abondance de matières
premières et de mains d’œuvre. Par conséquent, une fois mis en investissement par le FMN, le
pays d’accueil ne peut plus se déployer dans cette branche. Même s’il y arrive, sa part du
marché sera faible à cause de l’économie d’échelle58 et les effets d’apprentissages faits par le
FMN. En plus, ses coûts de production seront élevés faute de l’insuffisance technique et
technologique. Secundo, la durée d’amortissement est généralement longue et la redevance
revenant à l’Etat du pays d’accueil est faible. A peine 1 à 5% de la production et une durée
d’amortissement de plus de 10 ans. Cela veut dire que le FMN accapare presque la totalité des
fruits des ressources des pays en développement. Il apparait comme une forme moderne de
colonisation. Tertio, nous savons que la mauvaise gouvernance continue à être un grand
obstacle dans les pays en développement. Pour cela il se pourrait donc que la petite redevance
ne va pas au profit de la totalité de la population ; dans ce, cas la mise en valeur des
ressources consiste à l’enrichissement d’une petite couche de la population. Si ce sera le cas,
le développement de la FMN va à l’encontre du développement des pays en développement.
Avec le développement de FMN, la DIT n’obéit plus au schéma traditionnel fondé sur
l’échange de produit de base en provenance des pays en développement contre des produits
manufacturés exportés par les pays industrialisés. Elle se repose aujourd’hui sur l’échange de
produit manufacturé de consommation courante fabriqué par les mains d’œuvre abondantes et
bon marché des pays en développement, contre des produits plus sophistiqués incorporant
surtout du capital et une technologie avancée fabriquée dans les pays anciennement
industrialisés.
58
Baisses du coût unitaire résultant d’une augmentation du volume de la production
Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de Madagascar
Page 59
ConclusionConclusionConclusionConclusion
Actuellement, les PMA comptent quarante neuf (49) pays à majorité d’Afrique
Subsaharienne. Parmi ces chiffres, trente sont membres de l'OMC en 2003, ayant adhéré à
l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) avant que celui-ci ne soit
absorbé par l'OMC. Dix autres pays négocient également leur entrée dans l'OMC.
Les PMA présentent des caractères très disparates, telles que l’insuffisance des
ressources naturelles et humaines, condition géographique et climatique défavorables,
mauvaise gestion des affaires publiques, démocratie imparfaite, persistance des cultures qui
vont à l’encontre du développement,…toutefois, ils ont un caractère commune, c’est la
pauvreté. Pour beaucoup d’observateurs et hommes politique du Nord, la situation des pays
les plus pauvres et notamment de l’Afrique subsaharienne est tout à fait similaire.
Forgés par la colonisation et par le PAS imposé par le FMI et la BM, les PMA avaient
orienté leur plan de développement dans la voie libérale à travers la DIT et le LE. Les
libéraux prônent par l’intermédiaire des différentes théories que l’exportation paie
l’importation et en se spécialisant dans les produits que les PMA disposent en abondance, et
les exporter, ils seront bientôt développés. Cependant, le cas de Madagascar nous permet de
dégager une grande leçon. En effet, après environ trois décennies de libre échangiste,
Madagascar se trouve toujours derrière les barreaux du sous développement et parmi les plus
pauvres du monde. C’est donc l’opportunité de dire que malgré le contexte national, le LE qui
a été considéré comme issue du sous développement ne parvient pas à leur but. Il parait plutôt
comme un facteur de domination des pays pauvres par les pays riches ; c’est une nouvelle
forme de colonisation. Bien qu’il fût accompagné d’un financement des projets de
développement, des transferts de capitaux et de technologies, qui constituent une opportunité
pour les pays pauvres, malheureusement, ces opportunités sont assorties de conditionnalités
non adaptables au pays et deviennent finalement des entraves pour son développement. En
plus, les inconvénients que le LE apporte emportent les faibles opportunités, le gain de son
pratique devient alors négligeable, voir même nul.
I
TABLE DES MATIERES
Remerciements…………………………………………………..………..……………….......i
Glossaire des mots clés……………………………………………………………………….ii
Sigles et abréviations…………………………………………………..………..……………iv
Sommaire…………………………………..………………………………...………………..v
Introduction…………………….……………………………………....…..1
Partie 1 : Le libre échange et les pays les moins
avancés..................................................................................3
Chapitre 1 : Les fondements théoriques du libre échange.……………………..….4
Section 1 : Les fondateurs : A Smith et D Ricardo…………………………………4
1) Théorie d’avantage absolu d’Adam Smith…………………………………..…………4 2) Théorie d’avantage comparatif de David Ricardo…………………...…………….…..5
Section 2 : Le prolongement des théories du libre échange...………………………6
1) Théorème de Rybezynski………………………………………………………………6 2) Théorème de HOS : La dotation factorielle et d’égalité des prix des facteurs………7 3) Théorème des gains cumulatifs du commerce…………………...…………………….8
Chapitre 2 : Les mutations du commerce international et les organisations
du libre échange…………………………………………………….…..9
Section 1 : Les mutations du commerce………….………………………………..9
1) Globalisation du commerce mondial…………………………..……………………...9 2) Effacement d’Etat-Nation…………………………………………...………………..11
Section 2 : Les organisations du libre échange…………………………………….11
1) Les institutions du Bretton Woods…………………………………………...............11 a- Le Fond Monétaire International et la Banque Mondiale…………...…...11 b- L’Organisation Mondiale du Commerce…………………………………12
2) Intégration du marché………………………………………….……………………..13
Chapitre 3 : Définition des pays les moins avancés………………………..14
Section 1 : Le sous développement en débat……………………………………….14
1) Approche en termes de retard…………………………………...………...………….14 2) Approches structurelles et non structurelles………………………………….…….16
II
a- Approches structurelles…………………………………………………..16 b- Approches extra-économique………………………………………...…..17
Section 2 : Les pays les moins avancés……………………………………………..18
1) Définition…………………...………………………..……...………………………..18 2) Critères de classification………………………………………….…………….…...19
Partie 2 : Approche analytique de la réalité économique malagasy face
au libre échange………………………………………………………….21
Chapitre 1 : Situation de Madagascar dans le contexte international,
ses problèmes...………………………………………..…………….22
Section 1 : Avantages comparatifs de Madagascar………………………………..22
1) Ressources humaines…………………………………...……………………….……22 2) Ressources naturelles……………………………………...………………………….23
a- Ressources halieutiques…………………………………...……………...23 b- Ressources forestières…………………………………………...………..24 c- Ressources minières……………………….………………...……………24
Section 2 : Madagascar parmi les pays les moins avancés………………………..25
1) Pays à vocation agricole………………………………………………………………25 2) Economie déséquilibrée………………………………………………………………28
a- Inégalité de condition géographique et climatique…..……….…………28 b- Inégalité de potentialité et de possibilité d’emploi…..…………………...28 c- Influence de la politique……………………………………….……...…..29
3) Economie à faible extraversion……………………………………………………….29 Section 3 : Problèmes de notre économie……………..……………………………32
1) La pauvreté………………..……………………….…………………………………32 2) Le chômage……………………………………...…………………….……………...34 3) L’endettement…………………………………………………………..…….……...36
Chapitre 2 : Contexte du libre échange………………………………..…..38
Section 1 : Contexte national………………………………………………..………38
1) Mauvaise gouvernance………………………………………………………………..38 2) Insécurité sociale……………………………………………………………………...39 3) Insuffisance de financement des activités économiques…………………..………….40
Section 2 : Contexte international………….………………………………………41
1) Libéralisme économique………………………….…………………………...……...41 2) Démocratie……………………………………………….…...………………………42 3) Bonne gouvernance…………………………………………………………………...43
III
Chapitre 3 : Atouts majeurs de Madagascar, opportunités et inconvénients du
libre échange…………………………………………………...…….44
Section 1 : Atouts majeurs de Madagascar face au libre échange………………..44
1) Produits agricoles……………………………………………………………………..44 2) Produits industriels……………………………………………………………………46
a- Les Zones Franches Industrielles……….…….……………...…………...46 b- L’industrie extractive...…………….………….…………………...……...46
Section 2 : Opportunités du libre échange…………………………………………47
1) Relations multilatérales et bilatérales…………………..….………………………...48 a- Madagascar et la relation multilatérale…...……………………………….48 b- Madagascar et la relation bilatérale…...…………….…...………………..50
2) Intégration régionale………………...…………………………………….………….51 a- Intégration au niveau de la SADC………………………………………..51 b- Intégration au niveau de la COMESA……………………………………52 c- Intégration au niveau de la COI……………….…………………..............52
Section 3 : Inconvénients du libre échange………………………………...………53
1) Du libre échange à la de domination ………………………………………………..53 2) La dégradation du terme de l’échange……………………....………………………..55 3) De la formation des blocs régionaux à la marginalisation…………………..………56 4) Le développement des Firmes Multinationales.………….…………………………57
Conclusion………………………………………………..……….……..59
Table des matières………….……………….…………………………..…….I
Références bibliographiques……………………………………………..IV
Annexes………………………………………………………………………….VII
Liste des tableaux……………………………………….……………….....XII
Liste des Graphiques…………………..………………………………..…XII
IV
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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� LeROY MILLER Roger., 1999-"Ecomics today and tomorrow". Collection Mc Graw-
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Les théories, les expériences, les perspectives ».collection n° 74-Edition n° 01
� ALBERTINI Jean Marie., 1971-"Les rouages de l'économie nationale". Ed. économie
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� ALBERTINI Jean Marie., 1975-"Les mécanismes du sous développement". Ed.
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� ANDRIAMBELOMIADANA Rochel., 1992-"Le libéralisme et développement à
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� DIAKITE Tidiane., 1986-"L'Afrique malade d'elle-même". Ed KARTHALA, 162 p
� DURUFLE Gilles., 1988-"L'Ajustement structurel en Afrique (Sénégal, Côte d'Ivoire,
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� GRANZOW Sandra., 2001-“ Our dream :World free of poverty”.Ed oxford university
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� HUGON Philippe -"L'Ajustement structurel et après?".Ed Maison neuve & Larose
� JEAN Coussy. Et PHILIPPE Hugon-« Intégration régionale et ajustement structurel
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V
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� LAHSEN Abdelmalki. Et MUNDLER Patrick., 1995-" Economie du développement:
Les théories, Les expériences, Les perspectives". Ed Hachette supérieur
� LAVIGNE Marie., 1986-"Les relations Est Sud". Paris 1986,
� Loi PHAN Duc., 1993-« L’économie mondiale : entre le libre échange et le
protectionnisme ».Ed aijas
� MARCHANT Claude., 1991-"Nord Sud: de l'aide au contrat pour un développement
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� MICKEL Moret-"L'échange international", 240 p
� NIELSON Poul., 2001-"Coopération au développement des pays les moins
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� VELLAS Francoi., 1987-"L'échange Sud Sud". Ed économica: Paris, 114 p
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Razafimanatena, Zaza Randriamiarana
VI
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� Direction Générale de l’Economie ; 2002-2011 ; « Rapport Economique et
Financier »
� Direction Générale de l’Economie ; Juillet 2004 ; Revue d’information économique ;
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� Guidiplo Madagascar
� INSTAT ; 2012 ; « Population de Madagascar 1993-2011 »
� INSTAT ; Aout 2011 ; « Enquête Périodique auprès des Ménages 2010»
� INSTAT ; Avril 2006 ; « Rapport de l’enquête sur les entreprises à Madagascar »
� INSTAT ; Juillet 2011 ; « Etude sur les Investissements Directs Etranger à
Madagascar »
� INSTAT ; Novembre 2004 ; « Les 22 régions de Madagascar en chiffre »
� Ministère de l’Economie et de l’Industrie ; Avril 2010 ; « Situation Economique au 1er
Janvier 2010 »
� Ministère de l’Economie, du Plan, du Secteur privé, et du Commerce ; Mars 2009 ;
« Situation Economique au 1er Janvier 2008 »
� Service de la Statistique Agricole ; « Annuaire 2005-2006-2007-2008 »
� SOUS-COMITE DES PAYS LES MOINS AVANCES ; 10 octobre 2012 ; « OMC :
Nouvelles 2012 »
• Supports de cours
� Mme RAJAOSON Lalao ; 2012 ; Economie Industrielle ; Cours de 4ème année;
Département Economie
� Mr HARIMISA ; 2012 ; Finances Publiques ; Cours de 4ème année; Département
Economie
VII
� Mr RAKOTO David ; 2012 ; Théories Economiques ; Cours de 4ème année;
Département Economie
� Mr RAKOTOVAO Hery ; 2011 ; Développement ; Cours de 3ème année ; Département
Economie
• Webographies
� http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Workdtrade.png
� http://fr.wikipedia.org/wiki/pays_les_moins_avancés
� http://fr.wikipedia.org/wiki/pays_les_moins_avancés
� http://web.worldbank.org/
� http://www.canadainternational.gc.ca/SouthafricaAriquedusud/bilaterale_relations_bil
aterales/canada-madagascar
VIII
ANNEXES
Annexe 1 : Liste des pays les moins avancés le 1er janvier 2012
• 34 pays en Afrique : Angola, Bénin, Burkina Faso, Burundi, République
centrafricaine, Comores, République démocratique du Congo, Djibouti, Érythrée, Éthiopie,
Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Guinée-Équatoriale, Lesotho, Liberia, Madagascar, Malawi,
Mali, Mauritanie, Mozambique, Niger, Ouganda, Rwanda, São Tomé-et-Príncipe, Sénégal,
Sierra Leone, Somalie, Soudan, Tanzanie, Tchad, Togo, Zambie.
• 9 pays en Asie : Afghanistan, Bangladesh, Bhoutan, Birmanie (Myanmar),
Cambodge, Laos, Népal, Timor-Leste, Yémen
• 1 pays dans les Caraïbes : Haïti
• 5 pays dans le Pacifique : Kiribati, Îles Salomon, Samoa, Tuvalu, Vanuatu.
Annexe 2 : Définition des importations et des exportations
• Les importations comprennent:
− les importations de biens,
− les importations de services ou paiements des services dont le plus important est constitué
par les coûts, frets et assurances des marchandises.
Les importations sont valorisées au prix CAF, c’est-à-dire Coûts, Assurances, Frets compris.
• Les exportations comprennent:
− les exportations des biens,
− les exportations de services ou recettes dont la plus importante est les recettes provenant du
tourisme.
Les exportations des biens sont évaluées à leur valeur FOB (Free on board ou Franco à board)
IX
Annexe 3 : Produits d’exportation du règne végétal
Les exportations des produits du règne végétal constituent la plus grande part des exportations
soumises au régime de droit commun et sont toujours dominées par la vanille et le girofle.
Produits d’exportation du règne végétale 2010
P
Produit Volumes (kg) Valeurs (ariary)
Vanille 2411787 127 605 057 977,00
Girofle 8327723 65 937 586 730,00
Cacao en fèves 7261890 26 745 866 987,00
Café vert 9387487 25 748 930 943,00
Letchis 16397383 23 341 389 531,00
Haricots 9054538 11 741 735 128,00
Autres produits 9951580 11 741 735 128,00
Poivre 1987746 11 212 921 647,00
Pois du cap 5310164 6 047 875 645,00
Raphia 1999598 5 884 168 007,00
Plantes médicinales 768103 4 454 739 004,00
Cannelle 2440268 3 813 086 021,00
Arachides 1297135 1 344 307 697,00
Maïs 1440063 715 296 182,00
Autre fruits frais 212457 276 23152,00
Riz courant 32400 60 408 368,00
Banane 78400 36 824 896,00
Riz de luxe 4610 7 002 454,00
Totale 78354332 327 152 676 923,00
Source : Direction Générale des douanes et nos calculs /INSTAT juillet 2011
X
Annexe 4 : Termes de l’échange Malagasy en 2010
En 2010, les termes de l’échange se sont détériorés de 23,4% si on se réfère à l’année de base
2004 suite à une réduction des prix à l’exportation de 17,1% et à une augmentation des prix à
l’importation de 8,2%. Par rapport à 2009, les termes de l’échange se sont améliorés de 0,9% car la
diminution des prix à l’importation est supérieure à celle des prix à l’exportation entre 2009 et 2010.
LitchisEn ce qui concerne les termes de l’échange de revenu, une amélioration du pouvoir d’achat des
exportations de 19,0% par rapport à celui de 2009 a été constatée suite à un accroissement des recettes
d’exportation de 2,9% et à une diminution des prix à l’importation de 13,5%.
Variation des indices relatifs au commerce extérieur (base 100 = 2004)
2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
Indice valeur des exportations 100 85,9 99,5 120,1 123 97,2 100
Indice volume des exportations 100 116,1 110,8 142,4 119 102,4 121
Indice des prix à l'exportation 100 74 89,8 84,3 104 95 82,9
Variation de l'indice de prix à
l'exportation (%) 2,1 -26 21,4 -6,1 23,1 -8,5 -13
Indice valeur des importations 100 101,1 107,3 150,7 209 181,6 145
Indice volume des importations 100 92,2 93,8 128,1 174 145,1 134
Indice des prix à l'importation 100 108,8 114,4 117,6 120 125,1 108
Variation de l'indice de prix à
l'importation (%) 9,6 8,8 5,1 2,8 2,2 4,1 -14
Indice des termes de l'échange 100 68 78,5 71,7 86,4 75,9 76,6
Variation annuelle des termes
de l'échange (%) -6,8 -32 15,4 -8,7 20,5 -12,1 0,9
Indice des termes de l'échange
de revenu 100 79 87 102,1 102 77,7 92,5
Variation annuelle des termes
de l'échange de revenu (%) -21 10,1 17,4 0,3 -24,1 19
Source : Banque Centrale de Madagascar et nos calculs/ Rapport économique et financier 2010 (juillet 2011)
XI
Annexe 5 : Principaux destinataires des produits d’exportation Malagasy
Au terme de l’année 2010, la France demeure le premier pays destinataire des produits
malgaches avec une part de 33,9% de la valeur totale des exportations. Ces exportations sont
composées à 68,1% de produits de zones franches industrielles (crevettes congelées, produits textiles)
et à 31% de produits sous régime de droit commun (huiles moyennes et huiles lourdes, vanille…).
Les volumes de nos exportations vers le Canada et la Chine sont les plus élevés. Leurs
volumes respectifs dans le total des exportations sont de 33,8% et 21,8%. Ces exportations sont
composées surtout de produits miniers.
Principaux destinataires des produits d’exportation Malagasy
Pays poids valeur puorcentage
valeur %
France 62 247 051,00 758 920 797 089,00
33,9
Allemangne 7 099 050,00 175 963 215 601,00
7,9
Chine 180 530 593,00 141 208 034 822,00
6,3
Etats-Unis 7 537 577,00 119 922 002 458,00 5,4
Canada 280 202 246,00 98 696 315 243,00
4,4
Inde 51 430 613,00 93 749 043 336,00
4,2
Royaume unis 1 891 298,00 73 481 803 733,00
3,3
Emirats arabes Unis 5 434 218,00 67 693 659 559,00
3
Italie 9 702 823,00 64 680 727 026,00
2,9
Espagne 10 093 566,00 57 956 554 835,00
2,6
Afrique du Sud 6 310 840,00 54 721 182 298,00
2,4
Autres 199 552 838,00 530 961 776 407,00
23,7
Source : Direction Générale des douanes et nos calculs/INSTAT juillet 2011
XII
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Production forestière 2010…………………………………………………………..…p 24
Tableau 2 : Superficie rizicole par province…………………………………………………….….p 29
Tableau 3 : Part des exportations et des importations de Madagascar dans le PIB…………….…..p 31
Tableau 4 : Evolution de l’encours nominal de dette de Madagascar…………..…………………..p 37
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique 1 : Evolution du commerce international depuis 2000…………………………………p 10
Graphique 2 : Variation de la part des exportations et des importations dans le PIB……………...p 31
Graphique 3 : Variation de l’encours nominale de dette de Madagascar…………………………..p 37
Graphique 4 : Structure de l’exportation hors zones franches…………………….………………..p 47
Nom : RAKOTOVAO
Prénom : Rollando
Titre : « Réflexions sur les pays les moins avancés face au libre échange : cas de
Madagascar »
Nombre de page : 59
Tableaux : 4
Graphiques : 4
Résumé
Prôné dans les théories classiques et néoclassiques, le commerce international traduit par
« libre échange » gagne la structure économique mondiale et a été réputé comme la meilleure stratégie
de développement rapide. Dès que ces théories ont été appliquées, les grandes mutations du commerce
ont apparues et les organisations correspondantes ont été instituées. Parallèlement à cet essor, un
groupe de pays qualifiés de « pays les moins avancé », reconnus par leur pauvreté extrême dont
Madagascar, comptent sortir de leur pauvretés par cette fameuse stratégie. Cependant, leurs propres
problèmes permanents et le contexte du libre échange ont entravé tacitement leur ambition. Bien que
les pays développés ont réussi avec le système de libre échange, ayant apporté des opportunités pour
les pays pauvres, malheureusement, leur défaillance en avantages comparatifs fait que les
inconvénients du libre échange ont primé. Il est alors douteux d’admettre que le libre échange a
contribué à surmonter les maux des pays dits « pauvres ».
Mots clés : Avantage comparatif, Bonne gouvernance et mauvaise gouvernance, Démocratie,
Libéralisme, Libre échange, Mondialisation de l’économie, Pauvreté, Pays les moins avancés,
Termes de l’échange.
Encadreur : Mr RAKOTOARISON Rado Zoherilaza – « Maitre de conférences »
Adresse de l’auteur : Lot FVM 1B Mangoro Fenoariveo Antananarivo 102