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RAPPORT D’ANALYSE MENSUELLE DES DONNEES DE MONITORING DE
PROTECTION
SEPTEMBRE 2019,
TILLABÉRI-NIGER
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I. APERÇU DE L’ENVIRONNEMENT SECURITAIRE ET DE PROTECTION
L’environnement de protection, dans la région de Tillabéri, reste volatile et imprévisible. Une
accalmie clairsemée d’incidents de protection, a été observée le long des frontières avec le
Burkina Faso et le Mali au début et à la fin du mois de septembre 2019. Les départements de
Torodi, Téra, Gothèye et Banibangou ont été particulièrement touchés par des incidents majeurs
allant d’enlèvements et d’assassinats de personnes à l’ extorsion de bétails (gros et petits
ruminants), selon les sources communautaires d’informations.
Le long de la frontière avec le Burkina-Faso, (coté Niger), les attaques enregistrées sont
attribuées aux éléments des groupes armés non étatiques qui prônent l’islamisme extrémiste.
Les sources communautaires indiquent que ces GANE seraient affiliés à l'organisation « Etat
Islamique dans le Grand Sahara (EIGS) », connue avec les mêmes techniques d’approches au
nord Mali (régions de Gao et de Menaka).
Selon des sources sécuritaires concordantes, plusieurs groupes armés non étatiques opérant
dans le Sahel notamment le long des trois frontières (Niger-Mali-Burkina Faso), sont dans une
démarche de collaboration malgré les différends qui les opposent (cf carte ci-dessous).
L’analyse des incidents de protection rapportés au cours du mois de septembre montre une
interconnexion entre les actes commis par les éléments des GANE de part et d’autre des
frontières du Niger, du Burkina Faso et du Mali.
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Dans la zone frontalière avec le Mali, notamment les communes d’Inates, Banibangou, Abala,
et Ouallam, il a été observé, au cours du mois de septembre, des incursions répétées sur la bande
frontalière. Les hommes armés seraient devenus maitres des lieux selon les communautés
locales.
Selon les points focaux, les groupes armés menacent toute personne qui oserait dénoncer leurs
activités auprès des autorités civiles et militaires. Les chefs de tribus et leaders communautaires
sont appelés à collaborer sans réserve et à sensibiliser les populations sur le prélèvement de la
zakat sur le bétail.
Le mois de septembre a été marqué par des écoles incendiées et d’extorsion de bétail dans les
communes des départements de Téra, Gothèye, et Torodi. Selon des informations fournies par
les sources communautaires corroborées par les autorités communales d’Abala, les
départements de Banibangou et d’Abala ont connu, durant la même période, l’enlèvement d’une
personne et la présence massive d’hommes armés qui seraient à pieds aux fins de recruter des
jeunes à Abala.
II. Situation actuelle dans les départements de Téra, Gothèye et Torodi
La situation sécuritaire sur la bande frontière Niger-Burkina Faso continue de se dégrader du
fait de l’activisme des groupes armés non étatiques. Les communes frontalières avec le Burkina
Faso, notamment Makalondi, Diagourou, Gorouol, Dargol et Torodi, restent toujours sujettes
aux incursions et attaques des GANE malgré les vastes opérations militaires en cours.
Selon des sources communautaires, des campagnes de sensibilisation et prêches, à l’endroit des
populations, seraient en cours dans ces communes. Ces activités seraient menées par des
éléments des GANE et les messages véhiculés porteraient sur les préceptes de l’islam
Principalement sur les méfaits de l’enseignement occidental en particulier et de la culture
occidentale en général.
Selon toujours mêmes les sources, ces éléments de GANE ont deux objectifs : le premier serait
d’interdire sur le moyen et / ou long terme l’enseignement moderne non islamique, et le
deuxième d’obtenir la confiance des populations, les amener à adhérer à leur cause afin de
pouvoir mener leurs activités avec beaucoup plus de simplicité et d’efficacité. Ces prêches ont
été suivis de menaces sur le personnel enseignant et d’incendie volontaire de salles de classes
dans le village de Gabikane, en guise d’avertissement pour les populations.
Entre le 29 septembre et 02 octobre 2019, ces mêmes éléments de GANE mettent à exécution
leurs menaces d’incendier toutes les écoles qui refusent obtempérer à leurs injonctions dans 4
villages (Godel, Tcherotatori, Warraou, Taka..) des communes de Diagourou, de Dargol et de
Téra.
Les sources communautaires indiquent que les éléments des GANE sont bien décidés à
empêcher toute activité scolaire. Selon le chef secteur de l’éducation primaire de la commune
de Diagourou, il y a actuellement 100 écoles qui n'ont pas effectué la rentrée scolaire, et 4 écoles
ont été incendiées. Au total 5892 élèves et 268 enseignants sont affectés par cette situation
d’insécurité.
Au vu de tout ce qui précède, la situation actuelle des écoles dans les communes de Diagourou,
de Gorouol, et de Dargol comme celle prévalant dans les communes de Makalondi et de Torodi,
est alarmante. Selon les autorités locales et communautaires, la scolarité de plusieurs milliers
d’enfants serait menacée cette année. C’était déjà le cas en 2018 où une partie de l’année
scolaire a été perturbée pour les mêmes raisons.
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III. CONTEXTE OPERATIONEL AU COURS DU MOIS DE SEPTEMBRE
L’insuffisance de l’aide humanitaire dans les zones d’accueil des Personnes Déplacées Internes
(PDI) et les mouvements secondaires des populations ont augmenté la vulnérabilité de ces
personnes déplacées. A cela s’ajoute cette année, une mauvaise récolte qui se dessine à
l’horizon avec l’arrêt précoce des pluies (niveau de floraison) sur toute la bande nord de la
région de Tillabéri.
De façon spécifique, le contexte opérationnel a été marqué par :
- Les difficultés de déplacement des éleveurs des zones pastorales vers les zones agricoles
avec des risques de conflits entre agriculteurs et éleveurs (Abala, Banibangou,
Ouallam) ;
- La recrudescence des maladies saisonnières (paludisme, maladies hydriques,
diarrhées…) ;
- L’interdiction des déplacements à moto en rapport avec l’application de l’état d’urgence
dans la zone constitue un réel problème pour les évacuations et urgences médicales
dans les villages éloignés des CSI, surtout pour les femmes et enfants ;
- Les actes d’extorsions de biens et de pillages (surtout vol de bétail) réduisent les moyens
de subsistance des populations des départements de Torodi, de Gothèye et de Téra ;
- Les difficultés d’accès aux zones accueillant les PDI du fait de l’impraticabilité des
routes en cette saison de pluie
IV. MONITORING COMMUNAUTAIRE
a. Sécurité et bien être
Au cours des activités de monitoring communautaire, aussi bien les personnes déplacées que
les populations hôtes ont continué à exprimer leur sentiment d’inquiétudes face à l’insécurité
liée aux activités des hommes armés dans leurs localités.
Certains PDI dans la région de Tillabéri vivent dans des conditions très précaires, en particulier
celles qui n’ont pas bénéficié de l’assistance en kits Abris durant la saison pluvieuse. Cette
précarité pourrait aussi être due à l’accès limité aux biens de premières nécessités avec la
prorogation continue des mesures de l’état d’urgence.
Quant aux populations hôtes, la saison pluvieuse constitue leur principale source d’inquiétude
du fait de l’arrêt précoce des pluies dans cette localités et des risques sécuritaires n’ayant pas
permis de mettre en valeur la totalité des terres cultivables.
A tout cela s’ajoute les difficultés d’évacuation sanitaire des malades vers les centres de santé
intégrés de référence des zones (Inates,Ayérou, Makalondi, Dargol etc. ) et l’accès aux soins de
santé pour les PDI dans les communes d’Inates, Abala, Ayérou, Makalondi, Banibangou, et
Ouallam.
En définitive, les populations hôtes et les PDI dans les zones d’urgence de la région de Tillabéri,
estiment être en insécurité et les principales raisons évoquées sont entre autres :
- la présence des groupes armés non étatiques ;
- les incursions, menaces et attaques, les enlèvements, assassinats et vols de bétail et
biens ;
- l’insuffisance des patrouilles régulières des FDS.
a. Mouvement de populations
• Mouvement secondaire
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Au cours du mois de septembre 2019, peu de mouvements secondaires ont été enregistrés à
l’exception des zones d’accueil de PDI de Tondikiwindi, Inates, Abala. Pour la commune de
Tondikiwindi, 82 ménages de plus de 500 personnes ont quitté le site PDI de Yolleyzé en
direction du nord à la recherche du pâturage pour les animaux. Pour Inates, 30 ménages de 170
personnes ont effectué un mouvement secondaire du site d’accueil d’ Agamssourgou vers
Tagdounate à l’intérieur de la commune d’Inates à la recherche de sources d’eau potable en
attendant la réhabilitation des forages par des partenaires humanitaires d’après les sources
communautaires d’informations.
b. Accès aux services sociaux de base
• Santé
La situation sanitaire dans la commune d’Inates est alarmante selon les résultats des entretiens
de groupes et observations directes sur le terrain par les équipes de monitoring. A ce jour, il
n'existe aucun centre de santé fonctionnel dans toute la commune d'Inates, et cela, malgré le
nombre important de populations (PDI et hôtes) qui y résident encore (plus de 25 000 habitants
selon l’autorité communale).
Selon les leaders interviewés, seule l'infirmerie militaire du camp situé dans le chef-lieu de la
commune fournit des soins curatifs payant aux personnes pour la plupart des malades du
paludisme. Selon toujours ces leaders, l'accès à l'infirmerie militaire est sélectif et très peu de
personnes malades s'y aventurent.
Le problème de soins dans cette commune est accentué non seulement par la fermeture de toutes
les structures sanitaires pour cause d’insécurité, mais aussi par la montée des cours d’eau
temporaires (koris) qui bloquent l'accès aux centres sanitaires d'Ayérou (chef-lieu du
département).
Selon les résultats des discussions de groupes et les observations directes, le paludisme, la
diarrhée, les infections respirations, la bilharziose et plusieurs cas de problèmes urinaires sont
actuellement les maladies les plus fréquentes dans la commune.
Au 07 Septembre 2019, au moins 15 cas de décès d'enfants et adultes liés aux maladies ci-
dessus citées sont signalés par les populations interviewées lors du monitoring communautaire
dans la zone.
Pour les PDI d’Abala, aucune amélioration des conditions sanitaires. Les cases de santé
fonctionnelles ont reçu peu ou pas d’appuis surtout en médicaments et en capacité d’accueil.
Plusieurs cas de paludisme grave ont été rapportés surtout chez les enfants et on a dénombré 7
cas de décès d’enfants liés à cette maladie au cours du mois de septembre. Quelques
moustiquaires ont été distribuées aux ménages mais n’a pu couvrir que le tiers de la population
déplacée.
La distance entre les sites d’accueils et du CSI d’Abala et ses cases de santé constitue un
obstacle à l’accès aux soins de santé et aux consultations prénatales pour les femmes enceintes.
Selon les résultats des entretiens de groupes, pour l’heure, aucun centre de santé proche des
sites n’a reçu de ravitaillement en médicaments ou autres produits de premiers soins aux profits
des personnes déplacées. Les PDI, qui tombent malades sur les sites se soignent à leur frais.
• Education
Avec la rentrée qui s’annonce en début octobre, la situation scolaire des enfants sur les sites des
déplacés est sans précédent. Sur les 36 écoles que comptait de la commune d’Inates, seules 2
écoles (Yassane, Tabaraybarey) pourront accueillir les élèves, les autres écoles sont dans les
zones insécurisées et abandonnées par la population.
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A Abala, la situation scolaire est aussi critique dans les zones accueillant les personnes
déplacées, avec l’insuffisance voir l’absence d’école dans les sites de PDI de la zone.
Dans les départements frontaliers avec le Burkina Faso, la situation est tout aussi alarmante. Il
y a actuellement selon les autorités communales de Diagourou, 24 écoles qui n’ont pas effectué
la rentrée scolaire, et déjà 36 salles de classes ont été incendiées. Au total, 1324 élèves de ces
24 écoles sont concernés. Ces écoles qui sont encore sous la ménace des groupes armés non
étatiques restent fermées. A cela s’ajoute les 31 écoles toujours fermées et/ou dysfonctionnelles
dans les communes de Makalondi et Torodi avec plus 1332 élèves concernés depuis la fin de
l’année scolaire 2018-2019.
Pour l’heure peu d’initiative qui viserait à favoriser les conditions d’insertion scolaire des
enfants vivants sur les sites PDI de la région de Tillabéri n’a été rapportée par les
communautés. Cette situation n’est pas sans risque pour les enfants et leurs parents, à moyen
et long termes
Pourtant les enfants des PDI devront être insérés dans les écoles fonctionnelles des localités les
plus proches de leurs sites d’où la nécessité de renforcer les capacités d’accueil des dites écoles,
l’appui en cantines scolaires, en enseignants, en matériel didactique, etc.
• Wash
Pour les PDI des sites d’Abala, Banibangou, Inates il se pose d’énormes difficultésde
ravitaillement en eau potable, ceci est dû à l’insuffisance voir l’inexistence des points d’eau
potable.
Certaines PDI dans les zones d’accueil de la région de Tillabéri, se ravitaillent toujours en eau
de mares en cette saison pluvieuse (plusieurs cas de maladies hydriques rapportées). Ces
commenceront à se tarir progressivement dès l’arrêt prochain des pluies. Les populations sont
en attente d’une augmentation des capacités des sources d’eau dans les villages car beaucoup
de pressions s’exercent sur les points d’eau existants.
V. INCIDENTS DE PROTECTION ENREGISTRES AU COURS DU MOIS DE
SEPTEMBRE 2019
Graphique 1 : tendance des incidents de protection de janvier à septembre 2019
Analyse : Au cours du mois de septembre, l’on observe une baisse des incidents de protection
par rapport au mois d’août. Cette baisse est due d’une part, à la complaisance des populations
face aux demandes de collaboration de la part des éléments des GANE et d’autres part, au
45 4744
34
41
49
32
45
29
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redéploiement des patrouilles militaires dans les zones plus à risques d’attaques sur les
frontières, mais aussi, aux obstacles liées à la saison pluvieuse (cours d’eau temporaires,
mares, impraticabilité des pistes après la pluie etc.).
Au total 29 incidents de protection ont été rapportés par les sources communautaires au cours
du mois de septembre 2019.
Graphique 2 : Typologie des incidents rapportés au cours du mois de septembre 2019
Analyse: les incidents majeurs rapportés au cours du mois de septembre sont : les cas
d’enlèvements de personnes (3) dans les communes de Banibangou et Makalondi, dont une
personne assassinée, une relâchée et une troisièmes toujours portée disparu, les incursions et
attaques suivies d’incendies d’écoles ont été enregistrées dans les communes de Téra,
Diagourou et Dargol en fin du mois de septembre.
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0
0
0
1
3
3
7
7
7
Agression sexuelle
Conflit /tension inter-communautaire
EEI
Incendie volontaire
Assassinat/Meutre
Agression physique
Enlevement
Incursion/Attaque
Vol et pillage
menaces
Commented [ABTT1]: Inserer un graphique de comparaison par rapport aux 3 derniers mois( juillet aout septembre)
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Analyse comparative des incidents trois derniers mois : au cours du mois d’aout des
incidents suivants ont été plus rapportés par les points focaux notamment les incursions,
agression physique, enlèvement, et assassinat. Ce pique d’incident enregistré au cours de
mois d’Aout serait lié à l’activisme de groupes armés non étatique qui profite
occasionnellement des décrues des coris pour commettre des attaques dans les villages
accessibles.
Analyse des auteurs présumés : selon les informations rapportées par les communautés et
points focaux à travers des observations directes, les auteurs des incidents les plus graves
(enlèvement, assassinats, extorsions) sont à plus de 75% des groupes armés non étatiques. Pour
les cas de vols de bétail et actes d’extorsion de biens sur les axes de marchés 10% attribués aux
inconnus et 5 % attribués aux membres de la communauté.
VI. PROTECTION DE L’ENFANT
A partir des données collectées sur les PDI dans la région de Tillabéri, 16 480 enfants seraient
en situation de vulnérabilité dans les zones d’accueil des PDI de la région et très peu de réponses
ont été apportées par les acteurs de protection au cours des neuf derniers mois.
Comme mentionné ci haut, le risque d’augmentation de l’abandon scolaire et de déscolarisation
des enfants est très élevé suite aux cas d’incendie d’écoles dans certaines localités frontalières
avec le Burkina Faso ( cf carte ci-dessous).
juillet Aout septembre
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Aussi, le développement de discours virulents à l’encontre d’un système éducatif jugé
occidental pourrait entrainer un phénomène de déscolarisation. Cette tendance pourrait laisser
croire que les familles, pourraient envoyer davantage d'enfants dans les écoles coraniques au
détriment du système éducationnel classique
Les problématiques de protection de l’enfant sont mises à jour régulièrement par les rapports
d’évaluations et de monitoring de protection. Les données collectées pour le rapport bilan des
huit mois de monitoring de protection dans la région de Tillabéri, en disent long sur la protection
de l’enfance. A cet égard, 73 cas ont été rapportés dont 40 cas de mariage d’enfants empêchés
par les structures communautaires.
Sur la situation sanitaire des enfants, il ressort 3 cas de noyade d’enfants dans les mares, 27 cas
de décès liés au paludisme, 4 cas de morsures de serpents et 3 cas de viols sur mineur(e)s ont
été rapportés par les points focaux de protection.
Sur le travail des enfants, les points focaux, les informateurs-clés et les leaders communautaires
estiment qu’au moins 4 enfants sur 5 exercent des activités (les travaux champêtres, le pâturage
des animaux, le transport de matériel, le travail sur les sites aurifères) dans les zones d’urgence
de la région de Tillabéri.
Au vu de tout ce qui précède, il est urgent d’élargir les projets de protection de l’enfant dans les
zones non encore couvertes et d’accélérer la mise en œuvre des activités des projets de
protection de l’enfant en cours dans les communes d’urgences de la région de Tillabéri.
VII. PREVENTION ET REPONSE AUX VIOLENCES SEXUELLES ET
SEXISTES
Les évaluations rapides menées au début de l’année 2019 dans les différentes zones ont donné
les signaux d’alarme sur les risques des VBG. Les risques de violences basées sur le genre
identifiés par les points focaux VBG, sont multiples. Entre autres nous pouvons retenir, les
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viols, les agressions sexuelles, les mariages précoces, les menaces, les pratiques de sexe de
survie chez les femmes chef de ménage.
La mise en place et la formation des points focaux VBG en 2018, dans les zones d’urgence
avec différents acteurs de protection. La formation du personnel de santé et la mise à disposition
des kits PEP dans certains centres de santé de la région, les activités de sensibilisation continue
sur la thématique dans les départements et communes affectés par la crise sécuritaires sont entre
autres, les actions mises en œuvre pour la prévention et les réponses aux violences basées sur
le genre dans la région de Tillabéri.
En l’absence d’un acteur de gestion des cas des VBG, les allégations sur les viols et les risques
de sexe de survie se sont multipliées tout au long de l’année 2019, et les victimes sont, pour la
plupart, laissées à elles-mêmes.
VIII. COHÉSION SOCIALE
Au fur à mesure que les leaders communautaires sont ciblés dans les zones d’insécurité de la
région de Tillabéri, le tissu social s’effrite et laisse place aux suspicions et à la méfiance
réciproque au sein des populations (Makalondi, Torodi,Inates). La protection communautaire
basée sur les conseils des sages, la mixité des groupes ethniques, l’entraide tendent à disparaitre
dans les zones les plus touchées par l’insécurité, d’après les résultats du monitoring
communautaire effectué dans lesdites zones.
Des discussions des groupes, ressortent clairement la rupture de confiance entre les
communautés ethniques et souvent entre personnes au sein de la même communauté. On note
aussi le départ pour les centres urbains de plusieurs notables, leaders d’opinion, autorités
municipales, c’est le cas de la commune d’Inates, et des leaders et personnes influentes de la
commune de Makalondi (frontière Niger-Burkina-Faso).
Les problèmes liés à la gestion des ressources naturelles, les accusations réciproques d’actes de
banditismes entre groupes ethniques, la formation des groupes d’autodéfense aux seins de
certaines communautés ethniques, l’enrôlement des membres d’une même communauté dans
des groupes armés non étatiques différents, l’affluence d’un important effectif de transhumants
du Mali sur les zones de pâturages cotés nigérien (Banibangou, Ouallam, Abala, et Inates),
constituent de véritables défis à la cohésion sociale.
Le manque de sources de revenus et autres moyens de subsistance, la stigmatisation et la
méfiance de la communauté hôte envers les déplacés sont du reste des facteurs de tension entre
les populations hôtes et les personnes déplacées. Certains cas de vols seraient déjà enregistrés
et attribués aux jeunes de la communauté des déplacés internes installés sur les sites PDI
1. DOCUMENTATION CIVILE
La documentation civile est l’une des véritables préoccupations de protection dans les zones
d’urgence de la région de Tillabéri. La plupart des personnes déplacées sur la bande frontalière
Niger-Mali, sont des éleveurs qui vivaient autrefois dans des endroits loin des services d’état
civil.
Depuis le début de la crise sécuritaire en 2018 dans la région de Tillabéri, plusieurs rapports
d’évaluations et de monitorings communautaires ont fait ressortir la problématique de la
documentation civile. Toutefois, à ce jour aucune action visant à résoudre cette problématique
n’a été signalée par les communautés dans les zones d’accueil des PDI.
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En cette période de rentrée scolaire, plusieurs enfants manquent d’actes d’état civil pour être
inscrits à l’école. Il faut noter que la problématique touche particulièrement les femmes et les
enfants déplacés ou non, dans ces zones d’urgence.
Ainsi selon les focus groupes avec les femmes, 90% d’entre elles ne possèdent aucune pièce
d’état civil et méconnaissent l’importance des pièces et environ 80% des enfants sur les sites
de PDI de Tillabéri ne possèdent pas de pièces d’état civil pour les mêmes raisons. Cela les
expose à des risques de protection tels que l’apatridie, le racket en cas de déplacement qui peut
enfreindre à la libre circulation
2. PROBLEMES LIES A LA TERRE ET AUX BIENS
A ce jour, plusieurs sites de PDI sont encore installés sur des terres privées dans la région de
Tillabéri. Notamment, les déplacés de Tingran installés à Tadress (commune de Tillabéri), tout
comme certains sites d’Abala et de Makalondi. Ces occupations par fois autorisées par les
propriétaires des terres augurent des risques de conflit à moyen et long termes.
Les perspectives de retour dans les villages d’origine des personnes déplacées internes sont
pour l’heure moindres compte tenu de la situation sécuritaire. De ce fait, les problèmes liés aux
terres et aux biens ne sont pas à écarter dans le court terme dans les zones qui sont actuellement
concernées.
Les espaces de pâturage qui se rétrécissent de plus en plus à cause des activités des GANE et
au vue du nombre élevé d’éleveurs transhumants sur la bande frontalière Niger-Mali, il est
craindre d’éventuels conflits entre éleveurs et agriculteurs en cette fin de récoltes.
3. SOLUTIONS DURABLES
Les populations déplacées n’ont pour le moment aucune intention de retourner dans leurs
villages d’origine à l’exception de quelques ménages qui manifestent leur désir d’y retourner
pour des raisons de recherche de moyens de subsistance.
Il est important à ce jour, que les acteurs étatiques et humanitaires pensent à développer des
projets et programmes d’intégration de ces déplacés internes dans les communautés d’accueil
dans la région de Tillabéri. La dépendance de ces PDI à l’aide humanitaire les rend de plus en
plus vulnérables en ce sens que cette aide ne couvre pas tous leurs besoins.
4. RENFORCEMENT DES CAPACITES ET SENSIBILISATIONS
COMMUNAUTAIRES
Au cours du mois de septembre 2019, des séances de sensibilisations ont été effectuées dans les
communes d’accueil des PDI Torodi, Makalondi, Bankilaré, Téra et Banibangou. Ces
sensibilisations ont porté sur la protection de l’enfant, la cohabitation pacifique, les VBG en
situation d’urgence, etc., et ont touché 3641 personnes dont 1245 hommes, 1754 femmes et
642 enfants (filles et garçons).
a. Assistance individuel et/ou référencement des cas de protection
Zones Nbre de cas
identifiés.
Type de vuln. Nbre assist. Nbre
référés
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Téra 2 o SV-FM : Mariage
forcé / précoce
0 2
Abala 8 o SM-CC : Condition
médicale critique
o SF : Femme seule a
risque
8 8
Inates 11 o SM-MN :
Malnutrition
o SM-CI : Maladie
chronique
o SM-CC : Condition
médicale critique
11 5
Total 19 15
IX. Recommandations
Recommandations Responsables
Faire un plaidoyer auprès des FDS pour sécuriser les localités
accueillant les PDI et à risques dans la région de Tillabéri
(Banibangou, Inates, Abala, Ayérou et Makalondi)
CIMCOORD
Mettre en place des activités urgentes de prévention et de réponses
aux cas de protection sur les sites PDI des communes de
Makalondi, d’Inates à Ayérou (VBG, PE, appui-psychosocial,
activités récréatives…)
SOUS –CLUSTER
VBG/PROTECTION
DE L’ENFANT
Apporter une assistance urgente en vivres aux PDI n’ayant plus
bénéficié d’assistance depuis l’arrêt de l’assistance RRM (Abala,
Sanam, Inates). Rendre le ciblage plus participatif afin de faciliter
la compréhension aux PDI qui se plaignent encore des procédures
suivies par d’autres acteurs.
CLUSTER SECURITE
ALIMENTAIRE
Renforcer les sensibilisations communautaires sur la cohabitation
pacifique afin de prévenir les risques de tensions entres les PDI, les
réfugiés et les hôtes des communes de Makalondi, d’Ayérou et
d’Abala
CLUSTER
PROTECTION
Combler les gaps de réponses en abris/NFI pour les anciens PDI
ayant effectué des mouvements de retour dans leurs localités
d’origines (Inates, Abala). Aussi rendre les procédures de ciblage
plus participatives ce qui semble difficile à comprendre pour les
PDI à ce jour.
GTABNA
Prendre des mesures sanitaires urgentes face au pic de paludisme
dans les zones d’accueil de PDI (Inates, Abala, Banibangou,
Makalondi, et Ayérou).
Mettre en œuvre des activités de prévention et prise en charge des
maladies hydriques (Inates, Ayérou, Makalondi)
Cluster Santé
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