PROMOTION (2015-2017)
Transcript of PROMOTION (2015-2017)
ENSP, Rue Lamfadelcherkaoui, Madinat Al Irfane, Rabat
Tél : 05.37.68.31.62---Fax : 05.37.68.61---BP : 6329 Rabat--
CYCLE DE SPECIALISATION EN SANTE PUBLIQUE ET MANAGEMENT
DE LA SANTE
FILIERE : Management hospitalier
PROMOTION (2015-2017)
Mémoire de fin d’études
- Elaboré par : Dr KOUROUMA Fodé
- Encadré par : Dr AIT BOUHOU Hamid
Juillet 2017
Evaluation du délai d’attente avant consultation
au niveau du service des urgences
Cas de l’Hôpital Ibn Sina
ـــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــ
i
DEDICACES
Je dédie ce mémoire à :
Mes feux parents : Fassidy KOUROUMA et
Djoran CONDE,
Arrachés à mon affectation et rappelés à Allah, puisse Allah, le
Miséricordieux et le Tout Puissant les accueillir dans sa Grâce infinie,
Fadima MARA, mon épouse,
Sincères remerciements pour les efforts soutenus, les
encouragements, la patience et l’harmonie au sein de ma famille
malgré mes absences répétées,
Mon ami Bala KEITA en Espagne pour son soutien
constant,
Mes grands frères, Honorable Mamady KANDE
(Député à l’Assemblé Nationale Guinéenne), Dr Naman
KEITA (Ancien Ministre de la Santé), Dr Abass DIAKITE
(Secrétaire Exécutif du CNLS), Dr Karim FOFANA
(Soguiprem), Dr Fodé Badara CONTE (Ministère de la Santé),
Dr Fodé FOFANA (Guyane Française), Dr Ismael
KOUROUMA (Lauréat de l’INAS) pour leurs soutiens et leurs
conseils.
ii
REMERCIEMENTS
Nos remerciements sont adressés :
À l’Agence Marocaine de Coopération Internationale (AMCI), pour
l’opportunité qui nous a été offerte à travers cette bourse de formation de
renforcer nos connaissances,
Au Professeur Abdelmounim BELALIA, Directeur Général de l’ENSP
Toute notre reconnaissance pour les compétences acquises,
Au Pr Hamid AIT BOUHOU, pour avoir bien voulu nous encadrer, votre
simplicité et votre ouverture d’esprit nous ont particulièrement marqué,
Au Dr Ikram AFIFI notre Co-encadrant, pour les conseils de qualité et ses
remarques pertinentes,
Au Dr Mina ABAACROUCHE, ex Directeur par Intérim de l’ENSP, pour
son soutien constant et ses soucis pour les participants,
À tous nos enseignants : Vous nous avez prodigué un enseignement clair et
précieux. Veuillez trouver en ce modeste travail, l’expression de ma profonde
reconnaissance et de ma haute considération.
À monsieur Mohamed Larbi BOUAAZZAOUI, Directeur de l’Institut
Supérieur des Professions Infirmières et Techniques de Santé (I.S.P.I.T) de Rabat
pour son soutien et sa gentillesse.
À monsieur Rachid WAKRIM, responsable de la résidence universitaire de
l’I.S.P.I.T de Rabat pour son soutien et sa sympathie.
À l’ensemble du personnel de l’Hôpital Ibn Sina, en particulier ceux du
SAU pour leur disponibilité et contribution.
iii
À toute la promotion 2015-2017, pour des moments difficiles et agréables
passés ensemble, soyez assuré de mon amitié.
À touts ceux que je n’ai pas cités et sans qui ce travail n’aurait pas pu être
possible, merci.
iv
RESUME
Le service d’Accueil des Urgences de l’Hôpital Ibn Sina de Rabat joue un rôle
très important dans l’accueil et le traitement des urgences dans la région de Rabat
et ses environs grâce à la diversité des services offerts par ce centre.
Cependant, il fait face à quelques problèmes dont le temps d’attente allongé
des patients avant la consultation médicale.
Ce problème est sérieux car le patient qui attend longtemps au service des
urgences est plus susceptible de ressentir de la douleur ou de la souffrance de
manière prolongée sans traitement, d’exprimer une insatisfaction accrue et de
quitter les lieux sans recevoir de soins, voir de mourir en salle d’attente.
Nous avons calculé le délai d’attente des 120 patients aux urgences puis nous
avons observé le service et tenu des entretiens avec les professionnels et les
patients.
Le temps d’attente pour 120 patients est compris entre 30mn et 2 heures 30mn.
Le temps d’attente moyen est 82 minutes. Pour 63% des patients, le temps
d’attente est long, il est trop long pour 33% et il est raisonnable pour 4%
seulement.
Les causes liées au temps d’attente allongé sont une organisation inadéquate
associée aux consultations non urgentes, à l’insuffisance de box de consultation,
au flux des patients, à l’insuffisance du personnel paramédical et d’urgentistes.
L’étude a débouché sur des recommandations en matière de réorganisation du
service d’urgences, de gestion du flux des patients et d’améliorer la disponibilité
des plateaux techniques des autres hôpitaux entre autres.
Mots clés : Temps d’attente- Urgences- Services Urgences- Qualité- Accueil
v
ABSTRACT
The emergency department of the hospital “IbnSina” in Rabat has a very
important role in the reception and treatment of emergencies in the area of Rabat
and its surroundings by providing a variety of services in this center. However, it
confront some problems including the extended waiting time of patients before
the medical consultation.
Wish is a serious problem because the patient who keep waiting for a long time
in an emergency is more likely to experience pain or suffering for elongated
period without treatment, to express increased dissatisfaction and leave without
any nursing, or even die in the waiting room.
We calculated the waiting time for the 120 patients in the emergency room and
then observed the department and held interviews with stuff and patients. The
waiting time for 120 patients was between 30 minutes and 2 hours 30 minutes.
The average period was 82 minutes. The waiting time was long for 63% of
patients, it was too long for 33% and it was reasonable for only 4%.
The main causes related to extended wait times are an inappropriate
organization associated with non-emergency consultations, insufficient
consultation boxes, patient flow, and inadequate paramedical and emergency staff.
The study resulted in recommendations for emergency department
reorganization, patient flow management and improved availability of technical
platforms at other hospitals, among others.
Keywords: Waiting times- Emergencies- Services Emergencies- Quality-
Reception
vi
خلاصة
تلعب وحدة الاستقبال بمصلحة مستعجلات مستشفى "ابن سيناء"
ستعجالية الإبالرباط دورا هاما جدا في استقبال وعلاج الحالات
الوافدة من جهة الرباط ونواحيها، وهذا راجع أساسا لتنوع
ستشفائية التي تقدمها المصلحة.الإالخدمات
,رغم هذا هناك العديد من الإشكالات التي تواجهها المصلحة
فالانتظار المطول للمرضى قبل الولوج للخدمات العلاجية مشكل
الحاد الإجهادجدي يجعل المرضى يعانون نفسيا وجسديا من
ج عنه ويتعرضون للألم لفترات طويلة دون تلقي العلاج، ما ينت
التذمر من سوء الخدمات ومغادرة قاعات الانتظار دون تلقي
أدنى علاج، وفي أسوء الحالة الوفاة جراء مضاعفات الحالة
الصحية الاستعجالين للمريض.
من المرضى في 120أثناء بحثنا قمنا بحساب مواقيت انتظار
مصلحة المستعجلات وتمت ملاحظة المصلحة، كما قمنا بإجراء
مع المرضى والأطر الصحية. مقابلات
فخلصنا للاتي:
فرد ــ داخل 120وقت الانتظار للعينة المدروسةــ
لى ساعتان ونصف دقيقة إ 30المستعجلات كان من حوالي
من %63ستنتجنا أن وادقيقة للفرد. 82الساعة،أي بما معدله
ينتظرون لمدة أكبر %33المرضى ينتظرون لمدة كبيرة، في حين
هي نسبة من ينتظرون لمدة مقبولة. %4 جدا، وتبقى
يعزى هذا المشكل ــ الانتظار المطول للمرضى ــ للتنظيم
غير الملائم، إضافة إلى الحالات الغير مستعجلة، قلة قاعات
الفحص والتشخيص، نقص في اليد العاملة والأطر الصحية
والتدفق الكبير للمرضى المتواجدين في ضواحي الرباط.
مقترحات فتح توصيات وأعطينابهذه الدراسة خرجنا وفي خلال
عادة تنظيم قسم المستعجلات بالمستشفى الجامعي ابن من أجل إ
دارة الاكتظاظ الحاصل على هذه المصلحة وإسيناء، تدبير
بقية المستشفيات في إطار مردوديةبالإضافة إلى تطوير
التعاون والانسجام فيما بينها.
، مصلحة الحالات المستعجلةوقت الانتظار، :المفتاحالكلمات
المستعجلات، جودة الاستقبال.
vii
TABLE DES MATIERES
DEDICACES………………………………………………………..i
REMERCIEMENTS……………………………………………….. ii
RESUME…………………………………………………………... iv
ABSTRACT……………………………………………………….. v
vi .........………………………………………………………… خلاصة
LISTE DES ANNEXES ……………………………………………ix
LISTE DES ABREVIATIONS…………………………………….. x
INTRODUCTION …………………………………………………. 1
1- Définitions des concepts ……………………………………………….. 5
2- Structures d’accueil des urgences au Maroc …………………………... 5
3- Pertinence ……………………………………………………………… 6
4- Modèle conceptuel………………………………………………………7
5- Objectifs de l’étude……………………………………………………..8
6-1- Objectif général …………………………………………………… 8
6-2- Objectifs spécifiques ……………………………………………… 8
I- METHODE…………………………………………………….. 9
1- Design de l’étude …………………………………………………….9
2- Population cible et échantillonnage ………………………………….9
2-1- Population cible ……………………………………………………9
2-2- Echantillonnage …………………………………………………….9
3- Lieu de l’étude……………………………………………………….10
4- Outils de collecte des données …………………………………... …11
5- Déroulement de l’étude ……………………………………………..11
6-Limites de l’étude ………………………………………………........12
7- Considération éthiques ………………………………………….......12
II- RESULTATS…………………………………………………. 13
1- Résultat de l’observation directe………………..............................13
2- Résultat des entretiens.......................................................................16
III- DISCUSSIONS……………………………………………….17
viii
IV- RECOMMANDATIONS ……………………………………. 19
CONCLUSION …………………………………………………...21
BIBLIOGRAPHIE …………………………………………… …. 22
ANNEXES ……………………………………………………….. 24
ix
LISTE DES ANNEXES
Annexe 1 : Grille d’entretien avec les patients ………………………………… 24
Annexe 2 : Grille d’entretien semi dirigé avec les praticiens des urgences ……..25
Annexe 3 : Grille d’observation des ressources humaines ………………………26
Annexe 4 : Grille d’observation de l’organisation ……………………………...27
Annexe 5 : Grille d’observation des locaux ……………………………………..28
Annexe 6 : Classification clinique des malades des urgences …………………. 29
Curriculum Vitae ………………………………………………………………. 30
x
LISTE DES ABREVIATIONS
CHU : Centre Hospitalo-universitaire
CHUIS : Centre Hospitalo-universitaire Ibn Sina
DREES : Direction de la Recherche, des Etudes de l’Evaluation et des
Statistiques
ENSP : Ecole Nationale de Santé Publique
ICIS : Institut Canadien d’Information Sanitaire
IOA : Infirmière d’Orientation et d’Accueil
IRM : Imagerie par Résonance Magnétique
HIS : Hôpital Ibn Sina
MEAH : Mission Nationale d’Expertise et d’Audit Hospitalier
NFS : Numération de la Formule Sanguine
PEC : Prise en Charge
SAMU : Service d’Assistance Médicale Urgente
SAU : Service d’Accueil des Urgences
SMUR : Service Médical d’Urgence et de Réanimation
TDM : Tomodensitométrie
UMHB : Urgences Médicaux-Hospitalières de Base
UMHC : Urgences Médicaux-Hospitalières Complète
VAS : Voie Aérienne Supérieure
1
INTRODUCTION
Généralement, un service peut être amélioré selon quatre dimensions
principales : sa qualité, sa quantité, son coût, et son temps de réalisation ou
promptitude [13]. Cette dernière représente un facteur déterminant dans un
service d’urgences. Il pourrait influencer profondément l’état de satisfaction chez
les patients et probablement leur état de santé.
Des études réalisées dans plusieurs contextes montrent que le délai d’attente
aux urgences représente un indicateur très sensible aux différents
dysfonctionnements qui pourraient affecter ce service.
Les services d’urgence jouent un rôle très important, d’accueillir sans sélection
vingt-quatre heures sur vingt-quatre, tous les jours de l’année, toute personne se
présentant en situation d’urgence, et la prendre en charge, notamment en cas de
détresse et d’urgence vitale.
Ils sont en outre dans une situation de contradiction majeure : obligés
d’accueillir et de traiter toute personne qui se présente, ils demeurent, pour
l’hospitalisation de leurs patients et la réalisation de certains examens
complémentaires des services partenaires.
La résultante de ces deux phénomènes est un engorgement des services et un
allongement des temps d’attente des patients qui engendrent pas mal de
conséquences aux patients qu’aux personnels.
Au cours des dernières décennies, les services d’urgence des hôpitaux n’ont
cessé de voir leur activité augmenter. Cette hausse constante de la fréquentation de
ces services est un phénomène commun à tous les pays qui en possèdent [17].
En général, l’urgence est un caractère de ce qui est urgent, de ce qui requiert une
action, une décision immédiate.
L’urgence médicale est une situation impliquant l’intervention rapide d’un
médecin, seul compétent pour administrer les soins ou prescrire les médicaments
nécessaires [8].
2
C’est un phénomène qui touche la santé et qui survient de façon brutale et
inattendue, qui surprend et inquiète à tort ou à raison l’intéressé et/ou son
entourage.
Un service d’urgence est un service spécial qui a pour mission de répondre 24
heures sur 24 heures, 7 jours sur 7 jours aux demandes de santé des personnes qui
se présentent à l’hôpital sans y avoir un rendez-vous, que leur état soit réellement
urgent du point de vue médical ou qu’il soit ressenti comme tel.
Dans un document publié par la Direction de la Recherche, des Etudes, de
l’Evaluation et des Statistiques (DREES) dans l’édition 2016 de son panorama de
santé, constate que les 723 structures des urgences de la France ont pris en charge
19,7millions de passages [10]. Au Canada, les services d’urgence enregistrent plus
de 16 millions de visites par années selon l’Institut Canadien d’Information sur la
Santé [6]. Aux Etats- Unis d’Amérique la tendance est similaire, entre 1995 et
2005, le nombre de passages aux urgences est passé de 96,5 millions à 115,3
millions. Les problèmes qui en ont résulté ont été qualifiés de véritable crise des
services d’urgence [24]. La Tunisie à l’instar de nombreux pays n’est pas
épargnée par le problème d’encombrement majeur des services d’urgence : au total,
plus de 3500000 recours sont enregistrés chaque année [20]. Une structure
universitaire reçoit en moyenne 100000 cas par an. Ces chiffres indiquent une
confrontation de ces services à un niveau de charge structurellement tendu qui est
préjudiciable au bon fonctionnement des urgences.
Les hôpitaux publics Marocains reçoivent chaque année près de 4,7millions de
patients en 2010. Les mêmes estimations indiquent également que 70% de cas
traités relèvent des urgences ressenties, 05% des hospitalisations émanent des
services des urgences, 33,5% des interventions chirurgicales majeures sont réalisées
dans ces services et que 65% des examens radiologiques, 07% des analyses de
laboratoire sont également réalisées par ces établissements [3].
Cette augmentation de la demande cause un temps d’attente allongé des patients
avant la consultation médicale.
Le temps d’attente c’est le délai entre l’arrivée du patient à l’accueil pour
l’inscription et le moment ou le médecin l’évalue pour la première fois. Il est
3
mesuré en minutes écoulées entre l’heure d’arrivée dans le service d’Accueil des
Urgences et l’heure de la consultation médicale.
En effet, le temps d’attente excessif pour voir un médecin peut parfois avoir des
effets en termes de stress, d’anxiété et de souffrance préjudiciables pour la santé, il
a également un impact négatif sur la perception du système de santé par le public.
Si les délais d’attente dans le service d’accueil et de traitement des urgences
peuvent être très variable d’un établissement à l’autre (en fonction de la spécialité
éventuelle du service, de l’organisation du service, des ressources humaines
disponibles, du nombres de passages), la plupart des études publiées font état d’un
délai d’attente médian avant la consultation médicale de 30 à 60 mn ; au total près
de 25 à 50% des patients attendent plus d’une heure avant d’être examinés par un
médecin [5, 13]. L’étude récente menée auprès de huit établissements par la
Mission Nationale d’Expertise et d’audit hospitalier (MEAH) faisant état d’une
durée d’attente d’environ une heure avant la consultation médicale [19].Selon
l’institut canadien d’information sur la santé (ICIS), au Canada dans l’ensemble, les
patients ont attendu en moyenne 51minutes en 2003-2004 avant d’être évalués par
un médecin, la moitié ayant attendu moins longtemps, l’autre d’avantage. Pour 10%
d’entre eux, ce délai n’a pas dépassé 10 minutes, alors qu’il a été de 165 minutes ou
plus pour un autre 10% [7].
Par rapport au délai d’attente aux urgences, une étude qui portait sur 50
institutions d’urgences a été faite en Californie. L’objectif de cette étude était de
déterminer le délai d’attente (intervalle de temps entre l’arrivée d’un malade et son
contact avec le médecin ou un personnel). De manière globale, les résultats
indiquent que les patients passent 57mn avant de rencontrer le médecin pour la
consultation. Toute fois la même étude révèle aussi que 42% des personnes venant
aux urgences avaient passé plus d’une heure avant de rencontrer le médecin [12].
Dans une étude menée en 2000 par la Direction de la Recherche, de
l’Evaluation et des Statistiques (DREES) de la République Française, portant sur
3004 personnes ayant fréquenté les services d’urgence hospitaliers, près d’un quart
des patients a attendu plus d’une heure avant de voir un médecin, et 9% ont attendu
plus de deux heures [10]. Par ailleurs, les longs délais d’attente peuvent entrainer
4
un départ anticipé des patients : une étude de Khanna et al. a montré que plus de 3%
des patients admis aux urgences quittaient le service avant d’avoir été vus par un
médecin, dans la très grande majorité des cas en raison d’une attente jugée trop
longue [13].
A l’hôpital Principal de Dakar, Madame Marcelle Attoumoh, lors de la phase
préliminaire de son enquête sur le « le temps d’attente dans les six services les plus
fréquentés de l’Hôpital Principal de Dakar », a constaté que plus de 50% des
patients attendent plus de deux heures avant d’être reçus en consultation. En outre,
il ressort, toujours de cette enquête que, 26% des patients, interrogés aux urgences
porte, trouvent l’attente longue et 59% trop longue [18].
Une étude réalisée au Congo Kinshasa a révélé un délai d’attente de 30 minutes
à 60 minutes. Ce délai a été plus long dans les institutions publiques, un peu moins
dans les institutions religieuses et beaucoup moins de temps dans les institutions
privées [9].
Les patients admis dans le service des urgences y arrivent en des divers états.
Certains viennent des ennuis qu’ils estiment insupportables alors que d’autres
arrivent entre la vie et la mort. Si ces derniers ne bénéficient pas de soins
nécessaires, la mort peut survenir car le risque de décès d’un patient venu consulter
aux urgences augmente avec chaque heure supplémentaire d’attente [12].
Il est donc nécessaire d’analyser le délai d’attente du patient qui est l’un des
indicateurs indispensables pour l’évaluation de la qualité des soins dans le service
des urgences.
La présente étude voulait répondre à la question de savoir :
Quels sont les facteurs qui influencent le délai d’attente des patients au niveau
du service d’accueil des urgences de l’Hôpital Ibn Sina ?
Afin de contribuer à l’amélioration de la qualité des soins au service des
urgences de l’Hôpital Ibn Sina.
5
1-Définition des concepts :
La qualité : c’est l’aptitude d’un service à satisfaire au moindre coût et dans les
moindres délais les besoins des utilisateurs.
L’accueil : c’est l’ensemble des dispositions prises pour recevoir une ou
plusieurs personnes.
L’urgence : c’est un phénomène qui touche la santé et qui survient de façon
brutale et inattendue, qui surprend et inquiète à tort ou à raison l’intéressé et/ou son
entourage. L’urgence est le passage brutal de l’état de santé à l’état pathologique ;
c’est la survenue brusque d’une situation imposant la prise de mesures
diagnostiques et thérapeutiques, c’est l’apparition brutale du facteur de risque :
Aggravation, séquelle, c’est la nécessité rapide de posséder une recette de guérison.
Temps d’attente : Le temps d’attente c’est le délai entre l’arrivée du patient à
l’accueil pour l’inscription et le moment ou le médecin l’évalue pour la première
fois. Il est mesuré en minutes écoulées entre l’heure d’arrivée dans le service
d’accueil des urgences et l’heure de la consultation médicale.
Un service d’urgence (médicale ou chirurgicale) est un service présent dans un
hôpital pour prendre en charge des urgences vitales (accidentés de la route…) et des
urgences ressenties (consultations médicales non programmées).
2- Les structures d’accueil des urgences au Maroc :
Ces structures se trouvent à trois niveaux [21] :
- Les urgences médicales de proximité : Les urgences médicales de
proximité des zones excentrées par rapport aux hôpitaux.
Sept fonctions sont préconisées à ce niveau
F1 : Permanence 24/24 Heures (garde ou astreinte) ;
F2 : Diagnostic clinique des détresses vitales ;
F3 : Gestes et manœuvres de premier secours : MCE, libération des VAS,
oxygénation, pose d’une perfusion, sutures des plaies, mise en condition et
transfert à un niveau supérieur.
6
F4 : Contention provisoire et immobilisation de fractures
F5 : Surveillance du patient
F6 : Examens biologiques de base : NFS, Glycémie, Urée,
Albuminurie, Glycosurie, Acétonurie.
F7 : Transfert sanitaire simple 24h/24heures.
- Les urgences Médicaux-Hospitalières de base (UMHB) : Les urgences
médicaux-hospitalières de base au niveau des hôpitaux provinciaux ou
préfectoraux.
F8 : Gestes de ressuscitation et de réanimation (F3+ déchoquage
cardio-vasculaire, sédation, intubation / ventilation, sonde gastrique,
monitorage) ;
F9 : Examens complémentaires de base : (F6 + Echographie,
Radiologie, Ionogramme, Bactériologie, Immunologie).
F10 : Transfusion
F11 : Hospitalisation
F12 : Interventions chirurgicales (bloc opératoire).
- Les urgences Médicaux-Hospitalières complète : Les urgences médicaux-
hospitalières complètes au niveau des hôpitaux régionaux et des CHU.
En plus des fonctions des UMHB, les UMHC assurent quatre autres
fonctions :
F13 : Fonction réanimation hospitalière polyvalente (prise en charge
complète des défaillances viscérales aigues mettant directement en
jeu le pronostic vital).
F14 : Examens complémentaires complets : (F9 + TDM/IRM,
explorations fonctionnelles invasives, virologie, etc.)
F15 : Transfert SMUR en plus de F8
F16 : Régulation des appels médicaux.
3- Pertinence :
Le temps d’attente des patients au niveau des urgences est un problème auquel
font face la plupart des SAU (Service Accueil Urgence) des hôpitaux de
7
nombreux pays [16]. Cela est valable pour les hôpitaux marocains en général et
en particulier le service d’Accueil des Urgences de l’Hôpital Ibn Sina (HIS).
Parmi les hôpitaux de Rabat, l’hôpital Ibn Sina est celui qui enregistre le plus
grand nombre de passages ; cela s’explique par son statut d’établissement public
de santé de référence nationale, avec la diversité de services qu’il offre.
Il figure parmi les hôpitaux les plus fréquentés dans la région de Rabat ; par
exemple en 2015, le service d’Accueil des Urgences de l’hôpital Ibn Sina a réalisé
47042 consultations contre 49917 en 2014 (bilan d’activité de l’HIS).
En outre, une étude australienne a montré que réduire le délai d’attente d’une
heure aurait sauvé 558 vies parmi les patients bien évalués soit (6,5% de décès en
moins) et 261 vies parmi les patients moins bien évalués (12,7% de décès en
moins) [17].
Tout cela nous motive à mener une étude au service des Urgences porte de
l’Hôpital Ibn Sina pour contribuer à la réduction du temps d’attente des patients et
par conséquent à la réduction de la mortalité dans le service des urgences.
4-Modèle conceptuel : (Figure 1)
DELAI D'ATTENTE DES
PATIENTS AU NIVEAU
DU SERVICE D'ACCUEIL DES
URGENCES
RESSOURCES STRUCTURE
ORGANISATION
8
Ce modèle conceptuel s’articule autour de trois domaines d’action, concertée
pour réduire le délai d’attente des patients au niveau du service d’accueil des
urgences : Les facteurs en relation avec les ressources du service, les facteurs
organisationnels et les facteurs en relation avec la structure du service des
urgences.
5- Les objectifs de l’étude
A travers cette étude, nous souhaitons fournir aux responsables de l’Hôpital Ibn
Sina (HIS), des éclaircissements sur les facteurs qui influencent fréquemment le
prolongement de la durée de l’attente aux urgences porte.
Objectif général:
Déterminer les facteurs qui influencent le délai d’attente des
patients au service d’accueil des urgences de l’Hôpital Ibn Sina (HIS).
Objectifs spécifiques:
Quantifier le délai d’attente avant la prise en charge des patients.
Analyser l’organisation actuelle du Service d’Accueil des
Urgences de l’Hôpital Ibn Sina.
Proposer des stratégies d’amélioration pour la réduction du temps
d’attente des patients.
9
I. METHODE
1- Design de l’étude
Il s’agit d’une étude de cas, à but exploratoire, effectuée de manière
prospective.
Ce choix est justifié d’abord par la validité interne que ce type de devis confère
à l’étude, ensuite par le manque de données fiables préexistantes, permettant de
traiter cette problématique autrement.
Cette étude consiste dans un premier temps à quantifier les différents délais
d’attente aux urgences porte ; puis d’essayer de relever et d’explorer les causes du
prolongement du temps d’attente de ces patients.
2- Population cible et échantillonnage
2-1- Population cible
La population de l’étude a été constituée par des patients en attente au service
d’accueil des urgences au cours de la période de notre étude et par les
professionnels du dit service.
2-2-Echantillonnage:
Elle consiste en un échantillon non probabiliste et à choix raisonné. Elle
comprend les patients admis accidentellement aux urgences durant la période de
recrutement de cette population.
o Critères d’inclusion :
Tout patient en attente d’une consultation dans le SAU durant la période de
recueil de données et qui a effectivement bénéficié d’une prise en charge.
o Critères d’exclusion:
Tout patient arrivant au SAU par transports sanitaires (pompiers, ambulances
hospitalières, SAMU) et qui ne transitent pas par la salle d’attente.
Tout patient sortis du service d’accueil des urgences avant la consultation
médicale.
Tout patient dont la venue au service d’accueil des urgences est programmé.
10
3- Lieu de l’étude
Le lieu choisi pour mener cette étude est l’Hôpital Ibn Sina (HIS), crée en 1954
à Rabat,
L’HIS représente la principale formation du centre hospitalo-universitaire
(CHU) de Rabat. Il dispose d’une structure architecturale en bloc de 5 étages, qui
abrite 24 services cliniques et 10 services médicaux techniques, en plus des
structures administratives et logistiques.
Outre sa mission universitaire de recherche et d’enseignement, il assure le rôle
d’un hôpital général à vocation nationale. Son budget annuel est estimé à 176
millions de dirhams, subventionné à 90% par l’Etat.
Il dispose d’une capacité litière de 1150 lits et emploie environ 1650
personnes.
Les services opérationnels offrent des prestations de pointe qui répondent à la
majorité des besoins des malades.
Le service des urgences porte, lieu de l’étude, est situé au sous-sol. Il a
bénéficié d’une rénovation en 2015.
Il est structuré comme suit : Une salle d’attente, deux salles de consultation
médicochirurgicales, une salle de consultation pour les spécialistes, une salle de
plâtrage, une salle de soins, une salle de déchoquage de dix chariots, et une salle
d’observation urgences chirurgicales.
Les équipements de base sont, pour la plupart, présents. Une unité
d’échographie-radiologie et de scanner est intégrée aux urgences, et assure les
examens couramment demandés. Ce service est ouvert à toutes les urgences, en
dehors de certaines spécialités, qui sont prises en charge (PEC) dans d’autres
établissements du CHUIS.
IL reçoit environ 250 patients par 24 heures, dont moins de 10 % sont
hospitalisés dans les différents services. Ces derniers représentent environ 30
%des admissions à l’Hôpital Ibn Sina (HIS) [4].
11
La prise en charge médicale est assurée en première ligne par des médecins en
formation qui assurent des gardes dispersées de 12 heures. Elle est supportée, en
deuxième ligne, par les trois médecins généralistes, qui exercent à temps partiel à
l’urgence.
Les médecins consultants sont appelés à 2 niveaux :
les réanimateurs médicaux ou chirurgicaux sont appelés pour les grandes
urgences.
les consultants en spécialité sont appelés chaque fois qu’une admission à
l’hôpital est requise.
En dehors du chef de service, il n’y a pas de médecins stables aux urgences.
4- Outils de collecte des données
Pour mener cette étude, un ensemble d’outils ont été utilisés pour recueillir les
données de l’étude. Ces outils sont : l’observation directe, une grille
d’observation, comportant l’heure d’enregistrement de l’usager et la première
évaluation initiale médicale. Soumettre un questionnaire (entretiens individuels)
aux personnels ainsi qu’aux 120 patients ou accompagnants en salle d’attente.
5- Déroulement de l’étude
Cette étude s’est effectuée en plusieurs étapes :
Une étape préparatoire : qui a consisté en une série de visites du lieu
d’étude, et d’entretiens avec les responsables et professionnels. Elle nous
a été d’un grand apport dans la finalisation du protocole d’étude, et dans
l’appréciation de son contexte.
Une étape pré opérationnelle : au cours de laquelle nous avons pu tester la
grille d’observation au même lieu d’étude, pendant 4 jours. Elle nous a
permis de relever ses imperfections et de l’adapter selon les conditions
offertes de faisabilité. Les principales améliorations avaient permis
d’alléger la grille en éliminant les informations non indispensables à
l’étude.
Une étape opérationnelle : Le recrutement des patients pour notre
échantillon a commencé le Lundi 6 Mars 2017 à 9 heures. Il a duré trois
12
semaines. La collaboration du personnel nous a facilité cette tâche qui
paraissait astreignante.
6- Limites de l’étude
Les principales limites soulevées sont :
La durée limitée de l’étude qui ne peut renseigner sur les fluctuations
saisonnières des activités et leur influence sur le temps d’attente à
l’urgence.
Au cours de l’enquête auprès des patients, nous avons rencontré des
patients qui ne parlent que l’Arabe, étant donné que nous ne maitrisons
pas cette langue, nous avons eu recours aux personnes de bonne
volonté pour nous aider en interprétant.
Effet ‘’Hawthorne’’, dû à notre présence en tant qu’observateur
7- Considération éthiques
Notre étude ne soulève pas de problèmes d’ordre éthique. Les explorations
effectuées sont en rapport avec le processus de prise en charge des patients sans
porter de jugement sur les personnes.
13
II. RESULTATS
1. Résultat de l’observation directe :
Nous présenterons les résultats de notre étude qui porteront sur le temps
d’attente, l’appréciation du temps d’attente par les patients et les causes du temps
d’attente allongé des patients au service d’accueil des urgences.
Temps d’attente des patients au service accueil des urgences
Graphique 1 : Répartition des patients selon le temps d’attente
L’analyse du temps d’attente pour 120 patients montre que 26,7% des patients
ont été évalués par un médecin après une durée comprise entre zéro et 60 minutes,
58,3% entre une durée qui est entre 60 et 120 minutes alors que pour les cas
restants 15% la durée d’attente s’est élevée à plus de 120 minutes.
0
10
20
30
40
50
60
70
80
0-60 mn 60-120mn 120 mn et plus
26,7%
58,3%
15%no
mb
re d
e p
atie
nts
temps d'attente en minutes
14
Le temps moyen d’attente des patients au service d’accueil des urgences s’est
élevé à 82 minutes. Les valeurs extrêmes du temps d’attente des patients avant la
consultation médicale sont 30 mn et 2heures 30mn.
Aucun patient ne transitant pas dans la salle d’attente n’a été retenu. C’est le
cas des patients en détresse vitale qui sont admis directement dans la salle de
déchoquage avec zéro délai d’attente.
Graphique 2 : Répartition des patients selon l’appréciation du temps
d’attente
Les résultats de notre enquête montrent que 63% des patients estiment le temps
d’attente comme long, 33% comme trop long et 4% seulement comme
raisonnable.
Nous avons observé le service d’accueil des urgences, pendant cette activité
nous nous sommes beaucoup intéressés sur l’organisation du service et le circuit
du patient.
Le patient qui vient au servie accueil des urgences doit attendre quelques 3à 5
minutes pour se faire enregistrer, puis il continue dans la salle d’attente où
0
10
20
30
40
50
60
70
80
trop long long raisonable
63%
33%
4%
no
mb
res
de
pat
ien
ts
15
l’attente est la plus longue. Ensuite il est appelé dans la salle de consultation pour
attendre qu’il soit reçu par un médecin pour la consultation.
Des patients amenés aux urgences par le SAMU ou par les Sapeurs pompiers
sont directement dirigés dans la salle de consultation que le malade soit urgent ou
non. On note au niveau de ce service, une absence d’unité d’accueil et de triage.
Tous les patients sont reçus directement dans la salle d’attente sans aucun critère
de priorisation. L’urgence ressentie ainsi que les vraies urgences consultent dans
les mêmes locaux, sauf pour les urgences vitales arrivées sur brancard
d’ambulancier qui partent directement à la salle de déchoquage. On note aussi la
promiscuité : le malade et les blessés sont mélangés.
Sur le plan ressource humaine, on note un manque de médecins urgentistes et
d’infirmière d’accueil et orientation. La consultation est assurée par les médecins
internes qui ne sont pas habitués à la gestion du flux des patients.
L’architecture de l’urgence n’est pas fonctionnelle, on note une étroitesse de la
salle d’attente ce qui oblige certains patients à attendre dans les couloirs. Une
insuffisance de box de consultation, l’encombrement, l’agressivité envers le
personnel rendaient le climat de travail stressant. L’encombrement du service est
accentué par le passage des visiteurs ou d’autres patients qui ne relevaient pas des
urgences.
Figure 2 : Circuit du patient au service d’accueil des urgences
Accueil
Enregistrement
Salle pour consultation
Salle d’attente Mise en
observation
Sortie
16
2- Résultat des entretiens :
Tous les interviewés citent les mêmes problèmes qui sont les causes de la
longue attente aux urgences.
Selon un médecin généraliste des urgences âgé de 40 ans , « Il ya une
insuffisance en matière des procédures et protocole de prise en charge qui
facilitent le passage du patient au niveau du service ». D’autres médecins
ajoutaient que certains patients se présentaient pour des raisons ne nécessitant pas
une prise en charge au niveau du service des urgences, citant à titre d’exemple :
Des personnes qui se présentaient pour renouveler une ordonnance, faire un
contrôle, montrer un bilan à un médecin ou carrément faire un bilan à titre froid
demandé par un médecin externe du service.
L’inexistence d’une unité d’accueil et de triage, qui permet d’attribuer un
niveau de priorité pour chaque patient, évitant ainsi d’utiliser l’ordre d’arrivée
comme ordre de prise en charge. Un médecin interne âgé de 32 ans rapporte ceci,
« Un syndrome coronarien attend au même titre qu’un malade chronique de deux
mois ». Le manque de permanence de soins dans les structures de bases ou qui se
débarrassent de leurs patients pour les orienter vers les urgences.
La présence du plateau technique, la gratuité des consultations et des soins
seraient l’une des causes de l’afflux massif des patients. A cela s’ajoute le non
respect du système de référence et contre référence par les patients.
Le flux des patients est très important et les temps d’attente plus long : le
personnel n’est pas proportionné au flux des consultants. Les causes liées à la
matière, c’est tout ce qui est consommable. Pour notre cas aucune cause n’est liée
à la matière. Selon le Médecin Chef des urgences, l’Administration met tous les
consommables à leur disposition pour la prise en charge des patients.
17
III. DISCUSSIONS
Le délai moyen d’attente des patients au service d’accueil des urgences s’est
élevé à 82 minutes.
La moyenne du délai d’attente de la consultation est proche de celle trouvée en
Californie par Lambe et al. qui ont trouvé que les patients passaient 57 mn avant
de rencontrer un médecin, aussi 42% attendaient plus d’une heure [15].
Jarr et al. Sur un échantillonnage de 508 patients avaient trouvé une moyenne
de 14 à 18 minutes et que 90% des patients attendaient moins de 30 mn [12].
Notre étude a trouvé un délai d’attente maximal de 2h 30mn ; ce délai est
supérieur à celui trouvé en France par la MEAH (Mission Nationale d’Expertise et
d’Audit Hospitalier) où le délai d’attente maximal était d’une heure dans les huit
hôpitaux [19].
Les résultats de notre enquête montrent que 63% des patients apprécient le
temps d’attente comme long, 33% comme trop long et 4% seulement comme
raisonnable. Ce résultat rejoint celui trouvé par la DREES (Direction de la
Recherche des Etudes et de l’Evaluation des Statistiques) où 42% des patients
trouvaient l’attente longue [10]. Ce résultat est différent de celui de Madame
Marcelle Attoumoh, lors de la phase préliminaire de son enquête sur le « le temps
d’attente dans les six services les plus fréquenté de l’Hôpital Principal de Dakar »,
il ressort que 26% des patients interrogés aux urgences porte, trouvent l’attente
longue et 59% trop longue [18].
Une organisation inadéquate par une absence d’unité d’accueil et de triage. Le
triage permet d’attribuer un niveau de priorité pour chaque patient, évitant ainsi
d’utiliser ordre d’arrivée comme ordre de pise en charge. Il s’avère d‘une
importance capitale puisqu’il permet une meilleure organisation des soins
prodigués aux patients dès leur arrivée aux urgences. D’après Dr Brian Postl,
conseiller fédéral sur les temps d’attente et Chef de la direction de l’office
régional de la santé de Winnipeg au Canada, la mauvaise organisation des
services : (l’inefficacité, le manque de coordination entre ceux et celles qui livrent
les services et une mauvaise planification) contribuent à ralentir le système et à
créer des engorgements. En plus la pénurie de main d’œuvre en santé ; quand les
18
patients ne peuvent pas obtenir rapidement un rendez- vous avec un médecin, ils
se tournent vers les salles d’urgences et allongent ainsi les délais d’attente aux
urgences [18]. Ce constat a été relevé dans notre étude où on a noté un manque de
personnels infirmiers et d’urgentistes.
Le flux de patients, la présence du plateau technique et la gratuité des soins
d’urgence font que le nombre de passage augmente de jour en jour. Une étude
occidentale (au Québec) sur l’attente aux urgences : causes, conséquences et
solutions révèle que pour le public, les patients et les experts, la cause principale
de l’attente aux urgences est l’augmentation du flux de patients [7].
Notre étude a mis en évidence que le recours aux urgences était largement
justifié par des problèmes de santé intercurrents sans gravité. L’engorgement des
SAU dû à des consultations non urgentes a été aussi relevé dans plusieurs études
[2, 11] et constitue une réelle préoccupation. Au Koweït, Shah et al. [23]
rapportent que 61% des patients consultaient pour un motif non urgent, alors que
ce taux atteignait 70% en Arabie Saoudite [2] et près de 90% en Jordanie [1].
Une étude américaine, menée en 1997 démontre qu’en fait un petit pourcentage
des patients nécessite de la médecine d’urgence, tandis que la majorité s’y
présente pour des raisons non urgente.
L’insuffisance de salles de consultation est une cause de l’allongement du
temps d’attente des patients aux urgences porte. Cela a été rapporté par
NIBIZERE Emile dans leur étude : Contribution à la réduction du temps d’attente
des patients au service d’accueil des urgences du centre hospitalier universitaire
de Fann au Sénégal [22].
19
IV. RECOMMANDATIONS
Le problème de temps d’attente des patients avant la consultation médicale est
un véritable problème au SAU de l’Hôpital Ibn Sina.
En guise de contribution à la résolution de ce problème au SAU de l’Hôpital
Ibn Sina nous proposons ces recommandations.
De créer une unité d’accueil et de triage, va permettre certainement de
contrôler l’afflux des patients ambulatoires, et de laisser plus de temps aux
médecins pour activer la prise en charge des malades hospitalisés.
Dans l’état actuel des choses, les malades arrivent directement dans la salle de
consultation médicale sans triage préliminaire.
De faire une réorganisation du service accueil des urgences. En introduisant
une fonction de « Coordonnateur de flux » dont les rôles sont d’avoir une vision
d’ensemble du flux de patients et de s’assurer de la fluidité des prises en charges.
De réorganiser les interventions du personnel sur la base du taux moyen de
patients reçus par jour.
De contrôler régulièrement la qualité au SAU : en procédant régulièrement à
des enquêtes de satisfaction en général et relatives au temps d’attente des patients
en particulier.
De s’engager totalement en travaillant dans la même direction, de favoriser la
coopération, car un environnement plus participatif augmente l’adhésion
d’infirmiers et de médecins qualifiés.
Recruter des médecins spécialistes en soins d’urgences et un personnel
paramédical pour alléger la charge du travail.
Assurer la formation permanente et le recyclage du personnel aux soins
d’urgences, aux techniques de communication et à la gestion des problèmes
sociaux pour le rendre plus efficace dans la prise en charge des urgences.
20
Motiver d’avantage le personnel pour l’inciter à être plus performant. Sans
motivation nous n’avons ni but, ni intérêt, nous fonctionnons comme des
automates (M. Lafron).
Elargir si possible le SAU afin d’augmenter les box de consultation pour mieux
gérer le flux des patients.
Développer la médecine familiale. Quand les patients ont un accès rapide à des
équipes de médecine familiale par le biais de cliniques communautaires ou des
centres d’urgence, les délais d’attente diminuent considérablement dans les salles
d’urgences.
Améliorer la disponibilité des plateaux techniques des autres hôpitaux pour
éviter le passage par les Services d’accueil des urgences pour bénéficier d’un
examen complémentaire.
Réduire les délais de RDV avec les spécialistes dans les hôpitaux publics pour
ne pas obliger les patients à fréquenter les urgences.
Renforcer le confort dans la salle d’attente et aménager une autre salle pour les
accompagnants
21
CONCLUSION
La durée d’attente avant le premier contact médical aux urgences représente un
indicateur très sensible aux dysfonctionnements qui peuvent affecter ce service.
L’exploration de son allongement a eu lieu sur une courte période pour
permettre de chiffrer ce problème à sa juste valeur, et les conclusions auraient
sans doute gagné en puissance si l’on avait la possibilité d’inclure plus de sujets.
L’étude a retrouvé un délai d’attente de plus d’une heure chez plus des deux
tiers des patients reçus au service d’accueil des urgences de l’Hôpital Ibn Sina.
Les explications probables retrouvées sont liées souvent à des facteurs
organisationnels du service d’urgences.
L’étude a débouché sur des recommandations qui concernent trois axes
principaux.
Des mesures de réorganisation interne des urgences.
Développer la médecine de famille. Quand les patients ont un accès rapide
à des équipes de médecine de famille par le biais des cliniques
communautaires ou des centres d’urgences, les délais d’attente diminuent
considérablement dans les salles d’urgences.
Et l’utilisation de la durée d’attente aux urgences comme un des
indicateurs principaux dans l’évaluation de la qualité des soins à l’hôpital
Toute fois, d’autres délais d’attente n’ont pas été abordés dans notre étude. Il
s’agit principalement du délai de séjour au service d’accueil des urgences et
du délai de prise en charge des grandes urgences.
Ainsi, d’autres domaines méritent d’être explorés dans ce service, notamment
la qualité des soins préconisés et celle de la communication soignant-soigné.
22
BIBLIOGRAPHIE
1. Abdallat. AM, al-Smadi I, Abbadi MD, Who uses the emergency room
services. Eastern Mediterranean health journal, 2000, 6: 1126-1129.
2. AL- Shammair SA. Use and abuse of emergency services in Riyadh health
centres, Saudi Arabia- Saudi Médical journal, 1991, 12: 429-493
3. B.A Benchekroun Professeur, Faculté de Médecine et de la pharmacie Rabat
organisation des urgences de l’hôpital Ibn Sina. 6p 2010.
4. Boulgana L. : Utilisation du service des urgences comme consultation de
premier contrat. Rabat, Ministère de la santé Publique, 1992.
5. Breslow R, Klinger B, Erickson R. Time study of psychiatrie emergency
service evaluations. General hospital Psychiatry 1997 ; 19 : 1-4
6. Institut Canadien d’information sur la santé, comprendre les temps d’attente
dans les services d’urgence : Qui utilise les services d’urgence et quels sont
les temps d’attente ? Ottawa, ICIS, 2005
7. ICIS (Institut Canadien d’Information sur la Santé). Highlights of 2010-2011.
Inpatient hospitalizations and Emergency Department Visits. Canada : juin
21, 2012.
https: //secure.cihi.ca/free_products/DAD-NACRS_highlitghts_2010-
2011_EN.pdf.
8. Dictionnaire Hachette, Encyclopédique Hachette livres 1999, 33, quai de
Grenelle, 75905 Paris, cedex 15, 2028 pages.
9. Dieu donné TshishiBavuala, les déterminants du délai de prise en charge aux
urgences dans les hôpitaux de Kinshasa 2010.
http://WWW.memoireonline.com/11/13/7870m
10. DREES (Direction de la recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des
Statistiques). Motifs et trajectoires de recours aux urgences hospitalières.
Etudes et résultats No 215, janvier 2003.
11. Gentile S et al. Attitudes et comportement des usagers face à une urgence
réelle ou ressentie. Santé Publique, 2004, 16(1) : 63-74
12. JarrMS, KhlifiS, Ben Amor W, et al. Accueil et la durée de la prise en charge
des patients au service des urgences au CHU Farhat Hached. Journal
Maghrébin d’Anesthésie – Réanimation et de médecine d’urgence 2008 vol
15p 251-257
23
13. Khanna R. Chaudhry. Prescott M. Emergency department patients v leave the
department without being seen by a doctor. Eur J Emer Med 19 6 : 233-5
14. Khan j. : « Gestion de la qualité dans les établissements de santé » Montréal,
Agence d’Arc, 1987.
15. LambeS, Washington DL, Fink A, et al.Waiting Times in California’s
Emergency Departements. Annuals of Emergency Médecine Jannuary 2003.
16. L’attente aux urgences dépend plus du type de pathologies que de la gravité.
http : //sante-guerir.notrefamille.com/sante-a-z /l-attente-aux –urgences-
depend-plus-du-type-de-pathologie-que-de-la-gravite-059232.html
17. Le temps d’attente aux urgences est responsable de la mort de nombreux
patients.
http : //www.docbuzz.fr/2011/06/06/123-lallongement-du-temps-dattente-
aux-urgences-est-responsable-de-la-mort-de-nombreux-patients/
18. Marcelle Attoumoh, contribution à l’amélioration de l’accueil au niveau du
service des urgences porte de l’hôpital principal de Dakar ; mémoire pour
l’obtention du Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées en Gestion des
services de Santé. CESAG.
19. Meah (Mission Nationale d’Expertise et d’Audit Hospitaliers). Rapport de
synthèse portant sur le relevé et le calcul des temps d’attente aux urgences
(phase 1). Site http:// www.meah.sante.gov.fr/Documents/rapport_etape_tps-
20. Motifs du recours aux services d’urgence des principaux hôpitaux des du
Grand Tunis
http : //www.emro.who.int/emhj-vlume-18-2012/issue-1/article-8.html
21. Module, Gestion des urgences ENSP 2016.
22. Nibizere Emile Contribution à la réduction du temps d’attente des patients au
service d’accueil des urgences du centre hospitalier national universitaire de
Fann au Sénégal.
23. Shah NM, Shah MA, Behbehani J. Predictors of non-urgent utilization of
hospital emergency services in Kuwait. Social Science medicine, 19996, 42:
1313-1323.
24. Southall AC, Harris VV. Patient ED turnaround times: a comparative review.
Am J Emerg Med 199 ; 17 : 151-3.
24
ANNEXES
ANNEXE N1 : Guide d’entretien avec les patients
Hôpital IBN SINA
Service accueil urgence
1-heure d’arrivée au SAU :
2-Heure de l’évaluation par un médecin :
3-Temps d’attente en minutes :
4-comment appréciez-vous le temps d’attente ?
Trop long
Long
Raisonnable
25
ANNEXE N2 : Grille d’entretien semi dirigé avec les praticiens des
urgences
Présentation tant qu’étudiant de l’ENSP que l’étude a un but purement
managérial.
Questions pour la réflexion
Comment est organisé l’accueil des patients ?
Comment vous voyez les différentes étapes du circuit ?
Quels sont les dysfonctionnements de ce circuit ?
Quel est votre avis sur la structure du SAU ?
Avez-vous fait de formation continu ?
Quel est le motif de recours des patients aux urgences ?
26
ANNEXE N3 : Grille d’observation de ressources humaines et matérielles
Critères Description Recommandation
Un infirmier IOA est
chargé de triage
Des médecins urgentistes
sont disponibles
Médicaments d’urgence
27
ANNEXE 4 : Grille d’observation de l’organisation
Procédure Observation
Accueil
Triage
Attente
Consultation
Circuit
28
ANNEXE N5 : Grille d’observation des locaux
Critères Description Recommandations
Triage
Salle d’attente
Salle de
consultation
Salle de soins
29
ANNEXE N6 : Classification clinique des malades des urgences
Classification clinique des malades des urgences
CCMU : 1
Etat lésionnel et/ ou pronostic fonctionnel jugés stables.
Abstention d’acte complémentaire diagnostique ou
thérapeutique à réaliser par le SMUR ou un service d’urgences.
CCMU : 2
Etat lésionnel et/ou pronostic fonctionnel jugés stables.
Décision d’acte complémentaire diagnostique ou thérapeutique
à réaliser par le SMUR ou un service d’urgence.
CCMU : 3
Etat lésionnel et/ou pronostic fonctionnel jugés susceptibles de
s’aggraver aux urgences ou durant l’intervention SMUR, sans
mise en jeu du pronostic vital.
CCMU : 4
Situation pathologique engageant le pronostic vital. Prise en
charge ne comportant pas de manœuvre de réanimation
immédiate.
CCMU : 5
Situation pathologique engageant le pronostic vital. Prise en
charge comportant la pratique immédiate de manœuvres de
réanimation.
Arbitrairement, les auteurs estiment, a priori, qu’un patient présentant un score de
gravité CCMU 5 doit être pris en charge immédiatement, un score 4 dans un délai
maximal de 15mn, un score 3 dans l’heure, les scores 2 et 1 selon le mode
d’arrivée.
30
Curriculum Vitae
Fodé KOUROUMA
Dixinn Landreah, Conakry
Tél : 664-65-08-03/628-79-06-61
Nationalité : Guinéenne
Date de Naissance : 29/12/1974
CIN : 3678817
Situation matrimoniale : Marié
E-mail : [email protected]
Médecin Généraliste
EXPERIENCES PROFESSIONNELLES
Du 05 Janvier 2012 au 15 Septembre 2015
Chef d’Unité des Urgences Chirurgicales du Centre
Hospitalo-universitaire de l’Hôpital National Donka
Du 10 Octobre 2011 au 20 janvier 2012
Médecin assurant les consultations périodiques à la Maison
d’arrêt de Conakry
2012
Médecin assurant la consultation des Candidats au pèlerinage
du Hadj 2012
De 2004-2011
Médecin faisant fonction d’interne au Centre Hospitalo-
universitaire de Donka
FORMATION
2015-2017
Participant à la formation en Santé Publique et Management
de la Santé
31
2006
Doctorat en médecine à la faculté Médecine-Pharmacie-
Odonto-Stomatologie à l’Université Gamal Abdel Nasser de
Conakry.
Thèse intitulée : Fractures des membres chez l’enfant au CHU
de Donka à propos de 348 cas avec mention très honorable.
1994 : Baccalauréat Sciences Expérimentales
AUTRES FORMATIONS
Du 30 Mai au 3 Juin 2016
La 5ème université de Santé Publique du Maghreb organisée à Rabat, Maroc.
En 2015
Participation à l’atelier de formation des formateurs pour la prévention et
contrôle de l’infection (PCI) y compris la maladie à virus Ebola.
Les 4 ; 5 ; 6 ; 7 ; 10 ; 11 Juin, 23 Octobre et 21 Novembre 2013
Atelier de formation sur les protocoles de prise en charge des blessés
au service des urgences à l’hôpital National Donka, Conakry-Guinée
Les 31 mai, 12 juin, 22 octobre et 12 Novembre 2013
Atelier de formation à la réanimation des états de choc
hémorragiques à l’Hôpital National Donka Conakry-Guinée.
Du 11 au 12 Octobre 2013
Premier Congrès de la Société de Dermatologie d’Afrique
Francophone (SODAF) à l’Hôtel Palm Camayenne Conakry-Guinée
Du 11 au 12 Octobre 2013
Atelier sur les Sutures Cutanées lors du premier congrès de la
Société de Dermatologie d’Afrique Francophone (SODAF)
Conakry-Guinée.
Mai 2013
Formation Continue en Santé mentale et Maladie mentale organisée
par Mercy Ships Conakry-Guinée
29 Octobre et 05 Décembre 2012
32
Atelier d’Initiation aux gestes de réanimation respiratoire organisé
par le comité International de la Croix-Rouge (CICR) à l’Hôpital
National Donka Conakry-Guinée
Du 04 au 14 juin 2012
Formation concernant la prise en charge des blessés au service des
urgences organisées par le comité International de la Croix-Rouge
(CICR) et le service des urgences au CHU Donka Conakry-Guinée
Du 31 mai au 1er juin 2012
2ème Journées Scientifiques Médicales de la Société Guinéenne des
Médecins Spécialistes et Chercheurs (SOGUIMES) Conakry-Guinée
Du 25 Mai au 05 Juin 2011
4ème Journées Médicales Guinée-Région Rhône-Alpes à Conakry-
Guinée
Du 06 au 26 Avril 2011
Séminaire sur la gestion des hôpitaux dans les pays Africains
Francophones à Guangzhou en République Populaire de Chine
Mars 2011
Premières journées Scientifiques organisée par la Société Guinéenne
des Médecins Spécialistes et Chercheurs (SOGUIMES) au CHU Donka
Conakry-Guinée
Du 18 au 20 Mars 2008
Formation Chirurgie des plaies par balles organisée par le comité
International de la Croix-Rouge (CICR) Conakry-Guinée.
Bureautique : Windows, Word, PowerPoint
Maîtrise de l’outil Internet
LANGUE
Français : Courant Anglais : Débutant
Nationales : Malinké ; Soussou