Prise en charge des escarres sous contrôle de l’échelle ESCARRIX à la clinique neurologique et...

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46 © Masson, Paris, 2004 J. Réadapt. Méd., 2004, 24, n° 1-2, pp. 46-50 MÉMOIRE Prise en charge des escarres sous contrôle de l’échelle ESCARRIX à la clinique neurologique et au département de rééducation fonctionnelle du CHU de Fann (Dakar) A.K. NDAO, F. SENE-DIOUF, M. NDIAYE, A. THIAM, A. SARR, Y. SAKHO, A.G. DIOP, I.P. NDIAYE Service de Neurologie et de Neurochirurgie du CHU de Fann, BP 5035 Dakar. Résumé. — Lésion résultant d’une nécrose ischémique cutanée et sous-cutanée due à un arrêt Circulatoire, par compression tissu- laire prolongée et continue, l’escarre représente une éventualité redoutable lors de l’évolution de certaines maladies chroniques. Il constitue par sa présence une note péjorative pour ces malades, et majore de façon considérable le travail du personnel soignant. Il semble à l’heure actuelle, que les facteurs locaux comme les souillures et la macération qui favorisent leur apparition soient loin d’être les seuls en cause. Cette étude prospective portant sur 42 patients, fait le point de cette pathologie dans un service à haut risque de Neurologie et de son département de Rééducation Fonctionnelle, au CHU de Fann à Dakar, sur une période de cinq mois. Pour chacun de nos patients, notre démarche a été la suivante : 1) recueillir des données anamnestiques concernant : l’histoire de l’escarre ; le degré de parenté existant entre le patient et son accompagnant ; le mode de drainage vésical qui sera constaté à l’exa- men clinique ; le traitement général et local ; le degré d’autonomie au lit et dans les A.V.Q. : la charge quotidienne de travail. 2) Pro- céder à un examen clinique et para-clinique pour dégager un diagnostic et faire le point de l’état nutritionnel. 3) Appliquer à chaque escarre avéré un protocole d’évaluation et de suivi, basé sur l’échelle ESCARRIX ; contenant les paramètres suivants : le stade de l’escarre ; les dimensions de l’escarre ; le traitement local ; la somme de deux chiffres correspondant au stade et à la surface de l’escarre ; le support utilisé ; la charge quotidienne de travail occasionnée par l’escarre. Les résultats obtenus ont été comparés aux données de la littérature, et leur analyse a débouché sur des recommandations à l’endroit des thérapeutes des pays en voie de développement. Summary. — Management of pressure sores using the Escarrix scale: experience of the Fann University neurological clinic and functional rehabilitation department, Dakar Pressure sores resulting from cutaneous necrosis and subcutaneous ischemia subsequent to interrupted blood supply or prolonged compression can mark a tuning point in patients with chronic illnesses. Pressure sores indicate deteriorating prognosis and increase the workload of the nursing staff. Local factors (contamination, maceration) which favor the development of pressure sores are not the sole factors involved. We conducted a prospective study in 42 patients seen in the rehabilitation department and neurological clinic of the Fann University, Dakar. We recorded the following data: patient history, history of the pressure sore, relationship between the patient and primary care giver, type of bladder evacuation, general and local treatment, patient independence, nursing staff load. Physical examination and comple- mentary explorations as needed were performed to determine the nutritional status. The Escarrix score was used to assess each pres- sure sore. This score includes: stage, dimensions, local treatment, sum of the two figures given by stage and surface area, support used, workload induced by the sore. We compared our results with data in the literature. Our findings led to recommendations concerning the management of pressure sores in developing countries. INTRODUCTION L’escarre défini comme une lésion résultant d’une nécrose ischémique cutanée et sous-cutanée due à un arrêt circulatoire, par compression tissulaire prolongée et continue, représente une éventualité redoutable lors de l’évolution de certaines maladies chroniques et chez cer- tains sujets âgés devenus grabataires. D’une part, il constitue par sa présence une note péjo- rative pour ces malades, en aggravant leur état, en faisant le lit des infections nosocomiales qui s’y greffent, et par les douleurs occasionnées lors des changements de panse- ments, contribuant ainsi à hâter leur évolution défavora- ble, voire mortelle. D’autre part, il majore de façon considérable le travail du personnel soignant, et contribue à entretenir un climat particulièrement pénible dans les services. Si les facteurs locaux comme les souillures et la Tirés à part : A.K. NDAO, BP 45350 Dakar, Fann, Dakar, Sénégal.

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© Masson, Paris, 2004

J. Réadapt. Méd.

, 2004,

24

, n° 1-2, pp. 46-50

MÉMOIRE

Prise en charge des escarres sous contrôle de l’échelle ESCARRIXà la clinique neurologique et au département de rééducation fonctionnelle

du CHU de Fann (Dakar)

A.K. NDAO, F. SENE-DIOUF, M. NDIAYE, A. THIAM, A. SARR, Y. SAKHO, A.G. DIOP, I.P. NDIAYE

Service de Neurologie et de Neurochirurgie du CHU de Fann, BP 5035 Dakar.

Résumé. —

Lésion résultant d’une nécrose ischémique cutanée et sous-cutanée due à un arrêt Circulatoire, par compression tissu-laire prolongée et continue, l’escarre représente une éventualité redoutable lors de l’évolution de certaines maladies chroniques. Ilconstitue par sa présence une note péjorative pour ces malades, et majore de façon considérable le travail du personnel soignant. Ilsemble à l’heure actuelle, que les facteurs locaux comme les souillures et la macération qui favorisent leur apparition soient loin d’êtreles seuls en cause. Cette étude prospective portant sur 42 patients, fait le point de cette pathologie dans un service à haut risque deNeurologie et de son département de Rééducation Fonctionnelle, au CHU de Fann à Dakar, sur une période de cinq mois.Pour chacun de nos patients, notre démarche a été la suivante : 1) recueillir des données anamnestiques concernant : l’histoire del’escarre ; le degré de parenté existant entre le patient et son accompagnant ; le mode de drainage vésical qui sera constaté à l’exa-men clinique ; le traitement général et local ; le degré d’autonomie au lit et dans les A.V.Q. : la charge quotidienne de travail. 2) Pro-céder à un examen clinique et para-clinique pour dégager un diagnostic et faire le point de l’état nutritionnel. 3) Appliquer à chaqueescarre avéré un protocole d’évaluation et de suivi, basé sur l’échelle ESCARRIX ; contenant les paramètres suivants : le stade del’escarre ; les dimensions de l’escarre ; le traitement local ; la somme de deux chiffres correspondant au stade et à la surface del’escarre ; le support utilisé ; la charge quotidienne de travail occasionnée par l’escarre.Les résultats obtenus ont été comparés aux données de la littérature, et leur analyse a débouché sur des recommandations à l’endroitdes thérapeutes des pays en voie de développement.

Summary. — Management of pressure sores using the Escarrix scale: experience of the Fann University neurological clinicand functional rehabilitation department, Dakar

Pressure sores resulting from cutaneous necrosis and subcutaneous ischemia subsequent to interrupted blood supply or prolongedcompression can mark a tuning point in patients with chronic illnesses. Pressure sores indicate deteriorating prognosis and increasethe workload of the nursing staff. Local factors (contamination, maceration) which favor the development of pressure sores are not thesole factors involved. We conducted a prospective study in 42 patients seen in the rehabilitation department and neurological clinic ofthe Fann University, Dakar.We recorded the following data: patient history, history of the pressure sore, relationship between the patient and primary care giver,type of bladder evacuation, general and local treatment, patient independence, nursing staff load. Physical examination and comple-mentary explorations as needed were performed to determine the nutritional status. The Escarrix score was used to assess each pres-sure sore. This score includes: stage, dimensions, local treatment, sum of the two figures given by stage and surface area, supportused, workload induced by the sore.We compared our results with data in the literature. Our findings led to recommendations concerning the management of pressure

sores in developing countries.

INTRODUCTION

L’escarre défini comme une lésion résultant d’unenécrose ischémique cutanée et sous-cutanée due à unarrêt circulatoire, par compression tissulaire prolongée etcontinue, représente une éventualité redoutable lors del’évolution de certaines maladies chroniques et chez cer-tains sujets âgés devenus grabataires.

D’une part, il constitue par sa présence une note péjo-rative pour ces malades, en aggravant leur état, en faisantle lit des infections nosocomiales qui s’y greffent, et par lesdouleurs occasionnées lors des changements de panse-ments, contribuant ainsi à hâter leur évolution défavora-ble, voire mortelle. D’autre part, il majore de façonconsidérable le travail du personnel soignant, et contribueà entretenir un climat particulièrement pénible dans lesservices. Si les facteurs locaux comme les souillures et la

Tirés à part :

A.K. N

DAO

, BP 45350 Dakar, Fann, Dakar, Sénégal.

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macération favorisent leur apparition, il semble à l’heureactuelle qu’ils soient loin d’être les seuls en cause. Sa priseen charge est donc longue, lourde et pénible, demandantde la part de l’équipe soignante, une collaboration étroite.C’est pourquoi, quelle que soit la qualité du traitementcuratif, qui du reste sanctionne un échec de la prise encharge initiale, il ne peut se substituer à une bonne pré-vention, qui doit rester le souci majeur et constant quelque puissent être les difficultés de sa mise en œuvre, etson coût.

Cette étude fait le point de cette pathologie dans unservice à haut risque de Neurologie et de son départementde Rééducation Fonctionnelle, au CHU de Fann à Dakar.

MATÉRIEL ET MÉTHODE

Réalisée dans le service de Neurologie du CHU deFann et son département de Rééducation Fonctionnelle,cette étude prospective porte sur 42 patients ayant déve-loppé des escarres durant leur séjour, ou porteurs d’escar-res au moment de leur admission, du 1

er

novembre 1998au 31 mars 1999. Pour chacun de nos patients, notredémarche a été la suivante :— recueillir des données anamnestiques concernant :l’histoire de l’escarre ; le degré de parenté existant entre lepatient et son accompagnant ; le mode de drainage vésicalqui sera constaté à l’examen clinique ; le traitement géné-ral et local ; le degré d’autonomie au lit et dans lesA.V.Q. ; la charge quotidienne de travail.— Procéder à un examen clinique et para-clinique pourdégager un diagnostic et faire le point de l’état nutritionnel.— Appliquer à chaque escarre avéré un protocole d’éva-luation et de suivi, basé sur l’échelle ESCARRIX ; conte-nant les paramètres suivants : le stade de l’escarre ; lesdimensions de l’escarre ; le traitement local ; la somme dedeux chiffres correspondant au stade et à la surface del’escarre ; le support utilisé ; la charge quotidienne de tra-vail occasionnée par l’escarre.

RÉSULTATS

FRÉQUENCE, ÂGE ET SEXE

Durant la période d’étude, il a été enregistré 42 casde sujets porteurs d’escarres à la Clinique Neurologiquedu CHU de Fann répartis comme suit : 25 cas en réani-mation et 17 cas en salle. La totalité des patients hospita-lisés durant la même période dans le même service, aunombre de 413, dont 182 en réanimation et 231 en sallenous permet de dire que : 10,2 % des patients hospitali-sés en Neurologie ont fait des escarres ; 13,7 % despatients qui ont séjourné en réanimation ont développédes escarres, contre 7,3 % pour ceux qui sont hospitalisésen salle.

L’âge moyen de nos patients était de 53,4 ans avecun écart type de 18 et des âges extrêmes de 8 ans et 79 ans.On notait une légère prédominance masculine avec24 hommes (57,1 %) pour 18 femmes (42,9 %) soit un sex-ratio de 1,3 en faveur des hommes.

PROFIL DES PATIENTS

Les principaux diagnostics répertoriés montraient uneprépondérance des AVC avec 17 cas soit 34 %, suivi desparaplégies avec 15 cas soit 30 % de la population et descomateux avec 12 cas soit 24 % de la population. Dans41 cas, soit 97,6 % de l’échantillon, on notait un état dedénutrition avancé, comme en témoigne le bilan protido-calorique effectué pour chaque patient. Seules 2 de nospatients soit 4 % de la population jouissaient d’une auto-nomie suffisante autorisant une bonne mobilité avec pos-sibilité de changement de positions et levée du lit.Quarante de nos patients, soit 95,2 % de l’effectif, avaientle même type de drainage vésical, par sonde vésicale àdemeure. La durée moyenne de séjour des patients étaitde 56,4 jours, avec des extrêmes de 24 heures et 164 jours.

LE PROFIL DES ESCARRES

Sur les 42 patients que compte notre étude nous avonsdénombré une cinquantaine d’escarres réparties commesuit : 37 patients à escarre unique, 4 patients, à deux escar-res et 1 patient à cinq escarres.

Cinquante-deux pour cent des escarres répertoriées sesont constituées au cours d l’hospitalisation alors que les48 % restants l’ont été avant l’admission des patients dansle service.

La plupart des escarres étaient localisées au niveau dusiège avec respectivement 44 % des lésions au niveau desfesses, 20 % au niveau du sacrum, alors que le reste étaitréparti entre le trochanter avec 26 % et les membres avec10 % pour le talon et le bras.

Les stades les plus concernés étaient : le stade 3(Nécrose) 46 % des cas, le stade 2 (Phlyctène) 38 % descas, suivis du stade 4 (Ulcération) 8 % des cas, alors que lestade 6 (Réépidermisationle stade 5 (Bourgeonnement) etle stade 7 (Cicatrisation) ne représentaient respectivementque 4 %, 2 % et 2 % des cas.

La surface moyenne des escarres étaient estimée à5,92 cm

2

avec des extrêmes allant de 1 cm

2

à 12 cm

2

.47,6 % des patients avaient l’étendue de leur escarrecomprise entre 5 et 9 cm

2

.

PRISE EN CHARGE DES ESCARRES

La charge moyenne de travail (temps mis pour faire lepansement) était de l’ordre de 8 minutes 58 secondes avecun écart type de 3,10. Les charges de travail extrêmesallaient de 5 minutes à 15 minutes.

Pour accompagner les patients durant leur séjourd’hospitalisation, la personne la plus souvent désignéeétait la mère, suivie du frère, alors que le père ou le marine semble guère vouloir jouer ce rôle.

Tous nos patients ont bénéficié d’un traitement stan-dard de base d’usage courant dans le service constitué ducouple Liqueur de dakin/Eosine aqueuse ; dans 37 % descas, il a fallu faire appel à des cicatrisants, dans 18 % descas à des antiseptiques locaux, alors que l’huile de palmepréchauffée a servi à traiter 36 % des cas de nos patients ;les antibiotiques en local n’ont été utilisés que dans 9 %des cas.

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Cinquante-neuf virgule cinq pour cent de nos patients[25] sont décédés au cours de leur hospitalisation alorsque seuls 4 des 17 restants ont pu guérir de leur escarrelors de leur exeat du service.

DISCUSSION

Notre étude, loin d’être exhaustive quant aux problè-mes que posent les escarres dans le service de Neurologiedu CHU de Fann, appelle cependant quelques réflexionssur le déterminisme et la gestion aussi bien préventive,que curative de ceux-ci.

FRÉQUENCE, ÂGE ET SEXE

La prévalence des escarres chez les patients hospitali-sés en réanimation est élevée (13,7 %). Ce chiffre bienque supérieur à celui trouvé par Béraud [5], se rapprochedes constatations de 6 à 10 % avancés par Démange [18].Pour Mahmoud [36] ce taux passe à 30 % lorsque l’onconsidère un sous-groupe de patients atteints d’insuffi-sance rénale aiguë associée ou non à d’autres défaillancesviscérales. Fort heureusement cette prévalence est revue àla baisse lorsque l’on considère la population globale despatients hospitalisés en Neurologie ; en effet il n’est quede 10,2 % dans ce cas - là, ce qui est conforme aux don-nées de la littérature.

PROFIL DES PATIENTS

Certaines affections neurologiques (coma, paraplé-gie et tétraplégie, hémiplégie) ont un risque élevéd’évolution vers la constitution d’escarres

(figures 1 et2)

. Les études qui ont abordé cette question mettentsurtout l’accent sur la prévention pour ces patients àrisque [18] ; car l’escarre reste une complication redou-table et trop fréquente pour ces patients pouvantatteindre 28 à 85 % des cas chez le blessé médullaire[13].

Outre les pathologies sus-évoquées, le taux de dénu-trition de 97 % de nos patients, constitue un facteur sup-plémentaire de risque, qu’un repas quotidien, ou deux demauvaise qualité ne peut juguler [9].

En effet, l’apport de la diététique est ici considérableaussi bien dans la détermination des rations alimentairesque dans leur fractionnement en plusieurs repas dans lajournée ; il est même préconisé chez certains patients unenutrition parentérale continue par nutripompe (NEC) [9].Il est donc nécessaire, voire impératif que la prise encharge de ces patients passe par un bon équilibre prodito-calorique et hydro-électrolytique.

L’existence de sonde urinaire à demeure chez presquetous nos patients ne doit pas empêcher l’équipe soignantede renforcer la surveillance et le nursing au lit du maladeen vue d’éviter toute macération par urination due auxtroubles sphinctériens bien que certains auteurs pensentque la macération ne constitue pas un facteur influençantla survenue d’escarres.

La durée moyenne de séjour de nos patients est de56,4 jours. Dans la littérature, aucune étude connue n’afait état de la durée de séjour des patients hospitaliséspour escarres ; seules, la rapidité d’apparition de l’escarrea été décrite, et elle serait de l’ordre de 72 heures [18].Selon Meaune [33], les services de gériatrie, de courtséjour, de soins de suite et de réadaptation ou de soins delongue durée, sont les principaux concernés par cette rapi-dité d’installation des escarres.

PROFIL DES ESCARRES

Tous les stades d’évolution de l’escarre sont décritsdans notre étude. Il est par conséquent indispensable pourune meilleure prise en charge, d’harmoniser les pratiquesde soins en fonction du stade et de l’évolution [3].

En ce qui concerne l’étendue des escarres ils existentd’autres échelles d’évaluation autre que l’échelle Escarrix quia servi pour notre étude, mais il semble d’après les travauxde Robineau [47] qu’il n’existe aucune différence-statistiqueentre la profondeur et la surface des escarres, et cet avis estdu reste partagé par Colin qui a travaillé avec le protocoleEscarrix [16].

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AVCH AVCI COMA EPILEPSIE PARAPLEGIE NEUROPALUDISME

Série1

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cousin femme fils frere mari mere soeur tante

Série1

FIG. 1. — Répartition des patients selon le diagnostic d’hospitalisation.FIG. 2. — Répartition selon la tierce personne.

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La faible charge de travail qui est en moyenne de l’ordrede 8 minutes 58 secondes ne reflète pas du tout l’opinion dela plu part des auteurs qui ont abordé cette question, et quiont estimé que la guérison des escarres obéissait à un longprocessus, et ne pouvait être obtenue qu’après plusieurs moisau prix de soins quotidiens et rigoureux [5, 9, 42]. C’est dire ;le travail à faire pour la reconversion des mentalités du per-sonnel soignant en vue d’une meilleure sensibilisation pourune meilleure application des bonnes pratiques de soins.

S’il y a une particularité qui n’est pas abordée dans lalittérature, et qui fait la spécificité de notre étude, c’est biencelle des tierces personnes non médicalisées, qui jouent unrôle extrêmement important dans la prise en charge desescarres, en se substituant aux para-médicaux que sont lesaides-infirmiers, les aides-soignants brancardiers et mêmekinésithérapeutes parfois. Dans notre étude, cette implica-tion dans la prise en charge est assurée par un membre trèsproche de la famille, telle, la mère le plus souvent, le frèreet la sœur. Dans cette tâche, le mari joue exceptionnelle-ment le rôle d’accompagnant, au même titre d’ailleurs qu’ilne le fait pour toutes les autres tâches domestiques, ne secontentant que d’apporter les moyens financiers nécessairesau bon déroulement des choses.

TRAITEMENT APPLIQUÉ ET ÉVOLUTION

L’objectif du traitement, vise à obtenir une cicatrisationrapide afin de retarder le moins possible la rééducation [6]et le séjour du patient. L’efficacité d’un tel traitement passeinévitablement par une meilleure prise en charge des fac-teurs de risques et des mesures de prévention élémentaires[8, 10, 26, 35]. Dans la gamme des produits efficaces, citons :le pansement au sucre pour son coût modique, sa facilitéd’utilisation et sa disponibilité [19] qui en fait un produitidéal pour les pays en voie de développement. L’huile depalmetestée dans notre étude selon un protocole spécifiqueà notre service n’a pas fait l’objet d’évaluation, compte tenudu manque de recul, et des exeat intempestifs perpétrés lorsde l’étude. Pour des résultats fiables, des études plus spéci-fiques sont nécessaires dans le long terme.

Le taux de décès enregistré, reste relativement élevé,comparé à celui qu’on observe dans la population généraledes patients admis en Neurologie est de l’ordre de 37 %,bien qu’il reste inférieur au taux de Béraud [5] qui est de60 % de décès chez les patients porteurs d’escarres en Réa-nimation. Cette constatation est certes remarquable, maispeu surprenante, si l’on s’en tient au fait que les escarressont à l’évidence une complication propre aux patients lesplus critiques et les plus fragiles [5], bien qu’il soit difficilede déterminer objectivement la part de ce qui revient auxescarres dans la mortalité des patients malgré la thèse sou-tenue par certains auteurs [4], sauf en cas de complicationet de surinfection loco-régionales évidentes [1].

CONCLUSIONS

Plaie nécrotique due à la compression ischémique desparties molles entre deux plans dures, l’escarre constitueune pathologie fréquente et redoutable du sujet âgé et gra-bataire. Cette étude, portant sur 42 patients porteurs de

50 escarres, sur une période de 5 mois a permis de faire lepoint sur le profil revêtu par cette pathologie dans un ser-vice abritant volontiers des patients à risque que constituecelui de Neurologie du CHU de Fann : — au plan de la fréquence, 10,2 % des patients hospitali-sés dans ce service développent des escarres ; mieux les13,7 % de ceux hospitalisés en unité de Réanimation de cemême service ne font que corroborer les taux obtenusailleurs dans la littérature.— Aucune tranche d’âge ne semble être privilégiée même sion note un pic de fréquence dans la tranche de 70 ans et plus.— La sex-ratio en faveur des hommes n’offre aucune par-ticularité.— L’étiologie est dominée par les Accidents VasculairesCérébraux (AVC), les atteintes médullaires (paraplégies)et la pathologie comateuse.— L’état de nutrition et le comportement vésici-sphincté-rien de nos patients semblent être en parfaite corrélationavec le risque d’éclosion de cette pathologie.— Le délai requis est variable, les lésions pouvant semanifester avant l’hospitalisation ou durant celle-ci à unstade précoce ou avancé.— Une fois constituées, les escarres revêtent toutes lescaractéristiques décrites dans la littérature, qu’il s’agissede la localisation, de la dimension, ou de leur velléité àdonner des complications graves même parfois mortelles.— Leur prise en charge, malgré les connaissances physio-pathologiques dont nous disposons, les recommandationsfaites aux patients, aux parents et au personnel soignant,loin d’atteindre les objectifs visés, méritent des considéra-tions nouvelles au vu de la faible charge de travail qui sedégage de cette étude.

C’est pourquoi, l’accent doit être mis sur la préventionqui doit absolument constituer une priorité pour l’équipe soi-gnante dès la prise en charge du patient hospitalisé. Cetteprévention qui se veut la plus complète possible ne doit enaucune façon oublier la dimension psychologique de la priseen charge et ce, afin de favoriser la coopération du patient, etéviter le repli sur lui-même, surtout quand il s’agit de person-nes âgées. Si malgré ce qui précède, l’escarre se développait,tous les moyens thérapeutiques à mettre en œuvre doiventreposer sur le principe d’une concertation de toute l’équipesoignante, concertation devant déboucher sur une stratégieincluant la pathologie générale responsable de la survenuede l’escarre. Le coût onéreux que requiert une telle prise encharge doit favoriser la recherche dans l’élaboration de pro-tocoles nouveaux basés sur des produits locaux peu coûteux,d’accès facile, comme le sucre et l’huile de palme et le miel.Ainsi l’escarre n’étant pas une fatalité, sa prévention et sontraitement doivent constituer une tâche ou un projet qui seperpétue dans le temps et qui nécessite une cohésion detoute l’équipe soignante. C’est pourquoi, médecins, pharma-ciens, paramédicaux, personnel administratif, environnemen-talistes, doivent de concert êtres impliqués dans le même but,celui de : « vaincre l’escarre ».

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