Présentation - Formation continue Jeudi 13 février 2014 - Allergies
Transcript of Présentation - Formation continue Jeudi 13 février 2014 - Allergies
Cas émergents d’anaphylaxie
alimentaire chez l’adulte
Joël Duc
Lausanne, le 13.02.2014
JACI 2012
40 tonnes d’aliments ingérées au cours d’une vie !!!
Surface d’échange du tube digestif:
200 m2
Nombre de bactéries colonisant le tube digestif: 1015 Poids:
2,2 kg
Tube digestif: organe d’importance immunologique majeure
« gate keeper of immunity »
Allergie alimentaire
5 aliments sont responsables du 90% des allergies alimentaires de l’enfant: - lait - œuf - soja - arachide - blé
5 aliments sont responsables du 80% des allergies alimentaires de l’adulte: - arachide - poissons - crustacés - noix - noisette La prévalence des allergies est fonction des habitudes alimentaires propres à chaque pays: USA: cacahuète Japon : riz Pays Nordiques: poissons Suisse: céleri Israël: sésame
Cause d’allergie alimentaire
No 1 :
Allergie alimentaire croisée
avec une allergie pollinique.
Syndrome d’allergie orale
(Syndrome oral croisé)
Réaction allergique croisée entre certains allergènes respiratoires (surtout les pollens) et certains aliments (fruits et légumes). Cause d’allergie alimentaire la plus fréquente car elle touche 30 à 40% des patients souffrant de pollinose. Etude suisse: 47% des patients souffrant d’allergie aux pollens de bouleau et d’armoise souffrent d’un syndrome oral croisé. Ramené aux chiffres Sapaldia: 2 à 4 % de la population suisse souffre d’allergie alimentaire croisée. Clin Exp Allergy 1994;24:367
Symptômes bucco-pharyngés apparaissant dans les secondes à minutes qui suivent le contact avec l’aliment incriminé: - irritation et prurit oraux - prurit et œdème labial - gêne pharyngée, prurit - dysphagie rarement dysphonie. Peut se compliquer de rhino-conjonctivite, Parfois symptômes digestifs différés.
• 112 Components derived from 51 allergen sources
• Every component is spotted in triplicate on a chip
ImmunoCAP® ISAC sIgE 112
Famille des panallergènes impliqués
dans les allergies alimentaires croisées
Melle Z. M. 1992
Jeune patiente issue d’un milieu atopique (père et 2 frères souffrant de pollinose)
Assistante médicale, bsh, non médicalisée. Pas d’antécédent d’eczéma atopique
de rhume des foins. Pas d’allergie alimentaire, pas de SAO.
Depuis la petite enfance, rhino-conjonctivite et asthme au contact d’animaux à
poils (chat, chien, cheval).
Asthme à l’effort depuis l’adolescence, bien contrôlé par Ventolin.
1er épisode : boit 2 verres de vin blanc à un apéritif et dans les minutes
qui suivent ,développe un prurit féroce avec urticaire généralisée.
2ème épisode: Mange un raisin frais (blanc) et dans les minutes qui
suivent, développe une urticaire généralisée
et une discrète gêne respiratoire.
Melle Z. M. 1992
3ème épisode: Mange une fondue à la tomate avec des amis.
A table, développe une urticaire généralisée
et une crise d’asthme nécessitant une visite
aux urgences de l’hôpital.
Pas de prise de médicaments (type aspirine ou AINS) lors
de ces 3 épisodes. Evite simplement le vin blanc et les raisins.
Dit supporter le vin rouge et les alcools à base de raisins
(Cinzano, Martini…)
Bilan allergologique
tests cutanés: chat ++++, cheval ++++, chien +++
pollens: graminées ++++, aulne ++++, bouleau ++++
noisetier ++++, frêne ++++
alternaria alternata +++
Test cutanés négatifs pour acariens,pollens d’herbacées (armoise
plantain, chénopode, verge d’or) pour les moisissures cladosporium h.
penicillium not. et aspergillus fum.
Melle Z.M. 1992
Tests cutanés alimentaires: pomme +++ (prick-prick test)
amande +++, noisette +++
kiwi 0, céleri 0, carotte 0
Prick- prick test avec raisin blanc : +++
Prick-prick test avec vin blanc :+++
vin rouge : 0
Dosage de l’IgE totale: 956 kU/l
Cap classe 3 pour le chat, les pollens de graminées, les pollens de bouleau
Cap classe 2 pour la pomme et la noisette.
Dosage de la tryptase: 4,3 ug/l
Résultats de la biopuce ISAC
Protéine PR-10 : rBet v 1 ( bouleau) : 20 ISU-E
+ protéines PR-10 pour l’aulne, le noisetier, la noisette,
la pomme et la pêche.
ns LTP: nJug r 3 (LTP de la noix) : 1,1 ISU-E
r Pru p 3 (LTP de la pêche) : 1,1 ISU-E
nArt v 3 (LTP de l’armoise): 1 ISU-E
Mme M. D. 1990
Patiente en bsh, vendeuse, connue pour une rhino-conjonctivite saisonnière
depuis l’âge de 10 ans, peu gênante, ne nécessitant aucun ttt.
Pas d’allergie alimentaire connue pas de SAO.
Janvier 2013: consomme des raisins secs et un mélanges de noix et noisettes:
SAO, urticaire généralisée et gêne respiratoire haute ---> urgences.
Août 2013 : consomme des raisins secs seulement : même tableau clinique et
nouvelle visite aux urgences.
Octobre 2013: boit 2 verres de vin rouge : œdème de la langue
angioedème du visage et des oreilles, urticaire
généralisée et retour aux urgences.
Mme M.D. 1990
Bilan allergologique: tests cutanés : pollens de bouleau ++++, aulne ++++, noisetier ++++
chêne +++, pollens de graminées +++.
amande +++, noisette +++, noix ++, cacahuète ++
Prick-prick test avec raisin blanc: +++
avec raisin rouge: +++
Prick-prick test avec vin blanc : +++
avec vin rouge : +++
Dosage de l’IgE totale 90 kU/l
Cap classe 3 pour pollens de graminées et pollens de bouleau
Cap classe 3 pour noisette
Cap classe 3 pour rBet v1
Cap classe 2 pour LTP de la pêche rPru p3
Dosage de la tryptase: 3.0 ug/l
Réactions possibles avec le vin
1. Allergie vraie à l’alcool (éthanol) : rarissime, 7 cas décrits dans la
littérature.
2. Intolérance aux sulfites : rhinite obstructive.
asthme bronchique.
urticaire, angioedème.
prévalence inconnue.
3. Intolérance à l’alcool (30% des Japonnais): déficit enzymatique
en alcool déshydrogénase qui entraine
une accumulation d’aldéhydes: effet
« Antabus like ».
4. Erythème ou flush du visage cou et décolleté
du à l’effet vasodilatateur de l’alcool ( teint rubicond
des banquets !!! )
5. Réactions allergiques vraies à médiation IgE
2003
LTP
– Transfert de lipides (vésicule -> membrane),
défense (anti-bactérien, antifongique).
– Forte concentration dans les coquilles de fruits
à pépins et noyaux, duvet de la pêche
peau des fruits.
– Egalement dans les légumineuses (ex. :
arachide) et pollens (ex. : armoise)
– Causent des symptômes graves
Les Lipid Transfert Proteins (LTP)
LTP
chitinase
thaumatin
2 cas décrits de choc anaphylactique après ingestion de vin et de raisin,
aggravé par un effort physique (anaphylaxie alimentaire à l’effort).
Mise en en évidence dans les deux cas d’IgE spécifiques contre la LTP
du raisin Vit v 1.
Forte réactivité croisée de Vit v 1 avec la LTP de la pêche Pru p 3 et de
l’armoise Art v 3 présents chez notre patiente.
EVALUATION DU RISQUE
Stabilité des protéines
Protéines instables réactions locales
Protéines stables réactions systémiques
(profiline, Bet v1)
(LTP, protéines de stockage)
Problèmes avec ces deux patientes
Que faut-il leur interdire ?
Les LTP sont présentes dans toute une série
de fruits, de légumes, de céréales, de pollens
et leur taux d’homologie structurelle in vitro est très
élevée ( le taux d’homologie de la LTP de la
pomme et de la poire est de l’ordre de 85%)
Ce taux élevé d’homologie structurelle explique le risque
de développer une réponse IgE à différents fruits, légumes
céréales.
Faut-il leur interdire ?
oui
oui
?
?
Attitude avec ces patientes
1. Passeport d’allergie.
2. Médication orale d’urgence
( 2cp anti-h1, prednisone 50 mg 2 cp)
3. Adrenaline auto-injectable
(Epi-pen, Jext…)
Dans l’intervalle…
Jeune patient D.F. 1994, que je connais depuis 2004.
Souffre de rhino-conjonctivite saisonnière prolongée sur hypersensibilité
aux pollens d’arbres, de graminées et d’herbacées (armoise).
SAO: fruits crus, amandes, noisettes, ombellifères.
Syndrome armoise-celeri-épices (cummin, curry, paprika. anis..)
2009: choc anaphylactique après consommation d’une salade de carotte
couplée à un effort physique (course à pied).
Octobre 2013: boit 2 bières sans alcool à l’aéroport de Genève
au retour de vacances au Maroc.
Avant la fin de la 2ème bière, prurit de la paume des mains
et de la plante des pieds, des parties génitales, puis urticaire
généralisée, angioedème du visage et gêne respiratoire avec
toux sèche et sensation d’oppression thoracique.
D.F. 1994
Tests cutanés Pollens: graminées ++++, blé++++, aulne ++++, bouleau ++++
noisetier++++, frêne++++, chêne++++, armoise++++
domestiques: Chat++++ chien +++
Aliments: carotte+++, celeri +++, tomate+++ soja++++
cacahuète ++++ amande+++, noix+++,noisette+++
pomme+++, Kiwi+++
orge+++
Dosage IgE totale 430 kU/l
IgE spécifiques par CAP:
Bet v1: classe 4 (47 ku/L)
r Ara h8: classe 5 (58 kU/l) (équivalent Bet v1)
Malt: classe 5 (75 ku/l)
rPru p3: classe 6 (>100 ku/l) !!!!!
Lipid transfer protein de l’orge : Hor v LTP
Nouvelles formes d’allergies alimentaires ?
1. SAO (syndrome oral croisé) est d’apparition relativement récente avec
première publication médicale sérieuse en 1984 (Ortolani).
2. Epidémie de l’allergie au latex avec allergie alimentaire croisée
(banane, kiwi, avocat châtaigne) au début des années 90.
3. Protéines incriminées dans ces allergies alimentaires sont toutes
impliquées dans la défense de ces fruits et légumes et sont très
sensibles à la préparation et à la maturité de ceux-ci.
4. Avec la mondialisation de l’industrie agro-alimentaire, les modes de production,
de stockage, de maturation, de transport, ont peut-être modifié l’expression
de ces protéines alimentaires de défense et, par là, leur allergénicité.
Hypothèses
Possiblement oui…
Merci de votre attention…