Pour saluer Giacobazzi, 50 ans de peinture
-
Upload
philippe-colonna-distria -
Category
Documents
-
view
251 -
download
4
description
Transcript of Pour saluer Giacobazzi, 50 ans de peinture
Pour saluer
Giacobazzi
Jérôme Camilly
Robert Bonaccorsi
André Baudin
Catalogue réalisé à l’occasion de l’exposition « Pour saluer Giacobazzi »
au Lazaret Ollandini, à Ajaccio, du 7 juillet au 7 aôut 2008
Les auteurs...Jérôme Camilly est écrivain. Il a entretenu un dia-logue quasi ininterrompu avec le peintre jusqu’àsa disparition. Ensemble, ils ont composé, en2005, un livre à quatre mains « A nos vingt-ans »édition Bleu Outre-Mer.« Ses toiles sont des guides pour traverser l’imagi-naire. La pierre antique et le bleu autour accusentle relief minéral, les personnages ont en haut descuisses le delta des statues grecques, sources devie, boursouflures naturelles. La peau apparaît toutelisse, lisse de la métamorphose de l’eau. »Extrait du catalogue de l’exposition à La Seyne-sur-Mer (1992).
André Baudin a été journaliste au Provençal, àNice Matin et à Var Matin. Il est, aujourd’hui, rédac-teur en chef de la revue Art Sud. Il vient d’écrire« Venise », une évocation de La Sérénissime,parue aux Editions Transbordeurs. Il a été un desamis proches de Jean-Pierre Giacobazzi.« C’était un artiste engagé qui savait regarder sesfrères humains. Un humaniste qui (dixit Pierre Bour-dieu) « mettait son génie à singer la photogra-phie » pour traquer le regard de son ennemi, deson semblable et lui faire découvrir les vérités qu’ilportait en lui. Sa peinture était à son image. A lanôtre également. Elle se voulait dialogue etconfrontation avec le plus grand nombre ». Extraitd’Art Sud, numéro 59 (2007).
ROBERT BONACCORSI est directeur de la Villa Tamaris-
Centre d’art à la Seyne-sur-Mer.
Robert Bonaccorsi a été, durant plusieurs années,
le compagnon de route de Jean-Pierre Giacobazzi.
Il a écrit des catalogues et des livres sur l’œuvre du
peintre.
« Jean-Pierre Giacobazzi travaille au grand jour non
seulement à partir de photographies, mais plus lar-
gement construit sa peinture à partir des flots iné-
puisables d’images qui se déversent quotidienne-
ment sur nous. »
Extrait de « Giacobazzi, cinquante ans de pein-
ture » édition Bleu Outre-Mer.
Sommaire
Confession plastique
Robert Bonaccorsi .............................................................................................................
........................................................................................
....... 1
Pour saluer Giacobazzi
Jérôme Camilly ........................................................................................
........................................................................................
.......................................17
« Les yeux seuls sont encore capables de pousser un cri »
André Baudin ........................................................................................
........................................................................................
................................................ 31
Biographie ........................................................................................
........................................................................................
...................................................... 47
Confession plastiqueRobert Bonaccorsi
1
ujourd’hui l’actualité et la postérité marchent souvent
d’un même pas et quelquefois se télescopent. Voici l’œu-
vre de Jean-Pierre Giacobazzi venue, non en pleine lumière
(elle n’a jamais cessé de l’être), mais dans le temps de la ré-
flexion et de la mise en perspective. Le travail qui s’effec-
tue actuellement autour de la Figuration narrative
(rétrospective au Grand Palais, éditions, monographies, arti-
cles…) permet ainsi de mieux appréhender la place qu’il a
occupée dans le renouvellement de la figuration des an-
nées soixante de l’autre siècle : l’une des toutes premières.
Né en 1941 à Toulon, Jean-Pierre Giacobazzi avait très vite
A
Ci-contre : Cronaca degli emigrantiprospettiva pratica n°1,
Acrylique sur toile, 116 x 89 cm - 1976
Page suivante : Le temps immobile,détail, Huile sur toile, 46 x 55 cm - 1996
rejoint (en 1954-1955) l’école informelle créée par le pein-
tre Amédée Pianfetti (compagnon de Django Reinhardt), où
se côtoyaient, entre autres, Jean-Pierre Le Boul’ch et Hervé
Villechaize. Dès les années d’apprentissage (il est alors
docker à l’Arsenal de Toulon, avant de devenir dessinateur
dans un important cabinet d’architecture, ce qui ne sera
pas sans influence sur son approche de la composition), il
place son travail sous le signe du partage et de l’échange2
en privilégiant les rencontres avec d’autres pratiques artis-
tiques (théâtre, danse, musique). La rupture avec son « École
de Paris » s’effectuera par le biais d’une chronique familiale
qu’il prendra comme point de départ d’une réflexion plas-
tique sur l’immigration italienne, et plus généralement sur
le déracinement. Son inscription, au tout début des années
soixante-dix, dans la mouvance de la Figuration narrative
et des expériences liées au Salon de la Jeune Peinture ne
participe d’aucun ralliement de convenance, mais d’une
perspective comme un prolongement naturel prenant
appui sur sa propre expérience. Sur les conseils du peintre
vénitien Ludovico De Luigi, il s’appropriera la technique de
l’épiscope, du report photographique en liaison avec le
photomontage et trouvera dans les œuvres des Malassis,
de Rancillac, de Klasen (notamment), une parenté esthé-
tique et la possibilité d’une peinture se confrontant à l’ac-
tualité, à l’histoire, à la vie sociale, à la politique. Penser la
4
Ci-contre : À chacun son dieu,Technique mixte, 60 x 73 cm - 1997
forme et le sens (conjointement), être lisible à plusieurs ni-
veaux, communiquer avec le plus grand nombre, réaliser
des images critiques par et pour la critique des images de
la culture médiatique, de la propagande, de la publicité, du
commerce, de l’histoire de l’art, de la bande dessinée, du
cinéma… Dès lors, sa peinture vise l’essentiel. Travail sur
l’éphémère, le songe, l’icône, le symbole, l’archétype, le
souvenir, la réminiscence… Il va décliner ses mythologies
personnelles en rapport étroit avec l’histoire collective. Son
œuvre s’énonce comme une vaste biographie picturale,
une confession plastique où la sincérité prend quelquefois
le masque de la galéjade. Tout cela, le plus souvent dans de
vastes séquences qui s’interpellent, s’interrompent, se re-
coupent thématiquement et plastiquement : les autopor-
traits, le thème de l’atelier, le rugby, le jazz (les multiples
livrets pour le label Celp), la bande dessinée, les voyages
(l’Italie, l’Algérie, l’Indonésie…) insatiable pèlerin, il expose
6
Ci-dessus : La vie est une aventure,Huile sur toile, 73 x 100 cm - 1998
Page suivante : Non siamo nel FarWest, technique mixte, 81 x 60 cm - 1999
à Bizerte, Amsterdam, Djakarta, Oujda, Venise, Thessalo-
nique, Milan, Paris… et très régulièrement, cela va de soi,
dans le sud de la France. La Villa Tamaris lui avait ainsi
consacré une grande rétrospective en 1996. Dépaysement
et enracinement restent plus que jamais indissociables avec
le Toulon de Giacobazzi (1991), Alexandre et Margot, À nos
vingt ans (2005) où la nostalgie de sa jeunesse ne saurait
occulter la réalité de la guerre d’Algérie. La dernière pé-
riode manifeste un retour à la confrontation de l’image pu-
blicitaire et politique, une relecture du Pop’art et de la
Figuration Narrative au moment où ces deux mouvements
suscitent expositions, rétrospectives et bilans critiques. Ce
solitaire fraternel sollicitait, provoquait, favorisait les ren-
contres. L’expérience pionnière menée en 1982 à la Seyne-
sur-Mer « Regards sur les chantiers navals » en témoigne.
Tout récemment encore, il avait multiplié les expositions
collectives (Dix œuvres sur et autour du jazz, À propos de
8
Ci-dessus : Fire,Huile sur toile, 89 x 116 cm - 2000
Page suivante : Les chemins detraverse , Huile sur toile,
60 x 73 cm - 2000
Raymond Maufrais, Dix regards sur et autour du jazz), aux
côtés de vieux amis et de jeunes artistes : Georges Bru, Mi-
chel Dufresne, Bernard Morteyrol, Gérard Fromanger, Ivan
Messac, Patrick Moquet, Gilles Traquini, Olivier Bernex,
Georges Autard, Jean-Christophe Molinéris, Daniel Chaland,
Corinne De Battista, Caroline Lejeune, Bernard Latuner. L’ex-
position d’Ajaccio permettra de découvrir un large aperçu
des toiles réalisées au cours des dix dernières années.
Virtuose du collage, maître du coq-à-l’âne visuel, iconolâ-
tre et iconoclaste, Jean-Pierre Giacobazzi possédait l’art et
la manière de décrypter le réel. L’oeuvre cohérente et sin-
gulière qu’il nous laisse témoigne de l’acuité, de la perti-
nence et de la pérennité de son regard.
Robert Bonaccorsi
10
Ci-dessus : Arabesque,Technique mixte, 50 x 61 cm - 2002
Page suivante : Sous les pavés,Huile sur toile, 54 x 65 cm - 2002
12
Kaboul Café,Huile sur toile, 60 x 73 cm - 2002
Ainsi soient-ils,Huile sur toile, 92 x 110 cm - 2002
Page suivante : Vivement la quille,Huile sur toile, 120 x 120 cm - 2002
Pour saluer GiacobazziJérôme Camilly
n se l’était promis, tu devais revenir à Ajaccio, pour la
seconde fois. La première, c’était à la librairie La Marge, celle
où le Bouddha Jean-Jacques officiait, ça n’est pas si loin, et
pourtant, on dirait qu’un siècle est passé.
Le bouddha bougon a quitté son temple tapissé de livres, et
toi, tu as claqué la porte sans que l’on comprenne, tout de
suite, que tu nous avais faussé compagnie. Faussé compa-
gnie pour de vrai.
Giaco, tu es notre mémoire à vif et tu nous l’as racontée sur
tous les tons : bleus crus ou rouge sang. La mémoire, c’est
violent, ce n’est pas seulement un souffle de nostalgie avec
O
17
une musique de Nino Rota qui tourne autour des films de
Fellini. Un déclic suffit et les images fixes s’animent.
Federico avait raison, nous sommes tous fous… Ça dépend
des heures.
Toi, tu es le roi du coq à l’âne, tu racontes nos vies comme
s’il s’agissait d’un dépliant onirique. Il y a nos fantasmes col-
lés, scotchés, démultipliés avec des filles élastiques, Vénus sur
sable blanc, bien en chair, des pin-up comme on en voyait
dans Paris Hollywood avec leur pubis rasé. On croit entendre,
en arrière-plan, des riffs de cuivres, des accents rock et, par
ci par là, des affiches Coca-cola qui ont inondé le monde
jusque dans les refuges des vallées de l’Himalaya.
Dans l’espace d’une de tes toiles, il y a notre adolescence à
tous, nos rêves d’Èves nues, la vague du temps qui passe
– inexorable – le bruit sourd du rotor d’un hélicoptère et, à
l’infini, encore des sables de désert et, enfin, pour le goût de
l’aventure, la forêt d’Amazonie.
18
Ci-dessus : Plus blanc que blanc,technique mixte, 29 x 49 cm - 2004
Page suivante : L’escale,huile sur toile, 60 x 73 cm - 2004
20
Ci-dessus :
à gauche, Sans titre, technique mixte, 28 x 49 cm - 2004
à droite, À Georges S., huile sur toile, 80 x 100 cm - 2004
Page suivante :
Tandems, huile sur toile, 80 x 160 cm - 2004
22
Ici ou là, il y a Marseille, Babel bâtie au bord de l’eau. Giaco, tu
as pratiqué, dans le silence de ton atelier, un passé antérieur,
comme s’il était, à chaque instant, présent. Tu as le culte d’une
peinture cinématographique, avec sa panoplie d’artifices, pa-
noramiques et ralentis… 24 images/seconde, et quelquefois
un peu plus.
Ci-contre : Le spectateur,huile sur toile, 54 x 65 cm - 2005
Page suivante : En ce temps-là,huile sur toile, 46 x 55 cm - 2005
24
Il y a, en accéléré, les chantiers navals en perte de vitesse, et puis,
quelques mois plus tard, les mêmes chantiers sont toujours là,
immobiles, figés, avec les ouvriers plus gagne-petit que jamais.
Tes portraits ont accompagné nos vies, ils nous sont paral-
lèles, ce sont les symboles singuliers d’un siècle secoué de tu-
multe et de folies. On y voit la statue de la liberté, Hitler, l’Adolf
incontournable, tout près, un poing levé contestataire, le Che
voisine avec Marilyn, et un peu plus loin, mais sur un autre ta-
bleau, Chaplin et sa désespérance hilare.
Et puis, il y a les musiques, il en traîne des bribes polychromes
dans tes toiles… Écoutez voir, celle des Platters, des glissan-
dos d’accordéon diatonique, la voix d’Elvis ou celle de Dean
Martin, de Trénet, de Billie Holliday, d’Édith et de quelques au-
tres. Il y a aussi les ponctuations du film, un orchestre façon
symphonique qui accompagne une scène de « Riz amer »,
avec Silvana Mangano, sculpturale beauté en mini-short.
Figurez-vous… En cinquante ans de peinture, il nous en a fait
Ci-dessus : Baraka,Huile sur toile, 46 x 55 cm - 2006
Page suivante : À Tonio brillanti,Huile sur toile, 150 x 50 cm - 2006
25
voir, Giaco… des Mona Lisa des temps modernes, des émi-
grants aux valises ficelées, des gens simples soumis et « ceux
de la haute » qui paradent, la morgue aux lèvres.
Rendez-vous compte, il avait l’ironie aussi décapante qu’as-
sassine, Giaco, et des colères à faire trembler les médiocres,
quelles que soient leurs origines ou leurs classes sociales.
Rendez-vous compte, on se l’était promis, ce rendez-vous, il
y a longtemps déjà… et il est là, il est quand même là. Fra-
ternel, excessif, généreux. Ses œuvres, sur les murs, triom-
phent de l’absence.Jérôme Camilly
30
Et à part ça,Huile sur toile, 150 x 50 cm - 2006
It’s now or never,Huile sur toile, 150 x 50 cm - 2006
31
« Les yeux seuls sont encore
capables de pousser un cri »André Baudin
rand humaniste devant l’éternel, Jean-Pierre Giaco-
bazzi est aussi le peintre de l’amitié. Une amitié profonde, sin-
cère, joyeuse que l’artiste toulonnais entretenait avec le
Toulon populaire, ses anciens camarades de jeu du Revest,
ses « potes » de Dardennes, ses copains du rugby, ses frères
d’armes de l’arsenal, des anciens chantiers navals de La Seyne,
du monde ouvrier. Relations d’affection qu’il nouait égale-
ment avec les artisans de la vie artistique, sociale, politique
du grand Toulon ; et même d’ailleurs, tant la sympathie qu’il
inspirait, rayonnait bien au-delà du port de guerre.
G
Ayant longtemps vécu dans un corps torturé par une mala-
die douloureuse et invalidante, il avait pris le parti du cou-
rage, sans jamais faire peser le poids de ses souffrances sur
son entourage, mais au contraire en s’ouvrant aux autres,
aux plus démunis, aux exploités, aux colonisés, aux damnés
de la terre. C’était un artiste engagé qui savait regarder ses
frères humains.
L’œil de l’artiste reflétait sa vie ; il la projetait comme un
manifeste. Et dans cet acte douloureux « où s’attardent les
hésitants résidus de l’inquiétante étrangeté », il retrouvait
l’injonction de cet autre découvreur de l’invisible, le poète
René Char. Comme lui, il appartenait au Sud légendaire. Et
comme lui, il tâchait d’acclimater « fureur et mystère » en
déclarant : « Les yeux seuls sont encore capables de pous-
ser un cri ».
Ce voleur d’images, de faiseur d’histoires qui observait, scru-
tait, décryptait le spectacle du monde à travers le prisme de
32
Ci-dessus : C’est simple à comprendre,Huile sur toile, 46 x 55 cm - 2006
La gitane,Huile sur toile, 46 x 55 cm - 2006
Page suivante : Laurel et Hardy,Huile sur toile, 50 x 61 cm - 2006
la mémoire, voulait se faire comprendre et être compris au-
delà du premier cercle des amateurs d’art.
Aussi s’immergeait-il dans la réalité d’une histoire concrète,
son histoire, celle de l’immigration italienne, un des thèmes
récurrents de son œuvre, pour restituer la mémoire de
mythes, rêves, symboles et, en même temps, de réalités
contingentes et authentiques… La mémoire de ses ancêtres
italiens, familles déracinées, avec leurs valises, avec le rêve
fou de l’Amérique des gratte-ciel, de la grande statue de la Li-
berté ; familles aussi établies dans les vieilles rues de Toulon,
vies plus modestes de ceux qui avaient arrêté là leur voyage.
Ces exclus, sous le pinceau complice, avaient toujours leur
fierté, leur désir de vivre…
Giacobazzi montre les gens qui vivent, luttent, travaillent, dan-
sent, jouent, vont et viennent… Femmes, hommes, enfants,
ils nous regardent dans les yeux et nous racontent leur
voyage depuis leur passé jusqu’à notre présent. Sa peinture té-
35
Ci-dessus : Tu vas bien !,Huile sur toile, 46 x 55 cm - 2006L’imposture,Huile sur toile, 46 x 55 cm - 2006
Page précédente : Un pas de deux,Huile sur toile, 46 x 55 cm - 2006
moigne d’un amour intense pour la vie et d’un sens profond
des souffrances humaines dans un monde qui devient alors
la parfaite anagramme de démon pour ces victimes de gé-
nocides, ces naufragés de la liberté, ces immigrés de tous
pays, de toutes races. Ils retrouvent dans la palette du peintre
un regard d’où pourrait s’échapper un cri.
Au départ ce n’était pourtant que des images, parfois « arra-
chées » à de vieux albums jaunis. Transposées en filigrane
dans l’imagination bienveillante de l’artiste, elles ont conquis
une puissante dignité humaine.
André BAUDIN.
36
Ci-dessus : La mosquée,huile sur toile, 46 x 55 cm - 2006
L’attente,huile sur toile, 46 x 55 cm - 2006
Page suivante : Un coin de ciel bleu (détail),huile sur toile, 46 x 55 cm - 2006
39
Ci-dessus : Sur un air d’accordéon,huile sur toile, 50 x 150 cm - 2007
Ci-contre : Dans la jungle de Henri Rousseau,huile sur toile, 73 x 50 cm - 2003
42
Ci-dessus : Sans-titre,huile sur toile, 46 x 55 cm - 2007
Sans-titre,huile sur toile, 60 x 73 cm - 2007
à gauche : Un coup de baguette magique,huile sur toile, 50 x 100 cm - 2007
44
Ci-dessus :à gauche, Sans-titre, huile sur toile, 46 x 55 cm - 2007à droite, L’homme élégant, huile sur toile, 46 x 55 cm - 2007en bas, Pas de fumée sans feu, huile sur toile, 50 x 100 cm, 2006
page suivante :Sans-titre, huile sur toile, 46 x 61 cm - 2007
47
Biographie
Jean-Pierre Giacobazzi est né à Toulon, un 18 septembre 1941. Ses vingt
premières années, il les passera au Revest-les-Eaux, à quelques petits kilo-
mètres de Toulon. C’est là que va s’éveiller sa vocation de peintre. Ses dé-
buts datent de 1955. Durant cinquante ans, il ne cessera de restituer, au
travers de son imaginaire, une mémoire foisonnante, une identité en mor-
ceaux qu’il s’efforcera de recomposer, ce qui fera de lui un adepte de la
figuration narrative.
Expositions personnelles :
1971 Atelier R. Bœuf – Toulon
Musée de Toulon
1972 Chez Colette Vilfour – Toulon
Relais Culturel – Aix-en-Provence
1975 Musée de Toulon
Hôtel de Ville – Lagarde
1976 Centre Culturel – Limoges
1978 Galerie Alinéa – Toulon
Galeria d’Arte Ravagnan – Venise (Italie)
1979 Office Municipal de la Culture et des Arts - La Seyne-sur-Mer
Atelier R. Bœuf – Toulon
Librairie Renaissance – Toulon
1980 Centre Culturel – Chilly-Mazarin
La Maison de l’Etranger – Marseille
Galerie Influx – Marseille
Galerie de la Rotonde – Aix-en-Provence
Circolo artistico – Palazzo delle Prigioni vecchie – Venise (Italie)
1981 Office Municipal de la Culture et des Arts – La Seyne-sur-Mer
Galerie Influx – Marseille
48
1983 Maison de la Culture – Bizerte (Tunisie)
Galerie Aristoy – Pau
Galerie Influx – Marseille
1984 Palazzo Bagatti – Valsecchi – Milan (Italie)
Pavillon des Arts – Pau
Château Cellier – Cogolin
1985 Trois fois Giacobazzi – Toulon
1986 Galerie A.M.C – Mulhouse
Galerie Le cercle des Créateurs – Paris
1987 Maison Descartes – Amsterdam (Pays-Bas)
Galerie Municipale – Pau
Galerie Arte Factum – Nice
1988 Galerie Municipale – La Valette-du-Var
Galerie Arte Factum – Nice
Vivre le rugby – Galerie R. Bœuf – Toulon
1989 Galerie Arte Factum – Nice
1990 Le Toulon de Giacobazzi – Toulon
1991 Centres Culturels Français en Algérie : Tlemcen–Alger– Annaba
Carte blanche à Giacobazzi – Le Revest-les-Eaux
1992 Villa Tamaris – La Seyne-sur-Mer
Galerie Caroline Serero – Marseille
1993 Parc Hôtel – Hyères
Centres Culturels Français en Indonésie : Bandung–Surabaya–Balikpapan
Galerie Cipta – Jakarta
Galerie Ardiyanto – Yogyakarta (Indonésie)
1994 Galerie R. Bœuf – Toulon
Domaine de la Pardiguière – Le Luc-en-Provence
1995 A.J.M.I. – Avignon
Galerie Caroline Serero – Marseille
1996 Centre d’art – Saint-Cyr-sur-Mer
Chapelle de l’hôpital – Le Vigan
Villa Tamaris – La Seyne-sur-Mer
1997 Centres Culturels Français en Indonésie : Bandung–Jakarta–Yogyakarta
1998 Galerie Le Breton – Paris
1999 Lycée collège du Vigan – Le Vigan
Galerie La Marge – Ajaccio
2000 Centre Culturel Simone Signoret – Château-Arnoux – Saint Auban
La Bouchonnerie – Pierrefeu-du-Var
2001 D’une rive à l’autre – Mutuelles de France – Toulon
2002 Galerie La Marge – Ajaccio
Galerie Cravero – Le Camus – Le Pradet
Maison du Cygne – Six-fours-les-Plages
2003 Institut Français de l’Oriental – Oujda (Maroc)
2004 A Propos de l’affaire Maufrais – Médiathèque Municipale – Le Cannet-des-Maures
Cinquante ans de peinture – Complexe Gérard Philipe – Lagarde
2005 Institut Français de l’Oriental – Oujda (Maroc)
Kulturhaus – Villa Berberich Bad Sächingen (Allemagne)
La villégiature – Tour des Templiers – Hyères-les-Palmiers
Alexandre et Margot – Rotonde du Parc Hôtel – Hyères-les-Palmiers
Je me souviens de… - L’atelier du Fenouillet – Hyères-les-Palmiers
2006 A nos vingt ans - Villa Les Mimosas - Hyères
Institut Français de Thessalonique (Grèce)
Septêmes-les-Vallons
Jean-Pierre Giacobazzi disparaît, le 30 juillet 2007, à Toulon.
49
© Crédit photographique DR, ©Tous droits de reproductions réservés.
Achevé d’imprimer en juin 2008sur les presses de l’imprimerie Sammarcelli
20620 Biguglia
« Il faut, disait Giacobazzi, démystifier le rôle de
l’artiste. Dans la mesure où le créateur est un
homme comme les autres, il doit s’assumer
dans sa vie de citoyen. Alors, pourquoi ne pas
traduire sur la toile ses angoisses, ses joies, ses
peines, ses colères, ses espérances ».
Son œuvre entière témoigne de cette profession
de foi.Il naît à Toulon, en 1941, d’une mère bretonne et
d’un père hyérois, d’ascendance italienne.
Soixante-six ans plus tard, c’est à Toulon qu’il dis-
paraîtra.
Jusqu’à l’âge de vingt ans, il habite le village du
Revest, proche de Toulon, et c’est là que se forge
l’imaginaire d’un peintre à l’écoute des pulsations
du monde, qui se nourrit des évènements du sud
et traduit, par la couleur, sa volonté de réinventer
la réalité. Plus tard, cette vision se nommera fi-
guration narrative. Narratif, certes, il l’était, ce
conteur né qui décryptait l’Amérique des immi-
grants, l’agonie des chantiers navals ou la soli-
tude de Norma-Jean Baker, plus connue sous le
nom de Marilyn Monroe.
A feuilleter cet album, qui lui a été consacré, et
qui résume cinquante ans de peinture, autrement
dit, cinquante ans de vie intense, on se dit que
cet homme n’a jamais cessé d’observer, de té-
moigner, de nous restituer un monde où les hal-
lucinations visuelles, qui peuplaient ses nuits et
ses jours, sont devenues, pour nous, des repères
débarrassés de leur actualité encombrante.
La phrase répétitive de Georges Perrec lui va
bien : « Je me souviens »…
Cet effet miroir d’une mémoire qui refuse de s’ef-
facer, c’est l’essentiel de la peinture de Giaco-
bazzi. Une peinture qui est devenue – sur un
standard de jazz – une sorte de chanson de
geste de notre temps.Jérôme Camilly
«
En couverture, Autoportrait glamour, 45 x 55 cm, 2006
ci-dessus, Un coup de baguette magique (détail), 50x100 cm, 2006
10 €
Mairie de
Grosseto-Prugna
Porticcio